spiritualités

« énergie masculine » et guerre des sexes

Voici une information qui devrait donner à réfléchir sur les relations Homme/Femmes et de l’évolution qu’on lui donne actuellement.

Alexande Piquard sur LE MONDE : « L’énergie masculine est bonne. La société en est remplie, mais la culture d’entreprise essaie de s’en détourner. Toutes ces formes d’énergie sont positives, mais une culture qui fait un peu plus la part belle à l’agressivité a ses mérites. » Le propos pourrait venir d’un youtubeur masculiniste, mais il émane de Mark Zuckerberg, le fondateur de Meta (ex Facebook). M. Zuckerberg a notamment raconté avoir évolué quand il s’est « impliqué dans les arts martiaux, qui ont encore une culture très masculine ». « Créer un environnement accueillant pour tous est une chose, dire que la masculinité est mauvaise en est une autre », a-t-il ajouté, regrettant que « le monde de l’entreprise soit culturellement émasculé » (« neutered », en anglais, peut aussi signifier « castré », pour un animal).

Au-delà des clichés versant dans le sexisme, le patron de Facebook, Instagram et WhatsApp a annoncé une mesure très concrète : il a mis fin à la politique interne de diversité dans les ressources humaines – désignée aux Etats-Unis sous le sigle DEI pour « diversity, equity and inclusion » (diversité, équité et inclusion). M. Zuckerberg supprime aussi les objectifs de représentation de salariés femmes et issus de minorités ethniques, qui « donnaient l’impression de décisions fondées sur la race ou le genre ». Meta a, en citant l’exemple du propriétaire du réseau social X, Elon Musk, mis un terme à son programme de fact-checking des fausses informations par des médias et limité sa politique de modération, notamment sur les thèmes de « l’immigration, [de] l’identité de genre et [du] genre ».

Le point de vue des écologistes féministes

Mark Zuckerberg a été féministe autrefois, il était satisfait d’avoir deux filles comme enfants, maintenant il est masculiniste parce que c’est dans l’ère du temps… et des élections américaines. Aux outrances du patriarcat avait succédé d’autres outrances, condamnation d’une masculinité qui serait toxique. Il y a à nouveau un retour de balancier, aux outrances du wokisme répondent une autre outrance ; c’est le principe action => réaction. Finalement qu’attendre d’autres de ce type qui a créé Facebook pour classer les filles de Harvard aux yeux des mecs ?

Au delà de la dialectique des oppositions, c’est impressionnant de voir un réseau social se retourner complètement sur la seule impulsion de son patron. Un seul homme, parce qu’il est très très riche, ne devrait pas impacter des millions (des milliards) de personnes par ses changements d’humeur et ses réactions impulsives. Au cours du troisième trimestre 2024, Meta a signalé que 3,29 milliards de personnes utilisaient au moins un des principaux produits de l’entreprise (Facebook, WhatsApp, Instagram ou Messenger) chaque jour. L’instabilité culturelle et l’hystérisation des comportements provoqué par les réseaux sociaux sont vraiment très inquiétants. A plus forte raison quand ils sont sans aucune modération.

Pour conclure, lénergie masculine, l’histoire en est pleine : pouvoir, domination, haine, viol, féminicide, guerreset la phrase de Zuckerberg pourrait aussi bien s’inverser : « L’énergie féminine est bonne. La société en est remplie, mais la culture d’entreprise essaie de s’en détourner. Une culture qui fait un peu plus la part belle au féminisme a ses mérites. »

En savoir plus sur le féminisme grâce à notre blog biosphere

Le féminisme qu’il nous faudrait penser

extraits : Mona Ozouf : Je m’estime extrêmement féministe, et je suis toujours heureuse d’une conquête de droits et de libertés. Mais je m’inquiète du climat de méfiance qui s’installe entre hommes et femmes et d’une culture du soupçon. Il m’est insupportable qu’on imagine dans tout homme un violeur potentiel. Le mouvement #metoo a agi comme un immense révélateur, et c’est très bien. Mais il nous a entraînés sur des chemins où le droit n’a plus sa place, et où l’injonction à croire d’emblée toutes les femmes bafoue le principe même de la justice….

Féminisme, on ne naît pas femme…

extraits : Je suis né garçon et pourtant je suis féministe. Aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours été féministe, en faveur de l’égalité pleine et entière des hommes et des femmes. Pourquoi ? Difficile à dire. C’est avec Jean Rostand à 22 ans que je découvre en 1970 la diversité sociologique du statut de la femme. Chez les Arapesh, il existe un seul type sexuel de comportement social qui correspond au type féminin des nations occidentales. Chez les Mundugumor, c’est la référence masculine qui est privilégié par les deux sexes. Quant aux Tchambuli, nous retrouvons les deux catégories, mais inversées par rapport aux société machistes….

Parité politique et féminisme universaliste

extraits : La loi constitutionnelle du 8 juillet 1999 a modifié l’article 3 de la Constitution qui dispose désormais que la loi « favorise l’égal accès des hommes et des femmes aux mandats électoraux et aux fonctions électives », et a précisé dans l’article 4 que « les partis et groupements politiques contribuent à la mise en œuvre de ce principe ». Malheureusement les bonnes intentions se sont transformés en « obligation de la parité », autant de femmes que d’hommes dans les listes électorales. Pourquoi pas des quotas selon l’âge et la couleur de la peau ? Reconnaître l’égalité entre les hommes et les femmes, c’est suivre le principe  « un homme = une femme = une voix ». Politiquement il n’y a pas à différencier les personnes selon le sexe, sinon c’est du communautarisme, on pourrait peut-être dire du « séparatisme » ou même du sexisme. Le féminisme bien pensé ne peut être qu’universaliste, pas différentialiste….

genre, parité, quotas… un anti-féminisme

extraits : Actuellement on met en avant des mots comme « genre » pour en faire des instruments de combat entre les sexes alors qu’on devrait savoir que notre biologie nous a différencié homme ou femme sans y mettre d’inégalités. « On ne naît pas femme, on le devient », écrivait déjà Simone de Beauvoir en 1949. Elle précisait : « Aucun destin biologique, psychique, économique, ne définit la figure que revêt au sein de la société la femelle humaine ; c’est l’ensemble de la civilisation qui élabore ce produit intermédiaire entre le mâle et le castrat qu’on qualifie de féminin. Seule la médiation d’autrui peut constituer un individu comme un Autre ». Il n’y a pas d’ordre « naturel » dans les inégalités selon le sexe, forcer la nature par parité et quotas n’est pas une bonne chose. C’est ce que certains n’ont pas encore compris…..

Féminisme radical et écologie politique

extraits : SCUM Manifesto, pamphlet autoédité en 1967 par Valerie Solanas, n’y va pas de main morte : « Rien dans cette société ne concerne les femmes. Alors, à toutes celles qui ont un brin de civisme, le sens des responsabilités et celui de la rigolade, il ne reste qu’à renverser le gouvernement, en finir avec l’argent, instaurer l’automation à tous les niveaux et supprimer le sexe masculin. » SCUM, acronyme de Society for Cutting Up Men (l’association pour châtrer les hommes) appelle à constituer des banques de sperme pour assurer la reproduction et tient l’homme pour « un accident biologique ; le gène Y (mâle) n’est qu’un gène X (femelle) incomplet, une série incomplète de chromosomes (…) une femme manquée, une fausse couche ambulante, un avorton congénital »…..

Féminisme, écologie et jeu d’échecs

extraits : Durant les années 1960, un psychologue hongrois nommé Laszlo Polgar dévora les biographies de centaines de grands intellectuels et en tira le trait commun : une spécialisation précoce et intensive. Il en conclut que le génie est acquis et non inné “geniuses are made, not born”. Il se mit au défi de le prouver en rendant géniaux ses futurs enfants. Plus pragmatique que romantique, il posta une petite annonce disant en substance “recherche femme pour avoir des enfants génies”. En 1969, naquit Susan. Quatre ans plus tard, alors que son père hésitait encore entre la spécialiser en mathématiques ou en physique, la gamine découvrit par hasard un jeu d’échecs et demanda qu’on lui en apprenne les règles. Ce fut une révélation… pour son père. A la fois une science, un art et un sport, le jeu d’échecs présente l’avantage de produire des résultats parfaitement mesurables, l’idéal donc pour retranscrire la progression de la progéniture. Onze années d’entraînement intensif plus tard, Susan était devenue la meilleure joueuse du monde, à 15 ans ! Elle ne se fit doubler que par Szofia, sa petite soeur. Judit, la cadette, devint Grand Maître international à 15 ans, battant le record de précocité auparavant détenu par l’américain Bobby Fischer….

l’écoféminisme sur notre blog biosphere

11 févier 2019, Françoise d’Eaubonne, une icône de l’écoféminisme

8 mars 2019, 8 mars, Journée internationale des droits des femmes

17 juillet 2018, Le combat démographique analysé par une écoféministe

1er novembre 2017, Biosphere-info, féminisme et écologie (synthèse)

29 décembre 2016, Féminisme, sensibilité écologique et refus de maternité

18 décembre 2016, Féminisme et maîtrise de la fécondité sont inséparables (Paul Robin)

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Questions d’éthique pratique de Peter SINGER

Le philosophe australien Peter Singer voudrait élargir nos horizons moraux. Selon Singer, « des pratiques qui jusque-là étaient considérées comme naturelles et inévitables en viennent à être vues  comme autant de préjugés injustifiables ». Récusant aussi bien l’idée selon laquelle nos règles morales seraient éternelles que le relativisme qui ne voit en elles que les préjugés communs à un groupe et à une époque, Singer part du principe que l’égalité de tous les êtres humains repose sur l’égale considération de leurs intérêts: considération qui n’est pas justifiée par le fait d’être doué de raison ou d’être plus ou moins intelligent, mais par la seule capacité de souffrir. Mais ce principe d’égalité, qui fonde l’égale considération que nous devons aux plus faibles et commande de soulager en priorité la plus grande souffrance, ne doit-il pas être étendu bien au-delà de l’espèce humaine ? Ne devons-nous pas renoncer à ce que Singer appelle le «spécisme» (par analogie avec racisme et sexisme), c’est-à-dire à la préférence absolue accordée aux membres de notre propre espèce, et reconnaître que les animaux eux-mêmes ont des droits que ne respectent ni nos jeux du cirque ni nos pratiques alimentaires ? Singer souligne que son intention n’est pas d’abaisser le statut des hommes mais d’élever celui des animaux.

Questions d’éthique pratique ne se limite pas à argumenter en faveur des droits animaux. Il aborde également des questions telles que l’avortement, l’euthanasie, le droit de tuer ou la question de nos obligations à l’égard des laissés-pour-compte. Voici quelques extraits recomposés du livre dans lesquels j’insiste sur l’éthique de la Terre, ce qui déforme sans doute les objectifs poursuivis par Peter Singer.

 1/4) La fin de la nature

Bill McKibben soutient, dans son livre The End of Nature, la position suivante : « Nous avons privé la nature de son indépendance, ce qui porte un coup fatal à sa signification propre, qui réside précisément dans son indépendance, sans laquelle elle n’est rien d’autre qui nous. » Il y eut une époque où les villages entourés de terres cultivées ressemblaient à des oasis de culture perdues dans d’immenses forêts ou de rudes montagnes. Désormais, l’image est inversée : les seules terres vraiment sauvages qui nous restent sont comme des îles se trouvant au milieu d’un océan d’activités humaines qui menacent de les engloutir. Ce renversement donne aux régions sauvages une valeur de rareté qui fournit un argument de poids en faveur de leur protection, même dans le cadre d’une éthique anthropocentrique. L’argument du long terme est un aspect primordial des valeurs écologiques niées par l’anthropisation du monde, l’anthropocène.

Les bénéfices obtenus par l’abattage de la forêt, emplois, profits pour les entreprises, gains à l’exportation, matériaux d’emballages moins chers, sont des bénéfices à court terme. Les hommes politiques sont connus pour ne pas porter leurs regards au-delà de la prochaine élection. Les économistes appliquent un taux d’actualisation qui signifie que la valeur du gain à venir dans cent ans est très faible comparativement à celle d’aujourd’hui. Mais une fois que la forêt est abattue ou inondée par un barrage, le lien avec le passé est perdu pour toujours. Plus la proportion de régions réellement sauvages sur la Terre s’amenuise, plus chaque parcelle devient significative, les occasions de jouir de la nature pour les humains et les non humains se faisant de plus en plus rares. Tel est le prix que paieront toutes les générations qui nous succéderont. Il y a certaines choses, une fois perdues, qu’aucune somme d’argent ne peut nous redonner. La justification pour déboiser une forêt vierge doit prendre pleinement en compte la valeur des forêts dans le futur le plus éloigné aussi bien que dans le futur immédiat.

En somme, si nous préservons les étendues sauvages qui existent aujourd’hui, les générations futures auront au moins le choix entre les jeux électroniques et la découverte d’un monde non créé par la main de l’homme.

2/4) les fondements de l’éthique de la Terre

J’examine les valeurs morales qui sous-tendent les débats relatifs aux décisions humaines. Contrairement à d’autres traditions anciennes, les traditions grecque aussi bien que judéo-chrétienne placent l’être humain au centre de l’univers moral. Dans l’histoire biblique, la domination de l’homme est même décrétée en termes menaçants : « Vous serez craints et redoutés de toutes les bêtes de la terre et de tous les oiseaux du ciel. Tout ce qui remue sur le sol et tous les poissons de la mer sont livrés entre vos mains. » Aristote considérait la nature comme une organisation hiérarchique dans laquelle les êtres les moins doués de raison existent pour l’intérêt des êtres raisonnables : « Si donc la nature ne fait rien sans but ni en vain, il faut admettre que c’est pour l’homme que la nature a fait tout cela ». Dans sa classification des péchés, Thomas d’Aquin ne donne place qu’aux péchés commis à l’encontre de Dieu, de nous-mêmes ou de notre prochain. Aucune possiblité n’est laissée de pécher contre les animaux non humains ou contre le monde naturel. La nature en soi n’a pas de valeur intrinsèque, et la destruction des plantes et des animaux ne peut être un  péché, à moins que, par cette destruction, il ne soit porté atteinte à des être humains.

Toute réflexion sérieuse sur l’environnement aura donc pour centre le problème de la valeur intrinsèque. Une chose à une valeur intrinsèque si elle est bonne ou désirable en soi, par contraste avec la valeur instrumentale qui caractérise toute chose considérée en tant que moyen pour une fin différente d’elle. Le bonheur a une valeur intrinsèque, l’argent n’a qu’une valeur instrumentale. Une éthique fondée sur les intérêts des créatures sensibles repose sur un terrain familier. Voyons ce qu’il en est pour une éthique qui s’étend au-delà des êtres sensibles : il n’y a rien qui corresponde à ce que c’est pour un arbre de mourir. Pourquoi, dans ce cas, ne pas considérer son épanouissement comme bon en lui-même, indépendamment de l’usage que peuvent en faire les créatures sensibles ? Serait-il vraiment pire d’abattre un arbre centenaire que de détruire une stalactite qui a mis plus de temps encore à se former ?

La défense la plus célèbre d’une éthique étendant ses limites à tous les êtres vivants a été formulée par Albert Schweitzer : « La vraie philosophie doit avoir comme point de départ la conviction la plus immédiate de la conscience, à savoir Je suis une vie qui veut vivre, entouré de vie qui veut vivre. L’éthique consiste donc à me faire éprouver par moi-même la nécessité d’apporter le même respect de la vie à tout le vouloir-vivre qui m’entoure autant qu’au mien. C’est là le principe fondamental de la morale qui doit s’imposer nécessairement à la pensée. Le bien, c’est de maintenir et de favoriser la vie ; le mal, c’est de détruire la vie et de l’entraver. Un homme n’est réellement moral que lorsqu’il obéit au devoir impérieux d’apporter son assistance à toute vie ayant besoin de son aide, et qu’il craint de lui être dommageable. Il ne se demande pas dans quelle mesure telle ou telle vie mérite la sympathie par sa valeur propre ni jusqu’à quel point elle est capable d’éprouver de la sensibilité. C’est la vie en tant que telle qui est sacrée pour lui. Il n’arrache pas étourdiment des feuilles aux arbres ni des fleurs à leur tige, il fait attention à ne pas écraser inutilement des insectes et n’endommage pas les cristaux de glace qui miroitent au soleil. » Une conception similaire a été récemment défendue par le philosophe américain Paul Taylor, dans un livre intitulé Le respect de la nature, où il soutient que toute chose vivante « poursuit son propre bien à sa propre manière, unique ». Une fois que nous saisissons cela, nous pouvons considérer toutes les choses vivantes comme nous-mêmes et, de ce fait, « nous sommes prêts à attribuer la même valeur à leur existence qu’à la nôtre ».

Il y a plus de quarante ans, l’écologiste américain Aldo Leopold écrivait que nous avions besoin d’une éthique nouvelle, chargée de définir la relation de l’homme à la terre, aux animaux et aux plantes qui y vivent. Il proposait par cette éthique de la Terre d’élargir les frontières de la communauté de manière à y inclure le sol, l’eau, les plantes et les animaux, ou, collectivement, la Terre. Contre l’écologie superficielle, le philosophe norvégien Arne Naess a parlé ensuite d’écologie profonde, il voudrait préserver l’intégrité de la biosphère pour elle-même, indépendamment des bénéfices éventuels que l’humanité peut en tirer : « Le bien-être et la prospérité de la vie humaine et non humaine sur la terre ont une valeur en soi (intrinsèque). Cette valeur est indépendante de l’utilité du monde non humain pour le monde humain ; La richesse et la diversité des formes de vie contribuent à la réalisation de ces valeurs et sont aussi des valeurs en elles-mêmes ; Les humains n’ont aucun droit de réduire cette richesse et cette diversité, sauf pour satisfaire des besoins vitaux. ».

L’intuition de l’égalité biocentrique est que toutes les choses de la biosphère ont un droit égal à vivre. Cette intuition de base repose sur l’égalité en valeur intrinsèque de tous les organismes et entités de l’écosphère, en tant que parties d’un tout interdépendant. On se trouve en présence d’un holisme, l’idée que l’espèce ou l’écosystème n’est pas seulement une collection d’individus, mais est réellement une entité ayant ses propres droits.

3/4) Pour une morale nouvelle

Aucune morale nouvelle ne s’est développé pour répondre à la menace pour notre survie de la prolifération des êtres humains, ajoutée aux sous-produits de la croissance économique. Une éthique de l’environnement placerait la vertu dans le fait de sauver et recycler des ressources, et le vice dans leur dilapidation extravagante et gratuite.

Pour prendre un seul exemple : du point de vue de l’éthique de l’environnement, le choix de nos loisirs n’est pas neutre. Bien que nous considérions le choix entre la course automobile et la bicyclette, entre le ski nautique et la planche à voile, comme une pure question de goût, la différence est essentielle : la course automobile et le ski nautique supposent la consommation de carburants fossiles et l’émission de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ; le vélo et la planche à voile, non. Quand nous aurons pris au sérieux la nécessité de protéger notre environnement, la course automobile et le ski nautique ne seront pas une forme de divertissement plus acceptable d’un point de vue éthique que ne le sont aujourd’hui les combats d’esclaves ou de chiens. La planche à voile est peut-être préférable au ski nautique, mais si nous achetons sans cesse de nouvelles planches à voile au gré des changements de mode du design (ou si nous allons à l’océan en voiture), la différence devient négligeable.

Nous devons réviser notre conception du luxe Une petite virée à la campagne est une dépense inutile de carburants qui contribuent à l’effet de serre. Durant la Seconde guerre mondiale, quand le pétrole était rare, on lisait sur des affiches : « Votre voyage est-il réellement nécessaire ? » Le danger sur notre environnement est certes moins visible, mais la nécessité de supprimer les voyages et autres formes de consommation est tout aussi grande. L’apologie d’un mode de vie plus simple ne signifie pas que l’éthique de l’environnement réprouve tous les plaisirs, mais ceux qu’elle valorise ne doivent pas d’une forme de consommation spectaculaire. Ils tiennent au contraire aux relations personnelles et sexuelles épanouies, à l’affection des enfants et des amis, à la conversation et aux divertissements pratiquée en harmonie avec l’environnement, et non à son détriment ; et à la jouissance des espaces sauvegardés du monde où nous vivons.

Considérer les choses d’un point de vue  éthique est une façon de transcender nos préoccupations égocentriques et de nous identifier au point de vue de l’univers, cet espace grandiose qui fait inévitablement naître un sentiment d’humilité chez tous ceux qui lui comparent leur propre nature limitée. Loin de moi ces considérations imposantes.

(éditions Bayard, 1997)

4/4) Conclusion du site biosphere

Peter Singer œuvre seulement pour l’éthique animale : « Si un être n’est pas susceptible de ressentir de la douleur ou de faire l’expérience du plaisir et du bonheur, il n’y a rien en lui qui doive être pris en considération. C’est pourquoi notre intérêt pour autrui ne peut avoir d’autre limite défendable que celle de la sensibilité (…) Ce serait un non sens que de dire qu’il n’est pas de l’intérêt d’une pierre d’être poussée le long d’une route par un écolier. Une pierre n’a pas d’intérêt, car elle ne peut souffrir et rien de ce qu’on peut lui faire ne peut changer quoi que ce soit à son bien-être. En revanche, une souris éprouve de l’intérêt à ne pas être tourmentée, car les souris souffrent si on les maltraite ».

Il ne va pas aussi loin que l’écologie profonde qui donne une valeur intrinsèque à toutes les formes de vie

De pus déplacer une pierre n’a pas de conséquence immédiate, mais la volonté humaine de déplacer des montagnes est source de gros inconvénient aussi bien pour la biodiversité que pour l’équilibre entre les activités humaines et les ressources de la planète. Déplacer une pierre ne fait pas souffrir la pierre, mais déplacer des tombereaux de pierre détruit un écosystème et transforme la planète en plate-forme goudronnée. La pierre est autant que l’homme un élément de la Biosphère parmi d’autres. La pierre sert à son environnement autant que l’homme sert sa société, toute chose sert pour elle même mais elle est toujours en interdépendance avec tous les autres éléments de son écosystème, du plus lointain passé aux futurs indéterminés.

Dans son livre, Peter Singer marque l’importance du long terme et de la continuité : « Une forêt tropicale est le produit des millions d’années qui se sont écoulées depuis le début de la planète. Si on l’abat, une autre forêt peut pousser, mais la continuité est rompue. La rupture, dans le cycle vital de la flore et de la faune, signifie que la forêt ne sera jamais plus ce qu’elle aurait été si elle n’avait pas été abattue ; le lien avec le passé est perdu pour toujours. Contrairement à beaucoup de sociétés humaines traditionnelles, notre éthos moderne a les plus grandes difficultés à reconnaître les valeurs du long terme ». Or l’enfant qui déplace une pierre pour son seul plaisir est dans la disposition d’esprit d’agir à volonté sur la nature et d’entraîner des enchaînement dans le temps qui peuvent être néfastes.

Comme le constate l’écologie profonde, « l’interférence actuelle des hommes avec le monde non-humain est excessive et la situation s’aggrave rapidement ». Il faut donc penser autrement : un homme a besoin des pierres comme des espaces sauvages, un homme doit laisser le plus possible les choses en l’état pour préserver notre futur lointain et ne pas déplacer la pierre pour le simple plaisir. Un enfant a d’abord besoin de savoir contempler la nature et vivre en harmonie, il ne devrait pas moralement martyriser la pierre même si elle n’a aucun moyen d’exprimer sa souffrance. Un humain a autant d’importance qu’une pierre une fois qu’il repose sous une pierre.

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2015-2025, nous sommes toujours Charlie

Nous sommes aujourd’hui dans le souvenir des victimes de l’attentat terroriste perpétré dans les locaux de Charlie Hebdo il y a dix ans, le 7 janvier 2015. Les noms des 12 victimes : Frédéric Boisseau, Franck Brinsolaro, Cabu, Elisa Cayat, Charb, Honoré, Bernard Maris, Mutsapha Ourrad, Michel Renaud, Tignous, Georges Wolinksi, ainsi que Simon Fieschi, webmaster du journal (grièvement blessé en janvier 2015 et mort en octobre 2024).

Leurs dessins faisaient réfléchir ou sursauter, rire ou s’indigner, ils ne nous laissaient jamais indifférents à la question abordée. La liberté de se moquer est un privilège accordé par la démocratie à la libre expression. C’est un affront pour qui ne sait pas réfléchir.

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Charlie c’est nous, pour la liberté de réfléchir partout (8 janvier 2025)

en hommage à tous les morts pour Charlie,

nous ne parlons pas aujourd’hui d’écologie,

mais uniquement de la liberté de réfléchir en paix…

Charlie : la religion assassine la liberté de réflexion(9 janvier 2015)

extraits : Le 7 janvier 2015 des hommes armés ont assassiné à l’arme lourde plusieurs caricaturistes célèbres (Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski) et des personnes présentes au siège de Charlie-Hebdo. Selon les propos des rescapés, ils ont crié « Allahou akbar » et « Vous allez payer, car vous avez insulté le Prophète ». A Sigolène Vinson, ils ont dit, un canon sur la tempe : « Toi on te tuera pas, car on ne tue pas les femmes, mais tu liras le Coran. »

Bilan, douze morts, onze blessés, dont quatre grièvement. Les tueurs  cherchaient les stars de Charlie, ceux qui avaient caricaturé Mahomet.

Pour Charlie, la responsabilité de l’abstraction religieuse (10 janvier 2015)

extraits : Des fous de dieu assassinent des dessinateurs armés de leur seul crayon ainsi que des Juifs qui faisaient simplement leur courses. Pourquoi ? Parce que les religions du livre, la bible et le coran, ne sont qu’une abstraction coupée de la nature et anthropocentrée, source de toutes les interprétation même le plus malfaisantes. Ce qui fait que les croyants peuvent croire n’importe quoi, même le plus stupide. D’ailleurs, si les triangles avaient des dieux, ceux-ci auraient trois côtés.

L’écologie trouve place dans le dernier CHARLIE HEBDO (23 janvier 2015)

extraits : Il est rare que Charlie Hebdo parle d’écologie, dommage. Dans le dernier numéro, après que l’équipe rédactionnelle ait été massacrée en grande partie par des « Fous de dieu », un article de Fabrice Nicolino, qui a été lui aussi criblé de balles et se trouve encore à l’hôpital, sous morphine, nous interpelle: « Il se passe un événement si considérable, tellement inédit, à ce point stupéfiant que la pensée refuse de l’admettre : nous sommes les contemporains de l’anéantissement de la vie. De la destruction des conditions de vie de l’humanité. De l’asservissement des autres êtres vivants à notre bon plaisir imbécile. D’une crise d’extinction des espèces comme la planète n’en a pas connu depuis la fin des dinosaures, voici 65 millions d’années. Je pense qu’il faut marquer au plus vite une rupture complète avec notre manière de penser la société. Il nous reste peu de temps pour imaginer un avenir qui ne soit pas de guerre et d’affrontements majeurs…. »

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Peter Singer, utilitarisme et antispécisme 

Quelles certitudes garde-t-on à la fin de sa vie ? Comment voit-on la mort lorsqu’elle se rapproche ? Dans cette série, « Le Monde » interroge des personnalités sur ce qui passe et ce qui reste. Par exemple Peter Singer, 78 ans, un philosophe australien parmi les plus influents au monde. En résumé, ses idées :

L’utilitarisme repose sur l’idée qu’il est de notre devoir de maximiser le bien sur terre, et Singer est célèbre pour avoir étendu cette idée à la prise en compte des intérêts des animaux. Son livre La Libération animale (Evergreen, 1975) est reconnu comme le fondement philosophique du mouvement antispéciste.

Le spécisme, établit une hiérarchisation arbitraire établie entre les espèces. Peter Singer inscrit la libération animale dans un sillage historique, celui de l’émancipation des Noirs et des femmes. Il s’agit d’élargir le cercle de la considération morale, comme on l’a élargi auparavant par-delà les races et le sexe.

– L’éthique utilitariste est une éthique laïque, elle s’oppose nettement aux éthiques religieuses.

– J’accepte mieux l’idée que nous ne sommes pas des êtres purement rationnels, évidemment. En revanche, ce n’est certainement pas éthique de tourner le dos aux faits. On sait à quel point la vie des animaux non humains est horrible dans les fermes industrielles, pourtant des gens me disent encore : « Ne m’en parlez pas, vous aller gâcher mon dîner. Je ne veux pas le savoir. » Ce n’est pas une position acceptable.

Mon texte Famine, Affluence and Morality (« famine, richesse et moralité », essai non traduit, 1972) a inspiré un autre mouvement philanthropique appelé « altruisme efficace », qui suppose de pratiquer la charité de la façon la plus rationnelle possible, en essayant de se détacher de ses émotions. Il donne une large partie de ses revenus à des organisations choisies pour leur efficacité. Cela m’a rendu plus radical sur la question de ce que les personnes ayant un certain niveau de richesse devraient faire pour aider les personnes en situation d’extrême pauvreté.

– Jusqu’à quand votre vie vaudra-t-elle la peine d’être vécue ? Tant que j’aurai plus d’états de conscience positifs que d’états de conscience négatifs

– Heureusement, comme nous disposons aujourd’hui, en Australie, d’une aide volontaire à mourir, je ne m’inquiète plus beaucoup à ce sujet. Cela donne une certaine assurance que, si les choses tournent mal, vous n’aurez pas à souffrir plus longtemps que vous ne le souhaitez.

– La chose la plus effrayante est l’idée que l’on ne saura pas ce qui va se passer, par exemple si le monde réussira à faire face au changement climatique.

Lire, Questions d’éthique pratique de Peter SINGER (1993)

extraits : du point de vue de l’éthique de l’environnement, le choix de nos loisirs n’est pas neutre. Bien que nous considérions le choix entre la course automobile et la bicyclette, entre le ski nautique et la planche à voile, comme une pure question de goût, la différence est essentielle : la course automobile et le ski nautique supposent la consommation de carburants fossiles et l’émission de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ; le vélo et la planche à voile, non. Quand nous aurons pris au sérieux la nécessité de protéger notre environnement, la course automobile et le ski nautique ne seront pas une forme de divertissement plus acceptable d’un point de vue éthique que ne le sont aujourd’hui les combats d’esclaves ou de chiens. La planche à voile est peut-être préférable au ski nautique, mais si nous achetons sans cesse de nouvelles planches à voile au gré des changements de mode du design (ou si nous allons à l’océan en voiture), la différence devient négligeable.

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l’année 2025 ne sera pas pire que les précédentes

Une bonne nouvelle, l’année 2025 ne peut pas être pire que les années précédentes. Des endémies multiples (Covid-19, H5N1, etc), des guerres multiples et même mondialisées, des famines multiples et structurelles, des gouvernements tendance dictatoriale et des démocraties en panne même en France, des inondations extrêmes et des sécheresses sans compter les ouragans, des femmes qui sont emmurées dans leur propre maison et des hommes qui servent de chair à canon, une télé de merde et des réseaux sociaux décervelant, des usines qui ferment et d’autres qui maintiennent en esclavage, des économistes politiciens qui psalmodient « croassance croassance » et justifient des inégalités extravagantes, etc., etc.

C’est pourquoi nous vous proposons la recette pour atteindre la bonheur dans ce monde de brut et de brutes.

Beaucoup de choses peuvent apporter une joie intense, un dernier verre, le but marqué par son équipe, la mort de son ex-femme,… liste non limitative. Mais ce qui devrait être source de béatitude, c’est notre contact avec la nature. Communier avec la nature n’est pas une pratique très compliquée. Il suffit de sortir de chez soi, sortir de la ville, sortir de sa bagnole, se retrouver en contact direct avec mère Nature. En immersion, de préférence sans avoir à payer quoi que ce soit. Faut en profiter avant qu’il soit trop tard, de la nature il ne reste plus grand chose.

Cécile Cloutour : « J’ai 9 ans. Le soleil s’est couché, mais nous restons sur la plage. Ma sœur et moi sommes assises face à la mer. A quelques mètres de nous, mon père et trois cousins commencent à chanter, a cappella, les premières phrases du Cantique de Jean Racine, de Gabriel Fauré. Je suis détendue, relâchée, heureuse. Face à nous, au loin, un orage d’été éclate. Les éclairs déchirent et illuminent le ciel sans un bruit. Moi, petite citadine, je n’ai pas l’habitude de contempler un spectacle aussi majestueux. Des années après, en étudiant l’art romantique, j’ai compris que ce moment relevait du sublime. Il y avait une résonance entre la nature et l’harmonie du cantique. Je ne suis pas croyante, mais il y avait une forme de sacré. Tous mes sens étaient alignés pour apprécier cet instant. »

Ted Kaczynski : En vivant au contact de la nature, on découvre que le bonheur ne consiste pas à chercher toujours plus de plaisir. Il réside dans le calme. Une fois que vous avez apprécié le calme suffisamment longtemps, vous développez vraiment un sentiment de rejet à la seule évocation de plaisirs excessifs. Vous pouvez parfois rester assis pendant des heures à ne rien faire, à écouter  les oiseaux,  le vent ou le silence, à observer les ombres qui se déplacent avec la course du soleil. Et vous ne connaissez pas l’ennui. Vous êtes seulement en paix, à admirer la neige d’une blancheur immaculée et les rayons de soleil filtrant au travers des pins. Je laisse entrer en moi le silence et la solitude. La chose la plus pénible de ma vie ? La pire chose que j’ai connue au cours de ma vie dans les bois fut l’envahissement progressif de la nature par la civilisation moderne…

En savoir plus sur le bonheur avec notre blog biosphere

Notre très inquiétante séparation d’avec la nature

extraits : Que reste-t-il de la vraie nature dans nos villes, nos intérieurs aseptisés, nos supermarchés climatisés, nos jardinets engazonnés, nos autoroutes embouteillés et nos parcs d’attraction ? A la maison, à l’école ou au travail, quand sommes-nous en contact sensoriel avec la texture de la terre, la lumière, les cycles de la terre, les esprits des arbres, la puissance de la vie ? Où et comment apprenons-nous cela ? De par leur formatage intérieur dès la petite enfance, nombre de personnes sont – existentiellement et émotionnellement – trop séparées de la nature pour être véritablement touchés par les maux qui l’affectent. Fruit de la modernité, la culture de la société industrielle est déconnectée de son substrat naturel. Nous savons notre impact écologique négatif, mais nous n’y prêtons guère attention, car la nature ne fait plus vraiment partie de notre être et de notre vie….

Malicorne, la nature menacée

extraits : La nature semble s’être engagée dans une situation qui pourrait bien se retourner contre elle. Elle a mis au monde une espèce néfaste capable de neutraliser les instincts régulatoires qui assuraient la pérennité de la vie terrestre. Avec le développement de la science et de la technologie, l’homme modifie considérablement la planète qu’il habite. Il aménage la nature et transforme la campagne. A part les paysages arctiques, toutes les régions ont été plus ou moins altérées par sa présence. Rien ne lui résiste. Son influence est singulièrement accélérée par l’apparition de la civilisation occidentale qui n’a plus, comme les cultures traditionnelles, le respect de la nature. Un grand nombre de biotopes et d’espèces vivantes disparaissent. Les forêts se rétrécissent et les sous-bois deviennent des parkings. L’asphalte et le béton sont les manifestations de cette nouvelle et menaçante monotonie. Vue sous l’angle  « l’homme hors de la nature », l’arrivée de l’être humain apparaît ici comme une catastrophe cosmique….

Rejoignez notre Alliance des gardiens de Mère Nature

extraits : Nous, gardiens et enfants de la Terre Mère, peuples indigènes et alliés, nos prophéties, notre sagesse et nos savoirs nous ont permis de constater que la vie sur la Terre Mère est en danger et que l’heure d’une grande transformation est arrivée. Nous appelons l’humanité à prendre des mesures pour protéger le caractère sacré de l’eau, de l’air, de la terre, du feu, du cycle de la vie et de tous les êtres humains, végétaux et animaliers. Il est vital de transformer notre approche de la nature en l’envisageant non comme une propriété, mais un sujet de droit, garante de la vie… Nous devons évoluer vers un paradigme basé sur la pensée et la philosophie indigènes, qui accorde des droits égaux à la Nature et qui honore l’interrelation entre toute forme de vie…..

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Les dix commandements valent 5 millions de dollars

LE MONDE avec AFP : Une tablette de marbre présentée par la société Sotheby’s comme la plus ancienne au monde gravée des 10 commandements a été vendue plus de 5 millions de dollars le 18 décembre 2025, a annoncé la maison d’enchères à New York, malgré des questions sur son authenticité. Découverte en 1913 lors d’excavations pour la construction d’un chemin de fer sur l’actuel territoire d’Israël, la tablette porte l’inscription des versets de neuf des dix commandements qui apparaissent dans la Bible et la Torah.

Quelques remarques

a.ferrier : Les « experts » qui ont décrété que cette pierre était authentique estiment qu’elle date d’une période allant de 300 à 800 de notre ère… « Fourchette » plutôt large et pour une période considérablement éloignée de celle lors de laquelle les dix commandements sont censés avoir été « communiqués » par Dieu à qui l’on sait… vers 1446 av. J.-C.

Michel Sourrouille : Le décalogue est inscrit dans le Deutéronome, histoire des juifs jusqu’à l’exil en Babylonie. Il s’agissait du discours d’un chef de tribu, qui se masquait derrière le nom de Dieu pour faire passer de façon brutale son propre message : « Moi, Yahweh, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, punissant l’iniquité des pères sur les enfants et les descendants jusqu’à la troisième et quatrième génération pour ceux qui me haïssent, et faisant miséricorde jusqu’à mille générations à ceux qui m’aiment et gardent mes commandements. » Ces préceptes ont servi de fil conducteur aux principes éthiques d’une grande partie de l’humanité pendant plusieurs millénaire. Mais le Décalogue comporte 3 articles sur le respect de la divinité, 3 articles sur le respect de la vie familiale, 4 seulement sur le respect de la vie sociale et aucun sur le respect pour la Nature ; beaucoup de choses pour Dieu et rien pour encadrer une organisation socio-économique qui détériore la « Création ».

Fëp : Qui a envie de payer 5 millions pour se faire commander ? Un paumé.

Bandera : Ce qui est cocasse, c’est la vente de la pierre par le musée de la Torah. Décidément, on ne se refait pas.

philippe libre : Le marché du faux a un bel avenir !

Cassouletradical : Le « territoire actuel d’Israël » en 1913, n’est-ce pas la Palestine ?

Le POINT DE VUE DES ÉCOLOGISTES

Les Dix Commandements de la biosphère

Tu pratiqueras la simplicité volontaire ;

Tu as autant de devoirs que de droits ;

Tu aimeras la planète comme toi-même ;

Tu réagiras toujours de façon proportionnée ;

Tu protégeras l’avenir des générations futures ;

Tu respecteras chaque élément de la Biosphère ;

Tu ne laisseras pas les machines te dicter leur loi ;

Tu adapteras ta fécondité aux capacités de  ton écosystème ;

Tu ne causeras pas de blessures inutiles à ton environnement ;

Tu vivras des fruits de la Terre sans porter atteinte au capital naturel.

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Laïcité, le pape François n’est pas pour !

La loi de 1905 en France acte la séparation des Églises et de l’État. Elle abolit le Concordat et le système des cultes reconnus : il n’y a plus de religion recevant une consécration par l’État et tous les cultes sont sur un pied d’égalité. Fruit de l’histoire singulière de l’émancipation de l’État par rapport à l’Église, la conception française de la laïcité est difficile à saisir pour de nombreux étrangers. Le pape, gardien suprême de la foi catholique, n’est évidemment pas le mieux placé pour en faire la promotion. Mais on pourrait attendre de lui qu’il fasse une lecture juste d’un principe et d’une législation conçus pour permettre la cohabitation de toutes les formes de croyance et d’incroyance.

éditorial du MONDE : En choisissant la Corse pour son troisième voyage en France, le pape François a réitéré un message de méfiance à l’égard du modèle laïque français. Plaidant en faveur d’une « saine laïcité », qui ne soit « ni statique ni figée, mais évolutive et dynamique », en bref souple « à la corse », le pape François a ainsi réitéré, sous une forme atténuée, la critique qu’il a déjà exprimée d’une laïcité française à la « coloration héritée des Lumières beaucoup trop forte » conduisant, selon lui, à présenter les religions « comme une sous-culture ». Le pape François, en posant d’emblée le principe laïque comme un dogme figé, tend à conforter les tenants de la conception qu’il entend dénoncer, celle qui fait de la laïcité une arme antireligieuse et non un vecteur de liberté pour chacun, essentiel au vivre-ensemble. Hautement respectables et puissants, les messages humanistes du pape seraient portés avec plus de force si l’Église qu’il incarne savait mieux reconnaître ses propres errements, en tirer les enseignements, et vivre davantage avec son époque.

Nos textes sur la religion pendant l’année 2005, tout début de ce blog biosphere.

20.01.2005 Le préservatif contre la religion

Le 18 janvier, la conférence des évêques espagnols admettait l’usage du préservatif dans la lutte contre le sida. Le jour suivant, son porte-parole publiait un communiqué affirmant que « l’usage du préservatif est contraire à la morale ». La doctrine de l’Eglise n’a donc pas changé, pour elle l’usage du préservatif implique une conduite sexuellement immorale, mieux vaut l’abstention des relations sexuelles illicites et la fidélité mutuelle entre conjoints pour faire face au danger du sida.

Ce n’est pas avec des demeurés comme ça qu’on va pouvoir entamer une décroissance démographique des humains pour sauver la Biosphère.

06.02.2005 L’écologie, chrétienne ?

Le Dieu des humains n’a jamais rien apporté à la Biosphère car il est à leur image, raciste, possessif, cruel et complètement ignorant du nécessaire équilibre des cycles vitaux. Dieu s’intéresse uniquement aux affaires humaines du temps présent, il ne porte pas de jugement sur la destruction des ressources fossiles, sur la perte de biodiversité ou sur le changement climatique. La religion occidentale est fondée sur le dogme anthropocentrique de domination de la Nature, elle est donc au cœur de sa destruction et ce n’est pas quelques contre-exemples comme St François d’Assises qui va nous faire oublier les délires des papistes pour la multiplication des naissances, donc contre le préservatif. Les sbires de toutes les chapelles judéo-chrétiennes (ce qui inclut les musulmans) ne développent pas la communion entre toutes les créatures du ciel et de la terre, mais un communautarisme dirigé à la fois contre le pluralisme des cultures et la diversité des espèces (végétales et animales).

Face à cela, la colère de la Biosphère est le cri de l’ensemble des créatures victimes de la démesure prédatrice de l’activité économique. C’est pourquoi les humains devraient être de plus en plus nombreux à relayer cette colère pour retrouver cette vocation de rédempteur cosmique qu’on ne peut trouver que dans l’écologie profonde.

20.02.2005 L’Église s’envoie en l’air

Pour sa retraite, le cardinal Jean-Marie Lustiger a reçu un billet d’avion dit « intégral » sur Air France, lui donnant le droit d’emprunter les lignes de la compagnie sur tous les continents pendant deux ans. A plus de deux kilos de gaz à effet de serre par litre de kérosène, on peut déjà dire que l’Eglise catholique veut bien faire un cadeau à l’homme, mais aucun au réchauffement climatique. Pourtant la Biosphère serait malgré tout conciliante s’il s’agissait de porter la bonne parole environnementale, prônant ici ou là dans des conférences la réunification entre les élus de Dieu et toutes les autres créatures du ciel et de la terre. Mais pour Jean-Marie Lustiger le seul discours valable est d’insister sur le baptême, car « baptisés, vous ne l’êtes pas par hasard parce que c’est le choix de Dieu ».

Amen pour les croyants, démerdes-toi comme tu peux pour sauver la planète.

03.04.2005 Le pape ou la planète ?

Début 2005, plus de 1300 scientifiques réunis par l’ONU à propos de l’état des écosystèmes de la planète ont rendu leur diagnostic. Selon ce rapport, environ 60 % des écosystèmes permettant la vie sur terre ont été dégradés par l’activité humaine, et cela de façon plus accentuée au cours des cinquante dernières années que dans toute l’histoire de l’homo sapiens. Les humains ont depuis 1945 converti pour l’agriculture plus de terres qu’aux XVIIIe et XIXe siècles réunis. Entre 1750 et 2005, 60 % de l’accroissement de la concentration en gaz carbonique dans l’atmosphère s’est produit seulement depuis 1959. Il s’agit d’une pression telle sur les fonctions naturelles de la planète que la capacité des écosystèmes à répondre aux demandes des générations futures ne peut plus être considérée comme acquise. Les pauvres des zones rurales sont déjà touchés par cette catastrophe parce qu’ils dépendent plus directement des services d’origine éco-systémique. Le verdict est sans appel mais les médias ne lui accordent que quelques brèves. Ce rapport publié et oublié juste avant la mort du pape Jean Paul II s’efface, il paraît plus important de consacrer au décès d’un seul homme des heures et des heures dans les journaux télévisés du monde entier, des pages et des pages dans la presse écrite. Pourtant du point de vue de la Biosphère, cette « disparition » d’un pape n’a aucune signification, aucune valeur si ce n’est la mise à disposition pour les décomposeurs de quelques dizaines de kilos de chair.

Un jour prochain les humains devront choisir entre leur propre culte ou celui de la planète.

05.04.2005 Poussière, tu n’es que poussière

Il y en a comme Mgr Comastri qui inventent de trop belles histoires : « Le Christ a ouvert largement les portes du paradis au pape et, à l’entrée, il y avait certainement Marie à laquelle le souverain pontife s’est dévoué entièrement ». Il y a la Biosphère qui en appelle aux réalités : « La séquence après la mort du pape commence de manière interne, les enzymes du système digestif commencent par manger les tissus, ce qui engendre la putréfaction, puis le corps entame sa décomposition ; s’il se trouvait à l’air libre, les insectes vont y avoir accès, leurs œufs vont donner naissance à des larves qui mangeront la matière. Tout corps est un écosystème recyclable, la mort du pape n’est qu’un événement anodin dans le déroulement implacable des cycles vitaux ».

Pour faire le paradis sur Terre, il est temps d’abandonner les croyances stupides et de penser en ces termes la mort humaine : « Poussière, tu n’es que poussière et tu redeviendras poussière. L’essentiel est ce que tu as fait de ta vie ».

6.04.2005 bienheureuse pauvreté

Lors du dernier conclave de 1978, les cardinaux-électeurs étaient logés dans de petits appartements de fortune fabriqués à la hâte où ils pouvaient juste disposer d’un vase de nuit, même pas d’eau courante. Ils se mettaient ainsi à l’unisson du peuple des pauvres que toute Eglise qui respecte le message du Christ se devrait de soutenir. Mais ils résideront dorénavant dans des chambres individuelles spacieuses et confortables. La Biosphère regrette ce changement qui paraît sans doute anodin, mais qui est symptomatique d’une Eglise qui n’a jamais penser aux équilibres globaux à respecter entre l’existence humaine et les écosystèmes. Pourtant la pauvreté pour tous est dorénavant nécessaire, il y a surcharge de l’activité humaine sur la planète.

L’eau sera de moins en moins un bien en libre disposition de tous : retour à l’eau du puits, Messieurs les cardinaux !

(NB : Cette année a vu Joseph Aloisius Ratzinger devenir pape le 19 avril 2005

sous le nom de Benoît XVI. Un évènement sans importance !)

20.04.2005 Relativisme

Avant même d’être pape, Josef Ratzinger s’en prenait violemment à la « dictature » du relativisme en tant qu’attitude qui ne reconnaît rien comme définitif et n’a comme mesure que ses propres désirs. C’est là faire peu de cas des vertus de la démocratie qui recherche à tâtons la vérité dans les méandres de la planète. Ce ne sont pas les « vérités » de la Bible ou du Coran qui peuvent fixer des limites aux appétits insatiables de la société thermo-industrielle ou de la démographie humaine galopante, ce sont les perturbations des écosystèmes qui exigent de la rationalité humaine un autre comportement, un changement radical du mode de vie et de procréation.

« Tant que vous oublierez la vérité des cycles vitaux, vous serez comme de petits enfants traînant à la dérive, emportés par n’importe quelle doctrine et invention des hommes » (épître de la Biosphère aux Humains).

22.04.2005 Création ou évolution ?

Un professeur américain de biologie fut condamné en 1925 à une amende pour avoir enseigné les théories de Darwin (l’évolutionnisme). Il a fallu attendre 1987 pour que la justice interdise définitivement, au nom de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, l’enseignement du créationnisme (Dieu a créé l’univers et l’Homme). La Biosphère dirait même que toute idée de créationnisme doit être abandonnée au nom des découvertes scientifiques : il vous faut admettre que toutes les formes de vie existant aujourd’hui descendent d’un même organisme : les gènes qui mettent en place le plan de fabrication d’un être humain sont les mêmes que ceux fonctionnant chez un ver de terre ou une céréale. Maintenant on sait qu’il n’y a ni plan préétabli par un dieu, ni dessein intelligent concocté par la nature, il n’y a que le hasard.

Est-ce déroger à la libre-expression que de dire qu’on exprime une grosse connerie si on disait encore le contraire ?

02.06.205 Catéchisme immoral

Pour l’Église du Vatican, il y a des manipulations du langage qui cherchent à rendre anodines les réformes de mœurs, remettant ainsi en cause l’équilibre de la société. On parle par exemple d’interruption volontaire de grossesse au lieu d’avortement, et ce qui passait autrefois pour un délit ou un crime est devenu une revendication de liberté, puis un droit parfois reconnu par le législateur. L’Église ne peut que condamner un tel droit fondé sur des considérations subjectivistes, individualistes et pragmatiques, pour elle il faudrait en revenir aux réalités objectives : le libre choix d’avorter doit être condamné parce que, s’il vise le bien de la mère, il oublie le « droit à vivre de l’enfant ». Malheureusement le droit de vivre d’un enfant, à plus forte raison quand il s’agit d’un embryon, ne repose sur aucun argumentaire fiable ; il n’y a aucun caractère sacré de la vie humaine, il n’y a aucune définition avérée de la dignité de la personne humaine et de son caractère intouchable ; le droit de tuer est une constante de l’humanité que ce soit par l’intermédiaire de la peine de mort ou des guerres, des avortements légaux ou illégaux, sans parler des infanticides pratiqués dans certaines sociétés premières. La religion ne peut dicter sa loi à une société démocratique, le droit à l’IVG découle objectivement de nécessités socio-économiques. Mais ces déterminants humains dépendent surtout de l’environnement naturel. Le droit à l’avortement n’est pas seulement le droit des femmes à disposer de leurs corps, c’est aussi le droit de l’enfant à s’insérer de façon harmonieuse dans une vie familiale stable, c’est surtout le droit de naître dans un bio-système équilibré, et jouir ainsi d’une existence durable.

Pour la Biosphère, il y a bien d’autres manipulations du langage qui cherchent à induire en erreur, comme « croissance », ce mot nocif qui fait croire que tout est possible dans un monde fini. Bien que l’avortement soit le signe d’un échec de la contraception, c’est un droit à valoriser dans un monde surpeuplé. D’ailleurs il n’est pas anodin de constater que ce projet catholique de « lexique des termes ambigus et controversés » sur la famille et les questions éthiques est né en 1994, juste après la conférence internationale du Caire sur la population. Membre observateur des Nations unies, le Saint-Siège avait alors lutté contre les mesures visant à freiner la croissance démographique. On constate donc la duplicité d’une Eglise qui utilise le sens du sacré et une soi-disa

12.07.2005 L’Islam, scientifique ?

Il y a un effort dans le monde islamique pour démontrer que le Coran contient un certain nombre de vérités scientifiques ultérieurement confirmées par la recherche scientifique. Hubert Reeves posait alors cette question à un intellectuel musulman d’Algérie : «  Et si vous découvrez que le Coran contient des erreurs scientifiques, que feriez-vous ? ». L’intellectuel, c’est-à-dire celui qui peut maîtriser l’apparence par des mots mais certainement pas l’intelligence des choses a répondu : « Impossible, le Coran ne peut pas se tromper car c’est la parole de Dieu ».

Cultivez donc votre proximité avec la Biosphère, elle peut s’étudier et même se manger alors que les divinités à l’image de l’Homme sont vraiment trop bêtes.

29.07.2005 L’Islam nataliste

Quand l’ayatollah Khomeyni est arrivé au pouvoir après la révolution islamique de 1979, les programmes de planification familiale mis en place par le Shah ont été démantelés. Khomeyni exhortait en effet les femmes à faire davantage d’enfants parce qu’il fallait des soldats pour l’islam. En conséquence, le taux de croissance annuel de la population a atteint plus de 4 %, soit un doublement tous les 17 années seulement. Mais à la fin des années 1980, le coût social et environnemental d’une telle croissance est devenu perceptible et le discours religieux a changé : la diminution du nombre d’enfants devenait une responsabilité sociale et 80 % des dépenses de planification familiale furent pris en charge par le budget de l’État. Environ 15 000 « maisons de santé » furent ouvertes pour permettre à la population rurale d’avoir accès aux services de régulation des naissances.

La Biosphère constate que la parole de ceux qui se disent les serviteurs de dieu n’est en fait qu’une mascarade pour imposer leurs propres règles aléatoires dans les rapports sociaux.

11.08.2005 L’incertitude religieuse

Au Pakistan, les madrasas enseignent aux enfants des classes défavorisées essentiellement le Coran et les hadiths (dires du prophète). Elles créent ainsi chez ces enfants une habitude de pensée caractérisée par l’extrémisme religieux et l’intolérance envers ceux qui ont une vision différentes de leur religion. Une fois étudiants, ils sont amenés à croire que le monde entier, spécialement l’Occident et les juifs, veut miner l’islam et qu’ils doivent le défendre contre ces attaques. Mais l’islam n’est pas monolithique, il y a cinq fédérations de madrasas, les fondamentalistes sunnites, les sunnites marqués par la tradition soufi, les sunnites salafistes, les sunnites proches des frères musulmans et les chiites. Ces écoles, sectaires avec les autres religions comme envers leurs propres coreligionnaires, montrent par l’absurde la validité du principe de laïcité. Si toutes les religions, au lieu d’interpréter de façons différentes leurs différents livres sacrés, montraient que les humains n’ont pas à privilégier leurs propres croyances dans des dieux à leur image, alors le monde pourrait-il devenir plus paisible. Mais la laïcité ne résout rien au fond.

Si toutes les religions éduquaient les enfants dans le respect des équilibres de la Biosphère, alors le monde pourrait-il devenir plus paisible, sans terrorisme aveugle en Irak, en Angleterre, en Égypte ou ailleurs.

09.12.2005 La culture dans la nature

L’animisme est cette forme de religion qui attribue une âme aux animaux et aux phénomènes naturels. En territoire animiste, on ne retrouve ni castes d’artisans séparés, ni culte des ancêtres, ni démiurges créateurs, ni goût pour les patrimoines matériels, ni obsession de l’hérédité et de la filiation, ni flèche du temps, ni assemblées délibératives. Ainsi les indiens Jivaros de l’ethnie Achuar qui vivent entre Equateur et Pérou : ils pensent que les humains, les animaux, les plantes et les esprits n’appartiennent pas à des réalités séparées : tous étant également dotées d’âmes, ils peuvent communiquer entre eux. Cette façon de considérer l’ensemble du monde vivant comme les partenaires d’une sociabilité généralisée n’est pas une lointaine exception amazonienne, elle se retrouve chez divers peuples d’Asie, d’Amérique ou d’Océanie. Dans ce système règne la simplicité productive et la limitation des besoins, ces règles de vie incontournables permettant la durabilité extrême. Ce sont les ancêtres d’une écologie bien comprise, la sauvegarde des besoins des générations futures ne passait pas par le « développement ».

Quand la culture future des humains aura intégré à nouveau une symbiose avec la Nature, alors la Biosphère sera-t-elle plus paisible pour ses composantes humaines et non-humaines

15.09.2005 Le vice de la luxure

Le nouveau « Catéchisme de l’Eglise catholique abrégé » est paru en France le 1er septembre. Il traite en 600 questions-réponses de la vie sur Terre. On apprend (question 492) que « sont des péchés gravement contraires à la chasteté l’adultère, la masturbation, la fornication, la pornographie, la prostitution, le viol, les actes homosexuels. Ces péchés sont l’expression du vice de la luxure ». C’est donc là selon Benoît XVI « un texte de référence sûr et authentique ». Mais le nouvel opuscule romain se préoccupe beaucoup des questions de morale privée, presque pas des injustices sociales, aucunement de la protection de la Nature. Il faut dire que ce parti-pris est très ancien : le Décalogue (ou loi de Moïse, plus connu sous la dénomination « les dix commandements ») comporte 4 articles sur le respect de la divinité, 3 articles sur le respect de la vie familiale et 3 seulement sur le respect de la vie sociale ; rien sur l’environnement.

Nulle mention dans ces textes religieux, ni hier ni aujourd’hui, de l’équilibre à respecter entre la Biosphère et le comportement humain. La religion catholique n’est qu’anthropocentrisme désuet et souvent immoral : la masturbation ne rend pas impuissant.

28.12.2005 Une foi sans modération

La 19e rencontre à Lyon de la communauté de Sant’Egidio a constitué en 2005 un « Davos des religions » qui réunit rabbins et musulmans, cardinaux et pasteurs, prélats orthodoxes et bouddhistes ou taoïstes. Un appel a été ratifié par tous les religieux présents : «  Les religions ne veulent pas de la guerre, du terrorisme… Celui qui se sert du nom de Dieu pour légitimer la violence avilit la religion. Aucune guerre n’est jamais sainte ». Alors on s’interroge : que faudrait-il faire des textes sacrés qui appellent à la violence ? Certains disent qu’on ne peut pas découper la Bible avec des ciseaux, d’autres qu’il faut distinguer dans le Coran ce qui est historique, donc soumis à évolution, de ce qui est permanent. Mais l’essentiel serait la capacité des croyants à discuter les textes sacrés, les approfondir et en éliminer les outrances.

Alors là, la Biosphère doute, plusieurs centaines si ce n’est quelques milliers d’années de vraies/fausses interprétations ont justifié les guerres, les inquisitions et les représailles les plus atroces. Rien n’est sacré si ce n’est le respect de l’équilibre des écosystèmes, tout le reste est anthropocentrisme sans fondement. Il ne faut pas désespérer, un jour la protection de la Biosphère apparaîtra comme la seule foi qui sauve.

29.12.2005 Un jeûne sans voiture

Depuis des siècles et des siècles, les religions soumettent des peuples à leurs dogmatismes par l’esprit, ou par le fer si le conditionnement mental ne suffit pas. Toutes les religions majoritaires prônent le culte de dieu et l’apaisement/conflit entre humains sans s’intéresser le moins du monde à notre mère Nature. Mais en 2005 plusieurs évêchés (Trèves, Mayence…) ainsi que l’Église protestante de Rhénanie, Hesse-Nassau, Palatinat et Luxembourg ont appelé les chrétiens à renoncer à leur voiture pendant la période du Carême (20 février au 20 mars) en optant pour le vélo ou les transports en commun : « Rouler moins en voiture signifie plus de santé pour vous et pour la Création ». Un bilan indique que 1760 volontaires ont accepté de suivre ce jeûne, la société thermo-industrielle pourrait changer si le milliard de chrétiens et le milliard de musulmans suivait rapidement la même voie. Mais comment généraliser un discours entre des sectes qui se veulent contradictoires et dont le respect des écosystème ne fait pas partie des fondamentaux ?

La « Création » à l’origine des humains, c’est à la Biosphère que vous la devez, elle est le début et la fin de toute vie. En vérité en vérité je vous le dis, vous devriez célébrer l’existence de la Biosphère puisque vous n’êtes qu’une de ses infimes parties. Toutes les composantes de votre corps existaient déjà dans les premiers instants de la Biosphère, votre statut actuel ne peut se dissocier du support matériel qui vous associe aux autres espèces et à la place de votre planète dans l’univers, votre survie dépend de la sienne. De l’intérieur ou de l’extérieur des religions, respectez la Biosphère,  source de la vie : c’est le seul message qui soit véritablement œcuménique.

Le point de vue des écologistes laïques

L’article 1 de la loi de 1905 assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées dans l’intérêt de l’ordre public. Ses grands principes sont l’égalité de tous les citoyens devant la loi, sans distinction de religion ; la garantie du libre exercice des cultes ; la neutralité de l’État. La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte.

Après les différent schismes religieux, vive la liberté de conscience ! Un transfert de transcendance s’opère alors entre la religion et l’idéal politique ou économique. Croire en Dieu ne va plus de soi. Fini les arguments d’autorité. Nos sociétés ultra-modernes se trouvent alors face à une crise du « croire » inédite ; douter est à la mode, on doute de tout, surtout depuis qu’il y a des marchands de doute. Et dans le même temps on croit à n’importe quoi, c’est la magie des réseaux sociaux. Il n’y a que l’écologisme pour donner une nouvelle image d’une religion dans ce qu’elle a de meilleur, quand elle est fidèle à sa vocation d’être pourvoyeuse de lien et non de division.  La « religion » a en effet une double signification, elle relie (religare) et elle rassemble. Elle permet une pratique institutionnalisée qui apporte une cohérence au monde et le maintien de cet ordre.

Pour un avenir apaisé, c’est l’écologisme qui porte en lui un changement profond par rapport aux religions du livre (bible, nouveau testament, coran), un retour à une vision plus en phase avec les possibilités d’une vie viable, vivable et conviviale sur cette planète. L’écologisme signifie que nous voulons nous relier à notre maison commune, qui est à la fois notre propre maisonnée, la société et de façon globale la Terre. Cela n’éliminera pas les controverses ; le mélange des connaissances scientifiques, des contraintes socio-économiques et des interprétations philosophiques laisse un large manœuvre de débat sans fin. Mais l’important c’est de reconnaître que nous sommes dépendants de réalités biophysiques, c’est la Terre-mère qui importe, pas Dieu-le-père caché dans la stratosphère.

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La Bible, une construction historique récente

La Bible hébraïque, commune aux juifs et aux chrétiens, a été composée durant un millénaire, par petites touches, en réponse aux crises traversées par le peuple hébreu. Ce n’est qu’une histoire parmi d’autres, pas de quoi en faire une référence.

Thomas Römer : c’est Moïse qui aurait écrit au XIIIe siècle avant notre ère le Pentateuque, les cinq premiers livres de ce que l’on appelle aujourd’hui la Bible. Cette vision ne repose toutefois sur aucune base historique. Des études archéologiques et épigraphiques ont démontré que ce n’est qu’à partir de la fin du IXe siècle avant notre ère que des documents écrits sont apparus de manière significative dans les royaumes d’Israël et de Juda. On y observe des styles fort différents et de nombreuses tensions, voire des contradictions. Ce qui est sûr, c’est qu’au VIIIe siècle le royaume d’Israël a connu une période de prospérité sous le règne de Jéroboam II (environ 787-747 avant notre ère). Les scribes de Jéroboam ont probablement fixé une première version de l’histoire de l’Exode qui avait été d’abord, comme celle de Jacob, transmise oralement. Après la chute du royaume d’Israël, en 722 avant notre ère, et son intégration dans l’Empire assyrien, Jérusalem, la capitale du petit royaume de Juda, prend son essor. L’histoire de la naissance de Moïse ressemble de près à la légende de la naissance du grand souverain mésopotamien Sargon d’Akkad ( mise par écrit sous Sargon II, à la fin du VIIIe siècle), dont on raconte comment il a été adopté par la déesse Ishtar, qui l’a installé comme roi sur tous les peuples. Les scribes judéens ont donc construit la figure de Moïse à l’image du fondateur mythique de la dynastie assyrienne, pour revendiquer la supériorité de leur dieu, Yahvé. La première édition du livre du Deutéronome contient de nombreux parallèles avec les traités de vassalité assyriens. La destruction de Jérusalem et de son temple par les Babyloniens en 587 avant l’ère chrétienne provoqua, dans l’ancien royaume de Juda, une immense crise idéologique. Une première réaction, face à la crise, fut l’élaboration d’une grande narration, par les anciens fonctionnaires de la cour, qui raconte l’histoire d’Israël et de Juda depuis Moïse jusqu’à la destruction de Jérusalem. Un judaïsme de diaspora signifie aux juifs qui vivent en dehors du pays promis que le fondement de leur identité n’est pas le pays, mais la loi divine transmise par Moïse.

Si certains livres prophétiques sont bien antérieurs à la destruction de Jérusalem en 587 avant notre ère et à la destruction du premier Temple, tous ne furent canonisés qu’au IIe siècle avant l’ère chrétienne. La canonisation des « Ecrits » qui regroupent les Psaumes, les livres de Job et de Qohéleth, et bien d’autres, n’intervient qu’après la destruction de Jérusalem par les Romains en 70, probablement durant les IIe et IIIe siècles, en partie en réaction à cette destruction et en partie face au christianisme à l’influence grandissante.

Le point de vue des écologistes

Ni la bible, ni le coran, il nous faut lire dans le livre de la Nature pour l’amour de toutes les formes de vie. Mais pour cela, il nous faut voir dans la bible et le coran qu’imagination humaine, poison de notre pensée. Certes aucune société ne peut vivre sans une certaine forme de religion, un discours rassembleur. Mais les religions du livre font référence à un dieu abstrait, invisible. Impossible de s’entendre puisque ce sont des humains qui interprètent alors la parole de « dieu » pour imposer aux autres leur propre conception de l’existence. Cette relation verticale avec un dieu invisible qu’on dit tout puissant peut être avantageusement remplacée par une relation horizontale de l’individu envers autrui comme envers la Biosphère. Ce n’est qu’à cette condition qu’on peut essayer d’agir en toute connaissance de cause. Comme on ne peut déterminer l’assise matérielle du divin, les dialogues entre croyants et incroyants sont voués à l’impasse, sans synthèse possible : le raisonnement contre l’acte de foi. Aucun débat sincère et ouvert n’est possible avec un véritable croyant.

Pour la science, les religions de type anthropocentrique sont depuis longtemps obsolètes. On croyait avec la bible que notre planète était au centre de l’univers, et l’être humain au centre de la Terre. Galilée (né en 1564) utilisa une lunette astronomique, récemment découverte, pour observer le relief de la lune et surtout les satellites de Jupiter, démontrant par la même occasion un héliocentrisme beaucoup plus pertinent que le message biblique. Un tribunal de l’Inquisition, dont les membres ont refusé de regarder dans la lunette, l’obligea pourtant à se rétracter en 1633 : « Je jure que j’ai toujours cru tout ce que prêche et enseigne la sainte Eglise catholique et apostolique romaine…  J’abjure les écrits et propos, erronés et hérétiques, par lesquels j’ai tenu et cru que le soleil était le centre du monde et immobile, et que la Terre n’était pas le centre et qu’elle se mouvait. »  L’Eglise catholique n’a réhabilité Galilée qu’en 1992 ! La religion reste toujours un obstacle à l’émancipation de l’espèce humaine.

Le formatage culturel de notre pensée et de notre comportement par le contexte social et idéologique dans lequel nous vivons nous laisse peu de marges de manœuvre. Il faut vraiment faire un effort sur soi-même et souvent contre les autres pour pouvoir affirmer sa liberté de pensée. La critique de la religion est le premier pas d’une réflexion qui se veut personnelle et fondée par les avancées de la science et des recherches historiques.

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Pour ne pas croire en l’existence de Jésus

« Je crois en Dieu le Père Tout-Puissant Créateur du ciel et de la terre · Je crois en Jésus-Christ, son Fils unique notre Seigneur … » En réalité « Je crois » veut dire « je ne sais pas », je ne fais que supposer. Mais en tant qu’être de raisonnement, il faudrait savoir remettre en question les croyances religieuses. Certes Jésus est probablement le personnage le plus célèbre de la planète. Or la probabilité que ce soit une simple invention de l’imagination humaine est la meilleure des réponses. Il est vénéré par 2,5 milliards de chrétiens, qui voient en lui le « Christ » (du grec khristos, « oint, messie »), mais aussi par 2 milliards de musulmans. On voit l’ampleur de l’aliénation des foules.

Dieu incarné, rabbin, mystique : qui était vraiment Jésus selon les historiens? Depuis le début des études critiques sur les Evangiles, des centaines de chercheurs ont tenté de lire entre les légendes pour cerner les contours historiques de sa notoriété. Le premier concile du christianisme primitif était une réunion des évêques de l’Empire romain qui se tint à Nicée du 20 mai au 30 juillet 325 sous l’égide de l’empereur Constantin Ier. Il y a bien collusion entre pouvoir temporel et spirituel. Le grand nombre de dissensions au sein du christianisme s’imposait rapidement au maître de l’empire comme un problème à résoudre, problèmes disciplinaires et surtout problème dogmatique. Une confession de foi fut adoptée au concile de Nicée : « Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, créateur de tous les êtres visibles et invisibles. Et en un seul Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, etc. » Jésus devenait une icône, ce n’était pas vraiment le fils de Dieu mais une image imposée par un concile. Une « Vérité d’évangile » très relative.


Gaétan Supertino : La plupart des événements de la vie de Jésus sont rapportés par les Evangiles, dont la mise par écrit n’est attestée qu’une quarantaine d’années après sa mort. Ces disciples, cherchant à défendre leur foi, sont par définition soupçonnés de partialité. Les documents les plus anciens parvenus jusqu’à nous sont les lettres de Paul de Tarse, écrites autour de l’an 50. L’apôtre y mentionne quelques paroles de Jésus, évoque la crucifixion et la résurrection, en fait un descendant du roi biblique David né d’une femme israélite. A partir de la fin du IIe siècle, quatre textes attribués à des contemporains de Jésus – Matthieu, Marc, Luc et Jean –, sont adoptés par la majorité des Eglises de l’Antiquité et progressivement fixés comme « canoniques ». L’existence de Jésus est également évoquée par des auteurs non chrétiens tels que l’historien juif Flavius Josèphe (37-vers 100), les auteurs latins Tacite (58-vers 120) et Suétone (vers 70-vers 140) ou le philosophe polythéiste syriaque Mara bar Sérapion (50- ?), qui le décrivent chacun en quelques lignes comme un « sage » ou un guide condamné à mort par l’autorité romaine de Jérusalem. Rien de précis. Plusieurs personnages de la littérature talmudique, composée entre le IIe et le VIe siècle, sont également identifiés à Jésus : là l’enfant d’une union illégitime avec un Romain, là encore un perturbateur, un charlatan, voire un sorcier, parfois aussi un rabbin empreint de sagesse ou un guérisseur. Les manuscrits de Qumran, cette immense bibliothèque possédée par une secte juive antique découverte en 1947, ne disent rien de Jésus. Le judaïsme antique y apparaît beaucoup plus pluriel qu’on ne l’imaginait, teinté de mystique et d’idées apocalyptiques.

Le manque de cohérence de ces sources conduit aujourd’hui certains auteurs à les rejeter en bloc. Les plus radicaux d’entre eux, adeptes de la thèse « mythiste », vont jusqu’à douter de l’existence de Jésus, ne voyant en lui qu’un mythe. C’est le cas du docteur en théologie américain Robert M. Price, auteur de Deconstructing Jesus (« déconstruire Jésus ») : « Il est frappant de constater que presque toutes les histoires relatées dans les Évangiles peuvent être comprises comme une réécriture chrétienne de passages de l’Ancien Testament. Qu’est-ce qui semble le plus plausible : qu’un homme ait multiplié les pains ou que quelqu’un ait réécrit une ancienne et très célèbre histoire où le prophète Elisée fait de même ?

Donc, que reste-t-il de Jésus ? Il y a peut-être eu un Jésus historique, mais il n’y a pas de raison particulière de le penser.  L’Allemand Hermann Samuel Reimarus (1694-1768) tente de démontrer que Jésus était un personnage messianique juif avec un projet politique de restauration d’Israël et d’opposition aux Romains. Ses disciples, déçus par sa mort, auraient continué son combat et inventé la résurrection. Reconnaissant que tout historien, y compris en milieu scientifique, est sous l’influence de son époque et du monde dans lequel il évolue. Plusieurs découvertes scientifiques sont venues heurter de front les dogmes religieux. Aujourd’hui, on sait par exemple que, contrairement à ce qu’affirme la Bible, le monde ne s’est pas fait en sept jours et que nous ne descendons pas d’un seul couple originel…

Georges Minois : Dans une Église fondée sur l’autorité divine, on est aussi hérétique pour nier un seul point que pour nier le tout. Mais une seule pierre arraché de cet édifice et le tout croule fatalement. La foi est un saut irrationnel en Dieu ; elle n’a d’autre justification qu’elle-même. Il est à supposer qu’un homme parvenu à la croyance religieuse et qui aurait été auparavant philosophe ne s’était jamais exercé à la véritable philosophie. Si vous suivez les lumières naturelles de votre esprit, vous verrez que toutes les religions du monde ne sont que des inventions humaines. Les croyants se mettent à la place de Dieu, en faisant de celui-ci le serviteur de leur désir de félicité éternelle ; leur dieu est une idole au service de leur égoïsme. La liberté requiert l’athéisme….

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Imaginez Noël sans la naissance de Jésus

extraits : La thèse dite « mythiste » va jusqu’à douter de la réalité historique de Jésus. Qu’est-ce qui semble le plus plausible : qu’un homme ait multiplié les pains pour la foule, ou que quelqu’un ait réécrit une ancienne et très célèbre histoire où le prophète Elisée fait de même. Avez-vous besoin d’une incarnation divine pour conduire du mieux possible la vie qui vous a été donnée ? Si les chrétiens n’avaient jamais été informés de l’existence d’un Jésus historique, il ne leur manquerait pas.

Apprendre aux enfants à ne pas croire en Jésus

extraits : En bonne logique, c’est à ceux qui affirment l’existence historique de quelqu’un de le prouver. Pas à ceux qui en doutent. Sinon pourquoi douter de l’existence historique de Krishna ou de Rama qui sont aussi des incarnations humaines du Dieu Vishnou avec des lieux de naissance et de vie précisément situés ? Celui qui défend l’existence de Jésus s’appuie seulement sur l’argument d’autorité, pas sur des preuves. Sur ce blog biosphere, nous préférons nous référer à des réalités biophysiques. La matière a tous les attributs de dieu, à savoir une existence dont l’astrophysique nous montre qu’elle est bien la source de toute chose depuis une éternité de temps et s‘étend dans un espace incommensurable. On peut alors considérer la planète terre comme la mère de toutes les espèces dont la nôtre. …

 

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Notre cerveau, une chance et une malédiction

Quand on se penche sur la cervelle, cette matière grise si complexe sous ses apparences trompeuses, on voit qu’elle n’a ni couleur ni race. Notre cerveau est un facteur commun à tous, il suit les mêmes lois, il oblige à dépasser le racisme. Le cerveau ne représente que 2 % de notre masse corporelle mais il est vorace : il consomme à lui seul près de 20 % de notre énergie. Et ce sont 100 milliards de cellules nerveuses qui l’utilisent, chacune établissant avec les autres neurones environ 10 000 contacts synaptiques.. Grâce à un réseau câblé très précis, elles communiquent entre elles par des signaux électriques qui permettent au corps de bouger, de ressentir, de penser. Un centimètre cube de cortex prélevé au hasard contient 500 millions de synapses et on prête ainsi à la mémoire du cortex une capacité de dix millions de milliards de bits, un chiffre bien supérieur à celui du plus puissant des ordinateurs.

Une vrai bénédiction car cette complexité nous a permis d’aller sous l’eau, de s’envoyer en l’air et même de se piquer de philosophie. Une malédiction quand on voit le niveau de réflexion chez des personnes comme Trump, les négationnistes du climat, les anti-malthusiens, les croyants de toutes obédiences, sans oublier toutes les personnes pour qui réfléchir passe par son écran portatif. Nous ne sommes cérébralement que les aboutissants d’une socialisation primaire trop souvent défaillante et d’une spécialisation sélective sur ce qui correspond seulement à nos préjugés. Le cerveau est certes un monde qui protège du monde en le ramenant à l’essentiel pour soi, mais cela signifie trop souvent en rester à un minimum de pensée.

Voici quelques précision à connaître

Nos souvenirs sont rares avant trois ans et inexistants avant deux ans, c’est ce qu’on appelle l’amnésie infantile. Toute ma prime enfance, je ne peux que la reconstruire, et pourtant mon présent d’adulte est déjà en germe dans ma vie de nouveau-né. Ce ne sont pas les gènes qui régentent l’univers synaptique du cerveau humain, c’est une forte poussée frontale qui a poussé le bébé vers la construction autonome de son cortex cognitif et affectif : les gènes délimitent seulement la multiplication des neurones et c’est la confrontation avec l’environnement qui va donner sa densité à nos capacités cérébrales. Le programme génétique ne fixe pas notre destin, notre plasticité cérébrale laisse la plus grande part aux impressions laissées par le milieu socioculturel. Le cerveau humain est unique en ce sens qu’il est le seul contenant dont on puisse dire que plus on le remplit, plus grand est sa contenance.

Les gènes humains sont le moyen de notre liberté plus que notre limite, ils desserrent l’étau des comportements innés auxquels sont si étroitement assujettis les autres animaux. Après la naissance, notre personnalité s’élabore dans une série de matrices culturelles qui sont bien plus importantes que la matrice maternelle, les connections entre neurones se mettent en place au fur et à mesure des expériences que fait l’enfant. S’il porte tout à la bouche, c’est que c’est la première zone qui se développe dans le cortex, les terminaisons nerveuses y sont deux fois plus nombreuses qu’au bout des doigts. Empêcher le tout petit de tester avec la bouche le monde extérieur, c’est déjà produire un certain handicap dans la maîtrise de l’environnement. Chaque membre – bras, jambe, main, pied, mais aussi doigt, orteil, lèvre ou oreille – possède une représentation précise au sein du cortex qui s’amplifie s’il est très sollicité ou se rétracte en sens inverse.

Il ne s’agit donc pas d’attacher de l’importance au développement purement quantitatif du cerveau, celui d’Yvan Tourgueniev pesait 2012 grammes alors que celui d’Anatole France pesait moitié moins (1 017 grammes). Ce n’est pas parce que le poids moyen du cerveau féminin est moindre que celui de l’homme que l’on peut en déduire une infériorité féminine.

Le cerveau fonctionne selon un mode sélectif

A mesure qu’il se forme et se développe, le cerveau abandonne certains circuits inutilisés au profit des connexions répétées par un apprentissage réussi et récompensé. Le bébé suit la même évolution que le jeune moineau dont le chant, composé de sons d’une quinzaine de syllabes, se cristallise une fois adulte en une trille aux accents monocordes. Il se produit aussi une stabilisation synaptique dans le réseau de neurones pour tout ce qui acquiert du sens pour l’enfant ; notre mémoire ne se contente pas de stocker des souvenirs et de les restituer tel quel, elle les construit, puis les transforme dans trois directions : la simplification (l’oubli des détails), l’accentuation (la majoration de ce qu’on veut retenir) et la cohérence. Chacun de nous donne un sens très personnel à ses souvenirs. C’est trop souvent le poids des générations mortes qui pèse sur le cerveau des vivants, on se contente généralement de perpétuer les habitudes sociales que nous avons intériorisées. C’est en codant à l’intérieur de notre cerveau les représentations des autres en action, en reprenant la réalité comme dans un miroir installé dans nos neurones, que nous nous comprenons mutuellement ou que nous nous faisons la guerre.

Grâce à un cerveau surdimensionné, nous sommes la mesure de toutes choses, mais notre objectivité n’est alors que la somme de nos subjectivités humaines. Notre cortex préfrontal permet en effet de synthétiser non seulement notre propre expérience concrète, mais aussi toutes les considérations formulées par d’illustres ancêtres et des parents proches, de doctes ignorants ou des ignorants enseignants, et bien d’autres sources de connaissance qui nous apportent leurs croyances sous forme de vérités. L’intellect est en effet un moyen de s’adapter, mais aussi de remplacer la réalité ; nous sommes des animaux qui avons trouvé la bonne/mauvaise idée d’avoir mis un mot à la place des choses. En conséquence, nous avons beaucoup de mal à distinguer le vrai du faux, le mensonge en toute bonne foi et la foi qui trompe, l’apparence de la réalité et la réalité des apparences.

Notre appréciation des faits est encore plus troublée aujourd’hui par une situation technicisée où la réalité est simulée, où le virtuel veut se faire l’égal du réel, où la fiction est préférée au documentaire, le roman à l’analytique, où toute image est reconstruite. Comme nous portons le monde entier dans notre cortex, nous ne pouvons même pas croire le témoignage de nos propres yeux.

Aller au-delà des apparences

Nous savons pour l’avoir observé maintes et maintes fois que le soleil se trouvera au zénith vers midi. Le soir je vais le retrouver finissant sa course pour se cacher tout au delà de ma vision. Pourtant ce n’est là qu’une apparence de mes sens abusés, ce n’est pas le soleil qui bouge, c’est moi qui tourne tout autour de lui malgré mon sentiment d’immobile enracinement sur la terre. Je pourrais réfléchir des jours et des semaines, et tourner le problème dans tous les sens que je ne pourrais déterminer par moi-même cette réalité non apparente. D’ailleurs, l’humanité toute entière a estimé de visu et ad libitum pendant des millénaires que le soleil se déplaçait tout autour de la terre sans autre conséquence négative qu’une parfaite ignorance des lois de la gravitation. Avec l’avancée de nos connaissances, la vérité stellaire ne réside plus dans un centre dont nous serions le principal protagoniste (anthropocentrisme), mais dans un système qui possède ses propres lois et qui ignore complètement le sens de notre petite existence. Cela change tout, le monde n’est pas fait spécifiquement pour les humains, nous devons complètement changer notre mode de réflexion.

La première fois qu’on a chaussé des lunettes théoriques pour aller au delà d’une vision superficielle date de 1543. Copernic provoque alors une révolution en exposant les fondements d’un système héliocentrique (de « hélios », le soleil) où le soleil – et non plus la terre – est au centre de notre univers humain. L’astronome ébranle ainsi l’interprétation des Écritures et son œuvre, bien que de pure supposition, fut quand même mise à l’index. Comme la contestation des apparences a suivi son chemin, Galilée (né en 1564) alla au delà de cet interdit ecclésiastique. Il utilisa une lunette astronomique, récemment découverte, pour admirer les satellites de Jupiter, et par analyse démontra par la même occasion un héliocentrisme beaucoup plus pertinent que le traditionnel anthropocentrisme. Un tribunal de l’Inquisition l’obligea pourtant à se rétracter en 1633 :

« Moi, Galileo Galilei, âgé de soixante-dix ans et agenouillé devant vous, éminitentissimes et révérendissimes cardinaux de la république universelle chrétienne, inquisiteurs généraux contre la malice hérétique, ayant devant les yeux les saints et sacré évangiles ; je jure que j’ai toujours cru, que je crois maintenant, et que, Dieu aidant, je croirai à l’avenir tout ce que tient, prêche et enseigne la sainte Eglise catholique et apostolique romaine… J’abjure les écrits et propos, erronés et hérétiques, par lesquels j’ai tenu et cru que le soleil était le centre du monde et immobile, et que la Terre n’était pas le centre et qu’elle se mouvait ».

L’individu est ainsi obligé de se conformer à la croyance sociale du moment et l’Église catholique n’a réhabilité Galilée qu’en 1992. Pour les gardiens de la foi et des fausses croyances, il faut attendre plus de 350 années pour reconnaître la réalité derrière l’apparence… Aujourd’hui nos satellites confirment tous les jours la révolution copernicienne, cette découverte de la libre pensée. Si presque tous les lycéens occidentaux pensent dorénavant sans y réfléchir davantage que la Terre tourne depuis la nuit des temps autour du soleil, ils le croient cependant en contradiction d’une simple observation de leur part. Si la certitude religieuse d’un dieu extérieur aux humains qui fabriquerait un univers à notre seule convenance s’effondre pour un certain nombre d’entre les humains, la plupart pense encore que les croyances de leur ethnie particulière reste le seul centre de leur réalité. ll est toujours plus facile de croire ce que tout le monde croit déjà savoir.

L’évolution de la pensée montre que nous passons d’une certitude à une autre certitude grâce à une remise en question fondamentale des apparences. Ce passage de l’apparence à d’autres réalités est extrêmement difficile, il devient cependant de plus en plus urgent à accomplir : les réalités du futur se cachent en effet derrière les apparences du présent, et cet avenir est sombre si nous n’y prenons garde.

Pour un changement d’imaginaire

Longtemps notre imaginaire s’est limité à la répétition des mythes ancestraux. Puis nous avons inventé l’agriculture et changé la nature. Dès le néolithique, l’humanité ne se contente plus de ses rivalités sociales, elle commence à détériorer son environnement. L’évolution s’accélère et des techniques destructrices prennent aujourd’hui tout le pouvoir. Alors qu’une radiation nucléaire ne se voit pas, ne se sent pas, ne fait pas de bruit, ne se touche pas et n’a aucun goût, nous avons réussi à libérer les forces de l’atome. Alors que nous savons que la radioactivité peut faire beaucoup de dégât pendant une éternité de notre temps, cela ne nous empêche pas d’accumuler les déchets nucléaires car nous raisonnons encore au travers de nos propres yeux et de l’environnement immédiat. Alors que nos connaissances sont maintenant immenses, nous aggravons à la fois nos conflits sociaux et les déséquilibres de la nature à cause de notre cécité théorique et de la myopie du marché imposé par l’idéologie libérale. Alors que nos activités humaines rentrent en interférence avec les cycles vitaux de la biosphère et engagent ainsi la survie des générations futures, nous faisons comme si seul l’instant présent avait de la valeur.

Comme l’animal qui se contente de son environnement immédiat, nous préférons la plupart du temps nous satisfaire d’un absolu dans un espace restreint, avec un état d’esprit limité par nos sens abusés et conditionné par la société du moment. Contrairement à l’animal cependant, nous pouvons percevoir que notre vision humaine n’est que construction sociale, que tout est relatif et compliqué, que l’apparence n’est pas gage de réalité.

Conclusion : Dans chacun de nos cerveaux réside de multiples certitudes qui ne sont que les apparences de notre réalité immédiate et nos désaccords résultent trop souvent d’une perception trop simpliste de la réalité. Mais grâce à des lunettes conceptuelles plus performantes, peut-être pourrions-nous percevoir le monde tel qu’il faudrait le voir (s’améliorer)… C’est ce que tente ce blog biosphere que j’ai créé en 2005, avec l’intention d’œuvrer pour plus d’intelligence collective.

Michel SOURROUILLE (texte de 2002)

Quelques texte évoquant le cerveau lors des début de ce blog

4.07.2005 Suprême indécision

Dans une Amérique qui se judiciarise, la Cour suprême joue le rôle d’arbitre sur les questions de l’organisation socio-politique tout en restant le reflet d’une société profondément divisée sur la prière à l’école, le droit de perquisitionner des propriétés privées, la peine de mort… Les décisions de la Cour ne tiennent donc qu’à un fil et souvent Sandra Day O’Connor, la première femme à siéger à un tel poste, faisait pencher la balance (5 contre 4) grâce à son tempérament centre-gauche. Mais le Président conservateur Bush va la remplacer car elle démissionne à 75 ans. Les progressistes se lamentent déjà. La Biosphère se sent très mal en voyant des procédures démocratiques si fluctuantes alors qu’on juge seulement des affaires inter-humaines. En effet, quand il s’agira de juger du rapport entre les humains et l’environnement, elle prévoit déjà un verdict catastrophique : les humains ont un cerveau trop développé pour percevoir autre chose que leurs petites préoccupations personnelles…

15.08.2005 Blockbuster

Le groupe pharmaceutique français Sanofi Aventis devrait bientôt commercialiser un blockbuster, c’est-à-dire une nouvelle molécule miracle qui fera exploser le chiffre d’affaires. En effet le rimonabant permettrait non seulement d’arrêter de fumer sans prendre un gramme après 10 semaines de traitement, mais il ferait aussi perdre à un obèse en moyenne annuelle 9 kg tout en augmentant son taux de bon cholestérol et en baissant le taux de triglycérides. Le rimonabant agit en effet sur les mécanismes du cerveau et des cellules nerveuses qui interviennent dans le contrôle de l’équilibre énergétique de la personne. Plutôt que de limiter un système techno-industriel pernicieux, la chimie adapte les gens… La Biosphère se marre : les individus se croient complètement libres dans une société où on les a fortement incité à fumer et à grignoter n’importe quoi n’importe quand, et après on leur fait prendre « librement » des pilules qui les soulage du poids de leurs inconséquences.

10.11.2005 Robin des toits (association)

Les émission de téléphonie mobile ne sont pas émises de façon continue mais pulsées en microsaccades. Or depuis trois milliards et demi d’années, les êtres vivants fonctionnent en résonance avec des émissions électromagnétiques naturelles dont la structure est continue et régulière. Tout vivant est composition d’ordres de différents niveaux, ce qu’apportent les pulsations est désordre ! Il suffit à désorganiser non seulement les fonctionnements physiologiques mais même le structures moléculaires. Les principales perturbations constatées sont : la perte d’étanchéité de la barrière entre sang et cerveau. La diminution de production de la mélatonine, une hormone qui régule le blocage des processus cancéreux. La perturbation des régulations membranaires des cellules… La technique n’est plus une force qui dompte la Nature, elle devient un cheval de Troie qui détruira de l’intérieur les humains.

25.11.2005 Du nucléaire au pétrole

Les deux chocs pétroliers (forte augmentation du prix du baril) successifs ne sont pas dus à une volonté structurelle de l’OPEP de faire payer la rareté croissante du pétrole, mais à des raisons politiques complètement conjoncturelles (de court terme). Après la guerre du Kippour en 1973, le quadruplement du prix du baril n’est que le soutien des pays arabes à une Egypte en train de perdre la guerre contre Israël. Par la suite, c’est l’arrivée de l’imam Khomeyni en 1979 qui renverse le Shah en Iran et déstabilise le marché. Aujourd’hui le monde occidental risque encore d’être confronté à un choc pétrolier accéléré pour des raisons politiques : l’Iran voudrait avoir une politique nucléaire indépendante et face aux menaces américaines et européennes de sanction, elle envisageait en septembre 2005 d’user de l’arme pétrolière. La Biosphère, qui souhaite depuis longtemps un baril à plus de 100 dollars (et même très vite à 1000 dollars !), constate avec regret que les humains n’économisent pas par raison une ressource non renouvelable : il leur faut un conflit inter-humain ou l’arrivée de l’inéluctable, l’épuisement quasi-total de la ressource. Dire que leur cerveau est surdéveloppé, disons plutôt surdimensionné !

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Le naturisme, une pratique spirituelle

Qui ne pratique pas le naturisme dans toute sa nudité ne sait pas vraiment ce que vivre veut dire.

Marc Bonomelli : Il existe une affinité profonde entre le naturisme et les pratiques spirituelles contemporaines. L’absence de vêtements évoque une connexion avec la nature, permettant une relation plus forte avec ce que certains appellent “la Terre-Mère”. Il y a l’idée de se montrer tel que l’on est réellement, au-delà des aspects imposés par la société. Ces idées ne sont pas nouvelles. Dès le XIXe siècle, des mouvements naturistes ont émergé, s’appuyant déjà sur des principes philosophiques tels ceux de l’hygiénisme allemand et de la Lebensreform (littéralement, « réforme de la vie »), mouvements critiquant l’industrialisation et l’urbanisation. Plus loin dans le temps, les gymnosophistes, ascètes nus indiens, et certains sages grecs comme Diogène, avaient renoncé aux vêtements comme ils renonçaient aux possessions matérielles et au statut social. Plus près de nous, les hippies des années 1960-1970 ont également lié quête spirituelle et absence de vêtements.

Ce qui est en revanche nouveau, c’est l’accès beaucoup plus facile à la nudité permise par Internet et les réseaux sociaux. La nudité ne devient une réelle opportunité spirituelle que si nous parvenons à avoir le mental suffisamment « pur » et détaché de « l’agitation sexuelle » que cela pourrait provoquer…

Le point de vue des écologistes mis à nu

Marc Le Bihan : le mot « naturisme » est un rétronyme. Il englobe à la fois ceux qui préfèrent se baigner nus, ceux qui y voient un mouvement aux motivations hygiénistes ou écologiques, et ceux qui y trouvent toute une philosophie de vie.

Etoameki : Sur de nombreuses peintures et sculptures du temps passé, homme ou femme, on ne voit pas beaucoup de vêtements !

Colette : Le naturisme n’a rien à voir avec des délires mystiques, avec du voyeurisme, avec de l’exhibitionnisme, avec du commerce y compris spirituel… c’est à l’opposé de tout cela et sa base est le respect mutuel. C’est tout simplement le plaisir de se débarrasser de ses oripeaux, de ses contraintes quotidiennes, de se rapprocher de la nature … Mais comme le chantait Brassens : « Je ne fais pourtant de tort à personne, mais les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux … »

Michel Sourrouille : Une société vraiment démocratique, donc tolérante aux idées d’autrui, permettrait à tous les attitudes de se côtoyer sur une même plage, nudistes, textiles, abaya, voile islamique, caché le haut et pas le bas, etc. Même dans la rue, chacun a le droit de marcher pieds nus. Et chez moi, je fais ce qui me plaît…

Circé1980 : Se mettre à nu… Tout un programme ! Tout un cheminement spirituel ? Si un jour l’humanité arrive à se détacher du corps, du regard, des vêtements, des possessions, de l’image, du besoin intempestif de tirer le profit de tout, c’est qu’elle aura muté vers une nouvelle espèce…

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Nudité, naturisme et conventions sociales

extraits : Au commencement, Adam et Eve étaient « nus » et n’en avaient pas honte (Genèse 2, 25). Un serpent les invite à manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal (Gen. 3, 1). Ils se confectionnent alors des pagnes de feuilles de figuier, avant que Dieu ne les revête de « tuniques de peau [de bêtes] » (Gen. 3, 20). En remplaçant le pagne de feuilles, résidu de l’harmonie entre l’homme et la nature, par des peaux de bêtes, il consacre non seulement le fait qu’Adam et Eve doivent désormais s’habiller, mais il les mène à une autre étape de civilisation, passant de la culture végétale à la chasse ou à l’élevage, qui demandent techniques et connaissances….

La fin de l’utopie « cul nu » ?

extraits : L’heure est maintenant à la pudeur et pas seulement aux abayas. Une époque triste où la société subit les assauts d’intégristes qui souhaiteraient imposer la baignade entièrement habillée pour les femmes… Pourtant en Scandinavie, tôt le matin, il y a toujours des gens pour aller faire un plouf Q nul sur une plage « normale ». Et cela ne gêne personne. A Berlin et à Munich, certains parcs publics sont ouverts aux nudistes. En Allemagne, la règle pour tous les saunas c’est la nudité, pour des raisons d’hygiène . Et personne ne sourcille….

Nudité, naturisme et conventions sociales

extraits : La simplicité et la nudité même de la vie humaine aux âges primitifs impliquaient au moins cet avantage, qu’elles laissaient l’humanité n’être qu’un passager fugitif ne laissant aucune trace dans la nature. Depuis les humains se sont habillés, ce serait même là un diktat de Dieu….

Caricatures et tolérance partagée

extraits : La provocation n’est ressentie comme provocation que par ceux et celles qui s’estiment provoqués. Prenons l’exemple de la nudité sur les plages. Que faut-il préférer comme système social ? Le modèle traditionnel est de ne pas dénuder le corps. Dans un esprit de tolérance réciproque, les textiles devraient accepter le nudisme des uns comme les naturistes accepteraient la différence vestimentaire sur une plage partagée par tous et toutes. Le respect de pratiques différentes doit être un critère permettant la coexistence pacifique…

Nudité ou burka sur les plages, à chacun son propre choix

extraits : L’histoire des baignades est liée au lent dévoilement des corps. Au XIXe siècle, les femmes qui se hasardent au bord de l’eau portent un pantalon qui descend jusqu’aux genoux, une chemise, un bonnet et des chaussures. En 1907, la nageuse et comédienne australienne Annette Kellerman revêt, sur une plage de Boston, un maillot « une pièce » qui lui vaut des poursuites judiciaires. Au début des années 1930 le « deux-pièces » montre pour la première fois le ventre. En 1964, le monokini apparaît sur la Côte d’Azur ; le ministre de l’intérieur de Georges Pompidou fait savoir aux maires que cette pratique relève de l’outrage public à la pudeur…

Nudité ou burkini en piscine, notre liberté

extraits : Nudité en piscine ou burkini, peu importe du moment qu’on pense que la tolérance des autres pratiques vestimentaires est une marque du savoir-vivre ensemble dans un système qui se veut démocratique, et donc laïc… C’est cet idéal que nous défendons sur ce blog biosphere, un idéal qui nous veut proche de la nature….

minijupe et burqa

extraits : La société française n’a pas de mémoire. Il devrait être loin le temps où les lycéennes devaient se revêtir obligatoirement d’une blouse, le temps où les cheveux longs des garçons étaient interdits d’entrer dans les établissements scolaires, le temps où les naturistes étaient enfermés dans des camps. Une société n’a pas à imposer de tenue vestimentaire car il n’y a aucun dommage envers autrui ; être nu, en minijupe ou en burqa, cela relève de la liberté personnelle. Les valeurs républicaines ne peuvent pas condamner les pratiques communautaristes car le respect de la diversité des cultures est le principe même d’une république laïque.

Christiane Lecocq, la liberté d’être complètement à poil

extraits : Naturisme social et familial ? Nous préférons le souvenir de Stephen Gough. En 2005-2006, il a traversé encore une fois la Grande-Bretagne complètement nu.« On parle sans cesse des droits de l’homme et de la dignité humaine, et pourtant un homme dans son état naturel est emprisonné. » Vive les plages mixtes où se mélangent corps nus et textiles, vive la tolérance réciproque, vive les randonneurs dénudés. La Biosphère est heureuse quand elle voit les humains vivre et marcher comme ils sont nés, dans le plus simple appareil. …

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Démocratie ou dictature, les tendances actuelles

Les médias dans la montée des extrémismes ont un rôle central. Beaucoup d’entre eux ont attisé le feu des intolérances, par goût du spectaculaire ou pour des raisons idéologiques. Il est vrai qu’ils sont concurrencés par les réseaux sociaux, le complotisme, les fake news alors que la responsabilité des journalistes est de trier l’information et de prendre de recul pour ne pas aggraver encore la confusion et les risques de violences.  Il ne suffit pas qu’un gouvernement arrive au pouvoir par les urnes pour qu’il soit démocratique. L’histoire des plus grandes tragédies humaines nous alerte sur la mécanique de l’engrenage : chaque étape prépare et facilite la suivante, dans l’esprit de chaque individu comme dans la société. Et l’analyse montre que de telles dynamiques sociétales peuvent aller très vite et très loin lorsqu’elles sont nourries par des extrémismes identitaires.

Un pessimisme généralisé

Alain Chouraqui : «  Aujourd’hui, nous constatons que les principaux éléments qui, dans l’histoire, caractérisent une séquence précédant un basculement autoritaire sont en place : perte de repères, brutalisation, contestation des institutions et des élites, crispations identitaires, manipulation du langage, etc. L’extrémisme identitaire (religieux, nationaliste ou ethnique) durcit une opposition entre « eux » et « nous » potentiellement explosive et contagieuse. Personne ne maîtrise plus vraiment de tels engrenages enclenchés ou nourris par des apprentis sorciers croyant pouvoir instrumentaliser des passions qui finissent souvent par les dévorer eux-mêmes. Si un parti extrémiste arrive au pouvoir, il peut être amené à se durcir plus encore qu’il ne l’aurait voulu lui-même, soit du fait de ses échecs probables, soit en réaction à des désordres suscités par ses adversaires ou par ses propres ultras. La séquence suivante est caractérisée par des atteintes à l’indépendance de la justice, des médias et de la culture. »1

Bertrand Méheust : « Je ne partage pas l’opinion que les démocraties modernes possèdent les ressorts nécessaires pour prévenir la catastrophe et l’affronter. Je crains que la métamorphose espérée n’intervienne trop tard pour enrayer la crise écologique, et ne manifeste ses effets que pendant et après la crise, un peu comme le pacifisme n’empêche pas les guerres mais se développe dans leur sillage. En effet toute société cherche à persévérer dans son être. Le marché, en s’efforçant par tous les moyens de poursuivre sa course, continuera de mettre l’humanité en péril. Il possède encore de nombreux espaces, de nombreux interstices il pourra encore se déployer. Mais comme nous vivons dans un monde fini, sa saturation globale est inéluctable, et plus on aura déployé d’ingéniosité pour le prolonger, plus les effets différés seront dévastateurs. Il n’y a pas de planète de rechange. Ou encore, pour dire les choses de façon plus brutale, la saturation se traduira pour l’humanité par une véritable descente aux enfers. Chaque instant qui passe nous éloigne davantage du moment où un autre avenir serait encore possible. »2

Harald Welzer : « Comment finira l’affaire du changement climatique ? Pas bien. Ses conséquences marqueront la fin du rationalisme des Lumières et de sa conception de la liberté. Il se pourrait qu’un jour le modèle tout entier de la société occidentale, avec toutes ses conquêtes en matière de démocratie, de libertés, de tolérance, de créations artistiques, apparaisse aux yeux d’un historien du xxiie siècle comme un vestige incongru. Comme les ressources vitales s’épuisent, il y aura de plus en plus d’hommes qui disposeront de moins en moins de bases pour assurer leur survie. Il est évident que cela entraînera des conflits violents entre ceux qui prétendent boire à la même source en train de se tarir, et il est non moins évident que, dans un proche avenir, on ne pourra plus faire de distinction pertinente entre les réfugiés fuyant la guerre et ceux qui fuient leur environnement. Le XXIe siècle verra non seulement des migrations massives, mais des solutions violentes aux problèmes des réfugiés. La violence a toujours été une option de l’action humaine. Les hommes changent dans leurs perceptions et leurs valeurs, en même temps que leur environnement et sans s’en rendre compte : c’est le phénomène des shifting baselines. Des processus sociaux comme l’holocauste ne doivent pas être compris comme une « rupture de civilisation » ou une « rechute dans la barbarie », mais comme la conséquence logique de tentatives modernes pour établir l’ordre et résoudre les problèmes majeurs ressentis par des sociétés. Il est des livres qu’on écrit dans l’espoir de se tromper. »3

La tentation d’un pouvoir fort

Une dictature au nom de l’écologie serait-elle un moindre mal ? Dans un livre intitulé Le Changement, Bernard Charbonneau (1910-1996) avait fait ce constat saisissant de l’ambiguïté de la démocratie de masse qui est en fait orientée par un leader. Cette perspective sans illusion peut amener à penser que le virage écologique sera le fait de la bourgeoisie dirigeante, mais seulement le jour où elle ne pourra plus faire autrement.

« Ce seront les divers responsables de la ruine de la Terre qui organiseront le sauvetage du peu qui en restera, et qui après l’abondance géreront la pénurie et la survie. Car ceux-là n’ont aucun préjugé, ils ne croient pas plus au développement qu’à l’écologie : ils ne croient qu’au pouvoir. Pour contrôler les dangers de moyens de plus en plus puissants et fragiles parce que complexes, gérer un espace et des ressources qui s’épuisent, prévoir et maîtriser les réactions humaines qui empêcheraient de le faire, on est obligé de renforcer l’organisation. L’écofascisme a l’avenir pour lui, et il pourrait être aussi bien le fait d’un régime totalitaire de gauche que de droite sous la pression de la nécessité. En effet, les gouvernements seront de plus en plus contraints. Déjà commence à se tisser ce filet de règlements assortis d’amendes et de prison qui protégera la nature contre son exploitation incontrôlée. Que faire d’autre ? »4

Le philosophe allemand Hans Jonas (1903-1993) a fait éditer son livre Le principe responsabilité pour la première fois en 1979, au moment du deuxième choc pétrolier. Il écrivait avant la chute du mur de Berlin en 1989 qu’il croyait encore aux vertus du centralisme démocratique à l’époque de la planification impérative.

« On ne pourra contester à l’homme politique le droit de mettre en jeu l’existence de la nation au profit de l’avenir si vraiment l’extrême est en jeu. Le péril qui menace la communauté devient une puissante impulsion de l’homme de courage à proposer sa candidature et à s’emparer de la responsabilité. Pour appliquer cette nouvelle éthique, un système libertaire serait préférable pour des raisons morales, mais les systèmes moralement bons sont des systèmes précaires ; l’État peut seulement être aussi bon que le sont les citoyens. De plus l’homme politique peut supposer idéalement dans sa décision l’accord de ceux pour qui il décide en tant que leur chargé d’affaires, mais des générations futures on ne peut obtenir de facto un accord. Par conséquent, la tyrannie communiste paraît mieux capable de réaliser nos buts inconfortables que le complexe capitaliste-démocratique-libéral. »5

Cette analyse est reprise en 2008 en louant les vertus non du système soviétique, mais celui de la Chine post-maoïste.

« Si seulement l’Amérique pouvait être la Chine. Rien qu’une journée ! Les dirigeants chinois possèdent la faculté de couper court à tous les intérêts particuliers, à tous les obstacles bureaucratiques, à toutes les craintes de répercussions électorales, pour simplement décréter des changements radicaux dans les prix, les règlements, les normes, l’éducation et l’infrastructure. C’est un atout de poids quand il s’agit de réaliser un changement aussi considérable qu’une révolution verte, où vous êtes confrontés à des intérêts acquis, enracinés, grassement financés et fortement retranchés, où vous devez motiver des opinions publiques pour qu’elles acceptent des sacrifices. Un matin de fin 2007, les commerçants chinois se sont réveillés en apprenant que le Conseil d’État venait d’annoncer que tous les supermarchés, toutes les boutiques, auraient interdiction de distribuer gratuitement des sacs en plastique. Et le tour était joué. L’Amérique a entamé en 1973 une procédure de retrait des carburants comportant du plomb, et ce n’est qu’en 1995 que l’on n’a plus vendu sur le sol américain que de l’essence sans plomb. La Chine a décidé d’adopter le sans-plomb en 1998 ; la nouvelle norme a été appliquée partiellement à Pékin en 1999, et, dès 2000, toute l’essence vendue sur le territoire national était sans plomb. »6

Du totalitarisme à la rédemption

Malheureusement on constate historiquement que toute dictature, même exercée au nom du peuple ou de l’écologie, mène irrémédiablement au désastre : la manipulation des foules n’est jamais porteuse de bonnes nouvelles. Il reste donc à mettre en œuvre ce que Hans Jonas envisageait incidemment : « Naturellement il serait préférable qu’on puisse confier la cause de l’humanité à une conscience authentique qui se propagerait. » Ce serait une raison d’espérer, la formation d’un peuple écolo. Pas besoin de leader, les comportements changent avec les modifications culturelles. Certes la préoccupation écologique sur l’état de la planète et sur notre avenir commun devient une sensibilité partagée. Quand les écologistes parlent de transports doux, de projets d’infrastructures non disproportionnés, de plans d’urbanisme au plus près des citoyens, de destruction des terres, d’alimentation bio et moins carnée, etc., les gens s’aperçoivent que des réponses positives émergent. Nous ne sommes plus dans l’idéologie abstraite, mais bien dans l’écologie du quotidien. Conscient des limites de la planète, nous adoptons progressivement un autre comportement, plus perspicace dans ses choix de production et plus modéré dans ses désirs de consommation. Plus la société civile sera écolo, plus un gouvernement aura intérêt à faire de même. Le peuple et le pouvoir sont en interdépendance.

C’est à cause de la difficulté d’un changement d’imaginaire social que nous envisageons que la nécessaire rupture avec le système croissanciste prendra beaucoup, beaucoup d’années… Le XXIe siècle sera le siècle de ce changement radical, ou bien la perpétuation de conflits violents pour s’accaparer le peu qui restera des richesses dilapidées de la Terre. L’optimisme et le pessimisme sont en fait les deux facettes d’une même stratégie, celle qui consiste à laisser faire. Il faut faire sienne cette pensée de David Brower : « L’optimisme et le pessimisme expriment sous des formes différentes la même capitulation face au futur ; car tous les deux le traitent comme une fatalité et non comme un choix. »

1https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/07/23/alain-chouraqui-chercheur-la-democratie-ne-reside-pas-seulement-dans-l-election-mais-surtout-dans-l-apres-election_6256021_3232.html

2. Bertrand Méheust, La politique de l’oxymore, op. cit.

3. Harald Welzer, Les guerres du climat : Pourquoi on tue au xxe siècle, op. cit.

4. Bernard Charbonneau, Le Feu vert, op. cit.

5. Hans Jonas, Le principe responsabilité [Das Prinzip Verantwortung, 1979], Paris, Flammarion, coll. Champs essais, 1999.

6. Thomas L. Friedman, Le Terre perd la boule : Trop chaude, trop plate, trop peuplée [Hot, Flat, and Crowded :Why We Need a Green Revolution – And How It Can Renew America, 2008], Paris, Éditions Saint-Simon, 2009.

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Tout savoir sur l’ethnologue Cl. Lévi-Strauss

Claude Lévi-Strauss (né en 1908)

extraits : Voici deux éléments pour mieux connaître Lévi-Strauss, né le 28 novembre 1908  :

  • L’association « Les Amis de la Terre » déposèrent leurs statuts à la préfecture de Paris le 11 juillet 1970. Le Comité de parrainage comprenait Claude Lévi-Strauss, Jean Dorst, Pierre Gascar, Théodore Monod et Jean Rostand ; il ne s’agissait donc pas d’un club de tourisme !
  • A la question « Que diriez-vous de l’avenir ?, Claude Lévi-Strauss répondit à 96 ans : « Ne me demandez rien de ce genre. Nous sommes dans un monde auquel je n’appartiens déjà plus. Celui que j’ai aimé avait 1,5 milliard d’habitants. Le monde actuel compte 6 milliards d’humains. Ce n’est plus le mien. Et celui de demain, peuplé de 9 milliards d’hommes et de femmes, même s’il s’agit d’un pic de population, comme on nous l’assure pour nous consoler, m’interdit toute prédiction ».

Lévi-Strauss, in memoriam (son décès en 2009)

extraits : « Il n’est aucun, peut-être, des grands drames contemporains qui ne trouve son origine directe ou indirecte dans la difficulté croissante de vivre ensemble, inconsciemment ressentie par une humanité en proie à l’explosion démographique et qui – tels ces vers de farine qui s’empoisonnent à distance dans le sac qui les enferme, bien avant que la nourriture commence à leur manquer – se mettrait à se haïr elle-même, parce qu’une prescience secrète l’avertit qu’elle devient trop nombreuse pour que chacun de ses membres puisse librement jouir de ces bien essentiels que sont l’espace libre, l’eau pure, l’air non pollué. Aussi la seule chance offerte à l’humanité serait de reconnaître que devenue sa propre victime, cette condition la met sur un pied d’égalité avec toutes les autres formes de vie qu’elle s’est employée et continue de s’employer à détruire. »

Claude Lévi-Strauss avait la dent dure

extraits : L’une des particularités frappantes des cosmologies occidentales est la place centrale qu’elles accordent à la question du mal. Lévi-Strauss apporte une réponse univoque et catégorique, les maux qui nous accablent ont comme source commune la prolifération excessive de l’espèce humaine.

Lévi-Strauss, malthusien par le raisonnement

extraits : Lorsqu’en mars 2003 Claude Lévi-Strauss m’a reçu, il m’a demandé si je devinais quelle fut la plus grande catastrophe dont il avait été témoin durant sa vie. J’ai préféré attendre la réponse… Lévi-Strauss n’a suspendu sa voix qu’un court instant, pour reprendre aussitôt :

« À ma naissance, la population mondiale comptait un milliard et demi d’habitants. Quand je suis entré dans la vie active, vers 1930, ce nombre atteignait déjà deux milliards. Il est de six milliards aujourd’hui, et il atteindra neuf milliards dans quelques décennies, à croire les prévisions des démographes. Cette croissance a exercé d’énormes ravages sur le monde. Ce fut la plus grande catastrophe dont j’ai eu la malchance d’être témoin. »

À lire, Tristes tropiques (Claude Lévi-Strauss, 1955)

extraits : « Il faudra admettre que, dans la gamme des possibilités ouvertes aux sociétés humaines, chacune a fait un certain choix et que ces choix sont incomparables entre eux : ils se valent. Des sociétés qui nous paraissent féroces à certains égards savent être humaines et bienveillantes quand on les envisage sous un autre aspect. L’enquête archéologique ou ethnographique montre que certaines civilisations ont su ou savent résoudre mieux que nous des problèmes. Il n’est pas certain que les progrès de l’hygiène aient fait plus que rejeter sur d’autres mécanismes, grandes famines et guerres d’extermination, la charge de maintenir une mesure démographique à quoi les épidémies contribuaient d’une façon qui n’était pas plus effroyable que les autres. »

Claude Lévi-Strauss : après l’humanisme, le relativisme

extraits : Du point de vue éthique, Lévi-Strauss a plaidé pour qu’on cesse de faire de l’existence humaine la source ultime de valeurs : une chose, humaine ou non-humaine, pour être précieuse, n’a pas besoin de satisfaire des buts humains ; il lui suffit d’être singulière, irremplaçable, et sa fragile existence impose des devoirs (éventuellement non réciproques) à ceux qui sont susceptibles d’en avoir. Nous devons respecter les espèces vivantes pour la même raison que nous respectons un individu humain : parce qu’elles sont uniques. L’idée que les humains font leur propre histoire dans un monde de choses incapables d’agir doit être dépassée.

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Michel Maxime Egger, une spiritualité inspirée

L’humanité est à un carrefour, elle ne sauvera pas la Terre si elle ne soigne pas l’esprit du mal : la bataille sera pour une bonne part dans nos têtes.

Un « retour à la Terre » pourrait atténuer l’anthropocentrisme dominant. Cela présuppose une certaine rééducation dans une société industrielle qui a voulu systématiquement couper nos liens avec la nature. Michel Maxime Egger dans ses écrits nous éclaire sur la banalité du mal.

La terre comme soi-même – repères pour une spiritualité (2012)

extraits : Que reste-t-il de la vraie nature dans nos villes, nos intérieurs aseptisés, nos supermarchés climatisés, nos jardinets engazonnés, nos autoroutes embouteillés et nos parcs d’attraction ? A la maison, à l’école ou au travail, quand sommes-nous en contact sensoriel avec la texture de la terre, la lumière, les cycles de la terre, les esprits des arbres, la puissance de la vie ? Où et comment apprenons-nous cela ?

De par leur formatage intérieur dès la petite enfance, nombre de personnes sont – existentiellement et émotionnellement – trop séparées de la nature pour être véritablement touchés par les maux qui l’affectent.

Soigner l’esprit, sauver la Terre (introduction à l’écopsychologie) (2015)

extraits : La nature est en effet une forme de famille élargie dont nous sommes membres. L’expression « toile de la vie » est parlante : tout est en interrelation est obéit à des dynamiques de réseaux. L’enjeu est de sortir du double dualisme nature/humain et extérieur/intérieur pour développer une conscience de l’unité du réel…

L’écopsychologie vise à unir la sensibilité des thérapeutes, l’expertise des écologistes et l’énergie éthique des militants de l’environnement. Car la planète est malade, elle a besoin de soins, elle nous parle à travers les plus sensibles d’entre nous. L’écopsychologie se veut radicale, elle entend remonter aux racines de la crise écologique.

Ecopsychologie, retrouver notre lien avec la terre (2017)

extraits : La psychologie, qui se consacre tant à l’éveil de la conscience humaine, doit s’éveiller elle-même à l’une des plus anciennes vérités humaines : nous ne pouvons être analysés ou soignés indépendamment de la planète.

Que signifie « aller bien » dans un système que l’on peut considérer comme globalement dysfonctionnant ? N’est-ce pas être « malade » que d’être bien adapté à un monde qui détruit la nature et épuise l’être humain ? A l’inverse, n’est-ce pas un signe de « santé » que de souffrir des maux qui affectent la planète et ses semblables ? En nous inscrivant dans le temps profond de l’Histoire et le flux de la vie de la Terre, nous découvrons que nous ne sommes pas seuls. Des myriades initiatives et d’alternatives pour un autre monde sont déjà en marche. Apprendre à les connaître non seulement donne du courage, mais fournit les pistes dont nous avons besoin.

Se libérer du consumérisme – un enjeu majeur pour l’humanité et la Terre (2020)

extraits : Le système CPC, « Croissanciste, Productiviste et Consumériste » exalte l’illimité avec trois axiomes proprement délirants : technologique, (tout ce qui est possible, nous le ferons), économique (tout ce qui nous fait envie, nous l’acquerrons) et financier (tous les profits potentiels, nous les réaliserons). L’économie est devenue en elle-même sa propre fin et une forme de religion universelle. Avec son Dieu (l’argent), son clergé (les PDG), son credo (le libre marché), ses théologiens (les économistes), ses temples (les supermarchés), ses promesses (le bonheur), ses rites (le shopping), ses fidèles (les consommateurs) et ses tables de loi : rentabilité, compétitivité, libre échange. De la santé à la spiritualité, en passant par l’éducation et jusqu’aux relations de couple, plus rien n’échappe à l’écorègne.

Difficile donc de ne pas penser à cette prophétie amérindienne adressée aux Blancs, plus que jamais d’actualité : « Lorsque le dernier arbre aura été abattu, que la dernière rivière aura été polluée, que le dernier poisson aura été pêché, alors seulement vous verrez que l’argent ne se mange pas. »

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Tous responsables de l’incivilité croissante

Nos jeunes écoutent, entendent, lisent aussi tout ce qui circule. Le civisme est maltraité partout, des plateaux de télévision aux bancs de l’Assemblée nationale, parce que les adultes ont oublié qu’ils agissaient sous le regard des mineurs. C’est aussi simple que cela : les élèves sont le reflet des travers du monde des adultes.

Thibaut Poirot : Deux choses manquent en effet à l’équation dans un « réarmement civique » qui agite la matrice du passé : la force de nos exemples et l’idée d’une morale universelle défendue par toute la société. Les cours d’enseignement moral et civique n’échappent pas à ce chemin de souffrance : devoir expliquer à des jeunes qu’il faut se comporter quasiment à l’opposé de leur monde. Faites un cours sur la démocratie ? « Oui, mais le 49-3 ! » Faites un cours sur la représentation ? « Oui, mais tel député a fait ça. » Faites un cours sur la citoyenneté et l’environnement ? « Oui mais on continue à polluer. » Faites un cours sur l’indépendance de la justice ? « Oui mais untel a dit que les juges, etc. » Faites un cours sur l’information ? « Telle chaîne, ils ont monté ça. » Les élèves sont aussi nourris constamment par une morale de l’évitement de la règle, nous négocions tous son contournement, son exemption.

Dès lors, le remède ? Les associations universalistes, l’entretien d’un jardin partagé, des opérations de ramassage de déchets, c’est cet univers-là qui mérite d’être mis en lumière. L’école fait ce qu’elle peut, comme elle le peut. Stage d’observation obligatoire en 2de ? Il serait bien plus porteur de donner le choix à chaque élève entre un stage « jeune sapeur-pompier », à la sécurité civile, de secourisme, de solidarité inter-âges, de protection de l’environnement, etc. Le civisme n’est pas un discours, c’est une pratique incarnée

L’intelligence collective sur ce blog biosphere

L’intelligence collective, impossibilité majeure

extraits : Sur ce blog biosphere, le commentateur Michel C. fait feu de tout bois contre le malthusianisme et se heurte à fleuret non moucheté à Tsp qui ne voit que surpopulation. Par contre, entre le climatosceptique Tsp et le partisan du GIEC Michel C., ça chauffe à feu continu. Comme quoi, entre deux personnes qui semblent intelligentes et bien informées, le rapprochement des points de vue semble impossible de toute éternité. Ce blog, qui se voudrait promouvoir l’intelligence collective, est bien emmerdé, que faire pour réconcilier l’inconciliable, Poutine et l’Ukraine, Hamas et Israël, climatosceptiques et malthusiens ! Comme l’exprimait Nicolas Hulot, « il n’y aura pas de sortie de la myopie démocratique si les citoyens ne sont pas eux-mêmes les défenseurs d’une conscience élargie du monde dans le temps et dans l’espace. »

Ouf, l’écologie devient intelligence collective

extraits : Un maelstrom de conversions à l’écologie parcourt LE MONDE. Le plus réconfortant, c’est que cela touche tous les centres de pouvoir, élus, médias, culture. Ainsi par exemple….

GPT, intelligence artificielle et/ou collective

extraits : Avec ChatGPT, tout se passe désormais comme si créer une œuvre consistait à assembler des extraits d’œuvres antérieures. Avec ce blog biosphere, l’enjeu est de reproduire ce qui se dit de plus significatif publiquement sur notre avenir commun. C’est la même démarche. De notre point de vue d’écologistes, c’est l’imaginaire social qui conditionne nos comportements. Nous assistons aujourd’hui à une dégradation des imaginaires par le consumérisme et à un abrutissement spectaculaire avec la société des loisirs. Nous sommes soumis à l’imaginaire de la démesure et à la boulimie des privilégiés, soumis à la surenchère de la marchandisation et de l’endettement massif. Nous sommes bercés par l’imaginaire des partisans des jolies centrales nucléaires tellement propres et de l’imaginaire extractiviste. Nous sommes victimes de la colonisation de notre imaginaire par le productivisme et le croissancisme…

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La Terre, déesse Gaïa ou simple machine ?

Les programmes de la NASA ont créé les images iconiques qui ont nourri notre imagination et les connaissances qui permettent l’émergence d’une préoccupation écologique mondiale. Une rupture visuelle se produit avec les premières images de la Terre grâce au programme Apollo. Les photos « Lever de Terre » (1968) et « La bille bleue » (1972) : soudain, notre planète apparaît dans son intégralité, perdue dans l’immensité noire. Que penser ? Que faire ?

Youness Bousenna : Côté pile, Gaïa (la Terre-mère) s’appréhende comme une totalité organique. La vie a modelé en profondeur son environnement terrestre, suggérant que la biosphère forme une « machine trop puissante » pour être seulement passive. La chimie moderne démontre que la Terre fonctionne comme un vaste cycle, par exemple le carbone relie la respiration du règne animal (qui en expulse) et végétal (qui s’en nourrit). Côté face, ces technologies, issues d’une collaboration mêlant l’armée, la recherche et l’industrie, furent d’abord conçues au service d’un « géopouvoir » servant le fantasme d’une maîtrise toute-puissante de la Terre. Les humains se croient les pilotes tout-puissants d’une planète assimilée à une machine.

Ces deux visions reposent sur un dénominateur commun : la solution aux problèmes environnementaux viendra des experts et de la technique, plus que de la démocratie. James Lovelock (1919-2022) en arrive à prôner une suspension de la démocratie, il déteste le mouvement politique écologiste, soutient le nucléaire et la géo-ingénierie. Son soutien infaillible à l’industrie se double de conflits d’intérêts constants.

Le point de vue des écologistes écartelés entre culte de Gaïa et technoscience

La figure de Lovelock est effacée aujourd’hui au profit du géochimiste russe Vladimir Vernadski (1863-1945), qui a théorisé la notion de biosphère en 1929. Elle est définie comme la pellicule à la surface de la Terre transformée par la vie. Aujourd’hui elle est tellement transformée par les humains qu’on a pu parler d’anthropocène.

La crise écologique nous ramène au temps du mythe : nous vivons un moment indéterminé, où notre conception même de la Terre est bouleversée. «Il est aujourd’hui tard, beaucoup trop tard pour sauver la planète telle que nous la connaissons», expliquait James Lovelock en 2009 à l’AFP, à quelques mois de la conférence de Copenhague sur le climat (COP15) qui s’était soldée par un échec retentissant. «Préparez-vous à d’énormes pertes humaines», disait-il.

L’ancien ministre de l’écologie Yves Cochet tient le même discours, « Bientôt les politiques auront pour tâche principale de diminuer le nombre de morts ». Que ce soit guerres, famines ou épidémies, il est vrai qu’il y a beaucoup à faire pour réguler une planète Gaïa surpeuplée, surarmée et sur-consommatrice…

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James Lovelock est mort le 27 juillet 2022

extraits : « La régulation de la fécondité participe du contrôle démographique, mais la régulation du taux de mortalité n’est pas la moins importante. Maintenant que la Terre court le danger imminent d’évoluer vers un état chaud et inhospitalier, il semble amoral de s’acharner à vouloir prolonger notre espérance de vie au-delà de sa limite biologique normale.Si nous voulons continuer d’exister sans craindre les catastrophes naturelles, nous devons dès maintenant soumettre la croissance démographique à de fortes contraintes. En fin de compte, c’est Gaïa, comme toujours, qui opérera la réduction de population et éliminera ceux qui enfreignent ses règles… »

Bruno Latour et Gaïa, la Terre-mère

extraits : « S’il est vrai que les humains ont construit artificiellement leur propre environnement, à l’intérieur duquel nous sommes confinés, il faut nous intéresser à ce dont nous dépendons, la température globale, la biodiversité. Cela change complètement le rapport au sol, c’est cela « atterrir ». Gaïa, la « Terre-mère », cette notion résume justement le changement de « lieu » que nous ressentons avec la pandémie. Pour exercer quelque forme politique que ce soit, il faut une Terre, un lieu, un espace… »

La revanche de Gaia, un réchauffement irréversible

extraits : La situation actuelle rappelle à James cette année 1938, où les gens, les politiciens, tout le monde savait que la grande guerre arrivait, mais personne n’agissait de manière sensée. De la même façon aujourd’hui le désastre peut survenir soudainement, la catastrophe est à la porte, mais l’espèce humaine ne fait rien. La Biosphère peut ajouter qu’on préfère se battre pour une caricature de Mahomet et pour épuiser les dernières gouttes de pétrole. Il n’y a pas de rationalité à long terme de l’action humaine…. (écrit le 5 juin 2006 par Michel Sourrouille)

culte de Gaïa

Extraits : En vérité la foi en dieu, la confiance dans notre technique ou notre engagement en faveur du développement durable passe à côté d’une réalité : notre dépendance. Si nous ne prenons pas soin de la Terre, elle le fera elle-même en nous rendant indésirables. Les croyants feraient bien de porter un regard neuf sur notre demeure terrestre et y voir un lieu saint, partie intégrante de la Création, mais que nous avons désacralisé. Maintenant que nous sommes plus de six milliards d’individus affamés ou avides, aspirant au style de vie des pays développés, c’est-à-dire à la vie urbaine, nous empiétons de plus en plus sur le domaine de la Terre vivante. Puisque le seuil fatidique du réchauffement climatique a bien été franchi, peut-être devons-nous prêter une oreille attentive aux « écologistes profonds » comme Arne Naess et les laisser nous guider….

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Agir en pleine et bonne Conscience

Les humains sont des animaux étranges qui peuvent concevoir tout et son contraire. Voici deux exemples de comportements qui peuvent nous paraître aujourd’hui complètement « inhumains », mais qui ont pourtant déjà existé et qui peuvent devenir très vite une nouvelle réalité. Pour résister à la pression sociale, il nous faut apprendre non seulement à savoir discerner le vrai du faux, mais à acquérir une conscience élargie du monde.

Rwanda, le paroxysme de l’inhumanité

Florent Georgesco : génocide des Tutsi au Rwanda, un million de morts en trois mois, du 7 avril au 17 juillet 1994. L’infanticide, l’épicentre du phénomène génocidaire.Il y avait au Rwanda, en 1994, de nombreux couples « mixtes », unissant Hutu et Tutsi. Or, l’appartenance ethnique se transmettait par le père. De sorte qu’une mère hutu pouvait avoir des enfants tutsi. Ce sont certaines de ces ­mères-là qui ont assassiné ou tenté d’assassiner leurs enfants. Le récit commun d’une volonté qui s’efface derrière celle des familles et ce qui agissait ses membres, tous génocidaires, découlant d’une artificielle division ethnique de la société rwandaise : « De toute façon, mes enfants allaient être tués. Je l’aurais été aussi. Je ne pouvais pas résister à la volonté des miens. Je n’étais plus rien. » Désaffiliées » de leur foyer, puisque leurs maris tutsi étaient morts, elles se sont « réaffiliées » à leurs familles hutu. Leurs enfants constituaient le prix de cette ré-affiliation. Tout les obligeait à ­mourir.

Le viol, un crime de l’intimité longtemps impensé

Anne Chemin : Si un citoyen de l’ère #metoo et un Français de l’Ancien Régime pouvaient un jour parler ensemble du viol, le premier serait scandalisé par la blessure psychique subie par la victime, le second par l’offense faite au paterfamilias ; le premier redouterait les souffrances engendrées par cette atteinte à l’intégrité personnelle, le second l’outrage infligé à l’honneur de la famille. Au XVIIIe siècle, la plupart des victimes reconnues sont des femmes mariées. dans les mentalités collectives, le seul “vrai” viol est celui de l’épouse, car c’est celui qui porte atteinte à la propriété du conjoint. Pour les autres, le viol n’a aucune importance sociale, il passe le plus souvent pour un léger désagrément. Jusqu’alors, nul ne pense qu’un viol peut constituer un anéantissement psychique : si déplaisant soit-il, l’épisode, pensait-on, sera bien vite oublié. L’avènement de la figure de l’individu au XXe siècle fait de la victime un sujet à part entière. À l’heure de Metoo, une main posée sur un genou, sans consentement, constitue déjà un viol, source d’une souffrance indicible.

Le point de vue des écologistes sensibles

Pour éviter de telles dérives, il faudrait que chacun d’entre nous écoute la voix de sa propre conscience des choses sans prêter trop d’attention à l’avis de son entourage et à l’état des mœurs à un moment donné. Certes toute société humaine définit ce qui est bien ou mal, agréable ou désagréable, donc tout ce qui constitue les valeurs de référence. Mais tout individu doit savoir discerner ce qui est vrai et ce qui est faux dans ce qu’on veut lui faire penser.

Au-delà des différences de culture, les enfants distinguent déjà sans ambiguïté à partir de trois ans les valeurs fondamentales comme le bonheur, la justice, le droit, l’honnêteté, et d’autre part les normes non généralisables comme l’observance de rites alimentaires, l’obligation vestimentaires des femmes et des hommes, les jours de culte. Pourtant en prenant de l’âge, les conventions sociales circonstancielles vont l’emporter dans la plupart des cas sur les obligations morales fondamentales :

Des étudiants en théologie qui avaient étudié le plus sérieusement du monde la parabole sur le bon samaritain se sont précipités vers le cours suivant sans jeter un seul regard sur un individu couché dans le couloir qui simulait pourtant être à demi-mort : la peur d’être en retard (la norme) prévalait sur la valeur (porter secours à son prochain).

L’abondance des normes empêche aujourd’hui la juste définition des valeurs, les normes dominent les valeurs. Les humains sont dorénavant emprisonnés dans une logique de territoires culturellement différenciés par des normes particulières alors que la valeur fondamentale du respect global du territoire qui nous fait vivre a complètement disparu dans les société modernes.

Il nous faut donc passer du MOI au SOI

Comme disait Gandhi quand on lui demandait : « Comment faites-vous toutes ces choses altruistes tout au long de l’année ? » Il répondait : « Je ne fais rien d’altruiste. J’essaie de progresser dans la réalisation de Soi. »

Joanna Macy : Le SOI est la construction métaphorique de l’identité et du potentiel d’action de l’être, le terreau hypothétique dans lequel nous plantons nos stratégies de survie. Une transformation s’opère : la notion classique du soi de la culture dominante qui nous a conditionnés est remise en question. Ce qu’Alan Watts a appelé « l’ego dans sa capsule de peau », et ce que Gregory Bateson a dénoncé comme « l’erreur épistémologique de la civilisation occidentale », perd sa dépouille. Apparaissent alors les fondations plus solides de l’identité et de l’intérêt personnel, ce que le philosophe Arne Naess appelle le Soi du monde (the ecological self, littéralement, le ‘soi écologique’), profondément relié avec les autres êtres et la vie de notre planète. C’est ce que je préfère appeler « reverdir l’être. »

Satish Kumar : Vous remarquerez que Descartes dit deux fois « je » dans son « je pense, donc je suis ». Il fonde tout seul sa vérité, tout ce qui vit autour de lui n’existe plus ! S’il avait réfléchi dans la nature, entouré d’arbres, d’animaux, caressé par le vent, il n’aurait pas conclu à une prise de conscience solitaire. En posant l’ego comme le moteur de l’être humain, votre Descartes a institué un dangereux dualisme, il a isolé l’homme de son environnement, il l’a proclamé indépendant.

Arne Naess propose une humanisation écologique par la pleine réalisation de soi, qui devient « Soi » en s’ouvrant à l’ensemble de l’écosphère, à tous les êtres humains et aux espèces animales. Dans cette capacité du soi à s’étendre en se liant aux autres, Arne Naess dit se situer sur une crête entre « sur la gauche l’océan des perceptions mystiques et organiques, sur la droite, l’abysse de l’individualisme atomiste. » C’est un véritable changement anthropologique dont il propose la mise en pratique, conduisant à apprécier la qualité de la vie plutôt qu’un haut niveau de vie. Cela jusqu’à dire que seul l’homme est capable de s’identifier par l’imagination à l’autre et même à l’animal.

Paul Shepard (1962) : Le soi est un centre d’organisation dont la peau et le comportement sont des zones souples qui nous mettent en contact avec le monde et ne nous en excluent pas. La pensée écologique implique une vision qui ne s’arrête pas aux frontières. L’épiderme de la peau ressemble, d’un point de vue écologique, à la surface d’un étang ou au terreau d’une forêt ; elle agit moins comme une coquille que comme une zone de délicate interpénétration. Le soi, dans la mesure où il fait partie du paysage et de l’écosystème, se révèle anobli et prolongé plutôt que menacé. Le monde est ton corps.

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L’écologie a besoin d’une spiritualité

Pour reverdir l’être, le SOI ouvert au monde

Pour en finir avec l’exaltation de SOI

Avons-nous encore besoin de rivières sauvages ?

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Stage d’écologie profonde, 14 juillet 2024

En ce jour de vote où chacun exprimera dans l’isoloir le destin qu’il voit pour la France, nous sortons de la vie politicienne pour envisager les valeurs qui peuvent nous sortir de l’anthropocentrisme ambiant.

Roseaux Dansants & Esprit Safran proposent « A l’écoute de la Terre en nous », un stage d’écologie profonde.

Thématique : Se relier à la Toile de la Vie, à la conscience collective du Vivant. Exprimer notre ressenti devant ce qui arrive à notre monde, réveiller en nous les forces vitales de la Terre. Trouver notre raison d’être et nous soutenir mutuellement pour aligner nos vies à notre créativité et nos valeurs profondes…

Du vendredi 12 au dimanche 14 juillet 2024 à Kerintec 29710 Pouldreuzic

Repas végétariens : en mode ‘auberge espagnole’

Hébergement : camping sur place ou gîte voisin

Horaires : du vendredi à 17h au dimanche à 17h

Renseignements pratiques : Anne Roche 06 61 59 01 09

 Intervenante : Claire Carré & Gwenaël Le Nohaïc

Renseignements pédagogiques & inscriptions : www.roseaux-dansants.org

Contactez : info@roseaux-dansants.org

Tel : 09 53 07 45 72

Frais pédagogiques : 250 euros plein tarif, 210 tarif réduit (sur justificatif)

www.esprit-safran-et-cie.com

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L’écologie profonde à l’opposé de l’écologie superficielle

extraits : Arne Naess est le théoricien de cette écologie profonde (deep ecology) qu’il oppose à l’écologie superficielle. Il part du constat que la situation environnementale est grave et que notre savoir, pour en prendre la mesure, est limité, Face à cela, deux attitudes sont possibles. La première cherche à protéger les ressources naturelles, c’est l’écologie superficielle. Elle est condamnée à échouer parce qu’elle ne s’en prend pas aux valeurs qui ont rendu possible et entretiennent la dévastation du monde… L’autre voie, l’écologie profonde, considère que la nature a une valeur intrinsèque, par opposition à l’écologie superficielle qui n’y reconnaît qu’une valeur instrumentale. L’écologie profonde juge la valeur des choses indépendamment de leur utilité. L’utilité est en effet nécessairement anthropocentrée, la totalité est oubliée….

1973, plate-forme de l’ écologie profonde

A la fin des années 1970, Arne Naess a formulé avec George Sessions une offre de « plate-forme de l’écologie profonde » en huit points :

I) les principes

1) le bien-être et l’épanouissement de la vie humaine et non-humaine sur Terre ont une valeur intrinsèque (en eux-mêmes). Ces valeurs sont indépendantes de l’utilité que peut représenter le monde non-humain pour nos intérêts humains.

2) la richesse et la diversité des formes de vie contribuent à l’accomplissement de ces valeurs et sont également des valeurs en elles-mêmes.

3) sauf pour la satisfaction de leurs besoins vitaux, les hommes n’ont pas le droit de réduire cette richesse et cette diversité.

II) le problème

4) l’interférence actuelle des hommes avec le monde non-humain est excessive et la situation s’aggrave rapidement.

III) les solutions

5) l’épanouissement de la vie et des cultures humaines est compatible avec une diminution substantielle de la population humaine. L’épanouissement de la vie non-humaine requiert une telle diminution.

6) les politiques doivent changer, elles doivent affecter les structures économiques, techniques et idéologiques. La situation qui résultera du changement sera profondément différente de la situation actuelle.

7) le principal changement idéologique consistera en la valorisation de la qualité de la vie plutôt que de toujours promouvoir un niveau de vie supérieur.

8) ceux qui adhèrent aux points précités ont obligation de tenter de mettre en place directement ou indirectement ces changements nécessaires.

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Les droits de la nature, à ne pas oublier

Comme toutes nos institutions, notre droit n’est pas neutre, il est largement conditionné par une certaine vision du monde. Ainsi de nos rapport à la nature, on fait preuve actuellement d’anthropocentrisme, on pourrait aussi bien un jour faire preuve d’écocentrisme.

Lire, Définir anthropocentrisme, biocentrisme, écocentrisme

Claire Legros : Des fleuves, des montagnes, des forêts se voient progressivement reconnaître comme des personnes juridiques, quand ce n’est pas la nature dans son ensemble – la Pachamama (la Terre Mère) – qui est promue sujet de droit. Cette mutation se heurte toutefois à de fortes oppositions. Si la confrontation semble à ce point radicale, c’est sans doute qu’au-delà de la querelle juridique, les droits de la nature portent en germe une transformation profonde de la pensée, une révolution copernicienne qui bouscule la vision anthropocentrique du monde et ouvre de nouveaux champs de réflexion sur les mutuelles dépendances entre humains et non-humains. C’est aux Etats-Unis que le juriste Christopher Stone élabore, en 1972, la première théorie juridique des droits de la nature, Les arbres doivent-ils pouvoir plaider ? Les arbres dont il est question sont de vénérables séquoias géants multimillénaires de la Mineral King Valley en Californie, que la compagnie Walt Disney s’apprête alors à supprimer pour construire une station de ski. L’une des principales organisations de défense de l’environnement aux Etats-Unis, le Sierra Club, assigne la firme en justice, mais est déboutée au motif qu’elle ne peut défendre les intérêts des arbres puisque la montagne ne lui appartient pas. Le juriste s’appuie des son côté sur la notion technique de « personnalité morale », créée au XIXe siècle pour les entreprises commerciales. Il suffit de déployer cette « fiction juridique » aux végétaux, aux minéraux ou aux animaux pour ne plus les considérer comme des choses.

Mais il est évident que, à partir du moment où des droits sont reconnus à la nature, la question de leur confrontation par rapport à ceux des humains est posée. Le respect des cycles naturels peut-il prévaloir sur les besoins fondamentaux des populations ? Pour les partisans des droits de la nature, la question relève presque du contresens. Loin de s’opposer aux droits humains, les droits de la nature en conditionnent au contraire l’exercice. Les droits de la nature renforcent au contraire les droits humains fondamentaux tels que le droit à un environnement sain ou à une eau potable. Si donner une personnalité juridique aux entités naturelles semble nécessaire, c’est pour provoquer une rupture symbolique, bousculer les représentations et en finir avec « une vision utilitariste et dominatrice de la nature ».

Le point de vue des écologistes

Guifredo : Merci pour cet article approfondi. L’idée est surprenante mais n’est-il pas aussi étonnant que les marchands de pétrole ou de ciment aient une personnalité morale qui leur donne des droits leur permettant de porter atteinte au climat ?

Lorange : Je ne vois en effet pas en quoi un fleuve aurait moins d’importance pour la planète et l’humanité qu’un cacochyme milliardaire du CAC 40. Limite même on peut aisément se passer du second alors que le premier est vital.

Alain Sager : Précisons. Quand Descartes dit : « comme maîtres et possesseurs de la nature », c’est avant tout pour éloigner l’idée d’un Dieu ou d’entités irrationnelles qui, selon leur bon vouloir ou leur caprice, pourraient influer sur le cours des choses, sans que l’homme ait sur elles aucune prise certaine. Dans l’esprit de Descartes, il restera donc toujours une distance, ou un écart, entre son bon vouloir et les forces naturelles en action. On pourrait même le rapprocher ici de Francis Bacon : « on ne commande à la nature qu’en lui obéissant ».

Michel SOURROUILLE : L’expression « acteurs absents » mérite considération. Selon la définition du Dictionnaire du développement durable, il s’agit des générations futures et des non-humains, absents de nos délibérations actuelles. Une expression nouvelle permet de rendre visible l’invisible. C’est possible, les religions du livre en témoignent : elles font célébrer un dieu abstrait dont l’existence ne pourra jamais être prouvée. Par contre, les enfants de nos enfants et la biodiversité dans la nature sont une réalité tangible dont l’avenir est compromis. Mais comment faire s’exprimer ces acteurs fantômes, par définition absents de notre présent ? On peut développer cette proposition de Sarah Vanuxem : « Derrière la personnification d’éléments de la nature, il y a la possibilité de les faire bénéficier d’un porte-parole humain. » Un avocat en somme !

Lire, Acteurs absents de nos délibérations présentes

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La canne à sucre, plus complexe que l’humanité

La canne à sucre, graminée tropicale qui assure aujourd’hui 80 % de la production mondiale de sucre, est la culture la plus récoltée au monde, en biomasse. Elle restait la seule grande plante cultivée dont le génome nous demeurait impénétrable. Le grand livre de son ADN, il est vrai, était d’une redoutable complexité.

Florence Rosier : Écrit en 114 chapitres, pour ses 114 chromosomes, il est en réalité constitué de dix chromosomes, copiés chacun en onze à treize exemplaires… loin d’être tous exactement semblables. Au terme de cinq années de travail, mobilisant trente-cinq scientifiques de quatre pays, les chercheurs ont déchiffré la totalité du génome d’une variété de canne à sucre, la R 570. Les 8,7 milliards de lettres de l’ADN de la canne à sucre – soit vingt fois plus que le génome du riz et trois fois plus que celui de l’homme – ont ainsi été lues dans l’un des plus grands centres de séquençage au monde, le Joint Genome Institute. L’humanité n’est pas la seule espèce à ADN, elle n’est qu’une variante produite par la biosphère depuis 3,5 milliards d’années environ.

Le point de vue de la Biosphère

Je suis la sphère où se déploie la vie, j’inclus toutes les espèces vivantes et les milieux où elles se développent. Pour moi, les humains ne sont qu’un élément de la biocœnose parmi d’autres. Vos dieux ne sont pour rien dans votre existence. Je suis le début et la fin de toute vie. Je suis le sol qui vous porte et l’atmosphère qui vous entoure, les végétaux qui procurent votre oxygène et vos légumes, les animaux que vous contemplez du regard ou dans votre assiette. En vérité en vérité je vous le dis, vous devriez célébrer mon existence puisque vous n’êtes qu’une infime partie de moi-même, toutes les composantes de votre corps existaient déjà dans les premiers instants du grand tout, votre statut actuel ne peut se dissocier du support matériel qui vous associe aux autre espèces et à la place de notre planète dans l’univers, votre survie dépend de la mienne.

Il vous faut admettre que toutes les autres formes de vie existant aujourd’hui descendent comme vous d’un même organisme : les gènes qui mettent en place le plan de fabrication d’un être humain sont les mêmes que ceux fonctionnant chez un ver de terre ou une céréale. Je n’ai inventé qu’un seul système pour organiser l’évolution : mêmes briques de départ, même schéma général d’organisation. Ainsi plumes, écailles, glandes et dents proviennent toutes du même tissu épithélial, dépendent du même répertoire génétique. Cependant certaines de mes composantes disparaissent alors que d’autres demeurent ou se transforment. Vous, les humains,  vous n’êtes que péripétie de ma façon de jongler avec l’ADN.

Pourtant les humains ne considèrent que l’environnement qui entoure leur propre conscience des choses, ils estiment que la biosphère leur est extérieure et qu’ils peuvent en faire ce qu’ils veulent, comme s’ils en étaient propriétaires. Mais si vous aviez un contact plus étroit avec moi, vous auriez mieux conscience de votre juste place : le vivant est un tout dont les humains devraient se sentir solidaires. Vous ne pouvez pas porter de culte à quelque croyance que ce soit tant que ce n’est que parole humaine, faite par des humains pour des humains, sans aucun souci de la Nature. Vous n’êtes qu’un maillon de la chaîne alimentaire et la poursuite de vos activités ainsi que votre existence même dépend de l’équilibre de mes cycles vitaux, les flux d’énergie solaire, la circulation de l’eau, la composition de l’air. Mais à l’heure actuelle vous perturbez trop profondément les conditions de l’équilibre sur la planète et cela m’exaspère, même si j’aurai toujours assez de ressources pour permettre à d’autres formes de vie de vous succéder.

Au cours de votre XIXe siècle, une révolution industrielle succède aux révolutions agricoles et des techniques destructrices de l’environnement prennent tout le pouvoir. Vous devenez alors le cancer de la Terre qui met en péril mon équilibre et donc le vôtre. Votre goût de la puissance n’accepte plus aujourd’hui de limites. Alors que vos activités humaines rentrent en interférence avec mes cycles vitaux comme celui de l’eau, vous engagez la survie de vos générations futures et du reste de la Biosphère en faisant comme si seul votre présent avait de la valeur. Alors qu’une radiation nucléaire ne se voit pas, ne se sent pas, ne fait pas de bruit, ne se touche pas et n’a aucun goût, vous avez réussi à la découvrir et à libérer les forces internes de l’atome. Alors que vous savez que cette radioactivité peut faire des dégâts sur l’organisation du vivant pendant une éternité de temps, vous accumulez les déchets nucléaires. Conformément aux désirs délirants d’une de vos religions, vous devenez féconds et prolifiques, vous remplissez la Terre et vous la dominez, vous soumettez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre. Vous êtes plus de 8 milliard d’envahisseurs aujourd’hui de tous territoires que vous pouvez parcourir, cela n’est pas durable, c’est insupportable, c’est inacceptable.

Soyons clair, je ne peux personnellement m’exprimer qu’indirectement par le réchauffement climatique et la perte de la biodiversité, par les inondations et les sécheresses, par la prolifération des microbes et des virus. En effet je ne possède pas la parole, c’est vous qui en avez le monopole. Je ne peux donc dire qu’au travers de vos propres mots et n’exister à vos yeux que par votre relation personnelle à la Nature. Si vous voulez m’aider à trouver un ordre durable, vous devez suivre la voie de la décroissance humaine, et vouloir une planète où votre trace sera à nouveau infime et insignifiante en mon sein.

C’est à vous, individuellement et collectivement, de rechercher l’harmonie avec l’ensemble de votre environnement naturel et socio-économique. Pour cela, vous ne pouvez pas faire confiance aux actes du passé, encore moins aux dérapages de la civilisation thermo-industrielle présente, vous devez patiemment chercher votre voie au milieu des ruines d’une Nature déjà complètement artificialisée. C’est à vous de faire personnellement preuve de simplicité volontaire et de vous regrouper en association de défense de la nature, c’est à vous d’agir politiquement pour que l’équilibre durable de la Biosphère devienne le fondement de toute décision humaine : il n’y a pas de dieu extérieur à vous-même. Votre tâche sera longue parce que vous devez remettre en question presque toutes vos certitudes, presque toutes vos activités, presque toutes vos pensées. Votre tâche sera difficile parce que vous devrez renier tout ce qui fait de vous des humains arrogants et conquérants, parce que vous devrez apprendre l’humilité et l’écoute de votre milieu de vie.

Mon dernier souhait

Grâce à vos connaissances techno-scientifiques, vous savez que nous ne sommes qu’un minuscule point dans l’immensité de l’infini. Le soleil qui éclaire nos activités n’est que l’une des 50 ou 100 milliards d’étoiles de notre galaxie, la Voie Lactée, le nombre de galaxies connues se compte aussi en milliards et l’objet le plus lointain observé depuis un observatoire terrestre se trouve à plus de 12 milliards d’années lumières (12 x 9500 milliards de kilomètres). Nous, l’ensemble des membres de la biosphère, nous ne sommes que très peu de chose dans l’univers, et certainement un des très rares espaces habité par une vie foisonnante. Ne gaspillons pas cette chance, celle de vivre ensemble et de se perpétuer.

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