La loi de 1905 en France acte la séparation des Églises et de l’État. Elle abolit le Concordat et le système des cultes reconnus : il n’y a plus de religion recevant une consécration par l’État et tous les cultes sont sur un pied d’égalité. Fruit de l’histoire singulière de l’émancipation de l’État par rapport à l’Église, la conception française de la laïcité est difficile à saisir pour de nombreux étrangers. Le pape, gardien suprême de la foi catholique, n’est évidemment pas le mieux placé pour en faire la promotion. Mais on pourrait attendre de lui qu’il fasse une lecture juste d’un principe et d’une législation conçus pour permettre la cohabitation de toutes les formes de croyance et d’incroyance.
éditorial du MONDE : En choisissant la Corse pour son troisième voyage en France, le pape François a réitéré un message de méfiance à l’égard du modèle laïque français. Plaidant en faveur d’une « saine laïcité », qui ne soit « ni statique ni figée, mais évolutive et dynamique », en bref souple « à la corse », le pape François a ainsi réitéré, sous une forme atténuée, la critique qu’il a déjà exprimée d’une laïcité française à la « coloration héritée des Lumières beaucoup trop forte » conduisant, selon lui, à présenter les religions « comme une sous-culture ». Le pape François, en posant d’emblée le principe laïque comme un dogme figé, tend à conforter les tenants de la conception qu’il entend dénoncer, celle qui fait de la laïcité une arme antireligieuse et non un vecteur de liberté pour chacun, essentiel au vivre-ensemble. Hautement respectables et puissants, les messages humanistes du pape seraient portés avec plus de force si l’Église qu’il incarne savait mieux reconnaître ses propres errements, en tirer les enseignements, et vivre davantage avec son époque.
Nos textes sur la religion pendant l’année 2005, tout début de ce blog biosphere.
20.01.2005 Le préservatif contre la religion
Le 18 janvier, la conférence des évêques espagnols admettait l’usage du préservatif dans la lutte contre le sida. Le jour suivant, son porte-parole publiait un communiqué affirmant que « l’usage du préservatif est contraire à la morale ». La doctrine de l’Eglise n’a donc pas changé, pour elle l’usage du préservatif implique une conduite sexuellement immorale, mieux vaut l’abstention des relations sexuelles illicites et la fidélité mutuelle entre conjoints pour faire face au danger du sida.
Ce n’est pas avec des demeurés comme ça qu’on va pouvoir entamer une décroissance démographique des humains pour sauver la Biosphère.
06.02.2005 L’écologie, chrétienne ?
Le Dieu des humains n’a jamais rien apporté à la Biosphère car il est à leur image, raciste, possessif, cruel et complètement ignorant du nécessaire équilibre des cycles vitaux. Dieu s’intéresse uniquement aux affaires humaines du temps présent, il ne porte pas de jugement sur la destruction des ressources fossiles, sur la perte de biodiversité ou sur le changement climatique. La religion occidentale est fondée sur le dogme anthropocentrique de domination de la Nature, elle est donc au cœur de sa destruction et ce n’est pas quelques contre-exemples comme St François d’Assises qui va nous faire oublier les délires des papistes pour la multiplication des naissances, donc contre le préservatif. Les sbires de toutes les chapelles judéo-chrétiennes (ce qui inclut les musulmans) ne développent pas la communion entre toutes les créatures du ciel et de la terre, mais un communautarisme dirigé à la fois contre le pluralisme des cultures et la diversité des espèces (végétales et animales).
Face à cela, la colère de la Biosphère est le cri de l’ensemble des créatures victimes de la démesure prédatrice de l’activité économique. C’est pourquoi les humains devraient être de plus en plus nombreux à relayer cette colère pour retrouver cette vocation de rédempteur cosmique qu’on ne peut trouver que dans l’écologie profonde.
20.02.2005 L’Église s’envoie en l’air
Pour sa retraite, le cardinal Jean-Marie Lustiger a reçu un billet d’avion dit « intégral » sur Air France, lui donnant le droit d’emprunter les lignes de la compagnie sur tous les continents pendant deux ans. A plus de deux kilos de gaz à effet de serre par litre de kérosène, on peut déjà dire que l’Eglise catholique veut bien faire un cadeau à l’homme, mais aucun au réchauffement climatique. Pourtant la Biosphère serait malgré tout conciliante s’il s’agissait de porter la bonne parole environnementale, prônant ici ou là dans des conférences la réunification entre les élus de Dieu et toutes les autres créatures du ciel et de la terre. Mais pour Jean-Marie Lustiger le seul discours valable est d’insister sur le baptême, car « baptisés, vous ne l’êtes pas par hasard parce que c’est le choix de Dieu ».
Amen pour les croyants, démerdes-toi comme tu peux pour sauver la planète.
03.04.2005 Le pape ou la planète ?
Début 2005, plus de 1300 scientifiques réunis par l’ONU à propos de l’état des écosystèmes de la planète ont rendu leur diagnostic. Selon ce rapport, environ 60 % des écosystèmes permettant la vie sur terre ont été dégradés par l’activité humaine, et cela de façon plus accentuée au cours des cinquante dernières années que dans toute l’histoire de l’homo sapiens. Les humains ont depuis 1945 converti pour l’agriculture plus de terres qu’aux XVIIIe et XIXe siècles réunis. Entre 1750 et 2005, 60 % de l’accroissement de la concentration en gaz carbonique dans l’atmosphère s’est produit seulement depuis 1959. Il s’agit d’une pression telle sur les fonctions naturelles de la planète que la capacité des écosystèmes à répondre aux demandes des générations futures ne peut plus être considérée comme acquise. Les pauvres des zones rurales sont déjà touchés par cette catastrophe parce qu’ils dépendent plus directement des services d’origine éco-systémique. Le verdict est sans appel mais les médias ne lui accordent que quelques brèves. Ce rapport publié et oublié juste avant la mort du pape Jean Paul II s’efface, il paraît plus important de consacrer au décès d’un seul homme des heures et des heures dans les journaux télévisés du monde entier, des pages et des pages dans la presse écrite. Pourtant du point de vue de la Biosphère, cette « disparition » d’un pape n’a aucune signification, aucune valeur si ce n’est la mise à disposition pour les décomposeurs de quelques dizaines de kilos de chair.
Un jour prochain les humains devront choisir entre leur propre culte ou celui de la planète.
05.04.2005 Poussière, tu n’es que poussière
Il y en a comme Mgr Comastri qui inventent de trop belles histoires : « Le Christ a ouvert largement les portes du paradis au pape et, à l’entrée, il y avait certainement Marie à laquelle le souverain pontife s’est dévoué entièrement ». Il y a la Biosphère qui en appelle aux réalités : « La séquence après la mort du pape commence de manière interne, les enzymes du système digestif commencent par manger les tissus, ce qui engendre la putréfaction, puis le corps entame sa décomposition ; s’il se trouvait à l’air libre, les insectes vont y avoir accès, leurs œufs vont donner naissance à des larves qui mangeront la matière. Tout corps est un écosystème recyclable, la mort du pape n’est qu’un événement anodin dans le déroulement implacable des cycles vitaux ».
Pour faire le paradis sur Terre, il est temps d’abandonner les croyances stupides et de penser en ces termes la mort humaine : « Poussière, tu n’es que poussière et tu redeviendras poussière. L’essentiel est ce que tu as fait de ta vie ».
6.04.2005 bienheureuse pauvreté
Lors du dernier conclave de 1978, les cardinaux-électeurs étaient logés dans de petits appartements de fortune fabriqués à la hâte où ils pouvaient juste disposer d’un vase de nuit, même pas d’eau courante. Ils se mettaient ainsi à l’unisson du peuple des pauvres que toute Eglise qui respecte le message du Christ se devrait de soutenir. Mais ils résideront dorénavant dans des chambres individuelles spacieuses et confortables. La Biosphère regrette ce changement qui paraît sans doute anodin, mais qui est symptomatique d’une Eglise qui n’a jamais penser aux équilibres globaux à respecter entre l’existence humaine et les écosystèmes. Pourtant la pauvreté pour tous est dorénavant nécessaire, il y a surcharge de l’activité humaine sur la planète.
L’eau sera de moins en moins un bien en libre disposition de tous : retour à l’eau du puits, Messieurs les cardinaux !
(NB : Cette année a vu Joseph Aloisius Ratzinger devenir pape le 19 avril 2005
sous le nom de Benoît XVI. Un évènement sans importance !)
20.04.2005 Relativisme
Avant même d’être pape, Josef Ratzinger s’en prenait violemment à la « dictature » du relativisme en tant qu’attitude qui ne reconnaît rien comme définitif et n’a comme mesure que ses propres désirs. C’est là faire peu de cas des vertus de la démocratie qui recherche à tâtons la vérité dans les méandres de la planète. Ce ne sont pas les « vérités » de la Bible ou du Coran qui peuvent fixer des limites aux appétits insatiables de la société thermo-industrielle ou de la démographie humaine galopante, ce sont les perturbations des écosystèmes qui exigent de la rationalité humaine un autre comportement, un changement radical du mode de vie et de procréation.
« Tant que vous oublierez la vérité des cycles vitaux, vous serez comme de petits enfants traînant à la dérive, emportés par n’importe quelle doctrine et invention des hommes » (épître de la Biosphère aux Humains).
22.04.2005 Création ou évolution ?
Un professeur américain de biologie fut condamné en 1925 à une amende pour avoir enseigné les théories de Darwin (l’évolutionnisme). Il a fallu attendre 1987 pour que la justice interdise définitivement, au nom de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, l’enseignement du créationnisme (Dieu a créé l’univers et l’Homme). La Biosphère dirait même que toute idée de créationnisme doit être abandonnée au nom des découvertes scientifiques : il vous faut admettre que toutes les formes de vie existant aujourd’hui descendent d’un même organisme : les gènes qui mettent en place le plan de fabrication d’un être humain sont les mêmes que ceux fonctionnant chez un ver de terre ou une céréale. Maintenant on sait qu’il n’y a ni plan préétabli par un dieu, ni dessein intelligent concocté par la nature, il n’y a que le hasard.
Est-ce déroger à la libre-expression que de dire qu’on exprime une grosse connerie si on disait encore le contraire ?
02.06.205 Catéchisme immoral
Pour l’Église du Vatican, il y a des manipulations du langage qui cherchent à rendre anodines les réformes de mœurs, remettant ainsi en cause l’équilibre de la société. On parle par exemple d’interruption volontaire de grossesse au lieu d’avortement, et ce qui passait autrefois pour un délit ou un crime est devenu une revendication de liberté, puis un droit parfois reconnu par le législateur. L’Église ne peut que condamner un tel droit fondé sur des considérations subjectivistes, individualistes et pragmatiques, pour elle il faudrait en revenir aux réalités objectives : le libre choix d’avorter doit être condamné parce que, s’il vise le bien de la mère, il oublie le « droit à vivre de l’enfant ». Malheureusement le droit de vivre d’un enfant, à plus forte raison quand il s’agit d’un embryon, ne repose sur aucun argumentaire fiable ; il n’y a aucun caractère sacré de la vie humaine, il n’y a aucune définition avérée de la dignité de la personne humaine et de son caractère intouchable ; le droit de tuer est une constante de l’humanité que ce soit par l’intermédiaire de la peine de mort ou des guerres, des avortements légaux ou illégaux, sans parler des infanticides pratiqués dans certaines sociétés premières. La religion ne peut dicter sa loi à une société démocratique, le droit à l’IVG découle objectivement de nécessités socio-économiques. Mais ces déterminants humains dépendent surtout de l’environnement naturel. Le droit à l’avortement n’est pas seulement le droit des femmes à disposer de leurs corps, c’est aussi le droit de l’enfant à s’insérer de façon harmonieuse dans une vie familiale stable, c’est surtout le droit de naître dans un bio-système équilibré, et jouir ainsi d’une existence durable.
Pour la Biosphère, il y a bien d’autres manipulations du langage qui cherchent à induire en erreur, comme « croissance », ce mot nocif qui fait croire que tout est possible dans un monde fini. Bien que l’avortement soit le signe d’un échec de la contraception, c’est un droit à valoriser dans un monde surpeuplé. D’ailleurs il n’est pas anodin de constater que ce projet catholique de « lexique des termes ambigus et controversés » sur la famille et les questions éthiques est né en 1994, juste après la conférence internationale du Caire sur la population. Membre observateur des Nations unies, le Saint-Siège avait alors lutté contre les mesures visant à freiner la croissance démographique. On constate donc la duplicité d’une Eglise qui utilise le sens du sacré et une soi-disa
12.07.2005 L’Islam, scientifique ?
Il y a un effort dans le monde islamique pour démontrer que le Coran contient un certain nombre de vérités scientifiques ultérieurement confirmées par la recherche scientifique. Hubert Reeves posait alors cette question à un intellectuel musulman d’Algérie : « Et si vous découvrez que le Coran contient des erreurs scientifiques, que feriez-vous ? ». L’intellectuel, c’est-à-dire celui qui peut maîtriser l’apparence par des mots mais certainement pas l’intelligence des choses a répondu : « Impossible, le Coran ne peut pas se tromper car c’est la parole de Dieu ».
Cultivez donc votre proximité avec la Biosphère, elle peut s’étudier et même se manger alors que les divinités à l’image de l’Homme sont vraiment trop bêtes.
29.07.2005 L’Islam nataliste
Quand l’ayatollah Khomeyni est arrivé au pouvoir après la révolution islamique de 1979, les programmes de planification familiale mis en place par le Shah ont été démantelés. Khomeyni exhortait en effet les femmes à faire davantage d’enfants parce qu’il fallait des soldats pour l’islam. En conséquence, le taux de croissance annuel de la population a atteint plus de 4 %, soit un doublement tous les 17 années seulement. Mais à la fin des années 1980, le coût social et environnemental d’une telle croissance est devenu perceptible et le discours religieux a changé : la diminution du nombre d’enfants devenait une responsabilité sociale et 80 % des dépenses de planification familiale furent pris en charge par le budget de l’État. Environ 15 000 « maisons de santé » furent ouvertes pour permettre à la population rurale d’avoir accès aux services de régulation des naissances.
La Biosphère constate que la parole de ceux qui se disent les serviteurs de dieu n’est en fait qu’une mascarade pour imposer leurs propres règles aléatoires dans les rapports sociaux.
11.08.2005 L’incertitude religieuse
Au Pakistan, les madrasas enseignent aux enfants des classes défavorisées essentiellement le Coran et les hadiths (dires du prophète). Elles créent ainsi chez ces enfants une habitude de pensée caractérisée par l’extrémisme religieux et l’intolérance envers ceux qui ont une vision différentes de leur religion. Une fois étudiants, ils sont amenés à croire que le monde entier, spécialement l’Occident et les juifs, veut miner l’islam et qu’ils doivent le défendre contre ces attaques. Mais l’islam n’est pas monolithique, il y a cinq fédérations de madrasas, les fondamentalistes sunnites, les sunnites marqués par la tradition soufi, les sunnites salafistes, les sunnites proches des frères musulmans et les chiites. Ces écoles, sectaires avec les autres religions comme envers leurs propres coreligionnaires, montrent par l’absurde la validité du principe de laïcité. Si toutes les religions, au lieu d’interpréter de façons différentes leurs différents livres sacrés, montraient que les humains n’ont pas à privilégier leurs propres croyances dans des dieux à leur image, alors le monde pourrait-il devenir plus paisible. Mais la laïcité ne résout rien au fond.
Si toutes les religions éduquaient les enfants dans le respect des équilibres de la Biosphère, alors le monde pourrait-il devenir plus paisible, sans terrorisme aveugle en Irak, en Angleterre, en Égypte ou ailleurs.
09.12.2005 La culture dans la nature
L’animisme est cette forme de religion qui attribue une âme aux animaux et aux phénomènes naturels. En territoire animiste, on ne retrouve ni castes d’artisans séparés, ni culte des ancêtres, ni démiurges créateurs, ni goût pour les patrimoines matériels, ni obsession de l’hérédité et de la filiation, ni flèche du temps, ni assemblées délibératives. Ainsi les indiens Jivaros de l’ethnie Achuar qui vivent entre Equateur et Pérou : ils pensent que les humains, les animaux, les plantes et les esprits n’appartiennent pas à des réalités séparées : tous étant également dotées d’âmes, ils peuvent communiquer entre eux. Cette façon de considérer l’ensemble du monde vivant comme les partenaires d’une sociabilité généralisée n’est pas une lointaine exception amazonienne, elle se retrouve chez divers peuples d’Asie, d’Amérique ou d’Océanie. Dans ce système règne la simplicité productive et la limitation des besoins, ces règles de vie incontournables permettant la durabilité extrême. Ce sont les ancêtres d’une écologie bien comprise, la sauvegarde des besoins des générations futures ne passait pas par le « développement ».
Quand la culture future des humains aura intégré à nouveau une symbiose avec la Nature, alors la Biosphère sera-t-elle plus paisible pour ses composantes humaines et non-humaines
15.09.2005 Le vice de la luxure
Le nouveau « Catéchisme de l’Eglise catholique abrégé » est paru en France le 1er septembre. Il traite en 600 questions-réponses de la vie sur Terre. On apprend (question 492) que « sont des péchés gravement contraires à la chasteté l’adultère, la masturbation, la fornication, la pornographie, la prostitution, le viol, les actes homosexuels. Ces péchés sont l’expression du vice de la luxure ». C’est donc là selon Benoît XVI « un texte de référence sûr et authentique ». Mais le nouvel opuscule romain se préoccupe beaucoup des questions de morale privée, presque pas des injustices sociales, aucunement de la protection de la Nature. Il faut dire que ce parti-pris est très ancien : le Décalogue (ou loi de Moïse, plus connu sous la dénomination « les dix commandements ») comporte 4 articles sur le respect de la divinité, 3 articles sur le respect de la vie familiale et 3 seulement sur le respect de la vie sociale ; rien sur l’environnement.
Nulle mention dans ces textes religieux, ni hier ni aujourd’hui, de l’équilibre à respecter entre la Biosphère et le comportement humain. La religion catholique n’est qu’anthropocentrisme désuet et souvent immoral : la masturbation ne rend pas impuissant.
28.12.2005 Une foi sans modération
La 19e rencontre à Lyon de la communauté de Sant’Egidio a constitué en 2005 un « Davos des religions » qui réunit rabbins et musulmans, cardinaux et pasteurs, prélats orthodoxes et bouddhistes ou taoïstes. Un appel a été ratifié par tous les religieux présents : « Les religions ne veulent pas de la guerre, du terrorisme… Celui qui se sert du nom de Dieu pour légitimer la violence avilit la religion. Aucune guerre n’est jamais sainte ». Alors on s’interroge : que faudrait-il faire des textes sacrés qui appellent à la violence ? Certains disent qu’on ne peut pas découper la Bible avec des ciseaux, d’autres qu’il faut distinguer dans le Coran ce qui est historique, donc soumis à évolution, de ce qui est permanent. Mais l’essentiel serait la capacité des croyants à discuter les textes sacrés, les approfondir et en éliminer les outrances.
Alors là, la Biosphère doute, plusieurs centaines si ce n’est quelques milliers d’années de vraies/fausses interprétations ont justifié les guerres, les inquisitions et les représailles les plus atroces. Rien n’est sacré si ce n’est le respect de l’équilibre des écosystèmes, tout le reste est anthropocentrisme sans fondement. Il ne faut pas désespérer, un jour la protection de la Biosphère apparaîtra comme la seule foi qui sauve.
29.12.2005 Un jeûne sans voiture
Depuis des siècles et des siècles, les religions soumettent des peuples à leurs dogmatismes par l’esprit, ou par le fer si le conditionnement mental ne suffit pas. Toutes les religions majoritaires prônent le culte de dieu et l’apaisement/conflit entre humains sans s’intéresser le moins du monde à notre mère Nature. Mais en 2005 plusieurs évêchés (Trèves, Mayence…) ainsi que l’Église protestante de Rhénanie, Hesse-Nassau, Palatinat et Luxembourg ont appelé les chrétiens à renoncer à leur voiture pendant la période du Carême (20 février au 20 mars) en optant pour le vélo ou les transports en commun : « Rouler moins en voiture signifie plus de santé pour vous et pour la Création ». Un bilan indique que 1760 volontaires ont accepté de suivre ce jeûne, la société thermo-industrielle pourrait changer si le milliard de chrétiens et le milliard de musulmans suivait rapidement la même voie. Mais comment généraliser un discours entre des sectes qui se veulent contradictoires et dont le respect des écosystème ne fait pas partie des fondamentaux ?
La « Création » à l’origine des humains, c’est à la Biosphère que vous la devez, elle est le début et la fin de toute vie. En vérité en vérité je vous le dis, vous devriez célébrer l’existence de la Biosphère puisque vous n’êtes qu’une de ses infimes parties. Toutes les composantes de votre corps existaient déjà dans les premiers instants de la Biosphère, votre statut actuel ne peut se dissocier du support matériel qui vous associe aux autres espèces et à la place de votre planète dans l’univers, votre survie dépend de la sienne. De l’intérieur ou de l’extérieur des religions, respectez la Biosphère, source de la vie : c’est le seul message qui soit véritablement œcuménique.
Le point de vue des écologistes laïques
L’article 1 de la loi de 1905 assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées dans l’intérêt de l’ordre public. Ses grands principes sont l’égalité de tous les citoyens devant la loi, sans distinction de religion ; la garantie du libre exercice des cultes ; la neutralité de l’État. La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte.
Après les différent schismes religieux, vive la liberté de conscience ! Un transfert de transcendance s’opère alors entre la religion et l’idéal politique ou économique. Croire en Dieu ne va plus de soi. Fini les arguments d’autorité. Nos sociétés ultra-modernes se trouvent alors face à une crise du « croire » inédite ; douter est à la mode, on doute de tout, surtout depuis qu’il y a des marchands de doute. Et dans le même temps on croit à n’importe quoi, c’est la magie des réseaux sociaux. Il n’y a que l’écologisme pour donner une nouvelle image d’une religion dans ce qu’elle a de meilleur, quand elle est fidèle à sa vocation d’être pourvoyeuse de lien et non de division. La « religion » a en effet une double signification, elle relie (religare) et elle rassemble. Elle permet une pratique institutionnalisée qui apporte une cohérence au monde et le maintien de cet ordre.
Pour un avenir apaisé, c’est l’écologisme qui porte en lui un changement profond par rapport aux religions du livre (bible, nouveau testament, coran), un retour à une vision plus en phase avec les possibilités d’une vie viable, vivable et conviviale sur cette planète. L’écologisme signifie que nous voulons nous relier à notre maison commune, qui est à la fois notre propre maisonnée, la société et de façon globale la Terre. Cela n’éliminera pas les controverses ; le mélange des connaissances scientifiques, des contraintes socio-économiques et des interprétations philosophiques laisse un large manœuvre de débat sans fin. Mais l’important c’est de reconnaître que nous sommes dépendants de réalités biophysiques, c’est la Terre-mère qui importe, pas Dieu-le-père caché dans la stratosphère.