La faim dans le monde et la prolifération des insectes inquiète un collectif de « personnalités » (Pierre Arditi, Jean-Pierre Raffarin, etc.)* : « L’aversion d’une partie de la société bloque les recherches sur les biotechnologies… Or les progrès scientifiques et technologiques ont indéniablement permis de réduire la faim dans le monde… On peut nourrir une population qui a été multipliée par 2,3 depuis 50 ans grâce aux engrais, à l’amélioration génétique et aux biotechnologies de la reproduction, à l’emploi de fongicides, d’insecticides… Peut-on se permettre de renoncer à l’augmentation de la productivité des terres agricoles cultivées… Le progrès scientifique ne doit pas être arrêté… L’agriculture de demain devra nécessairement utiliser la biologie moléculaire, les NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication), la robotique, l’intelligence artificielle… Il nous faut une « agriculture écologiquement intensive »… Il faut favoriser l’émergence rapide des avancées technologiques qui nous permettront de ne pas nous mettre sous la dépendance de pays qui investissent massivement dans la recherche… »
Dans cette tribune, on retrouve comme d’habitude l’absence de la question démographique et l’omniprésence de l’illusion techno-scientifique en agriculture. En termes clairs, plus il y a de technologie dans les champs, moins il y a de paysans ! Et ceux qui restent n’ont plus la maîtrise de leur savoir-faire. Les agriculteurs perdent leur souveraineté technique au profit de filières mondialisées. Nous avons suffisamment traité le culte démesuré du progrès pour laisser la place aux commentateurs sur lemonde.fr :
Henri : Raffarin, Arditi etc… que des spécialistes! Un texte précieux donc et « objectif » : » le rejet de produits chimiques pourtant nécessaires pour protéger les cultures en l’absence d’autres alternatives ». « l’aversion d’une partie de la société à l’encontre d’une agriculture productive bloque les recherches sur les biotechnologies », (lire OGM) Mais il y a des alternatives Messieurs, ce ne sont pas celles dont vous parlez. On ne veut pas de vos saloperies, c’est clair!
Claude Hutin : L’objectif des signataire est au contraire de combattre le conservatisme et la régression. Vous passez votre temps à défendre le « retour » à une agriculture d’un autre temps (qui n’a en fait jamais existé), avec des rendements dégradés et surtout AUCUNE POSSIBILITÉ DE PROGRES. Le bio est figé dans ses dogmes pour l’éternité (engrais naturels, pesticides naturels, pas de modifications génétiques par des méthodes innovantes) alors que nous avons besoin de ruptures majeures !
Dance Fly : L’objectif des signataires est évidemment de maintenir le système en place (pesticides, mode de consommation inchangé, gaspillage élevé), pas de réfléchir à des alternatives durables (conversion à grande échelle à une agriculture avec peu d’intrants, diminution drastique des protéines animales dans nos régimes alimentaires et réduction massive du gaspillage).
LeBret : Mélange de méconnaissances et de biais de raisonnement dans cette tribune. Ex : la population mondiale a augmenté, mais grâce aux progrès, les rendements agricole ont suivi ce qui a permis de nourrir tout ce monde => c’est exactement le contraire : c’est parce que les rendements ont augmenté que la population a augmenté. Sans ça la population auraient simplement plafonné. Bien sûr que c’est un progrès qu’un maximum de gens (en pourcentage) mangent à leur faim, mais que ce maximum (en absolu) soit de 10 milliards au lieu de 1, en quoi est-ce un progrès ?
ALAIN PANNETIER : Le progrès, ce n’est pas de prendre les rendements, l’augmentation des populations et la concurrence internationale comme alibi pour s’obstiner dans des voies obsolètes et sans issues (épuisement des sols, cascade d’intrants chimiques, OGM augmentant l’usage ou la synthèse de pesticides). Le progrès c’est d’utiliser l’intelligence artificielle pour rendre l’agriculture biologique, la permaculture et l’agroécologie viables à grande échelle. C’est inéluctable.
Claude Hutin : Bravo pour cette tribune qui porte une parole, si rare dans ce journal, d’optimisme et d’humanisme. Le combat contre les marchands de peur, les ayatollahs du bio, les collapsologues et tous les écologistes dogmatiques doit absolument être gagné si nous voulons laisser à nos enfants une Terre à même de nourrir ses habitants dans les meilleures conditions.
ALAIN PANNETIER : Vous voulez rire ? Quelques signataires bien connus pour parrainage scientifique de l’AFIS (Association française pour l’information scientifique). Coïncidence ? L’AFIS est foncièrement pro-pesticides, pro-OGM, anti-Agriculture Biologique. Or l’Agriculture Biologique est clairement un progrès, elle utilise beaucoup mieux les connaissances scientifiques en biologie et microbiologie. Comble du comble, l’AFIS fut même climato-sceptique dans les années 2000. Depuis, ils ont clairement été obligés de manger leur chapeau. Là encore, l’AFIS a été du côté du déni. Aujourd’hui, le lobby agrochimique est clairement surreprésenté à l’AFIS. Et je n’ai pas regardé l’Association Francaise des Biotechnologies végétales (AFBV).
RV : article qui défend l’industrie phyto dès le premier paragraphe. Ça aurait été sympa de dire que la science du vivant et la technologie peuvent certes être utile tout en favorisant une agriculture sans intrant chimique. La nature existe depuis des milliards d’année et a connu plusieurs extinction massive mais non quelques primates orgueilleux savent mieux qu’elle comment elle devrait être. C’est à l’homme de s’adapter à la nature et pas l’inverse, l’actualité environnementale nous le rappelle.
La Suisse : Il suffit de lire la liste des signataires pour comprendre qu’il s’agit là de ceux qui ont créé ce système agricole (qui est nocif pour les hommes , producteurs ou consommateurs, et la terre) qui essaient encore de défendre leur beurre. Par exemple , La FNSEA, responsable de la situation désastreuse des agriculteurs français aujourd’hui qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts sauf les riches agriculteurs sénateurs faisant des exploitations mortifères… Miam.
Cogito : Qui parle de refuser les sciences ? L’écologie nous a apporté tout une connaissance que l’industrie a voulu étouffer sous des tonnes d’engrais, de pesticides, d’herbicides…. et aujourd’hui la mécanisation agricole veut assujettir davantage le paysan à ses « indispensables » outils….
ARMAND DANCER : anti-OGM, anti-vaccins, anti-gluten, anti-nucléaire, anti-voiture, anti-viande…, pro-homéopathie… = régression économique…
MICHEL SOURROUILLE : anti-écolo aujourd’hui = désastres socio-économiques encore plus grands demain !
Jul : Moi, j’attends le bilan carbone global et l’effet sur le sol à long terme de patates qui poussent à l’aide de tracteurs de 1300 CV, de satellites détectant le manque d’eau, de robots guides par GPS, boostées à l’aide d’intrants dont la dose a été calculés à l’aide d’une IA qui se basera sur un réseau de capteurs disséminés sur l’exploitation et pollinisées par des micro-robots volants. Et qu’on compare ça avec le bilan carbone de la patate produite par un maraîcher… j’attends avec impatience..
SARAH PY : Le savoir scientifique contre le savoir paysan. Ces paysans qui au cours des millénaires ont su apprendre de leur expérience, de leur ténacité; et qui dit expérience dit savoir de la temporalité longue aux conséquences multiples.Ceux des laboratoires qui expérimentent et qui voient la Terre dans la forme restreinte de leur science et veulent aller vite, trop vit
* LE MONDE du 1er mars 2019, « Rejeter les progrès de la science engagera nos activités agricoles dans la voie de la régression »