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Mon père, transgenre, devenu ma mère

Deux manchots (animal que Xavier Gorce utilise pour croquer l’actualité par le dessin) en pleine discussion. Le plus petit des deux demande à l’autre : « Si j’ai été abusée par le beau-frère adoptif de la compagne de mon père transgenre devenu ma mère, est-ce un inceste ? »

Pour ce texte, Xavier a été censuré par LE MONDE, voici son analyse-réponse : « En lisant posément le texte du dessin, on comprend qu’à aucun moment il ne moque les victimes d’actes incestueux ni ne fait porter une quelconque responsabilité sur les personne en translation de genre. Quel est donc l’argument du MONDE pour s’excuser de la publication de mon dessin : « Ce dessin peut être lu en des termes déplacés… Des lecteurs ont pu être choqués… ». Nous ne sommes plus sur le terrain de la juste compréhension d’un dessin, mais sur celui d’un ressenti. Ainsi un journal « de référence » se réfère, lui-même, à la subjectivité de certains de ses lecteurs les moins bien « comprenants » ou à leur sensibilité… Or l’humour dans un dessin permet de s’écarter de l’indignation première. Il ne s’agit pas de tuer l’émotion, mais de la tenir à distance pour qu’elle ne vienne pas fausser la réflexion. L’humour est une démarche de raison qui réclame de l’intelligence et un peu de culture pour être compris. L’ironie d’un dessin peut heurter ou choquer des sensibilités et des croyances. Apprendre à accepter d’être « choqué », c’est apprendre à accepter la critique de ses idées. C’est le fondement de toute société de liberté d’expression et de débat. Mais pour les activistes de la victimisation, il ne s’agit pas de débatte du fond du dessin, il s’agit de s’en servir comme d’un chiffon rouge. On joue l’indignation morale pour discréditer l’adversaire et provoquer l’adhésion du public. Le cas de mon dessin censuré s’inscrit dans une longue série préoccupante, blocage de conférences dans les universités, empêchement de présentations théâtrales, pression sur les éditeurs pour bloquer une publication. Il y a perte du langage commun au profit d’un communautarisme identitaire, tribal, essentialiste. On se définit comme un groupe victime des autres. C’est la meilleure façon, en cette épique compassionnelle, de sacraliser sa cause. La raison s’endort avec la perte de distance et le sommeil de la raison produit des monstres ! » (raison et déraison, tracts Gallimard n° 28, mai 2021)

Xavier Gorce accuse (sans jamais les nommer) les LGBT qui, organisé en groupe de pression, se drapent du statut de victime d’homophobie pour éliminer toute critique. D’un point de vue écologique, centré sur les lois de la nature et le sens des limites, notre blog biosphere décortique la question du « genre » dans des articles antérieurs :

25 octobre 2019, discuter PMA, c’est interdit par les LGBT

8 juillet 2019, Mouvement trans, négation de l’altérité

5 juillet 2019, Intersexualité, à opérer ou à conserver ?

16 décembre 2016, Le sexe/genre relève-t-il de la nature ou de la culture ?

17 septembre 2013, Le genre et le sexe, des différences aux inégalités

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PMA, des lesbiennes se disputent l’enfant

Le Comité consultatif national d’éthique valide l’ouverture, le 15 juin 2017, de la procréation médicalement assistée (PMA). C’est la première fois que cette instance, qui, jusque-là, rendait ses préconisations à l’aune des grands principes de la bioéthique, tels que l’inviolabilité et l’indisponibilité du corps humain, prend en compte en premier lieu l’évolution des familles . Ou plus particulièrement le désir d’enfant des femmes qui ne peuvent pas en avoir, si elles sont seules ou en couple lesbien. Quel est le résultat ? Des familles homoparentales qui se déchirent comme des couples ordinaires !

«  C’était ma première histoire homo, avant j’étais hétéro. Marie est très grande, elle est indépendante et libre, notre première nuit est parfaite. A partir de là, on ne se quitte plus… Notre fille court entre les fleurs mais depuis quelque temps, je trouve Marie un peu bizarre : « Ça ne va pas ? – Non, ça va pas, c’est fini entre nous », me répond-elle, sans aucune négociation. Je proteste : « Et moi ? On est un couple, on a quitté Paris, on a fait une thérapie de couple  » Je suis anéantie, elle me confirme sa décision en me racontant à quel point elle est mieux sans moi avec notre fille. Par texto, elle me dit qu’elle veut divorcer. Elle m’explique que, pour elle, il n’y a aucun problème de garde sur notre enfant, car c’est le sien. « Tu quittes la maison définitivement quand je rentre de vacances », m’ordonne-t-elle. Je vais voir une avocate, qui me conseille d’adopter notre fille, sinon je n’aurai aucun droit sur elle. Mais Marie ne veut plus que je voie notre enfant. Elle lui lave le cerveau, lui raconte que je ne suis personne, car elle n’est pas née dans mon ventre, que je ne suis qu’une baby-sitteuse. Qu’est-ce que je n’ai pas vu ?

Effectivement, la maternité, c’était son projet. Je l’ai accepté, je l’ai accompagnée pour la PMA en Espagne. Quand notre fille est née, elle a pris toute la place. On s’engueulait, car elle était trop fusionnelle avec le bébé. On était en plein dans le cliché, je me sentais comme un père qui venait fracturer leur lien. Selon elle, le couple est dédié à l’enfant. Moi, je ne pense pas ça, je pense qu’on n’est pas que des parents. Je me suis rebellée là-dessus, elle ne l’a pas supporté. »

commentaires sur lemonde.fr :

Viviane17 : C’est le problème des couples où l’un des deux, en général la mère, considère que l’enfant est à elle, et que l’autre, qu’il soit un homme ou une femme, n’est rien et n’a rien à faire dans sa vie. Cette histoire triste montre surtout que la rupture est tout aussi violente dans un couple lesbien que dans un couple « classique », et que l’enfant est dans les deux cas utilisé pour faire souffrir l’autre.

G. de Montmorency : Je cite : « Elle m’explique que, pour elle, il n’y a aucun problème de garde sur notre enfant, car c’est le sien. ». C’est le sien ??? Je lis également : « PMA en Espagne » -> Nous y sommes : la marchandisation des corps, l’enfant est devenu un objet. C’est le mien ! Non, c’est le mien !! Triste époque… Avec la PMA, et bientôt la GPA, sous un faux prétexte de modernité, d’égalité ou de je ne sais quoi, notre société s’enfonce dans de plus en plus d’individualisme et de marchandisation des corps. Quelle tristesse !

GuPi : C’est le problème fondamental de la PMA/Gpa, la propriété… a qui « appartient » l’enfant en suite. Celui qui parle de moral, de Dieu, de nature est soit un hypocrite ou un idiot. C’est un problème capitaliste de notre société de consommation. Mais un enfant ne doit pas devenir un produit de consommation…

Lecteur du ghetto : Quant à l’homosexualité, il y a une contradiction fondamentale à exiger l’enfantement… et vouloir « faire comme » les hétéros…Adopter un enfant, c’est une chose (morale et particulièrement admirable). En fabriquer en empruntant la semence d’autrui tout en niant sa parenté (et éventuellement en marchandisant tout ça), c’en est une autre (que je ne peux pas soutenir).

Mètre des phynances : tiens tiens, pour une fois ce n’est pas le mâle (d’où vient tout le mal) qui joue le rôle du méchant dans un article du « monde ». Étonnant…

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere

25 octobre 2019, discuter PMA, c’est interdit par les LGBT

10 octobre 2019, Les anti-PMA sont-ils décroissants ?

24 septembre 2019, PMA, qui voudrait vivre sans père ? (synthèse)

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à lire, quelques conseils des JNE

Nos batailles pour l’environnement – 50 procès, 50 ans de combats par Corinne Lepage et Christian Huglo >> lire
Le monde soyeux des araignées par Christine Rollard >> lire
Autobiographie d’un poulpe par Vinciane Despret >> lire
J’ai écouté les Alpes par Nicolas Crunchant. >> lire
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Guide du naturaliste Causses et Cévennes >> lire
Cueilleur d’essences par Dominique Roques >> lire
La croissance verte contre la nature par Hélène Tordjman >> lire
Manger du Faux pour du vrai – Les scandales de la fraude alimentaire par Ingrid Kragl >> lire
La vie du sol de nos jardins par Gabriel Primetens >> lire
Les animaux parlent – sachons les écouter par Nicolas Mathevon.>> lire
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Rapaces nocturnes d’Europe par Marco Mastrorilli >> lire
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Frères d’âme – Edgar Morin et Pierre Rabhi – entretien avec Denis Lafay >> lire
Et si ma fourchette pouvait sauver la planète par Marion Haas >> lire
Le cheval, c’est l’avenir par Jean-Louis Gouraud >>
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Pour avoir un point de comparaison, Charte des commentaires selon lemonde.fr

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Aux commentateurs de ce blog biosphere

Triste époque où toute argumentation s’expose à la vindicte et parfois même à l’insulte. Le contexte actuel semble obliger quiconque à choisir un camp. Sans zone grise. Noir ou blanc seulement. Je suis pour le principe de précaution. Non, je suis pour le principe d’innovation. On ne peut être de gauche si on adhère à certaines valeurs de droite… et réciproquement. On n’a pas le droit de penser autrement que Caroline De Haas et Alice Coffin sans être traité de phallocrate. On n’a pas le droit de penser qu’on a un problème d’immigration en France sans être taxé de raciste. On n’a pas le droit de penser qu‘un enfant ne peut pas se faire par un couple du même sexe sans être traité d’homophobe. Il faut désormais choisir son camp. Ah, tu ne sais pas s’il y aura un vaccin efficace ? Tu es pour que tes gosses meurent de la rougeole ! Tu crois en l’émergence d’un vaccin efficace ? Pauvre naïf, c’est Bill Gates qui tire les ficelles ! Tu crois qu’il y a un problème de surpopulation ? Ridicule, l’agrobiologie va sauver le monde… et si tu n’es pas content, tu n’as qu’à te suicider.

C’est si facile aujourd’hui de s’enfermer dans sa propre opinion, d’un simple clic on quitte la page web, on perd la capacité de la synthèse dans un monde complexe, l’ouverture d’esprit n’est plus de ce monde. Et la caricature de la fermeture d’esprit se retrouve même à la tête de nombreux Etats !

Ce texte est un préliminaire à toute dépose d’un commentaire sur ce blog biosphere. Méditez ce que  vous lisez, réfléchissez avant de  poster votre analyse, ouvrez votre esprit et celui des autres lecteurs. A vous de rester dans la thématique de l’article de départ, de compléter les points de vue, de ne pas faire de hors sujet et de respecter tous les autres intervenants sur ce blog. Nous croyons encore à la possibilité de cristalliser un moment d’intelligence collective.

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Les Cowboys fringants, un groupe enragé

Un peu de pub pour Les Cowboys fringants, un groupe de country québécois qu’une de nos correspondantes nous a signalé. Les sujets abordés sont l’environnement, la dénonciation de la surconsommation, de l’emprise des corporations, du cynisme gouvernemental ou encore de l’apathie générale à l’égard de la politique. Ces sujets plutôt sérieux sont souvent traités avec humour ou ironie. Un exemple :

– Encore un jour à se l’ver
Surtout ça t’fait réaliser
Que derrière les beaux paysages
Y’a tellement d’inégalités
Et de souffrance sur les visages

La question qu’j’me pose tout l’temps:h
Mais comment font tous ces gens
Pour croire encore en la vie
Dans cette hypocrisie?

– Moi je traîne dans ma remorque
Tous les excès d’mon époque
La surabondance surgelée
Shootée, suremballée (yeah!)
Pendant qu’les vœux pieux passent dans l’beurre
Que notre insouciance est repue
C’est dans le fond des containers
Que pourront pourrir les surplus

La question qu’j’me pose tout l’temps:
Mais que feront nos enfants
Quand il ne restera rien
Que des ruines et la faim?

– Sur l’Interstate 95
Partent en fumée tous les rêves
Un char en feu dans une bretelle
Un accident mortel (yeah!)
Et au milieu de ce bouchon
Pas de respect pour la mort
Chacun son tour joue du klaxon
Tellement pressé d’aller nulle part

La question qu’j’me pose tout l’temps:
Mais où s’en vont tous ces gens?
Y’a tellement de chars partout
Le monde est rendu fou

– Un aut’ truck stop d’autoroute
Pogné pour manger d’la ch’noute
C’est vrai que dans la soupe du jour
Y’a pu’ tellement d’amour (yeah!)
On a tué la chaleur humaine
Avec le service à la chaîne
À la télé un aut’ malade
Vient d’déclencher une fusillade

La question qu’j’me pose tout l’temps:
Mais comment font ces pauvres gens
Pour traverser tout le cours
D’une vie sans amour?

– Ouais, n’empêche que moi aussi
Quand j’roule tout seul dans la nuit
J’me d’mande des fois c’que j’fous ici
Pris dans l’arrière-pays (yeah!)
J’pense à tout ce que j’ai manqué
Et j’ai ce sentiment fucké
D’être étranger dans ma famille

La question qu’j’me pose tout le temps
Pourquoi travailler autant
Éloigner de ceux que j’aime
Tout ça pour jouer la game

Refrain : C’est si triste que des fois quand je rentre à la maison
Pis que j’parke mon vieux camion
J’vois toute l’Amérique qui pleure
Dans mon rétroviseur…

https://www.google.com/search?client=ubuntu&hs=0AK&channel=fs&q=les+cowboys+fringants+l%E2%80%99am%C3%A9rique+pleure&stick=H4sIAAAAAAAAAONgFuLUz9U3MMpLSy5U4tVP1zc0zDDNyTbONcnTEvQtLc5MdiwqySwuCckPzs9LX8SqlZNarJCcX56UX1mskFaUmZeemFdSrJDzqGFmYu7hlUWZhaWpCgU5qaVFqQAaYZblXAAAAA&sa=X&ved=2ahUKEwjayKXoy4ruAhUDAmMBHRNSAYgQri4wGHoECBIQBA&biw=1680&bih=833

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« JK Rowling nie l’identité de genre »

Cela faisait un moment que nous n’avions pas parlé des LGBT. Mais une controverse relayée par LE MONDE nous permet de mieux différencier nature et culture. Comme l’exprime le mensuel La Décroissance, « Plus l’homme s’érige en maître et en finalité de tout, plus le monde devient inhumain et idiot ».

Joanne K. Rowling : «  If sex isn’t real, there’s no same-sex attraction. If sex isn’t real, the lived reality of women globally is erased. I know and love trans people, but erasing the concept of sex removes the ability of many to meaningfully discuss their lives. It isn’t hate to speak the truth. » (Je respecte les personnes trans mais ce ne sont pas des femmes ou des hommes parce qu’elles sont et resteront naturellement (génétiquement) un mâle ou une femelle…)

Olivia Chaumont, née Olivier et militante de la cause trans : Rowling nous dit que les trans ne peuvent pas effacer leur sexe biologique et, par conséquent, se revendiquer femmes ou hommes. C’est méconnaître qu’il y a trois déterminants de l’identité d’une personne : le sexe biologique, le sexe social et le genre. Le premier se définit par les marqueurs génétiques et chromosomiques (mâles ou femelles), le deuxième par la reconnaissance sociale (homme ou femme), et le troisième par un concept culturel (masculin et féminin). L’identité de genre, où s’insère la notion de sexe social, s’oppose totalement au déterminisme ancestral qui veut que les critères « naturels » du sexe définissent le genre. Le genre ne se tient pas entre les jambes mais entre les oreilles !

Orion sur lemonde.fr : Tiens, voilà un nouveau procès en sorcellerie fait à JK Rowling ! N’en déplaise à l’auteure de cette tribune douteuse, JK Rowling privilégie à raison la biologie à l’idéologie. Forcément cela déplaît certaines personnes qui voudraient que l’inverse s’impose, le tout sur fond de victimisation permanente de cette minorité. Fatigant…

Lizandre : Olivia Chaumont passe à côté du sujet. Dans son tweet ironique, JK Rowling tournait gentiment en ridicule le remplacement de « femme » par « personne qui menstrue ». Alors c’est vrai que dire « femme » exclue l’infime % de personnes qui menstruent qui s’identifient comme « homme » ou « masculin ».

alain sager : Il y a quand même une question soulevée ici, et qui n’est pourtant pas formulée. Au fond, quelqu’un peut se sentir, au cours d’une même journée, homme ou femme, si toutefois la distinction a totalement un sens. Dans son for intérieur, par l’imagination ou le rêve, l »individu peut vagabonder au gré des appartenances. Alors, pourquoi choisir l’extériorité, au prix de transformations physiques ostentatoires ? N’est-ce pas parce qu’à notre époque, le visible prime sur l’invisible, le superficiel sur le profond, le physique sur le spirituel ? La question me paraît dépasser le simple point de vue du nécessaire libre choix individuel, et de l’indispensable tolérance à l’égard des mœurs de chacun.

RV75 : Chacun ou chacune peut se prétendre ce qu’il ou elle veut en matière de genre cela ne me dérange absolument pas. Cependant l’homme qui se veut femme ne le sera jamais, elle n’est que l’idée qu’elle se fait d’un homme.

Alexandre Faulx-Briole : Le fait que la personne (substantif féminin qui désigne un être humain sans préciser s’il s’agit d’un mâle ou d’une femelle) qui a écrit cette tribune se présente comme « militante de la cause trans » laisse planer un doute sérieux sur l’objectivité de ses propos. Pour moi, et dussé-je avoir à supporter les sarcasmes de certains, les êtres humains naissent homme ou femme (mâle ou femelle), et pas les deux à la fois ; que les progrès de la médecine et de la chirurgie permettent à certains de gommer ou de développer des organes que la nature et la naissance ne leur ont pas attribués ne change rien.

Chardon Marie : Olivia, encore une victime du virtuel. Il y a une réalité biologique qu’on appelle le sexe et une réalité psychologique qu’on appelle le genre. Point. On n’est pas une « cis » femme ou un « cis » homme. On naît homme ou femme, à part quelques personnes androgynes. Plus tard, on se construit une identité, en fonction de la société où l’on évolue. On connaît l’anatomie du clitoris seulement depuis les années 1980, on ne sait toujours pas guérir l’endométriose, on meurt toujours en couches, et il faut en plus se taper les aigreurs d’une poignée de trans en mal de célébrité ! Non, il ne suffit pas de dire « je suis une licorne et je pète des arc-en-ciel » pour devenir une licorne.

A2lbd : Il est fascinant de voir combien les avocats de cette théorie du genre deviennent rapidement d’implacables procureurs dès qu’ils sont contredits. Cela prouve combien leurs bases théoriques sont fragiles et combien le débat qu’ils apportent sur la place publique ne provient pas d’une démarche scientifique mais bel et bien d’une question de foi. Une de plus….

Albert Parsons : Personnellement je me sens l’âme et le corps d’un homme de 30 ans, mais ce n’est pas ce que dit ma carte d’identité. Cette discrimination systémique d’Etat m’est insupportable, j’exige qu’on rectifie mon âge qui ne correspond pas à mon sentiment profond. C’est mon droit. Toute assignation à une identité fixe est nulle et non avenue. Je ne reconnais que le marché comme lieu libre d’épanouissement.

le sceptique : Artificialiste, je suis ouvert à tous les jeux possibles avec « la nature », notamment les changements de sexe biologique. Mais dans l’ordre public (que je souhaite minimal), relevant forcément de la loi du nombre (voilà pourquoi il faut que ce soit minimal, le nombre est horrible!), je ne souhaite pas réécrire des codes au gré de chaque minorité qui voudrait y inscrire une reconnaissance par tous. Construisez votre vie dans les espaces privés, les réseaux privés, les affinités privées : un multivers libre. Que le domaine public soit seulement un distributeur de fric et de coups de bâton pour les primates qui agressent encore leur voisin.

Grabotte : L’insistance des hommes trans à vouloir utiliser les toilettes féminines ou concourir dans les championnats sportifs féminins revient à nier l’existence des femmes en tant que catégorie sociale (en cours d’émancipation). C’est une intrusion du masculin dans le féminin. JK Rowling dénonce cela et je suis parfaitement d’accord avec elle. Mais libre aux individus de se mutiler et se mettre les prothèses qu’ils veulent pour ressembler à l’autre sexe. Ils ne transitionnent pas vers l’autre sexe, ils s’inventent un no man’s land.

Mètre des phynances : de toutes façons, il est techniquement impossible de changer de sexe, il est déterminé à l’instant de votre conception, selon que le spermatozoïde fécondant est X ou Y. après, il est toujours possible de modifier artificiellement l’apparence physique (au prix d’opération parfois mutilantes) et les caractères sexuels SECONDAIRES (au prix d’un traitement hormonal non dénué de risques et d’effets secondaires) mais à moins de changer l’ADN de la totalité de nos cellules, un individu de sexe masculin (génétiquement s’entend) restera un individu de sexe masculin, et inversement. A-t-on le droit de rappeler des évidences scientifiques sans risquer un procès et/ou un lynchage sur les rézosocios ?

Furusato : J’ai de l’empathie pour l’humanité qui est foutrement tordue. Moi-même je suis un rien tordu, mais je ne demande pas pour autant qu’on m’élève une statue qu’on déboulonnera. Et les chouineur(se)s divers que la génétique a foutu dans l’embarras jusqu’au niveau du cerveau feraient bien de se calmer.

Mètre des phynances : et tandis que ses habitants discutaient gravement du sexe des anges, le sultan Mehmet II mettait la dernière main aux préparatifs du siège de Constantinople (en 1453)

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La bibliothèque idéale de l’écologie

Comment penser l’écologie aujourd’hui ? Quels sont les intellectuels qui comptent dans les différentes sphères de réflexion de l’environnement, du climat et de la biodiversité? L’équipe de « Soft Power » sur France Culture propose sa petite bibliothèque idéale de l’écologie. On présente 100 éco-intellectuels, et seulement une personne qui s’intéresse à la démographie, Françoise d’Eaubonne. Nous lui accordons donc la primeur, pour ensuite liste quelques personnalités à connaître.

Françoise d’Eaubonne (1920-2005). Romancière et essayiste prolifique, François d’Eaubonne était avant tout féministe. Elle a cofondé le Mouvement de libération des femmes (MLF) puis le Front homosexuel d’action révolutionnaire (Fhar). Sa prise de conscience écologiste progressive, imprégnée du rapport Meadows Limits to growth (« Limites à la croissance ») de 1972 et des idées de Serge Moscovici, la pousse à mener de front ces deux combats. Elle opère dès 1974 la synthèse entre la dénonciation de l’exploitation de la nature par l’Homme et l’exploitation de la femme par l’homme. C’est dans Le féminisme ou la mort (Éd. P. Horay) qu’apparaît pour la première fois le terme d’ « écoféminisme » qui sera ensuite repris par les militantes étasuniennes, anglaises ou indiennes dans les années 1980. Au cœur de sa théorie écoféministe se trouve la dénonciation de « l’illimitisme de la société patriarcale », qui pousse tant à l’épuisement des ressources qu’à une « surfécondation de l’espèce humaine ». C’est dans ce contexte qu’elle pose comme premier fondement de l’écoféminisme la reprise en main de la démographie par les femmes et défend le droit à la contraception, à l’avortement, aussi bien que l’abolition du salariat et de l’argent, dans une logique de décroissance économique autant que démographique.

Les scientifiques : chimistes, biologistes, géographes, géologues…

Svante August Arrhenius (1859-1927). Chimiste suédois, qui fut le premier à établir un lien, dans un article publié en 1896 (« De l’influence de l’acide carbonique dans l’air sur la température au sol »), entre concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère et augmentation de la température terrestre, soit le désormais bien connu « effet de serre ». [EM]

Rachel Carson (1907-1964). Scientifique de haut niveau, rattachée à une agence fédérale américaine, Rachel Carson fut l’une des femmes précurseures de la question écologique aux États-Unis. Avec son livre Printemps silencieux (Silent Spring, préface de Al Gore), elle a livré une analyse précoce sur le danger du DDT et des pesticides. Son influence fut déterminante, donnant naissance à un véritable mouvement social en faveur de l’environnement aux États-Unis et à la création d’agences dédiées, aujourd’hui fort menacées. [FM]

Élisée Reclus (1830-1905). Géographe, membre actif du mouvement anarchiste, il a forgé une géographie humaine totale, décrivant dans La Terre (1868) les phénomènes de la vie du globe et le rôle qu’y joue l’homme, bénéfique comme néfaste. Les dix-neuf volumes de La Nouvelle Géographie universelle : la terre et les hommes représentent son grand-œuvre, une encyclopédie d’une géographie totale. [EM]

James Lovelock (1919). Géophysicien, il a développé avec la biologiste Lynn Margulis le concept « Gaïa » dans plusieurs livres (Les Âges de Gaïa ; La Terre est un être vivant, l’hypothèse Gaïa). « Gaïa » entend décrire la particularité de la planète Terre, qu’un certain nombre d’êtres vivants ne font pas qu’habiter, en subissant la pression d’un milieu (dans une conception darwinienne), mais l’ajustent aussi en retour, la transforment pour la rendre plus propice à la vie. Selon Lovelock, la Terre n’est pas un bloc de matière, un donné pur, c’est avant tout un vaste organisme, vivant et rétroactif. « Gaïa » permet ainsi de dépasser la frontière entre sujet et objet, animé et inanimé, vivant et inerte, et de concevoir la vie comme un processus physique autorégulateur, un vaste système symbiotique. [EM]

Lynn Margulis (1938-2011). Microbiologiste américaine, elle a bouleversé la biologie contemporaine avec sa théorie de l’origine endosymbiotique des cellules eucaryotes. Elle a mis en avant la dimension évolutive des interactions symbiotiques entre des organismes d’origine phylogénétique différente. Elle est également connue pour avoir créé avec James Lovelock le concept « Gaïa ». (Voir notamment : L’Univers bactériel. Les nouveaux rapports de l’homme et de la nature, avec Dorion Sagan).

Jean Jouzel (1947). Climatologue et glaciologue, membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), il a notamment étudié les évolutions passées et futures du climat de la terre. Jean-Jouzel est une figure renommée de l’alerte scientifique quant au réchauffement climatique. (Voir : Climats passés, climats futurs).

Les écologistes

André Gorz (1923-2007). Il est l’un des penseurs qui a le plus contribué au développement de l’écologie politique en France et au-delà. Comme il le disait lui-même, c’est par la critique du modèle de consommation opulent qui caractérise les sociétés contemporaines qu’il est devenu écologiste avant la lettre. Son ouvrage pionnier sur ce thème date de 1975 et s’intitule Écologie et Politique. Mais aujourd’hui, à la différence d’une écologie purement scientifique qui vise à déterminer des limites écologiquement supportables pour le développement de l’industrialisme, Gorz privilégie une « défense de la nature » conçue avant tout comme la « défense du monde vécu », qui préserve l’autonomie des individus et du politique. Le mouvement écologiste s’est d’ailleurs construit initialement sur la défense du milieu de vie en tant que déterminant de la qualité de la vie. On peut retrouver l’ensemble du cheminement de Gorz en lisant son recueil posthume Ecologica paru en 2008. [CF]

René Dumont (1904-2001). Ingénieur agronome, il est le premier candidat écologiste à se présenter à l’élection présidentielle de 1974. Dans son autobiographie intitulée Agronome de la faim (1974), il évoque sa prise de conscience des enjeux écologiques, remettant en cause une conception de l’agronomie tournée vers le rendement et la maîtrise de la nature. Son combat pacifiste et anticolonialiste contre les inégalités dans le monde, couplé à son souci de transformer les méthodes agricoles, le mènent à défendre un « éco-socialisme », appelant à une civilisation « de l’arbre et du jardin », dans laquelle la paysannerie jouerait un rôle fondamental. (Ecouter le podcast). [EM]

Patrick Viveret (1948). De l’autogestion (PSU, Seconde gauche) aux mouvements écologiques français actuels, le parcours de Patrick Viveret résume bien la prise de conscience écologique de sa famille politique, à savoir la gauche démocratique. Précocement, il s’est intéressé à l’écologie (à partir des travaux d’Ivan Illich, Edgar Morin ou André Gorz, ou dans une optique altermondialiste), et a permis le renouvèlement de la pensée de gauche sur cette thématique. Ses thèmes de travail sont nombreux (Rapport « Reconsidérer la Richesse » sous le gouvernement Jospin, fondateur du Mouvement Sol des monnaies citoyennes, textes sur la refonte du PIB, délibération, démocratie et environnement…) : ils font de Patrick Viveret l’un des penseurs majeurs de la mouvance écologiste française. (Voir : Reconsidérer la richesse, Attention Illich, Une alternative de société: l’écosociétalisme ; voir aussi Pour une nouvelle culture politique

[avec Pierre Rosanvallon]

ainsi que son dernier livre : LaCause humaine, Du bon usage de la fin d’unmonde). [FM]

David Abram (1996). Notamment auteur de Comment la terre s’est tue. Pour une écologie des sens (2013), Abram a voulu appréhender la question écologique à partir d’une réflexion sur nos sensibilités et leur configuration culturelle. La crise environnementale à laquelle notre civilisation est confrontée prendrait racine dans notre incapacité à prêter attention aux univers terrestres que nous habitons. Ailleurs dans le monde, d’autres communautés humaines (minoritaires, certes) nous montrent les possibilités oubliées d’une écoute et d’un dialogue avec la Terre. [JR]

Aldo Leopold (1887-1948). Écologue, forestier, professeur, il participe activement à la défense du premier espace naturel officialisé aux États-Unis. Il critique le principe de propriété des terres qui est selon lui incompatible avec une coexistence harmonieuse avec la nature. Il est l’auteur de l’Almanach d’un comté des sables, ouvrage à succès qui permît une prise de conscience au grand public de la nécessité de protéger l’environnement. Il fait partie du courant dit préservationniste de l’environnement, qui affirme le besoin de préserver non seulement une nature domestiquée, mais encore une part de sauvage. Son éthique de l’environnement repose sur le principe suivant : « une chose est juste lorsqu’elle tend à préserver l’intégrité, la stabilité et la beauté de la communauté biotique » (chapitre « Éthique de l’environnement »). Il fonde ainsi une véritable land ethic, une éthique de la terre. [NMM]

Premiers philosophes ayant pensé l’écologie au XXème siècle

Hans Jonas (1903-1993). Dans Le Principe de responsabilité (1979), il tente de construire une « éthique pour la civilisation technologique », repensant les catégories morales du bien, du devoir, de l’engagement, à partir d’un « principe de responsabilité » qui lie les générations présentes à celles futures, rendues vulnérables par une science aux pouvoirs désormais illimités. Cette « éthique de l’incertitude » nourrit le concept de « principe de précaution ». Ainsi, il donne une légitimité philosophique à l’exploration hypothétique du futur, au sens où il ancre sa réflexion sur la prévision de l’avenir, et non sur l’analyse du passé, comme la plupart des philosophes marxistes ou libéraux. Le souci des autres au nom du lendemain. (Voir aussi : Eva Sas, Philosophie de l’écologie politique et ce podcast). [EM]

Günther Anders (1902-1992). Philosophe allemand (notamment l’un des penseurs de la bombe nucléaire), sa critique de la technologie s’axe autour de l’hypothèse que l’humanité serait entrée, après 1945 et les bombardements atomiques au Japon, dans une nouvelle ère. Un « temps de la fin » où elle est chaque jour en mesure d’entraîner sa propre disparition par des moyens technologiques qui la dépasse, dans l’attente interminable d’une « apocalypse sans royaume », une destruction sans salut… (Voir notamment : La Menace nucléaire : Considérations radicales sur l’âge atomique). [EM]

Felix Guattari (1930-1992). Si l’on se souvient de Félix Guattari d’abord pour sa collaboration avec Gilles Deleuze, il faut rappeler ses textes tardifs, portant sur la crise écologique, où il développait l’idée d’un paradigme écologique élargi et complexe. Pour lui, on ne peut pas penser l’écologie sans faire une place à la soutenabilité et le soin des milieux sociaux et mentaux : l’écologie se doit donc d’être au moins triple. Voir surtout Les Trois écologies (paru en 1989) et son plaidoyer pour des réflexions et des pratiques « écosophiques ». [JR]

Jürgen Habermas (1929). Le philosophe allemand, héritier de l’École de Francfort, est aujourd’hui déterminant dans la réflexion écologique car il réfléchit à son articulation avec la démocratie. Quand de nombreux penseurs « verts » échafaudent des scénarios inspirés par une pensée libertaire, sans État ni politique, difficiles à mettre en œuvre dans un cadre démocratique, Habermas se propose notamment de refonder la démocratie à l’âge écologique. Autour de ses travaux sur la « démocratie participative » (ou délibérative) et le principe de publicité des débats (éthique de la discussion), ce marxiste sincère qui – comme Claude Lefort et Cornelius Castoriadis avec « Socialisme ou Barbarie » –, fut abasourdi par le totalitarisme soviétique, tente de réconcilier écologie et démocratie. Ce faisant, Habermas combat les risques autoritaires des pensées écologiques et refonde l’ « écologie politique » sur des bases pluralistes en dépit de sa fragmentation idéologique. Loin du courant de l’ « écologie autoritaire », ou même de l’ « écologie profonde », sa pensée contribue à bâtir une « écologie démocratique ». (Voir notamment La technique et la science comme idéologie, Après Marx, Le discours philosophique de la modernité, De l’éthique de la discussion, L’avenir de la nature humaine). [FM]

Ulrich Beck (1944-2015). Le sociologue allemand s’est durablement intéressé aux problèmes écologiques, aux conséquences de la modernisation et à la question du risque. Dans son livre majeur, La Société du risque (1986) il remet en cause notre évaluation (ou notre hiérarchisation) du risque qui peut contribuer à privilégier des solutions immédiates sur des solutions durables. Ce faisant, il réfléchit à une meilleure répartition des risques à l’âge de la globalisation et de la « seconde modernité ». [FM]

Jacques Derrida (1930-2004). Dans L’animal que donc je suis (2002), Jacques Derrida observe l’oubli de l’animal dans la philosophie moderne occidentale « logocentrée » : il est réduit à une pure altérité, un simple mot, un « animot », désignant ce que l’humain n’est pas et ne veut pas être, justifiant par répercussion son exploitation. Pourtant, la frontière serait plus poreuse qu’il n’y paraît, notamment sur la question du langage, reliant possiblement tous les êtres vivants entre eux. [EM]

Arne Næss (1912-2009). La pensée du philosophe norvégien a accompagné la mobilisation écologique émergeante vers une radicalisation du paradigme environnemental, de ses amorces « superficielles » vers ses implications « profondes ». Si l’écologie de surface se préoccupe exclusivement du traitement de tels déchets ou de tel approvisionnement énergétique, la « deep ecology » (ou « écologie profonde ») nous pousse à déplacer le regard humain à une échelle plus vaste, au niveau de l’importance intrinsèque de chaque manifestation du vivant avec laquelle nous sommes toujours déjà en relation. Il faut que le discours analytique autour des milieux (éco-logie) soit incarné par la sagesse pratique de formes de vie respectueuses et soutenables (éco-sophie). À travers la notion de flourishing (« épanouissement »), il insiste sur le changement de regard porté sur la nature : une relation harmonieuse comme source de valeur. (Voir notamment : Une écosophie pour la vie et Écologie, communauté et style de vie). [JR, NMM]

Jacques Ellul (1912-1994). Critique radical de l’idéologie techniciste, qui asservit l’homme et détruit la nature, il a prôné, avec Bernard Charbonneau, une écologie qui déconstruit le mythe du progrès et de la technique, replaçant l’homme dans son environnement naturel. (Voir Nous sommes des révolutionnaires malgré nous). [EM]

Ivan Illich (1926-2002). Prêtre autrichien-américain spécialiste de l’éducation (concept de la « société apprenante), Illich a publié de nombreux ouvrages notamment sur l’énergie, l’eau, l’automobile et a contribuer à imaginer la ville écologique future (sans voiture). Anarchiste, penseur de l’écologie radicale, et critique de la société industrielle (illusoire et aliénante), il a également contribué à la réappropriation chrétienne de l’écologie. Avec le concept de « contre-productivité », il a pointé du doigt les dévoiements d’un productivisme retourné comme un gant par ses propres excès. Contre la vitesse, le développement exponentiel des activités humaines, le culte de la croissance, il dessine une piste : une société « conviviale », c’est-à-dire « une telle société dans laquelle les technologies modernes servent des individus politiquement interdépendants, et non des gestionnaires » (Voir : La Convivialité ; et Thierry Paquot, Introduction à Ivan Illich). [EM]

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Au fil de l’actualité écolo

Mobilité, mourir pour un ticket de métro : Sept personnes sont mortes ce week-end au Chili lors de manifestations contre la hausse du prix du ticket de métro. Cette explosion de colère sociale est avant tout liée à l’extrême privatisation de la vie quotidienne : la santé, l’éducation, les retraites, l’eau…Le prix du ticket de métro à Santiago, (environ 1,04 euro) aux heures de pointe, serait devenu impayable pour de nombreux usagers. Les chars parcourant les rues de la capitale, ravivant le traumatisme de la dictature militaire d’Augusto Pinochet (1973-1990).

Les virus feront-ils office de régulateurdémographique? : L’épidémie d’Ebola en cours en République démocratique du Congo (RDC) reste une « urgence » sanitaire mondiale, a déclaré l’Organisation mondiale de la santé (OMS). C’est une mesure exceptionnelle, décrétée précédemment que quatre fois par l’OMS : en 2009 pour la grippe H1N1, en 2014 pour la poliomyélite, en 2014 pour l’épidémie d’Ebola et en 2016 pour le virus Zika. Déclarée le 1er août 2018 à Mangina, l’épidémie d’Ebola en cours en RDC a fait déjà plus de 2 150 morts.

Les bactéries attaquent les plantes : La bactérie Xylella fastidiosa ravage 200 espèces et tout particulièrement les oliviers, pour laquelle il n’existe aucun traitement curatif. Les végétaux contaminéssont arrachés dans un rayon de dix mètres, ainsi que le prévoit la réglementation européenne, et une « surveillance renforcée » est instaurée, avec des visites mensuelles sur le site contaminé et des prélèvements de végétaux. Une surveillance est aussi mise en place dans un rayon plus large de cinq kilomètres, appelé « zone tampon ».

Les écologistes au pouvoir ? En Suisse, les formations écologistes Verts (gauche) et Vert’libéraux (droite) arrivent aux portes du pouvoir lors des élections fédérales. Dans ce pays alpin durement touché par le dérèglement climatique, la jeunesse s’était activement mobilisée lors des manifestations à l’appel de la militante suédoise Greta Thunberg. Cette inquiétude semble s’être transposée dans les urnes. Les Verts obtiennent 13 % des voix (+ 6 points) et les Vert’libéraux 7,9 % (+ 3,3 points).

« Make notre ministère great again » : La colère monte en France dans les dix parcs nationaux face à la baisse continue des moyens humains. Après plusieurs années de coupes claires, 4 961 postes doivent encore être supprimés d’ici à 2022, soit 5 % de ses effectifs. Et ce malgré une hausse de son budget de plus de 830 millions d’euros. L’obsession de Bercy de laminer la variable humaine dans tous les services casse lexpertise de l’État en matière d’environnement ».

Dissuasion nucléaire, toujours condamnée, toujours présente : « La seule véritable façon d’éliminer la menace des armes nucléaires est d’éliminer les armes nucléaires elles-mêmes », a averti le secrétaire général de l’ONU, M. Guterres, lors de la «Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires ».

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La fausse disparition des sacs en plastique

Pourquoi trouve-t-on encore des sacs en plastique dans les commerces ?

Plusieurs mesures de restrictions ont été prises par l’Etat afin de limiter la commercialisation de sacs à usage unique en plastique. Depuis le 1er juillet 2016, seuls des sacs plastique réutilisables, d’une épaisseur de plus de 50 microns, ou composés d’autres matières que le plastique (papier, tissu…) peuvent être distribués en caisse. Et depuis le 1er janvier 2017, cette interdiction s’applique aussi aux autres sacs mis à disposition dans les lieux de vente (rayons fruits et légumes, fromagerie, boucherie…). Pour ces derniers, seuls restent autorisés les sacs en plastiques compostables en compostage domestique et biosourcés, avec une teneur minimale en matière végétale qui augmente dans le temps[1], le reste provenant toujours de dérivés du pétrole. En définitive, les sacs en plastique sont donc toujours présents et aucune étude ne montre que leur distribution aurait été significativement réduite depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation.

Le développement des sacs en bioplastiques, une tendance problématique

Selon les estimations des industriels, les bioplastiques[2] pourraient connaître une croissance de 50% au cours des 5 prochaines années. Cette tendance n’est pas sans soulever des interrogations d’un point de vue environnemental. Au niveau de la production, les plastiques biosourcés nécessitent des matières végétales dont les modes de culture sont parfois très impactants (utilisation d’engrais, de pesticides…) et qui concurrencent la production d’aliments. Par ailleurs, tous les sacs biosourcés ne sont pas nécessairement biodégradables et compostables, ce qui aboutit à des messages inintelligibles pour les consommateurs qui sont complètement perdus dans les terminologies. Enfin, la plupart des déchets d’emballages en bioplastiques ne sont pas valorisés dans des filières de recyclage, ce qui limite encore davantage leur intérêt. « Il semble peu probable que le recours croissant aux bioplastiques ait permis de réduire la quantité de sacs à usage unique distribués sur les lieux de vente. On ne fait finalement que déplacer le problème en remplaçant un sac par un autre, sans que la réduction des impacts écologiques de leur fabrication et de leur fin de vie ne soit garantie. Une grande partie des bioplastiques compostables n’est pas effectivement compostée à l’heure actuelle, faute d’une conception adaptée et de systèmes de collecte séparée effectifs. Les débouchés pour les bioplastiques qui ont réussi à être valorisés restent quant à eux très limités. Cela reste problématique alors que des interdictions similaires entreront bientôt en vigueur pour d’autres articles jetables comme la vaisselle[3] », précise Nathalie Villermet, responsable du réseau prévention et gestion des déchets de FNE.

[1] La teneur minimale exigée en matière végétale est de 30% en 2017, 40% en 2018, 50% en 2020 et 60% en 2025. Source : Décret n°2016-379 du 30 mars 2016 relatif aux modalités de mise en œuvre de la limitation des sacs en matières plastiques à usage unique

[2] Les bioplastiques désignent des plastiques biosourcés, issus de ressources d’origine végétale et/ou des plastiques biodégradables, pouvant se décomposer par un processus biologique. Certains bioplastiques sont à la fois biosourcés et biodégradables mais tous les bioplastiques ne sont pas forcément biodégradables.

[3] À partir de 2020, la mise à disposition de gobelets, verres et assiettes jetables de cuisine pour la table en matières plastiques sera limitée. Seuls les articles compostables en compostage domestique et constitués, pour tout ou partie, de matières biosourcées pourront continuer à être distribués à titre onéreux ou gratuit. La teneur minimale biosourcée exigée est de 50% en 2020 et de 60% en 2025. Source : Décret n°2016-1170 du 30 août 2016 relatif aux modalités de mise en œuvre de la limitation des gobelets, verres et assiettes jetables en matière plastique

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Que faire pour limiter les flux d’immigration/émigration

Aujourd’hui on assiste à une immigration massive de population érythréenne. Ce petit pays a vu sa population pratiquement doubler en 20 ans, le climat aride ne permet pas de garder une forte densité en milieu rural  et les villes n’offrent pas de perspectives de vie décente, le tout sous le régime despotique de Issaias Afeworke. Ceci entraîne une émigration massive de 4 à 5 000 personnes par mois. Toutes ces candidats à l’ émigration méritent le statut de réfugié politique vu les conditions effroyables imposées par le régime en place. Si l’Europe décide de les accueillir, c’est l’équivalent d’une petite ville de 5000 habitants qu’il faut construire par mois. Ce n’est sans doute pas insurmontable mais les Erythréens ne sont pas les seuls candidats.

Que faire pour limiter ce flux ? Agir en Erythrée, mais comment ?

C’est très certainement tout un faisceau de propositions qu’il faut mettre en avant. Il conviendrait d’instaurer un autre régime politique, mais comment sans être taxé de néo-colonialiste ? Plus de  40 % de la population a moins de  15 ans, il faudrait agir sur la démographie, mais comment sans être taxé de néo-malthusien ? Favoriser le développement local en soutenant les agricultures vivrières et la souveraineté alimentaire est très certainement un objectif, mais comment aider à sa mise en oeuvre, comment inciter la jeunesse de ce pays à s’investir dans la production locale et  à ne pas succomber au mirage de la société de consommation de type occidental ?

Ce qui me semble clair est qu’il faut sortir de l’optimisme béat  appelant à  abolir les frontières et mettant en place la libre circulation et installation des hommes à l’échelle mondiale. Le discours des écologistes est cohérent quand il prône la démondialisation des marchandises, la nécessité de protéger les marchés locaux, de favoriser les circuits courts. L’homme n’est certes pas une marchandise, mais les flux de population servent un marché de l’emploi qui met en concurrence tous les habitants de la planète. Sur ce marché de l’emploi, comme sur les autres il est nécessaire de mettre en place des régulations car il faut chercher des solutions de fond plutôt que traiter uniquement les symptômes.

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12 propositions pour les décideurs politiques en 2015

Le dernier opuscule de Nicolas Hulot liste 12 propositions essentielles pour les décideurs politiques :

Réguler enfin la finance ;

Mettre l’économie au service des humains ;

Mettre fin aux abus des multinationales ;

Produire et consommer dans un cercle vertueux ;

Démazouter les investissements ;

Intégrer la pollution au prix de vente ;

Garder la couleur bleue à la terre ;

Préserver les sols, supports de la vie ;

Nourrir sans détruire ;

Renforcer la justice sociale pour combattre le dérèglement climatique ;

Réinventer la démocratie ;

Donner une gouvernance mondiale à l’environnement.

Nicolas Hulot (Osons, plaidoyer d’un homme libre)

(éditions Les liens qui libèrent, octobre 2015)

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L’écologisation, un sujet central pour chacun de nous

Il y a plus de quarante ans avec René Dumont, il fallait écologiser les politiques et politiser les écologistes. Le résultat n’est pas bien convainquant. Aujourd’hui le thème de l’écologisation pour tous est à l’honneur avec Hubert Védrine :

« Nous n’avons pas réussi vraiment à créer une communauté internationale sur la base des valeurs occidentales universelles, malgré des texte magnifiques comme la charte des Nations unies (…) Est-ce que le seul vrai lien entre tous les habitants ne serait pas aujourd’hui le maintien de l’habitabilité de la planète ? »

En fait devrait succéder aux « droits » de l’homme la conception de nos « devoirs » envers la planète. C’est déjà inscrit depuis 2005 dans la Constitution française avec la Charte de l’environnement : « Aux côtés des droits de l’homme de 1789 et des droits sociaux de 1946, et au même niveau, nous allons reconnaître les principes fondamentaux d’une écologie soucieuse du devenir de l’homme ».

« Le peuple français, Considérant que les ressources et les équilibres naturels ont conditionné l’émergence de l’humanité ; que l’avenir et l’existence même de l’humanité sont indissociables de son milieu naturel ; que l’environnement est le patrimoine commun des êtres humains ; que l’homme exerce une influence croissante sur les conditions de la vie et sur sa propre évolution ; que la diversité biologique, l’épanouissement de la personne et le progrès des sociétés humaines sont affectés par certains modes de consommation ou de production et par l’exploitation excessive des ressources naturelles ; que la préservation de l’environnement doit être recherchée au même titre que les autres intérêts fondamentaux de la Nation ; qu’afin d’assurer un développement durable, les choix destinés à répondre aux besoins du présent ne doivent pas compromettre la capacité des générations futures et des autres peuples à satisfaire leurs propres besoins ; Proclame (lire la suite)

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Nicolas Hulot, c’est l’antithèse d’Emmanuel Macron

On a reproché à Nicolas Hulot, beaucoup de choses, d’avoir conseillé à Jacques Chirac de constitutionnaliser la Charte de l’environnement, d’avoir poussé Nicolas Sarkozy à engager le Grenelle de l’environnent, d’avoir été pendant trois ans l’envoyé spécial de François Hollande pour la planète, d’avoir piloté des émissions grand public tournées vers l’amour de la nature et de ses sociétés premières, d’avoir tenté de sensibiliser de grandes entreprises à agir pour l’écologie, d’avoir affirmé que l’écologie n’était ni à droite ni à gauche, mais bien au-delà, d’avoir rencontré Bayrou, le pape François… ou Macron. Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage !

Les propos de Nicolas Hulot à propos de Macron : « Bien sûr qu’on a commencé à dialoguer. On a même commencé avant qu’Emmanuel Macron déclare son mouvement. Je n’étais pas au courant à ce moment-là »… « Il ne m’a pas échappé qu’il y a des convergences. Nous sentons qu’il faut écouter la société civile, que le clivage gauche-droite ne doit pas être une condition au dialogue mais il faut aller au-delà » … mais « J’ai besoin de connaître sa conception du libéralisme. Qu’y a-t-il derrière ce mot ? Au moment où nous avons besoin de régulation et de réglementation pour éviter les excès du capitalisme, qui creusent les inégalités, qui détruisent les ressources naturelles. » A propos d’un éventuel « ticket avec Emmanuel Macron », le démenti est sur Twitter,«Pas de ticket avec @EmmanuelMacron envisagé».

Tous les écologistes qui participent à des rumeurs non fondées sur Nicolas Hulot se tirent un balle dans le pied. Pour en terminer avec Emmanuel Macron, son projet politique est l’exact antithèse de celui de l’écologie : il est fondé sur le primat de la croissance sur toute autre considération et Hulot ne sera jamais en phase avec un tel programme :
– soutien aux déplacements en car plutôt qu’en train ;
– assouplissement des règles concernant l’implantation des grands panneaux publicitaires ;
– soutien à l’écoulement des boues rouges en Méditerranée ;
– soutien aux hypermarchés et aux projets du genre EuropaCity ;
– soutien à l’assouplissement des normes d’émission du diesel à Bruxelles.

Nicolas Hulot a une perception de l’avenir bien plus pertinente qu’un parti «en marche» bâti sur du sable (libéral). Interrogé* sur les ambitions politiques qu’on lui prête, il précise : « La seule chose que je peux dire c’est que tout seul, je serai incapable de faire grand-chose mais si lui (le chanteur Renaud), moi, et des tas d’autres, on arrive à se rassembler sur une vision (…) et bien regardons, parlons-nous. » Et de conclure : « Il n’y aura pas un homme, une femme, un ticket providentiel. Il peut y avoir une agrégation de mouvements, d’initiatives pour peu que sur des valeurs et sur des outils indispensables, on se mette d’accord. »
* http://lci.tf1.fr/politique/exclu-lci-homme-providentiel-hulot-repond-a-renaud-8732079.html#t=4

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Nicolas Hulot, un présidentiable écolo crédible en 2017

Sondage exclusif We Demain / Harris Interactive (1)

En cas de candidature, Nicolas Hulot recueillerait entre 9 et 11 % des intentions de vote. Les Français le jugent plus apte à « bien diriger la France » que François Hollande et Nicolas Sarkozy. Concernant son image, 79 % des Français jugent Nicolas Hulot sympathique, 73 % qu’il a de bonnes solutions pour l’écologie, 70 % qu’il est courageux, 67 % dynamique, 54 % qu’il a de bonnes idées pour la France et 53 % qu’il est crédible et capable de tenir ses engagements.  27 % des Français souhaitent le voir se présenter à l’élection présidentielle de 2017.

Nicolas Hulot est jugé davantage apte à bien diriger la France que les deux derniers présidents de la République : 31 % pour Nicolas Hulot, contre 27 % pour Nicolas Sarkozy et 14 % pour François Hollande.

Harris Interactive a testé deux hypothèses pour un premier tour :

Première hypothèse, Nicolas Sarkozy et François Bayrou candidats : 

Marine Le Pen obtiendrait 27 %, Nicolas Sarkozy 19 %, François Hollande 14, François Bayrou 12 %, Jean-Luc Mélenchon 10 %, Nicolas Hulot 9 %… etc. Cécile Duflot n’obtiendrait que 1%.

Seconde hypothèse, Alain Juppé est le candidat des Républicains : 

Marine Le Pen 29 %, Alain Juppé 26 %, François Hollande 13 %, Nicolas Hulot 11 %, Jean-Luc Mélenchon 11 %. Dans cette hypothèse, Nicolas Hulot n’est qu’à deux points de François Hollande. Et Cécile Duflot est à 2 % des intentions de vote.

(1) Enquête réalisée en ligne du 11 au 13 avril 2016. Échantillon de 1 535 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e), ainsi que le comportement électoral aux élections précédentes pour les intentions de vote.

http://www.wedemain.fr/Sondage-exclusif-We-Demain-Harris-Interactive-Hulot-bouscule-les-lignes-de-la-presidentielle-2017_a1772.html

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Trangenèse, cisgenèse ou mutagenèse, l’art de s’y perdre

Comment s’y retrouver en matière d’OGM ? Il y avait la transgenèse, ajout d’un gène étranger dans la plante. Il y maintenant la cisgenèse, qui consiste à intégrer un gène d’une espèce apparentée à la plante et la mutagenèse, mutation artificiellement dopée de façon épigénétique ou par le Crispr. Déjà on peut subodorer que les scientifiques affiliés aux industriels pour produire des chimères vont toujours avoir raison, c’est si compliqué que le pékin moyen en perd son latin.

A l’heure où la France va prendre position sur la réglementation des nouvelles techniques d’ingénierie génétique, le débat semble déjà bouclé. Sept associations de la société civile claquent la porte du Haut conseil des biotechnologies (HCB). Dans un communiqué de presse du 13 avril, FNE estime le débat sociétal et scientifique impossible au sein du HCB, aux mains des lobbyistes de l’agrochimie : « Nous ne ferons pas partie de cette mascarade, qui veut nous faire croire que ces nouvelles techniques de modifications génétiques ne sont que de simples mécanismes naturels de mutation… Le HCB, avec la complicité du gouvernement français, méprise tout avis contradictoire aux intérêts de l’industrie des OGM…Le HCB s’acharne à dissimuler toutes les données scientifiques qui remettent en cause les nouvelles techniques de modification génétique »

Un article du Monde détaille la controverse : « De nouvelles techniques (dites « new plant breeding techniques », ou NPBT) permettent de modifier le génome d’une plante sans recourir à l’introduction d’un gène extérieur. Si on échappe par ce biais au statut juridique des OGM, ces « nouveaux OGM » échapperaient aux procédures d’évaluation des risques, d’autorisation, d’étiquetage, de suivi… Pour l’heure, Bruxelles n’a pas encore pris de décision, mais celle-ci ne saurait trop tarder. Elle sera fondée sur la position des Etats membres. Et celle de la France s’appuiera sur l’avis du HCB… dont le texte semble de piètre qualité scientifique. »*

Deux commentateurs sur le monde.fr prennent parti… pour des scientifiques qui ne voient que l’aspect « progrès technique » et en oublient les considérations sociales et éthiques de toute nouvelle technologie : « Ce Haut Conseil des Biotechnologies ne devrait être composé que de scientifiques qui donne un avis scientifique. Y intégrer de la politique via des ONG et organisations paysannes c’est polluer la science… Je suis d’accord, demander l’avis du pékin lambda ça revient bien souvent a demander l’avis d’un idiot qui n’y connaît rien. on a bien assez de biologistes capable de déterminer ce qui peut être dangereux ou pas dans nos universités. »

* LE MONDE du 13 avril 2016, Batailles et polémiques autour des nouveaux OGM

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L’Europe sera africaine si les tendances se poursuivent

Ces dernières années, la Nations unies ont sans cesse revu à la hausse leur projection moyenne pour la population mondiale en 2100, l’estimation étant passée de 9,1 milliards à 11,2 milliards. La quasi-totalité de l’accroissement non prévu vient de l’Afrique. A l’échelle mondiale, une femme donne aujourd’hui naissance à 2,5 enfants  en moyenne, soit moitié moins qu’au début des années 1950. Mais en Afrique, les femmes donnent naissance en moyenne à 4,7 enfants chacune.

Projection basse pour l’Afrique en 2100 : 3,0 milliards
Projection moyenne : 4,4 milliards (22 fois la population de 1950 !)
Projection haute : 6,1 milliards
Projection à fécondité constante :  16 milliards !

Ces chiffres doivent être analysé en ayant à l’esprit qu’il y avait environ 200 millions d’Africains en 1950 et 1,2 milliards en 2015. La taille des plus grandes villes du continent explosera en 2050. Lagos passera de 11 millions d’habitants en 2010 à 40 millions, Kinshasa de 8,4 millions à 31 millions. Si l’on se fonde sur les projections d actuelles, il y aura au milieu du siècle des centaines de bidonvilles regroupant chacun des centaines de milliers de personnes. Une compétition accrue pour la nourriture et les emplois risque d’engendrer des conflits dans toute la région. Déjà 37 % des jeunes adultes en Afrique subsaharienne déclarent vouloir émigrer vers un autre pays. Certains  pays africains ont cependant réduit leur taux de fécondité.

En Tunisie Habib Bourguiba commença en 1957 à bouleverser le statut juridique des femmes en garantissant des droits civiques complets, dont le droit de vote et celui de ne pas porter le voile. L’école est devenue publique et gratuite pour les filles comme pour les garçons. Bourguiba a banni la polygamie, augmenté l’âge minimum du mariage  et accordé aux femmes le droit de divorcer. Il a légalisé la contraception, puis a subventionné les avortements pour les femmes ayant de nombreux enfants. Au milieu des années 1960, des dispensaires mobiles de planning familial distribuaient des contraceptifs oraux dans tout le pays. Le taux de fécondité en Tunisie est tombé de 7 enfant par femme à 2 au milieu des années 2000 (bien qu’il ait légèrement augmenté depuis).

Pour en savoir plus, lire l’article de Robert Engelman (ancien président de l’Institut Worldwatch) dans le numéro d’avril 2016 de la revue « Pour la Science » : titre : 6 milliards d’Africains ?

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en 2100, la planète habitable sera beaucoup plus petite

L’élévation moyenne du niveau de l’océan atteindra au moins 2 mètres d’ici à la fin du siècle. En effet, il est déjà clair après l’échec de la COP21 qu’il n’y aura pas infléchissement volontaire de nos émissions de gaz à effet de serre. Il apparaît aussi évident que les experts du réchauffement climatique (le GIEC) ont jusqu’à présent minimisé les risques. En effet ces scientifiques sous-estiment  systématiquement leur diagnostic en écartant ce qui est imparfaitement connu. En 2007, dans son quatrième rapport, le GIEC n’avait pas tenu compte des pertes de glaces du Groenland : le pire attendu pour 2100 était estimé autour de 60 centimètres de hausse du niveau marin. En 2013, une fois le Groenland intégré aux calculs, le diagnostic s’était aggravé de près d’un facteur deux, à environ un mètre. Mais les modèles climatiques actuels ne tiennent pas compte d’un possible relargage dans l’atmosphère du carbone prisonnier des sols gelés de l’Arctique. Il est pourtant très probable que le réchauffement à venir, en décongelant le pergélisol, conduise à une aggravation considérable de la situation. Or la quantité de carbone dormant dans les sols gelés de l’Arctique est généralement estimée à environ 1 700 milliards de tonnes, c’est-à-dire plus de deux fois l’ensemble du carbone présent dans l’atmosphère. De plus il n’est pas possible de savoir à quel moment se concrétisera la fonte de la calotte glaciaire de l’Antarctique, ni quelle sera son ampleur*.

Donc une prévision de 60 centimètres d’augmentation du niveau moyen de la mer, puis 1 mètre, aujourd’hui une estimation à deux mètres, demain sans doute beaucoup plus. Nous attendons un Jaurès de l’écologie qui aura le cran d’expliquer aux électeurs que les scientifiques nous trompent par excès de prudence. Voici deux commentaires sur lemonde.fr dignes d’être lus pour qu’il en soit autrement.

Lucine : «Le problème est sans doute bien plus grave. Tout notre système social repose sur la croyance dans le Progrès. Si même des scientifiques respectés disent que notre civilisation industrielle nous conduit à la pire catastrophe qui s’est jamais produite dans l’histoire humaine, les populations ne peuvent tout simplement pas y croire, parce que cela contredit leur croyance dans le Progrès. On ne change pas de religion du jour au lendemain, même au bord du gouffre

Michel Brunet : «Nous aurions affaire à une glaciation que l’impact serait beaucoup plus sensible que le réchauffement climatique sur les populations de l’hémisphère Nord. Tout le monde et les médias en tête louent les mois d’hiver doux comme maintenant. On s’inquiète du réchauffement qu’aux mois de juillet-août et en cas de surchauffe supérieur à 35 ° et encore

* données scientifiques fournies par Stéphane Foucart
(LE MONDE du 12 avril 2016, Climat : un grand malentendu)

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Faire disparaître les riches, l’innovation… et la publicité

Diminuer comme il le faudrait nos émissions de gaz à effet de serre paraît improbable car incompatible avec des échanges économiques basés sur la concurrence et la compétition. Ou avec des consommations des classes moyennes et supérieures boostées par le matraquage publicitaire et inspirées par le mode de vie des super-riches. Voici ce qu’en dit dans son dernier livre Sylvestre Huet :

1. Si vous voulez faire disparaître l’aspiration à la consommation d’espace et d’énergie tirée par la volonté d’imiter les riches et les super-riches, il faut bien faire «disparaître» ces derniers (non en tant qu’individus… mais en tant que propriétaires de fortunes et de revenus trop élevés). La révolution sociale que désigne un tel objectif n’est vraiment pas compatible avec les idéologies et les politiques économiques conduites de Washington à Pékin, en passant par Moscou, Paris, la banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce. Une société inégalitaire, qui permet aux castes dominantes de consommer sans limites énergie et matières premières, peut-elle promouvoir la sobriété… de tous les autres ? Cela semble stupide, et c’est pourtant le credo de tous les responsables politiques qui prétendent que l’on peut parvenir aux objectifs climatiques sans réforme sociale.

2. La course à l’innovation est présentée par la plupart des élites comme l’alpha et l’oméga de toute politique économique. Il faut donc booster cette innovation sans s’interroger sur son contenu ou sur ses conséquences. Nicolas Sarkozy a ainsi réformé le crédit impôt recherche (CIR) pour le transformer en une méga niche fiscale pour les entreprises. François Hollande a poursuivi la même politique. Le CIR repose pourtant sur une vision purement idéologique : toute innovation décidée par une entreprise est considérée par principe comme étant si bonne pour la société qu’il faut la récompenser par une diminution d’impôt.  C’est ainsi que des banques ont pu en bénéficier au motif qu’elles ont développé des algorithmes permettant de jouer en Bourse à des fréquences très inférieures à la seconde. Or s’interroger sur la finalité sociale et les conséquences des innovations technologiques font tout autant partie du dossier climat que les énergies peu carbonées.

3. Le matraquage publicitaire a remplacé le moteur de la guerre et de ses commandes massives pour booster l’économie. D’où la consommation de masse, toujours croissante. D’où aussi l’invention de techniques pour obtenir de la population un comportement éloigné des pratiques économes de leurs parents. La démarche était si transparente que l’un des slogans utilisé juste après-guerre aux États-Unis était «Soyez patriotes, consommez». Les générations actuelles y sont accoutumées au point qu’elles ont du mal à imaginer un monde où ce matraquage serait absent. Quant à l’ampleur des dégâts, il suffit de se souvenir de ce cri du coeur d’un patron de TF1 revendiquant le fait de vendre du «temps de cerveau disponible» aux annonceurs publicitaires. Aussi je m’interroge : peut-on bâtir une société de la sobriété énergétique dans un monde où l’espace mental des populations est en permanence soumis à ce matraquage publicitaire poussant à la consommation ?

* Sylvestre Huet, les dessous de la cacophonie climatique
(éditions la ville brûle 2015, 146 pages pour 10 euros

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Où va le monde ? Il court trop vite à la catastrophe

Tous les discours médiatisés ont un point commun : la croissance va revenir, on va s’en tirer, le cours ordinaire des choses reprendra à terme. C’est là l’illusion qui expose au danger. Car si rien ne change, nous savons que nous allons à la catastrophe.

1/4) Yves Cochet, devant la catastrophe

Il y a des domaines qui dépendent d’un accord entre humains, d’autres des ressources naturelles. Or la nature ne négocie pas avec les humains. A cet égard, le projet de loi sur les retraites, adopté en octobre 2010, est non seulement injuste lorsqu’on examine ses fondements socioéconomiques, mais il est surtout irréaliste dans sa conception même, fondé sur un rapport du Conseil d’orientation des retraites publié en avril 2010. Celui-ci fondait ses calculs les plus pessimistes sur une croissance annuelle moyenne de 1,5 % jusqu’en 2050, soit une augmentation du PIB de 100 % à cet horizon. Comment peut-on sérieusement supputer cela aujourd’hui ? Aucun de ces auteurs ne partage le point de vue écologiste de la singularité absolue de la situation actuelle. Je suis du côté des objecteurs de croissance. J’estime que la récession probable – voire la dépression – sera un passage fatal vers toute société de décroissance.

En effet, à la manière de Marx, je crois que ce sont les circonstances matérielles qui déterminent les consciences et non l’inverse. Notre existence  sociale n’est pas déterminée par notre conscience, mais dépend plutôt d’une réalité qui nous dépasse : les rapports de production chez Marx, la géologie chez moi.

Ce sont ceux qui nient la proximité de la catastrophe, ceux qui croient à la continuité, ceux qui s’enivrent de l’illusion de la croissance, qui sont catastrophistes sans le savoir, par aveuglement.

2/4) Jean-Pierre Dupuy, faire comme si le pire était inévitable

En conclusion de son film Une vérité qui dérange (2006), Al Gore pose un problème philosophique considérable : « Les générations futures auront vraisemblablement à se poser la question suivante, « A quoi donc pouvaient bien penser nos parents, Pourquoi ne se sont-ils pas réveillés alors qu’ils pouvaient encore le faire ?  » Cette question qu’ils nous posent, c’est maintenant que nous devons l’entendre. »

Les catastrophes naturelles et les catastrophes morales, de plus en plus, seront indiscernables. Il est encore temps de faire que jamais il ne pourra être dit par nos descendants : « Trop tard ! » Un trop tard qui signifierait qu’ils se trouvent dans une situation où aucune vie humaine digne de ce nom n’est possible. C’est l’avenir qui donne sens au passé.

3/4) Susan George : Où va le monde ? Dans le mur, si nous laissons faire

Nous aurions dépensé 14 000 milliards de dollars en Occident pour sauver les banques et remettre le système financier en place depuis le début de la crise financière en septembre 2008. Un audit de la Réserve fédérale, en juillet 2011, révélait des prêts et garanties d’urgence de 16 000 milliards de dollars aux banques américaines et étrangères. Un chercheur indépendant arrive au total ahurissant de 29 000 milliards. On a convaincu les banques qu’on allait les sauver quoi qu’elles fassent, elles ont donc tout encouragement pour prendre à nouveau des risques inconsidérés. L’économie de casino est repartie de plus belle. Je prévois donc dans les dix ans qui viennent une autre crise financière qui sera plus dévastatrice encore.

Avec la finance, il est cependant possible de dire : « On s’est trompé et il faut se réorganiser du tout au tout. » Avec le climat, ce n’est pas possible. Je pense que la conscience qu’ont les gens de la gravité de la situation augmente, de façon probablement exponentielle. Nous voyons des initiatives absolument partout. Il faut en quelque sorte reconnaître la planète comme la « loi suprême ».

4/4) Serge Latouche, l’Europe de Charlemagne va éclater

Nous sommes en post-démocratie, des systèmes représentatifs manipulés par les lobbies et les médias. Avec l’extraordinaire versatilité des opinions publiques, les évolutions des sociétés sont imprévisibles. Comme les Romains à la chute de leur empire, on ne peut supporter ni les maux, ni les remèdes.

Le modèle systémique World 3 (Limits to Growth, The 30-year Update – 2004), testé sur plus d’un siècle est un bon outil pour prévoir les tendances lourdes. Selon que l’on prenne des mesures palliatives plus ou moins sérieuses, l’effondrement – le collapse – se situe en 2030 et 2070 : 2030, en raison de la crise des énergies non renouvelables (pétrole, gaz, charbon, uranium, terres rares, autres minéraux) ; 2070, en raison des pollutions, des dérèglements climatiques, de la désertification  dans un monde qui compterait entre neuf et dix milliards d’habitants.

Les études des historiens nous apprennent que la vie perdure, tant bien que mal. En raison de la logique routinière, les grands projets programmés se poursuivent : autoroutes, aqueducs, aéroports, tunnels, centrales nucléaires et autres projets insoutenables comme le Grand Paris – alors que très probablement, il n’y aura bientôt plus de pétrole pour les faire fonctionner. Les avions repartent jusqu’à ce que, de blocages des dépôts de pétrole en faillites de compagnies aériennes, de plus en plus de destinations ne soient plus assurées. Et puis un beau jour plus un seul avion ne vole dans le ciel. Mais à ce moment-là, cela ne dérange plus personne. Les supermarchés ont fermé leurs portes, mais les Villes en transition s’efforcent de résoudre les problèmes d’intendance, y réussissant tant bien que mal.

L’Euroland était une tentative de contrecarrer la tendance lourde, celle de l’effondrement. Sa réussite provisoire constitue une parenthèse historique dans l’évolution à long terme qui va vers l’émiettement des organisations sociales et politiques. L’éclatement de la Belgique, après celui de la Tchécoslovaquie, de l’URSS, de la Yougoslavie et, demain, de l’Espagne, de l’Italie et de bien d’autres, est le signe manifeste de cette logique. Des fiefs plus ou moins fascistes dominés par des dictateurs populistes et xénophobes se dessinent déjà en Italie, en Autriche, en Hongrie et ailleurs, voire par des chefs de guerre comme dans l’ex-Yougoslavie. Bien sûr cela n’ira pas sans grèves, émeutes, saccages, grenades lacrymogènes et aussi, selon toute vraisemblance, kalachnikovs… A moins de remettre en question la société de croissance, on n’échappera pas au chaos.

Les mouvements antisystèmiques se développent, dans les villes en transition, les cités postcarbone, au sein des AMAP, par le biais d’échanges effectués avec des monnaies locales… Tout cela va dans un sens favorable au renforcement des organisations résilientes, autonomes et conviviales, constituant des oasis qui peuvent féconder le désert ou, au contraire être étouffées par lui. Outre le jardin familial et le bricolage qui résistent en toutes circonstances, deux institutions témoignent depuis le Néolithique d’une extraordinaire résilience : la petite exploitation paysanne et l’atelier artisanal. Ces deux institutions expliquent pourquoi et comment les Russes ont survécu à la décomposition de l’Union soviétique. Le message final est simple : le bonheur, la félicité se trouve dans la capacité à savoir limiter ses besoins.

in « Où va le monde ? (une décennie 2012-2022 au-devant des catastrophes) »

(mille et une nuits, 2012)

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