Sri Lanka, surpopulation et agro-industrie

En 1987 les pays surpeuplés sont alors, pour ne citer que les 6 pays qui arrivent en tête : Bangladesh 685 hab/km² ; Pays-Bas 355 hab/km² ; Japon 324 hab/km² ; Sri Lanka 241 hab/km² ; Royaume Uni 232 hab/km² ; Inde 228 hab/km². En 2020 la hiérarchie est un peu bouleversée car les croissances démographiques ont été très différenciées d’un pays à un autre, mais le Sri Lanka est passé de 241 à 354 hab/km² ! À peine grand comme un huitième de la France, on peut se poser la question de la surpopulation de ce pays.

lire, Densité écologique et densité subventionnée

En 1950 le Sri Lanka (alors appelé Ceylan) était peuplée d’environ 6 millions d’habitants, en 2020 le pays compte déjà 21,8 millions d’habitants. Une augmentation aussi rapide est aussi ingérable qu’elle est invivable. Déjà en 1950 Ceylan devait importer 60 % du riz nécessaire à nourrir sa population. Alors le pays a basculé dans le piège tendu par l’agro-industrie. Le Sri Lanka a cultivé 98 % de la superficie cultivée avec des méthodes productivistes, irrigation, engrais fabriqués et semences hyper-sélectionnées. Les rendements à l’hectare sont passés de 650 kilo de riz à 4 300 kilos et depuis 2008 le pays produit davantage de paddy que ce qu’il consomme au niveau interne. Mais un tel résultat comporte aussi bien des inconvénients.

Lire, Malthus et la fausse révolution « verte »

Pendant des années, à partir de la révolution verte mise en place en 1965, les paysans ont été encouragés à utiliser massivement des variétés de riz à haut rendement et des produits chimiques, engrais et pesticides, subventionnés par le gouvernement. Les conséquences sur la santé ne sont apparues que trois décennies plus tard. Le 27 avril 2021 Gotabaya Rajapaksa, le président de la République du Sri Lanka, annonce qu’il interdisait toute importation d’engrais et de pesticides chimiques ; il ordonnait d’utiliser des biofertilisants locaux pour faire de la nation insulaire le premier pays au monde à pratiquer une agriculture exclusivement biologique. Une décision a effet immédiat, la production a chuté et les revenus aussi. Imposée brutalement, l’opération était vouée à l’échec. Les lobbys des engrais se sont engouffrés dans le fiasco du Sri Lanka pour dénoncer l’ineptie de l’agriculture biologique à grande échelle. Pourtant le président Rajapaksa avait posé le bon diagnostic. Dans l’avis publié au journal officiel, il est noté que l’utilisation d’engrais et de produits agrochimiques, aussi productive soit-elle, a entraîné une « contamination des lacs, des canaux et des rivières », ainsi que la propagation de pathologies non transmissibles telles que les « maladies rénales », liées à la contamination des eaux souterraines. Une fois la maladie installée, les patients n’ont aucune chance de guérison. La seule alternative à la dialyse est la transplantation rénale. Le renoncement à la réforme de 2021 risque d’allonger un peu plus la liste des malades et des morts.

L’agriculture bio, ce n’est pas le retour en arrière, c’est l’utilisation de la nature elle-même pour des rendements sûrs et pérennes. Et ceci nécessite un ré-apprentissage pendant plusieurs années puisque l’industrie chimique nous fait perdre complètement les méthodes ancestrales de conservation des sols. Environ quatre cinquièmes des habitants du Sri Lanka vivent encore en zones rurales.

Une faible productivité était aussi synonyme de durabilité, ce qui n’est pas le cas de l’agro-industrie. Les exportations de thé ôtent une quantité importante de nutriments du sol et diminue à terme sa fertilité. Avec une faible densité, les systèmes de culture itinérantes permettaient la reconstitution des sols, ce qui devient impossible du fait du manque de terres. La Banque mondial estime que les terres arables ne représente plus que 22,2 % du territoire. et le tourisme ne dit absolument rien de la sécurité alimentaire d’un pays… La loi des rendements décroissants en agriculture oblige à penser autrement qu’une simple focalisation sur l’agriculture. Puisque, comme l’exprimait Malthus en 1798, on ne peut agir sur la production alimentaire qu’à la marge, il est donc absolument nécessaire d’agir sur la population. Mais le planning familial est marginalisé et l’IVG accessible uniquement en cas de danger pour la vie de la femme.

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7 réflexions sur “Sri Lanka, surpopulation et agro-industrie”

  1. – « comme l’exprimait Malthus en 1798, on ne peut agir sur la production alimentaire qu’à la marge, il est donc absolument nécessaire d’agir sur la population. »

    Le problème c’est que Malthus n’est crédible que chez les malthusiens. Comme Marx chez les marxistes, me direz-vous. Et comme n’importe quel pape dans n’importe quelle chapelle.
    Ce qui n’arrange pas les choses c’est que Malthus s’est pas mal planté. Mais bien sûr les malthusiens diront que pas du tout, qu’il a vu très juste, qu’il était seulement en avance sur son temps et patati et patata. Comme Marx en fin de compte.
    Sur la question de l’alimentation, là encore tout dépend de ce qu’on a envie de croire.
    Quand les spécialistes du sujet disent que la Terre peut nourrir 10 milliards d’humains à l’horizon 2050, tout en respectant l’environnement, les malthusiens ne sont pas d’accord.
    C’est normal puisque ça ne va pas dans le sens de la doctrine du Pasteur. ( à suivre )

    1. Certains oseront même dire que le chiffre d’1/3 pour le gaspillage alimentaire c’est du pipo. Et d’autres que les insectes c’est pas bon. Les méduses encore moins.
      Admettons qu’ils aient raison… que les sols ne peuvent pas produire plus qu’ils ne produisent aujourd’hui. En effet tout a des limites. Et quand bien même… pourquoi serait-il absolument nécessaire (sic) d’agir sur la population ? Pourquoi ne pourrait-il pas y avoir une autre solution, à laquelle n’a pas forcément pensé Malthus ?
      Gaspiller moins, manger des insectes… laissons tomber. Pourquoi ne peut-on pas alors cultiver des légumes à la place du coton, par exemple ? Ou alors cultiver une partie de ces bonnes terres qui aujourd’hui ne le sont pas ? Du moins un certain temps… en attendant, que ça décroisse.

      1. Une vie sans coton pour que les 8 milliards d’habitants restent à poil ?
        Et surtout, qu’en est il du logement ? Avec quels matériaux loger tout ce beau monde ?
        Sans oublier les énergies, notamment pour la conservation des aliments (frigo) que leur cuisson ?
        Désolé, tu peux raconter tous les bobards humanistes que tu veux, il n’y aura jamais le compte pour loger, nourrir, chauffer tout ce beau monde convenablement ! Le fait qu’on soit trop est une réalité objective, les famines, les mal nourris, les mal logés, les sans-logement à l’échelle mondiale le prouvent incontestablement !

      2. 4ème et dernier commentaire, adressé à BGA :
        Ne mélange pas tout, on parle là d’agriculture, pour nourrir les populations. Puisqu’on parle aussi de lui, je rappelle que Malthus a construit sa théorie essentiellement sur ça. Mais si tu veux parler du coton, qui ne se mange pas, et que n’ai cité qu’en exemple, regarde les chiffres (je sais que tu les aimes) de sa production et de sa croissance que tu peux comparer à l’autre. Regarde ensuite l’impact de sa culture sur l’environnement. Et enfin regarde ce que nous en faisons, de tout ce coton. Disons plutôt, ce que nous (pas Toi évidemment) faisons d’autant de fringues. T’as jamais entendu parler du gaspillage vestimentaire ?
        – Industrie textile : pollution et gaspillage à tous les étages
        ( 29 novembre 2019 – techniques-ingenieur.fr )
        – L’impact de la mode : drame social, sanitaire et environnemental
        ( oxfamfrance.org )

  2. Ajouter à la liste 2 pays hyperpeuplés à savoir Belgique et Pays Bas : ddm de plus de 350 hab/km2
    2 pays d’ une laideur inouie, stressants, grouillant de populations qui se marchent sur les pieds
    Curieux de connaître le taux de déperndance alimentaire de ces 2 pays vis-àvis des pays environnants.
    La moindre catastrophe chimique ferait de ces enfers démographiques, des hyperenfers
    chimiques ou nucléaires 😲😲

    1. Malgré un « excédent commercial agro-alimentaire » de 6 milliards d’euros en 2020, la France est largement dépendante des importations d’un large nombre de produits agricoles : la dépendance alimentaire de ce pays dévore 9 millions d’hectares à l’étranger.

      1. Vu que la France est le deuxième pays exportateur mondial de produits agricoles derrière les Etats-Unis, les guillemets à «excédent commercial agro-alimentaire» sont parfaitement justifiés. Je ne vois donc pas comment, sur le plan alimentaire, elle pourrait être dépendante de l’étranger et lui dévorer 9 millions d’hectares.
        Certes, les ananas ne poussent pas encore dans l’Hexagone, ni le café et j’en passe. Encore une fois tout ça se résume à Business as usual !

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