démographie

Surpopulation, idée politiquement inclassable

Actuellement le mot « surpopulation » est médiatiquement absent et sa réalité paradoxalement déniée par les derniers livres parus à propos du passage aux 8 milliards d’êtres humains. On ne trouve donc d’analyses performantes qu’à la marge du système d’abrutissement des masses.

1) Surpopulation : le trop-plein. Ce titre du dossier d’Éléments n° 184 est sans équivoque. Entre ceux qui choisissent d’ignorer la bombe P et les autres qui en tirent la stupéfiante conclusion que les Européens devraient cesser d’avoir des enfants, Éléments a choisi une tierce voie. Fabien Niezgoda qui a dirigé ce dossier polémique s’en explique.

 Peut-on dire que « chaque enfant né est un désastre écologique pour la planète toute entière » ?

FABIEN NIEZGODA. Être malthusien n’implique pas plus de jugement sur le bonheur d’une famille nombreuse que sur le choix d’un célibataire ou d’un couple sans enfant ; ce ne sont pas les personnes qui sont en cause, mais les pyramides des âges ou les courbes de population.

Notre avenir démographique peut-il se résumer aux chiffres et statistiques que l’on s’envoie à la figure à chaque polémique ? 

FABIEN NIEZGODA. L’approche comptable, qui mesure l’empreinte écologique ou tente de planifier l’alimentation de milliards d’hommes, est incontestablement nécessaire – on ne gagne rien à vouloir ignorer les limites physiques du monde – mais n’en est pas moins très réductrice et évacue trop souvent des questions essentielles : quelle organisation de la société, quel rapport au monde, quelle conception de la liberté restent compatibles avec tel niveau de population ? Gaston Bouthoul le soulignait : il ne s’agit pas tant de fixer de façon normative un optimum que d’admettre l’existence même d’une limite à ne pas dépasser.

 Ce sont dans les pays ayant le solde démographique le plus bas que les thèses néo-malthusiennes ont le plus d’adeptes…

FABIEN NIEZGODA. En effet. On peut d’ailleurs considérer comme un signe de sagesse le fait que certaines civilisations comprennent la leçon d’Aristote : « Une grande cité et une cité populeuse, ce n’est pas la même chose » (Politique, VII, 4). Mais il est vrai que le néo-malthusianisme peut prendre des aspects plus inquiétants, dont toute sagesse est absente. Malthus lui-même, réfléchissant à son « principe de population », cherchait à éviter des malheurs (miseries) aux générations futures, pas à éviter l’existence même de ces générations ! D’autre part, la question qui se pose évidemment est celle du déséquilibre entre zones de pression démographique différente : si la modération démographique n’est pas généralisée, rien ne justifie que les peuples qui la pratiquent voient leurs territoires livrés au trop-plein des autres, et leurs efforts ruinés par le jeu des vases communicants. Une vision globale de la question démographique ne peut que mettre en lumière l’importance cruciale des frontières. 

 De toutes les contrevérités sur la démographie que vous avez exposées et démontées dans ce dossier d’Éléments, quelle est selon vous la plus pernicieuse ? 

FABIEN NIEZGODA. L’évacuation du facteur population par la question du niveau de vie : une démarche qui, tout en relevant d’une approche étroitement comptable, contient en elle-même plusieurs erreurs. Erreur mathématique : « Distinguer la consommation de la population, c’est comme prétendre que la surface d’un rectangle dépend davantage de sa longueur que de sa largeur », écrit Paul Ehrlich, l’auteur de La Bombe P. Erreur analytique ensuite : croire que la réduction généralisée du niveau de vie (objectif qui, sous le prétexte de la justice sociale, revient en fait à promouvoir le modèle de la pauvreté) permettrait de nourrir harmonieusement des milliards d’humains pratiquant l’agriculture vivrière, c’est ne pas comprendre que notre nombre inédit repose sur les interactions, les avantages comparatifs, la spécialisation des tâches, bref, que l’effectif pléthorique et le capitalisme sont liés par une étroite corrélation.

2) Il faudra s’entre-aider ou s’en-tretuer. (Le Point du 28/09/2019) Yves Cochet, ce « millénariste laïc » est formel : le monde tel que nous le connaissons se sera effondré d’ici à 2030, entraînant la mort brutale de la moitié de la population mondiale. Un scénario qu’il juge regrettable, mais parfaitement « rationnel ».

Vous êtes un malthusien assumé, expliquant qu’il faut une réduction massive de la population mondiale…

Yves Cochet : Un néomalthusien ! Je n’en ai rien à faire de Malthus, qui était un vieux curé réactionnaire du XIXe siècle. Ce n’est pas « il faut », mais « il va y avoir » une réduction massive de la population, avec la disparition en moins de dix ans, je pense, de la moitié de la population mondiale, ce qui laissera environ 3 milliards d’êtres humains sur Terre. Pendant un temps, c’est vrai, j’ai dit que j’étais pour la grève du troisième ventre européen. Européen, uniquement, et non pas africain, car la question n’est pas le nombre d’habitants, mais ce nombre multiplié par l’empreinte écologique. À Paris, il y a 2 millions de personnes. Or leur empreinte n’est pas équivalente à 100 kilomètres carrés, la surface de la ville, mais à 10 000 kilomètres carrés et plus  ! (Il montre notre smartphone.) Rien dans ce téléphone n’est produit ici à Paris. L‘effondrement sera systémique et global.

Vous dites que vous n’espérez pas la catastrophe, mais, tout de même, vous seriez un peu déçu si vos prévisions se révélaient fausses, non ?

Yves Cochet : J’espère de tout mon cœur me tromper, mais mon scénario est le plus rationnel et le plus probable qui soit. Vous raisonnez par induction : ça n’est jamais arrivé, donc ça n’arrivera jamais. Mais les raisonnements par induction ne valent rien en histoire. Vous connaissez la dinde de Russel  ? Bertrand Russell, grand philosophe, grand logicien, raconte qu’un 1er janvier naît une dinde. Elle batifole dans les champs, elle mange des graines. Même chose le 2 janvier, et le 3, et au mois de février, et au mois de mars. La dinde trouve cela formidable, évidemment : elle pense que demain sera toujours comme aujourd’hui (c’est l’induction). Et, le 24 décembre, elle meurt, assassinée. Elle n’avait pas prévu le coup. Voilà, nous sommes tous des dindons parce que nous ne pouvons ni ne voulons imaginer notre propre fin.

Vous-même, êtes-vous heureux dans votre ancienne ferme près de Rennes  ?

Bien sûr, très heureux. La solution n’est pas nationale ni internationale, elle est locale. Car l’effondrement marquera la fin de l’État central qui détient le monopole de la violence physique légitime. C’est avec nos voisins géographiques qu’il faudra créer des réseaux de solidarité. Il n’y aura pas le choix : il faudra s’entraider ou s’entre-tuer. Il faut donc créer des biorégions, des éco-lieux, des biotopes de guérison humaine. Tout le monde rit quand je dis ça, mais le principal moyen de transport en 2030, ce sera le cheval. L’automobile ne servira plus à rien. Il y a un million de chevaux en France, c’est très insuffisant. Il est certain que Paris sera devenue complètement inhabitable.

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La guerre comme infanticide différé

Le 15 novembre 2022, nous avons dépassé selon l’Onu le nombre de 8 milliards d’êtres humains. Si tu n’es pas inquiet du poids de ces 8 milliards, prière d’en faire un commentaire sur ce blog, il sera lu avec attention. Et n’oublie pas de nous certifier que les guerres n’ont absolument rien à voir avec l’état de surpopulation… nous sommes curieux de savoir comment on peut démontrer le contraire de la sinistre réalité.

Depuis le charnier de la seconde guerre mondiale, les guerres restent innombrables. Wikipedia en fait une liste exhaustives dont nous relevons uniquement celles qui ont fait plus de 500 000 morts : guerre civile chinoise, Indochine, partition des Indes, Algérie, Viêt Nam, Indonésie, guerres civiles soudanaise, guerre d’indépendance camerounaise, massacre de 1965 en Indonésie, guerre civile cambodgienne, Biafra, troisième guerre indo-pakistanaise, guerres civiles en Éthiopie, guerre civile angolaise et celle du Mozambique, Afghanistan, Iran-Irak, génocides des Tutsis au Rwanda, guerres du Congo… à croire qu’aucun pays ou presque n’est épargné par des conflits souvent très meurtriers.

Quel rapport avec l’état de surpopulation ? Dans les années 1970, le philosophe Gaston Bouthoul a pu définir la guerre comme un infanticide différé. «  Quoi de plus étrange, dit ce fondateur en 1945 d’un institut de polémologie, que la sempiternelle succession des guerres et des paix ? Ceux qui se tâchent d’une vitre cassée trouvent naturel qu’on rase des villes entières et les adversaires de la peine capitale… acceptent qu’on envoie à la mort des milliers de combattants. » S’étant interrogé sur le pourquoi des guerres, il en vient vite à constater qu’elles ont un seul point commun : elles détruisent des vies humaines et, ce faisant, empêchent d’autres vies humaines de voir le jour. Tout se passe comme si cette destruction aurait pour fonction fondamentale de résorber les excédents de population. Ce n’est pas par hasard, selon Gaston Bouthoul, que les deux guerres mondiales, qui ont coûté la vie à des dizaines de millions de militaires et de civils, ont eu lieu à une époque où la mortalité infantile a pratiquement disparu et où la durée moyenne de la vie humaine a considérablement augmenté.  » L’inflation démographique  » a provoqué ce qu’il appelle une  » surchauffe belligène « . Les jeunes en surnombre qui n’arrivaient pas à trouver du travail en rendaient facilement responsable le monde extérieur, et il n’était pas difficile de les entraîner dans la guerre qui allait les décimer.

Pour M. Bouthoul, il s’agirait là d’un phénomène de fuite en avant. Il ne voit pas d’autre manière de l’éviter que la planification rigoureuse des naissances, impliquant, si nécessaire, des mesures de contrainte. Puisque la vaccination est obligatoire, demande-t-il, pourquoi la limitation des maternités ne le serait-elle pas ? Le seul moyen de mettre fin aux guerres, c’est en effet, à son avis, l’avènement de  » l’ère de la population contrôlée « , qui  » mettra fin à une période de l’histoire, celle de l’homme à bon marché « .

Analysons à titre d’exemple la guerre inter-ethniques au Rwanda, 810 000 morts. Jean Dorst  regrettait déjà en 1965 que ce pays ait une densité de 126 habitants au km². La densité au Rwanda était de 760 personnes au km2 en 1990, à la veille des massacres. Il était prévu une densité autour des 1 000 hab/km² en 2050.

Jared Diamond explicite ainsi les causes profondes du massacre rwandais en 1994 : « La population rwandaise a augmenté à un taux moyen de plus de 3 % l’an (doublement en moins de 24 ans). Le développement économique du Rwanda fut stoppé par la sécheresse et l’accumulation de problèmes environnementaux. Le pourcentage de la population consommant moins de 1600 calories par jour (niveau en dessous de celui de la famine) était de 9 % en 1982, 40 % en 1990. D’où le génocide en 1994. Il n’est pas rare, depuis, d’entendre des Rwandais soutenir qu’une guerre était nécessaire pour diminuer une population en excès et pour la ramener au niveau des ressources en terre disponibles. »

Notons que la notion d’espace vital est relative, les Nazis parlaient déjà de Lebensraum pour justifier leurs guerres de conquête. Mais qui voudrait faire la guerre si chaque peuple de la Terre vivait en équilibre avec son propre écosystème ?

Un livre vient de sortir, qui fait le point sur la question démographique:

Alerte surpopulation

Le combat de Démographie Responsable

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René Dumont, radicalement malthusien

Le 15 novembre 2022, nous avons dépassé selon l’Onu le nombre de 8 milliards d’êtres humains. Il y a presque cinquante ans,  René Dumont, le premier des présidentiables écolo en 1974, avait exposé ses idées en 1973 dans un livre « L’utopie ou la mort »*.

De son expérience des limites de la planète, il en avait déduit un projet de « disciplines matérielles », incluant une disciple de consommation qui permettra l’aisance chez les plus démunis, mais aussi une discipline démographique (s’appliquant d’abord dans les pays riches). Dumont ne manque pas de propositions concrètes pour donner corps à son projet de civilisation : interdiction des automobiles privées en centre ville, rationnement des voyages en avion, égalisation des revenus et fiscalité plus lourde sur les riches en vue de réduire leur consommation, taxation des familles nombreuses par l’impôt, réduction du temps de travail, armement zéro, compostage pour l’agriculture des excréments, taxation des produits pétroliers, rationnement mondial des ressources rares, etc. Voici quelques citations centrées sur la surpopulation :

– Irresponsables seraient ceux qui persisteraient à ignorer celle des conclusions du Club de Rome qui me paraît irréfutable : une croissance exponentielle de la population et de l’industrie ne peut se prolonger bien longtemps dans un monde fini… Doubler une production industrielle en 10 ans pendant un siècle multiplie la production par 1024… Sur quelles bases matérielles ? 

– De savant calculs nous montrent que l’explosion démographique, telle qu’elle est déjà engagée – contre du reste toutes les prévisions antérieures à 1945, qui la sous-estimaient terriblement – constitue un phénomène irréversible pour de longues décennies. Même si une campagne de planification familiale se généralisait rapidement, il suffirait que chaque futur couple ait une moyenne de deux enfants pour que la progression continue encore longtemps. Mais faut-il qu’ils aient chacun deux enfants ?

– Ce qui me paraît le plus grave, c’est la persistance des mesures natalistes, par exemple dans un pays comme la France, envers laquelle nous avons une responsabilité particulière ; et à qui des imprudents sinon des impudents comme Michel Debré, n’hésitent pas à proposer l’objectif de 100 millions d’habitants. Dans une décennie, il serait déjà bien tard pour la mise en œuvre hardie de toute la série de disciplines qui s’imposent impérativement ; et celle de la population commande toutes les autres si nous refusons un degré peu supportable d’austérité.

– Il n’est plus possible de s’en remettre à la seule planification familiale, car elle se contente d’empêcher la venue au monde des enfants non désirés. La survie de l’humanité ne peut plus être confiée au bon vouloir d’un nombre aussi élevé de procréateurs plus ou moins irresponsables. Ceux qui les encouragent peuvent désormais, maintenant que les limites de la planète sont enfin reconnues, être au mieux considérés comme inconscients, au pire comme criminels, cherchant à satisfaire quelque volonté de puissance. Des mesures limitatives autoritaires de la natalité vont donc devenir de plus en plus nécessaires, mais elles ne seront acceptables que si elles commencent par les pays riches et par l’éducation des autres.

– Dès 1931, je soulignais l’urgence de freiner la population au Nord-Vietnam… mais de 1931 à 1971, 40 années ont été perdues, pendant lesquelles l’explosion démographique a pris des proportions compromettant l’avenir même de l’humanité. Quarante années pendant lesquelles communistes et catholiques ont rejeté l’idée même du néomalthusianisme.

– En France, en Europe, quand on sera enfin capable de comprendre la gravité de la situation (état de surpopulation), on commencera par supprimer tous les avantages (fiscalité, logements et allocations familiales) au-delà du deuxième enfant, après que l’on aura réduit les inégalités de revenus. Les ouvriers de Montargis me disent qu’ils en ont assez de payer pour leurs voisins paresseux, qui vivent de leurs enfants.

– Aux États-Unis, il faudrait aller plus loin, taxer les familles nombreuses de plus en plus lourdement : surtout les plus riches, qui sont les plus gaspilleuses, de véritables vandales ; avant d’être obligé d’en arriver à des quotas autoritaires. Une fois cet arrêt de croissance des populations riches nettement amorcé, nous serons mieux en mesure de le conseiller efficacement dans les pays où il s’impose le plus, du Maghreb à l’Asie méridionale, en insistant sur l’Égypte, le Pakistan…

Un livre vient de sortir, qui fait le point sur la question démographique

Alerte surpopulation

Le combat de Démographie Responsable

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* L’utopie ou la mort de René Dumont ( 1ère édition 1973, réédition août 2020 au Seuil, 8,50 euros)

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Réalité de la Surpopulation pour wikipedia

https://fr.wikipedia.org/wiki/Surpopulation

La surpopulation est un état démographique caractérisé par le fait que le nombre d’individus d’une espèce vivante excède la capacité de charge de son habitat, c’est-à-dire sa capacité à :

  • fournir les ressources nécessaires pour assurer la pérennité de cette espèce ;
  • réparer les agressions (pollutions, perturbation des régulations écologiques naturelles) infligées par cette espèce à son environnement.

Projection démographique

– Dans les versions successives des projections des Nations unies, on constate une dérive haussière qui semble révéler un biais systématique dans les hypothèses de baisse de la fécondité, toujours trop optimistes ; cette tendance à sous-estimer la croissance démographique est très répandue chez les démographes, qui ont souvent tendance à considérer que les problèmes démographiques se résoudront d’eux-mêmes. Les taux de croissance démographiques les plus élevés sont constatés dans les 47 pays les moins développés. On peut donc craindre qu’une évolution aussi explosive débouche sur des crises écologiques dont l’impact sur le taux de mortalité et/ou sur l’émigration remettrait en cause ces projections.

– En 1800 seulement 2 % de la population mondiale vivait dans les villes. À la fin du XXe siècle, cette proportion atteignait 47 %. En 1950 on comptait 83 villes dépassant un million d’habitants ; mais à mi-2015 le nombre d’agglomérations de plus d’un million d’habitants est passé à 536. Une étude de chercheurs de l’université de Cassel (Allemagne), publiée en février par la revue Nature, prévoit que 27 % des 416 métropoles étudiées, soit une centaine de grandes villes peuplées actuellement de 233 millions d’habitants, ne seront vraisemblablement plus en mesure de répondre à la demande de leur population en 2050, passée alors à 736 millions d’habitants.

Histoire des idées

Les préoccupations au sujet de la surpopulation sont anciennes. Selon Aristote dans La Politique (VII, 4, 1326a), il y a un danger pour l’ordre public lorsque les hommes deviennent trop nombreux : « Un nombre important ne peut admettre l’ordre : quand il y a trop de citoyens, ils échappent au contrôle, les gens ne se connaissent pas, ce qui favorise la criminalité. De plus, il est facile aux étrangers et aux métèques d’usurper le droit de cité, en passant inaperçus du fait de leur nombre excessif »

– Au début du XIXe siècle, la population avait dépassé le milliard d’individus, et des intellectuels tels que Thomas Malthus et les économistes physiocrates prédisaient que le genre humain allait outrepasser les limites des ressources disponibles, puisqu’une quantité finie de terres était incapable de supporter une population s’accroissant perpétuellement (Malthus prédit mathématiquement que sans freins, la population augmente de façon exponentielle tandis que les ressources ne croissent que de façon arithmétique) ; les hommes en surplus seraient condamnés à la famine ou à la maladie, Mère Nature éliminant ainsi « l’excédent humain »

– The population Bomb de l’écrivain américain Paul R. Ehrlich, biologiste, écologue et démographe : cet ouvrage est paru en 1968 avec le sous-titre  : « Contrôle des naissances ou course vers le néant ? » Il met en garde contre les dangers de la surpopulation, prédit des famines massives et une augmentation substantielle des taux de mortalité ; il préconise des mesures de limitation des naissances.

– The Limits to Growth est le rapport demandé par le Club de Rome en 1970 à une équipe du Massachusetts Institute of Technology, dirigée par Dennis Meadows. Cet ouvrage, publié en français en 1972 sous le titre Halte à la croissance ? Il repose sur un modèle informatique de type Dynamique des systèmes baptisé World3 ; il est la première étude importante soulignant les dangers écologiques de la croissance économique et démographique que connaît le monde à cette époque. Ils argumentent en faveur de mesures préventives, dont la limitation des naissances, un mode de vie plus économe et l’amélioration de l’efficience dans les activités économiques, afin d’éviter que la Nature régule elle-même le système, avec des méthodes beaucoup plus expéditives : l’éternel trio famines-épidémies-guerres.

– En 2017, plus de 15 000 scientifiques de 184 pays, dans un manifeste publié par la revue BioScience58 et largement relayé par la presse mondiale, et qui devient vite l’article le plus largement cité ou mentionné de la littérature scientifique, reconnaissent consensuellement que l’espèce humaine est en état de surpopulation sur Terre.

Dans un monde planétaire fini, la plupart des ressources naturelles (produits et services écosystémiques), même quand elles sont dites « renouvelables » sont limitées dans l’espace et dans le temps, car leur régénération demande des délais souvent incompatibles avec les rythmes de la croissance démographique humaine. Les penseurs se sont longtemps focalisés sur les limites des ressources naturelles ; de nos jours, un nombre croissant de scientifiques pensent que les limites écologiques sont plus contraignantes et risquent de déclencher plus vite l’effondrement démographique Global Footprint Network publie chaque année la date du « Jour du dépassement », le jour où l’humanité a épuisé le budget écologique annuel de la planète : pour 2018, c’était le e1r août alors qu’en 1970 c’était le 29 décembre.

Pourtant, de nos jours, certains scientifiques soutiennent encore qu’il n’y a pas de problème de surpopulation pour notre planète… On peut noter que cette prise de position occulte complètement les problèmes environnementaux.

Politiques démographiques

La lutte contre les effets ravageurs de la surpopulation ne peut se réduire à la facilitation du contrôle des naissances. Une stratégie globale est nécessaire pour opposer des solutions appropriées à tous les facteurs socio-culturels qui motivent la procréation : ignorance, accès insuffisant aux moyens contraceptifs, domination masculine, besoin d’assurer ses vieux jours, normes religieuses ou sociétales…

Le manifeste signé par 15 364 scientifiques de 184 pays liste des « mesures efficaces et diversifiées que l’humanité pourrait prendre pour opérer sa transition vers la durabilité », dont : « réduire encore le taux de fécondité en faisant en sorte qu’hommes et femmes aient accès à l’éducation et à des services de planning familial, particulièrement dans les régions où ces services manquent encore » et « déterminer à long terme une taille de population humaine soutenable et scientifiquement défendable tout en s’assurant le soutien des pays et des responsables mondiaux pour atteindre cet objectif vital ».

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L’Ined ignore encore le mot « surpopulation »

L’institut national d’études démographiques devrait faire référence commune, ce n’est pas le cas. Dès son origine, il avait un objectif nataliste. L’ordonnance de 1945 définit ainsi la mission de l’institut : « L’Ined est chargé d’étudier les problèmes démographiques sous tous leurs aspects… Il étudie les moyens matériels et moraux susceptibles de contribuer à l’accroissement quantitatif et à l’amélioration qualitative de la population.» La naissance du 50 millionième français en 1968, est présentée par l’INED comme un exploit national.

Sur son moteur de recherche interne, on trouve aujourd’hui à propos du terme « Surpopulation » seulement 12 occurrences depuis 1972, douze articles en 50 ans. Autant dire que l’idée de surpopulation n’appartient pas au vocabulaire de l’Ined. On étudie seulement le cas de deux pays surpeuplés, Égypte et Rwanda. On consacre deux articles à la surpopulation… carcérale ! Et tous les autres minimisent l’idée de surpopulation. On notera que le discours est absolument le même lors du passage aux 7 touorus milliards en 2011 et aux 8 milliards en 2022… avec d’ailleurs le même auteur, Gilles Pison. Récapitulatif :

En 1972, l’institut national d’études démographiques, dans « A propos d’un rapport », démentait toute influence de la démographie dans nos problèmes.

Extraits : « Nous avons déjà évoqué les comportements néo-malthusiens aux Etats-Unis. Des livres à sensation, des articles dans la presse, des déclarations officielles et privées, la campagne en faveur du ZPG (« Zero Population Growth » ou croissance nulle de population), le récent rapport du MIT développent le thème de la surpopulation… On mélange les notions de pollutions, d’urbanisation cancéreuse… L’écologie subit plus de dommages du fait des techniques utilisées que du fait du nombre des hommes… »

Pourtant à l’époque « la Bombe P » de Paul Ehrlich venait d’être publié et le rapport au Club de Rome sur les limites de la croissance montrait l’impossibilité d’une croissance démographique exponentielle dans un monde fini… Le premier sommet mondial sur la population allait avoir lieu en 1974, ainsi que la candidature du malthusien René Dumont à la présidentielle française.

Il faut attendre 1977 pour retrouver l’idée de surpopulation dans l’étude « surpopulation, concentration, dispersion ».

Une nouvelle fois on minimise : « Les encombrements, pollutions et promiscuités de toutes sortes liés à la vie dans les grandes métropoles modernes créent une aspiration « écologique » et font naître le sentiment diffus que « nous sommes trop ». La surpopulation est ainsi confondue avec la concentration. De fait, « nous sommes trop au même endroit ». »

En 1981, avec « de la surpopulation au vieillissement », on voit le glissement d’analyse. 

Extraits : « Sous l’ère Tokugawa (1603-1868), l’archipel japonais était surpeuplé. en 1721 avec 26 millions d’habitants. En 1980, la population est pourtant passée à 117 millions. Pourquoi ? L’ouverture du commerce international a favorisé la révolution industrielle et les importations de nourriture…. Bénéficiant aujourd’hui d’une situation favorable étant donné la croissance ralentie de sa population, le Japon devra supporter la charge croissante des inactifs… Pour affronter le problème du vieillissement, le Japon dispose de l’expérience des pays occidentaux qui l’ont précédé dans cet voie. »

Entre vieillissement accéléré de la population nippone et constat avéré de surpopulation, quelle doit être la priorité quant à la politique démographique ? Nataliste ou malthusienne ?

1996, pression démographique et politiques de population au Rwanda.

Résumé : Il serait absurde de désigner comme cause des tragédies qui accablent le Rwanda et les pays voisins la surpopulation qui y sévit. Les crises politiques ont des causes politiques et les crimes ont des auteurs. Mais inversement il serait non moins absurde de méconnaître le rôle que jouent, dans cette succession de crises, des phénomènes comme la densité de peuplement, le niveau et l’évolution de la fécondité – à côté de beaucoup d’autres facteurs, économiques, sociologiques, culturels, etc.

1998, Population (publication, différents auteurs). Un seul article parle de surpopulation, celui d’Yves Charbit : Malthus populationniste ? Une lecture transdisciplinaire.

Résumé : Alors que le premier Essai sur le principe de population de 1798 pose clairement le risque de surpopulation par rapport aux subsistances disponibles, les éditions ultérieures montrent que Malthus a envisagé le risque d’une croissance démographique insuffisante. Bref rappel des concepts centraux de la pensée malthusienne. Dans la première édition de l’Essai, la population est régulée par la mortalité. Le second systématise la démo-économie de la fécondité et de la nuptialité. Le troisième met en évidence le rôle de la « demande effective ». Le quatrième intègre les précédents et prend en compte un concept généralement négligé : la contrainte morale. Il en résulte, sur le plan épistémologique, que seule une perspective transdisciplinaire, intégrant la démographie, l’économie et l’éthique religieuse de Malthus, permet de retrouver la cohérence de sa pensée.

2009, Atlas de la population mondiale (Gilles Pison). Uniquement descriptif.

2009, Suicide en prison : la France comparée à ses voisins européens.

Extraits : « La fréquence du suicide est utilisée depuis longtemps comme indicateur des tensions et problèmes d’une société. Elle a beaucoup augmenté dans les prisons françaises depuis 50 ans. Est-ce lié à la surpopulation carcérale comme on l’entend souvent, ou existe-t-il d’autres raisons ? Comment se situe la France par rapport à ses voisins européens… »

2011, Égypte, l’exception démographique.

Extraits : « Les trente-quatre années (1977 – 2011) qui séparent les deux émeutes ont enrichi le «don du Nil» de 44 millions d’habitants, au taux surréaliste de 2,2% l’an. Quelle est la nature de cette relation entre cette éruption de violence, et la démographie? N’est-ce pas faire preuve de malthusianisme primaire et mécaniste?… La responsabilité du peuple est donc engagée dans ce qui pourrait bien constituer cette huitième plaie d’Égypte, sa démographie galopante.. Le problème démographique de l’Égypte – un vrai problème – ne connaîtra une ébauche de solution que le jour où une véritable symbiose se sera établie entre le pouvoir et ses administrés.

2011, Sept milliards d’êtres humains aujourd’hui, combien demain ?

Résumé : L’humanité s’accroît rapidement, suscitant la crainte de la surpopulation. Les projections des démographes annoncent une poursuite de la croissance pendant encore quelques décennies, mais à un rythme décélérant d’année en année. Comme nous l’explique Gilles Pison, l’humanité n’échappera pas à un surcroît de 1 à 4 milliards d’habitants d’ici un siècle, mais elle ne devrait alors plus guère augmenter.

2015, le suicide en prison.

Extraits : « Le surpeuplement des prisons entraîne une forte dégradation des conditions de vie des détenus. Mais le lien avec le risque de suicide apparaît complexe… »

19 novembre 2021, Trop de monde sur Terre d’ici 2050 ?

Rencontre avec Jacques Véron (directeur de recherche) et Bénédicte Manier (journaliste à l’Agence France Presse)Jacques Véron : Entre surconsommation et épuisement des ressources, le spectre de la surpopulation effraie. Pourtant les études et les réalités locales vont à l’encontre du « bon sens »…

octobre 2022, Huit milliards d’humains aujourd’hui, combien demain ?

Résumé : L’humanité s’accroît rapidement, suscitant la crainte de la surpopulation. Les projections des démographes annoncent une poursuite de la croissance pendant encore quelques décennies, mais à un rythme décélérant d’année en année. Comme nous l’explique Gilles Pison, l’humanité n’échappera pas à un surcroît d’environ 2 milliards d’habitants d’ici la fin du siècle, mais elle ne devrait probablement plus guère augmenter alors…

Conclusion : Pas d’inquiétudes à avoir, nous allons plafonner à 10 ou 11 milliards dans le meilleur des mondes possibles !!!

Michel Sourrouille

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le mot tabou de « surpopulation »

Nous sommes passés à 8 milliards d’êtres humains le 15 novembre 2022 selon l’ONU. Une multitude qui a même augmenté de un milliard depuis 2011, c’est un état de surpopulation. Qui pourrait en douter ? Sur cette petite planète devenue trop petite pour nous, c’est ingérable, c’est invivable. Les catastrophes en cours nous le montrent tous les jours. Pourtant médias, intellectuels, partis politiques et associations occultent complètement la question du poids du nombre.

La négation généralisée de la surpopulation

1) les institutions

11) Associations écolos. Sauf pour « Démographie Responsable », Le refus d’aborder la problématique de la surpopulation

  • Amis de la Terre, a oublié ses origines (traduction de la Bombe P en 1971)

lire, Amis de la Terre, négationnisme démographique

  • Démographie Responsable

https://www.demographie-responsable.org/

=> 201 résultats sur le mot surpopulation

  •  Greenpeace

son article niant la surpopulation :

https://www.greenpeace.fr/population-quel-impact-sur-lenvironnement/

  • Planning familial, plus préoccupé par les LGBT que par ses préoccupations premières

lire, Le planning familial pour des hommes enceints

lire, Le planning familial international, nataliste

  • WWF, l’ami de la biodiversité, sur le mot « surpopulation » dans leur moteur de recherche interne 

https://www.wwf.fr/search/all?search=surpopulation

nous obtenons : « Oups! Nous n’avons pas de résultats pour votre recherche… »

 

 

12) Partis écolos : sauf par le MEI, le refus d’aborder la problématique de la surpopulation est généralisé

  • Génération écologie, ne parle que de décroissance économique

https://generationecologie.fr/?s=surpopulation

=> aucun résultat trouvé

  • EELV ne s’intéresse qu’à la surpopulation carcérale

https://www.eelv.fr/prisons-derriere-le-conflit-social-lenjeu-de-la-surpopulation-carcerale/

  • MEI, mouvement des écologistes indépendants

www.les-ecologistes-mei.org

« Accepter une maîtrise de notre nombre »

13) La surpopulation absente de tous les médias… sauf avec Charlie Hebdo

  • LE MONDE se refuse à aborder l’idée de surpopulation, sauf quand il s’agit de surpopulation carcérale

Une tribune d’un collectif est passée, mais pas dans le MONDE papier:

Démographie Responsable accède au MONDE

  • Charlie Hebdo a fait un excellent article de tendance malthusienne

 Charlie Hebdo devient antinataliste

et un autre, beaucoup moins bon :

Charlie-Hebdo ne croît pas à la surpopulation

Il est vrai que ce dernier article était écrit par Gilles Pison, qui a tourné en boucle dans les médias lors du passage aux 8 milliards, et qui se contentait de dire que « jusqu’à présent, tout va bien », aucune inquiétude à avoir. Mais on a lu pire, sur le site du Fonds mondial de l’ONU pour la population on trouve cette réaction : « Le franchissement de ce seuil s’accompagnera sans doute de discours invoquant avec alarmisme le terme de « surpopulation ». Se laisser aller à de telles paroles serait une erreur. »1

L’UNFPA se contente de cet argument d’autorité…

et la presque totalité des médias occulte le problème de la surpopulation.

1https://www.unfpa.org/fr/press/declaration-de-la-journee-mondiale-de-la-population-2022

le mot tabou de « surpopulation » Lire la suite »

Sobriété démographique, le retour de Malthus

texte de Michel SOURROUILLE

déjà paru sur le site notre-planete.info

https://www.notre-planete.info/actualites/5010-sobriete-demographique

Le 15 novembre dernier, nous avons franchi selon l’ONU la barre des 8 milliards d’êtres humains, on nous annonce 10 milliards pour bientôt. Cela nous semble synonyme de surnombre, il nous faut réagir, et pourquoi pas, devenir malthusien…

Sobriété démographique, la grande absente des médias

Dans les archives du MONDE, une seule mention de la sobriété démographique, et c’est dans une tribune uniquement visible sur Internet : « En France, il conviendrait de réviser à la baisse la politique nataliste. Il faut atteindre la « sobriété démographique » ; cela conditionne l’avenir de l’humanité. »1

Pourtant cet objectif me semble aller de soi à l’heure où nous avons franchi le 15 novembre dernier selon l’ONU le cap des 8 000 000 000 d’êtres humains. C’est énorme. Notre nombre s’est même accru de 1 milliard ces onze dernières années. Il faut vraiment faire preuve d’un total aveuglement pour ne pas juger que cet accroissement est monstrueux. Pourtant les démographes se contentent de constater et de dénombrer sans juger. Pire, sur le site du Fonds mondial de l’ONU pour la population, on trouve cette réaction : « Le franchissement de ce seuil s’accompagnera sans doute de discours invoquant avec alarmisme le terme de « surpopulation ». Se laisser aller à de telles paroles serait une erreur. »2

L’UNFPA se contente de cet argument d’autorité sans chercher à l’étayer alors que de nombreuses études scientifiques montrent que l’activisme humain a déjà outrepassé les capacités de la planète, réchauffement climatique, jour du dépassement, épuisement des ressources, extinction de la biodiversité, etc. Il y a bien un état incontestable de surpopulation et de surconsommation, on ne peut gérer de façon convenable et durable les besoins d’une telle multitude.

Malthus et la question démographique

A l’époque des écrits de Thomas Robert Malthus, peu après la révolution française, la planète était déjà peuplée de 1 milliard d’homo dit sapiens. Son patronyme, devenu un mot de notre dictionnaire, « malthusien », désigne dorénavant ceux qui sont « opposés à l’expansion démographique ». Pour être plus précis, Malthus dès 1798 écrivait qu’on ne devait pas croître démographiquement au-delà des disponibilités alimentaires. Selon son analyse, la fécondité humaine a une tendance naturelle à suivre une évolution exponentielle, un doublement tous les 25 ans en moyenne, alors que la production agricole, soumise à la loi des rendements décroissants, ne peut au mieux que suivre une évolution linéaire. En conséquence ce décalage croissant implique qu’on ne peut se contenter d’améliorer la productivité si on ne maîtrise pas en même temps l’expansion démographique.

Malthus peut être considéré comme un précurseur de l’écologie en tant que recherche de l’équilibre entre l’humain et son milieu de vie. En termes contemporains, un système socio-économique doit rester compatible avec les possibilités de notre écosystème, la Terre. Il ne s’agit pas d’être antinataliste, opposé en toutes circonstances à la fécondité. Il ne s’agit pas de remettre en cause la liberté de procréer. Il s’agit d’être conscient individuellement et collectivement des conséquences de la pression démographique au détriment des générations présentes et futures, des autres espèces et de la nature en général.

En 1974, le présidentiable René Dumont présentait un programme allant dans ce sens : « La population du globe augmente à un rythme exponentiel. Nous sommes près de 4 milliards, nous serons 7 milliards en l’an 2000. C’est la FIN du monde ou la FAIM du monde. Nous sommes les premiers à avoir dit que la croissance démographique doit être arrêtée d’abord dans les pays riches, parce que c’est dans les pays riches que le pillage du Tiers-Monde aboutit aux plus grandes destructions de richesse… Ce qui remet en cause toutes les formes d’encouragement à la natalité, chez nous en France. Les propositions du mouvement écologique : la limitation des naissances. Nous luttons pour le droit absolu de toutes les femmes de régler à leur seule convenance les problèmes de contraception et d’avortement. »3

Pour une démographie responsable

Paradoxalement, alors que notre nombre a doublé entre 1974 et nos jours, le malthusianisme aujourd’hui est soit ignoré, soit dénigré, même dans le milieu des écologistes institutionnels. Il est vrai que le désir d’enfant relève de l’intimité des femmes et des couples. Mais, comme la plupart des comportements humains, cela entraîne des conséquences collectives, ici la surpopulation. Rares sont les personnes qui en ont conscience et choisissent l’extrême, la stérilisation volontaire ; ils ou elles refusent d’avoir des enfants pour des raisons écologiques. Le libre choix des individus est au cœur d’un système démocratique, encore faut-il que ce choix soit éclairé. C’est le rôle du gouvernement de mettre en place une formation à la question démographique dans les écoles et, pourquoi pas, une école des parents. Mais responsabiliser les parents, cela voudrait dire supprimer complètement les allocations familiales pour que l’État reste neutre en matière de fécondité ; il n’a pas pour fonction de promouvoir le natalisme dans un monde clos et saturé d’humains.

Entre l’individu et l’État, il y a aussi les associations à but universaliste. Nous constatons qu’en France, seule l’association « Démographie Responsable » a explicitement pour objet d’œuvrer pour la stabilisation de la population humaine et sa diminution sur le long terme. Malthus exprimait l’idée que si l’humanité se refuse à des solutions préventives, maîtriser notre fécondité exubérante, nous ferions en sorte de promouvoir une issue destructrice par les guerres, les famines et les épidémies. Nous avons donc le choix d’être raisonnable en agissant sur la natalité, sinon nous laissons à la mortalité le soin de rétablir les équilibres entre le poids de notre nombre et les possibilités de notre milieu de vie.

Né en 1947, j’ai connu une planète de 2,2 milliards d’habitants. Nous sommes 3,6 fois plus nombreux. J’ai connu ma ville de naissance, Bordeaux, une métropole, mais avec la nature assez proche, sans ses autoroutes périphériques et ses banlieues envahissantes, sans ses embouteillages de voitures, sans le chômage de masse. Bordeaux, la France, la planète. Des augmentations en milliards d’individus qui se répandent ici et là, c’est ingérable et invivable. Pour toutes les raisons exprimées précédemment, j’ai décidé de publier début octobre 2022 un livre exposant tous les éléments de la question démographique : « Alerte surpopulation – Le combat de Démographie Responsable ». Si les mots « surpopulation », « malthusien » et « engagement  individuel et collectif » faisaient irruption dans le débat public, mon livre aurait atteint son objectif.

Pour un achat de ce livre,

son libraire de proximité ou bien

https://livre.fnac.com/a17437174/Michel-Sourrouille-Alerte-surpopulation

1. https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/11/09/reduire-la-population-contribuerait-a-l-attenuation-du-rechauffement-climatique_6149100_3232.html

2. https://www.unfpa.org/fr/press/declaration-de-la-journee-mondiale-de-la-population-2022

3 L’écologie ou la mort (à vous de choisir) la campagne de René Dumont, les objectifs de l’écologie politique (éditions Pauvert, 1974)

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Greenpeace, une association anti-malthusienne

Lettre ouverte d’un contributeur régulier à l’association Greenpeace

Je ne renouvellerai pas mon soutien financier à Greenpeace. En effet je viens de découvrir que sur la question démographique, vous vous permettez de dire mensonges et contre-vérités dans votre rubrique FAQS. Vous prétendez que « c’est une idée fausse et dangereuse de dire que la surpopulation est l’une des principales causes de la crise climatique et qu’il serait nécessaire de contrôler la croissance démographique ».

Vous niez qu’il y ait surpopulation avec des arguments de type politique d’extrême gauche (l »effet de serre, c’est la faute des multinationales). Vous ajoutez une accusation de racisme quant à l’origine de l’idée de surpopulation. Or c’est Malthus (et non Paul Ehrlich) qui est dès 1798 à l’origine du constat de tendance à la surpopulation). Le mot « malthusien » est entré dans le dictionnaire. Un malthusien explique qu’il s’agit de maîtriser la fécondité quand il y a décalage entre le nombre d’humains et le milieu qui les fait vivre. Le but est de promouvoir l’épanouissement de toutes les catégories sociales, y compris les plus défavorisées. Y voir du racisme est une accusation sans fondement.

Vous répétez constamment l’expression « Contrôle de la population » alors que l’existence du planning familial, la liberté de contraception et l’interruption volontaire de grossesse ne reposent pas sur un diktat de l’État, mais sur le libre choix des personnes. Enfin vous osez prétendre que parler de surpopulation empêcherait d’agir pour d’autres causes. C’est absurde, on peut financer Greenpeace tout en étant par exemple membre actif de l’association Démographie Responsable. Voir dans ces deux engagements une contradiction apparaît même comme une atteinte à la liberté de participer à n’importe quelle association de son choix. Quant à l’idéologie véhiculée par Démographie Responsable, allez consulter le site de DR, et vous aurez des idées un peu plus justes sur ceux qui disent comme moi qu’il y a surpopulation et qu’il faut agir de façon humaniste.

Il est vrai, comme vous l’écrivez, que « les émissions par habitant de l’hémisphère sud sont bien moins élevées que celles du nord ». Mais il faut en déduire que la baisse de fécondité dans les pays sur-développés est une bonne nouvelle pour le climat. Quant à des pays surpeuplés et sous-développés, laisser croire qu’il ne faudrait pas instituer chez eux un planning familial efficace serait une faute stratégique qui irait à l’encontre de leurs propres intérêts.

En conclusion, la meilleure façon de lutter contre la crise écologique consiste à la fois à réduire le nombre de personnes sur Terre, à lutter contre les inégalités et à tendre à un niveau de vie moyen compatible avec les possibilités de la planète.

contenu de la rubrique FAQS de Greenpeace

Population : quel impact sur l’environnement ?

https://www.greenpeace.fr/population-quel-impact-sur-lenvironnement/

On entend parfois dire que la surpopulation est l’une des principales causes de la crise climatique et qu’il serait nécessaire de contrôler la croissance démographique. Cette idée est fausse et dangereuse, car elle rejette la faute de problèmes sociétaux sur le dos notamment de populations qui n’en sont aucunement à l’origine.

Population et environnement : un faux débat

Les théories sur la surpopulation se sont généralisées dans les années 60, avec à la clé des discours tels que : “la croissance démographique est hors de contrôle, notre planète ne peut plus y faire face, la surpopulation est la cause de l’épuisement des ressources et du chaos climatique, nous devons réduire la population mondiale pour combattre les crises environnementale et climatique”.

En réalité, quelques dizaines de multinationales sont directement responsables des deux tiers des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. Ainsi, mettre en avant la pseudo nécessité de contrôler la population revient à montrer du doigt les individus alors que des changements systémiques sont nécessaires, et à nous détourner du vrai problème, à savoir le rôle des industries polluantes et la passivité voire la complicité des gouvernements face à la destruction de l’environnement, du climat et de la biodiversité,

Le “contrôle de la population mondiale”, une idée aux origines racistes

La bomb P, le livre de Paul Ehrlich qui a popularisé cette idée, est basé sur les expériences vécues par l’auteur dans une grande ville indienne et préconise des mesures d’incitation et de contrainte pour contrôler la population – en particulier celle des personnes non blanches. Encore aujourd’hui, lorsque les gens parlent de surpopulation, ils ont souvent en tête la Chine, l’Afrique ou l’Inde. Aux Etats-Unis, par exemple, cette idée s’est traduite par la stérilisation forcée de femmes racisées. Elle a également été utilisée pour justifier des crimes racistes commis par des suprémacistes blancs, comme la fusillade d’El Paso. Comme toute narrative raciste, celle du contrôle de la population a de graves conséquences.

En réalité, les émissions par habitant de l’hémisphère sud sont bien moins élevées que celles du nord, et réduire la population ne résoudrait donc en rien la crise climatique. D’après une étude publiée par Oxfam en 2015, “une personne parmi les 10% les plus riches en Inde n’émet en moyenne qu’un quart du CO2 émis par une personne de la moitié la plus pauvre de la population des États-Unis”. En résumé, la plupart des arguments en faveur du contrôle de la population montrent du doigt les pays en développement dont les émissions per capita demeurent relativement peu élevées, et pas les pays industrialisés qui émettent davantage de gaz à effet de serre.

La meilleure façon de lutter contre la crise climatique n’est donc pas de réduire le nombre de personnes sur Terre, mais de revoir globalement nos modes de production et de consommation, de mettre la pression sur les entreprises et les politiques qui en sont à l’origine, et de lutter pour une distribution des richesses durable, juste et équitable.

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Comment définir le « bien mourir » ?

Le 15 novembre 2022, nous avons dépassé selon l’Onu le nombre de 8 milliards d’êtres humains. Alors, faut-il maîtiser notre fécondité ou bien accélérer notre mort ?

La convention citoyenne sur la fin de vie, qui a commencé ses travaux le 9 décembre 2022, pourrait opposer les tenants d’une aide active ou passive à mourir (le sens contemporain du terme « euthanasie ») et les promoteurs des soins palliatifs (visant à soulager les souffrances physiques et psychiques des patients jusqu’à la mort). Ces deux approches, si elles divergent sur les modalités et les finalités des soins apportés aux mourants, partagent pourtant un même espoir : celui d’une mort sereine et pacifiée. La définition du « bien mourir » fluctue en fonction des époques.

Marion Dupont : « Avec la diffusion du christianisme, le moment de la mort notamment, par lequel l’âme est libérée du corps, correspond désormais à la « vraie naissance » et à la possibilité du salut dans l’au-delà. La mort est un passage qui se vit donc dans des cadres religieux. L’assistance à mourir ne se conçoit pas : même les douleurs de l’agonie ne la justifient pas, puisque la vie des hommes n’appartient qu’à Dieu. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, on ose même la prière : « De la mort subite et imprévue, délivrez-nous, Seigneur ». Et le mourant doit se méfier des pièges du démon lors des derniers moments : il pourrait l’inciter à maudire Dieu pour la souffrance qu’il lui inflige. De toute façon, les médecins ne possèdent pas à l’époque les moyens d’atténuer ces souffrances, sinon à la marge.

Un changement s’amorce au XIXe siècle. Résultat de la médicalisation croissante de la vie, notamment des élites, les médecins s’approprient d’abord le moment de la naissance, puis celui de la mort, et s’installent peu à peu aux côtés de la famille et du prêtre lors de l’agonie. Au cours des années 1860-1870, grâce à l’invention de la seringue de Pravaz, la morphine est de plus en plus souvent utilisée. Une alternative commence dès lors à se dessiner pour les médecins : doivent-ils aider à soulager la douleur, comme le leur demandent les patients et comme ils en ont désormais le pouvoir, au risque d’abréger la vie, ou doivent-ils prolonger la vie par tous les moyens ? Finalement, le choix est fait, au début du XXe siècle, de décourager l’usage du dérivé de l’opium, par crainte d’une addiction ou d’une intoxication progressivement mortelle pouvant mener à un coûteux procès. Mais à mesure que les progrès de la médecine augmentent l’espérance de vie, l’importance croissante des maladies chroniques, notamment des cancers, redéfinit les contours de la mort : l’agonie s’allonge, passant de quelques jours à parfois plusieurs années. La prise de conscience de tout ce que ces nouvelles conditions du « mourir » comportent de souffrances morales et physiques pourtant évitables, ne tarde pas.

En France, le débat ne s’ouvre véritablement que dans les années 1970. La fin de vie est de plus en plus technicisée, médicalisée, déshumanisée. Cette façon de faire est perçu comme contre-productif et producteur de souffrances inutiles. Deux conceptions émergent, celle du droit à la mort, portée par l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) et celle portée par les médecins, les soins palliatifs. Le paternalisme médical, qui permettait aux professionnels de décider de ce qui était bon pour le malade, n’apparaît plus possible et légitime à partir des années 1980-1990. Cette domination va être remplacée par une approche plus négociée, qui entend plutôt tenir compte de la subjectivité des malades. »

Le point de vue d’Ivan ILLICH

Il faudrait, quand on est conscient des cycles naturels, accepter la mort quand elle vient et ne pas prolonger la vie indûment. Ivan Illich a dénoncé la dépendance inouïe de l’homme envers la médecine. Rappelons ses propos :

« Le traitement précoce de maladies incurables a pour seul effet d’aggraver la condition des patients qui, en l’absence de tout diagnostic et de tout traitement, demeureraient bien portants les deux tiers du temps qu’il leur reste à vivre… Je voudrais distinguer entre ceux qui désirent des services plus nombreux, meilleurs, moins chers pour plus de gens, et d’autres qui veulent poursuivre des recherches sur les certitudes pathogènes qui résultent du financement des rituels de soins de santé.»

Lire, Covid, regardons sans ciller la mort en face

Ivan Illich étudie ce que dit la technique plutôt que ce qu’elle fait. L’homme-acteur a été remplacé par l’homme considéré comme patient nécessiteux !

«  En 1974, quand j’écrivais Némésis médicale, je pouvais déjà parler de « médicalisation » de la mort. Les traditions occidentales régissant le fait de mourir sa propre mort avaient cédé à l’attente de soins terminaux garantis. Je forgeai alors le mot « amortalité » pour désigner le résultat de la liturgie médicale entourant le « stade terminal ». Ces rituels façonnent désormais les croyances et les perceptions des gens, leurs besoins et leurs demandes. Le dernier cri en matière de soins terminaux a motivé la montée en flèche de l’épargne de toute une vie pour financer la flambée de l’échec garanti. J’ai démontré l’efficacité paradoxalement contre-productive dans des techniques disproportionnées. J’étudiais la médecine comme une entreprise prétendant abolir la nécessité de l’art de souffrir par une guerre technique contre une certaine détresse. La médecine m’apparaît comme le paradigme d’une méga-technique visant à vider la condition humaine du sens de la tragédie. »

Ivan Illich plaidait pour une renaissance des pratiques ascétiques, pour maintenir vivants nos sens, dans les terres dévastées par le « show », au milieu des informations écrasantes, des soins médicaux terminaux, de la vitesse qui coupe le souffle.

Tout savoir sur Ivan Illich, BIOSPHERE-INFO, Ivan ILLICH analyse la technique

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Le suicide assisté, une pente glissante ?

Prétextant des cas d’euthanasie au Pays-Bas, un professeur d’éthique de la santé à l’Université théologique protestante de Groningue, s’inquiète de l’évolution de la loi dans son pays et met en garde les Français, dans une tribune au « Monde ».

Lire, CCNE et interruption volontaire de vieillesse

Theo Boer : J’ai soutenu la légalisation de l’euthanasie aux Pays-Bas en 2002. J’étais convaincu que les Néerlandais avaient trouvé le bon équilibre entre la compassion, le respect de la vie humaine et la garantie des libertés individuelles. Cependant nous avons assisté à une augmentation spectaculaire du nombre d’euthanasies, qui sont passées de 2 000 en 2002 à 7 800 en 2021, avec une augmentation continue en 2022. Dans certains endroits des Pays-Bas, jusqu’à 15 % des décès résultent d’une mort administrée. La pratique s’est étendue aux personnes souffrant de maladies chroniques, aux personnes handicapées, à celles souffrant de problèmes psychiatriques, aux adultes non autonomes ayant formulé des directives anticipées ainsi qu’aux jeunes enfants. Actuellement, nous discutons d’une extension aux personnes âgées sans pathologie. Cette pente glissante se pare des atours de la justice, de sorte que les prochaines étapes sont facilement prévisibles. Pourquoi seulement une mort assistée pour les personnes souffrant d’une maladie, et pas pour celles qui souffrent du manque de sens, de marginalisation, de la solitude, de la vie elle-même ? Ce qui est perçu comme une occasion bienvenue par ceux qui sont attachés à leur autodétermination devient rapidement une incitation au désespoir pour les autres. les gens sont confrontés à l’un des choix les plus déshumanisants qui soient : est-ce que je veux continuer à vivre ou est-ce que je veux mettre fin à mes jours ?

Le point de vue des malthusiens

La seule certitude de la vie sociale en démocratie, c’est le principe de la libre détermination de la personne une fois qu’on lui permet de choisir en toutes connaissances de cause. Si dans un pays libre on permet le suicide assisté à des personnes ayant toute leur faculté de penser, c’est à la personne de décider pour sa propre mort sans qu’on puisse la rendre responsable du suicide des autres personnes. Theo Boer parle « d’incitation au désespoir ». Mais on peut aussi bien considérer la réalité psychologique inverse : si on sait qu’on peut choisir de mourir quand on veut, autant décider de continuer à vivre le plus longtemps possible. Une de ses phrases interpelle : « Dans une société où l’aide à mourir est accessible, les gens sont confrontés à l’un des choix les plus déshumanisants qui soient : est-ce que je veux continuer à vivre ou est-ce que je veux mettre fin à mes jours ? » Et alors ? En quoi est-ce déshumanisant. C’est peut-être le contraire, une interrogation sur ce qu’est le sens de l’humain, le sens de la vie sur Terre. Au delà de sa propre personne, il faut aussi s’interroger sur le sentiment d’être ou non encore utile à la collectivité humaine.

Peut-être que Theo Boer ne fait-il que révéler son inclination religieuse dans son discours, ou alors un amour immodéré des soins palliatifs… Lorsque l’euthanasie a été légalisée aux Pays-Bas, il est significatif que les réactions hostiles proviennent à la fois de l’Osservatore Romano et de la Société française de soins palliatifs. A une époque de technologisation de l’existence et d’appareillage médico-social de la mort, il paraît nécessaire de se poser la question : qu’est-ce qu’une mot douce ? On peut donner ou non la vie avec la légalisation de la contraception et de l’interruption volontaire de grossesse, il semble dans la logique des choses de pouvoir soi-même déterminer le bon moment pour mourir. Du point de vue des malthusiens, il faut savoir maîtriser sa fécondité. Du point de vue contemporain, il faut savoir en finir avec l’acharnement thérapeutique et des existences qui n’ont plus de sens pour la personne.

Pente glissante ? Le terme est utilisé par Theo Boer. Il s’agit d’un sophisme, un procédé rhétorique qui consiste à voir l’aboutissement à l’inhumain alors que la discussion portait sur des raisonnements entre humains. Ici on part de la réalité d’une loi favorisant le suicide assisté à l’idée que tout le monde ou presque va se suicider à cause de cette loi. Ce n’est qu’une interprétation de ce théologien « expert en éthique ». Or l’éthique des uns n’est pas l’éthique des autres, il n’y a plus dans notre société sans religion de parole sacrée et de valeurs sacralisées. On se contente de délibérations collectives pour déterminer ce qui paraît le plus juste dans une situation donnée. Et le plus judicieux est de se baser principalement sur la clairvoyance du libre arbitre de chacun même si l’ouverture de la boîte de Pandore aboutit on ne sait où. Si cela donne lieu à une épidémie de suicides, il faut surtout se poser la question de la raison pour laquelle beaucoup de monde désespère et perd le goût de vivre.

Lire, Avortement et euthanasie, pour ou contre ?

Le suicide assisté, une pente glissante ? Lire la suite »

Fin de vie, ma mort m’appartient

Dans un récent sondage commandé à l’Ifop par l’ADMD (octobre 2022), les Français expriment leur rapport à l’aide active à mourir. 78% des Français attendent de la convention citoyenne sur la fin de vie qu’elle légalise l’aide active à mourir ; 79% des Français se disent confiants dans un médecin qui se déclarerait favorable à l’euthanasie ; 77% des Français se disent confiants dans un médecin qui déclarerait pratiquer des euthanasies ; 82% des Français considèrent l’euthanasie et le suicide assisté comme des soins de fin de vie à part entière. Voici quelques témoignages de spécialistes :

Jacqueline Herremans : En Belgique, nous sommes parvenus en 2002 à respecter l’équilibre de ces trois lois fondamentales en droit médical : celle qui affirme les droits du patient, celle qui propose l’accès universel aux soins palliatifs et celle qui dépénalise l’euthanasie. Le respect de l’autonomie du patient y est le maître mot. Pas une autonomie désincarnée mais bien alimentée par l’information fournie par les professionnels de la santé. Le colloque singulier qui s’instaure entre le patient et le médecin permet d’examiner toutes les pistes possibles, autres que l’euthanasie, en matière de traitements thérapeutiques ou de soins palliatifs. Ce n’est qu’au bout du chemin que le médecin et le patient, convaincus qu’il s’agit de la seule option raisonnable, prendront la décision de l’euthanasie et en fixeront les modalités. Pour les soins palliatifs, le médecin recueille le consentement éclairé du patient, qui a le droit de les refuser sans devoir se justifier. En revanche, pour l’euthanasie, c’est au patient de la demander au médecin qui y consent… ou non. Nul ne peut être contraint à demander l’euthanasie, nul ne peut être forcé à poser l’acte.

La demande doit être volontaire, réitérée, sans pression extérieure, condition sine qua non pour l’euthanasie, mais pas suffisante. Il faut encore que le patient soit atteint d’une affection grave et incurable, d’ordre pathologique ou accidentel, qui lui cause des souffrances physiques ou psychiques inapaisables. Depuis 2014, des enfants doués de discernement peuvent formuler une demande d’euthanasie. Jamais cependant pour des affections psychiatriques ! Pour la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs, il doit être particulièrement difficile d’entendre que leurs collègues pratiquant la médecine palliative en Belgique, sauf de très rares exceptions, considèrent que les soins palliatifs et l’euthanasie, loin d’être des frères ennemis, sont complémentaires.

association Renaloo : Delphine nous a quittés le 18 juin, à l’âge de 45 ans, dix jours après avoir arrêté volontairement de se faire dialyser. Elle a fait le choix de mettre fin à cette existence, l’alternance dialyse-greffe durant plus de trois décennies. Cette vie ne valait plus la peine d’être vécue.La mort de Delphine n’est pas un suicide, elle n’attente pas elle-même à sa vie à l’aide d’un moyen actif. Il ne s’agit pas non plus d’un suicide assisté, acte prémédité, connu des proches et accompli par un agent extérieur. L’arrêt de la dialyse s’inscrit à mi-chemin de ces deux fins de vie volontaires. C’est un « laisser-mourir ».

Les malades du rein, et plus largement ceux pour lesquels des traitements permettent une survie longue, au prix de contraintes importantes, ne doivent pas être écartés des réflexions françaises sur la fin de vie. Le respect prioritaire de l’autonomie de la personne s’impose finalement.

François Blot : Quel que soit le choix politique final, la légalisation ou non de l’aide active à mourir ne pourra être que sacrificielle. Il faut s’interroger sur la considération d’une société pour les plus vulnérables, handicapés, dépendants, âgés, malades, déprimés…Il serait tentant, pour des personnes affaiblies de céder à un sentiment d’inutilité que la société leur aura renvoyé, et de se retirer du monde des vivants puisque l’option, si radicale mais si « simple », est là, sous la main. Le philosophe David Hume, au XVIIIe siècle, n’y va déjà pas par quatre chemins : « Supposez qu’il ne soit plus en mon pouvoir de promouvoir les intérêts de la société, supposez que je sois devenu pour elle un fardeau, supposez que ma vie empêche une autre personne d’être plus utile à la société. En pareil cas, mon abandon de la vie devrait être non seulement innocent, mais même louable. »

Face à la fin de vie, l’approche collective et profondément éthique qui prévaut aujourd’hui règle son pas sur un impératif kantien irréductible : une action (ici, donner la mort) n’est morale que si elle est universalisable… Peut-être faut-il donc évoluer, et, selon la formule sartrienne, « se salir les mains » ?

François Galichet : Qu’est-ce que le fait de mourir délibérément change à notre rapport à la mort ? J’ai accompagné, dans le cadre de l’association Ultime Liberté, plusieurs personnes ayant décidé de quitter la vie pour des raisons graves et longuement réfléchies. Boire un verre de pentobarbital provoque un endormissement semblable à celui que nous connaissons chaque soir ; la mort survient ensuite sans signe de détresse respiratoire ou autre. Rien à voir avec les suicides violents, comme celui de l’écrivain Romain Gary (1914-1980) se tirant une balle dans la bouche, du philosophe Gilles Deleuze (1925-1995) se jetant de la fenêtre de son immeuble, ou de ceux qui se pendent ou se jettent sous un train.

Ce qui m’a particulièrement frappé, c’est le calme et la résolution au moment de boire la potion létale. La capacité de mourir paisiblement à son heure change profondément l’imaginaire de la mort. Habituellement, celle-ci est ressentie, peu ou prou, comme une violence qui peut nous tomber dessus à n’importe quel instant. En devenant non plus une fatalité mais une volonté, non plus un danger mais une capacité, la mort change de sens, elle devient une décision à prendre.

NB : Les membres de l’association Ultime liberté se procurent le pentobarbital à l’étranger. C’est pourtant le produit couramment utilisé en médecine vétérinaire pour l’euthanasie. Mais sa vente aux vétérinaires est hyperréglementée, bien plus que pour les opiacés.

Pour en savoir plus, Fin de vie et suicide, un débat actuel

Fin de vie, ma mort m’appartient Lire la suite »

Incertitudes de Macron sur la fin de vie !

Le pape François a rappelé son espoir de voir en France un débat sur la fin de vie qui « puisse se faire, en vérité, pour accompagner la vie jusqu’à sa fin naturelle ». Comme si le représentant d’une religion avait quelque chose à dire sur une décision politique dans un pays démocratique !

L’avancée des débats sur la fin de vie, déjà largement entravée par le traditionalisme catholique et les tenants des soins palliatifs, n’a pas besoin, en plus, des états d’âme de celui qui gouverne pour le moment le pays, Emmanuel Macron.

Claire Gatinois et Béatrice Jérôme : Le sujet de la fin de vie s’invite à l’Élysée dès 2018 lors d’un dîner consacré à la bioéthique. Parmi la douzaine de convives figure le grand rabbin de France, Haïm Korsia, qui dérape en comparant leuthanasie à la Shoah. Le 8 avril 2021, c’est le texte de l’ancien socialiste Olivier Falorni, député de la Charente-Maritime et ardent militant de la cause, qui ouvre les débats au Palais-Bourbon pour autoriser « l’assistance médicalisée active à mourir » pour les personnes atteintes d’« affections graves et incurables ».la proposition de loi échoue finalement à être adoptée, obstruée par une poignée d’élus du parti Les Républicains. Sur le sujet, la pensée du chef de l’Etat reste insondable. Macron peine, de plus en plus, à masquer son malaise. Le 24 octobre 2022, après une audience papale, il se confie : « Sur le sujet de la fin de vie, j’ai dit au pape que je n’aimais pas le mot d’euthanasie. La mort, c’est un moment de vie, ce n’est pas un acte technique. Ma mort m’appartient-elle ? C’est une question intimidante, je ne suis pas sûr d’avoir la réponse. » Plus la décision à prendre pour satisfaire les promoteurs du « droit à mourir dans la dignité » approche, plus Emmanuel Macron se fait prudent. Ni pour ni contre, bien au contraire. « Est-ce que chacun peut disposer seul de sa vie ou alors comment se formalise la collégialité ? Il y a une immense difficulté quand l’expression du consentement peut être altérée par des circonstances de souffrances et de troubles psychologiques. Je n’ai pas de position officielle. J’ai besoin d’une convention citoyenne. »

Le point de vue des usagers de l’euthanasie

Jean François Thomas : Ceux qui souffrent et veulent en finir se foutent complètement de la rhétorique. Pauvre chou de Macron, il n’aime pas le mot euthanasie …S’il oubliait les mots de temps en temps et passait à l’action.

Pascale C : J’ai beau avoir été une catéchiste, et même une communiante confirmée dans ma foi, je ne comprends pas au nom de quoi le pape et M. Macron pourraient s’arroger le droit de décider de ma fin de vie. Il existet un truc qui s’appelle le libre arbitre, qui peut me servir à décider si je veux finir dignement (d’après mes propres critères) ou non ? Et si le pape et M. Macron ne sont pas d’accord… qu’ils aillent au diable.

Liberté Egalite Fraternite et Republique : Personne, absolument personne ne peut décider des modalités de fin de vie d’un homme autre que lui même : la liberté de choix sur ce point doit être totale. La liberté de choix de sa fin de vie devrait même avoir rang de norme constitutionnelle, norme auquel tout médecin et soignant doit faire droit dès lors que la volonté est clairement et librement exprimée par la personne.

Francis Baque : La liberté devrait présider. Si certains croient à l’utilité rédemptrice de leur souffrance, pourquoi leur interdire ? Si d’autres ont tellement peur de leur mort qu’ils préfèrent l’anticiper pourquoi les blâmer ? Pour moi, le médecin peut déclarer son diagnostic, mais ni décider ni provoquer la mort. Ce serait une terrible confusion de rôle. En revanche une solution létale indolore devrait être en vente libre en pharmacie, et la décision doit revenir à l’individu et non au collectivisme.

Marcelle : J’ose même un parallèle avec « donner la vie ». Souvent les questions autour de l’IVG sont traduites par « à qui appartient le corps des femmes ? » et il y a beaucoup de pays (pas assez évidemment) où la réponse est « à chaque femme de décider ». Pour moi, dans le cas de la fin de vie, c’est la même chose : «  à qui appartient le corps des mourants et des abîmés de la vie? ». À eux évidemment. Après, les questions à régler c’est les moyens et l’encadrement pour éviter par ex que d’avides héritiers ne profitent de situation.

Emilio Fitzcarraldo : Environ 30 % de nos dépenses de santé sont liées aux 3 derniers mois de la vie. Ces 30 % pourraient être alloués à la prévention, il y a suffisamment de comportements à risque, excès de vitesse, sexe sans capotes, conséquences de cigarettes, stupéfiants, alcool, gras, sel, nitrites, etc que nous devrions mieux gérer pour vivre mieux. Quand c’est l’heure, c’est l’heure et nous devons apprendre à l’accepter. Prenez la mort du bon côté. Terminé les ennuis du quotidien. La paix et le calme pour l’éternité.

Le philosophe et chouchou de Macon, Paul Ricœur : « « La vérité de l’euthanasie active est celle d’un suicide assisté. Un humain décide autoritairement de la frontière entre le tolérable et l’intolérable. Mais pour qui la prolongation de la vie est-elle insupportable ? Pour le malade ? Pour l’environnement familial ? Qui a demandé la mort ? Que signifie cette demande ? Et s’il faut avouer que les pratiques clandestines d’euthanasie actives sont inéradicables, et si l’éthique de détresse est confrontée à des situations où le choix n’est pas entre le bien et le mal, mais entre le mal et le pire, même alors le législateur ne saurait donner sa caution »

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Fin de vie et arrêt des soins palliatifs

Débat «Fin de vie», noyé dans les parlottes

Les quelque 170 participants appelés à siéger à la convention citoyenne sur la fin de vie, qui s’ouvre vendredi 9 décembre au Conseil économique, social et environnemental (CESE), vont se réunir neuf week-ends de trois jours jusqu’au 19 mars 2023 pour tenter de répondre à la question formulée par la première ministre, Elisabeth Borne : « Le cadre d’accompagnement de la fin de vie est-il adapté aux différentes situations rencontrées ou d’éventuels changements devraient-ils être introduits ? »

Béatrice Jérôme : Le chef de l’Etat se réserve dès le départ la possibilité de ne pas retenir toutes les propositions. Mais c’est le Parlement, in fine, qui sera chargé de voter une éventuelle réforme. Pour l’instant l’objectif affiché du gouvernement n’est pas d’obtenir une solution clé en main mais d’apaiser le débat pour préparer le pays à toute éventualité. La fin de vie ne requiert pas d’expertises techniques, contrairement à des sujets comme celui du climat. En 2013 et en 2018, des consultations de citoyens au format nettement plus réduit s’étaient déjà prononcées en faveur d’une légalisation d’une aide active à mourir. Les praticiens des soins palliatifs se déclarent opposés pour la plupart à une légalisation de l’euthanasie. « Si on considérait que l’on peut passer outre leur avis, en estimant que c’est une question d’usagers et pas de soignants, on risquerait d’échouer » estime Olivier Véran. ministre délégué chargé du renouveau démocratique, ex ministre de la santé en février 2020.

Lire, L’ADMD et la Convention « fin de vie »

Le point de vue des usagers

Il nous paraît hallucinant que le gouvernement ménage d’emblée le corps des médecins gagnant leur vie par les soins palliatifs et l’acharnement thérapeutique au détriment des usagers, ceux qui ont personnellement besoin qu’on arrête de les « aider » à survivre. Rappelons que dans un sondage Ifop d’octobre 2022, les Français expriment leur rapport à l’aide active à mourir. 78% des Français attendent de la convention citoyenne sur la fin de vie qu’elle légalise l’aide active à mourir ; 79 % des Français se disent confiants dans un médecin qui se déclarerait favorable à l’euthanasie ; 77% des Français se disent confiants dans un médecin qui déclarerait pratiquer des euthanasies ; 82 % des Français considèrent l’euthanasie et le suicide assisté comme des soins de fin de vie à part entière.

Le docteur Ochiro Kobori estime qu’il est préférable de sortir de l’hôpital un malade dont les médecins savent qu’il est dans un état au-delà de toute thérapie et de ne pas lui infliger des soins intrusifs de réanimation, mais de lui permettre de mourir chez lui. Le rôle du médecin est de soulager les douleurs éventuelles du mourant, mais ce n’est pas à lui de l’accompagner. Ce rôle revient aux membres de la famille. Le praticien doit faire en sorte qu’ils réagissent avec sang-froid face à la mort. Il serait d’ailleurs intéressant de faire participer au débat les premiers concernés, c’est-à-dire les personnes en Ephad dans l’attente d’une vie plus ou moins assistée selon le Groupe Iso-ressources : GIR 1 (Présence continue nécessaire).  GIR 2  (Assistance requise dans la plupart des activités de la vie quotidienne ou surveillance permanente). GIR 3 (Aide pour les soins corporels, plusieurs fois par jour). Les GIR 4 et GIR 5 permettent une vie à peu prêt correcte.

La fin de vie n’est pas un sujet de philosophie politique, c’est la question existentielle posée à chacun d’entre nous. Aucune opinion ne pouvant prévaloir sur une autre, la réponse nous appartient en propre. C’est le libre choix des personnes qui l’emporte, que ce soit dans le cas de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) ou dans le cas de l’interruption volontaire de vieillesse (IVV). Sinon il y a de toute façon avortement clandestin ou suicide. Les politiques ne doivent ni suivre le changement social en matière de vie et de mort ni le précéder. Il doivent l’accompagner.

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Parlons clairement de surpopulation

Du haut de mes 75 ans j’ai trouvé que le passage aux 8 milliards avait été largement minimisé par les médias. Un évènement chasse l’autre, il ne reste rien de tangible. Il me serait donc agréable de voir reprises certaines des idées suivantes, que ce soit à titre personnel ou de façon médiatisée.

L’idée de surpopulation, la grande absente du passage aux 8 milliards

Le passage aux 8 milliards d’êtres humains le 15 novembre dernier pouvait entraîner une prise de conscience. Mais l’idée de surpopulation démographique semble absente de nos médias, quand elle n’est pas rejetée d’emblée. Sur le site du Fonds mondial de l’ONU pour la population, on trouve cette réaction : « Le franchissement de ce seuil s’accompagnera sans doute de discours invoquant avec alarmisme le terme de « surpopulation ». Se laisser aller à de telles paroles serait une erreur. ». Il ne faut pas simplifier les problèmes complexes. Lors de ma naissance en novembre 1947, il y avait déjà 2,3 milliards d’humains ; il me paraît impossible de gérer de façon conviviale des milliards qui s’ajoutent aux milliards.

On récite en boucle ce type d’analyse: « il n’y a pas à s’inquiéter, ça décélère, et puis l’important c’est le mode de vie, certainement pas notre nombre » ! On vante la diminution du taux de croissance mondial, passé de 2 % à 1 %. Mais il s’agit toujours d’une évolution exponentielle qui s’applique à une plus grande valeur absolue : nous avons ajouté 1 milliard de personnes entre 2011 et 2022, ce n’est pas rien. Et toutes les prévisions indiquent que nous franchirons le cap des 10 milliards vers 2080. Or les deux milliards d’humains qui vont s’ajouter à la population mondiale feront beaucoup plus de dégâts que les milliards précédents car nous avons déjà utilisé les ressources les plus faciles à atteindre. Il est passé le temps où il fallait seulement un baril de pétrole pour en pomper 100. Dorénavant, il faudra encore plus d’énergie pour produire toujours moins d’énergie. Sans compter le fait qu’il faudrait laisser sous terre une bonne partie des ressources fossiles pour éviter l’emballement climatique.

D’autres pensent que nous avons les moyens de nourrir convenablement 10 milliards d’habitants. Nous connaissons des famines à l’heure actuelle, cela ne peut que s’amplifier par la suite. La loi des rendements décroissants s’applique à une agriculture industrielle qui a fragilisé les sols et épuisé les ressources nécessaires à son productivisme. La course entre croissance démographique et développement agricole ne peut se poursuivre indéfiniment. Norman Borlaug, initiateur de la révolution verte, lançait déjà en 1970 cet avertissement lors de son discours de réception du prix Nobel :

« Nous sommes face à deux forces contraires, le pouvoir scientifique de la production alimentaire et le pouvoir biologique de la reproduction humaine. L’homme a fait des progrès fantastiques, depuis quelques temps, pour ce qui est de maîtriser potentiellement ces deux puissance opposées. Il utilise ses pouvoirs pour augmenter le rythme et l’ampleur de la production alimentaire. Mais il n’exploite pas encore de façon adéquate son potentiel pour limiter la reproduction humaine… Il n’y aura pas de progrès durable, dans la guerre contre la faim, tant que les gens qui luttent pour augmenter la production alimentaire et ceux qui luttent pour contrôler la fécondité humaine n’auront pas uni leurs forces. »

Le « jour de dépassement de la terre », calculé par l’empreinte écologique, a été franchi par l’humanité dès le 28 juillet cette année. Pourtant les spécialistes croient encore que ce n’est pas tant un problème démographique qu’un problème de mode de vie. C’est ignorer l’équation IPAT, l’impact écologique « I « résulte à la fois du niveau de la population « P », de son niveau de vie « A » et de la technologie « T » employée.  Diminuer notre poids sur la planète, c’est agir à la fois sur ces trois leviers sans en ignorer aucun. En d’autres termes, la population est toujours un multiplicateur des menaces. On mise aussi sur la transition démographique, ce moment où, grâce au développement économique, la natalité chute pour rejoindre la mortalité qui était déjà passée à un niveau peu élevé. Encore faut-il que le développement soit possible pour les pays surpeuplés où existe le cercle vicieux pauvreté, fécondité, encore plus de misère, familles nombreuses, etc. Sans compter que jamais les catégories à bas revenus n’accéderont à un niveau de vie convenable faute de possibilités de croissance économique durable sur une planète que nous avons déjà abondamment pillée. On nous suggère enfin que la bombe démographique, ce n’est pas notre nombre, mais la conséquence du vieillissement d’une partie de la population mondiale. Même la Chine s’inquiète. Or faire plus d’enfants pour payer les retraites, c’est en fait une pyramide de Ponzi démographique : plus de jeunes aujourd’hui veut dire encore plus de retraités dans l’avenir jusqu’à ce que la pyramide s’effondre. Et nous n’avons pas encore abordé la chute de la biodiversité. Notre expansionnisme, lié à la satisfaction de besoins qu’on croit illimité, détériore gravement le milieu de vie des non-humains. La chute de la biodiversité, le réchauffement climatique, le poids du nombre, tout est en interaction.

Soyons réaliste, qu’est-ce qui est le plus facile, agir sur la démographie ou agir sur le niveau de vie ? Certes il ne suffit pas d’adopter des politiques de contrôle des naissances pour voir la population mondiale baisser. A cause de l’inertie démographique, en particulier avec le poids des jeunes dans certaines pyramides des âges et le fait que le changement s’opère d’une génération à l’autre, il y a forcément un décalage entre la baisse de la natalité et la diminution de la population. Mais ce constat temporel devrait être un argument de plus pour dire qu’il est indispensable de prendre le plus rapidement possible les moyens de réguler la fécondité.

Quelque 214 millions de femmes des pays en développement ne disposent pas de méthodes de planification familiale sûres et efficaces. La plupart de ces femmes vivent dans les 69 pays les plus pauvres1. Le concept de « naissance désirée » est important. Et le coût de la santé reproductive est infiniment moins élevé que le coût d’une croissance « verte » ou de l’adaptation aux perturbations climatiques. Par contre il est beaucoup plus difficile de modifier la soif de consommation de la population vivant à la mode occidentale ou voulant y accéder : plus de 1 milliards d’automobiles individuelles dans le monde, plus de 5 milliards de personnes avec accès à Internet et des investissements publicitaires mondiaux de 1000 milliards de dollars prévus pour 2025.

Il ne faut pas simplifier les problèmes complexes.

Michel Sourrouille,

carrière de professeur de sciences économiques et sociales, coordinateur du livre « Moins nombreux, plus heureux – l’urgence écologique de repenser la démographie (éditions Sang de la Terre, 2014. Co-auteurs Yves Cochet, Alain Gras, Alain Hervé, Corinne Maier, Pablo Servigne…)

Mon dernier livre, « Alerte surpopulation – le combat de Démographie Responsable« , a été édité en octobre 2022 .

https://livre.fnac.com/a17437174/Michel-Sourrouille-Alerte-surpopulation

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Novembre 2022 consacré à la démographie

Nous avons consacré chaque jour de ce mois de novembre à la question démographique. Le passage aux 8 milliards d’êtres humains le 15 novembre de ce mois était à notre avis l’évènement le plus marquant de l’année 2022. La surpopulation conditionne en effet tout le reste, la pandémie, les famines, la guerre en Ukraine, la montée des extrêmes en politique, des États impuissants, etc.

Sur ce blog biosphere, nous essayons de faire progresser notre intelligence collective. Les commentaires sont libres. Le point de vue écologique que nous essayons de décrypter a ceci de révolutionnaire qu’il repose sur une analyse systémique : tout est interdépendant, la réalité est complexe et souvent contradictoire, mais l’urgence écologique ET démographique rend nécessaire la formulation de solutions… et l’action!

Pour agir avec l’association Démographie responsable,

https://www.demographie-responsable.org/

Proposition de politiques démographiques

Ainsi cette perspective  proposée par Robert Engelman, président du Worldwatch Institute de 2011 à 2014, peut servir de proposition pour un programme politique. Voici les 9 stratégies qu’il préconise :

1. Garantir l’accès de tous à une large gamme d’options contraceptives pour les deux sexes

On estime que 40 % de toutes les naissances au niveau mondial sont non désirées. Si toutes les femmes pouvaient décider du moment de leur grossesse, le taux de fécondité à l’échelle du globe passerait sous l’indice de renouvellement des générations. Alors que le monde dépense quelque 42 milliards de dollars par an en nourriture pour animaux domestiques, il suffirait de 24,6 milliards pour financer les services de planning familial.

2. Garantir l’éducation pour tous avec une attention particulière pour les filles

Les femmes n’ayant pas été scolarisées ont en moyenne 4,5 enfants, 3 après quelques années à l’école primaire, 1,9 avec une ou deux années de cycle secondaire. L’éducation permet aux filles d’explorer d’autres aspects de la vie que celui de la maternité.

3. Éradiquer le sexisme dans tous les aspects de l’existence

Les femmes qui sont en mesure de gérer leurs biens, de divorcer et de participer à la vie sociale à égalité avec les hommes sont davantage susceptibles de retarder leur maternité. Cette égalité est d’autant plus nécessaire que les hommes, dans la plupart des pays, tendent à souhaiter plus d’enfants que leur partenaire.

4. Proposer à tous les étudiants une éducation sexuelle

L’ignorance des jeunes est un obstacle à la prévention des grossesses. Ils ne savent pas comment fonctionne leur corps, comment refuser la relation sexuelle non souhaitée, comment éviter la grossesse.

5. Mettre un terme à toutes les politiques qui récompensent financièrement les parents en fonction du nombre d’enfants

Des politiques subventionnent la fécondité de sur-remplacement (des taux au-delà de deux enfants par femme), contribuant à engendrer des populations plus nombreuses qu’elles ne le seraient autrement. Les gouvernements peuvent maintenir les avantages financiers sans les lier au nombre d’enfants, en les associant à la parentalité elle-même.

6. Enseigner les relations entre population et environnement

Peu de systèmes scolaires dans le monde comportent un enseignement qui explique aux jeunes les interactions entre la taille de la population, l’environnement naturel et le développement humain. Une formation sur l’influence du nombre d’humains pourrait constituer une bonne incitation à une transformation culturelle hâtant la fin de la croissance démographique.

7. Chiffrer les impacts sur l’environnement

Une taxe carbone permettrait aux parents de mesurer l’impact de chaque être humain, de chaque naissance donc, sur l’environnement. Une tarification environnementale pousse à réduire les taux de fécondité puisque les couples comprennent que le coût d’un enfant supplémentaire s’avère important.

8. S’adapter au vieillissement de la population plutôt que de le retarder

Les impacts du vieillissement sont moins importants et durables que ceux de la poursuite de la croissance démographique. En effet, si tel n’était pas le cas, les décideurs de demain se verraient contraints de prendre en charge le vieillissement différé à un moment où la densité de population et les problèmes qui lui sont associés rendraient encore moins attrayante et réalisable une incitation à la poursuite de la croissance démographique.

9. Convaincre les dirigeants de mettre un terme à la croissance démographique

La population est devenue un sujet tabou en politique, dans les affaires internationales, et même dans les médias et l’opinion publique. Or, un ensemble de politiques visant à améliorer la vie des femmes, des hommes et des enfants aurait pour retombée le ralentissement démographique. Plus les gouvernements retardent les politiques préconisées, plus le monde devra gérer des populations denses et des augmentations du taux de mortalité.

Pour en savoir plus,

Alerte surpopulation – Le combat de Démographie Responsable

https://www.edilivre.com/alerte-surpopulation-michel-sourrouille.html/

Pour te procurer ce livre, tu peux faire une commande ferme auprès de ton libraire de proximité,

car les libraires ne peuvent retourner leurs invendus.

A défaut tu commandes à la FNAC qui référence ainsi le livre :

https://livre.fnac.com/a17437174/Michel-Sourrouille-Alerte-surpopulation

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Contre la faim, du fric ou un préservatif ?

Quand un homme a faim, mieux vaudrait selon certains lui donner du poisson que de lui apprendre à pêcher. Et même lui donner directement de l’argent ?

Julien Bouissou : « Les distributions de coupons ou d’argent représentent désormais un cinquième de l’aide humanitaire. Le Programme alimentaire mondial distribue par exemple 1,2 milliard de dollars chaque année directement sur le compte bancaire de bénéficiaires, ce qui permet de lutter contre la faim tout en soutenant l’économie locale. Un don de 1 dollar augmenterait en moyenne la richesse produite de 2,40 dollars. Ce mécanisme coûte aussi moins cher que l’acheminement de l’aide sous forme de marchandises. Et, si l’argent est transféré directement sur le compte du bénéficiaire, les risques de détournement diminuent considérablement.

Autrement dit, quand un homme a faim, mieux vaut peut-être lui donner du poisson que de lui apprendre à pêcher. Avec le ventre plein, il choisira la meilleure perspective qui se présente à lui, et qui n’est pas forcément de pêcher. Avec le succès des programmes de GiveDirectly, les riches n’ont plus d’excuse pour ne pas donner d’argent aux plus pauvres. »

Le point de vue des écologistes malthusiens

Jean Rouergue : En assistant continuellement un pays l’aide t’on vraiment ? Si notre aide se résume à expédier en Afrique des céréales, on tue les cultures vivrières locales, en débarquant sur les quais des denrées à prix cassés provenant de nos stocks d’invendus, ce qui fait que les paysans désertent leurs champs et vont grossir les bidonvilles.

mon pseudo : Un éloge de la civilisation du poisson rouge. Donner en un clic ne satisfait que la bonne conscience du nanti occidental. Encore et toujours plus vite, encore et toujours moins responsable. S’il n’y a pas de riz dans le coin, que va faire le receveur avec son argent ? Payer les intermédiaires habituels pour obtenir du riz à 100 fois le prix normal, comm d’hab.

Michel SOURROUILLE : Par analogie au peak oil, le peak fish ou pic de production des pêcheries, est dépassé. En 1995, la capture de poissons a atteint son tonnage maximum avec 95 millions de tonnes. Depuis, la pêche mondiale plafonne autour de 90 millions de tonnes. Les ressources halieutiques sont pourtant renouvelables, mais la surpêche a détérioré les chaînes trophiques. Alors donner de l’argent ne nourrira pas son homme quand il n’y a plus suffisamment de poissons, quand les sols sont désertifiés, quand l’eau potable manque, quand l’argent reçu sert de béquille à une famille nombreuse,… S’occuper uniquement des conséquences de l’appauvrissement sans s’attaquer aux causes profondes, souvent la surpopulation, ne résout aucun problème et même accroît les problèmes futurs.

Wotan : Eloge de l’assistanat. C’est un versement sans fin, donc inefficace… Il faut qu’ils apprennent à vivre en autonomie et non dans la dépendance éternelle.

Malthus : La suppression de toutes les grands causes de dépopulation ferait croître le nombre des habitants avec une rapidité sans exemple. Le principe de bienveillance, employé comme ressort principal de toutes les institutions sociales, paraît au premier abord un perfectionnement vers lequel doivent se diriger tous nos vœux. Mais les dons aux pauvres tendent manifestement à accroître la population sans rien ajouter aux moyens de subsistance. Ils contribuent à élever le prix des subsistances et à abaisser le prix réel du travail. Le plus simple, le plus naturel, semble être d’obliger chaque père à nourrir ses enfants. Cette loi servirait de frein à la population ; car l’on doit croire qu’aucun homme ne voudrait donner le jour à des êtres infortunés qu’il se sentirait incapable de nourrir ; mais s’il s’en trouve qui commettent une telle faute, il est juste que chacun d’eux supporte individuellement les maux qui en seront la suite et auxquels il se sera volontairement exposé.

Lire, assistanat destructeur

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Le choix démographique avant tout

Le 15 novembre 2022 dernier, nous avons dépassé selon l’Onu le nombre de 8 milliards d’êtres humains. En conséquence tous les jours de ce mois nous consacrerons notre article principal à la démographie. Si tu n’es pas inquiet du poids de ces 8 milliards, prière d’en faire un commentaire, il sera lu avec attention.

Claude Courty, un correspondant de ce blog : On commence par quoi ? Par le réchauffement climatique, par la pollution, par les problèmes alimentaires, de santé publique, d’énergie … ? Et pour ce qui est de l’énergie et de la pollution, par exemple, faut-il commencer par réduire les transports aériens, maritimes, ou routiers ? Diminuer l’activité industrielle ou du bâtiment ? Réviser nos pratiques agricoles ? Adapter notre habitat ? …

Si tous ces aspects de la problématique à laquelle sont confrontés le vivant et la planète qui l’abrite et le nourrit sont cruciaux, ils n’en sont qu’autant de ses facettes. Ils ont la même origine globale et planétaire, de nature avant tout démographique. Toute autre considération ne peut être que d’un intérêt secondaire, quel que soit son poids écologique. Ne pas en tenir compte ne fait que distraire l’attention due à la cause de tous nos maux qu’est le nombre sans cesse croissant des premiers prédateurs de la planète, et ce n’est pas le caractère rassurant donné par l’ONU à ses dernières prévisions quant à l’évolution de la (sur)population humaine qui y changent quoi que ce soit.

C’est parce que les hommes sont toujours plus nombreux que leurs besoins sont toujours plus grands et plus diversifiés ; nécessitant toujours plus de ressources et d’énergie, avec les atteintes à l’environnement (ressources et pollution) qui en résultent. C’est parce qu’il y a toujours davantage d’êtres humains que leurs besoins de se nourrir, de se vêtir, de se loger, de se déplacer, etc. augmentent. Et il en est ainsi pour tout autre objet de leur consommation-production ; fonctions pour l’accomplissement desquelles ils naissent et existent.

Le binôme économie population est indissociable et doit être traité en tant que tel, alors que nous persévérons, implicitement ou non, à reléguer sa dimension démographique à l’arrière-plan de ce qui semble essentiel à chacun, selon la perception qu’il en a lorsqu’il s’en préoccupe. Dit autrement, si l’humanité est en voie de consommer à mi-année le double de ce que la planète lui offre pour une année entière, le seul moyen de rétablir l’équilibre dans les délais qui s’imposent, est de réduire de moitié le nombre de consommateurs-producteurs qui la composent. La dénatalité, de préférence consentie, peut y suffire l’éducation aidant et à condition de ne plus perdre de temps dans le désordre de nos efforts.

Ni exclusive ni obsession dans ce qui précède ; simplement la prise en considération de la priorité des priorités, faute de quoi toute manifestation d’inquiétude quant à l’avenir de l’espèce humaine et de la planète qui l’abrite est et demeurera vaine. Or nous vivons sous des pouvoirs, à commencer par le religieux, qui ont pour premier souci de voir toujours croître le nombre de ceux sur lesquels ils se fondent, pour le meilleur et pour le pire. Idem pour le politique, en quête permanente d’électeurs supplémentaires ou de substitution. Il est d’ailleurs permis de se demander s’il est des collectivités, associations, syndicats, etc. qui ne font pas passer le bien-être de leurs membres après leur nombre, considéré comme premier signe de leur propre prospérité ? Ce sont les hommes, encouragés à se multiplier par ceux qui les dirigent qui, par la conjugaison de leur nombre, de leurs besoins et de leurs activités améliorent sans cesse leur bien-être, mais en engraissant le veau d’or et sans se soucier des dommages en résultant pour l’environnement.

La simple observation de ce qui nous entoure de près ou de loin, nous apprend que l’humanité se rapproche d’une échéance inéluctable, au moins en ce qui concerne ses rapports avec la Terre, qu’elle pourrait achever de piller avant d’aller exercer ses talents ailleurs. Mais n’est-ce pas la conséquence du désir et de la capacité démontrée de toujours améliorer sa condition qui la distingue des autres espèces connues ?

Si les circonstances que nous traversons sont en grande partie imputables à la nature, elles sont aussi incontestablement la conséquence d’une hypertrophie de la société à laquelle a conduit une insuffisance d’éthique caractérisée de la part de pouvoirs préoccupés avant tout de leur puissance. Il appartient maintenant à ces pouvoirs d’assumer leurs responsabilités en corrigeant les erreurs passées, notamment en remettant en cause la croissance incessante des populations sur lesquelles ils se sont fondés et ont prospéré. Tout en dépend, y compris la survie de ces mêmes pouvoirs.

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Charlie Hebdo devient antinataliste

Les articles qui portent une regard réaliste sur la question démographique sont tellement rares que nous vous confions celui-ci, en libre service sur Internet, avec votre promesse de vous abonner à Charlie Hebdo…

https://charliehebdo.fr/2022/11/ecologie/enfant-fleau-pour-planete/

L’enfant, un fléau pour la planète

Antonio Fischetti · Paru dans l’édition 1583 du 23 novembre2022

Depuis la semaine dernière, l’humanité a franchi le cap des 8 milliards d’humains. Étrangement, les spécialistes sont partagés. Certains affirment que ce n’est pas grave pour la planète… tandis que d’autres ne sont pas d’accord, et ont signé plusieurs tribunes pour alerter sur les dangers de la surpopulation. En vérité, si l’enjeu écologique est incontestable, il est souvent minimisé à cause de valeurs morales qui sacralisent la natalité.

Pour sauver la planète, on nous enjoint de remiser nos vieilles bagnoles, scooters, motos et barbecues, pour rouler en trottinette nucléaire (euh, pardon, en électromobilité durable). Pourquoi pas ? En revanche, on entend rarement dire qu’il serait également souhaitable de faire un peu moins de gosses. Caca, la bagnole, mais la poussette reste sacrée.

Il n’empêche : nous voilà 8 milliards sur Terre. Nous étions 2,5 milliards en 1950, et même si les prévisions sont toujours hasardeuses, il est fort probable que le cap des 10 milliards soit atteint d’ici à 2050. Ce n’est pas que les femmes ­enfantent de plus en plus, mais les bébés meurent de moins en moins. On ne peut que se réjouir d’un plus grand accès à la médecine, mais, forcément, la planète en pâtit. Car tous ces humains mangent, émettent du gaz carbonique et impactent l’environnement. Or, qu’on le veuille ou non, notre planète est limitée. Si vous mettez deux poissons rouges dans un bocal, ça va. Mais avec 50 poissons rouges, à un moment donné, il va y avoir des problèmes.

Cela peut sembler évident. Et pourtant, certains scientifiques prétendent qu’il n’y aurait pas de quoi s’affoler. Par exemple, dans Le Monde du 14 novembre, on pouvait lire deux pages sous le titre : « Faire moins d’enfants ne répondrait à aucune des questions sur le climat ». L’article était basé sur les propos d’un certain Emmanuel Pont, ingénieur et auteur d’un livre sur le sujet1, expliquant que « savoir si on est trop nombreux, c’est une question très théorique […] ce n’est pas là que se pose la question aujourd’hui ». Un discours repris dans différents médias. Sauf que les spécialistes ne sont pas tous de cet avis.

En 2017, plus de 15 000 scientifiques de 184 pays signaient, dans la revue BioScience, un manifeste appelant, entre autres, à la « stabilisation de la population ». Une initiative reprise par d’autres chercheurs, notamment à travers deux tribunes, toujours dans Le Monde : l’une en octobre 2018, et l’autre ­datant du 9 novembre dernier.

Pour y voir plus clair, penchons-nous sur les arguments de ceux qui minimisent l’impact démographique. Leur raisonnement est le suivant : la population des pays riches est stabilisée, alors que ce sont les plus gros pollueurs. Et la démographie n’explose que dans les pays pauvres, qui, eux, polluent beaucoup moins. Or, à mesure que les pauvres prospèrent, ceux-ci feront moins d’enfants, de sorte que la population finira par plafonner, il n’y a donc pas de quoi s’alarmer.

Le premier point est exact : il est vrai que les pauvres se reproduisent davantage que les riches (selon cette loi sociologique qui veut que plus on est démuni, plus on a besoin ­d’enfants pour ramener à bouffer à la maison ; et que plus on est riche et instruit, plus on ressent la nécessité de s’en passer). D’après la Banque mondiale (chiffres de 2020), le nombre moyen d’enfants par femme est de 3,9 dans les pays les moins développés, contre 1,6 dans les pays à plus hauts revenus (par exemple : 6,7 au Niger et 4,2 en Afghanistan, contre 1,8 en France et 1,6 aux États-Unis).

Le second point est également exact : les 10 % d’humains les plus riches polluent infiniment plus que le reste de l’humanité. Dix Africains qui se déplacent à vélo émettent moins de CO2 qu’un Américain qui prend l’avion toutes les semaines. Certes.

En revanche, ce qui ne va plus, c’est la conclusion qu’en tirent les pronatalité. D’après eux, les pays pauvres étant peu pollueurs, leur croissance démographique aurait peu ­d’impact écologique. Ce raisonnement ne tient qu’à condition que les pauvres restent pauvres. Or les pauvres ont un défaut : ils aspirent, et c’est légitime, au même confort que les riches. Dès qu’ils ont peu d’argent, ils achètent des climatiseurs, des téléphones portables et, évidemment, ils mangent aussi, ce qui détruit inévitablement l’environnement (la principale cause de déforestation de l’Amazonie est la production de soja destiné au bétail qui nourrit 1,4 milliard de Chinois).

Certains prétendent qu’il suffirait de changer les modes de vie occidentaux pour soulager la planète. Mais de nombreux scientifiques réfutent cette analyse. Par exemple, Gilles Bergametti, directeur de recherche au CNRS et cosignataire de l’une des tribunes du Monde : « Même en réduisant la pollution des 2 milliards les plus riches, ce ne serait pas une compensation suffisante pour permettre aux 6 milliards restant de polluer. »

Évidemment, le nombre d’humains n’est pas l’unique responsable de tous nos problèmes. L’impact écologique dépend aussi des modes de vie et des technologies utilisées. Mais ce n’est pas une raison pour négliger la surpopulation. C’est d’ailleurs écrit noir sur blanc dans les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) et de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), qui pointent respectivement la croissance démographique comme l’une des causes du réchauffement climatique et du déclin de la biodiversité2.

Ce dernier sujet touche particulièrement Bruno David, directeur du Muséum national d’histoire naturelle, et cosignataire de l’une des tribunes : « On ne peut pas avoir 8 milliards d’humains avec le même niveau de vie qu’un Américain ou qu’un Européen, sinon la planète explose. Et il y a aussi d’autres ­enjeux : par exemple, plus nous sommes nombreux, plus il y a de risques de pandémie. En tant que scientifiques, notre rôle n’est pas d’appor­ter des solutions mais d’attirer l’attention sur ce problème. »

Il est évident que, sur une planète par définition limitée, on ne peut pas augmenter la population indéfiniment. Prenons le fameux « jour du dépassement », défini comme le jour où l’huma­nité a consommé l’ensemble des ressources que la planète peut régénérer en un an. Quelle que soit la façon dont cette date est calculée, force est de constater qu’elle se rapproche chaque année toujours plus du 1er janvier : c’était le 7 décembre en 1990, et le 28 juillet en 2022 !

Malgré tous ces arguments, la plupart des défenseurs de l’environnement deviennent frileux dès qu’il s’agit d’aborder des questions de natalité. Comme si le droit à la reproduction était tellement sacré que la simple idée de le limiter nous mènerait sur le chemin d’une dictature à la chinoise. Avec ce genre de logique, on pourrait aussi bien défendre le droit à polluer en bagnole thermique ! C’est ce que pense Jean-Loup Bertaux, ancien directeur de recherche au CNRS et membre de l’association Démographie responsable : « L’idée de ne pas toucher à la population est plus morale que scientifique. C’est comme le raisonnement néolibéral selon lequel il faut toujours plus de monde pour augmenter le nombre de consommateurs. Dans notre association, nous plaidons pour une sobriété démographique. »

Un autre argument récurrent des natalistes, c’est qu’il faut absolument faire des enfants pour financer les retraites. C’est dans cet esprit qu’un projet de loi visant à faire de la natalité une « grande cause nationale » avait été proposé (heureusement rejeté) par des députés LR en avril 2021. Mais, là encore, on n’est pas obligé d’ériger l’enfant en messie sauveur de nos vieux jours. C’est du moins l’avis de Michel Bourban, professeur d’éthique environnementale à l’université de Twente, aux Pays-Bas, et auteur de plusieurs articles sur le sujet : « La liberté n’est pas forcément le droit de faire autant d’enfants qu’on le souhaite. La plupart des droits individuels sont limités, je ne vois pas pourquoi il n’en serait pas de même pour le droit à procréer. Et pour financer les retraites, il y aurait d’autres moyens que d’augmenter la natalité, par exemple en taxant les superprofits. »

Voilà de quoi donner des idées aux militants écolos. Plutôt que de s’en prendre aux tableaux de Van Gogh, ils pourraient aussi se coller aux vitrines des magasins de poussettes, préalablement aspergées de soupe à la tomate. Ils seraient certes encore moins populaires, mais cela aurait le mérite d’attirer l’attention sur ce fléau négligé que constitue la surpopulation.

1. Faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver la planète ?, Emmanuel Pont (éd. Payot).

2. Dans une étude publiée en 2017, deux chercheurs de l’université de Lund, en Suède, ont estimé que le bilan carbone d’un enfant est de près de 60 tonnes équivalent CO2 par an. À titre de comparaison, une moto émet une centaine de grammes par kilomètre. Il faudrait donc rouler 600 000 km pour égaliser un môme ! Je ne sais pas ce que vaut ce calcul, mais, en tant que motard, je ne peux pas résister au plaisir de le signaler aux écolos de salon conducteurs de poussette qui me fusillent du regard quand je les croise sur ma Guzzi.

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Décroissance économique et/ou démographique ?

Le 15 novembre 2022 dernier, nous avons dépassé selon l’Onu le nombre de 8 milliards d’êtres humains. En conséquence tous les jours de ce mois nous consacrerons notre article principal à la démographie. Si tu n’es pas inquiet du poids de ces 8 milliards, prière d’en faire un commentaire, il sera lu avec attention.

Michel Sourrouille : Ci-dessous une synthèse de la position d’une philosophe sur la question démographique. En tant que malthusiens, nous pouvons approuver beaucoup de ses phrases. Mais sa position est aussi significative de la contradiction interne de tous ceux qui disent que le problème, c’est le nombre de voitures, pas le nombre d’automobilistes. En effet Emilie Hache dit d’une part que la maîtrise de la fécondité est une « solution paresseuse », mais de l’autre elle constate qu’il est impossible d’obtenir un développement économique suffisamment généralisé pour qu’une transition démographique ait lieu. Soyons réaliste, nous devons montrer qu’il est aussi difficile de piloter une décroissance démographique que promouvoir une décroissance économique. L’opposition entre décroissance économique et décroissance démographique est factice et nous empêche de faire lutte commune. Il nous faut tenter l’impossible, et ce n’est pas en s’entre-déchirant que nous y arriverons.

Emilie Hache : La question démographique a entamé une seconde carrière avec l’émergence des questions écologiques. Cette nouvelle problématisation démographique connaît plusieurs variantes, s’ajoutant plus que s’opposant les unes aux autres. La première articule la diminution de la population humaine avec la possibilité de bien traiter les non humains. La formulation la plus célèbre de cette version se retrouve chez Naess, dont l’une des huit thèses de la plate-forme écologique concerne la « substantielle diminution de la population humaine », arguant que « l’épanouissement de la vie non humaine requiert une telle diminution ». De plus, le danger représenté par la surpopulation serait aujourd’hui tout autant alimentaire que lié à la pollution et aux catastrophes écologiques qui en résultent. Cette formulation s’exprime à travers la notion d’empreinte écologique. Si le monde entier venait à consommer comme les pays du Nord, ce serait comme si la population mondiale gonflait à 72 milliards d’individus. Mais au lieu d’en déduire la nécessité de diminuer la population, la majeure partie des partisans de la décroissance en conclut que c’est le mode de développement, plus que le nombre d’êtres humains, qui est source de danger pour les non-humains comme pour les humains les plus vulnérables. Pour autant, peut-on complètement éliminer la question du nombre ? Serge Latouche remarque que le mode de vie américain n’est soutenable qu’avec une population mondiale d’un milliard d’habitants, tandis que la taille optimale serait de 23 milliards si l’on adoptait le niveau de vie d’un Burkinabé. Est-ce que 23 milliards de personnes qui consommeraient comme des Burkinabé ne poseraient aucun problème ? Il me semble que l’échelle à laquelle nous sommes confrontés nous empêche d’évacuer le problème sous sa forme numérique.

A ces deux problématiques s’en ajoute une dernière : parler de surpopulation n’est souvent qu’une « solution paresseuse ». Il est en effet bien moins fatigant d’imaginer couper la tête du plus grand nombre. C’est la tentative de justification de ce fantasme que l’on retrouve dans les dérives autoritaires: « On peut se demander si la situation démographique n’a pas dès aujourd’hui atteint un niveau tellement dramatique que même les moyens coercitifs doivent forcément être considérés comme moralement justifiés » (Dieter Birnbacher). Mais contrairement à certaine allégations, les écologistes n’ont jamais appelé au meurtre d’une partie de la population mondiale et l’on peut se demander qui est habité par la fascination/répulsion d’une telle chimère développée dans le roman de Jean-Claude Ruffin, le parfum d’Adam.

Nous sommes effrayés devant l’effet boomerang du mode de développement que les pays du Nord ont cherché à imposer à tous et qui nous revient dessus. Comment les populations pauvres du Nord comme du Sud peuvent admettre que ce modèle de développement auquel elles ont eu peu ou pas accès n’est plus possible ? Jared Diamond :

«  Nous avons souvent promis aux pays en développement que si seulement ils adoptaient de bonnes politiques – par exemple la création d’un gouvernement honnête et d’une économie de libre marché – eux aussi pourraient jouir d’un mode de vie de pays développé. Cette promesse est impossible, c’est un canular cruel. »

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Alerte surpopulation

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  • Emilie Hache, « Ce à quoi nous tenons (Propositions pour une écologieprogrammatique» ( 1ère édition en 2011, réédition en novembre 2019 aux éditions La Découverte)

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8 milliards, Gilles Pison à Radio-Vatican

Gilles Pison est anthropologue, professeur au Muséum national d’histoire naturelle et chercheur associé à l’INED. D’après nos recherches, son appartenance idéologique n’apparaît pas directement sur Internet, mais le lieu de ses interventions parle pour lui :

Gilles Pison à la bibliothèque cathotlique de Madagascar (1997)

Gilles Pison et Familles chrétiennes (juillet 2005)

Gilles Pison dans La Croix (articles de 2017 et 2018)

Gilles Pison à RCF, radio chrétienne francophone (novembre 2022)

Bien sûr ça ne prouve pas grand chose en soi car Gilles Pison intervient absolument partout par une multitude d’articles. Notons cependant cette réponse qu’avait faite le journal La Croix (28/02/2022) concernant une proposition de tribune : « La relecture des passages sur l’adaptation de la taille de la population nous ont gênés, peut-être trop éloignés des convictions chrétiennes d’une part importante de notre lectorat. » Poli, mais sans ambiguïté. Alors quand on passe au Vatican !!!

En novembre 2022, nous retrouvons Gilles sur Radio Vatican dont nous indiquons le slogan : « Soutenez-nous pour apporter la parole du pape dans chaque maison. » Que dit donc le pape de notre passage aux 8 milliards ? Il recopie la parole passe-partout de Pison, lire ci-dessous.  Gilles Pison est formaté pour ignorer tout problème de type malthusien. Il ne fait jamais le rapport entre notre nombre et nos ressources. Donc on peut faire autant d’enfant qu’on désire, et cela va très bien à la parole infaillible d’un pape.

https://www.vaticannews.va/fr/monde/news/2022-11/8-milliards-d-habitants-sur-la-planete-demographie-gilles-pison.html

8 milliards d’habitants sur Terre, sommes-nous trop nombreux ?

La planète compte désormais plus de 8 milliards d’habitants. Selon les prévisions des démographes de l’ONU, la population mondiale compterait 10 milliards d’humains d’ici quelques décennies, soit dix fois plus qu’il y a deux siècles…  En 2022, la croissance de population la plus spectaculaire a lieu sur le continent africain… Ceci promet de grands bouleversements au niveau des équilibres démographiques… Aujourd’hui on meurt vieux et, s’il demeure quelques inégalités en matière de mortalité infantile, celle-ci a beaucoup baissé… La population mondiale continue d’augmenter mais le rythme de cette croissance décélère…

La diminution de la fécondité a commencé il y a deux cent ans en Europe, avec la limitation volontaire des naissances… L’Italie, dépeuplé de bébés, a en revanche un nombre record de personnes âgées. Selon certaines analyses, ce pourrait avoir des conséquences sur ses capacités économiques majeures. Le pays passerait de la 9e à la 23e place sur la liste des puissances économiques mondiales. Dans certains pays vieillissants, les gouvernements s’inquiètent comme en Corée du sud où les femmes ont moins d’un enfant chacune. Le pays va manquer de main d’œuvre, et gérer une population âgée ou très âgée pose un certain nombre de défis…

Les pouvoirs exécutifs peuvent-ils avoir un impact sur la croissance ou la décroissance démographique de leur pays ?

L’exemple de la Chine est intéressant, c’est un pays qui a institué en 1979 la politique de l’enfant unique. La fécondité était de 3 enfants contre près du double dix ans plus tôt. Et si cela a baissé si vite, cela vient du souhait des Chinoises d’avoir moins d’enfants. On pense que la Chine aurait pu faire l’économie d’une politique si brutale avec un résultat final en termes de ralentissement de la croissance démographique qui aurait été peu différent. Et ce qui est intéressant, c’est qu’il y a 7 ans, inquiet du vieillissement rapide de sa population, ils ont supprimé la politique de l’enfant unique, visant trois enfants par femmes en 2021. Ils essaient de relancer la natalité mais le taux de fécondité n’a jamais été aussi bas.

La fécondité ne se décrète pas en conseil des ministres.

Sommes-nous trop nombreux pour la planète ?

Il est illusoire de penser que l’on peut agir sur la courbes démographique à court terme. L’humanité n’échappera pas à un surcroît de 2 milliards d’habitants sur Terre d’ici 2050, en raison de l’inertie démographique que nul ne peut empêcher. Mon conseil aux jeunes : faites autant d’enfants que vous souhaitez mais enseignez-leur à être plus respectueux de l’environnement et plus économes en ressources.

La vraie question, celle dont dépend la survie de l’espèce humaine à terme, est finalement moins celle du nombre que celle des modes de vie.

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