anthropisation

Elisabeth Badinter, paradoxalement nataliste

La philosophe, dans un livre « Messieurs, encore un effort… », s’inquiète de la chute de la natalité qui pourrait se retourner contre les femmes à travers des politiques natalistes menées par des partis conservateurs et religieux contre les femmes, comme on le voit déjà en Hongrie, en Italie ou aux Etats-Unis. Pour l’égérie du féminisme universaliste, c’est aux hommes d’alléger la charge qui pèse sur les mères actuelles, prises entre leur carrière, les tâches familiales et le culte de l’enfant roi.

Elle prend la question démographique par le petit bout de la lorgnette, égalité des sexes, vieillissement et paiement des retraites ! Elle ne se rend pas compte qu’avec 8 milliards d’êtres humains sur cette planète, l’espace terrestre est déjà complètement saturé au détriment de toutes les autres formes de vie.

Elisabeth Badinter (Ouest-France) : « La chute de la natalité menace notre économie et fragilise notre système de protection sociale car le renouvellement des générations n’est plus assuré. Jusqu’à présent la France n’était pas la plus mal lotie. La situation est beaucoup plus grave dans certains pays européens comme l’Italie, l’Espagne ou l’Allemagne mais également en Asie. »

Elisabeth Badinter (Marianne) : « Une diminution structurelle de la natalité dans les pays industrialisés ne pourrait qu’avoir des conséquences majeures sur l’économie et mettre notre modèle social en danger. Le premier danger est social et me semble extrêmement grave. Il concerne les retraites. Chaque génération paie pour la retraite de ses parents, c’est entendu. Or nous vivons de plus en plus vieux, et celles-ci coûtent de plus en plus cher. Je ne vois pas comment nous pourrions payer ces pensions étant donné qu’il nous manquera énormément de cerveaux et de bras. Par ailleurs, la croissance nécessaire à notre politique sociale s’effondrerait. »

Elisabeth Badinter (L’express): « Je ne dirais pas que la dénatalité est une « bonne nouvelle », mais la conséquence de bien d’autres facteurs. Il est vrai que quand on fait des études prolongées, on engendre plus tard. L’âge moyen du premier enfant est passé de 27,8 ans en 2000 à 31 ans aujourd’hui. D’autant plus que les filles sont plus nombreuses à sortir de l’université avec un diplôme de l’enseignement supérieur, 55 % contre 45 % de garçons. Mais j’en suis convaincue, ce déclin démographique représente un vrai problème politique s’il continue à ce rythme encore plusieurs années. »

Le point de vue des écologistes malthusiens

AMT : C’est une drôle de façon d’aborder le problème. Bien sûr que certains gouvernants autoritaires vont pousser à des politiques qui réfrènent la liberté des femmes pour qu’elles fassent des enfants .mais dans ces mêmes pays toutes les libertés sont déjà en péril. La surpopulation est une autre question. Dont visiblement elle n’a pas conscience. Elle est aussi pour la GPA, ce qui est paradoxal pour une féministe.

GL : La question de la surpopulation n’intéresse pas Badinter, uniquement préoccupée de la psychologie de la femme… à qui elle conseille de faire des enfants pour ne pas être obligée d’en faire par les fascistes. Faire quelque chose spontanément pour éviter d’y être contraint : il fallait y penser. C’est le rôle ambigu du philosophe. Et pour la liberté, il suffit de construire plus de crèches. C’est pourtant facile à comprendre, Moulinex libère la femme.

MS : Il est profondément troublant de voir une philosophe adepte du féminise universaliste et profondément libérale n’accorder aucune importance à la situation des femmes obligées de faire encore plus d’enfants par le contexte sociopolitique, religieux ou bassement économique. Appeler à une meilleure répartition des tâches ménagères entre les hommes et les femmes relève d’une volonté d’égalité, pas d’une problématique démographique. Le positionnement actuel d’Elisabeth Badinter est symptomatique d’une société qui accorde le buzz médiatique aux derniers soucis à la mode, ici la baisse de fécondité dans certains pays. On occulte ainsi l’essentiel, notre nombre qui a déjà dépassé 8 milliards de bipèdes. Comme quoi être « de gauche » et philosophe ne veut pas dire connaître son Malthus sur le bout des doigts et être consciente des réalités de la surpopulation.

Elisabeth Badinter, quelques-unes de ses pensées

acquis ou inné ? l’apprentissage de l’amour (maternel)

Elisabeth Badinter montre que l’amour maternel ne va pas de soi, il est « en plus ». Un lieutenant de police constatait en 1780 que sur les 21 000 enfants qui naissaient annuellement à Paris, mille à peine sont nourris par leur mère, mille autres, des privilégiés, sont allaités par des nourrices à demeure ; tous les autres quittent le sein maternel pour le domicile plus ou moins lointain d’une nourrice mercenaire. Nombreux sont les enfants qui mourront sans avoir jamais connu le regard de leur mère et ceux qui reviendront quelques années plus tard sous le toit familial découvriront une étrangère dans celle qui leur a donné le jour. Cet exemple parmi d’autres contredit l’idée répandue d’un instinct propre également à la femelle et à la femme. Toutes les études faites montrent en effet qu’aucune conduite universelle et nécessaire de la mère ne peut être mis en évidence. Au contraire, on constate l’extrême variabilité des sentiments des mères selon leur culture, leurs ambitions, leurs frustrations.

Il n’y a pas de comportement humain inscrit par la nature, génétiquement programmé. C’est notre liberté, mais c’est aussi le lourd fardeau de notre responsabilité.

L’écologie va-t-elle passer à droite, nature oblige ?

Elisabeth Badinter s’insurge contre cette nouvelle écologie politique de droite : « Le pape, dans ses discours, appelle à la protection de la nature, qui va de l’embryon à l’écosystème global. On explique alors aux femmes que, si elles sont prêtes à défendre la moindre des espèces animales, elles ne peuvent donc admettre que l’on supprime un embryon, qui serait un humain en puissance. En 2010, je mettais déjà en garde contre ces propos écologiques radicaux qui appellent à une révérence totale à l’égard de la nature. Je voulais lutter contre la réactualisation du discours rousseauiste et de son message de soumission aveugle à la nature. Je suis cartésienne et l’idée d’être « comme maîtres et possesseurs de la nature » me semble plus libératrice que celle prônée par la sainte alliance des réactionnaires. »

Ouest-France

Élisabeth Badinter s’inquiète aussi de la dérive des questions transgenres : « Je ne veux pas qu’on m’interdise de dire « les hommes » et « les femmes ». Ça, je ne peux pas l’admettre. Et c’est pourtant ce que les plus radicaux des théories transgenres voudraient faire croire. On est XX ou XY, il n’y a rien à faire. Dans certains cas qui sont exceptionnels, il faut accompagner des enfants. Mais ne faisons pas d’une exception une généralité »

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Les arbres et les loups, à aimer tous deux

La nature subit impassible la puissance de nos coups par fusils ou tronçonneuses interposés. Nous avons maintenant le choc en retour, extinction de la biodiversité et réchauffement climatique… On ne récolte que ce qu’on a semé.

Stéphane Foucart : Si la volonté politique fait défaut pour protéger le loup, elle fera défaut sur tout le reste

extraits : Environ un millier de loups vivent sur le territoire national. Ils y cohabitent avec 68 millions d’êtres humains, 16 millions de bovins, 7 millions d’ovins, 1 million d’équidés de toutes sortes. Mille loups, donc, arpentent discrètement les forêts et les montagnes d’un pays de 55 millions d’hectares. Cela fait très peu de loups au kilomètre carré, mais c’est déjà trop pour certains. Sans justification scientifique, les Etats membres de l’Union européenne ont décidé de baisser le niveau de protection du grand carnivore. On pourra « tirer » les loups avec bien moins d’embarras. Une initiative lancée en 2023 par la présidente de la Commission, Ursula van der Leyen. Or, sous « protection stricte », on en tue déjà environ 200 par an en France, soit 20 % de l’ensemble de la population. Nul besoin d’être grand clerc pour imaginer ce qui se produira lorsque les digues auront été abaissées. Afin d’atteindre le seuil de viabilité à long terme sur un territoire comme la France, l’ordre de grandeur qui correspond à un effectif minimal à atteindre est de l’ordre de 2 500 à 5 000 individus matures sexuellement. Soit deux à cinq fois plus que nos 1 000 loups désormais en sursis. Si la volonté politique fait défaut pour protéger ce dernier, elle fera défaut sur tout le reste….

Perrine Mouterde : En forêt comme en ville, pourquoi les Français s’attachent aux arbres

extraits : Partout, des habitants s’opposent à l’abattage de platanes ou de chênes près de chez eux. Qu’ils soient quelques-uns ou des dizaines. Dans les villes et villages, des collectifs citoyens se créent pour racheter ou gérer en commun des forêts. Les activités de sylvothérapie, de grimpe ou d’Accrobranche se développent. Les cabanes dans les bois attirent toujours davantage de vacanciers. Dans les librairies, ouvrages jeunesse, romans ou essais consacrés aux arbres débordent des rayons. Pour neuf Français sur dix, selon une étude d’opinion réalisée pour l’ONF, les forêts sont synonymes de bien-être et d’apaisement. Aujourd’hui, la représentation dominante de la forêt est d’en faire le paradigme de la nature. La perception du changement climatique est de plus en plus forte, tout le monde se rend compte de ses effets et sait que notre avenir passe par la protection du maximum de végétation et notamment des arbres…..

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La FNSEA n’aime pas les loups

extraits : Le loup, qui avait été exterminé au XIXe siècle, a fait son retour en France dans les années 1990 en passant par les Alpes italiennes. On comptait, en 2023, 1 104 individus sur le territoire national, contre 430 en 2018. Le nouveau « plan loup » pour la période 2024-2029, révélé le 23 février 2024 à la veille de l’ouverture du Salon de l’agriculture, ne satisfait ni les éleveurs ni les défenseurs de la vie sauvage….

L’arbre doit aussi avoir le droit de gagner en justice

extraits : En 1972, Christopher D.Stone se posait cette question : “Should Trees Have Standing? Toward Legal Rights for Natural Objects”. Ce passage du statut d’objet naturel à celui de sujet de droit s’inscrit pour Stone dans la continuité du processus historique d’extension des droits légaux : après les étrangers, les femmes, les fous, les Noirs… les arbres. Voici un résumé de son texte : « Je propose que l’on attribue des droits juridiques aux forêts, rivières et autres objets dits « naturels » de l’environnement, c’est-à-dire, en réalité, à l’environnement tout entier. Cela ne signifie en aucun cas que nul ne devrait être autorisé à couper un arbre. Si les êtres humains ont des droits, il reste néanmoins possible de les limiter. Nous prenons chaque jour des décisions pour le compte d’autrui et dans ce qui est censé être son intérêt ; or autrui est bien souvent une créature dont les souhaits sont bien moins vérifiables que ceux des rivières ou des arbres »…..

 

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Biodiversité/Climat/Désertification, même combat

Il y a autant de COP que de traités onusiens sur l’environnement. Acronymes de Conference of the Parties, elles en sont les organes de décision. Hasard du calendrier, les COP16 sur la biodiversité, COP29 sur le climat et COP16 de lutte contre la désertification se tiennent toutes les trois d’ici à la fin d’année. L’efficacité des actions à mettre en place face à ces menaces globales dépend pourtant de la prise en compte des interactions entre ces trois problématiques.

ONG Agrisud international : Nombre des financements agissent à la fois sur le climat et sur la biodiversité : l’arrêt de la déforestation tropicale et la protection des tourbières sont par exemple des objectifs climatiques régulièrement rappelés. Leur atteinte permettrait de sauvegarder des réserves sans équivalent de biodiversité remarquable. Les causes de la déforestation sont majoritairement agricoles. Or un tiers de la population mondiale vit dans des zones arides ou semi-arides où les changements climatiques aggravent la dégradation des sols et la précarité des conditions d’existence, nous rappellera la COP sur la désertification. La lutte contre la désertification pourrait engendrer des bénéfices climatiques élevés. En remettant de la vie et de la matière organique dans les sols, on accroît leur capacité de stockage du carbone….

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COP29, les actes sont contraires aux objectifs

extraits : La prochaine conférence mondiale sur le climat, la COP29, se tiendra à Bakou, en Azerbaïdjan, du 11 au 22 novembre 2024, 29 années sans rien faire de sérieux.  Or le climat ne répond pas aux discours, mais aux actions. Fin octobre 2023, les températures moyennes de l’année en cours étaient déjà supérieures de plus de 1,34 °C à la moyenne des températures du XXe siècle, et de 1,54 °C par rapport au XIXe siècle. L’année 2024 est en passe de se classer comme la plus chaude jamais enregistrée, canicules et inondations meurtrières se multiplient… Tant que les intérêts humains à court terme passeront avant le nécessaire équilibre à long terme de la planète, nous jouerons au jeu quelques gagnants dans l’immédiat, tout le monde perdant en fin de partie….

COP16 sur la biodiversité, l’impuissance

extraits : Le nouvel « indice planète vivante », publié par le Fonds mondial pour la nature (WWF), reflète le déclin continu de la biodiversité à quelques jours de l’ouverture de la COP16 (16e conférence mondiale pour la biodiversité), en Colombie. Et en novembre nous aurons la COP29 sur le climat … cela nous fait une belle jambe !Dans nos sociétés où partout suintent le racisme et la xénophobie, demander la considération pour un pachyderme ou un insecte est mission désespérée. Comment convaincre les hommes que le salut est aussi dans le respect sans faille de la biodiversité, que l’unicité de la nature ne vaut que par la pluralité de ce qui la compose ?….

La COP15 et l’inexorable désertification

extraits : La COP15 contre la désertification s’est achevé le 20 mai 2022 à Abidjan sans résultat probant alors que la moitié de la population mondiale est affectée par le phénomène. Les délégués des 196 États membres de cette convention des Nations unies se sont séparés avec comme seul objectif, se réunir à nouveau l’an prochain. S’ils trouvaient une solution, il n’y aurait pas une autre conférence dans un autre coin sympa. Les gars de la COP26 sur le climat leur ont expliqué le truc pour visiter la planète. Notez que la Côte d’Ivoire, le pays hôte de la conférence, a perdu en l’espace de soixante ans près de 90 % de son couvert forestier en raison de la culture intensive du cacao, dont elle exporte quasi intégralement les fèves à l’étranger. Déguster sa tablette de chocolat a un prix que le consommateur ne paye pas….

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Désurbanisation ou ville autarcique ?

Tandis que 30 % de la population mondiale vivaient dans les zones urbaines en 1950, cette proportion est passé à 47 % en 2000 et devrait atteindre 60 % en 2030 et 70 % en 2050. En France, c’est déjà plus de 82 %. On assiste véritablement à « l’explosion de l’urbain », il s’agit d’un processus généralisé d’artificialisation de la vie. La vie dans les grandes villes brise les cycles naturels et nous coupe de notre lien intime avec la nature. Nous vivons dans des cités où nous oublions facilement que la nature travaille en cercles fermés.

Croire qu’on peut faire aussi bien que la biosphère dans un appartement urbain, c’est du délire… à moins d’être subventionné !

Audrey Garric : Corentin de Chatelperron et Caroline Pultz se sont donné pour mission d’imaginer à quoi pourrait ressembler une vie urbaine durable en 2040. Depuis juillet 2024 et jusqu’à fin novembre, ces aventuriers de l’écologie proposent un autre chemin afin de mieux vivre dans les limites planétaires : « On veut créer un nouvel imaginaire désirable, qui ne soit pas un futur high-tech autour du métavers, ni un retour en arrière décroissant. » Cette expérience dite « Biosphère urbaine » est financée par la mairie de Boulogne-Billancourt, le Centre national d’études spatiales et Arte. Dans leur studio de 26 m2 prêté par la commune, le couple expérimente une vingtaine d’inventions low-tech. Déjections décomposées en compost par des larves de mouches, des pleurotes sous brumisateur dans la douche, des plantes cultivées en bioponie (hors sol), des grillons, etc. Le duo, qui ne cherche pas l’autarcie, se fournit en épicerie bio, avec des aliments locaux. Côté énergie, l’appartement, qui n’est pas relié à l’électricité, a été équipé de 4 mètres carrés de panneaux solaires. De quoi alimenter la poignée d’appareils électriques : un thermos, un microfrigo, un rétroprojecteur, un ordinateur et les téléphones portables. Leur expérience est-elle applicable au plus grand nombre ?

Le point de vue des écologistes

Imaginons ce qui arriverait à n’importe quelle ville si elle était enfermée sous une coupole de verre qui empêcherait les ressources matérielles nécessaires d’entrer et de sortir. Il est évident que cette ville cesserait de fonctionner en quelques jours et que ses habitants périraient… Ce modèle mental d’une coupole de verre nous rappelle assez brutalement la structurelle vulnérabilité des grandes régions urbaines.

C’est pourquoi le concept d’autonomie de la vie urbaine est un leurre, à plus forte raison l’appartement autosuffisant. La solution n’est pas dans les low tech, mais dans la désurbanisation, l’exode des urbains vers la ruralisation. Utopie ? Vers 650 de notre ère, un effondrement vertigineux a frappé l’empire romain. La cité de Rome comptait près de 700 000 habitants lors de sa gloire, il n’y en avait plus que 20 000 au final. Après l’effondrement de la civilisation thermo-industrielle, nous redeviendrons paysan.

Le DÉBAT, y’en pas

José Martin : Le jour où les tarifs d’eau et d’électricité partiront en vrille, ces pratiques se généraliseront plus vite qu’on ne le pense. Je pense souvent à ma grand mère qui ne gênerait quasiment pas de déchets et vivait en quasi autonomie.

Marie81 : Mes grand-parents et leurs voisins nourrissaient un cochon avec les épluchures de légumes et restes de repas.

Geisberg : J’ai grandi dans un village, il y a longtemps. Les chèvres tondaient nos fossés, pas de tout à l’égout, compost naturel, des poules gambadant dans nos vignes et revenant le soir, vaisselle sans détergent – les « eaux grasses » nourrissaient un porc et les carpes. Je me rends compte aujourd’hui que nous vivions autrefois en quasi-autarcie, sans polluer ou évacuation de déchets.

clodo galactique : Il est possible en effet que ce soit le futur pour une partie de la population. Mon ami universitaire en « écologie&évolution » pense que nous allons vers un futur où les gens raisonnables se regrouperont en communautés autonomes face a des foules « sauvages » et je ne suis pas loin de partager sa conviction.

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Cultiver la nature en ville ou désurbanisation ?

extraits: Certains essayent désespérément de trouver des solutions agricoles en milieu urbain. Il y a les tentatives de villes en transition (Rob Hopkins), la bonne idée des AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne), la vogue des locavores, les incroyables comestibles, etc. Mais les villes étendent leurs tentacules dans toutes les directions et stérilise toujours plus loin les sols. Les bétons et goudrons de la capitale française ne se prêtent pas aux plantations en pleine terre. La solution de long terme se trouve dans la désurbanisation, l’exode urbain qui succédera à l’exode rural….

La première fois où on a parlé de désurbanisation sur ce blog

22.09.2009 désurbanisation

Qu’on le veille ou non, il faudra bien un jour sortir du culte de la croissance, toujours plus de pouvoir d’achat, toujours plus de bagnoles, toujours plus d’avions, travailler toujours plus. L’urbanisation croissante est un élément de cette anthropisation forcenée de notre planète qui a accompagné la révolution industrielle dès le XIXe siècle. Mais au lieu d’être progressive, l’explosion urbaine est devenue selon les termes mêmes du Monde (22 septembre 2009) « violente », particulièrement en Afrique : les villes y passeront de 350 millions d’habitants en 2005 à 1,2 milliards en 2050. Ce ne sont que des prévisions statistiques, je prévois au contraire d’ici à 2050 un retour aux campagnes.

Cela ne veut pas dire que j’ai une pensée anti-urbaine, il y a des toutes petites villes fort agréables. Mais quand les habitants des bidonvilles constituent déjà en moyenne 36 % des citadins dans les pays dits « en développement », cela veut dire que ce n’est pas une urbanisation gérable, ce n’est donc pas une évolution durable. Jamais on ne pourra mettre de l’électricité, de l’eau courante et des routes goudronnées partout. Jamais on ne pourra mettre en place des services urbains à la portée de tous. Jamais on ne pourra trouver un emploi à cet afflux de main d’œuvre. Jamais il n’y aura assez de policiers (étymologiquement « créatures de la cité ») pour contrôler une société non policée.

Le discours de vérité n’est pas dans la vérité des prix, il est dans le sens des limites, à commencer par la limitation drastique de l’urbanisation. Cela ne peut se faire que si on s’investit dans l’agriculture durable au lieu d’investir dans les marchés financiers.

Les premières fois où on a parlé de désurbanisation dans LE MONDE (c’est rigolo à lire !)

26 mai 1945.  » URBANISATION ET DESURBANISATION, PROBLÈME DE L’HEURE « 

L’exode des campagnes vers les villes n’entraîne rien de moins qu’une  » détérioration de la race  » … Les campagnes, dépeuplées et affaiblies sanitairement par les mariages consanguins, ne constitueront plus à bref délai le réservoir traditionnel des élites. La solution la plus efficace est de décongestionner les grandes villes, soit en transportant les industries nouvelles dans les campagnes, soit en développant les moyens de transport pour que les ouvriers aient a la campagne de meilleures conditions d’existence.

13 août 1945. PROPOS SUR L’ALCOOLISME

L’alcoolisme est un problème social. La France fait vivre un débit de boisson pour 80 habitants et le nombre des bouilleurs de cru est passé de 677.000 en 1916 à 3.500.000 en 1934, chiffre qui n’a pas diminué depuis dix ans. Ce qui signifie que si l’hygiène morale et physique du pays a tout à gagner a une large émigration des villes vers la campagne – à une  » désurbanisation « , comme l’on dit, – c’est à condition que le citadin dépaysé ne se borne pas simplement à changer la variété de son toxique.

4 février 1966. Les armées libèrent plusieurs centaines d’hectares de terrain

La diminution des effectifs et la technicité croissante des armements permettent au ministère des armées, pour faciliter des opérations d’urbanisme, notamment dans la région parisienne, de libérer certains terrains domaniaux qu’il occupait. Cette politique de décentralisation et de désurbanisation à la fois a été rendue possible grâce à l’assouplissement d’un décret impérial de 1853, qui réglementait (parfois jusqu’à 950 mètres) les zones de protection et les périmètres défensifs autour des fortifications militaires… En gros, mille deux cents fortifications sont en instance de déclassement ou doivent voir leurs périmètres de servitudes rectifiés parce qu’ils concernent des zones à urbaniser en priorité….

22 novembre 1973. Theodore Roszak, le visionnaire, et Vance Packard, le réformiste

DEPUIS une dizaine d’années les éludes se multiplient, aux États-Unis, qui proposent une analyse de la société industrielle et les éléments d’une alternative pour une société post – industrielle.l’idée de la  » croissance zéro  » n’implique nullement une régression primitive, pas plus que le rejet de la technologie moderne. Elle signale plutôt le lien actuel entre production et répression (Roszak), sur-industrialisation et fragmentation sociale (Packard)… Roszak considère qu’il convient de rejeter l’industrialisme urbain en tant que mode dominant. Trois voies sont suggérées : 1) la désurbanisation : de petites agglomérations rurales bien développées permettraient à chacun de choisir le mode vie qui lui convient ; 2) une  » économie de permanence « , qui, à l’opposé de l’économie de l’opulence, amènerait un nouvel équilibre social ; 3) un système social-fondé sur la notion de  » tribu « .

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Le FMI s’alarme d’une croissance molle !?

« Celui qui croit qu’une croissance infinie peut continuer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste «  (Kenneth Boulding). La planète subit par l’activité humaine une « grande transition » qui est schématiquement le passage d’un système ouvert à un système fermé. Dans un système ouvert, il est possible de concevoir n’importe quelle croissance. Dans un système fermé, l’homme ne peut plus agir comme bon lui semble.

Julien Bouissou : Selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI), publiées le 22 octobre 2024, la croissance mondiale devrait très légèrement décélérer, à 3,2 % en 2024 et 2025, après avoir atteint 3,3 % en 2023. Le FMI souligne cependant les risques d’une croissance molle pour les équilibres sociaux et environnementaux. Les défis structurels comme le vieillissement de la population, la faiblesse des investissements et une hausse de la productivité à des niveaux historiquement bas brident la croissance mondiale. De même par la montée du protectionnisme. La croissance mondiale semble donc à bout de souffle, trop faible pour absorber le gonflement de la dette publique, éliminer la pauvreté et effectuer les investissements qui s’imposent dans la lutte contre le réchauffement climatique. A cela s’ajoutent des budgets de défense partout en hausse dans un contexte de tensions géopolitiques accrues. Le ralentissement mondial va être ravageur pour les pays les plus pauvres, déjà très endettés….

Le point de vue des écologistes décroissancistes

Selon le FMI, l‘endettement nous condamne à la croissance mais il ne considère pas la destruction de l’environnement. La lutte pour le climat nous condamne à la croissance mais il ne considère pas la destruction de l’environnement. La lutte contre la pauvreté nous condamne à la croissance mais il ne considère pas la destruction de l’environnement. Le FMI ne se pose pas les questions qu’il devrait se poser.

Le FMI n’a aucune idée du monde qui se profile, une décroissance obligée vu le niveau de raréfaction des ressources et de pollution. Nous avons dépassé les limites de la planète, nous n’avons pas écouté le rapport de 1972 sur les limites de la croissance. Le FMI s’alarme d’une croissance de 3,2 % alors que cela veut dire un doublement d u PIB mondial en moins de 22 ans seulement. Intenable ! Mais le FMI montre que sans croissance forte, il n’y a a pas de diminution possible de la pauvreté, pas de remboursement possible de la dette, par de lutte possible contre le réchauffement climatique… En clair nous sommes complètement coincés sauf à rêver comme le FMI à une croissance perpétuelle possible dans un monde fini. Le FMI et tous les décideurs doivent nous faire changer de paradigme. En période de « croissance molle », il faut faire des efforts quand on vit à l’occidentale, c’est-à-dire restreindre son train de vie, éviter l’avion et le tourisme au long cours, etc.

Le DEBAT, y’en a pas

Abengourou27 : Quelle médiocrité, ce FMI ! Il serait temps que ces brillants économistes comprennent qu’il convient désormais d’intégrer la disponibilité des ressources dans les modèles de croissance. La décroissance sera subie, c’est inéluctable, c’est une réalité physique. Et elle sera d’autant plus violente que nous accélérerons l’extraction de nos ressources. Donc continuer à prôner la croissance du PIB comme facteur de prospérité et de bonheur, c’est soit du déni, soit de la bêtise.

Tanith : Une croissance continue (et donc quasi-infinie) dans un monde aux ressources finies, ce n’est de toute façon pas possible et ce ralentissement était plus que prévisible. L’économie telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui est destructive. Elle détruit les ressources de la planète. Et elle détruit les hommes en les broyant pour plus de profits pour de moins en moins de gens.

Kala : La contraction de la croissance est une très bonne nouvelles pour le climat contrairement à ce que semble préciser l’article…

jamaiscontent : Faire croire que la croissance économique sans fin est ce qui permettra de mettre fin à la pauvreté et de protéger l’environnement est quand même une arnaque intellectuelle sans nom: cette croissance est portée par la financiarisation de l’économie et le libre-échangisme dont l’objet n’est pas de combattre la misère, mais de maximiser les profits.

1984 is coming : les limites planétaires étant ce qu’elles sont…

Sli : C’est le moment d’embrayer sur la décroissance, coordonnée et salvatrice. Commençons dans nos rues en taxant drastiquement les SUV et la bagnole en général. Et au niveau international mettons un frein au commerce déséquilibré.

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FMI. L’allié démoniaque de la mondialisation

extraits : Les accords de l’OMC ont été négociés et signés en avril 1994 à Marrakech par la majeure partie des puissances commerciales du monde. Le but principal de favoriser l’ouverture commerciale. Le FMI (Fonds monétaire international) est le frère jumeau de l’OMC, organisation bien antérieure (1945), mais vouée à augmenter les dettes des pays par l’incitation au libre-échange à crédit….

le FMI, le peuple et la nature

extraits : Qui faut-il défendre ? La nature ? Le peuple ? Les banques ? La réponse est difficile car tout est lié, c’est l’idée générale de ce blog. Comme les banques exploitent le peuple qui exploite la nature, nous nous mettons bien sûr du côté du plus exploité, la nature. Car la nature donne au peuple les moyens de vivre et le peuple demande aux banques les moyens de consommer la nature. Et si la nature est surexploitée, elle ne pourra pas donner à manger au peuple qui ne pourra pas engraisser les banques. Cqfd. Prenons un exemple, le FMI, cette banque de refinancement…

Pic pétrolier : l’alerte ignorée d’un expert du FMI

extraits : Michael Kumhof est co-responsable de la modélisation au sein du Fonds monétaire international (FMI). Son inquiétude concernant un déclin prochain de la production mondiale de pétrole ne trouve aucun écho dans la ligne politique du FMI.Il est interrogé en 2012 par Matthieu Auzanneau….

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L’artificialisation forcenée des sols

L’artificialisation des sols par l’habitat, les zones d’activité et les infrastructures entraîne la destruction de la biodiversité et la non-adaptation de nos territoires aux impacts climatiques. Elle renforce aussi les fractures sociales, territoriales et économiques. La trajectoire nationale de zéro artificialisation nette a été instituée en 2021 par la loi Climat et résilience. Son objectif, réduire de 50 % d’ici à 2030 la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers dans le pays, puis atteindre le zéro artificialisation nette en 2050. Tout espace qui sera alors artificialisé sera compensé par un espace naturel équivalent. Les résistances à cet engagement judicieux sont pourtant multiples.

un collectif : L’artificialisation des sols va galopant en France : cinq terrains de foot par heure (même la nuit) ; 10 % de la surface agricole couverte durant les cinquante dernières années ; une tendance 3,7 fois plus rapide que l’augmentation de la population. La législation était peu ambitieuse peu ambitieuse, le ZAN demandait à nos enfants ce que nous ne pouvons réaliser d’emblée. Pourtant le ZAN a été assoupli par une loi en 2023. Et Michel Barnier a annoncé une nette régression dans son discours de politique générale : « Pour construire, il faut du foncier. »

Notre urbanisme doit privilégier une densité intermédiaire, avec des sols couverts de végétation, rejetant un idéal pavillonnaire très artificialisant (et coûteux en énergie pour le chauffage et le transport). Enfin, revitalisons l’existant : le taux de logements vacants atteint 8,5 % du parc immobilier…

Nos articles les plus anciens sur l’artificialisation

14.04.2005 Artificialisation du territoire

Une étude de l’IFEN (Institut français de l’environnement) dénonce le phénomène de grignotage des espaces naturels du fait de l’urbanisation, des routes et autres infrastructures. Les sols à usage non agricole des humains représentaient 6,1 % du territoire en 2003 et cette emprise a augmenté de 16 % en 10 ans. La Biosphère ne s’occupe pas beaucoup de l’impact paysager, à chacun son goût de l’esthétique. Pas beaucoup plus de l’impact sur les inondations et l’érosion, tant pis pour les humains. Un peu plus sans doute de la violence exacerbée par un espace mal organisé et un cadre de vie éclaté.

Mais la fragmentation des terres accroît surtout le risque que les écosystèmes ne puissent plus se connecter les uns aux autres au péril de la survie d’une bonne partie de la flore et de la faune.

8.05.2005 Stérilisation des terres

La loi française d’orientation agricole, en préparation, ne reprend pas les propositions du rapport Boisson pour le Conseil économique et social : « La maîtrise foncière, clé du développement rural ». Pourtant c’est l’équivalent des surfaces cultivées d’un département qui disparaît tous les six ans. L’urbanisation, et l’équipement qui l’accompagne, se font le plus souvent en plaine et dans les vallées, d’excellentes terres agricoles. C’est exactement ce qui se passe aussi dans d’autres pays ! En Égypte, les Anciens vivaient à l’orée du désert pour ne pas empiéter sur leurs terres agricoles, maintenant les masses populaires bâtissent en pleins champs cultivés malgré les interdictions : une maison démolie par les autorités sera reconstruite dans la nuit. Partout les humains transforment la Biosphère en un désert de sable et de béton. Pour en revenir à la France, au rythme actuel d’artificialisation des sols au profit de l’habitat, dans 600 ans il n’y aura plus de terres cultivables.

Les optimistes diront encore « Aménageons pour aller vivre sous terre », d’autres diront : « ils étaient fous nos ancêtres ! » Il est préférable de crier dès aujourd’hui contre la folie humaine, même si c’est dans le désert…

14.08.2005 Des routes, des routes, trop de routes

En vertu de la loi de décentralisation d’août 2004, l’État français veut transférer 18 000 kilomètres de routes nationales (pour 10 000 kilomètres d’autoroutes) aux Conseils généraux. Ce n’est qu’un tout petit aspect d’une voirie qui compte 1,5 millions de kilomètres dont les départementales occupent 365 000 kilomètres, les communales 550 000 km et les chemins ruraux environ 600 000 km. Les problèmes de financements deviennent lancinants et le désengagement de l’État est à juste titre mal perçu par les collectivités locales. A cela s’ajoute les inquiétudes avec la privatisation prévue de certaines autoroutes. Mais personne ne s’interroge sur le bien-fondé d’un tel réseau dédiés aux déplacements individualisés.

L’importance démesurée de ce réseau de voirie entraîne pourtant la dégradation importante des écosystèmes par l’artificialisation des territoires et leur fragmentation. Pour la Biosphère, jamais une société humaine respectueuse de l’environnement n’aurait du dépasser le niveau des chemins vicinaux qui ne font qu’entretenir les rapports de voisinage.

5.11.2005 Pas de Biosphère sans marais

Les marais au sud de l’Irak couvraient 20 000 km2 en 1970, ils avaient complètement disparus en 2001. Édifié au nom d’une politique agricole visant à développer l’irrigation entre Bagdad et Bassora, un réseau de dignes avait provoqué l’assèchement, phénomène accentué par les barrages en amont le long du Tigre et de l’Euphrate. Non seulement les habitants des marais ont perdu leurs moyens traditionnels d’existence, mais l’élévation de la température locale a atteint près de 5°C à cause de la destruction radicale de l’écologie de la région. Même si, après l’éviction de S.Hussein et un programme coordonné par les Nations unies, les marais ont retrouvé depuis lors 40 % de leur superficie grâce à la démolition des digues, les besoins du pays en eau vont continuer à croître avec l’urbanisation et l’industrialisation : cette reconquête des marais est donc fragile.

Quand les humains auront stérilisé toutes les terres pour leurs propres besoins, que leur restera-t-il comme avenir si ce n’est d’être chassé définitivement du jardin d’Eden.

Nos articles les plus récents

ZAN, zéro artificialisation nette, faux débat

extraits : Le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire en avril 2024 : « Nous devons nous interroger sur la mise en œuvre du ZAN car la pression monte. Il faut dégager des terrains pour l’industrie. Pas question de se retrouver dans la situation invraisemblable de devoir refuser des investissements industriels représentant des milliards d’euros d’investissement et des milliers d’emplois parce qu’il n’y a pas de terrains disponibles. »….

Artificialisation des sols, à combattre

extraits : L’importance démesurée des réseaux de voirie entraîne une dégradation effroyable des écosystèmes par l’artificialisation des territoires et leur fragmentation. Pour l’équilibre de la Biosphère, jamais une société respectueuse de l’environnement n’aurait du dépasser le niveau des chemins vicinaux qui ne font qu’entretenir les rapports de voisinage et les circuits courts….

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Le cerveau des non-humains

Les humains sont des animaux parmi d’autres. Même une mouche à un cerveau. Pourtant beaucoup de personnes ne nous voient pas comme un animal, ils ont une  conception de la nature anthropocentrée, centrée sur l’espèce humaine. Nous n’avons pas à les traiter d’imbéciles, il faut seulement mieux leur expliquer nos origines, comprendre le fonctionnement de notre maison commune et de tous ses habitants. Les écologistes n’ont pas d’adversaire, ils n’ont que des personnes à convaincre.

Jean-Baptiste Jacquin : Une équipe de chercheurs a mis au jour l’ensemble des fonctions cérébrales de la drosophile, un record. Pas plus gros qu’un grain de sable, le cerveau d’une Drosophila melanogaster adulte contient 139 255 neurones, 54,5 millions de synapses et huit mille types de cellules. ce petit animal est capable de comportements sophistiqués comme la marche et le vol, l’apprentissage, la mémoire, la navigation et même les interactions sociales. La drosophile possède environ un million de fois moins de neurones qu’un cerveau humain. Autrement dit, la science n’est pas près de reconstituer notre connectome, le plan complet des connexions neuronales.

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anthropocentrisme, bio- ou écocentrisme, que choisir ? (2012)

extraits : Un insecte possède un cerveau, plus petit que celui d’un humain sans doute, mais un cerveau quand même. L’escargot est également doté d’un ganglion cérébral, et d’un cœur avec une seule oreillette et un seul ventricule, mais un cœur tout de même. Le schéma d’organisation du vivant est assez similaire d’un bout à l’autre de la planète, homo sapiens ne constituant pas une exception ! Pourtant certains croient encore à la spécificité humaine, fabulant que l’Homme est à l’image de dieu et la Terre au centre de l’univers. Ils font preuve d’anthropocentrisme, l’homme (anthrôpos) au centre.

Les humains, des animaux pas si perfectionnés que ça (2014)

extraits : Beaucoup de monde croit que l’homme n’est pas un animal. La croyance en la supériorité de l’être humain est en effet incommensurable. C’est un mythe qu’un écologiste se doit de déconstruire. En fait l’homme est d’une certaine façon moins complexe qu’un grain de riz. Avec ses 20 000 à 25 000 gènes il en possède moins que le riz, qui en compte 30 000 à 40 000. Pourquoi ? Alors que l’homme peut se déplacer pour se mettre à l’abri, les plantes sont obligée de rester sur place et de s’adapter à leur environnement. Pour ce faire, elles disposent de jeux de gènes qui s’expriment spécifiquement dans telle ou telle condition : le froid, la sécheresse, etc. On peut même aller loin dans la comparaison animal, homme et végétal. L’analyse de l’ADN de différentes espèces révèle que tous les êtres vivants, animaux et végétaux, on en commun au moins 25 % de leur gène. Si l’espèce humaine partage 98 % de ses gènes avec le chimpanzé, il en partage 36 % avec la jonquille Narcissus jonquilla….

Généalogie : notre ancêtre, le dipneuste (2024)

extraits : Certains croient faire de gros progrès en reconstituant leur généalogie familiale grâce à quelques archive usées : attitude purement anthropocentrique qui balbutie sur un ou deux siècles. Ce n’est pas là un exercice très captivant, mieux vaut le long souvenir de notre histoire commune. Remonte dans le temps, bien avant l’automobile, le téléphone et l’électricité, va encore plus loin. Tu arriveras il y a 400 générations, quand tes ancêtres commençaient à cultiver la terre et à se croire séparés de l’univers. En remontant encore, il y a 10 000 générations environ, tu trouveras ton premier ancêtre homo sapiens. Mais ton origine est encore antérieure ; il y a 100 000 générations, ceux par qui tu es arrivé étaient des hominidés. Quelques dizaines de millions d’années auparavant, ton ancêtre, un tout petit mammifère, vivait au temps des derniers dinosaures. En remontant encore, ton ancêtre était amphibien : un dipneuste ! Il possède à la fois des branchies et un poumon….

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Consilience, précisions sur la fin du monde

Yves Cochet dans son dernier livre « précisions sur la fin du monde » (Les liens qui libèrent, 2024)

l’inéluctable catastrophe

en exergue du livre :

« Si les tendances actuelles de croissance de la population mondiale, de l’industrialisation, de la pollution, de la production alimentaire et de l’épuisement des ressources se poursuivent, les limites de la croissance sur cette planète seront atteintes au cours des cent prochaines année. Le résultat le plus probable sera un déclin plutôt soudain et incontrôlable de la population et de la capacité industrielle. » (The Limits to Growth, rapport au Club de Rome, Universe Books, 1972)

René Dumont, présidentiable écolo en 1974 : « Si nous maintenons le taux d’expansion actuelle de la population et de la production industrielle jusqu’au siècle prochain, ce dernier ne se terminera pas sans l’effondrement total de notre civilisation. Par l’épuisement des réserves minérales et pétrolières ; par la dégradation poussée des sols ; par la pollution devenue insoutenable de l’air et des eaux ; enfin par une altération des climats, due notamment à l’accumulation du gaz carbonique. » (éditions Jean-Jaques Pauvert, 1974)

Yves Cochet (Libération, 23 août 2017, repris par le livre) : « Bien que la prudence politique invite à rester dans le flou, et que la mode intellectuelle soit celle de l’incertitude quant à l’avenir, j’estime au contraire que les 33 prochaines années sont déjà écrites. La période 2020-2050 sera la plus bouleversante qu’aura jamais vécu l’humanité en si peu de temps. L’effondrement est certain vers 2030. Cette rupture est désormais imparable, le système-Terre se comportant comme un automate qu’aucune force humaine ne peut contrôler. L’étape suivante sera la plus pénible au vu de l’abaissement brusque de la population mondiale (épidémies, famines, guerres), de la déplétion des ressources énergétiques et alimentaires, de la perte des infrastructures et de la faillite des gouvernements. »

Yves Cochet en 2024 (page 55-56) : « Certes il n’y a pas de preuve irréfutable de la certitude de l’effondrement systémique planétaire. Il y a quand même une forte présomption par ce qu’on appelle la consilience, c’est-à-dire la certitude qui apparaît lorsque de nombreuses études et points de vue indépendants concourent tous dans le même sens. Cela me suffit pour être convaincus à 100 % de l’arrivée de la fin de notre monde. »

page 83 : « L’Effondrement est certain en 2030, à quelques années près. Jamais une personne politique ne devrait dater ses prédictions, puisque le risque de se tromper est grand. Comme l’écrivait l’humoriste Pierre Dac : « Les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir. » N’ayant plus aujourd’hui la retenue universitaire de la crainte de se fourvoyer, je la maintiens donc politiquement afin de tenter une fois encore de réveiller les consciences endormies. »

page 171 : on voit mal comment, dans un court laps de temps, les sociétés occidentales abandonneraient le marché global, la production-consommation de masse et la fétichisation de la marchandise.

Les limites démographiques

page 117 : « La question démographique se situe à l’intersection des questions culturelles et des questions naturelles, elle en rassemble les difficultés et les controverses. Dans la décroissance démographique que je soutiens, la droite décèle une campagne en faveur d’avortements massifs, de promotion de l’homosexualité et d’abandon du patriotisme. La gauche nous soupçonne d’attaquer les droits humains, de fuir le problème du financement des retraites, voire de prêcher l’eugénisme ou le racisme. D’une façon générale, la question est taboue ou considérée comme mal posée : l’information, la croissance et la technologie résoudront les éventuels problèmes démographiques. Quant aux organisations écologistes, associatives ou politiques, elles résolvent la question en ne se la posant pas, alors que l’écologie des populations est une discipline importante de l’écologie scientifique. »

page 118 : La question de la surpopulation sur un territoire ne se réduit pas au nombre des personnes mais à la multiplication de ce nombre par l’empreinte écologique moyenne de la population du territoire en question.

page 120 : Les listes des écogestes ne mentionnent jamais « avoir un enfant en moins », pourtant très efficace. Sont mis en avant les écogestes oiseux genre « fermer le robinet quand on se brosse les dents ». Une famille américaine qui choisit d’avoir un enfant en moins offre le même niveau de réduction d’émissions (de gaz à effet de serre) que 684 adolescents qui choisiraient d’adopter le « recyclage » pour le reste de leur vie.

page 121 : Les mouvements émancipateurs genre « libération des femmes » considèrent que le choix d’avoir ou de ne pas avoir un enfant est un choix personnel des femmes, au mieux des couples. Tandis que mon opinion est que c’est un choix collectif qui réclame une politique sans coercition bien différente du natalisme gouvernemental.

page 123 : Dans les textes du théologien Ellul, qui appelle à la tempérance, la sobriété et autres limitations, je n’ai lu aucun propos sur la démographie et la surpopulation. Il est difficile de nier, au vu des 2000 ans d’histoire du christianisme, que cette religion soit plutôt nataliste, et c’est peu dire.

L’ennemi principal

le productivisme

page 89 : « L’ennemi principal n’est pas la forme institutionnelle de l’économie, libérale ou dictatoriale, c’est le productivisme qui se caractérise par 6 attributs essentiels : primat de l’économie, indifférence à la nature, accroissement incessant de la productivité, exploitation des travailleurs, volonté démiurgique de refabrication du monde, aspiration métaphysique à la toute puissance. »

page 110 : « Du point de vue écologique, il n’y a pas de différence entre un réacteur nucléaire privé appartenant à un capitaliste américain et un réacteur nucléaire appartenant à une coopérative ouvrière sans but lucratif. »

page 153 : Croire que le capitalisme est le principal responsable des désastres environnementaux est un aveuglement sur l’histoire matérielle et institutionnelle des « démocraties populaires » et dépolitise le conflit central entre les productivistes et les antiproductivistes.

– la grande taille

page 125 : Il est possible de dire qu’il y a une sorte de limite à la taille des groupements humains si l’on veut que ceux-ci conservent leur impératif de liberté et d’égalité sans tomber dans une société inégalitaire et hiérarchique. Plusieurs études scientifiques se disputent sur le nombre maximum au-delà duquel la confiance mutuelle et la communication amicale ne suffiraient plus à assurer la cohésion du groupe. Nous pouvons évaluer ce nombre à environ 500, sachant que les conditions écologiques d’habitat et l’héritage culturel du groupe peuvent faire varier cette taille.

page 126 : Bref la taille compte comme l’ont montré Ivan Illich ou Olivier Rey. Au-delà d’un certain seuil – souvent difficile à préciser -, toute organisation humaine tend à devenir contre-productive par rapport à ses objectifs initiaux.

page 157-158 : Plus un système est grand, moins il dépense d’énergie par unité de masse (les pertes thermiques dépendent de la surface d’échange avec l’extérieur). Mais ce raisonnement purement thermodynamique doit être contrebalancé par un raisonnement systémique en termes de complexité de gestion ; une ville deux fois plus grande révèle, par habitant, plus de délits, de crimes, de pollutions, d’embouteillages, de corruption… La taille pèse sur la ville, intrinsèquement.

page 160 : dans les grands ensembles politiques, vous existez moins que dans les petits.

agir face à la catastrophe

page 22-23 : La catastrophe est certaine, sans échappatoire ; nous n’éviterons pas l’effondrement systémique mondial ; la fin du monde est inéluctable. A quoi bon, dès lors, à continuer une activité de militant effondriste comme je le fais si cela ne produit aucun résultat ? Un impératif moral me pousse pourtant à croire qu’ainsi je pourrais, éventuellement, minimiser le nombre de morts dus à l’effondrement en incitant quelques personnes à résister au modèle dominant en devenant décroissants et permaculteurs.

page 67 : Un crash program politique rigoureux permettrait d’éviter l’effondrement, mais il y conduirait tout de même par son inacceptabilité sociale ! Pour notre regard d’écologiste, l’anthropocentrisme est patent : dans ce mélange enchevêtré d’utilitarisme (je défends avant tout mes intérêts) et de soif de reconnaissance (aimez-moi, respectez-moi), la nature ne prend aucune part. Observons qu’aujourd’hui (2024) seule la Gambie respecte l’Accord de Paris (de limiter les émissions de gaz à effet de serre) signé en 2015 par 191 pays.

page 131 : La « biorégion » se donne les moyens de pouvoir survivre assez longtemps en autarcie, tout en entretenant des échanges avec l’extérieur. Elle est nécessairement territoriale pour des raisons écologiques de réduction des nuisance liées aux échanges mondiaux, et elle est autonome au sens biophysique de restreindre son empreinte écologique nette à la surface de son territoire : « produire ce que l’on consomme ».

page 137 : une orientation sociale atténuerait les effet destructeurs de l’envie et de la jalousie. Une politique de quotas individuels des ressources de base sera mse en place au moyen d’une carte carbone. Chaque habitant recevra un quota annuel de droits d’émissions de CO2, qui encadre tout consommation d’énergie et d’alimentation.

Page 145 : Le XXIe siècle sera écologique ou ne sera pas. En paraphrasant Karl Marx, on peut soutenir que l’écologique est déterminant en dernière instance. Ce sera une constellation cérébrale autour d’une liste de mots tels que : rationnement, exode urbain, institutions biorégionales, descente énergétique rapide, savoir-faire low tech, permaculture par tous, plafonnement des revenus excessifs, sortie du nucléaire, abandon de la mobilité thermique ou électrique… bref dans un premier temps, la décroissance des 20 % le plus riches de la planète. Où sont les forces intellectuelles et sociopolitiques qui appuieraient une telle perspective ?

Page 172 : il me paraît donc que le travail sur une alternative politique décroissante doit continuer.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere, lire :

La convivialité d’Ivan Illich (1973)

The Collapse of Complexe Societies de Joseph Tainter (1988)

Une question de taille d’Olivier Rey (2014)

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Yves Cochet, un prophète des temps à venir

Il est toujours utile de répéter les vérités et Yves Cochet s’y emploie : décroissance démographique et effondrement de la civilisation thermo-industrielle vont de pair, c’est certain, c’est mathématique.

Yves Cochet, un effondrisme réaffirmé

Yves Cochet en 2005, « Pétrole apocalypse »

Suite au pic pétrolier, les pays importateurs souffriront de pénurie, ce qui les entraînera vers l’effondrement économique et social. Les responsables économiques et politiques n’ont pas anticipé la situation qui s’annonce. Où aller pour trouver à boire et à manger ? Nous n’avons plus de parents fermiers à la campagne chez lesquels nous réfugier comme nous l’avons fait au cours de la débâcle de 1940. Nous n’avons plus un ailleurs inexploré comme l’avaient jadis quelques hordes, émigrant massivement lorsque la pression démographique sur le territoire traditionnel dépassait sa capacité de charge écologique. Que nous restera-t-il hormis la violence ? Il n’existe qu’une demi-solution : la sobriété immédiate.Tout ce qui ressemble à une organisation basée sur le transport bon marché à longue distance aura du mal à subsister, hormis les armées pendant quelque temps….

Yves Cochet en 2009, « Antimanuel d’écologie »

Un seuil a été dépassé, un seuil de liaison entre le capitalisme fondé sur le crédit et les ressources naturelles qui sont la base de toute richesse réelle. L’espoir d’une nouvelle phase A du Kondratieff (ndlr : reprise économique), cet espoir est vain. Nous ne sommes pas à l’aube d’une nouvelle croissance matérielles, nous sommes dans la phase terminale du capitalisme. La recherche incessante de la croissance, serinée à longueur d’années par la majorité des politiques et des médias, n’est donc pas la solution à la catastrophe écologique, elle est au contraire une aspiration au pire. La catastrophe écologique implique une conclusion fatale : la décroissance est notre destin. Nous ne sommes plus dans le projet de société désirable, nous sommes dans le compte à rebours pour essayer de réduire les conséquences dramatiques de l’inéluctable catastrophe. Le temps dont nous disposons pour préparer ce nouveau monde se compte en années, non en décennies…

2017, « Gouverner la décroissance » (collectif)

Yves Cochet : « L’effondrement concerne la planète entière, États et instituions internationales compris. Aucun État ne peut alors compter sur ses voisins ou amis pour lui venir en aide, tant la situation globale et la situation de chacun s’est dégradées. La vitesse de cet effondrement est fonction de la vitesse de désintégration la plus rapide d’un de ses sous-systèmes cruciaux, par exemple le système financier et bancaire, puis, par contagion et rétroactions positives, des vitesses d’effondrement des autres systèmes cruciaux, fourniture d’énergie et d’alimentation, flux des échanges commerciaux, systèmes de communication. La situation générale du monde sera tellement détériorée que des services aujourd’hui banals tel que l’usage de l’électricité ou la mobilité automobile ne seront plus envisageables. Les survivants à l’effondrement auront subi le plus grand traumatisme de leur vie, le plus grand traumatisme de l’histoire humaine, la mort par centaines de millions de personnes dont ils auront eu connaissance avant que s’éteignent les communications électroniques. »…

Juin 2019, « L’humanité pourrait avoir disparu en 2050 » (Yves Cochet dans Le Parisien)

Les alarmistes lancent des appels dans les journaux : faites quelque chose, vous, les puissants ! Moi, je n’y crois plus. Il est hélas trop tard pour la transition écologique. On peut quand même minimiser le nombre de morts. Au lieu d’en avoir 4 milliards dans les trente ans, on en aura peut-être 3,5 milliards, en faisant des bio-régions résilientes.Sans la nourriture et l’énergie, vous êtes mort. Si Rungis s’effondre, à Paris, en trois jours, c’est la guerre civile.Tout seul, vous tenez trois jours. C’est à l’échelle d’une bio-région que l’on peut survivre. Mon discours ne fera jamais recette. Je ne suis pas entendu, et c’est précisément pour cela que l’effondrement va arriver. Pour s’en sortir, il faudrait une économie de guerre comme à Londres, en 1941. Je suis pour le rationnement de l’essence, des vivres, des vêtements, et pour le contrôle des naissances…

Novembre 2019. Le projet de motion d’Yves Cochet pour le Congrès d’EELV

« L’effondrement est comme un trou noir qui attire à lui toutes les certitudes passées. Si, comme moi, on croit au scénario d’un effondrement systémique, global, imminent, comme le scénario le plus probable des trente prochaines année sur Terre, alors toutes nos pensées et nos actions doivent être orientées par ce trou noir, cet attracteur, ce magnétisme. La période 2020 – 2050 sera la plus bouleversante qu’aura jamais vécu l’humanité en si peu de temps. À quelques années près, elle se composera de trois étapes successives : la fin du monde tel que nous le connaissons (2020-2030), l’intervalle de survie (2030-2040), le début d’une renaissance (2040-2050). De telles affirmations s’appuient sur de nombreuses publications scientifiques que l’on peut réunir sous la bannière de l’Anthropocène…

Yves Cochet en 2024, dans son livre « précisions sur la fin du monde »

Bien que la prudence politique invite à rester dans le flou, et que la mode intellectuelle soit celle de l’incertitude quant à l’avenir, j’estime au contraire que les 33 prochaines années sont déjà écrites. La période 2020-2050 sera la plus bouleversante qu’aura jamais vécu l’humanité en si peu de temps. L’effondrement est certain vers 2030. Cette rupture est désormais imparable, le système-Terre se comportant comme un automate qu’aucune force humaine ne peut contrôler. L’étape suivante sera la plus pénible au vu de l’abaissement brusque de la population mondiale (épidémies, famines, guerres), de la déplétion des ressources énergétiques et alimentaires, de la perte des infrastructures et de la faillite des gouvernements.

Yves Cochet, un malthusianisme réitéré

Yves Cochet en 2014, pour la préface du livre « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) » (avec 12 autres auteurs)

« La question démographique se situe à l’intersection des questions culturelles et des questions naturelles, elle en rassemble les difficultés et les controverses. Les néomalthusiens réunis dans ce livre sont l’objet de critiques politiques en provenance de tous les bords. Dans la décroissance démographique que nous soutenons, la droite décèle une campagne en faveur d’avortements massifs, de promotion de l’homosexualité et d’abandon du patriotisme. La gauche nous soupçonne d’attaquer les droits humains, de fuir le problème du financement des retraites, voire de prêcher l’eugénisme ou le racisme. D’une façon générale, la question est taboue ou considérée comme mal posée : l’information, la croissance et la technologie résoudront les éventuels problèmes démographiques. Quant aux organisations écologistes, associatives ou politiques, elles résolvent la question en ne se la posant pas, alors que l’écologie des populations est une discipline importante de l’écologie scientifique. »

Yves Cochet en 2024, dans son livre « Précisions sur la fin du monde » (page 117)

« La question démographique se situe à l’intersection des questions culturelles et des questions naturelles, elle en rassemble les difficultés et les controverses. Dans la décroissance démographique que je soutiens, la droite décèle une campagne en faveur d’avortements massifs, de promotion de l’homosexualité et d’abandon du patriotisme. La gauche nous soupçonne d’attaquer les droits humains, de fuir le problème du financement des retraites, voire de prêcher l’eugénisme ou le racisme. D’une façon générale, la question est taboue ou considérée comme mal posée : l’information, la croissance et la technologie résoudront les éventuels problèmes démographiques. Quant aux organisations écologistes, associatives ou politiques, elles résolvent la question en ne se la posant pas, alors que l’écologie des populations est une discipline importante de l’écologie scientifique. »

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Bruno Retailleau à l’intérieur, un anti-immigré ?

Le problème de l’immigration, c’est l’impasse dans laquelle nous a mené le mythe de la mobilité comme droit absolu.  En 1968, 2 % seulement de l’humanité franchissait une frontière, soit 60 millions de personnes. Aujourd’hui 20 %, soit un milliard et demi. Pourtant aux temps d’Adam Smith et Ricardo, au début du XIXe siècle, ce n’était pas les humains qui se déplaçaient d’un pays à l’autre, uniquement les marchandises… Aujourd’hui les frontières se ferment, inexorablement, saturation de l’espace. Tous les pays sans exception sont déjà surpeuplés. Les limites planétaires se répercutent sur les limites de chaque territoire. Que peut faire un ministre de l’intérieur ?

Julia Pascual : Le premier ministre, Michel Barnier, a prévenu qu’« il y aura beaucoup plus de rigueur, il y aura des ruptures ». Lors de sa campagne pour la primaire LR, en 2021, il défendait la suppression de l’aide médicale d’Etat (AME), proposait un référendum pour instaurer un « bouclier constitutionnel » et s’affranchir des règles européennes.S’il n’a pas prononcé le mot « immigration » lors de la passation des pouvoirs, le nouveau ministre de l’intérieur Bruno Retailleau avait affiché son objectif dans un entretien : « Mettre un coup d’arrêt aux entrées illégales » et « augmenter les sorties ». Le soir, sur TF1, il a précisé sa pensée – « Je pense que l’immigration massive, ça n’est pas une chance pour la France » . Il envisage de rétablir les mesures de la loi Darmanin censurées par le Conseil constitutionnel, comme le délit de séjour irrégulier, la suppression de l’aide médicale d’Etat ou encore de demander aux préfets de « régulariser moins ». Ardent partisan de l’assimilation, il est persuadé qu’« une partie de l’immigration refuse d’entrer dans le récit national ». Il veut enfin profiter du durcissement des positions d’Etats européens comme l’Allemagne pour « constituer une sorte d’alliance »

Quelques remarques sur l’immigration

– On apprend incidemment que séjourner illégalement sur notre territoire ne constitue pas un délit !

– Il faut donc prolonger l’immigration de masse puisque les «français de souche » ne font plus assez d’enfants.

– La gauche, sur l’immigration, ne convainc plus. Trop maximaliste.

– L’Europe entière, pas seulement Orban et Meloni mais désormais et surtout des dirigeants socialistes en Allemagne, Espagne ou au Danemark, se préoccupe de la déferlante migratoire.

– Un tiers des français a voté pour le RN et si rien n’est fait, Marine Le Pen sera là en 2027.

– Sur les 300 000 autorisations de séjours délivrées par an, seules 10% le sont au titre d’une activité professionnelle. Le reste? Regroupement familial, études, soins (statistiques officielles).

– Il y a un peu plus de 30 000 régularisations par an. La plupart des régularisations répondent à la stricte application du droit.

– Les marges de manœuvre du Préfet sont très faibles et se limitent principalement aux régularisations par le travail qui correspondent à un besoin réel des entreprises.

– Selon Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, « Les parents sont inquiets pour leurs enfants et voient que le racisme maintenant est une valeur clé du gouvernement de Michel Barnier… Il fallait avoir fait la Manif pour tous pour remonter en haut de la liste des ministrables ».

– Ce n’est pas du racisme mais du pragmatisme que de vouloir gérer toute la misère du monde.

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Loi sur l’immigration, où est l’écologie ?

Extraits : « Génération Écologie » condamne avec la plus grande force la loi sur l’immigration adoptée le 19 décembre 2023 par le Parlement : «  Il s’agit d’une loi de régression inédite, contraire aux valeurs républicaines… » Cette référence aux valeurs fait l’impasse sur la question de déterminer si des restrictions à l’immigration sont fondamentalement écolos ou complètement réactionnaires….

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La difficile gestion de l’immigration (avril 2023)

Réguler l’immigration, est-ce du racisme ? (mars 2023)

démographie et migrations environnementales (février 2023)

Démographie et immigration, 2 sujets tabous (janvier 2023)

Migration comme solution au déclin, délirant (2022)

L’arrêt forcé des migrations se mondialise (2021)

Politique écologique et migrations (2020)

Problème, anti-migrants ou anti-immigration ? (2020)

LFI hésite à parler vrai sur la fin des migrations ! (2018)

Immigration, l’écologie politique est-elle humaniste (2018)

La fin des migrations sur une planète close et saturée (2018)

Une nouvelle dimension aux migrations, insupportable (2017)

Que faire pour limiter les flux d’immigration/émigration (2016)

L’immigrationisme pousse à la guerre de tous contre tous (2016)

Liberté…, immigration – la France à l’heure des choix (2016)

Immigration, débat entre malthusiens et écosocialistes (2015)

Immigration : Europe passoire ou Europe forteresse ? (2015)

Le durcissement australien en matière d’immigration (2015)

Les Suisses ont voté halte à « l’immigration de masse » (2014)

En Suisse, le peuple devra trancher sur l’immigration (2014)

Fr. Hollande, l’immigration et la saturation de l’espace (2014)

La fin des migrations, en Europe et ailleurs (2013, Mayotte)

ECOPOP, limiter l’immigration pour protéger la nature (2012)

arrêt des migrations et ressources vitales (2011, Malek Boutih)

l’écologie contre les migrations (2011)

la fin des migrations (2010)

L’immigration fera l’identité nationale (2009)

immigration zéro (2007)

Bruno Retailleau à l’intérieur, un anti-immigré ? Lire la suite »

La Norvège forteresse, fiction ou réalisme ?

Faire de chaque pays une forteresse, crédible ou non ? La fiction « The Fortress » sur Canal+ repose sur le fait que le royaume de Norvège aurait édifié le long de sa frontière terrestre une ligne infranchissable. Pour se préserver du chaos planétaire, le pays est parvenu à l’autosuffisance alimentaire, entre autres grâce à d’immenses élevages de saumons. Une alerte sanitaire trace une première lézarde dans cet édifice autarcique. Cette fiction pose plusieurs problèmes actuels, faut-il arrêter l’immigration, peut-on arriver à une autonomie alimentaire durable, sommes-nous démunis face à des pandémies, etc.

Audrey Fournier parle de Fortress : En 2037 la Norvège est devenu un des seuls endroits habitables en Europe. Riche en hydrocarbures mais en proie aux catastrophes climatiques, à la faim et aux guerres civiles, elle a totalement fermé ses frontières. L’autosuffisance alimentaire du pays a demandé dix ans d’effort national, et l’aide de chercheurs agronomes sur ­lesquels repose la survie de la ­population. Une ingénieure devient ainsi un des seuls recours lorsque les élevages de saumon sont décimés par un virus agressif et transmissible à l’homme. Aujourd’hui, la politique migratoire est une des principales lignes de fracture politique en Norvège et chez ses voisins du Nord, autrefois considérés comme des eldorados humanitaires.

Les questions posées par cette dystopie

Immigration

Rappelons que « le premier ministre suédois avait demandé en 2014 à ses citoyens d’“ouvrir leur cœur” aux migrants. Un an plus tard, il a annoncé, en larmes, qu’il devait fermer les frontières : « Cent vingt mille réfugiés sont arrivés en Suède cette année, c’est beaucoup trop. » En 1968, 2 % seulement de l’humanité franchissait une frontière, soit 60 millions de personnes. Aujourd’hui 20 %, soit un milliard et demi. Pourtant aux temps d’Adam Smith et Ricardo, au début du XIXe siècle, ce n’était pas les humains qui se déplaçaient d’un pays à l’autre, uniquement les marchandises… Aujourd’hui les frontières se ferment, inexorablement. Les limites planétaires se répercutent sur les limites de chaque territoire.

En clair il y aura de moins en moins de possibilités de libre circulation sur une planète saturée d’humains. La Norvège fantasmée, ce sera peut-être la situation généralisée de demain. Déjà des murs se dressent un peu partout aux frontières.

Lire, Loi sur l’immigration, où est l’écologie ?

Autonomie

ll n’y aura pas de transition énergétique réussie sans plus d’autonomie des collectivités locales. C’est une évolution nécessaire, préfigurée par le mouvement des communautés de résilience, préparant l’autonomie non seulement énergétique, mais aussi alimentaire.Le biorégionalisme est un courant de pensée qui repose sur l’idée d’une réorganisation de la société à l’échelle d’un territoire défini par des frontières naturelles, appelé biorégion. Le projet biorégionaliste se rapproche fortement du mouvement des Transition Towns britanniques, qui met l’accent sur des actions multiples à l’échelle communale : potagers urbains, gestion des déchets, production d’énergies renouvelables.

Pour le mouvement de la transition, il s’agit avant tout de préparer chaque communauté locale à l’après pic pétrolier et à l’ère d’une frugalité énergétique contrainte….

Lire, Créez votre communauté résiliente

Épidémie

L’élevage en batterie des humains et des animaux ne présage rien de bon, la concentration accentue les risques de contamination. La pandémie humaine s’est propagée à la planète entière, il en est de même de la peste porcine. Et les végétaux ne sont pas à l’abri d’une infection virale.  À population nombreuse, consommation de masse, production de masse dans des conditions désastreuses, risque croissant d’épidémie. Le risque de contamination entre animaux humains et non-humains se double du risque alimentaire au niveau végétal.

La fin des épidémies expliquait pour une part l’explosion démographique, mais la surpopulation implique des risques croissants d’épidémies.

lire, Épidémies, la fatalité du grand nombre

La Norvège forteresse, fiction ou réalisme ? Lire la suite »

Déni de la catastrophe, une erreur commune

Il y a une réalité des temps présentsle déni de la catastrophe gagne du terrain, et une optique à plus long termece sera la catastrophe qui servira de pédagogie.

Dominique Bourg et Nicolas Bouleau : « Plus la planète se dégrade, plus il est politiquement payant de dénier la situation. Comment comprendre un tel état de choses ? Les notions quotidiennes sont comme « saturées » car liées à une expérience directe et récurrente ; elles s’imposent comme une évidence. Il en va autrement avec les concepts « insaturés », ils ne sont illustrés par aucune expérience directe, mais renvoient à des concepts abstraits. En matière d’écologie, divers concepts scientifiques comme « dérèglement climatique » ou « extinction de la biodiversité », restent insaturés. Le dérèglement climatique exige de réduire nos émissions, de manger moins de viande, de prendre le vélo et de ne plus prendre l’avion ; et le tout pour des raisons étrangères à nos expériences présentes. Les propos compliqués et abstraits des scientifiques ne font pas le poids. Ce décalage est politiquement mis à profit par les populistes et l’industrie…. »

Le point de vue des écologistes

La mise en garde n’est pas nouvelle. Lors d’une allocution à l’ORTF, le présidentiable René Dumont constatait le 19 avril 1974  : « Nous les écologistes, on nous accuse d’être des prophètes de malheurs et d’annoncer l’apocalypse. Mais l’apocalypse nous ne l’annonçons pas, elle est là parmi nous, elle se trouve dans les nuages de pollution qui nous dominent, dans les eaux d’égout que sont devenues nos rivières… »

Depuis, nous avons vécu 50 ans de déni, et dans 50 ans la catastrophe sera notre expérience quotidienne, elle sera « saturée », complètement saturée ! Aujourd’hui en 2024, la sensibilité écologique a certes progressé, mais les politiques croissancistes restent suicidaires. Alors ce sera l’accumulation de catastrophes qui servira de pédagogie.

Prenons une récente étude de l’Université du Michigan (22 août 2024) qui nous projette en 2070 : « Avec la croissance de la population humaine, plus de la moitié des terres de la planète ressentira une augmentation de la superposition entre humains et animaux d’ici 2070. Cette superposition accrue entre humains et faune pourrait engendrer plus de conflits. Cette superposition sera principalement entraînée par la croissance démographique des humains, plutôt que par le changement climatique. Les chercheurs ont remarqué que les zones avec une forte superposition humain-faune en 2015 et 2070 sont concentrées dans des régions à forte densité de population humaine, notamment en Chine et en Inde. En Amérique du Sud, la richesse en mammifères devrait diminuer de 33 %, celle des amphibies de 45 %, des reptiles de 40 % et des oiseaux de 37 %. En Afrique, on prévoit une baisse de 21 % pour les mammifères et de 26 % pour les oiseaux. Une réponse serait la création de zones protégées avec un accès humain restreint. Cependant, cela devient de plus en plus difficile à réaliser, car ces endroits se font rare… »

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pédagogie de la catastrophe (2007)

extraits : En ce qui concerne le grand public, le message qui résulte du tumulte médiatique est sans doute que personne ne sait vraiment plus ce qu’il sait. Certains se moquent des « prophètes de malheur » en invoquant le bon sens et la sagesse populaire. D’autres sont joyeusement irresponsables et ne retiennent que les perspectives positives du réchauffement global de la planète. Pour répondre à la nature chaotique des discours, et notamment pour les campagnes à destination du grand public, le changement climatique doit être considéré comme quelque chose d’indiscutable et de réel, les actions individuelles comme efficaces. Ensuite, le gouffre entre le gigantisme du phénomène et les petits gestes doit être comblé….

Pédagogie de la catastrophe n’est pas catastrophisme (2014)

extraits : « Le terme de « pédagogie de la catastrophe » me semble trop fort et peu adapté. Je suis globalement inquiète sur l’avenir  mais  le catastrophisme ne peut, selon moi convenir pour les enfants ou même les jeunes à qui nous laissons un monde difficile, ce n’est pas à eux de porter ce fardeau que nous n’avons su assumer; alors pédagogiquement, pour moi, il ne s’agit pas de masquer les choses mais de voir aussi le verre à moitié plein. Leur avenir professionnel est déjà tellement sombre… »

Serge Latouche et la pédagogie des catastrophes (2018)

extraits : « Lorsque j’ai commencé à prêcher la décroissance, j’espérais que l’on puisse bâtir une société alternative pour éviter la catastrophe. Maintenant que nous y sommes, il convient de réfléchir à la façon de limiter les dégâts. En tout cas, la transition douce, je n’y crois plus. Seul un choc peut nous permettre de nous ressaisir. Je crois beaucoup à la pédagogie des catastrophes – dans ces conditions, le virage peut être très rapide. L’histoire n’est pas linéaire… »

Catastrophisme inopérant, catastrophe advient (2024)

extraits : Aujourd’hui on préfère parler dans les pays développés de « la fin du mois » (le court terme) plutôt qu’aborder « la fin du monde » (le long terme). La catastrophe écologique actuellement en œuvre a pour cause essentielle cette incapacité de l’espèce humaine à raisonner sur l’avenir, à anticiper les drames à venir. Le réchauffement climatique, la déplétion des ressources fossiles, le stress hydrique, l’épuisement des ressources halieutiques, la chute de la biodiversité, on n’en parle jamais de telle façon qu’on se sente personnellement concerné. Les impacts des changements écologiques sur nos vies se font encore peu sentir, nos démocraties représentatives restent donc de marbre. La seule chose dont on peut être certain est que le long terme finit toujours par l’emporter sur le court terme….

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Généalogie : notre ancêtre, le dipneuste

Certains croient faire de gros progrès en reconstituant leur généalogie familiale grâce à quelques archive usées : attitude purement anthropocentrique qui balbutie sur un ou deux siècles. Ce n’est pas là un exercice très captivant, mieux vaut le long souvenir de notre histoire commune. Remonte dans le temps, bien avant l’automobile, le téléphone et l’électricité, va encore plus loin. Tu arriveras il y a 400 générations, quand tes ancêtres commençaient à cultiver la terre et à se croire séparés de l’univers. En remontant encore, il y a 10 000 générations environ, tu trouveras ton premier ancêtre homo sapiens. Mais ton origine est encore antérieure ; il y a 100 000 générations, ceux par qui tu es arrivé étaient des hominidés. Quelques dizaines de millions d’années auparavant, ton ancêtre, un tout petit mammifère, vivait au temps des derniers dinosaures. En remontant encore, ton ancêtre était amphibien : un dipneuste ! Il possède à la fois des branchies et un poumon, ce qui lui permet de respirer aussi bien sous l’eau qu’à l’air libre.

Elodie Papin : Les dipneustes (Ceratodontimorpha) sont des poissons qui ont gardé des caractéristiques très proches de celles de l’ancêtre des tétrapodes, les animaux à quatre membres, dont nous faisons partie, avec les amphibiens, les reptiles, les oiseaux et les autres mammifères. Il y a environ 400 millions d’années, un poisson se hissait hors de l’eau, à l’aide de nageoires articulées, ancêtres de nos bras. Il était capable de respirer à l’air libre. Trente fois la taille du génome humain, un génome XXL. C’est la dimension vertigineuse du génome du dipneuste sud-américain, séquencé par une équipe internationale, 91 milliards de paires de bases mais constitué à 90 % de séquences répétées, les transposons. Les biologistes leur attribuent souvent un pouvoir évolutif. Ils favoriseraient les réassortiments de chromosomes, et donc l’innovation de la vie.

Le point de vue des écologistes

Le pape Jean-Paul II au Congrès Environnement et Santé (24 mars 1997) : « Au nom d’une conception inspirée par l’écocentrisme et le biocentrisme, on propose d’éliminer la différence ontologique et axiologique entre l’homme et les autres êtres vivants, considérant la biosphère comme une unité biotique de valeur indifférenciée. »

Notre réponse biosphèrique : Le biocentrisme  comme le pathocentrisme (l’antispécisme), s’ils remettent en cause l’anthropocentrisme, restent cependant tributaires d’une approche individualiste de la considérabilité morale. Or la protection de la biodiversité s’intéresse surtout à des entités supra-individuelles, comme les espèces ou les écosystèmes. Les tenants de l’écocentrisme invitent à prendre en compte dans la délibération morale ces entités globales. Elles ont, comme les êtres vivants, un bien propre qu’il est possible de promouvoir ou d’entraver par nos actions, et qui devrait donc nous imposer certaines obligations morales. Dans le préambule de la Convention sur la diversité biologique, les 189 pays signataires se déclarent conscients de la « valeur intrinsèque » de la biodiversité. La diversité biologique a une valeur intrinsèque, indépendamment de sa valeur instrumentale ou utilitaire.

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Les humains, des animaux pas si perfectionnés que ça (2014)

extraits : Beaucoup de monde croit que l’homme n’est pas un animal. La croyance en la supériorité de l’être humain est en effet incommensurable. C’est un mythe qu’un écologiste se doit de déconstruire. En fait l’homme est d’une certaine façon moins complexe qu’un grain de riz. Avec ses 20 000 à 25 000 gènes il en possède moins que le riz, qui en compte 30 000 à 40 000. Pourquoi ? Alors que l’homme peut se déplacer pour se mettre à l’abri, les plantes sont obligée de rester sur place et de s’adapter à leur environnement. Pour ce faire, elles disposent de jeux de gènes qui s’expriment spécifiquement dans telle ou telle condition : le froid, la sécheresse, etc. On peut même aller loin dans la comparaison animal, homme et végétal. L’analyse de l’ADN de différentes espèces révèle que tous les êtres vivants, animaux et végétaux, on en commun au moins 25 % de leur gène. Si l’espèce humaine partage 98 % de ses gènes avec le chimpanzé, il en partage 36 % avec la jonquille Narcissus jonquilla. Cela veut dire tout simplement que l’homme a des ancêtres communs avec les singes, mais également avec les plantes. L’homme ne descend pas des singes, il est lui-même un singe qui devrait savoir que faire son arbre généalogique sur dix générations n’est pas un véritable exploit….

anthropocentrisme, bio- ou écocentrisme, que choisir ? (2012)

extraits : Un insecte possède un cerveau, plus petit que celui d’un humain sans doute, mais un cerveau quand même. L’escargot est également doté d’un ganglion cérébral, et d’un cœur avec une seule oreillette et un seul ventricule, mais un cœur tout de même. Le schéma d’organisation du vivant est assez similaire d’un bout à l’autre de la planète, homo sapiens ne constituant pas une exception ! Pourtant certains croient encore à la spécificité humaine, fabulant que l’Homme est à l’image de dieu et la Terre au centre de l’univers. Ils font preuve d’anthropocentrisme, l’homme (anthrôpos) au centre. Contre ce nombrilisme qui oppose l’homme à la nature, une autre éthique est possible, le biocentrisme : on accorde une valeur intrinsèque à chaque être vivant (bio-), qu’il soit d’ailleurs animal ou végétal. Pour une petite minorité de gens éclairés, il faut aller encore plus loin.….

à la recherche de notre ancêtre commun (2010)

extraits : Il y a 100 000 générations, ceux par qui tu es arrivé étaient des hominidés. Si tu continues à remonter la chaîne du vivant qui mène jusqu’à toi, tu arrives aux unicellulaires, à la formation de la Terre, à la naissance de l’univers. Cet exercice mental bien documenté par la science te permet alors d’agir selon ton âge véritable de quinze milliards d’années. Avec une conscience ainsi élargie, tu pourras prendre part au changement de cap vers une société qui soutient la vie, qui respecte tous les êtres vivants. Au contraire, valoriser la conscience subjective d’une existence rattachée seulement à tes derniers ancêtres t’empêche de percevoir que toutes les autres espèces vivantes forme ta parentèle, que la biodiversité est aussi une composante de ta famille. Les humains appartiennent à l’ordre de la vie. Nous ne sommes que fragment de Terre, lié à son destin. Dès lors qu’il y a unité du vivant, la stratégie cartésienne de rupture entre l’homme et les autres espèces ne peut plus fonctionner. Valoriser la conscience subjective d’une existence rattachée seulement à tes derniers ancêtres t’empêche de percevoir que toutes les autres espèces vivantes forme ta parentèle, que la biodiversité est aussi une composante de ta famille….

Débat feutré entre l’anthropocentrisme et le biocentrisme

extraits : La très grande majorité des personnes ont une  conception de la nature anthropocentrée. Un écolo véritable pensent que c’est une mauvaise base de départ. Mais nous n’avons pas à jeter l’invective, il faut seulement privilégier le raisonnement. En effet les écologistes n’ont pas d’adversaire puisque toutes les personnes sont potentiellement des écologistes. Nous n’avons donc que des personnes à convaincre. Bien souvent d’ailleurs la « confrontation » porte simplement sur une différence de définition des concepts. Exemple de débat :

Anthropocentrique : sans l’Homme il n’y a pas de nature, il n’y a que de la matière.

Biocentrique : la nature, qui n’a pas besoin des humains pour exister, c’est de la matière transformée en formes multiples du vivant .

Anthropocentrique : l’atome ou la matière  ne se pensent pas, l’araignée ne se pense pas

Biocentrique : Il ne faut pas mettre sur le même plan la composition commune de l’homme et de l’araignée (des molécules et des gènes) et une araignée qui pense à ce qu’elle fait pour survivre et se reproduire… comme l’homme…..

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Avantages comparatifs et échec de la mondialisation

Il n’y a pas de mondialisation heureuse. La mondialisation techno-culturelle aboutit à des milliards d’individus connectés à Internet et rivés à leurs écrans. La mondialisation économique (le libre échange) va aboutir à des milliards de chômeurs.

Laurent Augier : « Selon l’économiste britannique David Ricardo (1772-1823), le produit national est toujours plus élevé à long terme en raison de la « loi des avantages comparatifs ». En effet, si chaque pays se spécialisait dans la production d’un bien, il obtiendrait des gains de productivité plus élevés qu’un pays qui ne se spécialise pas ; et si chaque pays choisit des spécialités différentes, la richesse mondiale est alors supérieure à celle produite en autarcie. Paul Samuelson en 2004 relativise la loi des avantages comparatifs de Ricardo par celle de la « destruction créatrice » de l’économiste Joseph Schumpeter ; il compare les gains réels des consommateurs liés à la mondialisation aux pertes des producteurs. Il utilise un modèle à deux biens échangés entre deux pays, les États-Unis et la Chine. La difficulté survient lorsque la Chine connaît une innovation majeure (par imitation ou par l’effet de sa propre recherche-développement…) dans le bien importé des États-Unis. Dans ce cas, la Chine n’est plus incitée à importer le bien en question, et l’économie américaine enregistre une perte nette d’emplois et de revenus à long terme.

Tous les éléments semblent réunis pour une prochaine guerre commerciale longue et destructrice entre la Chine, les États-Unis et l’Europe… »

Le point de vue des écologistes économistes

Cet article du MONDE pose clairement le problème lié à la nécessaire rupture écologique. Le nombre d’emplois nuisibles à la bonne santé de la biosphère est énorme, le made in China et le tourisme de masse n’en sont que des facettes particulières. N’oublions jamais que seul le travail des paysans et de quelques artisans est nécessaire à la bonne marche d’une société, tout le reste n’est qu’emploi parasitaire : la quasi totalité des employés, au service ou non de l’État, la plupart des ouvriers, sans compter tous les intermédiaires et autres cadres supérieurs vivent au crochet de ceux qui travaillent dans le secteur primaire.

Jusqu’au premier choc pétrolier, les emplois perdus dans un secteur étaient compensés par les emplois créés ailleurs. Avec la mondialisation des procédure de production, il n’y aura plus de destruction créatrice au sens de Schumpeter. Déjà le chômage de masse est une réalité dans la plupart des pays, même en Chine. L’idéologie croissanciste et le pillage de la planète ne font au final que retarder la guerre de tous contre tous. Elle ne sera plus commerciale, il s’agira pour un pays de capter au détriment des autres les dernières ressources naturelle accessibles. Non seulement la planète se réchauffe, mais les mentalités vont virer au rouge.

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fin de la DIT (division internationale du travail)

extraits : La division internationale du travail (le libre-échange) repose sur des hypothèses fantaisistes qui font qu’il serait préférable que le Portugal se spécialise dans la production de vin et l’Angleterre de drap, « là où son avantage comparatif est le meilleur ». L’échange international reposerait donc sur le déplacement lointain de marchandises différentes. Cela fait longtemps que cette fable n’a plus court, des automobilistes français préfèrent les voitures allemandes et réciproquement. Tant que cette DIT ne profitait qu’à l’ensemble des pays riches, on persévérait dans la logique de l’absurde. Mais la donne a changé. La Chine qui sonne un douloureux réveil pour nos économistes libéraux. Non seulement cette puissance démographique est devenu l’atelier du monde (la classe globale a besoin d’une main d’œuvre bon marché), mais elle remonte les filières et  peut produire à la chaîne non seulement des ingénieurs, mais les produits technologiques les plus sophistiqués qui vont avec….

Démondialisation féroce

extraits : Le libre-échange n’était qu’un leurre. Les économistes libéraux ont voulu nous faire croire au doux commerce, à l’avantage comparatif, à la prospérité pour tous. Le bilan de la mondialisation, c’est un désastre : délocalisation en série, destruction d’emplois et d’outils de travail, pression à la baisse sur les revenus du travail. Cette course au moins-disant pour plus de compétitivité internationale, c’est un suicide collectif. Si l’on voulait résumer, la mondialisation a fabriqué des chômeurs au Nord et augmenté le nombre de quasi-esclaves au Sud. Rien n’est plus fondamental dans l’histoire que les guerres pour les ressources. Avec la raréfaction des ressources, le futur proche connaîtra une période de contraction généralisée et chronique du commerce international. La fête est finie. Mais comme c’est bizarre, personne n’envisage que l’avenir puisse être très désagréable….

Cuba, un modèle que la France suivra un jour ou l’autre

extraits : En perdant le soutien de l’Union Soviétique, l’économie de Cuba est entrée en crise car la structure productive agro-industrielle, fondée sur la monoculture de la canne à sucre, s’est décomposée. Puis quelque chose à changé : à la place des cultures de canne à sucre sont nés des milliers de petits potagers sur lesquels sont cultivés des fruits et des légumes. De 50 000 couples de bœufs présents à Cuba en 1990, on est passé à 400 000 en 2000. Les Cubains sont passés des tracteurs aux couples de bœufs, des mécaniciens aux artisans du cuir, des joints à cardan aux harnais, des engrais chimiques au fumier, des boîtes de conserve au coulis de tomate….

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L’histoire humaine, une succession de fantasmes

La vérité fout le camp… tout le temps ! Nous n’apprenons rien de notre histoire personnelle. L’expérience est une lanterne accroche dans notre dos et qui n’éclaire que notre passé. De même nous n’apprenons rien de notre histoire collective. Pourtant les sociétés avancent, stabilisées par des imaginaires partagés… qui restent des imaginaires !

Donc la question de la fiction à laquelle s’identifier, identité locale, nationale, européenne ou cosmopolite … se pose. Il nous faut bâtir un nouveau récit collectif car une stratégie de changement naît d’un autre imaginaire… à construire. La difficulté actuelle consiste à amener l’idéologie nationaliste, qui bien souvent est née de la guerre et pour la guerre, à transmettre des valeurs de paix et de réconciliation.

 

L’idée d’enseigner l’histoire aux enfants est, partout, née en même temps que l’idée de nation. Il s’agissait d’inventer un roman national à travers des faits légendaires pour consolider le sentiment d’identité nationale. C’est l’enseignement d’une histoire particulière qui a contribué à forger un sentiment d’appartenance et un rejet des « étrangers ». Contre cette incitation à s’affronter entre divers groupes humains, une autre histoire est possible, universaliste et localiste à la fois.

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Tout est fiction alimentée par l’histoire

extraits : Pour l’humanité, le problème politique majeur n’est pas de savoir comment nourrir des millions de gens, mais plutôt comment faire en sorte de les mettre d’accord. Il nous faudrait un imaginaire partagé. Il n’y a ni ordre naturel fixant le comportement humain, encore moins de révélations d’ordre divin pour régenter nos idées, il n’y a que des fictions qui se font passer pour émanant de la nature ou de la religion. Cet ordre imaginé va se faire passer pour réaliste et incontournable dès qu’il sera partagé par un groupe humain. C’est cette construction mythique qui va assure la cohésion du groupe. Ainsi le code Hammourabi, un texte juridique babylonien daté d’environ 1750 av. J.C., instaure d’une manière qu’on croyait définitive la hiérarchie noble/homme du peuple/esclave….

Une histoire nationale à dé(re)construire

extraits : Xavier Bertrand dixit : « L’heure n’est pas à la déconstruction de l’histoire mais à la reconstruction d’une cohésion nationale. L’histoire est à une nation ce que la mémoire est à un individu. Elle fonde son identité : elle est donnée, tout entière, en héritage à ceux qui naissent sur le sol de France, et en partage à ceux qui veulent devenir français. Avec ses dimensions de grandeur et sa part d’ombre, notre histoire nous définit et forme le socle de nos valeurs. »

La récupération politicienne du résultat des recherches historiques, c’est juste… de la politique. L’histoire « nationale » est une construction du XIXe siècle, on a inventé le choc des nations pour mettre un semblant d’ordre dans la multiplicité des peuples du monde. Cette idéologie réductrice est complètement dépassée par l’histoire à construire qui se compose de deux éléments ; d’une part celle du passé de l’humanité toute entière et du support qui nous fait vivre, la Terre, d’autre part celle de la construction de notre avenir….

Écologie : changer d’histoire pour changer l’histoire

extraits : C’est au moyen d’histoires que nous, êtres humains, donnons une forme à nos pensées, nos espoirs et nos craintes. Avant même d’apprendre à lire et à écrire, nous entendons plus de 300 histoires au travers de contes de fée, de fables, de livres d’enfant lus par les parents. Le récit confère à notre vie une dimension de sens qu’ignorent les autres animaux. L’imagination précède l’action et les récits qui en découlent façonnent nos perceptions. Tandis qu’il semblait dans l’ordre des choses à un paysan du XIe siècle que le roi exerce sur lui un pouvoir de droit divin sans jamais lui demander son avis, un agriculteur du XXIe siècle va déverser des tonnes de lisier devant la préfecture s’il considère que le gouvernement ne fait pas ce qu’il devrait faire à son égard…..

les profs d’histoire nous manipulent

extraits : Actuellement les différents récits nationaux européens ne sont pas compatibles. Par exemple le 11 novembre 1918 est une victoire pour les Français, mais le début d’un engrenage mortel pour les Allemands. Le panorama actuel est plutôt sombre. Il y a trois catégories de pays : ceux où l’enseignement de l’histoire veut conforter le chauvinisme national, et ces pays sont majoritaires. Ensuite, il y a les pays de l’Europe du Nord où il n’existe pas de programme national car cela pourrait être considéré comme une atteinte à la liberté de penser. Et il y a une poignée de pays, six parmi lesquels la France, l’Italie et l’Allemagne, où l’on vise à renforcer la réconciliation entre les peuples. La moitié des pays européens n’enseigne pas la construction européenne, mais relate guerre fratricide après guerre fratricide…..

Le programme idéal d’histoire n’existe pas encore

extraits : Historiquement les profs d’histoire avaient une fonction identitaire, il fallait fabriquer des petits français. Nous devrions abandonner l’histoire particulière des groupes ethniques particuliers au profit de la big history, une vision à large échelle qui démarre au moment du big bang et se déroule jusqu’au monde contemporain. C’est l’histoire globale qui seule devrait importer, l’histoire commune des humains et des non-humains, une histoire universelle qui ne se limite pas à l’histoire de la race humaine.

Il s’agit d’appréhender le monde comme un tout, depuis l’origine de l’univers, des galaxies et du système solaire jusqu’au sociétés agraires, l’émergence des villes et l’anthropisation de notre monde. L’histoire humaine n’est pas celles des ethnies particulières, même pas celle des hominidés, elle est aussi ce qui récuse toute forme d’ethnocentrisme pour se centrer sur les relations de l’humanité et de la Biosphère. Ce qui importe, ce sont les histoires des déséquilibres que les pratiques agro-industrielles ont entraînés dans le passé comme dans le présent et les perspectives d’avenir souhaitable pour les générations suivantes mais aussi pour les non-humains…..

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Wilderness, le besoin de nature sauvage

Rien n’est simple pour la restauration de la nature aux Etats-Unis. Les séquoias géants sont de majestueux arbres de la Sierra Nevada parfois d’âge canonique, jusqu’à 3 000 ans. Le « Général Sherman » a un tronc de 30 mètres de circonférence pour une hauteur de 84 mètres. Dès 1864, en pleine guerre civile, le gouvernement américain avait décidé de les protéger en attribuant à l’Etat de Californie la souveraineté sur la vallée de Yosemite et la futaie du parc voisin de Sequoia, à la condition qu’elles soient réservées au public au nom du bien collectif, une première planétaire. Le NPS (National Park Service) avait décidé de replanter des jeunes pousses pour remplacer les géants détruits par les terribles incendies de 2020 et 2021. Ce projet contrevient à la définition du Wilderness Act de 1964, la loi sur la nature à l’état sauvage, qui interdit d’introduire des perturbations dans les espaces protégés.

Selon le texte, le wilderness est une zone dans laquelle « l’homme est un visiteur qui ne reste pas », un endroit qui offre « des possibilités extraordinaires de solitude ». Il est interdit, « sauf nécessité absolue », d’interférer dans l’évolution de l’écosystème. Protéger, oui, mais comment ?

Pour la restauration de la nature en Europe, c’est encore plus compliqué

Virginie Malingre : « Plus de 80 % des habitats naturels sont dans un état de conservation « mauvais ou médiocre », et jusqu’à 70 % des sols sont en mauvaise santé. Les États membres et le Parlement européen se sont entendus le 9 octobre 2023 sur un texte qui prévoit la nécessité de restaurer 30 % des surfaces terrestres et marines dégradées d’ici à 2030, puis 60 % d’ici à 2040 et 90 % d’ici à 2050. Le compromis politique ne permet pas d’assurer que les Vingt-Sept atteindront cet objectif – seules des obligations de moyens, pas de résultat, y sont inscrites –. Le président du PPE, et ses alliés populistes et nationalistes exigeaient le retrait pur et simple de ce texte, dont ils affirmaient qu’il mettrait en danger la sécurité alimentaire de l’Union européenne. Au terme d’une bataille homérique au Parlement européen, les eurodéputés avaient finalement adopté un texte largement vidé de sa substance. L’accord d’octobre prévoit même un frein d’urgence qui permettrait de suspendre, pour une durée temporaire et dans des conditions qui restent à préciser, l’application de la loi si la sécurité alimentaire venait à être menacée.

Le point de vue des écologistes naturalistes

Bref, un bel exemple dans l’UE du charabia technocratique qui dit qu’on veut faire quelque chose mais qui préserve en fait les intérêts des exploitants sans scrupule de la nature : chasseurs, pêcheurs, FNSEA, industries polluantes. Merci l’Europe ! Une « Loi » pour protéger la nature ? Certes, mais par rapport à quel niveau de référence ?

Et quid des dispositions concrets permettant d’arrêter efficacement la dégradation de la nature ? On veut « régénérer » tout en continuant à autoriser le chalutage en eau profonde ou la chasse dans les réserves naturelles. Avant de rêver à restaurer ce qui est détruit, on pourrait éviter de le dégrader. Les forêts se meurent parce qu’on les coupe pour faire du bois de chauffage, des champs pour nourrir le bétail et des parkings de drive ; les insectes et les oiseaux meurent à cause des pesticides. Etc, etc.

Pour aller au bout de la démarche il faudrait même se convaincre que la place des humains doit reculer. La natalité devrait baisser et nos autoroutes fermer pour laisse un peu plus de place à la biodiversité.

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John MUIR, précurseur d’une éthique laïque de la Terre

extraits : John Muir (1838-1914) mérite d’être mieux connu. Son père, un psychopathe religieux, força son fils à apprendre par cœur l’intégralité du Nouveau Testament et la plus grande partie de l’Ancien. John était donc bien familiarisé avec la vision biblique du monde ! Il est sorti de la tradition chrétienne en toute connaissance de cause. D’autre part il avait vécu les derniers moments de la conquête du territoire américain par les Blancs et la régression brutale des milieux naturels et de la vie sauvage. Il n’a pas supporté cette perte. Il s’indignait de ce que les forêts ne soient considérées que comme réservoirs de ressources. Il prisait dans la nature l’élévation morale et religieuse qu’elle provoquait : « La route la plus claire dans l’univers passe au plus profond d’une forêt sauvage. »...

JDE (août 2013) : Quelle nature voulons-nous protéger ?

extraits : Les parcs et réserves naturelles ne couvrent que 1 % du territoire. Vouloir protéger ces 1 % n’est certainement pas de l’intégrisme. Plus un territoire est petit, plus la biodiversité est réduite. Je constate aussi que 98 % de la biomasse des vertébrés est constituée de l’espèce humaine et de ses animaux domestiques. Il reste seulement 2 % pour les écureuils et tous les animaux sauvages. Le réjouissant, c’est l’herbe qui repousse sur les trottoirs…

Avons-nous encore besoin de rivières sauvages ?

extraits : A l’origine, des pêcheurs découvrent un coin de nature sauvage qu’ils décrivent comme un paradis à leurs amis : des truites océaniques, dans le Gard, sur la Vis ! C’est bientôt un essaim de pêcheurs  qui s’affairent autour du cours d’eau. Les poissons endémiques disparaissent, il faut maintenant faire des lâchers de truites d’élevage. Alors le maire rêve d’une « maison de la Vis » pour éveiller les gens à ce que la nature peut nous apporter sans nécessairement y toucher. Nous en sommes là, nous ne pouvons plus côtoyer la nature sauvage, le wilderness ; nous ne pouvons plus rencontrer qu’un environnement anthropisé. Alors l’homme se retrouve seul, confronté à lui-même, à la violence sociale ou économique.

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Épidémies, la fatalité du grand nombre

L’élevage en batterie des humains et des animaux ne présage rien de bon, la concentration accentue les risques de contamination. La pandémie humaine s’est propagée à la planète entière, il en est de même de la peste porcine. Et les végétaux ne sont pas à l’abri d’une infection virale.  À population nombreuse, consommation de masse, production de masse dans des conditions désastreuses, risque croissant d’épidémie. Le risque de contamination entre animaux humains et non-humains se double du risque alimentaire au niveau végétal. La fin des épidémies expliquait pour une part l’explosion démographique, mais la surpopulation implique des risques croissants d’épidémies. C’est ce qu’on appelle une causalité circulaire. Quelques exemples récents :

Fièvre catarrhale ovine

Un troisième foyer de fièvre catarrhale ovine (FCO) de sérotype 3, pouvant être mortelle pour les moutons, a été découvert en France,La FCO, également dite « maladie de la langue bleue », affecte principalement les ovins, les bovins et plus rarement les cervidés.Les symptômes incluent la fièvre, des troubles respiratoires, une langue pendante ou encore la perte des petits en gestation. Elle passe d’animal en animal par l’intermédiaire d’insectes piqueurs, des moucherons culicoïdes. Les cheptels français n’ont développé aucune résistance au sérotype 3, auquel ils n’ont jamais été confrontés.L’épizootie de FCO de sérotype 3 a débuté aux Pays-Bas en septembre 2023. Le virus a ensuite gagné en quelques semaines la Belgique, l’Allemagne et le Royaume-Uni.

Mpox en RDC : l’OMS convoque un comité d’urgence

L’épidémie de mpox (anciennement monkeypox, la variole du singe) sévit depuis plus de deux ans en République démocratique du Congo (RDC); elle inquiète de plus en plus les autorités internationales. Une nouvelle souche du virus (qualifiée de « clade »), considérée comme plus mortelle, a été identifiée pour la première fois dans plusieurs pays voisins de la RDC. Les agents pathogènes ne respectent pas les frontière ! La maladie se caractérise par de la fièvre, des ganglions et des éruptions cutanées à l’issue parfois mortelle, notamment parmi les populations vulnérables

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Virus humain, virus porcin, virus des végétaux

extraits : Comment ne pas penser au virus Sars-Cov-2 quand il s’agit du virus PPA ? L’Allemagne, la Belgique, la Chine, la France, le monde entier est concerné par la peste porcine. La gravité et la contagiosité du virus rend nécessaire l’identification de la zone infectée, l’élimination des animaux touchés, la désinfection complète du site et le contrôle des déplacements des suidés et matières à risque. La peste porcine africaine (PPA) est une maladie animale qui touche exclusivement les porcs domestiques et les sangliers. Faute de traitement efficace connu, les porcs et autres suidés malades doivent être abattus, enterrés ou incinérés dans les conditions sanitaires appropriées. Comme pour la pandémie humaine, le confinement devient obligatoire et le contrôle aux frontières omniprésent….

Pandémies mortelles, SRAS, H5N1, H7N9

extraits : Contagion, le film de Steven Soderbergh, cartographie la propagation mondiale d’un virus qui tue rapidement ses victimes*. Très réaliste, trop ! En juin 1918, 70 % de la population madrilène fut contaminée en l’espace de trois jours par la grippe espagnole. De 1918 à 1919, ce virus de type H1N1 a fait mondialement entre 30 millions et 100 millions de morts. Comme si la contamination virale naturelle ne suffisait pas, James Howard Kunstler envisage que des régimes submergés par les pressions démographiques utilisent des virus « fabriqués »  contre les populations….

EFG, Épidémie, Famines, Guerres… normal

extraits : Malthus avait tout prévu dès 1798, l’épidémie, la famine, les guerres. Dans son « Essai sur le principe de population », il ramenait les causes multiples de ces dysfonctionnements à une cause principale, la non maîtrise de sa fécondité par l’espèce humaine. Dans une note, Malthus précisera son idée de fond : « A ce qu’il me semble personnellement, celui qui indique le moyen d’atteindre un mieux relatif est un bien plus grand bienfaiteur de l’humanité que celui qui se contente de discourir sur les tares de la société actuelle et la beauté d’une société différente, sans indiquer une méthode concrète pour accélérer notre progression de l’une vers l’autre. » A son avis, il était donc nécessaire de réguler l’évolution de la population à un niveau compatible avec les ressources alimentaires….

 

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La guerre, recherche de l’espace vital

Notre espèce n’est pas intrinsèquement violente, la guerre n’est pas le propre de l’homme. Chez les peuples de chasseurs-cueilleurs, les conflits étaient brefs et peu sanglants ; ils cessaient souvent lorsqu’un homme était tué, voire seulement blessé. La bifurcation décisive a eu lieu quelque part durant le néolithique, marqué par l’apparition de l’agriculture, de la sédentarisation, des villes et des premiers États. 

Thomas Robert Malthus (1798) : Tournons nos regards sur les diverses contrées de l’Amérique. A l’époque où l’on fit la découverte, la plus grande partie de ce vaste continent était habité par de petites tribus de sauvages, indépendantes les unes des autres. Dans les forêts on ne trouvait pas, comme aux îles de la mer du Sud, une abondance de fruits et de végétaux nourrissants. Les habitants de cette partie du monde vivaient donc principalement des produits de la chasse ou de la pêche. On a dès longtemps remarqué qu’un peuple chasseur doit étendre beaucoup les limites de son territoire pour y trouver de quoi vivre. Si l’on compare le nombre des bêtes sauvages qui peuvent s’y rencontrer au nombre de celles qu’on peut prendre, on verra qu’il est impossible que les hommes s’y multiplient beaucoup. Les peuples chasseurs, comme les bêtes de proie, auxquelles ils ressemblent par la manière dont ils pourvoient à leur subsistance, ne peuvent être fort rapprochées. Leurs tribus sont éparses, il faut qu’ils s’évitent ou se combattent. Ainsi la faible population de l’Amérique répandue sur son vaste territoire n’est qu’un exemple de cette vérité évidente, que les hommes ne peuvent multiplier qu’en proportion de leurs moyens de subsistance.

Commentaire : L’augmentation de la densité démographique, les tensions sur les ressources et la constitution d’élites et d’esclaves sont reliées à une augmentation des violences collectives. C’est en particulier vers le Ve millénaire avant notre ère qu’une hausse de la violence létale est relevée, attribuée à des communautés humaines en forte expansion pour le partage des ressources. L’explosion démographique décuple mécaniquement les conflits violents, organisés par des structures territorialisées. Apparu vers le IIIe millénaire avant notre ère, l’Etat s’est épanoui durant les cinq derniers siècles, au point de devenir la forme de souveraineté politique de presque toutes les sociétés humaines. L’Etat moderne prétend à une souveraineté absolue exercée sur une population et un territoire donnés, sa population devient de la chair à canon au service d’un dirigeante, qu’il soit roi ou dictateur. Les gouvernements instaurent un système concentrationnaire d’ enrégimentement que sont la caserne, l’école et l’usine. Les innovations techniques rendent les conflits plus meurtriers. Les perspectives ne sont pas bonnes, surpopulation mondiale et raréfaction des ressources rendent inéluctables la multiplication des conflits.

Youness Bousenna : Les chimpanzés n’ont pas de drones, mais ils font aussi la guerre. L’Ouganda a connu, de 1999 à 2008, une vingtaine de raids meurtriers venant d’une communauté de cent cinquante chimpanzés. Un lien de causalité entre les agressions mortelles et l’expansion territoriale peut être établi maintenant que les chimpanzés de Ngogo utilisent la zone autrefois occupée par certaines de leurs victimes . Le groupe a ainsi pu étendre son territoire de 22 %, confirmant une hypothèse déjà émise, notamment, par la célèbre primatologue Jane Goodall : les chimpanzés mèneraient bien des batailles territoriales. Si Homo hérite d’une propension à la violence, près de trois millions d’années s’intercalent entre les Homo habilis et la bombe nucléaire des Homo sapiens contemporains….

Harald Welzer (Les guerres du climat, 2009) : Comme les ressources vitales s’épuisent, il y aura de plus en plus d’hommes qui disposeront de moins en moins de bases pour assurer leur survie. Il est évident que cela entraînera des conflits violents entre ceux qui prétendent boire à la même source en train de se tarir, et il est non moins  évident que, dans un proche avenir, on ne pourra plus faire de distinction pertinente entre les réfugiés fuyant la guerre et ceux qui fuient leur environnement. Le XXIe siècle verra non seulement des migrations massives, mais des solutions violentes aux problèmes de réfugiés. La violence a toujours été une option de l’action humaine. Les hommes changent dans leurs perceptions et leurs valeurs, en même temps que leur environnement et sans s’en rendre  compte : c’est le phénomène des shifting baselines. Comment finira l’affaire du changement climatique ? Pas bien…

Michel SOURROUILLE : Lorsqu’on se penche sur la longue et sinistre histoire de l’homme, on réalise qu’il s’est commis plus de crimes abominables au nom de l’obéissance qu’au nom de la révolte. Le corps des officiers allemands obéissaient au plus rigoureux des codes d’obéissance et c’est au nom de ce devoir d’obéissance qu’ils commirent et cautionnèrent les actes les plus monstrueux de l’histoire humaine. C’est à Yale, dans les années 1960, qu’eut lieu la fameuse expérience de Milgram. La découverte  fondamentale de cette expérience c’est que les individus adultes font de leur mieux pour obéir aux ordres émanant de l’autorité. Il ne faut pas écouter les autorités, mais sa conscience (Howard Zinn). Si tous les citoyens devenaient objecteurs de conscience, refusant l’usage collectif des armes, il n’y aurait plus de guerre….

Lire, Manifeste du pacifisme

(Michel Sourrouille, 2010)

 

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Rire pour réfléchir, au risque de provoquer

– Air : substance nutritive fournie par une généreuse providence pour engraisser les pauvres.

– Ce fils à son père affalé dans son fauteuil : « Papa, c’est décidé, je pars rejoindre une communauté décroissante en Espagne… » et le père sans lever les yeux de son journal : « Super, fiston. Si tu passe par Andorre ramène-moi des clopes, tu veux… »

– Gabriel Attal, quand il était porte-parole du gouvernement : « Nous, on ne dit pas aux jeunes : “Demain, vous ne prendrez plus l’avion”, mais : “on met les moyens pour inventer l’avion de demain.” »

– Un sage a dit, « si tu échoues sur une île déserte avec une bible électronique, tu as trois heures d’autonomie… »

– La différence entre un désert et une forêt, ce n’est pas l’eau, c’est l’homme.

– Sketch de Guillaume Meurice diffusé le 29 octobre 2023 dans « Le Grand Dimanche soir » : « Alors en ce moment, il y a le déguisement Nétanyahou, qui marche pas mal pour faire peur. Vous voyez qui c’est ? Une sorte de nazi, mais sans prépuce. »

– Pierre Arditi, Jean-Pierre Raffarin, etc. : « L’aversion d’une partie de la société bloque les recherches sur les biotechnologies… Or les progrès scientifiques et technologiques ont indéniablement permis de réduire la faim dans le monde… Le progrès scientifique ne doit pas être arrêté… »

– Imaginez que les arbres nous donnent la WIFI, nous arrêterions la déforestation. Quel dommage, ils ne produisent que l’air dont nous avons besoin pour respirer !

– programme écolo du RN : L’urgence est de rompre avec une écologie dévoyée par un terrorisme climatique… Nous devons inventer, innover, transformer ! Ce n’est pas la croissance qui doit s’arrêter, c’est le contenu de la croissance qui doit changer… Les Français pourront continuer à sortir leur famille en voiture, à prendre des bains chauds, à apprécier le feu de bois dans la cheminée et à fêter Noël !

Un producteur de bois a déclaré un jour qu’en regardant un arbre, tout ce qu’il voyait était un tas d’argent sur une souche.

– Charrue : instrument qui réclame à grands cris des mains habituées au porte-plume.

– Edgar-Yves Junior Monnou a grandi entre la France et le Bénin. Son conseil : « Que les Africains virent tout le monde et qu’ils s’assument ! » Son père, Edgar-Yves Monnou, a été ministre des affaires étrangères du Bénin de 1995 à 1996. Le papa n’a pas tenu rigueur à « Junior » de l’avoir peint en « voleur ». Il est censuré par Comédie+, une chaîne du groupe Canal+. Dans son sketch « La corruption », il avait fait un parallèle entre Vincent Bolloré, actionnaire majoritaire de Canal+, et Alpha Condé, président de la République de Guinée.

– Pour les riches, des couilles en or, pour les pauvres, des nouilles encore.

– INED, Institut National d’Études Démographiques : « C’est une idée reçue de penser qu’en étant moins nombreux, nous allons mieux vivre. Nos ancêtres de 1800, qui étaient un milliard, vivaient très mal et souffraient de famine. Leur espérance de vie plafonnait à 25 ou 30 ans. En deux siècles, nous avons fait d’énormes progrès, tout en nous multipliant par 6,5. »

L’idée de « gérer » l’espèce humaine comme si nous étions des animaux sauvages ou d’élevage nous choque. Pourtant, dans l’histoire de la biologie, toutes les espèces qui ont surexploité les ressources de leur environnement ont subi un effondrement de leur population, parfois fatal pour l’espèce entière.

– Cadavre : produit fini dont nous sommes la matière brute. La tâche la plus stupide que puisse prendre un être humain est, sans aucun doute, l’édification d’un tombeau à son usage. La solennité du moyen en accentue la futilité du but connu à l’avance. 

– Allez les vers ! Optez pour la crémation si le slogan ne vous plaît pas.

– L’humanité disparaîtra, bon débarras.

– Les microbes auront le dernier mot.

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La Terre, déesse Gaïa ou simple machine ?

Les programmes de la NASA ont créé les images iconiques qui ont nourri notre imagination et les connaissances qui permettent l’émergence d’une préoccupation écologique mondiale. Une rupture visuelle se produit avec les premières images de la Terre grâce au programme Apollo. Les photos « Lever de Terre » (1968) et « La bille bleue » (1972) : soudain, notre planète apparaît dans son intégralité, perdue dans l’immensité noire. Que penser ? Que faire ?

Youness Bousenna : Côté pile, Gaïa (la Terre-mère) s’appréhende comme une totalité organique. La vie a modelé en profondeur son environnement terrestre, suggérant que la biosphère forme une « machine trop puissante » pour être seulement passive. La chimie moderne démontre que la Terre fonctionne comme un vaste cycle, par exemple le carbone relie la respiration du règne animal (qui en expulse) et végétal (qui s’en nourrit). Côté face, ces technologies, issues d’une collaboration mêlant l’armée, la recherche et l’industrie, furent d’abord conçues au service d’un « géopouvoir » servant le fantasme d’une maîtrise toute-puissante de la Terre. Les humains se croient les pilotes tout-puissants d’une planète assimilée à une machine.

Ces deux visions reposent sur un dénominateur commun : la solution aux problèmes environnementaux viendra des experts et de la technique, plus que de la démocratie. James Lovelock (1919-2022) en arrive à prôner une suspension de la démocratie, il déteste le mouvement politique écologiste, soutient le nucléaire et la géo-ingénierie. Son soutien infaillible à l’industrie se double de conflits d’intérêts constants.

Le point de vue des écologistes écartelés entre culte de Gaïa et technoscience

La figure de Lovelock est effacée aujourd’hui au profit du géochimiste russe Vladimir Vernadski (1863-1945), qui a théorisé la notion de biosphère en 1929. Elle est définie comme la pellicule à la surface de la Terre transformée par la vie. Aujourd’hui elle est tellement transformée par les humains qu’on a pu parler d’anthropocène.

La crise écologique nous ramène au temps du mythe : nous vivons un moment indéterminé, où notre conception même de la Terre est bouleversée. «Il est aujourd’hui tard, beaucoup trop tard pour sauver la planète telle que nous la connaissons», expliquait James Lovelock en 2009 à l’AFP, à quelques mois de la conférence de Copenhague sur le climat (COP15) qui s’était soldée par un échec retentissant. «Préparez-vous à d’énormes pertes humaines», disait-il.

L’ancien ministre de l’écologie Yves Cochet tient le même discours, « Bientôt les politiques auront pour tâche principale de diminuer le nombre de morts ». Que ce soit guerres, famines ou épidémies, il est vrai qu’il y a beaucoup à faire pour réguler une planète Gaïa surpeuplée, surarmée et sur-consommatrice…

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James Lovelock est mort le 27 juillet 2022

extraits : « La régulation de la fécondité participe du contrôle démographique, mais la régulation du taux de mortalité n’est pas la moins importante. Maintenant que la Terre court le danger imminent d’évoluer vers un état chaud et inhospitalier, il semble amoral de s’acharner à vouloir prolonger notre espérance de vie au-delà de sa limite biologique normale.Si nous voulons continuer d’exister sans craindre les catastrophes naturelles, nous devons dès maintenant soumettre la croissance démographique à de fortes contraintes. En fin de compte, c’est Gaïa, comme toujours, qui opérera la réduction de population et éliminera ceux qui enfreignent ses règles… »

Bruno Latour et Gaïa, la Terre-mère

extraits : « S’il est vrai que les humains ont construit artificiellement leur propre environnement, à l’intérieur duquel nous sommes confinés, il faut nous intéresser à ce dont nous dépendons, la température globale, la biodiversité. Cela change complètement le rapport au sol, c’est cela « atterrir ». Gaïa, la « Terre-mère », cette notion résume justement le changement de « lieu » que nous ressentons avec la pandémie. Pour exercer quelque forme politique que ce soit, il faut une Terre, un lieu, un espace… »

La revanche de Gaia, un réchauffement irréversible

extraits : La situation actuelle rappelle à James cette année 1938, où les gens, les politiciens, tout le monde savait que la grande guerre arrivait, mais personne n’agissait de manière sensée. De la même façon aujourd’hui le désastre peut survenir soudainement, la catastrophe est à la porte, mais l’espèce humaine ne fait rien. La Biosphère peut ajouter qu’on préfère se battre pour une caricature de Mahomet et pour épuiser les dernières gouttes de pétrole. Il n’y a pas de rationalité à long terme de l’action humaine…. (écrit le 5 juin 2006 par Michel Sourrouille)

culte de Gaïa

Extraits : En vérité la foi en dieu, la confiance dans notre technique ou notre engagement en faveur du développement durable passe à côté d’une réalité : notre dépendance. Si nous ne prenons pas soin de la Terre, elle le fera elle-même en nous rendant indésirables. Les croyants feraient bien de porter un regard neuf sur notre demeure terrestre et y voir un lieu saint, partie intégrante de la Création, mais que nous avons désacralisé. Maintenant que nous sommes plus de six milliards d’individus affamés ou avides, aspirant au style de vie des pays développés, c’est-à-dire à la vie urbaine, nous empiétons de plus en plus sur le domaine de la Terre vivante. Puisque le seuil fatidique du réchauffement climatique a bien été franchi, peut-être devons-nous prêter une oreille attentive aux « écologistes profonds » comme Arne Naess et les laisser nous guider….

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