Végétarien, une des manières de devenir écolo

Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant les mois de juillet-août. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile…

Végétarien, une des manières de devenir écolo

Tu manges un cadavre disent les végétariens aux carnivores. N’entends-tu pas le cri de la carotte que du croques, disent les omnivores aux végétaliens. J’ai été élevé dans une famille où on ne rencontrait pas du tout ce genre de controverse à table ; on mangeait de tout, y compris du foie gras, et les repas de grande fête chez ma grand-mère maternelle accumulaient les mets. Dans mon enfance, je ne savais même pas que les végétariens pouvaient exister. Cela m’aurait paru bizarre si j’avais su. Bien plus tard, le 13 avril 1971, j’écrivais à Pierre Fournier, l’écolo de service à Hara-Kiri : « Avec l’urbanisation de la campagne, la vie s’accorde de moins en moins directement aux rythmes biologiques et naturels. L’obligation faite de se mouvoir dans un espace plus restreint et artificiellement construit amèneront progressivement l’individu à perdre son autonomie individuelle. Quant à ton régime végétarien, c’est une profession de foi. Tu n’as pas expliqué en quoi ce serait une rationalisation de la conduite individuelle. Pour moi, un brin d’herbe est aussi respectable qu’un agneau, et il faut bien marcher et bouffer… Mais j’aime bien ce que tu écris… »

Je n’étais toujours pas végétarien. Dans une notule du 3 janvier 1971, j’écrivais même que c’est une mystification : « L’être humain a mis des millénaires pour se doter de canines et devenir omnivore. D’autre part l’animal n’est pas la seule concrétisation de la vie, les plantes aussi sont vivantes. »  Depuis, j’ai modulé ma pensée, j’ai pris conscience de la nécessité vitale de modifier le régime alimentaire des populations occidentalisées pour des raisons écologiques. Les experts l’écrivent.

Hervé Le Bras (démographe, directeur d’études à l’INED) : « Le problème le plus important n’est plus le nombre total des hommes, mais la structure de leur consommation, celle d’hydrocarbures, et de plus en plus celle de nourriture animale. Si la planète entière adoptait le régime alimentaire des Français, elle ne pourrait nourrir que 3,4 milliards de personnes, soit la moitié de la population actuelle. En outre les ruminants émettent du méthane, puissant gaz à effet de serre ». (Entropia n° 8, printemps 2010)

Rajendra Pachauri, président du GIEC : « Un des premiers gros efforts que devra réaliser la société humaine pour lutter contre le changement climatique est de réduire sa consommation de viande. Le cycle de production de la viande est très intensif, il nécessite beaucoup d’énergie, d’eau et d’aliments pour le bétail et génère d’importante émission de gaz à effet de serre. Changer les habitudes de nourriture nécessite un vrai changement de valeurs et une vraie information des populations pour leur expliquer l’association qui existe entre la consommation de viande et l’effet de serre. Je pense que le changement climatique est un déclencheur qui va nous amener à repenser notre mode de vie et à mettre l’accent sur d’autres valeurs. Nous croyons en Inde que l’Univers est une seule famille. Je pense qu’il est improductif et dangereux pour nous de ne pas croire en cette philosophie. » (Sciences et avenir hors série janvier-février 2010)

A la suite de l’initiative de la ville belge de Gand, l’A.V.F. (Association Végétarienne de France) avait lancé par un communiqué de presse du 29 mai 2009 une campagne « pour un jour végétarien hebdomadaire en France ». Plusieurs associations se sont assemblées en partenariat autour du mot d’ordre « Lundi, Jour Végétarien ».

Notre groupe de réflexion de Charente-Nature communique devant l’AG du 24 avril 2010 : « Depuis plusieurs mois, la commission énergie étudie les tenants et aboutissants de l’élevage. Après analyse des mécanismes de l’intensification des conditions d’élevage, de l’impact de l’élevage sur le réchauffement climatique et du gaspillage énergétique lié aux calories animales, nous sommes arrivés à la conclusion qu’il fallait agir dans le domaine alimentaire pour sensibiliser le grand public. Il nous semblait donc nécessaire d’adhérer à la campagne associative « Nous sommes d’accord avec le lundi végétarien ».

Il n’y a jamais eu de décision explicite d’adhésion de Charente-Nature au lundi végétarien. Il est très difficile d’arriver à un vote clair, même dans une petite association. La participation à une association est un moyen de faire progresser la pensée et la pratique collective, mais le résultat est diffus, incertain.

Bien entendu j’avais fait du lundi végétarien un mot d’ordre pour ma propre vie de famille. Mais j’avoue que quand il y a quelques restes du WE, je me pose quelques questions. Ne pas gaspiller la nourriture ou suivre un idéal ? Manger bio ou manger local ? Suivre le mouvement familial ou croque sa carotte en solitaire ?

(à suivre… demain sur ce blog biosphere)

Déjà paru :

On ne naît pas écolo, on le devient, introduction

Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver

Abeille, qui ne pique que si on l’embête

Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après

Absolu, un mot à relativiser, un mot indispensable

Acteurs absents, dont on a eu tort d’ignorer l’existence

Adolescence, moment de révolte ou de soumission ?

Alcool, dur pour un écolo de refuser de trinquer !

Amour, une construction sociale trop orientée

Animal, une facette de notre humanité trop ignorée

Austérité, mot qui fait peur et pourtant source de bonheur

Barbe, un attribut des hommes qu’on voulait faire disparaître

Cannabis, une dépénalisation qui créerait l’usage

Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés

Compétition, système inhumain au service d’une société inhumaine

Croissance, l’objectif économique le plus débile que je connaisse

Démographie, le problème central qui est systématiquement ignoré

Devoir, la contre-partie nécessaire de nos droits

Doryphore, symbole d’une agriculture post-moderne

École obligatoire et gratuite, une entreprise de déculturation

Écologiste en devenir, notre avenir commun

Électricité, les inconvénients d’un avantage

Ethnologie, la leçon primordiale des aborigènes

Eugénisme, engendrer de bonne façon est-il condamnable ?

Euthanasie, mourir de belle manière comme heureuse conclusion

Féminisme, on ne naît pas femme, on le devient

Futur, il sera à l’image de notre passé !

Génériques, l’achat au meilleur rapport qualité/prix

Homoparentalité, la stérilité n’est pas une damnation

Interaction spéculaire, je fais ainsi parce que tu fais de même

IVG, une mauvaise expérience par manque d’expérience

Logement, une maison à la mesure de nos besoins réels

Loisirs, plutôt les échecs que le match de foot à la télé

Mariage pour tous, l’oubli du sens des limites

Militantisme, une construction de soi qui ne va pas de soi

Mobilité, aller moins loin est bien plus rapide

Musée, pas besoin du passé pour être un vrai artiste

Objecteur de conscience j’ai été, je suis, je serai

Pêche, une activité artisanale devenue un massacre de masse

Peine de mort, abolie un jour, tentation toujours

Philosophie, les valeurs de l’écologie profonde

Portable, suis-le le seul à ne pas en avoir ?

Publicité, une agression qui touche à l’acharnement

Recherche sans développement, refondation de la science

Religions, un frein à notre réflexion

Repas, manger comme acte profondément politique

Roman, qui ne mérite pas l’arbre qu’on a coupé pour lui

Sciences économiques et sociales, une tentative holistique ratée

Simplicité… volontaire aujourd’hui, obligatoire demain

Sourrouille Michel, présentation de l’auteur

Techniques appropriées et d’autres, à exclure

Testament, mérite mieux qu’un nom sur une pierre tombale

Toilettes, dis-moi comment tu défèques, je te dirais où tu vas

4 réflexions sur “Végétarien, une des manières de devenir écolo”

  1. Les végétariens braillent en France, la consommation de viande est repartie à la hausse en 2021 ! De nombreux articles corroborent en ce sens pour l’affirmer ! Les repas végétariens n’auront été qu’une mode passagère dans l’histoire ! Bah oui, beaucoup de gens ont tenté de devenir végétariens puis ont renoncé… Normal pas simple de remplacer tous les éléments nutritionnels que nous apporte la viande ! Puis ça implique de faire ses courses autrement, de faire la cuisine autrement, de lire les étiquettes, prendre des compléments alimentaires à la pharmacie (comme la taurine par exemple)… Puis les prix ne sont pas les mêmes ! A Amiens, j’ai vu en très peu de temps 1 boutique spécialement pour végétariens fermer au centre ville et là dernièrement (ce mois ci) Biocop vient de fermer sa boutique aussi au centre ville aussi. Par contre les boucheries qui ouvrent résistent facilement !

    1. En effet on peut dire que les repas végétariens, comme les régimes végétariens (végétaliens, végans) sont des phénomènes de modes. Là derrière il n’y a pas que le souci de la planète, il y a d’abord la cause animale. Soit simplement la maltraitance, évidemment inadmissible, soit des considérations bien plus discutables qui ressemblent plus à des dogmes religieux qu’autre chose. Quoi qu’il en soit il reste évident que nous mangeons trop de viande, et surtout trop de saloperies industrielles.

  2. On avait déjà le vendredi jour du poisson, demain on aura le lundi végétarien. Pour sauver la Planète je propose de rajouter le mardi sans voiture, le mercredi sans télé, le jeudi sans bosser et les week-ends à dormir.
    D’abord, carême ou pas, du poisson ou de la viande j’en mange quand j’en ai envie. Ce qui ne veut pas dire que j’en mange à tous les repas, ni tous les jours. En attendant, si un lundi il me reste du poulet de la veille ou de l’avant-veille dans le frigo, ne comptez pas sur moi pour le laisser perdre. Le poulet froid avec de la mayo, c’est à damner un curé. Que dis-je, un végan !

    1. Poulet mayonnaise ? Mouais ! J’adore le poulet mais avec beaucoup d’oignons ! Toutefois mon pêché mignon c’est le gigot d’agneau ! Avec de l’ail et badigeonné au pinceau d’huile de raison, c’est une tuerie ! En tout cas que les écolos arrêtent de rêver d’une population 100% végétarienne car ça n’arrivera jamais ! Déjà quand on regarde en Inde soit le pays qui détient le plus de végétariens/végétaliens au monde avec un taux de 20% et ben la consommation de viande et de poisson continue d’augmenter ! Normal puisque 80% des nouveaux-nés seront des viandards, autrement dit le nombre de viandards s’accroit plus vite que le nombre de végétariens/végétaliens, surtout avec un taux de natalité au-delà du seuil de renouvellement…

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