Zimbabwe, surpopulation et choléra

Entre 1960 et 2022, le nombre d’habitants en Zimbabwe est passé de 3,78 millions à 16,32 millions, soit une multiplication par plus de 4 en 62 ans seulement. Ce pays a connu la plus forte augmentation démographique en 2015 avec un taux de 4,18 %, soit un doublement de la population en moins de 16 ans ! Sa situation actuelle justifie pleinement le diagnostic de Malthus en 1798 : si un peuple ne maîtrise pas sa fécondité, il connaîtra famine, guerres et/ou épidémies.

La dernière en date, le choléra. Infection diarrhéique aiguë provoquée par l’absorption d’aliments ou d’eau contaminés par la bactérie Vibrio choleræ, le choléra est en forte recrudescence. Harare, la capitale du Zimbabwe, a été déclarée en état d’urgence en raison d’une résurgence de l’infection qui a déjà fait 51 morts confirmés dans le pays, infecté plus de 7 000 personnes et continue de se propager. Il y a eu déjà une hécatombe en 2008, lorsque le choléra y avait fait des milliers de morts. Les Zimbabwéens creusent trop souvent des puits à proximité de latrines à fosse, en particulier dans les quartiers qui n’ont pas d’eau courante. Ce qui signifie que l’eau potable est contaminée. Car l’état de surpopulation s’accompagne aussi d’une urbanisation galopante, 2,3% par an. Environ 32% des habitants vivent dans les grandes villes du pays. Des villes qui n’offrent pas des emplois en assez grand nombre, mais multiplient les cas de Sida. 3 000 personnes en meurent chaque semaine et 170 000 par an. En 2005, on recensait déjà plus de 910 000 orphelins. Entre 1990 et 2005, l’espérance de vie de la population avait même baissé de 61 à 44 ans.

Le taux de fécondité au Zimbabwe est passé de 7 enfants par femme en 1960 à 3,5 enfants par femme. Il faudrait moins de 2,2 enfant par femme pour atteindre une stabilisation de la population. La dernière étude sur le planning familial date de 1984 et c’est la banque en 1999 qui se voulait active, pas l’Etat. Le Zimbabwe était un modèle de développement économique et sociale dans les années suivant son indépendance en 1980. A partir des années 1990 avec une accélération en 2000, la corruption, le clientélisme, la mauvaise gouvernance de Mugabe et de sa clique du ZANU ont ruiné le pays. L’expansion démographique qui devient ingérable reste l’angle mort de la politique au Zimbabwe. La densité semble faible, 41 hab./km² pour une moyenne mondiale de 60 hab./km². Mais le Zimbabwe, bien que vaste pays (390 000 km² ), ne possède pas de littoral ; ce manque d’accès à l’océan se fait ressentir dans l’économie. La surexploitation des terres entraîne la déforestation, l’érosion des terres, la pollution de l’air et de l’eau. La surpopulation s’accompagne aussi de la chute de la biodiversité.

Le quotidien LE MONDE ne parle pourtant jamais de surpopulation au Zimbabwe. Ses derniers articles évoquent les écrivaines Tsitsi Dangarembga et NoViolet Bulawayo ou la vie politique par le petit bout de la lorgnette : « Sur la photo qui lui a valu son arrestation, le député de l’opposition Gift Ostallos Siziba arbore de larges lunettes de soleil et le maillot rayé noir et blanc de son équipe favorite de football… ». La vie économique pour ce journal « de référence » se résume à des robes de mariées à la location pour quelques heures. Seul un article tranche avec cette superficialité, Le Zimbabwe touché par une nouvelle vague d’hyperinflation (11 juillet 2022) : « L’hyperinflation attaque les revenus (192 % en juin, les taux d’intérêt minimaux ont atteint 200 % )… la viande est devenue un luxe… l’économie du pays est plombée depuis une vingtaine d’années, marquée par des pénuries d’argent et de nourriture… »

Surpopulation va de pair avec crise socio-économique, écologique et politique on devrait pourtant le savoir.

sur notre blog, Des éléphants ou des hommes, qui choisir ?

extraits : Il est plus que probable que si les effectifs de la population humaine ne sont pas réduits dans des proportions importantes, la vie sauvage disparaîtra complètement de la surface de la Terre et les humains s’entre-tuerons dans leurs territoires faits de béton, de goudrons et de taudis. Prenons l’exemple des éléphants. La population d’éléphants au Zimbabwe augmente de 5 % par an. 60 personnes ont été tuées par des éléphants depuis le début de l’année 2022…

Pour en savoir plus, ce récapitulatif des pays surpeuplés

Le Bénin, en état de surpopulation avancée

Brésil, une surpopulation qu’on a bien voulu

Burkina Faso, une surpopulation à 23 millions

Surpopulation au Cameroun, 56 hab./km

Surpopulation en Chine, une idée tabou ?

Surpopulation en Corée du nord (et du Sud)

Corne de l’Afrique minée par la surpopulation

Côte d’Ivoire, surpopulation et manque d’eau

L’Égypte et Al-Sissi face à la surpopulation

En Égypte, la surpopulation fait la loi

L’Éthiopie, victime de sa surpopulation

Surpopulation française, une réalité vraie

Surpopulation en France comme au Japon

Gaza, une surpopulation carcérale

Ghana, le cauchemar de la surpopulation

Surpopulation sur l’île de la Réunion

Haïti, un pays ingérable parce que surpeuplé

Inde : « government jobs » et surpopulation

L’Inde, une surpopulation par condensation urbaine

Un surpeuplement inquiétant en Inde

Italie, une surpopulation en voie d’extinction

Le Japon, surpopulation et/ou vieillissement ?

Le Japon devient nataliste, il est pourtant surpeuplé

Kenya, fardeau de la dette et surpopulation

Madagascar, un état de surpopulation

Malawi, surpopulation et choléra

Surpopulation africaine par une virilité mal employée (Mozambique)

Ouganda, une surpopulation structurelle

Niger, surpopulation et coups d’État

Le Nigeria, miné par la surpopulation

Pakistan, tous les maux de la surpopulation

La surpopulation généralisée aux Pays-Bas

Surpopulation en Seine-Saint-Denis 

Surpopulation en Somalie, faut pas le dire

Surpopulation au Soudan, donc guerres civiles

Sri Lanka, surpopulation et agro-industrie

Référendum en Suisse : halte à la surpopulation

Tanzanie, une surpopulation démente

Tchad, une surpopulation en voie d’explosion

Surpopulation en Turquie, 109 hab./km2

Surpopulation au Yemen, 377 000 morts

17 réflexions sur “Zimbabwe, surpopulation et choléra”

  1. Quand on clique sur google « Zimbabwe surpopulation », on voit tout de suite où va l’intérêt du moteur de recherche.
    Vient en premier, “Surpopulation d’éléphants” : le Zimbabwe réclame l’autorisation du commerce d’ivoire (Courrier international, mai 2022)
    en second, « Parce qu’il a trop d’éléphants, le Zimbabwe en vend à la Chine et à Dubaï » -Le Monde, 16 mai 2019)
    3) Zimbabwe : 60 personnes tuées par des éléphants cette année (franceinfo, 12 mai 2022)
    4) Zimbabwe. Un parc menacé par la surpopulation d’éléphants (franceinfo, 25 octobre 2012)
    5) Face à la menace de surpopulation, le Zimbabwe vend ses éléphants (L’Alsace, 16 mai 2019)
    Comme vous le voyez, il n’y a que des éléphants au Zimbabwe, pas de Zimbabwéens et de Zimbabéwennes.
    Il faut descendre à la 12e et 13e places pour voir aborder la surpopulation humaine, mais il s’agit de « surpopulation carcérale ». (à suivre)

    1. (suite et fin) Le 14ème item de Google aborde le sujet essentiel, mais il s’agit de l’excellente fiche wikipedia consacrée à la surpopulation en général,
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Surpopulation
      Il faut chercher encore plus loin pour trouver cet article au milieu de tous ceux encore consacrés aux éléphants :
      https://fr.wfp.org/communiques-de-presse/zimbabwe-un-soutien-international-urgent-est-necessaire-pour-eviter-des
      Ai Zimbabwe, le nombre total de personnes en situation d’insécurité alimentaire s’élève à 7,7 millions, soit plus de la moitié de la population (avril 2020). Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies a urgemment besoin de 130 millions de dollars pour soutenir son opération d’urgence jusqu’en août, visant à empêcher des millions de personnes parmi les plus vulnérables du pays de sombrer davantage dans la faim.

  2. Un commentateur sur ce blog : « Les malthusiens soutiendront mordicus que la pauvreté est la conséquence de la Surpopulation. Et non pas l’inverse comme il est généralement admis. »
    Notre analyse : il faut savoir que la causalité est souvent circulaire. La pauvreté entraîne de faire plus d’enfants et la surpopulation qui en découle entraîne plus de pauvreté, d’où la pauvreté entraîne, etc. Cela, n’importe quel malthusien vous le dira.

    Un autre commentaire : « Systèmes d’assainissement des eaux insuffisants etc. donc pauvreté. N’y aurait-il donc pas plutôt, et d’abord, un rapport entre pauvreté et choléra ? »
    Notre analyse : C’est la pauvreté qui entraîne un système sanitaire insuffisant et non l’inverse. D’où la pauvreté entraîne l’épidémie par effet indirect. Mais comme la pauvreté découle de la surpopulation…

    1. Oui c’est moi, maintenant over quota mais bon.
      Oui causalité circulaire, c’est pour ça que je dis qu’ON tourne en rond.
      Un petit effort Biosphère, je pense que nous allons trouver un con sensus. 🙂

  3. Le site DonnéesMondiales.com est riche d’informations sur le sujet, on voit même les pays en déclin. Pourquoi donc parler aujourd’hui du Zimbabwe ?
    – Choléra au Zimbabwe : l’état d’urgence décrété dans la capitale Harare (LE MONDE)

    Aujourd’hui c’est donc le choléra. Pas la peste mais presque. Ç’aurait été une guerre, un tremblement de terre, une sécheresse, une invasion de criquets, une dépression, une hyperinflation ou n’importe quoi, ç’aurait été pareil. Et comme d’hab le journal «de référence» oublie l’Essentiel, misère misère ! Bref, le Poumon vous dis-je !
    Le choléra est une maladie contagieuse, ses causes sont connues, là dessus tout le monde devrait être d’accord. Systèmes d’assainissement des eaux insuffisants etc. donc pauvreté. N’y aurait-il donc pas plutôt, et d’abord, un rapport entre pauvreté et choléra ?
    ( à suivre )

    1. Seulement voilà, les malthusiens soutiendront mordicus que la pauvreté est la conséquence de la Surpopulation. Et non pas l’inverse comme il est généralement admis. C’est comme pour la Poule et l’Oeuf. Et c’est pareil pour les guerres, les sécheresses, les criquets etc. etc. le Poumon vous dis-je !
      Et ça fait maintenant plus de 150 ans qu’ON s’étripe et qu’ON tourne en rond avec ça.
      Et qu’ON en remplit des pages et des pages, des livres etc. bonjour le CO2 !
      Tiens justement puisqu’ON en parle, et en plus le «débat» est exactement du même genre qu’avec ceux qui prétendent que le CO2 n’a rien à voir avec le Réchauffement et patati et patata. Bref, ne serait-il pas temps d’arrêter ces conneries, non ?
      D’autant plus quand on voit où elles mènent. Misère misère !
      En attendant, c’est pas à Monaco qu’il y a une épidémie de choléra.

    2. Arrête de proposer des solutions irréalistes juste avec des mots pour faire croire qu’on peut tout solutionner, c’est complétement faux ! A savoir que le taux d’assainissement des eaux usées n’est que de 14% en Espagne (meilleur élève européen), ensuite l’Italie 8%, quant à la France moins de 1% ! Bref, c’est déjà une solution qu’on a déjà beaucoup de mal à appliquer en Europe, malgré tous nos moyens matériels et financiers ! Alors en Afrique, c’est peine perdue ! D’autant que l’assainissement des eaux est très énergivore ! Moins énergivore que la désalinisation d’eau de mer, mais très énergivore quand même !
      Dans tous les cas, plus de population implique plus de matériaux et plus d’énergie pour pouvoir faire plus de centrales d’épuration d’eau… Et quand on voit tout ce que cela implique autant dire que l’Afrique n’aura jamais suffisamment de stations d’épuration d’eau ! Surtout sans nucléaire !

  4. Effectivement les taux varient en fonction des pays suivant la qualité de l’accès à la contraception et les divers facteurs culturels, économiques et religieux.
    Au Zimbabwe, en milieu rural, le taux est de ~ 5 enfants par femme.
    En général, dans les villes le taux est plus bas.
    Tout ces chiffres montrent une croissance démographique insoutenable pour ces gens et ces sociétés.

  5. Au Ghana ,certains politichiens (du même acabit que nos lamentables histrions façon macrondelle ) se réjouissent d’ atteindre le chiffre de population de 30 millions : des fous à lier !
    Ces génies voient chaque jour le nombre d’ habitants des villes augmenter par la faute de ceux qui quittent leurs camapgnes .
    Qui va nourrir tous ces miséreux si les paysans abandonnent leurs terres et ne reçoivent aucune aide de leurs gouvernants ultracorrompus ?
    Déjà qu’ ils sont loin d’ atteindre l’ autarcie alimentaire 😎😎
    L’ Europe doit cesser de leur procurer une aide alimentaire et que dame nature fasse son oeuvre : je devine que ceci ne plaira pas à certain humaniste du site😂😂😂😂😂😂

    1. D’une certaine manière les humanistes ne sont pas si humanistes que ça ! En effet, mieux vaut provoquer une petite famine maintenant pour que la population prenne conscience de la surpopulation et baisse sciemment leur natalité. Plutôt que de les aider à se nourrir et laisser pondre au même rythme qu’avant, car à moyen et long terme la famine viendra au rendez vous quand même, à part que ce sera une grosse famine qui fera encore plus de morts !!! La surpopulation c’est comme une gangrène, il faut amputer le surplus avant que ça ne se propage… et que la gangrène pourrisse le corps entier de la population…

      1. Je ne suis pas régulateur de ce blog, mais le malheur des autres n’est jamais à souhaiter ouvertement. On peut le penser mais pas l’écrire.
        Ceci dit, effectivement la famine les guette car ils ne sont pas autosuffisants et l’exportation bloquée de l’Ukraine a fait craindre le pire pour certains pays de l’Afrique.
        D’après le démographe Garenne , la prise de conscience de ces déséquilibres se ferait au niveau des gouvernants africains. J’ai un doute mais peut-être.

        1. Ce n’est pas parce que je le souhaite ou en tire une quelconque réjouissance. MAIS il existe des situations auxquelles il n’existe aucun bon choix pour la gérer, mais il existe plusieurs mauvais choix, et on se doit de choisir le moins mauvais choix, comme pour le cas de la gangrène en exemple ! Je ne pense pas que le médecin souhaite ou se réjouit de couper le bras ou une jambe de son patient, mais pour que celui-ci aille mieux, il n’y a pas de choix humaniste qui puisse fonctionner, il faut amputer et puis c’est tout ! C’est exactement pareil pour des pays en état de surpopulation avec peu d’autonomie alimentaire, il vaut mieux amputer une petite fraction de la population avant que ce ne soit une grosse fraction qui ne meurt dans d’horribles souffrances !

        2. @ MichelC
          J’ai eu le bon sens de ne pas faire de gosses ! Quand on galère déjà à se prendre en charge soi-même alors on ne fait pas de gosses ! Juste du bon sens ! Or énormément d’africains ne parviennent pas à se prendre en charge eux-mêmes et font des gosses à gogo !

  6. Merci pour cet article.
    Le taux de fécondité par femme était presque autour de 8 dans les pays de l’Afrique sub saharienne en 1980 pour arriver vers 3 à 4 en 2020.
    Que de bouleversements passés et à venir pour ces sociétés qui avaient déjà du mal à assurer leur autonomie alimentaire et qui font face à des problèmes de tous ordres.

    1. Au Niger le taux est toujours de 6,9 % (2020) et au Nigeria 5,3 % (2020) soit bien au-dessus de ce que tu nous racontes ! De toute façon 3 ou 4 c’est beaucoup trop élevé car la population augmente de plus en plus vite quand même ! Pourquoi ? Parce que la base de la pyramide est de plus en plus grande, et ce qui veut dire qu’il y a de plus en plus de femmes en âges de procréer ! Par exemple 1 million de femmes qui font 8 enfants, ça donnera 8 millions d’habitants en plus, tandis que 30 millions de femmes qui font 4 enfants, ça donnera 120 millions d’habitants en plus ! D’ailleurs même avec un taux de 1,9 % soit en-dessous du seul de renouvellement, la population va continuer d’augmenter pendant plusieurs décennies, car il faut attendre que le surplus meurt de vieillesse avant de pouvoir bénéficier de la baisse de naissances ! D’autant que l’allongement de la vie retarde la baisse de la population.

      1. J’ai entendu une réflexion intéressante du démographe belge Michel Garenne sur la fécondité africaine. L’ accès à la médecine s’est développé dans les années 60 , cela a diminué la mortalité infantile et celle des femmes ( et des hommes) mais pas l’accès à la contraception et à l’éducation qui auraient dû être concomitante.
        Et la croissance démographique qui a suivi est la conséquence de cette inconséquence des gouvernants et des aides à ces pays pour accéder à une meilleure médecine.

      2. Je ne connais pas bien ce sujet car je n’ai pas fait de recherches réelles sur l’état des taux de natalité ou de fécondation ou autres en Afrique mais au congrès de démographie responsable de samedi dernier, j’ai pu voir des visuels que j’ai enregistrés sur quelques pays remarquables pour leurs actions sur la contraception ou non et les résultats sur le taux d’enfants par femmes. Les chiffres que j’ai mentionnés viennent de là.
        Par exemple, j’avais trouvé une statistique de 83 % des femmes sub sahariennes n’utilisant jamais de contraception. D’après Garenne ce chiffre n’est plus vrai . Il faut vérifier.

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