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Protectionnisme contre l’absurde Mercosur

Rappelons qu’un libre-échange basé sur le va-et-vient de produits quasi-similaires est une absurdité. Un jour lointain, Fritz Schumacher vit un camion à l’effigie d’une marque de biscuits écossais entrer dans Londres ; peu après il apprit qu’une entreprise fabriquant des biscuits à Londres acheminait sa production jusqu’en Écosse. Cette découverte le troubla profondément. En tant qu’économiste, il ne parvenait pas à comprendre pourquoi des être compétents se voyaient contraints de conduire un camion d’un bout à l’autre des îles britanniques dans le seul but de transporter des biscuits. N’était-ce pas absurde ? Le coût humain et environnemental d’une tel manœuvre n’avait donc alerter personne ? Schumacher eut beau tourner et retourner le problème dans sa tête, il faut incapable d’y déceler la moindre logique. Et il n’y a pas que les biscuits qui sont ainsi transportés sans raison d’une région ou d’un pays à un autre.

Notre monde en 2024 n’est toujours pas avare d’absurdités en tous genres, et le libre-échange est toujours mis en avant par nos élites libérales.

Virginie Malingre : La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, signe l’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Marché commun du Sud (Mercosur) – composé de l’Argentine, du Paraguay, du Brésil, de l’Uruguay et de la Bolivie. Emmanuel Macron juge que le texte est inacceptable tant qu’il n’intègre pas l’accord de Paris sur le climat, l’instauration de mesures miroirs, l’obligation faite aux pays du Mercosur de ne pas pratiquer de déforestation, celle d’une réciprocité dans l’accès aux marchés publics, la protection des filières agricoles… La France peut compter sur le soutien de Varsovie et de Vienne, mais cela ne lui assure pas la minorité de blocage nécessaire (au moins quatre pays représentant au moins 35 % de la population). Une fois l’accord conclu avec les dirigeants du Mercosur, la Commission devra le soumettre au vote des capitales et des eurodéputés. A ce stade, « le contenu final de l’accord négocié n’a encore été présenté à aucun Etat membre »….

Le point de vue des écologistes

Remplacez « CETA » par « Mercosur », et vous comprendrez pourquoi la transition écologique bat de l’aile !

 Le CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement), accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne signé en 2016, tend à niveler les normes environnementales par le bas. Le CETA est un des exemples d’incohérence d’une Europe à l’avant-garde sur les changements climatiques, mais en train de s’accommoder de traités de libre-échange qui vont mettre à mal tous les acquis environnementaux que nous avons érigés dans nos frontières.  Nicolas Hulot avait interpellé Emmanuel Macron sur le CETA , son point de vue en 2017 était celui-ci : « Nous ferons de la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat une des priorités de notre action internationale. »

notre article le plus ancien

6.11.2005 Soyez apôtre du protectionnisme !

Dans « Système national d’économie politique » paru en 1841, Frédéric List (naît dans le Wurtemberg actuel) pensait que les libéraux se trompaient en croyant qu’il existait des lois générales de l’économie en tout temps et en tout lieu. Pour lui, l’évolution économique de chaque pays dépend de son évolution politique et culturelle. Aussi, on ne pouvait présenter le libre-échange comme modèle incontestable à une Allemagne ravagée par les guerres napoléoniennes et politiquement éclatée. Par contre la protection des industries naissantes permettrait l’émergence d’industries hautement compétitives et ce n’est qu’à condition de rattraper le niveau de la Grande-Bretagne que l’Allemagne pourrait ouvrir les frontières car on échangerait alors à armes égales. Il s’agit là d’un « protectionnisme éducateur » et en conséquence, F.List n’est qu’un libre-échangiste différé : son idéal d’avenir reste l’industrialisation, c’est-à-dire tout ce qui détruit les ressources de la planète.

Pour enrayer ce flot de destructions, la Biosphère souhaite que les humains s’arrêtent de faire du libre-échange généralisé de biens matériels, de services financiers ou de travailleurs migrants, mais attacher au contraire les communautés à leur cadre territorial d’appartenance pour qu’elles en vivent de la façon la plus autonome possible. En agriculture, il s’agit de promouvoir la souveraineté alimentaire.

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Le yin du protectionnisme contre le yang du libre-échange

extraits : L’écologie penche pour le protectionnisme, la démondialisation, en définitive la relocalisation. Historiquement les vagues de protectionnisme et de libre-échange se sont succédé depuis l’abolition en 1838 des Corn Laws qui protégeaient l’agriculture britannique. Dans les années 1930, un protectionnisme extrême finit par l’effondrement du commerce mondial. Même Keynes allait jusqu’à plaider pour « l’autosuffisance nationale » en 1933 pour protéger l’emploi britannique. Après 1945, le libre-échange était revenu en force (…) Au niveau écologique, la descente énergétique qui s’amorce va de toute façon entraîner une contraction des échanges dans un monde interconnecté. Dur, dur ! Il nous faut donc préparer dès aujourd’hui les moyens d’une souveraineté alimentaire et la possibilité de sources d’énergies renouvelables. Cela passe surtout par la réduction des besoins, la relocalisation, l’instauration de communautés de résilience, etc. La démondialisation est notre avenir….

Pour en savoir encore plus

2 septembre 2014, Démondialisation, pour un retour au protectionnisme

8 septembre 2011, la démondialisation selon Aquilino Morelle

1er juillet 2011, la démondialisation contre Pascal Lamy

30 juin 2011, la démondialisation contre Zaki Laïdi (suite)

29 juin 2011, la démondialisation contre le gauche-droite de Zaki Laïdi

3 mai 2011, Montebourg, de la démondialisation à la décroissance

17 juin 2011, tout est écolo, y compris le protectionnisme

29 décembre 2010, Démondialisation féroce

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Les décroissants n’auront plus leur mensuel

Fin 1999, Vincent Cheynet et Bruno Clémentin lançaient en kiosque le dossier de Casseurs de pub. A sa suite la lettre d’information trimestrielle sur papier se transforma, en mars 2004 en un journal, « La Décroissance ». Il était publié tous les deux mois. Puis tous les mois. Aujourd’hui la situation de la presse papier les contraint à retourner à la périodicité bimestrielle… Sans la générosité de ses sympathisants et Amis de la Décroissance, ils auraient sans doute fermé la boutique depuis longtemps.

La rédaction en chef sera assurée par Pierre Thiesset.  Le premier numéro de la nouvelle formule, mi-janvier 2025.

L’inamovible rédacteur en chef Vincent Cheynet est né en 1966, il court sur ses soixante ans. La retraite est encore loin mais l’épuisement devait se faire sentir. Tenir une parution anti-système pendant près de 25 ans était déjà un véritable exploit. C’était le seul média agressif contre le système croissanciste et c’était (ce sera ?) une bonne chose. Mais dire aujourd’hui la vérité d’une planète aux abois n’est pas dans l’air du temps. Voici un résumé du point de vue très réaliste d’Aurélien Dupouey-Delezay dans ce numéro 215 de novembre 2024 (page 14) :

« Ceux qui s’imagent que nous nous en tirerons en préservant à la fois la planète et notre niveau de vie par un surcroît de technique et d’industrie ont une foi contre laquelle on ne peut pas grand chose, sauf peut-être leur poser une question : Si vous vous trompez dans votre croyance, qu’arrivera-t-il à vos enfants ? Par ailleurs il faut souligner que l’écologie dite modérée n’est en réalité guère plus populaire que la radicale. Partout c’est l’extrême droite conservatrice la plus hostile à l’écologie qui bénéficie d’une dynamique populaire. Enfin il faut souligner qu’en réalité, nous n’avons pas tellement à nous préoccuper d’être populaires parce que nous n’avons plus le temps.

Plus le temps d’éduquer les foules ou de faire évoluer les mentalités. Plus le temps de changer démocratiquement et légalement le Système. Plus le temps d’une délicate transition vers un nouveau modèle moins inégalitaire et plus respectueux de la vie. Bref, plus le temps de serrer le frein de la machine qui fonce sur le mur… »

Notre plus ancien article sur ce journal

14.07.2005 La décroissance, le journal de la joie de vivre

Ce bimestriel est aussi le journal de Casseurs de pub, il résume tout ce que la Biosphère voudrait que les humains pensent. Dans son numéro de juin-juillet 2005, le grand titre nous engage à « Vivre après le pétrole », avec dessin de la bagnole transformée en poulailler. Il nous indique tout ce qu’il faut savoir sur la marche des décroissants pour supprimer le Grand prix de France de F1, il fait une biographie du père de la décroissance, le mahatma Gandhi et indique qu’il faut aussi décroître l’armée. Une page entière sur le pic du pétrole (nous y sommes presque), c’est-à-dire le commencement de la fin, et un encadré sur la saloperie que nous n’achèterons pas, ce mois-ci la tondeuse à gazon. A chaque fois un petit reportage sur les éco-citoyens qui pratiquent la simplicité volontaire : on y voit Elke et Pascal vivre sans voiture et sans télé, ce qui donne le temps de s’occuper d’un jardin, mais qui vivent aussi dans le péché parce qu’ils ont un ordinateur et pratiquent la sexualité libre. Ils pensent que faire l’amour avec sa voisine ou son voisin ou les deux à la fois n’a pas d’interdit moral (ndlr, sauf si on fait trop d’enfants !), mais que prendre la voiture pour aller au boulot, ça, oui !

Les humains sont fait pour penser et pour vivre ce qu’ils pensent, mais la porte de l’avenir est très étroite quand on touche à la Biosphère, elle se referme aujourd’hui de plus en plus rapidement avec l’expansion de la société thermo-industrielle. Seule la généralisation de la décroissance ouvre à nouveau la porte de l’avenir.

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Luttes écologistes et stratégies gagnantes

Une étude commanditée par le collectif Terres de lutte analyse les ressorts de 162 mobilisations locales victorieuses depuis dix ans.

https://terresdeluttes.fr/

Matthieu Goar, en résumé :

– Dans 54 % de ces conflits, le collectif à la manœuvre est né avec cette lutte. Il s’agit donc d’une initiative ancrée localement ;

Le besoin de bénéficier d’expertises pointues est un des autres traits caractéristiques ;

– Recours juridiques (dans 80 % des cas), manifestations, pétitions, médiatisation, enquêtes publiques… Ces tactiques sont variables en fonction du moment de l’action et du contexte local ;

– des blocages de sites ont eu lieu dans 30 % des cas ;

– Terres de luttes prône « l’art de maintenir une menace sans jamais l’expliciter ». Une ambiguïté et un flou très souvent utilisés par des collectifs comme les Soulèvements de la Terre, qui n’appellent pas clairement à la violence contre les biens, préférant par exemple évoquer un « désarmement ».

le point de vue des (anti)écologistes

Il est toujours étonnant que des commentateurs du MONDE, pourtant censés être intelligents, racontent n’importe quoi pour le plaisir malsain de casser du bois sur les écolos.

Tubal : Merci les pages Planète ! Un petit manuel d’écoterrorisme !!! Le « castor junior » du zadiste… Grâce à vous chaque jour grandit un peu l’idée qu’il faudra bien à un moment donné, éradiquer cette lèpre antisociale…

TantVaLa @ Tubal : L’immersion dans la nature permet une réduction physiologique du stress et une baisse de l’agressivité. Je crois qu’il est temps pour vous de sortir du centre commercial et d’aller faire un petit tour le long de la rivière.

JeDubiteTuDubites : Le principal facteur clef de succès des zadistes est qu’ils sont pour la plupart rémunérés par l’état : Chômeurs retraités de la fonction publique allocataires du rsa …Ce qui ne les empêche guère de critiquer la main qui les nourrit

VentdOuest : Dès que l’on parle protection de la nature, biodiversité et moyens de droit pour faire respecter la loi de 1976, les pseudos d’agence de lobbying (pro-pesticide, pro-plastoche, pro-pétrole) sont de sortie sous ses pseudos compulsifs générés au Km. Le lobbying punitif a les moyens de se faire passer pour de nombreux lecteurs.

lecteur assidu : L’ecoterrorisme doit d’abord être combattu par la loi : amendement des lois punitives sans objet (les petits oiseaux ,,,) ; à Bruxelles avec les pactes verts et autres ZFE inutiles et ruineuses ; au niveau judiciaire avec la condamnation des exactions fascisantes d’inspiration violente.

Sator : Quand vous pensez à éco-terrorismes, vous pensez bien évidemment aux incendies de préfectures, aux attaques des bureaux de ministre de l’écologie, menées par la FNSEA ? Quand à penser que laisser vivre et tenter de protéger les petits oiseaux est chose inutile, je préfère m’abstenir de qualificatif…

pm22 : lire ce livre :  » Écoterrorisme: Altermondialisme, écologie, animalisme » de DENECE ERIC et ABOU ASSI JAMIL.

Louzoufall : Puisqu’on en est à conseiller des lectures… je vous conseille la lecture de « silence dans les champs » de Nicolas Legendre ou bien « La Forteresse agricole : Une histoire de la FNSEA  » de Gilles Luneau.

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Ecoterrorisme, les écologistes sont-ils coupables ?

extraits : Dans le livre d’Eric Denécé et Jamil Abou Assi (2016), il suffit d’approuver ce qu’ils condamnent  pour mieux appréhender notre futur commun :

– Beaucoup d’écolos défendent des idées pour le moins simplistes : nous mangeons trop de viande ; les élevages produisent trop de CO2 ; la faune et la flore doivent être protégées, quelles que soit les espèces ; il n’y a aucun mammifère, ni aucun insecte nuisible ; la vie humaine ne vaut pas mieux que la vie animale ; etc.

– Un ensemble d’axiomes domine une pensée unique : transports et déplacements doivent être limités au rigoureusement indispensables ; la ville doit être compacte ; le CO2 est l’ennemi numéro 1 de la planète ; le réchauffement climatique est à 100 % anthropique ; l’eau doit être économisée quel que soit le lieu géographique ; l’expansion économique doit être strictement limitée aux besoins vitaux ; la société de consommation ne peut pas être généralisée aux pays émergents ; etc.

Les écoterroristes, une invention des anti-écolos

extraits : « Des fanatiques voulant réduire la population de la planète pourraient trouver dans la contamination de la chaîne alimentaire un moyen d’atteindre leurs buts… Le risque n’est pas à négliger. » Ainsi se termine le livre d’Eric Denécé et Jamil Abou Assi, « Écoterrorisme, de la contestation à la violence ». On ne peut pas mettre dans la même case le terrorisme islamique et des militants qui pratiquent la désobéissance civile ou qui font œuvre de lanceurs d’alerte. Il n’y a d’ailleurs aucun fait de la part des écologistes qui puisse porter à « terreur ». Ce mouvement est partisan de la non-violence, de l’appel à la prise de conscience….

Le terrorisme islamique, plus visible que l’écoterrorisme

extraits : Mino avait appris tant de choses. Et il avait enfin un but : tuer. Il avait compris qu’il n’y aurait plus jamais de grandes guerres mondiales comme par le passé. Il avait compris qu’il n’y aurait plus de grandes guerres mondiales comme par le passé. Mais une autre guerre était en marche : le terrorisme systématique contre ceux qui avaient le pouvoir de détruire, d’empester et d’oppresser, contre ceux qui n’avaient pas compris l’importance des déplacements des fourmis, la communication sensible des feuilles, la perception exceptionnelle des animaux et la nécessité des concepts environnementaux. Il avait appris qu’il y avait des écosystèmes, des chaînes d’événements assemblées et forgées au cours d’un lent processus ayant duré des millions d’années. Et que ces chaînes avaient été brutalement rompues par une course aveugle aux profits à court terme. Il n’y avait pas de grâce à accorder. Il ne pouvait pas y avoir grâce….

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CHINE. 1,4 milliards et ça ne suffit pas !

La première fois, l’employée du comité de quartier voulait savoir si elle prévoyait d’avoir un enfant. La deuxième fois qu’on l’a appelée, on lui a tout de suite demandé quand elle avait eu ses dernières règles. Ensuite on voulait savoir si elle avait des animaux de compagnie : « Attention, il y a des risques de transmission de la toxoplasmose ».

De plus en plus de Chinoises en âge de procréer reçoivent ce type d’appel de l’administration locale. Devons-nous garder la liberté de procréer… ou non ?

Harold Thibaut  : Entre 1980 et 2016, la politique de l’enfant unique en Chine a interdit d’avoir plus d’un enfant. Mais l’indice de fécondité, le nombre d’enfants par femme, est tombé à 1,09 en 2022 alors que le niveau pour maintenir une population stable est de 2,1 enfants. Une étude prospective des Nations unies, le World Population Prospects, concluait en juillet 2024 que la population chinoise baissera de plus de 200 millions de personnes entre 2024 et 2054, puis que, à l’horizon 2100, elle pourrait avoir chuté de plus de moitié par rapport à son niveau actuel de 1,4 milliard.

Ce déclin démographique s’avérera lourd de conséquences. Le paiement des pensions de retraite dans une pyramide démographique inversée sera un défi, la baisse de main-d’œuvre mettra les revenus fiscaux à l’épreuve, tandis que l’économie sera affectée par la perte du « dividende démographique » qui veut qu’une population dynamique en âge de travailler bien plus nombreuse que le nombre de dépendants connaît la croissance économique. Sur les murs, les slogans du passé tels « Avoir juste un enfant est bien !  » ont été remplacés par d’autres : « Les frères et sœurs sont le plus beau cadeau que les parents peuvent faire à l’enfant !  » ou « Avoir un ou deux enfants est bien, pourquoi pas un troisième ! »

Le point de vue des écologistes malthusiens

Harold Thibaut aurait pu dire aussi que 1,4 milliards de Chinois, c’est beaucoup trop et donc le fait que les couples veulent moins d’enfants est une bonne nouvelle. Il aurait pu dire que le chiffre de 2,1 enfant pas femme ne veut pas dire que le renouvellement d’une population au même niveau est une bonne ou une mauvaise chose, tout dépend de l’avenir que les ressources limitées de la planète vont donner aux générations futures chinoises. Il écrit à juste titre qu’avoir un enfant est un luxe, mais il aurait du ajouter que ce n’est pas seulement au niveau des considérations financière, mais surtout au fait que faire un enfant supplémentaire sur une planète surpeuplée et consumériste ne peut que dégrader davantage une biosphère qui n’en a certes pas besoin. Enfin la démographie ne peut pas être une course entre l’Inde et la Chine pour savoir qui sera numéro un mondial : les deux sont des puissance nucléaires, on n’a plus besoin de chair à canon pour se faire la guerre.

Faire des enfants surnuméraires n’est pas un cadeau qu’on fait, ni aux générations  futures, ni à la biodiversité !

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28/11/2005 Un passage obligé

Avec 6 milliards d’humains et bientôt 9 ou 10 en 2050 contre seulement 1,6 milliard il y a cent ans, la question de la population mondiale tient une place centrale. L’impact de l’emprise humaine accélère l’érosion des sols, épuise les nappes phréatiques, engendre des épandages de poisons, engloutit les dernières ressources non renouvelables. Aucune innovation, cultures hors sols, nouveaux modes d’irrigation ou même solution soft du type régime végétarien (qui économise les protéines animales) ne pourront véritablement inverser la tendance. Reste donc à agir sur la démographie. Certains s’excitent déjà et crient à la barbarie devant la norme de l’enfant unique en Chine. Mais il n’y a pas d’alternatives acceptables, le nombre d’enfant ne peut plus rester un choix régalien de couples plus ou moins conscients de leurs responsabilités familiales et collectives : quand tout le monde sait qu’on doit respecter la règle commune, tout devient normal, surtout la régulation des naissances.

En 1971 Paul Ehrlich écrivait la bombe P dont l’idée directrice était la suivante : pour désamorcer l’expansion de la population humaine, il faudrait une limitation stricte des naissances. C’était une actualisation des thèses malthusiennes de la fin du XVIIIe siècle, pour la biosphère cela reste toujours d’actualité au début du XXIe !

30/11/2005 Contre la liberté de procréer

La Chine compte aujourd’hui plus de 1,3 milliard d’individus alors qu’elle avait pris les devants en prônant le modèle de l’enfant unique. En vingt ans, cette politique a permis d’éviter 300 millions de naissances, mais malheureusement elle a aussi dressé beaucoup de gens contre l’Etat. Aussi en 2002 l’Assemblée nationale populaire a voté une loi assouplissant la régulation des naissance parce que les espaces de liberté gagnent du terrain dans un pays où la croissance économique s’accompagne désormais d’une libération de l’initiative individuelle. Les couples sont donc autorisés à avoir plusieurs enfants à condition de payer une « taxe sociale de compensation », soit 600 euros. Cette somme élimine du « libre » choix les paysans et autres catégories défavorisées qui sont incapables de débourser cette taxe puisqu’elle représente trois ou quatre fois leur revenu mensuel.

La biosphère pense que les 7000 chinoises dans l’est de la Chine qui ont été stérilisées de force par des agents du planning familial entre mars et juillet 2005 parce que les quotas démographiques avaient été dépassés représentent un meilleur exemple des politiques à suivre qu’une sélection démographique par l’argent qui laisse aux riches la possibilité de faire autant d’enfants qu’ils le désirent, et aux pauvres seulement la recherche désespérée d’une ascension sociale. En effet la capacité de charge de la planète est dépassée, les riches comme les pauvres doivent se rendre compte de gré ou de force que le droit de procréer n’est pas une liberté inaliénable… que ce soit en Chine ou ailleurs !

02/01/2007 : Démographie, la France ou bien la Chine ?

– En France, il est rare que nous puissions avoir un débat sérieux sur la régulation démographique. 

– En Chine, le malthusianisme est constitutionnalisé dans l’article 25 et justifié ainsi : « L’État encourage la planification familiale pour assurer l’harmonie entre la croissance démographique et les plans de développement économique et social ». N’est-ce pas là une attitude raisonnable ?

11/09/2023 : Surpopulation en Chine, une idée tabou ?

extraits : Entre 1950 et 1970, la population est passée de 540 millions à 800 millions pour dépasser le chiffre vertigineux de 1,4 milliards de personnes en 2020. La densité est élevée, de 150 hab./km² pour une moyenne mondiale de 60 hab./km². Ce pays dispose de 10 % de la superficie cultivable mondiale, mais doit nourrir 18 % de la population mondiale.

La croissance chinoise, à base de charbon et d’exportations, est extrêmement fragile, avec des conséquences déjà très négatives au niveau social et environnemental. Le chômage devient structurel. Le chômage des jeunes est tellement haut que les autorités ont arrêté d’en publier les chiffres en août 2023, après un record atteint en juin à 21,3 %. Les exportations ont aussi reculé de 14,5 % en juillet, tandis que la consommation stagne. L’immobilier ne cesse de chuter, avec une baisse des ventes de 34 % en août, et plusieurs grands promoteurs, comme Evergrande et Country Garden, sont au bord de la faillite, risquant d’emporter dans leur chute des institutions financières….

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L’industrie des armes prospère sur des cadavres

Où qu’on tourne son regard, on trouve peu de régions du monde épargnées par une guerre ouverte, un conflit gelé ou des tensions inquiétantes. La production d’armement ne s’en est jamais aussi bien portée depuis la guerre froide. Homo demens remplace l’Homo sapiens.

Jean-Michel Bezat : En 2023, le chiffre d’affaires des 100 premiers groupes de défense a progressé de 4,2 % en termes réels pour atteindre 632 milliards de dollars (environ 600 milliards d’euros)41 sociétés établies aux Etats-Unis ont totalisé la moitié de l’activité (317 milliards de dollars). 27 groupes européens retenus affichent 133 milliards de dollars de chiffre d’affaires En Russie, l’activité des deux entreprises du panel a explosé (+ 40 %), pour l’essentiel due au conglomérat public Rostec (+ 39 %), et atteint 25,5 milliards de dollars.La Chine a marqué le pas avec 103 milliards de dollars (+ 0,7 %), réalisés en partie par trois sociétés dans les dix premières mondiales, l’Inde, dont les trois principaux groupes ne totalisent que 6,7 milliards de dollars. L’UE subventionne l’industrie de défense à hauteur de 1,5 milliard de dollars (2025-2027).

source : rapport du Sipri (Institut international de recherche sur la paix de Stockholm )

Le point de vue des écologistes pacifistes

On hallucine. Dans cet article, aucune critique de l’industrie des armes. On dirait que le monde entier se satisfait d’une course aux armements où c’est à celui qui produira le plus possible de moyens de tuer qui arrivera grand gagnant.

Étonnant que cet article du MONDE n’évoque pas un principe alternatif à la vulgate « si tu veux la paix, prépare la guerre ». Nous pourrions pourtant, si nous étions intelligent, favoriser l’idée « si tu veux la paix prépare la paix. » L’application est simple, faire la promotion à tous les niveaux (individuel et gouvernemental) de l’objection de conscience, le refus en toutes circonstances de l’usage collectif des armes. Si la France et l’UE indiquaient aussi qu’on va mettre toutes nos forces armées au service de l’ONU (et pas de l’OTAN), un grand pas vers le transnationalisme et la paix dans le monde serait accompli… et l’industrie des armes ferait faillite.

Rappelons que l’objectif organisationnel du SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute) est de mener des recherches scientifiques sur les questions de conflit et de coopération importantes pour la paix et la sécurité internationales, dans le but de contribuer à la compréhension des conditions d’une solution pacifique des conflits internationaux et d’une paix durable. Comptabiliser les armes n’est pas son objectif principal !

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Armée ou défense civile non violente ?

extraits : Non seulement le système de la défense armée classique paraît inapte à protéger le territoire et la population, mais, fait plus grave encore, il accroît les risques de guerre. En effet, pour assurer son indépendance militaire, une nation doit produire, dans la mesure du possible, son propre armement. Or les armes modernes sont extrêmement coûteuses et leur production n’est rentable qu’à condition d’en vendre une grande part à l’étranger, ce qui a pour effet d’accroître la fréquence des conflits, leur violence potentielle et leur durée…

exportation d’armements, inconscience humaine

extraits : Toute vente d’armes à des pays tiers est une erreur stratégique, toute intervention militaire à l’extérieur des frontières est une erreur tactique, toute résolution des conflits par la force armée ne résout d’aucune manière les problèmes de fond : surpopulation, absence d’autonomie alimentaire, inégalités sociales croissantes, extrême dépendance aux ressources fossiles, multiplication des conflits armés sur une planète exsangue… Une des revendications de l’écologie politique devrait être l’arrêt des exportations d’armement, de façon unilatérale pour la France puisqu’il ne faut pas s’attendre à ce que les autres commencent. Nous n’avons pas connaissance d’un seul des programmes de la présidentielle 2017 qui aborde de près ou de loin ce domaine militaro-commercial….

Décroissance, Démilitarisation, Désarmement

extraits : dans un monde où la télécommunication met en présence les individus de tous les pays, à l’heure où des instances internationales sont institutionnalisées et se coordonnent progressivement, un monde de paix et sans armées devient possible. Ce n’est pas la tendance actuelle. Dans notre monde déjà surarmé, on ne parle donc que d’en rajouter, des missiles, des porte-avions, des drones, du nucléaire, etc.…

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ils sont fous ces humains (juin 2010)

extraits : Les humains n’arrêtent pas de se bouffer entre eux, on envahit l’Irak sur la foi de mensonges, on asphyxie la bande à Gaza pour sauvegarder un territoire prétendument dévolu par dieu au peuple juif, on s’arme à tout va. Le Sipri (Institut international de recherche pour la paix de Stockholm)  estime dans son dernier rapport annuel de 2010 que la planète de l’homo demens a atteint un nouveau sommet dans les dépenses militaires, 1531 milliards de dollars. La France gaspille à elle seule 63,9 milliards de dollars…pour rien ! Depuis le début du XIXe siècle, l’histoire de la France offre une impressionnante série d’échecs de la défense militaire….

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COP climat, biodiversité, désertification !!!

Il y a autant de COP que de traités onusiens sur l’environnement. Acronymes de Conference of the Parties, elles en sont les organes de décision. Hasard du calendrier, la COP16 sur la biodiversité, COP29 sur le climat et COP16 de lutte contre la désertification ont eu lieu toutes trois en cette fin d’année 2024. On sépare les problèmes alors que l’efficacité des actions à mettre en place face à ces menaces globales dépend de la prise en compte des interactions. De toute façon, après les échecs sur la biodiversité et sur le climat, la convention des Nations unies réunie à partir du 2 décembre 2024 à Riyad(Arabie saoudite) n’a aucune chance d’aboutir à quoi que ce soit.

Guillaume Delacroix (1er décembre ) : La COP16 va durer deux semaines et maintenir les projecteurs braqués sur les problèmes étroitement imbriqués les uns aux autres auxquels est confrontée la planète. La désertification concerne tout le monde, car elle englobe l’avancée des déserts, certes, mais aussi la dégradation des sols et leurs pertes de fertilité, posant la question de la ressource en eau et de la sécurité alimentaire. Sur les 197 pays participant à la COP, 169 se sont déclarés affectés à ce jour. Actuellement, environ 2,3 milliards de personnes vivent dans des zones arides, soit 30,9 % de l’humanité. L’objectif affiché de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) suppose de restaurer 1,5 milliard d’hectares dans les six ans qui viennent, alors que plus de 100 millions d’hectares de terres saines et productives sont dégradés par l’homme chaque année, à travers la déforestation et les pratiques agricoles inadaptées. L’agriculture est responsable de 23 % des émissions de gaz à effet de serre, de 80 % de la déforestation et de 70 % de l’utilisation de l’eau douce. La France de Macron préfère « un cadre souple » plutôt qu’un nouveau texte risquant de « disperser » les efforts et les financements déjà fléchés vers la lutte contre le changement climatique….

Guillaume Delacroix (3 décembre) : Dans l’enceinte de la COP16 consacrée à la désertification, la France a créé la surprise en annonçant rejoindre la liste des pays déclarés affectés par la sécheresse et la dégradation des sols, sur laquelle figurent déjà 169 autres Etats, sur les 197 parties à la Convention des Nations unies sur la désertification.

Jean-Luc Chotte, président du Comité scientifique français sur la désertification : « Pendant longtemps, l’Europe ne s’est pas sentie concernée par la désertification, mais les choses bougent. Les Européens prennent conscience que ce qu’ils consomment chaque jour a des incidences sur les terres agricoles et le climat, à des milliers de kilomètres. Et ils sont en train de découvrir que les sols se dégradent aussi chez eux. L’aridité progresse à cause du changement climatique. La dégradation des sols est également due à l’agriculture intensive, qui appauvrit la biologie et la chimie des terres, et finit par les éroder. Le principal facteur indirect de la dégradation des sols est la consommation, qui porte de plus en plus sur des produits agricoles intensifs non durables, fabriqués loin de ceux qui les consomment. »

Nos articles synthétiques sur les trois COP

La COP15 et l’inexorable désertification

extraits : La COP15 contre la désertification s’est achevé le 20 mai 2022 à Abidjan sans résultat probant alors que la moitié de la population mondiale est affectée par le phénomène. Les délégués des 196 États membres de cette convention des Nations unies se sont séparés avec comme seul objectif, se réunir à nouveau l’an prochain. Notez que la Côte d’Ivoire, le pays hôte de la conférence, a perdu en l’espace de soixante ans près de 90 % de son couvert forestier en raison de la culture intensive du cacao, dont elle exporte quasi intégralement les fèves à l’étranger. Déguster sa tablette de chocolat a un prix que le consommateur ne paye pas la désertification….

COP16 sur la biodiversité, l’impuissance

extraits : Le nouvel « indice planète vivante », publié par le Fonds mondial pour la nature (WWF), reflète le déclin continu de la biodiversité à quelques jours de l’ouverture de la COP16 (16e conférence mondiale pour la biodiversité), en Colombie. Et en novembre nous aurons la COP29 sur le climat … cela nous fait une belle jambe !Dans nos sociétés où partout suintent le racisme et la xénophobie, demander la considération pour un pachyderme ou un insecte est mission désespérée. Comment convaincre les hommes que le salut est aussi dans le respect sans faille de la biodiversité, que l’unicité de la nature ne vaut que par la pluralité de ce qui la compose ?….

COP29, les actes sont contraires aux objectifs

extraits : La prochaine conférence mondiale sur le climat, la COP29, se tiendra à Bakou, en Azerbaïdjan, du 11 au 22 novembre 2024, 29 années sans rien faire de sérieux.  Or le climat ne répond pas aux discours, mais aux actions. Fin octobre 2023, les températures moyennes de l’année en cours étaient déjà supérieures de plus de 1,34 °C à la moyenne des températures du XXe siècle, et de 1,54 °C par rapport au XIXe siècle. L’année 2024 est en passe de se classer comme la plus chaude jamais enregistrée, canicules et inondations meurtrières se multiplient… Tant que les intérêts humains à court terme passeront avant le nécessaire équilibre à long terme de la planète, nous jouerons au jeu quelques gagnants dans l’immédiat, tout le monde perdant en fin de partie….

Nos articles les plus anciens sur la désertification

27.10.2005 Substitution ou coopération ?

Une grande partie du développement de la société industrielle a été basée sur la technique de substitution entre facteurs de production (travail, capital technique et ressources naturelles) et la plupart des économistes extrapolent cette expérience passée pour prédire l’avenir : l’agriculteur fera des cultures hydroponiques après la désertification, le forestier cultivera des graminées à la place des forêts disparues, on changera de profession ou on émigrera au Nord. L’autre conception recherche la coopération avec la Nature et non la substitution anthropocentrée. Ainsi la nouvelle norme FSC (Forest Stewardship Council) pour une certification d’opérations forestières dans la forêt boréale exige non seulement le respect des conditions de travail mais aussi celui de la pérennité de la ressources, le maintien des écosystèmes et la sauvegarde des communautés locales. Il est clair que la Biosphère ne pourra longtemps garder son intégrité si c’est la première tendance qui continue à faire la loi !

4.12.2005 Tous malthusiens !

On se rend compte aujourd’hui qu’on peut de moins en moins agir sur la production alimentaire : les terres cultivables le sont maintenant dans leur presque totalité et les modes de production deviennent même dangereux : il y a une désertification des sols, l’eau commence à manquer pour l’irrigation, les pesticides s’accumulent dans la chaîne alimentaire, les ressources halieutiques voient leurs stocks diminuer… Il faudrait donc comme le voulait Malthus agir sur la fécondité humaine : la contraception pour tous et un seul enfant par couple, la Biosphère vous remercie.

COP climat, biodiversité, désertification !!! Lire la suite »

Les loups entre la vie et la mort

Quasiment éradiqués d’Europe de l’Ouest au milieu du XIXe siècle, les loups sont désormais présents dans quasiment tous les pays de l’Union. Selon les dernières estimations, environ 23 000 loups sont présents dans l’UE, contre environ 11 000 en 2012, mais la hausse de la population ne suffit pas encore à justifier un état de conservation favorable. Pourtant ils devraient perdre leur statut d’espèce « strictement protégée » au sein de la convention de Berne, un traité de référence pour la protection de la faune et de la flore d’Europe signé en 1979.

Quand les humains auront éradiqué tout ce qui ne sert pas à leurs intérêts immédiats, que leur restera-t-il pour se sentir vivant ?

Perrine Mouterde : Réunis à Strasbourg le 3 décembre 2024, les 50 Etats membres de la convention de Berne ont voté pour un abaissement du niveau de protection des loups. Il v passer d’espèce « strictement protégée » à « protégée », ce qui n’a jusqu’ici jamais été fait pour aucune espèce. Ce déclassement était réclamé par les représentants des éleveurs et des agriculteurs, qui dénoncent une pression trop forte exercée par le prédateur. Ursula von der Leyen s’était emparée du dossier en septembre 2023. « La concentration de meutes de loups dans certaines régions européennes est devenue un réel danger pour le bétail et, potentiellement, pour l’homme. » De nombreux experts ont pourtant rappelé que la proposition de déclassement ne reposait sur aucune base scientifique. L’efficacité des abattages ciblés sur la réduction des dommages n’a jamais été démontrée. Des appels à déclasser l’ours, le lynx, mais aussi le cormoran ou le choucas des tours ont déjà été formulés.

Un débat entre la vie et la mort des loups

Michel SOURROUILLE : Qui pourra nous débarrasser du prédateur suprême qui ose lui-même se déclarer comme espèce « Homo sapiens » alors que c’est l’animal le plus féroce d’entre tous, qui tue sans discernement et sans réel besoin même à l’intérieur de sa propre espèce ?

Djiji : Combien coûte un loup en France ? J’avais calculé plus de 50000€ ( prix des remboursements des éleveurs et des équipes qui doivent les effaroucher ou les tuer nuitamment..)

dies olé sparadrap : Et vous, combien coûtez-vous? Êtes-vous utile à l’écosystème?

Mathilde Jamois : Dans certaines zones des Pyrénées la situation est déjà critique avec l’ours et ce sera bien pire avec le loup. Là où les animaux sauvages sont trop présents, plus personne ne veut aller dans les estives, la forêt revient, le paysage se ferme. Des siècles de paysannerie avaient créés ces prairies naturelles riches en biodiversité et puits de carbone, un système vertueux de polyculture élevage, des campagnes vivantes et saines.

Artemis purple : 15 millions de bovins, 14 millions de cochons, 8 millions de chiens et 7 millions d’ovins en France . Seulement 800 loups. Il y a trop de loups ? Les humains sont vraiment détestables.

EPFL : Et pourquoi devraient-ils prendre des mesures de protection, si on peut se débarrasser de ces bestioles ? On peut très bien vivre sans, on l’a fait pendant plus d’un siècle.

Escorailles : C’est l’histoire qui se répète puisque les éradicateurs avaient déjà presque réussi il y a 1 siècle. Tout ça maintenant à cause du poney de Von Der Layen, mangé par un loup il y a deux ans. L’article ne le signale pas mais c’est réel. L’alliance de Ursula VDL avec les mouvements d’extrême droite des syndicats agricoles arrivent à leurs fins. Seul le rendement compte quitte à tout détruire autour de soi, et évoquer un danger pour les populations, ça rappelle la politique vis à vis de l’immigration !!!

Jerry Fules : Il faut savoir raison garder. Le loup passe de « strictement protégé » à « protégé ». Ce n’est donc pas son éradication qui a été décidée, mais la limitation de son expansion

SansVisages : « La Suède a déjà annoncé qu’elle entendait faire passer sa population de loups d’environ 375 à 170 individus. » La Suède, c’est 10 540 000 humains en 2023, soit plus de 23 personnes au km². Contre 170 loups pour 450 000 km2… Réfléchissons un peu !

Captain Cap : Les loups, à quoi servent-ils ? On s’en est passé pendant plus d’un siècle et on n’a que des problèmes depuis que les citadins ont décidé qu’ils étaient indispensables… loin de chez eux, naturellement. Une décision d’éradication serait la bienvenue.

JeffH93 : Si le critère d’utilité doit définir à l’avenir ce qui mérite de vivre ou de ne pas vivre, je crains que l’homme ait fort à perdre… vous en premier peut-être ?

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Nos amis les loups en ligne de mire

extraits : La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a ouvert la voie le 4 septembre 2023 à une possible révision du statut de protection de cet animal : son propre poney, Dolly, a été tué par un loup en septembre 2022 ! Exemple frappant de l’animal domestique choyé au détriment de l’espèce sauvage….

La FNSEA n’aime pas les loups

extraits : On constate que le plan national d’actions n’est plus un plan de préservation mais un plan de régulation. C’est du jamais-vu, il met en avant tous les bienfaits du pastoralisme et tous les méfaits du loup, mais jamais l’inverse. De toute façon les éleveurs n’ont rien à dire, la collectivité les aide. En cas de pertes « directes », c’est-à-dire si un animal du troupeau est tué, les indemnisations sont revalorisées avec une augmentation de 33 % pour les ovins et de 25 % pour les caprins. La FNSEA à obtenu du gouvernement de stopper la diminution des pesticides, de supprimer des lois environnementales, de toucher plus de subventions, de ne plus payer d’impôts sur la vente de leur entreprise, de payer moins cher le carburant, de confisquer l’eau et maintenant de supprimer les OFB du contrôle et de flinguer les loup, ce magnifique animal . Si ça continue, la FNSEA viendra bientôt se vautrer dans mon canapé et manger mon pop-corn….

Fécondité des loups, fécondité des hommes

extraits : En France, 1 104 loups en 2023 pour 67 millions d’humains : cherchez l’erreur ! Le problème essentiel est que l’espèce homo sapiens s’est propagée au détriment de presque toutes les autres. Que diraient les Français si leur taux de mortalité provoquée était fixé « à 19 % de la population totale » et qu’on pouvait tirer à vue le surnombre avec des lunettes à visée nocturne. Quel est le seuil de viabilité de cette espèce d’hominidé qu’on devrait respecter : environ 500 individus, ou 2500 individus sexuellement matures ? Notez que l’humain et le loup se ressemblent, ils chassent en meute. Ce sont des prédateurs en haut de la chaîne alimentaire qui doivent en conséquence réguler leur population en proportion des ressources à leur disposition. Le loup limite sa reproduction au seul couple dominant de la meute pour ajuster ses effectifs aux ressources disponibles. Quand les proies se font rares, la meute reste parfois deux ou trois ans sans mises bas !

Les arbres et les loups, à aimer tous deux

extraits : La nature subit impassible la puissance de nos coups par fusils ou tronçonneuses interposés. Nous avons maintenant le choc en retour, extinction de la biodiversité et réchauffement climatique… On ne récolte que ce qu’on a semé.…

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Agribashing, ras-le-bol de l’écologie

L’ambiance change, le ras-le-bol contre l’écologisme se généralise. Nous avons rencontré hier un petit éleveur de volaille bio, il est considéré maintenant comme un méchant alors que son intention était l’inverse. Voici la synthèse d’un article du MONDE qui fait le point sur l’agribashing, une formule de manipulation qui a marché. Et bien sûr notre approfondissement sur ce blog biosphere.

Stéphane Foucart : Une centaine d’agriculteurs murent l’entrée de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), dont ils demandent la fermeture. Au même moment, d’autres font de même devant l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Dans un tweet stupéfiant, la ministre de l’agriculture, Annie Genevard, a apporté un soutien de fait à ces actions : « En manifestant tôt ce matin devant l’INRAE et l’ANSES, dans le calme et avant l’arrivée des salariés, les agriculteurs ont exprimé leurs attentes immenses vis-à-vis de la recherche et des scientifiques pour trouver des solutions aux défis gigantesques de notre agriculture. Je partage leur sentiment d’urgence face au changement climatique et à l’impérieuse nécessité de continuer à nourrir les Français avec le produit de nos fermes. »

Au lieu d’engager les transformations nécessaires du modèle agricole dominant, le pouvoir politique n’a eu de cesse de se défausser et de reporter la responsabilité des difficultés rencontrées sur des tiers. Qui montre-t-on du doigt ? L’Union européenne, les écologistes, la police de l’environnement, les « surtranspositions » de règles communautaires édictées par l’Anses, l’orientation des travaux de l’Inrae vers une agriculture « bio-bobo », etc. C’est le gouvernement d’Edouard Philippe qui a gravé dans le marbre, en octobre 2019, cette stratégie de la distraction en reprenant à son compte un concept forgé par les communicants de l’agro-industrie, l’« agribashing ». Ce terme et son utilisation abusive ont eu un effet performatif. Tout est devenu « agribashing ». Toute remise en question de certaines pratiques, le simple constat de leurs graves externalités comme la disparition des insectes, des oiseaux, des paysages, la contamination généralisée des ressources d’eau potable : tout est perçu comme une forme de dénigrement des agriculteurs. Ces discours sans cesse martelés maintiennent le monde agricole dans une posture d’éternelle victime des défenseurs de l’environnement, tout en occultant le fait que la technologie ne fera pas de miracles dans un monde au climat détraqué, où les pollinisateurs ont été décimés, où les sols, lessivés et contaminés, ont perdu leur fertilité et leur capacité à filtrer l’eau et où les épizooties, dopées par la perte de diversité génétique dans les élevages, sont vouées à se répéter.

Non seulement les normes protègent l’environnement et la santé (et d’abord celle des exploitants), mais elles sont l’unique argument pour s’opposer à un accord entre l’Union européenne et le Mercosur. Lorsque les normes auront disparu, plus rien ne s’opposera à un libre-échange débridé, et les agriculteurs réaliseront, mais un peu tard, qu’ils ont été trompés.

Le point de vue des écologistes

Un commentateur sur le monde.fr, Jessv, pose le problème de fond : « Les agriculteurs conventionnels attendent impatiemment le jour où un politique dira aux citoyens : « Nous allons rehausser les normes pour le bien être animal et l’élevage des poulets. Ceci aura plusieurs conséquences : nos exportateurs vont être en difficulté, car ils seront en concurrence avec des pays producteurs moins regardants qui exportent vers des pays consommateurs moins regardants. Pour les consommateurs sur le marché intérieur, le poulet va nettement augmenter car bien entendu nous allons interdire les importations des pays tiers ne respectant pas nos normes, y compris pour la fabrication des plats préparés. Certains consommateurs ne pourront plus se payer de poulet. Il leur faudra se rabattre vers d’autres sources de protéines, plutôt végétales, voire les insectes ». Voilà un vrai discours de politique qui assume ses choix. On attend toujours… »

Les menaces qui deviennent des réalités, réchauffement climatique, stress hydrique, stérilisation des sols, épuisement des ressources fossiles nous obligent à faire l’inverse des politiques précédentes : moins de libre-échange, moins d’agriculture productiviste, plus d’efforts, plus d’agent consacré à se nourrir, sobriété énergétique, limitation des besoins, etc. Ce n’est pas d’une transition écologique dont il s’agit, mais d’une rupture totale avec le système thermo-industriel.

Nos articles antérieurs sur le bashing

Eva Joly, bashing* ou chance pour la France ?

extraits : Le Eva bashing fait rage cette femme subit vacheries après vacheries lors de la présidentielle en 2012, sur son accent, sur ses lunettes, sur son origine… Cet ostracisme envers Eva Joly est en fait une manière de se venger des écologistes. Comme le discours de vertu de l’écologie paraît légitime, on le discrédite indirectement en raillant la personnes d’Eva. Une forme de racisme, de recherche du bouc émissaire pour se laver de ses propres péchés. Et puis il y a le défaut originel des médias, chercher la petite phrase qui va faire le buzz, cultiver l’insolence pour mieux cacher son propre côté ringard….

* Bashing, Expression anglaise venant du verbe « to bash » signifiant « frapper » ou « cogner ». Par exemple le Québec bashing est une attitude systématique de dénigrement du Québec.

HULOT-BASHING, une dure épreuve

extraits : On m’a reproché beaucoup de choses, d’avoir conseillé à Jacques Chirac de constitutionnaliser la Charte de l’environnement, d’avoir poussé Nicolas Sarkozy à engager le Grenelle de l’environnement, d’avoir été pendant trois ans l’envoyé spécial de François Hollande pour la planète, d’avoir piloté des émissions grand public tournées vers l’amour de la nature et la considération des sociétés premières, d’avoir tenté de sensibiliser de grandes entreprises à agir pour l’écologie, d’avoir affirmé que l’écologie n’était ni à droite ni à gauche, mais bien au-delà, d’avoir rencontré Bayrou, le pape François… ou Macron. Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage ! Je suis sidéré par la violence étalée sans vergogne…. 

Agribashing et retour à la paysannerie

extraits : « Agribashing » , le mot n’est pas vieux, deux ans à peine, une mise en cause massive et généralisée qui revient à contester en bloc les pratiques agricoles, l’utilité sociale des agricultures et jusqu’à leur existence agro-industrielle. Car disons-le tout net, l’agriculture industrielle est devenue démentielle… Mais comment faire passer en quelques années seulement la population active agricole de 2 % comme actuellement à 36% comme cela était en 1946 ? Tel est le dilemme posé par la conversion écologique et le retour à une paysannerie de polyculture….

Nos articles antérieurs sur la paysannerie

9 février 2016, pour un retour des paysans contre l’agriculture industrielle

15 mars 2014, semences paysannes contre marchandisation de la vie

26 janvier 2013, Un modèle pour l’écologiste, le paysan Paul Bedel

24 novembre 2012, Paul Bedel, Testament d’un paysan en voie de disparition

22 août 2009, tous paysans en 2050

25 mars 2009, le retour des paysans

9 octobre 2008, paysans de tous les pays, unissez-vous

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le revenu médian des Français, trop élevé !

Nous avons reçu cette contribution qui porte à réfléchir.

C’est un débat entre écolos qui montre que dans le parti qui les rassemble, la notion de limites biophysiques n’existe pas encore pour la plupart des membres.

Yves : Alternatives Économiques publie ce 1er décembre un graphique (source Eurosat) qui montre que le revenu médian en France régresse depuis 2010 et tout particulièrement depuis 2018. Merci Macron qui nous fait descendre en queue de classement des pays européens.

Jason : La France n’en reste pas moins au dessus de la moyenne de l’UE et de la zone euro. Je précise. Si on fait une lecture rapide de l’article d’alter-eco on peut avoir l’impression que la Roumanie a le salaire médian le plus élevé, alors que faire une grosse augmentation parait plus facile en pourcentage quand le salaire médian est très faible au début de la période observée. Ça n’en reste pas moins inquiétant que nos concitoyens s’appauvrissent en moyenne et en médiane depuis une décennie…

Marie : Un salaire médian, ça devrait suivre l’augmentation du coût de la vie. Les prix variables de la SNCF et autres,  y en a marre, une chose a un coût quelle que soit la demande. Que des rabotages sur les services publics ce n’est pas de la décroissance mais du sabotage et de l’austérité à relents idéologique de droite.

Nadine : Aujourd’hui, je suis devenue une aidante et je vous assure que les histoires de salaire médian me font rigoler jaune. Continuez à être inaudibles pour le commun des mortels et nous le subirons ce Rassemblement National.

Michel : Selon les données de l’Insee pour l’année 2019, le salaire médian en France s’élevait à 1 850 euros net. En tant qu’écologiste, il faudrait se demander si un tel niveau est supportable pour les capacités de la planète…

Yves : Un niveau de revenu élevé me semble au contraire utile pour préserver les capacités de la planète. En effet, si j’ai un bon revenu j’achète bio pour me nourrir, j’investis pour un logement à énergie positive, j’achète des vêtements durables, du matériel un peu cher mais réparable. Et au total, plus j’avancerai en âge, moins j’aurai besoin de travailler car j’aurai acquis un niveau de confort satisfaisant. Au contraire, si mon revenu diminue je vais abandonner la nourriture bio et me tourner vers la nourriture industrielle bon marché néfaste pour la planète et catastrophique pour ma santé ; pareil pour les fringues et les chaussures qui ne durent qu’une saison. Et au niveau de mon logement je vais me faire arnaquer avec une soi-disant isolation à 1€. Résultat, pour une piètre vie, je devrai me plier au report de l’âge de la retraite, avant de souffler un peu en mauvaise santé et en grelottant l’hiver ou en cuisant l’été.

Michel : On retrouve ici l’argument classique selon lequel il faut plus de croissance économique pour mieux financer la transition écologique. Cette option oublie tout simplement deux choses. Une croissance illimitée dans un monde fini est physiquement impossible et nous avons déjà dépassé les limites de la planète. Tout accroissement de revenu entraîne un impact écologique, y compris en termes d’extinction de la biodiversité. Si tout le monde vivait comme les Français, il faudrait en 2019 déjà 2,7 planètes pour subvenir aux besoins de l’humanité. Quant aux choix de consommation quand le revenu augmente, ce n’est pas généralement pour vivre écolo mais pour dépenser plus en superflu, poussé par une publicité qui modèle nos besoins, voiture, tourisme, parfums, etc. Il ne devrait pas être question d’augmentation ou de diminution des revenus, mais de combattre les inégalités de revenus, que ce soit au niveau national ou international. Un smicard en France possède un pouvoir d’achat énorme par rapport à d’autres pays, démesuré en termes de pillage des ressources naturelles. Si on est un écolo conscient des réalités, on accepte le report de l’âge de la retraite vu une pyramide des âges défavorable, ce qu’on appelle aussi vieillissement de la population. Il faut mettre des vêtements plus chauds pour ne pas grelotter l’hiver, mais aussi lutter contre le réchauffement climatique pour ne pas cuire l’été. Enfin pour favoriser l’espérance de vie en bonne santé, il faudrait penser aux possibilités de permettre le libre choix en matière de fin de vie. Une vie au prisme de l’écologie ne consiste pas à choisir la voie de la facilité.

Yves : Michel, juste une remarque, je n’ai jamais dit qu’il fallait plus de croissance.

Michel : Yves, augmenter les revenus ne peut se faire qu’avec plus de croissance du PIB,  sauf s’il y a inflation et alors le pouvoir d’achat n’y gagne rien. Je pense qu’il faut être réaliste et appeler un chat un chat..

Jacques : Je suis d’accord Michel que l’on peut vivre plus frugalement et plus sobrement, que la croissance n’est pas une solution, que c’est même le problème puisque les limites planétaires sont atteintes. Mais c’est la réduction des inégalités qui est primordiale, le gâchis criminel du modèle des super riches qui se gavent en faisant n’importe quoi, ne peut que générer frustration ou violence chez les plus pauvres, qui n’aspirent ainsi qu’à surconsommer dès qu’ils le peuvent… Quant à savoir si un revenu médian à 1850€ est trop élevé…. je ne crois pas, cela dépend tellement du lieu de résidence, si on a la chance d’en avoir une …. etc.

Marie : Que l’ industrie nous fournisse des objets de qualité, éthiques, recyclables, réparables, durables (sans obsolescence programmée). On est trop souvent condamné à jeter,  faute de possibilité de réparer. Et malgré la frugalité nécessaire, hors de question de se serrer la ceinture sur les livres, la culture et dans une certaine mesure au voyage qui est ce qui permet l’ouverture à l’autre, aux autres civilisations. Trop de gens racistes nationalistes parmi ceux qui n’ont jamais quitté leur village.

Michel : Ne faisons pas d’amalgame, il y a aussi plein de racistes dans les villes. Entre écolos, ne perdons pas de vue l’essentielle, le système capitaliste ne fait rien pour que notre mode de vie devienne souhaitable, vivable et durable.

Nadine : J’ai les moyens de payer les factures de fuel mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Et je n’ai pas les moyens de faire les aménagements écologiques de ma maison. J’ai milité souvent et depuis longtemps pour les Verts, EELV, les Écolos, l’union de la Gauche… mais même moi, j’arrive à être écœurée. Mes valeurs de gauche ne semblent plus guère faire écho et les gens de gauche se sabordent. Je suis triste, triste et désabusée. A ce rythme, je crois que je vais finir ma vie politique à l’extrême gauche et pas sûre que LFI suffise…

Bernard : Et d’autres, écœurés par les gauchistes et par les écolos, finissent au Rassemblement National…

conclusion: Lorsque nous échangeons une heure de notre labeur contre un produit dont la fabrication en nécessite dix, nous en volons neuf à quelqu’un. C’est une estimation très loin du compte : il faut 300 ans à un producteur de café colombien pour gagner l’équivalent du revenu médian français.

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Mayotte, l’eau manque et tout le reste

Un article qui n’évoque pas le problème démographique comme élément fondamental d’une pénurie n’est pas objectif. Ainsi du stress hydrique à Mayotte selon LE MONDE.

Jérôme Talpin : « Les quelque 320 000 habitants du département français situé dans le canal du Mozambique n’en ont pas fini avec les pénuries d’eau. La situation perdurera jusqu’à la mi-2026. A cette date, espère le syndicat mixte Les Eaux de Mayotte, doit entrer en service la seconde usine de dessalement d’eau de mer de l’île. Cette usine, d’un coût de 94 millions d’euros, doit produire plus de 10 000 mètres cubes d’eau potable par jour. Les installations actuelles produisent péniblement 39 500 mètres cubes par jour.

Mais l’usine va rejeter de l’eau plus que salées à l’intérieur d’un lagon presque fermé, et qui est l’un des plus beaux du monde. Autre critique mise en avant : les tuyaux reliant l’usine au lagon passeront dans la mangrove, qui va devoir être coupée. Le collectif « Un lagon sans poison ! » a lancé une pétition en ligne contre ce projet qualifié d’« écocide ».

Le point de vue des écologistes malthusiens

Lorsque la France prend possession de l’île de Mayotte, la population comptabilisée en 1843 ne dépasserait pas 3 000 habitants. Elle est passée de 11 000 habitants en 1911 à 320 000 en janvier 2024. De 2012 à 2017, la population s’accroît de 3,8 % par an en moyenne, soit un doublement en 18 ans seulement. La densité de population est particulièrement élevée., avec 690 habitants au km² En 2017, et déjà 829 hab./km² en 2023. En fait cette situation résulte surtout d’un flux migratoire ingérable. Plus de 40 % de la population est de nationalité étrangère en 2018, essentiellement comorienne en situation irrégulière ; 84 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

Beaucoup de commentaires malthusiens sur lemonde.fr

Effa : avant tout, il faut éviter la surpopulation, sinon il n’y aura aucune solution durable …

D.Guinard : Il serait plus que souhaitable de confronter de façon honnête ces problèmes récurrents de l’eau à Mayotte à la réelle population de l’île. On peut toujours « courir » après des solutions qui seront, quoiqu’il en soit, toujours insuffisantes.

Michel SOURROUILLE : « L’urgence est claire, c’est la crise de l’eau. Chaque année, on doit produire en plus approximativement 2 000 m3 d’eau, c’est juste ingérable. L’augmentation de la consommation d’eau progresse de 5 % par an à Mayotte. L’autre priorité, c’est la gestion des naissances. Dès l’école, il faut que les élèves réalisent ce qu’engendre, en termes de responsabilités et de coût financier, le fait d’avoir un enfant. C’est bien un facteur culturel qui détermine cette dynamique des nombreuses naissances. Il faut conscientiser la population sur ce que coûte réellement un enfant. Autre point : avoir un enfant c’est synonyme d’obtention de la nationalité française. Il faut que ce systématisme soit désancré des mentalités. Je pense sincèrement que lorsque la démographie et le recensement ne sont pas clairement définis, on ne peut avoir une vision claire de la consommation et donc des besoins à anticiper. Aujourd’hui, la base de tout, c’est la démographie.  » (dixit Saïd Omar Oili, sénateur de Mayotte)

jan aimar : avec le délire démographique, ce sera bientôt une île pelée, avec ou non d’usine de dessallement !!! Douce illusion des no-borders aveugles ne voyant pas la triste réalité.

Pilo001 : nulle part dans l’article n’apparaît la solution par la hausse du prix de l’eau. Pourtant c’est un moyen efficace de réduire la consommation. La hausse du prix pousse également à la récupération des eaux de pluie. Enfin il y a l’arrêt urgent de la croissance de la population.

Jacques_81 : Peut-être faut-il rappeler aux associations environnementales locales qui alertent sur les rejets de saumure que c’est la surpopulation qui est à l’origine de cette crise générale : 3000 habitants en 1843 quand la France s’y install, 25 000 en 1960 enfin environ 320 000 en 2023 !!! Entre une fécondité de 4,5 enfant/femme et une immigration incontrôlée, cette île est devenue le symbole des maux du tiers-monde. Ces ONG, au lieu de faire la fine bouche sur l’environnement, devraient faire de la pédagogie auprès des jeunes femmes et dire aux immigrés qu’il n’y a plus de place pour y vivre sans saccager la nature. Le président des Naturalistes de Mayotte et celui de Un lagon sans poison s’inquiètent de la mangrove et du lagon, mais savent-ils que cette colossale surpopulation détruit toute biodiversité sur l’île ?

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Mayotte, une surpopulation ingérable

extraits : Pour ceux qui ne savent pas ce que « immigration massive » veut dire, nous conseillons de lire l’article d’Elise Vincent, Catastrophe migratoire à Mayotte (LE MONDE du 27 décembre 2012). En résumé :

–          Pour rejoindre l’île, des dizaines de Comoriens risquent leur vie tous les jours

–          Coût de l’inlassable surveillance. Leurs bateaux utilisent plus de 100 litres d’essence par heure.

–          40 % des 212 000 habitants de Mayotte sont désormais d’origine comorienne. (+ 25 % depuis 2007)

–          Système de santé proche de l’effondrement.

–          L’éducation nationale ne suit plus : 25 % à 40 % des élèves sont issus de familles sans papiers.

–          Désarroi des associatifs et fonctionnaires qui tentent de maintenir à flot le territoire.

–          Prostitution sauvage, sous la coupe des propriétaires et des voisins.

Bertrand Méheust et la saturation du monde

extraits : Les hasards de l’existence m’ont expédié à Mayotte, où j’ai terminé ma carrière d’enseignant. Pour comprendre vraiment ce qu’est la saturation, ce qu’elle implique pour la vie humaine, il a fallu que je me retrouve sur cette île d’une beauté à couper le souffle, mais déjà rongée par une croissance désordonnée. La menace a cessé pour moi d’être une abstraction pour devenir une réalité tangible. Tout y était : les dégâts déjà évidents de l’urbanisation désordonnée sur le fragile biotope du lagon, une bourgeoisie arrogante, parasitaire et esclavagiste, un afflux  toujours croissant de réfugiés misérables venus des Comores. Cette situation particulière m’est apparue comme une métaphore de l’humanité contemporaine, et notre petite planète bleue  comme un îlot menacé, perdu dans  un océan sans rivages,  dont toute évasion est impossible dans des délais utiles….

Droit du sol ou droit du sang ?

extraits : Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé en février 2024 à Mayotte une révision constitutionnelle destinée à supprimer le droit du sol dans l’archipel de l’océan Indien, confronté à une grave crise migratoire et à une situation sociale et sécuritaire explosive. Mayotte connaît en effet depuis plusieurs années une forte immigration, principalement venue de l’archipel voisin des Comores. L’archipel de l’océan Indien, qui est aussi le 101e département français, est régi par des règles plus strictes qu’en métropole. Pour qu’un enfant soit reconnu comme français, il faut notamment que ses parents aient été en situation régulière au moment de sa naissance….

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Bertrand Russell, raison et déraisons

Rien, en somme, n’est plus haut que la raison humaine. Et rien n’est plus lugubre que l’usage que nous en faisons. Ce blog ne recule jamais face aux assauts de la bêtise, et argumente, argumente encore, démontant sans relâche les sophismes des superstitieux, des idéologues, de tous ceux qui placent leur classe, leur nation, leur race, leur genre au centre du monde et ne veulent rien connaître de sa réalité incertaine, où il n’y a ni centre ni place prévue pour nous. Nous répétons et répétons : « Ce n’est que grâce à un renouveau de l’incertitude libérale et de la tolérance que notre monde pourra survivre. » Il ne faut jamais désespérer des individus, sinon du genre humain, nous croyons fermement qu’un raisonnement honnête et juste pourrait un jour convaincre jusqu’aux plus fanatiques.

Nous aurions aimé écrire ces phrases, mais ce ne sont que morceaux choisis d’une recension trouvée sur LE MONDE concernant Bertrand Russell :

Florent Georgescu : Bertrand Arthur William Russell, 3e comte Russell, né le 18 mai 1872,s’était amusé à écrire une nécrologie sur lui-même en 1937. Il s’imaginait mourir à 90 ans – il en aura en réalité 97 à sa disparition, en 1970. Depuis la fin du XIXe siècle, il participe aux débats de son temps et a fait preuve d’une lucidité sans faille et constante. Il paraît plus fier de sa contribution sur l’injustice, l’oppression, le vertige totalitaire…. que de son génie théorique. Il est donc réjouissant de retrouver cette veine grâce à la traduction de ses Essais impopulaires (Unpopular Essays), un important recueil de textes politiques ou personnels resté inaccessibles au public francophone depuis sa parution en 1950.

C’est un prodige d’intelligence, d’humour, de courage intellectuel, d’opiniâtreté à défendre une société ouverte – « libérale », au sens politique –, fondée sur le doute et l’examen rationnel, face à la « poussée du dogmatisme de droite comme de gauche ». Que Russell examine les relations de la philosophie et de la politique, le rôle des professeurs, les « idées qui ont aidé l’humanité » et celles « qui ont nui à l’humanité », ou, tout bonnement, l’« avenir » de cette dernière, il revient toujours au même constat : les progrès de la science depuis le début de l’âge moderne, extraordinaire conquête de la raison par elle-même, n’ont pas empêché l’humanité de s’enfoncer dans des croyances absurdes et une « haine systématique », dont le XXe siècle a donné les exemples les plus barbares.

Russell croyait qu’un raisonnement honnête et juste pouvait convaincre jusqu’aux plus fanatiques. Ce ne sera pas le cas, bien sûr, ce n’est jamais le cas, mais qu’importe ? Penser avec exactitude dans un monde de mensonge ­revient à porter témoignage, pour qu’au moins un recours existe quelque part. C’est la tâche que s’était donnée Bertrand Russell.

extrait : « L’homme est un animal rationnel, c’est du moins ce qu’on m’a dit. Tout au long d’une longue vie, j’ai cherché assidûment une preuve qui corrobore cette affirmation, mais au contraire, j’ai vu en permanence le monde sombrer continuellement dans la folie. J’ai vu de grandes nations, autrefois championnes de la civilisation, égarées par des prédicateurs d’inepties ampoulées. J’ai vu la cruauté, la persécution et la superstition progresser à pas de géant jusqu’à ce qu’elles ­atteignent presque le stade où l’on estime que l’éloge de la rationalité caractérise un homme en tant que vieux schnock, survivant, hélas ! d’une époque surannée. Tout cela est déprimant, mais la morosité est une émotion inutile. »

« Un aperçu des fadaises intellectuelles », Essais impopulaires, page 85

textes antérieurs sur notre blog biosphere

Bertrand Russell en 1944 dans « The Impact of Science on Society » : « Je ne prétends pas que le contrôle des naissances soit le seul moyen d’empêcher la population d’augmenter. Il y en a d’autres… Si une peste noire pouvait se répandre dans le monde une fois par génération, les survivants pourraient procréer librement sans que le monde soit trop plein… La situation pourrait être quelque peu désagréable, mais qu’en est-il ? Les personnes qui ont un esprit vraiment élevé sont indifférentes à la souffrance, en particulier à celle des autres. »

Yves Cochet : « J’espère de tout mon cœur me tromper, mais mon scénario d’effondrement est le plus rationnel et le plus probable qui soit. Il ne  faut pas raisonner par induction : ça n’est jamais arrivé, donc ça n’arrivera jamais. Les raisonnements par induction ne valent rien en histoire. Vous connaissez la dinde de Russel  ? Bertrand Russell, grand philosophe, grand logicien, raconte qu’un 1er janvier naît une dinde. Elle batifole dans les champs, elle mange des graines. Même chose le 2 janvier, et le 3, et au mois de février, et au mois de mars. La dinde trouve cela formidable, évidemment : elle pense que demain sera toujours comme aujourd’hui (c’est l’induction). Et, le 24 décembre, elle meurt, assassinée. Elle n’avait pas prévu le coup. Voilà, nous sommes tous des dindons parce que nous ne pouvons ni ne voulons imaginer notre propre fin. »

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BIOSPHERE-INFO, novembre 2024

Ce blog de défense de la biosphère,

c’est un article chaque jour 365 sur 365… depuis 2005.

Voici notre production de novembre 2024,

cliquez à votre convenance :

Tendances structurelles

Bertrand Méheust et la saturation du monde

Ressources, un défi pour l’humanité (Bihouix)

Dette écologique, bientôt non remboursable

Ateliers de futurologie, utilisable ?

Quel militantisme écolo ?

Paul Watson, l’activiste des océans

L’assoc France-Nature-Environnement nous défend

L’assoc Générations Futures défend notre avenir

Question énergétique

Tout savoir sur les COP CLIMAT et même plus

Le bilan de la COP29 en Azerbaïdjan, super-nul (24 novembre)

COP29, le climat est très mal parti ! (13 novembre)

Réfugiés climatiques, absents à la COP29

du marché carbone à la carte carbone

questions socio-techniques

TECHNOlogos, regard critique sur la technologie

Le mouvement anti-technologie se structure

En 1832, le débat sur la mécanisation

Le règne illusoire des batteries

Merde rouge, rareté croissante du cuivre

Agro-industrie et impasse technologique

Santé, guérir par implant cérébral !?

Question biodiversité

COP16 biodiversité, le point de vue du jaguar

« Les microbes auront le dernier mot »

Question démographique

Bibliographie sur le constat de surpopulation

LE MONDE, obsédé par la baisse de fécondité

L’association Démographie Responsable en acte

Pour un dénatalisme libertaire

Un fascisme émergent

du fascisme au sens classique à l’écofascisme

Le populisme contre l’État de droit

« Make America Great Again » a gagné/perdu

Alléluia… TRUMP président… Ainsi soit-il

Nominations en Amérique, c’est du Trump craché

Pacification de l’existence

Définir l’ennemi, c’est du suicide organisé

L’économie de guerre, une anomalie imposée

Morts pour la patrie, morts pour rien

Question décroissance

Marxisme, écologisme et décroissance

Neutre, l’économie ? Plutôt idéologique…

L’endettement, c’est bon pour l’excroissance !

Ville durable, un oxymore de plus

questions sociétales

Notre cerveau, une chance et une malédiction

Société de consommation, des loisirs, du spectacle

Le championnat d’échecs, (anti)sexiste

Fête des morts, l’art et la manière

Mes dernières volontés

Pour échanger ou abonner une connaissance

biosphere@ouvaton.org

Merci de votre attention…

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Dette écologique, bientôt non remboursable

Une dette monétaire n’est qu’un bout de papier sur lequel il est écrit qu’il faudrait (peut-être) rembourser une personne ou une institution un jour ou l’autre. La dette écologique n’est pas un concept monnayable, elle correspond à des ressources matérielles fournies par la nature, y compris le maintien de la biodiversité. Et cette dette devient de moins en moins remboursable puisqu’on a déjà dilapidé une partie du capital biophysique de la Terre. Nous avons besoin de 1,7 planètes pour maintenir notre niveau de vie actuel, ce qui est impossible dans la durée puisque nous n’avons qu’une seule planète.

Par contre d’autres donnent à cette notion de « dette écologique » des définitions plus ou moins fantaisistes

Julien Vincent : Dans sa déclaration de politique générale, le 1er octobre 2024, le premier ministre, Michel Barnier, a évoqué une « double exigence, celle de diminuer la dette financière et la dette écologique ». Le terme « dette écologique » est né dans une brochure éditée par le parti Vert allemand lors de la troisième conférence des Nations unies sur les femmes organisée à Nairobi en 1985. Il s’agirait d’une « dette écologique » des pays occidentaux pour ceux qui dénoncent un échange écologiquement inégal entre le Nord et le Sud. Elle devient ainsi un slogan de la diplomatie des pays émergents qui demandent l’annulation de leur dette extérieure. La dette écologique est ensuite réinterprétée en fonction d’un objectif de « développement durable » pour essayer de réconcilier croissance économique et protection de l’environnement. Lors de la conférence mondiale des peuples contre le changement climatique, organisée en 2010 à Cochabamba (Bolivie), la notion de dette écologique est associée au projet d’une reconnaissance de la « Terre-Mère » comme un sujet ayant lui-même des droits, y compris celui de se régénérer.

Le point de vue des écologistes pragmatiques

Nous avons une autre approche de la dette écologique. Chaque année, la New Economics Foundation calcule la date à laquelle la consommation de ressources par l’humanité dépasse la capacité de renouvellement de la planète. Au-delà de cette date, on est en situation d’épuisement des réserves. Cette date anniversaire a été baptisée « Jour de la dette écologique » ou Jour du dépassement (« Overshoot day« ). Cette date intervient chaque année de plus en plus tôt, ce qui signifie que les ressources disponibles pour une année sont consommées de plus en plus vite.

Nous vivons dorénavant écologiquement « à découvert ». En 1987, l’humanité était passée dans le rouge le 19 décembre. En 1995, cette date était intervenue le 21 novembre. En 2023 le 1er août. En vivant au-delà de nos moyens environnementaux, la classe globale qui roule en voiture prive des millions de personnes dans le monde de la possibilité de satisfaire durablement leurs besoins. Quant aux générations futures, elles vivront des miettes…

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Définitions de la dette écologique (2012)

On peut toujours refuser de rendre l’argent à l’oligarchie financière qui vit « au détriment des peuples ». Il n’en est pas de même avec la dette écologique : les richesses non renouvelables prêtées par la biosphère ont été définitivement dilapidées par les peuples qui vivent à l’occidentale. En effet l’humanité ne peut rendre les barils de pétrole, les tonnes de charbon ou les possibilités de recyclage naturel du CO2. C’est pourquoi la cure d’austérité que va traverser l’espèce humaine sera bien plus terrible que lors d’un tsunami financier où on peut refinancer l’économie en faisant tourner la planche à billet (nouveaux crédits).

La dette écologique, ce n’est pas des bouts de papier qu’on pourrait rembourser avec d’autres bouts de papier. La dette écologique est différente d’une dette financière, c’est concret, c’est l’affaiblissement de notre capital naturel. Cette perte est irrémédiable quand il s’agit de ressources non renouvelables comme le pétrole, le gaz, ou l’uranium. Elle sera très douloureuse à rembourser quand le système climatique sera déréglé. Il n’y a là rien de réjouissant, mais tant que les dirigeants feront croire aux peuples que « demain ça ira mieux », avec un peu plus de croissance économique, la situation ne pourra qu’empirer. S’il n’y a pas décroissance voulue et partagée, il y aura dépression économique subie par les exclus.

Notre article le plus ancien sur la dette écologique

20 mai 2007: Un avenir sans futur

En 2005, le rapport « Planète vivante 2004 » du World Wildlife Fund veut réduire la dette écologique, c’est-à-dire le retour à la vie sur la base d’une seule planète, et esquisse quatre scénarios pour 2050 :

– Augmenter la biocapacité grâce à un réseau de zones protégées incluant tous les écosystèmes (terrestres d’eau douce, marins), restaurer les écosystèmes dégradés, protéger le sol contre l’érosion et la dégradation (notamment les terres arables contre l’urbanisation), protéger les bassins de rivière et les zones humides et cesser l’utilisation de produits chimiques toxiques ;

– Réduire la population mondiale, en offrant aux femmes une meilleure éducation, des opportunités d’emploi et des soins de santé ; en accompagnant les foyers qui choisissent d’avoir moins d’enfants ;

– Réduire la consommation par personne ; ceci ne peut être attendu des populations en survie ; par contre les habitants de pays ou de villes riches peuvent bien souvent réduire leur empreinte écologique sans compromettre leur qualité de vie ;

– Améliorer l’efficience des systèmes de production qui transforment l’énergie et les matières premières en biens de consommation.

Nous sommes en 2007 et les humains n’ont pratiquement rien fait…

Nos articles sur le jour du dépassement

2 août 2023, le jour du dépassement

« Jour du dépassement » ce 28 juillet 2022

29 juillet 2021, « le jour du dépassement »

22 août 2020, Jour du dépassement

29 juillet 2019, jour du dépassement

Le Jour du dépassement, aujourd’hui 1er août 2018

13 août 2015, le jour du dépassement des limites

Le jour du dépassement, 19 août 2014 : tous aux abris !

Aujourd’hui 22 août 2012, le jour du dépassement

le jour du dépassement, 27 septembre 2011

le jour du dépassement, 21 août 2010

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L’assoc Générations Futures défend notre avenir

generations-futures.fr


La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, reprend à son compte la désinformation des lobbies agrochimiques.

L’une de ces premières contre-vérités concerne le manque de pesticides disponibles pour les agriculteurs. Hors comme nous l’avons démontré dans un récent rapport, en excluant du calcul les substances qui sont en fait des synergistes et pas de réelles substances actives et les microorganismes pour ne retenir que les substances pesticides ‘stricto sensu’ la France arrive en tête du classement européen pour le nombre de substances actives pesticides (260), devant l’Italie (257) et l’Espagne (251)… L’agriculture française n’est donc aucunement privée de pesticides comme le prétendent certains acteurs … bien au contraire ! 

Il est faux d’affirmer comme le fait Mme Genevard que “la filière noisette ne dispose d’aucun moyen pour traiter sa production”. En effet une simple recherche dans Ephy montre que 12 produits insecticides sont autorisés sur les noisettes dont 8 produits à base de lambda cyhalothrine sont homologués pour lutter contre le balanin (à l’origine du ver de la noisette). De plus, à en croire la profession et la Ministre toute la filière de la noisette serait “menacée de mort parce que les agriculteurs ne peuvent pas traiter leur production” du fait de l’interdiction française de l’acétamipride. Or, si la filière connaît des difficultés, il est impossible d’affirmer que cela est dû à l’interdiction de l’acétamipride. Selon les données de la FAO, les rendements en France sont même supérieurs à ceux de l’Italie, où l’acétamipride est pourtant autorisé, ou de la Turquie, souvent prise en exemple par des défenseurs du retour des néonicotinoïdes.

La goutte d’eau qui a fait déborder notre colère contre l’actuelle ministre tient à son manque de considération pour les agences gouvernementales qui ont été attaquées par certains agriculteurs. En effet, après les manifestations d’agriculteurs du 19 novembre 2024 devant certains bureaux de l’Office français de la biodiversité ayant entraîné déversement de fumier, emmurage des locaux et même dégradations des locaux et de documents dans un cas la ministre de l’Agriculture a réagi sur X (ex-Twitter) Annie Genevard oublie totalement de condamner spécifiquement les atteintes à l’OFB et de soutenir les fonctionnaires de cet office…travaillant pour l’État français !  En revanche elle s’est empressée de soutenir Aurélien Rousseau malmené par des syndicalistes de la Coordination Rurale. Y a-t-il donc deux poids deux mesures dans le traitement de la violence par la Ministre ?

 « Tous ces éléments mis bout à bout constituent un tout qui porte à croire que ce qui compte pour la ministre de l’Agriculture c’est de satisfaire uniquement la FNSEA, sans se soucier réellement du bien-fondé des demandes portées par ce syndicat, sans se soucier non plus de l’environnement ou de la santé. » déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.

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Le championnat d’échecs, (anti)sexiste

Rare les articles du MONDE sur les échecs, savourons l’instant présent.

Et sortons un peu de nos articles trop souvent trop sérieux.

Pierre Barthélémy : « En 1886, dans différentes villes des Etats-Unis, se déroula le premier championnat du monde d’échecs officiel qui vit le triomphe, par 10 victoires à 5, de l’Autrichien Wilhelm Steinitz face au Polonais Johannes Zukertort. Deux Européens. Depuis lors, chaque match pour le titre suprême a compris au moins un représentant issu du Vieux Continent. Cette « règle » va tomber sous peu après s’être appliquée pendant cent trente-huit ans. En effet, en cette année 2024, le championnat du monde opposera pour la première fois deux Asiatiques : le champion du monde en titre, le Chinois Ding Liren, 32 ans, et le jeune Indien Gukesh Dommaraju, âgé de seulement 18 ans. Au dernier classement de la Fédération internationale des échecs (FIDE), publié début novembre, on comptait cinq Indiens dans les vingt premières places. Au classement féminin établi par la FIDE, les quatre premières places sont occupées par des Chinoises… »

Mais pourquoi donc un classement féminin ?

le point de vue des écologistes antisexistes

Michel SOURROUILLE : Notons qu’il y a encore une catégorie mixte (hommes et femmes) et une catégorie féminine pour les tournois et les classements. Vice-président de la FFE au milieu des années 1990, j’avais essayé en vain de faire supprimer ce séparatisme pour les championnats de France de jeunes. En effet dans un tournoi au système suisse (forts, faibles), il n’y a pas d’éliminatoire et chacun joue rapidement à son niveau, quel que soit son sexe. D’autre part, pédagogiquement, il est important qu’un jeu uniquement cérébral (où normalement garçons et filles ont le même potentiel) de faire en sorte que les féminines ne fassent pas bande à part, se limitant ainsi à un présupposé de capacité inférieure. Le système structurel de tournois strictement féminin est un élément important de l’infériorisation de la femme.

Ducobumarcel : Une question me semble pertinente. Comment se situent les meilleurs joueuses par rapport aux meilleurs joueurs? Si la réponse, que je souhaite, est à près au même niveau très bien. Rien de plus à déclarer. Sinon quelle peut être la cause? D’un coté des éléments essentiellement voire exclusivement culturels… De l’autre des caractéristiques intrinsèques différences des cerveaux des hommes et des femmes. C’est une question, je ne connais pas la réponse.

Michel SOURROUILLE @ Ducobumarcel : Judit Polgár obtient le titre de grand maître international en décembre 1991 à 15 ans et presque cinq mois. Elle bat le record de précocité auparavant détenu par Bobby Fischer depuis 1958 (il fut grand maître à 15 ans et 6 mois en 1958). En février 1993, à Budapest, elle bat en match exhibition l’ancien champion du monde Boris Spassky 5,5-4,5. En 1998, elle remporte un match d’échecs rapides (trente minutes pour toute la partie) en huit parties contre le champion du monde Anatoli Karpov avec deux parties gagnées et six parties nulles. Elle pouvait même battre Kasparov (2002, à Moscou). Judith est entrée dans le top 10 mondial. Son meilleur classement par la fédération internationale a été huitième mondial avec 2 735 points aux classements de 2005. Elle a été initiée très tôt aux échecs par son père, qui a démontré avec ses filles que le génie pour les 64 cases n’est pas inné et que l’on peut atteindre l’excellence par l’entraînement. Judith : « Je dis toujours que les femmes devraient être suffisamment confiantes dans le fait qu’elles jouent aussi bien que les hommes, à la seule condition qu’elles soient prêtes à autant travailler et à prendre cela aussi sérieusement que les joueurs masculins »

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Le jeu d’échecs est un jeu utile et très écolo

extraits : L’écologie n’attache aucune importance à un championnat d’échecs, même s’il est mondial. Que le Norvégien Magnus Carlsen conserve son titre de champion du monde au tie-break le mercredi 30 novembre 2016 contre le Russe d’origine ukrainienne Sergueï Kariakine n’est qu’un épiphénomène. Le jeu d’échecs se joue à deux, mais n’importe quel spectateur peut rentrer dans la partie en observant la position. Quel coup jouer ? Qu’est-ce que j’aurai fait à la place du joueur ? Que va-t-il se passer ? C’est pour cela que médiatiquement ce sport devrait être roi, mais on préfère les jeux de balle sur nos écrans télé. Le jeu d’échecs est même un avantage du point de vue écologique. Il prend peu d’espace pour y jouer, on peut réunir des centaines de joueurs sur l’équivalent d’un terrain de foot. Il utilise peu de ressources naturelles, les pièces nécessitent très peu de bois et peuvent durer plus qu’une vie. Aucun déchet non recyclable pour une occupation qui peut nous motiver pendant des heures et des journées…

Féminisme, écologie et jeu d’échecs

extraits : A ce jour, aucune preuve d’une quelconque différence naturelle pouvant causer l’écart entre hommes et femmes n’a pu être avancée. Durant les années 1960, un psychologue hongrois nommé Laszlo Polgar dévora les biographies de centaines de grands intellectuels et en tira le trait commun : une spécialisation précoce et intensive. Il en conclut que le génie est acquis et non inné “geniuses are made, not born”. Il se mit au défi de le prouver en rendant géniaux ses futurs enfants. Plus pragmatique que romantique, il posta une petite annonce disant en substance “recherche femme pour avoir des enfants génies”. En 1969, naquit Susan. Quatre ans plus tard, alors que son père hésitait encore entre la spécialiser en mathématiques ou en physique, la gamine découvrit par hasard un jeu d’échecs et demanda qu’on lui en apprenne les règles. Ce fut une révélation… pour son père. A la fois une science, un art et un sport, le jeu d’échecs présente l’avantage de produire des résultats parfaitement mesurables, l’idéal donc pour retranscrire la progression de la progéniture….

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L’assoc France-Nature-Environnement nous défend

https://fne.asso.fr/

1) France-Nature-Environnement subit de multiples agressions
En 24 heures, trois de nos associations de protection de l’environnement ont été ciblées par des agriculteurs de la Coordination Rurale, de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs. Des salariés présents dans les locaux ont été menacés, des locaux vandalisés.

Ces violences s’ajoutent aux violences perpétrées contre l’Office Français de la Biodiversité par des individus et des organisations qui se croient au-dessus des lois et commettent ces actes sous drapeau syndical, sous le regard les forces de police qui n’interviennent pas !

L’agriculture française, après un demi-siècle d’intensification, d’industrialisation et de course au productivisme pilotée par la FNSEA se trouve dans un état désastreux, tant sur le plan social, économique qu’écologique. Il est lâche et insupportable que celles et ceux qui sont aux commandes de l’agriculture depuis plus d’un demi-siècle, et comptables de la situation, détournent l’attention et la colère des agriculteurs et des agricultrices vers les associations de protection de l’environnement, qui alertent depuis plus d’un demi-siècle également sur l’impasse dans laquelle s’est engagé le secteur de l’agro-business. France Nature Environnement n’est en rien responsable d’un éventuel accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur, qu’elle a d’ailleurs toujours dénoncé.

Nous exigeons le respect de l’Etat de Droit, la protection de nos militantes et militantes et de nos locaux affectés à la défense de l’intérêt général, l’application de la loi à l’égard de ces actes de vandalisme,  l’arrêt de l’utilisation de la violence et de l’intimidation comme mode d’expression syndicale, et surtout que l’Etat et les syndicats agricoles relèvent enfin avec courage le défi de la souveraineté alimentaire au sens premier du terme dans un contexte de crise environnementale.

2) France Nature Environnement (FNE) porte plainte contre Coca-Cola pour “greenwashing”

Au milieu des exploits sportifs des Jeux Olympiques, Coca-Cola a proposé une chorégraphie rodée sur ses stands : verser le contenu d’une bouteille plastique dans un gobelet, le servir à une personne qui pense alors avoir en sa possession un contenant écologique, puis jeter la bouteille à l’abri des regards. Résultat, des millions de boissons vendues par Coca et la médaille du premier pollueur plastique au monde incontestée.

Partenaire historique des Jeux Olympiques, Coca-Cola a communiqué pendant des mois sur sa volonté de durabilité. Un objectif écologique accompagné de grandes annonces autour de boissons uniquement servies aux spectateurs et spectatrices dans des gobelets réutilisables, le déploiement de 700 fontaines ou encore la vente de bouteilles en verre réutilisables. Hélas, la réalité est moins verte, un document confidentiel que FNE s’est procuré révélant que plus de 6 millions de boissons seraient servies à partir de bouteilles plastique…

La flamme des Jeux étant éteinte, FNE souhaite désormais que Coca-Cola réponde de ses actes au titre du délit de pratiques commerciales trompeuses du Code de la consommation qui sanctionne les allégations de nature à induire en erreur le consommateur sur l’impact environnemental du produit.ce Nature Environnement porte plainte contre Coca-Cola pour greenwashing

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du marché carbone à la carte carbone

Le dispositif des systèmes d’échange de quotas d’émission de gaz à effet de serre est prévu par le protocole de Kyoto signé en 1997. Une entité publique (par exemple les Nations unies, l’Union européenne ou un État, etc.) fixe aux émetteurs de gaz à effet de serre un plafond d’émission plus bas que leur niveau d’émission actuel et leur distribue des quotas d’émission correspondant à ce plafond. Ceux qui ont émis plus de gaz à effet de serre que le niveau autorisé doivent acheter les quotas qui leur manquent, sauf à se voir infliger une forte amende. L‘Union européenne a mis en place depuis 2005 un marché du carbone. La COP29 de 2024 adopte au niveau international les règles des marchés carbone.

Mais le marché des quotas carbone n’est qu’une des options qui existent pour donner un prix au carbone. Il a été porté par le monde industriel qui préférait cette solution recourant au marché, plutôt qu’une taxe carbone impérative. La carte carbone n’est même pas envisagé actuellement alors qu’elle est inéluctable.

Audrey Garric : Après neuf ans de négociations, la 29e conférence des Nations unies sur le climat (COP29) a adopté, samedi 23 novembre à Bakou (Azerbaïdjan), les règles régissant les marchés du carbone, c’est-à-dire les échanges d’émissions de CO2 entre pays et entreprises. De manière schématique, les pays et les entreprises pollueurs peuvent compenser une partie de leurs émissions en achetant des crédits carbone à des pays qui ont été plus ambitieux que leurs objectifs nationaux. Ces quotas sont générés par des activités qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre, comme des projets de plantation d’arbres ou de remplacement d’énergies polluantes (à l’instar du charbon) par des éoliennes et des panneaux solaires. La Suisse est la seule, à ce stade, à avoir d’ores et déjà acheté des crédits générés par la Thaïlande pour un programme visant à remplacer des bus conventionnels par des bus électriques à Bangkok.

Mais les avis divergent fortement sur la qualité de cette régulation : « Payer pour polluer ne sera jamais une solution mais plutôt un désastre climatique. Les marchés du carbone sapent l’action en faveur du climat, car ils permettent la poursuite de la production et de l’utilisation de combustibles fossiles à un moment où cela est non seulement inacceptable, mais aussi irresponsable. La compensation n’est rien d’autre qu’un cadeau aux pollueurs. », juge Erika Lennon, de l’organisation Center for International Environmental Law. Les scandales se sont multipliés ces dernières années, des enquêtes épinglant des marchés carbone frauduleux, avec une grande majorité de projets qui n’ont pas réduit les émissions et qui se sont parfois menés au détriment de populations autochtones.

Le point de vue des écologistes anti-indulgences

Toute activité humaine devrait « éviter, réduire et compenser » ses impacts sur les milieux naturels. La priorité est bien sûr d’éviter, « réduire » est de toute façon une nécessité, « compenser » n’est qu’un gadget inventé par les marchands. Le fait d’avoir commis un acte répréhensible se traduit par l’obligation de se rattraper dans un autre domaine. Cela permet de jouir plus longtemps de ce qui est contestable. Le monsieur qui offre un cadeau à sa femme après l’avoir trompée, c’est vieux comme l’adultère. L’idée même de réduire la pollution/destruction des milieux naturels à un endroit pour permettre de la poursuivre allègrement dans un autre est une totale absurdité !

Sur ce blog biosphere, nous condamnons depuis longtemps ce trafic des indulgences à savoir la rémission totale ou partielle devant Dieu de la peine temporelle encourue en raison d’un péché pardonné, ce qui se faisait généralement contre espèces sonnantes et trébuchantes. La forêt devient un alibi qui fait passer au second plan la priorité numéro un, c’est-à-dire la décarbonation de pans entiers de l’économie. Il faut en finir avec la voiture individuelle, l’avion pour touristes, le chauffage à gogo et les énergies fossiles.

Une entreprise n’a absolument pas le droit de compter ses crédits carbone comme des réductions d’émissions…

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Climat : la stupidité du marché carbone (écrit le 18 mai 2007)

extraits : Le prix du quota de dioxyde de carbone a clôturé à 0,88 euro le 21 février 2007 sur le marché Powernext Carbon, l’une des principales plates-formes européennes d’échanges de permis d’émission de gaz à effet de serre. Pour mémoire, il valait entre 8 et 10 euros début 2005, au lancement du marché européen des quotas (un quota correspondant à une tonne de CO2 émis), et avait même atteint 30 euros au printemps 2006. avec un quota à moins d’un euro, les entreprises n’ont aucun intérêt à faire des efforts. Il est vrai que les quotas ne dépendent pas réellement du marché, ils sont déterminés par chaque pays avec approbation nécessaire de la Commission européenne. Des quotas trop laxistes sont à l’origine des déboires actuels….

du marché carbone au rationnement carbone, l’inéluctable (2013)

extraits : Prenons l’exemple du carbone, c’est-à-dire les ressources fossiles, charbon, pétrole ou gaz, qui irriguent toutes nos activités économiques. Comme il s’agit d’énergie de stocks, il faut bien prévoir la fin de ces ressources. Un marché carbone pourrait renchérir l’utilisation de ces sources d’énergie, donc limiter la consommation. Nous n’en prenons pas le chemin. Avec la crise financière, le prix du CO2 s’est effondré : 25 euros la tonne en 2008, 7 euros en 2012 puis 5 euros récemment…. Puisque le marché carbone est soumis aux contraintes politiques, puisque la plupart des gouvernements refusent aussi la taxe carbone, le rationnement par une carte carbone deviendra inéluctable lors d’un prochain choc pétrolier. C’est ce que nous prévoyons sur ce blog depuis 2009.

2003-2022, tout savoir sur la taxe carbone (2022)

extraits : Depuis 2003, le gouvernement français envisage une taxe carbone à mettre en place au niveau national, il a toujours reculé. C’est pourquoi on passe le bébé à l’Union européenne qui, en juillet 2021, présente la taxe carbone sur les produits importés dans l’UE comme l’une des pièces maîtresses du Green Deal… Jean-Marc Jancovici dans « Le plein s’il vous plaît » envisage ainsi la taxe carbone : « Le changement de mode de vie porte déjà un nom : un prix de l’énergie toujours croissant. C’est si simple, il suffit juste de le vouloir ! Votez pour le premier candidat qui proposera d’augmenter progressivement et indéfiniment la fiscalité sur les énergies fossiles ! »….

Yves Cochet : carte carbone mieux que taxe carbone (2019)

extraits : Yves Cochet : « Pour dépasser la contradiction entre « gilets jaunes » et taxe sur les carburants, nous proposons la « carte carbone ». Elle se déploie ainsi : chaque habitant de la France reçoit un quota annuel de droits d’émissions de CO2 qui encadre toute consommation d’énergie (pétrole, gaz, charbon, électricité…). Si, par exemple, vous voulez faire le plein dans une station-service, vous payez le carburant en euros et votre carte carbone à puce est également décrémentée des droits d’émissions correspondant à la quantité de carburant que vous avez achetée….

Articles antérieurs sur ce blog biosphere

26 octobre 2018, Fiscalité carbone inepte, carte carbone inéluctable

26 août 2015, carte carbone, des quotas individuels de CO2

27 mars 2013, facture énergétique, bientôt la carte carbone !

9 septembre 2010, Sarkozy a-t-il pensé à la carte carbone ?

13 septembre 2009, après la taxe, la carte carbone

10 avril 2009, carte carbone ou taxe ?

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En 1832, le débat sur la mécanisation

https://www.piecesetmaindoeuvre.com/documents/pour-ou-contre-la-machine-universelle#nb1

Entre les deux sanglantes insurrections de novembre 1831 et d’avril 1834, syndicalistes ouvriers et intellectuels libéraux débattent intensément de la nouvelle société industrielle. La question des machines est l’une des plus discutées. Sont-elles une bonne ou une mauvaise chose  ? Voilà toute la controverse entre Joseph Bouvery et Anselme Pétetin, poursuivie dans sept numéros de L’Echo de la Fabrique, du 9 septembre au 18 novembre 1832. Les arguments de fond sont à peu près les mêmes qu’échangent aujourd’hui les syndicalistes soucieux des effets du calcul machine (IA) sur l’emploi des salariés, et les idéologues enthousiastes de « l’innovation technologique » comme solution à tous les problèmes.

Joseph Bouvery, est un canut – c’est-à-dire tout petit patron – mutualiste militant à une époque où la loi Le Chapelier (1791) proscrit toute « corporation professionnelle ». Joseph n’est pas plus un briseur de machines qu’un syndicaliste d’aujourd’hui. Il en possède en tant que chef d’atelier. Il travaille avec – mais – il voudrait réguler leur introduction, leur usage, et compenser leurs effets négatifs pour les ouvriers. Il collabore à L’Echo de la Fabrique, le premier journal ouvrier en France, fait par des ouvriers pour des ouvriers.

Anselme Pétetin (1807-1873) est un jeune journaliste républicain, rédacteur en chef du Précurseur, feuille lyonnaise parmi les journaux locaux qui ne cessent d’apparaître et disparaître. Anselme prophétise hardiment l’avènement d’une « machine universelle » dont il ne s’agit plus que d’exproprier « les gros capitalistes », afin que gérée démocratiquement, elle serve au bien-être général.

L’exemple des révoltes luddites (1811-1812), vingt ans plus tôt, de la déshumanisation indissociable d’une machination générale, du ravage industriel des villes et des campagnes anglaises, n’a pas servi d’avertissement. Le dernier mot de la gauche technocratique après deux siècles de pollutions et destructions planétaires – malgré toute son agitation sur le réchauffement climatique – demeure : « Une autre machine est possible ». L’ « écosocialisme » ? L’électricité + les réseaux sociaux. Autant revenir aux termes originaux de ce débat entre « machinistes modérés » et « machinistes extrémistes », ils avaient déjà tout dit.

Quelques extraits de l’amicale controverse

Joseph Bouvery : L’argument tiré de l’emploi des machines pour produire à bon marché, je croirais que c’est une mauvaise plaisanterie, si je ne voyais cette assertion reproduite partout et sous toutes les formes. Je prierai les partisans de ce système de m’expliquer comment ils soutiendront une population immense dont tous les moyens d’existence consistent dans le travail, lorsqu’elle sera repoussée des ateliers qui n’emploieront que des machines, de sorte que dans telle manufacture qui autrefois donnait de l’occupation à mille ouvriers, et qui, en favorisant la consommation, faisait vivre dix mille individus ; maintenant qu’elle n’emploiera que des machines, elle n’aura plus de salaires à donner qu’à cinq ou six intelligences suffisantes pour mener toute l’affaire, et qu’elle payera cher, je le veux bien, mais moins cependant qu’elles ne valent, grâce à l’égoïsme. Qu’on me dise ce que l’on fera de ces mille ouvriers jetés incontinent sur le pavé et sans ressources : on leur dira de prendre patience ; et si la faim qui, de sa nature, n’est pas patiente, et qui de plus n’a pas d’oreilles, les pousse à crier un peu haut et à se mutiner, oh ! alors il y a cet argument irrésistible qu’on appelle ultima ratio regum [la force est le dernier argument des rois] .

Anselme Pétetin : M. de Sismondi disait vrai en avançant que les machines sont, dans l’état actuel des choses, un très grand malheur, et M. Say n’avait pas tort en soutenant avec fermeté le droit d’invention dans l’industrie, comme une liberté sainte et inhérente à la nature de l’homme. Il est clair que M. Bouvery a raison contre le gouvernement tel qu’on l’a entendu jusqu’ici. Mais en serait-il de même si de véritables institutions électives permettaient à la capacité pauvre de prendre sa place dans les affaires publiques ? L’intérêt du plus grand nombre veillerait à ce que les avantages produits par les machines nouvelles ne se concentrassent pas dans les mains d’un petit nombre de capitalistes privilégiés. Ne pourrions-nous pas compter que le gouvernement prendrait quelque soin de ces mille ouvriers devenus oisifs ? Si une machine nouvelle vient simplifier le travail au point de faire descendre à 5 sous le prix d’une paire de bas ou d’un habit, on ne peut nier que l’hiver prochain un plus grand nombre d’hommes seront à l’abri des atteintes du froid. On ne peut nier non plus que ceux qui achètent des bas et des habits à ce prix, seront obligés à un travail bien moins grand pour s’en procurer la valeur, et qu’ils pourront employer à d’autres nécessités, ou à des occupations intellectuelles, ou enfin au repos et au plaisir qui est aussi pour l’homme un besoin. Il serait absurde et tyrannique d’arrêter sur ce point, comme sur tout autre, le développement du génie inventif de l’homme. Tout cela se fera quand le gouvernement sera peuple et non pas aristocrate ; tout cela se fera quand le pouvoir n’aura d’autres intérêts que les intérêts des masses.

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Le mouvement anti-technologie se structure

Le système technologique est formé par l’ensemble des sites d’extraction (mines, champs de monoculture), de transformation (usines) et de consommation (villes) reliés entre eux par des infrastructures de transport et de communication. Ses machines ravagent la planète, nous avons besoin d’une Résistance Anti-Technologie.

https://www.antitechresistance.org/

C’est à l’automne 2022 qu’est né le mouvement Anti-Tech Resistance. L’annonce de sa création a été faite à l’association Technologos.

Alex, porte-parole de l’organisation : « Par technologie, on entend les outils et machines qui dépendent d’une infrastructure de production industrielle. Ce qu’on critique, c’est la complexité du système L’association souhaite l’avènement d’une société sans smartphone, voiture, ordinateurs ou tout autre objet trop complexe à fabriquer. On peut prendre l’exemple d’une chaise en aluminium et plastique. Personne n’a l’ensemble des compétences pour extraire les différentes matières et fabriquer cette chaise. C’est pourtant un objet simple mais qui actuellement dépend d’une énorme machinerie sociale écocide. Une chaise, on peut très bien la faire fabriquer en bois par le menuisier du coin. Avec l’artisanat, on ne parle plus de technologie mais d’une technique partagée et de conception facile. À terme, fini donc les scanners, IRM et autres médicaments fabriqués de manière industrielle. »

Inspiré par des figures telles que Theodore Kaczynski, mathématicien, militant éco-anarchiste, et auteur de « Révolution anti-tech : Pourquoi et comment ? »

https://www.antitechresistance.org/blog/theodore-kaczynski

Voici les 12 principes fondamentaux

1. « Le système technologique est totalitaire »

La technologie ne rend pas l’humain libre. Selon ATR, « alors que dans la plupart des sociétés préindustrielles, le progrès technique était systématiquement débattu, voire soumis à des tabous ou des interdits en raison des bouleversements sociétaux qu’il engendrait, ce n’est pratiquement plus le cas aujourd’hui. » Il est frappant de constater que les possibilités de contrôle, de surveillance et de répression par l’État augmentent au fur et à mesure des progrès techniques.

2. « Notre problème n’a rien à voir avec un mauvais usage de la technologie »

En aucun cas la technologie ne peut être qualifiée de « neutre », étant fondamentalement destructrice et asservissante : « La technologie ne pousse pas dans les arbres. Qu’un régime politique soit de gauche ou de droite, il faudra toujours 3 000 tonnes de sable et de gravier pour construire un bâtiment des dimensions d’un hôpital, 30 000 tonnes pour un kilomètre d’autoroute et 12 millions de tonnes pour une centrale nucléaire. » Le développement et l’entretien des villes et des infrastructures implique d’arracher en continu des quantités phénoménales de matériaux à la croûte terrestre.

3. « Le primate humain est un animal comme un autre »

C’est notre profonde déconnexion de ce qui nous rend vivants qui nous mène à notre perte, écrasés sous le poids de la méga-machine qui dévore nos esprits autant que notre environnement naturel : « Que des millions d’humains modernes soient intimement convaincus d’être de la vermine, ce jusqu’à refuser d’enfanter, en dit plus sur leur état de santé mentale que leur consommation astronomique d’antidépresseurs. »

4. « Nous ciblons le système, pas les individus »

Tandis que le capitalisme ne cesse de propager l’idée de la responsabilisation individuelle pour faire face à la crise écologique, il est aujourd’hui clair que ce ne sont pas des actes isolés qui permettront de la résoudre. Peu importe sa place dans la hiérarchie ou son origine sociale, aucun humain ne peut survivre sans eau potable, sans nourriture, sans terre fertile, sans atmosphère et température viables – autrement dit, sans une biosphère fonctionnelle.

5. « Neutraliser l’ennemi est la priorité absolue »

Le développement des low-tech ne peut pas faire le poids face aux technologies dévastatrices employées à large échelle. Il est donc essentiel de défendre les sociétés traditionnelles existantes dans les pays du Sud afin de préserver leur précieux savoir et de repousser au maximum le moment de leur extinction. Le travail d’ATR vise à sauvegarder la diversité culturelle humaine restante, une richesse stratégique pour la survie de l’espèce.

6. « Nous voulons DÉMANTELER le système technologique, pas le réformer ni le fuir »

Le monopole du système techno-industriel sur notre planète et son développement incessant sont tels que lon ne peut pas réellement s’en détacher et encore moins le faire évoluer. Il est impossible de fuir le système technologique en raison à la fois de sa nature totalitaire et de son expansion constante. Le système technologique colonise toutes les activités, tous les aspects de l’existence humaine. »

7. « Nous rejetons les clivages politiques conventionnels »

S’identifiant davantage à « un groupe d’autodéfense qu’à un mouvement politique », ATR rejette toute éventuelle politisation du mouvement. Mais face à une situation critique, diversifier les tactiques est essentiel. C’est pourquoi le mouvement ATR peut être complémentaire avec d’autres luttes socio-environnementales, même si celles-ci ne sont pas apolitiques.

8. « Notre seule éthique est celle de l’efficacité et du résultat »

Si l’effondrement de la civilisation industrielle apportera avec elle des changements radicaux à nos vies, il ne faudrait pas pour autant perdre de vue le fait qu’il s’agit d’une étape nécessaire pour stopper l’extermination du vivant sous toutes ses formes.

9. « Nous utilisons la technologie pour battre le système technologique »

Nous revendiquons notre liberté d’agir. De façon un peu paradoxale, la plus grande partie de l’activité de l’ATR se concentre sur des comptes Facebook et Instagram, donc sur la technologie. À cette contradiction, nous avons une réponse implacable : « Si nous étions esclaves en train de ramer sur une galère, on n’irait pas nous reprocher d’utiliser nos chaînes pour nous libérer de nos maîtres. »

10. « Notre organisation est non-violente »

Bien loin des bains de sang que l’on peut imaginer en parlant de révolution, ATR prône avant tout des tactiques non-violentes, sans pour autant rejeter les autres formes de lutte qui peuvent être complémentaires entre elles.

11. « Notre organisation est hiérarchique et anti-autoritaire »

ATR est une organisation hiérarchique. Il faut éviter que des individus malintentionnés cherchent à dévier notre organisation de son objectif prioritaire : stopper et démanteler le système technologique.

12. « Nos cadres se dévouent pleinement à la cause »

Les sociétés ne changent pas en profondeur à la suite de révoltes populaires spontanées. Nous voulons des combattants motivés. Trop souvent, les mouvements politiques sont infiltrés par des passagers clandestins, des rêveurs ou des ramollis. C’est pour éviter au maximum d’intégrer des éléments toxiques que nous procédons à une sélection rigoureuse à l’adhésion.

Le point de vue de ce blog biosphere

Notre objectif est similaire à celui de l’ATR, et nous le portons depuis 2005. Lire sur notre blog :

La technologie fait la crise, pas la solution

extraits : Notre monde ultra-technicisé, spécialisé, globalisé ne pourra pas résister à une débâcle, que celle-ci vienne de la raréfaction des ressources énergétiques et métalliques, des conséquences du changement climatique ou d’une nouvelle crise financière. Au lieu de chercher une sortie avec plus d’innovation et de hautes technologies (high tech), nous devons nous orienter selon Bihouix vers une société essentiellement basée sur des basses technologies (low tech)….

Pour sortir des pièges de la technologie

extraits : Les technologies ont envahi notre quotidien, et grignotent à grande vitesse nos modes de vie et libertés. Elles font de nous leurs complices à travers ces objets-pièges, ces objets-espions, ces objets-doudous que nous utilisons chaque jour : téléphones mobiles, ordinateurs, gadgets électroniques… Mais le climat change, les espèces disparaissent, les emplois sûrs et de longue durée sont remplacés par de petits boulots stressants et mal payés : sur Internet, dans les centres d’appel, les Uber, Deliveroo… Le piège se referme, mais nous pouvons lui échapper. Voici une dizaine d’actions légales et sans risque faciles à mettre en œuvre pour affirmer notre singularité face aux GAFA-Microsoft-BATX….

Kaczynski contre la technologie cloisonnée

extraits : L’effondrement du système technologique selon Ted Kaczynski : « Nous faisons une distinction entre deux types de technologies : la technologie cloisonnée et la technologie systémique. La première, qui se développe au niveau de petites cellules circonscrites, jouit d’une grande autonomie et ne nécessite pas d’aide extérieure. La seconde s’appuie sur une organisation sociale complexe, faite de réseaux interconnectés. Prenons l’exemple du réfrigérateur. Sans les pièces usinées, il était quasiment impossible à quelques artisans de le fabriquer. Si par miracle ils étaient parvenus à en construire un, il n’aurait servi à rien en l’absence d’une source fiable d’énergie. Il leur aurait été nécessaire de construire un barrage couplé à un générateur. Mais un générateur requiert une grande quantité de fils de cuivre….

Nos articles les plus anciens sur la question technologique

27 juin 2015, Technologos : résistons à la démesure technicienne

10 octobre 2014, Résilience, un passage nécessaire par les low tech

3 septembre 2014, Colloque TECHNOlogos, discours critique sur la technique

25 novembre 2012, Esclaves de la technique, nous glorifions notre maître

12 janvier 2011, le portable, technique douce ou dure ?

9 mars 2008, technique douces contre techniques imbéciles

8 octobre 2007, techniques douces

Lire Ted Kaczynski 

L’effondrement du système technologique (2008)

Lire Jacques Ellul

La technique ou l’enjeu du siècle (1960)

Le mouvement anti-technologie se structure Lire la suite »

Bertrand Méheust et la saturation du monde

En résumé, sa pensée : Chaque société tend à persévérer dans son être, et la nôtre plus que toutes celles qui l’ont précédé ; en effet, comme elle dispose de ressources humaines et matérielles sans précédents, elle ne manquera pas de les mettre en œuvre pour aller  jusqu’au bout de son projet en digérant toutes les oppositions. Une réalité en déploiement va toujours jusqu’au bout d’elle-même, jusqu’à un point de saturation. Quand elle atteint ce seuil critique, où les processus habituels ne peuvent plus fonctionner, elle fait un bond par dessus elle-même ;  quant à  la prolifération des oxymores, elle a pour fonction cachée de masquer le caractère insensé de cette course à l’abîme.

Que la grande aventure cosmique de la vie se termine en queue de poisson dans une sorte de suicide consumériste qui fait penser au destin des insectes attirés par une lampe, cela a quelque d’absurde et de grotesque, cela donne même la nausée. Si la vie humaine échappe à la catastrophe qui se prépare, elle sera tellement amoindrie et modifiée qu’elle devra pour se redéployer repartir sur des bases totalement nouvelles.

https://lapenseeecologique.com/bertrand-meheust-une-pensee-precoce-de-leffondrement/

La Pensée Ecologique : Au début de 2009, vous avez inauguré un nouveau chantier en publiant aux Empêcheurs de penser en rond La politique de l’oxymore. C’était, me semble-t-il la première affirmation développée en langue française de la théorie de l’effondrement, fondée non sur un état des lieux documenté scientifiquement de la planète, mais sur la philosophie de Simondon et son approche des systèmes techniques.

Bertrand Méheust : Je ne savais  pas, à vrai dire, que j’étais le premier, ou l’ un des premiers, à soutenir cette thèse, et pour être franc, j’en doute même, pour les raisons que je vais vous expliquer. En effet l’intuition qui me portait était plus nourrie par la SF que par la lecture des écrits écologiques de l’époque, dont j’avais vers  2007, je dois l’avouer, une connaissance assez sommaire. Un lecteur de SF pense naturellement dans les cadres cosmiques, et le thème de l’effondrement, fondé ou non, lui est familier.

LPE : Vous avez dans l’Oxymore donné une grande place à la pensée de Gilbert Simondon. Pourquoi ?

BM : La pensée de ce philosophe visait à fournir une axiomatique  pour penser  les processus des mondes physique, biologique, psychique et culturel. Son axiome de base est qu’une réalité en déploiement va toujours jusqu’au bout d’elle-même, jusqu’à un point de saturation. Quand elle atteint ce seuil critique, où les processus habituels ne peuvent plus fonctionner, elle fait un bond par dessus elle-même. De nouvelles structures jaillissent alors, qui lui permettent de se renouveler.  Simondon a appliqué cette axiomatique à des réalités aussi différentes que la révolution française ou le développement des lignées techniques .Le paradigme est la saturation de l’Ancien régime en 1789, et ce qui s’en est suivi. Mais il n’envisageait pas  encore  la situation de la planète dans le cadre du monde fini. J’ai donc examiné le concept de développement durable, avec lequel on pensait encore à l’époque, et ses nouvelles moutures, comme l’économie circulaire, j’ai regardé le problème sous tous les angles, et je suis arrivé à la conclusion que cela  ne pouvait fonctionner que sur le papier.  Tout dépend de ce qu’on qualifie de « durable ». Dans la réalité, l’économie ne peut être parfaitement circulaire, les circuits comporteront toujours des pertes,  des « fuites ». Cela pouvait déjà être soutenu a priori, avant tout examen chiffré. L’économie la plus proche de la circularité consommera toujours plus de ressources que la planète, dans la longue durée, et même dans la durée moyenne, ne pourra en fournir. Et nous continuerons d’accumuler dans l’environnement et dans les organismes vivants des substances toxiques comme le plastique, le pesticides, les métaux rares, les éléments radioactifs, etc. On pourra ainsi prolonger la société de consommation d’un demi siècle (je donne ce chiffre à la louche, ce qui compte c’est l’ordre de grandeur). Mais on ne pourra pas lui demander d’affronter la durée cosmique, cela ne tient pas la route. Et donc, compte tenu des ressources limitées de la planète, des échelles cosmiques de temps et de distance, de la surpopulation, de la compétition croissante entre les nations, de la troisième guerre mondiale qui menace (et que l’on nous vend déjà comme inéluctable) ; compte-tenu encore du caractère dévorant du capitalisme et de l’irrépressible idéologie du « progrès » qui nous emporte,  rien ne pourra empêcher la saturation d’aller  jusqu’à son terme. C’est la reprise, avec de nouveaux concepts, de l’objection classique : une croissance infinie est impossible dans un monde fini. Nous sommes piégés sur notre petite planète bleue. C’est une situation tragique que, mus par un processus autodestructeur, nous ne savons pas contrôler.

À partir  de l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy,  j’ai été frappé par  la prolifération soudaine, dans la chronique quotidienne des médias, comme dans la propagande commerciale et politique, de  ces figures de rhétorique que l’on appelle les oxymores, dont la fonction est de tenir ensemble dans l’imaginaire deux affirmations incompatibles. Leur pouvoir évocateur  est commenté et célébré depuis longtemps chez les poètes. Mais le nouvel usage qui en était fait s’apparentait plutôt à une sorcellerie évocatoire visant à fasciner et à contrôler les esprits. Certains, comme la « croissance négative » de Christine Lagarde, ou la « consommation participative », étaient franchement comiques, mais d’autres,  comme le « développement durable », présenté vers 2007 comme l’idéal régulateur de notre société, avaient clairement à mes yeux pour fonction de masquer une impasse et une impossibilité principielle. J’ai commencé à les collectionner et à  me documenter sur l’usage que l’on avait pu en faire dans le passé. En me replongeant dans l’histoire du Troisième Reich, je me suis souvenu que la propagande nazie avait recouru de manière systématique à ces fleurs vénéneuses de la rhétorique, et que le national-socialisme était l’oxymore-mère des années trente. Il devenait pour moi de plus en plus évident que ce nouvel usage des oxymores révélait quelque chose de fondamental de notre société. Je sentais bien que cette prolifération des oxymores avait affaire avec les autres thèmes qui me préoccupaient, la saturation du monde, la surenchère du néocapitalisme financier et la crise écologique, mais je n’arrivais pas encore à percevoir clairement la nature de ce lien.

Là-dessus, les hasards de l’existence m’ont expédié à Mayotte, où j’ai terminé ma carrière d’enseignant. Pour comprendre vraiment ce qu’est la saturation, ce qu’elle implique pour la vie humaine, il a fallu que je me retrouve sur cette île d’une beauté à couper le souffle, mais déjà rongée par une croissance désordonnée. La menace a cessé pour moi d’être une abstraction pour devenir une réalité tangible. Tout y était : les dégâts déjà évidents de l’urbanisation désordonnée sur le fragile biotope du lagon, une bourgeoisie arrogante, parasitaire et esclavagiste, un afflux  toujours croissant de réfugiés misérables venus des Comores. Cette situation particulière m’est apparue comme une métaphore de l’humanité contemporaine, et notre petite planète bleue  comme un îlot menacé, perdu dans  un océan sans rivages,  dont toute évasion est impossible dans des délais utiles.

Après quelques mois  de bain mahorais, mes intuitions se  sont ordonnées en un grand récit au fond très simple : chaque société tend à persévérer dans son être, et la nôtre plus que toutes celles qui l’ont précédé ; en effet, comme elle dispose de ressources humaines et matérielles sans précédents, elle ne manquera pas de les mettre en œuvre pour aller  jusqu’au bout de son projet en digérant toutes les oppositions ;  quant à  la prolifération des oxymores, elle  contribue à cette digestion, elle a pour fonction cachée de masquer le caractère insensé de cette course à l’abîme.

Je dois préciser que dans  mon récit  le rôle des oxymores est secondaire, il n’occupe en fait qu’un petit chapitre. Le concept central est la saturation. Je voulais d’ailleurs appeler le livre La saturation du monde. Mais Philippe Pignarre, mon éditeur, a senti avec un instinct  très sûr qu’il fallait mettre l’accent sur le rôle des oxymores pour rendre plus évidente la dimension politique du livre.

LPE : Quelle est votre appréciation de la situation aujourd’hui, plus de 10 ans plus tard ?

BM : Quinze ans en fait, car j’ai écrit l’Oxymore en 2007- 2008. La situation, on peut la résumer en trois mots : c’est toujours pire. Toujours pire que ce que l’on avait prévu, et que ce que j’avais moi même anticipé. Je ne vais pas allonger la litanie des catastrophes annoncées, et je me contenterai d’évoquer les chiffres de la température. Si l’on en croit  ce que nous disent les climatologues relayés par les médias, chaque année est désormais plus chaude que la précédente. Or, pour que l’on puisse détecter des différences d’année en année, alors que l’ordre de grandeur des processus climatiques est l’échelle du temps long, ne faut-il pas que l’on soit entré déjà dans la phase de l’emballement ? Des chiffres aussi précis sur une échelle aussi courte sont-ils fiables ?

Dans l’Oxymore, j’ai avancé à demi-masqué, en qualifiant  mon pessimisme de « méthodique », pour faire entendre qu’il ne s’agissait pas d’une projection psychologique personnelle. Cela pouvait se justifier à l’époque car il s’agissait alors de prolonger en les amplifiant par la pensée des tendances inquiétantes, à des fins exploratoires. Mais, quinze ans après, il n’est plus même nécessaire de prendre ces précautions de méthode, je suis pessimiste tout court. Les choses sont allées très vite, trop vite. Je suis tellement pessimiste que par moments l’affaire me semble pliée. On a trop de raisons de penser que la descente aux enfers est amorcée, et que si la vie humaine échappe à la catastrophe qui se prépare, elle sera tellement amoindrie et modifiée qu’elle devra pour se redéployer repartir sur des bases totalement nouvelles. Nous sommes à court terme devant le possible échec de l’aventure humaine telle qu’elle s’est déployée depuis des dizaines de millénaires, Homo consumériste n’est absolument pas prêt à affronter ce défi, c’est même le type d’être humain le moins prêt à le faire, façonné par la pression de confort.

Que la grande aventure cosmique de la vie se termine en queue de poisson dans une sorte de suicide consumériste qui fait penser au destin des insectes attirés par une lampe, cela a quelque d’absurde et de grotesque, cela donne même la nausée. La nouveauté radicale, c’est la diffusion accélérée des connaissances concernant notre situation cosmique ; il suffit de cliquer sur un smartphone. Mais il leur suffira  de cliquer autrement pour plonger dans le Métavers simulé  où ils pourront fuir et oublier leur condition. Les moyens qui permettent d’établir la vérité du monde et de notre condition humaine sont aussi ceux, toujours plus puissants, qui permettront de la fuir et de l’oublier.

LPE :  Mais quand même, quelles mesures pouvons-nous encore tenter ?

BM : Malgré mon pessimisme, je n’arrête pas d’y réfléchir. Sur le fond, je pense que l’autolimitation prônée par Castoriadis est la seule voie possible. Mais cette voie heurte frontalement l’illimitation de l’idéologie dominante, et le choc de ces deux courants produit un gigantesque remous. Nous n’entendons plus sur les ondes que des « belles personnes » proclamant leur vaste conscience écologique et leur immense amour du vivant. C’est très bien, mais qu’en est-il en fait ? Je constate que l’on va nous contraindre à la 5G sans nous avoir consultés. Que les vieux portables qui fonctionnent encore à la 2G, à la 3G seront prochainement hors service. Que le trafic des camions continue de monter. Que le trafic aérien arrêté grâce au Covid a repris de plus belle. Que la consommation de plastique continue inexorablement d’augmenter. Que Lula s’avoue incapable de défendre la forêt amazonienne, etc. Cet amer constat me conduit à penser que le slogan « sauvons la planète », pour la majorité des gens, signifie d’abord « sauvons notre mode de vie ». On essaie encore de croire que les deux devises sont conciliables, mais c’est une illusion.

Je pense que nous devons commencer à nous auto-limiter, pas dans 20 ans mais tout de suite, par des référendums d’autolimitation. La limitation drastique des voyages aériens, l’interdiction des piscines, etc.  Si la pression de confort reste la plus forte, il faudra passer par la voie autoritaire, et cela ne pourra se faire que lorsqu’il sera trop tard, car la voie autoritaire ne sera possible que lorsque nous aurons le couteau sur la gorge.

Nous devons nous déclarer, nous penser et nous disposer en état de guerre. L’état de guerre, celui par exemple que les Anglais se sont imposés en 1940 pour affronter  Hitler, suppose naturellement pour les démocraties une restriction de libertés et de consommation acceptée par tous en raison d’un péril et d’un enjeu jugé supérieur et imminent. Il permettra d’imposer immédiatement des solutions qui sont impossibles en temps normal. A partir de mai 1942  la vitesse des automobiles, sur tout le territoire américain, a été limitée  entre 35 et 45  MPH selon les zones, et elle l’est restée jusqu’à la fin du conflit. Il n’y a eu ni conflit, ni discussion sur ce point, car l’état de guerre était évident. Mais nous sommes gouvernés par des élites qui n’ont pas l’équipement mental pour faire face à la situation. Le mouvement des Soulèvements de la Terre pourrait prendre le maquis, le temps de la dynamite sera venu, et on verra passer à l’action des « Brigades vertes ».

Notre responsabilité est abyssale. Nous sommes ou une des merveilles du cosmos. Nous devrions prendre soin de cette vie dont un dessin (ou un hasard) incompréhensible nous a gratifiés.

Bertrand Méheust et la saturation du monde Lire la suite »