La France doit agir comme un colibri
Dans « La part du colibri, l’espèce humaine face à son devenir », Pierre Rabhi rappelle l’enseignement de la légende amérindienne du colibri : « Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés et atterrés observaient, impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’active, allant chercher quelques gouttes d’eau dans son bec pour les jeter sur le feu. Au bout d’un moment, le tatou, agacé par ses agissements dérisoires, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Tu crois que c’est avec ces quelques gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ? » « Je le sais, répond le colibri, mais je fais ma part. »
Ce dialogue se retrouve souvent sous cette forme : « Je ne comprends pas qu’on se focalise autant sur ce que peut faire la France pour le climat alors qu’elle pèse très peu, 1 %, voire moins des émissions de gaz à effet de serre. »
réponse de Nabil Wakim : La France émet au sens strict 0,9 % du CO2 à l’échelle mondiale – elle est le vingtième pollueur mondial, tout de même –. Surtout, il est absurde de ne pas prendre en compte la totalité des émissions de gaz à effet de serre dont nous sommes responsables : nous importons énormément de produits fabriqués à l’étranger, et il faut donc ajouter cette empreinte carbone à la nôtre. La France est alors plus proche des 2 %. Il faut ensuite comparer avec les émissions de gaz à effet de serre par habitant. Un Français émet en moyenne 9 tonnes de CO2 par an, soit bien plus que la moyenne mondiale, qui est d’environ 6 tonnes par habitant. De plus les gaz à effet de serre restent dans l’atmosphère pendant de très longues périodes. La demi-vie du carbone atmosphérique est de 120 ans, ce qui veut dire aussi que le CO2 qui cause le changement climatique aujourd’hui est le fruit des émissions de gaz à effet de serre des deux cents dernières années ; en cumul des émissions de gaz à effet de serre, la France est le huitième pays qui contribue le plus au changement climatique.
L’idée selon laquelle la France n’aurait rien à faire parce qu’elle émet peu de gaz à effet de serre est donc fausse car on émet beaucoup, et depuis longtemps. C’est aussi éthiquement contestable. Minimiser la responsabilité de la France, c’est surtout trouver de bonnes excuses pour ne rien faire.
Le point de vue des écologistes en débat
Camtaoij : Pour caricaturer, je pourrais dire que, personnellement, je pèse pour moins de 0,0000002% des émissions mondiales, donc que je peux continuer à émettre à tout-va, ça ne change rien. Ce qu’on peut dire, par contre, c’est que le niveau d’émissions de la France n’est pas soutenable si on l’extrapole à l’ensemble de la population mondiale, et qu’il faudrait diviser nos émissions par 4 au bas mots pour que ça puisse être le cas.
Xis : Pareil pour les accidents de la route : la France représente moins de 1% des accidents dans le monde, donc arrêtons de nous embêter avec les feux rouges et le code de la route 😉
El Progressier : Le 100 % est fait de tous les 1 %. Si chaque personne ne fait rien en arguant qu’elle seule ne peut rien, alors nous ne ferons jamais rien !
Grandlai : Donc, il aurait fallu que la révolution industrielle n’ait pas eu lieu et il faut interdire le développement des pays du Sud grâce à leurs exportations. Autant dire retomber collectivement dans la misère absolue.
Vlfr : Il faut effectivement que les générations actuelles fassent de grands sacrifices pour la survie de l’humanité.
ØISJØ : Vivre sans avion, moins de voiture, de télé, de sèche linge et autres fringues de truc et de machin. Est-ce misérable ? Dire que la production de batterie doit avant tout servir le sud plutôt que nos projets d’avions électriques et autre suv de 4t est-ce être misérable ? Être heureux n’a jamais voulu dire « posséder »
Max222 : Discussions de marchands de tapis à n’en plus finir destiner à culpabiliser les gens sur le comportement de leurs ancêtres. De plus, c’est la masse globale de CO2 émise qui est importante et pas la quantité par individus. Un pays de 1,4 milliards d’habitants, même si la production par habitant est faible, la masse de la population fini par produire des quantités astronomiques de CO2. Ce dont Indiens et Chinois se foutent royalement.
BOLAND : On aura beau faire des efforts : les classes moyennes indiennes (300 millions de gens , environ), et chinoise (500 millions) n’ont qu’un rêve , avoir une voiture , une maison climatisée et le droit de bouger … La clim , que tous les Français vont vouloir , … ben oui , on aurait trop chaud, sinon , … En fait , attendons que tout pète ! (Tiens, des incendies de forêts en mai, c’est un bon début)
Vince : L’effort à faire ? C’est simple, la neutralité carbone pour chacun. Donc ramener ses émissions à ce que la terre peut absorber. En France, cela correspond à une baisse de l’ordre des 3/4. Donc manger très très peu de viande, nourriture essentiellement locale et bio, transports en commun (sauf avion très très rarement) , vélo et petit VE pour ce qui ne peut pas être fait autrement. Habitat très économique en énergie et auto consommation énergétique. Vêtements durables. Loisirs proches. Rien d’insurmontable.
OLIBRIUS : Mettre en place une économie écolo propre suppose un changement complet de paradigme, une société post-capitaliste basée sur la sobriété, des restrictions drastiques, des contrôles quasi totalitaires et une régression généralisée en terme de consommation. Je n’ai rien contre, je suis un adepte de la vie monastique, mais le pays n’acceptera jamais ces sacrifices et je ne vois qu’un effondrement dramatique du système. Mad Max.
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