Post-covid, l’avenir compromis des migrations
François Héran défend la mobilité internationale sans limites, Biosphere lui oppose quelques arguments.
François Héran : On ne perd pas son indépendance si, au lieu de fabriquer soi-même son pain, on l’achète chez son boulanger ; on entre en interdépendance et c’est ce qu’on appelle le marché, avec son lot de coopérations, d’échanges et de régulations.
Biosphere : Le démographe Héran, ancien président de l’INED, révèle qu’il est porteur d’une idéologie, le libéralisme économique, la division du travail, la dépendance envers le marché. Il se sert de cette prise de position a priori pour justifier les migrations internationales. Or l’équilibre écologique repose sur la limitation de la division du travail, qu’elle soit interne ou internationale. Ce sont l’autoproduction et les circuits courts qui doivent être favorisés pour faire cesser les émissions de gaz à effet de serre et l’épuisement des ressources fossiles. Le discours de Héran est hors sol, il n’abordera jamais dans sa tribune du MONDE le coût en carbone des déplacement incessants, qu’ils soient touristiques ou marchandisés.
François Héran : La tendance à franchir toujours plus les frontières n’est ni une mode ni une anomalie. C’est une lame de fond.
Biosphere : Nouvel a priori de ce pseudo-spécialiste, rien ne justifie structurellement une « lame de fond » pour les déplacements transfrontières. C’est une anomalie, une parenthèse historique liée à la société thermo-industrielle ; les déplacements ont été historiquement toujours limités sauf pour les marchands et les brigands. Ce sont les moyens techniques de déplacement, voiture, train, avion qui ont provoqué une nouvelle mode, prendre un bain de soleil à 3000 kilomètres plutôt que découvrir la nature en marchant autour de son domicile.
François Héran : Au nom de quoi voudrait-on dissuader les jeunes, les actifs ou les retraités de parcourir le monde ?
Biosphere : Nouvel a priori non justifié encore une fois, au nom de quoi le tourisme de masse devrait-il être un droit ? Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que naît véritablement le tourisme, grâce au « grand tour » d’Europe que se permettait de faire certains riches curieux (du mot anglais « tourist », « voyage circulaire »). Le mot « tourisme » apparaît en 1841, année où Thomas Cook ouvre en Angleterre une agence de voyages. On devient un migrant temporaire aujourd’hui parce qu’on y est poussé par l’industrie du tourisme, la marchandisation de la découverte du monde. « Au nom de quoi voudrait-on dissuader les jeunes, les actifs ou les retraités de parcourir le monde ? » — M. Héran, eh bien, au nom du climat, tout simplement !
François Héran : Il faut réguler cette mobilité, c’est inévitable, mais on voit mal comment inverser la mondialisation croissante des voyages internationaux, sauf à rêver d’un confinement perpétuel.
Biosphere : Comme l’exprime lui-même Héran, « les contrôles aux frontières pour ralentir la propagation des épidémies sont légitimes ». Bien entendu ils ne sont pas réservés aux immigrés. Cette période de confinement a montré qu’on peut politiquement inverser la mondialisation des échanges internationaux du jour au lendemain. Il est vraiment facile d’inverser les a priori d’Héran !
François Héran : Technique de lutte en temps d’épidémie, le confinement se dégrade en idéologie s’il allègue la protection sanitaire des nations pour viser les seuls migrants.
Biosphere : C’est la rengaine d’Héran, faire l’amalgame entre confinement, tourisme et immigrés. Cela montre la confusion de son esprit, relevée par beaucoup de commentateurs du MONDE, par exemple : « confondre les entrées pour immigration avec les séjours touristiques, c’est … hors de tout qualificatif. Mais qui est cet hurluberlu ? »
François Héran : Les contrôles aux frontières pour ralentir la propagation des épidémies sont légitimes, mais rien ne justifie de les réserver aux migrants, alors que les voyageurs internationaux sont de 140 à 200 fois plus nombreux.
Biosphere : en voulant nous faire croire que l’immigration pèse peu par rapport au nombre de touristes qui visitent la France chaque année, François Héran réussit paradoxalement à nous apprendre que 540 000 personnes étrangères rentrent chaque année sur le territoire national : « Au total, en calculant sans doubles comptes, on peut estimer à 400 000 environ le nombre d’entrées annuelles de migrants non européens sur le territoire français. Quant aux citoyens de l’Union européenne, qui peuvent s’installer sans titre de séjour, les enquêtes de l’Insee estiment leur afflux, bon an mal an, autour de 140 000. » C’est énorme, à rapprocher au solde naturel français (naissances – décès) de 141 000 personnes en 2019.
François Héran : L’immigration zéro est un déni de réalité tout autant que le slogan « no border ».
Biosphere : Entre la fermeture totale d’un pays et un territoire sans aucune frontières, il y a certes toute une zone intermédiaire. Mais Héran ne précise jamais où se trouve la limite aux flux migratoires, il rejoint donc les No Border, un collectif qui prône l’abolition des frontières, la régularisation des étrangers en situation irrégulière, l’arrêt des expulsions, etc.
François Héran : La somme des franchissements de frontière enregistrés dans le monde en 2018 pour des séjours de moins d’un an s’élève à 1,4 milliard, selon l’Organisation mondiale du tourisme. Ce nombre a progressé de 50 % en dix ans. Voyages de loisir pour une grosse moitié, mais aussi visites aux proches, voyages d’étude, pèlerinages, déplacements professionnels (stages, missions, travaux saisonniers).
Biosphere : Le 13 décembre 2012 a été la date retenue par l’OMT (Organisation mondiale du tourisme) pour marquer l’arrivée symbolique du milliardième touriste qui a voyagé de par le monde en 2012. Comme si le réchauffement climatique n’existait pas ! Comme si le kérosène n’allait pas devenir un luxe inabordable ! L’avion est le moyen le plus efficace et le plus rapide pour dépenser notre budget carbone. Il y a quelque chose d’absurde sur cette planète, c’est le bougisme contemporain !
François Hé: Le souverainisme atteint ses limites avec les effets ruineux du confinement national et sous le coup des décisions souveraines des autres pays.
Biosphere : On aimerait bien qu’Héran précise sa conception. Si le confinement est ruineux, faut-il donc appliquer l’alternative de l’immunité collective, on tombe malade et ce sont les plus résistants qui survivent ? La seule référence que retient Héran du souverainisme, c’est Philippe de Villiers qui profite des étrangers pour faire vivre son parc d’attraction !
François Héran : Le rêve d’un monde fermant ses frontières à tous les étrangers n’est qu’un ruineux cauchemar.
Biosphere : François Héran fait semblant de ne pas comprendre. Personne ne veut d’ un pays confiné mais de déplacements qui respectent les limites de la planète et n’empiètent pas sur la cohésion sociale. Ces militants pro-immigrationnistes avancent toujours masqués sous des vocables d’experts.
François Héran : Une fois déconfiné, le monde continuera de circuler – et il y aura tout à voir.
Biosphere : L’immigration de gens culturellement éloignés a tendance a accroître fortement la délinquance et à dégrader le « vivre-ensemble ». Cette migration fait baisser les salaires, c’est même pour cela que le patronat la revendique, une main d’œuvre corvéable à merci. L’immigration pèse aussi sur les ressources (logements, protection sociale). Et l’immigration ne « créée » aucune activité. Où est l’impératif de s’ouvrir aux migrants quand on a plus de 10 % de chômeux ? C’est assez étonnant que les « progressistes » ne voit l’avenir qu’avec un lumpen-prolétariat immigré et exploité. Pour montrer que sur ce blog biosphere nous sommes pour une maîtrise de toutes les migrations, qu’elles soient tourisme ou expatriation, voici nos articles antérieurs :
12 avril 2020, Covid-19 va fermer durablement les frontières
7 juillet 2019, Le Canard enchaîné, tout contre le tourisme
7 avril 2019, Faire « tourisme et découvertes » sans prendre l’avion
9 octobre 2018, Surtourisme : 1,3 milliard de déplacements inutiles
7 octobre 2018, Immigration, l’écologie politique est-elle humaniste
4 octobre 2018, L’immigration, question centrale des Européennes ?
17 septembre 2018, LFI hésite à parler vrai sur la fin des migrations !
19 juillet 2018, Démographie africaine et migrations vers l’Europe
13 mai 2018, L’imbécillité écologique du tourisme mondial
10 mars 2018, La fin des migrations sur une planète close et saturée
14 janvier 2018, Le summum du tourisme débile… en 21 jours
23 septembre 2017, Une nouvelle dimension aux migrations, insupportable
3 août 2017, Barcelone ou ailleurs, trop de tourisme tue le tourisme
30 août 2016, L’immigrationisme pousse à la guerre de tous contre tous
6 novembre 2014, Le tourisme spatial en deuil, juste retour des choses
3 novembre 2012, ECOPOP, limiter l’immigration pour protéger la nature ?
9 décembre 2011, arrêt des migrations et ressources vitales
1er avril 2009, tourisme lent
27 juillet 2008, non au tourisme
26 mai 2007, immigration zéro
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