La COP28 ouvre ses portes le 30 novembre à Dubaï dans les Emirats arabes unis, un des membres du G17. Vous ne connaissez pas le G17 ? Normal, il n’a pas d’existence formelle : il s’agit des pays dont les économies sont les plus dépendantes de la production et de l’exportation d’énergie fossile. Certains sont au Proche-Orient, mais pas tous. On en trouve en Afrique (Nigeria, Algérie, Afrique du Sud, Libye), dans les pays développés (Australie, Norvège), sans oublier la Russie, le seul membre du G17 à exporter à la fois du pétrole, du gaz et du charbon.
Christian de Perthuis : « Le président de la COP28, Sultan Ahmed Al-Jaber est le PDG de la compagnie nationale pétrolière Abu Dhabi National Oil Company (Adnoc), l’une des grandes compagnies nationales du Proche-Orient ; il prévoit d’accroître d’ici à 2028 sa capacité d’extraction de pétrole de 4 millions à 5 millions de barils/jour. Les membres du G17 s’illustrent par leur capacité de freinage et d’obstruction car l’énergie fossile constitue l’ossature de leur économie. Il suffit de voir l’état catastrophique des économies rentières lorsqu’elles sont affectées par l’effondrement de cette rente. Au Venezuela, le niveau de vie par habitant s’est contracté des trois-quarts et l’espérance de vie a reculé de 2,5 ans. L’espoir est que cette COP28 aux relents de pétrole provoque un électrochoc au sein du G17. La COP26 s’était accordée sur l’objectif de sortie du charbon utilisé sans captage et stockage du CO2. L’enjeu principal de la COP28 est d’obtenir un engagement similaire pour le pétrole et le gaz. Mission impossible ?
Le virage écolo de l’administration Biden n’a nullement freiné les investissements dans le pétrole et le gaz. Norvège et Royaume-Uni ont distribue à nouveau généreusement des permis d’exploration. Les grandes banques européennes continuent par ailleurs de financer l’économie pétro-gazière. N’oublions pas nos propres responsabilités dans le prolongement de l’aventure pétro-gazière. »
Le point de vue des écologistes catastrophés
Michel SOURROUILLE : Encore une tribune défaitiste, aucune solution n’est envisageable selon Christian de Perthuis. Selon ses propres dires, il est aussi vain de penser que le G17 va sortir de la rente fossile comme il est impensable que les pays riches se passent de l’abondance due au pétrole. A l’impossible nul n’est tenu ? La seule tribune qui aurait un impact, c’est de dire que de toute façon, si on ne maîtrise pas volontairement la décroissance économique et démographique, les calamités naturelles et la raréfaction des ressources vont nous obliger à nous limiter de force puisque nous refusons le plein gré. La planète ne négocie pas et se rie de nos 28 années de circonvolutions verbales. De la sueur, du sang et des larmes comme en état de guerre, voilà le seul discours cohérent sur l’avenir que nous devons prendre en main.
Grôme : Dubaï, c’est comme si on demandait à Bayer comment sortir du glyphosate 🙂
YannBreton : Comme pour la sortie du glyphosate… Paroles et paroles et paroles. Si engagements il y a, ce sera encore de la poudre aux yeux. Ils ne sont jamais respectés et les lobbyistes du pétrole sont parmi les plus efficaces donc…
Fitzcarraldo : l’évolution du climat n’est pas quelque chose de contrôlable. Ça va devenir invivable d’ici 10, max 20 ans, ces Cop et l’industrie de l’énergie n’apportent aucune solution crédible. L’humanité devrait avoir une priorité, coloniser la Lune pour ensuite terraformer Mars et ensuite Vénus. Il faudrait déjà réfléchir à des organisations pour ne pas commettre les mêmes erreurs que sur Terre.
Pm22 : La France, phare de l’humanité, doit interdire charbon, pétrole et nucléaire. Pesticides et antibiotiques aussi. Une production locale de tisane remplacera l’industrie pharmaceutique. La charrette à bras, la trottinette et le pédalo remplaceront voiture, camion et avion. La permaculture de topinambour et de quinoa remplacera avantageusement l’agriculture industrielle gavée d’engrais. Le monde entier nous enviera.
amiliajc : Pas assez de cancer, pas assez de catastrophe climatique pour être courageux face à une météo démente ? Ils ont des enfants : veulent-ils sauver l’avenir de leurs enfants ou les laisser mourir de faim et de canicule ?
L’histoire des COP sur notre blog biosphere
Lire, L’historique du fiasco climatique (de 1857 à 2021)
27 novembre 2023, COP28, le moment d’une vérité édulcorée
25 octobre 2023, COP28 et AIE, sobriété énergétique tabou !
3 octobre 2023, Boycott de la COP28, la seule option ?
20 novembre 2022, COP27 : Vive les énergies fossiles !
6 novembre 2022, COP27, un échec programmé
6 novembre 2021, COP26, le pouvoir n’est pas dans la rue !?
6 novembre 2021, COP26, histoire d’un fiasco programmé
5 novembre 2021, COP26, le choc charbonnier va faire mal
4 novembre 2021, COP26, le piège du développement (durable)
2 novembre 2021, COP26, le bal des hypocrites à Glasgow
1er novembre 2021, COP26, technologie ou sobriété partagée ?
17 décembre 2019, COP25, des résultats insignifiants
18 décembre 2018, COP24, une mascarade sur le climat, un échec avéré (Katowice)
2 novembre 2017, COP23, vingt trois années de blabla climatique (Bonn)
19 novembre 2016, La COP 22 s’achève à Marrakech sur un bide
14 décembre 2015, COP21, encore un succès d’apparence, le 21ème ! (Paris)
25 octobre 2015, COP21 : accord préparatoire de Bonn, le fiasco
15 décembre 2014, Climat : les trois chiffres clés, zéro / zéro / cent (COP20 à Lima)
30 novembre 2009, le fiasco de Copenhague (COP15)
19 décembre 2007, Echec de la COP13 à Bali
Dans nos archives, article écrit le 29.09.2008 par Michel Sourrouille
La démocratie bafouille. Qui est plus puissant que le président des Etats-Unis ? Qui est plus puissant que les sept présidents des principales puissances du monde réunis en G8 ? Personne ! Pourtant la démocratie est ainsi faite que ce surcroît de puissance ne sert à rien car un problème ne commence à chercher sa solution que si on arrive à le formuler.
Si l’on reprend le texte des communiqués officiels des réunions du G7 depuis leur début en 1975, on constate que le réchauffement climatique émerge très lentement au niveau diplomatique, trop lentement. Ce n’est qu’en 1983 que l’environnement est évoqué au détour d’une phrase alors que la conférence de Stockholm dans le cadre de l’ONU en a fait un élément majeur dès 1972. L’expression réchauffement climatique est mentionnée en 1987 et 1988. Il faut attendre 1989 pour évoquer « la limitation des émissions de dioxyde de carbone ». La Convention sur le changement climatique est signée en 1992, le protocole de Kyoto en 1997. Mais en 2002, le G8 (avec la Russie) ne parle pas du tout du changement climatique puisque G.Bush vient d’accéder à la présidence des USA. Ce n’est qu’en 2005 que Tony Blair parvient à imposer un « plan d’action » sur le climat et l’énergie, plan dont on a du mal à cerner aujourd’hui la réalité. L’idée de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre est clairement exprimée en 2007, confirmée en 2008. Mais il s’agit d’un objectif global sans moyens. De plus la réduction d’ici à 2050 n’a pas d’année de référence (1990 comme le protocole de Kyoto, 2000 comme le suggère le GIEC, 2008 comme le propose le Japon ?). Comment cet effort sera-t-il partagé entre les pays riches et les pays pauvres ? On n’en sait rien.
Peut-être qu’en 2050 on accélérera les débats, la biosphère nous envoyant sécheresses et inondations, tempêtes et typhons à foison. Tant que les intérêts humains à court terme passeront avant le nécessaire équilibre à long terme de la planète, nous jouerons au jeu quelques gagnants dans l’immédiat, tout le monde perdant en fin de partie.