spiritualités

L’écoanxiété gagne les esprits, agissons

L’angoisse face aux perturbations environnementales porte un nom : l’écoanxiété. Comment faire pour ne pas être dévoré par l’inquiétude face aux crises écologiques et géopolitiques? Comment ne pas sombrer dans la dépression alors que l’inertie est l’attitude la plus commune ? Voici, par les titres d’un quotidien bien connu, les nouvelles de la planète sur ces deux derniers jours. Les alertes sont multiples. Rien ne va plus, faites vos jeux !

– répondre à un été de catastrophes climatiques (éditorial du MONDE)

– climat, des changements plus rapides que prévu

– les modelés climatiques du GIEC donnent une vision un peu trop optimiste

– Méditerranée, le réchauffement s’accélère

– Corse, les arbres tombaient comme des allumettes

– en Italie, des scènes de chaos après de violentes tempêtes

– le Portugal en proie aux feux de forêt

– une sécheresse sans précédent menace la croissance de la Chine

– en Namibie, un modèle conservatoire fragilisé

– Medvedev, le va-t-en guerre du Kremlin

– Chine, des opposants envoyés en hôpitaux psychiatriques

– au Tadjikistan, répression massive contre la minorité pamirie

– un long voyage dans l’enfer du goulag

– la situation alarmante de la pédopsychiatrie

– inquiétante résurgence de la poliomyélite

– victime de fatwas, elle dénonce l’obscurantisme

– dérèglement climatique, il faut impliquer les citoyens

– la France et le vélo, une succession de rendez-vous manqué

Le point de vue des écologistes

L’anxiété est une réponse normale, et même inévitable, aux menaces écologiques auxquelles nous sommes confrontés dans un contexte politique troublé. Qui ne connaît pas l’écoanxiété est vraiment aveugle au monde qui nous entoure. Qui veut sortir de l’écoanxiété s’oblige à agir à son échelle…

Lire, L’écoanxiété a-t-elle besoin d’être soignée ?

L’écoanxiété gagne les esprits, agissons Lire la suite »

Sourrouille Michel, l’auteur de ce livre

Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant les mois de juillet-août. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile…

Sourrouille Michel, présentation de l’auteur

Qui suis-je ? Il y a bien des nombres pour me caractériser, mon numéro d’inscription à la sécurité sociale, des chiffres pour téléphoner, un numéro sur ma porte d’entrée, un indicatif postal, une plaque minéralogique, un code bancaire, des chiffres, encore des chiffres. Et moi je ne suis qu’une simple unité parmi des milliards d’habitants qui réduisent d’autant mon espace vital, celui des autres espèces et la beauté de la nature qui m’entourait. Désespérant d’être un minuscule rouage d’une énorme machinerie numérisée qui écrase tout sur son passage. Désespérant ? C’est aussi une motivation pour réagir ! Dans mon carnet de notules que je tenais depuis 1969, j’attribuais à Tchekhov cette phrase que j’ai fait mienne : « Tout homme a en lui-même un esclave qu’il tente de libérer. »

Je me suis libéré. Pour mieux réfléchir… Pour aider à améliorer le monde… J’ai soutenu et propagé comme j’ai pu tout ce qui allait dans ce sens, la non-violence, l’objection de conscience, le féminisme, le naturisme, le biocentrisme, le sens de l’écologie, le sentiment des limites de la planète, l’objection de croissance, le malthusianisme, la simplicité volontaire… Pas étonnant que je sois considéré comme écologiste radical. Militant. En rupture avec le système dominant.

Mais je ne sais pas ce que veut dire faire la révolution, prendre le pouvoir. Trop brutal, inefficace à long terme. Je ne suis qu’un passeur. Ma vocation constante, c’est d’être éducateur. Je me serais contenté d’être instituteur, mais j’ai parcouru d’autres voies. Moniteur de colonies de vacances et instructeur CEMEA (Centre d’entraînement aux méthodes d’éducation active), éducateur spécialisé, puis professeur de SES (sciences économiques et sociales), animateur pour jeu d’échecs et formateur d’animateurs, arbitre national FFE (Fédération Française des Echecs) et formateur d’arbitres, animateur du pôle écologique du PS et formateur EELV (Europe Ecologie Les Vert), très actif sur Internet pour diffuser mes analyses, journaliste-écrivain pour la Nature et l’écologie, toujours prêt à aller plus loin en discutant avec mes proches et mon voisin. Toute mon existence a été vouée à (in)former après m’être (in)formé, et peu importe de ne pas obtenir immédiatement un résultat probant. Je ne fais que transmettre les connaissances que j’ai acquises. Chacun de nous apprend aux autres, consciemment ou inconsciemment, de façon maladroite ou pertinente. Car chacun de nos actes ou presque est jugé par d’autres, servant de modèle ou de repoussoir. C’est notre comportement commun qui fait le sens de l’évolution sociale, mais nous ne sommes pas à la place d’autrui, chacun fait ce qu’il peut. Quant à moi, il me suffit d’avoir fait ce que j’estimais devoir faire, la part du colibri.

« Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés et atterrés observaient, impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’active, allant chercher quelques gouttes d’eau dans son bec pour les jeter sur le feu. Au bout d’un moment, le tatou, agacé par ses agissements dérisoires, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Tu crois que c’est avec ces quelques gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ? » « Je le sais, répond le colibri, mais je fais ma part. » [Pierre Rabhi, La part du colibri, l’espèce humaine face à son devenir (éditions de l’Aube, 2011)

Né en 1947, je ne suis arrivé qu’après mai 1968 aux années de mon éclosion, de ma renaissance. Élevé dans une société autoritaire, imbibée de religiosité et d’économisme, j’ai quand même réussi à penser autrement. J’arrive à la fin de ma vie, la retraite ne m’empêche pas d’agir. Je passe plus d’heures au service de l’espèce humaine et de la biosphère que si je travaillais à plein temps. Avec ce livre, je n’ai pas voulu me contenter de dénonçer l’inertie socio-politique et le déni économique face à l’urgence écologique. Ma bibliothèque est déjà plus que pleine de ces livres sur l’effondrement en cours de notre civilisation thermo-industrielle sans qu’on sache quoi que ce soit de l’engagement personnel de l’auteur. J’ai essayé de mettre de la chair autour des idées. Cela me semblait plus porteur qu’un énième livre sur la crise écologique. C’est pourquoi dans chaque partie de ce livre je raconte ma propre expérience pour essayer d’en tirer des enseignements profitables à tous. Je voudrais te convaincre que tu es toi aussi un écologiste qui sommeille, qui s’éveille, qui peut agir. On ne naît pas écolo, on le devient. J’ai essayé de montrer que nous sommes à la fois déterminés par notre milieu social et libre de choisir notre destinée. Il n’y a de liberté véritable que dans la mesure où nous savons mesurer les contraintes qui pèsent sur nous.

Je m’appelle Michel Sourrouille et j’ai écrit ce livre pour partager

mes pensées et mon vécu avec toi

car nous partageons la même maison, la Terre, si belle, si fragile.

(à suivre… demain sur ce blog biosphere)

Déjà paru :

On ne naît pas écolo, on le devient, introduction

Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver

Abeille, qui ne pique que si on l’embête

Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après

Absolu, un mot à relativiser, un mot indispensable

Acteurs absents, dont on a eu tort d’ignorer l’existence

Adolescence, moment de révolte ou de soumission ?

Alcool, dur pour un écolo de refuser de trinquer !

Amour, une construction sociale trop orientée

Animal, une facette de notre humanité trop ignorée

Austérité, mot qui fait peur et pourtant source de bonheur

Barbe, un attribut des hommes qu’on voulait faire disparaître

Cannabis, une dépénalisation qui créerait l’usage

Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés

Compétition, système inhumain au service d’une société inhumaine

Croissance, l’objectif économique le plus débile que je connaisse

Démographie, le problème central qui est systématiquement ignoré

Devoir, la contre-partie nécessaire de nos droits

Doryphore, symbole d’une agriculture post-moderne

École obligatoire et gratuite, une entreprise de déculturation

Écologiste en devenir, notre avenir commun

Électricité, les inconvénients d’un avantage

Ethnologie, la leçon primordiale des aborigènes

Eugénisme, engendrer de bonne façon est-il condamnable ?

Euthanasie, mourir de belle manière comme heureuse conclusion

Féminisme, on ne naît pas femme, on le devient

Futur, il sera à l’image de notre passé !

Génériques, l’achat au meilleur rapport qualité/prix

Homoparentalité, la stérilité n’est pas une damnation

Interaction spéculaire, je fais ainsi parce que tu fais de même

IVG, une mauvaise expérience par manque d’expérience

Logement, une maison à la mesure de nos besoins réels

Loisirs, plutôt les échecs que le match de foot à la télé

Mariage pour tous, l’oubli du sens des limites

Militantisme, une construction de soi qui ne va pas de soi

Mobilité, aller moins loin est bien plus rapide

Musée, pas besoin du passé pour être un vrai artiste

Objecteur de conscience j’ai été, je suis, je serai

Pêche, une activité artisanale devenue un massacre de masse

Peine de mort, abolie un jour, tentation toujours

Philosophie, les valeurs de l’écologie profonde

Portable, suis-le le seul à ne pas en avoir ?

Publicité, une agression qui touche à l’acharnement

Recherche sans développement, refondation de la science

Religions, un frein à notre réflexion

Repas, manger comme acte profondément politique

Roman, qui ne mérite pas l’arbre qu’on a coupé pour lui

Sciences économiques et sociales, une tentative holistique ratée

Simplicité… volontaire aujourd’hui, obligatoire demain

Sourrouille Michel, l’auteur de ce livre Lire la suite »

Simplicité… volontaire ou obligée ?

Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant les mois de juillet-août. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile…

Simplicité… volontaire aujourd’hui, obligatoire demain

Je suis né en 1947, un enfant d’après-guerre, élevé dans un contexte de pénurie. En ce temps-là les casseroles s’achetaient encore avec des tickets de rationnement et on prenait la vie comme elle venait. J’étais donc personnellement préparé à vivre de peu, avec un père artisan-tailleur qui avait des mortes saisons, sans beaucoup de client. Il fallait faire attention à tout, nos exigences d’enfant étaient restreintes. Je voulais jouer au piano dès le plus jeune âge, j’ai attendu mes 17 ans pour en avoir un, d’emprunt. Il n’y avait pas de télévision, pas de téléphone accessible aux enfants du foyer, bien sûr ni ordinateur ni téléphone portable, c’était un autre temps. Je n’ai jamais souffert du manque, c’était le bon temps, je ne me suis jamais ennuyé. Je pense toujours que nous devons nous entraîner à vivre de peu, à vivre comme un Amish, la religion en moins.

Mais le contexte socio-économique est parti à l’opposé. Selon la doctrine keynésienne appliqué pendant les « Trente Glorieuses » (1945-1974), il fallait consommer toujours plus pour échapper à une grande crise comme celle de 1929 : avec le déficit budgétaire et le laxisme monétaire on lutterait contre l’équilibre de sous-emploi (le chômage structurel). Au niveau des entreprises, Ford avait mis en pratique la consommation de masse avec le travail à la chaîne et la hausse des salaires. Aujourd’hui la croissance de la consommation est devenue une fin en soi, sans souci de l’avenir ni du respect de la biodiversité. Or c’est notre propre comportement qui détermine le système social. Je suis interpellé par le raisonnement de Gandhi: « La civilisation au vrai sens du mot, ne consiste pas à multiplier les besoins mais à les réduire volontairement, délibérément. Même à l’ashram, nous possédons beaucoup de choses dont on ne saurait prouver la nécessité et ainsi nous soumettons notre prochain à la tentation de voler. Il faut nous rappeler que la non-possession est un principe applicable aussi bien aux pensées qu’aux choses. Celui qui emplit son cerveau de connaissances inutiles viole ce principe inestimable. » Après avoir été objecteur de conscience, je deviens objecteur de croissance. J’essaye de faire passer le message. J’ai par exemple réussi à faire adopter par consensus une motion sur la simplicité volontaire lors d’une réunion à Paris le 29 mai 2010 :

« Le Pôle écologique du Parti Socialiste invite ses membres et l’ensemble des citoyens à faire preuve le plus possible dans leur vie de sobriété énergétique et d’autolimitation pour construire ensemble une société plus conviviale et plus égalitaire. »

Autant dire que cela n’a pas eu beaucoup d’effet… Pour l’instant, personne ne se sent concerné par le fait de vivre sans portable, sans carte bancaire et sans voyage au long cours… Mais tant que nous n’aurons pas personnellement (et collectivement) changé de mode de vie, l’avenir sera des plus sombres.

Une communauté en transition écologique ne peut fonctionner durablement que si la philosophie de ses membres possède une homogénéité suffisante, centrée sur la simplicité volontaire… devenue obligatoire. En janvier 2012, nous avions décidé dans le cadre d’Angoulême-résilience de mettre en commun nos pratiques personnelles d’économie d’énergie. Quatre d’entre nous ont donné le dossier d’isolation de leur maison. J’ai voulu montrer qu’il fallait aller plus loin :

« Il nous faut limiter au maximum notre poids sur la planète. La vie dans une communauté autonome s’accompagne nécessairement de la simplicité personnelle la plus gran

de possible. Le bonheur résiderait dans la simplicité totale et l’autarcie, se suffire à soi-même. Il n’y a de limites à notre sobriété heureuse que la force de nos convictions. Une communauté de résilience ne peut se concevoir que si ses membres sont vertueux. »

Gros émoi dans le groupe. Les copains croient à de la théorie alors qu’il s’agit de mettre en pratique. La simplicité volontaire est d’abord un déconditionnement. L’art de vivre à l’inverse de notre société consumériste exige l’effort, transpirer sur sa bicyclette ou une bêche à la main. Cet engagement peut aller jusqu’à l’absence de confort. Des personnes refusent Internet, bien sûr, mais aussi le téléphone, la radio, et même le journal.

La décroissance n’est crédible que vécue, incarnée. Seule la cohérence permet de toucher les autres. A chacun de se mettre en chemin sur la voie de la simplicité.

(à suivre… demain sur ce blog biosphere)

Déjà paru :

On ne naît pas écolo, on le devient, introduction

Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver

Abeille, qui ne pique que si on l’embête

Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après

Absolu, un mot à relativiser, un mot indispensable

Acteurs absents, dont on a eu tort d’ignorer l’existence

Adolescence, moment de révolte ou de soumission ?

Alcool, dur pour un écolo de refuser de trinquer !

Amour, une construction sociale trop orientée

Animal, une facette de notre humanité trop ignorée

Austérité, mot qui fait peur et pourtant source de bonheur

Barbe, un attribut des hommes qu’on voulait faire disparaître

Cannabis, une dépénalisation qui créerait l’usage

Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés

Compétition, système inhumain au service d’une société inhumaine

Croissance, l’objectif économique le plus débile que je connaisse

Démographie, le problème central qui est systématiquement ignoré

Devoir, la contre-partie nécessaire de nos droits

Doryphore, symbole d’une agriculture post-moderne

École obligatoire et gratuite, une entreprise de déculturation

Écologiste en devenir, notre avenir commun

Électricité, les inconvénients d’un avantage

Ethnologie, la leçon primordiale des aborigènes

Eugénisme, engendrer de bonne façon est-il condamnable ?

Euthanasie, mourir de belle manière comme heureuse conclusion

Féminisme, on ne naît pas femme, on le devient

Futur, il sera à l’image de notre passé !

Génériques, l’achat au meilleur rapport qualité/prix

Homoparentalité, la stérilité n’est pas une damnation

Interaction spéculaire, je fais ainsi parce que tu fais de même

IVG, une mauvaise expérience par manque d’expérience

Logement, une maison à la mesure de nos besoins réels

Loisirs, plutôt les échecs que le match de foot à la télé

Mariage pour tous, l’oubli du sens des limites

Militantisme, une construction de soi qui ne va pas de soi

Mobilité, aller moins loin est bien plus rapide

Musée, pas besoin du passé pour être un vrai artiste

Objecteur de conscience j’ai été, je suis, je serai

Pêche, une activité artisanale devenue un massacre de masse

Peine de mort, abolie un jour, tentation toujours

Philosophie, les valeurs de l’écologie profonde

Portable, suis-le le seul à ne pas en avoir ?

Publicité, une agression qui touche à l’acharnement

Recherche sans développement, refondation de la science

Religions, un frein à notre réflexion

Repas, manger comme acte profondément politique

Roman, qui ne mérite pas l’arbre qu’on a coupé pour lui

Sciences économiques et sociales, une tentative holistique ratée

Simplicité… volontaire ou obligée ? Lire la suite »

Sciences économiques et sociales, dénaturée

Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant les mois de juillet-août. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile…

Sciences économiques et sociales, une tentative holistique ratée

J’ai été pendant toute ma carrière professionnelle enseignant en sciences économiques et sociales dans un lycée. Cette discipline récente est née en 1965 pour les secondes, donnant le jour en juin 1968 au premier bac B, ancêtre du bac ES (économique et social). Les épreuves du premier Capes de Sciences Economiques et Sociales sont instituées en décembre 1969, je l’ai obtenu en 1975. On peut résumer en une phrase la finalité de cet enseignement : « Conduire à l’intelligence des économies et sociétés d’aujourd’hui et intégrer cette acquisition à la formation générale des élèves ».

Il est donc normal que cette matière évolue en même temps que la société. Voyons la prise en compte au cours des années de la dualité croissance/crise dans les programmes officiels de terminale. Le contenu était centré à l’origine sur un monde séparé en trois blocs, les pays capitalistes développés, les pays socialistes et les pays du Tiers Monde. Le choc pétrolier de 1973 a introduit un chapitre sur « la crise ». Ce qui fait que le programme est devenu au début des années 1980 « étude de la croissance et des crises tant dans les pays industrialisés que dans les économies socialistes et le Tiers Monde ». Avec le contre-choc pétrolier de 1986, le ton devient plus neutre en 1987 : « Les transformations économiques et sociales ». Le Tiers Monde devient comme par magie « pays en voie de développement ». Mais le terme croissance n’apparaît pas, sauf dans la dénomination « croissance des entreprises ». On s’en tient encore aux crises, leurs différents aspects, les politiques de lutte contre la crise.

Mais en 1999 la notion de crise disparaît avec un nouveau programme restructuré autour de ce questionnement économique : travail et emploi… investissement, capital et progrès technique… Ouverture internationale et mondialisation. On s’interroge sur les relations entre croissance, développement et changement social, exit l’existence possible d’une crise. On a complètement oublié qu’en 1972 un rapport au Club de Rome bien documenté avait statistiquement démontré les limites de la croissance. Dans l’index des manuels, le mot crise n’apparaît plus, sauf sous des forme particulières comme « crise de l’Etat-providence ». La notion de cycle économique a aussi disparu corps et bien alors que c’était autrefois un élément fondamental de l’enseignement. Les sujets de bac sont tous centrés sur la notion de croissance à prolonger. C’est pourquoi le programme en application pour 2012-2013 semblait constituer un véritable bouleversement. Des mots horribles pour la vulgate dominante apparaissent, fluctuations économiques, crise, soutenabilité faible, etc. Les notions de dépression et déflation sont explicitement au programme. Dans Economie et développement durable, les deux sous-titres abordent enfin la question écologique : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ? Quels instruments économiques pour la politique climatique ?

Il n’empêche que le sujet de dissertation en juin 2014 pose d’emblée l’idée que la croissance économique est inéluctable, seul importe ses modalités : « Les facteurs travail et capital sont-ils les seules sources de la croissance économique ? » De son côté l’épreuve composée veut conforter à la fois la flexibilité libérale et le libre-échange : « 1. Comment la flexibilité du marché du travail peut-elle réduire le chômage ? 2. À quels risques économiques peuvent s’exposer les pays qui mènent une politique protectionniste ? ». Belle illustration de la compromission absolue du système enseignant avec le libéralisme croissanciste.

Or un enseignement transversal comme celui des sciences économiques et sociales ne peut faire l’impasse sur la composante écologique. Pour l’épreuve composée du bac 2017, une des deux questions de restitution de connaissances demande de « présenter deux limites écologiques auxquelles se heurte la croissance économique. » Cette ouverture d’esprit reste marginale. Rappelons aussi ce texte trop isolé d’un manuel de terminale choisi pour la rentrée 2007 et qui posait le problème de fond :

«  Pour éviter  une catastrophe sans précédent pour l’humanité, il n’y a pas d’autres  choix que la décroissance dans les pays qui dépassent les seuils tolérables de ponction sur l’environnement. Le terme de décroissance a un sens principalement symbolique, politique : c’est une rupture avec la religion de la croissance. » (J.Gadrey, l’impact de la croissance sur l’environnement, Alternatives économiques n° 242 décembre 2005).

Les élèves de SES (et leurs enseignants) vont-ils un jour comprendre que l’économique n’est qu’une partie du social et le social une simple composante de l’écologie ?

(à suivre… demain sur ce blog biosphere)

Déjà paru :

On ne naît pas écolo, on le devient, introduction

Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver

Abeille, qui ne pique que si on l’embête

Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après

Absolu, un mot à relativiser, un mot indispensable

Acteurs absents, dont on a eu tort d’ignorer l’existence

Adolescence, moment de révolte ou de soumission ?

Alcool, dur pour un écolo de refuser de trinquer !

Amour, une construction sociale trop orientée

Animal, une facette de notre humanité trop ignorée

Austérité, mot qui fait peur et pourtant source de bonheur

Barbe, un attribut des hommes qu’on voulait faire disparaître

Cannabis, une dépénalisation qui créerait l’usage

Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés

Compétition, système inhumain au service d’une société inhumaine

Croissance, l’objectif économique le plus débile que je connaisse

Démographie, le problème central qui est systématiquement ignoré

Devoir, la contre-partie nécessaire de nos droits

Doryphore, symbole d’une agriculture post-moderne

École obligatoire et gratuite, une entreprise de déculturation

Écologiste en devenir, notre avenir commun

Électricité, les inconvénients d’un avantage

Ethnologie, la leçon primordiale des aborigènes

Eugénisme, engendrer de bonne façon est-il condamnable ?

Euthanasie, mourir de belle manière comme heureuse conclusion

Féminisme, on ne naît pas femme, on le devient

Futur, il sera à l’image de notre passé !

Génériques, l’achat au meilleur rapport qualité/prix

Homoparentalité, la stérilité n’est pas une damnation

Interaction spéculaire, je fais ainsi parce que tu fais de même

IVG, une mauvaise expérience par manque d’expérience

Logement, une maison à la mesure de nos besoins réels

Loisirs, plutôt les échecs que le match de foot à la télé

Mariage pour tous, l’oubli du sens des limites

Militantisme, une construction de soi qui ne va pas de soi

Mobilité, aller moins loin est bien plus rapide

Musée, pas besoin du passé pour être un vrai artiste

Objecteur de conscience j’ai été, je suis, je serai

Pêche, une activité artisanale devenue un massacre de masse

Peine de mort, abolie un jour, tentation toujours

Philosophie, les valeurs de l’écologie profonde

Portable, suis-le le seul à ne pas en avoir ?

Publicité, une agression qui touche à l’acharnement

Recherche sans développement, refondation de la science

Religions, un frein à notre réflexion

Repas, manger comme acte profondément politique

Roman, qui ne mérite pas l’arbre qu’on a coupé pour lui

Sciences économiques et sociales, dénaturée Lire la suite »

Roman, qui ne mérite pas lecture

Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant les mois de juillet-août. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile…

Roman, qui ne mérite pas l’arbre qu’on a coupé pour lui

Je suis un grand lecteur, et j’ai donc (indirectement) coupé beaucoup d’arbres transformés en pâte à papier. Au début, je ne savais pas comment diriger ma lecture. Je lisais tout ce qui passait à ma portée, n’importe quoi pourvu qu’il y ait des pages. Ce sont mes premières années de militantisme qui m’ont ouvert les yeux sur ce qu’il fallait vraiment lire. Je sélectionnais des livres, rien que des écrits sérieux, parlant de militantisme et d’économie politique, de sociologie et de philosophie, rien que du pousse-à-penser. Le CSOC (comité de soutien aux objecteurs de conscience) auquel j’appartenais au début des années 1970 a occupé un vieux local que nous avons retapé. J’ai donné toute ma bibliothèque à notre groupe. Il s’agissait de démarrer une mise en commun de nos livres. Il suffisait à chacun de donner un livre à la bibliothèque pour entrer dans le monde de l’écrit qui fait prendre conscience… Mais patatras ! Un jour Alice, la jeune militante compagne de José Bové, a demandé l’introduction de romans dans notre répertoire existentiel. Gros débat entre nous ! Ainsi va la vie, nous ne pouvons pas rester sérieux bien longtemps, à moins d’être jugé pisse-froid et exclu des assemblées humaines. Aujourd’hui je suis toujours effaré par le nombre de titres qui encombrent nos librairies. Que choisir parmi tant de livres ? Nous ne savons plus choisir… et les romans sont préférés. Pourtant ils étouffent la pensée réflexive.

Les concepteurs du  Monde des livres sont de la partie, alignant semaine après semaine les recensions d’inutiles lectures. Ils font même de l’auto-congratulation :

« Quelles que soient les directions successives, les équipes, les inclinations d’époque, le roman a joui d’une sorte de préséance dans notre supplément hebdomadaire. On y évide une évidence, à savoir que le roman joue un rôle capital dans la conscience que nous avons du monde (25 mai 2007). »

Mais quelle conscience ? Le roman, support du rêve, instrument d’une fausse liberté ! Le « partage d’humanité » permet au lecteur de se replier dans une petite bulle confortable où il ne prête nulle attention aux malheurs de la Biosphère. Ce n’est pas ainsi qu’on fait une conscience ! Le prix Nobel de littérature récompensait normalement une « inspiration idéaliste » ; maintenant les romans ne sont plus fait pour apprendre et se souvenir, mais pour passer le temps et oublier d’agir.

Si un auteur a recours au langage du roman, ce n’est nullement dans l’intention de transformer le monde ; le roman naît le plus souvent des (in)satisfactions très personnelles de l’écrivain. Du côté du lecteur, la multiplicité de ses lectures romancées va l’empêcher d’ouvrir véritablement les yeux au monde réel. Si vous aviez le temps de lire tous les romans parus dans l’année, vous êtes presque sûr de finir aussi ignorants des réalités que lorsque vous avez commencé. Sauf trop rares exceptions, c’est un point de vue centré sur le nombril des humains qui s’exprime dans les romans. Apprendre à ressentir la vérité des choses n’est pas spécifiquement rattaché à l’écrit ; les civilisations orales étaient bien plus durables car elle se contentaient de la stabilité de leurs mythes et non de la fugacité d’un roman.Toutes les inventions d’un scribouillard ne remplacera jamais la contemplation d’un coucher de soleil en famille. Choisissons nos lectures pour conserver les forêts, agissons dans la réalité plutôt que dans l’imaginaire. Les peuples qui vivent de la terre ne lisent pas de romans ni même de journaux. J’en arrive presque à me dire que ce livre que tu as dans la main, mon livre, est déjà de trop…

Je ne pense pas qu’il se trouverait au monde un homme pour noircir une seule feuille de papier si nous avions le courage de vivre vraiment ce en quoi nous avons foi. Si c’est un monde de beauté et de vérité, à quoi bon dresser des milliers et des milliers de mots entre la réalité de ce monde et nous-même ?

(à suivre… demain sur ce blog biosphere)

Déjà paru :

On ne naît pas écolo, on le devient, introduction

Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver

Abeille, qui ne pique que si on l’embête

Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après

Absolu, un mot à relativiser, un mot indispensable

Acteurs absents, dont on a eu tort d’ignorer l’existence

Adolescence, moment de révolte ou de soumission ?

Alcool, dur pour un écolo de refuser de trinquer !

Amour, une construction sociale trop orientée

Animal, une facette de notre humanité trop ignorée

Austérité, mot qui fait peur et pourtant source de bonheur

Barbe, un attribut des hommes qu’on voulait faire disparaître

Cannabis, une dépénalisation qui créerait l’usage

Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés

Compétition, système inhumain au service d’une société inhumaine

Croissance, l’objectif économique le plus débile que je connaisse

Démographie, le problème central qui est systématiquement ignoré

Devoir, la contre-partie nécessaire de nos droits

Doryphore, symbole d’une agriculture post-moderne

École obligatoire et gratuite, une entreprise de déculturation

Écologiste en devenir, notre avenir commun

Électricité, les inconvénients d’un avantage

Ethnologie, la leçon primordiale des aborigènes

Eugénisme, engendrer de bonne façon est-il condamnable ?

Euthanasie, mourir de belle manière comme heureuse conclusion

Féminisme, on ne naît pas femme, on le devient

Futur, il sera à l’image de notre passé !

Génériques, l’achat au meilleur rapport qualité/prix

Homoparentalité, la stérilité n’est pas une damnation

Interaction spéculaire, je fais ainsi parce que tu fais de même

IVG, une mauvaise expérience par manque d’expérience

Logement, une maison à la mesure de nos besoins réels

Loisirs, plutôt les échecs que le match de foot à la télé

Mariage pour tous, l’oubli du sens des limites

Militantisme, une construction de soi qui ne va pas de soi

Mobilité, aller moins loin est bien plus rapide

Musée, pas besoin du passé pour être un vrai artiste

Objecteur de conscience j’ai été, je suis, je serai

Pêche, une activité artisanale devenue un massacre de masse

Peine de mort, abolie un jour, tentation toujours

Philosophie, les valeurs de l’écologie profonde

Portable, suis-le le seul à ne pas en avoir ?

Publicité, une agression qui touche à l’acharnement

Recherche sans développement, refondation de la science

Religions, un frein à notre réflexion

Repas, manger comme acte profondément politique

Roman, qui ne mérite pas lecture Lire la suite »

Repas, manger est un acte politique

Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant les mois de juillet-août. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile

Repas, manger comme acte profondément politique

Cela ne me dérange pas du tout de faire tout un repas dans l’assiette à soupe. Chez mon grand-père paternel, nous retournions même l’assiette en fin de repas pour manger sur le fond un morceau de clafoutis. Il faut rester simple, faire attention au contenant, et bien sûr aussi au contenu. Aujourd’hui, je ne prends plus de lait au petit-déjeuner depuis que j’ai pris conscience que je prenais la place du veau sous la mère. Je ne bois plus du tout de café, même « éthique », depuis que je me suis rendu compte que ces cultures d’exportation se font au détriment des cultures vivrières et de la sécurité alimentaire de lointains pays. J’ajoute simplement de la chicorée à de l’eau chaude. Je croque de temps en temps un morceau de chocolat, je me dis que nul n’est parfait. Et quand j’utilise un micro-onde, ce n’est pas le mieux pour économiser le nucléaire. Ma façon de me nourrir, considérée à première vue comme de l’ordre du privé, a pourtant une importance globale.

Si j’utilise une feuille de thé, un peu de sucre et de l’eau bouillante, puis que j’en bois le produit, je soutiens le prix du thé et du sucre et, plus indirectement, j’interfère dans les conditions de travail au sein des plantations de sucre et de thé dans les pays en voie de développement. Pour chauffer l’eau, j’ai probablement utilisé du bois ou de l’électricité ou un autre type d’énergie, et ce faisant, je prends part à la grande controverse concernant l’utilisation de l’énergie. J’utilise de l’eau et prends aussi part à une myriade de problèmes politiquement brûlants qui concernent les réserves d’eau. J’ai donc une influence politique quotidienne. Je peux par exemple penser que les pays en voie de développement ne doivent pas exporter le thé, mais plutôt produire plus de nourriture…[Arne Naess, Ecologie, communauté et style de vie (1ère édition 1976, éditions MF 2008)] 

L’écologie se retrouve dans mon bol ou mon assiette. Les conférences internationales sur le climat ne servent à rien si l’ensemble des citoyens du monde ne prennent pas conscience que c’est par mes gestes quotidiens que je favorise ou non les émissions de gaz à effet de serre. Or le poste le plus important des dépenses d’un foyer économe en énergie est normalement l’alimentation ; il faut bien alimenter notre chaudière personnelle, jour après jour. Mais avec modération.

Dans mon couple, nous limitons notre consommation de viande et privilégions la consommation de volaille dont l’impact climatique est moindre. Nous adoptons chaque lundi le régime végétarien en adéquation avec un mouvement (inter)national : l’élevage est pour beaucoup dans les émissions de gaz à effet de serre. Nous ne mangeons quasiment plus de plats préparés et de conserves industrielles, cuisinant de préférence des aliments bruts. Et je réfléchis beaucoup pour ne plus faire de déchets alimentaires, j’achète juste ce qu’il faut et je sais maintenant accommoder les restes. Boire l’eau de cuisson du riz est d’ailleurs bénéfique. Nous limitons notre alimentation le soir. Je pratique une certaine restriction alimentaire, mais je devrais jeûner plus souvent. Nous avons tous nos limites comportementales, même quand nous avons une claire conscience des limites de la planète. Si nous achetons sur le marché local, malheureusement nous ne participons pas d’une AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne). J’ai planté plus de quarante arbres fruitiers, mais mon verger est à 35 km d’Angoulême ; difficile de faire revivre l’autoproduction alimentaire en ville. Mais il faudra bien y arriver un jour, certains s’y mettent déjà, les poules vont envahir les arrière-cours ! La sobriété alimentaire est essentielle. Elle a des liens étroits non seulement avec le réchauffement climatique, mais avec la possibilité de se nourrir demain.

Les questions devraient nous assaillir chaque fois que nous portons un aliment à notre bouche. L’agriculture biologique pourra-t-elle nourrir plus de 10 milliards de personnes en 2100 ? Quelle symbolique alimentaire promouvoir, un jeûne pour le climat le premier jour de chaque mois ? Faudrait-il décréter collectivement la semaine sans viande dans les établissements scolaires ? Faut-il que je sois omnivore, végétarien, végétalien ou flexivore ? A chacun d’en juger, je ne suis pas dans ton assiette.

(à suivre… demain sur ce blog biosphere)

Déjà paru :

On ne naît pas écolo, on le devient, introduction

Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver

Abeille, qui ne pique que si on l’embête

Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après

Absolu, un mot à relativiser, un mot indispensable

Acteurs absents, dont on a eu tort d’ignorer l’existence

Adolescence, moment de révolte ou de soumission ?

Alcool, dur pour un écolo de refuser de trinquer !

Amour, une construction sociale trop orientée

Animal, une facette de notre humanité trop ignorée

Austérité, mot qui fait peur et pourtant source de bonheur

Barbe, un attribut des hommes qu’on voulait faire disparaître

Cannabis, une dépénalisation qui créerait l’usage

Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés

Compétition, système inhumain au service d’une société inhumaine

Croissance, l’objectif économique le plus débile que je connaisse

Démographie, le problème central qui est systématiquement ignoré

Devoir, la contre-partie nécessaire de nos droits

Doryphore, symbole d’une agriculture post-moderne

École obligatoire et gratuite, une entreprise de déculturation

Écologiste en devenir, notre avenir commun

Électricité, les inconvénients d’un avantage

Ethnologie, la leçon primordiale des aborigènes

Eugénisme, engendrer de bonne façon est-il condamnable ?

Euthanasie, mourir de belle manière comme heureuse conclusion

Féminisme, on ne naît pas femme, on le devient

Futur, il sera à l’image de notre passé !

Génériques, l’achat au meilleur rapport qualité/prix

Homoparentalité, la stérilité n’est pas une damnation

Interaction spéculaire, je fais ainsi parce que tu fais de même

IVG, une mauvaise expérience par manque d’expérience

Logement, une maison à la mesure de nos besoins réels

Loisirs, plutôt les échecs que le match de foot à la télé

Mariage pour tous, l’oubli du sens des limites

Militantisme, une construction de soi qui ne va pas de soi

Mobilité, aller moins loin est bien plus rapide

Musée, pas besoin du passé pour être un vrai artiste

Objecteur de conscience j’ai été, je suis, je serai

Pêche, une activité artisanale devenue un massacre de masse

Peine de mort, abolie un jour, tentation toujours

Philosophie, les valeurs de l’écologie profonde

Portable, suis-le le seul à ne pas en avoir ?

Publicité, une agression qui touche à l’acharnement

Recherche sans développement, refondation de la science

Religions, un frein à notre réflexion

 

Repas, manger est un acte politique Lire la suite »

Religions, un frein à notre réflexion

Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant les mois de juillet-août. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile…

Religion, un frein à notre réflexion

On ne naît pas athée, j’ai même été baptisé avant même de savoir comprendre ce qui se disait autour de moi, avant même de pouvoir dire un mot. Dès la naissance ou presque. Comme cela se faisait ! Je suis pourtant devenu bouffeur de curé. J’écrivais au début des années 1970 : la seule chose qui excuse Dieu, c’est qu’il n’existe pas. Je n’ai pas changé d’avis depuis. Rien n’est déterminé à l’avance à condition de pouvoir sortir du piège de la prédestination sociale ! Dans mon jeune temps, la religion était omniprésente. Mes parents se sont mariés civilement. Ils ont attendu deux ou trois jours le mariage religieux pour estimer être autorisés à faire l’amour pour la première fois. D’où vient alors ma rébellion ? D’un amoncellement de petits éléments qui progressivement m’ont fait douter. Un jour je me suis enhardi pour demander à un prêtre s’il croyait personnellement à l’enfer. A sa réponse évasive et son air constipé je savais dorénavant ce qu’il fallait savoir : on me racontait des histoires. J’étais devenu plus méfiant. Depuis j’ai multiplié les questions et confronté les réponses ; on ne se pose jamais assez de questions, on ne nous fournit jamais suffisamment d’éléments pour trouver nous-mêmes les réponses. La critique de la religion a été la première marche de l’autonomie de ma réflexion et le fondement de tout mon écologisme à venir.

« Ne pas croire en Dieu n’est pas une attitude négative. C’est une position qui entraîne des choix pratiques et spéculatifs autonomes, qui a donc sa spécificité, et son histoire, différente de l’histoire des croyants. Par rapport au christianisme, l’athéisme jouit même d’une antériorité qui devrait lui valoir respectabilité. 2500 ans avant Jésus-Christ, des sages indiens avaient déjà proclamé que le ciel était vide. Pour s’en tenir à la civilisation occidentale, dès le VIe siècle avant notre ère, Parménide, Héraclite, Xénophane professaient l’éternité de la matière. « [Georges Minois, Histoire de l’athéisme (Fayard, 1998)]

En 2005, j’ai composé le texte suivant, centré sur le concret, la matière, et qui pour moi reste toujours d’actualité :

« C’est la Biosphère qui constitue notre origine et notre avenir, c’est la Biosphère qui accompagne notre présent et qui conditionne notre futur, la Biosphère est le père et la mère de toutes choses vivantes. En conséquence, le culte des dieux à l’image des seuls humains est vide de sens, seul compte la compréhension de la Biosphère, l’harmonie avec la Biosphère. Telle est donc ma prière :

Oh Dieu, écoute mon appel

Entends ma désespérance

Vois la maison Terre en train de sombrer

Et l’humanité se déchirer

Anéantir la biodiversité

Épuiser l’énergie du passé

Le charbon, le pétrole, le gaz.

Oh Dieu, tu n’écoutes rien

Parce que tu n’entends ni ne vois

Tu es aveugle, sourd et muet

Car seuls des humains te font parler.

L’humanité tourne autour de ses petits dieux

Les dieux uniques du monothéisme

Les dieux du marché et de l’argent,

Les dieux de la science et de la technique

Chacun son dieu du moment qu’il nous aveugle.

L’humanité n’a plus de racines

Quand elle s’invente des dieux

Qui sont à son image.

Alors célébrons la Nature,

Revenons à la Terre

Telle est ma prière :

Je crois en la matière,

le père et la mère du ciel et de la terre,

Je crois en la Biosphère,

Partie infime de l’univers visible et invisible,

Je crois en la Biosphère car je fais partie d’elle.

C’est pourquoi

Je m’engage à promouvoir l’équilibre entre tous les être humains aujourd’hui,

Je m’engage à préserver l’avenir de leurs générations futures,

Je m’engage à respecter tout le reste de la Biosphère.

(à suivre… demain sur ce blog biosphere)

Déjà paru :

On ne naît pas écolo, on le devient, introduction

Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver

Abeille, qui ne pique que si on l’embête

Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après

Absolu, un mot à relativiser, un mot indispensable

Acteurs absents, dont on a eu tort d’ignorer l’existence

Adolescence, moment de révolte ou de soumission ?

Alcool, dur pour un écolo de refuser de trinquer !

Amour, une construction sociale trop orientée

Animal, une facette de notre humanité trop ignorée

Austérité, mot qui fait peur et pourtant source de bonheur

Barbe, un attribut des hommes qu’on voulait faire disparaître

Cannabis, une dépénalisation qui créerait l’usage

Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés

Compétition, système inhumain au service d’une société inhumaine

Croissance, l’objectif économique le plus débile que je connaisse

Démographie, le problème central qui est systématiquement ignoré

Devoir, la contre-partie nécessaire de nos droits

Doryphore, symbole d’une agriculture post-moderne

École obligatoire et gratuite, une entreprise de déculturation

Écologiste en devenir, notre avenir commun

Électricité, les inconvénients d’un avantage

Ethnologie, la leçon primordiale des aborigènes

Eugénisme, engendrer de bonne façon est-il condamnable ?

Euthanasie, mourir de belle manière comme heureuse conclusion

Féminisme, on ne naît pas femme, on le devient

Futur, il sera à l’image de notre passé !

Génériques, l’achat au meilleur rapport qualité/prix

Homoparentalité, la stérilité n’est pas une damnation

Interaction spéculaire, je fais ainsi parce que tu fais de même

IVG, une mauvaise expérience par manque d’expérience

Logement, une maison à la mesure de nos besoins réels

Loisirs, plutôt les échecs que le match de foot à la télé

Mariage pour tous, l’oubli du sens des limites

Militantisme, une construction de soi qui ne va pas de soi

Mobilité, aller moins loin est bien plus rapide

Musée, pas besoin du passé pour être un vrai artiste

Objecteur de conscience j’ai été, je suis, je serai

Pêche, une activité artisanale devenue un massacre de masse

Peine de mort, abolie un jour, tentation toujours

Philosophie, les valeurs de l’écologie profonde

Portable, suis-le le seul à ne pas en avoir ?

Publicité, une agression qui touche à l’acharnement

Recherche sans développement, refondation de la science

Religions, un frein à notre réflexion Lire la suite »

Recherche… sans développement industriel

Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant les mois de juillet-août. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile…

Recherche sans développement, refondation de la science

Plusieurs de mes écrits sont passés dans le courrier des lecteurs du MONDE, ainsi celui-ci, paru le 22 mars 2005, « Chercher, mais quoi ? ». Il s’agissait de contester le mouvement « Sauvons la recherche » qui avait démarré en octobre 2004. Les scientifiques impliqués dans la recherche-développement s’organisaient alors en groupe de pression contre un projet gouvernemental de restriction budgétaire. Je m’insurgeais :

« N’est-il pas temps de considérer la recherche non comme un tout dont l’objectif serait d’accaparer au moins 3 % du PIB, mais comme un ensemble d’études spécifiques dont les domaines d’application seraient réellement utiles et sans danger pour la société humaine et pour le reste de la planète ? Par exemple, faut-il financer principalement la biologie moléculaire et les OGM ou faut-il favoriser la recherche des naturalistes sur les avantages de la biodiversité ? Faut-il consacrer plus de 80 % du financement de la France en matière d’énergie à la recherche nucléaire et laisser seulement quelques miettes pour les énergies renouvelables ? Faut-il toujours plus de recherche en tout genre sans s’interroger sur les risques pour la santé humaine de nos applications techno-scientifiques alors que nous accumulons déjà des tas de produits chimiques dans notre corps et que les cas de cancers et d’allergies se multiplient ? Finalement, notre polarisation sur d’éventuels sauts technologiques dans la recherche à la mode (une mode déterminée par les industriels) nous empêche de consacrer toutes nos forces et notre attention à l’endiguement des dégâts que nous infligeons aujourd’hui à notre planète, donc à nous-mêmes. Le débat politique ne peut plus porter sur une enveloppe financière globale qui va sauver quelques emplois de chercheurs, mais sur notre manière de penser et de vivre qui pèse beaucoup trop sur la biosphère et pénalise le sort des générations futures. »

Des années plus tard, j’ai réalisé qu’un livre du groupe Oblomoff rejoignait mon analyse.

« L’argumentation de la pétition « Sauvons la recherche » soutient que la baisse des crédits alloués à la recherche pénalise la compétitivité de la France… La conception d’une science neutre, motivée par la saine curiosité intellectuelle et la passion de la découverte, a dorénavant cédé le pas à une argumentation qui, malgré son cynisme, a le mérite de refléter le vrai visage de la science moderne, rattaché par des liens organiques à la société industrielle qu’elle alimente en progrès… Les applications industrielles de la recherche scientifique ont permis un développement considérable des forces productives, entraînant désastres écologiques et décomposition sociale. C’est pour cette raison que nous condamnons la recherche, pour toutes ces découvertes qui font dorénavant partie de notre vie quotidienne : centrales nucléaires et téléphones portables, industries agroalimentaires et pesticides, voitures et TGV, tapis roulants, etc… En pratique l’activité du chercheur est ultra-spécialisée ; elle consiste, dans une large part, à piller les résultats de ses confrères, à chercher des crédits, à produire du résultat et de la publication. Tout ceci relève davantage de l’absurdité bureaucratique que de la passion pour le bien-être de l’humanité… Au regard de ce que la science industrielle a réussi à faire de la planète en quelques décennies seulement, des processus incontrôlables qu’elle a déclenché dans la nature, nous pensons qu’il est pour le moins raisonnable de s’opposer à ces recherches. Et ce, avant qu’un comité de sages présidé par « les mêmes » ne vienne dûment encadrer le fait accompli et le certifier éthiquable. » [Un futur sans avenir (Pourquoi il ne faut pas sauver la recherche scientifique) aux éditions l’Echappée (2009)]

Mais les bonnes idées ont du mal à progresser face à la toute puissance de la techno-science. Un édito du MONDE ne peut que constater : « Dans un secteur régi par une concurrence mondialisée sans équivalent, la pression peut conduire à quelques libertés avec la rigueur scientifique… Cette pression vient aussi de l’injonction fait à la recherche de contribuer à la croissance économique future… Les chercheurs doivent répondre aux priorités de leurs financiers… [13 mai 2015]»

Tout est dit, concurrence, mondialisation, croissance, finance. Tous les maux qui rongent l’activité économique détériorent aussi la probité des scientifiques !

(à suivre… demain sur ce blog biosphere)

Déjà paru :

On ne naît pas écolo, on le devient, introduction

Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver

Abeille, qui ne pique que si on l’embête

Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après

Absolu, un mot à relativiser, un mot indispensable

Acteurs absents, dont on a eu tort d’ignorer l’existence

Adolescence, moment de révolte ou de soumission ?

Alcool, dur pour un écolo de refuser de trinquer !

Amour, une construction sociale trop orientée

Animal, une facette de notre humanité trop ignorée

Austérité, mot qui fait peur et pourtant source de bonheur

Barbe, un attribut des hommes qu’on voulait faire disparaître

Cannabis, une dépénalisation qui créerait l’usage

Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés

Compétition, système inhumain au service d’une société inhumaine

Croissance, l’objectif économique le plus débile que je connaisse

Démographie, le problème central qui est systématiquement ignoré

Devoir, la contre-partie nécessaire de nos droits

Doryphore, symbole d’une agriculture post-moderne

École obligatoire et gratuite, une entreprise de déculturation

Écologiste en devenir, notre avenir commun

Électricité, les inconvénients d’un avantage

Ethnologie, la leçon primordiale des aborigènes

Eugénisme, engendrer de bonne façon est-il condamnable ?

Euthanasie, mourir de belle manière comme heureuse conclusion

Féminisme, on ne naît pas femme, on le devient

Futur, il sera à l’image de notre passé !

Génériques, l’achat au meilleur rapport qualité/prix

Homoparentalité, la stérilité n’est pas une damnation

Interaction spéculaire, je fais ainsi parce que tu fais de même

IVG, une mauvaise expérience par manque d’expérience

Logement, une maison à la mesure de nos besoins réels

Loisirs, plutôt les échecs que le match de foot à la télé

Mariage pour tous, l’oubli du sens des limites

Militantisme, une construction de soi qui ne va pas de soi

Mobilité, aller moins loin est bien plus rapide

Musée, pas besoin du passé pour être un vrai artiste

Objecteur de conscience j’ai été, je suis, je serai

Pêche, une activité artisanale devenue un massacre de masse

Peine de mort, abolie un jour, tentation toujours

Philosophie, les valeurs de l’écologie profonde

Portable, suis-le le seul à ne pas en avoir ?

Publicité, une agression qui touche à l’acharnement

 

Recherche… sans développement industriel Lire la suite »

Publicité, une agression caractérisée

Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant les mois de juillet-août. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile…

Publicité, une agression qui touche à l’acharnement

Le 8 juin 1970 j’écrivais ce qui me semble toujours d’actualité : « Qu’est-ce que la violence quand les affiches publicitaires agressent l’homme qui pense. La publicité, c’est un conditionnement absurde à acheter l’inutile, l’appel au sexe subi, à l’orgueil, à la puissance et à l’envie. C’est nuisible. » En mars 1971, j’étudie La persuasion clandestine de Vance Packard : « Il est impossible d’établir comme postulat que les gens savent ce qu’ils veulent. Il est même dangereux de croire les gens capables d’une conduite rationnelle… Par homme, femme ou enfant d’Amérique, 53 dollars furent dépensés en 1955 pour le ou la persuader d’acheter… Certaines sociétés de produits de beauté se mirent à dépenser en publicité ¼ de ce que rapportaient leurs ventes… La publicité vient de créer le vieillissement psychologique des choses, grâce entre autre au phénomène de mode. Plus est grande la similitude des produits, moins le rôle joué par la raison dans le choix de la marque est important… »

En 2004 Patrick Le Lay (le PDG de TF1) déclarait : « Le métier de TF, c’est d’aider Coca-Cola à vendre son produit. Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible ».

Cette phrase exprime exactement le mécanisme de l’aliénation, vendre à autrui ce que l’on est soi. Et bien sûr, nous sommes d’autant plus sûrement aliénés que nous croyons n’avoir jamais été aussi libres.

Il y a une incertitude fondamentale concernant l’adéquation entre ce que le producteur fait et ce que le consommateur veut. Dans la théorie libérale du marché, le consommateur est le seul décideur, le roi, votant par ses achats ce qu’il faut produire et distribuer. Mais il existe alors une menace permanente d’insuffisance de la demande qui ne peut être réduite que si le consommateur est incité à suivre constamment la volonté du producteur. En fait il s’agit d’un consommateur manipulé, aliéné, étranger à ce qu’il devrait être. Galbraith parlait de filière inversée. Dans un système de publicité de masse, ce n’est plus le consommateur qui dicte ses choix aux entreprises, ce sont les entreprises qui incitent les gens à « aimer » leurs produits. La société de consommation a commencé le jour où on a décidé de fabriquer une chose non parce que l’utilisateur en avait l’utilité, mais parce que le résultat de la vente pouvait être utile au producteur. Les mass media confortent ce système, elles ont besoin de l’argent de la publicité pour se financer. Alors se crée de toutes pièces un univers illusoire peuplé de mythes aussi dispendieux que nuisibles : encore plus de voitures, plus de parfums, plus de fringues, plus de marques, plus de vitesse, toujours plus de superficiel.

Notre système de production actuel ne s’adresse normalement qu’au revenu solvable ; mais les instruments de notre soumission ont fait en sorte qu’une personne vivant avec le « minimum social » peut aussi s’acheter le téléphone portable et l’écran plat. Même l’enfant est devenu solvable, les parents payent à sa place. Dans l’éducation des enfants, il devient quasi impossible de rivaliser avec les marchands de gadgets. Joel Bakan, auteur d’un livre Nos enfants ne sont pas à vendre, avoue son impuissance dans son propre foyer : « Mes enfants sont ailleurs, je les sens si loin de moi ; ils n’habitent plus leur propre corps ; ils naviguent dans l’éther au gré de leurs pulsions obsessionnelles… Les médias numériques relèguent les parents aux marges de la vie de leurs enfants, engloutis dans des mondes qui sollicitent constamment leur présence. » Comment sortir de cette soumission volontaire généralisée ?

La première mesure que devrait promouvoir un politique responsable ? Pour l’envoi de toute publicité, recueillir le consentement préalable des individus. L’application d’une telle mesure remettrait la filière inversé à l’endroit ; ce n’est pas au consommateur de subir sans l’avoir demandé les annonceurs dans les rues, dans les journaux et sur les écrans. Sur les boîtes aux lettres, plus besoin de mettre STOP pub, aux addicts de mettre s’ils le souhaitent OUI pub. Les journaux devraient proposer un exemplaire au choix, avec pub ou sans pub, etc. Remettons l’information à sa place, personne ne devrait être obligé de payer une publicité pour les autres.

Un programme politique écologiquement cohérent devrait annoncer la suppression totale de la publicité pour en revenir à la réalité de nos besoins.

(à suivre… demain sur ce blog biosphere)

Déjà paru :

On ne naît pas écolo, on le devient, introduction

Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver

Abeille, qui ne pique que si on l’embête

Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après

Absolu, un mot à relativiser, un mot indispensable

Acteurs absents, dont on a eu tort d’ignorer l’existence

Adolescence, moment de révolte ou de soumission ?

Alcool, dur pour un écolo de refuser de trinquer !

Amour, une construction sociale trop orientée

Animal, une facette de notre humanité trop ignorée

Austérité, mot qui fait peur et pourtant source de bonheur

Barbe, un attribut des hommes qu’on voulait faire disparaître

Cannabis, une dépénalisation qui créerait l’usage

Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés

Compétition, système inhumain au service d’une société inhumaine

Croissance, l’objectif économique le plus débile que je connaisse

Démographie, le problème central qui est systématiquement ignoré

Devoir, la contre-partie nécessaire de nos droits

Doryphore, symbole d’une agriculture post-moderne

École obligatoire et gratuite, une entreprise de déculturation

Écologiste en devenir, notre avenir commun

Électricité, les inconvénients d’un avantage

Ethnologie, la leçon primordiale des aborigènes

Eugénisme, engendrer de bonne façon est-il condamnable ?

Euthanasie, mourir de belle manière comme heureuse conclusion

Féminisme, on ne naît pas femme, on le devient

Futur, il sera à l’image de notre passé !

Génériques, l’achat au meilleur rapport qualité/prix

Homoparentalité, la stérilité n’est pas une damnation

Interaction spéculaire, je fais ainsi parce que tu fais de même

IVG, une mauvaise expérience par manque d’expérience

Logement, une maison à la mesure de nos besoins réels

Loisirs, plutôt les échecs que le match de foot à la télé

Mariage pour tous, l’oubli du sens des limites

Militantisme, une construction de soi qui ne va pas de soi

Mobilité, aller moins loin est bien plus rapide

Musée, pas besoin du passé pour être un vrai artiste

Objecteur de conscience j’ai été, je suis, je serai

Pêche, une activité artisanale devenue un massacre de masse

Peine de mort, abolie un jour, tentation toujours

Philosophie, les valeurs de l’écologie profonde

Portable, suis-le le seul à ne pas en avoir ?

Publicité, une agression caractérisée Lire la suite »

Salman Rushdie nous dit : oui au blasphème !

Salman Rushdie a été placé sous assistance respiratoire après avoir été poignardé le 12 août 2022 lors d’une conférence dans l’État de New York. Il était visé depuis 1989 par une fatwa de l’ayatollah iranien Ruhollah Khomeyni après la publication de ses « Versets sataniques », livre que de nombreux musulmans considèrent comme blasphématoire.

Lire, Le droit au blasphème, c’est démocratique

Le point de vue d’un écologiste

Pour Karl Marx, toute critique commençait par la critique de la religion : « Religion, opium du peuple » ! Il ne faut voir dans la bible et le coran qu’imagination humaine, poison de notre pensée. Les religions du livre font référence à un dieu abstrait, invisible, indéchiffrable. Alors ce sont des humains qui interprètent la parole de « dieu » pour imposer aux autres leur propre conception de l’existence. Impossible de s’entendre, on sacralise des arguments d’autorité, on jette l’anathème sur les infidèles ou on les massacre puisqu’on n’a pas d’argument rationnel pour les convaincre.

Cependant aucune société ne peut vivre sans une certaine forme de religion. Mais ma spiritualité, ce qui est sacré à mes yeux, c’est le lever du soleil qui apporte l’énergie de la vie aux plantes, l’eau qui ruisselle et étanche la soif de toutes les espèces, l’équilibre des écosystèmes. Ni la bible, ni le coran, il nous faut lire dans le livre de la Nature l’amour de toutes les formes de vie. La définition que donne Spinoza d’un dieu se manifestant au travers du monde naturel revient d’ailleurs à exclure l’existence d’un dieu abstrait. Il n’y a plus de place pour un dieu autoproclamé qui intervient dans les affaires humaines, et encore moins pour un dieu qui prend parti dans de haineuses violences. Dieu n’a pas créé l’homme à sa propre image. C’est bien sûr l’inverse.

Autres commentaires

Michel SOURROUILLE : Blasphème, « parole impie », sarcasmes envers un dieu ou une religion. Aujourd’hui encore, soixante-douze pays, dont treize en Europe, ont toujours une législation pénale qui condamne le blasphème, considéré parfois comme un crime. En France, c’est au contraire un fondement du principe de neutralité de l’État sur les questions religieuses. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen abolissait en 1789 le blasphème, crime pour lequel le chevalier de La Barre avait été condamné à mort par torture en 1766.

9393 : Parfois, je me demande : sommes nous encore nombreux à oser penser que dieu n’est qu’une hypothèse, et que les religions ne sont que des mises en scènes d’époques révolues, sans aucun caractère universaliste ? J’invite les musulmans qui en doutent à tenter un ramadan au Groenland, là où le soleil ne se couche qu’au bout de 6 mois.

Luc Grinand : Versets sataniques ? Le titre du roman de Rushdie fait référence à un épisode hypothétique de la vie de Mahomet. Au moment où Mahomet tenta itd’établir le monothéisme à La Mecque, il se trouva en butte à l’hostilité des notables polythéistes de la ville. Selon cet épisode, raconté de manière fictive dans le chapitre II du roman, le prophète aurait d’abord énoncé des versets autorisant d’autres divinités que le seul Dieu et recommandé qu’on leur rendît un culte, avant de se rétracter. Ces versets auraient été inspirés par le diable. Cité par de nombreuses sources de la tradition musulmane, cet épisode était une remise en question de l’unicité divine et de la fiabilité de Mahomet.

METCHE : Je n’aime pas ce que tu écris je te tue, je n’aime pas la musique que tu joues j’extermine l’orchestre,je ne t’aime pas tu dois disparaître. On en est là, BRAVO. On continue comme ça et il n’y aura bientôt plus personne à aimer ou à détester !

Jacques Chirac : « En tant que maire de Paris, je ne confonds pas les musulmans et les fanatiques. Mais je n’ai aucune estime pour Salman Rushdie ni pour les gens qui utilisent le blasphème pour se faire de l’argent, comme ce fumiste _ je pèse mes mots _ qui s’appelle Scorsese, l’auteur d’un navet, la Dernière Tentation du Christ. Quand on déchaîne l’irrationnel, il ne faut pas s’étonner de la suite des choses. Je ne réclame pas la censure, mais le viol des consciences est inadmissible. Même s’ils n’ont pas lu le livre de Rushdie, on n’a aucun droit de juger les gens qui se sentent blessés dans ce qu’ils ont de sacré par ce qu’on leur a dit de ce livre. » (28 février 1989)

Rappelons à Chirac l’état du droit au niveau international avec la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1948) : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites. (article 18): « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. » (article 19)

Lire, Écologie, Écologie, le droit d’emmerder Dieu 

Salman Rushdie nous dit : oui au blasphème ! Lire la suite »

Portable, en avoir ou pas ?

Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant les mois de juillet-août. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile…

Portable, suis-le le seul à ne pas en avoir ?

Le portable est un excellent objet de débat sur la limitation des besoins. En tant qu’enseignant de sciences économiques et sociales, je commençais par un sondage en classe de seconde : « Qui possède un portable… Qui en est à son premier, son second, son troisième, etc. » Tous les élèves ou presque avaient déjà leur portable. Pire, la plupart en était déjà au deuxième, troisième, quatrième modèle… Ces adolescents croient qu’il faut changer de téléphone comme on change de chemise ! Les comportements sont sous l’emprise des marchands qui formatent nos désirs. Quand je confisquais un portable en classe, l’élève venait m’implorer à la fin du cours de lui rendre immédiatement, « il en avait tellement besoin » ! L’addiction est palpable. Or le portable est un instrument très sophistiqué qui comporte des éléments naturels rares et difficiles à recycler. Quant on analyse le cycle de vie du produit (ACV), de la production à la transformation en déchet, on se rend compte que le portable aurait du rester un instrument à usage professionnel, certainement pas un joujou à mettre entre toutes les mains.

« Le téléphone portable est un concentré de nuisances. D’abord à cause de sa puce. Pour fabriquer une puce de 2 grammes, cela nécessite 1,7 kilos d’énergie fossile, 1 mètre cube d’azote, 72 grammes de produits chimiques et 32 litres d’eau. Ce n’est pas tout, votre téléphone a aussi besoin de condensateurs en coltan (colombo-tantalite), un minerai malléable, résistant à la chaleur et à la corrosion. Celui-ci est extrait notamment en République démocratique du Congo, au centre d’une guerre pour le contrôle des ressources qui a tué plus de 3,5 millions de personnes depuis 1998. » {Francis Jauréguiberry, Les branchés du portable (PUF 2003))

Une des tares importantes de la société marchande est la dévalorisation incessante de ce qui existe. Le portable est typique du système d’innovation qui consiste à vendre les remèdes aux maux causés par les innovations précédentes. Vous ne parlez plus à vos voisins à cause de la télévision ? Téléphonez-leur ! Une « innovation » chasse l’autre, constamment. Comme il fallait attendre trois ans en 1966 pour être raccordé au téléphone, l’âge d’or des cabines téléphoniques pouvait commencer. On en comptait 4 700 en 1970, 21 000 en 1974, 90 000 cabines sur la voie publique en 1980. Le réseau des Publiphones atteint son apogée en 1997 avec 250 000 unités. Depuis, l’histoire du Publiphone ressemble à une lente agonie. D’abord tous les foyers ou presque ont été équipés de téléphone fixe. Par la suite la mode des portables rend inutile la cabine téléphonique puisque tout le monde ou presque balade son mobile dans la rue. Mais il arrive un moment où l’évolution technologique devient contre-productive : pourquoi remplacer la téléphonie fixe alors que c’était devenu un service universel ?

Nous n’avons pas besoin de portable. La téléphonie fixe était parvenue en France à son degré de maturité ; on pouvait téléphoner partout et de n’importe quel endroit. Toutes les familles ou presque étaient équipées, des cabines téléphoniques étaient facilement accessibles, l’égalité devant le service de la communication à distance était une réalité. Jeter notre téléphone portable, ce n’est pas revenir au courrier à cheval. Mais je suis bien seul à résister au « progrès ». Lors d’une réunion de mon groupe local EELV fin 2011, nous discutions sur les ondes électromagnétiques. La réunion a commencé par déterminer qui avait ou non un portable. J’étais le seul à n’avoir jamais eu de portable. Tous verts, tous drogués à la télécommunication au détriment du présentiel. Notre société ne sait plus interdire ce qui devrait être interdit.

Je crois que nous ne sortirons de l’ère des écrans que quand commenceront les grandes pannes d’électricité qui toucheront la France… c’est-à-dire quand les ressources fossiles qui nous donnent l’électricité à bon compte se seront épuisées.

(à suivre… demain sur ce blog biosphere)

Déjà paru :

On ne naît pas écolo, on le devient, introduction

Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver

Abeille, qui ne pique que si on l’embête

Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après

Absolu, un mot à relativiser, un mot indispensable

Acteurs absents, dont on a eu tort d’ignorer l’existence

Adolescence, moment de révolte ou de soumission ?

Alcool, dur pour un écolo de refuser de trinquer !

Amour, une construction sociale trop orientée

Animal, une facette de notre humanité trop ignorée

Austérité, mot qui fait peur et pourtant source de bonheur

Barbe, un attribut des hommes qu’on voulait faire disparaître

Cannabis, une dépénalisation qui créerait l’usage

Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés

Compétition, système inhumain au service d’une société inhumaine

Croissance, l’objectif économique le plus débile que je connaisse

Démographie, le problème central qui est systématiquement ignoré

Devoir, la contre-partie nécessaire de nos droits

Doryphore, symbole d’une agriculture post-moderne

École obligatoire et gratuite, une entreprise de déculturation

Écologiste en devenir, notre avenir commun

Électricité, les inconvénients d’un avantage

Ethnologie, la leçon primordiale des aborigènes

Eugénisme, engendrer de bonne façon est-il condamnable ?

Euthanasie, mourir de belle manière comme heureuse conclusion

Féminisme, on ne naît pas femme, on le devient

Futur, il sera à l’image de notre passé !

Génériques, l’achat au meilleur rapport qualité/prix

Homoparentalité, la stérilité n’est pas une damnation

Interaction spéculaire, je fais ainsi parce que tu fais de même

IVG, une mauvaise expérience par manque d’expérience

Logement, une maison à la mesure de nos besoins réels

Loisirs, plutôt les échecs que le match de foot à la télé

Mariage pour tous, l’oubli du sens des limites

Militantisme, une construction de soi qui ne va pas de soi

Mobilité, aller moins loin est bien plus rapide

Musée, pas besoin du passé pour être un vrai artiste

Objecteur de conscience j’ai été, je suis, je serai

Pêche, une activité artisanale devenue un massacre de masse

Peine de mort, abolie un jour, tentation toujours

Philosophie, les valeurs de l’écologie profonde

Portable, en avoir ou pas ? Lire la suite »

Philosophie, enseigner l’écologie profonde

Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant les mois de juillet-août. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile…

Philosophie, les valeurs de l’écologie profonde

Il me semble que nous devons porter en nous une vision fondamentale de ce à quoi nous croyons. Le 1er février 1971, j’avais recopié cette notule :

« Comment, écrit Tchouang-Tseu, savons-nous si le moi et ce que nous appelons le moi ? Jadis moi, Tchouang-Tseu, je rêvai que j’étais un papillon, un papillon qui voltigeait, et je me sentais heureux. Je ne savais pas que j’étais Tchouang-Tseu. Soudain je m’éveillai, et je fus moi-même, le vrai Tchouang-Tseu. Et je ne savais plus si j’étais Tchouang-Tseu rêvant qu’il était un papillon, ou un papillon rêvant qu’il était Tchouang-Tseu. »

Je ne sais plus où j’avais pris ces fortes paroles, je ne suis pas bouddhiste, mais l’importance de savoir éteindre la soif du moi m’apparaissait clairement. En décalage au marxisme et au maoïsme qui imprégnait quelques-uns de mes camarades de jeunesse, j’ai choisi une voie marginale, celle de l’objection de conscience, donc un simple moyen, la non-violence. Cela ne constituait pas une philosophie globale qui puisse rayonner sur tous les engagements de mon existence. Un jour, dans la revue « L’écologiste », j’ai découvert l’écologie profonde (deep ecology) qui avait été théorisée par le philosophe norvégien Arne Naesss dès 1973. Dans son livre Ecologie, communauté et style de vie, Naess expose les fondements d’une nouvelle ontologie (étude de l’être en soi) qui rend l’humanité inséparable de la nature. Si nous saisissons cette ontologie, alors nous ne pourrons plus endommager gravement la nature, sans nuire en même temps à une partie de nous-mêmes. Formidable, j’avais trouvé ma voie. L’écologie profonde est une philosophie, une recherche de la sagesse. C’est pour moi les fondements d’une pensée qui paraît la seule à même de nous donner des repères stables dans le monde conflictuel qui s’annonce.

Voici sa plate-forme en 8 points, le regroupement en trois point découle de ma propre analyse.

I) les principes

1) le bien-être et l’épanouissement de la vie humaine et non-humaine sur Terre ont une valeur en eux-mêmes (ou : valeur intrinsèque, valeur inhérente). Ces valeurs sont indépendantes de l’utilité que peut représenter le monde non-humain pour nos intérêts humains.

2) la richesse et la diversité des formes de vie contribuent à l’accomplissement de ces valeurs et sont également des valeurs en elles-mêmes.

3) sauf pour la satisfaction de leurs besoins vitaux, les hommes n’ont pas le droit de réduire cette richesse et cette diversité.

II) le problème

4) l’interférence actuelle des hommes avec le monde non-humain est excessive et la situation s’aggrave rapidement.

III) les solutions

5) l’épanouissement de la vie et des cultures humaines est compatible avec une diminution substantielle de la population humaine. L’épanouissement de la vie non-humaine requiert une telle diminution.

6) les politiques doivent changer. Elles doivent affecter les structures économiques, technologiques et idéologiques de base. La situation qui résultera du changement sera profondément différente de la situation actuelle.

7) le principal changement idéologique consistera en la valorisation de la qualité de la vie plutôt que de toujours promouvoir un niveau de vie supérieur. Il y aura une profonde conscience de la différence entre « gros » et « grand ».

8) ceux qui adhèrent aux points précités ont obligation de tenter de mettre en place directement ou indirectement ces changements nécessaires.

[L’écologiste n° 12 (2004). Le dossier portait sur « l’écologie  : une vision du monde »]

Il faut prendre la nature au sérieux et la considérer comme douée d’une valeur intrinsèque qui force le respect. Cette conversion suppose une véritable déconstruction du préjugé anthropocentrique qui conduit à considérer l’univers comme le simple théâtre de nos actions. Le principe de liberté donne aux humains la possibilité de façonner le monde conformément à leur volonté, d’où la destruction massive de l’environnement que seule la reconnaissance des droits et de la valeur intrinsèque de la nature pourrait contrecarrer. Selon le principe de l’égalitarisme biosphérique, il s’agit de protéger le tout avant les parties. Le holisme, thèse philosophique selon laquelle la totalité est moralement supérieure aux parties, est donc assumé de façon tout à fait explicite par l’écologie profonde, et s’oppose complètement à l’individualisme propre à la modernité occidentale. L’écosphère est la réalité dont les humains ne sont qu’une partie, ils sont nichés en elle et totalement dépendants d’elle.

Nous ne pouvons pas durablement faire abstraction des réalité biophysiques.

(à suivre… demain sur ce blog biosphere)

Déjà paru :

On ne naît pas écolo, on le devient, introduction

Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver

Abeille, qui ne pique que si on l’embête

Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après

Absolu, un mot à relativiser, un mot indispensable

Acteurs absents, dont on a eu tort d’ignorer l’existence

Adolescence, moment de révolte ou de soumission ?

Alcool, dur pour un écolo de refuser de trinquer !

Amour, une construction sociale trop orientée

Animal, une facette de notre humanité trop ignorée

Austérité, mot qui fait peur et pourtant source de bonheur

Barbe, un attribut des hommes qu’on voulait faire disparaître

Cannabis, une dépénalisation qui créerait l’usage

Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés

Compétition, système inhumain au service d’une société inhumaine

Croissance, l’objectif économique le plus débile que je connaisse

Démographie, le problème central qui est systématiquement ignoré

Devoir, la contre-partie nécessaire de nos droits

Doryphore, symbole d’une agriculture post-moderne

École obligatoire et gratuite, une entreprise de déculturation

Écologiste en devenir, notre avenir commun

Électricité, les inconvénients d’un avantage

Ethnologie, la leçon primordiale des aborigènes

Eugénisme, engendrer de bonne façon est-il condamnable ?

Euthanasie, mourir de belle manière comme heureuse conclusion

Féminisme, on ne naît pas femme, on le devient

Futur, il sera à l’image de notre passé !

Génériques, l’achat au meilleur rapport qualité/prix

Homoparentalité, la stérilité n’est pas une damnation

Interaction spéculaire, je fais ainsi parce que tu fais de même

IVG, une mauvaise expérience par manque d’expérience

Logement, une maison à la mesure de nos besoins réels

Loisirs, plutôt les échecs que le match de foot à la télé

Mariage pour tous, l’oubli du sens des limites

Militantisme, une construction de soi qui ne va pas de soi

Mobilité, aller moins loin est bien plus rapide

Musée, pas besoin du passé pour être un vrai artiste

Objecteur de conscience j’ai été, je suis, je serai

Pêche, une activité artisanale devenue un massacre de masse

Peine de mort, abolie un jour, tentation toujours

Philosophie, enseigner l’écologie profonde Lire la suite »

Peine de mort, abolition ou tentation ?

Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant les mois de juillet-août. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile...

Peine de mort, abolie un jour, tentation toujours

Je suis condamné à mort. Comme chacun d’entre nous. Nous sommes tous voués à disparaître, tôt ou tard, sans exception. Après la vie, la mort. C’est inéluctable. Sauf que je ne sais pas dans quelles conditions je vais mourir, grabataire ou saisi à tout moment par une crise cardiaque fatale. Cela peut même arriver dans d’atroces et trop longues souffrances.

C’est pourquoi je ne comprend pas l’attention extrême que portent les abolitionnistes à une peine de mort subie par une personne qui a précédemment pris la vie d’un autre. L’auteur d‘un crime a voté par son acte pour la peine de mort, pourquoi en serait-il exempt ? Je venais d’atteindre trente ans en 1977 quand le dernier condamné à mort fut guillotiné en France. En 1981 cette sanction pénale fut supprimée par le parlement français alors que l’opinion publique y était encore favorable. En mai 2015, on notait même une progression significative de l’opinion favorable au retour de la peine de mort. Dans un sondage 52 % des Français s’y disent favorables, soit 7 points de plus que l’année précédente [Le Monde.fr du 08.05.2015]. En janvier 2017, 79 % des François accepteraient l’exécution ciblée de terroristes. Ainsi fluctuent l’opinion et les gouvernements. Le premier ministre hongrois Viktor Orban a mis mal à l’aise les responsables européens en déclarant le mardi 28 avril 2015 que « la question de la peine de mort [abolie en 1990 en Hongrie] doit être remise à l’ordre du jour ». Selon lui, la législation actuelle ne serait « pas suffisamment dissuasive » . Le débat sur la peine capitale ne sera jamais réglé une fois pour toutes, même si l’abolition est inscrit dans la constitution. Ainsi va le fonctionnement démocratique qui peut changer la loi même dite fondamentale dans un sens ou dans l’autre selon les circonstances : assassinat des journalistes de Charlie hebdo, attentats terroristes, tueur en série, etc.

Moi je n’ai jamais varié. Je sais pertinemment que la peine de mort n’a pas de fonction dissuasive sur de futurs criminels, mais je me situe du côté des victimes de la violence, de toutes les violences physiques. L’humanisme est certes une valeur, mais est-il inhumain de défendre le droit des victimes ? Je n’ai jamais compris pourquoi il y avait autant d’acharnement à se prononcer contre la peine de mort et aussi peu de soutien aux objecteurs de conscience opposés à l’usage collectif des armes pour se faire des guerres inutiles.

Bien entendu le fait que les Américains soient encore majoritairement en faveur de la peine de mort et qu’elle soit en application dans certains États n’est pas un argument, la majorité dans un pays démocratique n’a pas toujours raison et le fait accompli n’est pas un argument. Par contre la condamnation par un jury d’assises permet à un présumé coupable d’être jugé en toute impartialité et d’échapper ainsi au désir de vengeance d’une famille. Je me souviens d’un débat entre amis où ils étaient tous contre la peine de mort… sauf s’il s’agissait de la mort d’un de leurs proches. Ils envisageaient alors sans sourciller faire justice eux-mêmes ! Pour moi, la sanction est toujours légitime quand elle est justement proportionnée ; la mort appelle donc la mort. Notons que certains détenus, s’ils avaient le choix, préféreraient mourir de façon rapide que par mort lente, enfermés à vie dans un cachot. Et l’écologie dans tout ça ? Le point de vue sur la peine de mort va bien au-delà du droit des victimes contre celui des assassins. Il ne fait que constater un fait trivial : l’abolition de la peine de mort est votée dans des sociétés d’abondance qui croient que tout le monde doit être dorloté, y compris les criminels.

« Entretenir une population en prison, c’est utiliser de la nourriture, des ressources et de l’énergie pour le bénéfice d’improductifs mis au ban de la société. Jusqu’à une époque somme toutes assez récente, on ne s’encombrait pas de ces bouches à nourrir : le sort commun de l’assassin était la mort dans des délais assez rapides. Il est évident que, en univers énergétiquement contraint, ces mauvais souvenirs risquent de redevenir d’actualité. » [Changer le monde, tout un programme ! de Jean-Marc Jancovici  (Calmann-Lévy, 2011)]

Les contextes ainsi que la raison et déraison humaine font qu’aucune loi n’est définitive dans une société démocratique. Hier la peine de mort, aujourd’hui son abolition, demain peut-être son rétablissement. A la société de faire ses choix, moi je ne fais que présenter mon propre point de vue même s’il est souvent iconoclaste. Remarquons pour conclure provisoirement que dans la Nature les non-humains ne s’embarrassent pas de « morale » et d’humanisme, et pourtant les autres animaux que nous-mêmes tuent seulement pour manger et pour vivre, non pour faire mourir au nom d’une pulsion criminelle (ou d’une volonté guerrière).

(à suivre… demain sur ce blog biosphere)

Déjà paru :

On ne naît pas écolo, on le devient, introduction

Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver

Abeille, qui ne pique que si on l’embête

Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après

Absolu, un mot à relativiser, un mot indispensable

Acteurs absents, dont on a eu tort d’ignorer l’existence

Adolescence, moment de révolte ou de soumission ?

Alcool, dur pour un écolo de refuser de trinquer !

Amour, une construction sociale trop orientée

Animal, une facette de notre humanité trop ignorée

Austérité, mot qui fait peur et pourtant source de bonheur

Barbe, un attribut des hommes qu’on voulait faire disparaître

Cannabis, une dépénalisation qui créerait l’usage

Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés

Compétition, système inhumain au service d’une société inhumaine

Croissance, l’objectif économique le plus débile que je connaisse

Démographie, le problème central qui est systématiquement ignoré

Devoir, la contre-partie nécessaire de nos droits

Doryphore, symbole d’une agriculture post-moderne

École obligatoire et gratuite, une entreprise de déculturation

Écologiste en devenir, notre avenir commun

Électricité, les inconvénients d’un avantage

Ethnologie, la leçon primordiale des aborigènes

Eugénisme, engendrer de bonne façon est-il condamnable ?

Euthanasie, mourir de belle manière comme heureuse conclusion

Féminisme, on ne naît pas femme, on le devient

Futur, il sera à l’image de notre passé !

Génériques, l’achat au meilleur rapport qualité/prix

Homoparentalité, la stérilité n’est pas une damnation

Interaction spéculaire, je fais ainsi parce que tu fais de même

IVG, une mauvaise expérience par manque d’expérience

Logement, une maison à la mesure de nos besoins réels

Loisirs, plutôt les échecs que le match de foot à la télé

Mariage pour tous, l’oubli du sens des limites

Militantisme, une construction de soi qui ne va pas de soi

Mobilité, aller moins loin est bien plus rapide

Musée, pas besoin du passé pour être un vrai artiste

Objecteur de conscience j’ai été, je suis, je serai

Pêche, une activité artisanale devenue un massacre de masse

 

Peine de mort, abolition ou tentation ? Lire la suite »

Pêche, de l’artisanat au massacre de masse

Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant les mois de juillet-août. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile…

Pêche, une activité artisanale devenue un massacre de masse

J’ai été pêcheur. Pêcheur avec carte de pêche dans le lac de Parentis. Les brochets ont été remplacés par des sandres, les puits de pétrole avaient essaimé leurs nuisances sur le lac… Sur le bassin d’Arcachon où mon père avait un voilier, je pouvais attraper librement ce qui mordait à l’hameçon, l’océan étant considéré comme offrant à profusion ses poissons sauvages. Mais la pêche industrielle a transformé progressivement une activité de petite prédation en massacre de masse. Les océans se vident de leurs ressources halieutiques et les pêcheurs d’eau douce ne pêchent plus que des truites d’élevage.

« Au XIVe siècle, l’apparition du chalut à voile a provoqué une véritable jacquerie chez les pêcheurs côtiers. D’autres sauts technologiques viennent au fil des siècles apporter leurs lots de crises. L’irruption de la vapeur dans les ports anglais en 1878, modifient complètement la donne : les chalutiers pouvaient sortir plus loin, parvenir plus vite sur les zones de pêche, quel que soit le temps ou le sens du vent. Aujourd’hui les sondeurs, sonars et autres radars traquent les poissons, le recours aux avions pour détecter les bancs de thon et au satellite pour explorer les couches d’eau sont des éléments d’une spirale néfaste dans laquelle les pêcheurs comme les décideurs politiques ont enfermé les ressources halieutiques. Va-t-on aux champignons avec une pelleteuse ? Non, mais ce n’est pas le cas pour la pêche. » [ Stephan Beaucher, Plus un poisson d’ici 30 ans ? (surpêche et désertification des océans) aux éditions Les petits matins, 2011)]

Le retour à la pêche artisanale est une nécessité. Et il faudra être bien moins nombreux sur cette Terre devenue trop petite pour supporter le poids des humains. Sinon, bientôt, nous ne mangerons plus de poissons… J’imaginais en 1972 le monde à venir dans mon carnet de notules qui ne me quittait pas : « Nous apprenons que nous avons enfin pu reconstituer un spécimen d’une espèce de poisson jadis appelée sardine. Nos prévisions de repeuplement permettent d’anticiper la pêche des sardines dans environ 350 années… »

En Namibie, les quelque 10 millions de tonnes de sardines et d’anchois ont été surexploités. Leur population déclinante a laissé la place à 12 millions de tonnes de méduses. Partout les excès de la pêche ont décimé les grands prédateurs de la méduse – requins, thons, tortues luth – (LE MONDE du 25-26 mai 2014).

(à suivre… demain sur ce blog biosphere)

Déjà paru :

On ne naît pas écolo, on le devient, introduction

Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver

Abeille, qui ne pique que si on l’embête

Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après

Absolu, un mot à relativiser, un mot indispensable

Acteurs absents, dont on a eu tort d’ignorer l’existence

Adolescence, moment de révolte ou de soumission ?

Alcool, dur pour un écolo de refuser de trinquer !

Amour, une construction sociale trop orientée

Animal, une facette de notre humanité trop ignorée

Austérité, mot qui fait peur et pourtant source de bonheur

Barbe, un attribut des hommes qu’on voulait faire disparaître

Cannabis, une dépénalisation qui créerait l’usage

Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés

Compétition, système inhumain au service d’une société inhumaine

Croissance, l’objectif économique le plus débile que je connaisse

Démographie, le problème central qui est systématiquement ignoré

Devoir, la contre-partie nécessaire de nos droits

Doryphore, symbole d’une agriculture post-moderne

École obligatoire et gratuite, une entreprise de déculturation

Écologiste en devenir, notre avenir commun

Électricité, les inconvénients d’un avantage

Ethnologie, la leçon primordiale des aborigènes

Eugénisme, engendrer de bonne façon est-il condamnable ?

Euthanasie, mourir de belle manière comme heureuse conclusion

Féminisme, on ne naît pas femme, on le devient

Futur, il sera à l’image de notre passé !

Génériques, l’achat au meilleur rapport qualité/prix

Homoparentalité, la stérilité n’est pas une damnation

Interaction spéculaire, je fais ainsi parce que tu fais de même

IVG, une mauvaise expérience par manque d’expérience

Logement, une maison à la mesure de nos besoins réels

Loisirs, plutôt les échecs que le match de foot à la télé

Mariage pour tous, l’oubli du sens des limites

Militantisme, une construction de soi qui ne va pas de soi

Mobilité, aller moins loin est bien plus rapide

Musée, pas besoin du passé pour être un vrai artiste

Objecteur de conscience j’ai été, je suis, je serai

 

Pêche, de l’artisanat au massacre de masse Lire la suite »

Objecteur de conscience je suis, je serai

Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant les mois de juillet-août. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile…

Objecteur de conscience j’ai été, je suis, je serai

Personnellement je suis et reste un objecteur de conscience. Pourtant je suis devenu insoumis au service civil pour contester une affectation autoritaire à l’ONF (office national des forêts). Pourtant l’éducation nationale m’a demandé de faire mon service militaire (à 32 ans) puisque en tant que fonctionnaire je n’étais pas « au clair » par rapport à mes obligation statutaires de participation à la défense nationale. La vie est un éternel compromis entre nos propres valeurs et les contraintes institutionnelles. Ce n’est qu’à la mi-février 1970 que Michel Debré m’avait appris sans le vouloir l’existence des objecteurs de conscience lors d’un débat sur la patrie avec le communiste Duclos : « La patrie apporte la liberté par le suffrage universel : la liberté de la minorité de se plier aux exigences de la majorité (…) Les objecteurs de conscience ont de la chance qu’il y ait des patriotes. » J’avais déduis que Duclos était pour une patrie rattaché à l’URSS et Debré pour la patrie du grand capital.

Ma réflexion s’affine, je deviens pacifiste. Il est vrai que les 26 mois de camps de concentration vécus par mon père m’avaient amené beaucoup plus tôt que la plupart des jeunes à réfléchir sur l’anéantissement programmé des personnes au niveau physique et psychologique qui résulte des conflits armés. On ne naît pas objecteur, on devrait le devenir. En juin 1970, j’approfondis ma conception militaire via mon réflexe habituel d’accumulation de notules. John F Kennedy disait : « La guerre existera jusqu’au jour lointain où l’objecteur de conscience jouira de la même réputation et du même prestige que ceux du guerrier aujourd’hui. » Si chacun de nous était objecteur, refusant l’usage collectif des armes, il n’y aurait plus d’armée institutionnalisée, il n’y aurait plus de guerres généralisées. Deux citations me percutent : « La guerre, c’est un massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais qui ne se massacrent pas » ; «  La guerre, c’est tuer les uns avec ce qui pourrait faire vivre les autres ». C’est à Günter, un correspondant allemand qui s’était engagé dans l’armée, que je me confie le 14 novembre 1970 :

« Comme je me refuse à la guerre, j’ai décidé de devenir objecteur de conscience et de faire mon temps (deux ans au lieu d’un seul) au Service Civil International. Je peux dire que c’est le seul moyen de combattre pour la paix entre les nations. Le mahatma Gandhi avait pour seule arme le satyagraha, la force de la vérité et de la justice… Pour moi, on ne peut chercher la paix que par le dialogue, comme Socrate par exemple. C’est en formant les jeunes à un esprit social et non plus individualiste qu’on pourra grandir l’humanité internationale. C’est en modifiant les structures qui oppressent les adultes que nous pourrons éviter tous les conflits… »

Aujourd’hui le service militaire est apparemment supprimé en France. Pourtant c’est toute une classe d’âge qui, chaque année, à 17 ans, doit accomplir sa « journée défense et citoyenneté » (JDC). Sans l’attestation qui y est délivrée, impossible de se présenter au moindre examen national. En fait depuis 1997 le service national n’a été que « suspendu », de même que le statut des objecteurs de conscience (qui garde toujours sa validité). La JDC est en fait une journée d’incorporation ; un état de guerre entraînerait un possible appel sous les drapeaux. A ce moment, que faire de ceux qui refusent l’usage collectif des armes ? C’est pourquoi je recommande aux jeunes qui le désirent de présenter une lettre spécifique au moment de la JDC dont voici l’essentiel : « Je désire manifester dès maintenant mon refus d’un service militaire armé pour motif de conscience et vous remettre ma demande de bénéficier du droit à l’objection de conscience exprimés dans les articles L.116.1 à L.116.9. Mes convictions basées sur la recherche de la bonne entente collective me conduisent à d’autres formes d’engagement pour la nation et les peuples qu’un service militaire armé qui redeviendrait obligatoire. »

Lors de son enterrement le 19 juin 2001, la dernière volonté de René Dumont consista à faire entendre« Le Déserteur » chanté par Boris Vian. Puisse son message de refus des armées être entendu par les écologistes du monde entier… et par Emmanuel Macron qui veut rétablir le service militaire !

(à suivre… demain sur ce blog biosphere)

Déjà paru :

On ne naît pas écolo, on le devient, introduction

Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver

Abeille, qui ne pique que si on l’embête

Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après

Absolu, un mot à relativiser, un mot indispensable

Acteurs absents, dont on a eu tort d’ignorer l’existence

Adolescence, moment de révolte ou de soumission ?

Alcool, dur pour un écolo de refuser de trinquer !

Amour, une construction sociale trop orientée

Animal, une facette de notre humanité trop ignorée

Austérité, mot qui fait peur et pourtant source de bonheur

Barbe, un attribut des hommes qu’on voulait faire disparaître

Cannabis, une dépénalisation qui créerait l’usage

Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés

Compétition, système inhumain au service d’une société inhumaine

Croissance, l’objectif économique le plus débile que je connaisse

Démographie, le problème central qui est systématiquement ignoré

Devoir, la contre-partie nécessaire de nos droits

Doryphore, symbole d’une agriculture post-moderne

École obligatoire et gratuite, une entreprise de déculturation

Écologiste en devenir, notre avenir commun

Électricité, les inconvénients d’un avantage

Ethnologie, la leçon primordiale des aborigènes

Eugénisme, engendrer de bonne façon est-il condamnable ?

Euthanasie, mourir de belle manière comme heureuse conclusion

Féminisme, on ne naît pas femme, on le devient

Futur, il sera à l’image de notre passé !

Génériques, l’achat au meilleur rapport qualité/prix

Homoparentalité, la stérilité n’est pas une damnation

Interaction spéculaire, je fais ainsi parce que tu fais de même

IVG, une mauvaise expérience par manque d’expérience

Logement, une maison à la mesure de nos besoins réels

Loisirs, plutôt les échecs que le match de foot à la télé

Mariage pour tous, l’oubli du sens des limites

Militantisme, une construction de soi qui ne va pas de soi

Mobilité, aller moins loin est bien plus rapide

Musée, pas besoin du passé pour être un vrai artiste

Objecteur de conscience je suis, je serai Lire la suite »

Musée, un passé dépassé

Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant les mois de juillet-août. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile…

Musée, pas besoin du passé pour être un vrai artiste

Même dans le grandiose musée du Louvre, dans cette enfilade de couloirs qui me présentent une culture morte, je m’ennuie. Assis sur un banc, seule ma contemplation attentive des attitudes des touristes peut combler le vide de cette représentation du passé. Pour moi l’art véritable, c’est le regard de l’enfant qui transforme la rainure du parquet d’un musée en précipite et qui regarde flotter la poussière dans un rayon de lumière. Plus tard, il éprouvera sans doute beaucoup de plaisir à contempler les nuages ou à enlacer un arbre. La dimension écologique du ressenti est fondamentale dans la construction de la personne.

L’art n’est en fait qu’une technique à laquelle on attribue une valeur esthétique. Notre fibre artistique est issue d’un très lointain passé. On a retrouvé des flûtes fabriquées par l’homme de Cro-Magnon il y a 25 000 ans dans des os de vautour. Leur longueur était ajustée pour que le premier régime tous trous ouverts corresponde à la même note tout trous fermés. Une technique rustique n’empêche pas la clarté mélodique et l’art de communier dans un groupe comme le montre la diversité des pratiques musicales et gestuelles dans les sociétés premières. Mais l’art a été très vite relié à une religion, puis au soutien d’un ordre politique. Maintenant c’est l’art marchand dont le contenu devient l’absence de contenu, autrement dit la licence de faire n’importe quoi pourvu que ça se vende. Il arrive désormais que l’on considère comme œuvre d’art des choses qui ne ressemblent à rien, qui n’éduquent pas le peuple et dont on ne saurait dire qu’elles sont belles.

Le « dépassement » de l’art figuratif a permis une explosion des pratiques où peut se dévoiler l’irréductible individualité des créateurs. Une Merde d’artiste, boîte remplie de ses excréments pas Manzoni en 1961, s’est vendu en 2007 pour la modique somme de 110 400 euros ; l’art en conserve fructifie inutilement. Ceux qui gagnent de l’argent par leur talent d’artiste ne sont en fait que des commerçants qui ont trouvé le bon créneau qui fait acheter, ce n’est pas de l’art. Les artistes d’aujourd’hui ne propagent ni savoir ni trésor, ils ne cessent au contraire de (dé)sacraliser leur production. Dans un contexte d’expression narcissique, il devient alors impossible d’établir des critères communs de jugement et les œuvres ne deviennent accessibles qu’à condition d’en apprendre au préalable le mode d’emploi. L’idéal de communion sociale s’est fourvoyé dans une liberté dévoyée.

L’art véritable n’appartient ni à une élite qui peut payer, ni à quelques individus qui se proclament artistes, encore moins à des musées. L’art n’existe que par ce que nous pratiquons nous-même. Une chanson à boire n’est ni supérieure ni inférieure à une fugue de Beethoven : il ne peut pas y avoir de supériorité esthétique du complexe sur le simple, c’est là une simple convention. Et il n’existe aucun critère objectif de la vulgarité et de la distinction. L’individu peut s’épanouir dans les domaines les plus variés, musique, peinture, sculpture, collage, improvisations… ou cultiver l’art de la contemplation de l’instant qui passe ; tout le reste n’est qu’illusion. L’art n’existe que parce que les humains le pratiquent en personne pour le plaisir, avec des techniques les plus simples possibles. Il y a beaucoup plus de profondeur dans la contemplation d’un nuage que dans le tableau de la Joconde. Le nuage nous unit à l’eau et à l’amour, Leonard de Vinci croupit dans un musée. Et si tu as besoin d’un instrument, utilise surtout ta voix, instrument de musique naturel et sublime, qui de façon individuelle ou collective peut accompagner tous les actes de ta vie sans peser sur ton porte-feuille et les ressources de la Biosphère. On peut faire de l’art à son échelle et être très heureux sans musées.

Le Louvre brûlerait-il

que rien ne serait véritablement changé sur cette Terre.

(à suivre… demain sur ce blog biosphere)

Déjà paru :

On ne naît pas écolo, on le devient, introduction

Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver

Abeille, qui ne pique que si on l’embête

Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après

Absolu, un mot à relativiser, un mot indispensable

Acteurs absents, dont on a eu tort d’ignorer l’existence

Adolescence, moment de révolte ou de soumission ?

Alcool, dur pour un écolo de refuser de trinquer !

Amour, une construction sociale trop orientée

Animal, une facette de notre humanité trop ignorée

Austérité, mot qui fait peur et pourtant source de bonheur

Barbe, un attribut des hommes qu’on voulait faire disparaître

Cannabis, une dépénalisation qui créerait l’usage

Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés

Compétition, système inhumain au service d’une société inhumaine

Croissance, l’objectif économique le plus débile que je connaisse

Démographie, le problème central qui est systématiquement ignoré

Devoir, la contre-partie nécessaire de nos droits

Doryphore, symbole d’une agriculture post-moderne

École obligatoire et gratuite, une entreprise de déculturation

Écologiste en devenir, notre avenir commun

Électricité, les inconvénients d’un avantage

Ethnologie, la leçon primordiale des aborigènes

Eugénisme, engendrer de bonne façon est-il condamnable ?

Euthanasie, mourir de belle manière comme heureuse conclusion

Féminisme, on ne naît pas femme, on le devient

Futur, il sera à l’image de notre passé !

Génériques, l’achat au meilleur rapport qualité/prix

Homoparentalité, la stérilité n’est pas une damnation

Interaction spéculaire, je fais ainsi parce que tu fais de même

IVG, une mauvaise expérience par manque d’expérience

Logement, une maison à la mesure de nos besoins réels

Loisirs, plutôt les échecs que le match de foot à la télé

Mariage pour tous, l’oubli du sens des limites

Militantisme, une construction de soi qui ne va pas de soi

Mobilité, aller moins loin est bien plus rapide

Musée, un passé dépassé Lire la suite »

Mobilité, moins vite, moins loin

Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant les mois de juillet-août. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile…

Mobilité, aller moins loin est bien plus rapide

Dès novembre 1970, je considérais que le vrai voyage n’est pas tellement un déplacement du corps le long des kilomètres de l’espace, mais un mouvement de l’esprit dans le flux des informations qui lui arrive. Février 1971, je me fâche avec mon groupe de travaux pratiques en maîtrise de sciences économiques. Je voulais faire la simulation d’une prise de décision : le transport domicile-travail et ses améliorations possibles vues par la municipalité d’une grande ville. Mes camarades préfèrent un exposé magistral sur les critères de rationalité en Union soviétique. Ils pouvaient très bien suivre à l’oral mon projet et rendre par écrit leur synthèse. Que nenni ! Ils restent des techniciens de l’économie, pas des sociologues engagés. La faculté rend incapable de discuter des problèmes contemporains. Nous avions été enfermés dans des querelles de concepts sans intérêt et les étudiants ont perdu leur sens de l’autonomie intellectuelle. Pourtant nous savons aujourd’hui que les modalités de la mobilité sont devenues un problème récurrent.

Gandhi disait dans son autobiographie : « J’ai choisi en Angleterre un logement qui me permît d’arriver à pied d’œuvre (études de droit) en une demi-heure de marche. J’épargnais ainsi les frais de transport ».

Il ne pouvait savoir que l’épuisement du pétrole et le réchauffement climatique allait faire en sorte que son point de vue devrait un jour se généraliser. Dès mon premier poste professionnel durable en 1975, j’ai choisi de me domicilier de telle façon que je pouvais gagner à pied mon lieu de travail. Il est vrai que l’année 1973 a connu le premier choc pétrolier, un quadruplement du prix du baril dans l’année. L’époque se prêtait à la limitation des déplacements. Le mensuel Le Sauvage posait déjà la question de la suppression de l’automobile.

« Les usagers, écrivait Illich, briseront les chaînes du transport surpuissant lorsqu’ils se remettront à aimer leur îlot de circulation, et à redouter de s’en éloigner trop souvent. On peut imaginer des fédérations de communes (ou quartiers), entourées de ceintures vertes où citadins et écoliers passeront plusieurs heures par semaine à faire pousser les produits frais nécessaires à leur subsistance. La bagnole aura cessé d’être besoin. Que faire pour en arriver là ? Avant tout, ne jamais poser le problème du transport isolément, toujours le lier au problème de la ville, de la division sociale du travail et de la compartimentation que celle-ci a introduite entre les diverses dimensions de l’existence : un endroit pour travailler, un autre pour habiter, un troisième pour s’approvisionner, un quatrième pour s’instruire, un cinquième pour se divertir. L’agencement de l’espace continue la désintégration de l’homme commencée par la division du travail à l’usine. Travail, culture, communication, plaisir, satisfaction des besoins et vie personnelle peuvent et doivent être une seule et même chose : l’unité d’une vie, soutenue par le tissu social de la commune. » [Michel Bosquet (pseudonyme d’André Gorz), Mettez du socialisme dans votre moteur (Le Sauvage n° 6, septembre-octobre 1973)]

La classe globale, celle qui utilise un véhicule personnel, développe un mode de déplacement individualisé et rapide. Mais cela implique une perte sèche en pétrole, un impact sur le climat avec l’effet de serre, un éloignement entre le domicile et le lieu de travail ainsi qu’une détérioration des espaces naturels avec l’infrastructure routière et l’urbanisation. Le tramway répond aussi au besoin de déplacement par un transport collectif qui est rapide sur voie réservée, économique, silencieux, non polluant, soit exactement l’inverse des caractéristiques de la voiture individuelle. Le transport collectif est donc préférable au transport individuel.

Pourtant il y a mieux encore si tout le monde circulait en vélo : le déplacement serait encore plus économique, plus silencieux, moins polluant et protégé par définition des excès de vitesse. Mais le meilleur des systèmes, c’est quand même la marche à pied. Il est inutile de vouloir plus de rapidité, sachant que cette efficacité temporaire accroît les distances et multiplie les déplacements dans un cycle sans fin qui épuise la planète. Les conférences internationales sur le climat ne servent absolument à rien si l’ensemble des citoyens du monde ne prend pas conscience que c’est par mes gestes quotidiens que je favorise ou non les émissions de gaz à effet de serre.

Pour mes déplacements de loisirs, je les limite au maximum. Après un voyage de tourisme en Égypte que je regrette encore, je me refuse désormais à tout voyage en avion. Mais la fragmentation géographique des familles à cause de l’évolution de la société thermo-industrielle pose problème. Ma belle fille est péruvienne, comment aller de Bordeaux à Lima pour une réunion de famille ? Mon fils risque de travailler n’importe où dans le monde. Je ne pourrai pas le rejoindre en pédalo. Ma mère de 92 ans habite à 200 kilomètres, il faut bien que je m’en occupe. Les économies d’énergie ne sont pas seulement le fruit d’une décision individuelle, c’est toujours un compromis avec les contraintes structurelles. Si en tant qu’enseignant j’ai toujours choisi d’habiter à proximité de mon lieu de travail de façon à pouvoir y aller à pied, la plupart des lycéens étaient obligés de prendre le bus ou une voiture pour me rejoindre. Dans notre société complexe, le jeu des interdépendances rend la problématique des déplacements difficile à résoudre.

De toute façon nous n’aurons bientôt plus le choix. L’épuisement des ressources fossiles entraînera une explosion du prix des carburants, et une obligation d’aller moins loin et moins vite. Les limites de la planète que nous avons déjà outrepassées constituent le meilleur argument d’un écologiste.

(à suivre… demain sur ce blog biosphere)

Déjà paru :

On ne naît pas écolo, on le devient, introduction

Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver

Abeille, qui ne pique que si on l’embête

Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après

Absolu, un mot à relativiser, un mot indispensable

Acteurs absents, dont on a eu tort d’ignorer l’existence

Adolescence, moment de révolte ou de soumission ?

Alcool, dur pour un écolo de refuser de trinquer !

Amour, une construction sociale trop orientée

Animal, une facette de notre humanité trop ignorée

Austérité, mot qui fait peur et pourtant source de bonheur

Barbe, un attribut des hommes qu’on voulait faire disparaître

Cannabis, une dépénalisation qui créerait l’usage

Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés

Compétition, système inhumain au service d’une société inhumaine

Croissance, l’objectif économique le plus débile que je connaisse

Démographie, le problème central qui est systématiquement ignoré

Devoir, la contre-partie nécessaire de nos droits

Doryphore, symbole d’une agriculture post-moderne

École obligatoire et gratuite, une entreprise de déculturation

Écologiste en devenir, notre avenir commun

Électricité, les inconvénients d’un avantage

Ethnologie, la leçon primordiale des aborigènes

Eugénisme, engendrer de bonne façon est-il condamnable ?

Euthanasie, mourir de belle manière comme heureuse conclusion

Féminisme, on ne naît pas femme, on le devient

Futur, il sera à l’image de notre passé !

Génériques, l’achat au meilleur rapport qualité/prix

Homoparentalité, la stérilité n’est pas une damnation

Interaction spéculaire, je fais ainsi parce que tu fais de même

IVG, une mauvaise expérience par manque d’expérience

Logement, une maison à la mesure de nos besoins réels

Loisirs, plutôt les échecs que le match de foot à la télé

Mariage pour tous, l’oubli du sens des limites

Militantisme, une construction de soi qui ne va pas de soi

Mobilité, moins vite, moins loin Lire la suite »

Militantisme, se construire autrement

Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant les mois de juillet-août. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile…

Militantisme, une construction de soi qui ne va pas de soi

Mon expérience vécue m’a montré que l’engagement social résulte d’un effort souvent considérable car il nous faut échapper aux forces de l’habitude, du conservatisme, de la pression familiale et sociale. Notre esprit critique ne vient pas spontanément, il faut le cultiver, il faut s’entraîner, il faut pouvoir résister à la force des habitudes. Il m’a fallu longtemps pour commencer à contester les enseignants. Mon premier exploit ? Il fut symbolique. Mon professeur de philosophie en terminale avait déclaré que nous n’étions pas obligés de prendre des notes. Avec ce qui me semblait une autorisation, j’ai donc croisé définitivement les bras pour me contenter d’écouter ses cours. Mal m’en a pris, au bout d’une semaine je me suis fait engueuler, fallait copier. La philosophie n’était pas ce qu’elle disait. Mais ce n’est que bien plus tard que j’ai fait preuve d’autonomie véritable. En décembre 1969, troisième année de fac, le professeur Ghestin s’attendait à ce qu’on se lève à son entrée. C’était dans un amphi de sciences po., je suis resté assis, tout l’amphi était debout. J’étais tout seul au milieu d’un cercle vide, aucun de mes copains n’avait voulu s’asseoir à côté de moi. Ils savaient ce que je voulais faire, ils n’étaient pas solidaires. Les étudiants attendent, moi assis, eux debout. Une minute, deux minutes, trois… Le prof s’interroge, il m’interpelle. Je lui explique, un peu étonné d’avoir la parole, que nous nous levions seulement devant lui, pas avec les autres profs… pourquoi faire une exception ? Il s’est assis, les étudiants se sont assis, le rituel du salut debout a été définitivement abandonné. Je contestais une autorité de droit établi pour laquelle il n’y a pas lieu de comprendre, mais d’obéir. Mon acte a été individuel et solitaire, mais il me remettait en harmonie avec moi-même. Ce fut ma première révolte publique.

Je ne crois pas du tout à l’idée de révolution, à l’effet de masse que personne ne contrôle. Le changement profond ne se fait pas dans la rue avec des manifestants le poing levé ou la main tendue, il se fait par une prise de conscience individuelle qui se généralise progressivement si le contexte s’y prête. C’est avec Gandhi au moment de mon objection de conscience, puis plus récemment avec le philosophe Arne Naess, que j’ai inscrit résolument mon action militante dans la non-violence.

Pour éviter tout malentendu, voici quelques règles de la non-violence gandhienne :

– agis et lutte au sein d’un groupe, mais agis toujours en tant que personne autonome et de manière à réduire au maximum et universellement la violence.

– N’agis jamais comme un représentant d’une institution ou un subordonné, mais agis toujours de manière autonome, comme une personne pleinement responsable.

– Fonde ta campagne sur un programme constructif ! Vous pouvez donner à votre lutte un caractère constructif seulement si vous la concevez comme une lutte en faveur des êtres vivants et de certaines valeurs, en combattant ainsi les antagonismes et non les antagonistes.

– Plus votre opposant comprend votre conduite, moins vous aurez de risque qu’il fasse usage de la violence.

– La violence à court terme contredit la réduction universelle à long terme de la violence.

[Arne Naess, Ecologie, communauté et style de vie (1ère édition 1976, éditions MF 2008)] 

Tout mouvement de rupture n’est porté au début que par un petit nombre d’activistes. Et puis de plus en plus de monde se rend compte que les écolos ont raison de penser à l’avenir des générations futures. Mais il faut de la patience, beaucoup de patience. Depuis 2005 je gère bénévolement et seul un site de documentation des écologistes, biosphere.ouvaton.org. Cela reste confidentiel ! Je poste quotidiennement mes articles 365 jours sur 365 sur biosphere.blog.lemonde.fr, je remercie mes quelques lecteurs fidèles, trop minoritaires. Mes vingt dernières années ont été consacrées à écologiser les politiques et politiser les écologistes. Peu importe le parti dans lequel je suis, j’ai successivement essayé les Verts à partir de 1996, le PS entre 2002 et 2012, son appendice EELV (Europe Ecologie Les Verts) en 2011 puis, à partir de juin 2017 le parti émergent LRM (La République en Marche) que j’ai abandonné très rapidement. Macron n’était pas écolo !

Nul n’est brahmane ou paria par naissance : on devient brahmane ou paria par ses actes dit le bouddhisme… A chaque fois où que je me trouve mon objectif premier est de faire prendre conscience de l’urgence écologique. Je fais dorénavant mienne cette devise : quand la majorité a tort, c’est une minorité qui montre le chemin de l’avenir. Peu importe pour moi le résultat immédiat puisque la voie que je trace est celle que je pense juste. Je suis bien conscient de n’être qu’une goutte d’eau au milieu de près de 7,5 milliards d’humains (fin juin 2017) ; mais un océan n’existe que par ses gouttes d’eau.

(à suivre… demain sur ce blog biosphere.ouvaton)

Déjà paru :

On ne naît pas écolo, on le devient, introduction

Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver

Abeille, qui ne pique que si on l’embête

Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après

Absolu, un mot à relativiser, un mot indispensable

Acteurs absents, dont on a eu tort d’ignorer l’existence

Adolescence, moment de révolte ou de soumission ?

Alcool, dur pour un écolo de refuser de trinquer !

Amour, une construction sociale trop orientée

Animal, une facette de notre humanité trop ignorée

Austérité, mot qui fait peur et pourtant source de bonheur

Barbe, un attribut des hommes qu’on voulait faire disparaître

Cannabis, une dépénalisation qui créerait l’usage

Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés

Compétition, système inhumain au service d’une société inhumaine

Croissance, l’objectif économique le plus débile que je connaisse

Démographie, le problème central qui est systématiquement ignoré

Devoir, la contre-partie nécessaire de nos droits

Doryphore, symbole d’une agriculture post-moderne

École obligatoire et gratuite, une entreprise de déculturation

Écologiste en devenir, notre avenir commun

Électricité, les inconvénients d’un avantage

Ethnologie, la leçon primordiale des aborigènes

Eugénisme, engendrer de bonne façon est-il condamnable ?

Euthanasie, mourir de belle manière comme heureuse conclusion

Féminisme, on ne naît pas femme, on le devient

Futur, il sera à l’image de notre passé !

Génériques, l’achat au meilleur rapport qualité/prix

Homoparentalité, la stérilité n’est pas une damnation

Interaction spéculaire, je fais ainsi parce que tu fais de même

IVG, une mauvaise expérience par manque d’expérience

Logement, une maison à la mesure de nos besoins réels

Loisirs, plutôt les échecs que le match de foot à la télé

Mariage pour tous, l’oubli du sens des limites

Militantisme, une construction de soi qui ne va pas de soi

Militantisme, se construire autrement Lire la suite »

Mariage pour tous, oubli du sens des limites

Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant les mois de juillet-août. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile…

Mariage pour tous, l’oubli du sens des limites

Comme beaucoup de garçons élevés dans un milieu de garçon j’ai joué à touche-pipi. La découverte et l’exploration du sexe de l’autre, qu’il soit identique ou différent, est un moment comme un autre de notre capacité à apprendre par soi-même. Quant à aller plus loin ! Dans les années 1960 de mon adolescence, on ne connaissait pas vraiment la réalité des relations homosexuelles, elles restaient cachées et du domaine de l’interdit. C’est seulement le 4 août 1982 que l’homosexualité a été dépénalisée, et l’OMS a retiré l’homosexualité de la liste des maladies mentales seulement en mai 1990. Je n’ai fait connaissance avec un homosexuel qu’arrivé à l’âge trente ans.

Ma première femme avait un ami d’enfance gay et l’instituteur de son fils était bisexuel. Nous étions en très bon terme avec l’un comme avec l’autre et on se recevait régulièrement. Je n’ai rien à rajouter, chacun est libre de sa sexualité. Ce n’est pas parce qu’à une époque l’homosexualité a été considéré comme une maladie que nous sommes obligés d’approuver un jugement moral sans fondement. Mais après cette période d’ostracisme, l’homosexualité a été à la mode, avec ses associations « de défense », ses journaux, ses coming out, etc. Chez les Verts, cette évolution a abouti à la création d’une commission permanente dite LGBT (lesbienne, Gay, Bisexuel et Transsexuel). Aujourd’hui la libéralisation des mœurs a été telle qu’on a institutionnalisé politiquement le « mariage pour tous », quelle que soit l’orientation sexuelle, mais en gardant le mariage à deux. Pas de polygamie, juste de la monogamie ! On peut tout envisager, où sont les limites ?

« Dès lors que tout est individuellement permis, plus rien n’est collectivement possible. L’altérité sexuelle est la première grande différence structurelle qui nous donne à vivre l’expérience féconde du manque : homme ou femme, notre corps nous limite. L’individu est d’abord et toujours l’effet d’une cause. L’union d’un homme et d’une femme, ce lien politique fondamental, le précède et le fonde. Du Pacs au mariage soi-disant pour tous, en passant par la déjudiciarisation progressive du divorce, la famille n’est plus un fait indubitable, mais un choix subjectif toujours soumis à renégociation. Quand la famille-foyer explose, la famille-marché s’impose. La déconstruction systématique et l’émancipation désincarnée laissent en réalité l’individu seul et nu face aux nouveaux prédateurs du pouvoir et du marché. Défense du mariage, défense du bocage, même combat ! Celui des équilibres naturels. »[Gaultier Bès, Marianne Durano et Axel Norgaard Rokvam, Nos limites (pour une écologie intégrale) (éditions le centurion 2014)]

En 2013, la ministre EELV Cécile Duflot s’était affichée dans les rangs de la manifestation pro-mariage « pour tous ». Par contre Thierry Jaccaud, rédacteur en chef de la revue L’Ecologiste, avait un avis contraire. Il montrait que les options juridiques choisies par le gouvernement socialiste posaient de nombreuses questions sur notre rapport culturel à la nature : « adoption plénière, c’est-à-dire suppression légale de la filiation biologique réelle de l’enfant… Suppression dans le Code civil de centaines de références sexuées…  La filiation biologique deviendrait un cas particulier… Un enfant pourrait avoir officiellement deux mères (et pas de père) ou deux pères (et pas de mère)… » En clair, le discours légal contredirait la réalité de l’existence de deux parents biologiques de sexe différent. Mais pourquoi attacher de l’importance aux mécanismes naturels ? Thierry précise :

« Si le projet de loi devait être adopté, ce serait une négation sidérante de la nature, l’aboutissement consternant de notre société industrielle qui détruit la nature non seulement dans la réalité mais aussi dans les esprits. L’homme se prend pour un démiurge : nucléaire, OGM, nanotechnologies… sans jamais mettre la moindre limite à son action. « No limits », tel est le slogan des ultra-libéraux qui définissent le politiquement correct. Dans la vaste entreprise de marchandisation du monde, toutes les règles sont ainsi progressivement éliminées. Que cette logique ultra-libérale et ultra-individualiste se retrouve dans le projet de loi d’un gouvernement de gauche est affligeant. »

[http://www.thierry-jaccaud.com/2013/01/10/la-verite-pour-tous/]

Depuis le « mariage pour tous » a été légalisé en France… Notre société « moderne » élimine peu à peu tous les repères au nom de l’exacerbation des libertés individuelles. Aujourd’hui en 2017 on reparle avec un « comité d’éthique » d‘accepter la procréation médicalement assisté, une femme seule pourrait procréer comme s’il n’y avait pas besoin d’un père. Notre société à complètement perdu le sens des limites, que ce soit au niveau sociétal, au niveau économique ou au niveau technologique. Il s’agit dorénavant pour l’écologie véritable de définir une pensée des limites. Or la seule source de raisonnement ne peut être ni la religion (un dieu abstrait n’a rien à dire des affaires humaines), ni la tradition (la droite conservatrice est souvent homophobe), mais le respect réfléchi des lois de la nature.

La nature nous a fait homme et femme pour faire l’amour et des enfants, sinon nous serions unisexe et adepte de la scissiparité. Pour moi l’homosexualité est d’ailleurs une forme de sexisme, la manifestation d’un rejet de l’autre sexe. C’est la différenciation sexuelle qui a été un élément important de l’évolution des espèces sur la planète, certainement pas la relation homosexuelle qui, par définition, ne peut être source de vie. Alors pourquoi EELV, un parti écolo qui se veut normalement pour la protection de la nature, voulait-il institutionnaliser le mariage pour tous ? Parce que les Verts ont une double origine, les mouvements de mai 68 pour lesquels il est interdit d’interdire (le mariage homo, le cannabis, l’immigration, etc.) et les mouvements environnementalistes.

Mais je pense personnellement que ces messages issus de mai 1968 étouffent complètement ce que nous, en tant qu’écologiste, voudrions faire passer : une planète à sauvegarder pour nos descendants et toutes les autres espèces vivantes.

(à suivre… demain sur ce blog biosphere)

Déjà paru :

On ne naît pas écolo, on le devient, introduction

Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver

Abeille, qui ne pique que si on l’embête

Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après

Absolu, un mot à relativiser, un mot indispensable

Acteurs absents, dont on a eu tort d’ignorer l’existence

Adolescence, moment de révolte ou de soumission ?

Alcool, dur pour un écolo de refuser de trinquer !

Amour, une construction sociale trop orientée

Animal, une facette de notre humanité trop ignorée

Austérité, mot qui fait peur et pourtant source de bonheur

Barbe, un attribut des hommes qu’on voulait faire disparaître

Cannabis, une dépénalisation qui créerait l’usage

Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés

Compétition, système inhumain au service d’une société inhumaine

Croissance, l’objectif économique le plus débile que je connaisse

Démographie, le problème central qui est systématiquement ignoré

Devoir, la contre-partie nécessaire de nos droits

Doryphore, symbole d’une agriculture post-moderne

École obligatoire et gratuite, une entreprise de déculturation

Écologiste en devenir, notre avenir commun

Électricité, les inconvénients d’un avantage

Ethnologie, la leçon primordiale des aborigènes

Eugénisme, engendrer de bonne façon est-il condamnable ?

Euthanasie, mourir de belle manière comme heureuse conclusion

Féminisme, on ne naît pas femme, on le devient

Futur, il sera à l’image de notre passé !

Génériques, l’achat au meilleur rapport qualité/prix

Homoparentalité, la stérilité n’est pas une damnation

Interaction spéculaire, je fais ainsi parce que tu fais de même

IVG, une mauvaise expérience par manque d’expérience

Logement, une maison à la mesure de nos besoins réels

Loisirs, plutôt les échecs que le match de foot à la télé

Mariage pour tous, oubli du sens des limites Lire la suite »

Loisirs, particulariste ou universaliste ?

Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant les mois de juillet-août. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile…

Loisirs, plutôt les échecs que le match de foot à la télé

Mon grand-père maternel m’a laissé peu de souvenir, il est mort trop tôt mais c’est avec lui que j’ai appris à jouer aux échecs. Quand mon premier fils par alliance est rentré à l’école primaire en 1977, j’ai participé en tant que parent d’élève à l’animation. Cette école pratiquait la méthode Freinet, et le jeu d’échecs était enseigné à tous les enfants, du CP au CM2. Je ne savais pas qu’on pouvait écrire une partie, qu’on pouvait utiliser une pendule, qu’il y avait des méthodes pour mener un début de partie, conduire le milieu de partie, et conclure. J’avais l’habitude de sortir ma dame dès les premiers coups, erreur funeste, on risque fort de la perdre. J’ai appris qu’il y avait l’ouverture espagnole, anglaise, française, sicilienne…, et qu’un joueur d’échecs conséquent avait une grosse bibliothèque de parties de maîtres dans sa tête qu’il lui fallait si possible imiter. Il y avait les carnets de partie, les exercices polycopiés de mat en un ou plusieurs coups, la pratique de la fourchette ou de l’enfilade, etc. Devant toute une classe, un échiquier mural permettait les échanges avec les élèves. Le jeu d’échecs est pédagogiquement parlant un excellent outil : apprentissage de l’observation, mémorisation des positions, intériorisation cérébrale d’une situation, préparation à la prévision, maîtrise du temps (jeu à la pendule) et de l’espace, pratique du silence et de la concentration, etc.

Le jeu d’échecs élimine complètement l’existence du hasard, le gain ou la perte découle toujours d’une décision humaine, nous sommes les seuls responsables de l’issue de la partie. Le jeu d’échecs est aussi foncièrement égalitaire, même si les Blancs ont l’avantage du trait. Avec les Noirs, il suffit de suivre les pas des Blancs pour danser harmonieusement avec son partenaire. Sans erreur de part ou d’autre la partie se termine par la nulle, l’égalité. C’est très souvent le cas dans les parties de haut niveau. Le jeu d’échecs implique l’art d’éviter les bêtises, même infinitésimales (on dit aussi positionnelles), nul besoin de privilégier l’esprit de compétition. Parcourir mentalement l’échiquier, c’est surtout accompagner une méditation sur 64 cases.

De plus le jeu d’échecs a son petit côté écolo. Cette activité prend peu d’espace pour y jouer, on peut réunir des centaines de joueurs sur l’équivalent d’un terrain de foot. Je le sais, je l’ai vu, j’ai aussi arbitré des championnats de France, adultes ou jeunes. L’échiquier utilise peu de ressources naturelles, les pièces nécessitent très peu de bois et peuvent durer plus qu’une vie humaine. Aucun déchet non recyclable pour une occupation qui peut nous motiver pendant des heures et des journées… Pendant vingt années j’ai été animateur d’échecs, mais aussi formateur d’animateur, arbitre et formateur d’arbitres… jusqu’à devenir vice-président de la FFE. Je ne regrette pas mon activité échiquéenne même si notre espèce homo sapiens pendant ce temps-là a mis la planète en coupe réglée et multiplié les destructions massives.

Je savais qu’un jour il n’y aurait plus assez de poissons dans les mers pour nourrir l’humanité, ou de pétrole pour nos machines, ou de pluies pour alimenter les sources. Mais j’étais plongé, par amour des enfants et de l’éducation, dans le monde virtuel des échecs… jusqu’au jour où j’ai estimé que la planète avait vraiment besoin de moi, vers 1997. Nous devons savoir choisir ce qui est le plus urgent de faire. L’écologie va être l’enjeu principal du XXIe siècle… j’ai démissionné de mon poste de vice-président de la FFE, je n’ai plus pratiqué le jeu d’échecs au niveau associatif. On ne naît pas écolo, et il y a tant de centres d’intérêt possibles !

Mon voyage dans ce milieu échiquéen m’a amplement montré ce qu’il y a de desséchant quand on vit et pense, pratiquement nuit et jour pour certains, à une activité ludique. Les joueurs sur leurs consoles électroniques en sont un autre exemple. De même les amateurs de foot ou de tennis affalés devant leur poste de télé.

La plupart des loisirs aujourd’hui sont le témoignage parfait d’un individualisme particulariste. L’engagement de type universaliste est négligé. En France, les associations de défense des intérêts collectifs, des grandes causes de solidarité internationale ou d’aide aux personnes défavorisées ont vu leur effectif régresser tandis que prospéraient les associations sportives, culturelles ou de loisirs : le militantisme a fait place à la recherche de « l’épanouissement » personnel, c’est-à-dire à la société de consommation. La société actuelle se sépare entre libéralisme triomphant et altruisme minoritaire. Or ce n’est pas la compétition et l’individualisme qui nous permettront de faire face aux grandes crises écologiques émergentes. A mon avis, toute personne engagée dans le tissu associatif ne peut se contenter d’être un simple consommateur, ou alors il lui manque quelque chose. Le moteur de notre action individuelle devrait être la propagation de la confiance en autrui. Il nous faut toujours penser à accroître le capital social de notre société, il nous faut participer à ces réseaux qui facilitent la coopération, le travail en équipe, le partage des savoirs. Le capital social est une construction collective qui peut s’accumuler, mais qui a malheureusement fortement régressé avec l’expansion du libéralisme.

A chacun d’entre nous d’évaluer l’utilité des activités de loisirs qu’il ou elle pratique. Personnellement je me suis engagé dans le militantisme écolo quasiment à plein temps, c’est là où on a le plus besoin de nous.

(à suivre… demain sur ce blog biosphere)

Déjà paru :

On ne naît pas écolo, on le devient, introduction

Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver

Abeille, qui ne pique que si on l’embête

Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après

Absolu, un mot à relativiser, un mot indispensable

Acteurs absents, dont on a eu tort d’ignorer l’existence

Adolescence, moment de révolte ou de soumission ?

Alcool, dur pour un écolo de refuser de trinquer !

Amour, une construction sociale trop orientée

Animal, une facette de notre humanité trop ignorée

Austérité, mot qui fait peur et pourtant source de bonheur

Barbe, un attribut des hommes qu’on voulait faire disparaître

Cannabis, une dépénalisation qui créerait l’usage

Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés

Compétition, système inhumain au service d’une société inhumaine

Croissance, l’objectif économique le plus débile que je connaisse

Démographie, le problème central qui est systématiquement ignoré

Devoir, la contre-partie nécessaire de nos droits

Doryphore, symbole d’une agriculture post-moderne

École obligatoire et gratuite, une entreprise de déculturation

Écologiste en devenir, notre avenir commun

Électricité, les inconvénients d’un avantage

Ethnologie, la leçon primordiale des aborigènes

Eugénisme, engendrer de bonne façon est-il condamnable ?

Euthanasie, mourir de belle manière comme heureuse conclusion

Féminisme, on ne naît pas femme, on le devient

Futur, il sera à l’image de notre passé !

Génériques, l’achat au meilleur rapport qualité/prix

Homoparentalité, la stérilité n’est pas une damnation

Interaction spéculaire, je fais ainsi parce que tu fais de même

IVG, une mauvaise expérience par manque d’expérience

Logement, une maison à la mesure de nos besoins réels

Loisirs, particulariste ou universaliste ? Lire la suite »