Cannabis, une dépénalisation absurde
Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant le mois de juillet. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile…
Cannabis, une dépénalisation qui créerait l’usage
Je n’ai jamais eu besoin de stimulants artificiels pour me sentir bien dans ma peau. Pour le cannabis, j’ai juste aspiré une fois quelques bouffées d’une cigarette qui tournait lors d’une réunion avec quelques copains de fac. Juste pour essayer. Bof, sans effet. Je ne fumais pas de cigarette, je n’éprouvais pas le besoin d’être à la mode. Pourtant le cannabis revient périodiquement en page une des médias. LE MONDE n’échappe pas au culte du sensationnalisme, avec gros titre, Cannabis : vers la fin de la prohibition. Un économiste s’y fait le chantre de la légalisation de la marijuana. Selon Pierre Kopp, il n’y aurait que des avantages : « s’éviter le coût exorbitant de la guerre à la drogue, éliminer l’économie parallèle, dégager de nouvelles recettes pour l’Etat, faire comme tout le monde [LE MONDE du 3 janvier 2014]. » Pourtant, ne prendre en compte que la dimension policière et économique de l’usage du cannabis pour plaider en faveur de sa vente libre est une curieuse façon d’envisager le problème. En fait cela n’empêcherait pas le transfert de l’économie parallèle vers d’autres drogues. Approuver un Etat dealer paraît aussi très bizarre et prendre comme exemple à suivre l’Uruguay et l’Etat du Colorado n’est pas une justification.
Le problème supplémentaire, c’est que certains écolos sont sur la même ligne. La dépénalisation du cannabis, c’est « la position » des Verts, depuis « très longtemps ». En tant que chef du parti, Cécile Duflot ajoutait publiquement en juin 2012 : « Il faut considérer que le cannabis, c’est comme l’alcool et le tabac, même régime ; une politique de santé publique et de prévention, notamment vis-à-vis des plus jeunes. » Ce positionnement résulte d’un amalgame au moment de la formation des Verts entre deux types de tendance. D’un côté un gauchisme issu de mai 1968 bercé par les illusions du slogan « il est interdit d’interdire » ; de l’autre l’écologie scientifique qui s’intéressait au devenir des écosystèmes et qui a débouché sur l’écologie politique.
Rappelons que le principe actif du cannabis, le THC (tétrahydrocannabinol), est inscrit sur la liste des stupéfiants. Des doses fortes entraînent rapidement des difficultés à accomplir une tâche, perturbant le positionnement dans le temps, la perception visuelle et la mémoire immédiate. Est-ce cela qu’on attend d’un écolo, l’inconscience citoyenne ? Il y a des difficultés de concentration, donc des difficultés sociales, une dépendance psychique possible, des dédoublements de la personnalité… Ces effets peuvent se traduire par une forte anxiété et favoriser la survenue de troubles psychiques. Une vaste étude néo-zélandaise montre que la consommation précoce et prolongée de cette « drogue douce » peut entraîner une baisse significative et irréversible du quotient intellectuel… Une autre étude suggère que le cannabis favoriserait certains types de cancer du testicule… Le risque de développer une dépression est cinq fois plus élevé en cas d’abus de cannabis chez l’adolescent… etc. Face à ces risques, se revendiquer du principe de la liberté individuelle pour justifier la dépénalisation me paraît dérisoire.
On ne naît pas un pétard à la bouche, dépénaliser c’est favoriser. Nous savons combien il est difficile de résister à l’addiction à l’alcool ou au tabac, il n’est nullement besoin de favoriser une drogue supplémentaire. Se multiplier artificiellement empêche d’affronter la réalité de façon plus consciente… D’autant plus que le cannabis est souvent un produit importé, un comble quand on prône la relocalisation. Quant au cannabis produit sous serre en France, bonjour la consommation d’énergie ! Aux surfaces cultivées pour produire de l’alcool, du tabac ou du cannabis, on ferait mieux de privilégier les cultures vivrières et de laisser le plus possible de surface non cultivées pour la biodiversité. ll faudrait que l’écologie politique abandonne son aspect permissif pour atteindre sa maturité. Il faudrait que Cécile Duflot sache dire « Non, cela ne doit pas se faire ». Un peuple écolo est un peuple exemplaire, il ne fume ni tabac, ni cannabis. Simplicité volontaire oblige. Bien sûr chacun détermine ce qui doit être son bonheur. Mais on peut aussi concevoir que le bonheur ne résulte pas des paradis artificiels.
(à suivre… demain sur ce blog biosphere)
Déjà paru :
On ne naît pas écolo, on le devient, introduction
Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver
Abeille, qui ne pique que si on l’embête
Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après
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