Ce blog biosphere en 2005, il y a 20 ans
Ce blog va fêter ses 20 ans demain. En 2005, nous faisions déjà une analyse quotidienne de ce qui paraissait important à dire sur les évènements du monde des humains et des non-humains. Le concepteur technique de notre site, par animosité envers son contenu, a détruit (sans avertissement préalable) tout son contenu de l’époque. Voici grâce à nos archives ce que nous avons récupéré et mis en ordre thématique.
En tant qu’éco-citoyens et membre de la biosphère, nous pouvons percevoir que les sociétés humaine sont plus ou moins bien adaptées au milieu environnant et devrions constater que la société actuelle est la moins durable car elle détruit les écosystèmes. Il nous faut dénoncer avec force notre société de prédateurs.
Activisme humain
Agriculture-industrie
21.01.2005 Un bilan agricole négatif
L’agriculture est une illustration parfaite de l’échange constant entre matière et énergie. Basée sur l’assimilation chlorophyllienne, elle devrait donner plus qu’elle ne coûte puisqu’elle transforme l’énergie du soleil et les éléments de la terre. C’est ce qui a été fait pendant plusieurs millénaires, ce n’est plus le cas aujourd’hui de l’agriculture productiviste : on doit investir directement sous forme d’hydrocarbures deux fois plus d’énergie que ce qu’on récolte avec la mécanisation, les engrais, l’irrigation, la culture sous serre. Un étude réalisée aux Etats-Unis montre même que l’énergie consommée par l’ensemble de la chaîne alimentaire, compte tenu du processus de transformation et de la distance parcourue par les produits agricoles, représente 10 fois l’énergie restituée sous forme de calories utilisées pour l’alimentation humaine. L’histoire de l’agriculture n’est en fait qu’une succession d’échecs. Pourtant depuis toujours les humains sont liés au bloc de nutrition constitué par l’ensemble des êtres vivants et c’est la famine et la mort qui est l’agent régulateur de cet édifice quand il n’est pas préservé avec soin.
L’agriculture affiche dorénavant un bilan énergétique négatif, on ne peut même plus parler de rendements décroissants, mais de fuite en avant qui appauvrit la Biosphère et amène les humains au désastre.
31.02.2005 phytosanitaires, c’est la santé !
On commercialise d’abord, on retire ensuite. Fin 2003, sept des 13 substances actives organophosphorés ont été retirées du marché et deux autres doivent l’être. Il faut dire que ces insecticides ne s’attaquaient pas seulement aux petites bêtes qui gênent les agriculteurs, mais aux agriculteurs eux-mêmes. Il n’empêche que c’est seulement aujourd’hui que la Mutualité sociale agricole (MSA) s’attaque au problème de fond en annonçant une enquête épidémiologique à grande échelle sur les liens suspectés entre pesticides et cancer.
D’une manière ou d’une autre, une société biocide qui combat à coup de pesticides les insectes, les champignons (fongicides) et les « mauvaises » herbes (herbicides), les escargots, les « nuisibles » et même les vers de terre s’en prend forcément à elle-même.
24.08.2005 Duck rice
Un agriculteur japonais découvre dans un vieux livre d’histoire qu’il était auparavant courant de faire patauger les canards dans les rizières. En appliquant ce principe, Takao Furuno s’est rendu compte que les canards se nourrissaient des mauvaises herbes et des insectes parasites, laissant intact les plants de riz qu’ils n’apprécient guère. De plus leurs déjections sont d’excellents engrais qui nourrissent les sols et, en remuant les fonds, ils oxygènent l’eau. La ferme peut enfin se passer de produits chimiques alors même que les rendements à l’hectare s’améliorent. L’élevage des canards offre aux agriculteurs l’occasion d’utiliser les insectes comme une ressource alimentaire, puis de les manger sous forme de canards !
Dans la Biosphère, les déchets des uns sont la nourriture de l’autre, une agriculture bien comprise doit suivre les voies de la Nature.
2.11.2005 Révolution verte
La révolution verte ou variétés à hauts rendements introduites en Inde à la fin des années 1960 nécessite des surcoûts (engrais pesticides, mécanisation) qui ont été compensés un temps par une meilleure productivité. Mais à cause de la fragmentation des terres avec les successions familiales et les achats ostentatoires (motos, télévision couleur) exigés par la société moderne, les dépenses ont rapidement dépassé les recettes chez les paysans du Pendjab. Le suicide ces dernières années de centaines de fermiers insolvables (trois ou quatre par semaines en moyenne) se fait le plus souvent par absorptions de ce qui devait sauver l’agriculture, l’ingestion de pesticides. Des pratiques étrangères au mode de vie ancestral dans une population largement sous-éduquée arrive un jour ou l’autre à la faillite de ce système ; mais même si la population est bien scolarisée comme en France, cela n’empêche pas la disparition des petites exploitations, la concentration des terres et les cancers chez les agriculteurs.
Le système productiviste en agriculture, éloigné des cycles de recyclage de la Nature à la différence de l’agriculture biologique, n’a pas d’avenir.
3.11.2005 Cycle des aliments
La chaîne alimentaire est un processus cyclique. Les producteurs primaires captent l’énergie solaire et sont mangés par les herbivores qui, à leur tour, sont la proie des carnivores ; les cadavres de ces derniers, ainsi que toutes les autres matières mortes, sont mangés par les nécrophages et ce qui reste est décomposé par les microorganismes en éléments nécessaires aux producteurs primaires, de sorte que le cycle peut se reproduire. Tous les êtres vivants, y compris les activités humaines ancestrales, obéissent à ce processus. Dans son classique Farmer of forty centuries (1904), l’agronome américain F.H.King montre comment les agricultures traditionnelles, par exemple au Japon ou en Chine, restituaient à la terre toute la matière organique, ce qui avait permis d’en conserver la fertilité pendant plus de 4000 ans.
Aujourd’hui les pratiques agricoles aux USA ont épuisé en trois générations les riches prairies naturelles et ce système s’est répandu dans toutes les agricultures occidentalisées : que les Américanophiles soient maudits et que l’agriculture productiviste en crève…
4.11.2005 Des plantes indociles
Le colza est un hybride naturel de la navette (Brassica rapa) et du chou (Brassica oleracea) et dans cette lignée, il est donc susceptible de se croiser avec nombre de ses cousins, crucifères ou brassicacées. Des variétés transgéniques de colza qui tolèrent les insecticides pourraient donc donner cette caractéristique à de « mauvaises » herbes au détriment des cultures humaines. Une étude anglaise(Farm scale evaluation) a d’ailleurs démontré que ce n’était pas une simple hypothèse, même si les rares hybrides observés perdaient cette résistances au fil des générations. L’étude insiste cependant sur un autre inconvénient du colza : sur chaque mètre carré cultivé, de 1000 à 6000 graines tombent sur le sol et les repousses sont extrêmement fréquentes, d’autant plus que les graines peuvent demeurer en terre de cinq à dix ans avant de germer.
Quand la rotation des cultures est perturbée par l’exubérance des plantes, quand les humains continuent de disséminer leurs chimères génétiques, la Biosphère prévoit quelques catastrophes agricoles à venir.
19.11.2005 REACH
La commission parlementaire de l’UE chargée de l’environnement a examiné le projet de loi REACH (Enregistrement, évaluation et autorisation des produits chimiques en Europe) qui imposera des contraintes à l’industrie chimique : on se propose par exemple de tester les substances persistantes, bio-accumulables et toxiques qu’on retrouve dans le sang même lorsqu’elles sont produites en faible quantité. Les défenseurs de l’environnement se félicitent aussi qu’on veuille rendre obligatoire la substitution des substances très dangereuses lorsqu’une alternative existe… Rien de plus normal apparemment. Pourtant les partisans de la compétitivité et autres conservateurs libéraux accusent ce projet de mettre en danger l’emploi de 1,3 millions de personnes. Les humains accepteraient-ils donc de s’empoisonner pour sauver quelques emplois ?
La Biosphère s’étonnera toujours que les humains aient diffusé des produits chimiques sur le marché avant même d’en avoir sérieusement testé les effets. Il est vrai que le plomb dans l’essence et l’amiante un peu partout sont les signes antérieurs de leur folie.
13.12.2005 Du secteur tertiaire au désastre
La classification en secteurs d’activité remonte aux années 1940, on jugeait alors que les pays modernes se développaient en trois étapes, d’abord un primaire prépondérant (l’agriculture), puis une expansion du secondaire (l’industrie), et la maturité avec une proportion très forte de tertiaire (les services) : les sociétés les plus évoluées auraient la proportion de travailleurs la plus importante dans le secteur des services. En fait il s’agit d’un éloignement croissant des travailleurs par rapport à ce qui leur permet réellement de vivre, le travail de la terre. Le secteur de production de biens matériels a multiplié les choses au détriment des relations. Ce n’est pas l’extension des services qui a fondamentalement amélioré un système économique en démultipliant les travaux parasitaires dans un monde fini. Par exemple les services de proximité autrefois accomplis par la famille ou la collectivité géographiquement proche sont aujourd’hui prise en charge par des spécialistes qui se déplacent, ou vous demandent de vous déplacer, ce qui utilise des ressources matérielles et énergétiques supplémentaires. De toute façon un retournement de la conjoncture économique, un choc boursier ou pétrolier mettra à bas toute cette division sociale du travail. Cela s’est réalisé en 1929, cela se reproduira quand les ressources fossiles s’épuiseront.
Le secteur des service est en bout de chaîne de la pyramide artificielle qui décompose l’activité humaine en spécialisations de plus en plus fines, de moins en moins nécessaires ; le niveau de l’emploi en est d’autant plus fragile. La Biosphère vous aura averti, à vous d’en tenir compte.
21.12.2005 Tous chimiquement contaminés
Nous ne sommes plus à l’époque de la peste et du choléra car nous nous défendons de mieux en mieux contre les épidémies, mais nous nous révélons impuissants à juguler les maladies que nous créons nous-mêmes. Le volume des substances chimiques atteint aujourd’hui 400 millions de tonnes au niveau mondial, une multiplication par 400 par rapport aux années 1930. En effet rien de plus facile, la règle de mise sur le marché consiste à n’en avoir aucune, il faut attendre que des substances entraînent des dégâts très apparents sur la santé pour les retirer du marché : c’est la preuve par l’homme, l’évaluation a posteriori. Sur 100 000 molécules chimiques actuellement commercialisées, 3000 seulement ont fait l’objet d’un examen sérieux. Il y a sept ans, le Conseil européen décidait de réformer la commercialisation des substances chimiques, il y a quatre ans un Livre Blanc était publié qui pose le nouveau principe : « Pas de données, pas de marché », une inversion du système en vigueur. C’est là l’enjeu du projet de directive REACH (Registration Evaluation Authorization of Chemicals). Or le responsable de l’industrie dans la commission européenne proposait en octobre 2005 de renvoyer la charge de la preuve sur les gouvernements, c’est-à-dire d’attendre des financements collectifs pour sauvegarder les profits privés : il faut avant tout protéger un secteur d’activité qui emploie 1,9 millions de salariés dans l’UE.
La commission environnement du Parlement européen a refusé de suivre la commission… Il faut espérer que de plus en plus d’humains défendront la bonne santé de la Biosphère.
Echanges internationaux
14.02.2005 Contre l’échange marchand généralisé
L’échange marchand permet la libération de l’individu en éliminant les liens traditionnels de subordination (sociétés d’ordre ou de caste), le commerce pacifie les relations sociales car il permet une nouvelle construction sociale : tout échange économique se fonde sur le principe de réciprocité, de contrat social et d’utilité collective ; en apportant ta contribution aux richesses produites, tu développe ton sentiment d’appartenance à la société, tu te sens liée à elle parce que tu as besoin d’elle et que tu lui es utile. L’échange marchand contraint le commerçant à séduire ses clients et à nouer avec eux des relations de civilité ; il substitue les règles de justice et d’équité d’un libre contrat à celles de l’autorité ou de la servilité. Mais l’échange monétaire a une influence contradictoire : d’un côté il a un rôle émancipateur, de l’autre il appauvrit les relations sociales en privilégiant la valeur des choses par rapport à celle des personnes, il appauvrit la planète en permettant son pillage.
La monétisation des échanges accompagne la montée des égoïsmes et favorise l’indifférence par rapport aux autres humains, à plus forte raison par rapport à la Biosphère. Jamais la médiation monétaire de l’échange ne pourra remplacer le lien social de proximité, liens de proximité indispensables pour des relations harmonieuses avec la Nature.
4.05.2005 Commerce équitable ?
C.Jacob, ministre français du commerce, prépare une procédure d’agrément pour harmoniser les règles du commerce équitable car le texte actuel de l’Afnor ne s’intéresse qu’à la dimension économique. Il faut en effet pour être « équitable » que l’acheteur paye non seulement la matière première à un prix plus élevé que le marché, mais aussi qu’il donne aux producteurs locaux les moyens d’un développement autonome. Ainsi Max Havelaar n’est ni une marque ni une entreprise privée, mais une caution internationale.
Il n’empêche que les produits dits équitables sont souvent des cultures d’exportation (le café principalement) qui se développent au détriment des cultures vivrières, ce qui va à l’encontre du principe de souveraineté alimentaire de chaque territoire et donc d’une véritable autonomie. Equitable ou non, boire du café dans le monde occidental n’aide pas véritablement le tiers-monde.
22.08.2005 Commerce de proximité
Dans un livre récemment paru, « 80 hommes pour changer le monde », on trouve au chapitre « 60 millions de consom’acteurs » l’histoire de Sissalio Svensuka, fondateur de Lao’s Farmer products. Cette coopérative s’approvisionne auprès de 10 000 familles pour fournir les circuits du commerce équitable en Europe et aux Etats-Unis. Grâce à ses ventes de pâtes de fruits, de confitures, de jus de fruits et de bière traditionnelle laotienne, on pourra même financer des programmes d’éducation, de logement et de santé…
Mais toute circulation de marchandise à longue distance nécessite une consommation d’énergie non renouvelable pour rester à bas prix, ce qui fait augmenter les gaz à effet de serre et pénalisera les générations futures dont on aura brûlé le capital naturel. Dans l’intérêt de la Biosphère, faites vos propres confitures et jus de fruits avec vos produits locaux .
6.11.2005 Soyez apôtre du protectionnisme !
Dans « Système national d’économie politique » paru en 1841, Frédéric List (naît dans le Wurtemberg actuel) pensait que les libéraux se trompaient en croyant qu’il existait des lois générales de l’économie en tout temps et en tout lieu. Pour lui, l’évolution économique de chaque pays dépend de son évolution politique et culturelle. Aussi, on ne pouvait présenter le libre-échange comme modèle incontestable à une Allemagne ravagée par les guerres napoléoniennes et politiquement éclatée. Par contre la protection des industries naissantes permettrait l’émergence d’industries hautement compétitives et ce n’est qu’à condition de rattraper le niveau de la Grande-Bretagne que l’Allemagne pourrait ouvrir les frontières car on échangerait alors à armes égales. Il s’agit là d’un « protectionnisme éducateur » et en conséquence, F.List n’est qu’un libre-échangiste différé : son idéal d’avenir reste l’industrialisation, c’est-à-dire tout ce qui détruit les ressources de la planète.
Pour enrayer ce flot de destructions, la Biosphère souhaite que les humains s’arrêtent de faire du libre-échange généralisé de biens matériels, de services financiers ou de travailleurs migrants, mais attacher au contraire les communautés à leur cadre territorial d’appartenance pour qu’elles en vivent de la façon la plus autonome possible. En agriculture, il s’agit de promouvoir la souveraineté alimentaire.
16.12.2005 Sauvage ou civilisé ?
Avec la civilisation, terme longtemps opposé à la barbarie, il s’agissait de mettre en place une société cohérente et en avance sur d’autres peuples. L’ethnologie a cependant démontré qu’aucun culture ne pouvait prétendre à une supériorité intrinsèque quand elle prétend organiser les activités humaines selon des normes qui restent relatives : les dits « civilisés » ne sont que des barbares pour d’autres sociétés, un soldat américain qui rentre le fusil d’assaut à la main dans une maison familiale irakienne rompt toutes les règles de la civilité. Des tentatives d’universalisme des valeurs ont été cependant accomplies dans le monde occidental avec les déclarations des droits de l’homme de 1789 et la déclaration universelle de 1948. Le libre-échange économique peut donc s’accompagner de la diffusion de normes et de valeurs jugées universelles comme les droits de l’individu, l’égalité des sexes ou la démocratie, mais il oblige aussi à une marchandisation de l’existence qui pousse au communautarisme car il met en danger les modes traditionnels d’existence. De plus, tant qu’une culture se contente d’établir l’égalité de l’homme et de la femme ou la protection des libertés d’expression, elle reste incomplète. Il manque l’inventaire des droits de la Biosphère.
Le critère fondamental d’une civilisation, c’est de respecter l’équilibre durable entre les activités humaines et les possibilités de la Biosphère. Soyez civilisés, respectez les flux vitaux, ne faites plus selon votre passé peu glorieux.
Réduction de l’espace
14.04.2005 Artificialisation du territoire
Une étude de l’IFEN (Institut français de l’environnement) dénonce le phénomène de grignotage des espaces naturels du fait de l’urbanisation, des routes et autres infrastructures. Les sols à usage non agricole des humains représentaient 6,1 % du territoire en 2003 et cette emprise a augmenté de 16 % en 10 ans. Biosphere ne s’occupe pas beaucoup de l’impact paysager, à chacun son goût de l’esthétique. Pas beaucoup plus de l’impact sur les inondations et l’érosion. Un peu plus sans doute de la violence exacerbée par un espace mal organisé et un cadre de vie éclaté.
Mais la fragmentation des terres accroît surtout le risque que les écosystèmes ne puissent plus se connecter les uns aux autres au péril de la survie d’une bonne partie de la flore et de la faune.
8.05.2005 Stérilisation des terres
La loi française d’orientation agricole, en préparation, ne reprend pas les propositions du rapport Boisson pour le Conseil économique et social : « La maîtrise foncière, clé du développement rural ». Pourtant c’est l’équivalent des surfaces cultivées d’un département qui disparaît tous les six ans. L’urbanisation, et l’équipement qui l’accompagne, se font le plus souvent en plaine et dans les vallées, d’excellentes terres agricoles. C’est exactement ce qui se passe aussi dans d’autres pays ! En Egypte, les Anciens vivaient à l’orée du désert pour ne pas empiéter sur leurs terres agricoles, maintenant les masses populaires bâtissent en pleins champs cultivés malgré les interdictions : une maison démolie par les autorités sera reconstruite dans la nuit. Partout les humains transforment la Biosphère en un désert de sable et de béton. Pour en revenir à la France, au rythme actuel d’artificialisation des sols au profit de l’habitat, dans 600 ans il n’y aura plus de terres cultivables.
Les optimistes diront encore « Aménageons pour aller vivre sous terre », d’autres diront : « ils étaient fous nos ancêtres ! » Il est préférable de crier dès aujourd’hui contre la folie humaine, même si c’est dans le désert…
11.07.2005 Tiers sauvage
Le Conservatoire du littoral a maintenant 30 ans derrière lui d’acquisition de terres pour protéger la Nature d’une urbanisation sauvage ; il a rendu inaliénable aujourd’hui 10 % du linéaire côtier. L’institution a en effet racheté 860 kilomètres de rivages maritimes, et même 20 % des côtes de la Corse. Le but en 1975 était de protéger le tiers du littoral à l’horizon 2030, il ne sera pas atteint avant 2050. Encore faut-il que les moyens financiers soit préservés dans l’avenir alors que le plus facile a déjà été acquis et que le prix des terrains explose. Les sites restent ouverts au public des marcheurs, mais pas à l’appétit des promoteurs immobiliers.
Si l’ensemble du territoire français suivait la même lignée, la biodiversité serait d’autant mieux respectée. Mais la Biosphère constate que le tiers pour la Nature et les deux tiers pour l’impérialisme humain, c’est bien peu pour la Nature sauvage.
14.08.2005 Des routes, des routes, trop de routes
En vertu de la loi de décentralisation d’août 2004, l’Etat français veut transférer 18 000 kilomètres de routes nationales (pour 10 000 kilomètres d’autoroutes) aux Conseils généraux. Ce n’est qu’un tout petit aspect d’une voirie qui compte 1,5 millions de kilomètres dont les départementales occupent 365 000 kilomètres, les communales 550 000 km et les chemins ruraux environ 600 000 km. Les problèmes de financements deviennent lancinants et le désengagement de l’Etat est à juste titre mal perçu par les collectivités locales. A cela s’ajoute les inquiétudes avec la privatisation prévue de certaines autoroutes. Mais personne ne s’interroge sur le bien-fondé d’un tel réseau dédiés aux déplacements individualisés.
L’importance démesurée de ce réseau de voirie entraîne pourtant la dégradation importante des écosystèmes par l’artificialisation des territoires et leur fragmentation. Pour la Biosphère, jamais une société humaine respectueuse de l’environnement n’aurait du dépasser le niveau des chemins vicinaux qui ne font qu’entretenir les rapports de voisinage.
1.11.2005 Relié au vivant
Deux visions éloignées de la Nature se rejoignent : l’une est associée aux situations anciennes des populations animistes qui vivent par superstition dans des systèmes de respect de la nature, l’autre qui prend en compte la fragilité écologique de la planète d’un point de vue scientifique est actuelle. De toute façon la croyance des trois derniers siècles est dépassé, celle de domination, de maîtrise complète de la nature, de son caractère inépuisable. Aujourd’hui il faut se mettre dans un situation d’immersion dans le biotope, si ce n’est d’égalité avec la biocœnose. Car nous savons que tout est lié, l’air que nous respirons est le même partout et assure une liaison de proche en proche : pollens, microorganismes, insectes, oiseaux. C’est pourquoi les humains peuvent exploiter cette diversité, mais en la préservant, ce que fait un jardinier : il ne tue pas les légumes qu’il cultive, il doit en récolter les graines pour pouvoir les ressusciter l’année d’après. Mais il faut aussi des espaces non gérés, des lieux qu’on laisse tranquille, des territoires de refuge de la biodiversité.
La Biosphère n’est pas un simple lieu de passage dans l’attente du paradis de certaines religions, elle réclame a minima cette tierce partie sauvage que l’activité humaine a réduit à la portion congrue : sinon il y a suicide consenti, la Terre se réchauffe, les espèces disparaissent, vous mangerez les poisons que vous avez semés.
5.11.2005 Pas de Biosphère sans marais
Les marais au sud de l’Irak couvraient 20 000 km2 en 1970, ils avaient complètement disparus en 2001. Edifié au nom d’une politique agricole visant à développer l’irrigation entre Bagdad et Bassora, un réseau de dignes avait provoqué l’assèchement, phénomène accentué par les barrages en amont le long du Tigre et de l’Euphrate. Non seulement les habitants des marais ont perdu leurs moyens traditionnels d’existence, mais l’élévation de la température locale a atteint près de 5°C à cause de la destruction radicale de l’écologie de la région. Même si, après l’éviction de S.Hussein et un programme coordonné par les Nations unies, les marais ont retrouvé depuis lors 40 % de leur superficie grâce à la démolition des digues, les besoins du pays en eau vont continuer à croître avec l’urbanisation et l’industrialisation : cette reconquête des marais est donc fragile.
Quand les humains auront stérilisé toutes les terres pour leurs propres besoins, que leur restera-t-il comme avenir si ce n’est d’être chassé définitivement du jardin d’Eden.
Biodiversité
Biotopes-urbanisation
30.03.2005 l’irresponsabilité humaine
Pour se parer de fourrures, on a introduit le petit renard arctique dans les îles de l’archipel aléoutien. Ces carnivores ont prospéré en pourchassant les nombreux oiseaux des mers qui ne se défendait pas contre ce prédateur inconnu. Le précieux guano en est venu à manquer là où le renard sévissait, les sols ont perdu une grande part de leur fertilité : les oiseaux qui se nourrissaient de ressources pélagiques assuraient un lien entre les écosystème marin et insulaire qui est rompu. Malheureusement ce ne sont pas seulement les fluctuations du marché de la fourrure qui ont remodelé les paysages mondiaux.
L’activité humaine est d’abord un destructeur de biotopes, la Biosphère en souffre.
17.06.2005 La Biosphère aime les coquelicots
Il s’agit d’un petit jardin carré de 23 mètres de coté à Marseille planté depuis deux ou trois ans d’herbes et de fleurs méditerranées, buddleias et acanthes, fenouils et cistes ; les coquelicots s’invitent aussi entre les dalles parallèles de calcaire blanc. Bien que cet aménagement ait été choisi après concours des plus officiels, la mairie dénonce maintenant ce jardin et fait arracher toutes les plantes du jardinet : « Ce parti-pris champêtre ne convient pas dans la mesure où le visiteur a la fâcheuse impression d’un espace non entretenu ». On va donc installer à la place quelques plantations faciles à entretenir.
Ainsi la planète ressemble-t-elle de plus en plus à l’image que les humains se donnent d’eux-mêmes, une Nature dénaturée dans laquelle l’alibi esthétique cache mal la voie de la facilité et la destruction de tous les espaces sauvages.
12.08.2005 L’aristocratie, éternelle ?
En raison du système de primogéniture masculine de l’aristocratie britannique, l’aîné d’une famille hérite de tout, les cadets et les filles n’ont plus qu’à se débrouiller: ils deviennent alors simple jardinier, petit fonctionnaire ou même banquier. C’est là une démarche intéressante pour perpétuer ad vitam aeternam les privilèges d’une caste, même si les décès sans hériter ou des descendances féminines permettent à un jardinier, un fonctionnaire ou un banquier d’hériter à son tour du titre et des terres. On pourrait attaquer ce système pour sexisme ou inégalités entre enfants, mais n’est-ce pas le principe lui-même de propriété des terres qu’il faudrait remettre en question ?
Le biotope est propriété de l’ensemble de la biocœnose, les humains doivent apprendre à partager non seulement avec leurs frères et sœurs de sang, mais aussi avec les autres humains qui partagent le même territoire sans oublier tous les non-humains qui peuplent cet écosystème.
19.08.2005 Erri de Luca, romancier
« En faisant de l’alpinisme, j’entre dans un lieu où je peux jeter un coup d’œil sur le vide qui nous a précédés (et qui nous succédera, je vous le promets). Là-haut, je me trouve en situation d’hôte, mais pas d’invité. Et j’appartiens un peu moins à ce temps qui a la présomption d’être le patron de la terre, de l’air et de l’eau. Quand vous pensez qu’on a même inventé la notion d’ « eaux territoriales » ! C’est une contradiction dans les termes, les eaux sont extraterritoriales par définition et pourtant, on a tracé des frontières jusque sur elles ».
La Biosphère n’a pas grand choses à rajouter à ces remarques de bons sens, si ce n’est que l’alpinisme lui-même est une conquête de l’inutile dont on peut très bien se passer : laissons la montagne tranquille !
31.08.2005 Richesse de la niche
A l’opposé de la théorie neutraliste, la théorie de la niche prédit une augmentation de la productivité primaire en fonction de la diversité végétale. Pour trancher en pratique, un projet européen a étudié la diversité végétale sur près de 500 parcelles pour 8 sites différents. On a alors observé en moyenne une augmentation de la production de biomasse aérienne en fonction de la richesse spécifique ; ce résultat s’explique par la complémentarité fonctionnelle entre espèces. On a aussi montré que la biodiversité agit comme une sorte d’assurance contre des changements de l’environnement : si les différentes espèces ne réagissent pas de façon identique à ces fluctuations, les réactions tendent à se compenser mutuellement, ce qui entraîne une stabilisation du fonctionnement d’ensemble du système malgré le fait que chaque espèce continue à fluctuer fortement. Enfin la biodiversité est un réservoir d’adaptation à des changements de l’environnement.
Du point de vue des écosystèmes, il n’y a pas d’avenir durable pour une société humaine qui détruit la biodiversité.
12.09.2005 Vous êtes des animaux stupides
La surface dévastée par l’ouragan Katrina est de 235 000 km2, soit près de la moitié de la superficie de la France. Colère et désespoir gagnait en particulier les 300 000 habitants de la Nouvelle-Orléans en attente d’évacuation. Rudolph éclate : « On vit comme des animaux, sans électricité, sans eau, sans toilettes, sans douches, sans rien. Il faut que l’on sorte de là, on devient fous et malades. Ma fille et ses deux petites filles vivent comme des clochardes, c’est insupportable ». S’il est vrai que le cataclysme a révélé le niveau élevé des inégalités et la cruauté des rapports sociaux aux USA, en fait l’ouragan n’est qu’un épiphénomène : les humains sont les premiers responsables de la catastrophe. Dès 1722, on commençait l’édification des travaux d’assèchement de ce qui était un marécage propice à la biodiversité. En 1763, La Nouvelle Orléans n’avait encore que 3200 âmes, mais il y eut ensuite l’explosion urbaine qui avait aujourd’hui besoin de six grandes stations de pompage fonctionnant 24 heures sur 24, même par temps sec !
La Biosphère vous rappelle que les humains sont des animaux parmi les autres qui vivent normalement sans électricité, ni eau courante ou douches privées. Tout cela n’est que le privilège de la classe globale actuelle qui utilise sans limites les ressources naturelles au détriment de beaucoup d’humains, des autres animaux et des écosystèmes : les premiers destructeurs des cycles vitaux sont les habitants de villes dont on croit qu’elles peuvent survivre même en dessous du niveau de la mer !
29.10.2005 Le territoire de qui ?
Ariel Sharon a bouté les colons hors de Gaza pour soi-disant faire en sorte que les Palestiniens respectent les principes de bonne gouvernance et s’attaquent sérieusement au terrorisme. Mais dans un avion qui l’amenait à New York, Ariel Sharon réaffirmait son intention de poursuivre la colonisation de la Cisjordanie. Il a ainsi une interprétation très libre de la « feuille de route », ce plan international de paix qui prévoit la création de l’Etat palestinien. Notons d’ailleurs que le 29 novembre 1947, l’assemblée générale des Nations-Unies recommandait déjà l’établissement d’un Etat juif, mais aussi d’un Etat arabe. Le plan ne vit jamais le jour puisque le 14 mai 1948, Israël déterminait son autonomie de façon unilatérale. Pourtant les juifs ne sont pas chez eux en Palestine, en 1880 il n’y avait là que 20 000 juifs installés de longue date. Depuis les immigrations successives ont changé la donne, et la colonisation de la Cisjordanie demeure dans la continuité du sionisme.
Pour la Biosphère, cela n’entraîne que déséquilibre entre deux communautés qui l’une et l’autre ne sont même pas en adéquation avec les capacités de charge de leur biotope. Dans ces conditions, le conflit israélo-palestinien ne peut que perdurer, les actes terroristes s’accumuler et les contre-offensives militaires dévaster encore plus les territoires. Les humains ne réfléchissant pratiquement jamais au delà de leur propre ethnie alors que l’essentiel se trouve dans l’équilibre des écosystèmes !
30.10.2005 Déconstruction urbaine
Quatre-vingts pour cent de la Nouvelle-Orléans ont été dévasté après le passage de l’ouragan Katrina et le maire vient de mettre en place une commission chargée de la reconstruction. Pourtant on peut se demander si c’est là une bonne approche, il y a d’autres perspectives : le centre historique n’a pas été touché, c’est l’arrondissement construit au milieu du XXème siècle qui est la plus atteint, les quartiers populaires restent encore inondés et d’ailleurs les maisons sont sous le niveau de la mer. Déjà en 1998 un plan baptisé « Coast 2050 » prévoyait de rétablir les marécages et autres zones humides pour restaurer un équilibre naturel dans le delta du Mississipi. Le rapport a été jugé trop cher (14 milliards de dollars) alors que le coût de la reconstruction dépassera 200 milliards. Un géophysicien parle maintenant de déconstruction : « Il est temps d’accepter quelques réalités géologiques ».
La Biosphère constate que l’urbanisation a vidé de sa substance vitale non seulement une partie de plus en plus grande des terres agricoles, mais a empiété fortement sur les zones humides propices à la biodiversité. Il n’est que temps de promouvoir la déconstruction urbaine, non de façon brutale comme le voulait Pol Pot en vidant Phnom Penh de ses habitants, mais en organisant un retour à la terre respectueux de l’équilibre durable des écosystèmes.
Coexistence des espèces
6.03.2005, Entre chien et loup
La protection des derniers animaux sauvages se donne bonne conscience et on construit des passages sous autoroutes pour les batraciens ; il faut que l’espèce sauvage se fasse invisible. Les Français ont presque oublié les animaux de ferme ; il faut un projet de Constitution européenne pour qu’on s’intéresse au bien-être animal. Les Français adorent les animaux de compagnie et déjà la moitié des foyers en possède un ; le décret d’attribution d’un secrétaire d’Etat à l’agriculture a même comme objectif la bonne santé de ces animaux dénaturés. Car les animaux domestiques ne sont pas un morceau ambulant de nature, juste un illusoire substitut de chair et de poil à une amitié inter-humaine qui devient une denrée rare. Et les vaches ne sont plus qu’un objet de curiosité au salon de l’agriculture à Paris. Quant aux animaux sauvages il sont à peine l’objet de commisération après qu’on ait décidé un taux d’abattage d’une partie des quelques trente loups de France ou éliminé la dernière ourse des Pyrénées.
Mais quand vous aurez fait disparaître toute possibilité de retrouvailles avec la Biosphère, quand vous n’aurez pour seul paysage que des HLM et des lignes électriques, des bidonvilles et des logans (une voiture bon marché), quand vous n’aurez plus que le contact avec vos différences artificielles, alors pourra grandir la sauvagerie inter-humaine que vous connaissez déjà dans les conflits qui se déroulent constamment ici ou là.
4.06.2005 Coexistence pacifique
Il faudrait apprendre à composer avec la nature sauvage. C’est ce que font déjà les éleveurs italiens dans le parc national des Abruzzes où on dénombre 60 à 70 loups. Contrairement à la France, les bergers n’ont jamais perdu la mémoire de cette vie partagée avec les ancêtres des chiens et les techniques pastorales sont les mêmes depuis très longtemps. Un troupeau ne dépasse jamais 350 têtes et les bêtes sont accompagnées de chiens de type patous capables de les protéger. Les brebis sont parquées chaque soir dans des enclos, à l’abri de barrières métalliques hautes de deux mètres. C’est ce qui est préconisé en France, mais comme il faut aussi embaucher des bergers supplémentaires, pas grand chose ne se fait.
Au lieu de distribuer de l’argent supplémentaire ou de baisser les charges sociales pour réduire le chômage, mieux vaudrait retrouver une harmonie avec l’environnement, ce qui nécessitera de la sueur, beaucoup moins de matériel sophistiqué et beaucoup plus de main d’œuvre.
25.06.2005 La démocratie en panne
Il est bien connu que la chasse à la baleine fait l’objet d’un moratoire depuis 1986, il est aussi avéré que le Japon fait depuis lors des prises « à des fins scientifique » qui lui permettent, ainsi qu’à la Norvège, d’envoyer des steaks de divers cétacés sur les étals des marchands. Mais pour la Biosphère, l’essentiel n’est pas dans cet événement qui perdure d’années en années, mais dans la procédure de vote sur la question. Le Japon voudrait que les votes sur la chasse à la baleine se fasse à bulletin secret parmi les 66 pays que compte la Commission Baleinière Internationale. Rien de plus démocratique en théorie que le vote après s’être soustrais à la pression populaire dans un isoloir. Mais pour les partisans du vote à main levée au contraire, un tel secret du vote permettrait des pressions en sous-main sur les plus petits pays de la part des grands favorables à la reprise de la chasse, ce qui fausserait la démocratie.
La Biosphère sait à son corps défendant que la démocratie entre humains, c’est aussi l’achat de votes par ceux qui peuvent donner beaucoup ou qui promettent encore plus. La démocratie peut aussi bien préserver la planète que laisser libre cours à la folie humaine !
25.07.2005 Valeur de la Biosphère
Pour l’anthropocentrisme habituel, seuls les humains possèdent une valeur intrinsèque et les êtres de nature ne constituent que des valeurs instrumentales adaptables aux besoins humains. Pour le pathocentrisme, les êtres sensibles (tous ceux qui peuvent souffrir) possèdent aussi cette valeur intrinsèque. Pour le biocentrisme tout être vivant, même si leur vie est limitée à la survie et la reproduction, puisque toute vie possède sa fin propre. Pour Biosphere, les humains doivent ouvrir leur esprit bien au delà : toute la communauté biotique (ensemble des organismes vivants au niveau d’un biotope) doivent être considéré comme formant un tout inaliénable caractérisé par la biodiversité et l’homéostasie de l’ensemble.
Les humains ne doivent être que les accompagnateurs des autres espèces dans l’odyssée de l’évolution, ils doivent donc diminuer drastiquement leur nombre, leur puissance et leur vanité pour apprendre l’humilité.
27.08.2005 La tortue des touristes
Pour les populations des côtes du Brésil, les tortues de mer qui viennent pondre sur les plages sont une bénédiction des dieux : on tire des carapaces objets artisanaux ou bijoux et les enfants dégustent les œufs enfouis dans le sable, cuits par le soleil. Les tortues deviennent alors une espèce en voie de disparition. Au cours des années 1980, des villages touristiques sont alors créé dont les plages permettent chaque année de protéger plus de 600 000 œufs, de la ponte jusqu’à la naissance. A la fin du siècle, les centres d’information reçoivent plus d’un million et demi de visiteurs et, dans le passage obligatoire par la boutique, on vend chemises, maillots de bain ou peluches estampillées d’une petite tortue. La fondation Tamar devient un gros employeur et de nombreuses familles de pêcheurs en tirent un second revenu.
Mais le déplacement des touristes provoque l’effet de serre et la dépendance économique des populations locales, il ne peut y avoir de véritables solutions que la coexistence pacifique et durable de chaque population avec son propre écosystème.
24.10.2005 Complémentarité et dépendances
Les larves aquatiques de plusieurs variétés d’insectes représentent à certaines saisons une grande partie de la nourriture des poissons d’eau douce, tandis que d’autres larves se nourrissent du frai des prédateurs, ainsi l’éphémère pour le saumon. Par une sorte de chaîne circulaire, la destruction du moustique, nourriture de la truite qui mange aussi l’éphémère risque donc d’entraîner la raréfaction de ce dernier dans les eaux où, sans les insecticides, il serait abondant. Il y a aussi d’autres troublantes chaînes d’interdépendance comme celle qui lie les chats aux mulots, les mulots au bourdons et les bourdons au trèfle rouge : si les chats diminuent, les mulots proliféreront et dévoreront les bourdons qui n’assureront plus la pollinisation du trèfle rouge. Toute la Nature est donc liée par des liens étroits et toute créature vivante est nécessaire au bien-être de quelques-unes des myriades de formes de vie qui peuplent la Terre.
Il ne faut pas toucher brutalement à un élément de la Biosphère sans dommage irréversible et le plus souvent invisible au départ. C’est pourtant ce que font les humains qui se multiplient sans entrave car ils ont pris l’habitude de formater les conditions naturelles selon leurs exigences plutôt que de s’adapter à ces contraintes : malheur à eux.
25.10.2005 Une nature à votre image
« Il faut sauver les baleines, il faut des ours dans les Pyrénées et des loups un peu partout ». Ainsi parle la plupart des associations environnementalistes. « Il faut reconstituer des écosystèmes pour les touristes, un Bioscope en Alsace (ouverture juin 2006 sur 150 hectares), un Vulcania dans le fief de Giscard d’Estaing (déjà en déficit), un Naturascope à côté du futuroscope dans la Vienne (ouf, on s’en éloigne !) ». Ainsi parle les présidents de collectivités locales à l’affût du touriste. D’un côté on valorise certaines espèces animales en laissant de côté la perte irréversible de la biodiversité générale, de l’autre on fait visiter à titre payant des choses qu’on s’est acharné à détruire par ailleurs. Thierry Jaccaud, rédacteur en chef de l’Ecologiste, nous rappelle que la nature ordinaire est également extraordinaire dès qu’on lui prête attention : merles et moineaux, hirondelles et martinets, batraciens ou reptiles, moult coléoptères et papillon… Mais la Nature n’a pas besoin du regard des humains pour exister, la Nature n’est pas un concept abstrait ni une construction humaine, elle a une vie autonome au delà des noms dont on l’habille et des lieux qu’on lui préserve.
Un jour ou l’autre les humains comprendront qu’ils ne peuvent pas continuer à fragmenter tous les territoires pour leurs activités personnelles : la Terre appartient à toutes les espèces, des plus grosses aux invisibles. Ce n’est pas la Biosphère qu’on doit enfermer dans des parcs, ce sont les humains qui doivent vivre dans d’étroites réserves.
26.10.2005 Le mythe de la biotechnique
Les systèmes biologiques possèdent trois caractéristiques, l’irréversibilité, la complexité et la capacité d’évoluer. Chaque espèce est donc le produit d’une histoire unique qui n’est pas reproductible et chaque fois qu’une espèce s’éteint, la planète perd définitivement une de ses composantes. De plus la complexité des interactions à l’intérieur des système biologiques (écosystèmes) est telle que ses effets sont imprévisibles, à plus forte raison si on modifie un de ses éléments. Enfin les bactéries peuvent résister aux antibiotiques et les moustiques aux insecticides, sans préjuger de l’apparition de nouveaux virus : demain peut-être une pandémie humaine de la grippe aviaire. Dans ce cadre, le modèle positiviste d’une science et d’une technique toutes puissantes qui permettraient d’acquérir une connaissance et un contrôle absolu sur la Nature n’est qu’un dangereux mirage. Par conséquent les humains doivent apprendre à se reconnaître comme simple élément de la Biosphère plutôt que comme prédateur dominant.
Même si la magnificence de la technologie moderne, de l’argent et du pouvoir est si séduisante actuellement que personne ne semble pouvoir lui résister, le troisième millénaire s’ouvre sur une telle dégradation de la planète que des humains de plus en plus nombreux parleront de plus en plus fort au nom de la Biodiversité et agiront de plus en plus intensément. Devant l’urgence, ils ont d’ailleurs très peu d’années pour arriver à leurs fins : il faudrait passer de la désobéissance civile marginalisée à la destruction finale de la civilisation thermo-industrielle, ce qui met énormément de temps dans un système démocratique (ou reste impossible pour un régime autocratique) !
27.10.2005 Substitution ou coopération ?
Une grande partie du développement de la société industrielle a été basée sur la technique de substitution entre facteurs de production (travail, capital technique et ressources naturelles) et la plupart des économistes extrapolent cette expérience passée pour prédire l’avenir : l’agriculteur fera des cultures hydroponiques après la désertification, le forestier cultivera des graminées à la place des forêts disparues, on changera de profession ou on émigrera au Nord. L’autre conception recherche la coopération avec la Nature et non la substitution anthropocentrée. Ainsi la nouvelle norme FSC (Forest Stewardship Council) pour une certification d’opérations forestières dans la forêt boréale exige non seulement le respect des conditions de travail mais aussi celui de la pérennité de la ressources, le maintien des écosystèmes et la sauvegarde des communautés locales.
Il est clair que la Biosphère ne pourra longtemps garder son intégrité si c’est la première tendance qui continue à faire la loi !
28.10.2005 Coexistence
La vie sauvage continue de coexister avec les humains dans la savane africaine alors que partout ailleurs les humains ont éradiqué les grands mammifères et l’Afrique demeure ainsi le dernier continent où les panthères, les lions, les buffles, les éléphants ou les rhinocéros vivent comme au temps du pléistocène. Les Massaïs considéraient d’ailleurs de tout temps que les vaches créent les arbres (en pâturant les herbes) et que les éléphants créent les prairies (en éliminant les arbres). Les vaches et les éléphants ont en effet des effets opposés et complémentaires sur la végétation ; en se déplaçant dans le même voisinage tout en s’évitant mutuellement, les éléphants et le bétail créent un patchwork d’arbres et de prairies, et en conséquence une grande diversité. Dans le passé, les Massaïs considéraient ainsi les animaux sauvages comme du bétail secondaire, aujourd’hui avec les réserves naturelles ils n’attribuent aucune valeur aux animaux sauvages car ils causent des dommages sans apparemment aucun bénéfice en compensation : ils appellent maintenant la faune sauvage avec mépris « le bétail du gouvernement ». Pourtant les mondes humains et naturels ne doivent faire qu’un car ils ne peuvent être séparés de façon durable.
Non seulement il faut redonner à l’Afrique les moyens de continuer la coexistence entre activités humaines et faunes sauvages, mais des humains à l’écoute de la Biosphère imposeront un jour le retour de cette biodiversité naturelle qui jamais n’aurait du disparaître.
22.11.2005 « Progrès » de la domestication
Au niveau mondial les truites arc-en-ciel consommées sont à 100 % artificielles, le saumon encore à 95 % et les crevettes presque autant. En l’an 2000, l’élevage français a fabriqué 14 millions de faisans, 5 millions de perdrix, 1 million de colverts, 120 000 lièvres.. animaux « sauvages » qu’on lâche directement sous les fusils des chasseurs. La revue « gibier et chasse » du syndicat national des producteurs compare les mérites respectifs de l’huile de poisson et du tourteau de soja dans l’alimentation du gibier, la chasse n’est plus ce qu’elle était. En l’an 2001, l’aquaculture française a fourni 3000 tonnes de bars, 1200 de dorades royales et 900 de turbots, la pêche n’est plus ce qu’elle était. Maintenant les pleurotes, les lactaires et les pieds-de-mouton sont cultivées avec la même aisance que les champignons de Paris. Tout est prétexte à la domestication du sauvage quand s’accroît la pénurie.
L’anthroposphère s’étend au détriment de la Biosphère, rien ne va plus, ne chassez plus les derniers animaux en liberté et mangez moins de viandes ou de poissons.
27.12.2005 Le dernier mot à la coopération
Le prix Nobel d’économie est habituellement décerné à d’ardents défenseurs de la microéconomie et de la compétition, ce qu’on appelle élégamment la « concurrence ». Oublions l’un des deux prix Nobel attribué à quelqu’un qui a justifié la course aux armements nucléaires en tant que forme imparfaite de coopération. Mais cette année 2005 le prix a aussi été décerné à R.Aumann « pour avoir amélioré notre compréhension du conflit et de la coopération ». Il y a d’abord la prise en compte du long terme : quand une interaction sociale se répète au cours du temps, le comportement agressif d’un acteur, même s’il lui est favorable à court terme, lui est défavorable à long terme s’il prend en considération la chaîne de réactions que son comportement va induire. Ensuite la vertu de la médiation qui favorise la coopération même si l’intermédiaire se contente de communiquer avec chaque acteur individuellement. Pour une fois l’économie se rapproche des fondements de l’écologie. Dans l’organisation symbiotique du vivant, ce n’est pas la compétition et la domination qui sont les stratégies les plus efficaces, mais les systèmes de coopération. Un naturaliste américain faisait remarquer qu’on ne trouve pratiquement pas d’individualisme dans la Nature, une communauté biotique fonctionne comme une république de plantes et d’animaux étroitement associés se rapprochant davantage d’un organisme autonome qu’aucune de ses parties constituantes. L’avantages des alliances biotiques, c’est que la coopération est totalement inconsciente, une interdépendance mutuelle automatique. C’est l’équilibre automatique du marché en dehors de toute présence humaine.
Le monde humain est chaotique et entraîne une fragmentation de l’être, alors que celui de la Nature est une communauté étroitement soudée, un organisme complexe unique qui transcende tous les conflits et toutes les mesquineries, un champ de matière parcouru de courants vitaux même si les relations entre proies et prédateurs ne sont pas de tout repos. L’intrusion de la volonté humaine ne peut que perturber cet équilibre dynamique sauf à construire le sens de la coopération non pas simplement entre humains, mais entre activité et humaine et respect des écosystèmes.
Extinction des espèces
17.11.2005 REACH, pas très riche
Les députés européens se sont prononcés le 17 novembre sur les contraintes à imposer à l’industrie chimiques (directive REACH). Le rapporteur général du projet, le socialiste italien G.Sacconi, avait supplié ses collègues de ne pas prendre des positions radicales. En fin de compte le compromis a été approuvé par 407 voix (dont celle des socialistes français et des communistes) contre 155 et 41 abstentions. L’enregistrement des produits impose aux industriels de démontrer leur innocuité, mais l’objectif est passé de 30 000 substances à 12 000. Le principe d’une autorisation limitée des substances extrêmement préoccupantes (cancérigènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction) touche 1 500 produits sur 30 000. Les votes hostiles sont venus à la fois des Verts (le texte ne va pas assez loin) et d’un certain nombre de démocrates chrétiens allemands (le texte va trop loin). Le Conseil européen, co-législateur, devrait avant la fin de l’année approuver (ou non) cette version révisée (et allégée !) : l’exercice démocratique est si compliqué que les humains avancent au pas de l’escargot !
Du point de vue de la Biosphère, c’est un juste retour des choses que les humains s’empoisonnent à petit feu en résistant à petites doses après avoir diffusé dans la Nature les insecticides, raticides, herbicides et autres phytocides.
23.09.2005 Le cauchemar de Darwin
Il s’agit d’un film d’Hubert Sauper qui passe en catimini dans de petites salles, c’est en effet un film qui hurle contre la mondialisation libérale, ce qu’il ne faut pas faire dans les CGR. En Tanzanie dans le lac Victoria, on a introduit la perche du Nil ( à l’origine paraît-il pour le plaisir seulement de quelques pêcheurs de gros poissons) qui a dévoré en quelques décennies toutes les autre espèces existantes. Les beaux filets de cet énorme poisson s’envolent par avion vers l’Europe ou le Japon pour le plus grand profit de quelques industriels occidentaux alors que la vie des autochtones est saccagée, vouée à la prostitution ou à manger ce qui reste, les arêtes. Il n’y a plus d’écosystème viable, seulement un évolutionnisme appauvri par l’interventionnisme intéressé des humains. On sort de ce film bouleversé, atterré par l’inconscience humaine : c’est sans doute le seul film intéressant de l’année 2005 !
Les humains devraient cultiver le goût de la contemplation de la Nature plutôt que s’abrutir de son exploitation forcenée, ils devraient vivre le plus possible de façon autonome dans des communautés villageoises comme le voulait Julius Nyerere qui négocia la formation de l’Etat fédéral de Tanzanie en 1964 puis en devint Président : mais la sagesse d’un seul homme ne peut suffire.
21.08.2005 Un printemps sans hirondelles
Pesant entre 13 et 33 grammes, une hirondelle en chasse attrape en moyenne un gros insecte toutes les six secondes et un petit toutes les trois. Le prédateur humain a ainsi à son service un allié de choix dans la lutte biologique contre les insectes. Mais en quinze ans l’hirondelle rustique a perdu 36 % de ses effectifs et l’hirondelle de fenêtre 84 %. C’est la faute aux pesticides du productivisme agricole qui enlève son gagne-pain aux insectivores, mais c’est aussi la faute d’une époque qui lave tout au karcher et n’accepte pas les nids des hirondelles si graciles.
Alors que l’hirondelle est apparue au miocène il y a 35 millions d’années, l’activisme humain actuel pourrait la faire complètement disparaître en quelques années, comme d’ailleurs beaucoup d’autre espèces. L’équilibre de la Biosphère est en péril alors que les humains appartiennent aussi à la biosphère…
7.05.2005 Il y a cinquante ans
« Les botanistes organisent (en 1955) au Muséum national d’histoire naturelle une exposition intitulée : L’homme contre la nature. Au moment même où certains songent à fertiliser le Sahara, il est important de constater que les humains transforment de plus en plus rapidement en désert le reste de la terre, ivre qu’ils sont de construire des villes, des routes et des aérodromes. L’ensemble des superficies ainsi couvertes et rendues improductives dépasse déjà 1 500 000 kilomètre carrés. Que n’avait pas supprimé l’homme ? Il avait déjà éliminé en cinquante ans (1905-1955) quarante espèces de mammifères et d’oiseaux de la surface de la Terre. Demandons-nous si, dans cette lutte de l’homme contre la Nature, destruction ne signifie pas en définitive autodestruction ».
Cet article est paru dans le journal « Le Monde » du 7 mai 1955, cinquante ans après la situation de la biodiversité nous apparaît d’autant plus grave.
1.02.2005 Planète malade
L’ONU a envoyé 1306 savants prendre la température du globe. Le diagnostic est tel qu’on le redoutait : « Environ 60 % des écosystèmes permettant la vie sur Terre ont été dégradés par l’activité humaine, principalement au cours des 50 dernières années ». Cette dégradation entraîne un accroissement des inégalités entre les peuples et constitue une cause majeure de la pauvreté dans les zones rurales. Mais il apparaît aussi qu’il n’existe pas en la matière de problème géostratégique jugé suffisamment important pour qu’on en tienne compte : il n’y a pas d’enjeu économique à court terme, donc pas de formations de groupes d’intérêt, donc pas de gens qui se battent contre cette dégradation.
Les générations futures géreront les ruines de la civilisation thermo-industrielle, comme elles le peuvent…
15.01.2005 Solidarité avec les bonobos
D’un côté le tsunami pourrait faire aujourd’hui 150 000 victime humaines, de l’autre chimpanzés, gorilles, orangs-outans et bonobos risquent de complètement disparaître dans une ou deux décennies. D’un côté les soubresauts de la planète laissent en vie largement plus de 6 milliards d’humains, de l’autre l’activité de ces mêmes humains élimine leurs plus proches cousins par la déforestation, la chasse et la pression de la démographie humaine. D’un côté les aides publiques d’urgence en faveur de l’Asie dépassent déjà 1,2 milliards de dollars (sans compter la générosité privée), de l’autre il faudrait seulement 25 millions de dollars pour enrayer l’irrésistible baisse des populations de primates.
L’humanité envoie en avion ses touristes occidentaux à l’autre bout du monde pour accélérer le
changement climatique, mais elle n’a presque aucun respect pour la vie des non-humains sous toutes ses formes ; l’humanité s’apitoie sur son propre sort, mais elle n’a pas beaucoup de considération pour le déclin de la biodiversité dont elle est pourtant le principal responsable. Il y a quelque chose d’absurde sur cette planète…
Démographie
Démographie mondiale
22.02.2005 La Biosphère à un célèbre ethnologue : que diriez-vous de l’avenir ?
« Ne me demandez rien de ce genre. Nous sommes dans un monde auquel je n’appartiens déjà plus. Celui que j’ai aimé avait 1,5 milliard d’habitants. Le monde actuel compte 6 milliards d’humains. Ce n’est plus le mien. Et celui de demain, peuplé de 9 milliards d’hommes et de femmes, même s’il s’agit d’un pic de population, comme on nous l’assure pour nous consoler, m’interdit toute prédiction ». (Claude Lévi-strauss, 96 ans)
21.06.2005 Plus fort que Malthus
A Madagascar, l’un des pays les plus pauvres de la planète, la paupérisation est si galopante que Médecins sans frontières, présent depuis 1987, a annoncé son retrait du pays : les pauvres sont devenus si nombreux qu’ils ne se distinguent plus du reste des citadins. La consommation d’un tord-boyaux qui sort à 70° des alambics bricolés fait des ravages, l’inflation frise les 30 % et la flambée des prix du pétrole ont laminé le pouvoir d’achat des populations au-delà du supportable. Pour les Malgaches, l’avenir se conjugue au présent, c’est les bagarres, l’alcoolisme, la résignation, la montée des sectes et des fanatismes. Les légendaires forêts ne sont plus qu’un lointain souvenir qu’on achève à la machette et les familles comptent souvent 8 ou 10 enfants. Les Malgaches sont les premiers responsables de leur misère, la population est passée en quarante ans de 5 à 17 millions de personnes, soit un rythme annuel de 3,1 %, un doublement en moins de 23 ans, soit mieux que la prédiction de Malthus d’un doublement tous les 25 ans.
Mais que les pays riches ne se réjouissent pas trop de leur fécondité normale (en dessous du seuil de reproduction), incessamment sous peu la pétroapocalypse ne les épargnera pas : la planète finira sans doute comme Madagascar .
3.12.2005 Population minimum viable
Quel est le minimum incompressible de population pour une espèce déterminées ? Le rhinocéros noir d’Afrique comptait un million d’individus au début du XXe siècle, 10 000 en 1950 et 2600 seulement en 2001. A ce rythme, la population humaine passerait en un siècle de 6 milliards de personnes à moins de 16 millions. Une telle évolution serait-t-elle catastrophique ? La baleine franche du Pacifique compte moins de 300 individus de par la faute des chasseurs humains, l’antilope Sao la du Vietnam subsiste encore avec 200 à 2000 individus grâce à son isolement. Une espèce doit-elle avoir un minimum de représentants pour survivre ? Les chercheurs ont défini le concept de « population minimum viable » et estimé à 50 femelles l’assurance de ne pas voir l’espèce s’éteindre à moyen terme, à 500 femelles la garantie que l’espèce soit protégée à long terme : la baleine franche serait donc condamnée alors que les humains ont une marge de manœuvre immense. Le problème essentiel n’est donc pas de savoir si la Terre peut nourrir 6 ou 60 milliards d’humains, le problème est que cette espèce se répand au détriment de presque toutes les autres espèces
La Biosphère nous incite alors à penser ainsi :
Si j’étais sage parmi les sages, je trouverais insupportable
Que nous soyons déjà plus de six milliards
Entassés dans des HLM ou parqués dans des bidonvilles,
Cloîtrés dans des résidences pour mieux se protéger
D’un monde qu’on a soi-même rendu invivable.
Si j’étais sage parmi les sages, je ne voudrais aucun enfant.
4.12.200 Tous malthusiens !
Quand on considère qu’il faut limiter la population, on est traité avec condescendance de « malthusien ». C’est en effet l’Anglais Thomas Malthus qui a mis en évidence à la fin du XVIIIe siècle une sorte de loi démographique : quand on laisse faire la nature, la population croît selon une progression géométrique (exponentielle) très rapide alors que l’alimentation connaît une progression arithmétique (linéaire) bien plus lente. En l’absence d’obstacles, les couple peuvent en effet faire en moyenne quatre enfants par génération, ce qui fait doubler la population tous les 25 ans. Par contre l’agriculture rencontre l’obstacle des rendements décroissants : au fur et à mesure qu’on force la terre à donner davantage, elle s’épuise et les rendements supplémentaires à l’hectare sont de moins en moins grands malgré l’apport de travail ou de capital technique supplémentaire. La révolution industrielle et le progrès technique ont temporairement disqualifié cette thèse. Mais aujourd’hui Malthus a de nouveau raison, la croissance démographique mondiale a presque atteint 2 % (un doublement tous les 35 ans) et dépasse 3 % dans certains pays pauvres (doublement en 23 ans). Or aucune évolution exponentielle dans un monde fini n’est durable, on atteint très vite les limites du supportable. Même la croissance démographique zéro, avec une fécondité égale à 2,1 enfants par femme (dans un pays développé) qui assure le simple renouvellement de la population, est un mythe destructeur puisque l’humanité a déjà dépassé les capacités de charge de la planète. Alors que faites-vous ? Lors de la conférence des Nations Unies sur la population et le développement de septembre 1994, la communauté mondiale a adopté un programme d’action dont l’objectif était de stabiliser la population de notre planète entre 8 et 10 milliards d’habitants : aucun pays (à l’exception de la Chine) n’a pris cet engagement au sérieux, on a laissé faire la nature humaine.
Mais on se rend compte aujourd’hui qu’on peut de moins en moins agir sur la production alimentaire : les terres cultivables le sont maintenant dans leur presque totalité et les modes de production deviennent même dangereux : il y a une désertification des sols, l’eau commence à manquer pour l’irrigation, les pesticides s’accumulent dans la chaîne alimentaire, les ressources halieutiques voient leurs stocks diminuer… Il faudrait donc comme le voulait Malthus agir sur la fécondité humaine : la contraception pour tous et un seul enfant par couple, la Biosphère vous remercie.
Démographie occidentale
17.01.2005 L’Allemagne malthusienne
En Allemagne, le nombre de naissances a été divisé par deux en quarante ans, passant de 1,3 million naissances en 1964 à environ 700 000 en 2003. Cette baisse s’explique par la pauvreté des équipement collectifs de prise en charge (crèches, écoles maternelles), mais aussi par la difficulté de trouver le bon partenaire pour fonder une famille et/ou par la profonde crise qui secoue le monde du travail et accentue l’ampleur du chômage. On peut donc noter l’émergence d’un climat général hostile à l’enfant, et aussi aux parents qui veulent en avoir ; une vie sans enfant semble procurer plus de satisfaction qu’avec des enfants.
La Biosphère ne peut qu’être en accord avec un tel type de pensée et de comportement, la voie malthusienne est la première des solutions au désordre planétaire actuel.
16.02.2005 Famille nombreuse
La Biosphère te rappelle qu’une famille de huit enfant à espérance de vie importante comme en France signifierait à peu près un quadruplement de la population mondiale de génération en génération (soit 24 milliards d’habitants dans trente ans). Lorsque Hervé Gaymard, nommé ministre, est accusé d’habiter avec ses huit enfants un duplex à 14 000 euros par mois, ce n’est pas tellement le montant du loyer qui importe car, si ce n’est pas le ministre de l’économie qui l’occupe, ce sera quelqu’un d’autre (avec certainement moins d’enfants !). Non, ce qui saute aux yeux, c’est qu’un ministre affiche par le nombre de ses enfants ses convictions natalistes. Il faut d’ailleurs noter que sa femme n’est autre que la fille de Jérôme Lejeune, connu pour ses postions anti-IVG.
La Biosphère ne peut que condamner un tel mépris de l’équilibre futur de la planète. Si ces gens-là persistent dans leur libre choix démographique, qu’ils assument et que cette famille de dix personnes vivent avec un train de vie quatre fois moins important que la moyenne de la population. Cela les ferait réfléchir car ils s’apercevraient alors que leur liberté nataliste est illusoire, car intenable.
16.03.2005 Le dernier Allemand ?
L’indicateur de fécondité est au plus bas en Allemagne, soit 1,35 enfants par femme, ce qui laisse prévoir une baisse de la population. Pleurs et grincements des dents chez les natalistes !
Mais pour promouvoir la régulation des naissances dans les pays pauvres, ne faut-il pas d’abord se pencher sur la démographie dans les pays riches et juger que la baisse de fécondité occidentale serait un bon exemple pour le reste du Monde ?
17.05.2005 Bonne nouvelle ?
Une chronique du journal « Le Monde » salue en ces termes la vague de nouveaux bébés français : « Voulus, adorés, conquérants, énorme rebond démographique, un rêve d’un demi-siècle de prospérité et de santé, une soif d’avenir, une envie de grandir ». Un journaliste néo-populationniste parle ainsi d’une France qui irait vers l’apothéose grâce à la fée démographie, le plus fort taux de fécondité de l’UE, 75 millions d’habitants en 2050, une France enfin plus peuplée que l’Allemagne ! Mais comment des bébés demain pourront-ils être gais quand on sait que le chômage est structurel et que, si on y ajoute les faux emplois, la population compte et comptera de 6 à 7 chômeurs véritables sans compter le poids croissant des retraités, comment pourront-ils avoir une enfance heureuse quand on sait que d’ici 2050 la plupart des ressources fossiles qui fondent notre richesse actuelle seront épuisées, comment pourront-ils vivre une adolescence confortable quand il faudrait déjà plusieurs planètes pour généraliser le niveau de vie actuel des Français.
On a beaucoup critiqué historiquement les malthusiens, il serait grand temps de condamner vertement les natalistes qui nous conduisent tout droit vers des infanticides différés (des conflits meurtriers).
16.09.2005 L’euthanasie en direct
La télé-réalité n’a plus de limites, elle recherche femme enceinte acceptant d’accoucher en direct mais elle se refuse encore à présenter la mort en direct, en particulier après un choix d’euthanasie. Pour Hummie Van der Tonnerkreek, le réalisateur de « Big brother », il faut en effet différencier ces deux cas : « Avoir des enfants, c’est une fête ; l’euthanasie, c’est sans doute la dernière chose que vous voudriez partager avec d’autres ». Mais ce prescripteur d’amollissement cérébral ne connaît pas grand chose à la relativité en matière sociologique. La mort pour un catholique profond est le moment d’une véritable espérance en la vie éternelle alors que faire un marmot dans un ménage allemand est souvent considéré comme une véritable calamité.
Claire Quillot expliquait son suicide programmé comme une manière de « ramener une sorte d’optimisme ». Du point de vue de la Biosphère, elle a tout à fait raison : la décroissance humaine consentie est préférable à l’explosion démographique du troisième âge. Vive l’euthanasie en direct, à mort les naissances excédentaires !
29.11.2005 Divergences de PDG
L’environnement n’est pas un sujet de prédilection pour les dirigeants de grandes entreprises, c’est ce que démontre une étude française. S’ils admettent facilement leur ignorance de ces questions, le sujet provoque visiblement chez eux un certain malaise. Pourtant les qualificatifs qu’ils utilisent pour parler de la crise écologique sont éloquents : majeur, extrêmement important, sérieux, question fondamentale, ou même catastrophe. Mais le naturel revient rapidement : « Il n’y a pas lieu de s’inquiéter. La forêt, il y a un bon reboisement. On utilise le plus correctement ce que la planète a à nous offrir. L’eau est beaucoup moins polluée qu’il y a dix ans. L’air aussi, il y a des mesures qui sont prises ». Ils estiment aussi que le problème écologique, c’est avant tout un problème de surpopulation, mais aucun n’identifie le contrôle des naissances comme solution au problème de l’environnement. Les dirigeants, qu’ils soient d’ailleurs chefs d’entreprises ou responsables de partis, continuent à appréhender la tension économie/environnement du point de vue du profit et de l’emploi plutôt que du point de vue de l’environnement et de la démographie.
Pourtant, même si la population occidentale se stabilise, son empreinte écologique est tellement importante qu’il faudrait diviser ces populations par trois ou quatre pour maintenir un niveau de pression acceptable sur les écosystèmes « toutes choses égales par ailleurs », c’est-à-dire en maintenant le reste du monde dans la pauvreté. La Biosphère hurle alors : riches et pauvres, faites moins d’enfants !
2.12.2005 Mourir en masse de la grippe, une solution
Toute évocation de la grippe aviaire suscite un mouvement de panique : avant-hier c’était au Pays-Bas (en 2003) où 25 millions de volailles avaient succombé ou avaient du être abattu par mesure préventive, hier c’était la Thaïlande ou La Turquie, demain peut-être ce sera les Etats-Unis. Le pays le plus riche du monde ne disposait pourtant en octobre de doses de traitement que pour 2 % de la population seulement. Produire un vaccin n’est en effet pas assez rentable pour les laboratoires pharmaceutiques, ça n’intéresse pas les actionnaires. De plus les juges américains accordent trop d’indemnités aux victimes en cas de problème, cela n’encourage pas les décisions. De fait le système capitaliste gère les affaires de n’importe quel ordre grâce à des procédures monétaires, ce qui est carrément insuffisant : de toute façon l’efficacité de ce vaccin n’est pas assurée si la grippe aviaire arrivait à se transmettre entre humains. Une épidémie en Amérique pourrait causer de 100 mille à 2 millions de morts, les hôpitaux seraient débordés et des émeutes éclateraient un peu partout. Pas de panique, on utilisera la force en isolant les porteurs de virus et c’est l’armée qui rétablira l’ordre, comme d’habitude.
En fin de compte prenons de la distance avec les choses humaines : l’écocentrisme (pour lequel les frontières de la communauté sont élargies de manière à y inclure le sol, l’eau, les plantes et les animaux) nous rappelle que quelques milliers ou millions d’homo sapiens de moins à cause de la grippe, cela ne pourrait que soulager la Biosphère, surtout s’il s’agit d’Américains.
Sélection démographique
31.03.2005 la peur a changé de camp
La Grèce a commandé 500 000 antiviraux contre la grippe aviaire qui sévit déjà en Asie, la fièvre mortelle de Marburg prend des proportions inquiétantes en Angola et fait trembler le reste de l’Afrique.
La Biosphère est satisfaite, les microbes et les virus commencent à se révolter contre l’élevage en batterie des animaux et des pauvres : il y a des révoltes qui devraient faire réfléchir un peu au delà de la compassion réservée à quelques évènements épisodiques et insignifiants comme l’histoire de ces deux malheureux surfeurs qui ont bien failli mourir lors d’une secousse tectonique !
25.04.2005 Marburg ou H2N2 ?
L’épidémie de fièvre hémorragique aiguë due au virus de Marburg a tué récemment 239 personnes sur les 266 Angolais contaminés, soit 9 sur 10 ; il est donc redoutable. Un échantillon du virus de la grippe de 1957, le H2N2 qui a fait cinq millions de morts à l’époque, a été récemment envoyé à 3 747 labos de 18 pays différents ; erreur humaine vite réparée par une destruction dès réception.
Mais de tels évènements redonnent espoir à la Biosphère : un jour ou l’autre, un virus très contagieux s’échappera bien de l’Angola ou des éprouvettes des bio-analystes pour éliminer un peu (beaucoup, abondamment…) du surplus de la démographie humaine…
30.04.2005 Un kit euthanasie
Il y a parfois une bonne nouvelle : un kit contenant les produits nécessaires pour abréger la vie a été mis en vente par les pharmacies de Belgique, cette mort douce étant légalisée depuis une loi de 2002. La mauvais nouvelle, c’est que ce kit ne peut être donnée qu’aux médecins qui doivent se rendre en personne à la pharmacie.
Il y a toujours des limites à la liberté individuelle, un candidat quelconque à l’euthanasie ne peut demandera directement ce kit. Pourquoi ne légalise-t-on pas le suicide, un acte libre et volontaire ?
6.08.2005 Décroissance démographique
Si l’Afrique va presque doubler de population entre 2005 et 2050 malgré les ravages du Sida, l’Afrique du sud, très touchée par l’épidémie, risque de voir sa population décroître de 44 à 31 millions de personnes. De son côté la Russie est classée 122e dans le monde pour l’espérance de vie ; il faut dire que l’homme y est adepte du zapoï, technique spécifiquement russe qui consiste, au lieu de boire de façon étalée, à s’assommer violemment jusqu’à en tomber par terre, d’où des maladies cardio-vasculaires fréquentes. La Russie est donc passé de 148 millions d’habitants en 1989 à 143,5 millions aujourd’hui et ce malgré l’afflux d’immigrés venus des autres républiques ex-soviétiques.
La Biosphère pense qu’il vaudrait mieux éviter les abus et réguler la population par la contraception, mais si les humains restent vraiment aussi stupides, il paraît alors acceptable que les drogues et les virus deviennent les facteurs fondamentaux de la décroissance démographique humaine.
20.08.2005 Bébé parfait
En 2005, grâce au tri pré-implantatoire des embryons, on peut déjà éradiquer les maladies génétiques comme la mucoviscidose et éliminer les indésirables. On peut aussi envisager dans l’avenir une sélection positive en sélectionnant ou améliorant un patrimoine génétique spécifique, certains scientifiques pensent pour cela bricoler le génome. on a identifié des gènes humains inactifs comme celui qui permet chez les batraciens de faire repousser un membre coupé. Il semble avoir été inhibé au profit du gène permettant la cicatrisation rapide du moignon. Il suffirait donc de bloquer le gène de cicatrisation et de stimuler le gène de repousse pour que l’enfant acquiert un nouveau pouvoir. A cause de l’unité fondamentale du vivant, tous les mélanges sont en effet possibles, y compris avec des créatures les plus éloignées sur la chaîne de l’évolution : imaginons un bébé avec une vue aussi perçante qu’un aigle, l’odorat d’un chien de chasse et la force d’un orang-outan. Les humains peuvent corriger les « erreurs » de la nature, mais doivent-ils le faire ? Homo sapiens est-il une étape de l’évolution qui ne demande qu’à être rectifiée ? Il y a pourtant deux problèmes principaux, celui du choix de ce qui est un « bon » gène pour les procréateurs d’une part, l’irréversibilité du processus car le descendant du bébé parfait héritera des gènes transformés d’autre part.
Pour la Biosphère la réponse est simple : laissez faire la sélection naturelle et cessez d’enfermer les humains dans leurs techniques manipulatrices.
26.08.2005 Trop intelligent pour être rationnel
Dans le détroit de Béring, 29 rennes furent introduits en 1944 sur l’île déserte de Saint-mathieu. Des conditions de vie idéales firent grimper la population à 1300 animaux dès 1957. Les scientifiques avaient calculé que ce chiffre correspondait à l’effectif optimal pour la capacité de charge de l’île. Mais dès 1963, la population atteignit 6000 animaux pour retomber brutalement à 42 rennes en 1966 : les possibilités de l’île avaient été dépassées, les fourrages épuisés et la plupart des rennes étaient mort de faim.
Les humains ne sont pas beaucoup plus intelligents que les rennes, ils se multiplient sans souci d’un approvisionnement durable. Ils sont même beaucoup plus bêtes car ils détruisent aussi les capacités naturelles de renouvellement du capital naturel… La Biosphère devrait avoir beaucoup plus d’amis parmi les humains !
6.09.2005 Le virus H5N1
Les virus de la grippe aviaire existent sans doute depuis longtemps. Mais H5N1 a gardé des caractéristiques moléculaires stables et il est désormais omniprésent au Vietnam, en Thaïlande, en Indonésie ; il a même gagné la Russie par l’intermédiaire des oiseaux migrateurs sauvages. Selon les estimations de l’OMS, on en est aujourd’hui à 150 millions d’oiseaux domestiques abattus dans le monde pour combattre cette épizootie. Depuis 1997 et l’épidémie de Hongkong, on a mpour la première fois observé que l’une des variantes avait acquis la propriété de pouvoir passer chez les humains. En 2003 les Pays-Bas ont connu en 2003 une épizootie de la variante h7N7 entraînant 89 cas de contamination humaine dont un mortel.
Ces événements font penser à ce bon docteur qui, au début des années 1950, a transmis volontairement aux lapins une épizootie, la myxomatose, pour les détruire. Des centaines de millions de lapins de garenne moururent dans toute l’Europe, mais finalement le docteur gagna le procès intenté contre lui : c’est le lapin qui fut déclaré « animal nuisible » puisqu’il fut jugé par le tribunal l’un des plus grands ennemis des récoltes. Mais n’est-ce pas l’espèce humaine qui est nuisible pour la Biosphère ?
28.11.2005 Un passage obligé
Avec 6 milliards d’humains et bientôt 9 ou 10 en 2050 contre seulement 1,6 milliard il y a cent ans, la question de la population mondiale tient une place centrale. L’impact de l’emprise humaine accélère l’érosion des sols, épuise les nappes phréatiques, engendre des épandages de poisons, engloutit les dernières ressources non renouvelables. Aucune innovation, cultures hors sols, nouveaux modes d’irrigation ou même solution soft du type régime végétarien (qui économise les protéines animales) ne pourront véritablement inverser la tendance. Reste donc à agir sur la démographie. Certains s’excitent déjà et crient à la barbarie devant la norme de l’enfant unique en Chine. Mais il n’y a pas d’alternatives acceptables, le nombre d’enfant ne peut plus rester un choix régalien de couples plus ou moins conscients de leurs responsabilités familiales et collectives : quand tout le monde sait qu’on doit respecter la règle commune, tout devient normal, surtout la régulation des naissances.
En 1971 Paul Ehrlich écrivait la bombe P dont l’idée directrice était la suivante : pour désamorcer l’expansion de la population humaine, il faudrait une limitation stricte des naissances. C’était une actualisation des thèses malthusiennes de la fin du XVIIIe siècle, pour la Biosphère cela reste toujours d’actualité au début du XXIe !
30.11.2005 Contre la liberté de procréer
La Chine compte aujourd’hui plus de 1,3 milliard d’individus alors qu’elle avait pris les devants en prônant le modèle de l’enfant unique. En vingt ans, cette politique a permis d’éviter 300 millions de naissances, mais malheureusement elle a aussi dressé beaucoup de gens contre l’Etat. Aussi en 2002 l’Assemblée nationale populaire a voté une loi assouplissant la régulation des naissance parce que les espaces de liberté gagnent du terrain dans un pays où la croissance économique s’accompagne désormais d’une libération de l’initiative individuelle. Les couples sont donc autorisés à avoir plusieurs enfants à condition de payer une « taxe sociale de compensation », soit 600 euros. Cette somme élimine du « libre » choix les paysans et autres catégories défavorisées qui sont incapables de débourser cette taxe puisqu’elle représente trois ou quatre fois leur revenu mensuel.
La Biosphère pense que les 7000 chinoises dans l’est de la Chine qui ont été stérilisées de force par des agents du planning familial entre mars et juillet 2005 parce que les quotas démographiques avaient été dépassés représentent un meilleur exemple des politiques à suivre qu’une sélection démographique par l’argent qui laisse aux riches la possibilité de faire autant d’enfants qu’ils le désirent, et aux pauvres seulement la recherche désespérée d’une ascension sociale. En effet la capacité de charge de la planète est dépassée, les riches comme les pauvres doivent se rendre compte de gré ou de force que le droit de procréer n’est pas une liberté inaliénable… que ce soit en Chine ou ailleurs !
1.12.2005 Pour la liberté de mourir
« Vous savez que c’est vers votre mort que vous allez aujourd’hui ?
– Oui.
– Réfléchissez bien. Encore quelques minutes et je vous donnerai la potion.
– La potion magique…
– Buvez maintenant. Je vous dis bon voyage, Micheline. Adieu, Micheline. »
Ce dialogue clôt le documentaire Exit, le droit de mourir qui est diffusé sur les écrans suisses. Tantôt brûlant d’humanité, tantôt glaçant, ce film de 75 minutes plonge dans le quotidien des accompagnateurs de la section romande de l’association Exit : des bénévoles aident des malades incurables à se donner la mort. La Suisse est en effet devenue le seul pays au monde où des non-médecins peuvent pratiquer l’assistance au suicide. L’article 115 du code pénal stipule en effet qu’aider quelqu’un à mourir n’est punissable que si cette démarche obéit à des motifs égoïstes. L’association Exit compte désormais 11 000 membres de 21 à 103 ans qui auront droit en cas de besoin à une mort digne pourvu qu’ils en fassent la demande répétée et fasse preuve de discernement.
La Biosphère regrette que cette fin de vie soit réservée aux résidents suisses, tout acharnement thérapeutique dans les centres de soins palliatifs accapare des ressources pourtant de plus en plus rares.
Développement durable
Action associative
17.03.2005 Donnez votre argent !
Il y a des associations à connaître absolument, par exemple « TI » pour Transparency International. Selon son rapport 2005, les pots de vin, uniquement dans le secteur du bâtiment, représentent 300 milliards de dollars, soit 10 % des dépenses engagées. Quand on sait que l’aide au victimes du tsunami supportera une telle corruption, cela n’engage pas à donner toujours plus ; attitude d’autant plus compréhensible que l’ONU a pondu un texte très beau contre la corruption, mais aucun pays du G8 ne l’a encore ratifié. Mais cette solidarité biaisée entre humains n’est rien quand on connaît les ravages qu’exerce la corruption sur l’environnement, barrage qui inonde un écosystème inviolé depuis des siècles (Amérique latine), centrale nucléaire installée sur une ligne de faille active (Philippines), déforestation massives en toute illégalité (Indonésie)… Et il n’y a même pas besoin de corruption pour construire des routes sur des terres agricoles !
A propos, tu es adhérent de quelle association environnementale ?
14.07.2005 La décroissance, le journal de la joie de vivre
Ce bimestriel est aussi le journal de Casseurs de pub, il résume tout ce que la Biosphère voudrait que les humains pensent. Dans son numéro de juin-juillet 2005, le grand titre nous engage à « Vivre après le pétrole », avec dessin de la bagnole transformée en poulailler. Il nous tout ce qu’il faut savoir sur la marche des décroissants pour supprimer le Grand prix de France de F1, il fait une biographie du père de la décroissance, le mahatma Gandhi et indique qu’il faut aussi décroître l’armée. Une page entière sur le pic du pétrole (nous y sommes presque), c’est-à-dire le commencement de la fin, et un encadré sur la saloperie que nous n’achèterons pas, ce mois-ci la tondeuse à gazon. A chaque fois un petit reportage sur les éco-citoyens qui pratiquent la simplicité volontaire : on y voit Elke et Pascal vivre sans voiture et sans télé, ce qui donne le temps de s’occuper d’un jardin, mais qui vivent aussi dans le péché parce qu’ils ont un ordinateur et pratiquent la sexualité libre. Ils pensent que faire l’amour avec sa voisine ou son voisin ou les deux à la fois n’a pas de sens moral (ndlr, sauf si on fait trop d’enfants !), mais que prendre la voiture pour aller au boulot, ça, oui !
Les humains sont fait pour penser et pour vivre ce qu’ils pensent, mais la porte de l’avenir est très étroite quand on touche à la Biosphère, elle se referme aujourd’hui de plus en plus rapidement avec l’expansion de la société thermo-industrielle. Seule la généralisation de la décroissance ouvre à nouveau la porte de l’avenir.
16.09.2005 Le courrier de la Baleine
Ce journal est édité par l’association « Les Amis de la Terre » (2B rue J.Ferry, 93100 Montreuil). Dans son n° de septembre 2005 un dossier spécial sur les transports, se libérer du pétrole ! On y cite les résultats de chercheurs qui ont observé que si les petits pins poussent mieux avec une atmosphère enrichie en CO2, cela n’est pas vrai pour des arbres adultes. De plus les arbres se développent selon des modèles architecturaux bien définis. Il n’est pas possible qu’un arbre adulte dont la hauteur maximale est génétiquement programmée à 50 mètre atteigne le double simplement parce que il est soumis à un flux plus grand de nourriture (CO2), il risque de s’effondrer sur lui-même. Les lois de la biologie ne sont donc pas aussi souples que ce que l’on espérait et cela porte un très sérieux coup au mécanisme des puits de carbone (les forêts) mis en place dans le cadre du protocole de Kyoto. Que peuvent faire les Amis de la Terre ? « Avant tout combattre les espérances mensongères, telles les solutions technologiques qui nous promettent des lendemains qui chantent ».
Les voies de la Biosphère sont impénétrables, les humains doivent la protéger telle qu’elle est et adhérer à une association de protection de la nature.
17.10.2005 Charente-Nature (impasse Lautrette, 16000 Angoulême)
La société charentaise de protection de la nature et de l’environnement est membre de France-Nature-Environnement et édite un mensuel qui, dans son mois d’octobre 2005, a sorti un dossier génial « Sauvons la nuit » (de la pollution lumineuse). On y cite une étude anglaise qui montre que l’éclairage des ronds-points n’a pas d’actions sur les accidents de la route, un rapport belge révèle que l’éclairage le long des autoroutes n’apporte pas un plus en matière de sécurité routière : on accroît la visibilité du conducteur, mais celui-ci se sent plus en sécurité et appuie sur l’accélérateur. De plus les poteaux électriques représentent des obstacles rigides, donc dangereux, les personnes portant lentilles ou lunettes sont éblouies par l’accumulation des lumières…Par ailleurs les statistiques de la police font réfléchir : une majorité des cambriolages et des vols avec agression ont lieu en plein jour ! La Biosphère aime particulièrement ces longs développement sur les cycles circadiens et circannuel qui rythment l’alternance jour/nuit : l’éclairage artificiel s’avère globalement néfaste pour les plantes (la nuit est réparatrice, vouée à l’entretien et au développement du système grâce à la transpirations nocturne) et les animaux (les animaux nocturnes bien sûr, mais aussi les diurnes proches des lampadaires qui voient leur horloge interne déréglée). Même l’activité de l’escargot est inhibée par la lumière artificielle. En définitive l’harmonie résulte de l’équilibre des contraires, le féminin et le masculin, le jour et la nuit.
La Biosphère rajoute que sept millions d’éclairages urbains, lampadaires, candélabres et autres boules lumineuses entretiennent un obscur presque clair jusque dans les villages les plus reculés de France. Cette consommation d’énergie atteint six milliards de kilowatts heures, soit 2,5 réacteurs nucléaires qui ne servent en définitive qu’à éclairer le ciel. Mais ce n’est pas seulement l’éclairage public qui est en cause dans la boulimie d’énergie de la civilisation thermo-industrielle. Un lecteur devrait lire sans lumière artificielle, les programmes de télévision pourraient s’arrêter à la tombée de la nuit, le travail de nuit sera interdit. Redonnez à la nuit sa toute puissance, il vous suffit de dormir à ce moment-là, de papoter ou de faire l’amour.
18.11.2005 S!lence (abonnement 9 rue Dumenge, 69317 Lyon cedex 04)
Ce mensuel sous-titré « écologie, alternatives, non-violence » soulève les thèmes fondateurs de l’avenir, ainsi dans le n° de novembre 2005 : la désobéissance civile. C’est l’ami de Michel Montaigne, Etienne de la Boétie, qui écrivait il y a déjà fort longtemps en 1548 un « Discours de la servitude volontaire » en notant que le pouvoir du tyran n’existait que parce que le peuple obéissait à ses ordres. Pour défaire le tyran, il suffirait donc de lui désobéir et la revue prend l’exemple d’Henri-David Thoreau refusant de payer ses impôts à un Etat soutenant l’esclavage. Ces articles posent clairement la question de la soumission à l’autorité qui reste d’ailleurs une constante des sociétés, qu’elle soit directement sous régime dictatorial ou même confite en démocratie. Ce n’est que alors que par la désobéissance civile que la société peut changer, que ce soit grâce aux objecteurs de conscience contre la guerre ou avec les objecteurs de croissance, les casseurs de pub et les faucheurs volontaires d’OGM aujourd’hui. Mais la revue S!lence va beaucoup moins loin que les partisans de l’action directe en Amérique.
La Biosphère aime Earth Firth. En 1980, Dave Foreman fonde aux USA l’association Earth First! dont le slogan résume l’objectif : « Pas de compromis dans la défense de la Terre Mère ». Ses militants avaient pris conscience qu’il était temps d’arrêter de parler de la façon dont les choses avaient mal tourné et de commencer à changer les choses. En conséquence, il faut mettre des bâtons dans les roues du système, le contrarier et le forcer à tomber. Par exemple un bulldozer qui détruit la Terre n’est qu’une partie de la terre, fait de minerai de fer et consommant son énergie, c’est la Terre métamorphosée en monstre qui s’autodétruit : ce bulldozer doit être arrêté. Aujourd’hui ne faudrait-il pas incendier les 4×4 ?
20.11.2005 Il est autorisé d’interdire
Un moratoire interdit l’usage de l’insecticide gaucho sur les semences de tournesol depuis 1999, sur le maïs depuis 2004 ; l’usage du régent est suspendu sur toutes les cultures depuis 2004. C’est pourquoi pour la première fois en 2005 les récoltes de miel s’améliorent dans plusieurs régions de France : les intoxications d’abeilles, les comportements anormaux et les dépopulations ont disparu. Ce n’est certainement pas du à la vigilance des autorité politiques, mais aux victoires remportées par les apiculteurs au cours d’une longue guérilla judiciaire. Par exemple le Régent (fipronil) n’a bénéficié que d’une autorisation provisoire de vente depuis sa commercialisation en 1996 quand il aurait du disposer d’une autorisation de mise sur le marché, procédure plus rigoureuse. Mais le ministère de l’agriculture avait été catégorique en février 2004 : « Il n’y a aucune dangerosité pour la santé humaine… » et les abeilles ne sont pas mentionnées par le directeur général de l’alimentation. Pourtant à la même époque la commission d’études de la toxicité des produits phytosanitaires proposait « la non inscription du fipronil à l’annexe 1 (substances autorisées) compte tenu de préoccupations majeures pour l’environnement et les espèces sauvages ». Les affaires étant les affaires, le ministre de l’agriculture ne suspend que les autorisations de commercialisation du fipronil, il permet donc l’utilisation des semences enrobées déjà chez les distributeurs ou les agriculteurs… On retarde toujours les échéances obligatoires !
Les associations de protection de la Nature ne font pas confiance à juste raison aux agro-chimistes et à leurs fidèles valets, les ministres catégoriels. Comme disait un ministre de l’agriculture « Il est d’abord en charge de ses agriculteurs, que le ministre de l’écologie s’occupe de ses oignons ». Ce n’est pas ainsi qu’on préserve la santé de abeilles de la Biosphère qui sont pourtant nécessaire à l’indispensable pollinisation.
Action des entreprises
23.06.2005 le nucléaire au plus offrant
En première page d’un grand quotidien national : « Pétrole, le spectre de la pénurie ». En page 18, l’article intégral qui mise sur les huiles extra-lourdes, forer encore plus profond, explorer l’Arctique… Ne vous inquiétez pas braves gens, qui cherche trouve ! Mais le plus significatif est cet autre titre, même page : « La vraie alternative à long terme, c’est le nucléaire ». C’est un point de vue (non publicitaire, rédactionnel) exprimé par le PDG de la banque d’investissement Suez. La Biosphère note que la filiale électrique de Suez (Electrabel) est un partenaire d’EDF de longue date, Suez a aussi des participations croisées dans des centrales nucléaires en France et en Belgique, Suez souhaite donc participer au programme de réacteur nucléaire EPR dont la construction est prévue en France. La Biosphère note en outre que ce PDG ne parle jamais d’économiser l’énergie !
Comment faire confiance à ce PDG ? Comment un lecteur-citoyen qui n’a jamais entendu parler du réseau « Sortir du nucléaire » ou de l’association « Négawatt » peut-il s’y retrouver au milieu de toutes ces informations manipulées par les industriels et les financiers ? La démocratie peut aussi bien préserver la planète que laisser libre cours à la folie humaine !
14.07.2005 EDF, que de la pub !
EDF s’engage à produire une énergie aussi performante que pleinement maîtrisée et respectueuse de l’environnement. C’est l’intitulé principal de quatre pages de publicité payées par le lobby nucléaire, analysons leur justification ? Pour l’une, « Le nouveau logo possède une symbolique qui renvoie à une empreinte animale, donc à la nature ». Un autre affirme que les centrales nucléaires respectent des sites parmi les plus beaux de France en démontrant que la taille, nécessairement gigantesque des réacteurs, n’exclue pas une insertion harmonieuse dans la nature grâce à des formes spécifiques prenant en compte les deux éléments essentiels que sont le vide et la lumière. Et puis il ne faudrait pas oublier qu’EDF soutient généreusement la Fédération française Handisport : « Avec l’escrime, la proximité de l’électricité est très forte puisque chaque touche allume un voyant lumineux. Câblés et branchés, les escrimeurs sont ainsi doublement bourrés d’énergie ! ». En définitive quatre pages de conneries !
La Biosphère se demande comment les humains peuvent encore supporter l’impudence d’EDF, si ce n’est que tout le monde croit maintenant que l’électricité est essentielle, peu importe alors les moyens de l’obtenir.
15.08.2005 Blockbuster
Le groupe pharmaceutique français Sanofi Aventis devrait bientôt commercialiser un blockbuster, c’est-à-dire une nouvelle molécule miracle qui fera exploser le chiffre d’affaires. En effet le rimonabant permettrait non seulement d’arrêter de fumer sans prendre un gramme après 10 semaines de traitement, mais il ferait aussi perdre à un obèse en moyenne annuelle 9 kg tout en augmentant son taux de bon cholestérol et en baissant le taux de triglycérides. Le rimonabant agit en effet sur les mécanismes du cerveau et des cellules nerveuses qui interviennent dans le contrôle de l’équilibre énergétique de la personne. Plutôt que de limiter un système techno-industriel pernicieux, la chimie adapte les gens…
La Biosphère se marre : les individus se croient complètement libres dans une société où on les a fortement incité à fumer et à grignoter n’importe quoi n’importe quand, et après on leur fait prendre « librement » des pilules qui les soulage du poids de leurs inconséquences.
24.09.2005 Leader des services de développement durable
On peut ainsi lister les enjeux du développement durable : la croissance démographique et son corollaire la concentration urbaine ; les menaces sur la qualité des ressources naturelles et leur renouvellement ; le réchauffement climatique du à l’effet de serre ; l’accès aux services essentiels dans le pays émergents. Ce n’est pas là le discours d’un écologiste, mais celui d’H.Proglio, PDG de l’entreprise Veolia-environnement, première entreprise mondiale de services à l’environnement, partenaire du développement des grandes cités, expert en eau et propreté. Ses objectifs d’entreprise sont donc les suivants : privilégier l’économie des ressources rares et leur protection, le recyclage et la valorisation, la production ou l’utilisation d’énergies renouvelables. Très bien, 20 sur 20.
Mais quand Veolia construit en Israël une usine de dessalement de l’eau de mer pour alimenter 10 % de la population israélienne, quand Veolia réutilise après traitement 10 % des eaux usées pour irriguer les espaces verts d’un golf, soit 100 000 m3 d’eau par an, la Biosphère commence à se méfier de cette contradiction entre le discours et les actes.
22.12.2005 Nous disons protéger l’environnement
Les grosses entreprises éditent des brochures luxueuses intitulées « rapport environnement et citoyenneté ». Ainsi les Aéroports de Paris sont fières de déclarer en couverture : « We support the Global Impact » (pacte mondial de l’ONU pour le développement durable, regroupant des entreprises de tous les pays). Les Aéroports de Paris se gardent bien de mesurer les émissions de gaz à effet de serre des avions en vol et la destruction d’une ressource rare, le pétrole, que cela implique. En fait l’objectif en tant qu’opérateur logistique est surtout centré sur l’image qu’on veut donner de la qualité de vie des riverains. Quant à l’impact de ses activités au sol, peu de choses : l’application de normes (ISO 14001) quand on peut le faire, une centrale électrique de secours qui est obligé de fonctionner en continu à cause d’un démarrage trop lent des turbines, des analyseurs de fumée (on est de plus en plus fort pour constater les dégâts), des audits et des discours pour « former les acteurs à tous les projets futurs », un « aéroport écologique » puisque on met à disposition des entreprises sous-traitantes un système de diagnostic environnemental ! Le lecteur devient aussi très informé, il peut ainsi savoir qu’au décollage, les moteurs des avions tournent à plein régime et émettent essentiellement des oxydes d’azote, à l’atterrissage les combustions sont incomplètes et il y a donc rejet de monoxyde de carbone et d’hydrocarbures imbrûlés ! Et alors ?
Pour normaliser le climat de la Biosphère, il est malheureusement encore loin le temps où les humains se rendront compte que les aéroports doivent disparaître puisque les avions n’auraient jamais du voler…
Action politique
1.02.2005 la biodiversité en péril
Selon l’Union mondiale pour la nature, 12 à 52 % des espèces actuelles seraient menacées. Le manque de précision provient des lacunes de l’inventaire des espèces, mais on peut déjà penser à une sixième extinction (la dernière a vu la disparition des dinosaures il y a 65 millions d’années) et cette fois l’activité humaine en est presque le seul et unique responsable. Il ne suffit pas d’accroître les connaissances comme le propose (le propose !) la Conférence internationale de Paris alors que la Biosphère ressent l’impérieuse nécessité que les humains passent à l’action et freinent leur activisme effréné. Mais pour François d’Aubert, ministre délégué à la recherche, « l’instruction de ce dossier devra être rapide afin qu’un rapport soit finalisé pour la prochaine conférence des parties à la Convention de la diversité biologique » (en l’an 2006 au Brésil). Combien d’espèces auront-elles disparues d’ici-là ?
Les scientifiques détectent les signes de la dislocation de la vie sur Terre et les politiques attendent…
28.02.2005 Les devoirs envers l’environnement
Le président J.Chirac avait lancé en janvier 2003 les premières assises de la charte de l’environnement : « Aux côtés des droits de l’homme de 1789 et des droits sociaux de 1946, et au même niveau, nous allons reconnaître les principes fondamentaux d’une écologie soucieuse de devenir de l’homme ». Le 28 février 2005, un texte était approuvé par les parlementaires réunis en Congrès :
« Le peuple français, Considérant que les ressources et les équilibres naturels ont conditionné l’émergence de l’humanité ; Que l’avenir et l’existence même de l’humanité sont indissociables de son milieu naturel ; Que l’environnement est le patrimoine commun des êtres humains ; Que l’homme exerce une influence croissante sur les conditions de la vie et sur sa propre évolution ; Que la diversité biologique, l’épanouissement de la personne et le progrès des sociétés humaines sont affectés par certains modes de consommation ou de production et par l’exploitation excessive des ressources naturelles ; Que la préservation de l’environnement doit être recherchée au même titre que les autres intérêts fondamentaux de la Nation ; Qu’afin d’assurer un développement durable, les choix destinés à répondre aux besoins du présent ne doivent pas compromettre la capacité des générations futures et des autres peuples à satisfaire leurs propres besoins ;
Proclame :
« Art. 1er. – Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé.
« Art. 2. – Toute personne a le devoir de prendre part à la préservation et à l’amélioration de l’environnement.
« Art. 3. – Toute personne doit, dans les conditions définies par la loi, prévenir les atteintes qu’elle est susceptible de porter à l’environnement ou, à défaut, en limiter les conséquences.
« Art. 4. – Toute personne doit contribuer à la réparation des dommages qu’elle cause à l’environnement, dans les conditions définies par la loi.
« Art. 5. – Lorsque la réalisation d’un dommage, bien qu’incertaine en l’état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leurs domaines d’attributions, à la mise en oeuvre de procédures d’évaluation des risques et à l’adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage.
« Art. 6. – Les politiques publiques doivent promouvoir un développement durable. A cet effet, elles concilient la protection et la mise en valeur de l’environnement, le développement économique et le progrès social.
« Art. 7. – Toute personne a le droit, dans les conditions et les limites définies par la loi, d’accéder aux informations relatives à l’environnement détenues par les autorités publiques et de participer à l’élaboration des décisions publiques ayant une incidence sur l’environnement.
« Art. 8. – L’éducation et la formation à l’environnement doivent contribuer à l’exercice des droits et devoirs définis par la présente Charte.
« Art. 9. – La recherche et l’innovation doivent apporter leur concours à la préservation et à la mise en valeur de l’environnement.
« Art. 10. – La présente Charte inspire l’action européenne et internationale de la France. »
La Biosphère constate avec soulagement que les humains reconnaissent pour la première fois dans un texte fondamental qu’ils ont des devoirs envers l’environnement beaucoup plus qu’ils n’ont de droit pour eux-mêmes. L’année 2005 n’est donc pas complètement vide de sens, même si on parle encore d’environnement plutôt que de protection de la Nature !
24.06.2005 La démocratie en panne
Bien plus que le vote, la démocratie, c’est aussi la reconnaissance des droits d’information et d’expression, la séparation des pouvoir ; bien plus que ces principes généraux, la démocratie c’est surtout l’existence de citoyens qui agissent en toute connaissance de cause et au mieux de l’intérêt de tous. Autant dire que la démocratie peut se fourvoyer par manque de clairvoyance ! Ainsi une procédure de démocratie directe comme le référendum, très chouette en apparence, est toujours interdite par la Constitution allemande à cause de la montée du nazisme. Quand les boussoles sont affolées, quand la démagogie s’allie au populisme, l’expérience historique montre que la démocratie a peu de chances d’aboutir à de bons résultats : ainsi s’explique pour partie le Non au projet de Traité constitutionnel européen, ainsi s’explique complètement la cécité humaine en matière d’énergie, une cécité sciemment entretenue : quatre pages de supplément inséré dans un quotidien national par une association intitulée alternatives, parler autrement de l’énergie pour ce titre : « Union européenne, un nouveau paysage énergétique ? ». Apparemment il s’agit d’une bonne analyse faite. En fait il s’agit d’une publicité initiée par Areva, entreprise qui « propose à ses clients des solutions technologiques pour produire l’énergie nucléaire et acheminer l’électricité ».
Sous couvert de s’occuper de l’indépendance énergétique de l’Europe élargie, cette publicité présente ainsi Areva : « AREVA, pour l’accès à l’énergie pour le plus grand nombre » (EDF et ses sbires s’ingénient à laisser croire que l’électricité est un bien essentiel), « AREVA pour la préservation de la planète » (comme on devrait le savoir, l’énergie nucléaire n’émet presque pas d’effet de serre !), « AREVA et sa responsabilité vis-à-vis des générations futures » (la gestion des déchets nucléaires, non résolues à ce jour, sera décidée en 2006 seulement et de toute façon imposée aux générations futures vu la durée de vie de ces déchets) ». La démocratie, ce n’est vraiment pas possible avec des journaux financés indirectement par les industriels et leurs pubs qui détournent la réalité et font du populisme. La démocratie peut aussi bien préserver la planète que laisser libre cours à la folie humaine !
28.06.2005 Hommage à l’impuissance
Il est rare que La Biosphère puisse faire un compliment sur une personnalité politique. Pourtant le discours de départ du ministre français de l’écologie Serge Lepeltier justifie cet hommage :
« Ces quatorze mois comme ministre de l’écologie m’ont beaucoup apporté, mais je suis un peu triste de partir alors que j’étais au milieu du gué ; pour des actions comme celles requises par l’écologie, il faut au minimum deux ans. J’ai réalisé que les enjeux environnementaux sont plus considérables qu’on ne le dit et qu’il est urgent de mettre l’environnement au cœur de toute politique. Les décisions qu’on a prises ne sont pas suffisantes, loin de là, mais j’ai dû entrer dans le système existant, et je pense qu’il faut totalement le changer. Mon ministère est un ministère qui dérange, l’«empêcheur de tourner en rond». Alors ceux que l’on dérange, les représentants d’intérêts particuliers, ne souhaitent qu’une chose, c’est qu’il n’existe pas. C’est ma crainte. On ne le supprimera pas, c’est impossible politiquement. Mais, sans le dire, on risque de n’en faire qu’une vitrine. Pourtant l’enjeu est tel qu’il faut absolument changer d’échelle. Sur le plan structurel, trois mesures me paraissent essentielles. D’abord, le budget. L’objectif minimal, c’est que le budget du ministère de l’Ecologie représente au minimum 1 % du budget de l’Etat. Cela paraît dérisoire, mais c’est le multiplier par trois ! Et puis il faut changer le périmètre de ce ministère, lui adjoindre l’Energie. La question centrale en matière d’écologie, c’est le changement climatique, et donc la question énergétique. Or ce ministère n’a pas la responsabilité de l’énergie, il ne l’a jamais eue. Il n’est donc pas responsable du développement des énergies renouvelables, des éoliennes, du solaire, c’est absurde ! Enfin, ce ministère doit être placé à un niveau plus élevé dans la hiérarchie gouvernementale, au même niveau que la Défense, les Affaires étrangères ou l’Intérieur. Sur le fond, je pense qu’il faut réconcilier économie et écologie et, pour cela, intégrer dans les coûts de production l’empreinte écologique. On pourrait, par exemple, faire passer la TVA à 33 % pour les produits les plus polluants et à 0 % pour les produits propres, la moyenne restant à 20 %. Aujourd’hui, la France est enlisée, elle souffre aussi du manque d’emplois. Je pense que les valeurs de l’écologie [anticipation, respect de la nature donc de l’autre, équilibre, diversité] peuvent être une des clés de la réorganisation de la société. Il faut que nous passions d’une société d’excès à une société d’équilibre ».
26.07.2005 Ministère de merde
La ministre de l’écologie N.Olin a annoncé que l’introduction de nouveaux plantigrades dans les Pyrénées aurait lieu au printemps 2006 et non à l’automne 2005. Malgré la mort récente de la dernière femelle Cannelle, Mme Olin veut éviter de braquer les élus locaux et les éleveurs : les considérations politiques l’emportent sur les engagements du ministre précédent S.Lepeltier.
Alors que pour sauver la biodiversité, il faudrait la magnifier, le ministère de l’écologie est de plus en plus étriqué, tant sur le plan économique que sur le plan politique. Dans le futur proche, il faudrait donc que ce ministère soit placé à un niveau qui lui confère une autorité interministérielle, une autorité transversale pour faire respecter la biodiversité, enrayer le changement climatique, se passer des ressources fossiles… Mais les humains préfèrent ne pas regarder l’avenir en face.
9.10.2005 Modification des comportements ?
En France, la distance moyenne parcourue par véhicule progresse (autour de 17 000 kilomètres déjà) et les déplacements domicile-travail ne cessent de s’allonger : presque 61 % des actifs ayant un emploi en 1999 travaillaient hors de leur commune de résidence et les trajets atteignent en moyenne une quinzaine de kilomètres chaque jour. La vie de famille et l’achat d’une résidence sont en effet difficilement compatible avec le rapprochement du lieu de travail ; ainsi les 2800 salariés de Toyota dans le nord de la France habitent à plus de 30 kilomètres de leur usine. D’un autre côté la voiture est une ressource essentielles pour l’Etat, elle concentre une part importante de la fiscalité indirecte : la moitié des foyers fiscaux ne sont pas assujettis à l’impôt sur le revenu, mais ils sont tous soumis aux prélèvements obligatoires sur la bagnole (TIPP, TVA, carte grise, taxes sur les assurances). Il faut bien débourser au jour le jour et rembourser d’une manière ou d’une autre les 1000 milliards de dette accumulés par l’Etat français ces vingt dernière années ! Dans ces conditions, ni les ménages ni l’Etat n’ont intérêt à se passer de la bagnole. Alors comment modifier les comportements si ce n’est par le renchérissement du prix à la pompe ?
La Biosphère constate que tout ce qu’on apprend aux étudiants en économie n’était que mensonge et billevesées, ainsi de la recherche de l’intérêt personnel comme fondement du bonheur collectif et du maintien de l’emploi sans aucune considération du stock et de la destination des ressources fossiles. Cette erreur fondamentale qui a justifié le capitalisme et le liberté individuelle de faire n’importe quoi empêche la révolution mentale vers une restriction drastique des déplacements. La soi-disant « science » économique devrait modifier de toute urgence son discours pour étayer un renversement de l’action citoyenne et politique.
11.10.2005 Décroissance sélective
Il faut attendre la motion ponctuelle 17 des Verts en 2004 pour voir enfin défini politiquement le concept de décroissance. Ils disent en résumé que la critique anti-productiviste dont les Verts sont porteurs implique nécessairement la préconisation d’une décroissance ciblée sur des objectifs concrets :
décroissance
-
- des hauts revenus
- de l’exploitation des ressources non renouvelables
- de la production et de la vente de pesticides
- des transports aériens et routiers.
Cette décroissance sélective pourrait fournir le mot clé qui identifie l’écologie politique et le parti Vert comme tout autre chose qu’une composante « bobo » de la nébuleuse « gauche ». En effet ce mot irrécupérable (à l’inverse du développement durable) par les faiseurs de consensus mou résonne comme un avertissement grave avant le redoutable choc pétrolier structurel en préparation pour les très prochaines années. Malheureusement du point de vue de la Biosphère, on constate que ce n’était là qu’une toute petite motion dont personne chez les Verts, à part Y.Cochet et son dernier livre sur « Pétrole-apocalypse » (Fayard), n’a prolongé les prémices.
13.10.2005 Processus délibératif
Sur les questions d’environnement, il n’y a pas de décideur, il n’y a que des mécanismes de décision qui font interagir des individus ou des groupes qui ont à la fois des représentations différentes du problème débattu et des poids différents dans la discussion. Donc nécessairement le processus délibératif devient sans fin. Une conférence des citoyens sur un sujet (par exemple les OGM) n’aura que des impacts politiques et décisionnels faibles, que la préparation soit bâclée comme en France ou dure deux années comme en Suisse. Les politiques se contentent d’un affichage de volonté réformatrice en ne s’engageant que pour des actions minimales ou illusoires. En conséquence, un forum de citoyens doit être assuré de durer longtemps car seule la continuité permet les itérations successives nécessaires pour aboutir à un consensus efficace.
La Biosphère ne sera pas sauvée par des démarches participatives car plus rien dans la société actuelle n’a le pouvoir de durer quand les scientifiques s’opposent aux scientifiques, les politiques aux politiques, sans parler de l’impossible dialogue entre scientifiques et politiques, politiques et opinion publique, opinion publique et réalité. Seule la catastrophe réalisée (une pétroapocalypse ?) rassemble. Alors en attendant, que les plus courageux d’entre vous passent à l’action directe !
15.10.2005 L’écologie peut-elle être sous-traitée ?
A ses débuts le mouvement écologiste se voulait un mouvement biodégradable : on allait aux élections, puis on dissolvait le mouvement en se disant « Ca y est, maintenant les politiques vont réagir et prendre la question en charge, ce n’est plus notre boulot ». Et puis rien n’a bougé et c’est comme ça que les Verts se sont constitués, et puis presque rien n’a bougé encore une fois. Il faut constater que les politiques ne réagissent que par les rapports de force et non par rapport à la raison raisonnante : en effet ils ne peuvent intégrer les thèmes écologiques que dans la mesure où la société elle-même les a intégrés, ils ont toujours du retard par rapport à la réalité ! Que le PS sous-traite encore avec les Verts les problèmes écologiques, ou que l’UMP se contente des paroles de Chirac dites en 2002 au sommet de la Terre (« la maison brûle »), démontre bien cet état d’esprit arriéré.
Pour sauver la Biosphère, les militants des partis écologistes devraient en conséquence s’engager tous dans les partis traditionnels : les vieilles branches marxistes ou social-libérales feraient alors certainement de nouvelles pousses environnementalistes…
18.11.2005 Contamination des eaux
Une directive européenne sur la pollution causée par certaines substances dans le milieu aquatique a été édictée en 1976. A l’issue d’un long contentieux avec la France, la commission de Bruxelles a adressé une mise en demeure mi-2004 par laquelle elle critique l’absence d’un instrument juridique contraignant pour les normes de qualité dans les milieux aquatiques et l’insuffisance du programme d’ensemble (absence d’objectifs de réduction, critique du processus de sélections des substances, insuffisance de la surveillance…). En réponse à cette mise en demeure, la France se contente de proposer pour 2005 un état des lieux identifiant la présence de molécules polluantes dans les milieux aquatiques. De plus la commission européenne a annoncé en janvier 2005 qu’elle engageait des poursuites contre la France pour non-respect de la directive Natura 2000 ; notez bien l’écart entre les deux dates ! La France a pourtant déjà été condamné pour ce fait par la cour européenne de justice en 2001 et 2002.
La France se fout complètement de l’état de la Biosphère, les humains s’empoisonnent sans contrôle, mais que font donc les parlementaires français ?
26.12.2005 Enfin des villes qui agissent
Lyon fait travailler 17 moutons pour tondre les pelouses d’un cimetière de 2 hectares, c’est un cheval de trait qui ramasse les 257 poubelles du parc le plus fréquenté de la ville, on fait du désherbage manuel ou on laisse pousser l’herbe pour ne pas utiliser les phytosanitaires, les déchets végétaux enrichissent les sols, la population apprend à marcher sur des tapis de feuille mortes et on n’utilise que des bio-lubrifiants en attendant les biocarburants. Chalon sur Saône alimente le tiers des habitations de la ville avec une chaufferie au bois, les maisons en construction ont le label HQE (haute qualité environnementale), les employés municipaux sont éduqués à la lutte contre le gaspillage (extinction des ordinateurs avant de quitter le service…), des campagnes d’information et de conseils auprès des habitants sont entreprises : moralité, le programme d’action tablait sur une réduction de 5,2 % (objectif du protocole de Kyoto) des rejets de gaz carbonique en trois ans, on a dépassé les 8 %.
Puisque ces deux exemples montrent que d’autres voies sont possible, la Biosphère espère que les humains changeront de pratiques le plus rapidement possible.
Éducation à l’environnement
12.03.2005 Le développement durable (en kiosque)
C’est le titre d’un Hors-série (1er trimestre 2005) du mensuel « Alternatives économiques » qui montre que l’homme a modelé la Nature selon ses besoins jusqu’à la limite du désastre. On y voit aussi une photo de Maurice Strong, secrétaire de la première conférence onusienne sur l’environnement à Stockholm (9 juin 1972) arrivant en bonne compagnie à la réunion en vélo. On y aborde le réchauffement climatique, la montagne des déchets, le casse-tête énergétique, la question de l’eau et de la ville, on s’interroge : la seule solution, la population ? Mais G.Duval pense encore que la décroissance n’est pas un projet économique et politique de nature à répondre à la grave menace écologique qui nous menace. Pourtant il constate qu’il y a peu de réalisations à mettre au compte du développement durable, que chacun cherche à protéger les situations acquises et que la décroissance de la consommation d’énergies fossiles doit être mis en place rapidement. Pourtant il souligne aussi l’effet rebond (quand on accroît l’écoefficience, l’usage se développe et la consommation globale ne diminue pas). Mais pour lui la décroissance relève d’une vison du monde passéiste qui voudrait revenir à l’âge de pierre et aux inégalités entre homme et femmes. Il pense sans le démontrer que le salariat est une forme bien supérieure des rapports sociaux. Pour résumer, « Faudrait-il rétablir le féodalisme pour espérer sauver l’environnement ? ».
La Biosphère trouve profondément déplaisant ce genre de penseur qui, assis dans son fauteuil, minimise la nécessaire critique de la croissance économique en faisant dire aux décroissants des choses qu’ils n’ont jamais dites !
13.06.2005 L’environnement pour les Européens
C’est un trimestriel publié par l’office des publications officielles des communautés européennes (abonnement gratuit, écrire rue de la Loi 200 à B-1049 Bruxelles). Dans son numéro de juin 2005, on y apprend qu’il est grand temps d’assainir notre atmosphère (européen), qu’il faut sortir les forêts européennes de l’ombre, qu’il faut s’approprier le droit communautaire environnemental, qu’il faut donner le feu vert pour les voitures propres et qu’il faut même limiter les émission de CO2 engendrées par le trafic aérien de la flotte mondiale. Un encadré indique que le développement durable reste un priorité du Conseil européen : lors de leur sommet de printemps en mars 2005, les chefs d’Etat et de gouvernement ont rappelé à quel point il était important de protéger l’environnement en Europe et ont reconnu que la stratégie de Lisbonne (2000–2010) en faveur de la croissance devait contribuer à l’objectif majeur qu’est le développement durable.
Mais la Biosphère vous demande :
Est-ce que vous connaissiez déjà ce magazine ?
Est-ce que la croissance économique qui détruit la planète est le meilleur moyen de rendre leurs équilibres aux écosystèmes ?
15.08.2005 « Sauver la planète ? » (en kiosque)
C’est le titre d’un Hors-série (juillet-août 2005) d’une revue, « Sciences Humaines » qui ne s’est pas particulièrement intéressée jusqu’alors aux rapports entre les humains et la Nature. On y constate pertinemment que le nucléaire, qui paraissait antiécologique, a pu verdir son discours grâce aux négociations sur la diminution des gaz à effet de serre alors que le problème des déchets est banni de cette propagande… mais on termine sur un ponte du CEA qui se permet d’affirmer : « Oui, il faut préparer l’avenir, nous avons tous besoin d’énergie, nous, nos descendants et aujourd’hui sur la planète il y a encore 2 milliards d’habitants qui n’ont pas accès à l’électricité » (comme si l’électricité était un besoin éternel et universel et l’uranium une ressource renouvelable !). La directrice de l’Institut de développement durable L.Tubiana trouve nécessaire d’aller vers une organisation mondiale de l’environnement mais affirme que ce serait une ingérence insupportable pour les pays en voie de développement. Elle se permet de clore son discours sur le succès du livre de B.Lomborg (l’écologiste sceptique) dans lequel les prophètes de malheur finissent par ne plus être écoutés… Comme si on pouvait faire confiance à un manipulateur de statistiques, comme si prévoir la réalisation de la pétroapocalypse était impossible à dire !
Ce n’est pas avec de tels raisonnements qu’on pourra sauver la Biosphère qui nous permet à tous de vivre ! Prévoir la possibilité du pire peut nous permettre de l’éviter, nier sa possibilité c’est accélérer sa venue.
25.08.2005 Inertie humaine
Un professeur peut brillamment démontrer en classe les origines anthropiques des gaz à effet de serre et prouver efficacement que le réchauffement climatique va handicaper le sort des générations futures, ce n’est pas pour cela que les élèves vont prendre conscience des enjeux et en conclure aux nécessités de l’action. La pensée humaine se contente le plus souvent de constater et pour le reste de s’en remettre au petites choses de la vie présente. Ainsi l’électricité semble un bien indispensable dans le monde moderne et une électricité 100 % éolienne paraît alors difficilement envisageable car personne n’imagine cesser de vivre normalement lorsque le vent s’essouffle. C’est à cause de cette inertie humaine confite dans ses habitudes que les réserves fossiles s’épuisent, que le changement climatique s’accélère et que la biodiversité disparaît.
Il faut construire le monde auquel nous rêvons au lieu de subir celui qui existe. La Biosphère a besoin de tous, tout le monde doit se convertir pour promouvoir par son mode de vie un équilibre durable des écosystèmes.
3.09.2005 Hymne biosphèrique
A la rentrée scolaire 2005, l’enseignement de l’hymne national et son histoire sont par la loi du 23/4/2005 devenus obligatoires. Ecrite en 1792, la Marseillaise est à l’origine le chant de guerre pour l’armée du Rhin. Aujourd’hui encore de très jeunes enfants chantent les « allons enfants de la patrie… contre les féroces guerriers » et on appelle aux armes pour faire « couler un sang impur » dans les manifestations les plus hétéroclites, le 14 juillet ou la coupe du monde de foot. Pourtant « l’amour sacré de la patrie » a été fort mal employé depuis l’invention du nationalisme au XIXe siècle puisqu’il a jeté les humains dans des guerres fratricides et inutiles : ce n’est pas la guerre qui a rapproché les Français et les Allemands, c’est la construction pacifique de l’Europe.
Mieux vaudrait chanter tous en cœur « Allons enfants de la Biosphère ♪ ère ♫ reux » pour un hymne de réconciliation non seulement entre les humains, mais aussi avec la Nature. Un concours est ouvert, envoyez-nous vos paroles de substitution à l’hymne guerrier en faisant bien gaffe : tout outrage à « la Marseillaise » est redevable de 7500 euros d’amende !
10.10.2005 Une société sans école
« La relégation de nos enfants dans les écoles pour des périodes de formation de plus en plus longues a sur eux un impact considérable. Ils sont coupés du reste de la société, confinés dans leur groupe d’âge ; avec leurs camarades, ils en viennent à former une petite société dont la plupart des échanges importants sont internes et dont les liens avec la société adulte deviennent rares. En conséquence notre société occidentale renferme un ensemble de microsociétés d’adolescents dans lesquels l’intérêt et le comportement des jeunes s’orientent vers des objets échappant complètement à la responsabilité des adultes ». Ainsi parlait JS Coleman, dans son ouvrage « « The adolescent Society ». Alors l’adolescent ne trouvera sa place que dans un monde essentiellement industrialisé et urbanisé, éloigné de son groupe familial, et encore plus loin du nécessaire contact avec la Biosphère… L’éducation est l’une des nombreuses fonctions sociales que l’Etat a usurpées et qui doit être de nouveau assumée au niveau de la famille et de la communauté, en pleine adéquation avec un écosystème d’appartenance.
En attendant l’utopie, la Biosphère remercie tous ces instituteurs dont les élèves plantent des arbres fruitiers ou s’occupent d’un jardin potager.
12.10.2005 Biocentrisme ou anthropocentré ?
La Nature n’a pas la parole, ce sont des mots exprimés dans les différentes langues humaines qui interprètent d’une façon ou d’une autre ce que la Nature veut nous dire. Les humains peuvent donc s’exprimer au nom d’un cours d’eau qu’on voudrait dévier, au nom des arbres qu’on voudrait abattre, au nom des loups qu’on voudrait exterminer. Rien d’exorbitant à cela, il y a bien un avocat qui s’exprime au nom du pire assassin et une opinion publique qui pense une chose ou son contraire de tout et de n’importe quoi. Il n’y a donc pas d’opposition fondamentale entre l’écologie profonde et l’écologie superficielle, seulement la place que les humains veulent donner à la Nature sauvage, soit une place la plus grande possible, soit une nature le plus possible dénaturée : il suffit de mettre des mots différents sur notre conception humaine de la même Nature.
Pour mieux comprendre la Biosphère, les enfants devraient s’exercer dès le plus jeune âge à prendre le point de vue de la fleur ou le point de vue d’un animal, beaucoup de choses changeraient alors : par exemple une fleur ne serait belle que rattachée à sa plante, certainement pas coupée dans un pot de fleurs.
14.10.2005 Impuissance médiatique
En 1992, une étude australienne a montré que la télévision présentait le sort des victimes de catastrophes sans restituer leur contexte historique et social ; encore plus grave, les évènements étaient présentés comme étant hors de tout contrôle individuel ou collectif. Une autre étude en 1993 sur le traitement du thème environnemental dans la presse écrite française relevait aussi des comportements de dénonciation sans que soit évoqué la possibilité d’une mobilisation populaire. Aujourd’hui encore presse et télévision se caractérisent toujours par une préférence pour des horizons proches et une description d’un univers sur lequel l’emprise de la fatalité est grande, où l’individu est isolé et impuissant, où l’action des pouvoirs publics est insuffisante.
Pourtant des actions individuelles telles que le tri de déchets ou le renoncement à la voiture n’acquièrent un sens que dans le cadre d’une vison collective de la cohésion sociale : le consensus sur la sobriété volontaire n’adviendra qu’à partir du moment où s’instaurera la croyance de chacun en la soumission de tous les autres, c’est-à-dire sous l’emprise de la nécessité de sauver la Biosphère… et les humains par la même occasion.
15.10.2005 Votre profil écologique
La dernière enquête pour l’Ademe (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) montre que la pollution arrive en tête des préoccupations des Français, devant même le chômage et les inégalités sociales. Pourtant 56 % des personnes interrogées considèrent que les gestes individuels pour lutter contre l’effet de serre ne sont pas efficaces alors même que 50 % des émissions de gaz carbonique sont liées aux usages privés de l’énergie. Science&Vie d’octobre propose une série de tests conçus à partir des données de l’Ademe, batterie de questions-réponses qu’il est urgent de diffuser, ainsi :
-
- un thermostat d’ambiance programmable permet de réduire sa consommation d’énergie de… 10 à 20 %
- Rouler à 90 km/h au lieu de 115 réduit la consommation d’essence de… 20 %.
- Au début des années 70, il y avait 2,5 millions d’éléphants, combien en reste-t-il… 400 000
- Jusqu’à combien de pucerons une coccinelle dévore-t-elle chaque jour… 100 à 200
- Les emballages représentent… 50 % des déchets ménagers
- Pour digérer un chewing-gum, la nature met… 5 à 6 ans
- Se brosse les dents pendant 3 minutes en laissant le robinet ouvert, c’est gâcher jusqu’à… 18 litres
Puisse tous les enseignants de l’univers enseigner la protection de la Biosphère !
16.11.2005 Pédagogie de la catastrophe
Le progrès technique n’est plus un choix de la conscience, mais une drogue à laquelle vous êtes tous accoutumés et à laquelle il est presque impossible de renoncer volontairement : même le militant écologiste au sortir d’une réunion pour sauver la planète retourne le plus souvent chez lui en voiture et non à pied, tourne le commutateur plutôt que d’allumer la chandelle, prend une bière au frigidaire plutôt que d’aller tirer l’eau du puits et regarde la télévision en continuant de pester contre l’abêtissement de la société du spectacle. Seul un échec historique de la civilisation fondée sur l’utilitarisme et le progrès pourrait faire découvrir que le bonheur n’est pas de vivre en grand, mais de vivre bien. Seule une catastrophe du type pétroapocalypse pourra dessiller les yeux de tous ces adeptes plus ou moins fascinés par la technique.
La Biosphère attend, elle est patiente, très patiente, elle existe depuis 3,5 milliards d’années, les homo sapiens depuis 150 000 ans environ, la révolution industrielle depuis 200 ans seulement !
Indicateurs de développement durable
3.02.2005 le Bonheur National Brut
Le Bonheur National Brut, c’est ce que cherchait à conserver le Bhoutan. Il était sur la bonne voie, il gardait des villes toutes petites (la capitale Thimphu compte 50 000 habitants seulement) et refusait les feux rouges, et surtout il éloignait la cigarette et les touristes en imposant des taxes colossales. Mais le ver est déjà dans le fruit, le Bhoutan a cédé aux vertiges de l’éducation scolaire et aux ravissements de la télévision, en conséquence le contact avec la Nature va disparaître au triple galop.
La Biosphère ne peut plus être tranquille, même sur les bords de l’Himalaya.
24.07.2005 Soutenabilité faible
Les tenants de la soutenabilité forte estiment qu’il n’y pas de substitution possible entre facteurs de production ( travail, capital et ressources naturelles), les générations futures ont donc besoin d’un stock intact de capital naturel, ce qui impose le respect de ces trois principes :
- Les taux d’exploitation des ressources naturelles renouvelables ne doivent pas dépasser leurs taux de régénération.
- Les taux d’émission des déchets doivent être égaux aux capacités d’assimilation et de recyclage des milieux dans lesquels ces déchets sont rejetés.
- L’exploitation des ressources naturelles non renouvelables doit être remplacée par des ressources renouvelables.
Pour les tenants de la soutenabilité faible au contraire, il suffit que les rentes procurées par l’exploitation des ressources naturelles épuisables soient réinvesties en capital technique (substitution toujours possible entre facteurs de production) pour que l’économie continue de se porter à merveille ! Mais les rentes sont gaspillées en dépenses ostentatoires et de toute façon l’énergie fossile n’a pas de substitut aussi abondant et facile d’usage que le pétrole ou le gaz, sachant que toute combustion accroît un effet de serre à considérer comme déchet.
Les générations futures ont d’ores et déjà perdu.
9.09.2005 IDH, indicateur de développement humain
L’IDH, mesuré par le PNUD (programme des Nations unies pour le développement), est plus complet que la mesure du confort matériel par le PIB dans la mesure où il rajoute au revenu par habitant deux éléments : l’espérance de vie et le niveau d’éducation. Pour la cinquième année consécutive, c’est la Norvège qui prend la première place du classement mondial. Cette réussite doit quand même beaucoup à la flambée du cours de l’or noir puisque la Norvège est le troisième exportateur mondial de pétrole. L’aspect apparemment positif réside dans le fait que, contrairement aux dépenses ostentatoires de mise dans les pays de l’OPEP, la quasi-totalité des recettes est investi en actions et obligations pour garantir l’avenir.
Mais non seulement il s’agit d’un pari sur l’avenir de la bonne santé de la bourse, mais toute exploitation du pétrole contribue à l’effet de serre et constitue donc une atteinte à la Biosphère. Plutôt que par l’IDH, il faudrait donc mesurer la richesse de la Norvège par un IDD (indicateur de développement durable) qui tienne compte de la dilapidation du capital naturel.
16.10.2005 The limits to growth
Dans son livre paru en 1972, The limits to growth, le Club de Rome a fait extrapoler par un organisme de recherche reconnu les données existantes pour formuler des scénarios du futur avec cinq paramètres : la croissance démographique mondiale, l’alimentation per capita, la production industrielle, la pollution et les stocks de ressources non renouvelables. Les auteurs ont reconsidéré en 1992 la validité de leurs projections et, l’inertie étant extrêmement importante dans l’évolution de ces paramètres, vingt ans n’ont rien changé : ainsi l’alimentation a atteint son sommet dans le monde en 1984, à peu près au moment indiqué par le rapport et la croissance démographie a commencé à ralentir au début des années 1990, encore une fois suivant la projection du scénario. Tout continue de présager une situation chaotique aux alentours de 2025.
Les personnes qui veulent encore en 2005 toujours plus de croissance économique et démographique sont des personnes nuisibles non seulement pour la santé de la Biosphère, mais en conséquence pour l’espèce humaine elle-même.
Effet de serre
Constat de réchauffement climatique
26.09.2005 Schizophrénie humaine !
Entre l’an 2000 et 2003 (avant la canicule), quatre enquêtes ont été réalisées pour le compte de l’Ademe (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) sur le thème des représentations sociales de l’effet de serre. En l’an 2003, à peine plus de 10 % des personnes interrogées fait confiance au progrès technique pour trouver des solutions au réchauffement climatique et une proportion à peu près équivalente (13 %) estime qu’il n’y a rien à faire face à un phénomène « inévitable ». Mais la plus grande partie des personnes interrogées préconise une modification importante de nos modes de vie : de 68 % dans l’enquête de 2000, le pourcentage est passé à 75 %. A contrario, si l’opinion publique approuve en théorie des mesures politiques « impopulaires » comme le bridage des moteurs ou la diminution des crédits consacrés aux autoroutes, il refuse la perte de confort que supposerait l’interdiction de la climatisation des voitures.
La classe globale, celle qui possède un véhicule personne, est schizophrène, elle veut une chose et son contraire. La Biosphère a le temps d ’attendre, sans doute. Mais pour l’équilibre des sociétés humaines, ce n’est pas le cas !
10.08.2005 ça va chauffer !
La combustion massive de charbon, de pétrole et de gaz depuis la révolution industrielle a réchauffé l’atmosphère en émettant du CO2, mais elle a aussi contribué à limiter ce réchauffement en émettant de grandes quantités de particules et surtout de dioxyde de soufre. Ce dernier, une fois transformé dans l’atmosphère en aérosols sulfatés, réfléchit les rayons du soleil comme un parasol et influence la formation des nuages, qui agissent aussi sur la température de la Terre. Ce phénomène bien connu a masqué une partie du réchauffement jusqu’à présent, mais il s’estompera probablement au fur et à mesure que les politiques de lutte contre la pollution locale réduiront les émissions de SO2 un peu partout dans le monde. Or, les aérosols sulfatés ne restent que quelques jours dans l’atmosphère tandis que le CO2 y reste plus de cent ans ! Il se peut que cet effet des aérosols ait largement masqué le réchauffement dû aux gaz à effet de serre, d’où une sous-estimation du réchauffement à venir qui, dans le pire des cas, pourrait atteindre 7,8 °C !
La Biosphère vous dit : il n’y a que la décroissance humaine qui mérite attention.
13.06.2005 whistleblowers, lanceurs d’alerte
Le chef du conseil de la Maison Blanche a modifié substantiellement, pour en amoindrir la portée, des rapports officiels décrivant les recherches scientifiques sur le changement climatique. Il faut dire que ce manipulateur travaillait précédemment pour l’American Petroleum Institute, un lobby pétrolier qui a entraîné Bush à sortir du protocole de Kyoto sous le fallacieux prétexte que les sciences du climat étaient si incertaines que l’impact de l’activité humaine sur l’effet de serre serait contestable. Depuis quatre ans la politisation du pouvoir américain (il faudrait plutôt dire « l’action des vendus aux marchands de pétrole ») a eu des conséquences terribles sur les programmes scientifiques, jusqu’à entraîner de l’autocensure. Tout cela aboutit à tromper des Américains qui ont déjà tendances à se tromper eux-mêmes sur la pérennité de leur niveau de vie. Le libéral-capitalisme va donc piller les ressources non renouvelables jusqu’au point de non retour.
La Biosphère félicite tous les citoyens lanceurs d’alerte qui dénoncent cette société construite pour empêcher les gens de s’apercevoir que la planète va de plus en plus mal.
6.06.2005 ça chauffe !
Sous l’impulsion de la MIES (mission interministérielle à l’effet de serre) et dans le cadre du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), la communauté scientifique française converge pour annoncer un réchauffement moyen de la planète compris entre 1,5 et 4° d’ici 2100. Plus grave, il restera encore 20 % de CO2 dans l’atmosphère en l’an 3000 par rapport à ce qui a été émis en 2000, et ce même si on s’était arrêté immédiatement à ce niveau.
La Biosphère condamne solennellement la satisfaction de soi et l’aveuglement de la société thermo-industrielle actuelle et demande à tous les humains de prendre conscience afin d’essayer par tous les moyens de transformer le cours des choses.
15.05.2005 désinformation
Le problème de l’écologie, c’est la tendance humaine à se valoriser en prenant le contre-pieds de la réalité, surtout si on y trouve un avantage financier. Ainsi le botaniste D.B. (pas besoin de lui faire encore de la publicité) ne cachait pas son scepticisme sur l’origine humaine du réchauffement climatique, soutenant dans l’hebdomadaire New Scientist : « Les kyotoistes mentionnent rarement que 555 des 625 glaciers observés par le service mondial d’observation des glaciers ont grossi depuis les années 1980. » Une contre-enquête a montré qu’il s’agissait de quelques glaciers seulement, le changement climatique n’ayant pas des effets uniformes sur la planète, et qu’on a fait aussi une faute de frappe, 555 au lieu de 55 %. De plus les sources de D.B. sont toutes idéologiquement orientées et mal interprétées. En réalité tous les indicateurs restent pessimistes, par exemple en une seule année (2003) les glaciers des Alpes ont perdu de 5 à 10 % de leur volume.
A force de se construire des mensonges, les humains s’empêchent de réagir et demain il sera trop tard.
Causes de l’effet de serre
26.09.2005 Cercles vicieux
Les activités humaines engendrent au Royaume-Uni l’émission d’environ 150 millions de tonnes équivalent-carbone. En outre, le réchauffement climatique entraîne dans certains écosystèmes des réponses qui conduisent directement à son aggravation : des mécanismes de minéralisation transforment en effet le carbone organique stocké dans les sols en CO2, particulièrement quand ils sont tourbeux et sous des conditions climatiques de froid et d’humidité. Ainsi le dioxyde de carbone relâché par les sols d’Angleterre et du Pays de Galles entre 1978 et 2003 s’est libéré dans l’atmosphère à concurrence de 13 millions de tonnes. Ces pertes correspondent à la totalité des réductions d’émission de CO2 réalisées par le Royaume-Uni entre 1990 et 2002 et n’ont pas été envisagées par le protocole de Kyoto. De même la couverture végétale des régions arctiques (toundra) augmente avec la synthèse de nouvelle biomasse entraîné par le réchauffement. Cette croissance des arbustes modifie l’enneigement hivernal et ces régions réfléchissent moins la lumière du soleil et absorbent plus d’énergie. Cet excès est susceptible de libérer une part du carbone stocké dans les sols !
Une politique climatique efficace devrait donc dans un avenir très proche tenir compte de toutes les sources de carbone : ce n’est pas demain que la Biosphère évitera le réchauffement et l’exacerbation des phénomènes météorologiques…
7.07.2005 Bush touché par l’état de grâce !
Avant le sommet du G8, George Bush, cet hérétique à la tête des Etats-Unis, vient d’avoir enfin une Révélation : « Je reconnais que la surface de la Terre est plus chaude et que l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre provoquée par l’activité humaine contribue au problème ».
Encore quelques conversations avec l’ange Gabriel, et Bush signera le protocole de Kyoto.
11.04.2005 une voiture propre ?
Petit exercice de mathématique : Sachant d’une part que les constructeurs européens d’automobiles risquent des sanctions financières s’ils n’atteignent pas en 2008 une moyenne pondérée de 140 grammes de CO2 par véhicule, et d’autre part que la moyenne des émissions des voitures neuves est passé entre 2001 et 2004 de 154 à 152 grammes, calculez le nombre d’années de délai supplémentaire que l’UE va donner aux industriels pour s’acquitter de leurs obligations.
La Biosphère connaît déjà la réponse, cela s’appelle « réchauffement climatique ».
11.03.2005, brève
Un institut de recherche américain nous révèle qu’au rythme de 8 % de croissance annuel du PIB, le parc automobile chinois devrait s’établir à 1,1 milliard d’unités en 2031… encore aux Etats-Unis et le même jour, G.Bush réitère ses appels en faveur d’une réforme du secteur de l’énergie face à la hausse des prix mondiaux du pétrole et de l’essence : c’est ça les contradictions du monde moderne!
24.02.2005, Renault détraque le climat
Pour l’instant produite en Roumanie (capacité de 150 000 véhicules) et commercialisée dans huit pays d’Europe de l’Est, la Logan de Renault à 5000 euros est un succès avec 40 000 commandes en trois mois, le double des prévisions. Mais il est aussi prévu de produire la Logan en Inde près de Bombay pour un volume de 50 000 véhicules par an, c’est un marché si prometteur. Il y a aussi des usines prévus dans tous les pays émergents, la Russie, le Maroc, la Colombie et on espère même pour bientôt la Chine et l’Afrique du Sud. Le constructeur d’origine française espère ainsi vendre un million de ces berlines familiales en 2010, bonjour l’effet de serre. D’un coté les humains veulent bien mettre en œuvre lentement le protocole de Kyoto (le 16 de ce mois), de l’autre ils accélèrent tout ce qui peut nuire au climat.
Devant tant d’inconséquence, la Biosphère ne peut malheureusement que secouer quelques plaques tectoniques !
Solutions à l’effet de serre
2.10.2005 L’effet de serre dope l’effet de serre !
Dans la rubrique « l’avenir de la planète », le journal Le Monde nous apprend ceci : « Face aux fortes chaleurs et surtout au stress hydrique, les plantes adoptent un mécanisme de défense qui leur permet de limiter leur évapotranspiration : elle ferment les stomates de leurs feuilles, ce qui ralentit la photosynthèse et absorbe moins de CO2. A l’échelle de l’Europe, la production végétale a donc chuté de 30 % en 2003 dans les peuplements forestiers comme sur les surfaces cultivées ; une baisse sans précédent au cours du siècle écoulé. Dans le même temps, avec la respiration des végétaux, les écosystèmes ont relâché dans l’air quelque 500 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent de quatre années de séquestration du même gaz par la végétation. Alors que les experts estiment qu’au niveau de la planète entière le manteau végétal permet de capturer entre 10 % et 20 % des émissions humaines de CO2, le bouclier vert risque donc de se transformer en menace. »
En vis-à-vis de cette information, le journal Le Monde présente sur toute une page la nouvelle Clio (117 à 179 g de CO2 pour des moteurs de 75 à 105 ch.) ainsi que l’Alfa Roméo 159 de 260 ch. Pour 1,9 tonnes ; mais le niveau d’émission de gaz à effet de serre de ce modèle n’est pas indiqué ! Ce n’est pas sur un journal d’information aussi schizophrène que la Biosphère peut compter. Alors, où est l’espoir ? Seulement dans ces militants de l’action directe qui commencent prudemment à dégonfler les pneus de 4×4 en attendant de devenir plus virulents…
2.10.2005 La décroissance (disponible en kiosque)
Dans ce bimestriel sous-titré « Le journal de la joie de vivre », cette intéressante conclusion sur l’impuissance humaine à contourner l’effet de serre d’origine anthropique : « Une étude publiée dans Nature estime qu’il n’y a aucun bénéfice énergétique à utiliser la biomasse des plantes pour fabriquer du carburant. Selon les chercheurs de l’université de Cornell et de Berkeley, la fabrication du carburant éthanol à parti de maïs nécessite un tiers de plus d’énergie que celle qui sera restituée comme carburant. Utiliser de la biomasse n’est donc pas une stratégie soutenable. Une autre étude parue dans Bioscience montre quant à elle que l’éthanol à usage de biocarburant réduit la biodiversité, augmente l’érosion des sols et consomme de grandes quantités d’eau ».
La Biosphère savait déjà que les humains n’auraient jamais du se déplacer autrement qu’à pied, ils sont déjà suffisamment doués naturellement pour être des coureurs rapides et endurants ou des marcheurs infatigables …
1.10.2005 Vive le pétrole cher !
Le baril de pétrole a récemment dépassé 70 $, il faudrait qu’il augmente encore continûment. En effet certains politiciens et chefs d’entreprises commencent enfin à penser aux économies d’énergie et à la relance des énergies renouvelables car des perspectives s’ouvrent grâce à la hausse des prix. Selon la présidente de l’Ademe (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), le kWh éolien coûte aujourd’hui à peu près autant que le kWh fourni par une turbine à gaz ; pour le thermique, si vous prenez le chauffage au bois, avec un baril durablement à 60 $, il devient compétitif par rapport à un chauffage au fioul ; à 65 $ le baril, certains biocarburants deviennent compétitifs, mais pour d’autres il faudra attendre que l’on se rapproche de 80 ou 100 $. De toute façon, pour que l’investissement dans les énergies renouvelables progresse, le prix du pétrole doit monter toujours plus haut : le kWh photovoltaïque revient encore sept fois plus cher que l’éolien.
La Biosphère aime les énergies renouvelables qui brassent la vie sur Terre comme l’a fait le cyclone Katrina au Sud des USA. Elle préfère sans aucun doute une humanité moins nombreuse qui limite ses besoins en énergie.
30.09.2005 Consomm-acteur ?
Le prix de l’essence affole facilement les boussoles politiques. La gauche réclame le rétablissement de la TIPP flottante (mécanisme inventé par L.Fabius à Bercy en 2001-2002), c’est-à-dire une baisse de taxe. Le gouvernement supposé libéral de D. De Villepin a choisi de montrer du doigt les profits des compagnies pétrolière. Reste à savoir ce qui est citoyen en matière d’énergie en général et de pétrole en particulier. S’il s’agit de baisser les taxes ou de taxer les majors pour financer une baisse du carburant, et donc relancer la consommation de pétrole, il n’est pas sûr que ce soit dans l’intérêt à long terme de la France et de la planète l’attitude la plus « citoyenne ».
La Biosphère ne peut qu’être en accord avec la Cour des comptes qui, dans son rapport « fiscalité et environnement » indique : « La TIPP contribue à limiter la consommation d’énergie fossile ; elles constitue à ce titre un outil efficace pour respecter les objectifs de réduction des gaz à effet de serre ». Comme la TIPP est moins appropriée pour limiter la pollution locale, la Cour envisage aussi des péages urbains pour limiter l’accès des automobiles aux centres-villes. Préparez-vous à ouvrir votre porte-feuille !
29.09.2005 Discours foireux
Lee Raymond, PDG d’Exxon Mobil : « Les énergies renouvelables sont un gâchis total d’investissement » et le réchauffement climatique « une notion non scientifique propagée par des chercheurs en mal de budgets ». Dick Cheney, vice-président des USA : « Economiser l’énergie peut être une vertu individuelle, mais pas une base pour construire une politique énergétique solide ». Mais heureusement la dépendance des USA vis à vis de l’étranger, pour 65 % du pétrole et 15 % du gaz consommés, implique nécessairement un changement de registre. Ainsi selon James Woolsey, ancien directeur de la CIA : « La coalition des défenseurs de la nature, d’hommes politiques de bonne volonté et de faucons de la sécurité nationale peut mettre fin à la toute puissance du pétrole ».
Les humains commencent à penser juste bien trop tard et trop souvent pour de mauvaises raisons. Les gaz à effet de serre d’origine anthropique n’auraient jamais du se multiplier au détriment des ressources fossiles : laissez à la Nature ce qui appartient à la Nature.
28.09.2005 Limiter le trafic aérien
Si les émissions totales de gaz à effet de serre ont diminué en Europe de 3 % entre 1990 et 2002, celles générées par le trafic aérien ont augmenté de près de 70 %. Au niveau international, le trafic aérien a engendré en 2002 des émission qui représentent 12 % du total des émissions produites par les transports. Mais l’impact est nettement plus grand si tous les facteurs sont pris en considération. Les oxydes d’azote qui sont rejetées par les avions à leur attitude de croisière forment de l’ozone. Ils engendrent la formation de traînées de condensation qui contribuent également au réchauffement climatique. Pour donner une idée de l’ampleur du problème, sachez que chaque vol aller-retour entre Londres et New York produit, pour deux passagers, presque autant de CO2 qu’une voiture particulière européenne moyenne en un an. La commission européenne pense que si les prix reflètent ces coûts externes, les consommateurs seront plus conscients du coût global de leur vol et les compagnies seront plus enclines à investir dans des technologies respectueuses de l’environnement.
Mais la Biosphère pense de son côté que les riches n’ont pas à monopoliser les voyages en avion ; de plus faire confiance au progrès technique est une illusion car rien ne peut faire voler des plus lourds que l’air sans conséquences sur l’entropie. A chacun d’en tirer les conclusions !
27.09.2005 Emprisonner le CO2 ?
La capture du CO2 n’est praticable que là où sa production est la plus concentrée, les centrales thermiques (40 % des émissions mondiales de CO2), mais aussi les cimenteries, les raffineries ou les unités sidérurgiques. Les procédés envisagés ont un coût estimé de 50 à 70 euros la tonne, soit deux ou trois fois plus élevé que le prix auquel s’échange le carbone sue la bourse des « droits à polluer ». En effet la capture dans les fumées de combustion est fortement énergivorace. De plus il faut des pipelines pour envoyer au loin ce CO2 dans des réservoirs géologiques, des aquifères salins profonds ou des gisements de gaz ou de pétrole en fin d’exploitation. Or l’étanchéité » des sites pour une durée de 50 à 100 ans est loin d’être assurée et nécessite des travaux de vérification considérables. (Le Monde, 16.09.2005)
Il est fort dommageable pour la Biosphère qu’on envisage plutôt tous les moyens de continuer à exploiter les énergies fossiles au lieu de décider de les exploiter le plus rapidement possible en modifiant complètement les modes de vie !
7.09.2005 SUV, sports utility vehicles
Les ventes de 4×4 ont quintuplé depuis 10 ans pour atteindre 5,1 % du marché en France. Ces voitures n’ont pourtant rien à faire en ville et pas plus sur les petites sentiers de campagne puisque l’Ademe pense que cet achat n’est pas un acte rationnel : le 4×4 pollue proportionnellement davantage à cause de son poids, du manque d’aérodynamisme de ses lignes, sans compter la transmission intégrale permanente aux quatre roues qui absorbe un surplus d’énergie ; rouler en 4×4 (229 g/km de CO2) contribue au réchauffement climatique beaucoup plus qu’une berline (142 g/km de CO2). Son usage incarne une américanisation rampante du mode de vie occidental alors que le slogan « toujours plus » est désormais dépassé, c’est une forme d’arrogance, si ce n’est de provocation.
Des SUV sont déjà incendiés en Pennsylvanie, des vitres brisées dans l’Etat de Washington et des slogans « no blood for oil » tagués sur leurs carrosseries dans le Massachusetts. La Biosphère saute de joie devant ces actes, car que faire d’autre contre la bêtise humaine : deux tiers des américains préfèrent embrasser leur voiture plutôt que leur mère !
29.08.2005 Neutre pour le climat
Pour réaliser leur livre, « 80 hommes pour changer le monde », Sylvain Darnil et Mathieu le Roux ont interrogé des entrepreneurs dans différents pays. Pour rester neutre par rapport au climat, les auteurs ont alors calculé l’empreinte climatique de leur voyage autour du monde grâce au site Internet futureforests.com. Ils ont en conséquence financé un projet de plantation, au pied du Kilimandjaro, de 1300 pousses de M’pingo, une espèce rare d’ébène africain. La croissance de ces arbres devrait absorber, tout au long de leur vie, l’équivalent des 11 tonnes de CO2 émises par l’ensemble de leurs trajets.
L’initiative est louable, mais si la croissance d’une forêt fixe le carbone, un incendie détruira tous les efforts accomplis. La seule énergie utilisable pour les déplacements humains doit résulter des énergies renouvelables, on ne peut recouvrir la terre toute entière d’arbres.
16.08.2005 Une seule solution, la décroissance
Les deux principaux pays pollueurs au monde, les Etats-Unis et la Chine, ainsi que l’Australie, l’Inde, le Japon et la Corée du sud ont signé un partenariat sur le développement propre et le climat. L’objectif est de mettre des moyens en commun pour développer des énergies plus propres (gazéification du charbon, géothermie)) et promouvoir le transfert de technologies nouvelles centrales nucléaires, éoliennes plus performantes. Alors que ces six pays représentent la moitié des émissions mondiales de CO2 , il ne s’agit nullement de réduire les émissions comme le faisait le protocole de Kyoto, mais de promouvoir une croissance économique moins intense en gaz à effet de serre.
Encore une fois, la Biosphère constate que les humains veulent toujours remettre à plus tard la nécessaire décroissance productive en utilisant des alibis dérisoires.
9.07.2005 Kyoto à petits pas
Malgré ou à cause des attentats terroristes à Londres, le G8 réuni en Ecosse publie un texte commun sur le changement climatique : « Ceux d’entre nous qui ont signé le protocole de Kyoto (c’est-à-dire tout le monde sauf les Etats-Unis) se félicitent de son entrée en vigueur et oeuvreront pour en assurer le succès (….) La convention-cadre des nations –Unies constitue l’enceinte appropriée pour négocier l’avenir du régime multilatéral sur le changement climatique ».
G.Bush accepte donc que cet « accord pourri » (comme il l’avait qualifié avant l’ouverture du sommet) soit reconnu à sa juste valeur, c’est-à-dire le strict minimum des obligations de la communauté internationale envers la Biosphère.
5.07.2005 Après Kyoto, sans illusions
Les Américains ont refusé de ratifié le protocole de Kyoto parce qu’ils ont d’abord nié la réalité du changement climatique, puis ils ont mis en cause le lien entre le réchauffement climatique et les émissions de gaz à effet de serre, tout cela à l’encontre de l’évidence scientifique. Ils ont aussi prétexté de l’absence de contraintes sur les grands pays du Sud, exclu en effet des efforts recommandés par le protocole d’ici 2012, mais il fallait bien que le pays le plus pollueur de la planète montre l’exemple : les USA génèrent 21 à 25 % des GES pour seulement 5 % de la population mondiale. Enfin les Américains ne veulent pas voir leur croissance amputée, les emplois détruits et la modification d’un mode de vie si agréable que les prisons américaines sont les plus pleines de la planète.
La Biosphère se dit alors : vivement la pétroapocalypse pour que les Américains se souviennent de 1929.
1.07.2005 le climat, c’est compliqué
L’irruption du Pinatubo en 1991 projeta de telles quantités de poussière volcaniques dans l’atmosphère que la température moyenne à la surface de la Terre diminua de 0,5°C. J’entends tout de suite cogiter nos scientifiques : « Si on utilisait encore plus d’aérosols, ces particules vont réfléchir les rayons de soleil et le réchauffement climatique sera enrayé ». Biosphere signale d’abord que les aérosols d’origine humains représentent seulement 10 % de ceux générés par la Nature, ensuite ils sont de trop petites tailles. Comme ils servent alors de noyaux de condensation, ils diminuent la quantité des précipitations et réduiront ainsi les productions agricoles. Alors d’autres scientifiques : « On pourrait essayer de stimuler un gros volcan avec une petite bombe atomique ! ». Mais dans ce cas, comment doser la quantité de matière émises ?
Il n’y a pas d’autres solutions contre l’effet de serre que limiter la consommation , mais la cécité humaine va de pair avec leur imagination débordante. La Biosphère rigole.
22.06.2005 cherche carbone, votre prix est le mien
Alors qu’on avait démarré les cours à 7 euros en janvier, l’envolée brutale (à plus de 21 euros la tonne) des droits d’émission de dioxyde de carbone a surpris tous les industriels. Il faut dire que les échanges sont limités, les différentes places boursières non connectées et l’offre rare. Pourtant les cours du CO2 deviennent un déterminant important de la société thermo-industrielle, tant pour le calcul du prix du mégawatt de l’électricité que pour la localisation de l’activité : l’ industries lourde menace déjà les politiques, papeteries et cimenteries vont être obligé d’aller produire ailleurs qu’en Europe. Comme on s’y attendait, le droit de polluer est devenu un droit à polluer ailleurs, de toute façon l’augmentation de l’effet de serre pourra se poursuivre dans le sauve-qui-peut général.
Avec ou sans marché boursier, il ne faut pas en effet trop attendre des industriels qu’ils investissent dans des techniques moins polluantes qui n’existent pas vraiment. De toute façon l’essentiel de la progression de l’effet de serre résulte des transports et de l’habitat, donc des décisions des consommateurs individuels. Mais chut, ça il ne faut pas le dire puisqu’on ne fait rien en la matière !
Énergie
Économies d’énergie
22.03.2005 choix de premier rang
La Biosphère ne s’excuse pas de contredire le ministre des affaires étrangères des Pays-Bas : la politique énergétique de l’UE ne peut s’arrêter à ce qu’il faut appeler des choix de second rang, c’est-à-dire uniquement une problématique d’offre d’énergie. Elle attend toujours un responsable politique digne de sa responsabilité qui envisage les priorités de premier rang, la maîtrise de la demande d’énergie.
8.09.2005 Loi sur l’énergie
Quatre années d’intenses négociations pour une loi américaine sur l’énergie de 1724 pages, adoptée définitivement le 8 août dernier. L’acquisition de SUV (= 4X4) est toujours fiscalement favorisée et les normes pour l’efficacité énergétique des véhicules comme de l’habitat ne sont toujours pas renforcées. On distribue aussi beaucoup de subventions pour les principaux soutiens financiers des républicains ou pour soutenir la production et favoriser la création de nouvelles raffineries. Mais la loi fait complètement l’impasse sur la gestion de la demande alors que dans les transports il n’existe pas de produits économiquement substituables au pétrole. Les mesures en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique sont d’ailleurs inexistantes.
Avec 40 % d’électricité produite à partir du charbon et plus de 5 tonnes de CO2 émises annuellement par habitant (contre 1,8 en France), le gouvernement Bush veut ignorer totalement le poids du mode de vie américain sur la Biosphère. Puisse les catastrophes naturelles s’exacerber aux USA…
Énergie nucléaire
5.07.2005 Du nucléaire, partout !
Sans avoir commandé de nouveaux réacteurs depuis l’accident de Three Mile Island en 1979, les USA se contentaient de leurs 103 réacteurs (21 % de l’électricité produite), mais ils comptent bientôt se rattraper pour faire de leur pays une « nation plus sûre et moins polluante ». De leur côté les Chinois envisagent 25 à 30 nouvelle centrales d’ici à 2020, l’Inde devrait décupler ses capacités et le Japon (54 centrales) en construit déjà trois supplémentaires. La France (58 réacteurs) poursuit son projet d’EPR, soumis à une enquête d’utilité publique.
La Biosphère crie au scandale, les réserves d’uranium ne couvrent que 30 à 60 années de production selon les besoins actuels, le problème des déchets radioactifs ne sont pas réglés en France (ils seront « parlementarisé » en 2006) et à plus forte raison dans les autres pays, et surtout tous les pays privilégient encore un mode de développement grand consommateur d’énergie sans s’interroger sur la finalité de la vie humaine !
11.09.2005 Un nucléaire hors de prix
La France a été contrainte d’adopter en 2002 les conventions internationales de comptabilité en matière d’énergie, ce qui a ramené la part du nucléaire à sa valeur réelle, soit 17 % (au lieu des 50 % annoncés précédemment !). De plus le coût du démantèlement est fixé de manière approximative en France alors que la Nuclear Decommissionning Authority en Grande-Bretagne a estimé plus rationnellement à 96 milliards d’euros le coût pour les 20 sites nucléaires britanniques. Si on applique cette évaluation au nucléaire français, il faudrait au moins 150 milliards d’euros. Pourtant les provisions fin 2003 (c’est à dire la somme attendue en 2040) pour le démantèlement et les déchets s’établissent à 71,4 milliards d’euros qui se répartissent entre Areva (12,3 milliards), le CEA (11,1 milliards) et EDF (48 milliards). En février 2005, même la Cour des comptes doutait qu’EDF puisse financer le démantèlement par ses propres moyens. On sait alors qui va payer, les contribuables de demain…
Bien sûr la Biosphère reconnaît qu’il y a déjà une radioactivité naturelle, mais les générations futures n’en souffriront pas. Par contre le nucléaire ne sert que les intérêts de la génération présente alors que ce sont les générations futures (et peut-être même les non-humains) qui paieront plus tard cette inconscience radioactive.
18.10.2005 Renaissance du nucléaire ?
Depuis la catastrophe de Tchernobyl en avril 1986, on n’avait plus construit de réacteur nucléaire. Aujourd’hui on a oublié l’expérience du passé (l’expérience, une lanterne que les humains ont dans le dos et qui n’éclaire que leur passé), et on croit (la foi, autre caractéristique du cerveau humain), qu’il est absolument indispensable de lutter contre l’effet de serre en construisant de nouvelles centrales. Le premier pays à se lancer dans l’aventure est la Finlande qui a officiellement mis en chantier un EPR (European pressurized reactor) le 12 septembre dernier (mise en service en 2009). Dans trois ans ce sera au tour de la France de commencer à construire un EPR à Flamanville. Pourtant le parlement finlandais avait repoussé en 1993 toute idée d’un cinquième réacteur nucléaire, il ne l’a accepté en 2002 que par 107 voix « pour » et 92 « contre », soit une majorité de 54 % seulement. Pourtant en France, selon le comité des sages issu du débat national sur l’énergie, l’urgence d’une nouvelle construction de réacteur n’était pas clairement démontrée.
La Biosphère sait qu’il faut des centaines d’années de réajustements itératifs pour trouver un équilibre précaire dans un écosystème, les humains croient qu’ils peuvent tout faire dans l’immédiat alors qu’ils ont très peu de réserves d’uranium et que le problème des déchets nucléaires n’est pas encore résolu !
19.10.2005 Sortir du nucléaire fusionnel (n° 28)
Ainsi parlait le physicien et ancien ministre français de l’éducation Cl.Allègre : « Les hommes politiques, fiers, ignorants et naïfs, sont persuadés qu’Iter (International thermonuclear ractor) va leur apporter richesse, prospérité et prestige ! Malheureusement rien de tout cela ne se produira : Iter saignera à blanc les collectivités locales et affaiblira un peu plus le budget de la recherche française. Iter est encore un de ces projets de prestige qui ont, dans le passé, épuisé les finances de notre recherche : ce fut d’abord la télévision haute définition, ensuite la construction du grand accélérateur d’ions lourds, puis les vols habités dans l’espace et enfin, la Station spatiale internationale. Résultats pour la science ? Rien ou presque. Si on sait réaliser la fusion de manière explosive, on ne sait pas la contrôler et, depuis quarante ans, on tourne en rond. Des projets comme Iter, on en a installé à Princeton, puis en Grande-Bretagne, mais on n’a jamais vraiment progressé : Iter n’est qu’un engin destiné à la recherche fondamentale ».
La Biosphère en a marre de toutes ces inventions humaine réalisées ou en projet qui veulent donner aux humains toujours plus de puissance alors qu’ils savent si mal maîtriser celles qu’ils ont déjà libéré !
20.10.2005 Criirad (commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité)
En France, la dernière mine d’uranium a fermé ses portes en 2001. L’extraction de ce minerai consiste à remonter en surface des millions de tonnes de roche, par exemple 57 millions de tonnes rien que pour le Limousin. Ces roches sont systématiquement triées au compteur Geiger pour les mettre de côté quand la teneur en uranium est faible. Malheureusement la radioactivité de ces « stériles » peut être dix à cent fois plus élevé que celle des sols naturels : en Limousin, 100 fois l’activité moyenne de l’écorce terrestre et 20 fois celle d’un granite. Ces stériles amoncelées en verses posent problème dans la mesure où les eaux de ruissellement se chargent en uranium, à plus forte raison quand elle sont utilisées comme remblais ou même base de loisirs. L’Unscear estimait en 1993 qu’à l’échelle mondiale, l’extraction de l’uranium représentait 47 % de la dose collective de radiations liée à l’ensemble de la filière de production d’énergie électronucléaire.
Ce n’est pas parce qu’on extrait maintenant l’uranium dans des pays éloignés comme le Niger que l’activisme français doit ignorer les risques de l’énergie nucléaire : d’ailleurs dans la Biosphère, il n’y a pas normalement besoin d’électricité, si ce n’est quelque coups de foudre de temps en temps ! Courriel : contact@criirad.org
21.10.2005 Relance du nucléaire ?
La groupe français Areva a créé une société commune avec la compagnie d’électricité américaine Constellation dans le but explicite de construire aux USA quatre réacteurs nucléaire EPR. Depuis 1978, aucune tranche n’avait été commandé aux USA. En effet l’opinion publique avait été marquée par l’accident dans la centrale de Three Mile Island (Pennsylvanie) en mars 1979 et par la catastrophe de Tchernobyl en avril 1986. De toute façon le pays possède déjà un parc de 104 réacteur assurant 21 % de sa production électrique, mais G.Bush veut maintenant aller au-delà et plaide : « Plus d’énergie nucléaire rendra notre nation plus sûre et moins polluante. Il est temps pour ce pays de commencer à nouveau à construire des centrales nucléaires (discours du 22 juin 2005) ».
La Biosphère sait qu’il faut des centaines d’années de réajustements itératifs pour trouver un équilibre précaire dans un écosystème, pourtant les humains croient qu’ils peuvent tout faire dans l’immédiat alors qu’ils ont très peu de réserves d’uranium et que le problème des déchets nucléaires n’est pas encore résolu !
22.10.2005 La fin du nucléaire militaire ?
Le président iranien M. Ahmadinejad s’exprimait en septembre dernier devant l’Assemblé générale des Etats-Unis. Le fait qu’il soit le premier président laïc depuis un quart de siècle ne l’a pas empêché de dire des énormités du genre « L’énergie nucléaire est un don de Dieu » ou « Notre religion nous interdit d’avoir des armes nucléaires ». Il n’empêche que c’est la première fois qu’on disait aux grandes puissances de ce monde qu’elles exagéraient : « L’ironie de la situation et que ceux qui ont utilisé des armes nucléaires, qui continuent à en produire et à en accumuler, qui ont utilisé des bombes à uranium appauvri contre des centaines de milliers d’Irakiens, que ceux qui n’ont pas signé le traité d’interdiction complète des essais nucléaires et qui ont armé le régime sioniste en armes de destructions massive s’efforcent d’empêcher les autre pays d’acquérir la technologie pour pouvoir produire de l’énergie nucléaire ». Pourtant, même si l’Iran se propose de revendre le combustible nucléaire 30 % moins cher que le prix imposé par les grandes puissances, Dieu n’exprime rien dire car il n’est que le paravent de la bêtise humaine.
La Biosphère constate que les plus riches veulent imposer leur loi aux autres pays, mais seul un miracle peut combattre cet état de fait quand les pays pauvres désirent la même chose que les pays riches. Pour donner au monde l’envie d’un désarmement nucléaire complet, à la fois militaire et civil, n’y a-t-il que l’attente du miracle, un attentat terroriste de type nucléaire ?
23.10.2005 Nobel nucléaire
L’agence Internationale de l’énergie atomique (AIEA) met autant d’ardeur dans sa croisade contre la prolifération des bombes atomiques que de vivacité à vanter les mérites de l’atome « propre ». Pourtant cet organisme a reçu le prix Nobel de la paix 2005 pour récompenser ses « efforts visant à empêcher que l’énergie nucléaire soit utilisée à des fins militaires ». Pourtant tout réacteur civil est une source de dissémination de matériels fissiles, délice des terroristes amateurs. Pourtant la volonté affichée par l’AIEA de ne pas tolérer l’émergence de nouveaux pays nucléaires n’empêche pas les cinq puissances nucléaires officielles de choyer ses armes de destruction massive et les officieux (Israël, Inde et Pakistan) de conserver quelques bombes. L’Iran, sur lequel l’AIEA enquête depuis trois ans, estime de son côté que l’attribution du Nobel est une décision politique dirigée contre son programme nucléaire national (et civil ?) ».
La Biosphère constate que les humains aiment faire joujou avec des jouets de plus en plus dangereux pour tout le monde, humains et non humains, et préfèrent donner des médailles à ceux qui fabriquent, utilisent ou « contrôlent » ces jouets. Pourtant le Nobel aurait été beaucoup plus symbolique s’il avait été décerné aux rescapés des explosions atomiques des 6 et 9 août 1945, il y a maintenant 60 ans.
24.10.2005 Des déchets nucléaires pour les générations futures
Pour F.Loos, ministre délégué à l’industrie, un projet de loi sur les déchets nucléaires sera examiné par le Parlement dès le 2ème trimestre 2006. Selon lui, la faisabilité du stockage réversible en couche géologique profonde est établie et il attend une unanimité parlementaire sur cette question comme lors de la loi Bataille du 30 décembre 1991 : celle-ci prévoyait de ne pas discuter des déchets puisqu’on en reparlerait 15 ans après, en 2006 donc ! Contre cet optimisme béat, il faut noter que l’entreposage de longue durée en surface ne pourra être poursuivi très longtemps d’une part, que séparation et transmutation nécessitent encore quelques décennies de recherche pour un résultat incertain d’autre part. Reste l’enfouissement dans de l’argile à Bure, site dont l’évaluation officielle n’est pas encore terminée… Alors le gouvernement cache son impuissance derrière un prétendu « débat public » qui a débuté en septembre 2005 pour s’achever le 13 janvier 2006. Dans ce contexte défavorable à la poursuite du nucléaire civil, EDF et le gouvernement ont pourtant décidé de la prochaine construction d’un réacteur EPR : le lobbying pro-nucléaire continue d’imposer ses choix « réalistes » qui vont aggraver un niveau de radiation perturbateur de la vie terrestre pendant des siècles et des siècles.
Alors que la question des déchets nucléaires n’est pas encore résolue, la Biosphère juge cette attitude irresponsable.
Énergies renouvelables
24.03.2005 Plus d’éoliennes, moins de routes
« Elles sont disproportionnées par rapport à la taille des paysages, elles accaparent le regard, elles font le paysage ». On pourrait croire que c’est une condamnation sans appel des autoroutes, mais il s’agit en fait d’une diatribe contre les éoliennes. Les humains sont de drôles d’oiseau qui peuvent voir le bien là où il y a le mal et réciproquement.
Toutes ces associations du type « Vent de colère » sont-elles composées d’ascètes contre l’utilisation de l’électricité ou d’admirateurs de l’insertion harmonieuse des centrales nucléaires dans les paysages ?
4.04.2005 Fantastique recherche
La cuisine au feu de bois fait mourir prématurément des suites de troubles respiratoires. Les chercheurs américains recommandent donc de remplacer le bois par des combustibles dérivés du pétrole ou du gaz. Mais la population concernée n’est pas solvable, et le pétrole commence à manquer. Il faudrait alors passer au charbon de bois alors que celui-ci consomme trois fois plus de bois sur pied pour répondre au même besoin et que la déforestation sévit déjà dans les pays qui cuisinent au feu de bois.
Quand la Biosphère est épuisée, l’Humanité a le choix entre Charybde ou Scylla !
15.04.2005 Droit de propriété !
Le Japon vient d’accorder des droits de forage en mer de Chine, zone dont la souveraineté est contestée par Pékin. Il est en effet impératif pour les deux pays de s’approprier une ressource énergétique dont leur croissance a impérativement besoin, et la Chine encore plus que le Japon. Ce faits divers pose le problème plus fondamental du droit de propriété : à qui appartient le pétrole ou le gaz ? On peut répondre comme le Japon et la Chine par le droit de la souveraineté nationale. On pourrait aussi argumenter sur les besoins des pays occidentaux et des pays émergents. Si on est encore plus altruiste, on envisagerait les besoins des pays pauvres qui se chauffent encore au feu de bois ou même à la bouse de vache. Mais si on à l’attitude « développement durable », il faudrait surtout penser aux générations futures.
Alors, si on donnait un droit de vote à tous ceux qui vont naître demain et après-demain, les humains se rendraient compte qu’il faudrait laisser en l’état toutes les ressources non renouvelables : elles n’appartiennent qu’à elles-mêmes. D’accord ?
20.05.2005 Biocarburants
Le gouvernement a décidé d’accorder des agréments assortis de déduction fiscales pour la construction de six usines de biocarburants, la moitié pour le diester et l’autre pour l’éthanol. L’objectif est d’aboutir à 5,75 % de biocarburants à l’horizon 2010. Des experts ont calculé que pour remplacer intégralement le pétrole et le gaz naturel par du biocarburant issu de la betterave, il faudrait y affecter 23 % du territoire français. Si l’on ajoute les intermédiaires consommés pour l’engrais, la culture et la récolte, le processus de broyage purification et distillation, ce pourcentage dépasserait 120 %.
Après les ressources fossiles, il n’y a pas grand chose et il sera bientôt trop tard pour s’en apercevoir !
3.10.2005 La voiture à hydrogène
Le véhicule démarre dans un silence étrange ; c’est un des huit bus à hydrogène qui baladaient les touristes sur le site de l’Exposition universelle au Japon. L’engin peut atteindre 80 km/h pour une autonomie de 350 km avec un peu d’eau tiède qui tombe du pot d’échappement. Son moteur est une pile à combustible qui produit de l’énergie électrique grâce à une réaction chimique entre l’hydrogène emmagasiné et l’oxygène prélevé dans l’air ambiant. Mais produire de l’hydrogène nécessite beaucoup de CO2. Quand on évalue le cycle de vie d’un véhicule depuis sa production jusqu’à sa destruction en passant par son utilisation, on s’aperçoit que le véhicule à hydrogène n’a pas encore un effet décisif sur la production de gaz carbonique : là où un véhicule à essence génère un indice 1 de CO2, un véhicule à hydrogène représente encore un indice 0,8.
La Biosphère savait déjà que les humains n’auraient jamais du se déplacer autrement qu’à pied, ils sont déjà suffisamment doués naturellement pour être des coureurs rapides et endurants ou des marcheurs infatigables…
27.11.2005 Les inconvénients des avantages
Après le bois qui ne suffit plus, le charbon puis le pétrole… et avec l’épuisement des ressources fossiles, on pense retourner au bois ! Déjà les quelque 14 millions d’hectares de forêt en France fournissent, indépendamment du bois d’œuvre et de la pâte à papier, de l’ordre de 9,3 millions de tonnes équivalent pétrole d’énergie, à comparer à la consommation totale du pays qui est de 267 Mtep. Mais la combustion du bois est aussi source de pollution. Dans la fumée, il y a des particules fines qui peuvent entraîner des problèmes respiratoires quand elles sont inhalées, du monoxyde de carbone qui réduit la capacité du sang à fournir l’oxygène aux tissus, des oxydes d’azote qui réduisent la résistance des poumons aux infections, dioxine et furane dont certains sont cancérigènes. Une combustion imparfaite du bois peut même dégager des composés organiques volatils dont le benzène qui est aussi carcinogène. Une pyrolyse dans de grosses unités de production peut réduire une partie de ses rejets, il en restera toujours quelque chose dans nos poumons ou nos assiettes. De toute façon la combustion du bois et les feux de forêts ne sont pas la destination naturelle des processus vitaux, c’est par la décomposition qu’il y a recyclage performant et échec à l’entropie (c’est-à-dire dégradation de l’énergie).
En effet la Biosphère a besoin de la décomposition du bois pour reconstituer sa biomasse et permettre la diversité du vivant, il n’y a pas que l’énergie à l’usage des humains qui importe !
Épuisement des ressources
Eau
30.03.2005 De l’eau, de l’eau
« Chaque être humain a droit à 50 litres d’eau potable par jour ». C’est le minimum indispensable tel que défini par l’OMS (organisation mondiale de la santé). A Johannesburg, chaque foyer reçoit gratuitement 6000 litres par mois, soit la dose journalière normalisée pour quatre personnes. Mais dans les townships, il y a en moyenne huit personnes par maison auxquels il faut ajouter les « backyards » ou cabanes au fond du jardin qui peuvent entasser 5 ou 6 personnes supplémentaires.
La Biosphère ne pense pas que l’eau puisse rester un bien gratuit quand les humains abusent de cette libre disponibilité pour se multiplier indéfiniment…
19.09.2005 Une institutionnalisation de l’eau
La loi française du 3 janvier 1992 a promu l’eau comme « patrimoine commun de la nation » et posé le principe d’une gestion équilibrée des eaux entre les usagers et le respect de la nature. Encore faut-il, pour légiférer en matière environnementale, que la France soit poussée par une Directive-cadre européenne en l’an 2000. Mais il faut encore attendre la loi du 21 avril 2004 pour prétendre atteindre un « bon état écologique » de toutes les ressources en eau, et ce pour 2015 !!! C’est dans ce cadre dévoyé que les citoyens sont amenés à exprimer leur avis sur la gestion de l’eau entre le 2 mai et le 2 novembre 2005. Débat bâclé puisque les Français commencent juste à savoir courant septembre qu’il existe une consultation nationale!
La Biosphère ne sera pas sauvée par des démarches participatives car plus rien dans la société actuelle n’a le pouvoir de durer quand les politiques s’opposent aux politiques, les scientifiques aux scientifiques, sans parler de l’impossible dialogue entre politiques et scientifiques, opinion publique et réalité. Seule la catastrophe réalisée rassemble, et en matière d’eau elle est déjà là au niveau national et international.
21.09.2005 Consultation nationale sur l’eau
Quelle eau voulons-nous en 2015 ? Le comité de bassin Adour-Garonne adresse un questionnaire aux usagers dont certaines réponses à cocher se passent de commentaire :
– Pour satisfaire les besoins en eau présents, faire confiance au progrès technique pour préserver l’avenir.
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- Il est normal que chacun utilise à volonté l’eau qu’il trouve près de chez lui.
- Les collectivités publiques doivent assumer les coûts des efforts anti-pollution.
- Constituer et stocker des réserves.
La Biosphère aime au contraire ce genre de réponses :
-
- Intensifier dès aujourd’hui les économies d’eau.
- Aider les agriculteurs à entretenir les zones humides.
- Chaque usager doit participer au financement des travaux anti-pollution (principe pollueur-payeur).
- Réduire les surfaces irriguées…
22.09.2005 La guerre de l’eau
Après trois ans de bataille politique, Suez quitte l’Argentine. Le groupe français avait rappelé aux autorités qu’elles avaient refusé de respecter une clause du contrat de concession prévoyant que, en cas de dévaluation du peso, les prix devraient être ajustés automatiquement. Mais l’avenir politique du président Nestor Kirchner était en jeu lors des élections prochaines en octobre : alors d’accord pour les augmentations, mais après le scrutin. Dans un pays émergent comme l’Argentine, secoué par des crises socio-économiques d’une rare violence, la gestion de l’eau est devenue une variable politique importante. Le niveau des tarifs (eau, mais aussi électricité, gaz, téléphone) est un sujet d’affrontements permanents entre les autorités et les multinationales.
La Biosphère sait que tous ces besoins faussement essentiels comme l’électricité et le téléphone tomberont un jour prochain dans les oubliettes de l’histoire car il faudra beaucoup travailler simplement pour un peu d’eau potable et l’alimentation de base.
25.09.2005 Moins d’eau dans les canalisation !
L’indice d’exploitation des ressources en eau de la France, c’est-à-dire le rapport entre les prélèvements (33 milliards de m3) et les apports de pluie (175 milliards) s’élève déjà à 19 %. Un quart de l’eau consommée va au maïs irrigué qui nécessite 1000 à 3000 m3 d’eau par an et par hectare, ce qui ne restitue presque rien au milieu naturel. La répétition des sécheresse comme celle de 2005 et le réchauffement climatique imposent donc des changements dans la gestion de l’eau. Mais si la ministre française de l’écologie plaide pour le recul de la culture du maïs, le ministre de l’agriculture affirme tout au contraire que la France « a besoin » de maïs. Il déclare publiquement que « l’irrigation est une nécessité « et qu’il souhaite bâtir un programme décennal de stockage de retenues ». A son avis, il faudrait en effet des ressources nouvelles. Face à lui la ministre de l’écologie se révèle dominée, impuissante, elle ajoute : « Je n’imposerai rien, je ne suis pas ministre de l’agriculture ». Mais l’eau ne se crée pas, elle a un volume déterminé qui ne fait que se recycler par évaporations, pluies et infiltrations. Ainsi une retenue artificielle empêche l’eau de pluie de réalimenter les nappes. De plus tout ce qui est pris en plus par une espèce l’est au détriment des autre espèces animales et végétales.
Les milieux naturels souffrent encore plus que les humains, près de 3 500 kilomètres de cours d’eau en France ont été mis à sec, entraînant la mort de la faune et d’une partie de la flore. Pour la Biosphère, ce n’est pas seulement la culture du maïs qui devrait être remise en cause, mais l’ensemble des utilisations forcenées de l’eau par des humains avides et gaspilleurs : un ministère de l’écologie devrait prédominer face au ministère de l’agriculture…
Ressources fossiles
4.04.2005 La dernière goutte
Une étude de l’Agence Internationale de l’Energie (sous l’égide des 26 pays de l’OCDE, les pays riches) recommande aux pays consommateurs de pétrole de restreindre leur consommation : l’AIE invite donc les gouvernements à préparer une série de mesure, par exemple réduction à 90 km/h de la vitesse sur autoroutes… Mais en France, le plan climat de juillet 2004 avait renoncé au bonus-malus écologique destiné à pénaliser les grosses cylindrées et le projet de loi d’orientation sur l’énergie qui passait en deuxième lecture le 30 mars ne porte aucune trace de « chasse au gaspi ». Les parlementaires avaient même exclu l’idée de passer de 130 à 120 km/h sur autoroute !
La Biosphère vous dit : vous voulez rouler trop vite, la chute en sera d’autant plus brutale !
12.04.2005 Les corons
Le travail dans les houillères a duré 270 ans dans le Nord, 150 ans dans le Pas-de-Calais ; la dernière mine a fermé en 1990. Maintenant les terrils portent des sentiers de randonnée et les corons sont habités par des locataires sans emploi, souvent d’ailleurs les enfants et les petits-enfants de mineurs inadaptés aux emplois nouveaux par insuffisance de qualification.
Quand ce seront les puits de pétrole qui fermeront bientôt, soit 5 % du PIB mondial pour rémunérer les pays pétroliers, mais aussi 50 % du PIB avec toutes les activités qui découlent du pétrole, j’aimerais qu’un économiste néo-classique me calcule le pourcentage de chômeurs « inadaptés » qu’il y aura en France à ce moment-là !
25.05.2005 Bientôt le « peak oil »
Le point culminant de la production mondiale de pétrole est envisagée pour 2037 par le National Intelligence Council des USA, quelque part entre 2013 et 2037 par l’Agence internationale de l’énergie, mais avant la fin de la décennie par l’Aspo (Association for the study of peak oil and gas) qui organisait son colloque Lisbonne. Ainsi les réserves mondiales, estimées aujourd’hui à 2275 milliards de barils, seraient seulement de 1750 milliards. L’Aspo est composée de spécialistes de l’industrie pétrolière comme son fondateur l’Irlandais Colin Campbell qui a dirigé le département Géologie d’Amoco avant de terminer sa carrière comme vice-président de Fina. Il est vrai que Shell a récemment admis qu’un tiers de ses réserves « prouvées » étaient imaginaires et que l’Opep indexe depuis 1985 ses quotas sur une prétendue augmentation constante de leurs réserves. Dans le même temps la déforestation de la planète prend des proportions alarmantes.
Dans ce contexte inquiétant pour la santé économique du libéralisme, le débat franco-français sur le projet de Constitution européenne apparaîtra aux yeux des générations futures comme pur enfantillage …
27.07.2005 Après la pétroapocalypse
Depuis le mercredi 6 juillet 2015, les caisses de l’Etat sont officiellement vides, il n’y a plus d’argent, le pays est en faillite. Le Trésor public a apposé une affichette un peu partout : « En raison des conséquences du choc pétrolier, toutes les dépenses publiques sont suspendues jusqu’à nouvel ordre. » C’est le résultat final d’une longue agonie du secteur public ; les fonctionnaires ont reçu en mai leur salaire de février et les retraités attendent encore de toucher des pensions impayées depuis un an. Le chef de l’Etat, un général arrivé au pouvoir à la suite d’un putsch, n’a plus d’ailleurs comme soutien que celui de l’armée. Il faut dire que les militaires sont les seuls à être encore toujours payés rubis sur l’ongle et on peut déjà dire que la dernière goutte de pétrole servira à faire fonctionner un tank ou une automitrailleuse. Ainsi va le quotidien politique de la plupart des pays depuis l’augmentation sans fin du prix du baril au cours de ces dix dernières années.
La Biosphère vous dit : « On pourrait croire ce scénario improbable, mais c’est (en juillet 2005) déjà la réalité du Centrafrique, un Etat incapable de sortir du piège de la pauvreté, un pays qui vous montre le gouffre dans lequel le monde entier va être précipité avec une pétroapocalypse qui ne laisserait aucun pays indemne».
2.09.2005 La rente pétrolière
Le triplement du prix du baril, passé de 20 à 60 dollars depuis l’an 2000, entraîne l’enrichissement des pays exportateurs, de Riyad à Lagos, de Caracas à Moscou. Mais le pétrole n’est que malédiction. Cet argent facile soutient artificiellement le budget d’un Etat parasitaire, la corruption augmente plus que proportionnellement aux « investissements » somptuaires en palais, yachts et bijoux, des proportions importantes des pétrodollars prennent le chemin des paradis bancaires internationaux., les populations locales restent le plus souvent pauvres ou asservies. Même si de nouvelle infrastructures routières, portuaires ou touristiques sont mises en chantier, la croissance démographique va de pair avec un chômage structurel que nulle croissance économique dans un monde fini ne pourra résorber.
La Biosphère attend avec impatience la fin de cette malédiction pétrolière qui pèse sur la planète, que ce soit dans l’impasse de tous ces pays qui perdent une partie de leur sous-sol au profit de richesses apparentes, ou dans l’aveuglement d’un monde mue par un système thermo-industriel sans lendemain, si ce n’est le réchauffement climatique qui en résulte.
14.09.2005 L’ère de l’après-pétrole
La demande de pétrole des Chinois est vertigineuse, depuis 2000 elle absorbe un bon tiers du surcroît de la production mondiale. Mais ce sont les Américains qui gaspillent le plus, 20 millions de barils chaque jour alors que les Chinois n’en consomment encore que 7 millions (deux fois plus qu’il y a dix ans cependant). Du côté des réserves, les volumes découverts depuis vingt ans sont inférieurs à ceux consommés : on trouve de 12 à 15 milliards de barils chaque année alors que la planète en consomme 30 milliards. Le déséquilibre entre l’offre et la demande est irréversible, les humains ont sans doute depuis le jaillissement de l’or noir à Titusville en 1859 déjà consommés près de la moitié des réserves mondiales. Mais quel homme politique serait assez fou pour taxer l’american way of life que toute le monde voudrait imiter, même les communistes chinois !
La Biosphère a mis des millions d’années pour accumuler ces réserves fossiles, les humains n’avaient pas le droit de les brûler en quelques années. Contre la folie humaine, les politiques et les citoyens doivent être assez fous pour mettre en place une société qui, de toute façon, fonctionnera bientôt sans pétrole.
24.11.2005 Les dernières gouttes
L’Agence Internationale de l’Energie, cette officine chargée depuis 1974 de défendre les intérêts des pays consommateurs, change enfin de discours. Après avoir bercé le monde des politiciens occidentaux d’illusions, l’AIE reconnaît dans son rapport annuel 2005 que la production des Etats qui ne sont pas membre de l’OPEP (Russie, Etats-Unis, Norvège…) devrait décliner peu après 2010 alors qu’ils fournissent aujourd’hui 60 % du brut mondial. Après des années d’insouciance, le mot d’ordre devient : « Economisez l’énergie, économisez le pétrole ! Et diversifiez-vous, s’il vous plaît. Sortez du pétrole ! » Le directeur des études économiques de l’AIE a même le culot de déclarer : « Le pétrole, c’est comme une petite amie, vous savez depuis le début de votre relation qu’elle vous quittera un jour. Pour qu’elle ne vous brise pas le cœur, mieux vaut la quitter avant qu’elle ne vous quitte. » Il faudrait ajouter que le niveau de réserves de l’OPEP (le seul espace géographique qui n’a pas encore dépassé le pic pétrolier) n’est pas connu de source sûre, mais il est très vraisemblable qu’il soit généreusement sur-évalué.
Non seulement la ressource s’épuise officiellement, mais les déchets (effet de serre et changement climatique) feront sentir leurs effets pendant très longtemps : à force de mépriser la Biosphère, les humains ont tressé la corde pour se pendre.
25.11.2005 Du nucléaire au pétrole
Dans les années 1970 se constitue l’OPEP (organisation des pays exportateurs de pétrole), mais ce cartel de pays reste globalement sous le contrôle des puissances occidentales. Par la suite les deux chocs pétroliers (forte augmentation du prix du baril) successifs ne sont pas dus à une volonté structurelle de l’OPEP de faire payer la rareté croissante du pétrole, mais à des raisons politiques complètement conjoncturelles (de court terme). Après la guerre du Kippour en 1973, le quadruplement du prix du baril n’est que le soutien des pays arabes à une Egypte en train de perdre la guerre contre Israël. Par la suite, c’est l’arrivée de l’imam Khomeyni en 1979 qui renverse le Shah en Iran et déstabilise le marché. Aujourd’hui le monde occidental risque encore d’être confronté à un choc pétrolier accéléré pour des raisons politiques : l’Iran voudrait avoir une politique nucléaire indépendante et face aux menaces américaines et européennes de sanction, elle envisageait en septembre 2005 d’user de l’arme pétrolière. Il est vrai que l’Iran détient les deuxièmes réserves de pétrole de la planète derrière l’Arabie Saoudite, et les deuxièmes réserves de gaz naturel après la Russie. De plus, alors que la coupure d’une source d’approvisionnement pouvait être compensé jusqu’alors par d’autres pays, il n’existe plus désormais que de faibles capacités d’extraction supplémentaires.
La Biosphère, qui souhaite depuis longtemps un baril à plus de 100 dollars (et même très vite à 1000 dollars !), constate avec regret que les humains n’économisent pas par raison une ressource non renouvelable : il leur faut un conflit inter-humain ou l’arrivée de l’inéluctable, l’épuisement quasi-total de la ressource. Dire que leur cerveau est surdéveloppé, disons plutôt surdimensionné !
26.11.2005 Un baril à 360 dollars ?
A la fin du mois de mars 2005, la banque d’affaires Goldman Sachs avait fait sensation en affirmant que le prix du baril de pétrole pourrait prochainement atteindre 105 dollars. Quelques semaines plus tard, l’institution financière Ixis CIB évoquait la possibilité d’un cours du baril à 360 dollars en 2015. Le même organisme notait d’ailleurs que si le prix du pétrole avait augmenté depuis 1974 au rythme optimal d’une ressource épuisable, il vaudrait déjà 122 dollars en 2005 (alors qu’il ne côte que 66,6 dollar au 22 septembre). En effet, il y a une grande incertitude au niveau de la pérennité de l’offre : les estimations des réserves varient de 780 milliards à 1100 milliards de barils et début 2004 Shell avait reconnu avoir surestimé de 20 % ses réserves prouvées ; que dire de l’état des réserves en Arabie Saoudite ! Du côté de la demande au contraire, une forte certitude, les besoins en énergie de la Chine et d’autre pays émergents sont immenses. C’est pourquoi l’OCDE a déjà décidé de ne plus établir de prévisions sur le cours du pétrole !!! Mais les automobilistes de la classe globale continuent de faire comme si de rien n’était, sauf à réclamer des baisse de prix de l’essence ou du fioul quand le baril s’embrase.
Dans une Biosphère qui sera de moins en moins généreuse, avec des ressources fossiles qui disparaîtront prochainement et un réchauffement climatique qui ira en s’amplifiant, les humains restent de petits êtres irresponsables qui dilapident l’or noir de la planète sans penser aux lendemains qui déchantent : après moi le déluge, disent-ils, ils vont l’avoir, la sécheresse en prime !
27.11.2005 Moins de pétrole, plus de pauvres
Les pays pauvres importateurs de l’or noir n’ont pas fini de souffrir. L’Etat prenait souvent à sa charge l’écart entre les cours mondiaux et les tarifs intérieurs, c’était le seul moyen de rendre l’essence et le combustible domestique accessible à des populations très démunies. Comme ils connaissent maintenant un nouveau choc pétrolier avec un baril autour de 60 $, l’alourdissement de la facture pétrolière devient insupportable pour les budgets publics et les balances des paiements. Le poids de la facture énergétique peut en effet dépasser dans certains pays 5 % du PIB (1,75 % pour la France en 2004) et leur industrialisation peu efficace reste très énergivorace. Le coût du pétrole risque même d’annuler les effets bénéfiques de l’effacement récent de la dette multilatérale envers les 18 pays les plus pauvres. Même si le président Hugo Chavez d’un Venezuela pétrolier donne des facilités de paiement en Amérique central (pour réduire ainsi l’influence des Etats-Unis dans cette zone), même si les pays de l’OPAEP pourraient faire de même dans leur zone géographique, les pays pauvres importateurs de l’or noir qui ne veulent pas rogner dans les budgets consacrés à l’éducation ou la santé seront obligés de pratiquer la vérité des prix en affrontant le mécontentement populaire qui en résultera. Mais ce sont les voitures de la classe globale qui devraient être mises à la casse, tant que les pays riches ne donneront pas l’exemple de la sobriété énergétique, les inégalités mondiales s’accentueront.
De toute façon la meilleure solution dans l’intérêt bien compris de la Biosphère comme des humains est de laisser le plus rapidement possible des ressources fossiles dans les profondeurs de la Terre dont elles n’auraient jamais du sortir.
Ressources halieutiques
11.03.2005 le meilleur des mondes
La surexploitation des ressources halieutiques a conduit la proportion des espèces de poissons en danger ou épuisées à passer d’environ 10 % dans les années 1970 à 24 % en 2003. Mais l’humanité à des idées, on s’achemine vers la mise en place d’aires marines protégées couvrant 20 à 30 % de la surface des mers. On pourrait ainsi créer un million d’emplois de gendarmes des mers pour contrôler trois à quatre millions de pêcheurs menaçants un capital naturel enfin sauvegardé ou presque.
Heureux pêcheurs qui pourront devenir gendarmes, tant pis pour tous les exclus du système : ils n’avaient qu’à faire attention à la Biosphère un peu plus tôt.
13.05.2005 sauvages ou engraissés ?
Sauvages ? Le stock de thons rouges a subi dans les années 1980 au large des USA une baisse estimée à 80 %. Aujourd’hui en Méditerranée et Est-Atlantique le taux de productivité du stock disponible pour une pêche durable est estimé à 25000 tonnes par an alors qu’on en prélève à peu près le double. Une chose est donc sûre, les humains mangent directement le capital et non plus seulement les intérêts que fournissait gratuitement la Nature. Alors certains vont dire : « Faisons de l’élevage ! »
Engraissés ? Les fermes de thons en Méditerranée représente un tonnage de 38 000 tonnes pour lesquels il faut fournir 22500000 tonnes de petits poissons (sardines, anchois). Pour un kilo de thon, il faudrait donc 60 kilos de poissons ! Non seulement on peut souligner la déperdition de ressources, mais on peut aussi évoquer un autre danger : un de ces tout petits poissons peut être porteur d’un gros virus exotique qui pourrait affecter tout l’écosystème méditerranéen. Ce n’est pas une pure supposition, c’est déjà arrivé en Australie, et la biomasse a régressé de 70 % !
Alors, sauvage ou engraissé sur votre table ? Ni l’un, ni l’autre.
10.09.2005 Des océans qui se vident
Une étude statistique réalisée par l’Institut de recherche pour le développement montre qu’un quart des pêcheries mondiales a connu un effondrement. Jusqu’à présent l’optimisme régnait car on estimait que lorsque les quantités de poisson capturés restaient stables d’une année sur l’autre, le renouvellement des espèces était conservé. En réalité un effondrement est intervenu ces cinq dernières années chez tous les types de poissons, et davantage encore pour les espèces en eau profonde comme la morue, le haddock et le saumon. En effet les capacités de pêche ont augmenté d’une manière si importante que le rythme des captures a pu rester stable pendant longtemps alors que les océans se vidaient de leurs ressources halieutiques. Ainsi, malgré l’interdiction de la pêche à la morue au Canada depuis 1992, la population ne se renouvelle toujours pas.
Dans la Biosphère sous-marine, des poissons en nombre de plus en plus petit cherchent désespérément à se reproduire, le nombre de célibataires s’accroît, c’est la décroissance démographique marine qui précède celle des humains.
21.11.2005 Moratoire sur la pêche profonde !
Les monts sous-marins agissent comme des centres de spéciation (évolution de nouvelles espèces), comme des refuges pour des populations résiduelles et comme des lieux de rebonds pour la dispersion des espèces à travers les océans. Mais la pêche profonde qui exploite des fonds dépassant 400 mètres menace ces milieux en prélevant à l’excès des espèces de poissons qui ont un taux de renouvellement très lent à cause du froid des profondeurs. L’hoplostète orange sert d’avertissement : son exploitation a commencé au large de la nouvelle Zélande dans les années 1970, elle a atteint 60 000 tonnes en 1989 avant de décliner rapidement : aujourd’hui l’espèce n’est plus qu’à un sixième de son niveau originel. Au-delà des zones économiques exclusives de 360 km à partir des côtes (tel que défini par la Convention sur le droit de la mer en 1982), la souveraineté des Etats disparaît et plus personne ne peut empêcher quiconque de se servir à volonté et immodérément dans ces zones de non-droit. L’Assemblée générale des Nations unies a discuté en octobre de l’interdiction de la pêcherie profonde, mais les moyens de contrôle manquent terriblement et certains agitent déjà le spectre de la survie économique des pêcheurs.
La Biosphère vous dit : vous ne devez pas pêcher dans les régions océaniques où aucune souveraineté humaine s’exerce car vous portez alors atteinte à la souveraineté des écosystèmes, et donc à vous-même : la survie des pêcheurs passe par la stabilité de la ressource, l’instauration d’immenses réserves naturelles pour les poissons est devenue nécessité vitale.
23.11.2005 Dynamique de la crise
Que ce soit au Canada, en Europe ou ailleurs, chaque pêcheur est aujourd’hui individuellement conscient que leur catégorie professionnelle va collectivement à la catastrophe. Mais chaque pêcheur sait également qu’en situation de rareté générale, le poisson qu’il ne prend pas immédiatement sera pris par un autre. Il est donc condamné à pêcher tout ce qu’il peut dans un minimum de temps tout en sachant pertinemment que cela aggrave le processus de catastrophe collective. Alors les Etats côtiers veulent étendre encore plus loin vers le large leur juridiction, mais cela ne suffit pas et ils doivent instaurer des quotas de pêche, puis subventionner une partie de leurs pêcheurs pour les empêcher de pêcher, enfin interdire un jour ou l’autre la pêche à la morue et aux anchois…
Il y a bien longtemps que les humains auraient du comprendre que l’ami des pêcheurs et l’ami des poissons fréquentent le même océan et que l’essentiel n’est jamais la dynamique de la croissance, mais la gestion collective de la stabilité.
Folie humaine
Folie américaine
19.03.2005 Dieu m’a dit
« Je me suis vu confié une mission par Dieu. Dieu m’a dit : ”Georges, va combattre ces terroristes en Afghanistan”. Et je l’ai fait. Et puis Dieu m’a dit : ”George, va mettre fin à la tyrannie en Irak”. Et je l’ai fait ». Et comme George Bush était en présence du premier ministre palestinien (en juin 2003), Bush rajoute : « Et de nouveau maintenant je sens le verbe de Dieu venir en moi : ”Va donner aux palestiniens leur Etat et aux Israéliens leur sécurité, et fait la paix au Moyen-Orient”. Et Dieu m’est témoin que je vais le faire ! ». La Maison Blanche s’est refusée à commenter ce qu’elle a présenté comme une conversation privée. Mais on ne peut que constater dans ces discours la malignité des humains qui disent que ce sont paroles de Dieu alors qu’il ne s’agit que de mettre en musique petits et grands arrangements (ou dérangements) entre humains. L’expression « Dieu m’a dit » veut dire en fait qu’on peut faire n’importe quoi !
Seul le respect des équilibre de la Biosphère mérite l’expression ”Biosphère m’a dit ”, car il s’agit là d’une réalité objectivée et digne d’une approche scientifique. Qu’est-ce qui va mal dans les écosystèmes et que peut-on faire en tant qu’humain pour y remédier ?
2.04.2005 Un psy pour les Américains ?
Les Etats-Unis acceptent de traduire les auteurs présumés des exactions au Soudan devant la Cour pénale internationale, mais à la condition expresse qu’aucun Américain ne puisse être poursuivi, même s’il était parmi les bourreaux. Les Etats-Unis vont sans doute décider de sacrifier leur réserve naturelle en Alaska puisqu’on y trouve le pétrole tellement nécessaire à leur appétit d’obèses (en voitures). Ces quelques signes cliniques auxquels s’ajoutent bien d’autres symptômes vont tous dans le même sens, ceux qui dirigent les Etats-Unis sont très très malades.
Il faudrait d’urgence essayer de les guérir, de gré ou de force !
23.04.2005 La mort orange
L’armée américaine a fait usage de dioxine entre 1962 et 1970 pour déboiser les zones ennemies au sud vietnam. Il s’agit d’un contaminant liposoluble d’origine industrielle, qui détruit la végétation, pénètre le sol jusqu’à plus de 2 mètres de profondeur et peut rester actif plus de vingt ans. La dissolution de 80 grammes de dioxine dans un réseau d’eau potable pourrait éliminer 8 millions de personnes, les Américains en ont déversé 336 kilos mélangés à 40 millions de litres d’agent orange.
Comme la Biosphère croit savoir que les incinérateurs fabriquent aussi de la dioxine, elle se demande : est-ce le plus cher des désirs des humains que de s’entretuer, et d’entraîner le reste de la planète avec ?
4.07.2005 Suprême indécision
Dans une Amérique qui se judiciarise, la Cour suprême joue le rôle d’arbitre sur les questions de l’organisation socio-politique tout en restant le reflet d’une société profondément divisée sur la prière à l’école, le droit de perquisitionner des propriétés privées, la peine de mort… Les décisions de la Cour ne tiennent donc qu’à un fil et souvent Sandra Day O’Connor, la première femme à siéger à un tel poste, faisait pencher la balance (5 contre 4) grâce à son tempérament centre-gauche. Mais le Président conservateur Bush va la remplacer car elle démissionne à 75 ans. Les progressistes se lamentent déjà.
Mais la Biosphère se sent encore plus mal en voyant des procédures démocratiques si fluctuantes alors qu’on juge seulement des affaires inter-humaines. En effet, quand il s’agira de juger du rapport entre les humains et l’environnement, elle prévoit déjà un verdict catastrophique : les humains ont un cerveau trop développé pour percevoir autre chose que leurs petites préoccupations personnelles…
13.09.2005 Les USA contre l’ONU
Du 14 au 16 septembre, près de 175 chefs d’Etat ou de gouvernement se retrouvent à New York pour amender les statuts de l’ONU. Mais le représentant de G.Bush exige par avance qu’on supprime l’expression « respect de la nature » ainsi que la promesse de « n’épargner aucun effort pour promouvoir et renforcer l’efficacité de l’ONU », qu’on élimine toute contrainte imposée sur la politique américaine, en particulier en effaçant toute allusion à l’obligation qui est faire aux puissances nucléaires de renoncer à terme à l’arme ultime, en faisant disparaître les références au protocole de Kyoto ou même la formule reconnaissant que « le changement climatique est un enjeu sérieux ».
Vous voulez le nom de ce criminel de guerre (contre la Biosphère) ? Il s’agit de John Bolton, fidèle valet nommé par G.Bush nouvel ambassadeur américain à l’ONU, personnage sinistre qui a émis pas moins de 700 amendements douteux contre un texte reconnu valable par la communauté internationale. Appeler à l’assassiner paraîtrait un supplice trop doux… (rappelons que Pat Robertson, évangéliste très connu et ami de G.Bush a appelé à assassiner un dirigeant politique démocratiquement élu en Amérique du Sud !)
19.12.2005 Le bord du gouffre
Non seulement les Américains fragilisent le fragile équilibre de l’économie mondiale, mais ils détériorent aussi l’état des ressources naturelles et le régime climatique. Qu’ils entraînent tous les humains dans leur chute ne sera pas juste châtiment, ce sont les plus gaspilleurs qui doivent faire le plus d’efforts vers une simplicité volontaire, forcé si nécessaire. Mais qui peut obliger les Américains à fait ce qu’ils doivent faire ? Les Américains veulent tellement consommer tout et tout de suite qu’ils n’épargnent maintenant que 0,9 % de leur revenu. Leurs importations creusent tellement le déficit commercial qu’il passera de 616 milliards de dollars en 2004 à plus de 650 milliards en 2005, soit 6,5 % du PIB. A titre de comparaison, la balance commerciale de l’UE était excédentaire en 2004 de 6 milliards de dollar et celle du Japon de 141 milliards. De plus le gouvernement fédéral vit aussi à crédit, les 412 milliards de dollars de déficit en 2004 vont être allègrement dépassé. Il faut donc que quelqu’un paye pour maintenir le niveau de vie du pays le plus riche de la planète, c’est pourquoi 70 % de l’épargne mondiale s’investit en dollars américains.
Mais il faudra bien un jour ou l’autre que les Américains payent la facture et l’atterrissage sera d’autant plus brutal que l’excès de liquidités de l’économie mondiale (11 000 dollars) est propice à un renversement de tendance boursière. C’est pour bientôt, dès que le pessimisme adviendra sur des marchés financiers qui veulent aujourd’hui régenter le monde : la Biosphère obligera l’Amérique par l’intermédiaire d’un krach boursier. Tous les moyens sont bons pour ramener les humains à la raison.
Folie chinoise
9.04.2005 Chinoiseries
En quarante années, les Chinois ont multiplié leur production céréalière par quatre. Ainsi ils ne dépendent plus du Programme Alimentaire Mondial même s’ils ont encore importé 8 millions de tonnes de blé en 2004. Cependant ils perdent de la superficie agricole utile à cause de l’expansion trop rapide des surfaces urbanisées et leurs nappes phréatiques baissent dangereusement. L’avenir reste donc sombre pour les 20 % de la population mondiale qui se nourrissent sur seulement 7 % des terres arables de la planète.
La Biosphère peut alors proposer de choisir entre trois solutions :
1) que les Chinois restent ou deviennent végétariens, la nourriture carnivore nécessitant environ 7 fois plus de calories végétales.
2) que les Chinois exportent encore plus de vêtements vers les pays occidentaux.
3) que les Chinois approfondissent le modèle d’un seul enfant par famille.
Quelle est la solution qui te parait la meilleure ?
6.05.2005 La Grande muraille
Selon des sources bien informées, on verrait presque la Grande Muraille depuis l’espace. Il est vrai que bien d’autres constructions humaines seraient également visibles, telles que les aéroports et le troisième périphérique routier autour de Pékin.
Dans l’avenir du futur les archéologues, s’il y en a encore, dégageront sous des mètres de sédiments quelques centimètres carrés de routes en disant : voici les vestiges d’une civilisation inconsciente qui a cru que la longueur des routes pour automobiles était le summum du progrès alors que cela annonçait le commencement de la fin de l’emprise humaine sur la Biosphère.
7.06.2005 Horreur mondialisée
La Chine ne fait que découvrir les problèmes insolubles qu’entraîne l’exode rural provoqué par la croissance économique. Le réalisateur chinois Jia Shang-ke met en scène les Min-gong, les travailleurs migrants venants des campagne, et ses films ont été interdits par la censure chinoise par qu’ils peignaient trop bien l’envers du miracle économique. Il y a 170 millions de personnes déracinées en Chine, la plus grande migration de tous les temps qui reproduit en accéléré l’urbanisation de la Grande Bretagne qui s’est étalée sur 200 ans au moins. Son dernier film « The World », pour une fois autorisé, met en scène de jeunes ruraux embauchés dans un parc d’attraction à Pékin : ils se contentent d’un imaginaire formaté par la télévision et d’un échange limité aux mini-messages sur portables, comme les occidentaux du monde capitaliste ! Il est vrai que la mondialisation libérale entraîne l’uniformisation culturelle et la même difficulté de vivre.
Autrefois Mao Zedong avait limité la croissance des villes, un jour les urbains retourneront à la terre.
16.06.2005 L’année du dragon
Les nuées de bicyclettes qui symbolisaient hier les villes chinoises ont maintenant disparues des villes, remplacées par des files de voitures dans les embouteillages. La Chine ressemble à l’Amérique des années 1920, construisant des dizaines de villes nouvelles et des milliers de gratte-ciel. Mais si les USA ont pu dépasser la grande crise de 1929, ce fut grâce à l’automobile et donc au pétrole à bas prix contenu dans le sous-sol américain. Aujourd’hui La Chine manque déjà cruellement d’énergie, elle importe 8 % du pétrole mondial, enlevant même au Japon son rang de 2ème importateur mondial de brut après les Etats-Unis. La Chine est aussi devenue le premier client pour quasiment toutes les autres matières premières : les prix grimpent et les pénuries se font de plus en plus nombreuses, l’acier un jour, les céréales un autre. Les centrales électriques chinoises sont toujours surchargées et on envisage la construction de nouvelles tranches nucléaires. La Chine va donc à l’abîme à une vitesse toujours plus grande, elle entraînera le monde entier dans sa chute car le pétrole (et toutes les matières premières non renouvelables), ce sera bientôt le passé : le pic pétrolier américain est dépassé depuis l’année 1970, la production mondiale de brut commencera à baisser dans cinq ou dix ans.
Parce que la marche correspond déjà à 4,5 grammes équivalent pétrole par km/piéton et la voiture à 58 grammes (quand elle est occupée par 1,3 passagers), bientôt le monde entier roulera en bicyclette (soit 1,5 grammes), comme la Chine des années 1920 !
2.07.2005 Les Chinois, meilleurs que les Occidentaux ?
La croissance chinoise est fantastique, tellement fantastique que la production d’électricité augmente de 15 % en moyenne annuelle depuis 2003. Mais la stratégie de « se développer d’abord, puis contrôler la pollution ensuite » est en train d’aboutir au désastre. Les dix provinces de l’ouest subissent une perte équivalente à 13 % du PIB de la région en raison des détériorations environnementales, les deux tiers des villes chinoises font face chaque année à des pénuries d’eau, la pollution des rivières est généralisée, les émission de dioxyde de soufre en provenance des centrales thermique au charbon provoquent des pluies acides…
Le SEPA, administration d’Etat pour la protection de l’environnement, tire la sonnette d’alarme, mais la Biosphère sait déjà que ces gens-là vont être écouté par des sourds, comme dans les pays occidentaux !
Folie française
2.05.2004 Un don de la terre, l’amiante
L’amiante est un minéral magique, une fibre ignifuge qui a été utilisé dans les plafonds, les parois isolantes, les dalles de sol… de presque la moitié des 30 millions de logements français. On s’en servait pour fabriquer les grille-pains et les freins de voiture, un véritable miracle mis à disposition des humains par la Nature. Mais ce produit a été classé cancérigène en 1977 et les travailleurs de l’amiante meurent de nos jours dans les souffrances atroces du cancer de la plèvre. Il faut dire que le complexe politico-affairiste a tout fait pour que les mesures de protection interviennent le plus tard possible. Mais là n’est plus le problème principal car à l’amiante succède bien d’autres périls. Ainsi faudrait-il s’interroger sur les produits de consommation courante, issus de l’emprise de la chimie sur les activités humaines, qui ont été déclaré inoffensif aujourd’hui faute d’analyse suffisante ou de non-transparence des analyses, et qui demain seront déclarés destructeurs.
Le programme européen REACH (Registration, Evaluation, Authorization of CHemicals) n’est pas encore en application, tout juste en début de discussion ! Les humains risquent de s’empoisonner encore plus vite qu’ils n’empoisonnent la Biosphère !
22.05.2005 Misère de la philosophie
Paul Ricoeur vient de mourir à 92 ans en laissant une œuvre tellement ambitieuse qu’il suffit d’en retenir quelques mots : « Jusqu’à présent, on considérait quelqu’un comme responsable seulement d’actes passés dont il était reconnu être l’auteur. Hans Jonas conçoit au contraire une responsabilité tournée vers le futur lointain, quelque chose nous est confié qui est essentiellement fragile. Il peut s’agir de la vie ou de l’équilibre de la planète » .
On s’attendrait alors à de vastes analyses philosophiques sur l’incertitude de l’action humaine en matière écologique, que nenni : Paul Ricoeur s’intéresse immédiatement après à la survie de la Cité, cette enceinte politique qui n’envisage que l’actuel présent.
23.07.2005 Rainbow Warrior
L’épisode du sabordage en 1985 du bateau de l’association Greenpeace « Rainbow Warrior » par ordre du président Mitterrand est révélateur. Au lieu de se solidariser avec les militants de Greenpeace (dont un journaliste mort), les Français ont soutenu la politique de dissuasion nucléaire de leur gouvernement : que Greenpeace se contente de sauver les baleines ! Les bureaux de Greenpeace-France ont fermé en 1987 faute d’adhérents pour ne rouvrir qu’en 1990. L’Allemagne de son côté a renoncé à se doter de la bombe atomique dès les années 1950 et Greenpeace est perçu comme agissant pour le bien de l’humanité. Alors que la France possède maintenant du nucléaire civil à haute dose, l’Allemagne s’est engagé en 1998 de sortir du nucléaire au profit d’énergies alternatives ou renouvelables. Greenpeace n’a donc aujourd’hui que 25 000 adhérents en France, plus de 600 000 en Allemagne.
La Biosphère nous dit : « Ils sont fous ces Français ! »
25.09.2005 Des députés à la merci des lobbies
Un amendement adopté mi-octobre par les députés avec le soutien du gouvernement crée un Conseil de modération et de prévention qui pourra « modérer les campagnes de prévention » contre l’alcoolisme comme se félicite le député UMP Ph.A.Martin, coauteur d’un Livre blanc. Cet amendement voté par les députés toutes étiquette confondues met sous tutelle la santé publique alors que l’alcoolisme entraîne 45 000 décès annuels en France et expose 5 millions de personnes à des difficultés médicales, psychologiques et médico-sociales. Le lobby agricole a gagné contre la protection de la santé publique, alors pourquoi pas demain un « conseil de modération » permettant à l’industrie agroalimentaire de contrôler aussi les campagnes de lutte contre l’obésité ? Comme disent les humains, la démocratie est la pire des choses, mais tous les autres systèmes politiques sont bien pires.
Si les députés étaient en phase avec la Biosphère, ils détermineraient ce que la terre peut offrir durablement, et s’apercevraient que vignerons et distilleries sont de trop. En effet les vignes empiètent tant sur les autres cultures que sur l’espace nécessaire pour assurer la biodiversité. La voie de l’accomplissement, c’est de constater que l’alcool n’apporte rien aux humains et enlève à d’autres, les non-humains.
14.11.2005 Feux de voitures !
Ce n’est pas nouveau, il remonte au début des années 1990 et a longtemps été associé à la ville de Strasbourg : on transforme le véhicule en torche et on contemple les résultats à la télé. Mais l’année 2005 bat les records, 28 000 voitures incendiés depuis janvier et les dernières nuits parmi les plus chaudes décomptent les feux de voitures par centaines en France. Les évènements de ces derniers jours ne sont donc qu’une exaspération d’un phénomène qui prenait déjà de l’ampleur. Pourtant les véhicules qui partent en fumée ne sont le plus souvent que les moyens de déplacement de gens modestes, on est loin des autos renversées pour nourrir les barricades de mai 1968, on est très loin de contester la société de consommation puisqu’on bénéficie au contraire de ses illusions, même s’il s’agit de se payer la BMW avec un petit trafic de cannabis. Ces jeunes des banlieues sont à mille lieux de s’apercevoir de leur aliénation dans une société formatée par l’industrie automobile et celle du spectacle médiatique, ils sont très loin de calculer la disvaleur des bagnoles en termes d’émission de CO2 par kilomètre parcouru.
Si tous ces jeunes étaient conscients des enjeux, ils commenceraient par faire brûler les 4X4, et si la leçon ne suffisait pas, tous les véhicules à plus de 130 grammes de CO2 par kilomètre. Alors là tout changerait et la Biosphère commencerait à respirer : on peut toujours rêver, n’est-ce pas ?
25.12.2005 Champion d’Europe du médicament
L’acte médical devrait rester une relation interindividuelle aidée par la technique et non l’inverse. Avec 30 milliards d’euros de dépenses, la France demeure pourtant le premier pays prescripteur de médicaments en Europe. Les Français ne consultent les médecins guère plus que les autres, mais 90 % des visites se concluent par la délivrance d’une ordonnance contre 83 % en Espagne, 72 % en Allemagne et 43 % aux Pays-Bas. Paradoxalement 80 % des Français interrogés considèrent qu’une consultation ne doit pas forcément se terminer par la délivrance de médicaments : on attend du praticien qu’il explique ce dont on souffre, qu’il fasse preuve d’une bonne écoute et donne des conseils utiles. Explication de cette contradiction, si beaucoup de médecins croient que le patient attend des médicaments, c’est parce qu’ils ont été formés au curatif au détriment du préventif, parce qu’il ont été formatés par l’industrie pharmaceutique à prescrire le remède miracle. Il y a maintenant près de 7000 marques qui se font concurrence alors que la dénomination commune internationale (DPI), l’espéranto du médicament, ne compte que 1700 substances thérapeutiques. Une commission de la transparence en France a évalué 1100 médicaments ordinaires : un quart n’avait pas fait la preuve de son efficacité. Bien plus, les médicaments sont sommés aujourd’hui d’améliorer le bien-être de gens qui ne sont pas malades, que ce soit pour maigrir ou pour faire l’amour. Dans le même temps les pays pauvres sont ignorés des laboratoires pharmaceutiques. En fait les humains peuvent faire de la bonne médecine avec trente médicaments seulement, la volonté de décroissance humaine passe aussi par l’acceptation de la maladie et de la mort.
Pour la Biosphère, si tu es raisonnable, tu ne désires que des médicaments génériques, si tu deviens un sage tu limites l’usage de médicaments, quand tu es proche de la perfection tu laisses ton corps se soigner par ses propres moyens.
30.12.2005 Les der des der !
Sur les 18 millions de combattants français de 14-18, il ne sont plus officiellement que six poilus encore vivants au 11 novembre 2005. Louis de Cazenave s’exclame à l’âge de 108 ans sur la guerre qu’il a pratiquée: « Hay, hay, hay ! Un truc absurde, inutile ! A quoi ça sert de massacrer des gens ? Rien ne peut le justifier, rien ! La gloire, l’héroïsme, c’est de la fumisterie… Le patriotisme, un moyen de vous faire gober n’importe quoi ! » Giustino Tuveri a été blessé à la jambe, puis au dos. Ce jour-là dans le Chemin des Dames il était parmi les 800 hommes qui sont partis à l’assaut, il y a eu 19 survivants. On lui a extrait une balle sans anesthésie et il a toujours dans l’oreille le bruit du scalpel qui coupait la chair. Ferdinand Gilson parle encore couramment l’Allemand à 107 ans, une langue apprise avant 1914 : « « Ce peuple m’a toujours intéressé. L’amitié entre nos deux pays, l’Europe sont la plus belle choses du XXe siècle avec le jour où l’homme a marché sur la lune. »
La Biosphère s’étonnera toujours de l’aptitude des humains à se faire des guerres inutiles, mais elle espère que la construction pacifique de l’Europe permettra un jour d’aller beaucoup plus loin que l’établissement de la paix entre européens, qu’elle permettra aussi aux humains de faire la paix avec la Nature. Le chemin est incertain, les Français ont même rejeté par référendum du 29 mai 2005 l’approfondissement de l’Union européenne grâce à une Constitution…
1.1.2006 Bonne année 2006
Au début des années 1970 une polémique était née de la proposition du socialiste Sicco Mansholt, alors commissaire européen, de substituer au PNB (produit national brut) le Bonheur national brut et de modifier pour y arriver les modes de croissance. Cette proposition avait crée un débat extrêmement polémique en France et le parti communiste dénonçait à l’époque une nouvelle trahison de classe de la part des socialistes ! En 2005 les mentalités n’ont pas beaucoup bougé, même si le rapport Brundtland en 1987 sur le développement durable et la conférence de Rio en 1992 qui l’a officialisé ont voulu que l’environnement ne soit plus méprisé par le système économique et social. Mais l’appel d’Heidelberg (signé entre autres par les frères ennemis Cl.Allègre et H.Tazieff) réunissait des « scientifiques » qui s’inquiétait de « l’émergence d’une idéologie irrationnelle à l’aube du XXIe siècle » a pourtant occulté la prise en compte de l’écologie en France. Il n’y a pas grand chose à attendre de certains scientifiques qui hurlent au loup alors qu’ils encouragent les prédateurs humains.
Mais la Biosphère ne se décourage pas et souhaite pour l’année 2006 une véritable pandémie de sobriétés énergétiques et de simplicités volontaires dans le monde entier.
Folie mondiale
26.04.2005 Conflit de régulation
La Biosphère est un système autorégulé de mécanismes interdépendants qui assurent sa reproduction évolutive dans le temps. Le marché est un mécanisme autorégulé qui assure la reproduction de la force de travail et l’accumulation du capital. Mais le marché a aussi transformé le travail en marchandise au XIXe siècle, puis aujourd’hui la personne toute entière, soumise à la société programmée et maintenant la Biosphère, c’est à dire tous les écosystèmes et leur biotope : même l’eau, source de vie, est devenue un bien marchand. Les cycles de l’eau, de l’air et de la terre sont profondément perturbés par l’activité humaine, les deux systèmes de régulation entrent donc en conflit, ce qui se manifeste pour les humains (comme pour les non-humains) par le stress hydrique, le réchauffement climatique et la perte de biodiversité.
Les générations futures ne peuvent sortir vainqueur de ce combat inégal entre le marché libéral et la Biosphère !
16.07.2005 Péril en la demeure
Les humains ont déjà beaucoup de raison d’être inquiets. Il y a les problèmes de l’environnement (réchauffement climatique, perte de biodiversité, épuisement des ressources halieutiques, pollution des sols et des mers, déforestation, pénurie d’eau douce). Il y a aussi les problèmes strictement humains comme la pauvreté, le manque d’éducation, le terrorisme, les pandémies, les catastrophes naturelles. Face à cela, il y a l’insuffisance des règles, qu’elles soient fiscales, monétaires, bioéthiques, policière, commerciales ou canalisant les migrations.
Mais cette liste n’est pas complète, cinq grandes vagues de menace arrivent à l’horizon :
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- Le vieillissement qui creuse déjà des dette énormes et annonce des conflits intergénérationnels.
- Une nouvelle division internationale du travail qui repose sur les délocalisations tous azimuts.
- Le coût du pétrole et une probable pétroapocalypse à venir avec un chômage en conséquence.
- Une géopolitique où s’affronteront les blocs américains, européens et chinois (entre autres !)
- La montée des idéologies de repli identitaire ou religieux à la mesure d’un stress croissant.
La Biosphère se demande encore pourquoi les humains ne réagissent pas !
17.09.2005 Alliance des dealers
Le partenariat de la formule 1 avec le milieu des cigarettiers est taboue, secret, impossible à chiffrer. Malgré l’importance des sommes financières en jeu, rien ne filtre, on peut seulement évaluer approximativement au tiers des budgets annuels la subvention qu’attribue les vendeurs de drogue aux profiteurs du sport automobile. Il est vrai qu’une course de formule 1 « rassemble » 150 millions de spectateurs, l’alliance Tabac-Auto-Médias est donc totale. Les opérations de lobbying sont ainsi à l’œuvre : la Fédération internationale n’a pas hésité en 2003 à supprimer du calendrier le Grand prix de Belgique, ce pays ayant décidé d’appliquer par avance la directive européenne interdisant la publicité et le parrainage des manifestations sportives par les marques de tabac. Des pays comme l’Allemagne et l’Espagne traînent encore les pieds pour transposer cette directive européenne pourtant entrée en vigueur le 30 juillet dernier.
Les humains sont trop imprégnés de leurs petits plaisirs frelatés « offerts » par le système thermo-industriel : ils ne peuvent se réveiller, encore moins penser à la Terre, à l’Air et à la Mer. Ce n’est pas durable.
20.12.2005 Histoire de la folie
On a beaucoup discuté au cours de l’année 2005 à propos de l’entrée de la Turquie dans l’UE, on n’est jamais rentré au cœur des choses. Il faut constater que les manuels turcs officiels dans les établissements scolaires ne consacrent que 10 % à l’histoire mondiale et tout le reste à l’histoire turque. Le succès des livres plus « ouverts » reste limité aux lycées d’élite et au nombre de voyages à l’étranger faits par les enseignants. La question arménienne en particulier est complètement ignorée de l’opinion publique turque pour la bonne raison qu’on n’en parle jamais et surtout pas dans les manuels scolaires. Mais la Turquie n’est pas une exception, il faut noter que l’éducation en Europe reste officiellement à l’entière discrétion de chaque Etat-membre : une mémoire orientée n’est donc pas seulement la spécialité des systèmes autocratiques qui prétendent soumettre les faits à leur propre conception. Les historiens sont en effet pour la plupart des nationaux, défenseurs acharnés d’un fragment de terre unique. L’histoire enseignée à l’école de tous les pays offre peu d’ouverture sur le monde, très peu d’ouverture sur la science, encore moins d’ouverture sur ce qui n’est pas humain : dans les écoles élémentaires françaises, deux explorateurs et deux savants seulement, mais par contre deux ministres, six militaires et dix monarques ; seulement deux non-Français dans cette liste, Christophe Colomb et Jules César. Le choc des nations est une construction historique. Pourtant l’ histoire humaine n’est pas celles des ethnies particulières, même pas celle des hominidés, elle est aussi ce qui récuse toute forme d’ethnocentrisme pour se centrer sur les relations de l’humanité et de la Biosphère. Ce qui importe, ce sont les histoires des déséquilibres que les pratiques agro-industrielles ont entraîné dans le passé comme dans le présent et les perspectives d’avenir souhaitable pour les générations suivantes comme pour les non-humains.
L’histoire formate l’esprit humain, l’idéologie du territoire national doit laisser place au sens du biotope. Les écoliers ne doivent plus apprendre le temps des Capétiens qui défendent leur royaume contre ses voisins (histoire inversée chez les autres pays concernés), mais le niveau de respect des forêts et des autres espèces qu’on pouvait avoir à l’époque. Tu dois cultiver la compréhension de tes semblables les homo sapiens, mais surtout retrouver tes racines dans la Nature.
23.12.2005 L’inégalité généralisée
Le rapport 2005 du Fonds des Nations unies pour la population indique que l’inégalité des sexes est encore flagrante dans l’accès à l’école, 600 millions de femmes analphabètes contre 320 millions d’hommes. Pourtant ce sont les femmes qui fournissent plus de 60 % de la production vivrière, qui ramassent le bois ou font la corvée d’eau ; mais elles n’en reçoivent qu’une reconnaissance infime de la part des hommes. En effet une femme sur cinq sera au cours de sa vie victime de viol ou d’une tentative, la violence des hommes tue ou rend infirme, le trafic des être humains est en train de dépasser en importance la contrebande de drogues. Comment espérer dans une société qui ne reconnaît pas l’égalité des sexes même dans le couple, comment faire comprendre à tous qu’il y a unicité de l’espèce humaine au delà des différences physiques secondaires ou des différenciations ethniques, comme passer de la compassion entre êtres humains à la conscience de l’harmonie nécessaire entre les humains et les non humains !
Refusez d’être uniquement des enfants de votre groupe d’appartenance, repoussez le conditionnement de votre culture particulière si elle cultive les antagonismes avec les autres humains et l’indifférence vis-à-vis de la Nature, devenez des frères et des sœurs de toutes les autres formes vivantes.
24.12.2005 La banalité du mal
Contre les sociétés traditionnelles, le monde occidental a prôné l’égalité, mais il sécrète pourtant le même respect sacralisé de la hiérarchie. Le XXe siècle a amplement démontré la facilité avec laquelle une personne normale peut se transformer en criminels en série, il suffit pour abandonner son sens moral de s’en remettre à une autorité exigeant de lui des comportements destructeurs, que ce soit au nom de l’ethnie, de la religion ou de l’idéologie. L’analyse de ce processus a eu lieu dans un laboratoire de psychologie : un américain moyen recruté par petites annonces est prié, dans le cadre de prétendues recherches sur la mémoire, d’infliger à un élève des punitions de plus en plus sévère grâce à des décharges électriques allant de 15 à 450 volts. Un acteur professionnel tient le rôle de « l’élève » : il gémit à 75 volts, il supplie qu’on le libère à 110 volts, à 286 volts, sa seule réaction est un cri d’agonie. Près des deux tiers des individus administrèrent pourtant les chocs les plus élevés, non pour assouvir des tendances particulièrement agressives, mais parce que l’idée qu’ils avaient de leurs obligations les y contraignait moralement. L’initiateur de cette expérience, Stanley Milgram, note : « Ils étaient tellement absorbés par les aspects techniques de leur tâche et tellement soucieux de se montrer dignes de ce que l’autorité attendait d’eux que l’aspect inhumain et odieux de l’expérience leur échappait. » Ce test de Milgram montre que la clef de notre comportement n’est pas à chercher dans un sadisme latent, mais dans notre soumission à l’autorité même dans une société comme les Etats-Unis qui a vécu pleinement la démocratie dès le XIXe siècle tout en déniant aux noirs l’exercice de leurs droits civiques.
Cette sauvagerie du respect absolu des règles se retrouve dans l’idolâtrie de la croissance économique qui transforme tout travailleur en consommateur effréné destructeur des équilibres de la Biosphère. L’exercice de l’écocitoyenneté passe donc par un processus de ré-éducation permanente qui combat un processus de soumission à l’ordre marchand. Il n’est pas besoin d’être un héros pour pratiquer la simplicité volontaire…
Religions
religion fantaisiste
5.04.2005 Poussière, tu n’es que poussière
Il y en a comme Mgr Comastri qui inventent de trop belles histoires : « Le Christ a ouvert largement les portes du paradis au pape et, à l’entrée, il y avait certainement Marie à laquelle le souverain pontife s’est dévoué entièrement ». Il y a la Biosphère qui en appelle aux réalités : « La séquence après la mort du pape commence de manière interne, les enzymes du système digestif commencent par manger les tissus, ce qui engendre la putréfaction, puis le corps entame sa décomposition ; s’il se trouvait à l’air libre, les insectes vont y avoir accès, leurs œufs vont donner naissance à des larves qui mangeront la matière. Tout corps est un écosystème recyclable, la mort du pape n’est qu’un événement anodin dans le déroulement implacable des cycles vitaux ».
Pour faire le paradis sur Terre, il est temps d’abandonner les croyances stupides et de penser en ces termes la mort humaine : « Poussière, tu n’es que poussière et tu redeviendras poussière. L’essentiel est ce que tu as fait de ta vie ».
20.04.2005 Relativisme
Avant même d’être pape, Josef Ratzinger s’en prenait violemment à la « dictature » du relativisme en tant qu’attitude qui ne reconnaît rien comme définitif et n’a comme mesure que ses propres désirs. C’est là faire peu de cas des vertus de la démocratie qui recherche à tâtons la vérité dans les méandres de la planète. Ce ne sont pas les « vérités » de la Bible ou du Coran qui peuvent fixer des limites aux appétits insatiables de la société thermo-industrielle ou de la démographie humaine galopante, ce sont les perturbations des écosystèmes qui exigent de la rationalité humaine un autre comportement, un changement radical du mode de vie et de procréation.
« Tant que vous oublierez la vérité des cycles vitaux, vous serez comme de petits enfants traînant à la dérive, emportés par n’importe quelle doctrine et invention des hommes » (épître de la Biosphère aux Humains).
22.04.2005 Création ou évolution ?
Un professeur américain de biologie fut condamné en 1925 à une amende pour avoir enseigné les théories de Darwin (l’évolutionnisme). Il a fallu attendre 1987 pour que la justice interdise définitivement, au nom de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, l’enseignement du créationnisme (Dieu a créé l’univers et l’Homme). La Biosphère dirait même que toute idée de créationnisme doit être abandonnée au nom des découvertes scientifiques : il vous faut admettre que toutes les formes de vie existant aujourd’hui descendent d’un même organisme : les gènes qui mettent en place le plan de fabrication d’un être humain sont les mêmes que ceux fonctionnant chez un ver de terre ou une céréale. Maintenant on sait qu’il n’y a ni plan préétabli par un dieu, ni dessein intelligent concocté par la nature, il n’y a que le hasard.
Est-ce déroger à la libre-expression que de dire qu’on exprime une grosse connerie si on disait encore le contraire ?
12.07.2005 L’Islam, scientifique ?
Il y a un effort dans le monde islamique pour démontrer que le Coran contient un certain nombre de vérités scientifiques ultérieurement confirmées par la recherche scientifique. Hubert Reeves posait alors cette question à un intellectuel musulman d’Algérie : « Et si vous découvrez que le Coran contient des erreurs scientifiques, que ferez-vous ? ». L’intellectuel, c’est-à-dire celui qui peut maîtriser l’apparence par des mots mais certainement pas l’intelligence des choses a répondu : « Impossible, le Coran ne peut pas se tromper car c’est la parole de Dieu ».
Cultivez donc votre proximité avec la Biosphère, elle peut s’étudier et même se manger alors que les divinités à l’image de l’Homme sont vraiment trop bêtes.
8.08.2005 Parité des sexes !
Selon la loi iranienne actuelle, un garçon peut être exécuté à partir de 15 ans sur décision judiciaire et une fille à partir de 9 ans. Deux adolescents viennent donc d’être pendus le 19 juillet dernier pour enlèvement et viol d’un garçon alors que l’un était âgé de 16 ans au moment des faits. On ne peut pas dire grand chose sur le fait qu’on exécute un jeune à 9 ans ou un autre âge, cela tient à la relativité de la loi humaine. Mais différencier le traitement selon le sexe et rendre responsable de ses actes une fillette est vraiment paradoxal puisque la religion musulmane infériorise le statut de la femme. Une fille serait-elle jugée dès 9 ans plus mature qu’un garçon ou le garçon serait-il avantagé, même dans son droit à faire n’importe quoi avant 15 ans ?
Pour la Biosphère, les humains s’attachent à des différences physiques absolument secondaires pour en déduire comportement sexiste ou raciste, ils feraient mieux de considérer l’égalité de tous les êtres vivants qui peuplent notre planète.
religion nataliste
20.01.2005 Le préservatif contre la religion
Le 18 janvier, la conférence des évêques espagnols admettait l’usage du préservatif dans la lutte contre le sida. Le jour suivant, son porte-parole publiait un communiqué affirmant que « l’usage du préservatif est contraire à la morale ». La doctrine de l’Eglise n’a donc pas changé, pour elle l’usage du préservatif implique une conduite sexuellement immorale, mieux vaut l’abstention des relations sexuelles illicites et la fidélité mutuelle entre conjoints pour faire face au danger du sida.
Ce n’est pas avec des demeurés comme ça qu’on va pouvoir entamer une décroissance démographique des humains pour sauver la Biosphère.
2.06.205 Catéchisme immoral
Pour l’Eglise du Vatican, il y a des manipulations du langage qui cherchent à rendre anodines les réformes de mœurs, remettant ainsi en cause l’équilibre de la société. On parle par exemple d’interruption volontaire de grossesse au lieu d’avortement, et ce qui passait autrefois pour un délit ou un crime est devenu une revendication de liberté, puis un droit parfois reconnu par le législateur. L’Eglise ne peut que condamner un tel droit fondé sur des considérations subjectivistes, individualistes et pragmatiques, pour elle il faudrait en revenir aux réalités objectives : le libre choix d’avorter doit être condamné parce que, s’il vise le bien de la mère, il oublie le « droit à vivre de l’enfant ». Malheureusement le droit de vivre d’un enfant, à plus forte raison quand il s’agit d’un embryon, ne repose sur aucun argumentaire fiable ; il n’y a aucun caractère sacré de la vie humaine, il n’y a aucune définition avérée de la dignité de la personne humaine et de son caractère intouchable ; le droit de tuer est une constante de l’humanité que ce soit par l’intermédiaire de la peine de mort ou des guerres, des avortements légaux ou illégaux, sans parler des infanticides pratiqués dans certaines sociétés premières. La religion ne peut dicter sa loi à une société démocratique, le droit à l’IVG découle objectivement de nécessités socio-économiques. Mais ces déterminants humains dépendent surtout de l’environnement naturel. Le droit à l’avortement n’est pas seulement le droit des femmes à disposer de leurs corps, c’est aussi le droit de l’enfant à s’insérer de façon harmonieuse dans une vie familiale stable, c’est surtout le droit de naître dans un bio-système équilibré, et jouir ainsi d’une existence durable.
Pour la Biosphère, il y a bien d’autres manipulations du langage qui cherchent à induire en erreur, comme « croissance », ce mot nocif qui fait croire que tout est possible dans un monde fini. Bien que l’avortement soit le signe d’un échec de la contraception, c’est un droit à valoriser dans un monde surpeuplé. D’ailleurs il n’est pas anodin de constater que ce projet catholique de « lexique des termes ambigus et controversés » sur la famille et les questions éthiques est né en 1994, juste après la conférence internationale du Caire sur la population. Membre observateur des Nations unies, le Saint-Siège avait alors lutté contre les mesures visant à freiner la croissance démographique. On constate donc la duplicité d’une Eglise qui utilise le sens du sacré et une soi-disant « objectivité » pour émettre des idées qui vont à l’encontre des intérêts de la Biosphère, donc de l’équilibre de la société humaine.
29.07.2005 L’Islam nataliste
Quand l’ayatollah Khomeyni est arrivé au pouvoir après la révolution islamique de 1979, les programmes de planification familiale mis en place par le Shah ont été démantelés. Khomeyni exhortait en effet les femmes à faire davantage d’enfants parce qu’il fallait des soldats pour l’islam. En conséquence, le taux de croissance annuel de la population a atteint plus de 4 %, soit un doublement tous les 17 années seulement. Mais à la fin des années 1980, le coût social et environnemental d’une telle croissance est devenu perceptible et le discours religieux a changé : la diminution du nombre d’enfants devenait une responsabilité sociale et 80 % des dépenses de planification familiale furent pris en charge par le budget de l’Etat. Environ 15 000 « maisons de santé » furent ouvertes pour permettre à la population rurale d’avoir accès aux services de régulation des naissances.
La Biosphère constate que la parole de ceux qui se disent les serviteurs de dieu n’est en fait qu’une mascarade pour imposer leurs propres règles aléatoires dans les rapports sociaux.
religion, non écologiste !
6.02.2005 L’écologie, chrétienne ?
Le Dieu des humains n’a jamais rien apporté à la Biosphère car il est à leur image, raciste, possessif, cruel et complètement ignorant du nécessaire équilibre des cycles vitaux. Dieu s’intéresse uniquement aux affaires humaines du temps présent, il ne porte pas de jugement sur la destruction des ressources fossiles, sur la perte de biodiversité ou sur le changement climatique. La religion occidentale est fondée sur le dogme anthropocentrique de domination de la Nature, elle est donc au cœur de sa destruction et ce n’est pas quelques contre-exemples comme St François d’Assises qui va nous faire oublier les délires des papistes pour la multiplication des naissances, donc contre le préservatif. Les sbires de toutes les chapelles judéo-chrétiennes (ce qui inclut les musulmans) ne développent pas la communion entre toutes les créatures du ciel et de la terre, mais un communautarisme dirigé à la fois contre le pluralisme des cultures et la diversité des espèces (végétales et animales).
Face à cela, la colère de la Biosphère est le cri de l’ensemble des créatures victimes de la démesure prédatrice de l’activité économique. C’est pourquoi les humains devraient être de plus en plus nombreux à relayer cette colère pour retrouver cette vocation de rédempteur cosmique qu’on ne peut trouver que dans l’écologie profonde.
20.02.2005, L’Eglise s’envoie en l’air
Pour sa retraite, le cardinal Jean-Marie Lustiger a reçu un billet d’avion dit « intégral » sur Air France, lui donnant le droit d’emprunter les lignes de la compagnie sur tous les continents pendant deux ans. A plus de deux kilos de gaz à effet de serre par litre de kérosène, on peut déjà dire que l’Eglise catholique veut bien faire un cadeau à l’homme, mais aucun au réchauffement climatique. Pourtant la Biosphère serait malgré tout conciliante s’il s’agissait de porter la bonne parole environnementale, prônant ici ou là dans des conférences la réunification entre les élus de Dieu et toutes les autres créatures du ciel et de la terre. Mais pour Jean-Marie Lustiger le seul discours valable est d’insister sur le baptême, car « baptisés, vous ne l’êtes pas par hasard parce que c’est le choix de Dieu ».
Amen pour les croyants, démerdes-toi comme tu peux pour sauver la planète.
3.04.2005 Le pape ou la planète ?
Début 2005, plus de 1300 scientifiques réunis par l’ONU à propos de l’état des écosystèmes de la planète ont rendu leur diagnostic. Selon ce rapport, environ 60 % des écosystèmes permettant la vie sur terre ont été dégradés par l’activité humaine, et cela de façon plus accentuée au cours des cinquante dernières années que dans toute l’histoire de l’homo sapiens. Les humains ont depuis 1945 converti pour l’agriculture plus de terres qu’aux XVIIIe et XIXe siècles réunis. Entre 1750 et 2005, 60 % de l’accroissement de la concentration en gaz carbonique dans l’atmosphère s’est produit seulement depuis 1959. Il s’agit d’une pression telle sur les fonctions naturelles de la planète que la capacité des écosystèmes à répondre aux demandes des générations futures ne peut plus être considérée comme acquise. Les pauvres des zones rurales sont déjà touchés par cette catastrophe parce qu’ils dépendent plus directement des services d’origine éco-systémique. Le verdict est sans appel mais les médias ne lui accordent que quelques brèves. Ce rapport publié et oublié juste avant la mort du pape Jean Paul II s’efface, il paraît plus important de consacrer au décès d’un seul homme des heures et des heures dans les journaux télévisés du monde entier, des pages et des pages dans la presse écrite. Pourtant du point de vue de la Biosphère, cette « disparition » d’un pape n’a aucune signification, aucune valeur si ce n’est la mise à disposition pour les décomposeurs de quelques dizaines de kilos de chair.
Un jour prochain les humains devront choisir entre leur propre culte ou celui de la planète.
6.04.2005 bienheureuse pauvreté
Lors du dernier conclave de 1978, les cardinaux-électeurs étaient logés dans de petits appartements de fortune fabriqués à la hâte où ils pouvaient juste disposer d’un vase de nuit, même pas d’eau courante. Ils se mettaient ainsi à l’unisson du peuple des pauvres que toute Eglise qui respecte le message du Christ se devrait de soutenir. Mais ils résideront dorénavant dans des chambres individuelles spacieuses et confortables. La Biosphère regrette ce changement qui paraît sans doute anodin, mais qui est symptomatique d’une Eglise qui n’a jamais penser aux équilibres globaux à respecter entre l’existence humaine et les écosystèmes. Pourtant la pauvreté pour tous est dorénavant nécessaire, il y a surcharge de l’activité humaine sur la planète.
L’eau sera de moins en moins un bien en libre disposition de tous : retour à l’eau du puit, Messieurs les cardinaux !
11.08.2005 L’incertitude religieuse
Au Pakistan, les madrasas enseignent aux enfants des classes défavorisées essentiellement le Coran et les hadiths (dires du prophète). Elles créent ainsi chez ces enfants une habitude de pensée caractérisée par l’extrémisme religieux et l’intolérance envers ceux qui ont une vision différentes de leur religion. Une fois étudiants, ils sont amenés à croire que le monde entier, spécialement l’Occident et les juifs, veut miner l’islam et qu’ils doivent le défendre contre ces attaques. Mais l’islam n’est pas monolithique, il y a cinq fédérations de madrasas, les fondamentalistes sunnites, les sunnites marqués par la tradition sufi, les sunnites salafistes, les sunnites proches des frères musulmans et les chiites. Ces écoles, sectaires avec les autres religions comme envers leurs propres coreligionnaires, montrent par l’absurde la validité du principe de laïcité. Si toutes les religions, au lieu d’interpréter de façons différentes leurs différents livres sacrés, montraient que les humains n’ont pas à privilégier leurs propres croyances dans des dieux à leur image, alors le monde pourrait-il devenir plus paisible. Mais la laïcité ne résout rien au fond.
Si toutes les religions éduquaient les enfants dans le respect des équilibres de la Biosphère, alors le monde pourrait-il devenir plus paisible, sans terrorisme aveugle en Irak, en Angleterre, en Égypte ou ailleurs.
15.09.2005 Le vice de la luxure
Le nouveau « Catéchisme de l’Eglise catholique abrégé » est paru en France le 1er septembre. Il traite en 600 questions-réponses de la vie sur Terre. On apprend (question 492) que « sont des péchés gravement contraires à la chasteté l’adultère, la masturbation, la fornication, la pornographie, la prostitution, le viol, les actes homosexuels. Ces péchés sont l’expression du vice de la luxure ». C’est donc là selon Benoît XVI « un texte de référence sûr et authentique ». Mais le nouvel opuscule romain se préoccupe beaucoup des questions de morale privée, presque pas des injustices sociales, aucunement de la protection de la Nature. Il faut dire que ce parti-pris est très ancien : le Décalogue (ou loi de Moïse, plus connu sous la dénomination « les dix commandements ») comporte 4 articles sur le respect de la divinité, 3 articles sur le respect de la vie familiale et 3 seulement sur le respect de la vie sociale ; rien sur l’environnement.
Nulle mention dans ces textes religieux, ni hier ni aujourd’hui, de l’équilibre à respecter entre la Biosphère et le comportement humain. La religion catholique n’est qu’anthropocentrisme désuet et souvent immoral : la masturbation ne rend pas impuissant.
28.12.2005 Une foi sans modération
La 19e rencontre à Lyon de la communauté de Sant’Egidio a constitué en 2005 un « Davos des religions » qui réunit rabbins et musulmans, cardinaux et pasteurs, prélats orthodoxes et bouddhistes ou taoïstes. Un appel a été ratifié par tous les religieux présents : « Les religions ne veulent pas de la guerre, du terrorisme… Celui qui se sert du nom de Dieu pour légitimer la violence avilit la religion. Aucune guerre n’est jamais sainte » . Alors on s’interroge : que faudrait-il faire des textes sacrés qui appellent à la violence ? Certains disent qu’on ne peut pas découper la Bible avec des ciseaux, d’autres qu’il faut distinguer dans le Coran ce qui est historique, donc soumis à évolution, de ce qui est permanent. Mais l’essentiel serait la capacité des croyants à discuter les textes sacrés, les approfondir et en éliminer les outrances.
Alors là, la Biosphère doute, plusieurs centaines si ce n’est quelques milliers d’années de vraies/fausses interprétations ont justifié les guerres, les inquisitions et les représailles les plus atroces. Rien n’est sacré si ce n’est le respect de l’équilibre des écosystèmes, tout le reste est anthropocentrisme sans fondement. Il ne faut pas désespérer, un jour la protection de la Biosphère apparaîtra comme la seule foi qui sauve.
29.12.2005 Un jeûne sans voiture
Depuis des siècles et des siècles, les religions soumettent des peuples à leurs dogmatismes par l’esprit, ou par le fer si le conditionnement mental ne suffit pas. Toutes les religions majoritaires prônent le culte de dieu et l’apaisement/conflit entre humains sans s’intéresser le moins du monde à notre mère Nature. Mais en 2005 plusieurs évêchés (Trèves, Mayence…) ainsi que l’Eglise protestante de Rhénanie, Hesse-Nassau, Palatinat et Luxembourg ont appelé les chrétiens à renoncer à leur voiture pendant la période du Carême (20 février au 20 mars) en optant pour le vélo ou les transports en commun : « Rouler moins en voiture signifie plus de santé pour vous et pour la Création ». Un bilan indique que 1760 volontaires ont accepté de suivre ce jeûne, la société thermo-industrielle pourrait changer si le milliard de chrétiens et le milliard de musulmans suivait rapidement la même voie. Mais comment généraliser un discours entre des sectes qui se veulent contradictoires et dont le respect des écosystème ne fait pas partie de fondements ?
La « Création » à l’origine des humains, c’est à la Biosphère que vous la devez, est le début et la fin de toute vie. En vérité en vérité je vous le dis, vous devriez célébrer l’existence de la Biosphère puisque vous n’êtes qu’une de ses infimes parties. Toutes les composantes de votre corps existaient déjà dans les premiers instants de la Biosphère, votre statut actuel ne peut se dissocier du support matériel qui vous associe aux autre espèces et à la place de votre planète dans l’univers, votre survie dépend de la sienne. De l’intérieur ou de l’extérieur des religions, respectez la Biosphère, source de la vie,: c’est le seul message qui soit véritablement oecuménique.
Sciences et techniques
Recherche appliquée
12.02.2005 Fleur de vanille
C’est un vaporisateur que vous avez trouvé dans des toilettes pour animal à deux pattes, en acier recyclable et certifié préservant la couche d’ozone (convention du 7/2/1989). Mais ne vous précipitez pas sur ce genre d’objet pour étouffer les mauvaises odeurs, la Biosphère vous dit de lire d’abord les précautions d’emploi : « Conserver hors de portée des enfants, ne pas percer ou brûler le récipient même après usage, conservez-le dans un endroit bien ventilé, ne pas inhaler, ne pas fumer, procéder par de brèves pressions sans pulvérisation prolongée, éviter de pulvériser sur la peau… ».
De toute façon pourquoi utiliser un bactéricide alors que tant de ces petites bestioles ne vous veulent que du bien, pourquoi cacher les odeurs de WC alors qu’on sait qu’elle vont se tailler toutes seules si l’endroit est bien ventilé, pourquoi faire travailler l’industrie chimique alors que vous accumulez déjà tant de toxines dans votre corps !!!
11.03.2005, brève
Le physicien théoricien de la bombe atomique Hans Bethe assiste en juillet 1945 au premier essai de son enfant : « Nous ne savions même pas si le prototype que nous avions conçu et fabriqué allait exploser »…. Un mois après 250 000 personnes mouraient à Hiroshima et Nagasaki : c’est ça l’accélération du progrès technique !
12.03.2005 Place aux machines !
Pour bientôt la gestation ectogenèse, l’utérus artificiel, le bébé éprouvette du début à la fin. Pour la technique, presque un jeu d’enfants, la matrice artificielle, c’est juste un peu plus complexe que le rein artificiel. Pour l’application, on sauvera d’abord de grands prématurés, plus du tout de couveuses, le monde des riches sera enthousiasmé. Puis on vendra la chose aux couples qui ne veulent pas des contraintes de la grossesse et de l’accouchement : en toute liberté les femmes choisiront, aucun danger de dictature comme dans le meilleur des mondes (Adlous Huxley, 1932). Mais l’utérus artificiel, c’est bien plus que la dissociation entre sexualité et reproduction humaine, c’est l’absence de corps à cœur entre une mère et son enfant, c’est un embryon programmé pour vivre avec des machines, c’est le règne des machines.
La Biosphère vous dit : bon courage…
22.03.2005 Le droit à la mort
Attaque cérébrale subite, quinze ans de coma sans avenir, la vie emprisonnée par des machines pour alimenter ou hydrater Terri Shiavo. Les parents de cette femme de 41 ans veulent « sauver » leur enfant en lui accordant le purgatoire sur cette terre, le mari veut faire cesser l’acharnement médical. Les frères Bush se déclarent alors partisan du droit de vivre grâce aux machines, les juges au contraire pour le droit de mourir sans machines.
Les frères Bush sont vraiment dégueulasses de soutenir les machines au nom d’un prétendu droit naturel à la vie, vous êtes tous dégueulasses quand vous faites fonctionner des machines trop complexes pour pouvoir encore ressentir ce que veut dire « la Nature ».
27.04.2005 L’A380 décolle
Le premier envol du gros porteur A380 d’Airbus est un grand espoir pour le développement durable, des réservoirs de 325 000 litres de carburant pour une consommation horaire de 17 000 litres seulement, soit 3 litres/100 km par passager. Bien sûr tout dépendra du nombre de passagers, on peut le remplir de 550 humains ou en empiler 800. Par comparaison, une voiture à 8 litres aux cents ne consomme que 2 litres s’il y a quatre passagers, quatre fois plus avec l’irresponsable qui se veut tout seul dans un véhicule dit individuel. De toute façon peu importe la façon de calculer, c’est toujours des ressources fossiles qui partent en CO2 et qui détraquent le climat. De toute façon peu importe, essence, diesel ou kérosène, dans 40 ans y’a plus de pétrole.
Alors, comment se déplacer ? Mais d’ailleurs, pourquoi se déplacer !
3.07.2005 Savoir, trop tard !
Le lundi 5 mai 1986, la Commission européenne envisageait des mesures sanitaires 9 jours après l’explosion nucléaire de Tchernobyl : la France exigeait alors un vote à l’unanimité et empêche toute décision contraignante. Le lendemain le ministère de l’agriculture (français) communiquait : « Le territoire français, en raison de son éloignement, a été totalement épargné par les retombées de radionucléides ». Le vendredi 25 mars 2005, une juge d’instruction communiquait aux partie civiles le rapport sur les mesures de radioactivité effectuées par les autorité françaises en 1986 : il n’y a pas eu « erreur » du SCPRI (service central de protection contre les radiations ionisantes en 1986), mais bien dissimulation des risques tant du point de vue sanitaire qu’environnemental. La vérité, presque vingt ans trop tard.
Peut-être que le gouvernement français comprendra quelque chose, juste après qu’ ITER se soit fendu en deux dans vingt ou trente ans et que notre Terre soit devenue un petit soleil : trop tard pour avoir confiance dans les scientifiques et les politiques ! Cet accident est théoriquement impossible, mais l’imprévisible n’est jamais sûr.
4.09.2005 Faucheurs volontaires
Des faucheurs d’OGM (organismes génétiquement modifiés, ou plutôt chimères) ont été incarcérés en France. L’ordre public, a expliqué le procureur, « c’est la protection de la propriété de chacun, mais par-dessus tout, c’est la loi avec un grand L qui est le fondement de la démocratie, de vos libertés. Si la loi n’est plus respectée, c’est la loi de la jungle qui s’installe, la loi du plus fort : les faucheurs volontaires balayant les décisions du Parlement et les avis de nombreux experts ». Mais l’avocat des disciples de la désobéissance civile rétorque que 80 % des gens en France sont opposés aux OGM, la démocratie est donc présente dans la destruction des parcelles et, de toute façon, l’intérêt général est bien plus fort que l’ordre public.
La Biosphère ne comprend d’ailleurs pas pourquoi les gens mangeraient des produits à base d’OGM : ils n’ont pas meilleur goût, ils ne sont pas moins chers pour le consommateur et c’est un coût supplémentaire pour l’agriculteur : les seuls avantages sont pour les multinationales productrice de semences. Alors vive l’action directe contre la recherche appliquée même si des agriculteurs vendus aux multinationales endommagent lâchement les voitures des faucheurs volontaires.
7.10.2005 Paradigme fordiste
Le paradigme fordiste, c’est-à-dire cet équilibre entre la production de masse grâce au travail à la chaîne et la consommation de masse autorisée par l’augmentation des salaires, repose sur une triple conception du progrès : la science est prédominante ; le progrès social se traduit en termes de consommation ; l’Etat joue un rôle régulateur. Dans ce cadre, le progrès technique et la croissance économique ont pour objectif d’assurer la croissance du pouvoir d’achat et le plein emploi. On assiste alors à une confusion des bien-êtres définis en termes social et économique : patrons et ouvriers poursuivent le même objectif, matérialiste. La lutte de classe n’a pour objet que de rééquilibre la distribution de la valeur ajoutée, pas de renverser véritablement le système.
Le fordisme est synonyme de croissance, c’est l’erreur fondamentale de ce modèle mis en place dans les années 1914 et généralisé pendant les Trente Glorieuses. Non seulement la voiture individuelle entraîne les dégâts environnementaux que tout le monde connaît, mais la société thermo-industrielle basé sur un pétrole bon marché n’a aucun avenir. Que ce soit l’entrepreneur Ford ou l’utopiste Marx, ils avaient tout faux en termes de développement durable.
17.10.2005 L’origine de la bombe
Le physicien américain Robert Oppenheimer (1904-1967) peut être considéré comme le père de la bombe atomique puisqu’il a dirigé le projet Manhattan qui a conduit à la première explosion le 16 juillet 1945 au Nouveau-Mexique et, grandeur nature, sur Hiroshima le 6 août suivant. Mais on ne peut accuser Robert de nationalisme, il a flirté dans les années 1930 avec les idéaux communistes ; mais la situation de guerre emporte la plupart des idéaux sur son passage. Ce n’est qu’à la fin de la seconde guerre mondiale que Robert a pu approfondir sa réflexion au sein d’une nouvelle structure, l’Atomic Energy Commission, et à s’interroger sur la course aux armements nucléaires et son contrôle. Très vite il s’oppose alors au développement de la bombe H, ce qui lui vaut l’hostilité de certains scientifiques et des politiques qui l’accusent dorénavant d’être un danger pour la sécurité nationale. En 1953, Robert est suspendu de ses fonctions par le président Eisenhower et sommé de s’expliquer.
Les humains marchent sur la tête, ce sont les militaires et les politiques qui les soutiennent qui auraient du être sommé d’abandonner des recherches non seulement dangereuses pour l’équilibre de la Biosphère mais aussi illusoires quant à la protection des équilibres socio-politiques : les Américains auraient du mettre plus d’ardeur à défendre les interventions pacifiantes de l’ONU plutôt que d’envisager de nourrir tous les conflits qui jalonnent jusqu’à aujourd’hui le monde de morts et les écosystèmes de cicatrices.
8.11.2005 Restez dans la lune !
L’espèce homo sapiens a essaimé dans l’espace géographique tout en améliorant ses capacités de déplacement. Autrefois les migrations à pied, puis à cheval ou en pirogue, hier les avions et aujourd’hui les fusées. Pourtant aucune obligation ne poussait les humains à quitter leur berceau d’origine, l’Afrique. Toutes ces migrations ont surtout résulté du poids de la population sur un territoire et des conflits intra- ou inter-ethniques qui en découlent. Les humains « préfèrent » en effet la conquête à la stabilité, le déséquilibre plutôt que la vie en harmonie avec un territoire déterminé. La fusée a d’ailleurs été inventée pour la guerre, ainsi des V2 mis en œuvre par les Allemands à la fin de la seconde guerre mondiale. Il s’ensuit alors une compétition entre nations : comme l’URSS socialiste a lancé le premier spoutnik dans l’espace en 1957, l’Amérique capitaliste a voulu poser le premier homme sur le sol lunaire en 1969. Maintenant on fait semblant de rassembler les pays dits développés autour d’une station spatiale internationale dont l’acte de naissance a été signé en 1998. A peine cette station, piégée par l’orbite basse de la Terre, se révèle-t-elle un échec scientifique et financier que la NASA propose déjà un nouveau billet pour la Lune en 2018. Il s’agit de faire rêver le monde, l’opium de la religion est remplacé par l’illusion de l’exploit technique alors qu’il ne s’agit dorénavant que de sauver quelques emplois dans un secteur industriel !
La Biosphère vous dit : « Que les humains gèrent au mieux leur propre territoire, qu’ils se contentent pour le reste de contempler la lune et les étoiles ».
15.11.2005 Du sang contaminé
La campagne DetoX est menée par WWF depuis octobre 2003 : 39 députés européens s’étaient portés volontaires pour subir des tests sanguins. En juin 2004, ce fut au tour de 14 ministres de la santé ou de l’environnement de se prêter à cette expérience. Maintenant on a testé trois membres d’une même famille (grand-mère, mère et fils) dans 12 pays européens afin de rechercher la présence dans leur organisme de 107 substances chimiques particulièrement dangereuses : pesticides, retardateurs de flamme, muscs synthétiques, antibactériens…. Les analyses ont détecté en moyenne 73 produits chimiques toxiques à des niveaux de concentration parfois élevés. L’objet de cette campagne DetoX est de soutenir le projet de loi REACH (Enregistrement, évaluation et autorisation des produits chimiques en Europe) dont le but est de fixer un cadre européen de régulation.
La Biosphère s’étonnera toujours que les humains aient diffusé des produits chimiques sur le marché avant même d’en avoir sérieusement testé les effets. Il est vrai que le plomb dans l’essence et l’amiante un peu partout sont les signes antérieurs de leur folie.
Recherche fondamentale
28.01.2005 Une recherche sans avenir
Le Parlement examinera avant l’été la loi d’orientation et de programmation sur la recherche. Déjà le mouvement « Sauvons la recherche » dénonce un projet de loi inacceptable, déjà un député PS passe en première ligne pour soutenir les OGM. Pourtant la question essentielle est ailleurs : faut-il toujours plus de recherche en tous genres sans s’interroger sur les risques pour la santé humaine de vos applications techno-scientifiques alors que vous accumulez déjà des tas de produits chimiques dans votre corps et que les cas de cancers et d’allergie se multiplient. Finalement votre polarisation sur d’éventuels sauts technologiques dans la recherche à la mode (une mode déterminée par les industriels) vous empêche de consacrer toutes vos forces et votre attention à l’endiguement des dégâts que vous infligez aujourd’hui à notre planète, donc à vous-mêmes.
Le débat politique ne peut plus porter sur une enveloppe financière globale qui va sauver quelques emplois de chercheurs, mais sur votre manière de penser et de vivre qui pèse beaucoup trop sur la Biosphère et pénalise le sort des générations futures.
4.02.2005 Marre des chercheurs
« Sauvons la recherche » est un thème récurrent en France, mais la question essentielle est ailleurs : la recherche n’est pas un tout dont l’objectif serait d’accaparer au moins 3 % du PIB, mais une ribambelle d’études spécifiques dont on n’a jamais évalué si les application étaient réellement utiles et sans danger pour la société humaine et pour le reste de la planète. Par exemple, faut-il financer principalement la biologie moléculaire et donc les OGM ou faut-il favoriser au contraire la recherche des naturalistes sur les avantages de la biodiversité dont on nous a rappelé lors de la dernière conférence internationale à Paris qu’elle était en péril extrême ? Faut-il consacrer plus de 80 % du financement de la France en matière d’énergie à la recherche nucléaire et laisser seulement quelques miettes pour les énergies renouvelables ?
La Biosphère n’a pas du tout besoin de ces chercheurs qui se foutent complètement de sauver la planète et qui trop souvent émargent, même quand ils sont dans le secteur public, auprès des industriels comme l’ont montré les récents scandales au NIH (National Institutes or Health) américain.
12.06.2005 Du plomb dans l’aile du futur
Le département prospective de la recherche aérospatiale française, pense déjà au successeur de l’A380 quand celui-ci arrivera en fin de vie, d’ici trente ans. Ce sera une aile volante qui pourra accueillir 1000 passagers au lieu de 850, avec des moteurs placés au dessus de l’avion pour être moins bruyants. Etrangement, les concepteurs n’envisagent pas un seul instant que dans trente ans les réserves de pétrole seront au plus bas et que les avions de grande capacité, c’est déjà fini : l’Airbus 380 a été acheté par Air France, mais contraint et forcé pour la gloriole, cela ne correspondait déjà plus au marché.
La Biosphère s’étonnera toujours de l’aveuglement humain qui croit faire preuve d’ingéniosité technique alors que c’est pour rentrer plus vite et plus nombreux dans le mur !
29.06.2005 ITER sur terre française
Pour passer de la fission à la fusion, le réacteur ITER (international thermonuclear experimental reactor), va être construit à Cadarache en France. Le coût de la construction sur dix ans est estimé à 4,7 milliards d’euros (8000 emplois seulement), le coût d’exploitation pendant 20 ans supplémentaires de 4,8 milliards d’euros, la subvention de la région PACA est déjà voté pour 152 millions (aide à l’implantation). Mais il s’agit seulement d’un laboratoire car la maîtrise de la fusion deutérium/tritium implique trois conditions (critères de Lawson) :
-
- une température du plasma supérieure à un million de degrés.
- un gaz suffisamment dense
- le maintien des deux conditions précédentes pendant plusieurs centaines de secondes.
Aujourd’hui, aucune des machines n’arrivent à réunir ces trois conditions en même temps. De toute façon le prototype ITER ne pourrait pas atteindre le point d’ignition permettant de produire suffisamment d’énergie pour s’auto-entretenir et produire de l’électricité pour les consommateurs.
Malgré un processus qui demande énormément d’énergie au détriment d’autres objectifs, la techno-science s’acharne à vouloir imaginer qu’elle pourrait avoir réponse aux besoins de toujours plus d’énergie sans permettre aux humains de s’interroger sur la pertinence de ce besoin. La Biosphère te rappelle, l’énergie la plus douce pour la planète, c’est celle que tu ne consommes pas.
2.08.2005 ITER prométhéen
Selon le physicien E.Brézin, président de l’Académie des sciences, « Il faut une singulière dose d’optimisme pour imaginer que l’utilisation industrielle de la fusion mettra moins de cinquante ans pour être disponible. Les obstacles ne doivent par arrêter la recherche, mais l’épuisement des ressources fossiles et surtout le réchauffement climatique sont des problèmes urgents. Les mesures à prendre sont immédiates et ITER ne doit surtout pas servir d’alibi ». Il souhaite en conclusion « que les décisions en matière d’énergie ne soient plus simplement le fait de groupes de pression attachés à la seule réussite de leur filière ». Plus radical, l’ancien ministre de la recherche Cl.Allègre réprouve un « projet de prestige » qui « offre peu de chances de réussite ». P.Gilles de Gènnes (prix nobel de physique 1991) partage le même sentiment et son collègue japonais M.Koshiba (prix nobel de physique 2003) a lui aussi exprimé publiquement ses réserves.
Croire que les humains peuvent à leur gré maîtriser les mécanismes du soleil à leur toute petite échelle ne peut que faire penser au mythe de Prométhée qui déroba aux Dieux le feu sacré et fut condamné par Zeus à une mort toujours renouvelée.
9.08.2005 Clathrates et nanotechnologies
Les clathrates sont des structures cristallines formées de glace renfermant du méthane piégé à l’intérieur de cages moléculaires, des quantités incroyables de méthane puisque l’ensembles des gisements de clathrates sur la Terre renfermerait autant de carbone que la totalité des autres sources (combustibles fossiles, marias, biomasse…). Or le réchauffement climatique pourrait libérer ce méthane, en particulier dans le permafrost, ce qui induirait un risque supplémentaire pour la planète. Mais un article de science-fiction (Le Monde du 7/08/2005) qui projette d’ici vingt ans les programmes scientifiques lancées en 2005 croit posséder la solution : à l’échelle du milliardième de mètre, une bactérie génétiquement modifiée serait exploitée par des nano-machines qui pourraient extraire (par reformage du méthane) l’hydrogène contenu dans les clathrates et le conditionner pour utilisation macroéconomique !
Dans cette course folle entre effet de serre, OGM et nanotechnologies, la Biosphère sait déjà qui va gagner : le réchauffement climatique accentué par la crédulité ambiante en un avenir radieux grâce à toujours plus d’illusoires promesses techno-scientifiques.
17.10.2005 Con-fusion
Avant que la fusion ne puisse devenir une source industrielle d’énergie, trois problèmes doivent être résolus : stabilité du plasma de deutérium et de tritium ; tenue des matériaux de couverture aux neutrons extrêmement énergétiques produits dans un réacteur de fusion ; production de tritium in situ pour un fonctionnement en continu. En fait ITER n’étudiera que le premier problème, la stabilité du plasma. Or la question des matériaux est cruciale alors que personne ne sait comment le résoudre. Quant au tritium, il n’existe pas dans la nature, il faut le produire en quantités industrielles, ce qui ne pourra être démontré que par le successeur d’Iter (Demo, déjà nommé !), pas avant vingt ou trente ans au minimum.
La fission nucléaire a été découverte en 1938 et en décembre 1942, le premier réacteur divergeait déjà, mais en 2005 les Français ne savent toujours pas quoi faire de leurs déchets radioactifs. Maintenant les humains se précipitent vers des univers encore plus fantasmagoriques. L’idée de fusion nucléaire est là depuis cinquante et la maîtrise des problèmes de la fusion ne pourra pas être résolue avant au moins cinquante autres années, s’il l’est un jour ! Mais dans cette perspective imaginaire savamment entretenue, nul besoin pour les citoyens de faire des économies d’énergie, la seule issue qui vaille…
Techniques imbéciles
26.03.2005 Universelle connerie
L’Expo Aichi 2005 se veut un grand spectacle consacré aux rapports entre les humains et leur milieu. Première exposition universelle du XXIème siècle, elle a en effet pour thème « Sagesse de la nature ». En réalité, on voit des robots dinosaures ou humanoïdes qui vous guident dans un parc à thème sans jamais aborder le problème de fond : la relation entre pauvreté et destruction de l’environnement ; on se garde même d’envisager évaluer les effets écologiques de cette expo. La logique de ces spectacles « universels » reste donc inscrite dans la foi inébranlable en un scientisme né avec l’industrialisation
Le contrat entre la Nature et les humains n’est rien d’autre qu’un contrat entre des humains dont les capacités d’aveuglement ne sont plus à démontrer !
17.06.2005 Contre les nécrotechnologies
A Grenoble des activistes (le groupe « pièces et main d’œuvre ») résistent par l’humour au techno-totalitarisme (nucléaire, OGM, traçabilité électronique des populations), à l’artificialisation du monde (la vampirisation des écosystèmes par la techno-science) et à une croissance qui est destructrice des sols, des eaux, des forêts… Ils souhaitent la rupture de la liaison recherche-industrie et le démantèlement de la société industrielle. Ce n’est pas un hasard si cette opposition aux techniques émergentes (surtout bio- et nanotechnologies) se fait jour à Grenoble dont le développement est fondé sur la « synergie » entre recherche et industrie. Ils ont par exemple adressé un faux courrier électronique d’annulation adressé à tous les intervenants d’un forum « sciences et démocratie » organisé par le maire qui ferait ainsi repentance : « Ce grand rendez-vous cherchait avant tout à étouffer les critiques par un démocratisme de façade ». Le président de l’Académie des sciences trouve donc ce groupe très toxique sans imaginer un seul instant que c’est lui et ses confrères qui parrainent une forme d’organisation des plus toxiques.
Chaque fois que la Biosphère trouve des humains qui pensent comme Elle, sa satisfaction éclate, même si Elle sait pertinemment que le système thermo-industriel résistera jusqu’au bout, jusqu’à dégrader le plus possible le peu qui restera pour les générations futures.
10.07.2005 Pas d’OGM en Europe
Contre l’avis de la Commission, les Etats membres ont autorisé par 22 voix contre 3 l’application de la clause de sauvegarde permettant à un pays d’interdire la culture d’OGM sur son sol. Ils ont raison, mille fois raison (au fond). Les OGM, adaptés à une agriculture extensive, correspondent seulement aux besoins des grandes multinationales de l’agroalimentaire. A l’opposé, le problème agricole mondial n’est pas d’accroître les quantités produites, mais de maintenir des communautés paysannes vivables et viables.
En effet la solution au désordre mondial n’est pas à rechercher dans une agriculture industrialiste et peu utilisatrice de main d’œuvre, mais au contraire dans le développement d’une petite agriculture qui protège des sols fragiles et limite l’exode vers des métropoles de plus en plus ingérables.
30.07.2005 Techniques militaires
En juillet 1705, Philippe de Pontchartain était secrétaire d’Etat à la Marine. Il recevait à ce titre toutes sortes de propositions dont l’une portait sur « Le moyen d’augmenter la portée des armes et de les faire tirer avec beaucoup plus de diligence ». Malgré des essais concluants, le ministre faisait répondre : « Je n’en fais pas plus de cas pour cela, car si l’on s’en servait, nos ennemis l’auraient bientôt et il y a assez de moyens de tuer les hommes sans en chercher de nouveaux ».
Malheureusement l’homme à été assez stupide pour perfectionner toujours davantage ses armes qui sont devenues « de destruction massive », ce qui ne serait pas trop grave si elles ne servaient qu’à l’égard des autres sociétés humaines. Mais la technique militaire a tôt fait d’être récupérée pour les usages civils, ce qui en fait d’autres armes de destruction massive de l’environnement naturel, ainsi de l’énergie nucléaire. Cela devient alors inacceptable.
18.08.2005 Pris comme dans un filet
Selon des spécialistes de l’Internet, tout le monde aura bientôt en sa possession un PDA ou personal digital assistant, un petit ordinateur plat et souple qui ne vous quittera jamais. Pour plus de commodités, on pourra même se faire implanter sous la peau un émetteur-récepteur qui pourra aussi bien réaliser votre check up que débiter votre compte-courant au restaurant par détection à distance de vos coordonnées bancaires. Pour passer un bon moment dans le monde réel et s’endormir en pleine nature, il suffira aussi de régler son PDA pour qu’il diffuse sur les murs de votre chambre un décor champêtre. Et pour échanger avec les amis, rien de mieux que la connexion directe par le Net.
La Biosphère espère que de plus en plus de citoyens auront à cœur de se débrancher de ce type de système totalitaire pour vivre localement sa vie avec ses proches et la Nature environnante. Il faudrait pour ce faire refuser dès aujourd’hui le précurseur du PDA qu’on appelle « portable » et ne surfer sur Internet que pour s’en débarrasser !
5.09.2005 L’aviation, seulement un siècle !
Longtemps on a rêvé avec le mythe d’Icare et les croquis de Léonard de Vinci, puis on a pensé au plus léger que l’air avec les montgolfières, mais depuis le 5 octobre 1905 les humains ont compris les avantages du moteur à explosion et du plus lourd que l’air. Ce jour-là Wilbur Wright réussissait un vol de 38 kilomètres en 39 minutes et demie. L’avion, jusque là jouet sportif limité aux sauts de puce, devenait un outil révolutionnaire : le 25 juillet 1909, L.Blériot franchissait la Manche en 38 minutes et le 29 mai 1927 C.Lindbergh traversait l’Atlantique. L’avion allait changer la face du monde, accélérer la circulation des hommes et des biens, devenir un instrument de la guerre autant qu’un vecteur du tourisme.
Laissons de côté ces tapis de bombes déversés par les forteresses volantes, les humains ne s’en prennent qu’à eux-mêmes. Mais les flots de touristes qui sortent des avions tels une nuée de sauterelles dévastent les sociétés traditionnelles tout en accentuant l’effet de serre grâce à un kérosène détaxé. Ce n’est pas durable…
20.09.2005 Histoires d’eau
Avantage et inconvénient à la fois, les humains sont les seuls animaux capable de reculer pour mieux sauter. Ils passent en effet quelques heures à construire un seau au lieu de boire directement à la source, et ils accroissent ainsi leurs ressources. Ils peuvent aussi allonger ce détour de production en construisant une canalisation et ils obtiennent alors de l’eau à volonté. Un investissement en temps se transforme en capital technique, ce qui permet de capter de plus en plus d’eau. Cette facilité d’accès à l’eau qui coule à domicile ne peut qu’accroître la demande : chaque Français consomme en moyenne 150 litres d’eau par jour dont moins de 2 litres pour la boisson. Il faut en effet constater qu’une douche nécessite 30 à 60 litres, un bain 150 à 200, une lessive en machine 90 à 120 et une chasse d’eau 10 litres à chaque fois. Des quantités énormes d’eau sont acheminées par 800 000 km de canalisations, soit deux fois la distance de la Terre à la Lune. Il faut aussi ajouter les usagers industriels et agricoles. Ainsi dans le bassin Adour-Garonne 2000 industriels utilisent autant d’eau que les 7 millions d’habitants qui y vivent et les surfaces agricoles irriguées couvrent 600 000 hectares.
Les humains n’ont jamais pensé qu’en détournant l’eau de son cours naturel, ils mettaient en péril toute une faune et une flore qui vivait en aval, désormais ils vont eux aussi connaître la pénurie.
7.11.2005 Moratoire des techniques
La pêche en eau profonde a été favorisée par plusieurs facteurs techniques : le GPS qui permet de localiser le lieu des pêches généreuses, l’acoustique embarquée qui indique la profondeur précise, des équipements de pont plus puissants qui peuvent remonter des câbles longs de plusieurs kilomètres. Ainsi on peut circonscrire et exploiter des monts sous-marins qui révèlent des habitats importants en traînant un chalut lourdement lesté, ce qui conduit à labourer la mer et tout pulvériser sur son passage. Pour combattre ces techniques imbéciles, on peut utiliser d’autres techniques comme les satellites. L’Union européenne a ainsi décidé que tout bateau de pêche de plus de 15 mètres devait être équipée depuis début 2005 d’un mouchard VMS (système de surveillance des vaisseaux) qui émet toutes les heures la position et l’identité du navire. A compter du 1er janvier 2006, le cap et la vitesse devront aussi être transmis. Mais ces moyens techniques de lutte anti-fraude sont loin d’être parfaits car les communications au-delà de 75° de latitude deviennent difficiles et les méthodes de resquillage sont déjà connues : des kits de trucage des VMS sont déjà en vente dans les ports coréens.
La Biosphère vous dit : supprimez les techniques embarquées en surveillant tous les ports et en détruisant le matériel sophistiqué : la pêche doit retrouver des techniques minimales permettant de respecter la ressource halieutique et la biodiversité
9.11.2005 Fertilité masculine en péril !
Une étude américano-danoise indique que plus l’exposition de la mère pendant la grossesse à des phtalates (présents notamment dans les plastiques et les pesticides) a été importante, plus la distance séparant l’anus de la base du pénis de l’enfant est faible. Cette distance anogénitale est un indice de « masculinisation » et c’est donc la première démonstration de l’influence des perturbateurs endocriniens sur la différenciation sexuelle au cours de la vie fœtale. De toute façon on a déjà constaté ces cinquante dernières années que la production spermatique humaine a chuté de 40 % environ et l’incidence des cancers testiculaires à peu près doublé. Ces tendances sont les plus marquées au Danemark, la fertilité masculine a le moins régressé en Finlande, la France restant dans la moyenne.
La Biosphère constate que de faibles doses de polluants dans l’environnement humain provoquent des conséquences qui n’avaient pas été mesurées. L’industrie n’a jamais voulu appliquer le principe de précaution, certaines personnes en ont déjà payé le prix : les effets du distilbène, de l’amiante, de la maladie de Creutzfeld-Jacob… Beaucoup d’autres en payeront le prix dans l’avenir.
10.11.2005 Robin des toits (association)
Les émission de téléphonie mobile ne sont pas émises de façon continue mais pulsées en microsaccades. Or depuis trois milliards et demi d’années, les êtres vivants fonctionnent en résonance avec des émissions électromagnétiques naturelles dont la structure est continue et régulière. Tout vivant est composition d’ordres de différents niveaux, ce qu’apportent les pulsations est désordre ! Il suffit à désorganiser non seulement les fonctionnements physiologiques mais même le structures moléculaires. Les principales perturbations constatées sont :
-
- perte d’étanchéité de la barrière entre sang et cerveau.
- Diminution de production de la mélatonine, une hormone qui régule le blocage des processus cancéreux.
- Perturbation des régulations membranaires des cellules.
- Dommages génétiques.
La technique n’est plus une force qui dompte la Nature, elle devient un cheval de Troie qui détruira de l’intérieur les humains.
11.11.2005 Facteur de progrès ?
Rien ne peut étancher la soif de communiquer de tout le continent africain, si ce n’est… le portable. Heureusement que sur 100 Africains, entre 8 et 30 selon les pays sont déjà équipés. Même si le taux est de 75 % en France, l’équipement en Afrique progresse tellement vite (65 % par an en moyenne entre 1998 et 2003) que la fossé technologique va être un jour ou l’autre rattrapé. Même si un agriculteur ne possède pas de tracteur et vit sans électricité, il lui semble en effet indispensable de faire deux heures de moto par de vilaines pistes pour recharger son téléphone. Et puis le cellulaire est devenu un outil indispensable de la prostitution, il trahit les époux adultères et facilite les attaques à main armée. Comme le dit le directeur des opérations internationales des télécoms : « Là où des offres adaptées (cartes prépayées) sont proposées, on observe une croissance à deux chiffres qui devrait se poursuivre pendant plusieurs années encore ». La technique envahit tout, même au fond de la brousse.
En Afrique comme ailleurs, le besoin de communiquer vient immédiatement après celui de se nourrir et de se vêtir, mais ce besoin n’a nul besoin d’un intermédiaire imposé par l’industrie : la tradition orale africaine est déviée de son cours. De toute façon le portable n’a rien changé au fait que la sociabilité s’opère d’abord entre personnes de même catégorie sociale. La Biosphère était bien plus tranquille quand les Africains se contentaient de l’arbre à palabres…
12.11.2005 Conquête de l’inutile
Bertrand Piccard se propose de boucler le tour du monde à bord d’un avion solaire. Sa machine de 80 mètres d’envergure (autant que l’Airbus A 380), le Solar impulse, sera bourré de cellules photovoltaïques et pèsera pas moins de deux tonnes. Il évoluera entre 4000 et 10 000 mètres d’altitude à l’allure vertigineuse de 60 kilomètres à l’heure en moyenne. Mais parce qu’il faut faire le plus léger possible, il n’y aura qu’un seul humain à bord pour quatre ou cinq escales (il faudra changer de pilote pour parcourir les 45 000 kilomètres autour de la Terre).
La Biosphère peut déjà dire que Bertrand a gaspillé dix années de préparation pour décoller sans doute en 2008. A quoi sert un avion qui aura coûté les yeux de la tête pour un usage solitaire et égocentrique ? Le solaire ne doit pas être un alibi pour faire n’importe quoi.
17.11.2005 Pollutions atmosphériques !
L’un des risques majeurs pour la santé est celui lié aux particules fines en suspension dans l’air. Elles pénètrent profondément dans les poumons et sont à l’origine de graves troubles cardiaques et respiratoires. L’impact dans toute l’Union européenne est de 386 000 décès prématurés en l’an 2000, une perte de neuf mois d’espérance de vie et une perte annuelle de quatre millions de vie. Si on ajoute l’ozone troposphérique, il faut ajouter 21 400 décès et 30 millions de journées sous médication respiratoire. Il faut donc limiter les émissions de particules par les moteurs à combustion, les solvants, les peintures, le dioxyde de soufre des navires, les systèmes de chauffage et de climatisation des immeubles, les usines obsolètes…
La Biosphère a du mal à compatir à la souffrance humaine puisque leur activisme est le seul responsables de leurs maux. Mais la Biosphère est très mécontente des pluies acides qui menacent toujours 245 000 km2 de forêts, la Biosphère est en plein désarroi devant les sols et les eaux polluées par des teneurs élevées en azotes qui entraînent la prolifération excessive de certains végétaux au détriment de la biodiversité (45 % des écosystèmes terrestres de l’UE sont menacés).
Simplicité volontaire
Décroissants, en avant
8.06.2005 Marche pour la décroissance
Partis de Lyon le 7 juin pour aller vers le circuit de Magny-cours, les militants de la décroissance veulent lutter contre les grands prix de formule 1, ce loisir anachronique réservé à une vingtaine de gosses de riches alors que le déclin de l’extraction pétrolière commence aujourd’hui et que le climat sera complètement déréglé demain. Plus généralement les décroissants désirent plus de liens et moins de biens car il n’y a pas le choix entre un changement des mentalités pour une adaptation maîtrisée ou une crise brutale et incontrôlable : la pétroapocalypse.
La Biosphère pense que la décroissance n’est pas l’idéalisation du passé, mais un simple constat de réalité : la croissance dans un monde fini constituait l’impossible rêve de la classe globale, celle qui possède personnellement une automobile.
6.07.2005 Faites l’amour, pas la course
Les marcheurs de la décroissance sont arrivés à un jet de pierre du circuit de formule 1 de Magny-Cours. Ils disent : « Contre un divertissement d’entreprises automobiles qui veulent tourner en rond, contre cette stupidité monstrueuse qui nous assène que nous sommes forcément sur Terre pour l’emporter sur les autres, et avant d’en arriver à la pétroapocalypse et sa régulation par le chaos, il faut devenir des missionnaires de la décroissance. »
Biosphere aime ce genre de discours…
18.07.2005 Catastrophe cosmique
« Notre planète est infestée d’hommes que semblent décidés à saboter l’admirable harmonie de la vie. Ils pourraient bien la ramener à sa stérilité initiale. La Nature a mis en effet au monde une espèce néfaste capable de neutraliser les instincts régulatoires qui assuraient la pérennité de la vie terrestre, une espèce déjà en mesure d’exterminer la vie sur la Terre ». (Hubert
Reeves, in Malicorne)
Pour la Biosphère aussi, l’être humain est une catastrophe cosmique, une seule solution : leur décroissance durable.
13.08.2005 En l’an 2025
« En 2025, Jean remonte dans sa Prius H2 (à hydrogène), sous le regard sombre de l’automobiliste qui fait le plein d’essence alors qu’il vient d’apprendre le dernier choc pétrolier. Il descend la vitre avec la manivelle, une résurgence du passé justifié par la nécessité d’économiser l’hydrogène. Le conducteur sait qu’il n’a environ que 500 km d’autonomie en comptant l’énergie fournie par les panneaux solaires qui tapissent le toit et le capot du véhicule : tout juste de quoi se permettre d’écouter la radio ». (journal Le Monde du 3.08.2005). Le problème des scénarios actuels de science-fiction, c’est qu’ils s’intéressent surtout aux prouesses techniques tout en ne disant rien sur le mode de vie qui serait soutenable pour la planète.
En 2055, la Biosphère sait que les parcours individuels en automobile seront réservés pour les besoins de première nécessité comme les ambulances ou la gendarmerie, avec non seulement la vitre à manivelle manuelle, mais aussi l’absence de climatisation.
30.08.2005 Qui peut être contre la décroissance ?
Un ouvrage très sérieux « Le développement durable, les termes du débat » (coll. Compact civis), indique dès le début de son premier chapitre ce qui sous-tend l’évolution actuelle des idées : « Le slogan de la décroissance générale interdirait la réduction de la pauvreté et n’est guère compatible avec nos systèmes démocratiques. Il convient, en revanche, de disjoindre le dynamisme de nos sociétés de la croissance des flux de matières et d’énergie qui l’a toujours sous-tendu. C’est la croissance de ces flux qui met en péril la viabilité pour l’espèce humaine, notamment la biosphère(…) Il convient encore d’ajouter à la nécessaire décroissance des flux de matières et d’énergie la décroissance, non moins impérative à long terme, des effectifs démographiques planétaires ».
La Biosphère ne peut que se réjouir d’un tel discours de Dominique Bourg, mais cela implique de condamner (à mort, mentale bien entendu) tous les économistes et politiques qui ne jurent que par la croissance !
4.10.2005 Se déplacer coûte plus cher que manger !
Entre 1960 et 1989, la part du budget que les ménages français consacrent aux transports est passée de 10,6 % à 15,6 %. En 1960, le budget de l’alimentation était deux fois et demi supérieur à celui des transports, maintenant celui-ci, avec 5140 euros par an, constitue le poste de dépenses le plus élevé après le logement (8440 euros) et devant l’alimentation (4980 euros). A elle seule la voiture représente 83 % du budget transport : les distances parcourue en voiture sont deux fois plus importantes qu’avec les autres types de transport pour une dépense globale six fois plus élevée. Les dépenses de carburants représentent déjà en moyenne 3,4 % du budget des ménages, soit 1146 euros en 2004. Depuis 1997, le poids des carburants est même plus élevé que celui des voitures neuves ; de plus l’avion dépasse désormais le train, il est depuis 1983 la première source de dépense en services. Cela n’est pas durable !
De gré ou de force, la classe globale (celle qui possède un véhicule personnel) va devoir s’accommoder de ressources fossiles de plus en plus limitées et un jour prochain le budget transport va s’effondrer pour donner de plus en plus de place aux besoins essentiels, à commencer par l’alimentation. Ce sera la loi d’Engel, mais à l’envers : au fur et à mesure que le revenu baissera, la part des dépenses alimentaires dans le budget des ménages s’accroîtra !
15.10.2005 Parti pour la décroissance ?
Suite aux Etats-généraux de la décroissance équitable qui se sont déroulés le 15 octobre 2005 à Lyon en rassemblant plus de 300 personnes, le « Parti pour la décroissance » annonce sa naissance. Le mouvement pour la décroissance prend de l’ampleur dans la société et il se concentre maintenant sur son indispensable articulation politique. Au moment où nous atteignons le pic d’extraction du pétrole, le choix ne se pose pas entre croissance et décroissance mais entre récession ou décroissance, c’est-à-dire entre le chaos ou une décroissance soutenable et équitable préservant et renforçant la démocratie et l’humanisme. Le Parti pour la décroissance s’attelle aujourd’hui à présenter des candidats dans toutes les circonscriptions françaises en 2007 pour présenter la décroissance à l’ensemble de nos concitoyens.
Le Parti pour la décroissance appelle toutes celles et tous ceux qui souhaitent que la décroissance soit portée dans le champ politique à le rejoindre, la Biosphère incite tous les décroissants à investir aussi tous les partis politiques quels qu’ils soient pour porter leur message : il n’y a plus de droite ou de gauche ni même d’extrêmes quand la sauvegarde de la planète est en jeu.
18.10.2005 Utopie
Imaginons une France où il n’y aurait plus que 200 000 chômeurs, où la criminalité serait réduite des quatre cinquièmes, les hospitalisations pour troubles psychiatriques des deux tiers, les suicides de jeunes divisés par deux et où il y aurait une absence quasi totale de cannabis, de cocaïne et d’héroïne : ce serait un merveilleux progrès s’il ne s’était déjà accompli dans le passé. Les chiffres ci-dessus sont en effet propres à la France des années 1960. Aujourd’hui tous les indices convergent pour montrer que, plus les français courent après la croissance économique, plus le bien-être de la population diminue ! Il y a un os quelques part… On croirait que les humains se sont réunis en société non pour assurer leur bonheur, mais pour produire à meilleur marché des voitures de métal, des tissus artificiels et du chômage.
Vous multipliez votre nombre et votre emprise sur les écosystèmes en déstabilisant l’équilibre social et naturel, il n’y a donc qu’une issue : la décroissance humaine.
31.10.2005 Développement durable
Dès 1980, l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) proposait comme définition du développement durable « un développement qui tient compte de l’environnement, de l’économie et du social ». Le rapport Brundtland, document préalable au sommet de la Terre de Rio (1992) énonçait que « le développement durable est un développement qui permet de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Mais ces définitions pêchent grandement car elles s’appuient sur un concept de développement qui lui-même n’est pas défini ! S’il s’agit de garder l’équilibre entre la nature et le progrès économique, faire en sorte de ne pas épuiser les richesses au point où les générations à venir n’auront plus de bois, plus de pétrole, plus d’eau potable, s’il s’agit d’équilibrer la production agricole et la démographie humaine tout en conservant une nature sauvage pour respecter la biodiversité, c’est gravement compromis par quelque développement que ce soit.
Il n’y a qu’une seule acception possible sous le terme développement, c’est celui de décroissance humaine, qu’elle soit démographique ou productive. C’est seulement à cette condition que les humains pourront s’adapter à des ressources alimentaires qui rencontrent un jour ou l’autre la loi des rendements décroissants, et cette décroissance devra être d’autant plus abrupte si on ne veut pas que les humains s’entretuent pour accaparer l’espace dont ils croient qu’ils sont les seuls maîtres.
Simplicité pour tous
30.03.2005 Atopique
L’eczéma qui vient abîmer la peau de bébé est devenu par la grâce de la science DA (dermatite atopique). Cette affection est en augmentation constate depuis une vingtaine d’années et sa prévalence augmente particulièrement dans les populations à niveau de vie élevé. Pour la Biosphère, c’est clair, la diminution de l’exposition des populations aisées aux agents infectieux détraque le système immunitaire, et l’atopie devient cette capacité anormale à synthétiser des anticorps dirigés contre les allergènes naturels auxquels tout le monde est confronté. Pour lutter contre la DA, mais aussi l’asthme et la rhinoconjonctivite allergique, deux solutions possibles, moins laver les bébés ou diminuer le niveau de vie des populations aisées.
Pour sauver la planète, c’est la deuxième solution qui paraît la meilleure…
12.04.2005 Vite, un rouet !
New Delhi a décidé de modifier sa législation sociale en autorisant les salariés du secteur textile à travailler au-delà des 48 heures hebdomadaires légales, et par la même occasion permettre aux femmes le travail de nuit. Il est vrai que les quotas qui protégeaient les pays occidentaux ont disparus depuis janvier de cette année, c’est le moment pour l’Inde d’en profiter. Son industrie textile représentait 1,6 millions d’emplois en 1993 et 4,6 millions en 2003, les possibilité d’embauche sont encore de 12 millions. Mais la Biosphère se rappelle avec nostalgie la philosophie du rouet de Gandhi par laquelle chaque famille indienne se devait de tisser ses propres étoffes pour lutter contre les importations (en provenance d’Angleterre) destructrices du tissu social indien.
Il ne reste plus aux syndicalistes occidentaux qu’à appliquer cette leçon de l’histoire : il est de tout temps nécessaire de fabriquer localement ses propres vêtements.
21.04.2005 Economiser l’eau ?
Selon l’OMS (organisation mondiale de la santé), « Chaque être humain a droit à 50 litres d’eau potable par jour », soit un peu plus de 18 m3 par an. Certains peuvent s’étonner, n’est-ce pas déjà trop ! Mais en France chaque personne utilise déjà en moyenne 150 litres par jour pour sa consommation domestique (alimentaire et non alimentaire), et plus de 200 litres si on ajoute l’ensemble des utilisations collectives de l’eau (écoles, hôpitaux, lavage des rues…). Il faut dire qu’un bain nécessite 150 litres, le lave-linge 90 et la chasse d’eau 10. Les Belges sont les plus sobres de l’UE avec 108 litres quotidiens de consommation domestique. Calcule ta propre consommation et tu t’apercevras que tu peux faire des économies pour la planète : se doucher plutôt que prendre un bain (en fermant le robinet entre chaque aspergions !), se doucher moins souvent, ne jamais laver sa voiture (que l’on ne possède pas !) …
La Biosphère est sûre que tu as plein d’autres proposition pour limiter tes activités…
20.07.2005 Boris Cyrulnik
Petite devinette, qui a répondu ?
Question. La perspective d’un voyage dans l’espace ?
Réponse. Je le fais tous les jours, je m’assois dans mon bureau, je fais le tour de la planète, je fais une psychologie intersidérale ?
Q. Votre mode de locomotion idéale ?
R. La marche, s’il faut une prothèse, le vélo. Enfant je rêvais de voler, il suffisait d’écarter les jambes et d’agiter les bras.
Pour t’aider à nommer ce partisan de la simplicité volontaire :
1er indice, ce n’est pas la Biosphère
2ème indice, il s’agit d’un éthologue célèbre
3ème indice, il est connu pour son concept de résilience
31.07.2008 Indices UV
Que ce soit les journaux télévisés ou les grands quotidiens nationaux, un emplacement conséquent est consacré à la météo des plages, c’est à dire la température prévue de l’eau et de l’air ainsi que la force du vent, la pluviométrie ou les rayons de soleil attendus et même les indices UV (ultraviolet) ou durée en minutes exposant une personne à peau normale à un coup de soleil. L’information importante, c’est ce qui fait plaisir aux touristes alors que le réchauffement climatique découle en grande partie de la propension des touristes à prendre des vacances au soleil de plus en plus loin, donc à gaspiller de l’énergie fossile et à émettre du CO2.
La Biosphère vous dit : ne partez pas en vacances, travaillez dans votre jardin tôt le matin quand il ne fait pas trop chaud, et une bonne sieste l’après midi sans lunettes de soleil suffira à votre bonheur.
17.08.2005 De l’eau à sa portée
Belle-Île en mer au large du Morbihan est principalement alimentée en eau de pluie avec trois retenues d’eau d’une capacité totale de 850 000 m3. Mais le risque existe de se retrouver bientôt en rupture d’eau potable en raison de la sécheresse alors que la population de l’île est passée avec le tourisme de 5000 à 50 000 habitants. On envisage le plus sérieusement du monde un ravitaillement par cargo-citerne, reste à construire une plate-forme d’accostage.
Pourtant la solution parait limpide à la Biosphère, il suffit que les touristes n’aillent plus sur Belle-Île ! Il faut savoir vivre avec les ressources locales quand la pénurie s’accroît, cela passe par une limitation des déplacements et des besoins.
23.08.2005 L’hôtel recyclable !
Pour sortir la chaîne « Scandic Hotel » du marasme financier, on va mettre en place grâce au personnel une grande chasse aux ressources. Ainsi pour diminuer la consommation de produits d’entretien, une femme de chambre propose de remplacer par des cartouches murales tous les petits savons et shampoings qui finissent à la corbeille après sous-utilisation. Les sols en parquet de bois sont préférés à la moquette. On ne change pas les draps des clients qui restent plusieurs jours pour économiser les consommations d’eau et d’électricité des lavages. Une foule d’innovations permet aujourd’hui à Scandic d’affirmer que ses nouvelles chambres sont à 97 % recyclables. L’image de ces hôtels s’est en outre considérablement améliorée et les comptes financiers rétablis.
Même l’hébergement collectif doit suivre la voie de la simplicité volontaire, la Biosphère ne pourra que s’en porter mieux.
5.10.2005 Avantage aux riches…
Le nombre de véhicules particuliers en France qui émettent moins de 120 g/km de CO2 a progressé de 6 % entre 2003 et 2004, de 24 % entre 121 et 140 grammes et diminue de 8 % au-delà de 140 grammes : les véhicules sont donc de plus en plus propres, ainsi la Citroën C2 1.4 HDI avec 107 grammes. Mais on peut aussi rouler en 4×4 avec 192 grammes « seulement », soit en dessous de la limite des 200 grammes fixées par le gouvernement pour taxer les cartes grises. Il s’agit de la Lexus Rx400, un engin à 56 000 euros conçu par Toyota et doté de la technologie hybride (électricité et essence). Ce monstre se voit ainsi exonéré de la taxe qui est fonction du niveau de rejet de gaz carbonique. De toute façon les ménages les plus modestes seront toujours les plus polluants, ils ne pourront jamais acheter de véhicules neufs et leur achat d’occasion restera aux normes anciennes, sans filtre à particules ni moteur hybride.
Il est impossible que l’égalité entre humains passe par un mécanisme de liberté des prix, même tempéré par des taxes internalisant les dégâts environnementaux : pour sauver la Biosphère, il faudra supprimer tous les véhicules motorisés personnels.
6.10.2005 Effet rebond
Vive la recherche-développement qui a permis d’inclure dans l’essence des modificateurs de friction favorisant la réduction des pertes mécaniques. Les groupes pétroliers mènent donc une offensive marketing en proposant un carburant, l’excellium, qui permet de faire plus de kilomètres, soit pour une Renault Laguna 900 km supplémentaires en parcourant 19 000 km par an. Même si le litre d’essence est facturé 4 centimes de plus qu’un carburant classique, le gain en CO2 paraît évident.
Mais la Biosphère connaît l’irresponsabilité humaine qui, en croyant faire plus avec moins, se croit autorisé à vouloir toujours plus. C’est l’effet rebond, à chaque fois que les humains réussissent à économiser telle ou telle matière première pour produire un bien ou un service, l’effet de ce gain sur l’efficacité énergétique (et la dématérialisation) est plus que compensé par une volonté d’accroître encore plus les quantités produites. Ainsi une voiture qui consomme moins de pétrole incite à rouler davantage…
8.10.2005 La faute au Nord ?
Alors que certains dénoncent le phénomène de surpopulation sans égard au poids écologique respectif des populations du Nord et du Sud, pour les écologistes le problème global de l’environnement s’articule autour du gaspillage des ressources et des inégalités Nord-Sud. Si l’épuisement des ressources est attribuée aux pays surpeuplés du Sud, il n’est fait souvent aucune référence aux taux de consommation per capita ni aux transferts de denrées et de matières premières vers le Nord. Pour les écologistes, le gaspillage des ressources, la pollution et la production de déchets sont directement liés au phénomène de la surconsommation de la classe globale, celle qui possède personnellement un véhicule. La situation est aggravée par la diffusion de ce modèle de production et de consommation lié au déplacements individuel dans les pays émergents.
Pour la Biosphère, les habitants des pays riches qu’ils soient patrons ou ouvriers sont tous responsables. La seule orientation possible pour les peuples du Nord, c’est la simplicité volontaire en général, la décroissance de la consommation d’automobiles individuelles en particulier. Pour les peuples du Sud, c’est de continuer à pratiquer la simplicité involontaire et de refuser de tomber dans le piège de la société de consommation. Au Nord comme au sud, il faut dorénavant privilégier la vie conviviale, la relation contre la frénésie matérialiste.
11.10.2005 Contre la violence sociale
Les chiffres sont inquiétants, le nombre d’enfants en danger en France à progressé de près de 7 % en 2004. Pourtant cette évolution n’est pas directement liée à la précarité économique, les minima sociaux et notamment le RMI ont permis de sortir beaucoup de familles de la grande pauvreté. De même les troubles psychopathologiques des parents sont relativement rares, ils concernent au plus 13 % des enfants. On a plutôt le sentiment d’une société de plus en plus déstabilisée dans les règles élémentaires du vivre ensemble. En effet s’installe un déficit relationnel entre parents et enfants d’une part, entre familles et environnement d’autre part. Les carences éducatives des parents renvoie souvent à une absence de repères, à un repli sur soi, en résumé à un isolement social à l’origine de la dégradation du comportement des familles. L’Observatoire de l’action sociale préconise en conséquence le développement social local qui renforcerait les solidarité de proximité et le lien social.
La Biosphère s’esclaffe, la société marchande a brisé les communautés d’appartenance et les rapports de proximité, maintenant elle voudrait que s’instaure artificiellement des rapports de bon voisinage, une « urbanité villageoise ». Seul l’abandon du rapport monétaire généralisé, de la division exacerbée du travail social et des mégalopoles urbaines pourrait recréer véritablement du lien social.
5.12.2005 Le code de la rue
Le 16e congrès du Club des villes cyclables s’interrogeait sur ce thème principal : « Du code de la route au code de la rue ». Ce Club dont on a supprimé en France la « journée sans voitures » a été créé en 1989 par dix villes et en regroupe aujourd’hui 750. Il voudrait généraliser le code le la route belge qui a été enrichi d’un « code de la rue » définissant l’ordre de priorité de chaque usager sur la chaussée. La nouvelle réglementation impose une obligation de prudence du poids lourd envers la voiture, de la voiture envers le cycliste et du cycliste envers le piéton. L’un des points les plus spectaculaires de la réforme berge consiste en l’obligation d’autoriser les cyclistes à emprunter les sens interdits, marquage à l’appui. La mixité de l’espace reste l’idéal car séparer vélos et voitures endort la vigilance, mais cela se fait au détriment de la sécurité des gens non incrustés dans un carapace d’acier. De toute façon une majorité des communes n’applique pas en Belgique le code de la rue car il n’existe pas d’outil législatif pour les contraindre. En France la loi Badinter de 1985 rend la voiture responsable dans presque tous les cas car l’ennemi commun est la vitesse qu’il s’agit de modérer pour la pacifier.
La Biosphère te dit : sur ton vaisseau spatial la Terre, tu te déplaces déjà à 107 000 kilomètres à l’heure autour du Soleil. Contentes-toi pour le reste d’aller au rythme de tes jambes ou des roues de ton vélo.
6.12.2005 Des médicaments inutiles
Les remboursements de produits pharmaceutiques ont augmenté de 6 % entre 2003 et 2004, bien plus vite que la richesse globale : les Français dépensent donc une part de plus en plus grande pour se soigner alors que la Haute autorité de santé doute du Service Médical Rendu par de nombreux produits en circulation. C’est un ministre qui avait déjà demandé en 1999 la réévaluation de la pharmacopée française en fonction du SMR. Mais ce n’est qu’en 2003 que 600 médicaments environ avaient vu leur taux de remboursement baisser, 84 ayant été totalement déremboursé. De telles mesures sont impopulaires, il ne faudrait pas dit-on « brutaliser le patient ». Les gens ont en effet oublié de compter sur les capacités de leurs organismes à se défendre par lui-même, ils ont été trop habitués à se soigner avec des substance chimiques pour engraisser les laboratoires pharmaceutiques. Il y a maintenant près de 7000 marques qui se font concurrence alors que la dénomination commune internationale (DPI), l’espéranto du médicament, ne compte que 1700 substances thérapeutiques. Une commission de la transparence a évalué 1100 médicaments ordinaires en France: un quart n’avait pas fait la preuve de son efficacité.
En fait les humains peuvent faire de la bonne médecine avec trente médicaments seulement, la volonté de décroissance humaine passe aussi par l’acceptation de certaines maladies et de la mort.
7.12.2005 Le consommateur est un pigeon (voyageur)
Dès 1949, E.Leclerc ouvrait à Landerneau la première épicerie « du producteur au consommateur » pour disait-il « appliquer les principes de la charité chrétienne à l’économie ». En 1963, c’est au tour de M.Fournier de tester à 30 km au sud de Paris le premier « hyper-marché » au monde : il s’agissait d’attirer les « clients-voitures » en fournissant du carburant à bas prix et en appliquant le principe « Laissez le consommateur faire le travail », c’est-à-dire place au libre-service. Dès le premier jour les clients se bousculent et le parking devient un business. Depuis lors le consommateur fait non seulement le pigeon entre son domicile et son lieu d’approvisionnement, mais il remplit aussi son caddie à ras-bord : c’est la victoire définitive de la société de consommation.
C’est aussi l’histoire de l’augmentation de l’effet de serre, de l’épuisement des ressources non renouvelables, de la fin programmée de la société thermo-industrielle. La Biosphère n’aura attendu que 50 années environ pour assister à la fin du spectacle automobile et au retour dans les magasins de proximité. Marchez pour faire vos courses et mieux, cultivez votre jardin.
9.12.2005 La culture dans la nature
L’animisme est cette forme de religion qui attribue une âme aux animaux et aux phénomènes naturels. En territoire animiste, on ne retrouve ni castes d’artisans séparés, ni culte des ancêtres, ni démiurges créateurs, ni goût pour les patrimoines matériels, ni obsession de l’hérédité et de la filiation, ni flèche du temps, ni assemblées délibératives. Ainsi les indiens Jivaros de l’ethnie Achuar qui vivent entre Equateur et Pérou : ils pensent que les humains, les animaux, les plantes et les esprits n’appartiennent pas à des réalités séparées : tous étant également dotées d’âmes, ils peuvent communiquer entre eux. Cette façon de considérer l’ensemble du monde vivant comme les partenaires d’une sociabilité généralisée n’est pas une lointaine exception amazonienne, elle se retrouve chez divers peuples d’Asie, d’Amérique ou d’Océanie. Dans ce système règne la simplicité productive et la limitation des besoins, ces règles de vie incontournables permettant la durabilité extrême. Ce sont les ancêtres d’une écologie bien comprise, la sauvegarde des besoins des générations futures ne passait pas par le « développement ».
Quand la culture future des humains aura intégré à nouveau une symbiose avec la Nature, alors la Biosphère sera-t-elle plus paisible pour ses composantes humaines et non-humaines
Techniques douces
28.05.2005 Sacs-poubelle
La ville de Bombay interdisait les sacs en plastique en 2000, l’Etat du Bengale fin 2001, le Bangladesh en mars 2002, la France hésite encore en l’an 2005. Pourtant le polyéthylène est non seulement une pollution visuelle, mais provoque des maladies chez les animaux qui les avalent, bloquent les égouts et polluent les sols. Il faut dire aussi que les substituts comme le polyéthylène additivé se délite en micro-particules durables, elles aussi nuisibles à l’environnement. Quant au papier, sa production nécessite plus d’énergie que celle du plastique. L’idéal technique serait le recours à des produits biodégradables à base d’amidon de maïs car ils s’adaptent aussi bien à l’incinération qu’à la filière compost. Mais on peut surtout penser aux cabas réutilisables qui sont cousus et réclament alors plus de main d’œuvre : grave inconvénient, les Occidentaux sont incapables de les produire à un coût compétitif !
La Biosphère vous dit alors : cousez et recousez votre propre cabas.
3.06.2005 Lampes inusables ?
Les lames fluo-compactes durent cinq à six fois plus longtemps, mais elles contiennent jusqu’à 25 milligrammes de mercure (soyons honnêtes, les plus récentes 3 milligrammes, c’est à dire beaucoup trop). C’est là le drame : le mercure est très volatil et très polluant d’une part, une société censée retraiter ces lampes a fait faillite d’autre part et de toute façon les particuliers, faute d’information, les jettent directement à la poubelle. Pourtant ces lampes sont classées « déchets dangereux » depuis les décrets de 1997 et 2002, mais sans obligation de porter cette mention sur les étiquettes. C’est pourquoi ces lampes qui polluent grave les détritus ménagers sont actuellement présentées comme une manière d’économiser l’énergie. En fait on s’aperçoit encore une fois que les soi-disant progrès techniques vous enferment toujours davantage dans des problèmes sans fin : si ce n’est pas du côté des ressources naturelles, ce sera du côté des déchets qui résultent de votre consommation.
La meilleure électricité, c’est celle que vous n’utilisez pas.
28.08.2005 Maison écolo
Une maison doit s’inspirer des lois qui permettent à un arbre de pousser : n’utiliser que l’énergie du soleil, éliminer la réalité des déchets et favoriser la biodiversité. Les eaux usées sont filtrées par des bacs de plantes et des microorganismes vont se nourrir tout en purifiant l’eau ; le toit est couvert de verdure, il isole le bâtiment, filtre les émissions de gaz et récupère les eaux de pluie tout en accueillant les oiseaux de la région ; de larges baies vitrées, une orientation optimisée vers le soleil et un toit orné d’un chauffe-eau solaire et de panneaux photovoltaïques pourrait même permettre d’avoir un bilan énergétique annuel positif.
Vous voyez ce qu’il vous reste à faire pour défendre la Biosphère !
7.11.2005 Autonomie de la technique
C’est au moyen des outils qui permettent la transformation de l’environnement que les humains se produisent eux-mêmes. Les haches de pierre sont vieilles de un à deux millions d’années, bien avant l’évolution vers l’homo sapiens ; elles ont été découvertes en Afrique et en Eurasie, elle se rassemblent toutes, un même modèle reproduit sur 50 000 générations à travers le monde pour des sociétés de chasseurs-cueilleurs qui se donnent déjà les moyens de forcer la Nature et les autres humains. Cependant l’organisation sociale reste encore relativement en phase avec la Biosphère, l’outil est rudimentaire et les populations humaines peu nombreuses. Par la suite on a inventé des outils encore passifs, qui ne pouvaient agir qu’une fois manipulés par une personne comme la hache de pierre, puis la recherche appliquée s’est accélérée de nos jours : les machines-outils et les automates sont devenus actifs, on se contente de les surveiller et de les réparer. Maintenant les processus informatiques peuvent fonctionner 24 heures sur 24 même de façon autonome du moment qu’on met de l’énergie à leur disposition. La puissance et l’interconnexion des outils actuels transforment complètement la planète et dépassent non seulement le pouvoir de maîtrise humaine, mais aussi le seuil de tolérance des équilibres vitaux.
Conviviale est la société où les humains contrôlent leurs outils. Yvan Illich appelait société conviviale une société où l’outil moderne est au service de la personne intégrée à la collectivité, et non au service d’un corps de spécialistes, l’outil est convivial quand personne n’a besoin d’un diplôme pour avoir le droit de s’en servir. La Biosphère pense en outre que l’outil est convivial quand son emprise sur la Nature reste la plus légère possible.
13.11.2005 Eco-gîte ?
A quelque kilomètres du centre nucléaire de Cadarache, une association écologiste fête son 25ème anniversaire. Au début il s’agissait d’éduquer les gens au respect de la forêt, et puis l’idée de construire une maison autonome en énergie a fait son chemin. De chantiers de jeunes en stages de formation pour adultes, la bâtisse bioclimatique va prendre vie L’eau de pluie est récupérée et stockée, mais le centre n’a pas de jardin potager à arroser. L’eau potable est puisée par forage, déjà la technique commence à montrer son nez. Et puis on utilise chauffe-eau solaire, cellules photovoltaïque et groupe électrogène au GPL qui assurent une indépendance toute relative. En fait il n’y a pas d’autonomie quand les matériaux utilisés (cellules photovoltaïques, GPL…) sont importés de l’extérieur et que cette communauté ne vit en fait que des touristes (10 000 nuitées chaque année) en mal de mode de vie expérimental.
Pour la Biosphère, une société deviendrait conviviale si l’outil lui-même était convivial, utilisant seulement une technique douce, douce à l’usage, douce à la reproduction du savoir-faire, douce à la Nature. Pour que les activités humaines redeviennent comme autrefois le simple prolongement de la force physique, il faudrait limiter l’utilisation des techniques modernes. L’objet qui pèse le moins lourd sur la planète sera toujours celui qu’on ne fabrique pas.
8.12.2005 L’écologiste n° 16 (édition française de The Ecologist)
« Il existe en Inde un arbre à savon donnant des noix dont les coquilles sont utilisées traditionnellement par les habitants pour se laver le corps ou nettoyer le linge. La coquille contient en effet à hauteur de 10 % de la saponine, que l’on dilue dans l’eau chaude pour émulsionner et dissoudre les graisses. Ces noix peuvent même rejoindre le compost après usage, d’où sa commercialisation depuis un an en Allemagne et quelques semaines en France. En tout état de cause, importer durablement un produit de base distant de plusieurs milliers de kilomètres ne peut guère être qualifiée d’écologique. L’idéal serait de cultiver cette plante sous nos climats tempérés ».
La Biosphère a une autre idée immédiatement réalisable, que les humains agissent comme en pays Bigouden autrefois : on se mariait avec le linge de toute sa vie, 52 chemises de lin, une pour chaque semaine, entassées dans des coffres et lavées une fois l’an à la cendre… Ajoutez quelques paires de draps inusables.
10.12.2005 Vive les bambous !
Le bambou peut être utilisé pour épurer les eaux usées sans produire le moindre déchet. Dans l’enchevêtrement de ses racines, une microfaune (vers, petits coquillages) minéralise la pollution des eaux usées qui est ensuite prélevée par la tige de la plante. Toute l’eau usée, répandue dans la bambouseraie, est absorbée. Bien sûr ce procédé ne concerne pas toutes les pollutions, il faut par exemple se passer de rejeter des hydrocarbures dans l’environnement, ce qui devrait aller de soi. Plus écolo que les stations d’épuration classiques, cette technique nécessite aussi d’assez grands surfaces. Mais un hectare pour 2000 habitants, c’est nettement moins que pour l’épandage ou le lagunage.
Les technique douces pour l’environnement, « Y’a que ça de vrai » dit la Biosphère.
11.12.2005 Dans tous ses poils
D’abord les femmes ôtèrent les poils du mollet, c’était dans les années 1920 avec les robes courtes et les premiers bains de mer. Et puis les maillots couvrant de moins en moins de chair, ce fut l’épilation de la jambe entière et même des poils du pubis qui pouvaient dépasser. Il n’y a pourtant dans cette évolution que conformisme et effet de mode orchestré dans le seul but de vendre des tissus dont l’élasticité croissante (fini les maillots en laine, vive les matières synthétiques !) et la texture permettait de réduire la taille du bikini. Pour les garçons la transformation du duvet en barbe révélait au contraire la fin de l’adolescence et l’identité masculine, un véritable ancrage dans une spécificité corporelle. Mais on a inventé les rasoirs mécaniques ou électriques, les jetables et les super-performants à trois lames. Alors il y a maintenant la convergence des sexes qui fait que les hommes ne se rasent plus seulement la barbe, mais pratiquent aussi de plus en plus l’épilation plus ou moins intégrale. Manière d’affirmer la supériorité de la culture sur la nature, manière de souligner l’éloignement de l’homme de son origine animale? Que nenni ! Les corps des deux sexes sont dorénavant instrumentalisés, le poil est devenu le cœur d’une nouvelle cible à des fins mercantiles.
Contre la société thermo-industrielle et pour un rapprochement de notre mère Nature, inversez la tendance et redécouvrez le plaisir d’être velu, que vous soyez hommes ou femmes.
Loisirs et sport
Loisirs
1.03.2005, Une baleine orange
Orange II, le maxi-catamaran de Bruno Peyron a heurté un gros cétacé dans sa tentative de battre le record du monde. L’histoire humaine nous dit que son safran bâbord a été endommagé, mais qu’il n’y a ni voie d’eau ni danger véritable ; par contre rien ne nous dit si l’épaulard (ou peut-être même une baleine !) a subi des avaries telles qu’il ou elle ne puisse finir son propre tour de la Biosphère.
Les animaux qui se contentent de vivre leur vie sont toujours emmerdés par des rigolos qui concourent dans la course à l’inutile. Il est temps que cette situation inacceptable s’arrête !
5.03.2005, Inutile record
Steve Fossett vient de boucler le tour du monde en solitaire en moins de trois jours : son prototype a parcouru 37 013 km en faisant du 23 litres au cents kilomètres malgré l’aide de vents soufflant jusqu’à 200 km/h. Ce milliardaire (qui vit donc avec l’argent des autres) se permet d’enchaîner record après record pour satisfaire un ego démesuré sur une planète qui lui devient trop petite.
S’il lui prenait maintenant l’idée de marcher lentement sur un sentier de campagne en contemplant attentivement le peu qu’il reste de la biodiversité, il prendrait mieux conscience de l’inanité de ses efforts et il se reconvertirait en ardent défenseur de la Biosphère et en champion de la lutte contre l’effet de serre. Il faut encore rêver…
20.06.2005 Sauvés par le rock !
Le précédent Live Aid de 1985 organisé par le rocker Bob Geldorf et suivi par 1,5 milliard de téléspectateur avait rapporté 50 millions de dollars pour l’Afrique. Le prochain show-business Live8 aura lieu bientôt simultanément dans huit villes en réunissant toute l’aristocratie du rock. A l’exception d’un seul, les artistes africains ont été écarté de cette manifestation en leur faveur puisque, selon Bob Gelforf lui-même, « Les artistes africains vendent beaucoup moins de disques » alors qu’il faut « les artistes les plus connus pour réunir un maximum de gens et exercer une pression politique ». Ainsi va la société du spectacle qui, sous couvert de philanthropie, mobilise des spectateurs qui se donnent bonne conscience en assistant à des concerts. A ces millions de personnes qui vont artificiellement crier « ça suffit », la Biosphère pose trois questions :
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- les Africains ne doivent-ils pas trouver par leurs propres forces les moyens de vivre en meilleure harmonie ?
- l’argent n’incite-t-il pas à un modèle de développement qui fait oublier l’importance de la joie de vivre ?
- assister à un concert est-il un moyen absolument nécessaire pour sauver la planète ?
1.09.2005 Fin de vacances, la Biosphère respire
On chiffre les déplacement annuels internationaux à un milliard dont 70 % sont consacrés au tourisme. Ces déplacements au paroxysme pendant les vacances est une pratique dégradante intimement liée à la consommation et au commerce. Pour accueillir les touristes, il faut construire des aéroports, des routes, des équipements, des parkings et donc stériliser des territoires pour dévorer une énergie considérable nécessaire pour voler dans les airs ou rouler dans un camping car. Le touriste est aussi une agression insupportable contre une culture particulière, que ce soit la messe à Notre Dame de Paris couverte par le piétinement des visiteurs qui résonne sous les voûtes, ou le tourisme « solidaire » dans les ghettos de Soweto, les cimetières de Belfast ou les folklores reconstitués dans les lieux les plus divers qu’on veut rendre semblable à leurs stéréotypes.
La liberté de se déplacer semble devenu un droit de l’Homme alors que c’est un acte terriblement destructeur non seulement pour les sociétés humaines, mais aussi pour la Biosphère : supprimez le tourisme !
sports
8.03.2005, Pieds nus
« Ils »arrivent, « ils » débarquent à Paris, « ils » sont attendus par le mairie du Paris, par le président de la région, par le ministre des sports. La droite et la gauche unies chantent en cœur un hymne aux treize examinateurs d’un machin qui s’appelle CIO pour faire des petits trucs en l’an 2012. Alors que les jeux olympiques ont été privés de ressources financières jusqu’en 1972 parce que le Président du CIO de l’époque était un farouche défenseur de l’amateurisme, le CIO est maintenant devenu richissime grâce à la vente des droits de retransmission et au sponsoring d’épreuves désormais ouvertement professionnelles. Sous le prétexte du sport comme expression des peuples, les jeux Olympiques sont aujourd’hui le cache-sexe du système marchand : sur le stade comme ailleurs, la lutte entre Etats se transforme en lutte entre firmes. En 1896 avaient lieu les premiers jeux publics du capitalisme triomphant, cent ans plus tard aux JO d’Atlanta des athlètes comoriens, dont la Fédération n’avait pas les moyens de leur offrir les dernières chaussures de sprint, couraient pieds nus pour protester contre la « course à l’armement ». Biosphère dit : « Ni à Paris, ni ailleurs », l’épanouissement corporel n’a rien à voir avec ce long show fluo qui s’étire interminablement entre cérémonie d’ouverture et apothéose médiatique en clôture.
« Plus vite, plus loin, plus fort », telle est la devise des jeux olympiques modernes alors que les principes de la Biosphère sont à l’inverse « Aller moins vite, aller moins loin, plus de douceur » : il faut respecter les écosystèmes.
11.03.2005, Brève
Juste avant le départ du Paris-Nice, le comité de candidature aux JO 2012 a reçu le soutien de Lance Armstrong « Paris mérite les jeux »… Peu de temps après l’Américain abandonnait l’étape : enfin un signe de bon augure, pas de jeux Olympiques ?
8.07.2005 Des JO, rien que du lobbying
Paris a perdu car les JO.2012 auront lieu à Londres ! A priori la France ne pouvait pas perdre, le dossier était bien ficelé, pas cher du tout, respectueux du développement durable paraît-il, tout pour plaire. Mais le monde actuel ne vit plus selon les règles du fair play, le CIO n’est plus qu’un regroupement de personnes qui mettent les JO aux enchères en pensant à la visibilité médiatique à la mode et aux retombées financières parallèles. Et le libéralisme anglo-saxons est passé maître dans l’art de faire du lobbying auprès d’un tel aréopage. Biosphere sait de toute façon qu’il n’y a plus d’éthique parmi les humains, justes des rapports de force car l’important n’est plus de participer à quoi que ce soit, mais de gagner à n’importe quel prix.
Les JO ont été interrompus pendant des centaines d’années, pourquoi recommencer cette mascarade réservée aux villes les plus riches et les plus influentes. Vive la rencontre sportive entre gens du même village !
15.11.2005 Des champions artificiellement modifiés
Le Comité olympique américain a volontairement couvert plus d’une centaine de sportifs de haut niveau contrôlés positifs entre 1988 et 2000. Malgré la dénonciation de ce fait par en quotidien californien en 2003, l’information est peu reprise par les grands médias nationaux. L’inertie nationaliste se conjugue avec les progrès de la chimie : un stéroïde de synthèse qui sera nommé THG pour sa forte teneur en tétrahydrogestrinone (famille des anabolisants) est rendu indétectable par l’ajout de quatre atomes d’hydrogène. Il faudra l’envoi anonyme d’une seringue en contenant pour pouvoir l’analyser et en déduire des testes spécifiques de détection. Et ce n’est qu’en l’an 2005 que les soupçons de dopage à l’encontre de Lance Armstrong peuvent être confirmée.
Le sport d’élite n’est plus que pharmacopée ambulante pour spectateurs en manque d’efforts physiques personnels. La Biosphère mérite mieux que le détournement de ses mécanismes physico-chimiques par des humains imprudent et impudents.
Ce blog biosphere en 2005, il y a 20 ans Lire la suite »