anthropisation

Toute mégastructure implique l’effondrement

D’un côté des militants s’introduisent dans l’aéroport du Bourget pour y planter des arbres et dénoncer « les criminels climatiques », de l’autre le ministre délégué aux transports, Clément Beaune veut mettre fin à certains projets autoroutiers. Convergence des luttes ? En fait l’action directe tout autant que la volonté gouvernementale ne sont qu’incantations. Politiques, chefs d’entreprise ou ménages, nous sommes tous prisonnier d’une mégastructure qu’on ne peut modifier qu’à la marge.

Le pouvoir véritable n’est ni dans les assemblées politiques, ni parmi les dirigeants des entreprises, encore moins dans la rue, le pouvoir est celui de l’état de nos infrastructures matérielles et superstructures organisationnelles à un moment donné. Prenons un exemple, mais on pourrait faire le même genre de raisonnement sur le transport aérien ou la prépondérance du numérique dans l’organisation sociale. La voiture comme consommation de masse n’est que centenaire, à partir de la Ford T en 1908. A l’époque, il n’y avait en France que 1672 voitures, aujourd’hui il y en a 36 millions et beaucoup plus d’un milliard sur la planète. L’invention de l’automobile a incité à multiplier les voies, ce qui a favorisé l’achat d’automobiles, d’où la construction d’autoroutes, la mondialisation du complexe pétrolier, la création d’entreprises vouées à l’automobile, l’encadrement par l’État, etc. Au début du XXe siècle, on n’avait pas besoin de voitures, il n’y en avait pas ; aujourd’hui on en a absolument besoin car la possession généralisée de voitures a entraîné l’éloignement du domicile et du lieu de travail, et l’obligation de fréquenter les parkings des centres commerciaux.

Mettre à bas cette structure socio-économique ne peut pas être pensé aujourd’hui, il n’y a pas d’acceptation possible d’un dévoiturage, le gouvernement ne peut que proposer de remplacer les véhicules thermiques par des électriques.

Les grandes marches pour le climat ne disent rien de comment faire diminuer réellement nos émissions de gaz à effet de serre et les déclarations politiques ne sont que des effets de manche. Les seules prémices d’une remise en question des infrastructures sont issues du mouvement de contestation des grands travaux inutiles et imposés : le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, les lignes à grande vitesse, le Stade des Lumières, la tour Triangle, les incinérateurs géants, les centrales nucléaires de quatrième génération, les projets de méga-centre commerciaux ou l’A69… Mais tous ces mouvements ne sont que des appels à freiner la sur-structuration de nos sociétés, pas à déstructurer le système thermo-industriel. Alors, que faire? Attendre une mégacrise qui semble inéluctable.

Dans son livre de 1988 sur l’effondrement des sociétés complexes, Joseph A. Tainter avait montré que confrontées à de nouveaux problèmes, les grandes civilisations accroissaient la complexité de leur fonctionnement en investissant plus encore dans les mêmes moyens qui provoquent leur perte. Le gain marginal d’une complexité croissante décline en effet jusqu’à devenir négatif. Alors tout accroissement de la complexité (et de ses coûts) entraîne la diminution des bénéfices sociaux. L’effondrement économique et social est alors probable, celui de l’empire romain par exemple.

Aujourd’hui nous avons créé des systèmes gigantesques et monstrueux qui sont devenus indispensable au maintien des conditions de vie de milliards de personnes. Nous sommes passés en un siècle d’une société de circuits courts à des relations mondialisées où il n’y a plus d’autonomie possible. Le volume du commerce mondial a augmenté de 4 500 % entre 1950 et 2022, chaque humain est devenu complètement dépendant de flux transnationaux. L’omniprésence des complexes sociotechniques a rendu les personnes extrêmement hétéronomes, c’est-à-dire dépourvues des capacités de retrouver quelques îlots d’autonomie. Dans nos sociétés, très peu de gens savent aujourd’hui survivre sans supermarché, sans carte de crédit et sans station-service. Lorsqu’une société devient hors-sol, c’est-à-dire lorsqu’une majorité de ses habitants n’a plus de contact direct avec le système-Terre, la population devient entièrement dépendante de la structure artificielle qui la maintient dans cet état. Si cette structure s’écroule, c’est la survie d’une grande partie de la population qui pourrait ne plus être assurée.

L’effondrement d’une civilisation suréquipée peut être très rapide. Plus le niveau d’interdépendance des infrastructures est élevé, plus de petites perturbations peuvent avoir des conséquences importantes sur l’ensemble. La variation du PIB repose sur des enchaînements qui agissent à la hausse comme à la baisse. Par exemple le multiplicateur de revenu explique en partie la phase d’expansion du cycle, mais aussi la crise. Au niveau financier, le mécanisme est similaire. Lorsque l’économie ralentit, la probabilité d’un remboursement des prêts accordés diminue, entraînant des défauts de paiement et des pertes d’emplois, donc moins de prêts accordés et moins d’argent en circulation. Ce processus s’auto-alimente, et une fois lancé il est très difficile de l’arrêter. Ainsi de la crise des subprimes de 2008. L’économie est aussi très dépendante de la disponibilité des ressources naturelles, en particulier de l’énergie fossile. Rappelons l’analyse de Jean-Marc Jancovici : « Si demain nous n’avions plus de pétrole, ni gaz, ni charbon, ce n’est pas 4 % du PIB que nous perdrions (la place de l’énergie dans le PIB), mais près de 99 %. »

En résumé, une mégastructure se trouve toujours à un moment ou un autre confrontée à des mégachocs. Rappelons la grande crise mondialisée de 1929 suite à un krach boursier, rappelons les premiers chocs pétroliers des années 1970, constatons la fragilité actuelle des approvisionnements de l’Union européenne en énergie ainsi que la volonté croissante des décideurs de faire une pause dans la « transition écologique »…

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à mégamachine, mégacrise (2011)

extraits : LeMonde économie (22 mars 2011) s’interroge : « Et si les effets des mégachocs devenaient insurmontables ? ». Le journal évoque la mégacrise comme résultante du  blocage simultané des différents systèmes socio-économiques « en raison de la désintégration des réseaux d’interdépendance qui les relient ». Mais le dossier est centré sur « qui va payer la facture », pas sur les déterminants fondamentaux et les solutions réelles.  Ulrich Beck résume le problème : « L’extension des risques est consubstantielle à la mondialisation de l’économie industrielle ». Mais c’est l’archéologue Joseph A.Tainter qui nous donne la bonne interprétation, la complexité croissante. ..

La difficulté de démanteler la mégamachine ! (2012)

extraits : Quelle différence, en termes de contenu technologique et de complexité technique, entre une centrale nucléaire et une éolienne industrielle de 5 ou 7 MW ? Ou plutôt un macrosystème de milliers d’éoliennes et de fermes photovoltaïques, reliées par des smart grids permettant à tout instant d’équilibrer offre intermittente et demande variable. Aucune ! On y trouve également des métaux farfelus, une production mondialisée exigeant des moyens industriels à la seule portée d’une poignée d’entreprises transnationales, une installation et une maintenance requérant des moyens exceptionnels (barges, grues, remorques spéciales…), ne pouvant s’appuyer que sur une expertise fortement centralisée, de l’électronique à tous les étages, etc. A mille lieues d’une production autonomie, résiliente, ancrée dans les territoires et maîtrisable par des populations locales…

l’effondrement programmé de la méga-machine (2013)

extraits : Dans nos sociétés complexes, toute notre vie quotidienne repose sur un système mondial de réseaux techniques interconnectés. Derrière une automobile, un grille-pain, un portable, il y a des centrales nucléaires, des lignes à haute tension, des oléoducs et gazoducs, des guerres menées pour assure l’approvisionnement en énergie… A partir du moment où cette méga-machine n’est plus alimentée par une énergie abondant et bon marché, doit-on s’attendre à un effondrement de civilisation ? Voici quelques réponses

Les mégalomaniaques sont au pouvoir

extraits : La tour de Babel s’est effondrée, les monuments en Égypte étaient recouverts par le sable, des pyramides étaient enfouis dans la jungle au Mexique ou au Cambodge et aujourd’hui nos tours se veulent plus haute que le ciel, Elon Musk veut terraformer la planète Mars et tous les dictateurs se construisent des palais grandioses. Plus les difficulté socio-économiques et/ou écologiques sont délétères, plus les dirigeants font dans la démesure … c’est la perte du sens des limites qui signera notre perte...

La mégalomanie de Jeff Bezos, un affront

extraits : Notre époque a besoin de sobriété dans un contexte de raréfaction des ressources, et pourtant on cultive la démesure, la mégalomanie, ce comportement pathologique caractérisé par le désir excessif de gloire et la folie des grandeurs. Ainsi cet article sur Jeff Bezos

Encore une méga-chose qui s’éclate !

extraits : Le « Starship », la mégafusée de SpaceX, explose en vol trois minutes après son premier décollage. Elon Musk lui-même avait reconnu, à l’occasion d’une conférence, qu’il n’y avait qu’une chance sur deux pour que le Starship atteigne l’espace. L’idée de SpaceX consiste à enchaîner les essais jusqu’à ce que cela fonctionne…

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A69, la logorrhée des imbéciles aveugles

Sur ce blog biosphere, nous essayons d’améliorer notre niveau d’intelligence collective. Mais sur la manif contre l’A69, quand on lit les commentaires que font des abonnés du MONDE, pourtant normalement doté d’un cerveau en bon état,… c’est à désespérer.

L’avenir est bouché, mais nous l’auront bien cherché !

Commentaires putrides sur le monde.fr

Jean-Charles : Bienvenue en France au pays des émeutiers et des casseurs qui s’en prennent aux forces de l’ordre…

MarcRaph : Ça suffit de tous ces oisifs et assistés qui ne font que saboter ce pays !

Jean Kaweskars : Israël a le Hamas Nous avons le Soulèvement de la terre

jean-claude meyer : Franchement, marre des ces contestataires qui d’ailleurs ne sont pour la plupart pas de la région et qui ne pensent qu’ à utiliser la violence et l’affrontement avec les forces de l’ordre.

Maxime L. :De gentils zadistzs qui balancent des pierres « parce que c’est hyper violent cette autoroute». Guignols.

MOK : Les baba cool se cherchent un nouveau squat. C’est non. L’exemple de NDDL et de ce qui se passe à Nantes depuis, la dégradation de la ville à cause de ces populations parasites est un point de référence. Faut les dégager tout de suite.

ALBERTO : Imaginez la construction du barrage de Serre ponçon de nos jours, un chapelet d’activistes perchés dans les arbres, un spectacle extraordinaire.

-Alazon- : L’écologisme ne respecte pas la démocratie mais veut imposer par la force ce qui est refusé dans les urnes. Aucun écolo n’a de légitimité pour défendre un platane qui ne lui a rien demandé. Aucun écolo n’a de légitimité pour imposer leur mode de vie à leurs concitoyens. Défendons la démocratie contre ces factieux.

Jf canet : Il est nécessaires d’appliquer la Loi et les procédures surtout si elles découlent de l’application de la Loi, de mises en œuvre démocratiques et du soutien des élus locaux et de ses habitants . Il est donc nécessaire d’evincer une ZAD non démocratique et potentiellement violente très rapidement. Ceci notamment pour restreindre la dictature des minorites, qui sous prétexte d’urgence climatique, mène un combat anti démocratique.

Jean-pierre Hrases : Une majorité de français souhaite des dirigeants à poigne, à constater l’impossibilité de faire entendre raison à ces minorités qui refusent de respecter la loi et la faiblesse des gouvernants. Les forces mobiles auraient elles dû aussi attendre la fin de la manucure de cette pseudo scientifique avant d’évacuer les délinquants et criminels ?

DBok : Il ne faut pas laisser s’installer des ultra-écolos violents et brutaux. Nous sommes en démocratie et il y a d’autres moyens de s’exprimer.

Zitoune s. : Les règles démocratiques de notre démocratie, certes imparfaite, ont toutes été respectées. Le projet peut avoir lieu. Ce n’est pas quelques individus violents et non respectueux des règles démocratiques qui doivent dicter leur loi. Force doit rester à la loi.

V. : Il,y en a marre de tous ces gens qui, sous prétexte écologique, veulent en fait aller à l‘encontre de décisions prises dans un cadre démocratique et, pour cela n‘hésitent pas à commettre des violences et des dégradations.

Sigi Dijkstra : Les écolos rèvent d’un martyr qui pourrait devenir le saint prophète de leur religion. L’essentiel est que son sacrifice puisse donner naissance à une forte icône digne du grill de Saint Laurent et des flèches de Saint Sébastien. Peut-être qu’un énorme bull-dozer Caterpillar jaune et noir fera l’affaire ?

Vacance du pouvoir : Le militantisme « écologiste » va contre l’écologie, en invalidant la loi et la décision prise démocratiquement. Ces actions n’ont de festif que l’excitation de la transgression. Les Français n’ont aucun besoin de ces clowneries face aux grands défis de la transition écologique, pour laquelle il faudra de l’unité, de la légitimité démocratique, des grands travaux publics avec probablement du béton et du macadam, n’en déplaise aux Amish des ZAD.

Astrophy : Donc une infime minorité veut sauver le monde sans demander son avis à ce même monde. A ma connaissance, personne n’a demandé à être sauvé excepté une infime part de la population. On ne fait pas le bonheur des gens contre eux-mêmes.

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Nous sommes tous des (éco)terroristes

Des milliers d’opposants au projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres ont manifesté le 21 octobre 2023 : « Ramdam sur le macadam », « Plus de moisson, moins de béton », « Aux arbres citoyens », « Le 69 oui, l’A69 non », « Amour et rage, no macadam ! ». L’objectif du cortège le plus « déterminé » était une cimenterie de la société Carayon pour y taguer des slogans hostiles à l’A69, et déployer une grande banderole « No Macadam » sur une centrale à béton. Trois camions toupies ont été incendiés. Est-ce du terrorisme ?

Le terrorisme reste difficile à définir tant le mot est polysémique.

Marc Semo : « Il n’a jamais été possible à l’ONU ni à la Cour pénale internationale de se mettre d’accord sur une définition précise, et surtout acceptée par tous, du terrorisme. Le terrorisme n’est pas une idéologie mais un mode d’action qui peut servir les idéologies les plus variées. Ses définitions sont généralement critiquables pour leur caractère tautologique : le terrorisme est ce qui crée la terreur !  Si sa définition reste floue, la naissance de cette notion est bien circonstanciée. C’est la Révolution française, en particulier la Terreur en 1793-1794, qui invente le terrorisme moderne, la chose puis le mot. Les premiers dans l’histoire à être appelés “terroristes” sont les conventionnels envoyés en mission en province pour assurer la répression du royalisme et du fédéralisme. Le terrorisme naît donc en haut, au cœur même de l’État, il est donc possible de parler de terrorisme d’État. Mais le sens du mot s’est désormais inversé. Il désigne une stratégie de contestation violente de l’Etat, au nom des classes exploitées, puis au nom des peuples opprimés. Le terrorisme se pose dès lors comme l’arme des faibles.

Les autorités françaises furent parmi les premières à introduire, dès 1986, une définition juridique. A l’époque, elle visait à sanctionner avant tout des poseurs de bombes corses, des pirates de l’air ou des preneurs d’otages. Dans le code pénal français, le terrorisme est caractérisé comme « une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur ».

Un exemple contemporain d’application

Le « terroriste », c’est d’abord celui dont on veut délégitimer le combat. Une dizaine de policiers, dont plusieurs encagoulés et équipés d’un bélier, ont sonné le 20 octobre 2023 au domicile de Jean-Paul Delescaut, secrétaire départemental de la CGT dans le Nord. Ils intervenaient dans le cadre d’une enquête ouverte pour « apologie du terrorisme » et « provocation à la haine et à la violence ». En cause, un appel à manifester en « soutien au peuple palestinien en lutte contre l’Etat colonial d’Israël ». Sur ce tract, on y lit : « Les horreurs de l’occupation illégale se sont accumulées. Depuis le samedi 7 octobre, elles reçoivent les réponses qu’elles ont provoquées. » Hamid Chebout, coordinateur de la CGT nordiste  : « Nous avons condamné les actes terroristes du côté d’Israël et des Palestiniens. On est clairs et on assume notre position : nous sommes pour une Palestine libre. »

Dès 1948, Albert Einstein et Hannah Arendt n’avaient pas hésité à employer le mot terroriste à propos du mouvement dirigé par Ménahem Begin.

« A l’éditeur du New-York Times. – New York, 2 Dec. 1948. Parmi les phénomènes politiques les plus inquiétants de notre époque, il y a dans l’état nouvellement créé d’Israël l’apparition du “Parti de la Liberté” (Tnuat Haherut), un parti politique étroitement apparenté dans son organisation, ses méthodes, sa philosophie politique et son appel social aux partis Nazi et fascistes. Un exemple choquant fût leur comportement dans le village Arabe de Deir Yassine. Ce village, à l’écart des routes principales et entouré par des terres Juives, n’avait pas pris part à la guerre, et avait même combattu des bandes Arabes qui voulaient utiliser comme base le village. Le 9 avril 1948, des bandes de terroristes ont attaqué ce village paisible, qui n’était pas un objectif militaire dans le combat, ont tué la plupart de ses habitants – 240 hommes, femmes et enfants – et ont maintenu quelques uns en vie pour les faire défiler comme captifs dans les rues de Jérusalem. Les terroristes, loin d’avoir honte de leurs actes, étaient fiers de ce massacre et ont invité tous les correspondants étrangers présents dans le pays à venir voir les tas de cadavres et les dégâts causés à Deir Yassin. Au sein de la communauté Juive, le Parti de la Liberté prêche un mélange d’ultra-nationalisme, de mysticisme religieux, et de supériorité raciale.

Le point de vue des (éco)terroristes

Nous sommes tous des écoterroristes !

extraits : Les organisateurs, dont la Confédération paysanne et le collectif Bassines non merci, avaient appelé les volontaires pour un périple en tracteur ou à vélo, appelé « convoi de l’eau », pendant une semaine entre Sainte-Soline et Orléans. Devant les grilles de l’agence de l’eau à Orléans, le 25 août, une petite foule de 600 personnes : « Nous sommes tous des écoterroristes ! » Un clin d’œil aux déclarations du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, et à sa décision de dissoudre les Soulèvements de la Terre.

Des éco-terrorisants au parlement !

extraits : La déconsidération de l’écologie prend souvent la forme du sophisme de la pente glissante : exagérer ce qu ’on dit ou prtique pour en dénier la validité. Ainsi le fait de traiter les écolos de Khmers verts, d’Ayatollahs de l’écologie, d’écoterroristes, et même au niveau de nos élus d’écototalitarisme. plus de deux cents élus, dont Christophe Castaner et Bruno Retailleau, défendent la corrida et s’opposent à « l’écototalitarisme » : « Interdire la corrida, c’est interdire une culture et humilier une partie de nos concitoyens. Nous ne l’accepterons pas. Du sapin de Noël à la chasse, du barbecue amical aux rêves d’enfants de devenir aviateur, nous ne voulons pas interdire, normer, supprimer, effacer. Nous sommes des défenseurs acharnés de la liberté, et des opposants résolus à l’écototalitarisme…

Eco-guerriers plutôt qu’éco-terroristes

extraits : Hier comme aujourd’hui, l’histoire montre que les premiers coups de canon d’une guerre ou d’une révolution sont toujours sémantiques. Selon M. Darmanin, la France serait menacée par des armées d’écoterroristes prêts à mettre le pays à feu et à sang au nom de leur dangereuse idéologie et de leur sectarisme. Rien de moins ! Que le ministre de l’intérieur d’un pays qui a été ensanglanté par une série d’attentats terroristes islamistes se permette d’établir un parallélisme de langage avec les actions des écologistes relève de l’indécence, du cynisme et d’une irresponsabilité confondante…

Le terrorisme ne peut que s’amplifier (2020)

extraits : Samuel Paty a été assassiné pour avoir défendu dans sa classe la liberté d’expression et fait ainsi son métier d’enseignant. C’est le prolongement d’une longue série de meurtres perpétrés par un islamisme dévoyé et voyou. Mais cela ne doit pas occulter le fait que le nombre total de morts par ce genre de terrorisme en France est marginal par rapport au résultat des interventions militaires occidentales en Afghanistan, en Irak, en Libye ou au Mali. Avec des menaces aussi visuellement impressionnantes que le terrorisme après les attentats du 11 septembre 2001, on a perdu tout sens des proportions et on réagit avec force à des probabilités très faibles.

Peur du terrorisme, insouciance totale pour le climat (2017)

extraits : Le bais de disponibilité, qui s’appuie sur le vécu récent, maintient la menace au premier plan, et l’incertitude quant à la date du prochain attentat ne diminue en rien cette peur : elle l’amplifie. Par contre le changement climatique n’est pas aussi médiatiquement stigmatisé, et les phénomènes météorologiques extrêmes nous sont dans une certaine mesure familiers. C’est pourquoi l’incertitude concernant ses effets n’instille pas un sentiment de crainte ; il donne la marge de manœuvre nécessaire pour nous laisser croire ce que nous avons envie de croire. La perception du risque est aussi déterminée par l’angle social sous lequel il est observé et c’est l’un des puissants aspects qui tend à diviser les gens.

Ecoterrorisme, les écologistes sont-ils coupables ? (2016)

extraits : « Le terrorisme dont sont accusés ces militants radicaux n’est, selon eux, que la réponse au véritable terrorisme que commet quotidiennement et à grande échelle la civilisation industrielle. Leur slogan traduit parfaitement leur philosophie extrémiste : « Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend. » (in Écoterrorisme, de la contestation à la violence (Altermondialisme, écologie, animalisme)

Les centrales à charbon, un terrorisme contre le climat (2015)

extraits : Empêcher d’une manière ou d’une autre une centrale thermique à charbon de fonctionner peut être considéré comme une œuvre de salut public. On sait en effet que le charbon doit rester sous terre, sinon nous allons droit vers un chaos climatique qui multipliera les réfugiés climatiques, endommagera le rendement des récoltes, produira la famine, détériorera l’ensemble de la trame du vivant, exacerbera les violences, produira des guerres, etc. Mais si je dis maintenant aujourd’hui clairement que je trouve tout-à-fait juste et légitime de saboter une centrale à charbon, c’est moi qui sera poursuivi devant les tribunaux pour incitation au sabotage. Personne n’accusera les promoteurs des centrales à charbon. Beaucoup parleront même à mon égard de terrorisme vert alors que le véritable responsable de la détérioration écologique et socio-économique est la centrale à charbon.

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autoroute A69, inutile et imposée

L’enterrement de Notre-Dame-des-Landes ne faisait que préparer l‘épanouissement de la contestation de tous les GTII, Grands travaux inutiles et imposés. Partout sur le territoire, une cinquantaine de projets d’aménagement suscitent de vives oppositions locales, souvent depuis plusieurs années : déchets nucléaires à Bure, lignes à très haute tension, « Montagne d’or » de Guyane, ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin, « grand contournement ouest » de Strasbourg, LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, ferme « des mille vaches », projet de Center Parcs, méga-centre commercial Val Tolosa, projet Europacity à Gonesse… Il n’y a pas que ces exemples, il y a aussi le Stade des Lumières, la tour Triangle, les incinérateurs géants, etc.

Tous les domaines de la société thermo-industrielle sont concernés, énergie, transports, agriculture, activité minière, société de consommation et de loisirs. Pourtant on persévère dans l’erreur, prolonger une société à bout de souffle.

Audrey Somazi : Une rencontre-médiation entre les élus du Tarn et de la Haute-Garonne, concernés par le tracé de l’autoroute A69, ne laissait guère d’illusion sur le maintien d’un projet dont les autorisations environnementales avaient été délivrées en mars 2023.

Christophe Ramond, président socialiste du département du Tarn : « J’ai réaffirmé mon soutien plein et entier à l’autoroute, car il n’existe pas d’alternative. Rien ne peut la remplacer. Dans notre territoire, que l’on ne peut pas abandonner, nous aurons toujours besoin d’un véhicule pour se déplacer »,

Anne Stambach-Terrenoir, députée LFI, deuxième circonscription de la Haute-Garonne : « La déclaration d’utilité publique date de juillet 2018. Depuis, le dérèglement climatique s’est accéléré. En conséquence, ce projet tel qu’il a été présenté ne peut plus rester en l’état ! »

Jean Terlier, député Renaissance de la troisième circonscription du Tarn : « Il n’y aura ni suspension du chantier, ni moratoire. Aucune décision n’a été prise en ce sens. »

Christine Arrighi, députée EELV de la neuvième circonscription de la Haute-Garonne : « Quatre cents hectares de terres agricoles vont être ensevelis sous du goudron. C’est un massacre »

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Combattre les GTII, Grands Travaux Inutiles et Imposés (2018)

extraits: Nos grands élus, épaulés (et briefés) par les grandes entreprises, se sont comportés comme Louis XIV qui a commandé son château de Versailles et les pharaons qui ont fait ériger les pyramides. Les projets pharaoniques étaient de droit divin dans l’Égypte ancienne : pour la gloire d’un seul, on exploitait tout un peuple. Aujourd’hui on fait croire au peuple qu’on construit des éléphants blancs pour son plus grand bonheur. Sinistre illusion qui couvre la terre de béton ou de trous que la descente énergétique rendra prochainement caduc. Les GTII illustrent à merveille les dérives d’un système productiviste qui ne survit qu’à force de gaspillage énergétique. Les « Trente Glorieuses » sont devenues les cinquante gaspilleuses. Impulser une vaste politique de grands travaux ne répond en rien à la crise écologique qui conduit aux crises économiques et sociales, au contraire cela accélère la course à l’abîme…

En finir avec les grands travaux inutiles et imposés ?

extraits: Les actes de destruction opérés contre les GTI deviendront-ils en 2018 un impératif catégorique ? L’écrivain italien Erri De Luca avait déclaré à l’occasion du titanesque chantier du TGV Lyon-Turin : « les actes de sabotage sont nécessaires pour faire comprendre que le TGV est un chantier inutile et nocif (1er septembre 2013 sur le Huffington Post)».Quand des députés s’opposent à une loi, au Parlement, ils la sabotent à leur manière. L’Italie est pleine de chantiers abandonnés, des ponts, des routes, des hôpitaux… Il y en a des centaines. D’une certaine façon, ces chantiers-là se sont autosabotés. Partout où il y a de grandes industries, il y a des tragédies écologiques. La défense de l’air, du sol, de l’eau, ça, c’est révolutionnaire. Le devoir moral de désobéissance existe. Le pouvoir est immobile, donc il faut parfois des activistes pour mener le combat, au nom du plus grand nombre.  »…

Le point de vue des écologistes anti-GTII

Martin Pêcheur : Pourquoi ce chapô pour l’article d’Audrey Somazi faussement naïf : « Les élus locaux qui défendent l’autoroute A69 et les opposants au projet ne sont pas parvenus à s’entendre. » Ne faudrait-il pas plutôt écrire : « Les élus locaux qui défendent l’autoroute A69 ne souhaitent pas entendre les opposants au projet »

Train_CH : « Dans notre territoire […] nous aurons toujours besoin d’un véhicule pour se déplacer » : impressionnant, c’est le défaitisme puissance 10 ! En gros, on ne peut rien tenter pour augmenter la qualité de vie de la région, elle est définitivement bloquée au XXe siècle ?

YannSaïk :  » Christophe Ramond, président socialiste du département du Tarn. « J’ai réaffirmé mon soutien plein et entier à l’autoroute, car il n’existe pas d’alternative. Rien ne peut la remplacer. » Peut-être serait-ce plus la présidence du département qui est totalement obsolète face aux enjeux climatiques et sociaux.

Jeanb65 : Comment pourraient- ils s’ entendre ? Comment concilier la doxa totalement infrastructurelle des collectivités et de l’Etat, au service aveugle du tout bagnole et d’ une logique de développement économique aveugle, avec le respect de la nature ?

Vince : Dire qu’il n’y a pas d’alternative est faux. Un élargissement de la route actuelle permettrait d’améliorer les conditions de sécurité (berne centrale…) avec une emprise nettement plus réduite qu’une autoroute. Les présidents de département ne sont pas nécessairement connus pour leur clairvoyance. En réalité ces « responsables » sont plus connus pour leurs conflits d’intérêt (comme cet entrepreneur du BTP qui est aussi vice président des routes…) et pour leur soif de pouvoir que pour leur empathie et leur respect de la nature.

Marie Vaudage : J’étais sur la réserve en voyant cette mobilisation face à un projet qui avait recueilli toutes les autorisations administratives. Mais pour me faire une opinion, j’ai lu le rapport de la dernière commission d’enquête publique (en ligne sur le site de la préf). Les conclusions sont sans appel. D’abord l’AE et le CNPF ont émis des avis (certes consultatifs) qui ne sont pas favorables – délégitimation cinglante de ce projet. Ensuite la commission d’enquête prend bien la précaution de souligner que l’objet de l’enquête qui leur est opposée ne porte que sur les travaux, pas sur le projet, et se permet néanmoins d’exprimer ses doutes quant à la pertinence du projet. Fait rare. C’est définitivement un projet du passé ou un projet de l’époque des grands gâchis financiers et environnementaux.

Célestine : Voilà l écologie selon Macron : le mépris et le refus d examiner un projet vieux de trente ans. Même si « qui aurait pu le prévoir  » du président était preuve d une ignorance stupide, maintenant « on sait » … mais on continue comme avant. La technologie, le business et l’amour de la bagnole, voilà l écologie de ce triste président carbo-fasciste.

Pour en savoir encore plus,

lire le petit livre noir des grands travaux inutiles

autoroute A69, inutile et imposée Lire la suite »

La faute au Hamas ou au sionisme ?

Dans ce monde sans repères, je rappelle mon intime conviction. Nous tous habitants de cette planète, nous avons absolument besoin d’un nouveau sermon sur la Montagne qui édicte de nouvelles règles pour tenter de vivre en bonne entente avec la Terre ; car nos dieux, c’est  le lever du soleil qui apporte l’énergie de la vie aux plantes, l’eau qui ruisselle et étanche la soif de toutes les espèces, l’équilibre des écosystèmes… Alors la bible et le coran nous paraîtront désuets, inadaptés, mensongers.  Alors le conflit israélo-palestinien nous apparaîtra pour ce qu’il est, le témoignage de l’impasse historique où nous a mené un passé ethnicisé. Reste la question actuelle, laïque et non religieuse : si j’ai des blindés à ma porte qui veulent forcer l’entrée, qu’est-ce que je fais ? »

Exceptionnellement il ne sera pas question directement d’écologie dans ce post. Mais le conflit entre Juifs et Musulmans nous montre que si un mort est toujours un mort quelles que soient les circonstances de ce décès, cela n’apporte rien à l’analyse. Il faut toujours aller au-delà de l’émotionnel et du parti pris pour pouvoir approfondir une réflexion quel que soit le domaine d’étude.

Tribune au MONDE : Pour défendre la paix, il faut d’abord reconnaître qu’une vie vaut une autre vie. Le temps est à la condamnation sans réserve des crimes et des horreurs perpétrés par le Hamas. Mais Israël a transformé de la bande de Gaza en prison à ciel ouvert, développe la colonisation en Cisjordanie, humilie systématiques les Palestiniens aux checkpoint, tolère exactions et provocations. Entre 50 % et 70 % des forces armées sont occupées à quadriller la Cisjordanie et, parmi ces forces, 80 % servent à protéger les colons. La violence aveugle n’apporte aucune solution, pas plus que le fait de ne pleurer les morts que d’un seul côté. Si rien ne justifie les horreurs perpétrées par le Hamas, il est tout aussi impérieux de dénoncer les violences commises contre les Palestiniens soumis dans la bande de Gaza à un blocus inhumain contraire au droit international. On appelle à la vigilance face à un traitement médiatique et politique occultant ou déclassant certaines victimes et certaines responsabilités.

Commentaires

Très bien cette tribune, pour les civils mourir d’une rafale de Kalachnikov dans un Kibboutz israélien, ou de l’explosion d’un missile dans un immeuble de Gaza, c’est tragiquement la même chose. Le pogrom qu’a commis le Hamas est du terrorisme et donc un crime de guerre, puisque commis en temps de guerre. Mais les représailles inhumaines d’Israël contre les 2,2 millions de gazaouis sont également du terrorisme et tout aussi ignobles. Mais mettre les victimes sur le même plan, c’est totalement ignorer l’élément déclencheur : invasion du territoire israélien… ou de la Palestine ?

Allons à l’essentiel, inutile de dénombrer les morts de chaque côté, cela ne résout pas le problème. Il faut remonter à la source du conflit. La commission universitaire anglo-américaine King-Crane (1919) avait remarqué deux choses : le projet européen sioniste ne pouvait se concrétiser que par la violence (à commencer par la violence de l’occupation militaire britannique) et les sionistes étaient convaincus de leur légitimité : un territoire qui leur serait donné par Dieu. Mais le seul fait de ne pouvoir se concrétiser ce projet que par la violence prouvait l’illégitimité de ce projet. En conséquence la commission concluait qu’il fallait remettre en cause le projet européen sioniste. Elle avait compris que le projet israélien ne pourrait jamais être légitime. Bien entendu, le rapport de cette commission a immédiatement été enterré. Mais 100 ans après, on en est au même point et tout ce qui s’est passé est conforme à l’analyse de la commission King-Crane : le projet israélien ne pourra jamais été légitimé. Ce qui étonne, c’est que des gens trouvent normal de conduire une guerre éternelle.

Si nous voulons que cesse l’engrenage diabolique de l’inhumanité réciproque, devrions-nous ne pas prendre parti ? Non, il faut que les juifs qui ont colonisé la Palestine s’en aillent pour laisser le pays à leurs autochtones. Comme les Français ont quitté l’Algérie qu’ils avaient colonisé après avoir massacré bien des Algériens. L’autonomie des peuples et le respect de leurs territoire d’appartenance est mis en péril par une longue succession de guerres de conquête inutile. Les humains préfèrent se battre plutôt que réfléchir.

Fiche d’approfondissement

Le sionisme vise à la formation d’un foyer national juif, qui correspondrait à peu près à Canaan, à la Terre sainte, une région pourtant déjà occupée par les Palestiniens. Face à l’antisémitisme, ce mouvement gagne en popularité. C’est un nationalisme sans territoire qui apparaît au XIXe siècle et trouver une concrétisation politique avec la déclaration Balfour en 1917 puis l’établissement de la Palestine mandataire à l’issue de la Première Guerre mondiale en 1920, ce qui permet l’accroissement de l’immigration juive sur le territoire. Le terme « sionisme » fait référence au « retour à Sion », Sion étant un synonyme utilisé pour Jérusalem, et par extension « la terre d’Israël ». Le terme apparaît pour la première fois en 1890 sous la plume de Nathan Birnbaum.

L’idée qu’il serait possible de créer ex nihilo un État où des Juifs seraient majoritaires ne pouvait se concrétiser qu’avec l’aval des Grandes Puissances. En 1947, l’ONU propose un plan de partage de la Palestine entre un État juif et un État arabe tandis que Jérusalem serait un corpus separatum sous administration internationale. L’État d’Israël est proclamé le 14 mai 1948. Israël ne comptait alors que 630 000 Juifs pour 1 340 000 Arabes. Les deux populations indigènes de la Palestine historique (une majorité arabe et une minorité juive) avaient vécu dans une paix relative pendant des siècles avant la Nakba, la catastrophe de la création de l’État d’Israël. Si on se fie au récit de l’implantation sioniste, la Palestine apparaissait vide de toute population. Ce mythe a fortement encouragé l’émigration juive et favorisé le chemin à une des plus importantes dépossessions de l’histoire moderne.

Mais les Espagnols, les Portugais et les Anglo-saxons avaient fait antérieurement de même en Amérique, éliminant les populations autochtones. Pour ainsi dire un « grand remplacement » !

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Le grand remplacement, constante historique

Grand remplacement, nativisme, écologisme

Le grand remplacement… en Australie

Le choc de l’ethnicité en Palestine envahie par des Juifs(2008)

Gaza, une surpopulation carcérale (2023)

La faute au Hamas ou au sionisme ? Lire la suite »

Socialisations sexuelles et variations de genre

La revue Actes de la recherche en sciences sociales (n° 249, septembre 2023) est intitulé « Socialisations sexuelles » : comment nous apprenons à désirer, à fantasmer, à faire l’amour aujourd’hui où, avec qui et comment… Le rôle des adultes dans la formation sexuelle des enfants et celui des moqueries que les petits se jettent entre pairs… Les hommes auraient-il par nature des « besoins » sexuels plus importants que ceux des femmes…. Mais l’essentiel de la revue semble être d’instaurer une nouvelle norme sociale, l’homosexualité.

Par exemple : Le sociologue Kevin Diter met en avant la façon dont parents, professeurs, animateurs produisent et légitiment « l’ordre hétérosexuel » – la conviction répandue selon laquelle l’hétérosexualité est plus naturelle et plus légitime que les autres types de sexualité. Camille Masclet a étudié avec brio la façon dont le coming out LGBT des enfants peut modifier la vision de la sexualité de leurs parents. Sarah Nicaise se penche à la fois sur l’apprentissage et l’entretien du désir lesbien dans un groupe militant « transpédégouine » (féministe, queer et anarchiste). Une « resocialisation sexuelle » n’a bien sûr lieu qu’à certaines conditions, mais elle se traduit dès lors par l’endossement d’une nouvelle présentation de soi – celle de « parent de LGBT » ; par de nouveaux apprentissages, dans le domaine du langage, notamment ; et par de nouvelles représentations du monde et de la sexualité, moins hétéronormatives.

Le point de vue de cisgenres sans doute homophobes

JackBarto : S’il fallait une preuve de plus que les « sciences » sociales ne sont rien d’autre qu’un cloaque militant….

Jeannette : Relâche, on rigole ! Merci pour le terme « transpedegouine »!!! Formidable, le mot trans est devenu sacré, on peut y ajouter tous les mots que l’on veut. Ça va vachement faire avancer le débat !

Four Carlton Gardens : Beaucoup de constructions intellectuelles charabiesques alors que nous pouvons tout simplement admettre que nos voisins de table consomment des tripes à la mode de Caen sans avoir envie d’en manger.

Furusato : L’idée de base de la revue est toute simple : seule l’homosexualité est fondée en nature. L’hétérosexualité est un truc appris à cause d’éberlués qui se fondent sur des clichés, les parents par exemple. Renversement complet donc : l’hétérosexualité est un vaste mirage, l’homosexualité le seul vrai mode authentique d’affirmation sexuelle de soi car dénué de clichés auto-produits. Autant dire qu’affirmer que l’hétérosexualité est un comportement majoritaire relève du règne de l’illusion. L’ai-je bien traduite cette scientificité des Actes de la recherche en sciences sociales dans un numéro qui fera date ?

Edgard Wibeau : En ce qui concerne le mode de reproduction, le règne animal est en effet d’une ennuyeuse uniformité. Il y a bien quelques cas de parthénogenèse chez certains pucerons, d’hermaphrodisme chez des escargots, mais ce ne sont vraiment que des exceptions. Et si l’on en vient aux mammifères, c’est un mâle, une femelle, et puis voilà.

Noibur : Très bien exprimé. La base c’est quand même les organes génitaux faits pour se compléter l’un l’autre pendant l’acte, et pouvant générer de la vie. Les autres façons de faire, respectables n’en sont pas moins des chemins de traverses. Le matraquage qui voudrait que tout soit équivalent, n’y changera rien.

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JK Rowling nie l’identité de genre

 extraits : If sex isn’t real, there’s no same-sex attraction. If sex isn’t real, the lived reality of women globally is erased. I know and love trans people, but erasing the concept of sex removes the ability of many to meaningfully discuss their lives. It isn’t hate to speak the truth. » (Je respecte les personnes trans mais ce ne sont pas des femmes ou des hommes parce qu’elles sont et resteront naturellement (génétiquement) un mâle ou une femelle…)…

Sexe, genre, nature humaine et effet de mode

extraits : Un jour de fin d’année dans mon lycée. Je choisis d’aborder le thème de la conscience par le problème de l’identité de genre. Mes élèves ont une culture générale médiocre, celle que leur a donnée l’école 100% numérique. Quant à leur acuité politique, ils seraient bien en peine de donner une définition acceptable du capitalisme ou de rattacher la formule «de chacun selon ses capacités à chacun selon ses besoins» à une quelconque philosophie sociale. Par contre, tous connaissent le «non-binaire» Arnaud Gauthier-Fawas, soutien des personnes LGBTQI2+, pour sa célèbre réplique «qui vous dit que je suis un homme?», assénée au journaliste Daniel Schneidermann…

Sexe et enfant, l’homosexualité en lutte contre la nature

extraits : L’homosexualité témoigne par deux manières différentes de la volonté de s’affranchir des limites naturelles. Il s’agit d’abord de promouvoir une sexualité hors norme, ensuite d’exiger une reproduction qui ne peut être que bizarre. Au niveau sexuel, la possibilité du coït par un couple de lesbiennes est ignorée sauf utilisation d’un godemichet, ce qui ne constitue qu’un succédané de la relation physique entre sexes différents. Entre deux hommes homosexuels, il y a le plus souvent mimétisme : un homme joue le rôle « passif », celui de la femme, offrant son anus faute de vagin et l’autre partenaire se veut « actif », jouant le rôle de l’homme tout en niant la place de la femme. Le coït n’est pas évident, il vaut mieux utiliser un lubrifiant pour faciliter la pénétration…

Homosexualité sans limites = dérive libérale extrêmiste

extraits : La technique se veut toute puissante, franchissant la barrière des espèces et la différence sexuée. Les homosexuels en profitent. Ils réclament non seulement le mariage, mais le droit à avoir un enfant, la procréation médicalement assistée et pourquoi pas demain l’utilisation des souches IPS grâce auxquelles ils pourront produire à la fois des ovules et des spermatozoïdes ; la seule limite des IPS, pour l’instant, étant que l’enfant d’un couple de lesbiennes ne pourrait être qu’une fille.  Les couples d’hommes pourront en outre bénéficier de l’utérus artificiel, simple amélioration de la couveuse pour prématurés*. Le passage du défendu au toléré, puis au légalisé, suit le rythme des innovations techniques et l’emporte sur l’éthique…

La bipédie, origine de notre sexualité très encadrée

extraits : Les anthropologues ont renouvelé l’approche de la sexualité en montrant l’importance de la perte de l’œstrus. La relation entre les sexes est soumise chez les mammifères, y compris les grands singes, à une horloge biologique et hormonale qui détermine les périodes de rut ; pour les humains au contraire, l’absence de cette détermination naturelle met la sexualité sous le signe de la disponibilité permanente. Cette liberté totale fut certainement une des conditions de l’apparition des normes et des interdits qui limitent, dans toutes les sociétés, les usages et les pratiques de la sexualité. C’est pourquoi le mot sexualité est à double sens… Il a un côté positif, relation, sentiment, bien-être, compréhension, échange… Mais aussi un côté négatif : viol, pédophilie, maladies sexuellement transmissibles, SIDA… Et maintenant un côté amusant, beaucoup de nos jeunes ne savent plus s’iels (ils ou elles) sont garçons ou filles !…

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Laudato Si, lettre encyclique du pape François

éditions Salvator 2015, 194 pages pour 3,90 euros

L’encyclique papale sur l’environnement, Laudato Si (loué sois-tu, sur la sauvegarde de la maison commune) est importante, même pour les non-croyants : « Aujourd’hui, croyants et non-croyants sont d’accord sur le fait que la Terre est essentiellement un héritage commun, dont les fruits doivent bénéficier à tous. ». C’est d’ailleurs le premier texte de ce type exclusivement consacré par un pape à la crise écologique.

Le pape François en appelle à « toute la famille humaine, croyants ou non, catholiques ou autres », à joindre leurs efforts pour surmonter la crise et engager un changement radical « de style de vie, de production et de consommation ». Il réfute l’idée que « l’économie actuelle et la technologie résoudront tous les problèmes environnementaux », tout comme celle qui voudrait que « les problèmes de la faim et de la misère dans le monde se résolvent simplement par la croissance du marché ».

Voici quelques extraits, la numérotation étant celle des paragraphes telle que données par cette encyclique dédiée à toute personne de bonne volonté.

1/5) Le pape François et la nature

11. Chaque fois qu’il (St François d’Assise) regardait le soleil, la lune ou les animaux même les plus petits, sa réaction était de chanter, en incorporant dans sa louange les autres créatures. Il entrait en communication avec toute la création, et il prêchait même aux fleurs « en les invitant à louer le Seigneur, comme si elles étaient dotées de raison »… Si nous nous approchons de la nature et de l’environnement sans cette ouverture à l’étonnement et à l’émerveillement, si nous ne parlons plus le langage de la fraternité et de la beauté dans notre relation avec le monde, nos attitudes seront celles du dominateur, du consommateur ou du pur exploiteur de ressources, incapable de fixer des limites à ses intérêts immédiats. En revanche, si nous nous sentons intimement unis à tout ce qui existe, la sobriété et le souci de protection jailliront spontanément. 

42. Toutes les créatures sont liées, chacune doit être valorisée avec affection et admiration, et tous en tant qu’êtres, nous avons besoin les uns des autres. Chaque territoire a une responsabilité dans la sauvegarde de cette famille et devrait donc faire un inventaire détaillé des espèces qu’il héberge, afin de développer des programmes et des stratégies de protection, en préservant avec un soin particulier les espèces en voie d’extinction.

67. Nous ne sommes pas Dieu. La terre nous précède et nous a été donnée. Cela permet de répondre à une accusation lancée contre la pensée judéo-chrétienne : il a été dit que, à partir du récit de la Genèse qui invite à «dominer» la terre (cf. Gn 1, 28), on favoriserait l’exploitation sauvage de la nature en présentant une image de l’être humain comme dominateur et destructeur. Ce n’est pas une interprétation correcte de la Bible, comme la comprend l’Église. S’il est vrai que, parfois, nous les chrétiens avons mal interprété les Écritures, nous devons rejeter aujourd’hui avec force que, du fait d’avoir été créés à l’image de Dieu et de la mission de dominer la terre, découle pour nous une domination absolue sur les autres créatures.

116. La façon correcte d’interpréter le concept d’être humain comme « seigneur » de l’univers est plutôt celle de le considérer comme administrateur responsable.

117. Si l’être humain se déclare autonome par rapport à la réalité et qu’il se pose en dominateur absolu, l’homme se substitue à Dieu et ainsi finit par provoquer la révolte de la nature.

118. Un anthropocentrisme dévié ne doit pas nécessairement faire place à un « biocentrisme », parce que cela impliquerait d’introduire un nouveau déséquilibre qui ne résoudrait pas les problèmes mais en rajouterait d’autres.

140. Les différentes créatures sont liées et constituent ces unités plus grandes que nous nommons écosystèmes. Nous ne les prenons pas en compte seulement pour déterminer quelle est leur utilisation rationnelle, mais en raison de leur valeur intrinsèque indépendante de cette utilisation. Tout comme chaque organisme est bon et admirable, en soi, parce qu’il est une créature de Dieu, il en est de même de l’ensemble harmonieux d’organismes dans un espace déterminé, fonctionnant comme un système. Bien que nous n’en ayons pas conscience, nous dépendons de cet ensemble pour notre propre existence.

225. La nature est pleine de mots d’amour, mais comment pourrions-nous les écouter au milieu du bruit constant, de la distraction permanente, ou du culte de l’apparence ?

2/5) Le pape François et le climat

23. Le climat est un bien commun, de tous et pour tous. De nombreuses études scientifiques signalent que la plus grande partie du réchauffement global est due à la grande concentration de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane, oxyde de nitrogène et autres) émis à cause de l’activité humaine. L’humanité est appelée à prendre conscience de la nécessité de réaliser des changements de style de vie, de production et de consommation, pour combattre ce réchauffement ou, tout au moins, les causes humaines qui la provoquent ou l’accentuent.

24. Si la tendance actuelle continuait, ce siècle pourrait être témoin de changements climatiques inédits et d’une destruction sans précédent des écosystèmes, avec de graves conséquences pour nous tous.

25. Les pires conséquences retomberont probablement sur les pays en développement. L’augmentation du nombre de migrants fuyant la misère, accrue par la dégradation environnementale, est tragique : ces migrants ne sont pas reconnus comme réfugiés par les conventions internationales.

26. Beaucoup de ceux qui détiennent plus de pouvoir économique ou politique semblent surtout s’évertuer à masquer les problèmes ou à occulter les symptômes.

166. Les sommets mondiaux de ces dernières années sur l’environnement n’ont pas répondu aux attentes parce que, par manque de décision politique, ils ne sont pas parvenus à des accords généraux.

169. La réduction des gaz à effet de serre exige honnêteté, courage et responsabilité, surtout de la part des pays les plus puissants et les plus polluants. La conférence des Nations Unies sur le développement durable, dénommée RIO+20 (Rio de Janeiro 2012), a émis un long et inefficace Document final. Les négociations climatiques ne peuvent pas avancer de manière significative en raison de la position de pays qui mettent leurs intérêts nationaux au-dessus du bien commun général.

171. La stratégie d’achat et de ventes de « crédits de carbone » peut donner lieu à une nouvelle forme de spéculation, et cela ne servirait pas à réduire l’émission globale des gaz polluants. Au contraire il peut devenir un expédient qui permet de soutenir la surconsommation de certains pays et secteurs.

3/5) Le pape François et la croissance

106. Ce qui intéresse c’est d’extraire tout ce qui est possible des choses par l’imposition de la main humaine. De là, on en vient facilement à l’idée d’une croissance infinie ou illimitée, qui a enthousiasmé beaucoup d’économistes, de financiers et de technologues. Cela suppose le mensonge de la disponibilité infinie des biens de la planète, qui conduit à la « presser » jusqu’aux limites et même au-delà des limites.

129. Il est impérieux de promouvoir une économie qui favorise la diversité productive. Par exemple, il y a une grande variété de systèmes alimentaires ruraux de petites dimensions qui continuent à alimenter la plus grande partie de la population mondiale, en utilisant une faible proportion du territoire et de l’eau, et en produisant peu de déchets. Les autorités ont la responsabilité de prendre des mesures de soutien clair et ferme aux petits producteurs et à la variété de la production.

161. Les prévisions catastrophistes ne peuvent plus être considérées avec mépris ni ironie. Nous pourrions laisser trop de décombres, de déserts et de saletés aux prochaines générations. Le rythme de consommation, de gaspillage et de détérioration de l’environnement a dépassé les possibilités de la planète, à tel point que le style de vie actuel, parce qu’il est insoutenable, peut seulement conduire à des catastrophes, comme, de fait, cela arrive déjà périodiquement dans diverses régions.

159. On ne peut plus parler de développement durable sans une solidarité intergénérationnelle. Quand nous pensons à la situation dans laquelle nous laissons la planète aux générations futures, nous entrons dans la logique du don gratuit. La terre que nous recevons appartient aussi à ceux qui viendront.

178. Le drame de « l’immédiateté » politique, soutenu aussi par des populations consuméristes, conduit à la nécessité de produire de la croissance à court terme. La myopie de la logique du pouvoir ralentit l’intégration de l’agenda environnemental aux vues larges, dans l’agenda public des gouvernements.

179. En certains lieux, se développent des coopératives pour l’exploitation d’énergies renouvelables, qui permettent l’auto-suffisance locale, et même la vente des excédents. Ce simple exemple montre que l’instance locale peut faire la différence alors que l’ordre mondial existant se révèle incapable de prendre ses responsabilités. 

190. Dans le schéma du gain il n’y a pas de place pour penser aux rythmes de la nature ni à la complexité des écosystèmes qui peuvent être gravement altérés par l’intervention humaine.

193. Face à l’accroissement vorace et irresponsable produit durant de nombreuses décennies, il faudra penser à marquer une pause en mettant certaines limites raisonnables, voire à retourner en arrière avant qu’il ne soit trop tard. L’heure est venue d’accepter une certaine décroissance dans quelques parties du monde, mettant à disposition des ressources pour une saine croissance en d’autres parties.

203. Etant donné que le marché tend à créer un mécanisme consumériste compulsif pour placer ses produits, les personnes finissent par être submergées, dans une spirale d’achats et de dépenses inutiles. Le consumérisme obsessif est le reflet subjectif du paradigme techno-économique. Ce paradigme fait croire à tous qu’ils sont libres, tant qu’ils ont une soi-disant liberté pour consommer, alors que ceux qui ont en réalité une liberté, ce sont ceux qui constituent la minorité en possession du pouvoir économique et financier.

204. Quand les personnes deviennent autoréférentielles et s’isolent dans leur propre conscience, elles accroissent leur voracité. En effet, plus le cœur de la personne est vide, plus elle a besoin d’objets à acheter, à posséder et à consommer. Dans ce contexte, il n’est plus possible qu’une personne accepte que la réalité lui fixe des limites. A cet horizon, un vrai bien commun n’existe pas. Nous ne pensons pas seulement à l’éventualité de terribles phénomènes climatiques ou à de grands désastres naturels, mais aussi bien aux catastrophes dérivant de crises sociales, parce que l’obsession d’un style de vie consumériste ne pourra que provoquer violence et destruction.

212. Il ne faut pas penser que les efforts individuels ne vont pas changer le monde. Ces actions répandent dans la société un bien qui produit toujours des fruits au-delà de ce que l’on peut constater, parce qu’elles suscitent un bien qui tend à se répandre toujours, parfois de façon invisible. En outre, le développement de ces comportements nous porte à une plus grande profondeur de vie, il nous permet de faire l’expérience du fait qu’il vaut la peine de passer en ce monde.

222. La spiritualité chrétienne propose une croissance par la sobriété, et une capacité de jouir avec peu. C’est un retour à la simplicité qui nous permet de nous arrêter pour apprécier ce qui est petit, de remercier des possibilités que la vie offre, sans nous attacher à ce que nous avons ni nous attrister de ce que nous ne possédons pas.

223. La sobriété, qui est vécue avec liberté et de façon consciente, est libératrice. Le bonheur requiert de savoir limiter certains besoins qui nous abrutissent en nous rendant ainsi disponibles aux multiples possibilités qu’offre la vie.

4/5) Le pape François et la technologie

20. La technologie, liée aux secteurs financiers, qui prétend être l’unique solution aux problèmes, de fait, est ordinairement incapable de voir le mystère des multiples relations qui existent entre les choses, et par conséquent, résout parfois un problème en en créant un autre.

104.  Nous ne pouvons pas ignorer que l’énergie nucléaire, la biotechnologie, l’informatique, nous donnent un terrible pouvoir. Jamais l’humanité n’a eu autant de pouvoir et rien ne garantit qu’elle servira toujours bien, surtout si on considère la manière dont elle est en train de l’utiliser. Il suffit de se souvenir des bombes nucléaires lancées en plein XXe siècle, comme du grand déploiement technologique étalé par le nazisme, par le communisme et par d’autres régimes totalitaires.

105. On a tendance à croire que tout accroissement de puissance est en soi « progrès », comme si la réalité, le bien et la vérité surgissaient spontanément du pouvoir technologique. L’immense progrès technologique n’a pas été accompagné d’un développement de l’être humain en responsabilité, en valeurs, en conscience.

107. Il faut reconnaître que les objets produits par la technique ne sont pas neutres, parce qu’ils créent un cadre qui finit par conditionner les styles de vie, et orientent les possibilités sociales dans la ligne des intérêts de groupes de pouvoir déterminés. Certains choix qui paraissent purement instrumentaux sont, en réalité, des choix sur le type de vie sociale que l’on veut développer.

108. De fait, la technique à un penchant pour chercher à tout englober dans sa logique de fer. Ce qui est en jeu dans la technique, ce n’est ni l’utilité, ni le bien-être, mais la domination : une domination au sens le plus extrême de ce terme.

109. Le paradigme technocratique tend à exercer son emprise sur l’économie et la politique. L’économie assume tout le développement technologique en fonction du profit, sans prêter attention à d’éventuelles conséquences négatives pour l’être humain.

110. La spécialisation de la technologie implique une grande difficulté pour regarder l’ensemble. Une science qui prétendrait offrir des solutions aux grandes questions devrait nécessairement prendre en compte ce qu’a produit la connaissance dans les autres domaines du savoir, y compris la philosophie et l’éthique sociale. La vie est en train d’être abandonnée aux circonstances conditionnées par la technique.

111. la culture écologique ne peut pas se réduire à une série de réponses urgentes et partielles aux problèmes qui sont en train d’apparaître par rapport à la dégradation de l’environnement, à l’épuisement des réserves naturelles et à la pollution. Chercher seulement un remède technique à chaque problème environnemental qui surgit, c’est isoler les choses qui sont entrelacées dans la réalité.

112. La libération, par rapport au paradigme technocratique régnant a lieu, de fait, quand des communautés de petits producteurs optent pour des systèmes moins polluants, en soutenant un mode de consommation non consumériste.

114. Personne ne prétend vouloir retourner à l’époque des cavernes, cependant il est indispensable de ralentir la marche pour regarder la réalité d’une autre manière, et récupérer les grandes finalités qui ont été détruites par une frénésie mégalomane.

134. Suite à l’introduction des cultures transgéniques, on constate une concentration des terres productives entre les mains d’un petit nombre. L’extension de la surface de ces cultures détruit le réseau complexe des écosystèmes, diminue la diversité productive, et compromet le présent ainsi que l’avenir des économies régionales.

136. La technique séparée de l’éthique sera difficilement capable d’autolimiter son propre pouvoir.

165. L’intelligence que l’on déploie pour un impressionnant développement technologique ne parvient pas à trouver des formes efficaces de gestion internationale pour résoudre les graves difficultés environnementales et sociales.

194. Il ne s’agit pas de concilier, en un juste milieu, la protection de la nature et le profit financier, ou la préservation de l’environnement et le progrès. Un développement technologique et économique qui ne laisse pas un monde meilleur et une qualité de vie intégralement supérieure ne peut pas être considéré comme un progrès. Le discours sur la croissance durable devient souvent un moyen de distraction et de justification qui enferme les valeurs du discours écologique dans la logique des finances et de la technocratie.

197. Une stratégie de changement réel exige de repenser la totalité des processus, puisqu’il ne suffit pas d’inclure des considérations écologiques superficielles pendant qu’on ne remet pas en cause la logique sous-jacente à la culture actuelle. Une saine politique devrait être capable d’assumer ces défis.

5/5) Le pape François et la démographie

50. Au lieu de résoudre les problèmes des pauvres et de penser à un monde différent, certains se contentent seulement de proposer une réduction de la natalité. Les pressions internationales sur les pays en développement ne manquent pas, conditionnant des aides économiques à certaines politiques de « santé reproductive ». Mais s’il est vrai que la répartition inégale de la population et des ressources disponibles crée des obstacles au développement et à l’utilisation durable de l’environnement, il faut reconnaître que la croissance démographique est pleinement compatible avec un développement intégral et solidaire. Accuser l’augmentation de la population et non le consumérisme extrême et sélectif de certains est une façon de ne pas affronter les problèmes… De toute façon il est certain qu’il faut prêter attention au déséquilibre de la distribution de la population sur le territoire, tant au niveau national qu’au niveau global.

120. Puisque tout est lié, la défense de la nature n’est pas compatible non plus avec la justification de l’avortement. Si la sensibilité personnelle et sociale à l’accueil d’une nouvelle vie se perd, alors d’autres formes d’accueil utiles à la vie sociale se dessèchent.

155. La valorisation de son propre corps dans sa féminité ou dans sa masculinité est nécessaire pour pouvoir se reconnaître soi-même dans la rencontre avec celui qui est différent. De cette manière il est possible d’accepter joyeusement le don spécifique de l’autre, homme ou femme, et de s’en enrichir réciproquement. Par conséquent l’attitude qui prétend effacer la différence sexuelle parce qu’elle ne sait plus s’y confronter, n’est pas saine.

175. Pour réguler les flux migratoires, il est urgent que soit mise en place une véritable Autorité politique mondiale.

201. Un dialogue ouvert et respectueux devient aussi nécessaire entre les différents mouvements écologistes, où les luttes idéologiques ne manquent pas. La gravité de la crise écologique exige que tous nous pensions au bien commun et avancions sur un chemin de dialogue qui demande patience, ascèse et générosité.

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Victimes de la structuration socio-économique

Dès mon premier d’enseignant en 1975, j’ai choisi de me domicilier de telle façon que je pouvais gagner le lycée à pied. Il est vrai que l’année 1973 avait connu le premier choc pétrolier, l’époque se prêtait à la limitation des déplacements. Malheureusement tous les lycéens ou presque faisaient la route, mon action individuelle n’était rien car le système éducatif était structuré pour obliger à se déplacer. Nous sommes victimes des (infra)structures. De même les entreprises répondent au marché, qui est structuré pour nous faire acheter plus global que local. Les candidats à l’embauche, même au plus haut niveau, sont donc victimes de la structuration socio-économique qui oblige la presque totalité des entreprises à laisser de côté le sens d’une production écologiquement acceptable. Ce qui veut dire que le passage à la sobriété partagée et aux boulots écolos n’adviendra que quand le système s’effondrera faute de combustibles fossiles…

C’est pourquoi le fait que quelques RH (relations humaines) soient bousculées par quelques spécimens de la génération climat est le signe précurseur d’un changement nécessaire, mais de la coupe aux lèvres il y a un gouffre.

Margherita Nasi : « Quels sont vos engagements environnementaux ? Vous n’êtes pas une entreprise à mission, pourquoi ? Telles sont les questions qui sont fréquemment adressées aux recruteurs. A l’ère de l’urgence écologique, les entretiens d’embauche se muent en interrogatoires sur la sincérité et l’ampleur de l’engagement des entreprises. « Hier, ma fiancée s’est vu refuser une proposition d’emploi… parce qu’elle refuse de prendre l’avion. Mais le pire, c’est que l’entreprise se vante d’être neutre en carbone et de soutenir WWF. »… « Every job is a digital job », martelait-on dans les années 2010, « aujourd’hui, on pourrait ajouter : “Every job is a green job.”… De nombreux collectifs de collaborateurs se réunissent pour débattre de bonnes pratiques individuelles mais aussi de la politique environnementale de leur entreprise : c’est très perturbant pour les RH, car ces collectifs s’apparentent aux syndicats, sauf qu’ils ne sont pas élus.  A terme, d’autres sujets pourraient percuter les RH comme l’écoanxiété »

Le point de vue des « écologistes » réalistes

JeanMichel : Tellement drôle. On devrait distribuer cet article de Margherita à tous les moins de 30 ans qui remplissent chaque jour les bétaillère de ryanair et easyjet, qu’ils découvrent cette nouvelle génération intransigeante.

Bonjour : Il faut arrêter de dire des bêtises sur les jeunes générations qui veulent des comportements plus vertueux envers l’environnement. Chaque fois que nous avons un nouveau jeune dans nos locaux, il faut faire son éducation pour qu’il pense à éteindre la clim et les lumières en partant, pour qu’il cesse de mettre l’eau chaude à fond pour se laver les mains en été, pour qu’il mette dans les bonnes poubelles ses déchets et qu’il n’est pas obligé d’imprimer à nouveau son compte rendu à chaque correction. Fille ou garçon, c’est pareil ! Ce qu’ils veulent c’est que les autres fassent des efforts à leur place.

TEXAGERE : C’est étonnant ces jeunes de cet article… Je ne dois pas avoir les mêmes dans mon entreprise. À part un (je dis bien un seul) qui a réussi à dire lors d’une réunion qu’il n’était pas assez fou pour polluer la planète qu’il va laisser à son jeune fils, les autres participent allègrement et souvent avec zèle au torchage de gaz, à l’émission tout azimut de CO2, aux A/R en classe affaires pour terminer notre projet dans les temps impossibles exigés par notre client d’une grande compagnie pétrolière assez connue. Votre article ne serait il pas limiter à quelques exemples qui cacheraient la forêt?

Benjamin_P : Enfin, si vous travaillez dans le pétrole, ce n’est pas très étonnant. Il n’y a pas non plus beaucoup de pro nucléaire à la CRIIRAD…

Rose : On aimerait des statistiques dans cet article. Pour l’instant la majeure partie des jeunes qui cherchent un travail n’ont pas les moyens de refuser un beau poste au prétexte qu’il y a des gobelets en plastique à la machine à café.

Nemorosa : Très bien les jeunes. Maintenant on passe à l’étape suivante du raisonnement : une entreprise, par essence, a pour but de produire. Si vous refusez de participer, travaillez pour vous, travaillez la terre, produisez votre propre nécessaire, travaillez votre être, écoutez la musique, écoutez le vent, écoutez la forêt, marchez sur la Terre, projetez vos esprit loin dans l’univers et dans le temps, revenez à ce que vous êtes (des animaux conscients) et non pas à ce qu’ils veulent que vous soyez (des consommateurs abrutis). Moins de béton, plus de poésie. Nous devons mettre fin à l’artificialité des lieux et des esprits.

Lire, La transition écologique nécessite une déstructuration

extraits : Le pouvoir n’est ni dans les assemblées politiques, ni parmi les dirigeants des entreprises, encore moins dans la rue, le pouvoir est celui de l’état de nos infrastructures matérielles à un moment donné. C’est pourquoi « Réindustrialiser la France tout en réduisant les émissions de carbone » devient un casse-tête insoluble. « Fin de mois », contre « fin du monde », cette opposition ne peut se résoudre que par la déstructuration de la société thermo-industrielle. Les seules prémices d’une remise en question des infrastructures est issu du mouvement de contestation des grands travaux inutiles et imposés…

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Je préfère mon chien à mon homme

La vétérinaire Hélène Gateau assume, dans son livre Pourquoi j’ai choisi d’avoir un chien (et pas un enfant), son choix de femme vivant une relation forte avec Colonel, son border terrier. Les chiens et les chats font vendre et leur population explosent en France. C’est une passion généralisée alors que la biodiversité naturelle s’effondre. Les Français feraient mieux d’investir dans la conservation de la vie sauvage. Mais les temps sont aux plaisirs égoïstes.

Hélène Gateau : « Une femme sans enfant est déjà mise dans une case ; si en plus elle affirme préférer avoir un chien car c’est moins de contraintes, c’est la double peine. On la soupçonne d’être misanthrope, on l’accuse d’égoïsme, de souffrir du syndrome Bambi, qui consiste à s’attendrir sur tout être qui n’est pas humain… Colonel est arrivé dans ma vie à 37 ans, un âge où l’on se pose encore plus de questions sur la procréation. Mon besoin de contrôle, ma peur des aléas de la vie, mon individualisme, expliquent sans doute ma décision d’avoir un animal plutôt qu’un enfant. »

Le point de vue des écologistes qui n’aiment pas les chiens

Brutus : Je pense qu’il s’agit plutôt d’un chien qui a décidé d’avoir une humaine.

Jay : Et beh… N’oublions pas que les chiens qui vivent chez ces gens ont fait l’objet de manipulations génétiques, ont été arrachés à leur mère, mal sevrés, trimballés et vendus. « L’amour » d’un chien pour son maître n’est que le syndrome de Stockholm. Quant à l’amour du maître pour son chien…

Michel SOURROUILLE : Hélène croit que « dans notre ADN est inscrite cette faculté à l’alloparentalité, le fait de pouvoir endosser le rôle de parent pour un enfant qui n’est pas le nôtre. » Faux, notre ADN détermine notre physique, pas nos comportements sociologiques. Simone de Beauvoir écrivait à juste titre qu’on ne naît pas mère, notre contexte fait en sorte qu’on pense devoir procréer pour être une véritable « femme ». C’est notre socialisation, notre rapport à la société qui fait en sorte que noue devenons un bonne ou une mauvaise mère, et de plus en plus aujourd’hui gink, refusant d’avoir des enfants pour des raisons écologiques, ce que l’on comprend parfaitement.

OlivierMT : Décider de ne pas avoir d’enfants est très courageux car souvent incompris et bénéfique pour l’humanité car la population mondiale est trop importante.

Sauf qui Peut : On est content pour elle. D’un autre côté, elle rend un énorme service à l’enfant ou aux enfants qu’elle n’a pas eu. Dans une civilisation proche de l’effondrement, c’est presque une preuve de courage de ne pas envoyer des enfants dans l’arène.

Multatuli : Aujourd’hui, faire un enfant c’est l’envoyer dans un monde en effondrement. Difficile d’assumer cet égoïsme. Malgré l’abord étrange de la question, ce témoignage est plutôt courageux.

Alfaroubeira : Coluche dans un sketch : » on a des enfants parce que l’on aime pas frapper les bêtes »

elcondorpasa : ou bien celle-ci aussi : « il y’a des gens qui ont des enfants parce qu’ils n’ont pas les moyens d’avoir un chien »

Linfirmier : En vrai elle fait bien ce qu’elle veut de sa vie. Je veux pas d’enfant non plus (je travaille en pédiatrie, je sais ce que c’est) et franchement ma vie est top. Pas besoin de la gâcher avec un bambin…

SergeK : Moi je vis avec mon ver, en solitaire. On ne se quitte pas et je suis très épanoui dans ma relation… Quand me publierez-vous, LE MONDE ?

Abonné_à_la_limite : Il y a des fois je me demande pourquoi je suis abonné au Monde… Certains commentaires sont plus intéressants et profonds que les articles…

lire, Éliminons chiens et chats de compagnie

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Fécondité des loups, fécondité des hommes

Population maximum ou optimum, population limite, état de conservation, capacité de charge du milieu, schéma proie-prédateur et même viabilité d’une espèce, les termes se complètent. On se doute qu’une population de dix individus s’éteint très rapidement et que cent reste trop limité génétiquement. Le concept de MVP (minimum viable population) est issu d’une étude pionnière en écologie de la conservation de Shaffer en 1981. Celui-ci définissait une population minimale viable comme la plus petite population en termes d’effectif ayant 99 % de chances de se maintenir sur un horizon temporel de 1 000 ans malgré les effets de la stochasticité démographique, environnementale et génétique. Il s’agissait essentiellement d’un exercice de probabilités sur les trajectoires de populations données sur des périodes de temps déterminées.

La viabilité démographique représente l’aptitude d’une population à moyen terme (100 ans) « à résister au risque d’extinction ». La viabilité génétique concerne la capacité à s’adapter génétiquement à des conditions d’environnement changeantes à très long terme. Cette notion peut se résumer à la préservation d’un nombre suffisant d’animaux dits génétiquement efficaces. Une revue de la littérature scientifique internationale le situe aux environs de 2500 individus sexuellement matures (donc une population totale encore plus grande).

Un MVP de 500 loups

Les simulations sur l’avenir d’une espèce sont sujettes à controverse et étayent pourtant des discours politiques. Ainsi pour la gestion du nombre de loups en France. L’espèce Canis lupus, revenue en France depuis l’Italie vers 1992, était en 2008 dans un état de conservation favorable en France avec 150 individus et quatorze meutes. Des chercheurs ont estimé à 50 femelles l’assurance de ne pas voir l’espèce s’éteindre  à moyen terme, à 500 femelles la garantie que l’espèce soit protégée à long terme. Le plan loup adopté en 2018 fixait un « seuil de viabilité démographique » à 500 individus, mais ne considérait pas le nombre de femelles. On pensait que ce chiffre ne serait atteint qu’en 2023. Mais on a déjà dénombré 530 loups en 2019. Une expertise collective de 2017, dirigée par le Muséum national d’histoire naturelle, estimait que le taux global de mortalité des loups devait être maintenu « en dessous de 34 % », faute de quoi la population déclinerait. Or, alors que le plafond de tirs létaux a augmenté, le taux de mortalité a été estimé à 42 % pour la période 2014-2019.

Car pour les éleveurs, le seuil de viabilité est largement dépassé : la population compterait en 2023 un millier d’animaux signalés dans 53 départements. Il semble que la pression exercée par ces mêmes éleveurs sur les pouvoirs publics pour obtenir un plan d’abattage des loups fonctionne… On est passé de 40 loups abattus entre le 1er juillet 2017 et le 30 juin 2018 à 162 en 2022, avec une prévision à 174 en 2023…, alors qu’en 2022 le nombre des ovins tués a baissé d’environ 10 % par rapport à l’année précédente. Les organisations agricoles réclament officiellement la suppression du plafond de destruction des loups ainsi que l’équipement des éleveurs et chasseurs en armes équipées de lunettes à visée nocturne. La polémique autour de ce MVP de 500 loups est donc intense. Mais à la fin du 18ème siècle, il y avait entre 10 et 20 000 loups en France (estimations à partir d’une moyenne de 6000 loups tués annuellement). Le dernier loup français avait été tué en 1940 à Javerlhac.

Un MVP de 300 000 Européens

En France, 1 104 loups en 2023 pour 67 millions d’humains : cherchez l’erreur ! Le problème essentiel n’est pas de savoir si la France peut héberger 500 ou 20 000 loups, le problème est que l’espèce homo sapiens s’est propagée au détriment de presque toutes les autres. Que diraient les Français si leur taux de mortalité était fixé « juste en dessous de 34 % » et qu’on pouvait tirer à vue le surnombre avec des lunettes à visée nocturne. Quel est le seuil de viabilité de cette espèce d’hominidé qu’on devrait respecter : environ 500 individus, ou 2500 individus sexuellement matures ? Notez que l’humain et le loup se ressemblent, ils chassent en meute. Ce sont des prédateurs en haut de la chaîne alimentaire qui doivent en conséquence réguler leur population en proportion des ressources à leur disposition.

Le loup limite sa reproduction au seul couple dominant de la meute pour ajuster ses effectifs aux ressources disponibles. Quand les proies se font rares, la meute reste parfois deux ou trois ans sans mises bas. Ce comportement est d’autant plus admirable que le loup, bien qu’intelligent, ne dispose pas de cet outil prospectif unique au monde qu’est le néocortex humain. Un outil en l’occurrence totalement déficient : l’espèce humaine s’avère incapable d’accepter, ni même de discerner une limite à sa propre prolifération. Au contraire elle a tout fait pour croître et se multiplier. Aujourd’hui la concurrence des loups n’est qu’une infime fraction des maux que les humains doivent combattre, extinction de la biodiversité, réchauffement climatique, épuisement des ressources fossiles, stress hydrique, etc. Ils l’ont bien cherché, leur nombre devient à la fois invivable et ingérable !

Un retour incertain à la normale

Il y a quelques 12 000 ans en Europe Il y avait environ 300 000 chasseurs-cueilleurs. Nous sommes passés, rien que dans l’Union européenne, à 448 millions. La moyenne mondiale en termes de densité est de 60 hab./km², l’UE arrive à 114 hab./km² (France 123, Royaume Uni 277, Pays Bas 518…). Or 100 hab./km², c’est un carré de seulement 100 mètres de côté pour satisfaire absolument tous les besoins d’un seul individu tout en laissant une place nécessaire à la biodiversité. C’est impossible ! Nous avons dépassé les limites de la planète dans les années 1980. Vu la vitesse avec laquelle nous nous efforçons de détruire ce qu’il nous reste de ressources depuis 20 ans, il est plus que probable qu’une réduction maîtrisée soit désormais hors d’atteinte.

Du point de vue d’un équilibre vraiment durable entre la pression humaine et le milieu naturel, il faudrait retrouver dans un futur très très lointain un niveau de population compatible avec une vie de cueilleurs-chasseurs, laissant à l’exubérance des différentes formes du vivant le droit de s’exprimer pleinement. La liste des bouleversements au cours des 120 siècles à venir sont certes inconcevables au regard de ce qui s’est passé de vertigineux au cours de la révolution industrielle, quelques deux siècles seulement et un passage de 1 milliards d’êtres humains en 1800 à 8 milliards depuis novembre 2022. Mais je précise que l’utopie, pour moi, c’est ce qui n’est pas encore réalisé, mais qui reste toujours une possibilité.

Michel Sourrouille

Article déjà paru sur le site des JNE,

https://www.jne-asso.org/2023/09/14/des-loups-et-des-hommes-par-michel-sourrouille/

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Provoc. Nous sommes tous climatosceptiques

L’envolée des températures de l’Atlantique Nord et le défaut de reconstitution des glaces de mer autour de l’Antarctique ont suscité chez quelques scientifiques une terreur teintée d’incrédulité.

Autre cause de sidération, les discours niant la réalité du changement climatique et/ou ses causes anthropiques sont sur une pente ascendante.

Même le président de la République, dans ses vœux pour l’année 2023, s’interrogeait ainsi : « Qui aurait pu prédire la crise climatique aux effets spectaculaires, cet été dans notre pays ? »

Nous sommes tous climatosceptiques. On n’accepte pas la fin du monde, on croit toujours à l’abondance pour tous, on ne sait pas encore que les urbains vont devoir en masse quitter leur béton.

Pour aller où ? Saccager la campagne et rançonner les paysans.

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Provoc. Quelques morts au Maroc et en Libye

C’est la course à l’échalote, à qui aura le meilleur score de victimes des soubresauts de la planète.

vendredi 8 septembre 2023 : Au Maroc, le bilan des victimes du séisme s’alourdit à plus de 2 800 morts. A mesure que les fouilles des secouristes progressent, le bilan progresse.

samedi 9 et lundi 11 septembre 2023 : En Libye, la tempête Daniel a rompu deux barrages, submergés par les volumes de retenue trop importants. La crue a emporté les habitants de Derna, ses arbres, ses maisons, ses immeubles, ses rues, ses places. Déjà 2 000 morts recensés,  plus de 5 000 personnes seraient portées disparues.

Lybie, près de 7 millions d’habitants, Maroc plus de 37 millions, il y a quand même des survivants…

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Nos amis les loups en ligne de mire

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a ouvert la voie le 4 septembre 2023 à une possible révision du statut de protection de cet animal : son propre poney, Dolly, a été tué par un loup en septembre 2022 ! Exemple frappant de l’animal domestique choyé au détriment de l’espèce sauvage. Errare humanum est !

Perrine Mouterde et Chiddes : La préparation du nouveau « plan loup », qui doit être adopté d’ici à la fin de l’année pour la période 2024-2029, n’échappe pas aux surenchères et aux tensions. Des chiens de protection ont été déployés, des clôtures électriques installées, des moyens financiers conséquents engagés. Les membres de la brigade mobile d’intervention « grands prédateurs terrestres », installée à Gap depuis 2015, sont envoyés sur les foyers de prédation. Mais les organisations agricoles réclament officiellement la suppression du plafond de destruction des loups et l’équipement des éleveurs et chasseurs en armes équipées de lunettes à visée nocturne. Claude Font, responsable loups de la Fédération nationale ovine : « Il faut que tous les loups qui s’approchent des troupeaux soient susceptibles d’être tué ». Olivier Laporte, fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) de la Nièvre : « Le loup et l’élevage, ce n’est pas compatible. »

Une expertise collective de 2017, dirigée par le Muséum national d’histoire naturelle, estimait que le taux global de mortalité devait être maintenu « en dessous de 34 % », faute de quoi la population déclinerait. Or, alors que le plafond de tirs létaux a augmenté (162 loups ont été tués en 2022), le taux de mortalité a été estimé à 42 % pour la période 2014-2019. Pour les éleveurs, le seuil de viabilité, mentionné dans l’actuel plan comme étant estimé à « 500 loups », est largement dépassé : la population compte un millier d’animaux signalés dans 53 départements.

Le point de vue des écologistes amoureux des loups

1 104 loups en 2023 pour 67 millions d’humains : cherchez l’erreur ! Que diraient les Français si le taux de mortalité des animaux homo sapiens était fixé « juste en dessous de 34 % ». Et quel est le seuil de viabilité de cette espèce d’hominidé qu’on devrait respecter : environ 500 individus, comme les loups ? Notez que l’humain et le loup se ressemblent, ils chassent en meute. Ce sont des prédateurs en haut de la chaîne alimentaire qui doivent en conséquence réguler leur population en proportion des ressources à leur disposition

Le loup limite sa reproduction au seul couple dominant de la meute pour ajuster ses effectifs aux ressources disponibles. Quand les proies se font rares, la meute reste parfois deux ou trois ans sans mises bas. Ce comportement est d’autant plus admirable que le loup, bien qu’intelligent, ne dispose pas de cet outil prospectif unique au monde qu’est le néocortex humain. Un outil en l’occurrence totalement déficient : l’espèce humaine s’avère incapable d’accepter, ni même de discerner une limite à sa propre prolifération. au contraire ils ont tout fait pour croître et se multiplier. Aujourd’hui la concurrence des loups ne sont qu’une infime fraction des maux qu’ils doivent combattre, extinction de la biodiversité, réchauffement climatique, épuisement des ressources fossiles, stress hydrique, etc. Ils l’ont bien cherché !

Le renard bouffe mes poules que j’aime, je n’ai rien à reprocher au renard, je me reproche de ne pas protéger mes poules qui n’ont rien demandé. Les moutons n’ont d’existence que pour que les humains les bouffent. Pourquoi pas laisser au loup sa part ? Notre planète, et nous par conséquent, ne supportera pas encore longtemps des élevages ovins et bovins aussi intensifs. Puisque l’homme est un loup pour l’homme, comme nous l’on appris Plaute, Hobbes et quelques autres, aura t’on le droit de lui tirer dessus dimanche prochain ? Les intérêts particuliers doivent passer derrière l’intérêt de la nature et de la biodiversité.

A l’heure ou manger moins de viande devient un impératif environnemental et sanitaire, le retour du loup est une formidable opportunité pour réguler la taille des troupeaux, grands émetteurs de gaz de serre. Voici un petit témoignage du terrain. J’ai un ami éleveur (900 brebis) qui avait tellement de dégâts de gibiers (sangliers, chevreuils, cerfs) sur ses cultures qu’il avait arrêté de faire des céréales pour nourrir ses bêtes. Cela lui coutait très cher de devoir acheter ses céréales. Un meute de loups s’est installée sur sa commune. Il a eu une grosse attaque à la suite de laquelle il a mis les mesures de protections (chiens, etc.). L’arrivée des loups a drastiquement fait diminuer la population ongulée. Aujourd’hui il refait ses céréales et dit clairement qu’entre le loup et les ongulés, il choisit le loup.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Loups en France ou troupeaux d’éléphants ? (2019)

extraits : Que diraient les éleveurs des montagnes françaises si, au lieu de loups, ils étaient confrontés à des troupeaux d’éléphants ! Le Botswana n’a levé que le 22 mai dernier l’interdiction de chasser l’éléphant sur son territoire. Le Botswana (superficie comparable à la France) a de loin la plus importante population d’éléphants en Afrique, avec 135 000 individus recensés en 2015, qui se déplacent librement. En France il n’y a que 430 loups. Autre comparaison, il y a 1500-2000 loups en Espagne et 1000-1500 en Italie. ..

350 loups, 67 millions de Français, le déséquilibre (2018)

extraits : Nous les loups, nous ne pouvons pas saquer les bergers. ! Ils font de l’élevage pour la viande, un ranching avec des troupeaux de plus en plus importants tout en économisant la main d’œuvre. Optique de courte vue, productiviste. En plus, de quoi se plaignent ces éleveurs : ils sont indemnisés pour chaque bête que nous égorgeons. Nous soupçonnons les bergers de hurler au loup simplement pour accroître leurs émoluments. Nous en avons marre d’être pourchassés alors que nous ne faisons que vivre notre existence de loup. Notre vie devient impossible, même José Bové a demandé de nous tirer comme des lapins…

Si tu tues les loups, tu dois aussi tuer les cerfs (2014)

extraits : Aldo Leopold : « Dans le Wisconsin, il y avait des loups, et ceux-ci se chargeaient de réduire les hardes de cerfs. Mais lorsque les broussailles firent leur apparition, les loups avaient été éradiqués et l’Etat avait promulgué une loi pour protéger les élans. Tout était prêt pour que commence l’invasion du cerf. Cette immense population de cerfs mangeait des broussailles de bon appétit. Qu’y avait-il dans ces broussailles ? Des arbustes qui préparaient l’avènement de la future forêt. Mais les cerfs mangeaient la forêt naissante. Il semblait évident que si nous ne réduisions par leur population nous-mêmes, la famine s’en chargerait et nous finirions par perdre à la fois forêt et cerfs. Les protecteurs de cervidés, interdisant les tentatives pour réduire la population de cerfs, sont prêts à sacrifier la future forêt. L’erreur fondamentale de cette forme de « protection de la nature », c’est qu’elle cherche à protéger une ressource en en détruisant une autre. Ces « protecteurs » sont incapables de considérer la terre comme un « tout ». Ils sont incapables de penser en termes de bien-être à long terme pour l’ensemble de  la communauté biotique. »…

Du loup ou des humains, quel est le super-prédateur ? (2014)

extraits : Les loups colonisent de nouveaux territoires, en cela ils ne font qu’imiter les pratiques humaines. Les jeunes loups quittent leur meute quand il y a concurrence pour l’alimentation, les jeunes humains quittent leur cercle d’appartenance quand il faut s’expatrier pour chercher un emploi. Les loups peuvent parcourir 40 à 50 km en une nuit, des hommes prennent l’avion et font des milliers de kilomètres en peu de temps. Il n’y a pas grand-chose qui arrête le loup, il n’est pas inféodé à un écosystème, il s’adapte à tous. Les humains ont la même plasticité…

de l’homme au loup, une trop troublante similitude (2013)

extraits : Un berger s’exclame : « On élève des brebis, pas des loups. On n’a pas signé pour faire des croquettes fraîches. » Un loup rétorque : mieux vaut des croquettes fraîches qu’un  Big Mac de chez McDonald’s… Chaque Américain dévore en moyenne 330 grammes de viande par jour (plus de 120 kilos par an). « Le loup mange en moyenne 2 à 3 kg de viande par jour, mais peut jeûner plusieurs jours. »…

pas assez de loups, trop de moutons, difficile cohabitation (2012)

extraits : La population de loups en France est estimée à 250 individus, la population humaine en métropole à 63,5 millions. En conséquence la cohabitation du loup avec les Français est en train d’atteindre son point de rupture. Entre la survie d’une espèce animale menacée, et celle d’une espèce prédatrice qui couvre toute la France, il s’agit de choisir.

Face aux éleveurs, des loups exaspérés (2012)

extraits : Quand on voit ces alpages où l’herbe n’est plus qu’un paillasson parce qu’il y a trop de moutons, nous sommes exaspérés. Regardez bien comment l’homme a défiguré la montagne par le surpâturage, par la disparition de la flore alpine du fait des dents du mouton. Une brebis peut être remplacée rapidement, une montagne mise à mal par l’excès d’ovins a besoin de deux ou trois décennies pour se reconstituer. Nous les loups, nous sommes donc utiles pour réguler la pression des herbivores sur les alpages. Avec vos troupeaux de milliers de têtes dans le Mercantour, trop, c’est trop : nous ne sommes pas encore assez ! ...

gardons nos tigres et nos loups, diminuons notre nombre (2012)

extraits : Il y a un siècle, la population de tigres en Inde était de 100 000 individus. Ils ne sont plus que 1700 aujourd’hui. Si la population mondiale d’humains suivait la même pente, nous sommes 7 milliards aujourd’hui, nous ne serions plus que 119 millions en 2112. Une vraie bénédiction pour les autres espèces en général et pour les tigres en particulier…Suivons l’enseignement de l’écologie profonde ainsi défini par Arne Naess : « L’épanouissement de la vie et des cultures humaines est compatible avec une diminution substantielle de la population humaine. L’épanouissement de la vie non-humaine requiert une telle diminution. »…

un loup de moins, humanisme en berne (2010)

extraits : Catherine Larrère : « La présence des loups ne signifie pas la mort des troupeaux, et encore moins celle des hommes, mais elle incite à changer de mode de vie, à accepter que l’espace où les hommes vivent ne soit pas uniformément et uniquement humain, mais laisse place à d’autres formes de vie. Le choix n’est pas entre l’homme et la nature, mais entre un monde uniforme, modelé aux seuls intérêts économiques et un monde divers, laissant place à la pluralité des aspirations humaines comme à la pluralité des vivants. Le monde uniforme est anthropocentrique, il n’est pas certain qu’il soit humaniste. A tout mesurer à l’aune de l’humain, on risque de ne plus mesurer qu’une partie de l’humain. »…

moins d’éleveurs, plus de loups (2008)

extraits : L’espèce Canis lupus, réintroduite depuis l’Italie vers 1992, serait dans un état de conservation favorable en France avec 150 individus et quatorze meutes. Je rêve d’un territoire français où l’espèce homo sapiens serait ramenée à 150 individus rassemblés dans quatorze villages, ce qui permettrait aux loups, aux forêts et à l’exubérance de la vie sous toutes ses formes de prendre tout l’espace dont l’homme s’est accaparé pour son seul intérêt à court terme…

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Le grand remplacement… en Australie

Aborigènes : présents depuis l’origine (selon l’étymologie du mot) en Australie, ils vivaient tranquilles depuis des millénaires sur un mode ancestral et avaient trouvé un équilibre durable avec la biosphère. Ils pensaient qu’au Commencement était le mythe : « Avant il n’y avait pas de séparation entre la femme et l’homme, ni entre l’eau et la terre. Puis il y eut le temps fondateur qui définit les choses et les êtres, et donna aux aborigènes leur place dans le cosmos ». En s’imprégnant de l’esprit de ce mythe, les Aborigènes ont mobilisé toute leur énergie mentale et organisé leurs activités pour laisser le monde dans l’état où il était. Par contre les Blancs changent sans arrêt le monde pour l’adapter à la vision fluctuante qu’ils ont de leur présent.

Isabelle Dellerba : Les Aborigènes et insulaires du détroit de Torres, un chapelet d’îles situé entre l’Australie et la Nouvelle-Guinée, vont-ils enfin être reconnus comme peuples premiers d’un continent qu’ils habitent depuis plus de 65 000 ans, faisant d’eux la plus ancienne civilisation connue sur terre ? Dépossédés de leurs terres à la suite de l’arrivée des colons britanniques en 1788, victimes de politiques discriminatoires pendant près de deux siècles, les peuples autochtones ont dû attendre 1967 avant d’être reconnus comme citoyens australiens. Les Aborigènes, qui représentent moins de 4 % des Australiens, vivent, pour beaucoup, dans un quart-monde où ils ont des difficultés à accéder aux services essentiels.

Les électeurs australiens vont être appelés à dire « oui » ou « non » à leur reconnaissance constitutionnelle à travers la création d’un organe consultatif, lors d’un référendum qui se tiendra le 14 octobre. Pour être approuvées, elles doivent obtenir une double majorité : celle des électeurs dans l’ensemble du pays, mais aussi dans quatre des six Etats. Elle prévoit l’établissement d’une « voix », un organe représentatif chargé de conseiller les pouvoirs législatif et exécutif sur tous les sujets concernant les peuples premiers, qu’il s’agisse de questions sociales, économiques ou spirituelles. Son avis ne sera pas contraignant. De toute façon le « non » devrait l’emporter…

Le point de vue des écologistes sur le « grand remplacement »

Parqués ou éliminés par les Blancs, les Aborigènes ne représentent plus que 4 % de la population australienne. Ils ont bien été victimes d’un « Grand remplacement ». La conclusion qui en résulterait logiquement, c’est qu’il y a à peu près 96 % d’Australiens de trop. Mais c’est tout le contraire qui se passe, les migrants colonialistes ont pris le pouvoir, tout le pouvoir. Il est significatif que leur existence ne puisse être reconnue autrement qu’en demandant l’avis de ceux qui ont pris leurs terres et pratiquent la prédation de ses ressources. Comment redonner leurs territoires aux habitants d’origine ? En Australie il ne resterait que les Aborigènes. Aux États-Unis, si tous les immigrés devaient être chassés du territoire, il ne resterait que les rares descendants des Indiens. En Nouvelle Calédonie, il ne resterait que les Kanaks. Et en France il ne resterait que les Néandertaliens, malheureusement exterminés par des homo sapiens venus d’Afrique. C’est impossible de revenir en arrière, la majorité malheureusement impose sa loi. On aurait du écouter au moment de la révolution française la parole de Malthus :

« On ne peut lire le récit de la conquête du Mexique et du Pérou sans être frappé de cette triste pensée, que la race des peuples détruits était supérieure, en vertu aussi bien qu’en nombre, à celle du peuple destructeur. (…) Si l’Amérique continue à croître en population, les indigènes seront toujours plus repoussés dans l’intérieur des terres, jusqu’à ce qu’enfin leur race vienne à s’éteindre. »

Aujourd’hui encore certains ont pourtant cette expression à la bouche : Grand remplacement !!! On trouve ce commentaire sur lemonde.fr à propos des Bochimans : « Nous aussi, nous sommes un peuple premier qui disparaît… sous les envahisseurs du sud de la méditerranée  ! » L’extrême droite fait une fixation sur l’Islam, on invente le nativisme, idéologie nouvelle qui classe encore les citoyens par ordre de leur arrivée sur un territoire. C’est absurde, c’est ce que nous venons de démontrer plus haut.

Que les Français « de souche » se rassurent. Ils sont dans la position des Australiens aujourd’hui face aux Bochimans, assez nombreux pour imposer leur loi ! Pas besoin d’ajouter du racisme et des idées incendiaires aux dysfonctionnement de ce monde… le gouvernement macroniste pratique déjà une politique d’extrême droite en matière migratoire : contrôle du flux de migrants, interdiction de l’abaya, reconduction aux frontières, etc.

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Grand remplacement, nativisme, écologisme

extraits : Renaud Camus a publié en 2011 un opuscule, Le Grand remplacement. Cette théorie, qui visait à l’origine les juifs, se réoriente aujourd’hui contre l’islam. En pratique, on incite les gens à repérer des têtes qui ne sont pas de chez nous, qui ne ressemblent pas à un “Français de souche”.  C’est le même discours qui fondait l’infériorisation de la femme, regardez, elle n’a pas la même tête qu’un homme et elle n’a pas de couilles, ou le racisme, c’est un noir, cette race inférieure qu’on exhibait dans les foires et dont on faisait des esclaves. On s’intéresse à l’apparence, pas à la réalité des personnes concernées. On devrait aujourd’hui savoir qu’il n’y a pas de races, nous sommes tous d’un bout à l’autre de la planète des homo sapiens…

Sagesse des aborigènes, folie de la française Areva

extraits : Les aborigènes pensaient qu’au Commencement était le mythe : « Avant il n’y avait pas de séparation entre la femme et l’homme, ni entre l’eau et la terre. Puis il y eut le temps fondateur qui définit les choses et les êtres, et donna aux aborigènes leur place dans le cosmos ». En s’imprégnant de l’esprit de ce mythe, les Aborigènes ont mobilisé toute leur énergie mentale et organisé leurs activités pour laisser le monde dans l’état où il était. Par contre les Blancs changent sans arrêt le monde pour l’adapter à la vision fluctuante qu’ils ont de leur présent. Biosphère nous dit : « Il y a un avenir pour le mode de pensée des Aborigènes, pas pour le niveau de vie des Blancs. »…

Sabine Rabourdin : Quand une compagnie étrangère veut creuser une colline pour y chercher des diamants, les Aborigènes d’Australie ne s’y opposent pas en disant qu’il y a un risque d’érosion mais parce que cela va « briser la chaîne du rêve ». Dans les peuples de l’extrême (Inuits, Shuars, Aborigènes, Bushmen), les erreurs de comportement envers la nature sont directement sanctionnées par l’hostilité du milieu et la rareté de ressources. L’anthropologue Marshall Sahlins, dans son ouvre de référence Age de pierre, âge d’abondance, a montré que les peuples « primitifs » produisaient juste assez pour satisfaire leurs besoins. Tout contribue à limiter le gaspillage… Dans nos sociétés de surconsommation, l’excès n’est pas sanctionné mais au contraire valorisé, l’équilibre avec l’écosystème est disloqué… Mais comme le résume un Australien d’origine aborigène : « La difficulté, c’est qu’après cinquante ou soixante ans de sucre et de corned-beef, nous sommes devenus dépendants d’un certain style de vie ». Il nous faudrait faire comme si l’on ne pouvait se nourrir que de notre territoire. L’approche biorégionale préconise un rayon de 20 à 40 km. La décroissance aspire à cela, les peuples indigènes le vivent….

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Nous colonisons l’avenir (David Van Reybrouck)

Dans la lignée de « Contre les élections » (2014), David Van Reybrouck a écrit un plaidoyer bref et sans équivalent en faveur de la justice climatique. Voici quelques extraits de son livre (Actes sud, 2023).

« Nous sommes à la veille d’une crise climatique mondiale…Nous sommes à la veille de beaucoup de douleur, de morts et de misère… Abordons donc aujourd’hui le colonialisme, parlons du rôle de l’Occident. Mais pas seulement en regardant dans le rétroviseur. Car nous colonisons à présent l’avenir. L’humanité aborde le prochain siècle avec la même avidité et la même myopie qui lui ont permis autrefois de s’approprier des continents entiers. Le colonialisme s’inscrit désormais dans le temps, et non plus seulement dans l’espace : nous nous comportons en colonisateurs des générations futures. Nous imposons les conséquences de nos actes aux humains qui viendront après nous, et ce avec une indifférence et une brutalité qui donnent le vertige. Nous spolions nos petits-enfants, nous dévalisons nos enfants, nous empoisonnons notre progéniture. Ce processus se déroule à présent si vite que nous commençons à en ressentir nous-mêmes les effets dans notre propre chair ; feux de forêts, inondations, sécheresse.

Nous colonisons l’avenir et les régions tempérées de l’hémisphère nord ont une responsabilité écrasante en la matière… Les politiciens savent ce qu’il faut faire pour s’attaquer au problème climatique. Mais aucun politicien ne sait comment se faire réélire ensuite. Décidément quelqu’un devrait écrire un jour un essai contre les élections ! »

Le point de vue des écologistes transgénérationnels

S’exprimant ainsi, David Van Reybrouck aborde la question des acteurs absents, ceux qui ne participent pas à la prise de décision, mais qui sont pourtant concernés par cette prise de décision : non seulement les non-humains, mais bien sûr aussi les générations futures. Tout le problème est de savoir comment accorder un droit de vote à ceux qui ne peuvent pas s’exprimer. Tout simplement en s’en faisant leur représentant. Un décisionnaire qui ne représente pas dans ses choix une bonne analyse dans l’espace (considération de tous les éléments de la planète) et dans le temps (considération du futur) n’est pas un bon démocrate.

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Au-delà des élections, des perspectives

extraits : David Van Reybrouck, auteur de « Contre les élections » (Actes Sud, 2014) : « En français et dans beaucoup d’autres langues, les mots « élection » et « élite » ont la même racine. L’élection est une procédure qui installe une élite, l’aristocratie héréditaire a été remplacée par aristocratie élective… Mais si on couple le tirage au sort avec la démocratie délibérative, alors on peut arriver à des décisions nettement meilleures que ce que les partis politiques sont capables de faire aujourd’hui. »

Acteurs absents de nos délibérations présentes

extraits : Ce serait élargir l’universalité bien plus fondamentalement que le droit de vote aux femmes et aux adulescents si on pouvait inclure dans la participation électorale les êtres vivants non humains, le milieu naturel et les générations futures. Ce n’est pas une procédure véritablement démocratique que de décider sans eux, les acteurs absents ou tiers-absents, de ce qui les intéresse au premier chef. Une telle délibération sans participation vraiment universelle ne peut qu’entraîner de mauvaises décisions : on s’immerge dans la défense d’un groupe particulier et/ou on ignore le long terme. Mais comment inclure dans la participation électorale des acteurs absents qui, par définition, ne peuvent être présents ? C’est simple…

une démocratie élargie aux acteurs-absents (2009)

extraits : Rosanvallon décrit la condition nécessaire pour préparer le long terme : « Il n’y aura pas de sortie de la myopie démocratique si les citoyens ne sont pas eux-mêmes les défenseurs d’une conscience élargie du monde. C’est lorsque les citoyens auront modifié leurs propres réflexes en termes d’anticipation que leur vision s’accordera au sentiment d’une existence à l’échelle de l’humanité. » Il faut donc que chaque citoyen en position de décision délibérative se fasse l’avocat des acteurs-absents, c’est-à-dire ceux qui ne peuvent prendre la parole lors d’une négociation…

Tiers-absents ! (2007)

extraits : Le suffrage universel est un conquête récente qui s’est progressivement élargi à de multiples acteurs, ce qui a permis d’approfondir la démocratie. Au début, il s’agissait d’un corps électoral restreint par le suffrage censitaire à 246 000 hommes. Après une première tentative avortée en 1793, la France a été le premier pays du monde à adopter le suffrage universel et direct en 1848 : brutalement les votants sont devenus 9 millions, mais il ne s’agissait que des hommes, alphabétisés ou non ; les femmes, les militaires et les colonisés étaient encore exclus. Il faudra attendre 1944 pour que l’universalité s’étende aux femmes… On pourrait aller encore plus loin. Ce serait élargir l’universalité bien plus fondamentalement que le droit de vote à 18 ans si on pouvait inclure dans la participation électorale les générations futures…

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(sur)tourisme, une activité sans fondement

1 voyageur dans un lieu de vie, il sera bien accueilli. 1 000 touristes dans le même lieu, c’est une catastrophe. Il suffit qu’une série sud-coréenne de Netflix montre une scène romantique sur un ponton du lac de Brienz, en Suisse, pour que le tranquille village d’Iseltwald soit envahi par des milliers de touristes asiatiques, obligeant les autorités locales à installer un tourniquet d’accès moyennant 5 francs suisses. Sur ce blog biosphere, cela fait longtemps que nous critiquons le tourisme, une vraie imbécillité écologique, un tourisme qui tue le tourisme, etc. Il y a nécessité de se déplacer moins vite, moins loin, moins souvent. Sinon notre société va s’effondrer sous son propre poids. Ce qui paraît dorénavant inéluctable ! Sauf pour ceux qui croient encore que les classes populaires ont le droit de saccager la planète en sortant de leur HLM.

Rémy Knafou (géographe): Le mot « surtourisme » plaît et le thème est de saison… L’évocation du surtourisme alimente le procès du tourisme de masse, autrement dit du tourisme des grands nombres, celui des classes populaires et moyennes, nos élites n’ayant jamais supporté d’avoir à partager avec ces dernières des lieux qu’autrefois leurs prédécesseurs étaient les seuls à fréquenter.

le point de vue des écologistes abonnés au MONDE

BOLAND : Hypocrisie aussi du journal LM, – et d’autres !-avec ses titre  » les expos QU’IL FAUT VOIR » avant la fin de l’été, les dix destinations À NE PAS MANQUER, etc…

  • Une analyse de classe obsolète

CM : Knafou veut nous faire croire que la critique du surtourisme est une façon de critiquer le tourisme des classes populaires. Or rien n’est plus faux. Le surtourisme, c’est l’internationalisation du tourisme. Les touristes américains ou asiatiques qui viennent en Europe sont très loin de ressembler à des classes populaires, voire moyennes. Or c’est bien eux qui fournissent les plus gros bataillons. Pour un spécialiste du sujet, l’erreur est tellement énorme qu’on comprend qu’il s’agit encore une fois d’une lecture idéologique, chose courante chez nos universitaires.

Arl et sienne : C’est vrai, dire qu’il y a des riches et des pauvres, c’est à la mode. Le problème, au fond, c’est les congés payés depuis 1936, sans compter les 35 heures…

Bertrandoulefifre : Article à verser à la longue litanie de la bien-pensance des géographes qui se veulent sociologues façon Bourdieu ! Ah ! les belles plages et les sommets vivifiants où gisent des monceaux d’ordures laissées par des fêtards angéliques et les lendemains de bitures ! Œuvre des élites friquées méprisantes, ça va sans dire !

Léon Tr. : Ce papier qui, comme souvent, rapporte tout à la lutte des classes, oublie de proposer des solutions réalistes. Bizarrement, il s’attaque au tourisme responsable et défend le droit des « classes populaires » (sans les définir, bien sûr) à visiter Venise et le Machu Pichu au mois d’août… La massification du tourisme est une catastrophe écologique, sociale et culturelle. Et ce n’est pas en défendant le droit des « masses » à une pratique aussi absurde que nuisible que l’on fera avancer l’humanité !

NC : Toujours les mêmes rengaines sur la lutte des classes. Décidément le monde universitaire français est indécrottablement de goooche …

Punchingball : J’aimerais bien savoir qui sont ces « classes populaires » dont on parle, désignées comme fauteurs de surtourisme …Toujours ce flou comme avec les « classes moyennes ; 40 % des Français ne partent pas en vacances d’été : les voilà, les classes populaires qui ne feront jamais du tourisme.

  • Le poids du nombre

roger du 23 : c’est bien le nombre qui pose problème…il y a trop de gens sur terre. Cela entraîne tous nos ennuis, pollution, déforestation destructions du vivant…le final égal réchauffement planétaire….alors la lutte des « classes » à la Lénine…..c est du passé….nous devons en faire table rase….

ERoy : Cet article ne répond pas à la question qui fâche : comment allons nous passer de 750 millions de touristes potentiels à 3 milliard au moins (en comptant les chinois et les indiens qui ont bien le droit, comme nous de profiter des transports aériens)… le tout sans polluer notre belle planète !

Penelope : Personnellement, j’ai de plus en plus de mal à visiter des lieux touristiques, rien que l’idée de suivre le troupeau en short téléphone à la main suffit à me filer le bourdon

  • Des touristes sans conscience environnementale

skid : Le pétrole bon marché, abondant pour un temps limité, a créé l’hyper-mobilité de ceux qui en disposent, la croissance fulgurante des échanges mondialisés, et bien-sûr aussi le tourisme de masse. Croire que visiter le moindre recoin « à la mode » de la planète pour quelques centaines d’euros est un acquis définitif de la classe moyenne est une illusion offerte par l’abondance de pétrole. Voir le terme de « pétro-bourgeoisie », évoquant cette addiction de la classe moyenne à l’hyper-mobilité fossile (au mépris des conséquences environnementales). Si la transition vers un tourisme durable et un peu respectueux des destinations n’est pas simple à mettre en place volontairement, cette transition se fera tôt ou tard sans le moindre doute avec la fin de l’abondance d’énergie fossile. On ne négocie pas avec les lois de la physique : fournir assez d’énergie pour 100.000 à 150.000 vols par jour à prix cassés ne peut pas durer.

Lipo : Je suis d’accord avec vous. C’est l’énergie « gratuite » ou presque qui a permis la mondialisation des échanges commerciaux et des mobilités humaines, notamment touristiques. C’est la classe moyenne mondialisée (européenne, asiatique, américaine) qui voyage, pas les classes « populaires ».

Thufyr : Et la sottise humaine ? Meilleure alliée du surtourisme, il faut appeler un chat, un chat. Ce géographe qui prétend déceler un problème d’inégalités sociales n’a certainement jamais vu quelqu’un faire un selfy avec un mobile à plus de 1000 €, en tournant (évidemment !) le dos au site intéressant et en partant sans un autre regard…le tourisme est devenu une activité de moutons en mal de like.

OBJM : Il n’en reste pas moins que le surtourisme est bien une réalité et un danger. Que propose Knafou ? Rien ! Proposons-lui alors de relire d’abord Pascal : « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre ».

X.ARANUI : Pourquoi voyage t-on ?

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Une espèce inutile et nuisible, homo sapiens

Soyons écologues, la plus nuisible des espèces est l’homo prétendument sapiens. Les biologistes peuvent lui discerner sans risque d’être démenti le titre d’espèce invasive, de cancer de la Terre, de parasite en haut de la chaîne alimentaire, de destructeur de la biodiversité, de perturbateur du climat, d’extracteur sans foi ni loi, etc. L’Europe ne peut supporter durablement plus de 130 000 personnes, nous avons dépassé les 740 millions. Pour les écologistes, l’inutilité des humains est manifeste. Un individu préoccupé uniquement par ses voyages touristiques, par le résultat du dernier match de foot, par l’usage de son pouvoir d’achat… est non seulement inutile, il entraîne aussi par ses dépenses une détérioration injustifiée de la planète. Une telle espèce nécessite donc d’urgence une régulation de son nombre pour permettre la résilience retrouvée de l’interdépendance des espèces.

Nicolas Loeuille : « Et sinon, les guêpes, ça sert à quoi ? » Le nom de la bestiole peut changer – moustique, cafard, loup, etc. –, mais la question implique à chaque fois l’idée qu’une espèce doit servir à quelque chose. Le plus simple – et j’avoue prendre parfois cette voie de sortie – est alors de mentionner un effet positif de l’espèce en question. Pollinisation pour les uns, recyclage pour les autres, contrôle des proliférations de cervidés, les possibilités ne manquent pas. Il n’est que de contempler la liste des espèces « nuisibles »; la nouvelle périphrase officielle est devenue « susceptibles d’occasionner des dégâts » : lesdits dégâts concernent toujours l’humain. Parfois, je prends un peu de temps pour expliquer que ce concept d’espèce utile ou nuisible est scientifiquement dépassé. Chaque espèce est prise dans un tissu complexe d’interactions avec les autres (appelé « réseau écologique ») : consommant certaines, ayant des relations positives avec d’autres, entrant en compétition avec d’autres encore. Comme ce tissu varie de lieu en lieu et dans le temps, il n’est pas possible de décréter la nuisibilité, ni même l’utilité d’une espèce de manière générale. La gestion des espèces ne devrait plus s’appuyer sur de tels principes dépassés et utilitaristes, mais au contraire mieux considérer la valeur intrinsèque de la nature.

Le point de vue des écologistes écocentrés

Silers : Dommage que les considérations bassement politiques et électoralistes empêchent les ministres et les préfets (qui prennent les arrêtés de destruction) de tenir compte des enjeux écologiques. Il est nécessaire de s’interroger : « et moi, et toi, à quoi tu sers ? ».

Lacannerie : Une chose est sûre désormais : l’espèce nuisible pour le monde vivant est assurément l’espèce humaine.

Peter : Si l’on appliquait à nous-mêmes le concept d’espèce nuisible, on arriverait à des horreurs salutaires

Silers : il est très difficile de définir si une espèce est utile ou nuisible. Puisqu’on ne peut pas savoir, il vaut mieux appliquer un principe de précaution raisonnable en s’abstenant de classer par défaut une espèce dans la catégorie des « nuisibles » (la catégorie des « utiles » n’existant pas en droit, c’est sans objet de savoir si une espèce est utile ou non).

MCC : Il se trouve que la seule espèce qui met en danger les autres, c’est la nôtre. Je ne crois pas qu’il y ait un seul cas documenté d’une espèce animale qui à elle seule en ait fait disparaître une autre.

Flytox : L’humain doit dans une très large mesure se plier à la nature : c’est un fait, pas une opinion. On a le droit de détester la gravité et les effets qu’elle nous impose, c’est beaucoup plus compliqué de s’y soustraire même si cela ne nous plaît pas…

Alain Hervé : A quoi sert l’homme ?

A quoi sert l’homme ? La biologiste Lynn Margulis propose une hypothèse : l’homme est un animal domestique élevé par les bactéries pour leur permettre de voyager et éventuellement de migrer vers d’autres planètes. Se souvenir que les bactéries occupent quarante pour cent de notre masse corporelle.

A quoi sert l’homme ? Les économistes répondent : à produire et à consommer, et que ça saute. L’homme se reposera en regardant la publicité pendant trois heures et demie par jour sur les écrans de télévision.

A quoi sert l’homme ? Après recherche, consultation et réflexion, nous proposons une réponse provisoire : à rien. Oui, je sais, il a inventé le téléphone portable, mais les pingouins et les pissenlits n’en ont rien à faire. Entre le petit trou dont il sort et le grand trou dans lequel il va tomber, il ne fait que consommer gaspiller, détruire, prêcher l’accélération, la prédation… Il se sert. Il s’est servi et il n’a rien rendu. Pourrait-il encore enchanter le monde, le servir, ne plus seulement se servir ?

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  • Inutilité des humains

De l’inutilité absolue de l’espèce humaine (2023)

extraits : La réponse classique apportée à la question : « A quoi sert l’homme ? » à savoir : à rien, ou plus exactement, à rien d’autre qu’à lui-même… est la réponse la plus réaliste qui soit. Chasser Dieu pour mettre l’homme à la place était un mauvais calcul. L’idéologie des Lumières était suicidaire. Kant, théoricien de la bourgeoisie montante, a conceptualisé l’inutilité sublime de l’homme qu’il érige de surcroît en impératif catégorique : « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité, soit dans ta personne, soit dans la personne d’autrui, toujours en même temps comme une fin, et que tu ne t’en serves jamais simplement comme un moyen. » L’homme devient donc lui-même sa propre fin, l’homme se referme sur lui-même.

A quoi sert donc l’humain, à rien, aucune utilité

extraits : L’humain sert dans un processus qui ne sert sans doute à rien ni à personne. Tout le bavardage humaniste contemporain sur le « propre de l’homme » découle d’une vision de l’homme comme un monument commémoratif à lui-même, en d’autres termes comme un sommet de l’art pompier. Aujourd’hui, il faut considérer l’humain comme une catastrophe écologique qui conduit à une mise à l’épreuve radicale du vivant par lui-même.

à quoi sert l’homme ? (2007)

extraits : L’écologie profonde nous apprend à ne plus considérer nos semblables comme un système de référence absolu, à ne plus se  concevoir comme un être qui ne doit rien qu’à lui-même et à qui tout est permis. Par notre faute, près d’un million d’espèces végétales et animales risquent de disparaître d’ici à 2050. L’écologie profonde nous rappelle la nécessité de passer d’un anthropocentrisme forcené à un respect des liens durables entre notre propre espèce et la Biosphère. Il faut concevoir le vivant comme un tissu composé d’un grand nombre d’espèces qui ont une multitude d’interactions entre elles. Quand une maille saute, une deuxième lâche, et une troisième, et le tissu se désorganise.

  • Valeur de la nature

La nature a une valeur… à vrai dire incommensurable ! (2013)

valeur de la nature (2009, Pavan Sukhdev)

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Sexe, genre, nature humaine et effet de mode

Résumé d’un article de Renaud Garcia paru à l’automne 2022 dans Les Enfants de la machine, le n°65 de la revue Ecologie & Politique : “Les acceptologues (les « minorités de genre » au service de la fabrication des enfants)” et relayé par ce site :

https://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1861

  • Dégueulasse : Un publicitaire cynique et machiavélique, Edward Bernays, époux d’une activiste féministe, Doris E. Fleischman, a eu l’idée en 1929 de lier la cause des femmes, leur émancipation, au droit de fumer comme les hommes et de s’asservir elles aussi à une addiction par l’organisation de défilés de femmes plutôt minces et jolies, arborant au coin de la bouche « les torches de la liberté ».
  • Toujours aussi dégueulasse : Gay pride et marche des fiertés, techno-parades en faveur du transhumanisme, la protestation initiale contre l’ordre moral et la volonté d’émancipation, sont instrumentalisées par un secteur techno-industriel qui vend à ses clients des enfants et des corps sur mesure. Elle jouit d’un consensus médiatique que les activistes anti-nucléaires, anti-OGM, anti-nanos – bref, naturiens et anti-industriels, n’ont jamais rêvé d’avoir. C’est à cela aussi qu’on reconnaît une fausse révolte qui n’exige que ce qu’on veut précisément lui offrir.

C’est dans les mots que nous pensons. Or, la novlangue des droits et de la liberté, dans laquelle s’expriment les tenants de la reproduction artificielle de l’humain, orchestre des disparitions conceptuelles. Voyez plutôt : «gestatrice»; «maternité de substitution gestationnelle»; «utérus de substitution gestationnel»; voire, pour les plus inventives, «individu non-binaire enceint». Jamais n’apparaît le mot «femme». Le préalable de cette opération de vaporisation du réel tient évidemment dans le principe selon lequel la nature n’existe pas. Le rappel élémentaire du réel du corps relève de la «transphobie moralo-mystique» pour les prisonniers de l’idéologie queer. Où «transphobe» signifie en réalité «tais-toi». Il resterait alors à déterminer où se situent les vrais fascistes de notre temps !

Un jour de fin d’année dans mon lycée. Je choisis d’aborder le thème de la conscience par le problème de l’identité de genre. Mes élèves ont une culture générale médiocre, celle que leur a donnée l’école 100% numérique. Quant à leur acuité politique, ils seraient bien en peine de donner une définition acceptable du capitalisme ou de rattacher la formule «de chacun selon ses capacités à chacun selon ses besoins» à une quelconque philosophie sociale. Par contre, tous connaissent le «non-binaire» Arnaud Gauthier-Fawas, soutien des personnes LGBTQI2+, pour sa célèbre réplique «qui vous dit que je suis un homme?», assénée au journaliste Daniel Schneidermann, sur le plateau de l’émission «Arrêt sur images». La vidéo a «tourné» sur les réseaux sociaux depuis des années, elle relève désormais du bien connu.

Plusieurs de mes collègues ont été pris à parti, en début d’année, par des élèves de 16 ou 17 ans leur intimant de les renommer afin de ne pas les «mégenrer», les prénoms étant appelés à changer fréquemment afin d’explorer la «variance de genre». La «déconstruction» est dans l’air du temps. Avec cette introduction au monde réellement renversé, où les les signes linguistiques créent un réel fantasmé, on touche au roc philosophique : l’abandon du corps et, plus largement, de l’intégrité de l’organisme vivant relié à son milieu.

Défendez la «nature», vous voilà assigné à résidence à l’extrême droite. Pourtant, depuis John Stuart Mill et son traité La nature (1874), les philosophes ont appris à ne pas confondre naturel et habituel ; il faut débusquer dans les références à la «nature» l’argument conservateur se contentant de dire, «c’est comme ça». Les mots aujourd’hui ont été vidés de leur sens, ce qui est le propre d’une société où règne le «faux sans réplique»

Beatriz Preciado, devenue Paul Preciado, penseur le plus influent du transféminisme : « En termes biologiques, affirmer que l’agencement sexuel d’un homme et d’une femme est nécessaire pour déclencher un processus de reproduction est aussi peu scientifique que l’ont été autrefois les affirmations selon lesquelles la reproduction ne pouvait avoir lieu qu’entre deux sujets partageant la même religion, la même couleur de peau ou le même statut social. »

Les membres de la «communauté» LGBTQ+ qui n’en a en réalité que l’étiquette) seraient des minorités discriminées, aux même titre que les Noirs américains privés de droits civiques, les Chicanos ou les Maghrébins… En réalité, du point de vue reproductif, les LGBTQ+ sont différents de fait, pas inégaux. À l’ombre des marches pour les droits, sous la sophistication des théories déconstructionnistes, se tient tout un complexe techno-médical : experts psychiatres, conseillers «aidants» auprès des familles, endocrinologues, obstétriciens, gynécologues, chirurgiens, généticiens, directeurs de centres de dons et de banques de gamètes.

Texte complet : file:///tmp/mozilla_user0/les_acceptologues_renaud_garcia-1.pdf

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Le Planning familial devient « genré » !!! (2023)

extraits : Rappelons que lors de son dernier congrès du 4 au 6 novembre 2022, le mouvement a acté une ligne « intersectionnelle » au détriment d’une orientation universaliste. Rappelons que « intersectionnalité » est un concept récent utilisé dans les études de genre qui souligne la multiplicité des discriminations.

genre, parité, quotas… un anti-féminisme (2021)

extraits : Actuellement on met en avant des mots comme « genre » pour en faire des instruments de combat entre les sexes alors qu’on devrait savoir que notre biologie nous a différencié homme ou femme sans y mettre d’inégalités.

JK Rowling nie l’identité de genre (2021)

extraits : « Je respecte les personnes trans mais ce ne sont pas des femmes ou des hommes parce qu’elles sont et resteront naturellement (génétiquement) un mâle ou une femelle… »

Mon père, transgenre, devenu ma mère (2021)

extraits : Deux manchots (animal que Xavier Gorce utilise pour croquer l’actualité par le dessin) en pleine discussion. Le plus petit des deux demande à l’autre : « Si j’ai été abusée par le beau-frère adoptif de la compagne de mon père transgenre devenu ma mère, est-ce un inceste ? » Pour ce texte, Xavier a été censuré par LE MONDE,

Le sexe/genre relève-t-il de la nature ou de la culture ? (2016)

extraits : Le genre est un concept utilisé dans les sciences sociales. Il désigne tout ce qui, dans la construction de l’identité dite sexuelle et dans la formation de la division entre les sexes, relève de mécanismes d’ordre social et culturel. Ainsi les transsexuels peuvent-ils affirmer que leur identité de genre ne correspond pas à leur sexe. La notion de genre permet de montrer que la division des rôles dans la société n’est pas un fait de nature mais de culture.

Le genre et le sexe, des différences aux inégalités (2013)

extraits : Le parti écolo EELV s’intéresse aux choses du sexe, il avait programmé lors de ses journées d’été à Marseille l’atelier « le genre pour les nuls ».nous n’avons pas du tout parlé de sexualité, mais des inégalités des rôles masculins et féminins dans une tradition toujours bien présente, même en France. L’intervenante, Céline Petrovic est la délégué thématique « genre, sexe et société » d’EELV, mais aussi docteure en sciences de l’éducation. Nous avons donc eu un débat très interactif sur la sociologie du genre.

sexe ou genre, l’art de tromper l’entendement humain (2013)

extraits : Il y a des choses que nous comprenons, par exemple le fait que les différences entre les hommes et les femmes ne sont pas fondées sur la nature ; elles sont historiquement construites et socialement reproduites. Il n’est par exemple nullement génétique d’aimer les voitures ou le maquillage !

Il y a des choses que nous ne comprenons pas, par exemple enseigner au primaire la notion « d’égalité de genre* ». Quelle différence avec l’égalité des sexes ? Autrefois notre langue nommait en grammaire le genre masculin, féminin ou neutre, ou « le mauvais genre » pour les comportements peu recommandables. Pourquoi aller plus loin ?

nature et sexualités : le débat sur le genre humain (2011)

extraits : Il y a les lois de la nature et il y a les lois humaines. Malheureusement les deux ne font pas souvent bon ménage à l’heure actuelle. Prenons la sexualité. Rien de plus simple pour la biologie, un homme, une femme, la reproduction. Mais le nouveau programme scolaire de sciences de la vie et de la Terre (SVT)* fait appel à la sociologie. Applicable à la rentrée de septembre 2011 dans les classes de première des séries L et ES, ce sera « l’occasion d’affirmer que si l’identité sexuelle et les rôles sexuels dans la société avec leurs stéréotypes appartiennent à la sphère publique, l’orientation sexuelle fait partie, elle, de la sphère privée ».

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Poulet de synthèse, innovation inutile

Il y a actuellement plus de vertébrés sur terre qu’il n’y en a jamais eu. Simplement ce ne sont pas les mêmes. Il y a 12 000 ans (quand l’humain invente l’agriculture), on comptait environ 5 millions d’individus sur Terre. Si l’on fait la somme de ces humains et de leurs animaux domestiques, cela représentait à peu près 0,1 % de l’ensemble de la biomasse que constituent les 5 000 espèces de mammifères. Aujourd’hui, c’est 90 % ! Les Français ont consommé en moyenne 15 poulets par personne en 2022, soit un peu plus de 28 kilos.

La nature mise sur la diversité, l’humanité sur la technique et l’uniformité. Et faisant cela, il transforme une planète vivante en une planète entièrement artificielle. On en arrive rapidement du poulet aux hormones au poulet reconstruit artificiellement grâce aux hormones !

L’accélération de l’innovation en matière culinaire

Les États-Unis approuvent pour la première fois la commercialisation de viande de poulet cultivée en laboratoire (21 juin 2023)

Les produits des sociétés Upside Foods et Good Meat approuvés par le ministère de l’agriculture d’outre-Atlantique seront rapidement à la carte de certains restaurants. Uma Valeti, PDG et fondateur d’Upside Foods a salué « un pas de géant vers un avenir plus durable »

Michel SOURROUILLE : De la viande de poulet vendue à prix d’or dans une poignée de restaurants, le seul État à l’avoir déjà autorisée est Singapour. Faire aujourd’hui un article du MONDE vantant les commandes de grands restaurants nommément cités est uniquement de la publicité pour un monde sans repères. On est très loin, trop loin de la poule au pot pour chaque foyer et de la sobriété partagée…

« L’essor de la “viande de synthèse” repose sur peu de données scientifiques » (25 février 2023)

Des entreprises investissent sur le marché de ce qu’ils nomment indûment « viande de synthèse », « viande de culture » ou « viande artificielle ». Le principe est de cultiver des cellules musculaires qui se multiplient dans un incubateur. Des hormones et des facteurs de croissance sont également nécessaires. Ils sont, jusqu’à présent et dans le cas de la « viande de culture » commercialisée à Singapour, apportés par du sérum de veau fœtal (qui nécessite d’abattre une vache gestante et son fœtus). Toutefois, ceci étant non éthique et très onéreux, les entreprises affirment avoir mis au point des hormones et des facteurs de croissance de synthèse pour des usages industriels. Pour mémoire, en Europe, la législation interdit l’utilisation de tels produits dans la chaîne de production alimentaire. Les risques pour la santé de l’homme et l’environnement restent encore inconnus. Ces dangers potentiels peuvent être chimiques (antibiotiques, métaux lourds, etc.), physiques (corps étrangers), microbiologiques (bactéries, mycoplasmes, prions), allergènes, ou génétiques (oncogènes). Prôner cette technique comme une solution environnementale performante est une promesse indue en l’absence de démonstration. Une consommation soutenue de « cellules musculaires cultivées » pourrait même avoir sur le long terme un effet de réchauffement équivalent, voire supérieur, à celui engendré par la production de viande bovine.

Les « fausses viandes », des alternatives pas si vertueuses (3 juin 2022)

Les rayons des enseignes de grande distribution se sont étoffés de plusieurs gammes de steaks, saucisses et lardons composés d’ingrédients végétaux qui reproduisent la texture et l’apparence de viande (des simili-viandes, à ne pas confondre avec les galettes « végétariennes » à base de produits peu transformés). Les simili-carnés sont au cœur d’une controverse sur la place qu’ils doivent prendre dans nos assiettes. Sont-ils une solution pour réduire la pression de l’élevage sur la planète ? Ne risquent-ils pas de favoriser une concentration de la filière aux mains de quelques géants agroalimentaires, au détriment de petits producteurs, et de détourner l’attention de l’enjeu d’une alimentation plus saine en poussant à consommer toujours plus de protéines ? Cette « alternative » risque de consolider la domination des systèmes alimentaires par quelques géants, écrivaient les auteurs du rapport intitulé « La politique des protéines », de promouvoir un régime occidental riche en aliments transformés, d’entraîner une perte de revenus pour les paysans des pays du Sud, et de renforcer des chaînes d’approvisionnement industrielles qui nuisent aux populations et à la planète.

Viande de synthèse, alimentation industrielle, pouah ! (26 mars 2019)

Memphis Meats aux Etats-Unis, Mosa Meat aux Pays-Bas ou Aleph Farms en Israël… ces entreprises dépensent aujourd’hui des millions de dollars pour mettre au point la viande de demain sans tuer aucun être vivant. C’est ce qu’on appelle l’« agriculture cellulaire ». Le but : nourrir 9,8 milliards de personnes à l’horizon 2050 et protéger l’environnement. Dans ce monde nouveau, harmonieux, pacifié et joyeux, tel que le décrivent les start-up de la clean meat (viande propre) et les associations prosélytes du véganisme à leur service, les humains seront enfin délivrés de leur propension à dévorer leur « prochain ».

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Détruire les biens nuisibles à la planète

Sabotages, viser l’industrie du béton est plus que légitime . Ce n’est pas l’avis de l’État qui est aux ordres du système croissanciste. Le 5 juin 2023, des militants accusés de dégradations dans une cimenterie Lafarge ont été arrêtés par des brigades antiterroristes.

Anselm Jappe : L’État n’a pas de honte : il accuse de terrorisme ceux qui ont protesté contre un industriel qui est en lien avec le terrorisme. Rappelons que Lafarge est actuellement mis en examen pour double complicité de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, après avoir négocié avec Daech un droit de continuer son activité lucrative en Syrie. Pour ce soutien, le groupe a été condamné en octobre 2022 par les États-Unis à 778 millions de dollars d’amende. Cela prouve, si besoin était, que le béton, et de manière plus générale l’extractivisme, évoluent au milieu de milices, d’armées privées et de seigneurs de guerre qui exercent des formes de pouvoir particulièrement brutaux. Le système industriel et productiviste est une forme de violence. Les industriels sont les premiers criminels climatiques. Et c’est là l’ironie de l’affaire : l’État utilise des brigades antiterroristes pour retrouver des individus qui auraient utilisé quelques masses ou pinces coupantes ! Cela s’appelle tirer à l’artillerie lourde sur des moineaux ! On sent une forte nervosité du pouvoir face à la montée en puissance du mouvement écologiste et le développement d’actes de sabotage, que je ne qualifierais pas de violents, mais simplement d’illégaux.

L’attitude des manifestants est en train d’évoluer. La stratégie ancienne du pouvoir qui visait à séparer les militants entre gentils pacifistes et méchants casseurs ne fonctionne plus. Le train du progrès se précipite vers un abîme, et on ne va pas demander à l’État si le règlement autorise les passagers à tirer le frein. Les activistes appellent à désarmer le béton. Ils ont raison. Le béton est une arme de destruction massive. C’est une industrie qui depuis longtemps dévaste le monde avec la construction d’autoroutes, de centrales nucléaires, de barrages, etc. Le béton est le principal responsable de l’artificialisation des sols, à lui seul il représente 8 % des émissions de CO₂ mondiales. Quant au secteur du BTP, c’est 39 % des émissions de CO₂.

Comment lutter contre cette industrie ? En s’opposant de manière pratique à tout genre de nouveaux projets inutiles ou nocifs — que cela soit les autoroutes, les centres commerciaux, les aéroports, les cimenteries ou encore les carrières.

Le point de vue des écologistes radicaux

Contrairement à Theodor Kaczynski qui a tué des personnes pour faire passer son message anti-technologique, la destruction des biens nuisibles à la nature, aux générations futures et à la biodiversité paraissent de plus en plus légitimes. La majorité des citoyens, endormie par le matraquage publicitaires, aliénée par la société du spectacle, choyée par le pouvoir d’achat et les prix bas, n’a aucun intérêt direct de réagir contre le croissancisme. C’est pourquoi une minorité d’activistes est acculée à prendre des moyens de plus en plus « violents » ?

Mais est-ce de la violence que de pratiquer la contre-violence sans atteinte aux personnes ?

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