anthropisation

Nicolas Hulot et la DECROISSANCE

Les extraits suivants ont été publiés dans le livre de Michel Sourrouille paru en octobre 2018, « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir ». Mieux vaut rendre la pensée de Nicolas Hulot publique, la libre circulation des idées écolos contribue à la formation de notre intelligence collective…

A mes yeux comme à ceux de tous les écologistes, la question centrale qui se pose désormais est celle-ci : la croissance est-elle la solution ou le problème ? La réponse ne souffre guère de doute, nous nous heurtons aux limites de la planète. Un élève de CM1 peut comprendre que si notre appétit augmente alors que notre potager demeure à taille fixe, il ne peut y avoir de dénouement heureux. Et pourtant ! Tous les jours j’entends ou je lis l’affirmation que l’économie va repartir comme avant. Dans notre système, une croissance à deux chiffres est une bonne nouvelle, alors que c’est la pire des choses pour l’écologie. Nous consommons chaque jour ce que la nature a mis dix mille jours à commettre. Nous devrions nous soumettre au rendement de la nature. Nous ne pouvons qu’être effarés de notre propre aveuglement. Au nom de l’exigence d’un progrès devenu fou, les pires atteintes à la dignité du vivant, les plus brutales agressions envers l’environnement, les inégalités sociales criantes, le mépris croissant envers la beauté et le bonheur de vivre se sont accrus de façon inexorable.

Contrairement à ce que prétendent les statistiques économiques, nous sommes en période de décroissance depuis le milieu du XXe siècle. La croissance économique s’est faite aux dépens d’une forte décroissance du capital naturel. Il est tout de même étonnant que le monde capitaliste ait exclu le capital nature de ses calculs. J’ai toujours déploré l’abus que l’on fait de l’expression « développement durable ». J’ai parfois l’impression qu’il ne s’agit plus que d’une camomille mielleuse destinée à rendre plus digeste nos excès. Car il porte en lui-même une ambiguïté : de quel développement parlons-nous ? L’urgence écologique et sociale nous dicte-t-elle d’aller sur Mars ou de réduire la pauvreté et protéger la planète ? Existe-t-il une alternative entre la décroissance subie et la décroissance conduite ? Je voudrais revenir sur cette idée de décroissance. Sur la finalité, je suis convaincu du bien-fondé de la décroissance économique. Mais l’opérer engendrerait de tels bouleversements, de telles résistance et de tels affrontements que nous ne serions pas gagnants. Je ne vois pas comment nous pourrions imposer une décroissance économique dès demain sans provoquer un séisme social et économique, c’est une question de réalisme. Quand les adeptes de la décroissance me disent que nous sommes utilisés par le système, peut-être ont-ils raison ; mais qu’ont-ils obtenu avec leur prétendue pureté et leur radicalité politique ? A défaut de la notion idéale qui reste à inventer, celle de croissance sélective doublée d’une décroissance choisie peut rester l’ultime voie. Elle contient en elle-même le principe du choix : décider quels sont les flux compatibles avec la contrainte physique et quels sont ceux qu’il faut tarir. L’exemple des ressources halieutiques est à cet égard patent ; les suspendre pour laisser à la ressource le temps de se régénérer relève du bon sens le plus élémentaire. Nous avons abusé de tout en tout. Par conséquent, il s’agit de fixer des limites à notre avidité et à notre cupidité. La société à venir devra mettre fin à la surenchère, choisir ce qui doit continuer à croître et ce qui doit commencer à décroître : moins de biens, plus de liens ! La révolution écologique doit s’orienter vers la compréhension de la plus précieuse ressource sur Terre : nous-mêmes. Cette révolution est spirituelle, avec une règle d’or : de la mesure dans toutes chose. De la modération, de la régulation, de la sobriété partout. Économiser pour pouvoir partager, tel est notre principal devoir !

On aura du mal à demander aux gens d’aller vers une société de privation, mais pourquoi pas vers une société de modération ? Séparons l’essentiel du superflu, interrogeons-nous sur la légitimé de nos actes les plus quotidiens. Est-ce utile, Puis-je m’en passer ? J’aime beaucoup l’idée d’abondance frugale. J’ai lu ce terme pour la première fois sous la plume de Jean-Baptiste de Foucault, qui est un ancien commissaire au Plan. L’abondance n’a rien à voir avec l’opulence, c’est le fait que chacun dispose de ce dont il a besoin, mais de manière frugale. Notre société est condamnée à faire mieux avec moins. Si le changement est subi, les premières victimes seront toujours les mêmes, mais nous prendrons aussi notre part en deuxième ligne. Alors on peut en tout cas choisir une décroissance énergétique. Si nous ne l’organisons pas, elle va s’imposer d’elle même.Si nous laissons perdurer la situation actuelle, nous risquons d’entrer dans une société de privation, avec ses systèmes de quotas, ses cartes de rationnement et tout ce que cela peut compter d’atteintes aux libertés. Le meilleur moyen de s’y opposer, consiste à mettre en place sans plus tarder une société de modération.

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Nicolas Hulot et le CODE MINIER

Voici quelques extraits de la pensée de Nicolas Hulot  :

  Le code minier français date du 21 avril 1810. Les différentes réformes dont il a fait l’objet jusqu’à maintenant n’ont guère pris en compte la question de leur impact environnemental. Du temps de François Hollande, les députés avaient adopté le 25 janvier 2017 une proposition de loi visant à l’adapter le code minier. Cette réforme, annoncée depuis plus de cinq ans, a laissé un goût amer. En effet, si certaines améliorations ont pu être adoptées, bien souvent malgré l’opposition du gouvernement, cette réforme arrivait en fin de quinquennat et ne pouvait aboutir.

A l’heure actuelle, le « droit de suite » donne encore un droit quasi-automatique au passage à la concession pour les entreprises qui détiennent un permis de recherche. Le Code minier, une législation pour faire de la terre un gruyère ! Emmanuel Macron a paraphé, le 30 décembre 2017, un texte de loi à portée symbolique : « A partir de demain la recherche et l’exploitation des hydrocarbures ne sera plus possible. » La France était le premier pays développé à prendre un tel engagement, mais en réalité le projet était plus subtil. Une semaine plus tôt, le Journal officiel publiait dans ses colonnes six arrêtés prolongeant des permis de recherche de mines d’hydrocarbures dans plusieurs départements métropolitains. A l’origine, j’avais souhaité fermer hermétiquement les vannes des hydrocarbures, avec un texte très coercitif. Mais, soumis au lobbying pressant des entreprises pétrolières et gazières, en même temps qu’aux contraintes du très pesant code minier qui sanctuarise le « droit de suite », j’ai dû composer pour donner de la sécurité juridique au projet de loi et protéger l’État contre de possible compensations financières réclamées par des entreprises. Le texte laissera donc la possibilité de sortir de terre « quelques gouttes » de pétrole après 2040. Il est vrai que la décision politique est complexe et doit ménager des intérêts divergents.

Même dans le détail, ça bloque. Avant le départ du président de la République en Guyane le 26 octobre 2017, j’avais longuement insisté auprès d’Emmanuel Macron sur les menaces pour l’environnement d’un gigantesque projet minier au cœur de la forêt amazonienne, baptisé « Montagne d’or », un monstre sur 190 km2 de concessions, qui prévoit une fosse de 2,5 km de long, 500 mètres de large et 400 mètres de profondeur, avec une usine de traitement du minerai par cyanuration, ainsi qu’une gabegie d’énergie. Porté par un consortium russo-canadien, ce projet menace aussi directement deux réserves biologiques exceptionnelles. Pourtant je n’ai pas été entendu. Lors d’un entretien accordé à France Télévisions Guyane le 27 octobre 2017, le chef de l’Etat s’est dit favorable au dossier : « C’est un projet qui, je le pense, sur ses fondamentaux, peut être bon pour la Guyane. » Que peut un ministre contre le président de la république ? Reporter les décisions qui fâchent dans le temps : « Les décisions ne seront prises qu’à l’issue du débat public ». Le débat organisé par la Commission nationale du débat public aura lieu au premier semestre 2018 pour une durée de quatre mois.

NB : ces extraits ont été publiés dans le livre de Michel Sourrouille paru en octobre 2018, « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir ». Mieux vaut rendre la pensée de Nicolas Hulot publique, la libre circulation des idées écolos contribue à la formation de notre intelligence collective… Chaque jour vous aurez un nouvel extrait sur ce blog biosphere jusqu’à parution intégrale d’un livre qui a été écrit en prévision de la démission de Nicolas de son poste de ministre de l’écologie. On ne pouvait avoir durablement un ministre voué à l’urgence écologique dans un gouvernement qui en restait au business as usual…

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Nicolas Hulot et la PAYSANNERIE

Voici quelques extraits de la pensée de Nicolas Hulot  

Le grand désarroi tragique de l’homme moderne, c’est de ne plus être relié à rien. On ne sait plus comment pousse une betterave ! L’agriculture est un des domaines où nous avons opéré la plus grande transgression. L’homme a voulu se substituer à la nature. En l’espace de quelques décennies, il a détruit des milliards d’hectares de terres agricoles et les a transformés en une espèce de support mécanique inerte. Il est entré dans une spirale tragique consistant à injecter dans les sols toutes sortes de substances toxiques qui donnent un temps l’illusion d’une certaine productivité, mais qui sont très rapidement rattrapées par de multiples effets secondaires sanitaires et environnementaux. Les paysans ont aussi été dépossédés d’un droit ancestral : être propriétaires de leurs propres récoltes, et notamment de pouvoir en consacrer une partie au cycle de la reproduction de leurs propres graines. Les industries chimiques et pétrolières se sont organisées pour diviser ce monde en de grandes zones d’agriculture spécialisées qui ont atomisé le milieu agricole et ont conduit à un système totalement schizophrène de circuits longs, dans une débauche énergétique insensées qui occasionnent des externalités négatives considérables, émissions de CO2 notamment. Il a également détruit progressivement toues les cultures vivrières qui avaient mis deux millénaires à s’organiser. Il est temps que l’on cesse de créer des distorsions sur les marchés où, pour finir, l’agriculture vivrière locale est moins avantageuse que les produits d’importation…

Dans l’avant-propos du livre « L’impasse alimentaire ? », écrit par différents membres du Comité de veille écologique de la fondation NH, j’exposais les terme du débat : « On a abordé l’agriculture de manière dogmatique. Soit on rendu les agriculteurs responsables de tous les maux, oubliant qu’ils ne sont pour la plupart que des victimes d’un système pervers et aujourd’hui caduque. Soit on hésite à évoquer la problématique écologique, de peur de blesser une profession courageuse. Les deux attitudes sont aujourd’hui stériles et irresponsables. Il n’est pas davantage acceptables que, chez nous, l’agriculture soit une des principales sources de gaz à effet de serre quand on sait à quel point est grand le périls lié au changement climatique. On peut ajouter à cela le rôle joué par ce secteur dans l’érosion de la biodiversité. Les changements ou les adaptations qui s’imposent ne pourront être délégués aux seuls paysans, mais devront être pris en charge par les collectivité nationales et européennes. » L’urgence du changement est contenu par cette statistique évoquée par le livre : en juillet 1994, la revue Scientific American comparait les polycultures traditionnelles et les agricultures industrielles. Les premières produisent 100 unités de nourriture pour 5 unités d’intrant (de consommation) énergétique, les secondes ont besoin de 300 unités pour produire les mêmes 100 unités de nourriture. Je pense à une phrase d’Albert Einstein, « Le monde est dangereux à vivre. Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. » Comment puis-je agir ? Difficilement quand on n’est pas ministre de l’agriculture.

Le programme du présidentiable Macron donnait de grandes lignes : « Nous réunirons tous les acteurs de la filière alimentaire, producteurs, distributeurs et consommateurs, dans le cadre d’un “Grenelle de l’alimentation”. Nous y définirons un calendrier prévoyant l’élimination progressive des pesticides. Nous soutiendrons l’adoption d’exigences similaires au niveau européen, dans le but d’accélérer la mutation de la filière agroalimentaire. » L’agriculture intensive est destructrice et épuisante alors que l’agroécologie est beaucoup plus sophistiquée. Il s’agit d’une combinaison de l’intelligence humaine et de l’intelligence de la nature, la première s’inspirant de la seconde. Mais la préparation de ces États généraux de l’alimentation (EGA) lors de l’été 2017 m’échappe face à la volonté du ministre de l’agriculture de prendre la main sur cet événement. J’ai très mal vécu ce moment, la façon dont Stéphane Travert a pris les commandes de ce chantier m’a profondément énervé. J’ai une telle dissension avec Travert que je n’arrive plus à communiquer avec lui. Les propos de ce ministre, renvoyant dos à dos tous les modèles (intensifs, bio…) ne peuvent en fait servir d’orientation. Les producteur(rice)s bio de la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique (FNAB) dénoncent fin juillet 2017 un renoncement politique historique. Par décision du ministre de l’Agriculture, aucun budget pour les aides à l’agriculture biologique ne sera engagé dans les 3 prochaines années. Aucune nouvelle conversion biologique ne sera donc possible.

Le 11 octobre 2017, le chef de l’État concluait la première phase des EGA, limitée à la négociation des prix. Il a évoqué la nécessité de se doter d’un modèle agricole qui réponde aux objectifs de santé et d’environnement, l’agroécologie, le bien-être animal ou encore les choix absurdes faits sur les modes de production. J’espérais que ce discours fixerait une orientation, avec la perspective d’une loi sur ces questions, je croyais encore qu’il y aurait l’atterrissage politique que j’attendais. Mais je n’ai pas participé à la séance de clôture des EGA le 21 décembre 2017. J’étais furieux quand j’ai lu les conclusions que je n’ai découvert que dans le dossier de presse transmis seulement le 21 au matin. Il me fallait manifester clairement ma différence. Je ne vais pas aller faire le beau ou aller dire dans un micro que le compte n’y est pas. Cette phase 2 ne se traduisait pas en actions concrètes, avec des objectifs et des moyens précis. Stéphane Travert et Edouard Philippe ont tout fait dans leur coin. Ils n’ont pas tenu compte de ce que j’avais demandé. Ce n’était pas suffisamment conclusif et ce n’était donc pas pour moi le temps de conclure ; elles n’étaient pas raccord avec les déclarations du président de la République le 11 octobre. Rien n’a été retenu des propositions des ateliers. Le mot climat n’a même pas été prononcé. Ma volonté de faire de ce grand rendez-vous un tremplin pour modifier en profondeur le modèle agricole français s’est heurté au ministre de la FNSEA et au poids des lobbies de l’agro-industrie intensive.

En janvier 2018, lors de mes vœux à la presse, j’avoue : « Oui, ça frotte un peu avec mon collègue de l’Agriculture, Stéphane Travert. Mais nous reviendrons ensemble à l’ouvrage d’ici le Salon de l’agriculture», le 24 février. La très agro-industrielle FNSEA y présentera des alternatives au glyphosate lors du Salon. Attendons. » On ne peut avancer en se faisant des ennemis. Le 31 janvier 2018 en conseil des ministres, on présente en commun le projet de loi pour l’équilibre des relations commerciales dans la filière agro-alimentaire. En clair il s’agit de faire pencher la balance en faveur du revenu des agriculteurs. La future loi agriculture et alimentation, c’est une toute autre affaire, ce n’est pas la mienne ! Même si j’ai contre moi l’inertie des habitudes et des grosses structures, j’ai aussi pour moi l’opinion qui commence a comprendre la gravité des enjeux. Mon recul aujourd’hui, c’est pour mieux avancer demain. Du moins je l’espère.

NB : ces extraits ont été publiés dans le livre de Michel Sourrouille paru en octobre 2018, « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir ». Mieux vaut rendre la pensée de Nicolas Hulot publique, la libre circulation des idées écolos contribue à la formation de notre intelligence collective… Chaque jour vous aurez un nouvel extrait sur ce blog biosphere jusqu’à parution intégrale d’un livre qui a été écrit en prévision de la démission de Nicolas de son poste de ministre de l’écologie. On ne pouvait avoir durablement un ministre voué à l’urgence écologique dans un gouvernement qui en restait au business as usual…

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L’union torride entre FNSEA et Denormandie

Qui se ressemble s’assemble, FNSEA et gouvernement ont le même discours ! Lors des arbitrages de la France pour la future PAC (politique agricole commune), les « écorégimes » hérissent les productivistes. Pour la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), la mise en place de cette « boîte verte », qui servira à rémunérer des pratiques environnementales vertueuses, représentera une perte sèche de revenus pour une partie de la profession. C’est-à-dire tout pour moi, rien pour le bio. Pour Julien Denormandie, ministre de l’agriculture : « L’écorégime, ce n’est pas de l’argent en plus donné aux agriculteurs. Ça consiste à prendre une partie de leur revenu et à ne le rendre que s’ils mettent en place des principes agroenvironnementaux. J’ai proposé aux députés de faire la même chose avec leurs salaires ! Il n’y a que le milieu agricole à qui on fait ça. »

Lire, Politique agricole à la solde de la FNSEA

Stéphane Foucart : Aucun gouvernement n’a suivi ou même devancé avec une telle constance les desiderata du productivisme agricole : gendarmerie nationale à la disposition de la FNSEA (cellule Demeter), démantèlement des aides au maintien de l’agriculture biologique, projet d’attribuer des subventions « vertes » à l’agriculture conventionnelle, abandon de facto de la lutte contre les nitrates issus de l’élevage intensif, soutien actif à la construction de méga-bassines pour l’irrigation, recul sur la sortie du glyphosate, remise en selle des néonicotinoïdes, volonté de déréguler les « nouveaux OGM »… Le 7 décembre 2021, lors du quatrième plan national santé-environnement, un livre blanc affichait les logos de la FNSEA, de l’Union des industries de la protection des plantes (UIPP), du Syndicat de l’industrie du médicament vétérinaire (SIMV) ; il était chapeauté par un inspecteur général au ministère de l’agriculture. Ce Livre blanc est la continuité du sommet One Health, dont l’allocution introductive était assurée par le ministre de l’agriculture en personne, Julien Denormandie. La fusion de la FNSEA et du ministère de l’agriculture paraît vraiment engagée ?

Lire, Julien Denormandie, ministre anti-écolo

Rappelons que Julien Denormandie avait en juillet 2021 signé une lettre, avec dix autres ministres croissancistes, de l’UE appelant la Commission à reporter la publication d’un texte qui doit permettre de mieux protéger la biodiversité : « Cette stratégie se réduit à des considérations environnementales en ne tenant pas compte des aspects socio-économiques…  Nous nous opposons fermement à toute proposition législative sur la planification et la surveillance des forêts… Un tel instrument créerait un fardeau administratif sans précédent… »

Comme son patron Macron, c’est l’homme des lobbys pour lesquels il a travaillé dur dès son entrée en fonction. On en arrive à se demander si tous les tenants fanatiques du productivisme effréné ne seraient pas, au fond, plus bêtes que cupides. Quand ils auront tout désintégré (les sols, l’air, la faune sauvage, etc.) pour gagner un dernier petit sou, que vont-ils faire ?

Les ministres de l’agriculture se succèdent, et ils restent les mêmes. Voici ce que disait en 2017 Nicolas Hulot, ministre de l’écologie, lors de la préparation des États généraux de l’alimentation (EGA) : « J’ai très mal vécu ce moment, la façon dont Stéphane Travert ministre de l’agriculture a pris les commandes de ce chantier m’a profondément énervé. J’ai une telle dissension avec Travert que je n’arrive plus à communiquer avec lui.… Les producteur(rice)s bio de la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique (FNAB) dénoncent fin juillet 2017 un renoncement politique historique. Par décision du ministre de l’Agriculture, aucun budget pour les aides à l’agriculture biologique ne sera engagé dans les 3 prochaines années. Aucune nouvelle conversion biologique ne sera donc possible.

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En finir avec le sexe, en finir avec la mort

Il y a quelques années encore, l’exercice de la sexualité humaine était hétéro, c’était la norme consacrée, ou bien homo, déviance marginale dont on avait conclu récemment que ce n’était pas grave : le 17 mai 1990, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) retirait l’homosexualité de la liste des maladies mentales. Mais aujourd’hui le goût du sensationnel et de la libération tous azimuts a démultiplié les sentiments d’appartenance. L’indifférenciation des identités devient alors source d’un malaise profondément ressenti par les plus jeunes. Le pédopsychiatre Alexander Korte s’inquiète du fait que les cas de personnes ayant la conviction d’être nées avec le mauvais sexe soient en fore hausse. L’utopie anti-nature de notre société, associée aux progrès de la médecine et à l’intense couverture médiatique de ces sujets juteux, offre aux adolescent(e)s un modèle d’identification de plus en plus vague. Respecter les lois de la nature devrait être un des combats de l’écologisme, ce n’est pas le cas avec EELV, qui s’institue en lobby LGBT. Pour rester terre à terre, mieux vaut lire le mensuel de Vincent Cheynet :

La décroissance, numéro 184, novembre 2021

Dany-Robet Dufour : De mon point de vue, ce n’est pas parce que je me ferai couper le zizi ou que je prendras des hormones féminines que je deviendrais pour autant une femme. Je nuis né homme, c’est peut-être regrettable, mais je ne pourrais jamais changer de chromosomes. Je pourrai au mieux obtenir un paraître, certes, mais pas un être. Or, aujourd’hui, invoquer cette impossibilité (cette limite) suffit à se faire accuser d’homophobie.

Claude Habib : L’existence de deux sexes continue d’être assimilée à un énoncé transphobe aux États-Unis et dans le monde anglophone. Suite aux dénonciations des activistes LGBT, une Anglaise, Maya Forstater, s’est vu refuser le renouvellement de son contrat de travail pour avoir déclaré que « le sexe est un fait biologique et immuable ». Le juge a donné raison à l’employeur selon le motif qu’une telle opinion serait « incompatible avec la dignité humaine et les droits fondamentaux des autres ». Mais en appel, on a de nouveau obtenu le droit d’affirmer que le sexe existe ! La division sexuelle est la limite de notre condition, comme la mortalité. L’une et l’autre sont attaquées : les trans prétendent ébranler la différence de sexe pour la franchir ou l’abolir. Les transhumanistes promettent d’en finir avec la mort, ou de la repousser indéfiniment.

La décroissance, numéro double juillet-août 2019

Dany-Robert Dufour : Devenir unisexe sans amour est présenté comme le summum de la liberté. J’ai été il y a peu en Amérique du Nord où beaucoup d’enfants, souvent de couples LGBT mais pas seulement, reçoivent des inhibiteurs de puberté qui empêchent le développement des parties sexuées du corps. Pourquoi ? Pour que ces enfant décident plus tard, « en toute liberté », du sexe qu’ils se seront choisi. Bref il n’y a pas de limites à ce à quoi j’ai droit puisque « c’est mon choix ». Sauf que c’est d’abord le choix du marché qui se fait fort de permettre aux individus de choisir.

Alexandre Penasse : Pour certains le sexe dépendrait d’une décision individuelle. Il n’aurait rien à voir avec le biologique et la naissance. L’enfant n’aurait plus à être confronté à l’énigme du couple. La négation de la différence des sexes ne s’inscrit pas seulement comme une conséquence de plus du refus des limites propres à nos sociétés libérales ; par la déstructuration de la cellule familiale et la négation de la place du père se promeut une forme de subjectivité nouvelle. Le sexe de naissance prend pour certains le statut d’erreur à corriger dans le réel ; ils veulent désormais changer de sexe et la société leur dit que c’est possible. Mais technique ou pas, on ne peut pas changer de sexe, on ne fait pas d’un gène XX un XY ou inversement.

Alain Troyas : Le libéralisme libertaire semble plus qu’intime avec la société de croissance ; il favorise partout un processus d’individuation en prescrivant à chacun de ne tenir compte que de soi, en prétextant favoriser les différentes libertés de s’auto-définir, de changer comme il le veut. L’époque favorise le désordre, la versatilité et le caprice.

Fabien Ollier : Le mouvement trans-identariste est essentiellement constitué par les nombreuses sectes cyberactifs que sont les transgenres, transsexuels, transbiomorphistes et transhumanistes. Leurs délires sont censé être pris au sérieux par les forces politiques, les milieux éducatifs, les organismes médicaux, les lieux de recherche, etc. Les communautés LGBTIQ+ ont réussi à imposer divers débats sociétaux qui concernent une infime minorité de petits-bourgeois mal dans leur peau. Leurs thèses sont d’une bêtise abyssale : les sexes seraient innombrables et ne posséderaient aucune charge d’altérité, aussi pourrions-nous en changer comme bon nous semble. Il serait logique de devenir non binaire (ni homme, ni femme), les deux à la fois ou rien de tout cela (agenre, xénogenre, etc.). Elle n’offre pour horizon de lutte qu’un renouvellement de l’étiquetage des marchandises humaines au rayon sexe.

Jacqueline Kelen : Plus l’homme s’érige en maître et en finalité de tout, plus le monde devient inhumain et idiot.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

11 juillet 2021, Mon père, transgenre, devenu ma mère

18 juillet 2020, « JK Rowling nie l’identité de genre »

25 octobre 2019, discuter PMA, c’est interdit par les LGBT

8 juillet 2019, Mouvement trans, négation de l’altérité

lexique : LGBTQI+, c’est-à-dire les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, queers, intersexes et asexuelles avec le « + » pour les catégories encore non établies.

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Vider les océans jusqu’aux tréfonds du fond

Dans les années 1970, nous considérions déjà les étendues de nodules au fond des océans comme des eldorados, mais nous avons d’abord exploité à outrance le plus abordable, vidant les océans de ses poissons. Nous nous tournons maintenant vers les profondeurs océaniques, soi-disant pour mieux connaître, mais avec une telle envie d’exploiter les ressources jusqu’à la lie.

Lire « La planète au pillage » de Fairfield Osborn (1948)

Martine Valo : « Les temps sont venus pour de grandes odyssées d’exploration et d’aventures », a lancé Emmanuel Macron le 12 octobre 2021. Dans sa ligne de mire, l’océan, et plus précisément les grands fonds marins… Paris ne cache pas son appétit pour les ressources minérales qui reposent sur le plancher océanique : cobalt, manganèse, nickel, platine, métaux rare… Elles sont contenues dans les nodules et sulfures hydrométalliques qui se sont lentement formés au fond de l’eau. Certains industriels arguent de l’intérêt de ces métaux pour répondre aux besoins de la décarbonation de l’économie et de la croissance des énergies nouvelles, qui requièrent ces matériaux… Les dégâts environnementaux liés apparaissent cependant inévitables, dans le dernier espace qui n’est pas encore quadrillé par les activités humaines…. Le président Macron ménage la chèvre et le chou : « 84 % de nos minerais sont dans nos océans, formidables réservoirs de recherche, de matières premières dont il nous faut organiser à la fois la connaissance ET l’extraction de manière compatible avec les autres activités, avec la recherche et la préservation de la biodiversité. »

Les commentaires sur lemonde.fr ne sont aps dupes :

ElGringo : Sainte Mère de la croissance infinie, quel bonheur de voir le moine-soldat Macron s’occuper enfin des fonds marins ! Dans un espace fini et pour pouvoir pepétuer une croissance infinie, il nous faut tout exploiter jusqu’à la moelle. Ainsi soit-il

Fëp : Pas sur que ce soit bien rentable, mais y’a des entreprise comme SMD subsea qui commencent à faire des machine sympas comme le bulk cutter qui a de la gueule, pour aller ouvrir des carrières à 3000 m de fond, pour exploiter 50 cm de croûte… Bon… adieu éponges, coraux et toute la chaîne biologique au-dessus, adieu baleines entre Tahiti et Moorea…

W40 : C’est très angoissant cette course en avant. Pourtant, le mur est juste devant… le choc sera violent. On nous dit qu’on a encore 10 ans pour éviter le pire et on fonce à l’inverse de ce qu’il faut faire. Je pige pas. Tous les voyants sont au rouge non ? C’est ce que la science nous dit pourtant.

Thalberg : Un livre parmi d’autres qui nous a alertés sur les dangers de la surexploitation des ressources (eau, forêts, terres cultivables, combustibles fossiles, minerai) : « Les Limites à la croissance » (Rapport Meadows), à l’initiative du Club de Rome en 1972. Les mauvaises tentations sont toujours là.

Krakatoe : On veut modeler tous les recoins du monde à notre image, encore et toujours. Que rien n’échappe. Toujours plus. Conquérir. On est le boss, il s’agit de transformer tout ce matériau qu’est le non soi, le non humain, en attribut de l’humain. Pas de place pour d’autres logiques, d’autres façons d’être. On ne s’intéresse pas aux autres formes d’intelligence, formes de vie, sauf pour les exploiter. Y voir notre intérêt prédateur. Sauf à la rigueur, en garder quelques spécimen dans une cage ou une réserve pour faire joli et nous promener le dimanche. On a tendance à éradiquer ce qui n’est pas nous. C’est assez dingue ce comportement à ce point prédateur, en tant qu’espèce, et même entre nous.

HLB : Et quand on aura fini de détruire la vie sur terre et dans les océans, ce ne sera pas grave, on aura trouvé une autre planète à exploiter…

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Croissance, ils n’ont que ce mot à la bouche

Les croissancistes ne comprennent rien à la situation actuelle, avec une biosphère dont on a dépassé les limites en mettant à mal l’avenir des générations futures. Pourtant ce sont eux qui ont la faveur des médias. Ainsi ce professeur au Collège de France, titulaire d’une chaire au titre significatif, « Économie des institutions, de l’innovation et de la croissance », qui sévit souvent dans les colonnes du MONDE. Voici un condensé de ses délires récents.

Philippe Aghion : Les décideurs économiques ont toujours pris le taux de croissance comme exogène… Or, la croissance est endogène. Investir dans la recherche, l’innovation, la politique industrielle, c’est doper la croissanceLes investissements publics augmentent la croissance et permettent de réduire notre dette. Plutôt que de se focaliser sur le montant total de la dépense publique, il faut plutôt prendre la part de la dépense publique consacrée aux investissements de croissance… Dans une recherche récente, nous analysons l’effet sur la dette publique à long terme d’une augmentation des dépenses de croissance en France et en Italie. En Italie, pays beaucoup plus endetté que le nôtre, un bon usage de l’investissement permet de doper la croissanceBien sûr, nous entendons déjà les esprits chagrins arguer que toute dépense pourrait être présentée comme un investissement de croissance. Un plan d’investissement « acceptable » doit aller de pair avec une réduction de certaines dépenses publiques dont les effets sur la croissance ne sont pas avérés. En France, nous avons considéré les effets d’une hausse des investissements de croissance accompagnée par un allongement raisonnable de la durée de cotisation des retraites… De même, la croissance de la productivité et la croissance de nouvelles entreprises, constituent de bons indicateurs de l’efficacité de l’innovation… Notre approche a l’avantage de ne pas compromettre nos chances de réindustrialiser la et de la mettre durablement la France sur le chemin d’une croissance plus soutenue, plus verte, plus juste.

Philippe Aghion est donc un croissanciste, le mot « croissance » revient 13 fois, presque autant que le nombre de paragraphes de sa tribune. Ce conservateur de l’ordre existant n’est qu’un prédicateur et il accuse les autres : « La pression de l’idéologie environnementale dominante crée une angoisse généralisée ». Alors que tout commence à s’effondrer autour de lui, la finance, la croissance, le climat, les ressources halieutiques, etc.), c’est toujours la recherche de la croissance à n’importe quel prix, peu importe l’endettement du moment qu’il crée de la croissance ; Aghion tourne en rond, l’esprit vide ! Rien sur les limites de la croissance, Aghion se contente de répéter par cœur son catéchisme. Une telle tribune n’incite pas à une rupture écologique efficace, basée à la fois sur les économies d’énergie, les énergies renouvelables, une réévaluation à la baisse de nos besoins ET une économie qui vit de son épargne, pas de ses emprunts…

Pour en savoir plus sur Aghion

20 mars 2014, Prêcheurs d’apocalypse, Ph. Aghion et Marc Fontecave

LE MONDE offre une page entière à deux « experts » qui n’ont qu’une seule chose à dire : la transition  énergétique reposera uniquement sur le nucléaire et le gaz de schiste ! Notons d’abord que pour ces spécialistes, l’un de la croissance et l’autre de la chimie, l’objectif d’une « bonne » politique énergétique est de contribuer à la compétitivité. Pourtant, sur une planète dont on a déjà dépassé les limites (cf. empreinte écologique), toute concurrence internationale ne fait qu’accroître la détérioration de notre environnement. (lire la suite)

19 août 2018, un enseignement économique et social (SES) aux ordres

Le cancre et cependant universitaire Philippe Aghion, un proche d’Emmanuel Macron, pilote la réécriture des programmes de sciences économiques et sociales (SES). Le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, désigne l’objectif : « Si l’approche pluridisciplinaire (des SES) a tout son sens, les « regards croisés » entre économie, sociologie et sciences politiques seront limités au maximum. (lire la suite)

Croissance, ils n’ont que ce mot à la bouche Lire la suite »

Hymne à toutes les décroissances

La décroissance est devenue en 2021 un thème de présidentielle, voici quelques éléments de réflexion pour mieux percevoir cette rupture conceptuelle.

Timothée Parrique : La décroissance est bien plus qu’une simple réduction du PIB. L’économie actuelle ressemble à une voiture lancée à pleine vitesse contre un mur écologique. L’urgence est de ralentir avant l’accident. L’objectif est de construire une économie où la production serait socialement utile et écologiquement soutenable :  réduction du temps de travail, relocalisation de la production, rationnement du budget carbone… Pour les décroissants, le niveau de PIB par habitant de la France est démesurée par rapport aux capacités des écosystème. Passé une certaine taille critique, toute activité économique – aussi désirable soit-elle – devient écologiquement problématique. Au sein du mouvement écologiste, si Delphine Batho défend la décroissance, les autres candidats s’y opposent. Mais ils connaissent mal le sujet, qu’ils réduisent à une croissance négative du PIB.

Michel Lepesant : Nous n’éviterons pas un monde à + 1,5 °C (entre 2030 et 2040), explique le GIEC. La réponse politique consiste à cesser de faire de la croissance du produit intérieur brut (PIB) notre boussole. Cet indicateur est devenu une idéologie au service du monde de la croissance. Or tout gain de croissance est corrélé à une dégradation de l’empreinte écologique (EE). Pire, le « jour du dépassement » en 2021 a eu lieu le 29 juillet. Il n’est donc pas devant nous, mais derrière nous. Désormais chaque humain doit se sentir responsable et s’efforcer de repasser sous ce seuil : c’est cela qui s’appelle la « décroissance ». Il s’agit bien d’une crise économique. Une récession correspond au recul du PIB pendant au moins deux trimestres consécutifs. Quand une récession est grave et durable , elle devient une dépression. Quelle devra être la durée de ce recul ? Le temps de revenir à une EE soutenable. En France, l’EE est de 1,8 planètes par rapport à la biocapacité française et de 2,9 par rapport à la biocapacité mondial. Avec un taux de décroissance de 10 % par an, il faudra près de 40 trimestres de récession si on part d’une EE de 2,9. Pas grave, ce sera une vie où chacun pourra préférer les dimensions du commun, de la coopération, de la convivialité, de la sérénité plutôt que de fétichiser l’individualisme, la concurrence, la rivalité, l’agitation…

François Jarrige : Chaque société a ses tabous comme le mot « décroissance », sans cesse disqualifié depuis vingt ans. Anxiogène, peu mobilisateur, négatif, punitif, tous les qualificatifs pour le discréditer ne peuvent résister au constat implacable selon lequel l’accumulation matérielle atteint ses limites et nous pousse vers l’abîme. Les grands médias s’intéressent aujourd’hui à la décroissance après des décennies de déni. Ils y sont évidemment poussés par la force des choses, alors que les pires prévisions, répétées depuis des décennies par ceux qui se disaient « décroissants », ne cessent de se confirmer, alors que s’impose l’urgence d’une réduction massive des émissions de CO2, c’est-à-dire de la plupart des flux de matières qui constituent le fondement de nos existences. Longtemps, l’idée même de croissance économique n’avait aucun sens. Jusqu’au XIXe siècle, les sociétés vivaient dans un monde relativement stable, gérant la pénurie et des ressources contraintes. Mais l’accumulation matérielle s’intensifie au milieu du XXe siècle. Sa  mesure par le PIB est inventée par Simon Kuznets en 1934. La théorie économique se développe ensuite en laissant de côté les effets délétères sur la nature, les « externalités négatives ». La remise en question de la croissance s’intensifie surtout dans les années 1970, à la suite des chocs pétroliers, des crises énergétiques et des alertes écologistes formulées dans un contexte de vives conflictualités sociales. En 1972, le rapport Meadows sur les « limites à la croissance » suscite d’abondants débats. Nicholas Georgescu-Roegen propose un nouveau paradigme, une « perspective bioéconomique » qui vise à réduire l’empreinte matérielle. Le concept de « décroissance » a été inventé par le philosophe Jacques Grinevald pour contrer les opérations idéologiques de « greenwashing ». La « décroissance » est devenue un « mot-obus », une stratégie disruptive qui porte l’attaque au cœur du système idéologique dominant. Le terme circule de plus en plus dans divers pays… Alors que les plans de relance continuent de célébrer la croissance comme seul horizon, il s’agit de rompre avec cette évidence pour rouvrir le champ des possibles, et imaginer d’autres façons de vivre dans un monde « post-croissance ».

Biosphère : Ces trois intellectuels se centrent sur la décroissance économique, ils ignorent complètement l’idée de décroissance démographique. Il en était de même pour le programme de Delphine Batho. Pourtant, dès 1972, le rapport Meadows sur « les limites à la croissance » montrait les interrelations entre exponentielles, qu’elles soient économiques ET démographiques. Dans le programme du présidentiable écolo René Dumont en 1974 on indique explicitement que « depuis 1650, la population du globe a augmenté à un rythme exponentiel… Nous sommes les premiers à dire que la croissance démographique doit être arrêtée d’abord dans les pays riches, ce qui remet en cause toutes les formes d’encouragement à la natalité, chez nous en France…Nous luttons pour le droit absolu de toutes les femmes de régler à leur seule convenance les problèmes de contraception et d’avortement. »

Des écologistes digne de ce nom devraient assumer une perspective de décroissance économique ET démographique.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

24 septembre 2021, Population et consommation en interactions

9 août 2021, Le GIEC nous recommande la décroissance

26 décembre 2020, Décroissance économique ET démographique

Hymne à toutes les décroissances Lire la suite »

La décroissance devient à la mode, trop tard !

Marie Charrel (journaliste au MONDE) : « La transition écologique sera brutale parce que nous avons trop tardé à agir, parce que nous sous-estimons encore l’ampleur des changements individuels et collectifs à venir. Les réflexions sur le sujet sont trop souvent polluées par la confrontation entre deux grands camps : celui des optimistes de la croissance verte, certains que les avancées technologiques conjuguées à des investissements massifs permettront de limiter le réchauffement tout en préservant notre niveau de vie, et celui des décroissants, convaincus que la seule voie possible est de rompre avec le modèle capitaliste basé sur l’exploitation des ressources… Jean Pisani-Ferry souligne que rien ne garantit que la transition sera bonne pour la croissance. Les dirigeants devaient rompre avec l’angélisme parfois béni-oui-oui de la croissance verte. Cesser de procrastiner pour se préparer à une mutation brutale. »

Delphine Batho (candidate à la présidentielle 2022) : « La seule réponse réelle pour ne pas aller dans le mur, c’est la décroissance… Il faut faire de la décroissance le mot d’ordre de l’écologie, et l’assumer… La décroissance, c’est le seul mot d’ordre d’affrontement avec les règles du jeu de la société actuelle…. Aujourd’hui le choix est entre la décroissance subie, que vont nous imposer les événements, ou une décroissance organisée, choisie. Ce qui est irréaliste, c’est de croire qu’on peut continuer sur la trajectoire sur laquelle on est. » (Journal La Décroissance, septembre 2021 page 9)

Nous n’avons pas attendu l’année 2021 pour oser dire sur ce blog biosphere que la décroissance est notre destin. Voici nos références :

29 octobre 2008, décroissance positive

9 décembre 2008, décroissance et catastrophe

20 janvier 2009, décroissance et écologie politique

16 mai 2009, enfin la décroissance !

16 novembre 2009, Décroissance comme Destin

7 juillet 2010, croissance négative ou décroissance choisie ?

30 juillet 2010, une décroissance autoritaire et chaotique

18 août 2010, la décroissance selon Yves Cochet

28 août 2010, la décroissance est porteuse d’espoir

17 novembre 2010, LeMonde pour la décroissance !?

24 janvier 2011, bien parti pour la décroissance

13 octobre 2011, pour une décroissance de la recherche scientifique

3 décembre 2011, Durban, le climat est mal parti, vive la décroissance

17 janvier 2012, Croissance économique, décroissance ou état stable ?

27 mars 2012, Jean-Luc Mélenchon entre productivisme et décroissance

15 juillet 2012, la décroissance est-elle malthusienne ?

22 juillet 2012, La décroissance au programme de terminale SES

4 novembre 2012, pour une religion de la décroissance, un curé nous parle

16 février 2013, Une décroissance voulue n’est pas une récession subie

7 juillet 2013, Décroissance voulue, le bonheur devient une réalité

20 juillet 2013, La décroissance pour s’affranchir de l’impérialisme éco

14 octobre 2013, pour une société de décroissance, des témoignages

4 novembre 2013, Question qui tue : la décroissance est-elle antisociale ?

10 décembre 2013, La décroissance est en marche, même LE MONDE l’écrit

24 janvier 2014, La décroissance est-elle malthusienne ? Vaste débat !

14 février 2014, L’autoproduction, une voie vers la décroissance ?

3 novembre 2014, La Décroissance, c’est simplement le sens des limites

25 décembre 2014, Vivre la simplicité volontaire dans la décroissance

22 juillet 2015, Une seule solution au choc climatique, la décroissance !

28 décembre 2015, L’issue fatale du développement, c’est la décroissance

12 janvier 2016, Introduction à la société de décroissance

22 février 2016, stagnation séculaire, croissance zéro ou décroissance ?

10 avril 2016, Un vrai programme pour la décroissance… en 2007

24 juillet 2016, le programme de décroissance de Georgescu-Roegen

28 novembre 2016, Leopold Kohr (1909-1994), précurseur de la décroissance

1er décembre 2016, les précurseurs de la décroissance… sans Malthus !

1e janvier 2017, Simone Weil (1909-1943), précurseur de la décroissance

1er septembre 2017, BIOSPHERE-INFO, Gouverner la décroissance ?

21 septembre 2017, Déconsommation rime avec Décroissance et Écologie

22 septembre 2018, Quelle transition pour le mouvement de la décroissance ?

26 décembre 2018, Presque personne ne veut consentir à la décroissance

8 mai 2019, Folie des grandeurs à l’âge de la décroissance

26 août 2019, Vincent Cheynet, Le choc de la décroissance

13 mars 2020, Le virus Covid-19, vecteur de décroissance

4 avril 2020, post-covid, décroissance et relocalisation !

20 juillet 2020, Croissance verte ou décroissance écologique ?

13 août 2020, EELV face au concept de « décroissance »

28 novembre 2020, Décroissance maîtrisée ou récession sévère

26 décembre 2020 : Décroissance économique ET démographique

9 août 2021, Le GIEC nous recommande la décroissance

20 août 2021, Le scénario SSP 1, la décroissance en marche ?

Repères bibliographiques sur notre site biosphere de documentation des écologistes :

2015 Décroissance, vocabulaire pour une nouvelle ère (collectif)

2013 Politiques de la décroissance (pour penser et faire la transition) de Michel Lepesant

2013 Les précurseurs de la décroissance, Epicure, Charles Fourier (nouvelle collection au passager clandestin)

2013 Penser la décroissance (politiques de l’Anthropocène) par collectif

2011 La décroissance heureuse (la qualité de la vie ne dépend pas du PIB) de Maurizio Pallante

2011 Décroissance versus développement durable (ouvrage collectif)

2010 ENTROPIA n° 9, contre pouvoirs et décroissance

2010 L’avenir est notre poubelle (l’alternative de la décroissance) de Jean-Luc Coudray

2010 ENTROPIA n° 8, Territoires de la décroissance

2010 La décroissance (10 questions pour comprendre et en débattre) de Denis Bayon, Fabrice Flipo et François Schneider

2009 La décroissance économique (pour la soutenabilité écologique et l’équité sociale) par collectif

2008 La décroissance, Rejets ou projets ? (croissance et développement durable en questions) de Frédéric Durand

2008 Le choc de la décroissance de Vincent Cheynet

2007 Demain, la décroissance ! (penser l’écologie jusqu’au bout) d’Alain De Benoist

2007 petit traité de la décroissance sereine de Serge Latouche

2006 Le pari de la décroissance de Serge LATOUCHE

2003 objectif décroissance (vers une société harmonieuse) par collectif

2003 carnets de campagne de Clément Wittmann, candidat de la décroissance à la présidentielle 2002

1979 La décroissance (entropie, écologie, économie) de Nicholas GEORGESCU-ROEGEN

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UICN, IPBES, les mots-maux de la biodiversité

En 2019, le premier rapport de la Plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) alertait sur le risque de disparition à brève échéance d’un million d’espèces animales et végétales ». Du 3 au 11 septembre 2021, Marseille reçoit le Congrès mondial de la nature organisé par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). La COP (conférence internationale) sur la biodiversité s’ouvrira en Chine en octobre 2021. Les négociations du traité sur la haute mer se tiendront aux Nations unies au premier semestre 2022. Beaucoup d’agitation pour rien. Laissons la parole à la toile :

G.Delaurens : Pour réagir au changement climatique et à la raréfaction des espèces, le mieux va consister à acheter un climatiseur ainsi qu’à contacter un taxidermiste pour avoir un renard empaillé dans la salle de séjour. Ensuite on n’aura plus qu’à participer au spectacle des éléments déchaînés devant sa télévision et visiter la salle des espèces disparues au Jardin des plantes. Ça, c’est un objectif de civilisation, concret et réalisable …

Nicolas Hulot : A chaque extinction d’espèces, sous l’effet de l’activité humaine, la mémoire de l’humanité se charge d’un fardeau de honte. L’homme s’octroie le droit de décider du sort des animaux ou des végétaux, de modifier le processus évolutif, persuadé que la seule chose précieuse dans la création est sa propre existence. Dans nos sociétés où partout suintent le racisme et la xénophobie, demander la considération pour un pachyderme ou un insecte est mission désespérée. Comment convaincre les hommes que le salut est aussi dans le respect sans faille de la biodiversité, que l’unicité de la nature ne vaut que par la pluralité de ce qui la compose ?

Choux rave : Il n’y a rien à attendre de la prochaine COP. Ni des prochaines élections. Que reste-t-il alors ? La désobéissance civile ? Et après, la violence ? Les boomers voudraient finir leurs jours tranquillement sans que rien ne change… Les plus riches voudraient continuer à accumuler sans que rien ne change… Pas sûr que cela se passe exactement comme ils le prévoient !

MK : L’espèce humaine consomme trop, elle est invasive et attaque la biodiversité.… Je n’ai entendu aucun homme politique, depuis plus de 50 ans, parler de régulation des naissances.… Peut-être faudrait-il limiter la population mondiale, et celle de la France à 50 millions, afin de maintenir les équilibres de la biodiversité actuelle et la surchauffe de production et de consommation ? Avec intelligence évidemment….

Dance Fly : Daccord avec MK pour en finir avec des politiques natalistes devenues « has been » dans un contexte de crise environnementale. Une solution simple pour la France: une allocation dès le premier enfant, doublée au second enfant mais pas augmentée au delà, et versée sous condition de ressource; réduction de l’allocation de rentrée scolaire, uniquement versée sous forme de bons d’achats (pour fourniture scolaire) ; aides financières pour la garde d’enfants uniquement pour les familles les plus défavorisés…

Michel SOURROUILLE : Le moteur de la sixième extinction de masse, la surpopulation humaine. Mais l’effondrement de la biodiversité découle aussi d’un défaut de sensibilité, d’un anthropocentrisme forcené. Tant que nous ne donnerons pas une valeur intrinsèque aux différentes formes de vie, l’exploiter avec outrance ira de soi. Il faut se rendre compte que les humains ne sont que des passagers parmi d’autres de cette planète alors qu’ils se veulent les parasites ultimes qui prennent toute la place au détriment de la faune et de la flore. Il ne s’agit pas simplement de déterminer une liste des espèces à protéger et des territoires à sanctuariser, il parait au contraire essentiel de redonner à la planète tout entière la liberté de déterminer de façon la plus libre possible son propre équilibre dynamique. Moins nombreux, plus clairvoyants, tout un programme !

Jeannot3 : J’aime le vivant, je parcours des forêts de temps en temps, mais 70% de la population vit dans un immeuble, pas de jardin et des terrains vagues. On me dit,« L’école doit jouer un rôle fondamental, il faut apprendre les pieds dans l’herbe mouillée ». C’est beau ça donne envie mais objectivement, à l’échelle française, il y a déjà 12 000 000 d’élèves. Comment on fait ?

boomeuse ok : Dans les années 90, je me souviens, j’organisais des sorties « sauvages » du jour pour le lendemain. On allait dans les chemins creux, on observait les mares, on apprenait à reconnaître les arbres, les fleurs des champs, les oiseaux in situ. Je prévenais la direction, je laissais un mot sur le bureau du maire. Et basta. La dernière fois que j’ai organisé « une sortie », il m’a fallu 3 semaines, un projet pédagogique, l’autorisation de l’intendance, une lettre d’information aux parents, (tout ça pour aller à 150 mètres du lycée au bord de la Creuse). Un jour, tu te lasses de forcer le système, de justifier de l’intérêt de ce type de démarche, de perdre des heures pour finaliser et obtenir le « sésame, ouvre les portes du lycée !  » Et tu pousses un long hurlement intérieur.

Nicolas Hulot : Osons dire que l’uniformité sied mal à l’homme comme à la nature. Plus nous réduisons la diversité, plus nous devenons vulnérables. Au début du siècle dernier les orangs-outangs pouvaient traverser l’île de Bornéo du nord au sud par la cime des arbres. Aujourd’hui, ils sont agglutinés et hagard de peur dans un îlot de forêt résiduelle, essayant tant bien que mal de survivre au milieu des villes et des exploitations. Le XXIe siècle va probablement consacrer la disparition à l’état sauvage des grands singes. A quoi sert notre technologie si nous sommes impuissants face à un tel phénomène ? Osons reconnaître qu’en détruisant la biodiversité, dont nous sommes la partie consciente, c’est notre propre sort que nous condamnons. Sauver les bonobos, c’est nous sauver nous-mêmes !

Pierre-Emmanuel Barré : La question n’est plus « quelle planète va-t-on laisser à nos enfants ! » mais « doit-on laisser des enfants à notre planète ? »

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

12 juin 2021, GIEC et IPBES sont dans un bateau…

22 mai 2021, Biodiversité, l’illusion des aires protégées

16 janvier 2020, Biodiversité, CDB, COP15 et IPBES… en vain

2 mai 2019, L’IPBES, l’équivalent pour la biodiversité du GIEC

25 mars 2018, L’homme disparaîtra, bon débarras ! L’IPBES le dit…

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L’économie française accélère… face au mur !

Bruno Le Maire, ministre de l’économie : « La performance exceptionnelle de l’économie française devrait lui permettre de renouer avec son niveau d’avant-crise début 2022. L’acquis de croissance atteint à la fin du premier semestre (4,8 %) rend atteignable l’objectif de 6 % fixé pour 2021. »

Selin Ozyurt, économiste : « Les indicateurs sont au vert : la confiance est là, les carnets de commandes sont pleins, et la situation est d’autant plus favorable que les revenus des ménages ont été préservés pendant la crise ».

Pour nous faire plaisir en tant qu’écologiste, voici quelques commentaires sur lemonde.fr expliquant que croissance au vert ET écologie verte sont incompatibles :

Cyclable : Parfait, 6% de croissance au service du même type de système économique. Pas de remise en question, pas de projection, tout le monde est content, rendez-vous donc à la catastrophe climatique (et, pour elle, il n’y aura pas de vaccin). Bon, faut dire que l’on ne change pas une équipe qui perd.

Popov : Est-ce qu’à un moment les gens vont comprendre que « reprise économique » ou « atteindre le niveau de productivité de 2019 » n’est pas une bonne nouvelle pour le climat ? On ne peut pas écrire des articles alarmistes sur le climat et s’enorgueillir d’une reprise économique fulgurante d’un autre côté. Il va bien falloir se rentrer dans le crâne que les deux sont incompatibles !!

jamaiscontent : Bienvenu dans le monde d’avant, celui où le PIB est le seul indicateur retenu pour parler de tout, celui qui a causé la crise de 2008 puis celle du Covid, celui qui provoque l’emballement climatique et créé des millions de réfugiés climatiques. Chouette, le PIB augmente, on va consommer, gaspiller, réchauffer !!

disparition des lucioles : Le PIB est un mauvais indicateur, il est urgent de le réformer. Une marée noire augmente le PIB. Un accident sur l’autoroute augmente le PIB. Le thermomètre préféré des économiste, sur lequel se base TOUTES nos politiques, ne prend en compte ni les lois de la thermodynamique ni le capital naturel, comme si ce dernier était une abstraction pure et illimitées. (voir Jancovici, Giraud, Bihouix)

Klyden : Il faudrait 2,9 planètes Terre pour subvenir aux besoins de l’humanité si nous vivions tous comme les Français. En France on surconsomme les ressources de notre planète et le ministre de l’économie se félicite que cette année, on surconsomme encore plus que l’année dernière.

O-Sidartha : Ah bon , j’espérais qu’on avait compris qu’il fallait changer de façon de vivre pour moins polluer et éviter le réchauffement climatique. Il n’en est rien ,on recommence comme avant en triomphant …. Alors le prochain COP en Ecosse, pourquoi faire le déplacement vu que ça ne sert à rien ?

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Les « signes vitaux » de la Terre au rouge

Alerte scientifique : Les gouvernements ont, de manière systématique, échoué à s’attaquer aux causes du changement climatique : « la surexploitation de la Terre ». Sur les 31 « signes vitaux » de la planète, qui incluent les émissions de gaz à effet de serre, l’épaisseur des glaciers ou la déforestation, dix-huit atteignent des records, selon un texte publié dans la revue BioScience. Ainsi, en 2020 et en 2021, malgré la chute des émissions de gaz à effet de serre liée au ralentissement de l’activité, induit par la pandémie de Covid-19, les concentrations de CO2 et de méthane observées dans l’atmosphère n’ont jamais été aussi élevées et la déforestation en Amazonie brésilienne transforme ce puits de carbone crucial en émetteur net de CO2. Les auteurs estiment qu’il existe « de plus en plus de preuves que nous approchons, voire avons déjà dépassé » certains des points de bascule qui pourraient entraîner le système climatique vers un changement dramatique et irrémédiable. Les auteurs réclament des actions radicales, éliminer les énergies fossiles, s’éloigner du modèle de croissance actuel et stabiliser la population mondiale.

La plupart des commentateurs sur lemonde.fr s’inquiètent :

Michel SOURROUILLE : J’ai lu les 60 commentaires, assez concordants dans le pessimisme. Dommage qu’aucun ne fasse référence au jour du dépassement qui aura lieu demain 29 août 2021. A partir de ce moment-là nous puisons dans le capital naturel, nous nous appauvrissons irrémédiablement… et nos générations futures à plus forte raison. Le constat d’effondrement en cours est effrayant, mais il est vrai aussi que nous vivons encore une période d’anesthésie, la plupart des « consummateurs » et des politiciens qui les représentent ne rêvent que d’une chose, revoir bientôt le monde d’avant la pandémie et ses contraintes. Comme je le dis sur le blog biosphere depuis plus de quinze ans maintenant, puisque la pédagogie de la catastrophe n’a aucun impact suffisant, c’est la catastrophe qui servira de pédagogie… pour les survivants !

Rémont : Si ces scientifiques ont raison, la situation est déjà irrémédiablement fichue et ce n’est même plus la peine de faire semblant de chercher une solution. Préparons les soins palliatifs des dernières générations humaines et considérons que c’est du sadisme pur que de faire des enfants forcément voués à la catastrophe .

Justin Kidam : Éviter le gâchis des ressources, stopper la croissance de la population, etc… Comme le font remarquer beaucoup de commentaires, il sera extrêmement difficile, voire impossible d’y parvenir. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas commencer. Parce qu’il y a des tas de choses faciles et quasi indolores à faire pour commencer. Pourquoi les SUV sont-ils encore la catégorie de voiture la plus vendue en France? Pourquoi au supermarché trouve t on encore des fruits qui ont parcouru la moitié de la terre avant d’arriver ? Je ne comprends pas les consommateurs qui achètent des poires d’Afrique du Sud ou du raisin d’Inde.

Mafalda : Bon nombre de gens ont depuis longtemps conscience qu’il faut changer nos modes de vie, stopper le libéralisme (et non pas nos libertés, comme certains se plaisent à confondre), et arrêter de dilapider les richesses planétaires détournées au profit de quelques uns. Ça bouge : dans les urnes, dans la rue, dans nos vies, nos associations, nos syndicats.

le sceptique @ Mafalda : Mouais, pour l’instant les opinions et les régimes bougent plutôt vers la droite. Si les écolo-gauchistes pensent qu’ils ont trouvé le truc pour ré-inventer le soviet, on peut craindre qu’ils ré-inventent surtout la voie vers la case prison ou cimetière dans l’hypothèse où ils se montrent un peu trop virulents avec leur utopie. Les gens ont de bonnes raisons d’être davantage intéressés parce que vous n’aimez pas, l’option technologique du dépassement (véhicules électriques, avions à biocarburant, trains à hydrogène, fermes de serveurs accolée à des grands barrages alimentant des loisirs et échanges numériques sans fin, burgers à viande de synthèse, conso recyclée en néo-matériaux, robots autonomes, rêves d’exploitation de l’espace, etc.). Enfin, on verra bien.

Gloup : Lorsque l’instinct de survie individuel, pollué par des années de consumérisme, ne peut plus voir son intérêt à préserver son environnement sur le long terme, cela ressemble à un suicide collectif… Malheureusement, à part une éradication de l’espèce invasive, je ne trouve pas vraiment de mesure rapide et efficace… Se contenter de peu, avec quelques exceptions, pour être heureux n’est déjà plus à l’agenda…

Robert Corel : Il faut réduire la population mondiale par un contrôle des naissances et un maintien du taux de fécondité sous le seuil du renouvellement . Personne enfin peu de gens sont prêts à l’entendre, c’est pourtant essentiel si on veut offrir à toute l’humanité la paix et un niveau de vie correct.

Lesseville : C’est une évidence rejetée par beaucoup mais 1 milliard en 1900 , 7 aujourd’hui et 11 en 2100 c’est du suicide pour notre espèce.

Untel : C’est une solution à long terme tout à fait possible, appliquée en Chine avec succès. Au lieu de ça des scientifiques militants entretiennent l’illusion auprès des lecteurs (les plus naïfs) que le Père Noël va apporter la fin des énergies fossiles et un changement de modèle économique. Comme ça, parce qu’ils le lui ont demandé gentiment dans une petite tribune. Si la survie de la planète dépendait vraiment de ces bisounours nous serions mal barrés !

Claude Kalman : Et pendant que l’irrémédiable approche, Xi Jinping, Narendra Modi, Erdogan, Bolsonaro, Dutertre, Al-Sissi, au Moyen-Orient et en Afrique, les chefs d’état, autoritaires ou tyranniques, ne pensent qu’à une chose : renforcer leur pouvoir sur les milliards d’humains qu’ils gouvernent. Je fais le colibri, bien sûr. Mais comment espérer ?

Dilemme de À à Z : A partir des années 2001 , il a fallu se protéger des terroristes … surveillance , protection policière , vigipirate , fichage etc… en 2020 , il a fallu se protéger du virus …confinement, restrictions , pass sanitaire , masques …. Demain de nouvelles contraintes vont se faire jour … pour sauver la planète et des catastrophes… restreindre l’usage des voitures et avion , manger autrement ,… la technologie va nous aider à alléger ces contraintes , mais elle vont perdurer et il faut réinventer le vivre ensemble d’urgence et réfléchir aux politiques à mettre en œuvre … la liberté devient conditionnelle .. et espérons plus égalitaire … chacun devra faire sa part , beaucoup n’en auront pas envie … que va devenir la démocratie face à l’urgence pour l’humanité ?

SuperKurva : Le problème de tous ces braves gens un peu poètes (« les signes vitaux de la Terrre », LOL²) est qu’ils essayent désespérément de résoudre la crise climatique avec un modèle démocratique. Prenez la campagne de vaccination. Pensez-vous un instant résoudre un problème de cette nature avec l’aide des Dupont-Aignan, le gilets jaunes amateurs de SUV diesel d’occaz , Melenchon, Francis Lalanne et autres Ciotti qui crient à la dictature à propos de la vaccination et du pass sanitaire ? La réalité est que nous irons vers des régimes politiques réellement autoritaires qui seront seuls à même de résoudre un problème de cette nature et d’*imposer* les mesures nécessaires, certes aux « riches », mais surtout aux demi-pauvres qui pleurnichent après les aides pour acheter leur nouveau smartphone, la dernière console à la mode ou aller en vacances très lowcost dans les pays arabes.

pierre marie : l’inconvénient des dictatures qui veulent faire le bien, c’est qu’elles font d’abord beaucoup de mal. Et s’arrête là. Beaucoup d’œufs cassés et pas trop d’omelette.

SuperKurva @pierre-marie : aucune dictature ne veut « faire le bien » comme vous dites. Elles essayent de perpétuer leur propre pouvoir.

Eric.Jean : Les limites de la croissance, y compris par épuisement de l’environnement, ont été modélisées très correctement dés 1972 par un groupe de scientifiques et d’économistes mandatés par l’OCDE (le « Club de Rome ») quand ils ont publié leur rapport (dis « rapport Meadows ») Personne n’a nié la qualité des travaux mais comme les conclusions n’étaient pas plus acceptables que l’annonce d’un cancer mortel à un homme apparemment en bonne santé ,le rapport a été rangé au fond de l’armoire et la société a continué dans le déni. Je n’ai guère de doute qu’elle continuera, l’homme n’est pas assez intelligent pour échapper au destin biologique de tout le vivant végétal ou animal : Croître en utilisant toutes les ressources disponibles puis décroître avec l’épuisement de celles-ci.

M51705 : Oui l’objectif de bâtir un monde pire est donc beaucoup plus raisonnable !

MaxLombard : Mes frères et mes sœurs la fin des temps approche, repentez vous … Tiens j’ai déjà entendu çà !

Biosphere @ MaxLomard : Cher Terrien trop humain, puisque que n’as pas encore compris que la très forte probabilité d’une catastrophe découle d’études scientifiques et non d’une croyance aveugle, la Terre-mère ne t’aime plus, tu es trop méchant…

Les « signes vitaux » de la Terre au rouge Lire la suite »

29 juillet 2021, « le jour du dépassement »

L’humanité a consommé, le 29 juillet, l’ensemble des ressources planétaires.. C’est donc le « jour du dépassement de la Terre ». Cet indice a pour but d’illustrer la consommation toujours plus rapide d’une population humaine en expansion sur une planète aux ressources limitées. Il faudrait ainsi, cette année, 1,7 Terre pour subvenir aux besoins de la population mondiale de façon durable. La date est calculée en croisant l’empreinte écologique des activités humaines (surfaces terrestre et maritime nécessaires pour produire les ressources consommées et pour absorber les déchets de la population) et la biocapacité de la Terre (capacité des écosystèmes à se régénérer et à absorber les déchets produits par l’homme, notamment la séquestration du CO2). Le « dépassement » était fixé au 29 décembre en 1970, au 4 novembre en 1980 et au 7 août en 2010. A partir de ce moment-là, l’humanité puise dans le capital naturel, ce qui n’est pas durable ; on ne brûle pas sa maison impunément.

Quelques commentaires sur lemonde.fr :

Le Vrai est en premier lieu invisible : C’est toujours un mystère pour moi ce « jour du dépassement ». Alors lorsqu’on le dépasse, en suite, on vit sur quoi comme ressources matérielles ?!!

LeBret : On va essayer une métaphore. Si vous récoltez un hectare de blé, la production est séparé en 2 : une partie que vous allez consommer jusqu’à la prochaine récolte, et une partie que vous conservez pour resemer l’année prochaine. Cette partie doit vous permettre de resemer au moins un hectare. Si durant l’année vous consommez trop, vous allez consommer la partie destiner à être resemée, et l’année suivante vous ne pourrez resemer que 0,9 ou 0,8 hectare. Mais vu que l’année précédente un hectare n’a pas suffit, une surface inférieure ne suffira pas. Donc vous allez encore plus consommer la partie destinée à être resemer. Et ainsi de suite. Tant qu’il y a de la marge, ça passe. Mais si votre consommation annuelle continue à augmenter ou si il y a un coup dur (sécheresse…) cela vire très vite à la catastrophe. Est-ce plus clair ?

Musicale : Un journaliste pour s’intéresser à la méthode de cette ONG ? Et à ses limites justement. Ce jour du dépassement qui revient chaque année fait vendre du papier et stimule nos penchants défaitistes avec des airs de fin du monde. Il serait d’utilité publique de vérifier que le calcul et le mètre étalon sont pertinents

Pierre E. @musicale : en quelques clics vous trouverez aisément ce que vous cherchez et pourrez vous faire votre idée par vous même. Mais ce n’est pas en mettant en doute la précision du thermomètre que vous supprimerez l’augmentation (ou la diminution) de ce qu’il mesure. Quant aux « penchants défaitistes », je crains qu’ils ne soient d’équivalente valeur aux « penchants optimistes » : moins fiables que la mesure, aussi imparfaite soit-elle, de l’empreinte écologique globale.

Jean-Claude TIREX : Depuis le temps que cette ONG américaine nous rabâche cette antienne, la planète ne devrait plus exister. Où est l’erreur?

Michel SOURROUILLE : on nous rabâche de différentes manières qu’il faut pour la durabilité de notre monde vivre et consommer autrement, mais certains comme Jean-Claude Tirex restent allergiques aux Cassandre. Jean-claude, petit conseil de lecture : « Le rapport Meadows, limites à la croissance » écrit en 1970, mis a jour en 1990 et 2010. Tout y est, et j’ai eu qq nuits blanches en lisant ces travaux. Surtout qd on sait depuis 50 ans, que les boomers étaient au courant et qu’ils n’ont RIEN fait. Bonne lecture !

Marc Br : Et bien je vais aller faire un p’tit tour de périph avec ma M3 pour fêter cela,à 3H du matin on peut faire un bon temps. Bon un peu d’effort les écolos mettez moi des bornes de recharges et du nucléaire partout et je ferai mon tour de périph avec une Tesla ! ! !

Michel SOURROUILLE : Marc Br veut continuer à vivre à crédit au détriment des possibilités de vie de nos générations futures, il vit encore à l’époque du nucléaire et des périphériques.
MaxLombard : Encore un effort et le dépassement arrivera avant la fin de l’année précédente !

Michel SOURROUILLE : Et comme MxLombard l’exprime à juste titre, notre consommation de capital renouvelable de la planète prendra, au rythme où on va ,plus qu’une années entière. Autant dire que la situation de l’espèce humaine, un véritable parasite si ce n’est un cancer, de la Terre, deviendra complètement désespérée. D’ailleurs des humains dans plusieurs de nos contrées en crèvent déjà de guerres et de famines sans compter les épidémies… Malthus nous avait portant prévenu, on ne peut faire plus que ce que le substrat matériel nous permet de faire de façon renouvelable.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

22 août 2020, Jour du dépassement

29 juillet 2019, jour du dépassement

Le Jour du dépassement, aujourd’hui 1er août 2018

13 août 2015, le jour du dépassement des limites

Le jour du dépassement, 19 août 2014 : tous aux abris !

Aujourd’hui 22 août 2012, le jour du dépassement

le jour du dépassement, 27 septembre 2011

le jour du dépassement, 21 août 2010

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Le bêtiser des croissancistes fous

Disqualifier l’adversaire par une rhétorique stigmatisante permet d’exercer une forte pression sociale. C’est la stratégie anti-écolo des tenants du business as usual qui répètent en boucle « retour à la bougie », « âge des cavernes », « ayatollahs de l’écologie », etc. Mais quelques citations de ces croissancistes, de la plus débile à la moins intelligente, montre que ces personnes s’accrochent désespérément au passé et au PIB. C’est eux qui doivent être stigmatisés, ils devraient avoir honte et éprouver un sentiment de culpabilité car ils n’ont rien compris à l’urgence écologique et à l’inéluctabilité de la décroissance (subie si elle n’est pas maîtrisée) :

A la coalition avenir Québec, nous on préfère parler de croissance verte.

Bruno Bonnell, bonimenteur : à la décroissance et à l’anxiété, j’oppose la relance.

François Kalfon (parti socialiste français) : Les socialistes veulent la croissance verte, pas la décroissance.

Le parti libéral du Québec se positionne comme un « parti de l’économie ». Dans ce contexte, la décroissance n’est pas une solution-miracle.

Christian Jacob (LR) : Dans trente ans, on sera à neuf milliards d’habitants ; on voit bien que toutes les logiques de la décroissance ne tiennent pas.

Xavier Bertrand, présidentiable 2022  : Chez nous, pas question de décroissance. L’écologie doit aller de pair avec le développement local et l’économie.

Le président du MEDEF : Les positions des écologistes en faveur de la décroissance nous font craindre des attitudes dogmatiques et clivantes vis-à-vis des entreprises une fois aux affaires.

Christelle Morançais (LR) : Je veux une écologie de croissance, pas de décroissance ! Mon ambition régionale est d’accélérer les projets sur le territoire, particulièrement l’hydrogène vert.

Jean Jouzel, climatologue : « Bien sûr notre mode de croissance doit être différente de ce qu’il est aujourd’hui. » (C’est sa réponse à la question : Entre la décroissance et la croissance verte, quelle voie prendre selon vous)

Valérie Pécresse (LR) : Notre débat a montré aux Franciliens qu’ils avaient le choix entre deux projets de société : la décroissance portée par la gauche ou la croissance avec le mien. La région ne supporterait pas la décroissance.

Grégory Doucet, maire EELV de Lyon : On doit administrer l’économie pour que chacun bénéfice des ressources et des richesses produites. Une bonne gestion pense aussi l’accès aux richesses, leur redistribution. Est-il question de décroissance ? Non ! Fixer une limite ne signifie pas décroître.

Jean Dionis (Modem) : Le pire, c’est le millénarisme du mouvement qui nous promet la fin du monde. Ils sont contre la LGV, contre le stockage de l’eau l’hiver, on est sur un logiciel de peur, de sanction, de décroissance… Mais qui peut prétendre aujourd’hui que le TGV est mauvais pour le climat ?

Phlippe Crevel, économiste : Ne boudons pas notre plaisir de connaître l’ivresse de la croissance. Sur un plan psychologique, n’en déplaise aux tenants de la décroissance, nous sommes construits sur le principe de l’accroissement des richesses, qu’elles soient matérielle ou spirituelles. Au-delà des polémiques, le succès de la vaccination en est une preuve, la croissance sonne à notre porte. Ouvrons-là en grand.

Philippe de Villiers, à droite toute : La décroissance, ça me fait penser aux Khmers verts. Parce que les Khmers verts, ils veulent trois choses : ils veulent la décroissance, ils veulent décarboner et ils veulent transformer le pays en un camp de rééducation. C’est pour cela qu’on les appelle les Khmers verts comme il y a eu les Khmers rouges. Alors la décroissance, heu, c’est une mauvaise vision de la croissance. Et, heu, cette idée qu’on reste chez soi à numériser pour décarboner c’est une idée mortifère, parce que la décroissance augmentera les problèmes, elle ne les résoudra pas. Alors la décroissance, vous noterez qu’elle va très bien avec le numérique parce que l’idée de l’automatisation c’est de… ben on n’a plus besoin du travail et on n’a plus besoin de l’entreprise. Y’a plus de relation humaine, il y a le revenu universel, ah, ah ! pour tenir les gens tranquilles chez eux, financé sur l’argent magique. Au nom d’une pureté de la planète et de la décroissance verte, il ne se passera plus rien.

Xavier Timbeau de l’OFCE : Deux scénarios se présentent. Le premier est celui de la sobriété radicale défendue par les partisans de la décroissance, comme Ivan Illich. Il s’agit moins d’apprendre à se passer des objets que d’atteindre le bonheur par une autre voie que celle empruntée depuis, disons, le siècle des Lumières. Pour Illich, il faut simplifier considérablement le fonctionnement de nos sociétés, recentrer celles-ci sur nos besoins fondamentaux et alléger, par conséquent, notre consommation de ressources naturelles. Le second scénario, qui me paraît intuitivement plus réaliste, tend à conserver nos sociétés complexes, c’est-à-dire interconnectées et productives, mais en respectant les contraintes environnementales. Cela exigera tout de même ce qu’on pourrait appeler une « régulation totale ». Concrètement les États contrôleront davantage nos comportements de consommation, établiront peut-être des quotas de kilomètres parcourus avec nos moteurs thermiques, des quotas de viande… au minimum, ils instaureront des taxes dissuasives.

Notre conclusion : Nous souhaitons à tous ces dévots du progrès d’aller chercher, à la suite de Sarkozy, la croissance avec les dents…

source : La décroissance, juillet-août 2021

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Présidentielle 2022, place au Parti animaliste

Le parti animaliste est fondé en 2016 par sept personnes. Son but affiché n’est pas d’obtenir des élus mais de communiquer autour de la cause animale. Il obtient aux Européennes 2019 presque 2,2 % des voix, presque autant que les voix obtenues par le Parti communiste (2,5 %) et mieux que la liste Urgence écologie (1,8 %). Bizarre ! Car c’est la vision écologiste vu par le petit bout de la lorgnette ; la cause animale n’est qu’une partie des préoccupations liées à exploitation forcenée de la biosphère et pas seulement de ses animaux. Pourtant cela stimule quelques mémères amoureuses de son chien ou chat. En effet le programme se résume à afficher un chat au Législatives 2017 et un chien aux Européennes 2019. Nous sommes loin de la revendication de l’écologie profonde d’attribuer une valeur intrinsèque à toutes les formes du vivant comme le conseillait le philosophe norvégien Arne Naess.

Hélène Thouy, cofondatrice de ce groupuscule, espère recueillir les 500 parrainages qui lui permettront d’être candidate à la présidentielle de 2022. L’avocate entend imposer la question animale dans le débat politique. Cette avocate défend l’association L214, présidentiable elle n’aborde pas les grands sujets régaliens, comme l’éducation, la défense … et l’écologie au sens large. Un positionnement mono-thématique a-t-il un quelconque intérêt lors d’une présidentielle ? Quelques réponses données par les contributeurs sur le monde.fr :

Pascal : Sur les affiches des animalistes des photos de chats domestiques qui sont des NUISIBLES notamment à la campagne où ils bouffent tous les oiseaux…

Requiem : Très bien, protégeons les animaux en interdisant les animaux de compagnie qui sont une aberration. Oui aux animaux de fermes, oui aux animaux dans leurs milieux naturels, mais non aux animaux dans les villes et les appartements, non aux animaux-objets, non aux ridicules concours de chiens et de chats, non aux oiseaux en cage, non aux au poissons dans des bocaux, etc. etc.

Bof : … Bref, on avait déjà des ânes, des chacals et des perruches qui se bousculaient pour briguer la fonction présidentielle… bienvenue dans la ménagerie !

Sylvain-19 : il y a des gens pour qui l’élection ne sert que de tribune pour une cause particulière. Je trouverai donc légitime que le syndicat des bouchers présente un candidat face à cette dame.

Archisauvage : Dans les années 90, un parti pseudo-écolo dont j’ai oublié le nom, présentait des candidats bidons aux législatives, dans le seul but de profiter du financement public pendant 5 ans. Et au passage de piquer quelques voix aux partis écolos classiques. J’espère que cette personne, sans doute sincère dans son engagement, ne trouvera pas 500 maires pour concourir à la présidentielle alors que son projet ne concerne pas 0,1% des thématiques dont relève une élection présidentielle.

le sceptique : Je propose : – un parti animaliste – un parti pour la nature sauvage – un parti écologiste indépendant – un parti écoféministe – et bien sûr EELV (peut-être deux candidats, Rousseau canal-fémino et Jadot canal-realo). Cela me paraîtrait de nature à bien mesurer le poids réel des nuances de l’écologisme français.

MaxLombard : Il faut absolument donner le droit de vote aux animaux, ce sera dur à organiser, en particulier pour les ténias mais c’est un impératif démocratique.

Hakodate : Et personne pour défendre les végétaux ? Créneau à prendre…

Raphou : Pour défendre les légumes, il faut un bon avocat.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

29 mai 2019, Quel avenir pour un parti animaliste ?

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Barkhane du point de vue des écologistes

Emmanuel Macron a annoncé le 10 juin 2021 la fin de l’opération « Barkhane » pour laquelle des  soldats français sont déployés au Sahel depuis 2014. Donnez-nous un seul exemple qui montre que la guerre sert à quelque chose. Pour le moment nous n’en connaissons pas… depuis que les humains se font la guerre ! Même pour des forces d’interposition, le résultat n’est pas garantie, les exemples sont innombrables, Afghanistan, Libye, Mali. Depuis le début, nous avions dénoncé sur ce blog une opération malienne voulue par Hollande et vouée à l’échec :s

15 janvier 2013, intervention au Mali, une erreur de plus des socialistes

20 janvier 2013, guerre au Mali, encore des morts… pour rien

28 novembre 2019, Des morts pour rien au Mali

13 janvier 2021, L’écologie contre l’interventionnisme armé

23 janvier 2021, Guerre au Mali, guerre colonialiste

Laissons à l’Église sa doctrine de la guerre juste ; massacrer pour la « bonne cause » est devenue une maladie récurrente de l’histoire humaine. Pour faire la paix demain, ne prépare pas la guerre. Mieux vaudrait tarir à la source la cause des conflits plutôt que se préparer à des guerres sans lendemain. Quelles sont les menaces ? La Chine et autres pays « proliférants », les risques des États en faillite, les risques de la mondialisation (flux de marchandises, terrorisme, attaque informatique). L’état actuel de la communauté internationale empêche tout conflit du premier type qui puisse toucher la France. La faiblesse d’Etat comme le Mali est un problème interne à ce pays et aurait du le rester. Enfin des soldats en uniforme ne sont pas équipés pour faire face à un ennemi invisible, problématique typique du terrorisme. Restent les problèmes de la mondialisation qui est en fait un problème de partage des ressources, donc un problème commercial et éthique et certainement pas militaire. Par exemple, un pays occidental est-il en droit d’intervenir militairement en Arabie Saoudite pour perpétuer son approvisionnement en pétrole ? Certainement pas. Quelles guerres l’écologie peut-elle accepter ? On sait pertinemment que toute guerre est en soi destructrice nette de ressources. La menace multipolaire du terrorisme est-elle soluble dans un engagement militaire  classique ? La réponse est NON. Faut-il éliminer toutes les armées nationales ? La Réponse est OUI. Que faire des militaires ? Les mettre au service de l’ONU, mettre des casques bleus sur la tête des soldats !

Dorénavant, il s’agit pour les politiciens d’améliorer les relations diplomatiques au niveau mondial, et nous serons d’autant plus apte à négocier sérieusement qu’on s’interdira le recours à l’armée comme continuation de la politique par d’autres moyens. C’est la condition nécessaire (et non suffisante) pour que le « concert » des Nations puisse aborder des problèmes aussi graves que le pic énergétique ou le réchauffement climatique…

Pour en savoir plus sur les autres interventions militaires :

21 mars 2011, LeMonde, va-t-en guerre en Libye !

22 mars 2011, LeMonde sent le vent tourner en Libye

24 mars 2011, LeMonde, une guerre « juste » en Libye ?

21 février 2012, La guerre de Libye, l’écologie et la non-violence

16 août 2014, Le pape François pour une guerre « juste », hérésie ! en Irak)

6 février 2018, LE MONDE et la guerre en Libye, bonjour l’aveuglement !

13 janvier 2021, L’écologie contre l’interventionnisme armé

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Interdiction d’avoir plus de deux logements

Interdiction de posséder plus de deux logements, ça ce serait une mesure efficace ! L’urgence écologigue impose des mesures radicales, on doit le dire même si c’est mal perçu dans l’immédiat. La transition énergétique, que la fin des énergies fossiles et le réchauffement climatique rendent nécessaire, ne sera pas facile. Mais la meilleure façon de s’afficher comme un citoyen responsable vis-à-vis des générations futures est d’habiter une petite maison, une seule, près du boulot, qui consommera automatiquement moins de tout et réduira les émissions de gaz à effet de serre. N’oublions pas que chaque logement qui se construit, chaque habitat pavillonnaire qui s’étend à l’extérieur des villes, chaque résidence secondaire… empiète sur le territoire des autres espèces et explose l’empreinte écologique. Il semble certain que l’étouffement de la Biosphère par l’espèce humaine se fait au détriment de l’ensemble des possibilités de la vie sur Terre, homo sapiens inclus. Malgré cette évidence, la mode de la résidence secondaire se généralise aujourd’hui. Deux exemples.

Des avions pour Belle-Ile-en-Mer provoquent la colère en Bretagne. Le 15 mai dernier, l’engin de neuf places décollait de Vannes pour ses ­dix-huit minutes de vol (57 km) et 99 euros. Belle-Ile compte 5 426 habitants à l’année et plus de 400 000 visiteurs en 2019. Le territoire affiche un taux de 56,8 % de résidences secondaires. Entre 2019 et 2020, les prix de l’­immobilier ont bondi de 19,2 % à Belle-Ile-en-Mer.

La vague des « bi-résidentiels » dans les régions françaises. Dès l’annonce, le 16 mars 2020, du premier confinement, un million de Franciliens ont quitté la capitale pour la campagne, dans une résidence de moins en moins secondaire. On les appelle les « bi-résidentiels ». Les prix sont à l’avenant, qui grimpent. Les Français sont champions du monde de la résidence secondaire. Près de 10 % du parc total des logements, soit autour de 3,5 millions.

En ce mois de juin, le journal La Décroissance interviewe Nil Caouissin sur la multi-possession. Les propos sont mesurés, trop mesurés : « Il est urgent d’en finir avec les résidences secondaires, c’est la garantie du droit au logement pour tous. Lorsque les résidences secondaires sont présentes massivement sur un territoire, le marché de l’immobilier est gelé, les prix deviennent exorbitants et les faibles revenus ne peuvent pas se loger… Je propose que seules les personnes résidant depuis plus d’un an dans un bassin de vie auront le droit d’acheter un logement dans ce pays… La proportion de résidences secondaires baissera progressivement avec leur revente, les prix baisseront, les habitants pourront enfin acheter là où ils vivent. Il n’y a donc pas d’expropriation, il n’existe pas de rapport de force suffisant pour une solution aussi radicale. Je suis pragmatique… A ceux qui disent que mon projet est contre la liberté, je réponds qu’en effet il est contre la liberté qu’ont certains de se payer une résidence secondaire à 400 000 euros. »

Nous nous souvenons encore du programme bien plus radical présenté par des candidats du Parti pour la Décroissance (PPLD) aux législative françaises de 2007 : Sortie de l’automobile et de sa civilisation, sortie des énergies fossiles au profit de la sobriété énergétique, relocalisation de l’économie, développement des petites entités économiques pour favoriser l’emploi local, instauration d’un Revenu maximum autorisé à hauteur de trois fois le SMIC et interdiction de posséder plus de deux logements. Enfin, voilà une mesure efficace, quand c’est interdit, c’est interdit. Dans la liste des saloperies à ne pas acheter, on trouve de tout : la bombe nucléaire ; le yacht  ; le TGV ; l’hélico ; la moto  ; le quad ; l’escalator ; l’aspirateur… et la résidence secondaire. Mais à partir de quels critères incontournables doit-on interdire une activité ?

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

12 novembre 2011, réduisons la surface de nos logements

9 avril 2007, votez PPLD… (Parti pour la décroissance)

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Un milliard d’hectares de terres dégradées

Un milliard d’hectares, ça fait 10 millions de km2. Ça correspond à un carré d’un peu plus de 3000 kilomètres de côté. A l’occasion du lancement de la décennie pour la restauration des écosystèmes (2021-2030), les Nations unies appellent à restaurer un milliard d’hectares de terres dégradées. Les écosystèmes, indispensables pour assurer la sécurité alimentaire, ont été massivement touchés par notre surexploitation des ressources. Une étude récente estime par exemple que seuls 3 % de la surface terrestre sont « écologiquement intacts ». Environ 80 % des terres arables sont affectées d’une façon ou d’une autre – par la sécheresse, le déclin de la végétation, la salinisation des sols… –, ce qui pourrait entraîner une baisse de la productivité du système alimentaire mondial de 12 % d’ici à 2040. Depuis 1990, plus de 65 % des zones humides ont disparu et aujourd’hui, 66 % des écosystèmes marins sont dégradés ou modifiés. Aucun des objectifs internationaux de protection de la nature adoptés en 2010 au Japon n’a été atteint dix ans plus tard. Pour le consommateur, l’agriculteur ou la grande multinationale, le coût de cet usage des écosystèmes n’apparaît encore nulle part. Comment agir ?

Jean Autard : Toute récolte extrait du sol les réserves des principaux éléments minéraux : azote (nitrates), phosphore (phosphates), potassium, mais aussi magnésium, fer, sodium… qu’il est nécessaire de fournir en retour au sol sous peine de l’épuiser en quelques années. L’épuisement des sols a eu lieu de nombreuses fois dans l’histoire. Parmi les formes les plus poussées, on peut citer la désertification produite par la salinisation liée à l’agriculture irriguée du « croissant fertile » aujourd’hui désert stérile, plus récemment la Dust Bowl des années 1930 aux États-Unis. Depuis le début du XXe siècle, l’usage d’engrais minéraux fossile ou de synthèse (azote produit par le procédé Haber-Bosch à partir de gaz) est devenu indispensable au maintien de la fertilité de sols. Or, les mines de phosphore et de potassium s’épuisent, de même que les hydrocarbures nécessaire à l’azote. De plus, dans un monde en effondrement, il deviendrait difficile de soutenir les vastes infrastructures qui permettent leur approvisionnement mondial. Le problème du renouvellement de la fertilité est encore aggravé par la « rupture métabolique » : alors que dans les systèmes agricoles traditionnels les nutriments consommés étaient pour une grande part rejetés (sous forme d’excréments, de déchets de culture…) sur place, aujourd’hui ils sont massivement exportés vers des villes lointaines où ils sont perdus définitivement vers la mer ou pollués dans des boues d’épuration mélangées de pathogènes, de métaux lourds et de produits chimiques divers. La valorisation des résidus de culture (biocarburant, isolation, plastiques biosourcés) aggrave encore ce problème, car c’est autant de matière retirée à des sols qui s’épuisent.

Il sera nécessaire de « boucler la boucle » de nouveau. Il nous faudra bientôt récupérer à nouveau le crottin des chevaux. On peut noter que l’agriculture « low tech » hautement productive développée dans l’Europe du XIXe siècle offrait des rendements élevés qui auraient pu nourrir une population aux deux tiers non agricole sans recourir ni aux engrais de synthèse, ni à la motorisation, ni à la chimie. En effet, l’association d’un système de culture sans jachère avec stabulation et d’une traction animale dotée de machines agricoles permettait des rendements élevés. Par exemple, la faucheuse à barre de coupe horizontale mues par les roues lorsque le cheval la tracte.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

Les illusions de la productivité agricole

Pour calculer un indice statistique globalisé du rendement, il faut faire le rapport production/intrants : combien de calories ont été utilisées pour produire, combien de calories délivrent les champs cultivés. L’agriculture est normalement une illustration parfaite de l’échange constant entre matière et énergie. Basée sur l’assimilation chlorophyllienne, elle devrait donner plus qu’elle ne coûte puisqu’elle transforme l’énergie du soleil et les éléments de la terre. C’est ce qui a été fait pendant plusieurs millénaires, ce n’est plus le cas aujourd’hui de l’agriculture productiviste qui doit investir sous forme d’hydrocarbures deux fois plus d’énergie que ce qu’on récolte. Plus globalement, on peut montrer que l’énergie consommée par l’ensemble de la chaîne alimentaire, compte tenu du processus de transformation et de la distance parcourue par les produits agricoles, représente 10 fois l’énergie restituée sous forme de calories utilisées pour l’alimentation humaine. Et encore, nous n’avons pas développé sur la détérioration par l’agriculture productiviste des sols et du climat !

Un milliard d’hectares de terres dégradées Lire la suite »

Réinventons notre relation à la montagne

Un collectif s’insurge contre le projet d’un téléphérique sur un glacier : « Et si les humains, les autres animaux et les glaciers partageaient plus qu’une simple relation d’utilitarisme… La bonne manière de se relier à la montagne est-elle de continuer à monter, plus vite, plus haut, plus fort… N’est-il pas temps de descendre d’un cran, de se poser la question de ce qu’est un glacier en train de mourir… Nous proposons de réinventer de nouvelles formes de relations au glacier, allier les pratiques de ski de montagne et l’éducation aux problématiques écologiques et climatiques… Nous sommes habitués, en Occident, à penser les glaciers comme des éléments inanimés faisant partie de notre « environnement naturel » plutôt que comme des acteurs à part entière d’un monde que nous habitons en commun. C’est cette idée qu’il nous faut déconstruire pour tisser les fils d’une autre histoire possible… Est-il si difficile de transformer une cosmologie héritée de la révolution industrielle, nous intimant de croire qu’il existerait une nature extérieure à nous que nous devrions exploiter jusqu’à ce que plus une once de ce grand dehors ne résiste à nos impératifs de gestion rentable et profitable ? Sentez-vous une tristesse naître en vous lorsque l’on vous explique que l’économie des vallées montagnardes ne tient qu’à l’aménagement touristique bétonné et mécanisé ? Si oui, c’est que vous vous demandez ce que nous avons fait du monde qui soutenait nos existences… A l’image des peuple autochtones, nous sommes nombreux à vouloir expérimenter d’autres formes de relation aux entités qui peuplent nos milieux… Nous ne disons pas que nous savons ce que c’est que penser comme un glacier. Mais nous décidons d’arrêter de nous acharner sur ses restes, nous décidons d’en prendre soin… Un autre modèle de développement est possible. Demandons l’étude d’un autre projet qui mette différemment en valeur le glacier de la Girose… » 

Admirable insurrection des consciences, sauf que ce collectif s’arrête en chemin. Respecter la haute montagne, c’est la laisser à sa splendeur inviolée. Les alpinistes ont été des conquérants de l’inutile, les skieurs hors ou sur pistes sont devenu des nuisibles. Les riverains d’un océan n’allaient pas autrefois sur le bord de la plage, ils avaient bien d’autres choses à faire. Les gens vivant à proximité de la montagne ne ressentaient pas du tout le fait que la montagne était synonyme de loisirs marchands. Dans un monde écologisé, on se contentera de ce qu’on a autour de soi, on ira moins loin, moins vite et moins haut. Après le choc pétrolier ultime, nous n’aurons de toute façon plus les moyens de rêver ni à aux voyages en voiture, ni aux vacances de neige…

Pour en savoir plus sur la radicalité de ce blog biosphere,

24 juin 2019, Stations de ski et réchauffement climatique

7 février 2018, Ne skiez pas, ni au Pla d’Adet ni ailleurs

20 octobre 2014, L’inutile conquête des sommets de l’Himalaya

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Éliminons chiens et chats de compagnie

Le culte de l’animal de compagnie sert les intérêts d’une puissante industrie. En 2023, le juteux business du « pet care » devrait atteindre au total 868 milliards de dollars de revenus sur les marchés des pays du Nord.En effet, les gens remplacent peu à peu les déchets alimentaires donnés traditionnellement aux animaux domestiques par de la nourriture industrielle préparée. On appelle cela la tyrannie de la commodité. Sans surprise, cette industrie en forte croissance génère un énorme impact écologique. Aux États-Unis, la production de nourriture pour chiens et chats produit autant de dioxyde de carbone que 13,6 millions de voitures en une année. Les chats et les chiens américains consomment autant de calories que la population française et leur consommation de viande se classerait en 5ème position s’ils représentaient un pays, juste derrière la Russie, le Brésil, les Etats-Unis et la Chine. En France, le marché du pet care — distribution, pet food, services, assurance — pèse près de 5 milliards d’euros et affiche une croissance de 2,5 % à 3 % par an.

Outre l’impact résultant de la marchandisation de l’animal de compagnie, leur prolifération est devenue une sérieuse menace pour la vie sauvage, principalement en raison de la prédation des chiens et des chats errants. Le chat domestique se classe comme la pire espèce invasive de mammifère dans le monde, devant le rat. Toujours guidé par son instinct malgré la domestication, le chat a une tendance naturelle à « l’abattage en surplus » : il continue à chasser même lorsqu’il est bien nourri. Côté reproduction, il est équipé pour coloniser rapidement un nouveau territoire. Avec deux phases de reproduction dans l’année durant lesquelles les femelles peuvent avoir jusqu’à 15 chatons et une maturité sexuelle atteinte en seulement quelques mois, un couple de chats peut produire une descendance de 10 000 à plus de 20 000 individus en seulement quelques années. En France depuis le début des années 2000, la population de chats domestiques est passée de 9 à 13,5 millions et cette croissance démographique s’accélère. Il faut encore y ajouter la population de chats errants estimée à 11 millions d’individus. A son tableau de chasse figurent 63 espèces exterminées en 500 ans. De son côté, le chien domestique rafle la troisième place du podium des mammifères invasifs avec 11 espèces éradiquées.

Face à cette catastrophe écologique, la plupart des défenseurs de la cause animale se gardent bien de faire une analyse globale du problème, encore moins de dénoncer ouvertement l’industrie du pet care. Pour mettre fin à l’exploitation animale, ils proposent par exemple de donner des droits aux animaux. 0l’hystérie collective autour de la cause animale peut être vue comme un symptôme du délabrement des relations humaines et des structures familiales. Ne jamais s’attaquer à la racine du mal. Toujours proposer des substituts à l’existant pour perpétuer le business. Énième pseudo-solution proposée par le mouvement animaliste : la nourriture vegan ! Sous couvert de rapprocher l’homme et l’animal, cette mouvance creuse en réalité le fossé entre les hommes et le vivant en faisant la promotion de la nourriture artificielle produite en labo-usine. Et durant leur vie, nos amis les bêtes ont désormais droit à l’allopathie, la chirurgie, la diététique et même à la psychanalyse. La cécité idéologique des animalistes les empêche de voir que ce qu’ils nomment progrès est en réalité une régression pour l’animal, une démarche qui ressemble bien au stade ultime de l’anthropocentrisme. En vérité, les humains civilisés seraient mieux avisés de soigner leur narcissisme pathologique pour renouer avec leur animalité afin de s’élever au rang de l’animal au lieu de faire la démarche inverse.

Dans les sociétés traditionnelles et rurales, la relation entre le chien et l’humain se distingue par le niveau d’interdépendance — le chien protège le troupeau et les cultures, il reçoit en échange le gîte, la protection et le couvert. Au sein des sociétés industrielles, le chien devient « animal de compagnie » sans autre fonction que de compenser un besoin résultant des inconvénients du mode de vie au sein du monde moderne ; divertir, responsabiliser les enfants, remédier à la solitude ou au stress, faire de l’exercice, etc. L’animal de compagnie est un palliatif, une béquille pour améliorer son existence sans agir sur la cause profonde du mal-être.

Philippe Oberlé

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

31 octobre 2012, le coût écologique de ton animal de compagnie

11 juin 2019, Le coût écologique des animaux domestiques

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