Morts du Covid-19, l’indifférence s’installe
Denis Cosnard : « Bientôt près de 100 000 morts en France depuis l’apparition du virus. Et pourtant, pas de « confinement », mot récusé par le gouvernement. Les coiffeurs, les fleuristes, les chocolatiers, les libraires et les vendeurs de voitures ont été considérés comme de « première nécessité » et autorisés à rester ouverts. Emmanuel Macron estime que la France doit pour le moment « vivre avec « le virus, cela signifie aussi vivre avec les morts ». Le conseil scientifique le constate, « La lassitude a gagné nos concitoyens et nos soignants. Une certaine indifférence face aux chiffres des décès s’installe ». Le Covid tue avant tout des personnes âgées, qui seraient de toute façon décédées d’une autre cause, Personne ne représente les chômeurs, de même il n’y a pas de syndicats des malades, pas de lobby des endeuillés. Cette absence de relais contribue au « consensus inavoué », on tolère un nombre de morts qui aurait paru inacceptable il y a peu.
La mort d’un proche est une tragédie, mais du point de vue des gestionnaires de notre multitude, 100 000 morts n’est qu’une statistique. On compte dans le monde 2,7 millions de décès pour 124,8 millions de personnes malades du virus. De la cavalcade de chiffres, même l’opinion publique commence à être saturée. Les commentateurs sur lemonde.fr acquiescent :
Emma Paris : Ce que le journaliste du MONDE présente implicitement comme une forme d’égoïsme, voire de de cruauté collective peut aussi être vu comme une forme de sagesse et d’acceptation de la finitude imposée à notre espèce ; la prolongation de « la vie à tout prix », jusqu’aux plus extrêmes limites des forces naturelles, mais avec l’assistance d’une médecine de plus en plus ivre de son pouvoir, N’EST PAS l’idéal de la majorité. Beaucoup de gens préfèrent vivre en prenant le risque d’une mort prématurée plutôt que de s’économiser pour vivre « jusqu’au bout » ( de quoi? Jusqu’à quand ? 90 ans, 100 ans, 150 ?). S’éterniser en EHPAD le plus longtemps possible, quand on est dépendant, isolé et parfois inconscient n’a franchement rien de désirable. Arrêtez de nous présenter comme un progrès social ce qui s’apparente fort à la transposition techno-hygiéniste du bon vieux catéchisme.
Thymie : Notons le même phénomène de « désensibilisation » que pour les applaudissements (histrioniques) pour les « soignants héros » d’il y a un an, envolés, qui se transforment parfois en rancœur. « On s’habitue à tout » (les coréens du Nord à l’absence de liberté, les vénézuéliens à la pénurie, les américains aux guns, les chiites aux sunnites, les Français au djihadisme aveugle ainsi qu’aux 50 000 morts annuels par l’alcool…)
Paul L. : Je vais vous faire une confidence, beaucoup de gens meurent chaque jour en France.
Bofitude : Les morts ne votent pas.
De passage : La mort fait partie de la vie, nous ne la vaincrons pas, et ce ne serait pas souhaitable. L’âge moyen des personnes qui décède de la Covid reste équivalent à l’espérance de vie moyenne, personne n’est éternel. Les 200 à 300 morts Covid sont-ils plus ou moins évitables que ceux liés aux maladies cardio-vasculaires, au tabac, à l’alcool, à la pollution, aux produits chimiques… (1600 chaque jour, combien d’Airbus ?) ? Pour ces derniers, on n’hypothèque pas dramatiquement la vie des jeunes gens, et Le Monde ne fait pas d’articles s’offusquant de l’indifférence générale…
Eymeric L : Plus simplement, nous reprenons conscience que la mort fait partie de la vie, et que privilégier la vie individuelle au détriment de la vie collective n’a aucun sens face à un virus qui tue peu, proportionnellement.(ndlr, 2% des malades atteints du Sars-Cov-2)
Louisedo : L’arbitrage, c’est donc entre des morts aujourd’hui du Covid ou des morts demain d’un crash économique qui tuera les plus précaires.
MaLon : Et si l’indifférence à la mort était en fait une pulsion de vie ? On ne peut pas rester des mois et des mois à ne parler / penser / agir qu’en fonction de la mort.
Cumulonimbus : Existe-t-il un indicateur qui permettrait de calculer le nombre de vies épargnées grâce aux mesures sanitaires prises depuis le débit de la pandémie ?
Camtaoij : C’est assez simple, Cumulo, si on avait laissé faire, on aurait sans doute déjà atteint l’immunité collective, mais au prix d’environ 500 000 morts.
Savinien 2 : Alors oui, c’est grave la mortalité due au COVID, mais le reste, qui en parle encore ? Mortalité annuelle en France due aux différents cancers = 160000 en 2018 ; Mortalité cardiovasculaire = 150000
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