Nous sommes déjà avertis de l’effondrement civilisationnel prévisible depuis le rapport au club de Rome en 1972 sur Les limites de la croissance. Aujourd’hui popularisée en France par Pablo Servigne, la collapsologie explore à à nouveau la vulnérabilité de notre société thermo-industrielle face à divers risques systémiques. La crise du coronavirus fait donc écho à des scénarios connus : un monde d’autant plus fragile qu’il est complexe, un monde rendu invivable par la surpopulation humaine, un monde non durable qui va rencontrer pénuries, crise pétrolière et financière, sans oublier le réchauffement climatique, la chute de la biodiversité, la guerre, la famine et les épidémies. Les commentateurs sur lemonde.fr se partagent entre effondristes et anti-écolos :
Ursus speleus : Le monde se divise en deux: le collapsologue qu’a une pelle et le gonze qu’a un revolver, et donc le collapsologue creuse.
Du Joli : Et quand il n’a plus de balles, le gonze prend un coup de pelle.
MaxBoltz1954 : La collapsologie : variante moderne du « Repentez-vous, pauvres pêcheurs » avec quelques scientifiques perdus ou en mal de reconnaissance.
As1 : La collapsologie, c’est un terme à la mode. Le réchauffement climatique et l’extinction rapide du vivant, ce sont des réalités. Les anti-ecolos croient qu’il s’agit d’un positionnement politique. Non, c’est juste un constat. Ne pas voir, c’est simplement du déni.
Alazon : L’exposition donnée par LE MONDE à ces illuminés collaspsos est indécente. Heureusement que face à cette crise on a des TGV médicalisés, Tesla, PSA ou Renault qui font des respirateurs, des produits chimiques pour les anesthésies, LVMH pour faire du gel, Facebook pour nous aider à pister le virus… Cela sauve des vies. Tout cela c’est l’avenir. Le boboécolo, lui, ne comprend rien à son époque. Il est terré au fond de son appartement à manger des graines bio, confit dans la peur et dans la nostalgie d’un passé fantasmé, amoureux transi de la nature qui vient de nous envoyer une belle saloperie. Les collapsologues sont les derniers soubresauts de ce monde qui meurt : celui de la France moisie et recroquevillée, celui du poujadisme, celui de Zemmour et Hulot.
Fep : On vous laisse manger votre TGV et boire votre gel hydroalcoolique alors… bon app’ !
ca_alors : Oui Alazon. Vos termes sont un peu violents, mais je les partage, car sérieux, il y en a marre. La rédaction du MONDE n’est pas folle cependant, car elle sait que certains sujets déchaînent des passions. Depuis peu, j’entends des amis se plaindre franchement d’avoir des enfants qui les accusent d’avoir détruit la Terre. Des enfants à qui on aimerait leur proposer un stage d’un mois (n’exagérons pas) de chasseur cueilleur (espérance de vie de 30 ans), sans téléphone (les ondes), sans médecine (la technologie), et bien sur sans électricité. Un peu comme les 800 millions de personnes qui attendent eux, avec une immense impatience, d’avoir de l’eau potable dans leur maison.
As1 @ca_alors : Vous êtes superbe de déni. Entre deux romans, lisez le dernier rapport du Giec.
GERONIMO : Les collapso sont des curés. Ils ont troqué la Peur de Dieu par la Colère de Gaïa. Ils sermonnent, nous devons faire pénitence, nous blasphémons quand nous achetons une simple tranche de steak et nous ne serons jamais assez digne de la nouvelle divinité.
Transition_necessaire : Je m’inquiète de la non soutenabilité de notre monde depuis 15 ans. J’ai eu une phase de peur/sidération il y a 1 an. Et je vis la crise COVID comme un soulagement (et pardon pour ceux touchés par la surmortalité ou une crise éco sociale violente). Le virus nous a permis de ralentir globalement. Et jusqu’ici les services vitaux restent disponibles, même s’il y a des exceptions tragiques. Surtout j’ai espoir que des changements voient le jour. Mais nos moyens d’action seront beaucoup plus limités si on attend des chocs (inertie climatique sur 30 ans, s’il fait 50° c’est trop tard), ou de subir des pénuries de pétroles incontrôlables. Construisons une résilience hors croissance.
Clovis : Je pense le contraire de tous ces rêveurs : les petits groupes rousseauistes n’ont aucune chance de survie. Les sociétés complexes, avec une forte industrie, un gros budget de recherche, une armée et une police bien payées, des hôpitaux bien équipés, des greffes d’organe, et donc une industrie chimique pour fabriquer les médicaments antirejet sont les seules à pouvoir résister. On peut faire remarquer qu’actuellement il existe une société qui vit en petits groupes, et plus ou moins en parasite des grandes sociétés : c’est les Rom. Perspective peu encourageante pour nos collapsologues, mais c’est pourtant ce qui les menace : la clochardisation, comme à ND des Landes.
Vetruvio : Je ne crois pas à un effondrement proche. Mais je crois que d’ici 20 ou 30 ans nous allons être confronté à des problèmes de ressource gigantesque. Et on a beau traiter les collapsologues de bobo naif…Il suffit de lire un rapport du giec , un rapport sur les réserves de pétroles et de gaz, un rapport sur les terres rares et métaux pour s’apercevoir que l’on va vers un gros problème. Et pour tous ceux qui parle d’un switch vers les renouvelables , je vous laisse faire comparer les ressources nécessaires pour faire avancer un camion d’un kilomètre avec du pétrole, et de l’autre avec de l’électricité issue de moyen de production renouvelable. Oui la technologie progresse, mais les lois de la physique et de la thermodynamique ne changeront pas.
ChP : Je ne pense pas que nous serons victime d’un effondrement quelconque, je pense plutôt que nos sociétés partiront en déliquescence. En effet nous avons largement les moyens de retarder la fin au lieu de préparer un monde d’après, durable, acceptable et accepté par tous. Cette impréparation conduira a des luttes interminables entre les différentes zones d’influence du monde et entre les différents pays de ces zones. Cela prendra peut-être un siècle. L’attitude de l’UE, des pays membres, de leurs dirigeants à l’ego surdimensionné, que l’on observe en cette période de crise du Covid-19, en est un triste présage. Les nationalismes conduiront à porter au pouvoir des fous illuminés tel que Trump qui ne pense que rapports de forces et non pas coopération. Le voila le monde de demain.
Thierry Oiseau : Gaïa tient le chronomètre. Ainsi, à mon avis, elle nous laisse 10 ans, 20 tout au plus, pour créer le monde de demain : écologique et paisible. Oui le défi est colossal.
Vince : Se nourrir et s’approvisionner en énergie, eau… au plus proche est très bien. Réduire ses consommations aussi. La croissance actuelle est mortifère, car elle consomme trop de ressources et détruit notre maison commune. Ceci dit, l’autonomie est un leurre complet. La vie EST inter-dépendance, depuis les bactéries jusqu’aux êtres les plus évolués. La solidarité et l’entraide sont les seules solutions. Le repli sur soi n’a aucun sens car nous ne savons quasiment RIEN faire par nous-mêmes. Faites la liste des chose que vous pouvez faire ENTIEREMENT par vous-même et vous comprendrez.
Charly : Ces gens planent totalement. Comment peut-on être à ce point en dehors des réalités ? Ils n’ont aucune autonomie, c’est une illusion, ils restent dépendants pour tout (santé, éducation, matériels, logistique…). Le repli sur soi ou sa tribu serait l’avenir de l’humanité ? C’est plutôt le passé… Et puis surtout, si nos sociétés devaient s’effondrer comme l’écrit de manière aberrante Yves Cochet, tout serait balayé : tout. Rien n’y résisterait. Ces gens se croient en sécurité dans leurs rêves et leur éco-hameau ? Ils seraient pillés, massacrés avant les autres. Vous croyez au scénario Cochet ? Apprenez le maniement des armes, cela vous sera d’un meilleur secours que la permaculture…
Guillaume Landes : Ne pas confondre collapsologie et survivalisme, parfois c’est compliqué… La résilience des territoires avec autonomie alimentaire et autonomie politique locale parce que small is beautifull, ça existe depuis longtemps. Du phalanstère en passant par la coopérative agricole, du municipalisme libertaire à la commune, du monastère cistercien à la recherche du Siddharta d’Herman Hesse, on connaît toutes ces belles utopies. Ce qui change avec les collapsologues, c’est juste qu’il nous disent qu’ils ont besoin d’une mega-crise pour se justifier… mais pas la peine ! Pas besoin d’être dos au mur pour faire la révolution.
François C.H. : Je ne sais pas si nos civilisations finiront par s’effondrer d’un coup, par morceau ou pas du tout, mais il faudrait être sacrément sourd pour ne pas voir que la probabilité d’un grand crash est relativement élevée. Dans ces conditions on comprend que certains prennent les devants. C’est une vie difficile, mais sûrement mieux remplie et plus satisfaisante qu’une vie de fourmi boulot/Netflix/dodo/shopping/etc.
zorglub : « partager les ressources et les compétences à l’échelle d’un petit territoire, afin de satisfaire l’essentiel des besoins fondamentaux « . Ça a été tenté avec la communauté anarchiste de Longo Maï. Echec, ils sont obligés de mendier en Suisse pour subsister. En fait les collapsos ne mesurent pas à quel point ils sont dépendants de l’industrie. C’est dramatique parce que ça crée une forme d’écologie totalement esthétisante, romantique, peuplée de totems et de tabous, et pour le coup hors sol. Il faut faire des calculs ; par exemple un vélo à vitesse, c’est en réalité une réalisation hautement moderne et industrielle.
Alain PANNETIER @ zorglub : Vous avez tout à fait raison. Avant de venir taper mon commentaire, je quitte mes chaussures en écorce de bouleau (histoire de ne pas salir le sol de la caverne), j’enlève mon gilet en peau de chèvre et je colle mammouth (« mammouth » c’est mon chien) dans la cage tournante pour générer un peu de courant avec quelques cristaux de galène sur l’axe rotatif (la science !!!). Bon allez, faut que je vous quitte. C’est pas tout ça mais j’ai encore 5 chèvres à traire 3 mouflets à torcher, quelques silex à finir, et un lapin à dépecer. Ce soir c’est la fête : soirée macdo. J’ai déterré des tubercules dans la clairière à côté de la cascade et on va se faire des frittes dans de la graisse de sanglier, par Toutatis.
TO : Les collapsologues que je fréquente ne craignent pas l’effondrement de notre civilisation : Ils en rêvent! Ils fantasment d’un retour à la terre, d’une vie plus simple, plus communale, … bref une autre manière de vie. Sans croire à leurs théories, je me dis parfois la même chose…
Shakti : Votre problème, TO, c’est de croire à l’idée même de civilisation ! Car celle que vous nommez, c’est un fantasme de conquérants illusionnés par un croissancisme hypocrite qui n’aboutit qu’à la hausse des inégalités sur une planète aux ressources saccagées.
Stéphane : Le plus grand problème dans l’effondrement assuré de notre Civilisation tiendra dans ses nombreux soubresauts et la violence croissante que cela engendrera. La gestion de cette violence par l’Etat n’est pas garantie.
DDom : Ils mettent la barre très bas, au niveau du sol qu’ils devront gratter et disputer aux ravageurs. Ils mourront à 40/50 ans, épuisés par une vie de labeur et de pénuries. Ils auront oublié que leur pays avait produit Pasteur. Moliére…, construit Versailles , Vézelay…. Et s’habilleront de haillons, sentiront la crasse et la misére. Tandis qu’ailleurs dans le monde des ingénieurs, des scientifiques, des artistes et d’autres continueront à toujours élargir les frontières de l’ignorance.
Pffff : C’est oublier un peu vite, Ddom, que ce sont ces gueux qui vous nourrissent… La nourriture ne se produisant pas seule sauf dans vos rêves d’un futur qui n’existera jamais.
Pessicart : Pour ce qui est des légumes, à Nice, donc dans une région privilégiée, un potager à l’air libre ne produit quasiment rien entre début novembre et fin mai. Pour les fruits, c’est à peu près pareil hormis les agrumes. Celui qui veut se nourrir de sa production doit donc produire beaucoup pendant peu de temps puis stocker ou faire des conserves et il faut accepter ensuite pendant 6 mois de manger toujours la même chose et du pas frais. Ensuite, les fruits et légumes contiennent très peu de calories, la plus grosse part de l’énergie que nous engloutissons vient des sucres lents, principalement des céréales, de la viande et de l’huile (ça on a chez nous). Dans les Alpes maritimes, plus d’un million d’habitants, la production de céréales comme de viande est quasiment nulle, même la production de poissons est très faible. Pour vivre en autosuffisance, sur le plan de l’alimentation, bonjour l’angoisse.
Constanze @pessicart : Renseignez-vous un peu avant de dire des bêtises, il y des productions hors des périodes que vous citez : poireaux, carottes, pomme de terre, noix, noisettes, kiwis, kaki … Ce ne sont pas les mêmes et il y en a moins mais de là à dire qu’il n’y a rien. Quand à stocker et faire des conserves pour manger de bons produits, je ne vois pas ce qui vous pose problème par rapport à acheter de la bouffe industrielle dans une surabondance d’emballages plastiques. Certains aliments aussi se font sécher, se conservent avec le sel et sans doute d’autres moyens.
Pessicart : @constanze, j’ai écrit « quasiment rien ». Pour votre info à Nice les pommes de terre se sèment fin janvier et se ramassent en juin, les garder jusqu’au mois de janvier suivant c’est pas facile vu les chaleurs. Les carottes ne passent pas l’été, les poireaux il faut en planter au 15 août et bien s’en occuper, pour ce qui est des noix et noisettes ça ne pousse pas ! Il y a effectivement des kakis, on les cueille en octobre et on les garde au garage un mois ou deux. Vous pouvez chipoter, le principe c’est que quand il y a peu d’ensoleillement et pas de chaleur rien ne pousse. Mon grand père stockait des melons dans de l’orge en septembre, il en mangeait jusqu’à Noël. On peut trouver des combines mais c’est du travail et il faut beaucoup de technique. Mon propos était seulement de moquer les gens qui prétendent se nourrir avec leur jardin, ils ne savent pas ce qui est mis en œuvre aujourd’hui pour, par exemple, qu’ils aient des carottes toute l’année.
Esclave moderne : Pour ce qui est de la viande, nos aïeux avaient des lapins, cochons, poules etc. mais il faut accepter de se salir les mains et d’autres moyens de conservation que le congélateur existent.
Marcus78 : Mes grand parents étaient paysans (pas agriculteurs, paysans) et franchement je n’envie pas leur vie. Que les collapsologues collapsent en paix. Personnellement je pense que le monde d’après sera encore plus globalisé, les grands gagnants seront (sont déjà) les GAFA et consort qui nous permettent de survivre pendant cette période grâce aux nouvelles technologies. Les perdants : les vieilles technologies et industries, le tourisme, les transports collectifs.
VeritasOrigine : Le système actuel pourrait très bien se perpétuer si l’on avait une politique volontariste de diminution de la population mondiale. Cependant cette politique se heurterait à de multiples religions ( croissez et multipliez, tabou de la contraception…) et aux extrêmes, donc elle ne se fera pas.
Une femme : Ne vous inquiétez pas ! Après les quelques famines et guerres que vont entraîner l’effondrement des ressources, vous l’aurez votre diminution de la population mondiale.