épuisement des ressources

Transports : 2020, année de la « démobilité »

Nous avons découvert le terme déconsommation en 2017, on ajoute aujourd’hui l’expression « mobilité » à notre catalogue des Dé ( Décroissance, Démondialisation,  Dépopulation, etc.) . Il y a un site dédié, https://www.demobilite.org/ . Ce nouveau concept a notamment fait l’objet d’une étude en 2013 de la Fondation pour l’innovation politique intitulée “La Démobilité: travailler, vivre autrement”, rédigée par Julien Damon. Dans cette étude, il est rappelé que la croissance contemporaine des mobilités peut être alternativement présentée comme incarnation de libertés nouvelles ou comme puissante menace environnementale ». Ces réflexions ont ensuite été poursuivies par Bruno Marzloff dans son ouvrage “Sans bureau fixe”, paru en 2015.

Une tribune du MONDE aborde cette notion pour la première fois en juillet 2020 , mais c’est pour la dénigrer. Les douze vice-présidents de région de la France métropolitaine, chargés des transports, lancent ce cri désespéré : « Prenons garde à ce qui court sous la « démobilité », ce mot à la mode : l’occasion de renoncer un peu plus à tout aménagement du territoire ? La mobilité est une des composantes de notre devise de liberté, nous refusons toute forme d’assignation dans les territoires. » Pourtant l’expression gagne du terrain, c’est lobjet d’un article de janvier 2021. Une étude, réalisée dans la dernière semaine d’octobre 2020 auprès de 4 500 personnes vivant en France, confirme l’avènement de la « démobilité ». A la fin d’octobre, juste avant le deuxième confinement, alors qu’un couvre-feu avait été instauré dans la moitié des départements, seul un quart des personnes interrogées disaient avoir repris le cours normal de leurs déplacements… Mais plus de 40 % du 1,2 million de personnes travaillant à moins d’un kilomètre de leur domicile prenaient le volant pour se rendre au travail… » 

Nous marchons sur la tête, ou plutôt nous ne marchons pas assez. Il nous faut tous devenir adepte de la déconstruction du système thermo-industriel , il nous faut pratiquer toute la palette des « dé », déconsommer, démobiliter, démondialiser, désurbaniser, dévoiturer… pour lutter contre le règne des SUR (surabondance, suractivité, surcommunication, surconsommation, surdéveloppement, suremballage, surendettement, suréquipement, surmédicalisation, surpâturage, surpêche, surproduction…). En d’autres termes, il nous faut réduire nos besoins. La rupture d’avec la société de croissance peut aussi prendre la forme d’un cercle vertueux de la sobriété en 8 « R » : Réévaluer, Reconceptualiser, Restructurer, Redistribuer, Relocaliser, Réduire, Réutiliser, Recycler. A chacun de nos lecteurs de pratiquer les Dé et les R à son rythme… mieux vaut se préparer à l’effondrement civilisationnel en prenant de l’avance.

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Aurelio Peccei et la revue « La Décroissance »

Nous aimons bien le mensuel « La Décroissance », coup de poing contre la pensée unique croissanciste. Nous aimons beaucoup moins le fait que tout ce qui bouge au niveau des écologistes y est automatiquement classé comme « écotartufe », que ce soit Hugo Clément ou Aurélio Peccei dans leur dernier opuscule (numéro de décembre 2020/janvier 2021).

Du point de vue des écologistes, nous voyons plutôt le côté positif de tous ceux qui veulent faire face à l’urgence écologique, et Aurelio (1908-1984), fondateur du Club de Rome en 1968,  est vraiment un précurseur qui pouvait écrire dans les années 1970 :

« Je suis né en homme libre et j’ai tâché de le rester. Alors j’ai refusé, j’ai refusé… vous comprenez ce que ça veut dire, surtout en Italie à mon époque : la soumission au conformisme religieux, le fascisme. Je me sens obligé de faire tout ce que je peux pour mettre à la disposition des hommes ce que je sais, ce que je sens, ce que je peux faire. Nous avons tellement développé notre capacité de production qu’il nous faut soutenir une économie dont le côté productif est hypertrophique.  On le fait avec ces injections de motivations artificielles, par exemple par la publicité-propagande. Ou on le justifie par la nécessité de donner du travail à des gens, à une population qui sont enfermés dans un système dans lequel, s’il n’y a pas de production, tout s’écroule. Autrement dit nous sommes prisonniers d’un cercle vicieux, qui nous contraint à produire plus pour une population qui augmente sans cesse… Nous avons été fascinés par la société de consommation, par les bénéfices apparents ou les satisfactions immédiates, et nous avons oublié tout un aspect de notre nature d’hommes. Le profit individuel, ou la somme des profits individuels, ne donne pas le profit collectif ; au contraire, la somme des profits individuels donne une perte collective, absolue, irréparable.  Nous le voyons maintenant avec le plus grand bien commun qu’on puisse imaginer : les océans. Les océans seront détruits si on continue à les exploiter comme on le fait actuellement. Ils seront exploités à 100 % pour les bénéfices personnels de certaines nations, de certaines flottes, de certains individus, etc. Et le bien commun disparaît. Les richesses que nous avons reçues des générations précédentes disparaissent. Notre génération n’a pas le droite de volatiliser un héritage, nous devons à notre tour le passer aux autres.

Nous sommes en train de détruire, au-delà de toute possibilité de recyclage, les bases mêmes de la vie. L’homme achèvera son œuvre irresponsable, maudite – il a détruit les formes animales les plus évoluées ; les grands animaux, les baleines, la faune africaine, les éléphants, etc. C’est l’aspect le plus voyant de notre puissance destructrice dans la biosphère. Quand nous coupons du bois pour en faire l’édition du dimanche d’un journal à grand tirage, qui est constitué pour 90 % de publicité qui est une activité parasitaire, quand nous reboisons, il nous semble que nous reconstituons la nature. En fait le fait d’avoir détruit un bois détruit tous ces biens infinis de vie qui avaient besoin de l’ensemble de ces grands arbres, et  qui étaient un tissu de cycles, de systèmes enchevêtrés l’un dans l’autre ; tout ce bouillonnement de vie est dégradé par le fait que nous avons, sur une grande superficie, coupé les arbres. C’est comme une blessure : après le tissu de reconstitue mais la cicatrice reste. Si nous le faisons sur des superficies très grandes, comme nous le faisons partout dans le monde, nous provoquons d’une façon irrémédiable une dégradation de la biosphère. L’homme, servant son intérêt immédiat, réduit la déjà mince capacité de support de vie humaine dans le monde : la biosphère, cette mince pellicule d’air, d’eau et de sol que nous devons partager avec les animaux et les plantes. Parce que nos connaissances nous ont donné des possibilités supérieures, nous pouvons engranger toutes les calories que nous savons puiser dans la terre, nous pouvons nous entasser dans des communautés plus vastes que celles que nous savons manier, nous pouvons obtenir des vitesses plus grandes que celles que nous savons maîtriser, nous pouvons avoir des communications plus rapides entres nous sans savoir quel contenu leur donner. Nous agissons comme des barbares, l’homme n’a pas su utiliser ses connaissances d’une façon intelligente. Les bêtes, elles, quand elles ont satisfait leurs besoins, ne tuent pas, ne mangent pas, n’accumulent pas, elles gardent leur nature primitive et belle.

Savoir communiquer demande la reconnaissance de valeurs communes, une possibilité créatrice et une vision de la vie. Nous avons perdu ces trois choses, et nous nous obstinons à créer des moyens de communication qui restent sans contenu. Nous donnons à nos enfants le téléphone, la motocyclette, la télévision, l’avion, etc., mais aucunement la capacité d’utiliser ces moyens techniques de façon créatrice. L’homme emploie ses connaissances pour créer des biens matériels, des machines, des biens consommables, et ce que nous appelons le progrès : ce ne peut pas être notre but. Nous sommes prisonniers des machines que nous avons créées. L’essentiel reste les élans spirituels, la morale, qui n’ont rien à voir avec la technologie, la technique, les gadgets. Notre culture s’est essentiellement axées, dans sa forme capitaliste ou socialiste, sur des valeurs purement matérielles. C’est ce que nous devons réformer en nous… »*

* Enquête sur le Club de Rome par Janine Delaunay (in Halte à la croissance) Fayard 1972, 318 pages, 26 francs

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Agissons sur l’économique ET la population

Que pourrait-on penser collectivement de la formulation suivante : l’impact démographique et l’impact économique sur les écosystèmes sont deux facettes complémentaires du dépassement des limites ; un parti doit donc présenter la politique à mettre en œuvre sur chacune de ces deux problématiques. Pour mieux comprendre les enjeux, voici un échange qui a eu lieu effectivement :

1) Je suis d’accord avec toi que « la population de l’Afrique subsaharienne connaît les plus forts taux de fertilité ». Je te fais confiance pour estimer que « l’Afrique ne représente que 2,73% des émissions annuelles de CO2 ». Mais ces deux constats montre que niveau de vie et composante démographique sont les deux facette d’une même problématique. Cela veut dire en simplifiant que les pays du Sud doivent surtout apprendre à maîtriser leur fécondité et que les pays du Nord doivent surtout pratiquer la sobriété partagée.

2) Je suis aussi d’accord pour constater que « les pressions sur les ressources sont extrêmement différentes selon les sociétés ». Si on rentre dans des considérations spécifiquement françaises, cela veut dire que la France doit éliminer ses politiques de soutien indifférencié au pouvoir d’achat ET ses politiques natalistes à usage interne pour être un exemple de ce qu’il faudrait faire avant de vouloir donner des leçons aux autres.

3) Comme tu l’exprimes si bien, « Nous sommes tous d’accord sur le constat de la surconsommation des ressources offertes par notre planète, des écocides causés par les activités humaines destructrices de la nature et de l’impossibilité d’une croissance illimitée dans un monde fini. » Mais tu affirme sans preuves que nous n’avons pas dépassé les limite de la planète : « je ne suis,absolument pas convaincu par le fait que nous soyons sur une planète « saturée »». Pourtant toutes les études scientifiques confirment ce fait. Cela va du GIEC et de son constat du réchauffement climatique à la mesure de l’empreinte écologique qui montre qui nous puisons dans le capital naturel. Sans parler de l’extinction des espèces qui est aussi bien documentée, de la déplétion pétrolière qui est inéluctable, du stress hydrique qui ne fait que croître et de la famine dans le monde dont s’inquiète le PAM (programme alimentaire mondial des nations unies). Je pourrais ajouter bien d’autres signes de saturation de la planète vu le poids des humains en nombre ET en impacts économiques.

4) Tu affirmes que « c’est à mon sens une erreur manifeste de lier surexploitation de la planète à un problème démographique ». Jamais je n’ai fait l’erreur de lier la surexploitation de la planète au seul problème démographique. J’ai toujours rappelé (entre autres) les équations IPAT et Kaya qui montrent que la démographie n’est qu’un multiplicateur des menaces. Par contre d’autres personnes, nombreuses dans ce qu’on appelle l’écosocialisme, font l’erreur manifeste de lier la surexploitation de la planète au seul problème économique.

5) Je suis bien sûr d’avis qu’une commission d’un parti doit débattre dans le cadre d’un certain nombre de valeurs. Que veut-on dire par là ? EELV reconnaît comme texte fondateur la Charte des Verts mondiaux adoptée à Canberra en 2001 : « L’ensemble des coopérateurs/ trices et des adhérent/es d’EELV déclare constitutive de leur engagement l’adhésion aux valeurs et aux principes suivants : 1• La responsabilité de l’ensemble de la communauté humaine dans la sauvegarde de son environnement et des écosystèmes pour les générations futures et les principes de précaution et d’intervention préventive face aux catastrophes prévisibles. • La défense de la biodiversité et du vivant, instaurant un rapport respectueux et non violent entre l’être humain et la nature. • Le droit de chacun à vivre dans un environnement sain et préservé. • La solidarité et le partage équitable des richesses et des ressources entre les peuples, entre les générations, entre les territoires et plus généralement au sein de la société. • Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à se gouverner démocratiquement. (…) » Je pense que nous ne pouvons qu’être en accord avec ces principes afin de penser une société post-croissance bien étayée.

6) Le premier principe sur « la responsabilité de l’ensemble de la communauté humaine dans la sauvegarde de son environnement et des écosystèmes pour les générations futures » porte à réflexion sur la capacité de charge de chaque territoire ainsi que de la planète entière dans la perspective d’une gestion du long terme. Comme tout n’est pas possible (il y a toujours des limites), le social est surdéterminé par nos possibilités socio-économiques locales ou nationales (ressources énergétiques et minières, potentiel agricole, niveau du chômage, vieillissement de la population, etc.), en clair par les conditions matérielles d’existence. En d’autres termes, nous en revenons à l’obligation pour ceux qui se disent écolos de définir quelles sont les limites (c’est l’écologique) tout en faisant attention à l’acceptabilité des mesures prises (c’est le social). Je suis dans un parti qui se dit explicitement écologiste et qui doit vouloir prendre des décisions au niveau économique, socio-politique, démographique… en toute connaissance de cause.

7) Tu dis être « personnellement assez perturbé par les échanges suscités par la question démographique ». C’est normal, quand on entend un point de vue qui remet en question ses propres habitudes mentales, on hésite entre l’indifférence au problème, le déni, la critique et l’acceptation. Cela cause un trouble, une contradiction interne, mais c’est à chacun de résoudre ce qu’on appelle une dissonance cognitive.

Conseil de lecture : « Arrêtons de faire des gosses (comment la surpopulation nous mène à notre ruine) » de Michel Sourrouille aux éditions Kiwi (collection lanceurs d’alerte)

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Les anti-malthusiens contre l’évidence

Gilles Q. : j’attends une argumentation argumentée, c’est-à-dire qui s’appuie sur un raisonnement logique et scientifique, que la démographie est un problème en soi, chose que je n’exclue pas a priori.

Jean-Marc T. : Il suffit d’examiner l’équation de Kaya pour voir que, sauf crise économique structurelle ou pandémie durable, il sera très difficile de faire en sorte que les Français diminuent leur empreinte écologique personnelle. On peut tortille du cul, c’est impossible de présenter un programme vendable à des électeurs très majoritairement convaincus que la croissance verte nous sauvera en évitant de nous serrer la ceinture. Comme la baisse de l’empreinte individuelle ne permettra pas d’atteindre la baisse de l’empreinte globale, il faut donc agir sur l’autre principal terme de l’équation de Kaya qui est la population. Devons-nous anticiper les vraies difficultés et faire face à la nécessité de manière raisonnée, ou préférons-nous attendre et laisser la pagaille régler le problème dans la douleur ? Personnellement j’ai fait dès 18 ans le choix de n’avoir pas de descendant direct. Et quand je parle avec des gens qui ont 3 ou 4 gosses et qui se plaignent de la dureté de l’existence je les mets face à leur inconséquence.

Michel C. : Le blog biosphere laisse entendre que les interrelations, les liens, ne seraient pas évidents pour tous. Je veux bien le croire. Personnellement quand je dis que tout est lié, le «tout» auquel je pense ne se résume pas seulement à «économie ET démographie». Ni à cette équation simpliste, celle de Kaya. Pour moi il y a bien plus de paramètres qui entrent en jeu dans ce casse-tête.

Biosphere : Que le choix d’avoir plus ou moins d’enfants repose sur des psychologies diverses, que la décision de pratiquer la simplicité volontaire ou la boulimie consumériste repose sur des paramètres complexes, on ne peut qu’être d’accord. Mais cela n’invalide pas le fait qu’il faut agir à la fois contre la croissance du niveau de vie ET contre la surpopulation. Michel C veut noyer le poisson, un procédé de pure rhétorique, certainement pas une contre-argumentation. Que dit le pote à Michel C ?

Bonpote.com : La population mondiale est-elle en croissance exponentielle ? Effectivement quand on regarde de loin on peut avoir l’impression qu’elle explose. C’est pourtant une illusion d’optique, le taux de croissance de la population mondiale décroit régulièrement depuis 1970 et l’ONU estime une stabilisation autour de 2100 pour 11 milliards d’habitants.

Biosphere : cette argumentation donne envie de ne pas aller plus loin puisqu’elle veut nous induire en erreur. Le taux de croissance est encore actuellement de 1 % en moyenne mondiale. Cela veut dire une doublement de la population tous les 70 ans, il s’agit là d’une croissance exponentielle. Quant aux perspectives pour l’an 2100, on peut aussi bien dire qu’elle sera de 0 % ou de – 50 %, tout dépend des impacts du réchauffement climatique, de la déplétion énergétique, du niveau des inégalités, etc.

Bonpote :Tous les pays passent par ce qu’on appelle la transition démographique. La mortalité commence à baisser grâce à l’augmentation du niveau de vie et des progrès de l’hygiène et de la médecine. La natalité baisse plus tard et plus lentement. Mais elle diminue pour atterrir autour d’un taux où les naissances compensent les morts, donc qui assure la stabilité de la population.

Biosphere : Seconde tarte à la crème des antimalthusiens, la transition démographique n’est pas un passage obligé. L’accès à la santé est surtout un facteur d’aggravation de la croissance démographique et plusieurs pays en Afrique restent bloqués dans cette phase. L’éducation peut être un facteur de moindre fécondité. Mais elle est lié au développement économique, encore faut-il qu’il y ait développement possible. Or nous savons déjà que la concurrence pour l’accès aux ressources et leur raréfaction font que jamais les pays du tiers monde n’accéderont à notre niveau de vie. Et comme la consommation à l’occidentale dépasse déjà les capacité de la planète (cf. empreinte écologique), il n’y a pas d’issue s’il n’y a pas planning familial ET décroissance du niveau de vie des privilégiés.

Jean-Marc T. : Je continue à voir des discours iréniques selon lesquels l’éducation réglerait les problèmes. Mais le problème en France n’est pas que les femmes françaises n’aient que 2 enfants pendant leur période fertile, il faut qu’elles aient largement moins de deux enfants et que cela devienne la norme pour au moins 3 ou 4 générations pour que nous ayons une chance de revenir à une empreinte écologique globale des français inférieure à ce que le territoire français peut produire, afin de ne pas augmenter la difficulté pour les autres pays : actuellement nous les ponctionnons pour soutenir notre surconsommation. Il faut très clairement annoncer la couleur aux gens: notre confort dépendra directement du nombre de consommateurs français. Continuer à favoriser l’immigration ne fait que diminuer nos chances d’y arriver.

Conseil de lecture : « Arrêtons de faire des gosses (comment la surpopulation nous mène à notre ruine) » de Michel Sourrouille aux éditions Kiwi (collection lanceurs d’alerte)

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Votation suisse = irresponsabilité écologique

Les entreprises suisses auraient été contraintes de rendre des comptes… ce ne sera finalement pas le cas. La Suisse a rejeté le 29 novembre 2020 une initiative dite sur « les multinationales responsables » qui souhaitait imposer des obligations légales plus strictes aux entreprises helvétiques en matière de respect des droits humains et des normes environnementales. L’initiative a été approuvée à une courte majorité des voix (50,7 %) mais rejetée par au moins 14 des 26 cantons suisses. Pour être adopté, un texte doit être approuvé à la fois par une majorité de votants et de cantons !

Le texte prévoyait de faire obligation aux entreprises suisses de s’assurer du respect des droits de l’homme et de l’environnement dans leurs activités à l’étranger, dans celles de leurs fournisseurs ou de leurs partenaires commerciaux. Il aurait également permis de forcer les entreprises à répondre d’éventuels manquements devant les tribunaux en Suisse. Encore une fois les travailleurs donnent raison au pouvoir en place. Le Conseil fédéral (gouvernement) ainsi que les organisations de défense des entreprises appelaient les électeurs à rejeter le texte, estimant qu’il risquait de nuire aux intérêts économiques suisses. Ceux qui polluent ou violent les libertés fondamentales devraient faire face à leurs responsabilités et en assumer les conséquences. Ce n’est pas le cas en Suisse et ailleurs. En France l’idée d’un crime d’écocide s’est transformé en simple délit.

Nos sommes dans une situation où les ravages que l’humanité fait subir à la biosphère se retournent contre les humains mais où les mentalités restent encore attachées au système croisssanciste et au business as usual. Nos lendemains vont déchanter, le peuple préfère le court terme du confort exosomatique au long terme des générations futures.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

18 octobre 2020, Le pire est certain, l’effondrement aussi

30 août 2019, Urgence écolo contre politique des petits pas

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Opinion publique, engluée dans le court terme

A quoi pense l’opinion publique ? Au coronavirus, au coût de la vie, au chômage, à la pauvreté et au système de santé. Selon un sondage Ipsos, l’environnement se classe en sixième position des préoccupations dans trente pays.  Il y a un net clivage social, davantage de personnes modestes restent plus attachées à une croissance pourvoyeuse d’emplois . La confusion reste grande quant aux causes du dérèglement climatique. Seules six personnes sur dix citent les gaz à effet de serre et un tiers des citoyens n’associe pas le changement climatique à un phénomène d’origine humaine. Les Etats-Unis deviennent le pays le plus climatosceptique au monde, avec 52 % des Américains ne croyant pas à un changement climatique d’origine humaine, suivis de près par l’Arabie saoudite (51 %), la Norvège (50 %) et l’Australie (43 %), tous des grands producteurs de pétrole et de gaz. Mais on ne peut qualifier tous ces gens de climato-sceptiques : il ne s’agit pas forcément d’un déni des faits scientifiques, mais d’un manque d’information et de connaissances. Encore faudrait-il s’engager personnellement, la majorité des personnes interrogées pense que c’est aux gouvernements d’agir Voici une sélection de commentaires sur lemonde.fr :

Gaston : comment se forme les idées de la population ? Essentiellement par les médias qui sont en très grandes majorité des supports publicitaires a longueurs de journée de la pub pour consommer sans retenues. Les informations sérieuses sont très limitées, la priorité n’est pas là ca il faut avoir le plus grand nombre devant les écrans pour vendre de la pub. Le sport, les jeux et les séries débiles sont plus accrocheur, alors l’environnement, les pollutions, la biodiversité, c’est néant,. Mais bon la réalité est là tous le monde va morfler, c’est la seule consolation..
Eco : Une population qui n’est pas capable de prendre des mesures sanitaires un peu contraignantes sans râler à chaque seconde pour combattre une épidémie dont on voit immédiatement les conséquences n’a aucune chance de pouvoir se mobiliser pour une catastrophe annoncée dans 20, 30 ou 50 ans. Quand on voit le nombre de négationnistes de la deuxième vague du Covid qui s’exprimaient encore un peu partout il y a juste un mois, on imagine sans peine jusqu’où perdurera le déni du réchauffement.
le sceptique @ Eco : en effet, la pandémie doit servir de leçon aux Occidentaux. Si vous voulez du risque zéro et de la sécurité « à n’importe quel prix », vous aurez une économie à plat avec un Etat autoritaire qui tape sur les mécontents. Il n’y a que dans les contes de fée que l’on est bien payé à ne rien subir de désagréable et à fuir tout risque. Je ne vois pas d’autre issue aux programmes écologistes ambitieux qui affichent zéro-réchauffement, zéro-artificialisation, zéro-perte-de-biodiversité : seul un État brutal peut imposer la restriction de liberté et de richesse qu’un tel programme implique.
Electron : Ce que n’explique jamais ce type d’article journalistique, c’est le niveau d’effort nécessaire pour réellement combattre l’effet de serre comme les députés l’ont voté, à savoir diviser par 6 nos émissions d’ici 2050. Comme tout est carboné, cela signifie en finir avec l’aéronautique, l’essentiel de la métallurgie et donc de l’automobile, le béton donc ne plus construire, le tourisme hors camping de proximité, la viande, et même l’informatique et les téléphones portables. En gros, sauf percée technologique que l’on ne connaît pas, diviser notre niveau de vie, et des millions de chômeurs. Alors comme personne n’a de solutions, et que ce devrait être un effort global réparti sur tout le monde, on accuse le gouvernement de ne rien faire, ou bien les riches, ou alors on se fait climato-sceptique, histoire d’oublier les réalités.
-Alazon- : Malgré le matraquage des marchands de peur, les opinions ne se laissent pas totalement abuser et comprennent que le premier vecteur de l’amélioration de l’environnement, c’est le développement et la croissance, sortir les pays pauvres de la misère par la croissance, effacer le tabou de la géo-ingénierie, engager la révolution génétique au potentiel fabuleux. Ne les laissons pas nous enfermer dans des débats faux et stériles.
Georges-Henri @ Alazon : Ce n’est plus du militantisme votre truc, c’est une religion. Religion de la croissance infinie de tout et n’importe quoi. Si nous étions le 14 avril 1912, vous seriez sur le Titanic, dans l’orchestre, vous joueriez de la grosse caisse. Mais vous êtes chez vous ,devant votre bol de riz doré.
O-Sidartha @-Alazon- : Haha, vous croyez à la bonté humaine ? 10 milliards d’humains ne pourront jamais vivre comme des occidentaux ni même se nourrir et avoir de l’eau potable; la planète n’a pas les ressources pour et on se battra pour les avoir, à coup de nukes au besoin. Y’aura plus rien à moins que le virus ne règle la question…
La décroissance est notre destin :

Décroissance maîtrisée ou récession sévère

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Un suicide écologique dans l’indifférence

L’Inde compte 1,3 milliard d’habitants dont la moitié a moins de 25 ans. Le taux de croissance de la population est de 1,0 % en 2018, ce qui semble faible. En fait il s’agit toujours d’une croissance exponentielle, un doublement tous les 70 ans. L’inde est le deuxième pays le plus peuplé au monde après la Chine et devrait devenir le plus peuplé vers 2025. Dans un pays pauvre et surpeuplé, les pollutions deviennent insupportables. Ce pays, comme le reste du monde, a suivi le modèle historique consistant à s’approprier d’abord les ressources des communautés locales et à les utiliser à des fins d’extraction forestières ou minières. Au fil des ans, ce choix a provoqué une dégradation à caractère endémique. C’est un suicide écologique, Gandhi n’a pas été écouté :

l’Inde, entre Gandhi et l’absurde croissance

Mardi 10 novembre 2020, un pic de 1 021 microgrammes de particules fines par mètre cube d’air, 40 fois les normes de l’OMS, a été atteint. Cette dégradation hivernale concerne tout le nord de l’Inde, soit le quart de la population indienne. En 2019, le ministre de la santé, lors d’un pic historique, avait benoîtement prôné de manger des carottes, quand son collègue de l’environnement avait conseillé d’entamer la journée en musique, niant tout lien entre pollution et santé. La dernière trouvaille  du chef du gouvernement de Delhi: une campagne pour inciter les automobilistes à couper les moteurs aux feux rouges. La pollution n’affecte pas seulement l’air, elle a contaminé l’eau et les sols. Le Gange, ou la Yamuna, qui traverse Delhi, sont d’immondes cloaques, où les industries, comme les particuliers, déversent leurs rebuts. L’agriculture intensive du riz et du blé a contaminé durablement les sols de pesticides et d’engrais chimiques. La presse quotidienne consacre chaque jour des pages entières à la pollution, mais, faute de politique publique et d’éducation à l’environnement, la grande majorité des Indiens ignorent le risque. Non seulement tout est jeté ou brûlé, mais encore il n’est pas possible d’en discuter : même avec des personnes cultivées, le silence se fait, pas de réponse, quand on évoque le problème… et le premier ministre Narendra Modi brille par son inertie, soucieux de privilégier les seuls impératifs économiques.Ces derniers mois, pour relancer l’économie, mise à genou par le confinement, le premier ministre a considérablement allégé les contraintes environnementales, mettant aux enchères des mines de charbon, l’énergie fossile la plus polluante, allégeant ou supprimant les études d’impact et les consultations publiques préalables aux projets industriels. La crise sanitaire risque d’amplifier encore la crise écologique. C’est un suicide écologique !

L’Inde sera submergée par la Covid-19

Il arrive un moment où un pays doit sérieusement prendre à bras le corps la question de la démographie. 1,3 milliards d’individus en Inde, et sans parler du Pakistan, du Bangladesh… et chaque individu espère élever son niveau de vie, ce qui est synonyme de prélèvements encore plus importants des ressources naturelles, source de pollutions multiples et variées. C’est insoutenable. L’histoire est écrite d’avance, nous ne voyons pas comment cette région du monde pourra échapper à une catastrophe écologique et sociale avec une telle pression anthropique sur son environnement. L’effet de masse de la démographie humaine sur l’environnement est le problème central. En Inde, ne pas friner l’expansion démographique, c’est un suicide écologique…

L’Inde, une surpopulation par condensation urbaine

Aujourd’hui en Inde, le mouvement écologique est surtout entre les mains de groupes communautaires répartis sur l’ensemble du pays. Partout où des terres sont spoliées pour l’agriculture intensive, pour s’accaparer l’eau, pour extraire toujours plus de minerais, des personnes luttent, parfois jusqu’à la mort, pour mettre un terme à la dégradation de leurs terres. La violence est présente. Le désespoir aussi. L’impasse est totale.

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Le pire est certain, l’effondrement aussi

Un livre, «  Le pire n’est pas certain (Essai sur l’aveuglement catastrophiste) », de Catherine et Raphaël Larrère vient de sortir. Ces deux auteurs nous déçoivent. Dans Du bon usage de la nature, ils exprimaient quelques vérités : « Le traitement social du risque acquiert plus d’importance que celui-ci. L’environnement, dans une telle perspective sociocentriste, c’est nous, ce n’est pas la nature. On arbitre un conflit d’experts comme une crise politique entre factions rivales, niant qu’il puisse y avoir des repères objectifs. En fin de compte, le sociocentrisme justifie aussi bien la négligence que l’autoritarisme du vrai… Nous avons quelques raisons de penser que les écologistes ne représentent pas le véritable danger, alors que les menaces qu’ils dénoncent sont souvent réelles. »

Aujourd’hui les Larrère dénoncent l’idéologie « effondriste » des collapsologues (de l’anglais collapse, « effondrement »). Mais comment ne pas adhérer à la prophétie de malheur des collapsologues pour qui une croissance illimitée dans un monde fini est impossible puisque la crise écologique est désormais avérée ? Comment sortir du business as usual, du développement dit « durable »  et de la croissance faussement « verte » ?

En faisant de trop subtiles distinctions entre deux types de catastrophisme !!! Le premier serait « ontologique », c’est-à-dire qu’il décrirait une réalité nécessaire, absolue, certaine, comme le font les collapsologues. Le second serait « méthodologique » et relèverait du « catastrophisme éclairé » défendu par le philosophe Jean-Pierre Dupuy. Selon cette dernière approche, il ne s’agit pas de proclamer quel serait le sens de l’histoire mais de définir un futur probable afin de créer les conditions pour qu’il ne survienne pas. Alors que si l’effondrement est certain, il ne vous reste qu’à vous y préparer, en l’acceptant à travers un repli survivaliste ou la création de petites communautés résilientes. L’« effondrisme » apparaît frappé d’« innocuité politique ». Les commentateurs sur lemonde.fr réagissent :

Vert de Terre : Livre consternant. Le titre du collapsologue Pablo Servigne est « Comment tout peut s’effondrer » et non pas « Comment tout va s’effondrer ». Le but de son travail est justement d’identifier, à partir d’exemples historiques, quels sont les déterminants qui font que certaines sociétés s’effondrent et pas d’autres. Les collapsologues ne sont pas du tout fatalistes bien au contraire. Le réalisme voudrait qu’ils soient résignés mais il préfèrent se battre. Dans les manifs des jeunes, les slogans sont « changer le système pas le climat », ou bien « un autre monde est possible ».

Frog : Primo, les Larrère semblent réduire les « effondristes » à des survivalistes en panique et un peu illuminés, alors qu’il y a plein de gens concrets et politiques parmi eux. Deuxio, c’est toujours facile de critiquer l’analyse pessimiste, mais on attend de voir ce que cette nouvelle analyse « soft et positive » pourrait bien nous proposer. Si c’est pour enquiller sur la croissance verte et nous rappelle gentiment de trier nos déchets, j’ai comme un doute…

Michel SOURROUILLE : y’en a marre de ces conflits d’arrière-cour entre gens qui se disent écolos mais qui écrivent contre d’autres écolos. Soyons clair, l’effondrement a déjà commencé, mais les croissancistes nous font aller dans le mur d’autant plus vite que les décroissancistes se battent entre eux. Au moins les collaposologues ont inventé un mot pour faire parler de l’effondrement des ressources, de l’effondrement de la biodiversité, de l’effondrement a la société thermo-industrielle. Ils étaient utiles ! Catherine et Raphaël Larrère feraient mieux de militer directement d’une manière ou d’une autre contre les désastres en cours plutôt que d’ajouter d’inutiles mots aux maux.

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Interdire la publicité, c’est incontournable

Interdire de publicité tous les produits les plus nocifs pour l’environnement et la santé publique, cela devrait aller de soi. Pas pour l’ARPP (Autorité de régulation professionnelle de la publicité) qui montre son vrai visage. Elle considère les appels à la régulation (non professionnelle) comme de « nouvelles censures », dénonce de supposées « haines sociales » dont la publicité serait la cible, condamne l’organisation par une minorité d’une tyrannie morale de la « bien-pensance » qui mettrait en danger la démocratie et la liberté d’expression… Pourtant la liberté d’expression définie par les grands textes internationaux ne protège de l’intervention de l’État que le discours politique, religieux et journalistique . Selon une jurisprudence constante de la Cour européenne des droits de l’homme, la communication commerciale ne bénéficie pas de ce niveau de protection. OUI, la liberté du récepteur compte. OUI, certains produits autorisés au commerce peuvent être interdits de promotion publicitaire, ainsi déjà le tabac et l’alcool,.

Une simple tribune dans LE MONDE constate qu’Il est devenu urgent de réguler la publicité pour restreindre la toute puissance des annonceurs. Mais dans la Sélection de la rédaction du MONDE, on nous conseille de lire « la polémique sur le film « Mignonnes » », et l’article le plus lu du MONDE c’est « Covid 19 et mesures non contraignantes de Macron « . C’est bien la preuve que la publicité a fait le vide dans nos cerveaux pour nous inciter à boire du Coca Cola et à ne s’intéresser qu’ à l’écume des jours… Publicitaires, consommateurs et médias, une alliance qui nous mène à notre perte.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

14 juin 2020, La publicité commerciale est indéfendable

13 juin 2020, La publicité dévore la planète et nous avec

4 mars 2020, L’urgence climatique interdite de publicité

23 mai 2018, publicité pour Nutella = disparition des orang-outan

2 février 2016, Faire disparaître les riches, l’innovation… et la publicité

18 janvier 2016, Un premier pas vers la fin de la publicité… pour enfant

30 décembre 2015, Ascèse ou désir, l’emprise de la publicité sur nos vies

26 novembre 2014, Action municipale contre la publicité, autres actions…

6 septembre 2014, Halte à la publicité sur les chaînes publiques et privées

3 décembre 2013, « déboulonneurs » de publicité, des publiphobes ?

4 septembre 2013, Publicité, désinformation et dévastation du monde

3 septembre 2013, Publicité, règne des marchands et de la propagande

2 septembre 2013, La publicité ne relève pas de la liberté d’expression

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Endettement perpétuel, impasse totale

L’endettement de l’État est de la même nature que l’endettement d’un ménage, on ne peut dépenser plus que ce qu’on peut rembourser dans la durée. Une dette publique arrivant à son terme qui ne peut être remboursée qu’en contractant un nouvelle dette ne peut que mal se terminer, par la faillite de l’État. Or l’endettement perpétuel est une constante depuis le premier choc pétrolier de 1974. Cet endettement est théoriquement soutenu par les thèses keynésiennes qui recommandent de s’endetter pour relancer l’économie et faire face à une crise conjoncturelle. Mais ce remède ne peut être que temporaire, il ne peut rien contre un chômage structurel comme nous le vivons depuis des décennies. La politique de déficit budgétaire en France s’est accompagnée par des périodes de « stop and go », politique de relance à un moment suivie par une politique d’austérité pour freiner l’inflation. Cette politique budgétaire s’est terminée par une période de stagflation, concomitance de la stagnation de l’activité économique et de l’inflation.

Croire aussi qu’avec l’endettement perpétuel l’État ne paye que les intérêts de la dette publique est un deuxième non sens. Non seulement la masse des créanciers peut revendiquer son droit au remboursement du capital prêté (ce qui entraînera un effondrement financier pour éviter la faillite de l’État), mais le taux d’intérêt est fondamentalement pernicieux car, par logique comptable incontournable, on ne peut rembourser plus que ce qui a été prêté… sauf à croire au mythe de la croissance économique perpétuelle dans un monde fini. Un tel acte de foi nous mène inéluctablement à l’effondrement des ressources de la planète et au non remboursement de la dette écologique ce qui est déjà une réalité aujourd’hui. L’échec des politiques de relance par déficit budgétaire et laxisme monétaire a créé un nouveau mythe, faire du libéralisme économique pour faire face aux crises récurrentes du capitalisme thermo-industriel par moins d’État. Nouvelle impasse. L’histoire humaine est une impasse tragique qui ne fait que repasser les mêmes plats pour aboutir à un krach financier et/ou une guerre globale. Les commentateurs sur lemonde.fr d’une analyse débile de trois étudiants de Sciences Po Lille, « L’idée reçue courante selon laquelle les générations futures paieront pour les précédentes est fausse » ne peuvent que confirmer notre analyse !

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

5 avril 2020, post-covid, dette économique/dette écologique

18 mars 2012, Définitions de la dette écologique

17 juin 2009, endettés jusqu’au cou

5 décembre 2008, dette écologique

Pour en savoir encore plus, dématérialisation, histoire de la catastrophe monétaire

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Efficacité énergétique et économies d’énergie

Une confusion est trop souvent entretenue entre « efficacité énergétique » et « économies d’énergie ». L’efficacité renvoie à la performance de l’équipement, la sobriété renvoie à l’intelligence de l’usage. Si on isole parfaitement une maison pour économiser l’énergie mais qu’on en profite pour vivre avec quelques degrés de plus, il n’y aura pas de transition énergétique ; c’est l’effet rebond. La sobriété, c’est au contraire rompre avec la facilité, c’est le contraire de l’ébriété énergétique. En clair, cela veut dire limiter nos besoins à l’essentiel et ne pas trop compter sur la technique et l’innovation. Cette réflexion, nous l’avions publiquement faite lors d’une rencontre organisée par l’entreprise Schneider Electric en 2013 dans le cadre d’un débat national sur la transition énergétique.

Sept ans plus tard, on entretient la même confusion, mais cette fois l’entreprise Schneider trouve un allié inattendue en la personne de Mathis Wackernagel (Fondateur et président du think tank Global Footprint Network qui calcule le jour du dépassement) : « Nos recherches montrent que si tous les bâtiments et infrastructures existants dans le monde étaient équipés de technologies d’efficacité énergétique et d’énergies renouvelables, nous pourrions repousser le jour du dépassement de trois semaines… Prospérer dans le respect des contraintes écologiques de notre planète est une nécessité incontournable pour le succès de toute entreprise dans un monde de plus en plus marqué par le changement climatique et les contraintes écologiques.» En clair, faites confiance aux entreprises, elle trouveront l’innovation qui sauve, nul besoin de sobriété partagée. Les commentateurs sur lemonde.fr précisent :

le sceptique : Belle tribune du CVPP, capitalisme vert public-privé. Capitalisme car il s’agit de tirer profit d’une gestion de la rareté en espérant un retour sur investissement. Vert car la finalité d’accumulation de biens et services à finalité écologique est le nouveau mantra. Public-privé car l’Etat permet le contrôle des récalcitrants, la production des normes contraignantes créant les marchés verts et le co-financement de transition pour les options les moins rentables. Comme toujours, la gauche est utile pour créer ces nouveaux territoires de profit. Elle a le nez creux, elle a montré régulièrement la voie (exiger des loisirs pour engager l’économie des loisirs, exiger de jouir sans entraves pour monétiser toutes les occasions de jouissance, etc). Donc ici, le soin de la nature devient une immense opportunité ouverte par la bourgeoisie progressiste et ses enfants, une opportunité vite occupée par les entreprises vertueuses et les ONG qu’elles financent.

Georges-Henri : très juste. je fais mienne votre analyse. Spinoza disait :  » l’effort par lequel toute chose tend à persévérer dans son être n’est rien de plus que l’essence actuelle de cette chose. » Permettez-moi de vous offrir une citation du discours de la servitude volontaire de La Boétie qui mérite d’être lu et relu : « Pareillement les tyrans, plus ils pillent, plus ils exigent, plus ils ruinent et détruisent, plus on leur baille, plus on les sert, de tant plus ils se fortifient et deviennent toujours plus forts et plus frais pour anéantir et détruire tout ; et si on ne leur baille rien, si on ne leur obéit point, sans combattre, sans frapper, ils demeurent nus et défaits et ne sont plus rien, sinon que comme la racine, n’ayant plus d’humeur ou aliment, la branche devient sèche et morte. « 

le sceptique : Je crois décrire des faits, au moins en Occident. Le capitalisme brun fossile, mondialisé et extractiviste est plutôt en perte d’image, le capitalisme vert renouvelable, localiste et conservationniste est en ascension. Les parts de marché du bio montent, les parts de marché de l’éolien et du solaire montent, les parts de marché du tourisme durable montent, les parts de marché des motoristes non fossiles montent, etc. Tous ces secteurs font aussi l’objet de soutiens publics, l’UE promet 1000 milliards €, Joe Biden annonce 1700 milliards de $. La tendance est à revenir sur l’idéal de libre-échange total de la phase 1980-2010 pour vanter des barrières douanières, des taxes vertes etc. La question sociale (inégalités regrettables) est relativisée par rapport à la question environnementale (urgence non discutable). Les élites (technostructure des bureaucraties publiques et privées, classe instruite en lien aux pouvoirs) construisent un nouveau récit de leur domination.

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22 août 2020, Jour du dépassement

Earth Overshoot Day. Samedi 22 août 2020, l’humanité a consommé toutes les ressources que les écosystèmes peuvent produire en un an. En termes clairs, nous vivons à crédit pendant plus de 4 mois, nous dilapidons une partie du capital terrestre, nous réduisons encore plus ce qui restera de ressources pour les générations futures. Le « dépassement » ne cesse de se creuser depuis cinquante ans, il tombait le 29 décembre en 1970, nous étions alors presque en équilibre. Le répit de cette année s’explique uniquement par les mesures de confinement qui ont été mises en place à travers le monde en réponse à la pandémie de Covid-19. « Cela montre que des changements importants et rapides sont possibles. Mais cette réduction de notre empreinte écologique est imposée et non voulue, et comme elle ne s’accompagne pas d’un changement systémique dans nos modes de production et de consommation, elle ne va pas durer », juge Mathis Wackernagel, le président du Global Footprint Network. Comme d’habitude les écolo-sceptiques affrontent les réalistes sur lemonde.fr :

Le Luron : Donc on sait maintenant ce qu’il faut faire pour tenir les accords de la COP21 à Paris. Confiner deux mois tous les ans.

Philen : 3 mois d’arrêt de l’économie, des millions de morts, des millions de chômeurs et nous n’avons gagné que 3 malheureuses et petites semaines ???!!! Ça ne vaut pas le coup. Autant vivre à fond puisque rien n’y fait. Je préfère mourir heureux et à fond que malheureux et triste.

Lorenz : Ce qui est fou c’est que nous sommes tellement enfermés de nos petites vies aussi confortables qu’aliénantes que nous sommes prêts à mourir pour les conserver. Force est donc de constater que le capitalisme nous a PRIVÉ DE NOTRE LIBERTÉ, désormais réduite au choix de la marque de voiture que nous devons acheter et à la chaîne de fastfood dans laquelle nous devons manger à midi, petits plaisirs désormais vitaux dans cette vie insensée. Mais n’était-ce pas inévitable une fois le capital sacré en valeur suprême ? Tout ceci semble être au final d’une évidence déconcertante: une énième civilisation, prétendument intelligente, une fois de plus suicidée par l’hubris.

Quidam : Je croyais plutôt que c’était le communisme le fascisme, et peut-être bientôt les verts qui nous privaient de notre liberté

Lorenz @quidam: allons il ne faut pas croire tout ce que l’on raconte, le capitalisme ne fait pas exception ! Et concernant les verts, la seule liberté qu’ils souhaiteraient vous enlever concerne les moyens qui vous permettent aujourd’hui de tuer nos enfants demain.

GERONIMO @Lorenz : Mettez-vous en accord avec vos idées. Allez dans un pays socialiste : Chine, Cuba, Corée du nord, etc. Vous y verrez la liberté préservée autant que la planète.

Lorenz @geronimo : Allons ne me me dites pas que le capitalisme vous a aussi confisqué votre imagination. Nous sommes capables d’inventer une infinité d’autres alternatives que celles que vous citez. De plus je vous ferais remarquer que le réchauffement climatique ne s’arrête malheureusement pas aux frontières, changer de pays ne résoudra rien et sera en plus extrêmement polluant.

Teslamaitre : Cette fameuse journée « le dépassement de la Terre » est une vaste fumisterie et a sans doute été inventé pour les journalistes pour infantiliser et culpabiliser les gens. Quand on a un minimum de culture scientifique, on sait que par essence, les ressources pétrolifères, nucléaires, minières etc … sont des ressources non renouvelables au sens strict ou bien à notre échelle de temps. Si on veut vraiment instaurer une journée « Dépassement de la Terre », il faut la placer au 1er janvier.

Le Dingue : Ce n’est pas une fumisterie : c’est comme votre compte en banque. Si vous dépensez deux fois plus que vos capacités à le regarnir, il est vide le 15 du mois (environ). Quand aux matières premières non renouvelables vous avez cette fois raison et donc vous êtes encore plus dur que les écologistes orthodoxes.

le sceptique : Dans un monde orwellien où l’individu est écrasé par ses devoirs envers la planète tels que définis par la nouvelle cléricature, les pandémies, les confinements, les récessions sont à célébrer comme des répits ou des progrès. Le regret est que ce ne soit pas (encore) « systémique ». Vivement le puçage afin de contrôler à tout instant l’empreinte écologique de l’individu et la diffusion sur les réseaux sociaux des comportements anti-planétaires afin que la honte s’abatte sur les déviants. On retiendra aussi sur salaire le coût de cette déviance : cela financera le dur travail des nouveaux clercs, qui doivent pour leur part voyager toute l’année pour contrôler l’état de la planète.

Dance Fly : « la diffusion sur les réseaux sociaux des comportements anti-planétaires afin que la honte s’abatte sur les déviants »: keep cool le sceptique, on ne va vous mettre en prison parce que vous refusez de manger de la carotte bio. On se contentera de dénoncer publiquement les magouilles de l’agrobusiness, le comportement irresponsable de Bolsonaro lorsqu’il pousse à la déforestation, les placements juteux opérés par les multinationales du pétrole dans les paradis fiscaux…Vous voyez ce genre de choses. Rassuré ?

LargoF : Constat certes implacable mais parmi les solutions évoquées, énergie renouvelable, transport durable … on ne voit presque jamais apparaître la démographie et la gestion de la décroissance qui s’en suivrait. Les tabous ont la vie dure et tant qu’on ne voudra pas s’avouer qu’une planète ne peut accepter qu’un nombre limité d’humains, on ira dans le mur.

Munstead : Tant que le problème de la démographie ne sera pas abordé et traité, ce n’est pas à coup d’éoliennes, de potagers sur les toits de Paris et de curcuma qu’on fera disparaître le jour du dépassement.

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À lire pour se faire peur, très peur

voir la rubrique « lecture « des JNE (Journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie). Quelques recensions :

• Les pieds sur terre. Retrouver le bon sens ou disparaître – Philippe Labre (JNE) – Éditions Femenvet >> lire

• Comment rester écolo sans devenir dépressif – Laure Noualhat – Tana éditions >> lire

• 5G et virus, les vraies peurs par Marie-Paule Nougaret >> lire

• Entre utopies et monde d’après par Anne Henry-Castelbou >> lire

• Le numérique responsable, ça existe ? par Marie-Hélène Léon >> lire

• L’enfant et la nature – Frédéric Plénel (JNE) – Éditions du Rocher. >> lire

• La grande dame du cannabis se dévoile – Michka (JNE) – Mama éditions >> lire

• Proverbes et dictons du jardin – Michel Damblant, illustrations Angeline Damblant – Géorama éditions >> lire

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Philippe prône le 80 km/h, Macron le 130 km/h

Le passage au 80 km/h sur les routes voulu par le 1er ministre Édouard Philippe était une limitation de notre démesure, le président Emmanuel Macron n’en veut pas pour les autoroutes : «  Joker, il faut reporter le débat sur les 110 kilomètres/heure. Ce serait profondément injuste que tout votre travail (celui de la convention citoyenne) soit résumé à cette proposition. Je vous le dis très sincèrement : pour que ça marche, il ne faut pas stigmatiser les gens. Il ne faut pas les diviser. Il faut réussir à les embarquer tous ensemble. Si on fait ça, je vous l’écris, nos concitoyens qui sont dans les territoires les plus enclavés, qui parfois mettent tous les jours 45 minutes, une heure en utilisant les grands axes pour aller travailler, qui ont besoin pour retrouver leur famille de les utiliser, dont la vie s’organise par ces transports, ils vont dire : « OK, leur projet est un projet où il n’y a pas de place pour moi, c’est un projet d’urbains, il n’existe pas. » Ce n’est pas la réponse que vous voulez apporter. Ce n’est pas vrai. Ce n’est pas la caricature. Je pense qu’il faut faire maturer ce débat dans la société, celui de la vitesse. Ne donnons jamais le sentiment à certains de nos concitoyens qu’on les culpabilise. Et donc je propose de repousser ce débat. Je ne voudrais pas que vous connaissiez le même sort que moi, c’est à dire avoir des mois de travail qui s’abîment dans une polémique. »

Noun : Pour le 110 il a évidemment raison, ça nous promettait une deuxième saison du feuilleton gilets jaunes, et c’est pas le moment !

Hil92 : La plupart des mesures proposées ont un coût économique plus ou moins important. Mais il y en a UNE qui ne coûte quasiment rien, c’est le passage de 130 à 110km/h max sur les autoroutes. Et on sait que c’est très efficace. Et, qui sera étonné ?, c’est la première qui est abandonnée… Courage, fuyons !

StephaneB : Humm…il n’est pas interdit de chercher à comprendre la fin de non-recevoir soulevée par Emmanuel Macron avec un peu de bonne foi…parce qu’on peut raisonnablement admettre que notre President n’ignore rien des effets positifs d’une réduction de vitesse sur toute… Il se trouve juste qu’à l’hiver 2019, une grosse majorité de Français a eu la glorieuse et lumineuse idée de soutenir la jacquerie des Gilets Jaunes, qui, sous couvert d’un prétentieux projet de réforme sociale, n’avait en réalité pour autre dessein que d’être à nouveau autorisé à rouler à 160 km sur départementale, et d’obtenir un coup d’pouce financier pour rembourser l’emprunt sur l »ecran plat acheté à la rentrée… Bien…en tant que politique, il a donc bien le droit de se prémunir contre la bêtise des français !

-Alazon- : Cela coûte du temps, qui est un bien précieux. On passe deux ans par an dans une voiture en moyenne, 10% de réduction des vitesses c’est deux mois de plus. La mesure touche principalement les gens en zone rurale, déjà pénalisés par le 80 km/h. Ces mesures sans effet sérieux sur le climat sont défendues par des urbains nantis qui veulent les imposer aux autres.

Démocrate @ Alazon : au collège, on a dû vous apprendre que l’énergie cinétique est égale à 1/2 x masse x vitesse AU CARRE. Donc rouler à 110 km/h c’est 8% plus lent, mais environ 16% plus économe en énergie (donc aussi moins cher et moins dangereux en cas d’accident). Sans compter le temps gagné en réduisant les effets d’accordéons, générateurs de bouchons. En revanche là où vous avez raison, c’est qu’en allant très très très vite, le temps s’écoulera plus lentement pour vous que pour les autres, mais je ne suis pas certain que votre véhicule puisse s’approcher assez de la vitesse de la lumière pour que ce soit notable. Si c’est le cas cependant, vous ne risquez pas l’amende : les flashs des radars ne pourrons pas vous rattraper, inutile donc de les vandaliser. Et toc pour les urbains nantis!

Teknofan : Notre hyperprésident refuse le 110 km/h ! Dommage car rouler à 110 plutôt qu’à 130 permet de diminuer la consommation de 25 % (c’est pas moi qui le dit, mais un site de fana de l’automobile qui a fait l’essai). Que tout ceux qui croient encore notre président soucieux de l’écologie se rassurent ; il s’en fout. Il veut se faire réélire, point !

ChP 2 : Pour faire simple, dans ce domaine de vitesse, la principale force de résistance à l’avancement d’un véhicule est la traînée aérodynamique, Fx,q ui est proportionnelle au carré de la vitesse. L’énergie dépensée, la consommation donc, est proportionnelle à Fx et à la distance parcourue (C’est pour cela qu’elle s’exprime en l/100 km). Si l’on passe de 130 km/h à 110 km/h, on va donc économiser dans le rapport (110/130) au carré soit 72 %. C’est bien sûr un résultat du 1er ordre. La vérité n’est pas très loin.

Don Lope : Malheureusement ce quinquennat comme celui qui l’ont précédé, montre que si on veut de décisions écologiste, il faut… un pouvoir écologiste. Pour tous jusqu’à aujourd’hui, gauche, droite, ou LREM, l’écologie a toujours été un faire-valoir et aucune décision difficile en faveur de la préservation de l’environnement n’a été prise au détriment des intérêts économiques. Si les industries et in fine le consommateur devait payer le vrai coût environnemental évidemment ça changerait beaucoup de choses. <l’environnement appartient à tous et pourtant personne ne s’en soucie.

Michel SOURROUILLE : Passer aux 110 km/h va donc dans le bon sens, comme cela s’est fait pour le 80 km/h sur routes. Les automobilistes conscients des limites de la biosphère devraient se rendre compte que ce n’est là qu’une étape vers le dévoiturage, c’est-à-dire l’abandon à moyen terme de la voiture individuelle comme moyen de déplacement. Nous devons nous préparer à cet événement géo-physique inéluctable, quand il n’y aura presque plus de pétrole, essence ou gas-oil seront à des tarifs dissuasifs. Des évolutions favorables qui limitent notre usage de la voiture sont déjà en cours, le covoiturage, les ralentisseurs qui se multiplient, le recours aux transports collectif. Le bridage des moteurs à 110 km/h serait le nec plus ultra.

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Un spécialiste prévoit la fin du pétrole

La crise liée à la pandémie de Covid-19 va-t-elle accélérer la transition énergétique, et donc la fin rapide du pétrole ? Le journaliste Jean-Michel Bezat estime que oui, la planète pétrole n’est plus dans la situation des contre-chocs précédents de 1986, 2008 et 2014. Il n’y a pas si longtemps, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoyait une production à 120 millions de barils par jour en 2030. Mais au plus fort de la récession d’avril-mai, la demande quotidienne est tombée de 100 millions à 70 millions de barils. Elle reculera de l’ordre de 8 % sur l’année. Et après ? Des tendances réduisent sa consommation, la limitation des voyages en avion, la percée des véhicules électriques, le développement de l’hydrogène comme à la SNCF, la réduction du transport maritime sous l’effet de relocalisations industrielles. Le directeur général de Shell admet qu’il est « très difficile » de dire si la consommation retrouvera rapidement son niveau d’avant-crise. Au sein des compagnies pétrolières, l’ambiance n’est plus à l’euphorie des heures fastes. Depuis cinq ans, elles ont réduit leurs dépenses d’exploration et n’ont jamais découvert aussi peu de brut : 10 milliards de barils en 2019, deux fois moins qu’en 2015. Dissipés les mirages des sables bitumineux du Canada, la multiplication exubérante des forages par 7 000 mètres de fonds marins, les projets fous dans l’Arctique, région déclarée « no-go zone » par Goldman Sachs fin 2019. La Bourse est un juge de paix implacable, les valeurs pétrolières reculent depuis des années. Les investisseurs institutionnels tiennent de plus en plus compte du risque systémique du réchauffement climatique : une partie importante des réserves, qui constituent l’actif de ces « zinzins », devra rester sous terre si l’on veut réduire les émissions de CO2.

Jean-Michel Bezat, le spécialiste énergie du MONDE, peaufine sa conversion aux réalités biophysiques. Adepte autrefois du tout-pétrole, militant du court-termisme du prix du baril fixé par le jeu de l’offre et de la demande, il se penche maintenant sur les problèmes structurels de la merde du diable, c’est-à-dire la raréfaction des ressources en énergie fossile, la contrainte climatique, la chute des cours en bourse. Bienvenue Jean-Michel au pays des militants de la descente énergétique liée au fait qu’on a déjà dépassé le pic du pétrole conventionnel depuis 2006. Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

10 avril 2020, post-Covid, une société sans pétrole ?

extraits : L’éditorial du MONDE titre : « Après la crise, sortir de notre addiction au pétrole. » Il s’intéresse au conjoncturel, le contre-choc pétrolier, une baisse du prix du baril manigancé politiquement par la Russie et l’Arabie saoudite. Il s’intéresse à la baisse de la demande qui risque d’être durable confinement oblige, et qui accentuera un cours à la baisse de l’or noir. Pourtant l’éditorial constate que le climat exige une diminution de la consommation de pétrole… mais il ne dit pas que le prix du baril doit augmenter !…

21 février 2019, Beyond Petroleum, des mouvements vers cet objectif

extraits : Jean-Michel Bezat, journaliste au MONDE, était un « spécialiste » du pétrole qui se contentait de commenter l’état du marché, c’est-à-dire le jeu de l’offre et de la demande. Aucune perspective à long terme, aucune mention des dangereux rapports entre pétrole et réchauffement climatique. Il était un adepte du court-termisme. Dans une chronique récente, il donne au slogan de BP, « Beyond Petroleum », une toute autre dimension. Sa prise de conscience des enjeux écologiques est réelle…

17 janvier 2016, Le juste prix du pétrole, le même en 2009 et en 2016 !!!

extraits : Le journaliste Jean-Michel Bezat* se contente de ce qu’il connaît, le jeu marchand de l’offre et de la demande : « juste prix du baril, prix qui assure la rentabilité des investissements de production sans tuer la demande de pétrole ». Donc pour faire plaisir à tout le monde, « un cours oscillant autour de 70 dollars ». Rien de nouveau sous le soleil, Bezat avait écrit exactement la même chose… en 2009 : Sous la rubrique matières premières (29-30 mars 2009), il s’interrogeait doctement sur le juste prix du pétrole ou optimum économique. Avait-il la réponse ? Oui, il avait la réponse : « Le prix équitable se situe autour de 70 dollars ». Pour l’affirmer, il suffisait au journaliste de recopier ce que réclame les pétromonarchies du Golfe. Mais n’occultons pas la conclusion que faisait Jean-Michel : « Le sursis que les pétroliers s’accordent ne fera que rendre plus difficile la résolution de l’équation climatique. »…

25 septembre 2011, Jean-Michel Bezat occulte la fin du pétrole

extraits : Jean-Michel Bezat occulte la fin du pétrole en laissant trop de place à un écolo-sceptique, Daniel Yergin. Son article du MONDE* est d’autant plus biaisé qu’il dévalorise les analystes du pic pétrolier, traités d’adeptes du peak oil alors que ce sont des géologues confirmés…

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La responsabilité des MBA, fermer Air France

Air France est incompatible avec les enjeux écologiques. Or notre monde organisé est peuplé de milliers d’organisations similaires, c’est-à-dire d’entités qui ont fait proliférer des réseaux de dépendance offrant, dès lors, très peu de prises au politique. Nous ne pouvons pas imaginer la fermeture d’Air France comme nous ne pouvons pas imaginer la fermeture d’une compagnie pétrolière, d’une entreprise de croisière ou d’une société qui promet des voyages spatiaux. La compagnie pétrolière est encore plus essentielle qu’Air France pour faire tourner nos économies sous perfusion aux énergies fossiles. L’entreprise de croisière offre des milliers d’emplois et des vacances bon marché à des cohortes de classes moyennes du monde entier. Les voyages spatiaux, du point de vue de la construction de nouvelles mythologies cherchant à forcer le possible, ne sont pas mal non plus ! Cette impossibilité nous dit beaucoup de cette incapacité du management à penser autrement que par la continuité. Pourtant l’avion, comme milles autres réalités de notre héritage industriel, est une « technologie zombie » à cause de sa dépendance à des énergies fossiles. Pour assurer notre mode de vie à l’occidentale, nous dépendons d’organisations qui sont elles-mêmes dépendante d’une source d’énergie en voie d’épuisement et source de réchauffement climatique. Comment résoudre cette contradiction ? 

Actuellement les formations MBA (Master of Business Administration) abordent les problèmes écologiques sous l’angle de l’économie. Les concepts mobilisés (développement durable, compensation, RSE, externalités, capital naturel…) renvoient à une conception soumise au « business as usual ». Les business schools ont une faculté extraordinaire à détourner tout ce qui pourrait contraindre la croissance du profit : faire de l’éthique une « éthique des affaires » ; faire de la pauvreté dans le monde un secteur d’« opportunités » ; une innovation intensive pour résorber le CO2 , le géo-entrepreneuriat ; créer des start-up en intelligence artificielle pour sauver les glaciers des Alpes… Or ces écoles de gestion ont un atout essentiel face à l’urgence écologique, elles sont en prise directe avec les firmes multinationales et les infrastructures technologiques qui ont été à la racine du développement industriel responsable de l’explosion des émissions de CO2 depuis plus d’un siècle. Elles doivent désormais former à la « redirection écologique », s’inscrire non plus dans le paradigme du développement durable, mais dans celui d’une « transition anthropocénique ».

Un protocole de redirection écologique consiste à imaginer la fin de ces entreprises pour des raisons d’urgence écologique. Il ne s’agit plus de maintenir en vie coûte que coûte, mais de penser le protocole de soin dans l’accompagnement d’une fermeture d’entreprise qui ne soit pas une faillite brutale. Le projet de décroissance va devenir le principal sujet des écoles de management. La redirection écologique offre aussi un nouvel horizon d’intervention aux pouvoirs publics, accompagner lucidement la fermeture d’organisations incapables d’envisager autre chose que la persévérance coûte que coûte dans leur être. En d’autres termes, il faut organiser la rupture avec le système thermo-industriel. Cela ne se fera pas en manifestant dans la rue.

NB : article librement composé à partir de la matière donnée au MONDE par des enseignants-chercheurs qui pilotent le projet « Closing Worlds Initiative »

https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/06/05/inaugurer-le-temps-des-arbitrages-ou-tout-ne-pourra-heureusement-ou-malheureusement-etre-maintenu_6041915_3232.html
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/04/les-grandes-ecoles-doivent-former-a-la-redirection-ecologique_6014262_3232.html

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La publicité dévore la planète et nous avec

La publicité dévore la planète et pollue nos sentiments. Vingt-deux associations, dont Les Amis de la Terre France, Foodwatch, l’institut Veblen, Résistance à l’agression publicitaire (RAP), Sherpa, Communication sans frontières…, dénoncent dans un rapport l’influence des milliards d’euros investis en dépenses publicitaires sur les comportements, en contradiction avec la transition écologique. Les dépenses annuelles mondiales de publicité et de communication des grandes entreprises dépasseront les 1 500 milliards de dollars (1 320 milliards d’euros) en 2021. En France, elles seraient de 46,2 milliards d’euros. D’autant plus que le pouvoir d’influencer est complètement déséquilibré. Parmi les quelque trois millions d’entreprises en France, moins de 1 % ont accès au marché publicitaire. Le secteur automobile se dispute chaque année avec celui de la grande distribution la place de premier investisseur publicitaire. Propositions des associations : « Dans le cadre d’une approche progressive, il s’agirait d’interdire la publicité uniquement pour les véhicules plus polluants, pour les offres de voyage à haute intensité de transport ,pour tous les aliments de la malbouffe ». On demande des mesurettes alors qu’il faudrait supprimer complètement la publicité !

Il est regrettable que le mouvement écologiste ne soit pas tellement à la manœuvre pour combattre la publicité, cet instrument décisif de la surconsommation et du gaspillage de ressources naturelles. Nous saluons les ouvrages de référence, De la misère humaine en milieu publicitaire (par le groupe Marcuse) et Le bonheur conforme (essai sur la normalisation publicitaire) de François Brune. Nous avons aussi réalisé des synthèses sur la publicité, ainsi ce Biosphere-info de juin 2013, écologie et publicité, ou cette autre référence à François Brune, Nature et publicité. Mais vous pouvez agir avec le R.A.P (résistance à l’agression publicitaire) ou les déboulonneurs…  A chacun d’entre nous de trouver sa voie, collective ou individuelle, pour se libérer de la publicité.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

2 février 2016, Faire disparaître les riches, l’innovation… et la publicité

18 janvier 2016, Un premier pas vers la fin de la publicité… pour enfant

30 décembre 2015, Ascèse ou désir, l’emprise de la publicité sur nos vies

26 novembre 2014, Action municipale contre la publicité, autres actions…

6 septembre 2014, Halte à la publicité sur les chaînes publiques et privées

3 décembre 2013, « déboulonneurs » de publicité, des publiphobes ?

4 septembre 2013, Publicité, désinformation et dévastation du monde

3 septembre 2013, Publicité, règne des marchands et de la propagande

2 septembre 2013, La publicité ne relève pas de la liberté d’expression

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Le sentiment qui m’habite, c’est l’angoisse

« Le sentiment qui m’habite, en vérité, et qui habite plein de gens, c’est l’angoisse : quel monde terrifiant va-t-on laisser à nos enfants ? » Les anti-écolos qu sévissent dans les médias devraient méditer un peu plus cette phrase de Ruffin. De source sûre depuis le rapport sur les limites de la croissance en 1972 et toutes les études scientifiques qui, depuis, ont confirmé le mauvais état dans lequel nous mettons la planète, tout le monde devrait savoir que ce monde thermo-industriel court à sa perte. Les illusionnistes anti-écolo ne font qu’accélérer un peu plus la vitesse à laquelle on fonce vers le mur. Voici quelques textes récents de référence :

1) Le sentiment qui m’habite, en vérité, et qui habite plein de gens, c’est l’angoisse : quel monde terrifiant va-t-on laisser à nos enfants ? Nous fonçons droit dans le mur écologique, à vitesse accélérée. On le sait, et on sait pourquoi : avec le triptyque croissance-concurrence-mondialisation, on rend l’air irrespirable, l’eau imbuvable et la planète invivable pour nos enfants. Il nous fallait appuyer sur le frein, changer de direction, mais nous ne faisions rien. A la tête de notre pays, nous avons des gens qui sont psychologiquement, idéologiquement et culturellement incapables de rompre avec la main invisible du marché, et avec la mainmise des firmes. Depuis trente ans, la mondialisation a tracé une frontière entre vainqueurs et vaincus. Nos dirigeants parlent de souveraineté alimentaire, et en même temps, ils signent des accords pour importer du bœuf mexicain ! Laissée libre, la main invisible du marché élève les uns, écrase les autres. Elle ne va pas naturellement relocaliser l’agriculture, les vêtements, les aliments. Aujourd’hui, il faut une direction à l’économie, comme aux États-Unis durant la guerre : toute l’énergie, tous les capitaux, tous les savoir-faire du pays étaient dirigés vers la production de chars, de bombardiers, de porte-avions. Il nous faut une économie de guerre climatique. Que veut-on produire ? Il y a des tas de productions inutiles, qu’il faut cesser. Nous devons rompre avec la croissance. Comme but poursuivi pour l’industrie, je pose l’impératif écologique. L’enjeu, aujourd’hui, est d’ouvrir un chemin d’espérance entre l’extrême droite et l’extrême argent. » (François Ruffin dans LE MONDE du 30 mai 2020)

2) Certains acteurs arguent de leur incapacité à mettre en œuvre ces mesures écologiques en temps de crise économique. Mais les difficultés des entreprises ne doivent pas faire perdre de vue l’impératif de la transition vers une économie circulaire plus sobre en ressources qui favorise l’allongement de la durée de vie des produits. En France, la loi anti-gaspillage a posé les jalons d’une consommation plus durable en facilitant les solutions grâce à des mesures comme l’indice de durabilité, le fonds réparation, la priorité au réemploi et à l’économie circulaire dans la commande publique, la disponibilité des pièces détachées, l’écoconception, etc. Nous, associations et entreprises conscientes de l’urgence écologique, demandons à ce que le cap de la loi anti-gaspillage soit au minimum maintenu pour passer enfin au monde d’après, un monde dans lequel les produits sont conçus pour durer, être donnés, loués, reconditionnés ou réparés, en cohérence avec l’existence d’une seule planète terre sur laquelle prospérer. (collectif du Club de la durabilité dans LE MONDE du 2 juin 2020)

3) Après le prolétaire le planétaire, les radicalités ont trouvé leur nouveau cheval de bataille, et ce n’est que réalisme face au libéralisme économique. Rappelons que ce libéralisme est une doctrine qui repose sur le désengagement de l’Etat, la responsabilité des chefs d’entreprise, la loi du marché et les inégalités. Faire le plus de fric possible le plus rapidement possible ! L’enjeu écologique au contraire nécessite une vision du long terme qui est complètement absente des mécanismes de l’offre et de la demande. L’enjeu écologique nécessite de casser la spirale néfaste imitation/ostentation qui découle de la différence des normes de consommation entre riches et pauvres. L’enjeu écologique nécessite une forte intervention de l’État et sans doute une planification écologique. L’enjeu écologique nécessite la participation de tous aux efforts nécessaires. (biosphere)

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Post-covid à la gloire du libre échange, NON

Idée fausse : « La spécialisation et la production à grande échelle génèrent des bénéfices économiques importants. »

Idée pas claire : « La mondialisation permet aux consommateurs d’avoir accès à des biens sophistiqués à un coût faible. »

Idée fataliste : « Les politiques protectionnistes sont très coûteuses pour ceux qui les mettent en place, surtout dans des systèmes de production très fragmentés. »

Idée fantaisiste : « L’Europe a beaucoup tiré profit du libre-échange. »

Idée absurde  : « Les normes sociales et environnementales sont indispensables à une croissance durable sur le long terme. »

Ces propos d’Isabelle Méjean, professeure à l’Ecole polytechnique, sont largement commentés sur lemonde.fr :

Marredesc : Ca tourne en rond, façon hamster. Il faut « diversifier les sources d’approvisionnement », mais cela suppose de « réviser la concentration très importante de la production dans un petit nombre d’entreprises et de pays ». Or cette concentration « génère des bénéfices économiques importants », et si on revient en arrière c’est « le consommateur [qui] paiera la note ». Et çà il ne faut pas cher.e.s ami.e.s, car dans le modèle dont elle cause, c’est votre consommation effrénée de tout un tas de produits inutiles et toxiques (qui finissent dans de vastes dépotoirs) qui fait marcher le bazar.

Walden58 : Cette « jeune » économiste de 39 ans nous repropose la vieille lune de la mondialisation comme un résultat win/win. Quand on voit le résultat en matière d’explosion du chômage dans les pays occidentaux, l’exploitation féroce d’un salariat de misère dans les pays de délocalisation et la course tout aussi féroce aux riches dividendes par les actionnaires, on voit bien que les tenants de la mondialisation ne se préoccupent que de la bonne santé des dividendes et non des besoins réels de la population mondiale non détentrice de capitaux.

Super Sara : Si on relocalise en France, on payera plus cher. Mais on aura des emplois, des retombées fiscales et l’assurance qu’on ne sera pas tenu par les c… par la Chine et autres cinglés exotiques.
NGO : Ce qui est inquiétant c’est qu’elle enseigne à Polytechnique. Je doute que des profs d’économie puissent être neutres, ils propagent surtout leurs idées.

Michel SOURROUILLE : Si on rentre dans le détail des propos de Méjean, il faudrait croire à cette idée folle qu’une croissance durable sur le long terme est encore possible sur une planète dont on a déjà dépassé toutes les limites. Il faudrait croire à cette idée éculée d’un bénéfice du libre-échange pour l’Europe alors que celle-ci a pratiquement abandonné toutes ses activités industrielles, du textile aux gants chirurgicaux, au prix d’une dépendance absolue aux importations et d’un chômage de masse. Il faudrait encore désirer des « biens sophistiqués à un coût faible » alors que l’avenir est à la simplicité volontaire. Il faudrait refuser le protectionnisme mais instituer une taxe carbone aux frontières. Rappelons à cette économiste que la démondialisation pour une relocalisation des activités est la seule alternative à un libre échange qui impose la loi du plus fort, chose connue depuis Ricardo et la prédominance de l’Angleterre dans son empire au XIXe siècle.

Izy : Cette dame n’a pas l’air d’intégrer la nécessité d’une transition économique décarbonée dans ce qu’elle nous dit sur la relocalisation (laquelle s’impose tout simplement déjà pour réduire les coûts en carbone des transports). Je ne sais pas ce qu’elle raconte aux polytechniciens mais si c’est pour les maintenir dans l’idée complètement fausse que l’économie est indépendante des systèmes physiques et des équilibres biologiques terrestres , ça craint un maximum…

C. du Lac : Un prix bas pour les consommateurs n’est pas le nec plus ultra. Certains économistes oublient que le but de la politique économique, c’est la distribution juste du bonheur. La mondialisation, quant à elle, a pour destin la mort par le lingchi (supplice en usage en Chine qui consistait à entailler et retirer successivement, par tranches fines, des muscles et des organes du condamné avant de lui couper la tête).

Roymacaille : Mon grand père qui ne roulait pas sur l’or avait coutume de dire :  le bon marché revient cher. A quoi sert un prix bas pour un produit dont on n’a pas besoin ? Un prix bas au moment de l’achat signifie-t-il un prix bas sur la durée d’utilisation ? C’est loin d’être évident avec tous ces produits dont la principale caractéristique est la recherche du plus bas prix. Et je ne parle pas des conséquences sociales et environnementales…

Jean Kazadi : C’est la course effrénée à qui versera plus de dividendes aux actionnaires qui a justifié la délocalisation des entreprises, pas le souci de vendre des produits moins chers. Dans les années 1960 mon père qui n’avait pas plus étudié que moi pouvait faire des économies de quelques mois pour s’acheter une VW produite en Allemagne ; aujourd’hui je dois recourir à un crédit bancaire pour m’acheter la même Coccinelle dont la production a été délocalisée au Brésil, « pays à la main d’œuvre moins chère ».

G.Martin : Pas un mot sur le pic de production de pétrole qui a été dépassé alors que notre économie dépend entièrement du pétrole. Pas un mot donc concernant la préparation à l’après pétrole par la relocalisation. Jancovici a encore bien des conférence à faire avant de toucher les économistes… courage !

Gandalf : Relocaliser c’est créer des emplois ici et se rendre indépendant des aléas internationaux. Une vraie bonne idée alors que la catastrophe écologique est bien là et que le local est une vraie réponse pour y faire face. Peut-être un peu trop de lobbying dans ses propos ?

RAS : Merci pour cet article intéressant aussi par les réactions qu’il suscite. On pourrait bien sur inviter tous les « indignés » à planter leurs pommes de terre pour la récolte qui les nourrira l’année prochaine, et à se demander d’où viendront le coton et le polyamide de leurs futurs masques. Plus sérieusement il est évident que la question posée est celle de l’échelle adéquate pour une production efficace, et la diversification (en localisation, qualité, prix) semble essentielle.

Ana Chorète : Ouaip, j’ai planté mes pommes de terre. Sans indignation mais avec cohérence. Sans hystérie. Sinon, le lin et la laine, c’est bien aussi, pas pire que le polyester. N’est pas remise en question « une croissance durable sur le long terme ». Dans un monde fini ? Long terme… vingt, cinquante ans ? Un siècle ? Jusqu’à épuisement de toutes les ressources disponibles ?

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Post-covid, rien ne changera-t-il vraiment ?

Un « expert en innovation » qui ne sait que prêcher la continuité, Vincent Charlet : « La pandémie a-t-elle encouragé au détachement matériel ? Bien au contraire, dans moins de deux ans les Français achèteront encore plus sur Amazon et seront encore plus nombreux à s’envoler au soleil pour leurs vacances. La seconde perspective est celle qui voudrait que les entreprises décident de rapatrier une part substantielle de leur production à proximité de leur pays d’origine. Mais déplacer ne veut pas dire relocaliser, surtout si les acheteurs restent peu enclins à payer le surcoût d’une fabrication locale… C’est le changement climatique qui obligera les principales puissances à se rasseoir à la table des négociations. »*

Les commentaires sur le monde-fr nous éclairent :

Xavier : Ce monsieur Charlet nous explique que rien ne changera parce que nous ne le voulons pas vraiment. Mais si cette crise dure, il est question d’endettement public stratosphérique en Europe, de chômage aux US, d’inflation peut être… pas sûr qu’il soit seulement possible de reprendre la même route après ça.

Michel Sourrouille : Vincent Charlet est un fin dialecticien, il dit que rien ne changera à cause du coronavirus, mais que tout changera à cause du changement climatique. Il ne croit pas que nos consommations ostentatoires vont cesser après le confinement, mais il croit qu’on va enfin s’asseoir autour d’une table pour réguler les émissions de gaz carbonique. Il a à la fois tort et raison, tout dépend de l’échelle de temps qu’on considère. ll y a eu une vie sans voiture individuelle il y a un siècle, il n’y aura plus de voiture individuelles dans un siècle. Sauf que le changement ne sera pas du principalement à la Covid-19, on s’accommode très bien des morts humaines pendant une guerre ou une pandémie ; mais on n’évitera pas la déplétion pétrolière et les autres contraintes biophysiques dues à l’épuisement des ressources naturelles. Vincent Charlet d’ailleurs n’est pas dupe : « La catastrophe annoncée se sera matérialisée sous nos yeux sans que nous n’ayons sans doute rien fait. »

Claude Danglot : La pandémie du Covid-19 est l’illustration caricaturale de l’effet dramatique de la mondialisation et du libéralisme sur les équilibres écologiques de la planète et sur son réchauffement climatique. S’imaginer que les choses vont pouvoir continuer « comme avant » alors que l’économie s’effondre est d’une naïveté affligeante. L’économiste américain Kenneth Ewart Boulding avait coutume de souligner : « Celui qui pense qu’une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste ……… Dans un système ouvert, il est possible de concevoir n’importe quelle activité humaine. Dans un système fermé, l’homme ne peut plus agir comme bon lui semble s’il ne veut pas disparaître, dans le cas extrême, de la surface de la Terre. »

GERONIMO : Loin de la « pensée magique » habituelle des collapsologues, Charlet décrit bien le monde tel qu’il est. Le consommateur qui ira toujours acheter au meilleur prix et le marché qui ira toujours produire au moins coûteux, l’emporteront toujours sur le citoyen (qui n’est qu’un consommateur comme un autre). Et pour les sceptiques, deux choses : 1/ Renoncerez-vous à vos ordinateurs bourrés de métaux rares et produits en Asie pour $5/jour ? 2/ La terrible Peste Noire du XIVème siècle qui a tué 50 % de la population européenne n’a changé ni les institutions, ni les habitudes alimentaires, ni les échanges et n’a pas mis fin ni même ralenti l’évolution de nos sociétés vers une sortie lente du Moyen-Âge, deux longs siècles plus tard. Elle a juste renforcée la peur en la « Colère de Dieu »… Ca ne vous rappelle rien?

G RICH : Le monde va changer graduellement même si les lobbys se mettent en travers. On ne parle pas forcément d’autosuffisance mais de sécurité d’approvisionnement. Il sera bientôt impossible à des grands groupes pharmaceutiques d’avoir un seul fournisseur au mépris des règles les plus élémentaires d’assurance qualité. Il y aura des relocalisations pour raisons stratégiques. Le vrai coût du transport sera progressivement affecté au prix des produits. Enfin, les moyens digitaux vont amputer une partie de la demande en voyage (voiture et avion).

Rosemonde : Une partie de la population a déjà changé ses habitudes de consommation, qui boycotte Amazon et l’agriculture intensive au profit des AMAP, prend son vélo plutôt que sa voiture, prend des locations en France plutôt que du all inclusive à Punta Cana, etc. Beaucoup déjà consomment moins mais mieux, c’est à dire ne s’achètent plus l’énième blue-jeans fait au Bangladesh mais payent leurs tomates plus chères. Bref, des hommes et des femmes qui ont une conscience et s’en servent. Il me semble que cette minorité va croissante, et qu’elle est, en plus, portée par plusieurs catégories sociales dont celle des leaders d’opinion…

Bergeist : Sans dévoiler mon identité, je peux dire que j’enseigne dans des très grandes écoles d’ingénieurs. Un constat : les 18-25 ans qui ont tous (pour les français) le bac avec mention TB ont la ferme volonté de changer ce monde, non pas du fait du coronavirus mais parce qu’ils le considèrent comme pervers (il se trouve que c’est le même mot en allemand et en français). Ainsi, 1/3 d’entre eux s’étaient déjà engagés à ne plus JAMAIS prendre d’avion hors obligation professionnelle à la rentrée d’octobre 2018. Un an et demi plus tard, ils avaient tenu bon…

NKN : Je confirme observer aussi dans les derniers recrutements des jeunes diplômés bac+5 qui devraient être le fer de lance de nos industries productivistes sont en fait déjà largement engagés dans une évolution des modes de vie : plus d’avion, pas ou presque de viande, vêtements d’occasion, etc. Ils n’ont pas attendu l’évolution de l’offre des multinationales pour changer. Bien sur il faut que jeunesse se passe mais parmi eux sont peut-être des dirigeants de demain.

Pm42  : Oui, ils sont jeunes. Rien de nouveau. Voyez le bon coté des choses : à une autre époque et dans un autre pays, ils auraient fait gardes rouges pour améliorer le monde et vous auraient flagellé en public afin de se débarrasser du passé.

Christophe M : A l’issue de cette crise, et par effet cumulatif de prises de conscience précédentes, non, Monsieur Charlet, la majorité des Français ne se précipitera pas dès septembre pour acheter un nouveau SUV, oui, une petite partie de la population aura définitivement changer sa manière de s’alimenter, non, le dogme économique financier ne sera plus l’unique étalon de la vie réelle pour certains, oui l’utilité sociale de la vie économique deviendra un critère de plus en plus prégnant. Ce n’est pas un grand soir qui s’annonce mais plutôt une longue journée.

Marius Albufera : L’ idée de relocalisation se heurte à un constat: nous n’ avons pas suffisamment de ressources naturelles et l’ opacité de la finance a été le moyen que nous avons trouvé de les payer à ceux qui les possèdent au lieu de continuer à leur extorquer comme nous avons fait depuis la colonisation (le pétrole…). De la même façon, nous travaillons une heure pour nous procurer un bien que d’ autres mettent 10 heures à produire: là aussi, le tour de passe-passe financier nous permet de faire travailler les autres pour nous. Sans mondialisation et sans masque financier, c’ est la vraie taille de notre richesse qui va se révéler…

* https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/17/apres-le-coronavirus-un-autre-monde-est-peut-etre-possible-mais-il-n-adviendra-pas_6036908_3232.htm

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