La voie hydrogène, une nouvelle impasse
Décarbonation de l’économie, on cherche en vain la solution miracle. Le pétrole voit sa fin prochaine, le charbon produit trop de gaz à effet de serre, passons à l’hydrogène. La région Bourgogne-Franche-Comté est décrétée « territoire hydrogène » par sa présidente socialiste. Dans la communication gouvernementale, H2 est aussi présenté comme la solution pour la mobilité de demain. Toujours et encore les mêmes réflexes de nos sociétés techno-capitalistes : trouver de nouveaux vecteurs de croissance. Et l’écologie est un merveilleux prétexte. L’hydrogène, c’est en effet vendu comme vert de vert. Combiné à une pile à combustible, l’hydrogène permet de produire de l’électricité et rejette de l’eau. Le conducteur fait le plein en quelques minutes d’H2 comme à une pompe à essence. Et puis la ressource est inépuisable. On peut extraire de l’hydrogène partout, par électrolyse, en faisant passer dans de l’eau du courant produit par une éolienne, des panneaux solaires. Tout cela, c’est de la propagande.
Retour au réel. Aujourd’hui, la quasi-totalité de l’hydrogène est considérée comme « gris » : il est produit à partir d’énergies fossiles dans des raffineries. Il s’agit donc d’abord de le remplacer par de l’hydrogène décarboné car produit grâce à de l’électricité d’origine renouvelable. Mais la production d’hydrogène demande énormément d’énergie, et son utilisation n’est pas toujours la plus efficace. Ainsi, un litre d’essence contient autant d’énergie que quatre litres d’hydrogène liquéfié – et rendre le H2 liquide est un processus coûteux. Les piles à combustible ont également un rendement deux à trois fois plus faible que les batteries. Gaz ultra-léger sous la pression atmosphérique, il faut le stocker à plus de 350 bar pour limiter le volume. Les réservoirs actuels d’hydrogène des camions ou des bus sont difficile à étanchéifier tant la molécule est petite. Ils contiennent un gaz hyper-explosif, comprimé à 700 bars .Or une simple bouteille de butane fait peur, et la pression est limitée à 7 bar en usage domestique. Que peuvent penser les pompiers des véhicules H2 ? L’hydrogène est un gaz qui se transporte difficilement, il faut le comprimer, le liquéfier ou le transformer en ammoniac, ce qui est coûteux en énergie et demande des infrastructures spécifiques. En résumé l’hydrogène n‘est qu’une énergie de troisième niveau, produit avec la source d’énergie secondaire qu’est l’électricité. Un rendement final dérisoire, à peine utile pour stocker de l’énergie. Hydrogène et mobilité généralisée sont donc incompatibles. La voiture à hydrogène pour tous est une leurre, mais le député (LRM) Michel Delpon y croit : « Emmanuel Macron a une carte à jouer, comme quand le général de Gaulle a lancé le nucléaire. »
Rappelons que notre croissance économique, notre confort, notre alimentation, notre médecine, nos transports doivent TOUT à l’énergie surabondante procurée par les ressources fossiles. La puissance développée par un homme oscille entre 100 et 400W. Celle d’une simple bouilloire est de 1000W. Le moteur d’une citadine de 40 0000 à 70 000 W. Un Boeing 747 nécessite environ 65 000 000 W. L’énergie nécessaire à nos besoins actuels est colossale. Ce n’est pas un amoureux de la calèche qui dit ça, c’est la science. Et la science nous dit aussi que l’hydrogène à foison, c’est du pipeau. Notre réveil va être difficile…
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