Prostitution, un cas de discrimination
Selon le discours des Verts français, « La prostitution n’est pas un élément naturellement constitutif de la vie en société. » C’est vrai, la sexualité tarifée relève du culturel. Mais la sexualité ordinaire aussi. Il n’y a donc aucune règle définitive qui puisse nous permettre de privilégier a priori la répression totale de la prostitution ou la légalisation intégrale des travailleurs du sexe. Le 1er juin 2022, la Belgique est devenue le premier pays européen et le deuxième au monde, après la Nouvelle-Zélande en 2003, à décriminaliser la prostitution. La fin d’une zone grise pour les quelque 6 000 travailleurs du sexe du royaume. La loi leur confère dorénavant des droits sociaux, au même titre que n’importe quel travailleur indépendant : assurance-maladie, congé maternité, assurance-chômage, etc.
Sonia Verstappen, trente-huit années de « putanat » : « En 1973, la mère de mon petit ami de l’époque qui tenait un bordel à Bruxelles m’a demandé si ça m’intéressait de rejoindre les autres dames de compagnie (…) J’ai dit la vérité à ceux avec qui j’étais en confiance, mais je sais que beaucoup de travailleurs du sexe vivent éternellement dans le mensonge. Une situation d’autant plus hypocrite que presque un homme sur quatre a eu recours au moins une fois dans sa vie aux services de travailleurs du sexe . Pendant la période du Covid, la plupart des secteurs ont pu bénéficier de toutes sortes d’aides financières, mais pas les travailleurs du sexe. Les plus précaires se sont retrouvés dans une situation extrêmement préoccupante. A ce moment-là, on a pu mettre la classe politique devant une réalité qu’elle ne pouvait nier. Cofondatrice d’Utsopi, le premier collectif de travailleurs du sexe du pays créé en 2015 j’ai participé aux négociations qui aboutiront à la loi du 1er juin 2022. Cette loi a le mérite de permettre aux travailleurs du sexe de sortir du placard, de s’assumer davantage dans une société qui peut se révéler très moralisatrice. Mais l’application de la loi se heurte toujours à une discrimination qui empêche de changer les choses. »
Le point de vue des écologistes amoureux de l’amour
L’exercice de la sexualité procure naturellement du plaisir quand on se laisse aller. Il y a prostitution parce qu’il y a frustration. Si les humains passaient plus de temps à faire l’amour comme les Bonobos, sans esprit de conquête et chaque fois qu’il faut réduire les tensions sociales, sans doute n’y aurait-il plus de prostitution (ni même de guerres). L’amour libre, le sexe libéré, implique aussi de lutter contre les rapports de domination. Comme on disait en d’autres temps, « peace and love », l’amour et la paix. Réconcilier nature (liberté sexuelle) et culture (règles régissant le rapport entre les sexes), n’est-ce pas là l’objectif premier des écologistes ?
Comme tout travail, la prostitution peut être libre ou subie ; le seul moyen efficace de mettre fin à la contrainte d’un supposé « système prostitutionnel » est de rendre les prostitués, hommes et femmes, libres de leur force de travail… La reconnaissance légale du service sexuel constitue la consécration du principe de la liberté de disposer de son corps et permet de mieux combattre la prostitution forcée, d’éliminer les situations d’abus et d’assurer des conditions dignes de travail aux prostituées en matière de sécurité et de santé…
Un point de vue controversé
Khéops : Comment convaincriez-vous Sonia Verstappen que l’activité professionnelle de toute sa vie était « profondément indigne » ?
Rio : Comment convaincre un propriétaire que louer un logement de misère pour se faire du fric sur le dos des précaires est profondément indigne ? Comment convaincre un trader qui spécule sur les biens de première nécessité que ce qu’il fait est profondément indigne ? Tout est une question de point de vue…
paul duvaux : Un bel exemple de l’idéologie simpliste basée sur la lutte contre la discrimination, sans aucune interrogation sur le caractère profondément indigne de l’activité. La prostitution est une aliénation. On peut bien sûr légaliser la prostitution comme on légalise le tabac, et dans ce cadre pragmatique, accorder un régime social protecteur aux prostituées, mais à condition d’engager des actions concrètes pour lutter contre cette abomination.
Gazebo : Paul, ton commentaire rabougri de petit bourgeois bien pensant est bien dans le conformisme aveugle ! Bosser comme caissière, dans une poissonnière industrielle ou comme femme de ménage dès l’aube, le tout pour 1200 euros par mois, ça c’est digne ???
En savoir plus grâce à notre blog biosphere
La Belgique décriminalise la prostitution (juin 2022)
La prostitution est un boulot comme un autre (avril 2021)
l’écologie face aux abolitionnistes de la prostitution (2013)
Extraits : D’illustres membres d’Europe Ecologie Les Verts, Jean-Vincent Placé et Dominique Voynet, signent en 2013 une tribune avec des représentatn-e-s de tous les partis. Il s’engagent dans la « construction d’une société libérée de la violence que constitue la prostitution ». Ils soutiennent donc un projet de loi qui pénalisera les clients des prostitué-e-s, l’amende pouvant aller jusqu’à 1500 euros. La responsable des femmes du parti des Verts en Allemagne prône au contraire le maintien de la légalisation de la prostitution : « Toutes les personnes qui travaillant dans le secteur des services sexuels ne sont pas forcées de se prostituer. Certains travaillent dans l’industrie du sexe de leur plein gré. Faire de toutes ces personnes des victimes et les comparer à des esclaves n’est pas rendre justice aux femmes et c’est ignorer la réalité. »
Et il y a des clients de prostituées qui se trouvent, qu’on le veuille ou non, en situation de détresse et d’isolement, des clients qui n’ont pas accès à la merveilleuse jouissance promise par la publicité, le cinéma, les magazines et la télévision…
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