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Bilan de la CONVENTION CITOYENNE
Durant neuf mois, 150 citoyen.e.s ont réfléchi dans le cadre de la convention citoyenne pour le climat. Nous avons suivi attentivement leurs travaux. Voici d’abord la synthèse de leur rapport de 600 pages présentées par les citoyens et citoyennes réunis dans cet exerce salutaire de démocratie participative. En résumé : « Ce que nous avons vécu est une véritable prise de conscience de l’urgence climatique… La plupart d’entre nous n’auraient pu imaginer en acceptant de participer à cette convention qu’ils puissent préconiser des mesures qui peuvent sembler extrêmes. » Suivent des extraits de nos articles antérieurs sur le blog biosphere. Merci de votre attention, bonne lecture.
Validité de la convention (en introduction) : « Citoyennes et citoyens de toutes origines et professions, nous sommes représentatifs de la société ; nous avons été sélectionnés par tirage au sort selon une génération aléatoire de numéros de téléphone, sans nous être portés volontaires préalablement. Nous ne sommes pas des experts, la convention citoyenne reconnaît la capacité des citoyens moyens de s’exprimer sur un sujet d’avenir majeur. Pour répondre à la question qui nous était posée, « Comment réduire d’au moins 40 % par rapport à 1990 les émissions de gaz à effet de serre [(GES)] d’ici à 2030, dans le respect de la justice sociale ? », nous avons échangé librement dans la pluralité de nos opinions. Nous nous sommes nourris d’échanges avec des experts et des représentants économiques, associatifs et publics, afin d’être en capacité de rédiger des mesures concrètes, en connaissance de cause et en toute indépendance. Ce que nous avons vécu est une véritable prise de conscience de l’urgence climatique : la Terre peut vivre sans nous, mais, nous ne pouvons pas vivre sans elle. Si nous ne rattrapons pas le retard pris, beaucoup de régions du globe deviendront inhabitables, du fait de la montée des eaux ou de climats trop arides. C’est une question de vie ou de mort ! »
Rupture civilisationnelle (en conclusion) : « Nous ne sommes pas en compétition avec les élus ou les autres acteurs de la société française : nous devons tous changer nos comportements en profondeur pour laisser à nos enfants et petits-enfants une planète viable. L’urgence climatique nous impose des décisions difficiles mais indispensables . Il apparaît inévitable de revoir nos modes de vie, nos manières de consommer, de produire et de travailler, de nous déplacer, de nous loger et de nous nourrir. Nous, les 150 citoyennes et citoyens, sommes conscients que les mesures que nous préconisons peuvent être difficiles à comprendre et parfois à accepter pour tous ceux qui verront leur métier disparaître et devront se réorienter, et qu’elles impliquent de nouvelles contraintes pour tous les Français. La plupart d’entre nous n’auraient pu imaginer en acceptant de participer à cette convention qu’ils puissent préconiser des mesures qui peuvent sembler extrêmes. Pour autant, il est vraisemblable qu’elles soient encore insuffisantes pour atteindre l’objectif de réduction de 40 % des émissions de GES et maintenir l’augmentation de la température de la terre en deçà de 2 degrés. Nous pensons donc important que nos concitoyennes et concitoyens se saisissent de tous les sujets que nous avons travaillés pendant neuf mois avec le souci constant de l’intérêt commun..
Nous considérons que la réussite de cette convention dépendra en grande partie du respect par l’exécutif de son engagement à transmettre nos propositions « sans filtre », c’est-à-dire dire sans être reformulées ni adaptées, mais également de leur prise en compte par le pouvoir législatif. Nous attendons des pouvoirs publics une prise en compte immédiate de nos propositions permettant une accélération de la transition écologique, notamment en faisant du climat la priorité des politiques publiques, en évaluant les résultats et en sanctionnant les écarts. Nous invitons les acteurs économiques à mener une action plus volontariste en faveur de la transition écologique, repensant en profondeur nos modes de production et de consommation, et favoriser une meilleure distribution des richesses. Les référendums sur la Constitution et la reconnaissance du crime d’écocide que nous demandons permettront à tous les Français de prendre conscience, comme nous l’avons fait, des enjeux et des dangers du réchauffement climatique, et d’une sixième extinction de masse, de débattre et de s’approprier la transformation de la société qu’impliquent nos mesures. »
Articles antérieurs
30 juin 2020, Macron répond à la Convention pour le Climat
Macron : « Vous (la convention citoyenne) proposez un projet humaniste et tout ce que nous (le gouvernement) sommes en train de faire pour l’environnement, c’est non pas parce que nous mettons la nature au-dessus de nous, mais parce que nous considérons que défendre les droits de la nature est un de nos devoirs en tant qu’homme au sens générique du terme. C’est pourquoi il est essentiel de le mettre au bon niveau, mais de ne pas mettre un droit de la nature au-dessus des droits humains parce que je crois que ce n’est pas cohérent avec le projet et la philosophie des Lumières qui portent notre République…«
29 juin 2020, Le colibri inspire la convention citoyenne
La convention citoyenne pour le climat vient de rendre publiques ses propositions. Aucune ne prône le maintien du statu quo thermo-industriel, voici quelques propositions iconoclastes qu’ils ont votées : « réduire la vitesse sur les autoroutes de 130 à 110 km/h, limiter les déplacements des salariés et des fonctionnaires. renforcer l’écocontribution kilométrique du transport aérien, interdire les terrasses chauffées,et l’éclairage des magasins la nuit,interdire la construction de nouveaux aéroports et l’extension de ceux existants, obliger le changement des chaudières au fioul et à charbon d’ici à 2030, renoncer à la climatisation en deçà de 30 °C, tous les produits manufacturés vendus en France devront pouvoir être réparés, plastiques à usage unique supprimés dès 2023, deux repas végétariens par semaine dans la restauration collective à partir de 2025, légiférer sur le crime d’écocide. »…
22 juin 2020, Climat, pour ou contre la Convention des 150
Editorial du MONDE, en bref : « La conclusion des travaux de la convention citoyenne sur le climat apparaît prometteuse. Il n’était pas écrit d’avance que 150 citoyens tirés au sort parviennent à formuler des propositions précises visant à réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 « dans un esprit de justice sociale ». La démocratie participative peut être l’une des réponses convaincantes à la crise de la représentativité, à condition que la réponse du président de la République soit, maintenant, à la hauteur. En 2007, le Grenelle de l’environnement avait soulevé un grand espoir avant d’accoucher d’une souris après la crise de 2008. Cette fois, il n’y a plus le choix : l’urgence climatique est telle qu’il faut agir vite et fort. Mais deux sujets essentiels ont été éludés, le sort de la taxe carbone et la part du nucléaire dans le mix énergétique... »
15 juin 2020, Une démocratie véritable par tirage au sort
Il est possible d’impliquer des citoyens ordinaires sur des enjeux politiques complexes à un niveau national, c’est ce que démontre la convention citoyenne pour le climat. Le recours à des panels de citoyens désignés par le hasard fait un retour significatif dans les démocraties libérales. Cette démarche rompt avec une théorie politique fondée sur l’élection comme mode de désignation légitime des représentants. Elle s’inscrit dans une ancienne tradition. Au IVe siècle avant J.-C. était selon la formule d’Aristote « considéré comme démocratique que les magistratures soient attribuées par le sort et comme oligarchique qu’elles soient électives »…
2 juin 2020 Convention citoyenne CLIMAT, pschittt…
Les 150 tirés au sort de la convention citoyenne pour le climat ont longuement débattu en visioconférence les 30 mai et 31 mai 2020 : près de 150 propositions visant à « changer en profondeur la société ». Il n’était pas facile de se mettre d’accord ! Alors on vote, on élague, et on oublie toute virulence. Les 19, 20 et 21 juin, cette convention présentera à l’exécutif un document final dont on connaît déjà le résultat final : tout ce qu’ils diront a déjà été dit et presque jamais mis en application…
9 mars 2020, acte 6, sauver le climat avec 150 citoyens ?
150 Français tirés au sort ont débattu du 6 au 8 mars 2020 de cent cinquante propositions destinées à « changer en profondeur la société ». Ces lycéens, médecins, sapeurs-pompiers ou agriculteurs, âgés de 16 à 81 ans et originaires de toutes les régions françaises, ont auditionné plus d’un centaine d’experts, lu des dizaines de rapports, et poursuivi leurs travaux entre les sessions, en participant à des webinaires (« séminaires par Internet »). Les antagonismes ont été particulièrement vifs sur la question de la réduction de la vitesse sur les autoroutes, de l’évolution des régimes alimentaires, de la taxation des entreprises…
12 février 2020, Convention citoyenne sur l’écologie, acte 5
Cinquième week-end de travail des 150 membres de la Convention citoyenne pour la transition écologique*. Voici quelques les propositions des groupes de travail thématiques (30 personnes) : 1) se loger, lutter contre l’artificialisation des sols et l’étalement urbain, rénover énergétiquement tout le parc immobilier, inciter à ne pas dépasser une température de 19 °C dans les bâtiments… 2) se déplacer, limiter les émissions polluantes du secteur aérien et l’impact carbone du numérique, encourager l’usage du vélo et des transports en commun, covoiturage pour les trajets domicile-travail… 3) se nourrir, ne pas ratifier le CETA en l’état… 4) consommer, éviter le suremballage, interdire les terrasses chauffées et l’éclairage des magasins la nuit après leur fermeture… 5) produire-travailler, limiter la consommation d’énergie dans les lieux publics…
1er février 2020, Biosphere-Info, les conférences de consensus
Députés et sénateurs, rentrez chez vous, on n’a plus besoin de vous. Les conférences de citoyen vont vous remplacer à meilleur résultat et moindre frais. C’est ce que pourrait démontrer les conférences de citoyens tirés au sort. Voici quelques éléments pour mieux comprendre cette procédure démocratique à la recherche d’un consensus…
19 janvier 2020, CLIMAT, convention citoyenne et décisions
Le site de la convention citoyenne pour le climat vaut le détour. Pratiquer les recommandations qui en émergent mériteraient d’entrer en application tout de suite. Exemples : Faire une commission de citoyens tirés au sort qui déciderait de la commercialisation ou non des produits que les entreprises souhaitent vendre, selon leur impact pour la société ; Faire calculer à tous les élèves de primaire le bilan carbone de leurs parents et le comparer aux objectifs de 2030 afin de les sensibiliser ; Inverser la politique actuelle d’allocations familiales en n’ouvrant des allocations qu’au premier enfant ; Interdire de vendre les produits qui nécessitent de brûler de la forêt (exemple cité : soja) ; Obliger la vente à emporter de ne vendre que des boissons à verser dans des gourdes ; Apprendre aux élèves de l’école primaire à bricoler et réparer les objets ; Faire un quota d’achat d’1kg de vêtements neufs par an ; Produire soi-même sa nourriture…
15 janvier 2020, Emmanuel Macron devant 150 citoyens
Devant les 150 citoyens qui bossent pour lui, Emmanuel Macron a présenté trois scénarios suite à leurs propositions sur le climat. Dans le premier cas de figure, le chef de l’Etat n’est pas d’accord : « Je n’ai pas fait cet exercice pour en arriver là. » Deuxième possibilité, « le texte que vous avez se tient, et on y va sans filtre … Les propositions trouveront leur cheminement par voie réglementaire, par voie législative ou par référendum ».Troisième option, la proposition n’est pas assez précise et le chef de l’État s’engage à la « finaliser » avec les citoyens…
24 novembre 2019, 150 citoyens tirés au sort, et moi et moi émoi
Emmanuel Macron annonçait le 25 avril 2019, sur les décombres de la taxe carbone, la création d’une convention citoyenne pour le climat. 150 citoyens tentent de résoudre ce que les élus de la nation ne sont pas parvenus à faire. L’objectif est fondamental : définir une série de mesures permettant de réduire d’« au moins 40 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, dans un esprit de justice sociale »…
8 octobre 2019, Écologie populaire et médiatisations
D’un côté 150 Français tirés au sort, rassemblés dans une convention citoyenne pour le climat, ont commencé à se pencher sur les mesures à prendre lutter contre le dérèglement climatique. Le premier ministre a assuré que cette convention a « vocation à inventer une écologie populaire dans tout ce que ce terme a de plus glorieux ». En fait il s’agit là d’une démagogie démocratique surréaliste, car la question qui est posée, nous savons déjà comment y répondre. Sous Macron la bavardage écolo tient lieu de politique, quand Emmanuel est devenu président il a su imposer une réforme du code du travail sans faire intervenir les citoyens. De l’autre côté les militants du mouvement Extinction Rebellion (XR) ont lancé quinze jours de désobéissance civile à travers la planète visant à dénoncer l’inaction « criminelle » des gouvernements face au changement climatique…
3 septembre 2019, Convention citoyenne sur le climat, mascarade ?
Les conférences de consensus (ou de citoyens) sont un mécanisme qui devrait être mis en avant par les écologistes car c’est une nouvelle forme d’exercice démocratique alliant citoyen de base, tirage au sort et réflexion collective sur nos problèmes contemporains. Voici quelques éléments de présentation de ce système mis en place… par Macron ! Voici aussi nos critiques…
14 août 2019, La volonté du peuple exprimée grâce au tirage au sort
Le nombre de personnes pour représenter le peuple en réflexion est trop grand ; plus il y a de personnes, plus le nombre d’interrelations se multiplie et bloque l’expression d’une intelligence collective. Une Conférence de consensus avec une vingtaine de participants suffit. Notons d’ailleurs que nos députés n’ont pas de compétence particulière, si ce n’est l’art et la manière de se faire élire, ce qui ne prédispose en rien à être représentatif d’autrui…
30 avril 2019, Macron : « L’écologie, ça commence à bien faire… »
Le 25 avril, il aura fallu attendre près de quarante minutes de discours avant qu’Emmanuel Macron n’aborde la question de l’urgence écologique. Et le Grand Débat National se traduit par… une nouvelle consultation. Une convention citoyenne, avec 150 membres tirés au sort, aurait l’impossible tâche de définir les mesures permettant de traiter de l’urgence climatique ! Macron a également annoncé la création d’un Conseil de défense écologique… alors qu’il a lui-même créé, il y a quelques mois, un Haut-Conseil pour le Climat, dont il n’y a rien à attendre. Au-delà de l’aspect climatique, on ne peut que regretter l’impasse faite sur la transition énergétique, la biodiversité, la pollution, la transition agro-alimentaire… autant de sujets éminemment liés, qui restent sans réponse. L’augmentation de la taxe carbone qui avait mis le feu aux poudres en novembre 2018 n’a même pas été évoquée. De toute façon il y a absence totale d’annonces concrètes…