effet de serre

Nucléaire et gaz, le greenwashing à l’UE

L’exécutif communautaire a fini par publier, le 2 février 2022, son décret sur la taxonomie verte, classement des activités selon leur contribution à la lutte contre le réchauffement climatique. Le nucléaire classé énergie « verte » et le gaz « énergie de transition », se révèle pour ce qu’elle est, un exercice purement politicien. Le propre de l’oxymore est de rapprocher deux réalités contradictoires. Nucléaire vert, moteur propre, développement durable, agriculture raisonnée, financiarisation durable, vidéoprotection, etc. La montée des oxymores constitue un des faits révélateurs de la société contemporaine. Ces zombies nous suggèrent perfidement la possibilité de concilier l’inconciliable, c’est du pur greenwashing (écoblanchiment).

Lire, Nucléaire vert, énergie durable, oxymores

Virginie Malingre, journaliste : Les investissements dans une centrale à gaz seront jugés durables si le permis de construire a été délivré avant 2030. Les investissements dans le nucléaire, pour leur part, bénéficieront du label « vert » s’ils financent des travaux de modernisation de centrales qui auront obtenu un permis avant 2040 ou la construction de réacteurs de troisième génération qui aura été autorisée avant 2045. « Le texte doit permettre de mobiliser des fonds privés car, comme le souligne Bruxelles, « il n’y a pas beaucoup d’argent public pour ça ». Certes, ni le nucléaire, dont l’exploitation génère des déchets hautement radioactifs, ni le gaz, qui émet du CO2, « ne sont verts ou durables », admet la Commission. Mais, dans une Europe où 15 % de la production d’électricité provient encore des centrales à charbon et où les énergies renouvelables ne garantissent pas un approvisionnement stable, ils permettent de réduire l’empreinte carbone des Vingt-Sept. Trois représentants se sont déclarés contre l’acte délégué : l’Autrichien Johannes Hahn, chargé du budget, l’Espagnol Josep Borrell, haut représentant des Vingt-Sept pour les affaires étrangères, et la Portugaise Elisa Ferreira, responsable des réformes. Le Luxembourgeois Nicolas Schmit, chargé de l’emploi, et le Lituanien Virginijus Sinkevicius, de l’environnement avaient fait valoir leurs réticences. Mais les opposants au texte de la Commission n’ont aucune chance de rassembler la majorité qualifiée de vingt Etats membres représentant 65 % de la population européenne qu’il leur faudrait. Le Parlement européen peut s’opposer à l’acte délégué sur la taxonomie par une majorité absolue et l’état des forces à ce stade ne rend pas la chose inenvisageable.

Jean-Baptiste Chastand, journaliste : La petite Autriche, 8,8 millions d’habitants, a pris la tête du front du refus. Dans ce pays qui s’enorgueillit de n’avoir jamais eu de centrale nucléaire en activité sur son territoire et de produire près de 80 % de ses besoins en électricité par des sources durables, cette position fait l’objet d’un consensus transpartisan, de la gauche à l’extrême droite. Dans le combat autrichien, la France de Macron fait figure de principale adversaire.

Lire aussi, Incompatibilité de la croissance et du climat

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Le numérique réchauffe grave la planète

Après la honte de partir en avion (flight shame), faudra-t-il instiller la honte du numérique (digital shame) ? Sans aucun doute ! L ’empreinte énergétique de tous nos bits représente déjà 6 à 10 % de la consommation mondiale d’électricité et 2 à 4 % des émissions de CO2. Ce gadget qui nous ensorcelle, très énergivorace, contribue au réchauffement de la planète de manière de plus en plus importante. Il nous faudra désinformatiser en même temps que démondialiser, dévoiturer, désurbaniser, etc.

Lire, La fabrique du crétin numérique

Charles de Laubier : L’écosystème numérique mondial contribue aux émissions de gaz à effet de serre deux fois plus que le transport aérien. « Pour un courriel lesté d’une pièce jointe lourde, ce sont 20 grammes de CO2 qui sont émis, soit autant que 150 mètres parcourus en voiture », indique Guillaume Pitron, auteur de L’Enfer numérique. Voyage au bout d’un like. Avec 10 milliards de messages électroniques envoyés par heure dans le monde, cela équivaut à 50 gigawatts, soit la production électrique horaire de quinze centrales nucléaires ! Mais la pollution numérique provient pour les trois quarts de la fabrication de terminaux tels que – dans l’ordre de leur empreinte carbone – les téléviseurs, les ordinateurs portables, les smartphones, les box Internet, les écrans et les consoles de jeux. Contenant une cinquantaine de métaux, un smartphone ne pèse pas 150 grammes, mais 150 kilos – ce que M. Pitron appelle « le sac à dos écologique ».

Selon le think tank français The Shift Project, « Les émissions de gaz à effet de serre des services de vidéo à la demande, de type Netflix ou Amazon Prime, équivalent à celles d’un pays comme le Chili (plus de 100 millions de tonnes équivalent CO2 par an, soit près de 0,3 % des émissions mondiales). » Les gains obtenus en émissions carbone pourraient être vite balayés par la croissance du secteur. La réalité virtuelle, les métavers accessibles par des milliards d’êtres humains demanderai tune puissance informatique mille fois supérieure à celle d’aujourd’hui. Sans parler de la lutte contre la fracture numérique dans un monde où 2,9 milliards d’êtres humains ne sont pas encore connectés à Internet.

Pour en savoir plus, quelques contributions :

BeaufistanUberAlles : Passionnante et implacable démonstration du caractère auto-destructeur de l’idéologie folle de la croissance éternelle. La sobriété est donc l’unique voie, il n’y a plus à écouter les cancres qui prétendent le contraire. La question est : comment réaliser la sobriété ? Évidemment sortir du nucléaire au plus vite. Puis limiter ou supprimer les consommations inutiles et futiles : bagnole individuelle, jeux vidéos, malbouffe, TV, presse people et sportive, congélateurs, tondeuses à gazon motorisées… Les petits ruisseaux font les grands fleuves. Il conviendra aussi de limiter le nombre d’applications et rézosociaux, c’est n’importe quoi. Supprimer twitter, tiktok, insta, whatsapp, limiter le nombre de publications sur youtube, effacer les publications au bout de 6 mois, tout ça est à débattre… On n’y arrivera jamais avec la droite, de Macron à Zemmour, ils ignorent ces sujets qui sont les plus importants.

Lire, Neutralité carbone, l’exigence de la sobriété

Ht : Ce qui est notable et ce sur quoi Charles de Laubier n’insiste pas assez, c’est à quel point les technos les plus consommatrices sont justement celles qui n’apportent rien ou pas grand chose au consommateur : cloud gaming, bitcoin, 5G. Qu’on commence par là plutôt que de culpabiliser ceux qui envoient des mails.

Kim Kitaek : On pourrait commencer par supprimer TiK Tok, Facebook, Twitter etc etc qui visiblement ne sont ni bons pour l’humanité ni pour la planète.

KAR1M : A tout ceux qui rappellent les bienfaits (réels en apparence) du numérique. Renseignez vous sur leur « effet rebond ». En effet, par exemple, si l’on compare l’impact de l’envoi d’un email avec l’envoi d’un courrier physique, il est probable que l’impact soit inférieur. En revanche, la facilité d’envoi d’e-mail fait que finalement nous envoyons beaucoup plus d’e-mail que nous envoyons de courriers physiques. La numérisation s’accompagne ainsi très souvent d’une augmentation des usages de sorte que le bienfait peut s’annuler jusqu’à provoquer l’effet inverse.

Zarastro : On peut aussi s’interroger sur l’abandon prochain des les lignes téléphoniques analogiques classiques qui obligent concrètement à laisser en permanence sa box allumée pour les applications de domotique traditionnelles comme le déclenchement du chauffage à distance… mais aussi à se rééquiper avec du matériel compatible wifi. Bref, l’obsolescence programmée avec la bénédiction de l’État. En fait chaque nouvelle génération de technologie induit plus de consommation énergétique que la précédente.

Christian Giusti : Tout cela me fait penser aux travaux de Lewis Mumford, historien reconnu des techniques qui, au siècle dernier, dénonçait dans « Le Mythe de la machine » : (citation extraite de la page Wikipédia en français) : « la tendance moderne de la technologie, qui met l’accent sur une expansion constante et illimitée de la production et du remplacement. Il explique que ces objectifs vont à l’encontre de la perfection technique, de la durabilité, de l’efficacité sociale et, globalement, de la satisfaction humaine. La technologie moderne, qu’il appelle « mégatechnique » élude la production durable, la qualité, en poussant au remplacement prématuré des objets techniques grâce à des dispositifs tels que crédit à la consommation, designs non fonctionnels et défectueux, obsolescence programmée, changements de mode fréquent et superficiels ».

Lire, Enfer numérique, dictature des chiffres

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La bouffonnerie de l’humanité, LE film à voir

Aller au cinéma, c’est choisir deux ou trois films qu’il faut avoir vu dans l’année, le reste on peut s’en passer.

« Don’t Look Up. Déni cosmique » : la comète McKay lancée contre la bouffonnerie de l’humanité

Des chercheurs acquièrent la certitude mathématique qu’une comète colossale fonce droit sur la Terre et menace de la détruire sous six mois. A la Maison Blanche, ils se confrontent à une administration incapable de prendre la mesure du désastre. La présidente et son entourage ne sont que des démagogues outrageusement narcissiques, obnubilés par les scandales de mœurs qui bousculent leur parti (républicain) et l’imminence des élections de mi-mandat. Leurs  visées sont uniquement court-termistes et bassement politicardes. Qu’à cela ne tienne : les scientifiques se retournent vers les médias pour alerter l’opinion publique. Le message ne passe pas. Coulé dans le format d’un talk-show aseptisé, noyé dans le brouhaha des réseaux sociaux, la menace avéré se retrouve minoré, folklorisée, tournée en dérision, ce qui fait que l’alerte n’est suivie d’aucun effet, d’aucune prise de conscience. Les nouvelles voies cacophoniques et saturées de l’information ne conduisent pas aux progrès de la raison, mais à la paralysie et à l’obscurantisme généralisé.Info-spectacle avant tout !

à lire, «Effondrement, bientôt une terre inhabitable

Don’t Look Up dresse la satire du système politico-médiatique devenu une machine devenue folle, produisant perte de temps et déni à la pelle… en lieu et place d’un partage de l’intelligence et d’une action collective efficace… Don’t Look Up » étonne par son habileté à faire tenir ensemble le premier et le trente-sixième degré, la fable et la parodie, la vérité et la folie … Remplacez la comète par le réchauffement climatique, et cela devient tout simplement une image saisissante de vérité. Bientôt 27 année de parlottes diplomatiques et la planète s’avance toujours vers la fournaise.

à lire, Le cataclysme est pour bientôt selon le GIEC

L’ironie suprême du film est de montrer que toutes les alertes lancées, toute la contre-propagande ne servent finalement qu’à renforcer le système médiatique en l’alimentant. L’humanité est irréformable, semble nous dire McKay, et aucun effort ne suffira à la faire dévier de sa bouffonnerie congénitale comme de son destin catastrophique. C’est ce que nous constatons chaque jour en commentant l’actualité sur ce blog biosphere. Mieux vaut en rire en allant voir ce film.

À voir à la rigueur, « La Croisade » (quand la famille passe au vert)

Le nouveau film de Louis Garrel esquisse habilement l’utopie écologique des moins de 18 ans. La Croisade confronte d’un côté les engagements des petits et de l’autre les promesses des grands  sous les auspices à la fois anxieuses et désabusées du « Comment osez-vous ? » de Greta Thunberg, en 2019.

à lire, CLIMAT, rejoignez Greta Thunberg

Le fils de famille a vendu en cachette les objets de valeur dont ses parents ne se servaient plus pour étoffer la cagnotte de l’organisation environnementale dont il fait partie s. Son idée ? Financer un projet d’envergure : créer une mer dans le Sahara pour sauver la planète !!! Mais en faisant preuve d’autodérision, Louis Garrel fait ressentir l’urgence des plus jeunes à agir en dépit de l’autorité parentale.

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Jean-Marc JANCOVICI devient malthusien

Le spécialiste de l’énergie Jean-Marc Jancovici nous montre clairement que l’augmentation de la population est un multiplicateur des menaces, ce que s’acharne pourtant encore à ignorer bon nombre de personnes qui se disent écologistes. Voici un résumé de sa dernière publication,  une BD (Le monde sans fin) dont nous espérons que cela a été votre cadeau de Noël à toute la famille.

Lire aussi, Jancovici nous pousse hors zone de confort

p. 49 et suivantes (le texte, sans les dessins) : : Depuis deux siècle, tu vois (sur le graphique) une augmentation de la population qui tient plus de l’hyperbole que de l’exponentielle. Début de la révolution industrielle, 0,5 milliards d’humains ; 1800, un milliard ; 1930, deux milliards ; 1960, trois milliards ; 1975, quatre milliards  ; 1985, cinq milliards ; 2000, six milliards ; 2019, plus de 7,5 milliards. Est-ce que cet accroissement spectaculaire aurait pu avoir lieu sans énergie abondante ? Et si on entre dans une décrue énergétique forte, va-t-on rester 7 ou 8 milliards ? Ce n’est pas complètement sûr. C‘est même assez certain que nous ne connaîtrons pas un monde qui prolongera la tendance que nous avons connu dans le passé…

Lire, Jancovici, « sans pétrole t’es plus rien »

Entre 1930 et 2000, la génération de mes parents, la consommation d’énergie des machines a été multipliée par 10 et leur puissance a plutôt été multipliée par 50. Comme l’énergie est la marque de la transformation, la pression de l’humanité sur la planète augmente aussi vite que la quantité d’énergie qu’on utilise. Reprends le tableau de l’évolution de la population. Multiplie le chiffre qui correspond à chaque année par la quantité d’énergie mobilisée par personne. Ça te donne un bon ordre de grandeur de la pression humaine sur l’environnement. Malheureusement, notre vaisseau spatial de 13 000 km de diamètre ne peut pas supporter une pression constante sans avoir des avaries de tous les bords. Ou on fait un effort qui va nous coûter, mais qui évitera la panne. Ou on attend la panne.

p.122 et suivantes : L‘équation de Yoichi Kaya ne résout pas tous nos problèmes, mais ça donne une idée de leur taille :

GES = GES/E x E/PIB x PIB/POP x POP

GES, gaz à effet de serre, c’est-à-dire la quantité totale de gaz à effet de serre émise par les activités humaines

GES/Énergie, la quantité de gaz à effet de serre émise par une quantité donnée d’énergie

E/PIB, la quantité d’énergie nécessaire à la production totale de biens et services dans le monde

PIB/POP, le PIB par habitant, c’est-à-dire le niveau de vie moyen

POP, Population

On doit diviser le GES par 3 d’ici 2050, reste à savoir comment. En divisant la population par 3 ? La famine et les épidémies peuvent y parvenir. La guerre plus difficilement. A moins qu’elle facilite la famine et la maladie. La grippe espagnole en 1918 a tué plus de gens et plus rapidement que la seconde guerre mondiale. La grande peste du XIVe siècle a divisé la population par 2. Ça, c’est du sérieux. Sinon, il y a le contrôle des naissances, sujet délicat… Bâton merdeux tu peux dire.

Si on prend les projections démographiques, qui ne sont que des projections, la population devrait être multipliée par 1,25 d’ici 30 ans.A moins d’une pandémie fulgurante… ou d’une bonne vieille météorite. Les termes restants, il faut maintenant les diviser, non plus par 3 mais par 3,75 (soit 3×1,25)…

On prend le PIB par personne ? Qui est d’accord pour faire çà ? La France, pour sauver son régime de retraite, compte sur une croissance de 2 % par an. Croissance, croissance, croissance, croissance…

Il ne reste plus qu’à demander aux ingénieurs de diviser les termes restants par 10, c’est-à-dire gagner en efficacité énergétique. Tu comprends qu’à cette vitesse de réduction d’émissions, ça passe par une limitation des activités, donc des richesses, accompagnée d’un risque de déstabilisation sociale.

La vitesse à laquelle il faut réformer le système n’est pas compatible avec le maintien d’une liberté individuelle accompagnée du niveau de vie auquel on est habitué aujourd’hui. Tout débat sur la liberté individuelle est passionnel. Tu as une opposition entre l’urbain de centre-ville qui vit à côté de son boulot et la banlieusard qui doit prendre sa voiture pour aller bosser. Le tissu urbain moderne a été fait par et pour la voiture. On te dit maintenant, « Ne prends plus la voiture ». Tu gueules, « C’est de l’injustice ». Si tu veux limiter les naissances, tu te met à dos tous les courants religieux. Si tu parles décroissance, c’est pareil, pouvoir d’achat contre décroissance. Peut-on continuer à avoir une abondance de biens, de services, de croissance avec une population croissante ? La sobriété et la pauvreté sont deux manières de consommer moins, la première est choisie, la seconde subie, généralement dans la violence… L’approvisionnement fossile devant décliner, le temps se chargera de nous pousser vers la pauvreté.

La planète nous dit : « A cause des dommages que la croissance me fait subir, vous croyez vous enrichir alors que vous vous appauvrissez. A moins de changer les conventions de la macroéconomie. Et arrêtez de considérer le PIB comme l’indicateur unique. »

Lire, Extraits du discours décapant de Jean-Marc Jancovici (en 2017)

p.190 : Aujourd’hui nous avons un sentiment global d’insécurité, dérive alimentaire, érosion des ressources, surpopulation… Alerte, Alerte, Alerte. Pour calmer notre cortex, nous avons plusieurs stratégies. Le déni (« c’est des conneries »), la croyance (« La science trouvera bien une solution »), le greenwashing (« j’achète des crédits carbone »), le n’importe quoi (« avec la croissance verte, c’est possible »). Tout ça, ce sont différentes formes de déni.

Source : BD, Le monde sans fin (éditions Dargaud, 2021)

Du miracle énergétique à la dérive climatique, texte de Jean-Marc Jancovici et dessins de Christophe Blain.

Que faire ? Agir avec l’association Démographie Responsable

https://www.demographie-responsable.org/

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Neutralité carbone, l’exigence de la sobriété

La sobriété est devenue une nécessité absolue… qui reste pourtant l’angle mort de notre société de consommation. La simplicité volontaire de certains n’est qu’un premier pas, les politiques publiques doivent soutenir le mouvement général de basculement. Pour faire passer la purge des économies d’énergie et de la sobriété partagée, non seulement les politiciens devraient imposer un revenu maximum admissible (3 fois le salaire minimum par exemple), mais ils devraient rendre obligatoire à l’école l’apprentissage de la tempérance. Quant aux parents, ne pas offrir de cadeaux pour Noël serait un grand pas dans le bon sens.

Lire, En marche… vers la sobriété partagée

Perrine Mouterde : Plusieurs « scénarios » visant à atteindre la neutralité carbone, celui de négaWatt, du Réseau de transport d’électricité, de l’Ademe ou de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Il en ressort un messages convergents, cet objectif exigera de réduire drastiquement nos besoins. Même le gouvernement français le dit par le biais de sa stratégie nationale bas carbone, il faut une réduction par deux de la consommation globale d’énergie. Or s’interroger sur ces besoins ne va pas de soi. L’énergie n’a plus de visibilité, de réalité physique, ce que l’on consomme est totalement abstrait…

Lire, Notre défi, 100 % de sobriété énergétique en 2050

La nécessité de réfléchir collectivement à la notion de sobriété s’impose, mais cette notion, largement absente du débat public, est éminemment clivante. Sommes-nous prêts à remettre en cause la manière dont nous nous déplaçons, dont nous occupons nos logements, dont nous mangeons ? Ou souhaitons-nous préserver nos modes de vie actuels, quitte à rendre l’atteinte de nos objectifs climatiques impossible ? La sobriété, ce n’est ni un scénario du Moyen-Age ni un scénario où les trains s’arrêtent quand il n’y a plus de vent pour faire tourner les éoliennes, mais c’est clairement un scénario où le pacte de société n’est plus le même. Espérer atteindre la neutralité carbone implique de sortir totalement des fossiles, de développer les énergies renouvelables non électriques, de réformer les systèmes agricoles et alimentaires, de préserver les forêts et les océans qui sont des puits de carbone, de repenser le modèle de développement économique, l’organisation du territoire… Le défi est systémique et toutes ses dimensions doivent être prises en compte.

Lire, La transition écologique nécessite une déstructuration

Il y a urgence à agir, mais cela ne peu se faire qu’avec l’assentiment de la population et c’est là où le bât blesse. Un objectif de baisse du pouvoir d’achat n’a aucun chance d’aboutir. Et pour l’heure, on ne peut que s’inquiéter de la pauvreté des discussions sur l’écologie dans la campagne présidentielle. Il y a incapacité des Français et des dirigeants à se projeter dans l’avenir et à porter une vision de ce que pourrait être une société de la neutralité carbone en 2050.

Lire, Sobriété ou Nucléaire, E. Macron a tranché

Notre plus ancien article sur la question de la sobriété :

13 janvier 2009, sobriété énergétique ?

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Nicolas HULOT et l’AVION

L’avion est comme la ville, un endroit inhumain, sans horizon, où l’on ne respire pas un air sain, où l’on vit sans possibilité d’évasion, de sortie, d’exception. Aujourd’hui, en avion, en voiture et même en train, on ne voyage plus, on se déplace ; témoin inconscient d’un spectacle trop rapide que l’esprit ne peut fixer. Pour moi l’avion n’était qu’ un métro. Si j’ai l’instinct voyageur, c’est vrai aussi que j’ai l’esprit casanier. J’aime bien m’installer dans un lieu durable. Comme un arbre aux racines étalées, mais qui ne s’incrustent pas dans la terre. Partir me demande un effort, mais demeurer m’est impossible car l’instinct de découverte me stimule : c’est ma contradiction.

En 1991, je faisais un livre, « États d’âme », à partir des anecdotes de mon expérience de baroudeur. Mais j’aimais encore plus lire qu’écrire : picorer les cinq continents, c’est cent jours d’avion, donc cent jours de lectures. Je fréquentais à l’époque des maîtres à penser, aussi bien Paul-Emile Victoire que Théodore Monod. Quand je traversais les fuseaux de notre planète au rythme des avions de ligne, à la cadence parfois accélérée de mes voyages professionnels, je prenais conscience que notre terre se résume à quelques îlots d’opulence entourés d’océans de misère et de détresse.

Dès lors que l’on s’inscrit dans le luxe, comme quand on prend l’avion, il faudrait automatiquement prélever une somme qui soit reversée à un fonds au mécanisme approuvé : l’aide alimentaire, l’accès aux soins, l’éducation… A partir du moment où l’on prétend au voyage, on s’inscrit comme citoyen de la planète et il est alors évident que l’on doit contribuer à un élan de solidarité. Le trafic aérien a été exclu du protocole de Kyoto, et par ailleurs le kérosène des avions n’est pas taxé… si bien qu’il coûte beaucoup moins cher que l’essence utilisée par les automobilistes. Ce n’est pas normal. Mettre 20 tonnes de pétrole dans un avion pour emmener 180 Français à Venise n’a pas de sens. Les hommes peuvent exprimer leurs inquiétudes sur la dégradation du climat d’un ton fort grave pour aussitôt les oublier, acheter une nouvelle voiture, mettre la climatisation ou prendre l’avion pour partir en vacances. Je ne pense pas que le fait d’accomplir les choses au seul motif que nous pouvons ou savons les faire soit une expression bien haute de notre liberté.

NB : Les extraits précédents ont été publiés dans le livre de Michel Sourrouille paru en octobre 2018, « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir ». Mieux vaut rendre la pensée de Nicolas Hulot publique, la libre circulation des idées écolos contribue à la formation de notre intelligence collective…

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Déprime existentielle dans l’aéronautique

Une nouvelle génération d’étudiants s’interroge sur l’avenir de l’aviation civile dans un monde en surchauffe. Les écoles misent sur les technologies de rupture, mais la décroissance des flux aériens n’est plus un sujet tabou. Margherita Nasi :

– ISAE-Supaéro, l’école d’ingénieurs qui forme les bataillons de l’industrie aéronautique : en 2020, 710 étudiants du secteur de l’aéronautique, dont 335 de l’ISAE-Supaéro, ont publié une tribune plaidant en faveur de reconversions industrielles et d’une réduction du trafic aérien.

– Le directeur des études de l’ENAC : « Le débat est particulièrement clivant, avec des questionnements brutaux remettant en cause l’existence même du secteur ». L’école va mettre en place vingt heures de tronc commun pour tous ses étudiants sur les relations entre climat et transport aérien.

– Un professeur en aérodynamique à l’ISAE-Supaéro : « Les étudiants ressentent une forme de déprime existentielle alors que, pour une partie de la population, il n’y a rien de plus grotesque que de mettre des avions dans l’air et d’envoyer des fusées dans l’espace »,

Un étudiant : « En réalité, la culture de l’aviation imprègne chaque exercice. Cette coloration m’a inquiété, parce que je suis très porté sur l’écologie. »

Lire, L’aviation au banc des accusés, coupable !

– Francis Pollet : « Interdire le Paris-Marseille en avion, c’est supprimer la première commande d’avion électrique. Et puis, les gens ont envie de voyager. Je vous garantis que l’été prochain, on va battre des records de billets low cost pour aller très ilon ».

– Jean-Marc Moschetta : « A Airbus, on s’inquiète : si leurs futurs cadres commencent à dire qu’il faut arrêter le trafic aérien et se mettent à la permaculture, autant démonter les aéroports et réactiver les diligences. Si nous n’inventons pas les avions et les fusées propres de demain, qui va le faire ? »

– Olivier Lesbre : « Il nous faut encore du temps pour décarboner l’aviation, mais ce n’est pas dramatique : l’aviation civile représente environ 2 % des émissions mondiales de CO2. Si on casse l’industrie, on aura du mal à inventer des solutions. »

Réactions sur lemonde.fr :

Pakko : Chaque jour un petit coup de canif dans nos certitudes . Les mythes tombent, les impasses apparaissent (état réel de la planète, foi dans le progrès, croissance génératrice de bonheur, supériorité de notre modèle ). Aujourd’hui c’est le tour du gratin des ingénieurs de le reconnaître , viendra celui des économistes et décideurs… Jusqu’à l’acceptation (maîtrisée ou contrainte) de la décroissance et la fin du mythe prométhéen du génie illimité, scientifique et technique, humain

zeOurs : A ceux qui veulent à tout prix tuer l’avion: je suppose que vous êtes tous cyclistes, non fumeurs, végétariens, dans un appartement de petite surface, parfaitement isolé? (il y a un intrus dans la liste, le trouverez-vous?)

Lire, Léonore Moncond’huy, seule contre les avions

Ducalme : L’aviation, un peu plus de 2 % des émissions de CO2. Ma contribution, la vôtre, l’intérnet et les réseaux sociaux 4 % des émissions de CO2 et je vous laisse imaginer ce qui croit le plus (on atteindrait 8% en 2025). L’aviation doit donc faire des efforts et contribuer comme tout le monde mais c’est inutile de la mettre au pilori.

Lire, gaz à effet de serre de l’aéronautique, ça flambe

Tiouriret : Bientôt, deux ou trois écoles d’ingénieurs aéronautiques suffiront dans le monde. Ils concevront les vaisseaux spatiaux par lesquels quelques ultra riches rejoindront leurs planètes personnelles, non polluées, vivables, alors que le port du masque à oxygène sera obligatoire sur Terre, dès la naissance.

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Nicolas Hulot et les conférences sur le climat

Voici quelques extraits de la pensée de Nicolas Hulot  :

J’ai toujours pensé que tous les ingrédients étaient réunis pour que la conférence de Paris de fin 2015, où devait être signé le premier accord mondial engageant tous les pays contre le réchauffement, soit un échec. Car nous sommes passés en l’espace de vingt-cinq ans d’une forme d’indifférence à une forme d’impuissance ! Peu avant cette conférence sur le climat, je déclarais : « Dans tous les territoires du monde, les acteurs se mobilisent, chaque jour un peu plus. Conscients de la responsabilité de tous, nous nous engageons aussi personnellement, chacun à son niveau. Mais cela ne suffira pas. Vous, responsables politiques, avez une responsabilité historique. La force de l’accord de Paris tiendra d’abord dans les mesures que vous mettrez en œuvre. Nouvelles réglementations, prix du carbone, taxe sur les transactions financières, changement de modèle agricole… Ce qu’il faut faire est connu et ne dépend que de votre courage politique. Chefs d’Etat, soyez à la hauteur. Entrez dans l’Histoire. Osez ! » J’ai appelé à une vaste manifestation : « Soyons des centaines de milliers à la marche pour le climat qui aura lieu à Paris le 29 novembre. » Suite aux attentats terroristes à Paris, un grand nombre de manifestations de la société civile autour de la COP21 ont été interdites en France. Mais partout ailleurs dans le monde, la mobilisation pour le climat s’intensifie. 57 grandes marches réunissant plusieurs centaines de milliers de personnes seront organisées d’un bout à l’autre de la planète.  Ma Fondation Nicolas Hulot, ainsi que Greenpeace, FNE, et WWF, ont lancé le site www.march4me.org permettant à des marcheurs et des marcheuses de tous pays de porter leur message en notre nom.

Mais à Marrakech en novembre 2016 (la COP22), j’avais l’impression d’être dans une réplique de la COP21 à Paris, avec les mêmes mots sympathiques, les mêmes photos, les mêmes acteurs. Je voyais le visage dépité de nos camarades africains qui attendent des actes. Je suis désespéré face à l’inertie du système et aux forces de résistance. Ces forces de résistance sont animées notamment par les lobbys des énergies fossiles.

Les hommes peuvent exprimer leurs inquiétudes sur la dégradation du climat d’un ton fort grave pour aussitôt les oublier, acheter une nouvelle voiture, mettre la climatisation ou prendre l’avion pour partir en vacances. Je ne pense pas que le fait d’accomplir les choses au seul motif que nous pouvons ou savons les faire soit une expression bien haute de notre liberté. Car quand il n’y aura plus rien à vendre, à fabriquer, quand de graves difficultés alimentaires s’abattront sur la planète, comment agirons-nous ? Les solutions existent. Au quotidien, ce que nous mangeons, les moyens de transports que nous utilisons, la façon dont nous nous chauffons, etc., sont autant d’actions qui nous lient à notre environnement. Nous avons la possibilité de réaliser des gestes décisifs : choisir une électricité 100 % renouvelable, changer de banque, lutter contre le gaspillage alimentaire, etc. Essayons d’améliorer nos comportements, échangeons nos bonnes idées et pratiques, mobilisons les réseaux sociaux pour infléchir les politiques publiques. Il faut que les enseignants, mais aussi tous les autres acteurs éducatifs, fassent de l’enjeu climatique la source d’activités pédagogiques où les jeunes vont apprendre et mettre en œuvre par eux-mêmes les notions si importantes de solidarité, de collectif, de coopératif. L’engagement individuel et les politique publiques doivent se compléter.

Lire aussi, COP26, un sommet pour VIP, bilan nullissime

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Voiture ou climat, on est obligé de choisir

Le déplacement d’une voiture gaspille une ressource fossile mise gratuitement par la nature à la disposition de la civilisation thermo-industrielle. Mais, contrairement à l’usage d’un cheval, cette source d’énergie n’est pas renouvelable : plus on fabrique de voitures, plus on accroît l’imminence du pic pétrolier, ce moment où la production de pétrole va diminuer inexorablement. Alors nous nous rendrons compte que la voiture pour tous n’était qu’un rêve, entretenu par une pression médiatique et publicitaire absurde dont même LE MONDE se faisait régulièrement l’écho. Les temps changent

Lire, LE MONDE est l’otage des lobbies automobiles

Marie Pouzadoux : La France a été redessinée par et pour l’automobile. Aujourd’hui, 85 % des foyers disposent au moins d’un véhicule, et c’est devenu un bien indispensable pour deux tiers d’entre eux, qui vivent notamment en zones périurbaines et rurales. Il n’est donc pas facile pour le personnel politique de condamner la voiture. A droite et à l’extrême droite, aucun candidat ne souhaite froisser les automobilistes. Valérie Pécresse, prétendante à l’investiture du parti Les Républicains, fustige toute « écologie punitive ». Le polémiste d’extrême droite Eric Zemmour défend la suppression du permis à points. Anne Hidalgo propose une baisse de la TVA sur le carburant à 5,5 % face à l’augmentation des prix du baril. Yannick Jadot souhaite soutenir le secteur industriel automobile français, et prévoit d’étendre le prêt à taux zéro pour l’achat d’un véhicule « propre ». Seule Sandrine Rousseau, candidate déçue de la primaire d’EELV, se positionne en faveur d’une hausse des taxes sur le carburant.

Aucune transition ne se fait rapidement sans contraintes, elle générera douleurs et crispations. Nous avons privilégié ci-dessous les commentaires sur le monde.fr qui en sont conscients, sauf le sceptique de service.

le sceptique : La Ford T a été un objet politique majeur, le moment où l’abondance moderne est devenue à portée de (presque) tous les individus. Le reste a suivi, la maison, l’électro-ménager, l’ordinateur etc. Autant de technologies et industries qui ont produit l’individuation moderne à la place du communautarisme paysan et du collectivisme de la première révolution industrielle. Pas vraiment de « casse-tête » , les bobos écolos de métropole sachant circuler en taxi-TGV-avion contre la voiture, d’un côté, le reste de la société pour, rapport 20/80.

ChP : Mon dieu, que voila avec le sceptique une belle étude sur la sociologie de la bagnole. Elle peut se résumer autrement de la façon suivante : une société organisée autour de la voiture ne peut pas se passer de voiture. Réciproquement, pour se passer de voiture, il faut réorganiser la société. Voila qui est plus dur. C’est pour cela que personne n’en parle. C‘est pourtant facile de comprendre la politique.

Lire, Quand la bagnole s’est imposée dans nos vies

Glazikbleu : OUI il faut le dire – la transition écologique sera douloureuse et contraignante et coûteuse ! Certaines contraintes seront communes ( température des habitations 17 °C, donc pulls le jour et duvets la nuit) — densification des lotissements (avec interdiction des piscines) – boutique d’entretien et de réparation des vélos dans chaque commune — jardins communaux partagés pour fruits et légumes — et recherche constante de la non consommation d’énergie — c’est la diminution réelle et constante de la consommation d’énergie qui seule sera efficace sur le long terme ! Bienvenue au pays de la sobriété heureuse et partagée !

LaVénalitéenMarcHe : « ce moyen de transport, très polluant mais indispensable à la plupart des Français » Depuis quand cette horreur est-elle devenue soi-disant indispensable ? Depuis que nous sommes gouvernés par les lobbies de la bagnole, du pétrole, du béton & bitume, de la grande distrib.ution..

ebrun : Ça pleure toujours sur le coût de la bagnole pour aller au boulot. Si on suit cette idée que la voiture coûte cher, les gens devraient en avoir un usage raisonné,. Mais les week-end il y a toujours autant de trafic, autant de bouchons. En pendant les vacances c’est encore pire. Les Français sont tout simplement accros à leur drogue.

Isaphan : On ne peut pas toujours avoir le beurre (la maison -plus grande surface qu’un appartement pour le même prix- et les barbecues entre amis) et l’argent du beurre (des trajets pas chers: carburants polluants pas chers.) Les français auraient dû regarder l’habitat loin de son lieu de travail sous l’angle global, coût des déplacements + coût du logement. Quand le premier monte, le second baisse et vice versa.

lire, La transition écologique nécessite une déstructuration

Walter : Il va pourtant bien falloir s’en passer, de la bagnole, fermer cette parenthèse automobile. On aura bien rigolé pendant 100 ans, perdu énormément de temps assis dans des caisses aussi, passons à autre chose. Ce sera une excellente occasion de transformer une économie caractérisée par le gaspillage (oxymore bien réel). Investir dans des transports collectifs mieux pensés, développer les trams trains, avoir des autocars cadencés en campagne, reprendre le pouvoir que les commerçants ont pris sur l’urbanisme, remettre en service des lignes ferroviaires en souffrance etc.. ce sera toujours moins cher que de mourir pollués, réchauffés, effondrés.

Michel SOURROUILLE: A l’époque de la Ford T en 1908, il n’y avait en France que 1672 voitures, aujourd’hui il y en a 38,8 millions La démocratisation de l’automobile a incité à multiplier les voies carrossable, puis les autoroutes, la mondialisation du complexe pétrolier, etc. Mais la voiture pour tous, c’est ce que Lewis Mumford appelle une technique autoritaire, qui rassemble à une échelle monumentale une nouvelle organisation de masse. Il faut donc remettre en question le processus de sur-structuration qui pousse à l’augmentation des flux de véhicules. Il nous faut déconstruire ce qu’un passé dépassé continue à imposer. Il nous faut revenir à des organisations à l’échelle humaine, rechercher localement l’autonomie alimentaire et énergétique, retrouver les circuits courts et les liens de proximité. Le dévoiturage devrait être le cri de ralliement de l’écologie politique. Ce n’est pas le cas. Alors c’est le choc pétrolier ultime qui nous obliger à changer, brutalement.

Lire, Adieux à l’automobile, le dé-voiturage en marche

Zhkarojr : Une chose est sûre, la France était beaucoup plus belle avant l’arrivée des voitures.

Danmer : Oui, avec les carrosses pour le roi et les nobles.

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Nicolas Hulot et le CLIMAT

Voici quelques extraits de la pensée de Nicolas Hulot  :

Je pataugeais à la fin des années 1980 dans le dossier réchauffement de la planète, gaz carbonique, fonte des glaces polaires. Je pataugeais puisque les scientifiques n’étaient pas d’accord, rappelons-nous Claude Allègre. Qui savait que, en France, l’agriculture constituait la deuxième source d’émission de gaz à effet de serre ? Mais le doute doit profiter à la prévention. Non pas sceptiques mais vigilants. Non pas ironiques mais prévenants. En 2014 ma conviction est faite, on a rendez-vous avec l’Histoire ! Maîtrisons les rejets de gaz carbonique. Je revenais de Dakar, où la population double tous les dix ans, en grande partie en raison des migrations qui découlent de la désertification. Où ces gens finiront-ils par aller ? Vers le nord, logiquement et légitimement.  Le principal danger du réchauffement climatique est géopolitique. Je veux crier que le réchauffement climatique n’est pas une simple crise que le temps effacera. Il est l’enjeu qui conditionne tous les enjeux de solidarité auxquels nous sommes attachés. Il affecte ou conditionne tout ce qui a de l’importance à nos yeux. Osons affirmer que la crise climatique est l’ultime injustice. Elle frappe d’emblée les plus vulnérables : les populations qui, non seulement n’ont pas profité de notre mode de développement, mais qui en subissent le plus les effets négatifs. Développement qui s’est fait parfois sur leur dos, en utilisant leurs ressources naturelles et leurs populations. En janvier 2017, j’énonce quelques vérités dans les colonnes du MONDE. La sortie des énergies fossiles doit être la clé de voûte du moteur économique de demain… Si nous voulons atteindre l’objectif de contenir le réchauffement climatique, il faut renoncer à exploiter les trois quarts des réserves d’énergies fossiles… Les dirigeants n’ont pas encore réalisé que, pour atteindre les objectifs de neutralité carbone en 2050, il faut des révisions d’investissement fondamentales… Il serait aléatoire d’espérer atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre si nous nous accommodons du fait que des millions d’hectares soient dégradés chaque année, restituant simultanément des millions de tonnes de CO2… La lutte contre le réchauffement climatique devient une nécessité de plus en plus concrète, les effets se font déjà sentir.

Devenu ministre, j’ai présenté le 6 juillet 2017 un plan climat : « Ce n’est pas un sujet qui spontanément passe toujours au premier plan dans l’écran radar. Notre responsabilité, c’est de faire que ce sujet prime sur tous les autres. » J’annonce la fin de la commercialisation des voitures roulant à l’essence ou au gazole en France d’ici 2040. Une « prime de transition » sera proposée pour remplacer les voitures à essence d’avant 1997 ou à diesel d’avant 2001. Afin d’associer directement les Français aux actions sur le climat, j’avais aussi annoncé un projet de budgets participatifs. A travers « Mon projet pour la planète, » les citoyens sont invités à proposer des projets dans les domaines de l’énergie, de l’économie circulaire et de la biodiversité. Les résultats de la consultation seront connus en juin. Dans ce cadre, un collectif de monnaies locales a déposé un projet de monnaie numérique pour « lutter concrètement contre le dérèglement climatique ». Il s’agit de promouvoir l’achat local pour diminuer les déplacements. Mais le montant consacré à « Mon projet pour la planète » est seulement de trois millions d’euros.

Le 8 septembre 2017, lors du « 20 heures » de France 2, j’ai commenté les conséquences du changement climatique au travers de l’ouragan Irma. Le pire est devant nous. Le changement climatique et ses conséquences migratoires relèvent de ce que j’appelle l’ultime injustice. Elle frappe et va mettre en péril les conditions d’existence des générations à venir niais que des personnes qui ne sont pas responsables de la situation. Nous sommes en train de réaliser que les premiers impacts migratoires que nous avons subis aux portes de l’Europe (et je dis cela sans cynisme) sont un échantillon de ce qui peut nous arriver si les changements climatiques se combinent aux autres causes d’exode. Au risque d’un certain raccourci, je crois que l’intégrisme est le refuge de certains exploités. Il y a un moment où on touche les limites, où l’événement nous dépasse. Ce sont toujours les hommes, les femmes, les enfants les plus vulnérables qui sont atteints. La multiplication et l’intensification des extrêmes climatiques  va aussi poser des problèmes sur les îles océaniennes de basse altitude dans le Pacifique. Il va falloir tout mettre en œuvre pour aider les habitants de ces îles. Ce qui est l’exception dans beaucoup de domaines, y compris chez nous la canicule, va devenir parfois la norme. A force de nier la réalité, elle nous rattrape et on n’est pas forcément prêt. Que tout ça nous serve de leçon, on n’en fera jamais assez. Ne nous divisons pas sur ces sujets-là, réunissons toutes nos intelligences, tous nos moyens et c’est pour longtemps. Ce que m’inspire cet événement, c’est que ça nous confronte d’abord à notre vulnérabilité et aux limites de notre vieille condition humaine. Souvent, on dit que tout ce qu’on fait, c’est pour protéger la planète, mais c’est bien pour protéger l’humanité.

Mars 2018. Depuis plusieurs mois, je discute avec Emmanuel Macron du projet de trouver une place dans la Constitution pour la lutte contre le réchauffement climatique. Il s’agirait de compléter l’article 34 consacré au champ d’action du législateur à propos des « principes fondamentaux de la préservation de l’environnement ». Dès septembre 2017, j’avais échange avec association WWF et officialisé cette intention lors de mes vœux de nouvelle année 2018. Rien n’est encore déterminé définitivement. Pour certains l’article 1er paraît plus adapté à l’immensité de l’enjeu. Pour d’autres, limiter la constitution au changement climatique pourrait occulter le fait qu’il s’agit en fait de préserver globalement l’intégrité de l’écosystème Terre dans toutes ses dimensions. Devant le Congrès des Etats-Unis, Emmanuel Macron a plaidé le 25 avril 2018 pour l’environnement en répétant sa formule « Make our Planet Great Again » assenée après la décision de Donald Trump de retirer les Etats-Unis de l’accord de Paris, le 1er juin 2017. Il faisait ainsi une allusion directe au slogan de campagne du président des Etats-Unis – « Make America Great Again ». Pour le président de la république française, il n’y a pas de « planète B » qui dispenserait les États de s’attaquer aux périls liés à l’environnement. Est-ce un leurre à visée médiatique ou une véritable conversion à l’écologie ? Aux lendemains d’un quasi-écrasement de toute opposition au parlement pendant tout un quinquennat, Emmanuel Macron va porter une lourde responsabilité dans l’avenir de nos générations futures.

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Pierre Kunz prône la taxe carbone

De la part d’un de nos contributeurs, Pierre Kunz : La bonne volonté des citoyens exemplaires ne suffiront jamais à résoudre même en partie notre problème climatique. La solution ne peut résider que dans un effort organisé rationnellement par la science, ceux qui nous gouvernent et les entreprises. La première évidence est de reconnaître que 60 % environ des émissions de gaz à effet de serre proviennent des énergies fossiles et le charbon et le gaz naturel demeurent les deux principales sources d’énergie électrique. Les efforts de remplacement de ces énergies par des sources renouvelables doivent donc constituer la priorité absolue sur tous les autres. Les autres défis moins urgents, par exemple la protection de la biodiversité et l’amélioration des techniques agricoles, attendront. La deuxième évidence concerne les pays en développement. On ne saurait exiger de ceux-ci qu’ils se soumettent au même calendrier que celui de l’Occident industrialisé dans le renoncement aux énergies fossiles. La troisième évidence concerne les moyens de contraindre l’Occident à changer son modèle industriel. Ce basculement impose que les politiques s’attaquent à l’empreinte carbone. Il ne peut se produire que moyennant le prélèvement d’une taxe, dite « taxe carbone », correspondant à la valeur de ces externalités. Il revient aux États de la prélever sur la production locale comme sur les biens et services importés. Sa mise en œuvre ne requière pas l’unanimité des pays de la planète mais seulement la volonté des principales puissances économiques. Pour que cette l’introduction de cette taxe réussisse, il suffit que trois conditions soient remplies :

  • elle doit intervenir progressivement, par exemple sur dix ans, afin de permettre aux grands pays exportateurs touchés par ce prélèvement de s’adapter à la nouvelle situation ;
  • pour la mettre en œuvre, il faut et il suffit que tous les membres d’un même marché (UE et NAFTA en particulier) se mettent d’accord sur la formule de son prélèvemen ;
  • enfin, la manne fiscale ainsi récoltée par les Etats doit être affectées exclusivement d’une part aux investissements requis par leur transition énergétique, d’autre part aux aides financières dont auront besoin les populations qui seront touchées par les hausses de prix considérables des produits et des services qu’elles avaient l’habitude de consommer.

Chacun peut comprendre que le prix des biens et services, produits localement ou importés, « gonflés » des coûts environnementaux jusqu’à présent négligés, aura un effet de plus en plus dissuasif sur leur consommation, ce qui contribuera directement à la baisse des émissions de gaz à effet de serre. Laisser croire, comme Matthieu Auzanneau (**) que les peuples vont se laisser convaincre de passer aux énergies renouvelables au prétexte que bientôt les énergies fossiles seront épuisées, c’est alimenter du rêve ; nous sommes trop nombreux à être préoccupés par nos fins de mois avant la fin du monde. Seule une taxe carbone appliquée progressivement, fermement et globalement permettra à l’humanité de continuer à vivre dans un monde vivable.

(*) Bill Gates : Climat, comment éviter un désastre

(**) Matthieu Auzanneau : Pétrole, le déclin est proche

Pierre Kunz, ancien président de l’Institut National Genevois, le 8 novembre 2021

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COP26, un sommet pour VIP, bilan nullissime

Nos archives sur ce blog biosphere le montrent, depuis 26 années les conférences internationales annuelles sur la climat ne servent à rien.

19 décembre 2007, Echec de la COP13 à Bali

30 novembre 2009, le fiasco de Copenhague (COP15)

15 décembre 2014, Climat : les trois chiffres clés, zéro / zéro / cent (COP20 à Lima)

25 octobre 2015, COP21 : accord préparatoire de Bonn, le fiasco

14 décembre 2015, COP21, encore un succès d’apparence, le 21ème ! (Paris)

19 novembre 2016, La COP 22 s’achève à Marrakech sur un bide

2 novembre 2017, COP23, vingt trois années de blabla climatique (Bonn)

18 décembre 2018, COP24, une mascarade sur le climat, un échec avéré (Katowice)

17 décembre 2019, COP25, des résultats insignifiants

La COP26 à Glasgow peut se résumer à un « sommet pour VIP » – on y a croisé le prince Charles, l’acteur Leonardo DiCaprio, ou le patron d’Amazon, Jeff Bezos. Au début du sommet pour le climat, le MailOnline a comptabilisé au moins 52 jets à l’aéroport. « Cette COP est un événement de relations presse, une célébration du business comme d’habitude », a tancé l’activiste Greta Thunberg. Les grandes entreprises se présentent en « amis du Climat », Bezos fait l’aumône de 2 milliards « pour la planète ». Or son entreprise est l’une des entreprises les plus polluantes du monde ; elle a généré plus de 55,8 millions de tonnes de gaz à effet de serre » en 2018 – plus que le Portugal par exemple. Avec tous les diplomates très hauts placés qui représentent nos peuples, c’est la version luxe du yakafokon. Le succès consiste à dissimuler le greenwashing sous l’emptyspeaking : faire croire qu’on remplacera le fossile avec des discours normatifs et prospectifs, en ignorant, en niant ou en euphémisant tout ce qui fâche concrètement (l’emploi, le pouvoir d’achat de la classe moyenne dont la stabilité tient les démocraties, la survie des pays souvent peuplés qui dépendent de la rente fossile et s’écroulent sans elle, etc.). Cela fait 26 années de COP que cela dure, alors en route vers la 27ème.

Lire, Après la COP25, la (dé)route vers la COP26

Cécile Ducourtieux : COP26, ce fut une frénésie d’annonces, un tourbillon d’engagements, sortie du charbon, désinvestissement fossile, reforestation, neutralité carbone, méthane hors jeu. Des promesses audacieuses pour l’avenir avec un chiffrage purement spéculatif, des actions inexistantes à court terme pour maintenir le réchauffement à 1,5 °C. On se base sur des solutions technologiques encore hypothétiques comme le captage stockage à grande échelle de CO2. Pire, on devait augmenter les émissions de 14 % d’ici à 2030 par rapport à 2010, alors qu’il faudrait les réduire de 45 %. » (résumé)

Audrey Garric : Les cyclones , la montée du niveau des mers, la dégradation des terres ou de leur salinisation touchent tous les États, mais affectent plus fortement les pays les moins développés. Les pertes et dommages ont été évalués entre 290 milliards et 580 milliards de dollars par an jusqu’en 2030, et jusqu’à 1 700 milliards de dollars en 2050, pour les seules conséquences économiques dans les pays en développement. Les pays du Sud appellent à plus de « solidarité » de la part de ceux du Nord. C’est une question légitime et pourtant cet agenda n’avance pas. Les pays développés, historiquement responsables du changement climatique, craignent en effet que la reconnaissance des pertes et préjudices ne débouche sur des poursuites judiciaires.

Laurence Tubiana : Le greenwashing est aujourd’hui le nouveau déni climatique, et il met à mal l’accord de Paris de 2015. Avant, on niait la réalité du changement climatique. Maintenant, on la reconnaît, mais on se contente de dire qu’on va s’en occuper. Cela ne peut pas suffire.Il y a eu beaucoup d’annonces, sur le charbon, le méthane, les forêts. Même si beaucoup de ces coalitions sectorielles sont intéressantes et nécessaires, elles sont toutes volontaires, elles concernent toujours un petit groupe d’acteurs et non l’ensemble, et elles ont gonflé les objectifs chiffrés. Les engagements ne sont pas appuyés sur des plans précis de mise en œuvre, cela ne sert donc à rien. Et c’est particulièrement vrai pour la neutralité carbone.

Nos articles antérieurs sur la COP26 :

1er novembre 2021, COP26, technologie ou sobriété partagée ?

2 novembre 2021, COP26, le bal des hypocrites à Glasgow

3 novembre 2021, COP26, avec quelle pratique journalistique ?

4 novembre 2021, COP26, le piège du développement (durable)

5 novembre 2021, COP26, le choc charbonnier va faire mal

5 novembre 2021, COP26, on s’intéresse enfin au méthane

6 novembre 201, COP26, histoire d’un fiasco programmé

6 novembre 2021, COP26, le pouvoir n’est pas dans la rue !?

Lire, L’historique du fiasco climatique (de 1857 à 2021)

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Neutralité carbone, compensation, foutaises !

Le système thermo-industriel a inventé la « neutralité carbone » pour persévérer dans son être : on pourra toujours émettre davantage de gaz à effet de serre, il suffit de compenser par ailleurs ses émissions de gaz à effet de serre grâce aux arbres. Est-ce possible ? Il y a des différences de temporalités entre le biologique et le géologique. Les arbres plantés aujourd’hui mettront plusieurs dizaines d’années pour séquestrer les émissions actuelles alors que le CO2 a une durée de séjour approximative de cent ans dans l’atmosphère.  Sans compter qu’avec le changement climatique, les forêts sont plus vulnérables aux feux, aux insectes et aux maladies, et qu’à des températures trop élevées, elles relâchent du carbone au lieu d’en stocker.

Paul Dalmasso : L’Agence de la transition écologique (Ademe) rappelle que le concept de neutralité carbone n’a « réellement de sens qu’à l’échelle de la planète et ne peut pas s’appliquer à une autre échelle ». Les acteurs économiques, collectivités et citoyens qui s’engagent pour la neutralité carbone ne peuvent se revendiquer neutres en carbone, l’atteinte d’une neutralité carbone arithmétique n’ayant pas de sens à leur échelle. Pourtant certaines entreprises revendiquent, dans leurs annonces publicitaires, la neutralité carbone… Leur procédé de compensation consiste à financer, par l’achat de « crédits-carbone », le développement de puits de carbone ayant vocation à absorber les émissions de l’entreprise. Ne disposant pas actuellement de technologies efficientes pour absorber des quantités significatives de CO2, ces crédits financent principalement le développement de puits biologiques (projets de reforestation). Cette compensation n’est pas universalisable puisque le potentiel d’absorption des émissions résultant de la forestation/reforestation des terres disponibles s’élèverait à 367 milliards de tonnes de CO2, soit l’équivalent de seulement dix années d’émissions (37 milliards de tonnes de CO2/an). Or le Sénat autorise finalement les annonceurs à revendiquer la neutralité carbone, et donc promeut le « greenwashing ». Plus grave encore : il ancre, dans l’inconscient collectif, le biais selon lequel la neutralité carbone serait facilement atteignable, sans qu’il soit nécessaire de repenser notre structure socio-économique.

Biosphere : Il est impossible de garantir l’additionnalité des projets, le fait qu’ils n’auraient pas pu voir le jour sans la compensation. Seule une approche macro prenant en compte la statistique globale des émetteurs et récepteurs de CO2 ainsi que de la distribution dans le temps des puits de carbone permettrait de conclure si le système fonctionne ou pas. De toute façon il parait impossible qu’il y ait assez de surface à vocation forestière sans intérêt économique ni écologique pour qu’on puisse fournir massivement de nouveaux puits de carbone ex nihilo.Pour compenser ses émissions de CO2 produites par ses centrales à charbon, l’Allemagne devrait être couverte de forêts et cela ne suffirait pas ! Sur ce blog biosphere, nous condamnons depuis longtemps ce trafic des indulgences à savoir la rémission totale ou partielle devant Dieu de la peine temporelle encourue en raison d’un péché pardonné, ce qui se faisait généralement contre espèces sonnantes et trébuchantes. La forêt devient un alibi qui fait passer au second plan la priorité numéro un, c’est-à-dire la décarbonation de pans entiers de l’économie. Il faut en finir avec la voiture individuelle, l’avion pour touristes, le chauffage à gogo et les énergies fossiles.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

28 mars 2019, Désastre en 2050, neutralité carbone impossible

11 mars 2019, Neutralité carbone en 2050, la volonté de ne rien faire

26 septembre 2018, La comptabilité morale des petits-pas en écologie

8 octobre 2016, Compensation carbone, l’hypocrisie de l’aviation civile

19 janvier 2016, loi sur la biodiversité, la mascarade de la compensation

5 novembre 2013, effet rebond, compensation carbone… hypocrisie morale !

8 janvier 2010, l’illusion de la compensation carbone

30 janvier 2009, CLIMAT, l’illusoire compensation carbone

2 février 2008, compensation carbone ?

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COP26, le pouvoir n’est pas dans la rue !?

La politique, c’est se mettre à l’écoute des groupes de pression et suivre la voie de ceux dont la voix porte. A Glasgow, des milliers de jeunes sont dans la rue pour crier l’urgence climatique. Les slogans sont frappants, « Défendez l’avenir »… « Changeons le système, pas le climat »… « Nos leaders ne montrent pas le chemin, voici à quoi ressemble le leadership, c’est nous, dans la rue ». Mais la voix des industriels qui nous parlent emploi, la voix des consommateurs qui veulent leur bagnole, la voix des électeurs qui votent au plus offrant, tout ce monde à l’ancienne écrase de tout son poids l’écho du monde à venir. Cerise sur le gâteau, les abonnés du MONDE vont dans un sens et en sens contraire :

pm42 : Comme d’habitude, on répète des slogans en faisant semblant de ne pas voir qu’il n’y a aucune proposition concrète derrière. On cherche des boucs émissaires pour ne pas reconnaître que le jour où les populations seront d’accord pour baisser leur niveau de vie massivement, les poules auront des dents. Je précise que je suis persuadé de l’urgence climatique mais je sais aussi à quel point la transition est compliquée et combien les imprécations de Greta & co ne servent à rien d’autre que faire plaisir à des ados attardés.

Julius Puech : Il y a 60 ans que les écolos vous alertent sur les dangers des pollutions, du changement climatique. 60 ans que des mesures auraient du, auraient pu être prises. Mais la droite, bornée dans sa vision productiviste et néolibérale, n’a rien voulu faire. Et ce serait de la faute des jeunes parce que les mesures que vous n’avez pas prises sont devenues urgentes et dures ? Un jour, vos petits enfants vous demanderont : « Tu savais ? Et tu n’as rien fait ? »

lire, avec Greta Thunberg, le bien affronte le mal

arston : Que les jeunes sortent du bla-bla ! Qu’ils renoncent à leurs téléphones portables, leurs ordinateurs, leur Netflix, leurs voyages à l’étranger. Qu’ils se remettent au sport, au travail manuel, au travail de leur prédécesseurs (beaucoup de travail pour des petits salaires). Qu’ils deviennent frugaux pour montrer l’exemple à leurs vilains parents ! Une fois qu’ils auront fait tout cela, on pourra commencer à les prendre en considération, d’ici là…

Noleb : Oui oui c’est ça. Passe ton bac d’abord…

lire, COP25, heureusement qu’il y a Greta

untel : Je ne vois pas une grosse différence entre le blabla des dirigeants et le blablabla des manifestants. Les uns blablatent avec la bouche et les autres avec leurs pieds. A la fin le réchauffement climatique est identique à celui qu’il y aurait eu sans la COP… et sans les manifestations. Un beau discours et une grande manifestation ont le même effet sur le climat qu’une danse de la pluie. Je dirais même que le blablatage pédestre des manifestants et encore moins productif que celui des orateurs à la tribune de la COP.

Franckito : Vous avez raison, untel. Cependant, ce que vous appelez le « blabla pédestre » n’existe que parce que le « blabla » des politiciens le précède. Les pieds des manifestants devraient migrer vers les postérieurs des politiciens, ça ne ferait peut-être pas plus d’effet, mais ça soulagerait.

lire, Greta Thunberg, le climat face aux députés

Jojolama : Les boomers, cette génération égoïste, est celle qui s’est battue lors des printemps de 68, à poser des fleurs dans les canons des fusils de la Garde Nationale, pour la libération des peuples opprimés de l’Est… Quand on voit ce qu’elle est devenue, on frémit de l’avenir de cette génération écolo-woke scotchée à son smartphone…

InfoSapiens : On sait tous ce qui va se passer, mais seuls les enfants osent dire que l’Empereur est nu. Cela rappelle la Conférence de Munich, démission collective des soi-disants « puissants »

lire, CLIMAT, rejoignez Greta Thunberg

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COP26, histoire d’un fiasco programmé

Comment attendre des résultats probant de la COP26 à Glasgow réunissant 196 États quant l’Union européenne à Vingt-Sept pays seulement a été incapable de supprimer le changement d’heure. Votée au Parlement européen en 2019, une directive demandait de faire un choix entre l’heure d’hiver et l’heure d’été avec application en 2021. Malgré l’engouement d’une consultation menée par la Commission européenne en 2018, à laquelle avaient participé 4,8 millions de personnes – dont 84 % favorables à la fin de la bascule –, les gouvernements ne sont toujours pas arrivés à se mettre d’accord à ce jour. C’est pourquoi limiter les émissions de gaz à effet de serre, objet de la concertation internationale dite COP26) se révèle tâche absolument impossible après 26 années de palabres sans conséquences. Voici quelques éléments de réflexion sur les faux-semblants d’une réunion rassemblant des décideurs qui pensent « intérêt national » sans réfléchir un seul instant au sort des générations futures : les acteurs absents ont toujours torts…

COP26 le 1er novembre 2021, le pétrole coulera encore à flot : le premier producteur mondial de pétrole, la compagnie saoudienne Aramco a confirmé son intention d’accroître singulièrement sa production d’or noir. Elle va investir 35 milliards de dollars pour passer sa capacité de 12 à 13 millions de barils par jour. Le monde est encore assoiffé d’huile fossile, et particulièrement en ces temps de pénurie énergétique. Dans le cas de la taxe, l’argent collecté peut être redistribué pour atténuer les effets de coût sur le pouvoir d’achat des ménages, tandis que, dans le cas présent, il ne sert qu’à renflouer les caisses d’oligarchies pétrolières dont les préoccupations sont bien loin de celles qui travaillent les esprits en ce moment, à Glasgow.

COP26 le 2 novembre 2021, toujours plus de déforestation  : Plus d’une centaine de dirigeants de pays représentant plus de 85 % des forêts mondiales ont pris, mardi, l’engagement de mettre un terme à la déforestation et à la dégradation des terres d’ici à 2030. Au-delà des annonces, la façon dont sera mise en œuvre cette déclaration reste encore largement à définir, faisant craindre aux ONG de nouvelles « promesses vides » et une répétition des « échecs des précédents engagements ». Rien de nouveau sous le soleil. Parmi les nombreux sujets traités à la Conférence de Montréal en novembre 2005, la prise en compte de la déforestation pour lutter contre le changement climatique avait été mis sur le devant de la scène. La Papouasie-Nouvelle-Guinée a proposé un document de réflexion sur ce sujet. La déforestation, après la combustion des énergies fossiles, est la 2ème source d’émission anthropique de gaz à effet de serre. Elle représente près de 25 % des émissions, mais n’a pas été prise en compte par le Protocole de Kyoto. Un processus de réflexion a donc été lancé : les différents acteurs feront part de leur point de vue au secrétariat d’ici mars 2006, un rapport sera présenté en 2007. Il faudra en outre s’intéresser à une méthodologie fiable pour comptabiliser les émissions évitées et prendre en compte les impacts sociaux et environnementaux des projets…. En novembre 2021, on en est au même point ! De toutes manières, en 2030 il n’y aura plus rien à couper !

COP26 le 3 novembre 2021, oublions le méthane : Ces rejets anthropiques de ce gaz à effet de serre sont issus de trois secteurs principaux : l’élevage (40 %), les combustibles fossiles (35 %) et les décharges à ciel ouvert dans lesquelles de la matière organique se décompose (20 %). Les pays signataires du« pacte global pour le méthane , s’engagent à réduire d’au moins 30 % d’ici à 2030 les émissions mondiales de méthane par rapport aux niveaux de 2020. La Chine, la Russie et l’Inde, qui pèsent pour un tiers des émissions, ne font pas partie de la nouvelle alliance. En fait, il s’agit d’engagements pour un résultat mondial imaginaire qui n’est pas du tout associé à des actions nationales concrètes. Encore un leurre pour faire croire qu’on fait quelque chose !

COP26 le 4 novembre 2021, on ne prête qu’aux riches : Les pays riches, responsables historiques du changement climatique, n’ont toujours pas tenu leur engagement datant de 2009 de verser annuellement aux États les plus vulnérables 100 milliards de dollars (86 milliards d’euros) à partir de 2020 pour les aider à s’adapter au réchauffement. Une cinquantaine de pays représentant 2 milliards de personnes, rassemblés au sein du Climate Vulnerable Forum (CVF), réclament désormais un « pacte climatique d’urgence ». Notons que le CVF n’est responsable que de 5 % des émissions totales, mais ses membres sont les premiers victimes du réchauffement. Notons que les riches ne donnent jamais d’argent aux pauvres quand ceux-ci n’ont pas de moyens de pression directe à leur disposition. Les 854 millions de personnes sous-alimentées dans le monde en savent déjà quelque chose.

Dans nos archives :

Lire, La honte du pétrole, c’est pas pour demain

Lire, La déforestations est exclue des négociations climatiques (conférence de Montréal, novembre 2005)

COP26, histoire d’un fiasco programmé Lire la suite »

COP26, le choc charbonnier va faire mal

Nous étions en train de brûler nos forêts, (mal)heureusement nous avons exploité le charbon. Le 8 janvier 2018, l’église Saint-Lambert du village d’Immerath en Allemagne a été rasée, pour laisser place à une mine de charbon. #EndCoal, un hashtag qui reste seulement symbolique dans un monde qui a oublié complètement les acteurs absents de nos délibérations actuelles, les générations futures. Le système thermo-industriel résiste à Glasgow, mais ce sont ses derniers souffles avant qu’un choc pétrolier/charbonnier nous amène inéluctablement à la déroute finale.

Cécile Ducourtieux : Le gouvernement britannique, hôte de la 26e conférence sur le climat (COP26), à Glasgow, avait énoncé quatre priorités : « cars, cash, coal, trees » (« voitures, finances, charbon, arbres »). Une quarantaine de pays se sont engagés à abandonner ce minerai pour produire leur électricité, d’ici à 2030 pour les principales puissances économiques, et d’ici à 2040 pour les pays les plus pauvres. Mais les gros consommateurs mondiaux de charbon comme la Chine (50%), l’Inde (11%) ou les Etats-Unis (8%) manquent à l’appel. La Chine s’est certes engagée à ne plus investir dans de nouvelles centrales à l’étranger, mais n’a rien promis pour celles sur son propre territoire. L’Inde génère encore, quant à elle, 70 % de son électricité avec le charbon, et ne s’est pas non plus avancée sur un agenda de sortie, L’Australie, qui produit encore plus de 50 % de son électricité grâce au charbon, continue à ouvrir de nouvelles mines. Selon l’Agence internationale de l’énergie, il faudrait stopper tout nouveau projet d’extraction d’énergies fossiles dès cette année pour espérer tenir l’objectif d’un réchauffement limité à 1,5 °C…

Lire, L’adieu au charbon sera long, trop long

La maison brûle et nous regardons ailleurs ! Notre planète va être à feu et à sang à force de croire que demain sera comme aujourd’hui, avec une abondance énergétique extraordinaire, mais non renouvelable. Nos lendemains seront terribles car nous ne sommes pas préparés collectivement à affronter la descente énergétique. Le choc pétrolier/charbonnier, l’augmentation de prix par suite de la rareté, va faire d’autant plus mal que le réchauffement climatique sera inéluctable. Il faudrait arrêter de raconter des mensonges sous forme de grosses promesses comme à Glasgow, il faudrait « ne plus se menti». Pourtant c’est ce que font encore tous nos dirigeants, par exemple Joe Biden le 31 Octobre au G20 : « L’idée que la Russie et l’Arabie saoudite ne vont pas pomper assez de pétrole pour que les gens puissent avoir de l’essence pour se rendre au travail n’est pas juste. »

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COP26, on s’intéresse enfin au méthane

Le méthane, deuxième gaz à effet de serre en termes d’abondance derrière le dioxyde de carbone (CO2), est responsable d’un quart du réchauffement climatique depuis l’ère préindustrielle. Son potentiel de réchauffement est bien plus élevé que celui du CO2 : 82 fois plus sur un horizon de vingt ans et 29 fois sur cent ans. En outre, il perdure moins longtemps dans l’atmosphère (une dizaine d’années contre des centaines d’années pour le CO2), ce qui signifie qu’une action entreprise maintenant peut avoir un effet de refroidissement presque immédiat sur la température de la Terre. Encore faudrait-il vraiment agir pour cela, ce qui n’est pas le cas !

Audrey Garric : Les émissions de méthane sont à 60 % liées aux activités humaines. Ces rejets anthropiques sont issus de trois secteurs principaux : l’élevage (40 %), les combustibles fossiles (35 %) et les décharges à ciel ouvert dans lesquelles de la matière organique se décompose (20 %). Les pays signataires du« pacte global pour le méthane , s’engagent à réduire d’au moins 30 % d’ici à 2030 les émissions mondiales de méthane par rapport aux niveaux de 2020. La Chine, la Russie et l’Inde, qui pèsent pour un tiers des émissions, ne font pas partie de la nouvelle alliance. En fait, il s’agit d’engagements qui ne sont pas du tout associés à des actions précises.

Pour en savoir plus grâce aux commentaires sur lemonde.fr :

Michel SOURROUILLE : Notons que les pays signataires s’engagent au nom de la planète pour «  réduire les émissions mondiales de méthane ». Il n’y a rien dans cette alliance de volontarisme spécifiquement national qui permette d’arriver à ce résultat mondial. Les diplomates sont très fort pour faire passer des concepts qui ne veulent rien dire, mais qui font croire aux gogos ( cad le peuple) qu’on est en train de faire quelque chose. Le concept de développement « durable » dans les années 1990 n’était qu’un oxymore remplacé par un autre plus tard, la croissance « verte ». Aujourd’hui pour le climat les politiciens ont inventé la neutralité carbone, c’est à dire un jeu de chaises musicales, on brûle du carbone ici, mais on plante des arbres là où on a déjà déforesté. C’est lié au concept sublime de compensation carbone, un gros péché d’un côté, mais on s’offre à tarif réduit la rédemption de l’autre !

Lire, Désastre en 2050, neutralité carbone impossible

Lire, CLIMAT, l’illusoire compensation carbone

Le Dingue : C’est rigolo : on sait déjà tout sur la question du méthane depuis au minimum 15 ans, en particulier le risque de dégazage du permafrost. Et maintenant on dit que sa réduction est la chose à faire en premier car elle offre le meilleur rapport efficacité sur difficulté. Ah ouais mais qu’a-t-on foutu depuis le temps ? Les promesses en grande pompe non accompagnées de plans précis et contraignants ne valent pas un clou.Les COP sont des comédies de boulevard : on joue la même pièce n fois avec toujours autant de succès.

A. Gauthier : Très forts ces politiciens pour s’engager sur des résultats que leurs successeurs seront chargés d’atteindre… ou pas.

A.sousou : Comment le fait que le CH4 perdure bien moins longtemps dans l’atmosphère que le CO2 peut être compatible avec son effet réchauffant 29 fois plus important que celui du CO2 ? Pourriez-vous nous donner une explication complémentaire ? Par avance merci

Fouilla @ sousou : Comme le disait le Capitaine, c’est à la fois très simple et très compliqué: Gros défaut du méthane, à concentration égale il retient beaucoup plus que le CO2 (plus de 100 fois) les infrarouges et contribue donc beaucoup plus au réchauffement. Par contre il a une durée de vie beaucoup plus courte (une grande partie est transformée en CO2 en 12 ans, contre plus de 100 ans pour le CO2). Donc son effet de réchauffement cumulé sur une grande période est proportionnellement moins élevé que sur une courte. Jusqu’il y a peu, on comparait le CO2 avec les autres GES sur 100 ans, cette durée a été sérieusement raccourcie (20 ans?) car dans 100 ans… il sera trop tard…

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COP26, avec quelle pratique journalistique ?

Dans son livre « la fabrique du mensonge », Stéphane Foucart pose le doigt où cela fait mal : « Le système médiatique peut-il cesser d’être le simple relais de l’ignorance construite à dessein par les industriels ? Le plus important des rouages journalistiques à fabriquer de l’ignorance n’est pas le mal-journalisme mais bien plutôt la volonté de neutralité. Il faut confronter les opinions. Le problème est que cette confrontation détruit de la connaissance plus qu’elle n’en crée. » Voici quelques interrogations sur la « neutralité» des journalistes.

Anne Henry-Castelbou : Cent quatre vingt-seize États et l’Union européenne se réunissent à Glasgow au Royaume-Uni du 31 octobre au 12 novembre 2021 pour la 26e Conférence des parties. Objectif : tenter de limiter de le réchauffement climatique à 1,5°C. Dans cet environnement quelque peu anxiogène, entre militantisme et engagement, de nombreux journalistes s’interrogent sur les façons de partager au mieux ce qui se passe durant un tel évènement. Certains prônent – notamment lors des Assises du journalisme à Tours début octobre, le journalisme de solution, ou encore journalisme intégral. Il s’agit de répondre aux cinq questions traditionnelles du journalisme (qui, quoi, où, quand, pourquoi), tout en abordant une sixième : quelles solutions face au problème évoqué ? « On répond à cette sixième question en suivant une démarche scientifique : comment ça fonctionne, quelles sont les preuves, les limites, est-ce duplicable rapidement ? », explique Sophie Roland, journaliste et représentante en France du réseau Solutions Journalism Network. 50 % des Français attendent du journalisme d’être un intermédiaire entre pouvoir et contre-pouvoir, avec une information vérifiée et des solutions préconisées, mais pas de militantisme… Mais qu’attend alors des journalistes la moitié de la population française ? Voici quelques approches sur notre blog biosphere.

Jean-Baptiste Comby : Il y a une logique de censures invisibles pour la plupart des journalistes.

L’écriture journalistique suppose de raconter des histoires afin d’intéresser un public le plus large et diversifié possible. Plus les journalistes parlent du problème climatique, plus ils parlent de ses conséquences au détriment de ses causes et solutions. Cette tendance à illustrer les problèmes plutôt qu’à les expliquer n’est pas neutre, les journalistes évacuent du champ du pensable environnemental la question des relations entre la mécanique capitaliste et la détérioration des écosystèmes.

En matière environnementale, l’univers intellectuel des journalistes est principalement constitué d’ouvrages dits d’expertise. Écrits par des scientifiques ou des ingénieurs, ces textes ne sont pas destinés à expliciter les causes politiques et économiques des problèmes environnementaux. Et lorsqu’ils sont le fait d’économistes, leurs propos et propositions ont pour postulat l’irréductibilité du système capitaliste].

Les journalistes nouent des liens viscéraux avec l’idéologie de l’accumulation illimitée du capital et des profits. Profondément enfouis dans leur for intérieur, les principes capitalistes (rentabilité, concurrence, compétitivité, responsabilité individuelle et « neutralité ») leur apparaissent comme légitimes et incontournables. Tout se passe comme si le capitalisme était le seul régime capable d’améliorer le bien-être général. Aller contre le sens de ce courant idéologique, c’est – pour un journaliste – prendre le risque de se discréditer.

Les nouveaux entrants dans le journalisme environnemental se révèlent moins sensibles aux enjeux politiques de l’écologie que les journalistes ayant délibérément choisi de couvrir ce domaine. Ce faisant, ils se détournent des sources militantes et donc des conceptions non-marchandes du monde. Le bon sens écologique ne semble pas être en mesure de rivaliser avec le bon sens économique. La censure n’est jamais totale mais ils  maintiennent les alternatives aux marges de ce qui est (« sérieusement ») envisageable. Cela permet aux logiques capitalistes d’évoluer en contournant, voire en intégrant la contestation avec des journalistes séduits par le « capitalisme vert ».

S’ils veulent être le « contre-pouvoir » qu’ils prétendent constituer, alors les journalistes doivent avoir le courage de questionner leurs convictions les plus profondes, celles qui les empêchent de voir que d’autres visions du monde existent en dehors de l’étroit moule capitaliste…

Médiacritique(s) : L’immense majorité des journalistes amenés à traiter d’environnement adhère à la doxa du « capitalisme vert » et de la « croissance verte »… Mais la disqualification implicitement contenue dans la façon dont ils dépeignent les modes d’organisation écologique n’est pas intentionnelle. Elle est le fruit du lissage des écoles de journalisme et elle est façonnée à travers un ensemble de relations au sein duquel il est imprudent de contester un modèle qui permet au plus grand nombre d’accéder au confort ou à une espérance de vie plus longue. Si les journalistes relatent les petits désaccords entre experts, ils masquent l’ampleur de leur accord, tacite mais fondamental, sur l’intégration de la contrainte environnementale au logiciel néolibéral. A bien des égards, ne pas remettre en cause l’esprit du capitalisme, c’est le considérer pour acquis et donc prendre parti en sa faveur. Une telle posture vient signaler en creux les faux-semblants de l’objectivité dont se targuent la plupart des journalistes. Sommés d’entretenir de bonnes relations avec les sources officielles, les journalistes se trouvent cantonnés à ce qui est dicible du point de vue des acteurs institutionnels. Ces logiques de censures invisibles sont particulièrement prégnantes en matière d’écologie dans la mesure où la préoccupation environnementale a été stigmatisée : c’est l’utopiste barbu qui erre sur les causses de Larzac. S’ils veulent être le « contre-pouvoir » qu’ils prétendent constituer, alors les journalistes doivent avoir le courage de questionner leurs convictions les plus profondes, celles qui les empêchent de voir que d’autres visions du monde existent en dehors de l’étroit moule capitaliste. N’est-ce pas à ce prix qu’ils pourront penser autrement les causes des problèmes en général et de la destruction de la nature en particulier ? » (Acrimed – janvier/mars 2014)

Jean-Marc Jancovici (mars 2010) : Chers journalistes pas amis, lorsque vous invoquez le droit au débat pour relayer des Allègre et consorts, vous vous trompez : ce que vous réclamez, c’est le droit à l’imposture. Évidemment, le résultat de cette affaire ne sera pas de créer des citoyens plus éclairé, mais un monde plus confus et moins apte à s’organiser. Si vous n’êtes pas légitimes quand vous invitez des imposteurs, pourquoi le faites-vous ? Parce que les bénéfices sont supérieurs aux inconvénients. Les bénéfices, ce sont d’abord l’audience, parce que le lecteur aime bien la polémique et les grandes gueules qui l’alimentent. Un autre bénéfice, et pas des moindres, est que ce comportement est le plus économe en temps pour vous : ne rien comprendre prend moins de temps et demande moins d’efforts que de comprendre. Dès que vous décidez en tant que journalistes d’aller au-delà de ce que publient les revues scientifiques à comité de lecture, vous cessez d’être légitimes. La science a tellement l’habitude de gérer des débats où les gens ne sont pas d’accord entre eux, qu’elle s’est organisée pour que ces débats soient menés là où il faut et comme il faut.

Tout ce qui précède disserte essentiellement sur l’exemple du changement climatique, mais c’est un arbre qui cache une forêt bien plus vaste, celle des journalistes qui entretiennent la confusion du grand public sur des sujets scientifiques majeurs, ce qui inclut en particulier l’approvisionnement futur en pétrole. Comme les ressources naturelles (dont un climat stable fait partie) sont indispensables à la bonne marche de l’économie, priver les électeurs de visibilité sur l’avenir de ces ressources, c’est augmenter la probabilité de ruptures économiques délétères, dont l’histoire nous a montré qu’elles n’étaient généralement pas synonymes de lendemains qui chantent. Et comme ces ruptures économiques ont souvent été suivies de ruptures politiques (dont des dictatures), j’ai une conclusion très surprenante à vous proposer : à chaque fois que vous invitez un écolo-sceptique sur un plateau de télé, vous n’êtes pas seulement des fainéants et des ignorants, mais vous augmentez le risque que nous connaissions la dictature dans pas si longtemps que cela (qui incidemment vous mettra au chômage, parce que la multiplicité des supports médiatiques et la dictature font rarement bon ménage).

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COP26, le bal des hypocrites à Glasgow

Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU : « Pour sauver l’humanité , il est temps de dire : Assez »

Joe Biden, le président américain : « Agir contre le changement climatique est un impératif moral et économique »

Boris Johnson, premier ministre britannique : « L’humanité a longtemps joué la montre sur le climat. Il est minuit moins une sur l’horloge de l’apocalypse. Nous devons agir maintenant »

Narendra Modi, le premier ministre indien : « D’ici à 2070, l’Inde atteindra l’objectif de zéro émission net de carbone »

Mohammed Ben Salmane : « J’annonce aujourd’hui l’objectif zéro émission de l’Arabie saoudite d’ici à 2060 grâce à une stratégie d’économie circulaire du carbone »,

Emmanuel Macron, le président français : « J’appelle les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre à rehausser leur ambition dans les quinze jours de la COP26, pour recrédibiliser notre stratégie de lutte contre le réchauffement »

Les présidents russe et chinois figurent parmi les grands absents à la COP26 !!!

Lire, COP26, technologie ou sobriété partagée ?

Les commentateurs sur lemonde.fr ne sont pas dupes des grandes déclarations :

Michel SOURROUILLE : Greta Thunberg avait moqué et dénoncé les « trente années de bla-bla » sur le climat des dirigeants, les accusant d’avoir « noyé » leurs espoirs dans des « promesses creuses ». Le premier ministre britannique, Boris Johnson, en rajoute dans la langue de bois : «  Il faudra faire des progrès considérables sur le charbon, les voitures, la finance et les arbres ». Ah ! Ah ! Pourtant l’alerte climatique remonte à très longtemps. Temps perdu ne se retrouve pas ! En 1896, le chimiste suédois Svante Arrhenius prévoyait l’augmentation de la température moyenne de la Terre comme conséquence de l’utilisation des combustibles fossiles. Il estimait qu’un doublement de la teneur en gaz carbonique de l’air se traduirait par un réchauffement de la planète de l’ordre de 5 à 6°C. Il était très proche des analyses actuelles du GIEC !

Untel : La COP a un rituel immuable. Elle se déroule toujours en trois temps : des paroles au début, au milieu des paroles et à la fin un discours.

ElGreco : Avec de telles paroles on croirait entendre Dieu… mais nous avons bien compris que ce ne sont que des paroles. Demain ils joueront leur vrai rôle et nous parleront croissance.

Jemedisais : Par un jugement du 3 février 2021, le tribunal administratif de Paris reconnaît l’existence d’un préjudice écologique lié au changement climatique. Il juge que la carence partielle de l’Etat français à respecter les objectifs qu’il s’est fixés en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre engage sa responsabilité. Ça n’empêche pas Macron de donner des leçons.

CG633 : Pour le réchauffement climatique et la sauvegarde de l’humanité, on a de toute façon en France réglé le problème : du nucléaire partout, pour tout le monde, des milliers de petites centrales partout et c’est gagné. On laisse tomber les énergies renouvelables dont personne ne veut et on se met en transition vers les années 60 (1960, pas 2060).

Andrew Brown : Si nous ne nous attaquons pas à la surpopulation, toutes nos actions resteront futiles.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

9 octobre 2021, Climat, inquiétudes bien avant la COP26

18 juin 2021, COP26, en route pour le désastre climatique

13 décembre 2020, Après la COP21, la (dé)route vers la COP26

12 décembre 2020, Après la COP21, la route vers la COP26 (Laurent Fabius)

NB : La COP – acronyme de la « Conférence des parties » – rassemble chaque année depuis 1995 environ 30 000 personnes. La 26e édition, la COP26, a lieu en présence des délégations des 196 Etats (dont 120 chefs d’Etat), de représentants de l’Union européenne, de membres de la société civile (entreprises, ONG, scientifiques, collectivités territoriales, populations autochtones, syndicats) et de journalistes du monde entier.

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CLIMAT : rationnement, alternative d’avenir

Pour atteindre la sobriété énergétique, le rationnement est une alternative d’avenir à la taxe carbone. C’est l’idée que nous relayons sur ce blog depuis 2009.

à lire notre article le plus ancien, carte carbone

Christophe Gay, Claire-Marine Javary et Sylvie Landriève reprennent dans LE MONDE cette solution qui va s’imposer un jour ou l’autre : « Ni les innovations technologiques (voitures électriques, etc.), ni les incitations à utiliser des modes de déplacement « propre » ne parviennent à faire baisser les émissions de CO2 du secteur des transports en France. Le rationnement donne à chaque Français le droit d’émettre la même quantité de CO2, quels que soient ses moyens financiers. Une agence nationale serait en charge de l’allocation des quotas carbone, et chacun disposerait d’une carte personnelle à utiliser lors de ses achats de carburant et de billets d’avion. Chaque Français se verrait attribuer la même quantité de CO2, convertie en litres de carburant. Cette alternative radicale, mais plus juste que la taxe carbone, ouvre aussitôt de nouvelles questions : faudrait-il étendre le rationnement à d’autres domaines de consommation comme le logement ? L’échelle nationale est-elle suffisante ? »

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

7 mai 2021, Planification publique et carte carbone

2 août 2020, Carte carbone, bientôt généralisée à tous (synthèse)

Commentaires sur lemonde.fr :

le sceptique : Arrêtez de rêver à l’égalité par la verdure, les nobles et prélats de l’Ancien Régime étaient totalement bas carbone, ils savaient néanmoins vivre mieux que les gueux.

Michel SOURROUILLE : émissions de gaz à effet de serre. Une action par les prix (la taxe carbone) agit certes sur les comportements, mais elle reste très inégalitaire, qui peut payer en remet une couche. L’autre solution, action sur les quantités, est donc nécessaire. Les moyens d’un rationnement de l’énergie, méthode égalitariste, ont déjà été à l’étude en Angleterre. Un système de carte carbone par personne avait été proposé fin juin 2005 par le ministre de l’environnement E. Morley. Les points carbone de la carte seraient débités chaque fois que son détenteur achèterait des combustibles fossiles, que ce soit pour se chauffer, pour cuisiner, pour se déplacer, pour acheter des engrais…. Il est en effet malheureusement évident qu’une limitation volontaire de ses besoins du type « sobriété énergétique » est illusoire collectivement, il faudra sans nul doute une dose de coercition.

MH : Toute restriction provoque l’apparition d’un marché noir et de trafics juteux. Sans parler de la fraude qui s’en donnera à cœur joie. Gageons que là encore ceux qui seront en capacité d’acheter des quotas carbone supplémentaires tireront leur épingle du jeu. Ajoutons que dans un pays aussi divisé et peu civique que la France (et osons le dire aussi corrompu), ce système va dérailler très rapidement.

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