politique

Écologie, la tentation du sabotage

Si les éco-militants n’ont pas pu accéder à la mégabassine de Sainte-Soline le 25 mars dernier, ils avaient déjà détruit des pompes et tuyaux de réservoirs d’eau lors de précédentes mobilisations. Ailleurs en France, d’autres militants écologistes multiplient des actions directes depuis des mois, qu’il s’agisse de pneus de SUV dégonflés, de trous de golf bouchés au béton, de cimenteries dégradées.

Si elle continue à faire débat, la destruction ou la dégradation de biens matériels au nom de l’urgence environnementale est désormais pratiquée par de nombreux activistes. La légitimité semble de leur côté !

Rémi Barroux et Audrey Garric : Beaucoup ciblent directement ceux qu’ils estiment responsables du désastre écologique : les industries polluantes et les citoyens les plus riches. « Il est légitime de tenter de mettre hors service un système qui nous met en danger, revendique Léa, membre d’Extinction Rebellion (XR). On se réapproprie le droit de se défendre, car l’État ne le fait pas ou, pire, encourage ce système. » Andreas Malm, professeur à l’université de Lund : « Les superyachts, jets privés, SUV, centrales au charbon ou gazoducs tuent des gens », en émettant de grandes quantités de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique. « C’est donc une forme de réduction des dommages et de prévention de la mort que de les détruire » Des divergences demeurent cependant sur l’usage du sabotage et surtout sur sa définition et son périmètre. A Greenpeace, on a déjà réalisé de tels gestes, comme en 2010-2011 quand on avait démonté des rails pour empêcher des trains de matières radioactives de circuler. Nombre de militants préfèrent désormais le terme « désarmement », utilisé par Les Soulèvements de la Terre. Il y a un renversement de la responsabilité : avec le “désarmement”, ce ne sont plus les auteurs de sabotage qui sont hors la loi, mais l’État, les industriels ou les tenants de l’agriculture intensive qu’il faut empêcher de détruire le vivant .

Pour toutes les organisations, la non-violence à l’égard des personnes reste la ligne de conduite partagée.

Le point de vue des écologistes (face à leurs opposants)

Krikri : Lançons un appel à une vraie insurrection : personne ne part en week-end ce week-end, ni lors du week-end de l’Ascension ni lors du week-end de la Pentecôte. Tout le monde reste chez soi ou on prend le train exclusivement. Personne sur les routes. Ça, ça serait une vraie insurrection.

Ben : Et vous croyez ne serait-ce qu’une seconde qu’un tel appel ait la moindre chance d’aboutir à quelque chose de significatif ? Il faut redescendre sur terre et se rendre compte que convaincre nos concitoyens (et souvent nous-même…) est une tâche immense qui prendra du temps. Surtout si on veut le faire en restant dans une démocratie et un pays de liberté.

Krikri @ Ben : Ha ha ha ! J’attendais votre réaction. Donc critiquer Macron, Darmanin, casser du matériel, oui ! Mais prendre de vraies initiatives personnelles demandant un peu de contraintes, non !

Vince : Lorsque l’habitabilité de la terre est menacée, il semblerait assez naturel d’invoquer la légitime défense. Ce grand principe va donc s’opposer à la liberté et aux lois inadaptées compte tenu de la menace sur nos vies et celle des générations futures. Peut-on, parce qu’on en a les moyens, compromettre la survie de ses semblables ? De plus en plus la légitime défense va primer.

PChabert : La violence est l’expression de ceux qui ne parviennent pas à trouver des arguments convaincants pour toucher leurs interlocuteur. Je préférerais qu’ils retravaillent leur argumentaire. Aujourd’hui les écologistes apparaissent comme des Jansénistes qui promettent l’enfer à ceux qui ne les croient pas. Nous partons vers une nouvelle guerre de religion

Débattre et choisir : L’existence de dieu n’est pas prouvée, le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité à cause des humains, si. Les conséquences à venir de ces 2 catastrophes sont également décrites très précisément et se vérifient d’année en année. Si vous cherchez un argument bidon pour justifier votre envie de ne faire aucun effort, cherchez mieux…

Provençal : le fascisme n’est plus d’extrême droite, mais de gauche. Essayer d’imposer ses idées, ou ses fantasmes ce qui pour eux revient au même, par la force est une méthode fasciste.

Sharpy @ Provençal : Le fascisme, puisque le point Godwin est déjà pulvérisé, était dominant en Italie dans les années 30, comme le Nazisme en Allemagne. Consideriez-vous donc que les résistants de ces pays, s’opposant à la volonté majoritaires, étaient les véritables « fascistes », et la majorité dans le droit? Je ne suis pas en train de dire que nous vivons la même chose aujourd’hui, ni même que les actions décrites dans l’article sont nécessairement légitimes. Juste que les mots ont un sens. De même que le mot « fantasme » quand on parle de la crise climatique.

Castanea : 100% légitime parce que VITAL dans le sens le plus absolu et entier du terme. Mille fois hélas mais nos sociétés l’ont bien cherché : on a perdu sur le terrain du TEMPS que l’on ne peut plus rattraper.Personnellement, plus de 30 ans que je hurle dans le désert contre le changement climatique et ses risques et contre la destruction des écosystèmes qui nous portent tous et nous maintiennent en vie. Résultat : +1,2°C et VIème extinction… Tristesse infinie. C’est ce temps perdu qui justifie NECESSAIREMENT, INEVITABLEMENT les sabotages. Ces derniers iront en s’aggravant et il faudra veiller de toutes nos forces à ce que cela ne finisse pas contre les personnes.

baobab dégingandé : Chutt Wutty, Remi Fraisse, Suresh Oraon, Berta Caceres, Samir Flores Soberanes… Entre 2012 et 2021, 1700 militants écologistes ont été tués dans le monde selon Global Witness. Qui est violent ? En 2010, on était à 0,9°C de réchauffement climatique, aujourd’hui on est à 1,1°C. Juste deux dixièmes de degrés de plus et vous voyez la différence (méga-feux, sécheresses, inondations meurtrières…). En 2030, on sera à 1,5°C et ensuite, ce sera 3°C. Qui est violent ?

Vibe : Le problème de fond, c’est l’absence de débouchés significatifs aux revendications écologiques.. revendications qui ne sont pas d’ordre égocentrique ou individualiste (à la différence des intérêts capitalistes) mais liées à la fois à la dette écologique des plus riches et à notre survie. On a affaire à une légitimité suprême. Dans un tel contexte, l’absence de débouchés politiques ne peut conduire qu’à des actions illégales. Pour l’instant ça relève du sabotage.. mais rien ne dit que ça en restera là. Charge aux concernés à se remettre en cause et à évoluer dans le bon sens.

Profdéco : De quelles sanctions sont passibles les politiques de sabotage des conditions de vie sur terre ?

Michel SOURROUILLE : Un commentaire antérieur me parle, « De quelles sanctions sont passibles les politiques de sabotage des conditions de vie sur terre ? ». La réponse pour l’instant est rien ou pas grand chose. La notion de crime écologique commence juste à être abordée. On dirait que l’article 4 de la Charte de l’environnement (28 février 2005) n’existe pas : « Toute personne doit contribuer à la réparation des dommages qu’elle cause à l’environnement, dans les conditions définies par la loi. » Pire, toute action radicale contre les biens qui nuisent au bien commun sont appelées « écoterrorisme » par notre ministre de l’intérieur Darmanin. On dirait que la notion de « crime de terrorisme écologique » (article 421-2 du Code pénal français, loi du 22 juillet 1996) qui se définit comme l’introduction « dans l’atmosphère, sur le sol, dans le sous-sol ou dans les eaux, d’une substance de nature à mettre en péril la santé de l’homme ou des animaux ou le milieu naturel » n’existe pas !

Notre blog biosphere aborde le problème depuis longtemps

crime écologique (2009)

crime écologique, crimes verts, écocide (2011)

« Préjudice écologique », ou plutôt crime écologique (2013)

Crime écolo, difficultés du principe pollueur-payeur (2015)

Réparation des dommages écologiques et chaos législatif (2016)

Crime d’écocide, bientôt la reconnaissance officielle (2017)

Valérie Cabanes, l’écocide est un crime (2022)

en savoir plus sur le concept de sabotage

Cette pratique – dont l’étymologie renvoie aux sabots qui mettaient les machines hors service – s’inscrit dans une longue histoire, qui débute au XVIIIe siècle avec le luddisme. Les artisans s’en prenaient aux métiers à tisser et machine des manufactures qui amenait à la faillite leur activité. Le mot « sabotage » fait ensuite référence aux actes des résistants pour s’opposer aux nazis pendant la seconde guerre mondiale. Désormais, cette action est définie dans le code pénal par « le fait de détruire, détériorer ou détourner tout document, matériel, équipement (…) de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation » En se basant sur cette définition du code pénal, les militants de XR considèrent par exemple qu’asperger de peinture la Fondation Louis Vuitton, comme ils l’ont fait le 1er mai, ne constitue pas un sabotage.

La jurisprudence pourrait évoluer, certains tribunaux reconnaissant parfois l’état de nécessité ou invoquant la liberté d’expression.

 

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Démocratie grâce à des conventions citoyennes

L’accompagnement de la fin de vie est à la croisée de l’intime et du collectif. Tout le monde peut donc avoir son idée sur sa législation, quel point de vue final adopter ? Le pape François a rappelé son espoir de voir en France un débat sur la fin de vie qui « puisse se faire, en vérité, pour accompagner la vie jusqu’à sa fin naturelle ». Comme si le représentant d’une religion avait quelque chose à dire sur une décision politique dans un pays démocratique !

Le 24 octobre 2022, après une audience papale, Emmanuel Macron se confie : « Sur le sujet de la fin de vie, j’ai dit au pape que je n’aimais pas le mot d’euthanasie. Ma mort m’appartient-elle ? C’est une question intimidante, je ne suis pas sûr d’avoir la réponse. » Sur le sujet, la pensée du chef de l’État reste insondable à ce jour, mais il préfère inviter pour en parler les représentants des religions. De toute façon un président de la chose publique n’a pas à imposer son point de vue.

Il nous paraît aussi hallucinant que le gouvernement ménage d’emblée le corps des médecins gagnant leur vie par les soins palliatifs et l’acharnement thérapeutique au détriment des usagers, ceux qui en toute liberté estiment qu’on doit arrêter de les « aider » à survivre. Les députés et sénateurs devraient trancher en dernier ressort, mais adeptes de l’eau tiède et du conservatisme, on ne devrait aboutir qu’à des demi-mesures très loin d’une autorisation du suicide assisté.

Le Comité consultatif national d’éthique a parfaitement démontré au cours de son existence qu’en matière d’éthique tout est relatif car ses propositions sont variables dans le temps et même parfois contradictoires. En 2013, le CCNE avait estimé « dangereux pour la société que des médecins puissent participer à donner la mort ». Pour le CCNE en 2021, la question principale à régler est celle du libre arbitre de la personne qui souhaite mourir : comment lui permettre de prendre une décision de manière éclairée, sans être soumise à la pression médicale ?

L’association ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité) joue son rôle de conseil dans évolution de la loi… depuis des années et des années !

Jean-Luc Godard qui a pratiqué pour lui-même le suicide assisté disait : « Je ne suis pas anxieux de poursuivre à toute force. Si je suis trop malade, je n’ai aucune envie d’être traîné dans une brouette. »

Dans ce maelstrom d’opinions diverses et souvent contradictoires, la Convention citoyenne sur la fin de vie était donc la meilleure façon de délibérer de façon démocratique et en toute transparence.

Jacques Commaille et Stéphanie Lacour : Les prises de parole ont illustré l’ambivalence des pouvoirs publics quant à ce dispositif de convention citoyenne. L’« Innovation démocratique majeure » ne doit pas « se substituer au débat démocratique », selon la première ministre. La présidente de l’Assemblée nationale, questionnée par des citoyens désireux de savoir si leurs travaux sur la fin de vie seraient réellement pris en compte, leur a rappelé qu’ils n’avaient pas « la légitimité de représenter le peuple », laquelle « se gagne par l’élection ». D’autres acteurs politiques expriment même du mépris à l’égard de cette expérience. Alors que les élites consacrées, médecins, juristes, experts, locuteurs officiels de l’éthique ou encore de la morale religieuse, philosophes… s’arrogent le monopole de la formulation de ce qui est socialement désirable, les membres de la convention citoyenne sur la fin de vie ont pourtant démontré que le débat démocratique pouvait être bien plus inclusif.

Le point de vue des écologistes démocrates

Un commentateur sur lemonde.fr reste dubitatif sur la légitimité de telles conventions pour des prises de décisions « directes » : « Comment sont sélectionnés les membres, comment sont-ils informés, etc. Le citoyen que je suis, préfère voter pour son représentant que d’être représenté par un inconnu dont je ne sais rien. »

Nous, nous avons à l’esprit la dernière séance au CESE, au cours de laquelle des citoyens représentatifs  ont lu le manifeste : « Nous sommes 184 citoyennes et citoyens tirés au sort, riches d’une diversité d’origines, d’expériences et d’opinions. Nos constats et nos propositions sont issus d’un exercice collectif et démocratique. Pendant 27 jours, nous avons croisé nos regards et confronté nos points de vue sur l’accompagnement de la fin de vie. Pour en comprendre les enjeux, nous avons aussi entendu et questionné près d’une soixantaine d’experts et de personnalités… Nos travaux achevés sont désormais les vôtres. Ils sont le fruit d’une délibération collective dont nous portons les conclusions au débat public. Concitoyennes, concitoyens, emparez-vous de cette question qui est un enjeu de société majeur. »

Nous retrouvons la même conclusion dans le rapport de 600 pages des 150 citoyen.e.s qui ont réfléchi durant neuf mois dans le cadre de la convention citoyenne pour le climat : « Citoyennes et citoyens de toutes origines et professions, nous sommes représentatifs de la société ; nous avons été sélectionnés par tirage au sort selon une génération aléatoire de numéros de téléphone, sans nous être portés volontaires préalablement. Nous ne sommes pas des experts, la convention citoyenne reconnaît la capacité des citoyens moyens de s’exprimer sur un sujet d’avenir majeur… Ce que nous avons vécu est une véritable prise de conscience de l’urgence climatique… La plupart d’entre nous n’auraient pu imaginer en acceptant de participer à cette convention qu’ils puissent préconiser des mesures qui peuvent sembler extrêmes. »

C’est l’expression renouvelée – par-delà des différences d’opinion et d’ancrages familiaux, sociaux, professionnels, d’appartenance à des cultures locales – d’un même engagement au profit du bien commun, exaltant ainsi les vertus d’une légitimité inscrite dans l’histoire française : celle de la délibération populaire. Si nos parlementaires suivaient de même un stage intensif de formation sur toutes les décisions qu’ils prennent, notre système deviendrait plus « représentatif » !

Nos articles antérieurs sur ce blog biosphere

La volonté du peuple exprimée grâce au tirage au sort (2019)

les leçons à tirer de la Convention Climat (2020)

Parlement godillot et convention citoyenne (2020)

Tout savoir sur la Convention Citoyenne (2021)

Convention sur la fin de vie, le manifeste (2 avril 2023)

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Noël Mamère prend partie pour la castagne

L’ancien maire de Bègles (Gironde) et ex-candidat écolo à la présidentielle de 2002 fait suite, dans une tribune, aux affrontements de Sainte-Soline. Il y dénonce la stigmatisation des militants écologistes et la guerre menée contre eux. Des Internautes s’écharpent, la contre-violence de la génération climat par la violence est-elle légitime ?

Noël Mamère en avril 2022 : La FNSEA vient d’élire à sa présidence le patron d’Avril, puissant groupe agro-industriel international, dont la devise « Servir la terre » sonne comme une provocation. Parce qu’elle se sent trahie, la génération de jeunes militants constate les limites des marches pour le climat et des happenings bon enfant. Elle se contentera de moins en moins de la désobéissance civile non violente, pourtant inscrite dans notre culture politique depuis le XIXe siècle. Pour cette génération, la désobéissance est devenue « résistance », avec tout l’imaginaire qui l’accompagne. Il ne faudra pas s’étonner si certains basculent dans des formes d’activisme incontrôlables.

Les tenants du système thermo-industriel

contre le point de vue des écologistes

walhalla : C’est plutôt les écologistes radicaux qui ont décidé d’une guerre totale contre l’état de droit, non ?

Où atterrir : Euh…de la soupe sur un tableau vitré, des personnes enchaînées aux portes, allongées sur une route…c’est cela la guerre totale? La guerre totale, si on ne fait rien, vous l’aurez et elle sera sans commune mesure: mega-feux, mega-canicules, mefa-sécheresses, mega -empêtes, montées des eaux… Aujourd’hui, on peut éventuellement parler de guerre totale pour la guerre que mène l’humanité contre le vivant et le climat.

Mauvais sang : C’est clair, il s’agit d’une déclaration de guerre totale de la part de Noël Mamere. Il pose ainsi une justification préalable d’actes éco-terroristes à venir. Il fait partie des gens qui perdent régulièrement les élections et ont pourtant décidé d’imposer leur loi au peuple. Ils auront la réponse sans faiblesse d’un état démocratique, avec l’utilisation légitime des forces de l’ordre.

Aelsa : Je suis sidérée par le nombre de commentaires (suivant servilement les éléments de langage gouvernementaux) qui se réfèrent à « l’Etat de droit » ou à la « loi » comme arguments ultimes, après lesquels tout un chacun n’aurait plus qu’à observer un silence quasi religieux. La culture historique la plus sommaire devrait pourtant indiquer que dans certains cas, c’est dans le non-respect d’une loi injuste que réside la défense de l’intérêt commun. A tout le moins doit-on pouvoir débattre sur le fond et non brandir le respect de la loi comme réponse à toute interrogation sur le bien-fondé de certains projets, comme les mégabassines (l’histoire de l’enquête publique est une vaste blague). La loi évolue dans le temps pour suivre ce qu’une nation estime être juste. C’est sur ce point qu’il faut discuter : est-il juste de réserver l’eau (par exemple) à quelques-uns ? Est-il juste de compromettre par la préservation du statu quo la survie d’autres espèces, et de la nôtre ?

Daniel Lattanzio : Cette tribune justifie les exactions à venir, non celles des groupes ultra violents mais des simples militants écologistes persuadés de « défendre l’intérêt général et le bien commun ». J’appelle cela mettre de l’huile sur le feu. Et certains ici disent merci. Irresponsable.

ti Gilou : Merci M. Mamere pour votre tribune. Elle exprime clairement ce que je pense.

PERSPICACE : Dans la mesure où Noël Mamère considère légitime « la désobéissance civile », il en conclût forcément que les écologistes sont au dessus des lois de la République…

Une arlésienne : Comment doit-on faire pour s’opposer à un crime écologique, une fois que l’on a expliqué poliment que ce n’était pas bien, mais qu’on vous a juste envoyé des gendarmes armés d’armes de guerre inconnues dans les démocraties voisines ?

PMF : On s’étonne de l’incapacité des Verts à s’affranchir de cette pensée gauchiste totalement inutile à la cause environnementale. Avec N. Mamère, on se rappelle ici que ça vient de très très loin. Comme une sorte ADN. Aucun risque de mutation, sauf par manipulation génétique.

Fer : Macron et sa bande de thuriféraires vivent encore dans les Trente Glorieuses. C’est leur référence idéologique. Incapables de changer, d’évoluer, d’observer. L’obstination poussée à son paroxysme, par hubris. Nucléaire, agriculture intensive, élevage industriel, chasse pêche traditions, ventes d’armes, autoroutes, aéroports, Jeux Olympiques… C’est effarant d’en être encore là en 2023. Et de stigmatiser tous ceux qui voudraient changer.

-Alazon- Imagine-t-on la même tribune d’un nationaliste ou d’un islamiste ? Il dormirait en prison et les groupuscules auxquels il appartient seraient dissous depuis longtemps. Les appels à l’illégalité et à la violence des écologistes ne doivent plus être tolérés. Ces gens doivent apprendre à respecter les décisions des urnes.

DP4 : Merci M Noël Mamere, en tant qu’agriculteur retraité et après 44 ans dans l’élevage, j’affirme que l’on peut produire sans de mégabassines et que celles-ci ne servent que la volonté d’une minorité de vouloir faire continuer coûte que coûte un système de production obsolète. La FNSEA et ses acolytes coopératives, n’ont jamais défendu la bio, et on même tout fait pour éviter son développement, en canalisant ces marches vers ses structures, et en les étouffants. L’écologisme sera au 21ème siècle ce que le communisme a été au 20ème… un vent de révolte contre un système agro-industriel injuste et aujourd’hui destructeur.

Colette.19 : Merci pour cette tribune. Quant aux « fans » du productivisme, de l’agriculture industrielle (dont l’objectif n’est pas de nourrir les populations mais d’enrichir une minorité), de l’empoisonnement des terres, de l’eau, du vivant …, je plains leur aveuglement, ou leur paresse intellectuelle, ou leur soumission, surtout devant les conséquences de plus en plus désastreuses du réchauffement climatique. La servilité ne fait pas des humains « libres ».

Noël Mamère en novembre 2022 : Dans le cas des bassines, c’est une faute que de jeter en pâture des militants et militantes qui n’ont d’autre souci que de préserver l’avenir de l’humanité. Cette qualification infamante adressée à des militantes et militants qui, dans leur immense majorité, ne font que s’inscrire dans une longue tradition de désobéissance à de grands projets inutiles, a été mûrement réfléchie au sommet de l’État. Avec l’objectif de nous imposer son vocabulaire, relayé par de nombreux médias et réseaux sociaux, pour dicter ses valeurs ! Les tactiques militantes peuvent allier le refus de tout compromis et le recours à des actions illégales pour s’attaquer à des projets jugés nocifs pour le vivant.

Lire aussi, Mamère quitte EELV, les rats veulent diriger la danse (2013)

 

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Andreas Malm, le Karl Marx de l’écologie

Militant trotskiste de la IVe Internationale en Suède, Andreas Malm relie l’écologie au marxisme. En 2009, il commence sa thèse sur le capitalisme fossile. L’idée-force, résumée dans « L’Anthropocène contre l’histoire » : ce n’est pas l’humanité qui est devenue une force géologique, mais le capitalisme fossile qui est né en Angleterre avec la machine à vapeur de James Watt, d’où la préférence d’Andreas Malm pour le mot de « capitalocène ». Andreas Malm participe aux actions de Ende Gelände, ce groupe d’origine allemande capable de s’introduire dans des mines de charbon et de s’allonger sur des voies ferrées transportant du lignite. Sans doute le stade le plus avancé à l’époque de la lutte pour le climat en Europe, mais tout ce qui pouvait être catégorisé comme violence a été scrupuleusement évité.

Le récent livre de Malm tiré de cette expérience. « Comment saboter un pipeline » (2020) marque un tournant. L’activiste et théoricien suédois y affirme que la troisième vague de mobilisation écologiste contre le réchauffement climatique doit en partie rompre avec la non-violence. Andreas Malm invite le mouvement à dépasser le pacifisme et à recourir à l’action violente, non contre les personnes, mais contre les infrastructures du capitalisme fossile. « Nous devons faire de la crise du réchauffement climatique l’occasion d’une révolution », affirme ce théoricien d’un « léninisme écologique », partisan du blocage et du sabotage des infrastructures du « capitalisme fossile ». Mais le livre ne donne pas de leçons de sabotage. Le film du réalisateur Daniel Goldhaber, How to Blow Up a Pipeline, sorti le 7 avril dernier aux Etats-Unis, est bien plus explicite puisqu’il met en scène un groupe de huit jeunes qui décident de faire sauter un oléoduc au Texas.

Andreas Malm : « Mon livre a été publié au bon moment, en 2020. L’idée était dans l’air. La pandémie refluait et le mouvement climatique réfléchissait à l’étape d’après. Dans les milieux écologistes, il était communément admis qu’il fallait essayer quelque chose de différent et de nouveau. Le sabotage pouvait être la nouvelle méthode d’action.. On n’apprend rien sur la façon de saboter un pipeline, mais il s’agit d’une réflexion sur la façon d’agir dans un monde en feu. Le mouvement climat ne doit pas cibler les gens, notamment en essayant de s’en prendre physiquement aux individus qui sont derrière les entreprises de combustibles fossiles. Toute la discussion autour du sabotage dans le mouvement porte exclusivement sur le ciblage de biens, de choses, d’objets inanimés. La tournure que prend la crise climatique est telle qu’il ne reste plus que des options extrêmes. » 

Nicolas Truong : Sainte-Soline, le 25 mars 2023, l’un des plus importants conflits de l’écologie. Sans doute a-t-on assisté à « la première lutte en Europe contre un projet d’adaptation au changement climatique », analyse le théoricien et activiste suédois Andreas Malm. Les guerres du climat ne se déroulent plus uniquement sur les champs de bataille de lointaines nations asséchées ou dans les mers des archipels submergés, elles fracturent désormais le cœur même de nos sociétés. D’un côté, le monde de l’agriculture intensive qui creuse des bassines géantes afin de capter l’eau nécessaire à la production de céréales destinées à l’industrie agroalimentaire. De l’autre, des partisans d’une agriculture paysanne, qu’elle soit d’élevage ou maraîchère. D’un côté, le productivisme et les grandes cultures. De l’autre, la sobriété et l’agroécologie. La matrice : les nouvelles cosmologies, la sensibilité au vivant et la pensée terrestre. La méthode : l’occupation semble plus efficiente que la manifestation. i les Claude Lévi-Strauss d’aujourd’hui conversent avec les zadistes et soutiennent la Terre qui se soulève, c’est parce que la réalité a pris la forme de la radicalité. Elle oblige, comme y invite l’étymologie d’origine latine et la pensée critique, à « saisir les choses à la racine ». C’est pourquoi nous assistons peut-être à la naissance d’une internationale terrestre dont les actions radicales sont autant de manifestes.

le point de vue des écologistes activistes
D’accord avec ces constats, d’accord avec la nécessité de s’orienter vers une radicalité franche et sans concession. 1972 le rapport sur les limites de la croissance, 1974 la candidature de l’écologiste René Dumont à la présidentielle… cela fait 50 ans qu’on se f…. de la g….. des écologistes et de l’impérieuse nécessité de protéger le vivant. L’accumulation scientifique des preuves, la réalité des bouleversement structurels opérés, la pédagogie de la catastrophe … tout cela n’a servi à rien, que ce soit au niveau des gouvernements, des industriels … et au niveau des citoyens bien peu sont prêts à faire des efforts. Or en politique, tout est dans le nombre. Une Greta Thunberg est une jeune Stockholmoise, un million de jeunes, une force avec laquelle compter. Aucun discours ne poussera jamais les classes dirigeantes à agir.

L’idée que la seule manière d’obtenir gain de cause serait la non-violence a été construite par les universitaires. Et il n’y a pas de loi générale disant que dès que vous commencez dans des modes de confrontation plus violents, le mouvement meurt. Les seules questions de fond à se poser sont : s’opposent-elles aux causes de la crise écologique ou l’aggravent-elles ? Est-ce que ces actions sont susceptibles d’être comprises ? Car on ne peut pas envisager un mouvement de masse avec moins de personnes. Mais tout mouvement d’influence structurelle commence par des actes individuels illégaux, condamné par le cadre légal, le gouvernement et la plus grande partie de l’opinion publique à un moment, mais reconnu par la suite comme « ce qu’il fallait faire ». Des cibles choisies avec soin, comme les SUV des plus riches dont on dégonfle les pneus, un aéroport de jets privés ou une usine de ciment, offrent un meilleur potentiel pour que d’autres personnes rejoignent la lutte…

Comme tout consensus nouveau qui demande de repenser notre relation aux autres et au monde (par exemple, la fin de la monarchie, de l’esclavage, de la ségrégation, la mise en place des droits des femmes…), il ne se construira pas sans conflictualité et sans activisme radical. Car des conservatismes puissants sont à l’œuvre, cherchant à tout prix à protéger leurs intérêts. Il s’agit désormais de faire primer l’intérêt de tous les vivants sur celui de quelques-uns.

Nos articles antérieurs sur ce blog biosphere

non-violence, toujours (2008)

Urgence écologique et destructions de biens (2020)

Hymne au sabotage dans Le Guardian (2021)

Faut-il incendier les émetteurs radio/télé ? (2021)

Effondrement en vue, radicalité militante (2022)

Urgence écologique, le rôle de la violence (2023)

Sainte-Soline, halte à la violence d’État (2023)

Le point judiciaire sur la désobéissance écolo (2023)

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Allons plus loin que « La Fresque du climat »

Créée par Cédric Ringenbach en 2015, la Fresque du climat est un atelier ludique et pédagogique d’environ trois heures, au cours duquel le formateur guide les participants dans un jeu de cartes dont l’objectif est de comprendre les causes et les conséquences du dérèglement climatique. Chaque carte incarne un élément du phénomène et doit être placée après les cartes représentant ce qui le cause, et avant celles figurant ses conséquences.

Par exemple la carte « combustion de ressources fossiles » est placée après la carte « activités humaines », mais avant la carte « émissions de gaz à effet de serre ». C’est logique : les activités humaines sont à l’origine de la combustion du gaz, du pétrole et du charbon, cette combustion étant elle-même une cause des émissions de carbone. En une quarantaine de cartes se compose ainsi un panorama du problème climatique – une fresque, donc. Alors qu’un sondage (Ipsos/EDF) publié fin 2022 sur le sujet suggère que 37 % des Français demeurent climato-sceptiques, nul ne saurait contester l’utilité de la Fresque.

Stéphane Foucart : La Fresque n’aborde le réchauffement que sous son aspect technique, elle en fait un problème physico-chimique. Elle invisibilise ses racines politiques et idéologiques et prend ainsi le risque de diffuser, en creux, deux idées dangereuses. La première est celle du caractère performatif du savoir : produire et diffuser de la connaissance sur un problème reviendrait à le résoudre. Cette idée a notamment présidé à la création du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), en 1988… les connaissances accumulées ne se sont pas traduite par une diminution des émissions de gaz à effet de serre. Quant à la seconde, elle fait accroire que, le réchauffement n’ayant pas de racines idéologiques bien identifiées, sa résolution ne tient qu’à une série de mesures techniques. Vouloir explorer les causes profondes du changement climatique, c’est au contraire accepter d’aller bien au-delà des sciences naturelles. C’est accepter de se frotter à des questions politiques, par exemple s’interroger sur les modalités de la création monétaire et du financement des économies, sur la sacralisation du marché et de la croissance, sur la fétichisation de l’innovation technique, sur le mépris de la condition animale, sur le rapport à l’oisiveté, sur la dérive oligarchique du néolibéralisme, sur les effets environnementaux de la différenciation sociale… Le temps n’est plus seulement à expliquer la science du réchauffement, mais à l’action politique.

Le point de vue des anti-écologistes

Morgenstern : Chaque chronique de Stéphane Foucart est une invitation à se désabonner du Monde.

-Alazon- Fait-on des fresques sur la fraude fiscale, sur l’immigration, sur la malnutrition dans le monde, sur le paludisme, qui tue bien plus que le réchauffement pour bien longtemps ? Non, on fait une fresque à forte dimension écolo, mais ça ne suffit pas encore aux écolos qui voudraient que ce soit juste de la propagande !

Jean Kaweskars : Le but de nos écolos pastèque, comme SF, c’est d’imposer par la peur ce qu’ils n’obtiennent pas par les urnes. La transition climatique est une réalité physique que l’humanité réussira par l’innovation, le libéralisme et la croissance économique.

GERONIMO : Si l’on voulait encore une preuve que lutter contre le changement climatique est juste un PRÉTEXTE pour valider un agenda idéologique marxisto-chrétien, on est servi. « Marxiste » parce que l’auteur affirme – sans preuve – que le libéralisme est responsable du réchauffement de la planète (et l’URSS hier ? Et la Chine aujourd’hui ?). « Chrétien » parce que l’idée sous-jacente de cet anti-scientisme, c’est qu’on est forcément COUPABLE et qu’on doit donc « souffrir » et « expier ». Le fait qu’on puisse régler le problème par le progrès scientifique est d’autant plus insupportable qu’il sous-entend que nous pourrions ne pas faire « pénitence ». Sectarisme total.

HoKuToShinken : Dans un régime dictatorial vert, les lois seront neutres, de droite ou de gauche ?

Le point de vue des écologistes

Lecteur Malin : La fresque du climat est le volet 1 de ce programme, le volet 2 est « l’atelier 2 tonnes »… notre chroniqueur , comme les autres participants , y sera mis face à l’inévitable pour arriver à l’objectif : une profonde remise en cause de nos modes de vie. Bref un article incomplet

Michel SOURROUILLE : Stéphane Foucart ne fait qu’illustrer la charte Climat & Environnement du « MONDE » : Le Monde contribue par sa couverture éditoriale et par ses engagements sociétaux d’entreprise à cet objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre…Le Monde informe ses lecteurs sur l’impact de leurs choix de consommation et se donne pour objectif de réduire progressivement la place accordée aux produits et aux loisirs les plus néfastes pour l’environnement… Le Monde se fixe comme objectif de réduire progressivement la part des publicités de produits et activités exclusivement basés sur le recours aux énergies fossiles…

JF112 : Quelle idéologie politique aujourd’hui est vraiment compatible avec l’arrêt total de l’utilisation des hydrocarbures dans les moyens de production. Il est assez clair que dans ces conditions, la retraite à 60 ans, un SMIC à 2000 euros, passer 7 ans à faire des études d’histoire ou de sociologies, la médecine moderne avec scanner et cie, c’est même pas en rêve dans un futur proche.

P.Bizet : Nous sommes trop nombreux sur terre et nos activités, notamment celles des riches (nous, pas seulement les plus riches d’entre nous, nous tous) mènent à une consommation outrancière des ressources terrestres et à une pollution aussi outrancière en plus des émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, chacun d’entre nous peut facilement diviser par 2 ses consommations personnelles, multiplié par les milliards de ‘riches’ cela aurait un effet immédiat bien plus rapide que les changements politiques nécessaires.

Jean Passédé-Mayer : à combien débute le 10% des plus riches responsables de presque 50% des GES au niveau mondial ? Réponse : à environ le Smic français. Morale : faut pas se plaindre, on est de gros privilégiés.

LargoF : Pour vraiment ralentir le système il faudrait avant tout revenir à une taille de population qui était celle du début de l’ère industrielle, en commençant par donner l’exemple dans les pays développés avec une politique volontariste. La baisse naturelle et les petits gestes verts ne seront pas suffisants. Mais ralentir la machine économique qui se nourrit de croissance basée sur la natalité demande une prise de conscience idéologique préalable. L’économie de la décroissance est à inventer et c’est tout à fait faire de la politique.

Allons plus loin que « La Fresque du climat » Lire la suite »

La charte Climat & Environnement du « MONDE »

Depuis quinze années et la création du service Planète, en 2008, la couverture des questions portant sur l’environnement, la surexploitation des ressources et l’urgence climatique s’est considérablement étoffée dans Le Monde. Mais cela ne saurait suffire alors qu’il apparaît que la prise de conscience par une partie de l’opinion publique des dangers qui menacent la planète et la biodiversité peine à se traduire en des mesures concrètes. Le Monde a donc décidé de se doter d’une charte Climat & Environnement qui prend effet immédiatement. Les articles de cette charte insistent sur la nécessité d’un traitement transversal des questions écologiques, environnementales et climatiques, qui irriguent toute la société et toutes les rubriques du journal. Il est évidemment hors de question de les cantonner à la rubrique Planète, bien au contraire.

La charte Climat & Environnement du « MONDE »

L’origine humaine du changement climatique a été démontrée par la communauté scientifique internationale et Le Monde considère que la gravité de la crise écologique actuelle appelle des réponses urgentes…

Le Monde contribue par sa couverture éditoriale et par ses engagements sociétaux d’entreprise à cet objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre…

Le Monde est vigilant et critique vis-à-vis des discours et annonces pouvant relever de l’écoblanchiment (greenwashing)

Le Monde informe ses lecteurs sur l’impact de leurs choix de consommation et se donne pour objectif de réduire progressivement la place accordée aux produits et aux loisirs les plus néfastes pour l’environnement.

Le Monde se réserve le droit de refuser toute publicité comportant un message ambigu sur les questions environnementales…

Le Monde se fixe comme objectif de réduire progressivement la part des publicités de produits et activités exclusivement basés sur le recours aux énergies fossiles.

Le Monde s’engage à porter ses bilans carbone à la connaissance de ses lecteurs et à prendre des objectifs de réduction de son empreinte carbone fréquemment actualisés.

Pour leurs déplacements professionnels, les journalistes évitent dans la mesure du possible les transports les plus polluants, notamment l’avion. Historique de la prise de conscience du MONDE

L’historique à partir des archives de notre blog biosphere

1945-1973 : Les débuts du MONDE en la matière ont été désastreux. Dans son numéro 199 du 8 août 1945, le quotidien annonçait le largage de la première bombe atomique en manchette sur trois colonnes avec, en surtitre, cette formule ingénue et terrible : « Une révolution scientifique » (…) C’est seulement à partir de 1969 que LE MONDE ouvre un dossier « Environnement »… au service de documentation !

1974-1981 : Le premier journaliste dédié à l’écologie, Marc Ambroise-Rendu, est arrivé au MONDE en mars 1974. Son directeur, Jacques Fauvet, n’avait aucune idée de la manière dont il fallait traiter la nouvelle rubrique environnement, mais comme il y avait un ministère du même nom depuis le 7 janvier 1971, un ministre (Robert Poujade), des officines diverses, des salons de l’environnement et des réactions patronales, il fallait « couvrir »…

1981-1988 : L’élection de Mitterrand en 1981 a été un coup d’arrêt à la politique environnementale ; c’est pourquoi, quand Roger Cans reprend la rubrique environnement du MONDE, il se retrouve seul et isolé. L’affaire de Bhopal, cette fuite de gaz mortel qui tue ou blesse des milliers d’habitants d’une grande ville indienne en décembre 1984 ne donne lieu qu’à une brève le premier jour. Et le correspondant à New-Delhi n’ira à Bhopal que plusieurs mois après la catastrophe, lorsque l’affaire deviendra politique…

1998-2011 : Avec l’arrivée à la direction d’Eric Fottorino en juin 2007, LE MONDE mobilise davantage de rédacteurs à la chose environnementale : six ou sept rédacteurs au lieu d’un seul durant la période 1974-1998. A partir du numéro du 23 septembre 2008, une page est consacrée à la Planète, au même titre que les pages International ou France

2012-2013 : Les journalistes écolos du MONDE Marc Ambroise-Rendu, Roger Cans et Hervé Kempf ont témoigné que l’écologie avait pris de l’importance dans ce quotidien de référence. Mais comme il faut préserver les convenances et les recettes publicitaires, LE MONDE cultive encore la croissance, le tout automobile et les néfastes futilités…

Le départ d’Hervé Kempf le 2 septembre 2013 a révélé qu’il valait mieux pour les journalistes environnementalistes ne pas faire de « militantisme ». Le directeur du journal n’hésite pas à lui écrire : « Ce ne sont pas tes compétences qui sont en question, mais un problème d’image : nous tenons à ce que l’approche du journal reste aussi impavide que possible, tout particulièrement dans les pages Planète ». Il s’est fait traité de « chroniqueur engagé » par un directeur de la rédaction, etc. L’environnement gêne dans un journal vendu aux intérêts financiers. Plus que jamais avec la crise de la presse, LE MONDE dépend des recettes publicitaires. La prise de contrôle par MM. Bergé, Niel et Pigasse en 2010 n’avait fait que renforcer ce processus. La parole des écologistes est captive d’un système marchand qui n’a pas encore compris que l’écologie sera la pensée dominante du XXIème siècle.

2014-2019 : Rien n’a changé fondamentalement dans le journal « de référence ». Les crises multiples étouffent toute perception claire de la crise écologique qui va pourtant dans les années prochaines approfondir gravement les crises socio-économiques. Car, comme le disait un jour Stéphane Foucart devant un parterre de journalistes environnementaux : « LE MONDE est un quotidien : par définition le long terme ne vaut donc rien par rapport au court terme. »

14 mai 2019 : Notre blog biosphere a définitivement déménagé des serveurs du monde.fr depuis hier. A ce jour 14 mai 2019, nous ne savons toujours pas pourquoi lemonde.fr a éjecté ses 411 blogs abonnés dont nous faisions partie. Inutile de nous lamenter puisque nous avons immédiatement ressuscité. Notre serveur est dorénavant la « Coopérative d’hébergement numérique » https://ouvaton.coop/. Notre ambition reste la même, développer un regard critique et écolo sur la société thermo-industrielle. Il faut être à la marge pour se sentir libre.

Lire, Notre blog, c’était un regard critique sur le monde.fr

1920-1923 : LE MONDE devient de plus en plus écolo et cette charte du 21 avril 2023 en est la preuve. Mais reste le tabou suprême, ce quotidien exclut encore de parler de surpopulation mondiale, il préfère dénoncer la population carcérale

Les contributions sur lemonde.fr

Benoît Mo : Engagement pris plus de 15 ans après le Guardian…mais bon, on ne va pas bouder son plaisir,

HB78 : Mieux vaut tard que jamais. J’ai souvenir d’avoir, au ministère chargé du développement durable, d’avoir accompagné des secteurs professionnels sur de telles chartes à la fin des années 2000 – début des années 2010.

Pavédelenfer : « Il n’est pas question pour notre journal de se transformer un média militant – ce serait aller contre notre conception du journalisme » Meuh non à part les 627 articles woke tout va bien.

Crocus : Ce journal appartenant à un empereur des centrales à charbon, je comprends qu’ils tentent une entreprise d’expiation.

Mirabelle : Dorénavant, les pages Economie et Voyage (par exemple) seront donc cohérentes avec les pages Planète et prendront donc en compte le dérèglement climatique, la finitude des ressources et l’extinction du vivant ? On s’en réjouit d’avance et on attend cela avec impatience.

LeChapelierFou : On est impatients de voir le résultat. Ça va effectivement être très drôle, la manifestation de la dissonance cognitive

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Les journées mondiales pour changer le monde ?

Le 8 juin c’est la journée mondiale pour l’Océan, le 22 juillet la journée internationale contre les projets miniers , le 4 octobre la journée mondiale pour les animaux, le 31 janvier la journée mondiale pour l’abolition de la viande, le 1er février la journée mondiale des zones humides (pas de sous-entendu s’il vous plaît), le 25 mars la journée internationale anti-pub, le 22 mai la Journée Internationale de la Biodiversité, la journée sans voiture qui devrait se fêter tous les jours, et il y a même les six journées de la Genèse, ce qui, en fait s’est passé en quatre milliards d’années.

Et puis il y a tous les 22 avril, aujourd’hui depuis 1970, la célébrissime Journée de la Terre nourricière (Earth Day), une fête célébrée aux États-Unis en commémoration de la création du mouvement environnementaliste. Même le gouvernement français participe, mais de très loin, à cette journée avec le slogan « passez devant, on vous rejoindra… peut-être ».

https://www.gouvernement.fr/journee-de-la-terre-chacun-peut-faire-une-action-pour-la-planete

Notre blog biosphere en rajoute une couche depuis l’an dernier

22 avril 2022, Journée de la Terre

Il y a même un site uniquement consacrée à cette journée (« faites un don » est bien mis en évidence)

https://jourdelaterre.org/

‘Il paraît qu’aujourd’hui, plus d’un milliard de personnes dans 193 pays passent à l’action chaque année dans le cadre du Jour de la Terre », enfin c’est ce qu’ils disent.

L’ONU ne pouvait être en reste, son site :

https://www.un.org/fr/observances/earth-day

« L’expression « Terre nourricière » est couramment utilisée dans de nombreux pays et régions pour désigner la planète Terre. Elle illustre l’interdépendance qui existe entre l’être humain, les autres espèces vivantes et la planète sur laquelle nous vivons tous… »

C’est bien dit, mais ça ne va pas plus loin. Ah, excusez, l’ONU multiplie ces commémorations : « Chaque journée internationale représente une occasion d’informer le public sur des thèmes liés à des enjeux majeurs comme les droits fondamentaux, le développement durable ou la santé. Ces journées permettent au système des Nations Unies, aux pouvoir publics et à la société civile d’organiser des activités de sensibilisation et de mobiliser des ressources. » 

Voilà la liste complète pour ne rien perdre des enjeux cruciaux qui perdurent

04 Jan. Journée mondiale du braille (A/RES/73/161)

24 Jan.Journée internationale de l’éducation (A/RES/73/25)

27 Jan.Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste (A/RES/60/7)

01 Feb.Semaine mondiale de l’harmonie interconfessionnelle (première semaine de février) (A/RES/65/5)

02 Feb.Journée mondiale des zones humides (A/RES/75/317)

04 Feb.Journée internationale de la fraternité humaine (A/RES/75/200)

06 Feb.Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines (A/RES/67/146)

10 Feb.Journée internationale des légumineuses (A/RES/73/251)

11 Feb.Journée internationale des femmes et des filles de science (A/RES/70/212)

12 Feb.Journée internationale pour la prévention de l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme (A/RES/77/243)

13 Feb.Journée mondiale de la radio (A/RES/67/124)

20 Feb.Journée mondiale de la justice sociale (A/RES/62/10

21 Feb.Journée internationale de la langue maternelle (A/RES/56/262)

01 Mar.Journée mondiale des herbiers marins (A/RES/76/265)

01 Mar.Journée « Zéro discrimination »

03 Mar.Journée mondiale de la vie sauvage (A/RES/68/205)

05 Mar.Journée internationale de sensibilisation au désarmement et à la non-prolifération (A/RES/77/51)

08 Mar.Journée internationale des femmes

10 Mar.Journée internationale des femmes juges

15 Mar.Journée internationale de lutte contre l’islamophobie (A/RES/76/254)

20 Mar.Journée internationale du bonheur (A/RES/66/281)

21 Mar.Journée internationale des forêts (A/RES/67/200)

21 Mar.Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale (A/RES/2142 (XXI))

22 Mar.Journée mondiale de l’eau (A/RES/47/193)

23 Mar.Journée météorologique mondiale (WMO/EC-XII/Res.6)

24 Mar.Journée internationale pour le droit à la vérité en ce qui concerne les violations flagrantes des droits de l’homme et pour la dignité des victimes (A/RES/65/196)

25 Mar.Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves (A/RES/62/122)

30 Mar.Journée internationale du zéro déchet (A/RES/77/161)

02 Apr.Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme (A/RES/62/139)

04 Apr.Journée internationale pour la sensibilisation aux mines et l’assistance à la lutte antimines (A/RES/60/97)

05 Apr.Journée internationale de la conscience (A/RES/73/329)

06 Apr.Journée internationale du sport au service du développement et de la paix (A/RES/67/296)

07 Apr.Journée mondiale de la santé (WHA/A.2/Res.35)

12 Apr.Journée internationale du vol spatial habité (A/RES/65/271)

14 Apr.Journée mondiale de la maladie de Chagas

20 Apr.Journée de la langue chinoise (2017)

21 Apr.Journée mondiale de la créativité et de l’innovation (A/RES/71/284)

22 Apr.Journée internationale de la Terre nourricière (A/RES/63/278)

Oh, et puis on en a marre de toutes ces journées inutiles, allez voir le reste de l’année si ça vous chante :

https://www.un.org/fr/observances/list-days-weeks

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Projet de l’écologiste Marine Le Pen

L’ENVIRONNEMENT POUR UNE ÉCOLOGIE FRANÇAISE

Un programme de 18 pages « pour la France » dont nous vous avons sélectionné les meilleurs moments !

D’abord les considérations rigolotes d’apprentis écolos

Nous pratiquerons, dans tous les domaines, une écologie positive, notre projet tourne la page de l’écologie punitive… L’urgence est de rompre avec une écologie dévoyée par un terrorisme climatique… Nous sortirons du « Green deal » et de l’enfer administratif qu’il impose aux petites entreprises sous le nom de « taxonomie » au profit d’un plan d’autonomie stratégique fondé sur le développement durable… La France n’a pas à sacrifier le bien-être de sa population pour corriger les erreurs ou les abus des autres pays !… L’impasse énergétique provoquée par la préférence irrationnelle pour les énergies renouvelables provoque la précarité énergétique de millions de ménages… Les Français pourront continuer à sortir leur famille en voiture, à prendre des bains chauds, à apprécier le feu de bois dans la cheminée et à fêter Noël ! Tous les discours qui font de chacun un coupable quand il prend sa voiture, fait couler un bain chaud ou mange une entrecôte, ont pour seule fonction de ne pas mettre en question le système du libre-échange… Nous devons inventer, innover, transformer ! Ce n’est pas la croissance qui doit s’arrêter, c’est le contenu de la croissance qui doit changer…

Le localisme résume ce mouvement qui rend la primauté au proche, au commun, et à l’unité… Ce sont les populations unies par la longue durée de présence sur un territoire qui peuvent revendiquer leur complicité avec la nature…. Nous prononcerons un moratoire sur l’éolien et le solaire ; pour l’éolien, nous lancerons le démantèlement progressif des sites en commençant par ceux qui arrivent en fin de vie… Afin de produire une électricité décarbonée, nous procéderons au développement des énergies renouvelables et à la relance du nucléaire (mise en chantier de réacteurs de 4e génération et microcentrales), et de la filière hydrogène… Nous ferons étudier la construction de centrales de désalinisation dans les zones les plus exposées à la sécheresse… Par la détaxation partielle de l’impôt sur les carburants ( TVA réduite de 20 % à 5.5 %), nous engagerons la baisse du prix de l’énergie… Grâce au nucléaire, nous renforcerons le réseau de distribution électrique actuel pour répondre aux besoins des véhicules électriques…

Et puis il y a quelques suggestions d’un bon sens très écolo

Nous engagerons la simplification réglementaire en faveur des PME, des indépendants, des commerçants… Plus aucun bien d’usage en vente qui ne soit réparable… Le tri et le retraitement des déchets seront traités comme une ressource stratégique, visant à l’autonomie de la France… La publicité pour les produits alimentaires saturés de graisses et de sucres ajoutés sera limitée…

Dès l’école primaire, les enfants doivent apprendre qu’ils sont partie d’un écosystème, comme les plantes, les arbres, les animaux et les micro-organismes qui font la vie. Le contact direct avec le vivant les aidera à sortir de la privation sensorielle imposée par les écrans et le numérique… Nous lancerons un cycle complet de formation pour tous les membres de la fonction publique, formation à la transition écologique, à la protection du cadre de vie et de la biodiversité… L’écologie est incompatible avec la croissance illimitée des quantités, au détriment de la qualité.

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Pour résister à l’agression publicitaire

RAP@Toile N°177 – avril 2023

 Publicité lumineuse : la minorité présidentielle fait barrage contre son interdiction

Le 28 mars, la commission développement durable débattait de la proposition de loi de Delphine Batho visant à interdire la publicité lumineuse et numérique. Cette mesure fait assez largement consensus dans la population comme le montre un sondage BVA pour Greenpeace France ou notre récente pétition qui, a l’heure actuelle, a recueilli plus de 67 000 signatures. Les député·es Renaissance, Les Républicains et Rassemblement National ont pourtant fait barrage commun en reprenant les éléments de langage du lobby des afficheurs. La proposition de loi étant vidée de son sens, Delphine Batho l’a retirée.

Lire notre analyse

Comme lors du précédent quinquennat, notamment lors des travaux de la Convention citoyenne pour le climat, la minorité présidentielle, ici alliée à la droite et l’extrême-droite, a donc confirmé son refus d’agir pour réduire les pollutions, contre l’avis de la population, au seul profit des publicitaires et de leur monde.

Lire la tribune interassociative

Baromètre : Les français·es souhaitent interdire la publicité pour les aliments les plus nocifs

R.A.P. fait partie des 39 organisations appelant à une Stratégie Nationale pour l’Alimentation, la Nutrition et le Climat. La publicité pour des aliments nocifs pour la santé et le climat entretient un modèle alimentaire dépassé et dangereux. L’Etat doit prendre ses responsabilités et interdire ces publicités. 83% des Français l’attendent des pouvoirs publics selon un baromètre d’Harris Interactive et le Réseau Action Climat publié ce 04 avril.

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Sobriété énergétique : de la soupe plutôt que des publicités lumineuses !

Ce 27 mars 2023, 18 membres du collectif Stop pub Pays Basque Adour ont détourné l’électricité d’un panneau publicitaire lumineux pour faire chauffer une soupe qui a été distribuée aux passants à Bayonne. Ils réclament que l’énergie soit réservée pour les besoins essentiels de la population et appellent les habitants à signer une pétition demandant l’interdiction de la publicité lumineuse.

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Actualités publicitaires

Lien vers les Actualités publicitaires 79 des mois d’octobre à novembre 2022, articles issus de notre veille sur le sujet de la publicité.

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L’écologie, impensé du Rassemblement National

Ce parti d’extrême droite fait bloc avec la FNSEA et oppose la ruralité aux « talibans de la verdure », comme Marine Le Pen appelait les écologistes durant sa campagne présidentielle de 2022. En matière de sécheresse, son programme incluait eulement « un plan de rénovation du réseau de distribution de l’eau [et l’étude de] la construction de centrales de désalinisation dans les zones les plus exposées à la sécheresse ». Voici ce que pensent aujourd’hui les élus du RN, propos rassemblés par Clément Guillou.

Christophe Barthès, député Rassemblement national (RN) de l’Aude : « Il faudrait être idiot pour voir qu’il n’y a pas de changement climatique. Mais est-ce l’effet de l’homme ? Peut-être que oui, peut-être que non… Est-ce que la sécheresse s’installe ou est-ce que ce sont des cycles ? Si vous le dites, vous passez pour un climatosceptique… Il y a longtemps, on a déjà eu de grosses inondations : ça marche par cycles. La chaleur, c’est peut-être pareil… On ne peut pas nier que le changement climatique est là, mais pour combien de temps ? Je ne sais pas. Peut-être que plus tard, pendant dix ans, il pleuvra tous les jours ? Moi, je ne suis pas expert… Il y a quand même des scientifiques qui disent que l’homme n’y est pour rien, mais est-ce qu’on leur laisse la parole ?… Mon grand-père disait qu’au temps des rois ils étaient en chemise, même en hiver. Il faisait déjà chaud, pourtant il n’y avait pas d’industrie ou de voitures pour changer le climat. »

Edwige Diaz, députée RN de Gironde : « On fait porter toute la responsabilité de la gestion de l’eau aux agriculteurs, qui vont, une fois de plus, être stigmatisés… Il faut lire avec attention le rapport du GIEC [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat], mais ce n’est pas notre livre de chevet… On ne va pas tomber dans le catastrophisme. Sinon, cela paralyse le pays.  ».

Jérôme Buisson, député RN de la 4ème circonscription de l’Ain ·: « Je ne conteste pas le GIEC, mais j’ai quand même un doute. » Et de citer un ancien militaire, autoproclamé chercheur indépendant, affirmant que les sécheresses provoquent le dérèglement climatique, et non l’inverse… Pour lui, les prévisions du GIEC ne sont que des « opinions ». Il ajoute : « C’est vrai qu’il y a un principe de réalité avec le réchauffement climatique. On a mis du temps, car cela ne servait pas notre projet politique. C’est comme un homme de gauche à qui vous montrez les chiffres de l’immigration : il préférera regarder ailleurs. »

Louis Aliot, vice-président du RN et maire d’une grande ville RN, Perpignan : « Si on s’y était mis plus tôt, cela n’aurait rien changé. Ce n’est pas nous, Français, qui allons inverser les tendances lourdes prises par d’autres pays. »

Frédéric Falcon, député RN de l’Aude : « Il ne faut pas que l’expertise confisque le pouvoir au peuple, ce qui se passe parfois avec le macronisme… Je n’aime pas trop le mot “expert”. Je suis davantage pour le bon sens de l’agriculteur, qui peut aussi apporter des solutions. » Comme d’autres députés RN, M. Falcon prône la multiplication des retenues d’eau.

Frédéric Boccaletti, député RN dans la 7ᵉ circonscription du Var : « On peut conseiller mais pas contraindre. »

Anaïs Sabatini, députée RN des Pyrénées-Orientales, réclame la suppression des subventions à France Nature Environnement, coupable d’avoir obtenu en justice le rétablissement du débit minimum légal dans le fleuve Têt, au détriment de l’irrigation agricole.

Le point de vue des écologistes non encartés au RN

Wolfgang Ludwig, géochimiste : Nous avons présenté les résultats du GIEC dans des réunions, invité des gestionnaires territoriaux. Souvent, leur réaction est de dire : “Il doit y avoir une erreur.” Comme les solutions faciles existent de moins en moins, le déni devient la seule stratégie de survie politique. S’ils disent la vérité, ils n’ont aucune chance d’être réélus. »

Arbacèles : Le bon sens paysan, voilà un concept assez cocasse… comme tout individu, les paysans savent très bien gérer leur quotidien et la saisonnalité quand elle est stable. Quand rien n’est stable, que les hivers sont secs, les étés caniculaires, les pluies changeantes, le paysan, comme tout un chacun, ne sait pas et ne peux pas gérer !

Mementomori : Notons que le RN est en train d’adopter le programme néolibéral et techniciste de la Macronie, ce qui, en somme, n’est qu’une deuxième étape, à peine plus convaincante, vers l’ignorance et l’inconséquence. Oui, les évolutions climatiques rapides imposent des changements sociétaux radicaux. L’ignorer c’est perdre un peu temps précieux et insulter les futures générations.

F.lier : Le RN, une réalité partisane ! Le RN, un agrégat politique qui est plus lié à la colère de ses membres qu’à un véritable projet politique !! C’est quoi leur idéal d’ailleurs ? Vivre entre Français de souche sous les nuages toxiques des usines et bateaux, voitures, multiplier les parkings ? Renforcer les castes ?

Michel SOURROUILLE : Interrogée par terraeco en mars 2012, Marine Le Pen exprimait le fond de la pensée du FN. Selon vous, les changements climatiques n’existent pas ? « Je ne suis pas sûre que l’activité humaine soit l’origine principale de ce phénomène. » Vous remettez en cause les conclusions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat ? « Ce ne sont pas les travaux du GIEC qui peuvent établir avec certitude que l’homme est la cause du changement climatique. Mon père m’expliquait quand j’étais petite que le Sahara gagnait déjà un kilomètre par an ». Vous allez recruter Claude Allègre ? « Pourquoi pas ! Le GIEC, ce sont les prêtres et les évêques du changement climatique. » Parlons agriculture ? « Le bio est une dictature, avec des histoires de gros sous enrobées dans des bons sentiments. »

Zélie : Louis Aliot avait annoncé la tenue d’une procession religieuse pour réclamer le retour de l’eau. « Le soir de la procession, il a plu sur Perpignan », s’exclame Louis Aliot. Ce qu’Aliot a omis de dire, c’est que le jour de la procession, la météo avait prévu de la pluie. Le pouvoir de Saint-Gauderique n’allant pas jusqu’à contrecarrer l’atmosphère et ses courants, il a plu, comme prévu ! On pourrait en rire, mais ce n’est pas très drôle. Que les élus de l’Aude et des Pyrénées-Orientales (j’y habite), départements qui connaissent dès maintenant une sécheresse sidérante, en soient à ce niveau d’âneries et de déni, alors qu’ils devraient être les derniers à pouvoir le faire, donne une idée assez terrifiante de ce qui nous attend tous si le FN passe aux prochaines présidentielles. C’est ça, le FN, qu’on se le dise.

Zenith : Gouverner c’est prévoir. Prévoir c’est d’abord avoir un diagnostic éclairé, et ne pas s’en remettre aux croyances. Peux-on mettre notre destin commun dans les mains du FN ?

On peut rêver : Quand on est populiste, on est pt à affirmer n’importe quoi pour flatter de potentiels électeurs.

Damien16 : Le RN et LFI n’ont jamais eu l’intention de regarder la vérité en face et de faire des propositions crédibles, leur seule ambition est de dire ce qu’ils pensent que les gens ont envie d’entendre. On leur donne tellement la parole, qu’on en arrive bientôt à la moitié des français qui sont prêts à les suivre. Alors OK, on n’est pas les seuls, TRUMP ou BOLSONARO, voire BOJO ont aussi réussi à se faire élire, et n’ont pas été loin de repasser. Mais j‘ai une nouvelle encore plus mauvaise. le climat change, et ça ne va pas s’arranger.

Le paraméen : Et oui le principe de réalité va s’imposer. De gré ou de force ! L’ Histoire condamnera les partis de droite et d’extrême droite (j’ajouterai le PC productiviste) qui par déni, par aveuglement idéologique refusent de voir la réalité en face. En espérant que les électeurs se souviendront de ces négationistes du réchauffement climatique et de ses conséquences. Quant à l’inaction de ce gouvernement et des précédents depuis Chirac elle est devenue aujourd’hui criminelle. Heureusement il reste les cierges, les processions et les prières pour régler cette question existentielle !

Nos articles antérieurs sur ce blog biosphere

L’écologie vert de gris de Marine Le Pen (mars 2021)

Marine Le Pen, l’écologie à la hache (mars 2012)

Marine Le Pen est-elle écolo ? (janvier 2011)

L’écologie, impensé du Rassemblement National Lire la suite »

Quota de carbone par personne, l’inéluctable

Yves Cochet : « Pour dépasser la contradiction entre « gilets jaunes » et taxe sur les carburants, nous proposons la « carte carbone ». Elle se déploie ainsi : chaque habitant de la France reçoit un quota annuel de droits d’émissions de CO2 qui encadre toute consommation d’énergie (pétrole, gaz, charbon, électricité…). Si, par exemple, vous voulez faire le plein dans une station-service, vous payez le carburant en euros et votre carte carbone à puce est également décrémentée des droits d’émissions correspondant à la quantité de carburant que vous avez achetée. (LE MONDE du 12 février 2019, Mon idée pour la France : « Une carte carbone plutôt qu’une taxe carbone »)

Nabil Wakim : « Des gens défendent depuis de nombreuses années la mise en place d’un « compte carbone ». L’idée est notamment portée par l’association « compte carbone » . Elle n’est soutenue par aucun parti politique représenté à l’Assemblée, mais quelques députés, comme Delphine Batho (Génération écologie), François Ruffin (LFI) ou Jean-Marc Fiévet (Renaissance) se sont prononcés pour ce principe, sans pour autant adhérer totalement au concept. Il s’agit d’attribuer à chaque personne un quota de carbone à consommer au cours de l’année. Chaque année, la quantité de carbone distribuée baisserait de 6 % pour permettre d’atteindre les objectifs climatiques de la France. Concrètement, cela revient à créer une deuxième monnaie : le carbone. En plus de payer en euros pour acheter une voiture, par exemple, je dépense en même temps une partie de mon portefeuille carbone, qui correspond aux émissions de gaz à effet de serre nécessaires pour produire la voiture et l’amener jusqu’à moi. Si je n’ai plus de monnaie carbone, je peux en racheter à d’autres – ou dans une bourse d’échange. Les plus riches pourront donc racheter aux plus modestes des quotas carbones. Elle est plus juste que la taxe carbone  puisqu’elle prend en compte les inégalités : ce sont les plus fortunés qui devront d’abord changer de mode de vie

Mais comment imposer un tel mécanisme de rationnement ? est-ce que ce compte carbone ne met pas la pression sur les seuls individus plutôt que de promouvoir des changements collectifs ? Je ne suis pas sûr d’avoir les réponses à ces questions, mais je trouve intéressant d’ouvrir le débat ! »

Le point de vue des écologistes perspicaces

Ginkgo_Biloba : Quand je pense qu’au Monde on récuse l’expression « Ecologie punitive »….

Ra00f : Le soucis étant qu’on n’a toujours pas compris quelles mesures « écologiques » efficaces aux horizons de temps nécessaires, ne sont pas largement considérées comme punitives.

Ours : Il y a 3 façons de contraindre à la réduction des émissions de CO2 : * L’interdiction – ou la norme, bête et brutale. * La taxe carbone socialement injuste et qui préserve le gaspillage des plus riches. * Le quota, juste, équitable et socialement très acceptable (il bénéficie aux plus pauvres). La mise en place des quotas est => Démocratique sous réserve d’un vrai débat. => Relativement facile à mettre en place. Les banques savent parfaitement gérer une double comptabilité (euros + points de fidélité). Le quota carbone n’est pas plus liberticide que le compte en euros ! Dans un premier temps, il n’est pas nécessaire de TOUT comptabiliser mais seulement les postes importants et discriminants (carburant, avion, électricité, viande…). Les transports publics seraient alors exclus, au moins dans un premier temps. => permet de choisir avion ou chauffage

Eric.Jean : Ce genre de proposition a un nom, les tickets de rationnement. Avec son corollaire inévitable, le marché noir. L’histoire est un éternel recommencement.

Michel Brunet : Dans ce cas on rentrerait dans le « dur » des « vraies mesures écologiques » pour diminuer nos émissions de GES, mesures que n’abordent jamais les articles de ce journal qui dénoncent à l’envie « l’inaction » de nos gouvernements passés et futurs en la matière. Et là on voit que les « démocraties » ont un sérieux problème pour faire passer « l’acceptabilité » de « mesures contraignantes et liberticides ». La « démagogie » régnante des partis politiques pour se faire élire me laisse très perplexe sur l’instauration d’un quota carbone par personne. Et ce n’est pas la bronca actuelle contre la réformette des retraites qui me feront dire le contraire…

Mustafa : Quoi qu’il en soit du débat, il faudra bien que les gens se rendent compte que le réchauffement climatique n’est PAS démocratique, et que ce n’est pas en essayant de rester juste et contenter tout le monde que l’on va s’en sortir. Il va falloir que les gouvernements osent, en effet, être totalitaires, comme dans une guerre. Ceux qui pensent ici que l’on va pouvoir faire des compromis entre notre niveau de vie et la réalité physique du réchauffement se trompent complètement. Ce réchauffement est mû par les lois de la physique, et par essence, les lois de la physique sont totalitaires. Allons-nous plier les lois de la réalité à nos désirs, parce qu’il ne faut pas créer d’inégalités ? On peut essayer, mais je laisse à chacun le loisir de réfléchir au succès d’une telle démarche.

Sebastiannowenstein : Il faut doubler la carte carbone d’un système fiscal confiscatoire au-delà de, disons, 3000 euros par mois. Il est probable, en effet, que toutes les activités humaines impliquant une dépense mensuelle supérieure à une certaine somme soient insoutenables. Il faudrait aussi moduler : il faut rendre le tourisme en avion impossible, mais permettre aux familles de se rencontrer. Le fait d’avoir des enfants ou des petits-enfants à l’étranger devrait s’accompagner d’un quota plus important. Il reste qu’il serait plus facile techniquement de limiter le revenu par habitant. Cela permettrait d’éviter la mise en place d’une bureaucratie et d’un contrôle excessifs. En réalité, de nombreux problèmes de notre société sont causés par la concentration absurde de la richesse que nous tolérons.

Fouilla : Il est pourtant évident que TOUS les déplacements longue distance devront être massivement réduits, y compris vers les DOM. On y réfléchira à 2 fois avant d’accepter un boulot de l’autre coté de l’océan.

1984 is coming : oui malheureusement il faut en arriver là. Au moins pour les nantis pollueurs. Quand 1% des plus riches mettent en danger la vie de milliards de personnes plus pauvres par leur mode de vie et leurs actions, c’est malheureusement indispensable. C’est ça ou Mad Max, vous avez une préférence ?

Rodgeur : On y arrive petit à petit. Ils ont déjà testé le principe avec le passé vaccinal. Les gens étaient bien contents d’afficher leur QR code pour montrer qu’ils étaient de bons citoyens. Les moutons sont contents.

Alain tossa : Est ce que si on ne fait pas d’enfant on a un quota carbone qui augmente par rapport à ceux qui en font? Après tout faire des enfants met du co2 dans l’atmosphère.

The GonZo Man : Et si on a dépassé son quota de carbone, avons-nous encore le droit de mourir ?

Klaatu Vanuatu : Oui mais pas à l’incinération, ou alors seulement au biogaz.

FJAG : A quoi bon si 3 milliards d’indien et de chinois ne l’acceptent pas?

Gloubigloups :Il faut avoir le courage d’ouvrir la voie

Le débat carboné sur notre blog biosphere

2003-2022, tout savoir sur la taxe carbone

Yves Cochet : carte carbone mieux que taxe carbone

Planification publique et carte carbone

Carte carbone, bientôt généralisée à tous

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Eva Illouz, les émotions contre la démocratie

Les êtres humains sont capables de s’ajuster à une vitesse surprenante dans leurs orientations morales, leurs valeurs, leurs identifications. C’est en particulier le cas quand des menaces, ressenties ou réelles, paraissent exiger des décisions rapides. Le désir de ne plus avoir peur des périls conduit à rechercher une contrainte imposée de l’extérieur par une instance autoritaire, un leader laïc ou religieux. Des atteintes sont alors constamment portées aux règles en vigueur du langage public normalisé, atteintes qui deviennent sources de mobilisation chez ceux “d’en bas”. C’est pour eux une manière de se façonner une nouvelle identité, un nouveau sentiment du “nous”. Ce qui les unit, c’est la négation de l’intelligence collective au nom d’une civilisation imaginaire portée par des populistes : Bolsonaro, Erdogan, Marine Le Pen,Trump, etc.

Lire, Pourquoi les populistes gagnent la bataille

Sophie Bernard : C’est à partir de l’Israël de Benyamin Nétanyahou, où elle a vécu et enseigné, qu’Eva Illouz isole les quatre émotions principales qui soutiennent les grands récits populistes : la peur, le dégoût, le ressentiment et l’amour de la patrie. Ainsi, « la peur que nourrit Israël pour ses ennemis extérieurs et intérieurs » pousse non seulement à sans cesse nommer ces derniers, mais aussi – et c’est plus grave – à en inventer. Quant au ressentiment, c’est en offrant la possibilité d’une narration dans laquelle chacun est la plus grande victime de tous qu’il permet aux politiciens et aux spécialistes de marketing politique de faire triompher le populisme. Dernier avatar de ce processus, les infox,

Le populisme, cette « tendance préludant au fascisme » menace la démocratie. Comment expliquer que des gouvernements qui aggravent les inégalités sociales soient soutenus par celles et ceux que leur politique affecte pourtant le plus ? La réponse à cette énigme réside dans les émotions. Elles seules ont le pouvoir de nous faire nier les évidences factuelles, voire d’occulter nos intérêts personnels. Elles finissent par occulter la réalité des faits et des situations et ces émotions mettent en danger les démocraties. Suscitées par les populistes dans le but d’offrir un sens au malaise de nombreux groupes sociaux, elles brouillent les notions de « vérité » et ­d’« objectivité ». « A une époque, ajoute Eva Illouz, où prospèrent les théories du complot les plus fantasques, qui viennent gravement perturber les processus démocratiques de fabrique de l’opinion, nous ne pouvons plus nous permettre le luxe de postuler que tous les points de vue sont égaux ou également bien informés ».

Le point de vue des écologistes

Le populisme et l’écologisme sont deux axes de la pensée humaine incompatibles, si ce n’est complètement opposés. Le slogan « Fin du monde, fin du mois, même combat » est un oxymore, l’alliance des contraires, une forme plus poétique que réaliste. Le réalisme, c’est considérer que nos conditions d’existence ne sont durables que si elles commencent à ignorer les énergies carbonées et à pratiquer les politiques de sobriété. Or le gaspillage des ressources, c’est ce que demande le peuple, et ce qui fait et fera le jeu des populistes.

Il faudrait pourtant savoir que toute dictature, même exercée au nom du peuple ou de l’emploi, mène irrémédiablement au désastre : les manipulations des foules ne sont jamais porteurs de bonne nouvelle. Il reste donc à mettre en œuvre ce que Hans Jonas envisageait incidemment : « Naturellement il serait préférable qu’on puisse confier la cause de l’humanité à une conscience authentique qui se propagerait. »

Lire, L’écologisme contre le populisme, qui va gagner ?

Notre plus ancien article sur la question

culte émotionnel (chez les évangélistes) (juin 2007)

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Pays-Bas, encore un pays écolo-sceptique

Les Pays-Bas, 11 millions d’habitants en 1963 et plus de 17 millions en 2020 pour un tout petit pays de 41 500 km². La densité est donc très forte, 421 habitants/km². Si ce pays devait se nourrir grâce à une agriculture biologique à l’ancienne et avec une alimentation plutôt végétarienne, il ne pourrait pas dépasser une population de 2,6 millions, celle de 1830. Rappelons de plus que 96 % du territoire est plat, et que 25 % des terres sont sous le niveau de la mer. Rappelons qu’il a fallu aux Néerlandais des siècles de pratique pour maîtriser la formation de polders, ces immenses zones agricoles protégées de la Mer du Nord par des digues gigantesques. Avec la montée des eaux causée par le réchauffement climatique, le pays devrait se réduire fortement en superficie.

« De Club Van Tien Miljoen » (Le club des 10 millions) aux Pays-Bas voudrait en conséquence un niveau de population raisonnable, soit 10 millions, ce qui correspond quand même à environ 300 habitants au km². Malheureusement aux Pays-Bas comme dans d’autres pays, on vote populisme pour éviter les contraintes écologiques.

Jean-Pierre Stroobants : Le 15 mars 2023, lors d’un scrutin qui déterminera la composition de la Première Chambre (le Sénat) des Pays-Bas, le BoerBurgerBeweging (BBB, Mouvement agriculteur-citoyen) est devenu le premier parti du royaume. Selon son leader Caroline van der Plas, ce récent parti a été plébiscité par des « citoyens normaux qui ne se sentent pas écoutés, furieux contre l’ordre établi, étranglés par l’Etat ». L’appel à « moins d’Etat, moins d’impôts, moins de règles » a été entendu. Les Néerlandais ont adopté une  femme dotée du « simple bon sens ». C’est au nom du « bon sens » qu’elle défend un programme social proche de celui de la gauche radicale. Elle prône la nationalisation du secteur énergétique, des hausses de salaire pour les personnels soignants, ainsi qu’une amélioration du sort des personnes âgées et des étudiants. « Ce qu’on veut, c’est aussi le maintien des gares dans les campagnes, la réouverture des piscines, le droit de manger de la viande et de payer moins d’impôts »Sa dénonciation du « plan azote », un projet gouvernemental visant à réduire les émissions toxiques du secteur agricole et à limiter fortement le cheptel, a en fin de compte débouché sur une revendication bien plus large.

Le point de vue des écologistes de bon sens

Antispécisme : Je doute que le « bon sens populaire », le complotisme, les fake news, le climato-scepticisme n’aient un grand intérêt. Ça affaiblit plutôt la société, c‘est parfois cher payé. Est-ce que Trump a apporté quelque chose à la démocratie américaine, à la planète ? Rien. Quand il y a des cancres perturbateurs dans la salle, le prof a beau faire des efforts pour rendre son cours intéressant et pédagogique, ces cancres perturbateurs ne font que déranger et ralentir la recherche d’une rationalité.

LeBret : « femme dotée du simple bon sens ». 1. Pseudo-argument utilisé, faute de mieux, pour justifier la première idée qui passe par la tête d’une personne ne connaissant pas le sujet et incapable d’en avoir une deuxième. 2. Pseudo-argument utilisé par une personne cherchant à manipuler un auditoire qu’elle estime incapable de comprendre un raisonnement logique.

Marc_ : « moins d’Etat, moins d’impôts, moins de règles ». ET promettre en même temps « des hausses de salaire pour les personnels soignants, ainsi qu’une amélioration du sort des personnes âgées et des étudiants contraints d’emprunter pour payer leurs études »… Demain on rase gratis.

Momo-le-pas-terrible : Je suis tombé de ma chaise quand j’ai lu il y a quelques jours que les Pays-Bas étaient le deuxième exportateur de produits agricoles au monde (même en enlevant la partie « ré-exportations », ils vendent plus que la France…) C’est sûr que la transformation vers un modèle moins intensif ne peut se faire que dans la douleur pour eux …

Le Dingue : Quoi qu’ils pensent ou fassent, leur pays disparaîtra sous les eaux ou au mieux sera un gigantesque marécage saumâtre et stérile. Bref, ils seront les premiers réfugiés climatiques européens.

ExtinctionRebellion : Qu’ils sont pathétiques, tous ces cancres qui pensent qu’il suffit de faire disparaître les écologistes pour faire disparaître les problèmes écologiques.

Nos articles antérieurs sur ce blog biosphere

La surpopulation généralisée aux Pays-Bas

Descente démographique d’1/3 aux Pays-Bas

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Télescopages de l’information quotidienne

Un événement chasse l’autre, en France les Gilets jaunes, puis le coronavirus, puis l’Ukraine… sans compter le coût de la vie et des tas d’autres événements qui arrivent en même temps. Alors que pense l’opinion publique ? Rien de stable si ce n’est ce sentiment atroce qu’on ne peut rien faire individuellement contre l’éclatement de la vie dans toutes ses dimensions. Pourtant, prenons lemonde.fr d’aujourd’hui et tirons le meilleur des télescopages de l’information quotidienne,

1) Le télescope spatial James-Webb vient d’observer la plus lointaine des galaxies de l’Univers, baptisée JADES-GS-z13-0. Elle s’est formée aux premiers âges de l’Univers, 320 millions d’années seulement après le Big Bang. Plus les galaxies sont lointaines, et donc jeunes, plus elles sont difficiles à détecter tant leur signal lumineux est faible.

Commentaire : Sachant que le big Bang est survenu il y a 13,8 milliards d’années et que la Voie lactée, la galaxie à laquelle appartient la Terre, compte 1 500 milliards de soleils, infini et éternité sont les caractéristiques de la matière/énergie. Dans ce contexte, celles et ceux qui croient en un dieu à l’image des humains comme explication de ce monde ne sont pas très connaisseurs en astronomie… Se libérer de la religion est la condition sine qua non pour adhérer au mouvement écologique dont la première qualité est de faire référence à nos connaissances scientifiques qui ont contre les arguments d’autorité historiquement progressé grâce entre autres aux télescopes et à Galilée.

2) Urgence écologique : peut-on renouer le dialogue ? Face à l’inertie des politiques et aux discours jugés trop théoriques, divers ingrédients jetée sur des tableaux de maître, des mains collées au bitume, des routes bloquées… A l’heure de la crise climatique, l’écoanxiété et la défiance vis-à-vis des institutions poussent jeunes et militants à agir, parfois radicalement, pour interpeller l’opinion et faire changer le système.

Commentaire : Le dialogue est impossible face aux tenants du système croissanciste. Des incidents de Sainte-Soline, on  peut tirer deux enseignements. L’État défend les intérêts privés, il pratique une écologie plus que superficielle à partir de grenades de désencerclement. Donc pour faire changer un système bloqué, on est obligé d’user parfois de violence, non contre les personnes, mais contre les biens nuisibles à notre avenir. Saboter les mégabassines, pas casser du flic.

3) Après la législative partielle dans l’Ariège, la victoire de la dissidente socialiste contre une candidate Nupes-LFI, soutenue officiellement par le PS, alimente les fractures internes entre les socialistes et divise les membres de l’alliance de gauche. La gauche est au bord de la crise de nerfs.

Commentaire : les bisbilles de la gauche ou de la droite sont ridicules, et Macron a rendu complètement obsolètes ces vieilles étiquettes… mais sans rien mettre de durable à la place. Les politichiens n’ont pas encore compris qu’il ne devrait y avoir que deux partis politiques. Un parti libéral-conservateur pour prolonger l’agonie de la société thermo-industrielle, et un parti social-écologique qui devrait avoir la vision d’un avenir où la sobriété partagée aurait force de loi .

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Convention sur la fin de vie, le manifeste

La mise en pratique de « l’aide active à mourir », expression qui recouvre tous les moyens d’accélérer la fin de vie, est voulue par 76 % des participants à la convention citoyenne sur la fin de vie. Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) avait ouvert la voie dans son avis rendu le 13 septembre 2022. « La possibilité d’un accès légal à une assistance au suicide devrait être ouverte aux personnes dont le pronostic vital est engagé à moyen terme ». Le classement des dix-neuf « modèles d’aide active à mourir » que la convention préconise place en tête deux scénarios : l’accès au suicide comme règle générale et l’euthanasie comme exception. Pour Jean Leonetti, coauteur de la loi du 2 février 2016, cadre actuel de la fin de vie, « le modèle Oregon » serait « un moindre mal car il articule le principe d’autonomie de la personne qui se donne seule la mort et celui de la solidarité de la société qui accède à sa volonté en lui délivrant la substance. » Une grande partie des soignants est opposée à l’euthanasie, mais cette opposition finirait par disparaître une fois la loi votée, « comme ce fut le cas pour l’IVG [interruption volontaire de grossesse] ». Avec 65 mesures à mettre en œuvre en faveur du développement des soins palliatifs, la convention citoyenne place aussi la barre très haut. Voici le manifeste de la convention lu dans l’hémicycle du Palais d’Iena, siège du Conseil social, économique et environnemental (CESE)

lire, Oregon, paradis de la fin de vie

Le manifeste du 2 avril 2023

« Nous sommes 184 citoyennes et citoyens tirés au sort, riches d’une diversité d’origines, d’expériences et d’opinions. Nos constats et nos propositions sont issus d’un exercice collectif et démocratique. Pendant 27 jours, nous avons croisé nos regards et confronté nos points de vue sur l’accompagnement de la fin de vie. Pour en comprendre les enjeux, nous avons aussi entendu et questionné près d’une soixantaine d’experts et de personnalités. Nous relayons la préoccupation et le vécu des équipes soignantes et de beaucoup de nos concitoyens : notre système de santé se trouve dans une situation alarmante faute de moyens humains et financiers. En particulier, nous déplorons le manque de soignants, les déserts médicaux, l’engorgement des services d’urgence et les inégalités d’accès aux soins palliatifs sur le territoire. Nous avons aussi pris la mesure de la complexité de certaines situations de fin de vie et des souffrances qu’elles peuvent entraîner. Dans ce contexte, nous interpellons le gouvernement. Il est plus que jamais nécessaire de renforcer notre système de santé afin d’accompagner l’ensemble des patients, et plus spécifiquement ceux en fin de vie.

Nous, citoyennes et citoyens de la Convention, constatons que les lois sur l’accompagnement de la fin de vie sont aujourd’hui insuffisamment connues et appliquées. Face à cette situation, nous appelons à des changements profonds parmi lesquels une garantie d’accès aux soins palliatifs, le renforcement de la formation des professionnels de santé et une meilleure information de toutes et tous.

Nous avons abordé la question de l’aide active à mourir (suicide assisté et euthanasie) dans ses dimensions éthiques, médicales, philosophiques et spirituelles. Après en avoir largement débattu, la majorité de la Convention s’est prononcée en faveur d’une ouverture à l’aide active à mourir. Notre travail révèle un nuancier d’opinions construit à partir de nos vécus et de nos convictions. Nous vous invitons à vous en saisir pour en cerner toute la complexité.

Nos travaux achevés sont désormais les vôtres. Ils sont le fruit d’une délibération collective dont nous portons les conclusions au débat public. L’accompagnement de la fin de vie est à la croisée de l’intime et du collectif. Concitoyennes, concitoyens, emparez-vous de cette question qui est un enjeu de société majeur. Il est temps que la parole citoyenne soit pleinement entendue et prise en compte. »

le point de vue des écologistes malthusiens

MEKEDA : Le suicide assisté est demandé par une large majorité de citoyens. Il n’y a aucun sujet à débat, c’est une demande de liberté personnelle et de dignité. Le corps médical et les différentes religion n’ont rien à en dire, nous ne sommes pas des mineurs et sommes capable d’assumer nos décisions, y compris et surtout face à l’extrême vieillesse, à la perte d’autonomie et aux maladies incurables. Quant à la tarte à la crème des soins palliatifs, c’est une sinistre farce, ça n’existe pratiquement pas et ce n’est pas avec le déficit de la sécu et notre système de soins mis en miette par le capitalisme financier que ça va s’améliorer. Dernier point, pour nous personnes âgées, l’EHPAD ruineuse pour les familles et globalement maltraitante n’est pas une option sérieuse.

Jan01 : Si cette convention est autant suivie que celle pour le Climat… Aujourd’hui seule la société civile et qq exceptionnels élus agissent dans l’intérêt de tous et avec un vision de Long Terme.

Benoit Croquinard : Convention citoyenne: encore un gadget de Macron qui de toute façon ne tient compte que de son propre avis, de ses propres intérêts et de ceux de ses amis, les premiers de cordée. Voilà des citoyens bercés d’illusions mais qui ont largement perdu leur temps.

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Serment d’Hippocrate et fin de vie digne

Fin de vie, débat au dîner, lobbies acceptés

La zone grise tragique de la fin de vie

Incertitudes de Macron sur la fin de vie !

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« Nous sommes les Soulèvements de la terre »

Trois cents personnalités, dont Philippe Descola, Cyril Dion, Annie Ernaux et Adèle Haenel ont décidé de rendre publique leur appartenance aux Soulèvements de la terre : « Nous qui signons cette tribune et toutes celles et ceux qui ne manqueront pas de nous rejoindre, nous rendons publique notre appartenance aux Soulèvements de la Terre. Nous nous soulevons toutes et tous contre la vision du monde et de la vie que ce gouvernement incarne, contre le saccage des milieux naturels, la disparition des terres arables, l’accaparement de l’eau. Nous nous soulevons, chacun de notre endroit, chacun à notre manière. Nous sommes, toutes et tous ensemble, les Soulèvements de la Terre. Les Soulèvements de la Terre sont une grandissante coalition de forces.C’est toute une constellation de collectifs d’habitants en lutte, d’associations de défense de l’environnement, de fermes, de groupes naturalistes, de syndicalistes paysans, de scientifiques en rébellion, de syndicats, de groupes autonomes, de mouvements d’éducation populaire, d’élus, de personnes de tous âges et de tous horizons qui se retrouvent et s’organisent sous la bannière des Soulèvements de la Terre. Et ça, rien n’est en mesure de le dissoudre.»

Dommage que trop de commentateurs ne se rendent pas compte qu’ils sont eux aussi partie prenante de la biosphère. Voici ce que le « dialogue » avec des négationnistes de l’urgence écologique peut donner sur le monde.fr :

Calimero : Soutenir les mouvements qui proposent la violence collective comme moyen de pression dans une démocratie où il suffit d’attendre les élections pour changer de politique, c’est encourager et favoriser l’ambiance de haine permanente entre citoyens. S’il est interdit, ce mouvement peut se renouveler avec d’autres formes d’expression que celle de casser du gendarme.

SebRiou : La démocratie ce n’est pas être citoyen tous les 5 ans monsieur Calimero. Et la représentation n’est pas un chèque en blanc, mais une délégation sous condition. Ce gouvernement se tend illégitime, un peu plus tous les jours

Olivier : Les millionnaires de la culture se découvrent une âme de paysan entre deux avions.

Bertrand Mi : Quel commentaire médiocre ! Commencez par lire Descola, ou Bourg, puis essayez de réfléchir…

Elastique : Toujours les mêmes signataires. Le même ton. La même arrogance à défendre le camp du bien depuis des salons parisiens. La gauche honteuse quoi. Sur les 300 signataires, 5 paysans et deux éleveurs…..

Haïdouk : Trois associations étaient organisatrices de la manifestation de Sainte-Soline: Bassines non merci, Les Soulèvements de la Terre et la Confédération paysanne. Savez-vous quels sont les membres de cette dernière ?

Atchoum la houle : « savez vous quels sont les membres de cette dernière ? » Pour la plupart des paysans utopistes, voir des néo-paysans, et quelques pseudos intellectuel, qui, si on écoutait leurs préceptes, réussiraient à peine à nourrir leur village… Alors, apporter la sécurité alimentaire à 8 milliards d’humain, évidemment, ça les dépasse un peu.

Mikasual : Triste manière de fuir le débat en attaquant les messagers plutôt que de débattre sur le fond du message : l’état veut dissoudre une association, assimile tous les manifestants à des terroristes, les réprime par la violence et est incapable de se remettre en question sur le moindre sujet.

PMF : La contribution hebdomadaire de la coterie des bien-pensants. Le ridicule ne tue pas. Mais pour ce qui est du soulèvement, voyez plutôt l’Iran. Là-bas, c’est pas du cinéma.

Citizen Ben : Ca ressemble à la petite musique macroniste « l’inflation est moins forte que chez nos voisins », « on a plus distribué d’argent que les autres pays pendant le Covid ». Y aura toujours pire ailleurs, c’est pas une raison pour se laisser marcher sur les pieds.

En terme de conclusion, cette dernière du gouvernement Macron inféodé à la FNSEA et aux puissances d’argent : le S-métolachlore est très utilisé en France, notamment sur les cultures de maïs. Il se décompose en sous-produits responsables d’une vaste pollution des nappes phréatiques. Le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, a pourtantd emandé le 30 mars 2023 à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) de revenir sur sa volonté d’interdire les principaux usages de cet herbicide : « Je ne serai pas le ministre qui abandonnera des décisions stratégiques pour notre souveraineté alimentaire à la seule appréciation d’une agence ».

C’est une déclaration gouvernementale extrêmement grave qui porte atteinte à l’indépendance de l’Anses , le ministre se met directement à la main du pouvoir économique à court terme …

Nos articles antérieurs sur ce blog biosphere

Tous ensemble contre les Grands Projets Inutiles (août 2013)

Eco-guerriers plutôt qu’éco-terroristes (novembre 2022)

« Nous sommes les Soulèvements de la terre » Lire la suite »

Français, vous devez 3 000 milliards d’euros

La dette publique française atteignait déjà 1210 milliards d’euros en 2013, elle côtoie aujourd’hui le seuil des 3 000 milliards d’euros. En 2013, la dette publique des USA était déjà de seize mille milliards de dollars en 2022 on atteint le chiffre astronomique de 30 000 milliards de dollars. La France, les États-Unis et d’autres pays développés vivent à crédit depuis des décennies. C’est anormal, un riche a une capacité d’épargne puisque normalement ses revenus dépassent largement sa consommation. Un pays riche n’a pas à s’endetter, sauf à vivre au-dessus de ses moyens, ce qui n’est pas durable.

Elsa Conesa et Audrey Tonnelier : « La dette publique tricolore tutoie le seuil spectaculaire des 3 000 milliards d’euros fin 2022. Selon les données de l’Insee publiées le 28 mars 2023, elle correspond à 111,6 % du produit intérieur brut (PIB). Les taux d’intérêt flirtent de plus en plus souvent avec les 3 % alors que la France empruntait encore en terrain négatif un an plus tôt. La charge de la dette devrait frôler les 52 milliards d’euros en 2023, soit le deuxième poste de dépenses après l’éducation nationale. Entre 2020 et 2023, 300 milliards d’euros ont été injectés dans l’économie. L’Etat a joué le rôle de pompier et d’amortisseur de crise mais, à un moment, la trajectoire de déficit va bel et bien être contrainte.

Réaction du ministre Bruno Le Maire : « Notre stratégie reste la même, améliorer la croissance de la France pour diminuer la dette et maîtriser nos dépenses… La politique de l’offre est la seule réponse efficace ». L’exécutif entend continuer à dépenser. S’ajoutent 60 milliards à 70 milliards d’euros supplémentaires par an pour la transition énergétique,…. La loi de programmation militaire prévoit quant à elle de consacrer plus de 400 milliards d’euros à la défense jusqu’en 2030. Mais l’indifférence de l’opinion et d’une partie de la classe politique pour le problème de l’endettement permet tous les errements. »

Le point de vue des écologistes économes

Michel SOURROUILLE : L’endettement de l’État est pourtant de la même nature que l’endettement d’un ménage, on ne peut dépenser plus que ce qu’on peut rembourser dans la durée. Une dette publique arrivant à son terme qui ne peut être remboursée qu’en contractant un nouvelle dette ne peut que mal se terminer, par la faillite de l’État. La politique budgétaire depuis 1974 s’est accompagnée de « stop and go », politique de relance suivie par une politique d’austérité pour freiner l’inflation. Cette politique s’est terminée par une période de stagflation, concomitance de la stagnation de l’activité économique (donc chômage) et de l’inflation… sauf à croire comme Bruno Le Maire au mythe de la croissance économique perpétuelle dans un monde fini. L’effondrement des ressources de la planète nous mène inéluctablement au non remboursement de la dette. L’histoire du capitalisme est une impasse tragique qui ne fait que repasser les mêmes plats pour aboutir à un krach financier et/ou une guerre globale.

Vince : En résumé, face aux Gilets jaunes Macron a arrosé le pays pour éviter l’incendie à cause des dépenses énergétiques fossiles, et le déficit serait dû au coût de la transition énergétique qui, si elle avait été démarrée à temps, aurait évité ces dépenses.

Γλ : Toute politique responsable de gestion de cette dette pour revenir dans une situation saine nécessitera des efforts à tous les niveaux et se heurtera nécessairement aux populismes d’opposition, La France Insoumise en tête, pour qui l’argent tombe du ciel.

immigré de pays pauvre : Les Français ne cessent de râler, de demander des moyens, comme des enfants qui pensent que l’argent tombe du ciel.

Magraou : Il serait sans doute pédagogique de faire savoir à l’ensemble des opposants a toute réforme que le montant de la dette accumulée représente 50K€ par habitant ou si on fait la calcul par rapport aux actifs 100K€.. Si on cumule le déficit des systèmes de retraite, somme qui devrait logiquement augmenter dans le temps vu la réduction du nombre d’actifs par rapport aux retraités et que l’on multiplie par une génération (30 ans) , on augmente la dette de 1260Md€… soit environ 1/3 de la dette actuelle. Les gens qui refusent les réformes n’ont peut être pas conscience qu’ils vont laisser à chacun de leurs enfants une dette de 130K€.

JuJ : le « Quoi qu’il en coûte ! » va donc devoir être remboursé par le peuple et notamment les travailleurs en allongeant l’âge de départ à la retraite. Que l’état arrête l’aide à l’achat des voitures électriques (5000 euros pour une tesla à 45000 euros (même en franc, un smicard ne peut pas l’acheter)). Qu’il arrête la loi Pinel ou Normandie qui nourrissent la hausse de l’immobilier au détriment des primo-accédant. Qu’il arrête toutes subventions pour des citoyens déjà dotés. Pour légitimer la reforme des retraites, que chacun vive avec l’unique salaire de son travail… sans rente ni héritage et avec un seul chez-soi

Moronslapper : Sans faire mon gauchiste de base (ce qui est bien tentant ces temps-ci), je pose une question. À Bruno Lemaire par exemple. Il est si doué, paraît-il. Pendant le confinement nous (oui, nous les contribuables) avons soutenus les banques et les grandes entreprises coup de centaines de milliards d’euros. Mais, alors que ces mêmes banques et grandes entreprises croulent sous les bénéfices, pourquoi ne nous rendent-elles pas notre pognon ?

Aldering Gram : Le néolibéralisme, c’est terminé. Le grand reset consiste en ce que, le mur de la dette, on l’effacera. Et les Français créeront une nouvelle monnaie exclusivement arrimée sur la richesse produite par ceux qui travaillent, avec interdiction de la spéculation, contrôle des capitaux et tout le toutim juridique ( entre autres : abolition de la subordination de l’employé à l’employeur, inscription constitutionnelle du salaire comme droit de la personne) pour ne pas retomber dans le chantage à la subsistance et la servitude que les mafias de tous ordres (technocratique, financière, bancaire, actionnaire, pègreleuse) font peser sur tous ceux qui bossent à des choses socialement utiles.

Rust Cohle : Si on considérait uniquement « ceux qui bossent à des choses socialement utiles », 90 % de la population serait au goulag.

Westwood : La France est -elle« too big to fail » ? Pas si sûr…

iphigenie : Les français se fichent de la dette, mais le jour où la France sera dans une trappe à dette, ils feront la grève, jetteront des pavés sur les policiers et mettront le chaos, mais ca ne changera rien. La trappe à dette, c’est quand les gains de croissance du PIB sont tous absorbés par le service de la dette. Le gouvernement doit prendre des mesures pour baisser les dépenses publiques afin de servir la dette, mesures qui sont facteurs de récession et augmentent, en part du budget de l’Etat, la part des impôts qui sert la dette. Donc l’année suivante, c’est pire: plus d’impôt, moins de service public. Et l’année d’après encore pire. On ne sort de la trappe à dette que dans le sang et les larmes, appelés plan d’ajustement structurel du FMI, bien connue des pasy dits émergents.

Nos articles sur ce blog biosphere

Endettement perpétuel, impasse totale

Shutdown aux USA, s’endetter sans limites

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Requiem pour les générations futures

« Connasse ! Crève et fais pas chier ! » Ainsi commence le livre de Salomé Saqué, « Sois jeune et tais-toi ». Une insulte choc prononcée par un actionnaire de TotalEnergies âgé d’une soixantaine d’années à une jeune militante pour le climat qui bloquait l’entrée de l’assemblée générale du groupe. Attention à ne pas opposer les jeunes contre les vieux. Il y a quantité de “jeunes” qui votent extrême droite, et beaucoup de “vieux” qui sont écolo dans l’âme. Mais le constat est sans appel, le contexte historique est différent, inquiétant et pour partie sans espoir : la nécessaire rupture écologique n’a pas lieu.

Mais je rêve encore d’un ministère des générations futures qui éduquerait nos enfants autour d’un langage commun, social-écolo, transmis par une langue commune, pourquoi pas l’espéranto.

Lire, 2027, ministère des Générations futures

Salomé Saqué : Cet actionnaire qui hurle sur une jeune militante en larmes représente par certains aspects l’égoïsme des plus âgés et des plus fortunés qui n’ont aucun problème avec le fait de sacrifier l’avenir des jeunes générations. Les jeunes ne veulent pas travailler, dit-on. Il faut rappeler que le taux d’emploi précaire des 15-24 ans est passé de 17,3 % en 1982 à 52,6 % en 2020. Quand on fait l’addition, marché de l’emploi saturé, explosion du chômage, baisse des salaires d’entrée, dégradation de la qualité de l’emploi, allongement de la durée des études, les jeunes subissent. Pourtant un jeune sur cinq est engagé dans des associations de type altruiste ou militant et l’urgence écologique réactive d’une façon inédite le conflit générationnel.

Nous subissons aujourd’hui les conséquences de décisions mortifères qui ont été prises antérieurement, et nous allons continuer à en payer le prix pendant des millénaires. Notre avenir dépend encore des choix effectués aujourd’hui et à très court terme, d’où l’urgence : que les plus âgés prennent conscience de leur responsabilité immédiate pour que l’on s’engage collectivement dans une grande bifurcation économique qui impliquerait de revoir profondément nos modes de vie.

Le point de vue des écologistes

Michel SOURROUILLE : La grosse différence entre vivre dans les années 1973 ou en 2023, c’est que nous sommes passés de 4 à 8 milliards, que le chômage est structurel en France depuis le premier choc pétrolier (1974) et que la planète est malade de l’homme. C’est invivable et ingérable même si on s’habitue à s’entasser dans des HLM de banlieue, à faire la queue dans une automobile qui pourrait aller à 180 km/h et qu’on manifeste pour les retraites sans penser à l’avenir. Les jeunes naissent sur une planète pillée et dévastée dont il ne leur restera que quelques miettes à se partager entre les mieux « armés ». C’est là un constat, irréfutable. Les générations futures maudiront notre (in)action actuelle, qu’elles soient le fait des jeunes ou des seniors, des économistes ou des politiques, des intellectuels ou des médias, tous les décideurs croissancistes, tous ceux qui ont un écran à la place du cerveau.

Ours : La société actuelle est impitoyable avec les jeunes. Trois exemples => La réforme des retraites, qui impose aux jeunes de travailler plus, sans toucher aux retraites qui sont les plus élevés d’Europe => L’immobilier qui conduit à un appauvrissement général des jeunes, par des loyers prohibitifs et par une impossibilité de devenir propriétaire.=> Reste le meilleur pour la fin : le sacrifice assumé des jeunes générations qui vont subir un climat infernal, un effondrement de la société pour préserver encore pendant quelques années une société du gaspillage généralisé !

Erinyes : Rappelons que ceux qui avaient 10 ans dans les années 1960 n’avaient pas téléviseur, smartphone et tourisme de masse. Dans les années 1970, ils avaient 20 ans, ne prenaient pas l’avion et n’achetaient pas tout et n’importe quoi.Le passé sera notre avenir

Bobby : Nos chômeurs sont plus chanceux que Louis XIV puisque le roi n’avait pas de smartphone, pas d’eau courante, pas d’internet… La richesse est, et a toujours été, relative, c’est même l’essentiel de sa définition. Mais le niveau de vie dépend de la disponibilité des ressources naturelles…

marredesc : Ce dont il faut se rendre compte, ce sont les efforts surhumains que vont devoir faire les générations futures pour (sur)vivre.

Nos articles antérieurs sur notre blog biosphere

De la génération 1968 à la génération climat

Fridays for Future, génération CLIMAT dans la rue

Conflit des générations, une idée farfelue

éthique de la réciprocité… intergénérationnelle

La génération des écrans, dégénérescence

Notre plus ancien article sur la question

nous et les générations futures (septembre 2008)

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Darmanin, c’est pas bien de dissoudre SLT

Violences policières à Sainte-Soline. 3 200 gendarmes et policiers étaient mobilisés, les organisateurs de la manifestation du 25 mars ont évoqué 200 blessés parmi les manifestants, dont 40 grièvement. Paradoxe ! Gérald Darmanin annonce engager la dissolution du collectif écologiste SLT (Les Soulèvements de la Terre), un des organisateurs contre les mégabassines.

LE MONDE avec AFP : Cette mesure de dissolution serait bientôt présentée en conseil des ministres, sous la forme d’un décret à l’issue de la procédure contradictoire.SLT a « créé le concept de “désarmement” destiné à faire accepter la pratique de l’écosabotages »En octobre 2022, lors d’une première manifestation contre les mégabassines à Sainte-Soline, Gérald Darmanin avait fustigé « l’écoterrorisme »Basile Dutertre, un des porte-parole de SLT. « Les gens qui ordonnent de tirer sur la foule avec des armes de guerre sont ceux qui nous accusent d’ultra-violence, c’est un retournement sidérant »,

Le point de vue des écologistes activistes

La mouche du coche : Il faut dissoudre l’organisation qui a envoyé deux personnes dans le coma : les BRAV-M, pas celle des victimes !

Citoyen étonné : Le rapport préliminaire de la LDH est édifiant. Pluie de grenades lacrymogènes, de grenades assourdissantes, de grenades explosives de type GM2L GENL, tirs au LBD 40 depuis les quads des BRAV etc. Tirs massifs et indiscriminés dans les cortèges, y compris à l’aide de propulseurs. Évidemment, ça fait pas mal de blessés, dont des graves, c’est ce qui se passe quand une grenade explosive atterrit au milieu de la foule. Les élus présents, qui avaient constitué une chaîne humaine autour des blessés en attendant leur évacuation, ont été dégagés aux lacrymo. Et la préfète avait notifié à la LDH que ses observateurs seraient considérés comme de simples manifestants !

In Vino Veritas : Quand la préfecture de Paris interdira les manifestations de tracteurs contre l’interdiction des néonicotinoïdes alors on comprendra (peut être) que la préfecture des Deux Sevres interdise la manifestation de Ste Soline. La définition même du pompier pyromane.

Chronos : « Sainte-Soline : Gérald Darmanin annonce engager la dissolution du collectif écologiste Les Soulèvements de la Terre ». En revanche, pour ce qui est du soulèvement de la Terre qui est actuellement en cours, le petit Darmanin n’y pourra pas grand chose…

PB_H : Les magnifiques priorités de ce gouvernement… C’est a nous forcer à devenir  » eco – terroristes  ».

BLMJ : Ne pas confondre terrorisme et résistance. M. Darmanin … l’histoire vous jugera.

Pierre Robes : M. Darmanin devrait commencer par s’expliquer sur la fonction de milice qu’exerce sa police au service d’intérêts privés pour la protection de méga bassines

ffrogman : Les jeunes militants des Soulèvements de la Terre luttent pour la préservation de l’eau, des sols, de la biodiversité et des écosystèmes. Leur lutte est noble et elle a pour objectif la défense de l’intérêt général. Darmanin, lui, ne fait que taper sur des soi-disant « éco-terroristes » pour soigner son image de futur présidentiable.

Jean-Claude Herrenschmidt : Au moment où les experts de tous bords nous annoncent une crise de l’eau sans précédent, pourra-t-on un jour voir un ministre de l’Intérieur se concerter avec un ou plusieurs de ses collègues pour tenter d’apporter des réponses démocratiques à ces problèmes écologiques qui conditionnent l’avenir de manière radicale.

Jacques Fr. : Il aurait été plus efficace d’écouter le BRGM qui reconnaît que son étude sur laquelle repose toute les autorisations de bassine est partielle, non actualisé et que les conclusions ne sont pas réalistes.. il faut suspendre l’autorisation de construire des bassines. C’est tellement plus facile de rouler les mécaniques et de suspendre un mouvement écologiste.

couronne fédérale : Comment un ‘groupement de fait’ donc non pourvu de reconnaissance légale peut-il être dissous (c’est-a-dire privé de reconnaissance legale) ?

ExtinctionRebellion : LOL… le dossier de Darmanin tiendra dix minutes au tribunal administratif.

Pietro : M. Darmanin peut dissoudre tout ce qu’il veut et continuer à pisser dans sa bassine. Ce n’est pas cela qui fera avancer la question de la non-adaptation de l’agriculture française à ce qui est déjà là. Qu’elle sèche donc avec son épis de maïs à la main, la terre se soulèvera quoiqu’il en soit.

Notre article antérieur sur ce blog biosphere

Gérald Darmanin face à l’« écoterrorisme »

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Bassines, un combat à mort

La manifestation contre la bassine de Sainte Soline, interdite par la préfecture, a rassemblé entre 6 000 personnes, selon les autorités, et 30 000 selon les organisateurs. Plus de 3 000 gendarmes et policiers ont été mobilisés pour défendre l’agro-industrie. Le choc a été violent. les forces de l’ordre ont tiré plus de 4 000 grenades et utilisé des LBD (lanceur de balle « de défense ». Deux cents manifestants ont été blessés, dont quarante grièvement, et les jours une personne sont en danger. Le dernier bilan des autorités fait état de vingt-huit blessés chez les gendarmes, dont deux graves.

Lire, FNE, le combat des mégabassines

Stéphane Foucart : La débauche de moyens dépêchés par l’Etat pour empêcher les manifestations contraste cruellement avec la tranquillité opérationnelle dont jouissent les tenants de l’agro-industrie lorsqu’ils malmènent des journalistes ou des opposants à leurs projets. Ces mégabassines sont le paradigme d’une « maladaptation » au changement climatique. Au lieu d’aider les territoires et les exploitations à évoluer, elles les enferment dans l’idée dangereuse qu’il va encore être possible de maintenir des systèmes agricoles dont nul n’ignore plus qu’ils sont condamnés à brève échéance. La guerre de l’eau (des bassines) est intéressante car elle jette une lumière crue sur les partis pris de l’Etat et sur l’asymétrie radicale de son action dans les situations de conflits sur l’usage de la nature et des biens communs en général. Le productivisme y semble l’emporter sur toute autre considération, qu’elle relève de la science ou même du droit. L’autorisation d’une bassine est accordée par le préfet et ce nouvel arrêté se soit derechef annulé par la justice administrative !

L’Etat de droit est, paraît-il, un système institutionnel dans lequel la puissance publique est soumise au droit et où l’égalité de traitement de chacun est garantie. Que le simple rappel de cette définition puisse ces jours-ci sembler tout à coup si subversif : cela devrait tous nous inquiéter.

Le point de vue des écologistes

PHemptinne : Avec ces mégabassines, ne voit-on pas purement et simplement une nouvelle enclosure, aussi radicale et violente que celles qui fondèrent le capitalisme? Soit, une privatisation d’un bien commun, l’eau aujourd’hui, les terres autrefois, au profit de quelques-uns au service d’un système productiviste qui détruit, (pas seulement les haies!), mais notre planète.

Enclosure : Longtemps, une partie des terres est restée bien commun. En Angleterre, ce sont les lois d’enclosure qui firent disparaître les communaux de 1700 environ à 1845. C’était la condition pour « libérer » une main d’œuvre qui allait servir dans le processus d’industrialisation naissant. Détacher l’homme de la terre a été un moyen de faire « circuler » les hommes et la terre. Selon l’idéologie libérale c’est l’appropriation individuelle qui permet la croissance économique. Une société, une entreprise ou un individu sera d’autant plus efficace que le droit de propriété a défini de façon précise la protection de ses gains. Par exemple avec le mouvement des enclosures en Angleterre, les propriétaires fonciers étaient certains de recueillir personnellement l’intégralité des bénéfices entraînés par les nouvelles méthodes d’élevage et de culture, d’où la révolution agricole, puis l’instauration des manufactures. La révolution industrielle n’est en fait qu’une immense expropriation qui éloigne les humains de la Nature et du bonheur en leur faisant croire à la propriété individuelle. Les humains ne sont propriétaires que par convention, dans le réel ils partagent la planète avec le reste de la Biosphère.

Michel SOURROUILLE : Nous sommes entre 1811 et 1813, au cœur de l’Angleterre. Cette région rurale est alors le centre de la production de textile du pays ; depuis peu, des métiers à tisser automatiques bouleversent la société. Les patrons se passent des artisans et de leur savoir-faire, qui sont remplacés par des ouvriers « isolés et interchangeables ». La naissance du « premier système de production industrielle » ne se fait pas sans heurts : partout à travers le pays, des ouvriers brisent ces métiers à tisser, et se fédèrent sous la bannière d’un personnage mythique, le « commandant » Ned Ludd. Face à ce mouvement luddite, le gouvernement anglais avait préféré la croissance industrielle à la vie humaine en allant jusqu’à punir de la peine de mort quiconque brisait une machine dans une manufacture. Deux siècles plus tard rien n’a changé, les gouvernements soutiennent le croissancisme destructeur de nos vies… et maintenant de la planète.

Néo-luddite : Les néo-luddites ne sont pas opposés à toutes les bassines, mais à « toutes les bassines préjudiciables à la communauté ». Pour l’introduction d’une nouvelle technique d’irrigation, les critères suivants peuvent servir de guide : ce nouvel outil de travail devrait être moins cher, plus petit et plus efficace que celui qu’il remplace, avoir besoin de moins d’énergie et utiliser de l’énergie renouvelable, être facilement réparable ; il ne devrait pas faire obstacle à quelque chose de bien qui existe déjà, relations communautaires incluses. Il faut ajouter bien entendu le respect de la stabilité des écosystèmes dans lesquelles s’insèrent ces bassines. Et ne pas impacter de façon négative la biodiversité, cela va de soi.

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