simplicité volontaire

Indépendance énergétique par la sobriété

Le plus sûr chemin pour accéder à l’indépendance énergétique n’est pas le nucléaire mais la sobriété énergétique.

Stéphen Kerckhove (Directeur général dAgir pour l’environnement) : Le déficit de notre balance commerciale a atteint un record absolu en 2021 de 84,7 milliards d’euros. La moitié de ce déficit est due à notre facture énergétique. Le conformisme énergétique postule que, pour rompre la dépendance à l’égard des pétromonarchies et autres dictatures gazières, il nous faudrait accroître nos capacités de production renouvelables et nucléaires. Jamais ou presque le principe d’une sobriété énergétique n’est appréhendé avec sérieux par notre classe politique. Il faudrait produire ce qui est consommé et non pas consommer ce qui est produit. Près de la moitié de la facture électrique des communes est induite par l’éclairage public. Des dizaines de milliers de panneaux publicitaires rétroéclairés absorbent unitairement l’équivalent électrique de trois familles de quatre personnes. Près de 10 % du trafic aérien est lié aux vols de jets privés, naviguant à vide 40 % du temps. Notre urbanisme tentaculaire, fait de grands projets inutiles et autres hypermarchés, contribue aux cinquante années gaspilleuses. Face à cet impensé, nous devons rappeler les vertus de la sobriété. Comme le veut la formule consacrée, l’énergie la moins polluante est celle que l’on ne consomme pas. Le plus sûr chemin pour accéder à l’indépendance énergétique de l’Europe n’est pas le nucléaire, qui ne représente que 17 % de l’énergie finale consommée en France, mais la sobriété énergétique.

Quelques éléments du débat :

le sceptique : Actuellement, la France consomme sur son sol 1600 TWh d’énergie finale, toutes sources confondues. On peut vanter la sobriété, mais il faut faire les maths : les petites mesures auront des petits effets. Il ne s’agit pas de se moquer des « amish », juste d’observer que si vous revenez à la conso d’énergie par habitant de 1850 ou de 1950, vous aurez grosso modo le même niveau de vie qu’en 1850 ou 1950. Rappel : si un prof est payé 2000 € aujourd’hui contre 200 € sous Gambetta, ce n’est pas qu’il enseigne à plus de personnes (sa productivité n’a pas changé), c’est qu’il est inséré dans une économie énergivore permettant ce salaire.

Frog : Tribune de Kerckhove extrêmement juste, mais si je doute que la majorité des politiques se saisissent du sujet. Plus qu’au pouvoir d’achat (qui n’est pas forcément un pouvoir), il serait effectivement temps de s’intéresser au réel besoin des individus. J’ai souvent entendu parler avec mépris des Amish qui voudraient nous priver de « l’innocent plaisir » de mettre la clim à fond ou d’installer une piscine chauffée dans son jardin.… Aujourd’hui, pendant que ces hédonistes s’affolent et pleurent pour que l’état leur donne des ristournes avec nos impôt, je ne vois arriver aucune tension dans mon mode de vie : ma facture énergétique est ultra- basse, je prends les transports en commun, je mange les légumes de mon potager, je reste en vacances en France comme tous les ans…. Bref, je vis avec beaucoup de plaisir pendant que tout le monde s’affole.

Sarah Py : L’idée de la sobriété devient de plus en plus présente dans les discours, mais la peur du Gilet Jaune rôde. Je vais suggérer une étape intermédiaire moins polémique, celle de lutte contre les gaspillages. Qui va être contre ? Les exemples donnés par Kerckhove relèvent d’ailleurs souvent de cela, du gaspillage. Et puis peu à peu élargir cette notion de gaspillage, puisque nous devons convaincre que si nous n’organisons pas notre sobriété, nous la subirons, et là ce sera frugalité et économie de guerre le sujet.

PCVT : Il vaudrait mieux parler d’économie d’énergie que de sobriété, qui a un côté moraliste, triste. Si on plonge les villes dans le noir et si on ne peut plus s’asseoir en terrasse en hiver, la vie va devenir plutôt sombre (pour les citadins).

Juste du Bonsens @ PCVT : C’est triste d’avoir besoin d’une terrasse chauffée en hiver pour ne pas être triste !

Haydée : On n’en peut plus de ces discours moralisateurs à 2 euros qui ne voient pas plus loin que la prochaine frontière. Si demain on éteint tout en UE (plus aucune consommation d’énergie), il n’y aura que 15% d’émissions en moins sur terre… alors on fait quoi ? On fait quoi avec la Chine? Et l’Inde ? Et les États-Unis ? Le seul avenir de l’humanité, c’est pas de rouler à vélo, c’est d’investir dans la science !

PPX : Ce qui est dit par Kerckhove est une totale ineptie. Aujourd’hui on consomme 1600 TWh d’énergie pour se chauffer, se déplacer, produire. Seulement 650 TWh sont décarbonés ( dont 350 sont d’origine nucléaire) et 950 sont fossiles, pétrole et gaz. La sobriété ne peut pas éliminer les 2/3 de nos besoins d’énergie !! Il faut éliminer l’énergie issue de fossiles au plus vite et la remplacer par de l’électricité solaire, éolienne et nucléaire + du biogaz et des biocarburants. Et bien sûr aussi de la sobriété dans ce qui est raisonnable, sans doute pas plus de 50 TWh à économiser sauf à supprimer chauffage et déplacements en voiture, (83% des déplacements aujourd’hui, dont une grande partie est contrainte) et fret routier. Toutes ces données sont publiques, faciles à vérifier.

Michel SOURROUILLE : Il ne peut pas y avoir d’opposition valide à l’idée de sobriété énergétique. Les ressources fossiles sont non renouvelable et le stock d’uranium limité. Quand il n’y aura plus une goutte de pétrole à un tarif abordable, il n’y aura plus de voiture thermiques, c’est aussi simple que cela, c’est une réalité d’ordre géologique. Les gouvernements mettent en place actuellement une taxe carbone « aux frontières » (de l’UE), mais l’effet prix arrive trop tard pour que changent rapidement les habitudes de déplacement. Pour que les automobilistes prennent conscience, il aurait fallu augmenter régulièrement le prix de l’essence depuis des années et des années (1972 pour être précis, année où on a démontré les limites de la croissance). Il faudra donc passer politiquement à la carte carbone, un rationnement des consommations d’énergie. Bien sûr il y aura des maisons qu’on ne chauffe plus en permanence, des villes dans le noir et des routiers en colère. Mais nécessité fait loi !

Vince : De la sobriété choisie, nous allons fort probablement passer à la décroissance subie. Il ne faut jamais sous-estimer la bêtise humaine, dixit Huval Noah Harari. Les années qui s’annoncent vont être difficiles. Le nucléaire est en chute libre et il faudrait 15 ans pour voir le bout d’un nouveau réacteur opérationnel (et je suis très optimiste). Les infrastructures énergétiques ont été pensées par une caste, pas du tout pour assurer la résilience au pays. Ils ont trahi. Les prix vont exploser avec les pénuries et la grogne sociale suivra. Les Flash-ball et les grands débats seront sans doute la réponse du pouvoir.

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Culpabilité écolo, un premier pas décisif

Culpabilité écolo, un premier pas qui ne suffit pas. La marche individuelle vers la sobriété sans rupture avec tous les structures socio-économique qui nous ont transformé en pilleurs des richesses de la planète est vouée à l’échec… mais il faut bien commencer par qqch !

Lire, Écologie, culpabiliser pour ressentir la culpabilité

Maroussia Dubreuil : un léger sentiment de culpabilité gagne 85 % de nos concitoyens « préoccupés par les questions environnementales » (Elabe, 2019). Désolés de participer au réchauffement climatique, désolé pour nos enfants qui vivront de petits accidents nucléaires et se seront pris dans l’œil deux ou trois cyclones sans jamais avoir vu de mésanges. A moins de nous planquer dans un cercueil en papier mâché – et encore, il restera nos implants en titane et nos hanches en polyéthylène –, nous tentons en vain de nous arranger avec les chiffres de notre bilan carbone. On émet en moyenne 9 tonnes équivalent CO2 par individu et par an, il faudrait ses contenter de  2 tonnes (pour atteindre la neutralité en 2050). Nous tentons d’échapper à la « dissonance cognitive », mais nous n’y arrivons pas tout à fait : comment faire taire notre culpabilité pour envoyer allégrement notre repas au gosier sans gêner le plaisir des papilles ? Il y a la procrastination (demain j’arrête), la relativisation (devant une entrecôte saignante), la bienvenue compensation ((un voyage en avion = un arbre planté). C’est pourquoi nous craignons davantage de nous crasher aujourd’hui que de crasher le monde de demain ? Sans sevrage, nous sommes condamnés à parlementer avec notre striatum. Pour ne plus se laisser boulotter par la culpabilité, certains d’entre nous se posent la question fatale : « A quoi bon ? » A quoi bon payer un euro de plus un colis TPR (« toujours plus responsable »), fabriquer sa lessive, mettre un couvercle sur la casserole, faire pipi sous la douche, rapporter les médicaments périmés chez le pharmacien, se priver de viande ? De fait, selon le rapport du cabinet Carbone 4, « même avec un comportement individuel proprement héroïque, un Français ne peut espérer réduire son empreinte de plus de 2,8 tonnes par an, un peu moins d’un tiers de l’effort à faire pour atteindre les objectifs fixés par l’accord de Paris ». « Individuellement, nous n’avons qu’une marge de 25 %… Le plus dur, c’est de vivre avec ça sans abandonner, sans cesser de faire les choses », ajoute Laure Noualhat, auteure de Comment rester écolo sans finir dépressif.

Quelques commentaires :

Gambetta : Il faut une volonté politique d’abord, bien plus qu’individuelle. Nous sommes des drogués, des aliénés de ce système..Le sevrage va être violent, comme des drogués en crise, et son lot de violence. Nous allons vivre des dictatures de différentes formes, fascisante, écologique, racialiste, en tout cas nationaliste. Les JO de Pekin sont un scandale sans nom, un écocide, et ce sera pire avec la coupe au Qatar retransmise en mondovision sur tous les réseaux.
Fchloe : Tant que l’emporte le  » je suis libre » ou « J’ai le droit de » sont, il n’y a pas de changement possible. L’argent donne des droits, des possibilités à ceux qui en ont et ils utilisent ce droit. Seuls le rationnement sera efficace. Et celui de tous ! Pas d’un seul pays. Mais les gens, striatum oblige, ne sont pas prêts à l’accepter. Seuls des crises majeures peuvent faire changer les choses. L’Ukraine le montre : l’Europe existe d’un coup. Il faut donc souhaiter des crises majeures qui feront évoluer les consciences : en clair, il faut des morts.

Mdut : Et si on commençait par faire face à la réalité ? Pour ralentir le réchauffement climatique, il ne faut pas être 8 milliards, il faut commencer par diviser la population de la Terre par 2. Cela implique, comme cela a été fait en Chine (donc c’est faisable) la règle absolue : un enfant par femme pendant le temps qu’il faudra (50 à 100 ans probablement). La démographie est la clé principale du ralentissement du réchauffement climatique. Et gérer la démographie des peuples n’est pas simple. On pourrait peut-être y réfléchir au lieu de s’intéresser aux pets des vaches.

D6 : Je remarque que le plus efficace, faire moins d’enfants, est toujours un tabou passé sous silence…

Laure Noualhat : J’ai l’habitude de me dire que, comme je n’ai pas d’enfants, mon bilan carbone s’arrêtera quand je mourrai. J’ai longtemps fait des blagues en disant que le meilleur geste écolo, c’était le suicide. Mais une fois qu’on comprend que toute activité humaine entraîne des pollutions, l’idée, c’est de faire son équation personnelle entre ce à quoi on ne peut pas renoncer et ce qu’on peut transformer. Tout le travail à venir est de montrer que le plaisir se trouve aussi du côté de la sobriété. Mais nous ne représentons que 25 % du problème. Les 75 % restant viennent entre autres des politiques urbanistiques qui décident d’installer un centre commercial à l’orée d’une ville, ce qui va nécessiter des échangeurs, et donc des bagnoles, etc.

Sigi Dijkstra : Culpabilité ! Péché ! Repentissez-vous mes frères, car la fin est proche ! C’est dommage qu’on ne trouve plus de curés, on pouvait aller à confesse et recommencer tranquillement à profiter de la vie jusqu’à la prochaine. Le réchauffement climatique, mais surtout l’adaptation de la démographie à nos ressources, sont des problèmes techniques et économiques. Ils seront résolus par des adaptations quasi-automatiques gouvernées par les principes de Darwin et par la main invisible d’Adam Smith.

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La sobriété partagée, une nécessité vitale

Le politiste Bruno Villalba considère que la guerre en Ukraine agit comme un « révélateur » du lien entre nos modes de vie et leurs conséquences sur les équilibres planétaires. La crise d’approvisionnement d’énergie doit nous interroger sur notre besoin frénétique de consommer de l’énergie et l’inégale répartition de cette consommation.

Lire, Sobriété, l’antithèse du pouvoir d’achat

La sobriété ne peut pas être une étape transitoire, sauf à méconnaître la réalité et les limites de la planète. A la fin des années 1970 après les chocs pétroliers, il y a eu déploiement du programme nucléaire français. On a pu repartir comme avant, sans remettre en cause la finalité des dépenses énergétiques, bien au contraire, puisque c’est à partir de cette époque que s’est généralisé le passage au tout-électrique individuel dans les appartements, une catastrophe dont les locataires payent depuis le prix fort. Aujourd’hui encore, on reste dans l’idée que l’on va pouvoir apporter une solution technique et rebondir par l’innovation, sans voir que l’on ne fait que déplacer le problème. La réduction de l’usage de la voiture n’est pas au programme ; on va remplacer les véhicules thermiques par des véhicules électriques, c’est-à-dire nucléaires, et accroître notre dépendance aux pays producteurs d’uranium et à une ressource qui est, elle aussi, limitée en stock, sans parler des menaces nucléaires et de la charge que nous imposons aux générations futures. La substitution pourra fonctionner pendant un court délai, mais après, nous nous retrouverons dans une situation encore plus dégradée.

– La sobriété est un sujet très compliqué à manier en politique, car elle remet en cause un imaginaire de l’abondance qui imprègne profondément depuis trois siècles nos sociétés. Chez les stoïciens, la modération était un impératif moral individuel. A l’ère chrétienne, au contraire, la sobriété n’était pas un choix personnel, mais une obligation religieuse, l’objectif de l’organisation sociale au Moyen Age n’était ni le travail ni la production, mais la célébration de Dieu. Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles se construit l’idée d’un monde sans limite que décrivent très bien les atlas de l’époque. A cela s’ajoute l’imaginaire d’une profusion du vivant. Les premiers explorateurs des États-Unis, décrivent des hordes de bisons de plusieurs kilomètres, des nuées d’oiseaux qui « obscurcissent le ciel ». Le monde semble s’offrir aux Occidentaux qui vont pouvoir l’exploiter autant qu’ils le veulent, car ils disposent – et c’est nouveau aussi – des techniques et de la connaissance scientifique pour le faire. L’économiste français Jean-Baptiste Say écrit, en 1803, dans son Traité d’économie politique que « les ressources naturelles sont inépuisables, car sans cela nous ne les obtiendrions pas gratuitement ». Naît aussi l’idée que de toute façon, si elles viennent à s’épuiser ici, on ira les chercher ailleurs.

Dans une logique d’abondance, la sobriété peut être perçue comme une forme de renoncement à la liberté individuelle. La liberté de l’individu se définit aujourd’hui par sa capacité à déterminer ses propres choix et à les réaliser. Pour y parvenir, la démocratie va construire une extension constante des droits – droit de propriété, droits politiques, sociaux et économiques – et une infinité de choix possibles pour les satisfaire. Ce modèle politique développe à son tour un imaginaire d’une société sans limite ; il se constitue « hors sol ». L’utilisation intensive des ressources fossiles permet le développement des régimes démocratiques au prix d’une externalisation des contraintes environnementales. Il n’est pas facile d’admettre que la multiplicité des possibilités qui nous ont été offertes jusqu’à maintenant est source de guerres et de catastrophes liées au changement climatique. Si le modèle a fonctionné, surtout pour une partie des habitants de la planète, il se heurte aujourd’hui aux limites planétaires. La démocratie n’est pas seulement le régime politique qui donne des droits, c’est aussi celui qui organise la façon dont les citoyens s’imposent des normes communes. Organiser démocratiquement la sobriété dans un monde fini, c’est négocier collectivement ce qui est nécessaire pour que chacun ait accès à des conditions de vie décentes et définir ensemble des priorités : va-t-on utiliser l’énergie dont nous disposons pour satisfaire le confort de quelques-uns – c’est le cas de la vitesse automobile, par exemple – ou pour ce qui relève du commun ?

La sobriété n’a de sens que si elle est portée par la collectivité. La revue scientifique The Lancet a publié un rapport sur les conséquences d’une baisse des approvisionnements en pétrole sur les soins dans les hôpitaux : il conclut à un inévitable rationnement des soins, car les systèmes de santé dépendent étroitement des ressources énergétiques. Prioriser l’accès aux soins nécessite une définition compatible avec la pression démographique, la raréfaction des ressources et le dérèglement climatique. Elle a besoin de mécanismes décidés démocratiquement.

Pour une sobriété partagée. Faire peser des politiques d’économie d’énergie sur les catégories sociales qui sont déjà en situation de sobriété contrainte sur le plan de la mobilité, de la consommation ou de l’énergie n’est pas tenable. A l’inverse, l’idée, largement partagée dans la classe politique, que la productivité pourrait résoudre les inégalités sociales est un leurre, car elle se heurte aux limites planétaires. Maintenir l’idée d’un « rattrapage pour tous » grâce à la relance, c’est faire de fausses promesses qu’on ne pourra pas tenir durablement, parce que le stock de ressources est fini. Et c’est encore plus vrai si on raisonne à l’échelle de la planète. Il y a plutôt un travail de péréquation à établir pour accéder à un bien-être équitablement partagé. La carte carbone ?

Lire, Neutralité carbone, l’exigence de la sobriété

Quelques réactions d’Internautes :

Sardine : Et si nous parlions plutôt d’économie ? Économie dans le sens d’épargne. Nous devons être économe de nos ressources, ce qui veut dire en faire usage à bon escient et ne pas les gaspiller.

Patrick Vaillant : « Notre monde est clos et le désir est infini ». C’est le titre d’un essai de Daniel Cohen, l’économiste. Ce raccourci lumineux permet de comprendre pourquoi un programme politique basé sur une sobriété rationnelle a peu de chance d’être mis en œuvre. Certaines réactions des commentateurs sont éclairantes tant elles traduisent ce qui se passe quand la raison (ou la science, par exemple) vient faire obstacle au désir : l’irruption de la frustration, une frustration archaïque empreinte de colère et potentiellement violente, une frustration qui rend impossible tout échange, toute discussion. Il n’y a hélas pas de réponse possible à la frustration, même si la réalité vient peser de tout son poids catastrophique. Le frustré est en mesure de s’inventer une légende (à l’instar du trumpien avec ses « faits alternatifs ») au moment même où le Titanic est en train de sombrer. Tout ceci n’augure rien de bon pour la suite, n’est-ce pas ?

Elis : La sobriété c’est frustrant ! C’est sûr. Sauf si on s’élève un peu pour réfléchir à sa nécessité. Les personnes qui ont des enfants souhaitent elles des malheurs climatiques, avec des famines ou des guerres.. à leur progéniture ? Si mon voisin gaspille et consomme plus plus, est-ce une raison pour continuer à faire comme lui ? Drogués à la consommation, il nous est nécessaire de faire face au manque. Ce vide sera forcément créateur même s’il est d’abord angoissant. La sobriété n’est pas la pauvreté ou l’ennui, c’est une recherche d’autres activités à faire ensemble, à créer.

Richard Nowak : Nous n’arrivons pas à introduire dans le débat la notion de répartition de l’effort pour répondre aux contraintes climatiques et leurs répercussions sur le corps social directement ou sur l’environnement plus globalement. DONC les 1 % qui produisent 90 % des GES ont à produire 90 % des efforts s’ils veulent conserver leurs positions actuelles. Personne pour le moment, parmi les candidats ose aborder la seule question qui nous intéresse.

fchloe : Nombreux sont encore ceux qui n’ont rien compris ou ne veulent pas comprendre. Quotas d’essence et de gaz pour chaque citoyen, carte carbone. Riche ou pauvre. C’est pas compliqué à comprendre et ça s’appelle sobriété partagée.

Lire, En marche… vers la sobriété partagée

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Le pouvoir d’achat ne se décrète pas

Au-delà des contraintes écologiques qui rendent absurdes les revendications d’une hausse globale du pouvoir d’achat, des considérations spécifiquement économiques expliquent que défendre le pouvoir d’achat n’est pas le rôle d’un présidentiable. De telles propositions sont soit irréalistes, soit un jeu de dupes.

Stéphane Lauer : « Les électeurs devraient prendre conscience que la capacité d’un président de la République à améliorer le pouvoir d’achat reste limitée car le pouvoir d’achat ne se décrète pas. Les programmes se divisent en deux catégories. La gauche opte pour une hausse spectaculaire du salaire minimum. La droite pour une réduction des charges sociales. Concernant la première option, notons d’abord que la France est l’un des pays où le salaire minimum corrigé des différences de niveau des prix et de durée du travail est le plus élevé. Ensuite, le groupe d’experts sur le Smic rappelle qu’une « hausse des salaires supérieure aux gains de productivité accroît les coûts de production des entreprises, qui doivent réduire l’emploi, ou augmenter leurs prix de vente et, partant, perdre en compétitivité-prix, ou encore réduire leurs marges, ce qui pénalise leur capacité à investir. »A cela s’ajoute un phénomène d’écrasement de la hiérarchie des salaires au détriment des emplois plus qualifiés. Pour rappel, la France fait partie des nations dans lesquelles l’écart entre le salaire minimum et le salaire médian est le plus faible. L’autre option consiste à supprimer une partie des cotisations sociales pour augmenter le salaire net. Valérie Pécresse veut, par exemple, baisser les cotisations vieillesse de 2,4 % pour augmenter les salaires nets de 3 %. Comme il n’est pas question que ces largesses se fassent au détriment des prestations sociales, l’État doit, pour compenser le manque à gagner, puiser dans ses recettes fiscales. Cela revient à résoudre un problème de pouvoir d’achat à court terme par un creusement à long terme du déficit de l’Etat. Jouer sur les cotisations finit par fragiliser le financement de notre système de protection sociale, qui – on l’oublie trop souvent – est aussi constitutif du pouvoir d’achat. »

Le pouvoir d’achat découle du progrès technique, de l’élévation des compétences et de l’augmentation du taux d’activité de la population. En clair, il faut faire travailler d’avantage les machines… ou travailler plus pour gagner plus ! Il n’y a pas de miracle en matière de pouvoir de consommer. Quelques remarques supplémentaires :

gnocch : Donc les électeurs attendent la Lune. Procédure: 1) Se plaindre, 2) Réclamer aux politiques.

Philb : Il faut penser au gâteau global : si des personnes arrivent à se gaver hors proportion de ce qu’ils apportent à la production, c’est tout le monde qui en pâtit. J’ai eu la chance d’avoir Raymond Barre en cours d’économie ( et oui ça ne me rajeunit pas) qui disait à ces étudiants que si on ne fabriquait qu’un bol de riz par Français, les salariés n’achèteraient que des bols de riz.

Isaphan : Je vais vous parler de 1968 où le patronat avait rué dans les brancards disant qu’une augmentation du Smig de 30% allait mettre l’économie de la France par terre.
Et bien il furent augmenté de 35 % grâce aux accords de Grenelle. Et sans effondrement économique.

Francois.31 : Ispahan, on peut aussi citer 1981: une hausse des salaires qui entraîné une forte consommation, mais consommation de biens étrangers qui entraîne un déficit commercial, une dégradation de l’économie française et plusieurs dévaluations de notre monnaie : le franc à l’époque. En 1968 nous n’étions pas encore dans une économie mondialisée. L’analyse de Stephane Lauer est donc correcte.

Philip69 : Toute hausse des salaires dans une économie qui a affaibli son appareil productif par une politique de la demande ayant dégradé sa compétitivité subventionne en fait les importations à court terme. De plus cela nuit encore davantage à moyen terme à la compétitivité des entreprises françaises, ce qui entraîne moins d’investissements et de gains de productivité, moins de rentabilité, donc moins d’emplois et moins de salaires élevés. Cela fait 40 ans que la France, tous gouvernements confondus (mais à un degré supérieur pour a gauche) pratiquent cette politique de la demande. Pure démagogie, qui tire inéluctablement notre économie vers le déclin : faillites, délocalisations, 55 % des emplois industriels perdus en 20 ans, le PIB/habitant passé du 11e rang mondial au 29e dans le laps de temps… Et certains (presque tous les présidentiables en fait) voudraient que l’on continue dans cette voie !!

Lire, 2022, l’obsession morbide du pouvoir d’achat

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Sobriété, l’antithèse du pouvoir d’achat

Comme les personnes disent ce que tout le monde dit, on peut en arriver à se tromper lourdement au niveau d’une collectivité. Quand le sens commun dérape par rapport aux réalités biophysiques, cela prend même une dimension mortifère. Par exemple, tous les présidentiables pour le 10 avril 2022 estiment qu’il faut augmenter le Smic et préserver le niveau de vie. Ils n’ont donc pas conscience du devenir qu’on commence scientifiquement à envisager : une crise économique structurelle par manque de combustibles fossiles. Aux conséquences de cette descente énergétique, il faut ajouter les effets du réchauffement climatique, le stress hydrique, la chute de la biodiversité, etc. Le maître-mot pour cette année 2022 devrait donc être « sobriété », certainement pas « pouvoir d’achat ».

Lire, Neutralité carbone, l’exigence de la sobriété

Pourtant aujourd’hui on raisonne encore par rapport à des dépenses qu’on appelle « contraintes ». Elle auraient un caractère obligatoire du fait de la loi (impôt, assurance…) et de la signature de contrats (loyer, abonnement téléphonique, factures d’eau, services financiers…). Mais elles ne sont pas pré-engagées pour des raisons de dépenses absolument incontournables, elles restent conformes à ce qu’on estime être le mode de vie nécessaire. En 2021, les ménages français (couple avec deux enfants) ont dépensé en moyenne 1055 € par mois, il faudra vivre prochainement avec beaucoup moins. Lcoût du logement, c’est environ 662 € (loyer, électricité, chauffage… . Mais chaque Français dispose en moyenne pour se loger de plus de 45 m2, en 2015 dans une maison (contre 23 m2 en 1970). Selon les commissions d’attribution locative, on pourrait prendre pour norme de surfaces habitables, 9 m2 pour 1 personne, 16 m2 pour 2 personnes puis 9 m2 par personne supplémentaire. En 1968, un logement sur dix était encore dépourvu d’eau courante et plus de la moitié n’avaient pas de salle de bain. Le transport revient à 218 € par mois, dont le remboursement du crédit automobile, 186 € en moyenne. Mais nous devrions savoir que l’ère de l’Homo automobilis se termine. Les frais de communication (téléphonie, internet, abonnements numériques) comptent pour 80 € en moyenne. Les dépenses de télécommunications étaient quasi inexistantes dans les années 1960. On se souvient de l’article-portrait d’un couple de Gilets jaunes pour lequel les fringues de marques faisaient évidemment partie de l’incontournable.

Lire, Dépenses contraintes, reste-à-vivre et minimum vital

Pour un écologiste, le grand débat national pour la présidentielle 2022 aurait du se pencher non sur le montant du salaire minimum, mais sur une définition du minimum vital, préalable à la dynamique d’une sobriété partagée. Cette problématique est complexe, nous ne sommes plus aux temps de Vauban pour qui le Minimum vital pour une famille ouvrière française en 1707 était le seuil au-dessous duquel la survie n’est plus possible. La ration correspondait à quelques 1500 calories, mélange de blé et d’autres céréales appelé méteil dont la part dans le budget total était presque de 70 %. Aujourd’hui le minimum vital regroupe la voiture, les vacances, les abonnements d’électricité et de gaz, l’accès aux services publics, etc. Or la manière dont personnellement nous consommons par notre mode de vie des carburants fossiles a des répercussions tant sur la vie des autres personnes que sur celle des non-humains et des générations futures, ce qu’on appelle les acteurs absents.

La loi d’Engel, définie en 1857 par le statisticien allemand Ernst Engel, énonce qu’au fur et à mesure que le revenu augmente, la part des dépenses alimentaires dans le budget total des ménages diminue. Au sortir de cette période de croissance économique insatiable, il va y avoir inversion : la part des dépenses de première nécessité, c’est-à- dire principalement alimentaires, va s’accroître. Cela veut dire aussi qu’il va falloir sabrer dans les dépenses superflues, moins de déplacement en voiture, moins de loisirs, moins de télécommunications, moins de tenues vestimentaires, moins de quads et de hors-bord, moins de résidences secondaires, etc. Une telle analyse n’est pas indécente et encore moins ignoble, elle est tout simplement incontournable dans une société contrainte par les ressources naturelles. Il va falloir apprendre à trier entre besoins essentiels et besoins superflus, et cela ne va pas être facile. Ne pas se préparer politiquement à cette société de pénuries à venir, c’est aller vers un monde d’affrontements qui iront bien au-delà de l’occupation de quelques carrefours par quelques Gilets jaunes. Cela veut dire que les CRS en France interviendront lourdement, il y aura beaucoup de manifestations, mais il y aura aussi de plus en plus de morts. Sans une volonté collective d’aller vers la sobriété, il n’y aura pas de société pacifiée. Limiter l’expansion indéfinie de nos désirs de consommer, c’est la seule voie réaliste vers une société d’abondance frugale.

Lire, Nicolas Hulot, SOBRIÉTÉ et SIMPLICITÉ

NB : Article précédemment par sur le site des JNE, Journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie

https://jne-asso.org/2022/02/21/sobriete-lantithese-du-pouvoir-dachat-par-michel-sourrouille/

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Réveillon du Nouvel An dans la sobriété

Difficile de trouver des appels à la sobriété pour célébrer le Nouvel An, même si sur ce blog biosphere nous n’hésitons pas à mettre les pieds dans les grands plats.

À lire, 31 décembre 2020, les réveillons au pilori

En cette fin 2021, nous n’avons toujours pas trouvé d’appel public à la sobriété, un angle mort de la société de consommation. Au milieu des annonces de confinement forcé face au variant Omicron, plus de 100 000 contaminations par jour, il nous faudrait quand même faire la fête. Alors il faut faire appel à la fiction pour mieux résumer ce qui nous attend prochainement et dont nous avons aujourd’hui un avant-goût, virus, changement climatique, démographie en berne :

En ce jour de réveillon en 2050, Léa est bien seule, il ne lui reste plus qu’un dernier descendant. Ses deux autres petits-enfants sont décédés il y a trois ans, ils ont succombé à l’une de ces nouvelles maladies à côté desquelles l’épidémie de grippe aviaire, qui avait frappé la France en 2010, n’avait été qu’une discrète entrée en matière. Ils avaient été victimes d’un virus apparu en Sibérie du Nord, là où le permafrost a cédé la place à des marais à partir de l’année 2025. Léa confectionne un repas 100 % local, ce qui réduit considérablement la variété des mets possibles. Elle se souvient comme d’un rêve des papayes que ses parents lui achetaient à la fin du XXe siècle, sans se soucier du fait qu’il avait fallu dépenser pour cela plusieurs litres de pétrole. De toute façon elle a renoncé depuis longtemps à l’idée d’acheter une automobile ; en 2035, l’Union européenne avait réservé l’usage des biocarburants aux véhicules utilitaires. Même l’utilisation du charbon liquéfié a été proscrite car les sols et surtout les océans qui séquestraient le carbone depuis toujours, ne jouaient plus leur rôle, renforçant ainsi très brutalement l’effet de serre anthropique et les dérèglements du climat. Cet été, Léa avait appris par une amie que le thermomètre était monté jusqu’à 45°C à Caen. Maintenant des millions de personnes sont au chômage. Le gouvernement français vient d’interdire toute manifestation et même les rassemblements de protestation. Le ministre de l’Intérieur vient de prendre un de ces décrets maudits, c’est l’armée qui réprimera d’éventuels troubles de l’ordre public…

à lire, Neutralité carbone, l’exigence de la sobriété

La Biosphère vous souhaite une sobriété heureuse et partagée en 2022

Réveillon du Nouvel An dans la sobriété Lire la suite »

Convention citoyenne et foie gras mi-cuit

Pour faire plaisir à notre fidèle commentateur Michel C, voici notre tirade contre le foie gras…

Il y a ceux qui prennent conscience, mais il leur faut réfléchir pendant des mois et des mois en bonne compagnie, ainsi ils étaient 150 citoyens engagés dans une convention pour le climat. Mais il y a surtout les conflits interminables pour décider d’un minuscule aspect de notre régime alimentaire en cette veille de Noël.

Lire, pas de foie gras dans l’assiette

LE MONDE : Plusieurs villes écologistes bannissent le foie gras. L majorité écologique lyonnaise lors des réceptions, la mairie écologiste de Strasbourg qui a banni ce produit de ses activités, à Grenoble le foie gras a disparu des cérémonies dès 2014. De son côté, le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras s’est dit mardi « choquée et scandalisée » par ces décisions, qualifiées d’« offenses à tous les producteurs français qui élèvent leurs animaux avec passion dans le plus strict respect du bien-être animal ». Or le gavage des oies et des canards entraîne une stéatite hépatique et ne subsiste que dans une poignée de pays de l’Union européenne. New York a même interdit la commercialisation du foie gras à partir de 2022. Plusieurs pays, comme le Royaume-Uni et le Danemark, sont allés jusqu’à interdire la production de ce produit.

Bien entendu les commentaires nous gavent :

Gus : Et pour les huîtres, dévorées vivantes, les homards et langoustes ébouillantés, les poissons arrachés aux grands fonds, les escargots qui en bavent, … etc. Mais que les végans ne se réjouissent pas, il est prouvé que les végétaux souffrent aussi… Il reste la possibilité de vivre d’amour et d’eau fraîche, mais l’amour…, aujourd’hui…, c’est pas sans risque !

JeDubiteTuDubites : C’est d’autant plus ridicule que les électeurs n’ont pas voté l’interdiction du foie gras à 51%. Les écologistes avancent masqués et leur modèle est une forme d éco-terrorisme totalitaire .

Anatole : Chez moi tout est prêt ! On va se régaler avec un p’tit côte d’Aubance mais bio de préfèrence !

Lire, Noël autrement, Noël écolo

Catherine Pacar: Avant la convention citoyenne, ils ne se rendaient pas compte de la gravité de l’enjeu… jusqu’à ce qu’on leur donne les moyens de comprendre », résume Benoît. Et là, c’est « le coup de matraque », assure Nadine. Dès le premier week-end de participation, Lambert, 29 ans, troque son auto pour un vélo et devient végétarien. Pendant de longs mois, quels que soient leur niveau d’éducation ou leurs idées politiques, toutes et tous vont se parler, s’écouter pour finalement s’accorder sur les mesures communes. Aujourd’hui, Guillaume est fier que sa proposition sur « l’éducation à l’environnement » soit une des rares à être passées sans modifications. Mohamed a réussi à convaincre son entourage que « si, on peut changer les choses »… On peut commencer par en finir avec le foie gras….
(Les 150. Des citoyens s’engagent après la convention citoyenne pour le climat, en preview sur lcp.fr à partir du 7 décembre 2021)

Lire, Tout savoir sur la Convention Citoyenne

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Sapins de Noël, un épouvantable gâchis

Notre époque, le culte de l’inutile ! En temps de confinement, un décret avait été publié en 2020 pour permettre l’achat de sapin de Noël. Les français ont alors dépensé 170 millions d’euros en sapin naturel et 30 millions pour ses succédanés en plastique. D’un côté on nous incite à planter des arbres, de l’autre on abattait 6 millions d’arbres pour une occupation fugace. Mais il est dangereux de le dire, les suppôts de la tradition ont la dent dure. En septembre 2020, quelques mots prononcés par le maire écologiste de Bordeaux, Pierre Hurmic, avaient suffi pour lancer une polémique d’envergure nationale: « Nous ne mettrons pas d’arbres morts sur la place de la ville. » Xavier Bertrand, le président de la région Hauts-de-France, :« Appelez-moi vieux monde si vous voulez, mais le sapin de Noël, le Tour de France et toutes ces traditions qui nous unissent seront toujours le ciment d’une société ». Marlène Schiappa, ministre chargée de la citoyenneté : « Les maires EELV [Europe Ecologie-Les Verts], c’est tout ce qui amène un peu de joie ou de fête qu’ils interdisent ! Ils sont pires qu’idéologues « . Marine Le Pen, cheftaine du Rassemblement National : « Les écologistes ont un rejet viscéral de tout ce qui fait notre pays, nos traditions, notre culture et chercheront à tout démonter pièce par pièce ». La droite (la gauche) se fout complètement des considérations écologiques, relisons quelques vérités émises sur ce blog biosphere :

19 décembre 2019, Faut le faire, ce sera Noël sans cadeau

Pour en finir avec le mythe de la croissance, Noël est un bon indicateur de notre aptitude réelle à changer. Car qui est vraiment prêt à dire à ses proches le jour J : «  Je ne vous ai rien acheté, car on va crever de surconsommation, et je préfère favoriser la vie » ? Combien sommes-nous à regarder en face ceux qu’on aime… sans rien leur offrir ? Combien sommes-nous à fabriquer nous-mêmes nos cadeaux ? Très peu, trop peu. (édito du Kaizen, novembre-décembre 2019)

22 décembre 2018, Le père Noël a fait mourir la symbolique de Noël

NOËL C’EST QUOI ? Des échanges de cadeaux, généralement superflus. Une fête pour les enfants, avec un arbre et des lumières qui n’ont plus aucun sens. Bien entendu une occasion exceptionnelle de vente et d’affaires pour les commerçants. Et puis, la tradition veut maintenant que les autorités politiques s’en mêlent, et dans chaque commune, on tient à dresser le plus beau sapin, et de mettre dans toutes les rues importantes des guirlandes de lumière. Finalement, je crois que, dans l’opinion commune, Noël ce n’est rien d’autre qu’une occasion pour faire la fête. Autrement dit, il ne reste rien de la signification. Qui donc se demande le sens de ce qu’il est en train de faire ?

22 décembre 2016, Sapin naturel ou sapin artificiel, le faux débat

En 2009, le sapin artificiel représentait 16 % en France des sapins, 58 % aux Etats-Unis et 67 % en Grande-Bretagne. L’association du sapin de Noël naturel, qui regroupe 70 professionnels, ironise : « Contrairement aux sapins artificiels, les sapins naturels ne sont pas dérivés du pétrole et sont parfaitement biodégradables ». Il n’empêche que les sapins naturels issus d’une monoculture mobilisent des terres qu’on devrait laisser à la biodiversité. On les coupe pour les jeter dans des semi-remorques qui contribuent à l’effet de serre. On les habillera de boules et de guirlandes qui ne représentent rien si ce n’est le culte du toc et de la superficialité qui caractérise la société marchande

20 décembre 2010, le père Noël sans sapins

Profitez plutôt de cette fête de Noël pour marcher au milieu d’une forêt vivante et réfléchir au système qui nous aliène. Considérez que dans un monde fini nous devons apprendre à limiter nos envies matérialistes. Il nous faut retrouver cet objectif qui devrait nous mobiliser à toutes les époques : moins de biens, plus de liens. Cette année 2010, Michelle Obama a demandé qu’on réutilise les ornements des années précédentes. Pour la Green Room, elle a choisi des sapins recyclés : ils sont faits de papier journal passé à la peinture dorée. Il ne reste plus qu’à refuser les cadeaux.

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Qui connaît Magnus Carlsen et son jeu de Roi

Le jeu d’échecs ne se joue qu’à deux, mais n’importe quel spectateur peut rentrer dans la partie en observant la position. Quel coup jouer ? Qu’est-ce que j’aurai fait à la place du joueur ? Que va-t-il se passer ? C’est pour cela que médiatiquement ce sport devrait être roi, mais on préfère les jeux de baballe sur nos écrans télé et le boum-boum des jeux vidéos. Misère, misère !

Le 10 décembre 2021 à Dubaï, le Norvégien Magnus Carlsen a conservé sa couronne mondiale en remportant la 11e partie de son match (prévu en 14 rencontres) contre son challenger russe Ian Nepomniachtchi. Avec quatre victoires à son compteur et aucune défaite, il menait 7,5-3,5 et ne pouvait plus être rejoint au score. L’écologie n’attache aucune importance à un championnat d’échecs, même s’il est mondial. Pourtant ce jeu d’échecs en lui-même a un immense avantage du point de vue écologique. Il prend peu d’espace pour y jouer, un coin de salon ou une petite table dans un jardin, on peut même réunir des centaines de joueurs sur l’équivalent d’un terrain de foot. Il utilise peu de ressources naturelles, les pièces nécessitent très peu de bois et se léguer aux générations futures. Aucun déchet non recyclable pour une occupation qui peut nous motiver pendant des heures et des journées…

Lire, Le jeu d’échecs est un jeu utile et très écolo

De plus, en sexe temps de féminisme exacerbé, le jeu d’échecs est un jeu complètement égalitaire même si les Blancs ont l’avantage du trait. A ce jour, aucune preuve d’une quelconque différence naturelle pouvant causer l’écart entre hommes et femmes sur les 64 cases n’a pu être avancée. Pourtant c’est un domaine où l’inégalité règne encore, c’est culturel. Durant les années 1960, un psychologue hongrois nommé Laszlo Polgar dévora les biographies de centaines de grands intellectuels et en tira le trait commun : une spécialisation précoce et intensive. Il en conclut que le génie est acquis et non inné “geniuses are made, not born”. Il se mit au défi de le prouver en rendant géniaux ses futurs enfants. Plus pragmatique que romantique, il posta une petite annonce disant en substance “recherche femme pour avoir des enfants génies”. En 1969, naquit Susan. Quatre ans plus tard, alors que son père hésitait encore entre la spécialiser en mathématiques ou en physique, la gamine découvrit par hasard un jeu d’échecs et demanda qu’on lui en apprenne les règles. Ce fut une révélation… pour son père. A la fois une science, un art et un sport, le jeu d’échecs présente l’avantage de produire des résultats parfaitement mesurables, l’idéal donc pour retranscrire la progression de la progéniture. Onze années d’entraînement intensif plus tard, Susan était devenue la meilleure joueuse du monde, à 15 ans !

Lire, Féminisme, écologie et jeu d’échecs

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Nicolas Hulot et le PROFIT

Voici quelques extraits de la pensée de Nicolas Hulot  :

Dans le code civil français, on peut lire aujourd’hui encore que l’objet d’une entreprise, c’est le profit. Pourtant, à l’origine, elle devait être un moyen au service de l’humain, et petit à petit, par la dérégulation, les priorités se sont inversées, et aujourd’hui on annexe l’économie aux besoins de la finance, et on utilise les hommes comme du vulgaire capital. Ce monde où on licencie des gens parce que les dividendes versés aux actionnaires ne correspondent pas à la prévision du dernier conseil d’administration n’est rendu possible que parce qu’on l’accepte.

Je ne suis pas favorable à la fermeture de toutes les multinationales, mais nous devons prendre conscience qu’elles ont acquis leur pouvoir, je le répète, parce qu’on les a laissé faire. Elles ne sont puissantes que parce que nous avons été faibles ! Les règles doivent venir du monde politique et non des entreprises. Si le profit des grandes entreprises transite dans des paradis fiscaux, il faut les soumettre à la même exigence de probité attendue des PME ou du petit artisan. Normes, taxes, labels et certifications : tel est le parcours obligé d’une économie libérale mais régulée. Sans la contrainte de ce cadre réglementaire et fiscal, aucune transition écologique n’est envisageable.

Dans mon manifeste « Osons ! », publié à l’automne 2015, deux mois avant la conférence des ­Nations unies sur les changements climatiques (COP21 à Paris), j’énonçais les propositions politiques suivantes : « réguler enfin la finance », « mettre fin aux abus des multinationales », « intégrer la pollution au prix de vente » et ­ « démazouter les investissements ». Dans ce manifeste, j’écrivais que « tant que le profit restera la finalité ultime, on n’y arrivera pas. » Je persiste et signe. L’économie est un moyen au service de l’épanouissement humain et non une variable d’ajustement pour répondre aux besoins de la finance. Dans l’économie sociale et solidaire, on se déclare heureux de travailler, alors que c’est l’inverse dans d’autres secteurs d’activité.

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Pierre Rabhi, figure de l’écologie, est mort

Pierre Rabhi est mort le 4 décembre 2021 des suites d’une hémorragie cérébrale. Il restera comme l’un des pionniers de l’agroécologie, qui vise dans le domaine agricole à régénérer le milieu naturel en excluant pesticides et engrais chimiques. Éphémère candidat à la présidentielle en 2002, il dira plus tard : « La solution ne passe pas par le politique, elle passe par l’élévation de la conscience. »

Père de cinq enfants, ses nombreux ouvrages ont rencontré un succès indéniable. Il a cofondé avec Cyril Dion le mouvement citoyen des Colibris, appelant à être soi-même le changement qu’on veut voir pour le monde. Sandrine Rousseau, une « écoféministe » notoire, est quasiment la seule à voir le diable en Rabhi : « Des positions conservatrices sur le mariage homosexuel et la procréation médicalement assistée (PMA) en 2015. » Pour nous écologistes, le message de Pierr Rabhi restera intemporel, par exemple :

– L’homme sait, au fond de lui, que pour que les hommes vivent, il faut que la terre soit honorée. Comme une mère !

– Les religions devraient être au front de l’écologie. Toutes proclament que notre planète est l’œuvre du créateur, mais aucune ne s’offusque de la voir polluée et détruite. Il y a là une sacrée contradiction.

– Une frugalité heureuse et joyeuse doit être considérée comme une option morale, mais aussi comme une démarche politique et de légitime résistance à la dictature marchande.

– Nos enfants sont élevés « hors-sol », comme les produits de l’agriculture moderne, dans un milieu artificiel, sans rapport avec la nature, alors que celle-ci est un livre ouvert.

– La télévision s’ouvre comme une fenêtre sur le monde pour nous faire oublier l’espace exigu de notre quotidien.

– Un camion de tomates a quitté la Hollande pour l’Espagne. Dans le même temps, un camion de tomates quittait l’Espagne pour la Hollande. Ils se sont percutés à mi-chemin, dans la vallée du Rhône. On est, loi du marché oblige, en pleine chorégraphie de l’absurde.

– Prendre conscience de notre inconscience est le premier pas vers une véritable libération.

Pour en savoir plus grâce à nos articles antérieurs :

10 juin 2018, Pierre Rabhi croit à l’insurrection des consciences

4 novembre 2015, L’agroécologie, une leçon de vie avec Pierre Rabhi

2 février 2013, Pierre Rhabhi, un anti-malthusien en parole et en acte

son livre de 2007, Terre-mère, homicide volontaire ?

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Le soutien écolo au « made in France »

Le vent tourne, le libre-change est derrière nous. Sept candidats à la présidentielle 2022 sont passés au salon annuel consacré à la promotion des produits français (11 au 14 novembre 2021). Difficile de ne pas afficher son soutien au monde paysan ou au développement d’entreprises sur le territoire national par la relocalisation.

Lire aussi, Le yin du protectionnisme contre le yang du libre-échange

Difficile d’être contre les circuits courts et la recherche d’autonomie territoriale. Mais Marine Cambefort y voit une idéologie d’extrême droite : « Les appels à consommer français au nom de la « préférence nationale » se sont effectivement multipliés en ces temps de campagne présidentielle. La question est avant tout symbolique car le « made in France » est souvent plus cher que les produits d’importation. L’achat « bleu-blanc-rouge » est particulièrement valorisé par une mouvance d’extrême droite. Il s’agit d’être « buycott », boycotte certains produits considérés comme opposés aux valeurs françaises, tout en promouvant des achats patriotiques. Si l’extrême-droite continue à s’imposer dans le paysage politique français, les entreprises vont-elles rivaliser dans la surenchère nationaliste ou vont-elles tenter de résister ? »

La démonstration est tordue, Marine Combefort commençait par parler des toilettes mixtes au Brésil et des toilettes pour transgenre aux USA, évolution condamnée par l’extrême droite, pour ensuite ramener le débat protectionnisme / libre échange à une question politique ; c’est oublier la nécessité de consommer écologique de préférence

Lire aussi, tout est écolo, y compris le protectionnisme

Les commentateurs sur le monde.fr nous en disent plus :

Nawak : Donc acheter français, c’est être d’extrême droite. Avec une telle intellectuelle, les climatoseptiques et autres pollueurs professionnels peuvent élargir leur cercle…

Mercuryal : Lier l’achat français à une influence d’extrême droite est une conclusion ne couvrant qu’un champ très partiel de cette problématique. Cette analyse élaborée sous un angle politique n’attaque qu’une partie réduite du sujet, elle manque sa cible. Vue sous un angle écologiste, Marine Combefort aurait conclu que c’est un souci de proximité qui motive un achat français. Vue sous un angle économique, elle aurait conclu que c’est l’emploi local qui pousse à l’achat de produits français. Vue sous un angle esthétique, elle aurait conclu que le design français est un marqueur de singularité. Vue sous l’angle de la durabilité, elle aurait conclu que la fabrication française est un gage de qualité, etc. De mon point de vue c’est principalement ces critères qui font que j’achète français d’abord, européen ensuite, et le moins possible venant de plus loin. En réalité cette tribune nous renseigne plus sur son auteur que sur son sujet.

J.Dupont111 : Assimiler l’achat de produits créés en France à faire le jeu de l’extrême droite est extrêmement choquant a une époque où on espère pouvoir reindistrialiser notre pays. Cette vision biaisée est quand même étonnante quand on voit combien un pays cosmopolite comme la Suisse peut mettre en avant et privilégier ses produits intérieurs sans qu’il y ait une once de cette mentalité malsaine qui se manifeste. Si je peux aider une entreprise française à garder ses emplois en France , pourquoi s’en priver ?

Lire aussi, Démondialisation, pour un retour au protectionnisme

Zygmunt : Chère Marine Camembert, si mon fromage vient de l’hexagone et pas du fin fond de l’Europe de l’Est alors c’est autant de CO2 en moins pour le transporter : je ne vois pas en quoi en faisant le geste citoyen de l’acheter je commet un acte discriminatoire à l’encontre de mon voisin français Kader.

Pvn : Je suis ravi de voir que ma consommation de fastfashion made in China (main d’œuvre esclavagisée, Ouighours en prime) est un acte de résistance digne d’un Jean Moulin moderne ! Merci Madame.

Alfred-poirot : Donc si je mange un Big Mac, je suis un citoyen du monde?

F.Rique : Comment se situer ? Acheter local est un geste écologique. Donc acheter italien dans les alpes maritimes, espagnol dans les Pyrénées, Belge ou Allemand dans le Nord ou l’Est reste de bon sens. De même il semble préférable d’acheter des haricots verts lambda non bio mais locaux à du bio venant du Kenya.

Michel SOURROUILLE : GLOCAL, la fusion des deux mots « global » et « local ». C’est l’idée qu’un individu peut maîtriser le destin collectif en agissant à proximité de sa résidence. Une action raisonnée de l’écocitoyen est une subtile synthèse, elle découle d’une pensée ancrée dans l’espace mondial et dans le long terme qui s’accompagne d’une pratique qui s’exerce de préférence dans son milieu d’appartenance. Il faut par exemple consommer des fruits et des légumes de saison d’origine locale pour ne plus soutenir des circuits de production et de distribution qui gaspillent de l’énergie et contribuent à l’effet de serre. Cette attitude permet aux autres territoires de se recentrer sur leurs propres ressources alimentaires et de lieux en lieux, chacun pourra ainsi obtenir son autonomie.

Penser globalement, agir localement, un mot d’ordre nécessaire.

Le soutien écolo au « made in France » Lire la suite »

La sobriété, une valeur émergente

Nos aspirations semblent à peu près les mêmes que celles des anciens : s’habiller, se déplacer, se chauffer, se nourrir, se distraire au spectacle ou entre amis, se soigner. Simplement les moyens ont changé parce que nous sommes des primates à très gros cerveau qui finissent toujours par trouver des solutions pour aller plus vite, plus loin et plus souvent. Malheureusement cela ne peut se faire aujourd’hui que par des industries qui polluent l’air, l’eau, la terre et  stérilisent de grands espaces. De plus en un siècle et demi, les humains sont aussi devenus beaucoup trop nombreux. La population mondiale a été multipliée par 10 environ dans ce laps de temps… Nous sommes passés à 7,9 milliards en octobre 2021. On ne guérira pas notre Terre malade d’une humanité devenue pléthorique uniquement en incitant les humains à mener une vie plus sobre et le modèle d’un enfant par femme est encore à des années lumières de notre compréhension des réalités. Mais on peut toujours espérer.

Lire, Notre défi, 100 % de sobriété énergétique en 2050

Laurent Assouly : La révolution silencieuse de la sobriété s’immisce dans de nombreux pans de nos vies, nous intimant en sourdine de ralentir nos cadences… Une enquête met en lumière un décalage entre les incantations des politiques à consommer plus pour soutenir l’économie et une frange de la population, toutes classes sociales confondues, qui opte pour un ralentissement de son mode de vie… Le rapport à l’habitat se fait plus sobre, des initiatives citoyennes de coopératives se constituent pour un habitat participatif… La « valeur travail » dévoile ses premières fissures ; souvent convoquées à contresens comme valeur morale, ses nouvelles brèches ouvrent la voie à une autre éthique, celle d’un « droit à la paresse »…En Chine le« tang ping » est le nom donné à cette « indolence volontaire »… Parions que ces résistances éparses à une certaine « modernité » ne sont pas un feu de paille : travailler et consommer moins pour une vie meilleure et plus libre ?

Quelques commentaires perspicaces sur lemonde.fr :

Françoise B. : Il y avait un slogan en 1968 qui disait « on arrête tout et on réfléchit ». Occasion ratée. Dommage, ça aurait permis de faire face à ce que la majorité des gens découvrent enfin maintenant : la planète n’est pas extensible.

Fchloe : Le seul levier garanti efficace ! Et politique de l’enfant unique ! Le reste, c’est hypothétique,: éoliennes, énergie solaire, fin des centrales à charbon en Europe, voiture électrique, fusion nucléaire, pile à hydrogène… Le tout en 2050 ou 2060. Autant dire trop tard !

Antropocene : Bof les gens ont de plus en plus de grosses voitures de grosses maisons et de gros ventres alors la sobriété elle est où ? dans la tête de certains qui sont vraiment ultra minoritaires. Seule une « bonne crise économique » peut diminuer la progression des imc (indice de masse corporelle), je sais c est immoral et non politiquement correct de dire cela ont va me taxer de réac …pourtant j ai raison …

Vincetheprince : Les gens qui changent de mode de vie sont admirables. Permaculture, vélo, voilier, marche à pied, poulailler, alimentation bio, moins de viande consommée, tout cela est positif certes. Mais tellement marginal ! La population mondiale, c’est 7,5 milliards de personnes. Il faut 80 ans pour compter sans s’arrêter jusqu’à 1 milliard. Un grand nombre consomme à outrance (du Coca cola, premier pollueur de plastique : 120 milliards de bouteilles à usage unique par an, soit 3800 par seconde). Le principe qui régit l’humanité n’est pas la réflexion pour une organisation collective raisonnée, mais la concurrence et la loi du plus fort. Qui peut croire que l’humanité va s’en sortir à partir d’un raisonnement qui s’appuie sur des exemples de minimalisme vertueux réservé à une micro élite consciente et soucieuse des enjeux ?

lire, La sobriété ne suffit pas vu notre nombre

Sarah Py : De la la sobriété voulue à celle qui sera subie ! Qui peut croire que l’avenir sera rose, que nous allons savoir faire face solidairement aux conséquences des changements climatiques ? La sobriété assumée est un choix moral individuel dont il évident qu’il n’a pas d’impact réel sur les évolutions en cours. Les changements climatiques sont un sujet de politique internationale ; le comportement exceptionnel ne fait pas une politique.

Michel SOURROUILLE: L’information mentionnant le comportement d’autrui est une norme sociale bien plus efficace que les appels politiques à la préservation de l’environnement. Il s’agit de faire jouer l’interaction spéculaire, tu fais parce que je fais ainsi parce que nous devrions tous faire de même. Cette explication sociologique nous permet d’enterrer le vieux débat épistémologique sur l’antériorité de l’individu ou de la société. L’un et l’autre se renforcent mutuellement car je me représente la manière dont les autres se représentent les choses et moi-même. « Je donne le bon exemple » est un message positif. « Sois le changement que tu veux voir dans le monde » nous rappelait Gandhi.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere :

8 octobre 2021, Simplicité, Sobriété… Techniques douces

20 février 2021, La sobriété en médecine au temps du Covid

30 mars 2011, sobriété volontaire ET forcée !

13 janvier 2009, sobriété énergétique ?

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COP26, technologie ou sobriété partagée ?

De nombreux dirigeants, à commencer par Emmanuel Macron, comptent avant tout sur des progrès technologiques à venir pour faire face au défi climatique. Ils laissent complètement de côté la question de l’évolution de nos modes de vie.

Lire, L’illusion technologique confrontée au climat

Stéphane Foucart : Ouverture, le 31 octobre, de la 26e conférence sur les changements climatiques. La question des moyens à mettre en œuvre pour atteindre les buts poursuivis est éludée. La question du « comment » entremêle deux enjeux, lavenir du système technique ET l’évolution culturelle des sociétés. Le premier est omniprésent, le second à peu près absent. On le voit, jusqu’à la caricature, dans les récentes déclarations des dirigeants des plus gros exportateurs d’hydrocarbures, comme l’Arabie saoudite : « J’annonce aujourd’hui l’objectif zéro émission de l’Arabie saoudite d’ici à 2060 grâce à une stratégie d’économie circulaire du carbone », a ainsi déclaré Mohammed Ben Salmane. L’engagement princier repose entièrement sur des technologies futures et très probablement imaginaires… Emmanuel Macron mise lui aussi sur d’hypothétiques révolutions technologiques : avion bas carbone, petits réacteurs nucléaires, hydrogène « vert »… Le mot « sobriété » n’apparaît pas quand les mots « innovation », « innovant » sont prononcés à plus de soixante-dix reprises… La transition écologique apparaît avant tout comme une transition technologique… Quand on a un marteau dans la tête, tout a la forme d’un clou… Mais qui sait ce que l’accumulation des dégâts causés par le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité produira sur les imaginaires et les aspirations collectives ? L’aventure spatiale, l’avion bas carbone ou la conquête des grands fonds marins feront-ils encore rêver en 2030 ? Où seront-ils plutôt perçus comme de dangereuses futilités ?

Très bonne analyse d’un journaliste scientifique du MONDE, à compléter par les commentaires sur lemonde.fr :

ERoy : Nous sommes une démocratie et allez vous faire élire en expliquant à vos futurs administrés que : les vacances au soleil en 2 heures d’avion pour 300 euros la semaine c’est fini, le ski, c’est fini, le chauffage à plus de 18 degré c’est fini, le téléphone pour les ados c’est fini, deux télévisions par foyer sera interdit, voitures surtaxées (max une par foyer), gaz surtaxé et essence sur-surtaxée… Bon courage pour les prochaines élections!

Slab : Le dernier rapport de RTE l’a pourtant montré. Tous les scenarii permettant de réaliser la neutralité carbone n’ont qu’un point commun : la sobriété et l’économie de 40 % de l’énergie. La sobriété se réalisera par des changements de comportements. Mais les mentalités évoluent vite, et des habitudes qui relevaient de la lubie boboécolo il y a quelques années sont maintenant largement admises, comme les repas sans viande dans les cantines, le compostage, moins d’éclairage public la nuit, le recyclage des vêtements…

davidirle : On constate ici, en réponse à cet article fort juste, pas mal de commentaires pro-technologies qui ne se fondent sur absolument rien de concret, à part une mythologie du progrès. Pourtant, les gens dont la transition écologique est le métier, c’est mon cas, rêveraient d’avoir à disposition des technologies magiques. Il y a une forme étonnante de déni de la part de ceux qui croient en la science mais semblent parfaitement incapables de regarder ce que la science explique : les limites matérielles de la digitalisation, les limites quantitatives de la transition énergétique, la difficulté à se passer des hydrocarbures, etc. La science, la vraie, nous explique que nous ne pouvons pas compter uniquement sur elle, mais sur des évolutions de nos modes de vie, mais c’est pas grave, ceux qui « promeuvent » la science préfère s’asseoir sur l’état des connaissances scientifiques et écouter des prophètes scientistes/économistes…

Michel Lepesant : Le problème avec l’économie aujourd’hui c’est qu’elle est punitive : certes elle prétend être libérale mais elle ne profite qu’à une minorité. Le problème avec la technologie aujourd’hui c’est qu’elle est sectaire : ce qu’elle impose ce sont des modes de vie de plus en plus conformes, qui s’imposent à tous .. La domination techno-économique nous fait croire que la liberté c’est de dépasser toutes les limites : s’enfoncer au fond des océans et conquérir Mars ! Pire le problème aujourd’hui c’est que la technologie et l’économie sont unies pour contrôler du « temps de cerveau disponible ». Et qu’ils utilisent ce contrôle pour renverser systématiquement les analyses de bon sens : c’est l’écologie qui serait selon eux punitive et sectaire. C’est le monde à l’envers !

Romagination : L’humanité n’a pas maîtrisé la taille de la population mondiale en proportion des ressources disponibles pour assurer à chacun une vie confortable compte tenu de ce que les technologies actuelles permettent. On peut toujours essayer de changer le mode de vie des plus privilégiés actuellement mais ça sera vraiment marginal : le point moyen à atteindre est trop bas à 8 milliards, sauf si l’on rêve en France du niveau de vie du Bangladesh, et qu’au Bangladesh on accepte de rester à ce niveau…

Lire, Notre responsabilité démographique

Marcassin87 : Personne n’a envie de changer son mode de vie, les bonnets rouges, les gilets jaunes entre autres, nous l’ont rappelé avec virulence. Et il est tout-à-fait légitime que les Africains, les chinois, etc. aspirent à un niveau de vie comparable au nôtre. Or personne ne veut évoquer la réduction drastique de la population. Tout le reste c’est illusoire.

Dump : Cette contradiction sera résolue de la manière la plus classique, par la guerre qui ne fait plus peur, même en agitant l’atome. Au moins cela résoudra le problème, peut être même définitivement pourvu qu’on force la dose…

La mouche du coche : Macron est une marionnette, avec la moitié des fils tenus par le MEDEF et l’autre par la FNSEA. Pas étonnant qu’il se cache derrière des illusions pour éviter de voir la réalité : avec bientôt 8 milliards d’Homo sapiens avides d’un « modèle » occidental basé sur la gabegie énergétique. La planète est foutue.

NonMais @ La mouche : La planète s’en fout royalement.

COP26, technologie ou sobriété partagée ? Lire la suite »

Tous coupables, vite au confessionnal

Nicolas Santorolia : « Beaucoup de gens disent qu’ils ont une responsabilité limitée dans la catastrophe actuelle, mais nous avons collectivement la responsabilité générationnelle de n’avoir pas su modifier nos modes de vie, nos aspirations. Parce que nous semblons incapables d’infléchir la trajectoire globale du système, l’idée que l’on pourrait avoir un jour à s’excuser auprès de nos enfants fait petit à petit son chemin. » La culpabilisation est-elle un bon chemin vers la rédemption écologique ? Faisons le tour de la question grâce aux contributions sur lemonde.fr :

Peps72 : Ce qu’il faudrait c’est créer des lieux spécifiques où l’on pourrait s’excuser. On y installerait une sorte de cabanon à l’abri des regards. Et une personne spécialisée dans le recueil des excuses recevrait les fautifs. On appellerait ce lieu une Église. Le cabanon un confessionnal. Et la personne spécialisée un prêtre…

Michel SOURROUILLE : La différence entre la culpabilité confessée pour obtenir l’absolution d’un prêtre et la culpabilité contemporaine, c’est que ce qui était avoué autrefois était anodin, du genre j’ai pêché, je me suis masturbé ou j’ai couché avant de me marier. Aujourd’hui la responsabilité de chacun de nous est objective, notre croissancisme consumériste dilapide les richesses naturelles et pas grand-chose ne sera donné en héritage aux générations future. Ne pas se sentir coupable de posséder un SUV ou de prendre ses vacances par avion, c’est accepter que rien ne changera avant l’Apocalypse finale qu’on appellera choc pétrolier ultime ou réchauffement climatique irréversible…

pm42 : Au fur et à mesure que la religion organisée devient moins influente, elle est remplacée par des succédanés vaguement politiques qui en tout cas reprennent ces bons moyens de domination qui est la culpabilisation, le bouc émissaire et la désignation des hérétiques, pêcheurs responsables de tous les maux, etc. Accuser un groupe et lui demander de s’excuser, c’est du niveau de la Chine maoïste et Cie.

Michel SOURROUILLE @ pm42 : Les confessions forcées ou séance d’autocritiques publiques sur ordre du temps de Mao, ce n’est pas du tout ce qui dit l’article de Nicolas Santorolia. Il s’agit de prendre conscience que chacun de nous est un colibri, qu’il fait sa part pour enrayer la dévastation de la planète, mais que nous avons aussi nos insuffisances, et que nous voulons faire en sorte d’améliorer notre comportement : moins prendre sa voiture, moins manger de viande, ne pas prendre l’avion, se contenter d’un voyage autour de chez soi, rapprocher son domicile de son lieu de travail, etc, etc. Se sentir coupable d’une insuffisance comportementale n’est pas une tare, c’est le contraire, le début d’un changement vers la simplicité volontaire et la sobriété énergétique. C’est à dire des actes absolument nécessaires…
très curieuse : « Reconnaître ses erreurs, s’en excuser auprès de l’enfant ne peut être que bénéfique dans la relation éducative et humaine, mettant en exergue le caractère faillible de chacun ».Donc, il suffirait de s’excuser – et ne pas changer – pour paraître moins coupable et rester le Héros auprès de vos enfants ?

X.ARANUI : Les élèves qui arrivent en collège à 10/11 ans sont effectivement massivement angoissés par l’état de l’héritage. Et ils savent bien qui en est responsable : leurs parents ( encore jeunes) et grand parents. Si on propose à ces enfants héritiers de rajouter 2h à leur emploi du temps hebdomadaire pour découvrir leur environnement et prendre des initiatives pour sauver ce qui peut l’être, ils seront très nombreux à se porter volontaires.

GERONIMO :Je commencerai à me sentir coupable – et à effrayer mes enfants – le jour où l’on me prouvera que MON action et non celles des États est à la base de la pollution.

ByeFelicia : On devrait faire de grandes campagnes touristiques dans un style plus électrochoc « Vous allez polluer où en vacances cet été ? » « Avec Eazy Jet, la pollution est moins chère » « Venez découvrir et saccager en masse les sublimes plages de Thaïlande » « Vous aussi participez à l’incontournable transhumance polluante estivale, vous l’avez bien mérité avec vos vies de m… » etc. Ça aurait plus d’impact, non ?

Biosphere : Mea culpa, mea maxima culpa, c’est ma faute, ma plus grande faute. Le sentiment de culpabilité est un bon signe, celui de prendre conscience et de vouloir faire autrement. Cette intériorisation des contraintes à s’imposer sur soi-même ne relève pas du « péché » à la mode catholique, mais d’une conséquence logique d’une réalité biophysique. Nous détruisons la planète et donc les conditions de vie de nos générations futures. Mais comme les humains sont trop souvent soumis à la force des habitudes, cela demande un effort sur soi quand le voyage en voiture est devenu la norme et le tourisme une obligation. Contre nos penchants funestes, un processus de culpabilisation doit être lancé, auquel succéderait le sentiment de culpabilité, puis viendrait ensuite la résolution personnelle de se passer de voiture. Ressentir la « honte de voler » en avion nous semble tout à fait normal, rationnel, moralement nécessaire, et même inéluctable. Ce sera voulu ou subi.

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Tous coupables, on a pourri grave la planète

Julien Doré : « Tu sais, c’est la honte/Qui me sert de papier/J’ai dessiné ta tombe/Avant même de te bercer. » . Le chanteur évoque sa culpabilité d’adulte laissant aux enfants un monde pourri par sa génération. Entre espèces en voie de disparition et montée des océans, nos voyages en voiture ressemblent à un enterrement, nos transports en avion une route vers l’enfer. Nos pulsions écocidaires deviennent suicidaires, entre méga-feux et pluies diluviennes. La souillure généralisée de notre habitat lèguent un avenir poubelle sur une planète qu’on a vidé de sa vie prolixe pour en faire un milieu minéral et sans âme. « Le monde serait sans doute mieux sans nous, les humains » me murmure une voix intérieure. Homo sapiens n’est pas pas assez intelligent pour respecter mère Nature, et trop intelligent par ses armes de destruction massive de la vie et de la Terre. On pourrait même se lancer dans un hiver nucléaire !

Nous avons tous collectivement la responsabilité générationnelle de n’avoir pas su maîtriser notre démesure et décroître tant qu’il en était encore temps. Sorry Children* nous propose de formuler sur les réseaux sociaux des excuses : « Dans quelque temps, le monde n’aura rien à voir avec celui dans lequel nous vivons aujourd’hui. Cette situation critique nous oblige à regarder les choses en face : à moins que nous ayons tout fait pour éviter le pire, nous aurons tous une responsabilité envers nos enfants. » La campagne #lapireexcuse propose à chaque adulte de se projeter au moment de sa mort et de formuler des excuses aux jeunes générations pour l’inaction climatique des décennies passées. Là où les rapports du GIEC accumulés et les mises en garde rationnelles réitérées ne semblent pas fonctionner, la culpabilité devrait devenir un moteur du changement.

Mea culpa, mea maxima culpa, c’est ma faute, ma plus grande faute. Le sentiment personnel de culpabilité est un bon signe, celui de prendre conscience et de vouloir faire autrement. Cette intériorisation des contraintes à s’imposer sur soi-même ne relève pas du « péché » à la mode catholique, mais d’une conséquence logique d’une réalité biophysique. Nous détruisons la planète et donc les conditions de vie de nos générations futures. Mais comme les humains sont trop souvent soumis à la force des habitudes, cela demande un effort sur soi quand le voyage en voiture est devenu la norme et le tourisme une obligation. Contre nos penchants funestes, un processus de culpabilisation devrait être mis en place, auquel succéderait le sentiment de culpabilité, puis viendrait ensuite la résolution personnelle de se passer de voiture et de bien autre choses. Ressentir la « honte de voler » en avion nous semble tout à fait normal, rationnel, moralement nécessaire, et même inéluctable. La diminution de nos émissions de gaz à effet de serre sera voulue ou subie.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

6 avril 2019, Écologie, culpabiliser pour ressentir la culpabilité

17 juillet 2021, Torrents de boue en ville, mea maxima culpa

* Sorry Children. Les pires excuses à donner à nos enfants pour avoir ravagé la planète et autant d’actions pour y remédier (Alternatives, 144 pages, 19,90 euros, sortie le 21 septembre 2021).

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Greta Thunberg se met à la mode, bravo

Il n’y a pas que la problématique de la surpopulation qui peut faire causer. « Si vous achetez de la mode rapide, de la fast fashion, vous encouragez cette industrie à développer et à poursuivre son projet néfaste ». Greta Thunberg n’accuse plus seulement les politiques qui ne font rien face au réchauffement climatique, elle pourfend maintenant des entreprises. En Une du premier numéro de « Vogue Scandinavia », notre icône Greta étrille toutes ces marques qui promettent des vêtements « durables », « éthiques », équitables » alors qu’elles ne font que produire en masse. Libé(ration) en parle sur le ton méprisant : « Un tel plaidoyer dans les pages d’un magazine rutilant, nourri par la pub de l’industrie de la mode, n’est-ce pas paradoxal, voire contradictoire ? »

Libé et la gauche bien pensante n’ont rien compris. Si Greta infiltre le système, c’est pour mieux le déshabiller de l’intérieur ! (Le Canard enchaîné du 18 août 2023)

Pour en savoir sur Greta Thunberg  :

5 juin 2021, avec Greta Thunberg, le bien affronte le mal

24 juillet 2019, Greta Thunberg, le climat face aux députés

25 juin 2019, face à la haine, Greta Thunberg s’explique

20 mai 2019, Greta Thunberg, l’icône dont nous avons besoin

14 décembre 2019, COP25, heureusement qu’il y a Greta

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Donnons au futur l’importance qu’il mérite

La question du temps recouvre tout un champ de l’économie qui étudie les phénomènes à partir des comportements individuels. Du point de vue des écologistes, il ne s’agit pas simplement d’arbitrer entre consommation présente et épargne (consommation future), mais de tenir compte au présent de la planète à transmettre aux générations futures.

Laurie Bréban : Les économistes expliquent la manière d’arbitrer dans le temps entre consommation présente et épargne (consommation future). Dans les modèles microéconomiques, on accorde un forte pondération au présent relativement au futur, « la préférence pour le présent ». Dans La Théorie des sentiments moraux, ouvrage d’Adam Smith publié en 1759, on distingue deux types d’individus : les « prodigues », qui se laissent emporter par la « passion » pour les jouissances présentes, et les « frugaux », qui s’astreignent à épargner une part importante de leur revenu présent afin d’obtenir un profit dans le futur. Deux possibilités s’offrent à ces derniers : utiliser eux-mêmes leurs fonds ou les prêter. C’est afin d’orienter les fonds prêtés vers le financement dans des secteurs apparemment moins profitables, mais au rendement plus certain et plus durables, que Smith propose de réguler le marché du crédit. La fixation d’un taux d’intérêt maximum légal permettrait d’évincer les investisseurs imprudents du marché du crédit au bénéfice des « investisseurs sages ». » Mais on sait aussi que les interactions sociales influencent la manière dont les individus maîtrisent leurs passions et leur attitude à l’égard du temps.

Michel Sourrouille : Croissance, croissance, Laurie Bréban est une croissanciste. L’épargne ne sert qu’à investir pour une croissance future. Or les économistes devraient savoir qu’investir aujourd’hui, c’est accroître le capital productif pour dégrader encore plus une planète déjà fort mal au point. Les « frugaux » dont parlait Smith au Laurie Bréban XVIIe siècle pratiquent aujourd’hui la simplicité volontaire, réduisent leur revenus monétaires et donc se retrouvent avec une capacité d’épargne proche de zéro. Ils sont l’avant-garde qui montre que le gaspillage de nos consommations ostentatoires, c’est le passé, c’est fini, et qu’il nous faut pratiquer la sobriété partagée. Comme l’indique en passant Laurie, il n’y a pas de comportement gravé dans le marbre, ils évoluent avec les interactions sociales, ce qu’on appelle les interactions spéculaires : chacun fait ce qu’on attend de lui, et la planète nous dit : stoppez vos investissements à la con qui détruisent les possibilités de vos vies futures.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

19 mars 2021, Les générations futures font entendre leurs voix

24 juillet 2020, Notre futur, la résilience alimentaire locale

25 mai 2019, Fridays for Future, génération CLIMAT dans la rue

2 février 2012, les coûts cachés du nucléaire, l’oubli des générations futures

18 janvier 2012, Tribunal pour les générations futures : la surpopulation

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Fin du moteur thermique, dévoiturage obligé

Jean-Michel Normand : « L’Union européenne a décidé qu’à partir de 2035, il ne sera plus possible de commercialiser une voiture neuve émettant du CO2. La durée de vie moyenne d’une automobile étant de quinze ans, l’échéance s’inscrit dans la perspective de parvenir à une « neutralité carbone » en Europe en 2050. Les énormes investissements réalisés dans les voitures électriques désignent clairement la nouvelle priorité des constructeurs. Mais la question de l’origine de l’électricité reste ouverte. La constitution d’un réseau de recharge dense et fiable pose problème. La voiture électrique soulève aussi la question de l’emploi, car sa fabrication réclame une main-d’œuvre environ trois fois moins nombreuse. L’automobile risque de redevenir un produit de luxe. »

Lire notre article synthèse sur ce blog : Le rêve de l’automobile pour tous prend fin.

Quelques commentaires intéressants :

Alsatian : on ferme les centrales thermiques, on n’en construit pas d’autres, et on prétend passer au tout électrique avec une borne en panne tous les 500km. Et ne parlons pas de l’origine des matériaux pour fabriquer accus et moteurs.… Çà c’est de la planification!

O.Coutrot : Beaucoup se soucient de disposer d’un réseau de recharge des voitures électriques ? Noble souci ! Mais tirer des câbles électriques n’est pas très difficile encore que, pour alimenter 1 million de vacanciers le 1er juillet ! Mais surtout, au bout, à l’origine du câble que va-t-on mettre ? Un âne pour faire tourner la gégène ? Mon Dieu que de ânnissements, si vous permettez ce néologisme odieux ! La vraie question que personne ne pose est avec quelle matière première produire la monstrueuse quantité l’électricité nécessaire pour alimenter tout le parc de voiture, camions, autobus ? Éoliennes, photo-voltaïque, bio-masse seront incapables de fournir les quantités requises. Quand à l’hydrogène propre, ça n’existe pas. Alors combien de centrales nucléaires pour répondre à la demande ? Sautons dans le vide allègrement !

lours.des.wab : C’est quoi la durée de vie d’une batterie ? Combien je perds de Km d’autonomie par an avant qu’elle ne me lâche ? C’est quoi la valeur résiduelle de ma voiture avec une batterie presque hors d’usage ? Combien de Lithium il faut pour soutenir une telle demande en France ? Et dans le monde ? Ça représente combien en plus par rapport à la production actuelle ? En pression supplémentaire sur les écosystèmes ? Moi ça me semble être surtout un feu de paille pour essayer de sauver un mode vie condamné (énergie abondante et bon marché).

Lmbmichel : Comme d’habitude, on ne parle que des voitures, jamais des poids lourds. C’est une totale hypocrisie.

Pessicart : Comme le disait Blaise Pascal « tout le malheur des hommes vient de ne pas savoir rester au repos dans une chambre ».

Michel SOURROUILLE : L’automobile en tant qu’objet de consommation de masse (1,2 milliards de voitures dans le monde) est devenue le cancer de notre civilisation thermo-industrielle. Elle casse les villes, dégrade l’espace, pollue la nature. Elle ronge toute nos infrastructures par sa prolifération effarante, anarchique et  dominatrice. Elle gaspille une énergie sans cesse plus rare et plus coûteuse à produire. Elle brise les cadres d’une vie communautaire, chacun de nous restant enfermé dans sa petite carapace qui exalte notre agressivité… ou cultive notre découragement dans les embouteillages. Alors pourquoi s’ingénier à vouloir donner par l’électrification une nouvelle vie à nos carrosses  ? La voiture électrique ne peut promouvoir une « transition juste » sur le plan écologique et social, il faut fabriquer, distribuer et conserver l’électricité, tâche impossible à grande échelle. Vive le dévoiturage, le rapprochement du lieu de vie et du lieu de travail, la fin du tourisme au long cours…

Requiem : Je crois que je vais placer mes économie dans l’industrie de la chaussure et suggérer à mes petits-enfants de s’orienter vers le métier de cordonnier ou de réparateur de vélo. Car ce ne sont pas les énergies renouvelables qui fourniront l’électricité pour la vie courante, l’industrie et en plus pour les transports.

Palétuvier rose : Je maintiens qu’il ne faut pas sous-estimer la filière de la voiture à pédale, la seule qui assure d’avoir de beaux mollets.

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Un impossible tourisme « durable »

L’approche des grandes vacances d’été montre un retour en force d’un tourisme très énergivorace. Alors on se grise officiellement de mots doux : tourisme durable , soutenable , équitable , écoresponsable, et même vert de vert. Notre société de loisirs n’a pas peur des oxymores, ces contradictions insolubles. Il n’y a pas que le « tourisme mondialisé par avion » qui doit être rejetté par une écologie de rupture, mais toutes les formes de voyage de loisirs. Il ne suffit pas de s’en tenir à l’abandon du projet de quatrième terminal à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Dans un monde contraint par la déplétion des ressources et les pertubations climatitques, il paraît dorénavant absurde de « faire de Paris la capitale du tourisme durable » comme le voudrait pourtant l’objectif affiché par cette ville. Cela implique également de rompre avec la vision stratégique gouvernementale qui a érigé en objectif prioritaire l’accueil de 100 millions de visiteurs étrangers par an en France. C’était en 2014 que Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, avait fixé cet objectif. Mais en 2015 il présida aussi la COP21 à Paris sur le climat, visant un ralentissement des émissions de gaz à effet de serre. Or, ces deux objectifs sont profondément antinomiques, ainsi que le montre le bilan des émissions de gaz à effet de serre (GES) du tourisme en France.

L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a publié un rapport au mois de juin. Ses conclusions sont claires : le tourisme en France, dont les seuls critères de réussite sont le nombre de visiteurs internationaux et sa part dans le produit intérieur brut (PIB), n’est pas compatible avec les objectifs environnementaux du pays. Cette évaluation recense le transport, l’hébergement, l’alimentation et la consommation des touristes, mais aussi l’exploitation et la construction des infrastructures nécessaires à leur accueil, de l’appartement loué sur Airbnb au centre de congrès vivant du tourisme d’affaires. Le poids du tourisme dans les émissions de GES se révèle ainsi supérieur à son apport au PIB (11,1 %, contre 7,4 %).

Le tourisme est une activité superflue, il est parfaitement possible de s’en passer et c’est ce que font une grande partie des français… non fortunés. Selon l’observatoire des inégalités, le taux de départ en vacances des personnes à bas revenus (1 200 euros mensuels pour une personne seule,) est inférieur à 50 % pour l’année 2019, alors qu’il dépasse 80 % pour les hauts revenus (plus de 2 600 euros). En moyenne le taux de départ atteint 60 % en France. Pourquoi ne pas tout simplement obliger tout le monde à rester chez soi. Ce serait une mesure très égalitariste et un moyen très efficace pour lutter contre le gaspillage des ressources naturelles. Il est vrai que quand on creuse, il ne reste que très peu d’activités absolument indispensables et la période de pandémie nous a appris que c’était possible de limiter de façon drastique ses besoins de déplacement : pour se promener, pas plus de 1 kilomètre autour de chez soi, on nous a même dit de façon très impérative…

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

25 septembre 2020, Tourisme de masse et écologie, incompatibles (synthèse)

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