Earth4all, une autre tromperie démographique
La planète comptait 1 milliard d’humains en 1803, 2 milliards en 1927, 3 milliards en 1960, 4 milliards en 1974, 5 milliards en 1987, 6 milliards en 1999, 7 milliards en 2011 et 8 milliards depuis le 15 novembre 2022. Vu l’inertie de la démographie, cette croissance n’est certainement pas sur le point de s’inverser… pourtant certains « démographes » prennent leur désirs pour des réalités.
Des chercheurs de l’initiative Earth4all ont publié un rapport dans lequel ils esquissent deux scénarios possibles pour l’avenir. Dans le premier, le monde continue à se développer économiquement comme il l’a fait au cours des 50 dernières années. La population atteindrait alors son maximum de 8,6 milliards vers 2046 et se réduirait à 7,3 milliards d’ici 2100.
commentaire : Ce scénario repose sur une hypothèse, la perpétuation de la croissance avec les avantages de développement social qui vont avec. Or tous les indicateurs sont au rouge, écologiques, géopolitiques, économiques… Un monde sous tension n’a plus les moyens de se préoccuper de la fécondité humaine.
Dans le second scénario, ce pic pourrait être atteint dix ans plus tôt, à condition qu’une plus grande attention soit accordée à la réduction de la pauvreté et à l’égalité entre les hommes et les femmes. Dans ce cas, la Terre ne compterait plus que 6 milliards d’habitants en 2100.
commentaire : Nous nous orientons sans condition vers les 10 milliards, l’ONU a des experts qui savent lire les tendances structurelles. Les prévisions de Earth4all reposent sur l’amusette « SI ma tante en avait…», sur des possibilités très éventuelles d’égalisation de la condition humaine… On prend plutôt le chemin d’une explosion des inégalités. Leur « analyse » n’est que tromperie démographique, rassurer en racontant une fable.
Quelques précisions sur cette étude
Philippe Bernard, éditorialiste au « Monde » : « L’étude publiée le 27 mars 2023 par le groupe de chercheurs Earth4all érige l’autonomisation des femmes (« women empowerment ») en facteur déterminant non seulement d’une croissance démographique soutenable, mais aussi de la réduction de l’impact écologique. Ayant étudié « les évolutions possibles au cours de ce siècle en matière d’énergie, de nourriture, d’inégalités, de tension sociale, de pauvreté, de croissance démographique et économique, nous avons établi que nous ne ferions de progrès dans aucun de ces domaines sans une plus grande autonomisation des femmes », écrivent les chercheurs. Il faut donc une condition préalable, des investissements sans précédent consentis en matière d’éducation, de santé, de sécurité alimentaire et… d’égalité hommes-femmes. »
commentaire : Certes les zones où la croissance démographique reste considérable (Sahel, centre de l’Afrique, Afghanistan, Yémen, Irak) sont précisément celles où la liberté des femmes est compromise, voire anéantie, par des régimes oppressifs dirigés par des hommes qui encouragent la natalité pour des raisons religieuses, économiques et guerrières. Mais l’extrême droite dans les pays développés reste nataliste et beaucoup de gouvernants de tous bords ont tellement peur du vieillissement de la population que les aides à la procréation se multiplient. Rien n’est joué à l’avance, surtout pas le meilleur.
Pourquoi cette tromperie ? C’est la négation de la question démographique en survalorisent la question économique. Earth4all déclare : « Le principal problème de l’humanité est la consommation somptuaire de carbone, pas la population, écrivent les experts de Earth4All. C’est le haut niveau d’empreinte environnementale des 10 % les plus riches du monde qui déstabilise la planète. » Or le poids du nombre a un impact incontestable sur les émissions de CO2. L’Inde par exemple est dans le top 5. Ce n’est pas parce que l’empreinte carbone est divisée par 1,4 milliard d’habitants que l’effort de réduction est moindre. C’est d’autant plus que la tendance à vouloir sortir de la misère en imitant le mode de vie à l’occidentale est généralisée, même dans les pays les plus pauvres. La sobriété démographique est une nécessité, ne pas en parler c’est une erreur stratégique.
Car il y a loin de la coupe aux lèvres. La taille de la population optimale a été estimé par Paul Ehrlich en 1994 entre 1,5 milliard et 2 milliards d’individus. Les cibles à atteindre de cette estimation étaient entre autres une richesse et des ressources décentes pour tous les individus, un respect des droits de l’homme et de la femme, la préservation de la biodiversité.
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