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1 enfant ça va, 3 ou plus bonjour les dégâts

Lors des présidentielles récentes, la question de la maîtrise de la fécondité n’est toujours au programme d’aucun des candidats, de l’extrême droite à l’extrême gauche en passant par EELV. Un présidentiable qui préparerait un avenir plus durable dirait pourtant deux ou trois choses. D’abord la France doit montrer l’exemple et rejeter toute sa législation actuelle soutenant une politique nataliste. On ne peut donner de leçons aux pays pauvres que si on s’applique à soi-même ce qu’on recommande pour les autres. Ensuite l’éducation de tous devrait permettre à chacun de maîtriser des notions comme malthusianisme, densité mondiale, population optimum, capacité de charge d’un territoire, choix éclairé du nombre d’enfant à désirer, etc.

Anna Villechenon : Les familles nombreuses représentent une famille sur cinq, avec en grande majorité trois enfants (15,7 %), et plus rarement quatre ou plus (5,7 %). Aux yeux de l’Etat, les familles creusent l’écart à partir du troisième enfant : congé postnatal presque deux fois plus long, part fiscale supplémentaire, doublement du montant des allocations familiales… Les avantages sociaux et fiscaux font un bond. Mais avec « trois, quatre ou cinq enfants », on se rend compte que « ce n’est pas possible ». « Quel monde vais-je leur laisser ? », s’interroge-t-on. Entre l’« absence de prise en compte de l’écologie par nos politiques » et la « montée de l’extrême droite et de l’intolérance en France et dans le monde », les couples commencet à être« inquiets » pour l’avenir de leurs enfants. Tant pis pour la famille nombreuse, la raison l’emporte sur le cœur ».

Le point de vue des écologistes malthusiens

Gedeon42 : Une chose m’étonne toujours lorsque je lis de tels articles, c’est que si peu de personnes interrogées évoquent la responsabilité que représente le fait de mettre un enfant au monde, et par là même de le condamner à vivre. Lorsqu’on voit le nombre de jeunes qui se suicident, qui souffrent du divorce de leurs parents ou de l’absence d’un des parents, qui portent toute leur vie le poids d’une maladie chronique, qui souffrent d’état anxieux voire dépressif, ou qui seront chômeurs ou travailleurs pauvres, comment se fait- il que nous ne nous posons pas plus de questions avant d’en faire? Sans parler de tous les parents qui vous répondent un peu gênés et coupables: « c’est peut-être un futur Einstein ». Responsables mais pas coupables ?

Gbouvier : Avoir des enfants (cela commence dès le premier) est une agression de la Planète bien pire que de prendre l’avion, de manger du steak, d’imprimer ses relevés bancaires ou d’aller au ski (avec les enfants, en faisant une pause toute les deux heures au Mac Do). Il faut le dire.

Jan01 : Ne pas faire plus de 2 enfants est aussi un choix social (en plus d’être écologique et/ou économique). En effet, imposer à la collectivité les charges « famille nombreuse » des États qui, ne connaissant rien à l’économie, fondent la « croissance » sur une augmentation de la population… absurde. Aucune création de sens, simplement une nécessité de plus produire en pillant toujours plus…

Tourane : Une de mes connaissances vient d’avoir son troisième. Avec son mari ils vivent dans un 55 m². De plus la première a des problèmes comportementaux et nécessite beaucoup d’attention qu’elle ne peut plus avoir. Je trouve cette attitude immature et désolante .

Benmonkoko : Le problème ce n’est pas le nombre d’enfants, c’est qui les fait et quelle éducation ils donnent

boulbiba : Un enfant est heureux avec de l’AMOUR et du TEMPS. Deux conditions qui se perdent, alors évidemment qu’on ne fait plus d’enfants. Si c’est pour leur promettre une vie devant les écrans, à quoi bon ?

Michel SOURROUILLE : Il n’est pas compréhensible que l’État français reste antinataliste en incitant par ses largesses aux familles nombreuses alors que nous sommes plus de 8 milliards sur la planète et une densité de 124 hab./km² en France. Depuis le rapport sur les limites de la croissance de 1972, on prévoit que nous ferons face à un effondrement au cours de ce siècle. Notre taux d’urbanisés ne tiendra pas la route à la moindre crise d’importance. Puisque le choix des individus est le mantra de notre société dite moderne, alors allons jusqu’au bout de cette logique : laissons les couples et les mères solos face à leurs responblités ; aucune allocation, aucune aide dès le premier enfant. Un choix personnel doit s’assumer, mais pas aux frais de la collectivité…

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John Stuart Mill, familles nombreuses je vous hais

extraits : John Stuart Mill (1806-1873), arrêté à 17 ans pour avoir distribué des tracts en faveur de la contraception : « J’avoue que je ne suis pas enchanté par un idéal de vie que nous présentent ceux qui croient que cette mêlée où l’on se foule aux pieds, où l’on se coudoie, où l’on s’écrase, et qui est le type de la société actuelle, soit la destinée la plus enviable pour l’humanité », écrit-il dans ses Principes d’économie politique de 1848….

Parentalité, un métier qui s’apprend

extraits : Concevoir un enfant est un acte impliquant de lourdes responsabilités. Pourtant la société ne se soucie guère de savoir qui doit avoir le droit ou non d’en procréer. Le psychologue américain David Lykken estime que les parents devraient passer un permis leur permettant de faire un enfant puisque les intérêts de l’enfant sont au moins aussi importants que ceux des parents. Voici quelques éléments de réflexion….

Un planning familial irresponsable

extraits : Selon la définition des Nations Unies et de l’Organisation mondiale de la santé, la planification familiale est « la capacité des individus et des couples à prévoir et à atteindre le nombre d’enfants qu’ils désirent ainsi que l’espacement et le moment de leurs naissances. » Rien sur l’intérêt collectif et la capacité des écosystèmes à supporter un nombre de naissances individuellement choisis. L’OMS ajoute : « Le planning familial est réalisé grâce à des méthodes contraceptives et au traitement de l’infertilité involontaire. L’avortement n’est généralement pas recommandé comme méthode primaire de planification familiale. » Mieux vaut donc une PMA (procréation médicalement assistée) qu’une IVG (interruption volontaire de grossesse)….

Faire un enfant quand tout est foutu

extraits : Marianne Durano : « Au moment où j’écris ces lignes, je suis enceinte de mon troisième enfant.Et moi, je rédige un article sur la fin du monde. N’est-il pas criminel d’enfanter dans un monde promis à la destruction ? On connaît le succès des discours néomalthusiens, justifiés par les rapports scientifiques et les chiffres qui s’accumulent depuis des dizaines d’années. Ce monde, c’est celui de la croissance sans limite et dénuée de sens. Les inégalités ne cessent d’augmenter, les ressources de s’épuiser, la biodiversité de décliner, la température d’augmenter, les glaces de fondre, les migrants de migrer….

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Dévoiturage, on commence juste à en parler

Sur ce blog biosphere, il y a bien longtemps que nous parlons de dévoiturage. Il faudrait dire aux élèves de sciences économiques et sociales que de leur vivant ils seraient obligé un jour ou l’autre de se passer de voiture personnelle. Sylvie Landriève reflète parfaitement ce discours, on devrait tous le tenir si on était vraiment écologiste, merci à elle…

Sylvie Landriève : L’empreinte environnementale de la production et de la destruction de la voiture électrique est moins bonne que celle de la voiture thermique, a fortiori si elle est réalisée et acheminée avec de l’énergie carbonée. Plus la batterie est petite, plus sa recyclabilité est faible, et moins la voiture est réparable. Pire, le passage à la voiture électrique justifie implicitement le renouvellement complet du parc existant et, par conséquent, la pérennisation du “système voiture”, modèle occidental problématique et inaccessible au reste de la planète. Pour atteindre notre niveau d’équipement (plus de 80 % des ménages), il faudrait passer de 1,5 milliards à 4 milliards de véhicules en circulation dans le monde. A ce niveau, et sans même évoquer les impacts environnementaux de leur extraction, on pressent que des matériaux vont manquer (lithium et cuivre sûrement, nickel, manganèse et cobalt peut-être). N’est-il pas paradoxal de chercher à électrifier le parc automobile tout en demandant aux Français… de moins utiliser leur voiture ?

On sait qu’elle contribue de façon protéiforme à la mauvaise qualité de la vie. La voiture a colonisé l’espace public et l’a reconverti en zone de circulation rapide et dangereuse. Sans même revenir sur le nombre d’accidents et de morts de la route, situation que l’on n’accepterait d’aucune autre politique publique. Et si le problème était… la voiture ? N’est-ce pas l’occasion d’être plus radical ? Passons-nous dès demain de ce formidable objet du siècle passé. Allons vers un autre système de mobilité intégrant marche et vélo pour les trajets courts, cars fréquents pour les distances moyennes, train pour les longues distances.

Nos réponses aux inconditionnels de la bagnole

Arnaud De MaNicos : Article très drôle, j’ai bien ri. Surtout les bus 24/24. Cette personne habite sans doute dans le centre de Paris. Je l’invite à passer un an au milieu de la campagne dans un désert médical et on reparle de l’universalité de son modèle.

Biosphere : Sylvie Landriève nous indique explicitement que l’universalisation de la voiture individuelle n’est pas matériellement possible, la pénurie des matériaux (et de l’énergie) vont rendre ce moyen de déplacement obsolète. Il y a moins d’un siècle, il n’y avait pas de voitures à la campagne, mais chaque village avait son petit commerce… et la relocalisation permettra bien d’autres services sur place.

Arnaud De Marseille : Encore un article hors-sol….la filière automobile a un poids majeur dans l’économie française. Avant la crise sanitaire, elle représentait, dans son ensemble, environ 400 000 salariés, plus de 10 % des exportations de biens et plus de 20 milliards d’euros de valeur ajoutée.

Biosphere : C’est un classique, l’économie contre l’écologie ! Mais une activité économique, surtout matérielle comme le système voiture, a besoin d’énormément de ressources de la planète ; or les ressources sont en voie d’épuisement comme indiquée par Sylvie Landriève. Ne pas voir cela, c’est se contenter d’un commentaire hors-sol.

Euskaraz : Chère Madame « l’experte de la mobilité », permettez moi de vous inviter à boire un verre dans ma bergerie au Pays Basque. Bon, il va falloir marcher un peu si l’on suit vos idées, mais c’est très beau.

Biosphere : Sans voiture, on sera obligé de marcher et cela, c’est très bon pour la force physique et la santé. Bien sûr il n’y aura plus de tourisme au loin dans des contrées de rêve, à chacun d’élever ses brebis chez soi.

Babylon300 : Revenir en arrière semble relever de l’utopie / dystopie sociale. La bagnole, ce n’est pas un phénomène français, c’est une réalité mondiale. Comment croire qu’il soit possible d’imposer des restrictions globales sans bouleversements politiques pas forcément contrôlables ? Pleurnicher ne sert à rien.

Biosphere : L’utopie, c’est ce qui n’est pas encore réalisé. Et madame Landriève nous montre qu’il nous faudra bien changer d’imaginaire quand les circonstances nous y obligeront. Une essence à 10 euros le litre comme cela arrivera, un kWh hors de prix, c’est là notre avenir. La société thermo-industrielle n’aura eu qu’un temps, et dilapidé les ressources de la planète. Alors on reprendra quelques recettes de l’ancien temps, que ce soit en France ou au niveau mondial, nous n’avons qu’une planète, la même pour tous. Et pleurnicheurs seront ceux qui ont fait de la voiture un objet d’adulation.

Tourouk.Makteux : Il conviendra quand même d’évoquer l’Histoire. Le déplacement était réservé aux heureux détenteurs de chevaux et de carrosses, jusqu’à l’arrivée de l’automobile, symbole de la liberté individuelle d’aller n’importe où. Convaincre l’humain d’y renoncer, électrique ou pas, va être tout simplement impossible, sauf établissement d’une dictature des comportements engendrant des réactions pas loin de violentes.

Biosphere : L’abondance actuelle pour ceux qui vivent à l’occidentale n’a été possible que grâce à l’utilisation des ressources fossiles ; or celles-ci ne sont pas renouvelables. Les esclaves énergétiques ont certes remplacé les manants, mais sans pétrole ni prise électrique, nous serons bien obligés de revenir à nos forces endosomatiques et sans doute malheureusement à des inégalités qui s’imposeront à tous malgré les violences de la plèbe dans la rue. La liberté du « plus vite, plus loin et plus souvent » sera remplacée par son contraire.

Dèmos : Pendant ce temps, le nationaliste Bardella est à 32% d’intentions de vote aux prochaines élections européennes….on se demande pourquoi. Il faudrait rappeler à l’autrice que nous sommes en démocratie et que c’est au peuple de décider, en matière de mobilité comme dans tous les autres domaines, et non aux experts.

Biosphere : Le peuple n’a pas décidé du passage à la voiture individuelle, ce sont les entreprises, leur marketing et le lobbying qui ont imposé la voiture individuelle au détriment du transport collectif. Le réseau ferré qui desservait autrefois énormément de localités a été déconstruit au profit des autoroutes. Oui, le peuple est en train de décider… de se foutre en l’air (et ses enfants avec). Super ! Vive la démocratie ! Vive le pouvoir à l’extrême droite puisque le peuple en a décidé ainsi !!!

GuiBeau : Un article dictée par l’idéologie plutôt que par la réalité. Renoncer à la capacité individuelle de déplacement c’est une privation de liberté et un appauvrissement par diminution de la capacité à de déplacer.

Biosphere : traiter le discours d’autrui d’idéologique est bien souvent dicté par une idéologie particulière. A chacun sa réalité, et la réalité d’aujourd’hui ne sera pas la réalité de demain. La « liberté » de se déplacer en voiture individuelle n’a qu’un siècle, depuis les premiers exemplaires de la Ford T. Les véhicules présents seront voués à la casse, il y en a déjà beaucoup, de ces cimetières de voiture. Et cette liberté historiquement temporaire de s’asseoir derrière un volant aura un lourd passé derrière elle, le réchauffement climatique, les marées noires, les morts sur la route, les particules fines dans nos poumons, etc.

munstead : La spécialiste ne s’interroge pas une seconde sur le besoin universel de mobilité, depuis que l’homme est apparu. Les chars romains, les voies romaines, le cheval (mobilité individuelle ou collective), tout cela à la trappe!

Biosphere : Contrairement à la conception commune selon laquelle la mobilité est une constante de la société humaine, nous constatons historiquement qu’il n’y a jamais eu libre circulation des personnes. Jusqu’au XVIIIe siècle, seule une minorité de personnes se déplaçait : les soldats, les marchands, les aventuriers et les brigands. Au XIXe siècle, seuls quelques riches anglais faisaient le tour de l’Europe, les ancêtres du tourisme !

G-L : Ouais, chouette, revenons aux trajets interminables comme la malle-poste Paris-Brest de 1840 en 44 heures. Vive le temps long ! Je précise que je n’ai pas lu l’article en entier, donc inutile de m’incendier sur des points de détail.

Biosphere : Moins vite, moins loin et moins longtemps, il faudra s’y faire. Sans énergie exosomatique (grâce aux ressources fossiles), nous ferons à nouveau l’éloge de la lenteur. Quant au fait de ne pas lire un raisonnement jusqu’au bout pour en rester à ses préjugés, c’est choisir la voie de la facilité et de l’impuissance intellectuelle.

pm22 : Je propose de remplacer la voiture par la charrette à âne. Heu, non, ce serait de l’exploitation animale…

Biosphere : Vous avez des idées. La première est encore très usitée dans les pays pauvres aujourd’hui. Quand au second, on peut voter pour le parti animaliste lors des prochaine européennes…

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Testament écologique d’un militant politique

La chaise vide n’est jamais une bonne attitude. J’ai milité pendant 25 ans pour la cause écologique, c’est-à-dire pour rendre possible l’impossible. Voici un aperçu de mes engagements politiques qui vous permettront, je l’espère, de mieux apprécier la situation présente et d’envisager l’avenir.

Petit rappel historique.

Le premier candidat à la présidentielle s’appelle René Dumont, en 1974. Mais le parti des Verts n’a été créé qu’en 1984. Il s’est transformé en mouvement EELV (Europe Écologie Les Verts) en 2011. Il a regroupé le parti des Verts stricto sensu et une coopérative ouverte aux sympathisants, même appartenant à un autre parti. Je fais un constat d’échec de cette nouvelle formule, la coopérative est un mort-vivant. Fin 2011, la coopérative comptait 17 500 adhérents, et le parti 14 500 adhérents, soit 32 000 adhérents à EELV. Fin 2020, la coopérative ne compte plus que 250 adhérents avec une cotisation  à 10€ ou 20€, et le parti environ 10 000 adhérents avec une cotisation libre à partir de 1€. La perte de militants écologistes est énorme pour le Mouvement et surtout pour la coopérative qui n’est pas devenue le socle espéré de plusieurs dizaines de milliers d’adhérents qui aurait fait  d’EELV comme le voulait Daniel Cohn-Bendit un mouvement écologiste de masse. Dans la lignée de Cécile Duflot et Jean Vincent, la « firme » au pouvoir n’a jamais aimé ni soutenu la coopérative, au contraire. Ils ont fait le choix du pire.

Aujourd’hui encore la nomenklatura des Verts ne se rend pas compte que le parti EELV est en bout de course, il a fait son temps, et la coopérative était la seule solution pour élargir son impact médiatique. Les succès verts aux élections locales ne sont pas redevables au parti, mais aux divers conglomérats qui se sont formés au nom de l’écologie. Il y a eu des alliances gagnantes comme le Printemps Marseillais, ou le groupement citoyen Poitiers Collectif. Il s’agit de catalyseurs comme en chimie, où un additif (l’écologie) permet de décupler la vigueur d’une réaction. Quelle peut être la place d’un individu dans ce collectif mouvant qui constitue l’écologie politique ? Personnellement j’ai essayé d’ouvrir dans et hors de ce parti beaucoup de chemins, je ne suis apparemment arrivé à aucun résultat.

J’ai tout essayé.

J‘étais chez les Verts dans les années 1990, mais il faisaient de l’auto-blocage avec leurs statuts rigides et un acoquinement avec le PS qui les empêchait de présenter électoralement une écologie de rupture. J’ai alors tenté pendant dix ans l’entrisme au PS car je croyais en 2002 que l’urgence écologique était devenue telle qu’un parti dit « de gouvernement » allait se saisir de cette thématique. J‘étais membre de leur commission nationale environnement, j’ai été en charge officiellement d’un suivi de la politique de la droite en matière d’écologie, périodique envoyé à tous les députés et sénateurs socialistes. J’ai aussi participé activement à la motion du congrès de Reims en 2008, « Pour un parti socialiste résolument écologique » : 1,58 % des voix seulement, il n’y a pas eu débat d’idées, c’était la lutte à couteaux tirés pour savoir qui allait être premier secrétaire du parti, Ségolène ou Bertrand, Martine ou Benoît. Un parti politique ne réfléchit pas, il s’épuise dans les affrontements de pouvoir (le bal des ego), ce n’est pas une particularité du parti EELV ! J’ai organisé un colloque en janvier 2011 dans les locaux de l’Assemblée nationale « Pic pétrolier, quelles propositions politiques pour 2012 ? » ; plusieurs spécialistes à la tribune, la salle de réunion du PS pleine à craquer, des députés dans la salle. On n’en a retenu aucune leçon.

De toute façon le vieux PS de François Hollande n’était pas mûr pour parler « écologie ». Une fois arrivé au pouvoir, leur optique croissanciste a constitué leur mantra. J’ai donc rejoint EELV en 2011 avec le statut (nouvellement créé) de coopérateur qui me permettait la double appartenance partisane, socialiste ET écologiste. J’ai co-animé en 2011 aux JDE de Clermont-Ferrand un atelier qui a permis la création d’une commission accueil-formation, structure sans résultats malgré plusieurs WE de rencontres à Paris. Cette commission s’est enlisée dans les méandres de GIRAF (groupe interrégional accueil/formation)….

J’ai continué d’essayer. Je me suis encarté à EELV pour participer aux décisions de congrès. Je voulais une écologie de rupture, j’ai soutenu la motion Avenir Ecolo. Pour le congrès suivant, on est devenu « Pôle Ecolo » après union avec objectif Terre  ; j’ai été co-administrateur de la liste de diffusion. Mais nous avons été écarté du congrès par les partisans de la firme résultant des initiatives politiciennes de Cécile Duflot et Jean-Vincent Placé.

J’ai continué d’essayer, y compris par des livres en libraire. J’ai coordonné un livre paru début 2014 avec comme auteurs Yves Cochet, Pablo Servigne, Alain Hervé… et intitulé « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) ». J’ai monté la même année, après plusieurs ateliers aux JDE sur cette thématique, un groupe de travail « démographie » qui a été officialisé par le BE mais qui n’a eu aucun écho chez nos dirigeants. Je suis aussi cofondateur du groupe de travail « imaginer une économie écologique », une instance adoubée par le CF en 2014. Pour préparer la présidentielle de 2017, j’ai rédigé un livre synthèse de 370 pages, « L’écologie à l’épreuve du pouvoir », présentant tous les programmes politiques possibles. Au JDE de 2016, on a refusé un atelier autour de mes thématiques et ma séance de dédicace n’a eu aucun succès. Entre les deux tours de la présidentielle de 2017, j’ai donc pris contact étroit avec le (futur) député « en marche » de ma circonscription, très ouvert apparemment à l’écologie. Mais dans la mouvance du groupe local, autant la plupart des adhérents de base avaient la fibre écolo, autant les orientations nationales allaient à l’inverse. Au bout de deux ou trois mois, j’ai compris (comme plus tard Nicolas Hulot) que Macron n’était pas compatible avec l’écologie. Mon livre anti-Macron « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir » est sorti en libraire en octobre 2018. Je suis (re)devenu coopérateur EELV à plein temps. J’ai mis en place officiellement en 2019 lors des JDE de Toulouse un collectif « Formation de formateurs à l’écologie ». J’ai rassemblé tout un groupe, mais il n’y avait que moi qui était actif pour rédiger fiches de formation et rapports de conférences. Qui sait que le BE actuel compte un membre dédié à la formation ? Mais il ne faut pas se décourager, il faut toujours chercher le chemin le plus propice à promouvoir l’écologie politique.

J’ai presque tout essayé. La structure « économie écologique » était devenue en 2017 une commission thématique « post-croissance ». J’en suis récemment devenu membre… mais il n’y a aucune organisation interne à cette commission, on discutaille à perdre haleine sans vouloir que cela débouche sur une orientation du parti. J’ai même testé sans illusion beaucoup d’autres tentatives d’ouverture du mouvement ; à une époque j’étais au conseil d’orientation politique, et récemment avec le groupe de travail sur la « réinvention du Mouvement »

Aucune de ces structures, groupes de travail ou commission, n’est arrivé à donner un résultat durable, les militants préfèrent se contester entre eux plutôt que de rechercher la symbiose. On peut d’ailleurs généraliser à toutes les commissions thématiques, elles existent théoriquement pour réfléchir et éclairer le parti sur les orientations à prendre, elle ne servent à rien. La seule commission qui arrive à se faire connaître, c’est la commission féminisme, mais on n’y parle pas d’écologisme ! Grâce à Denis, j’ai obtenu une place de coopérateur auprès du Conseil Fédéral que j’abreuve de mes analyses ; elles ne sont jamais suivies d’effet, mais au moins je peux les proférer.

En conclusion, ce n’est pas parce que je passe personnellement d’un échec à un autre qu’il ne faut pas tenter l’impossible… René Dumont, notre figure de proue écologique, disait dès 1974 que l’utopie, c’est ce qui n’est pas encore réalisé. A mon avis il faudra au moins un siècle pour que l’urgence écologique devienne l’éthique commune de l’humanité. D’ici là le mouvement écologiste aura connu beaucoup de schismes et opéré beaucoup de mutations avant de convaincre nos peuples que l’humanité doit s’obliger à une coopération durable avec la planète qui entretient la vie de tous les espèces (dont homo sapiens/demens). D’ici là je serai mort depuis longtemps, mais il faut par principe faire confiance aux générations futures. Pour arriver à une humanité moins anthropocentrée, elles seront aidées par mon partenaire préféré, la biosphère.

Ce sont les craquements de notre mère la Terre et ses dysfonctionnements provoqués par notre espèce qui nous obligent à penser autrement. Notre constat politique est commun, toutes les études scientifiques le prouvent, l’urgence écologique est omniprésente : épuisement halieutique, stress hydrique, surpopulation ET surconsommation, raréfaction des ressources renouvelables ET non renouvelables, pic pétrolier ET pic des métaux, réchauffement climatique, extinction de la biodiversité, stérilisation des terres agricoles et disparition des forêts primaires, bidonvillisation de l’habitat et morgue des super-riches du haut de leurs yachts et de leurs avions, gaspillage des ressources alimentaires et obsolescences programmées, aliénation du peuple par la société du spectacle, conformisme des consommateurs formatés par l’emprise publicitaire, foi aveugle dans le progrès techno-scientifique et ses solutions-miracle, montée de l’individualisme exacerbé d’un côté et explosion des intégrismes de l’autre, militarisation de l’existence, en bref dépassement des limites dans tous les domaines.

Reconnaître cela, lutter contre des tendances mortifères, c’est vouloir nécessairement la coopération, c’est chercher le meilleur chemin, c’est tenter l’impossible.

Michel Sourrouille

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La biodiversité aux abonnés absents

Si les services rendus par la nature sont surexploités, c’est que personne n’en assure le coût. La nature ne se fait pas payer quand elle nous donne son eau, son pétrole, ses forêts, ou quand elle gère et digère nos déchets. Elle n’envoie pas d’avocat pour les préjudices qu’elle subit quand on dérégule le climat ou qu’on détruit la biodiversité. Il n’y a pas d’autres choix que de recourir à des mécanismes impliquant la puissance publique. Autrement dit, la gestion de la biodiversité en tant que bien collectif doit devenir une mission régalienne.

Jérémie Wainstain :  La biodiversité n’est pas un sujet comme les autres : c’est la clé de voûte de nos systèmes alimentaires. Les vers de terre, les arbres, les champignons, les abeilles sont les ouvriers invisibles (et gratuits) qui permettent aux agriculteurs de produire ce qui nous nourrit. Sans biodiversité, pas de pollinisation, pas de sols fertiles, pas de recyclage des nutriments, pas de régulations des espèces invasives ou des maladies. Sans biodiversité, pas de purification de l’eau et de l’air, pas de régulation du climat par les zones humides. Plus de trois cents indicateurs de biodiversité sont aujourd’hui référencés dans des publications, répartis en indicateurs de « pression » (mesure de l’utilisation des terres et de l’eau, de la perte d’habitat et de l’utilisation d’engrais), indicateurs d’« état » (mesure de la santé des espèces et de l’intégrité des écosystèmes) ou indicateurs « prédictifs », qui permettent de faire le lien entre les actions et leurs effets. Grâce à la méthode de l’analyse du cycle de vie (ACV), qui définit précisément les règles comptables d’affectation des impacts, on sait aussi remonter ces impacts à l’échelle de chaque référence produit et dans chaque rayon des supermarchés.

Pourtant, tout se passe comme si l’industrie agroalimentaire n’avait pas encore bien pris conscience de son impact massif sur la biodiversité. Il est plus que temps à présent de prendre ses responsabilités envers la nature.

Le point de vue des écologistes biodiversifiés

– La grande révolte des agriculteurs cette année contre le cadrage écologique des activités agricoles et la suppression de toutes les normes qui les embêtaient est bien significative du fait que la réalité des sols n’est pas la préoccupation de la FNSEA.

– L’agro-alimentaire a réussi à produire des semences stériles. C’est pas pour favoriser la biodiversité, c’est pour optimiser le business. Donc on ne peut pas attendre grand chose d’eux. Il faut s’occuper plutôt des jardiniers de la biodiversité : les paysans et maraîchers .

– Les succès sur des courtes périodes masquent souvent des conséquences très lourdes sur des temps plus longs car comme les écosystèmes ne réagissent pas forcément immédiatement à leurs multiples altérations.

– L’Union internationale pour la conservation de la nature estime 2 903 espèces sont menacées d’extinction en France. Le document alerte également sur la disparition déjà actée de 189 espèces. Dans le détail, les oiseaux nicheurs sont particulièrement menacés, avec 32% des espèces concernées. 

– Les humains et les animaux d’élevages représentent dorénavant 96% de la masse des animaux vertébrés. Les animaux sauvages 4% seulement. Il semblerait que cela soit encore trop.

– Pour nourrir bientôt 10 milliards d’individus, soit il faut accepter de consacrer 1/3 de son revenu à l’alimentation, soit il faut accepter que la biodiversité diminue. L’agro-industrie n’est pas un jeu gagnant-gagnant.

– On est prévenu , mais quand la voiture aura un crash, on l’enverra au garage (qui s’appelle ici « Génération suivante ») . Mais je ne sais pas ce qu’ils feront en cas de « sinistre total ».

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La biodiversité aux temps de Macron

extraits : La publication de la nouvelle stratégie nationale pour la biodiversité est reportée, la « partie opérationnelle » doit encore faire l’objet de travaux supplémentaires !!! La précédente stratégie (2011-2020) n’avait pas réussi à enrayer la disparition des espèces et la dégradation des écosystèmes. La COP15 sur la biodiversité pourrait se tenir à la fin de l’été en Chine, mais les dates, après plusieurs reports, n’ont pas encore été annoncées.

COP15 sur la biodiversité, le blabla habituel

extraits : Les travaux de la 15e conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15) ont débuté le mercredi 7 décembre 2022 au Canada. On connaît déjà le résultat final ! L‘espèce humaine remodèle le système biologique à son propre service depuis l’apparition de l’agriculture et de l’élevage. Ce mode d’organisation, fondé aujourd’hui sur les monocultures, l’élevage intensif, et la mondialisation des ressources alimentaires, est profondément instable. Plus nous sommes nombreux, plus nous voulons manger, plus nous fragilisons le milieu naturel car c’est la richesse de la biodiversité qui permettait une résilience durable. Alors la COP15 dans un tel contexte, c’est tâche impossible à l’image de la COP27 sur le climat , 27 années de négociations pour rien….

En savoir encore plus

Sur ce blog, nous suivons avec inquiétude l’état de plus en plus désespérant de la biodiversité. Exemples :

La biodiversité dans le monde

9 mai 2019, Biodiversité en péril extrême, tout le monde s’en fout

2 mai 2019, L’IPBES, l’équivalent pour la biodiversité du GIEC

25 mars 2018, L’homme disparaîtra, bon débarras ! L’IPBES le dit…

20 octobre 2012, Conférence mondiale sur la biodiversité, bavardage !

20 février 2010, biodiversité, un objectif perdu d’avance

2 février 2005, la biodiversité en péril selon l’union mondiale de la nature

La biodiversité en France

8 juillet 2018, Plan biodiversité, laissez-moi rigoler…

22 mai 2018, Nicolas Hulot à l’épreuve de la chute de la biodiversité

6 janvier 2017, La police de la biodiversité mise en place sans moyens

17 mars 2016, Loi sur la biodiversité, un vrai parcours du combattant

19 janvier 2016, loi sur la biodiversité, la mascarade de la compensation

26 mars 2015, Loi sur la biodiversité ne veut pas dire biocentrisme

1er juin 2012, sans sentiment de nature, la biodiversité fout le camp

14 août 2008, bagnole versus Biodiversité

25 juin 2008, Donner un prix à la biodiversité (Pavan Sukhdev)

9 décembre 2007, le concept de biodiversité (définition)

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TRIBUNE d’objecteurs de conscience

Cette tribune est passée dans le journal « L’Humanité » du 24 mai 2024

https://www.humanite.fr/en-debat/armee-francaise/objecteur-de-conscience-a-la-journee-defense-et-citoyennete-cest-possible

Se déclarer objecteur de conscience à la Journée Défense et Citoyenneté (JDC), c’est possible

La guerre n’a jamais cessé, la fin de la seconde guerre mondiale ne signifiait pas la fin de toutes les guerres. Pour la France, la guerre en Indochine, ce n’était pas une « opération spéciale ». Entre 1952 et 1962, ce sont 1 343 000 appelés ou rappelés et 407 000 militaires d’active qui participent au « maintien de l’ordre » en Afrique du Nord (en Algérie, Maroc et Tunisie). Le statut des objecteurs de conscience découle d’ailleurs du refus par certains de la guerre en Algérie. Il est, grâce à l’action de Louis Lecoin et l’assentiment du président Charles de Gaule, adopté par une loi de décembre 1963. La loi Joxe en 1983, ne fait qu’assouplir les conditions d’obtention du statut. L‘obtention du statut devient automatique sous réserve d’envoyer une lettre type.

Mais la fin de la conscription en 1997 constitue une nouvelle donne. Une journée de défense et de citoyenneté devient obligatoire. Tous les jeunes ayant la nationalité française doivent être recensés à partir de 16 ans et sont appelés à effectuer une journée d’appel avant 18 ans. Par contre, aucune possibilité de se déclarer « objecteur de conscience » n’est prévue par la loi du 28 octobre 1997. Selon le point de vue officiel publié au JO le 20/03/2007,  « le ministère de la défense ne peut préjuger des dispositions que prendrait le pouvoir législatif sur les conditions de recevabilité des demandes d’admission au bénéfice du dispositif de l’objection de conscience. La forme de service que souhaiterait accomplir chaque administré effectuant la journée d’appel de préparation à la défense (JAPD) n’est pas l’une des données dont le recueil est autorisé. »

Rappelons pourtant que le droit à l’objection de conscience au service militaire repose sur l’article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui garantit le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ou de conviction. L’obligation d’employer la force au prix de vies humaines peut être gravement en conflit avec la liberté de conscience et le droit de manifester sa religion ou ses convictions.

Le président de la république Emmanuel Macron, lors d’une conférence de presse le 14 mars 2024, était clair : « Nous devons être prêts sans rien exclure, pas même le déploiement de militaires français sur le territoire ukrainien. » En toute transparence démocratique, les jeunes doivent être informés que l’incorporation n’est que suspendue ; l’appel sous les drapeaux peut être « rétabli à tout moment par la loi dès lors que les conditions de la défense de la Nation l’exigent ou que les objectifs assignés aux armées le nécessitent » (Loi portant réforme du service national du 28 octobre 1997, L. 112.2). Dans de telles circonstances, il pourrait être difficile pour les services compétents de traiter dans l’urgence et massivement des demandes d’objection de conscience.

C’est pourquoi lors de la Journée Défense et Citoyenneté (JDC, anciennement JAPD), il nous semble conforme à la logique démocratique qu’un jeune homme ou une jeune femme puisse déclarer :

« Je désire manifester dès maintenant mon refus d’un service militaire armé pour motif de conscience et je demande à bénéficier d’un tel droit reconnu internationalement. Mes convictions, basées sur la recherche de la bonne entente collective, me conduisent à d’autres formes d’engagement pour la nation et les peuples que l’usage des armes ».

Premiers signataires

BELIN Hervé (objecteur, 1977)

BOVÉ José (objecteur, 1975)

CARLEN Jean-Yves (objecteur, 1988)

FABRE Paul (objecteur, 1973)

COULON Patrice (objecteur, 1975)

KOPP Jean (objecteur, 1981)

LANGLOIS Denis (emprisonné en 1966)

MARCHAND François (objecteur, 1974)

MOREL Dominique (objecteur, 1970)

MOREL Yves (objecteur, 1975)

REFALO Alain (objecteur, 1985)

RICHARD Christian (objecteur, 1974)

SOMMERMEYER Pierre (objecteur, 1963)

SOURROUILLE Michel (objecteur, 1971)

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La neutralité des scientifiques en question

De plus en plus de climatologues, d’écologues, de physiciens ou de sociologues décident de sortir de leurs laboratoires pour investir l’agora. Tribunes, prises de parole sur les réseaux sociaux, soutiens à des actions en justice, désobéissance civile… Frustrés par ce qu’ils perçoivent comme une « inaction », ils ne veulent plus se contenter de chroniquer les crises écologiques en cours. Ces prises de position valent souvent d’être accusé de militantisme.

lemonde.fr : La notion de neutralité est souvent invoquée pour limiter la liberté d’expression des scientifiques. Les comités d’éthique considèrent pourtant qu’elle n’est pas un obstacle à l’engagement, jugeant impossible de séparer le citoyen du scientifique. La « neutralité » est même assez fictive. La recherche se fait en pratique dans un cadre qui n’est pas neutre, qu’il s’agisse des financements ou des applications des travaux de recherche : « Certains collègues trouvent que mes sujets de recherche ne sont pas neutres, alors même qu’ils travaillent sur la reconnaissance faciale ou sur la surveillance par drones. »

Ce qui se joue n’est pas seulement l’engagement pour l’avenir de la planète, mais aussi celui pour la science. Faut-il faire de la recherche autrement ? Faut-il l’arrêter ? Faut-il la refonder ? Le système de recherche actuel basé sur la compétition entre scientifiques ne semble pas compatible avec la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Le point de vue des écologistes

– On rejette des faits scientifiques qui dérangent en les faisant passer pour des opinions.

– Expliquer aux gens, donc aux électeurs, que la vie sur terre sera invivable avant la fin du siècle est objectivement une mauvaise nouvelle. Cela passe mal pour certains. C’est pourtant nécessaire.

– On respire le même air, on boit la même eau, on souffre des mêmes températures, on subit les mêmes inondations, et on n’aurait pas le droit d’en parler ?

– Le devoir de neutralité, c’est un concept anticonstitutionnel. Il n’est utile que pour les autorités qui veulent de simples exécutants, fournisseurs de technologies pour nos industries. Tout citoyen a le droit d’exprimer ses opinions.

– Les chercheurs possèdent 2 caractéristiques : 1), ce sont des citoyens et 2), ce sont les mieux informés des conséquences de nos modes de vie. Qui pourraient leur dénier le droit d’agir pour tenter de prévenir les risques existentiels qui menacent l’humanité et la biodiversité ?

– La seule recherche qui soit neutre est la science fondamentale par rapport la science appliqué (la technoscience). L’une apporte des connaissances universelles, l’autre est menée par des entreprises dont les modalités s’appelle bénéfices, conflits d’intérêt, lobbying, etc.

– La science fondamentale, désintéressée, travaille en grande partie à résoudre les problèmes générées par les sciences au service du business. Les oncologues cherchent des thérapies aux cancers dues à la prolifération de nouvelles molécules sorties des labos de chimie. Les sociologues et psychiatres traitent des dégâts des « nouvelles technologies », l’écoanxiété. Les climatologues et biologistes constatent les destructions généralisées des technologies mise en œuvre.

– Très bien que les scientifiques s’engagent !! Il ne faut pas laisser l’obscurantisme économique étouffer les vérités scientifiques.

– En « sciences » économiques et sociale, le programme officiel des élèves est idéologiquement orienté en faveur de la croissance économique. Critiquer cette thèse, c’est se faire accuser d’absence de neutralité alors que c’est le programme lui même qui est engagé dans le respect de l’économie orthodoxe.  Le mot même de « décroissance » paraît complètement irréaliste alors que l’histoire de l’économie montre que les crises économiques peuvent être très très très douloureuses…

– Einstein lui même fut très engagé à l’arrivée des nazis au pouvoir et contre l’usage des armées.

– Kant dans « Qu’est-ce que les Lumières ? » : « Quelle limite, loin de les entraver, favorise les lumières ? — Je réponds : l’usage public de sa raison doit toujours être libre, et seul il peut répandre les lumières parmi les hommes. J’entends par usage public de sa raison celui qu’en fait quelqu’un, à titre de savant, devant le public entier des lecteurs. »

– Faut-il rappeler que Jordan Bardella qui doit avoir 4 neurones en leasing arrive quand même à séduire plus de 30 % de la population ?

– Le but de la grande masse des citoyens est de satisfaire ses besoins, pas d’en comprendre les conséquences.

– La plupart des électeurs et des élus ne font aucune différence entre « faits scientifiques » et « opinions ».

– Cela fait au moins 50 ans que des scientifiques ont énoncé les décisions qu’il fallait prendre et les choix qu’il fallait faire.

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Arditi et Raffarin prônent sans rire la technoscience (2019)

extraits : La faim dans le monde et la prolifération des insectes inquiète un collectif de « personnalités » (Pierre Arditi, Jean-Pierre Raffarin, etc.)* : « L’aversion d’une partie de la société bloque les recherches sur les biotechnologies… Or les progrès scientifiques et technologiques ont indéniablement permis de réduire la faim dans le monde… On peut nourrir une population qui a été multipliée par 2,3 depuis 50 ans grâce aux engrais, à l’amélioration génétique et aux biotechnologies de la reproduction, à l’emploi de fongicides, d’insecticides….

La technoscience pour le + grand profit des industriels (2017)

extraits :  Dans le monde réel, les grandes sociétés mettent tout en œuvre pour dissimuler les risques inhérents à leurs produits. Un modèle d’expertise où l’industriel conduit, ou finance les études qui viendront à l’appui de son dossier d’homologation, est devenu intenable. Il en fournit l’analyse, il les conserve secrètes et les offre aux seuls regards des agences de sécurité sanitaire. Ce processus produit accident sur accident : moteurs diesel truqués, pesticides « tueurs d’abeilles », perturbateurs endocriniens, amiante, Mediator, scandale du chlordécone aux Antilles, etc. Les exemples ne manquent pas….

Le moment où la technoscience devient insupportable ! (2014)

extraits : Il ne faudrait pas toujours faire ce que nous savons faire, mais les techno-scientifiques n’ont jamais su ne pas faire ce qu’ils savaient faire. Pour l’instant nous sommes encore soumis à la loi de Gabor : « Tout ce qui est techniquement possible sera nécessairement réalisé ». Mais il suffirait que les Etats ne financent plus ce genre de recherches à haut risque pour que les chercheurs retrouvent le sens de la mesure et de la modération. Or la décision du gouvernement américain….

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Europe 2024, l’union sacrée pour la voiture

Dans la campagne pour les élections européennes du 9 juin 2024, la voiture électrise les débats. Pour ou contre le passage à l’électrique, autant dire que l’idée de dévoiturage n’effleure même pas les débats politiques.

Philippe Bernard : La dénonciation de l’interdiction de la vente de voitures neuves à moteur thermique en 2035 par l’Union européenne (UE) tient lieu d’épouvantail pour l’extrême droite et la droite. « La fin du moteur thermique est un coup de canif dans le pouvoir d’achat de nos concitoyens », a martelé le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella. François-Xavier Bellamy, tête de liste du parti Les Républicains, prédit que « le continent européen va ressembler à Cuba avec des véhicules hors d’âge ». En Allemagne l’AfD (extrême droite) défile au cri de « Le diesel, c’est super », tandis que les conservateurs de la CDU-CSU promettent d’« abolir l’interdiction des moteurs thermiques pour préserver la technologie de pointe allemande ».

Le rejet de la technocratie écologiste s’ajoute au front anti-immigré pour devenir les deux matrices de l’offre électorale des droites européennes. Les politiques écologiques sont vécues comme remettant en cause des modes de vie, voire des identités .Moins on est ouvert à la diversité culturelle et progressiste sur les questions sociétales, plus on est relativiste, voire sceptique, sur le climat et réceptif à l’idée d’« écologie punitive ».

Le point de vue des écologistes sans voitures

Les populistes préfèrent faire semblant de croire que le thermique pourra continuer d’exister jusqu’à la fin des temps, sans aucune contrainte climatique ni fin des réserves pétrolières et envolée du prix baril. Quelle malhonnêteté ! Les technologues font semblant de croire que l’électricité tombe du ciel et de quelques centrales nucléaires sans se soucier du coût écologique de l’électricité et des batteries. Quelle malhonnêteté !

L’automobile en tant qu’objet de consommation de masse (1,2 milliards de voitures dans le monde) était devenue le cancer de notre civilisation thermo-industrielle. Elle casse les villes, dégrade l’espace, pollue la nature. Elle ronge toute nos infrastructures par sa prolifération effarante, anarchique et  dominatrice. Elle gaspille une énergie sans cesse plus rare et plus coûteuse à produire. Elle brise les cadres d’une vie communautaire, chacun de nous restant enfermé dans sa petite carapace qui exalte notre agressivité… ou cultive notre découragement dans les embouteillages. Alors pourquoi s’ingénier à vouloir donner par l’électrification une nouvelle vie à nos carrosses  ? La voiture électrique ne peut promouvoir une « transition juste » sur le plan écologique et social, car il faut fabriquer, distribuer et conserver l’électricité, tâche impossible à grande échelle.

Le plus paradoxal est que dans 20 ans on aura du mal à comprendre pourquoi tant de gens s’accrochaient à leurs voitures puantes et bruyantes. Pensez une minute à la complexité du système pour avoir de l’essence ou de l’électricité près de chez soi : extraction ou production, réseaux de distribution, etc. Vive le dévoiturage, le rapprochement du lieu de vie et du lieu de travail, la fin du tourisme au long cours… La trottinette et le vélo n’ont pas besoin de moteur pour être propulsé par notre seule force physique.

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Européennes. Des écologistes inaudibles

extraits : Interrogés sur la question de la transition écologique, plusieurs candidats ont critiqué l’interdiction prévue de la vente des voitures thermiques neuves à partir de 2035. Ainsi de Jordan Bardella (« un coup de canif porté au pouvoir d’achat de nos concitoyens ») ou de Marion Maréchal-Le Pen, qui y voit une mesure qui « favorise une fois de plus les importations chinoises ». Valérie Hayer a souligné qu’il ne s’agissait « pas de dire demain aux Français “vous ne pourrez plus utiliser votre voiture thermique” », mais que « vous pourrez continuer à utiliser des voitures thermiques de seconde main ». Raphaël Glucksmann a approuvé le développement « des filières européennes de voiture électrique »….

Fin du moteur thermique, dévoiturage obligé

extraits : La vraie question que personne ne pose est avec quelle matière première produire la monstrueuse quantité l’électricité nécessaire pour alimenter tout le parc de voiture, camions, autobus ? Éoliennes, photo-voltaïque, bio-masse seront incapables de fournir les quantités requises. Je maintiens qu’il ne faut pas sous-estimer la filière de la voiture à pédale, la seule qui assure d’avoir de beaux mollets….

Nous n’en poumons plus, vite le dévoiturage !

extraits : Sortir de la voiture individuelle ne sera pas une mince affaire. Pourtant ça urge, le climat et nos poumons sont à la peine. La loi d’orientation des mobilités (LOM) est discutée par nos députés depuis le 3 juin. Le projet inscrit dans la loi l’interdiction en 2040 de la vente des voitures utilisant des énergies fossiles (pétrole, essence, GPL, GNL).Un tel choix implique une massification de l’électro-mobilité, et donc la multiplication des centrales nucléaires. Or là-dessus le projet ne dit rien…. 

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Horrible, l’expression « décroissance »

Le mensuel « La Décroissance » occulte soigneusement des termes comme Démondialisation, Démilitarisation, Dépopulation, Désurbanisation… mais il donne souvent la parole a des spécialistes de la décroissance qui savent ce que raisonner veut dire. Exemple, sur cette question :

La décroissance semble plus que jamais provoquer un rejet radical, voire l’hystérie…

comment le comprendre ?

Serge Latouche : Il s’agit à l’origine de ne pas voir l’ampleur de la pollution généralisée de la Terre ; c’est le déni. Autrement dit, l’idée qu’une croissance économique infinie est incompatible avec une planète finie apparaissait comme « folklorique ». Dans un deuxième temps, comme les faits sont têtus, il devient impossible de nier qu’il se passait quelque chose avec la biodiversité, le climat, etc. Nous eûmes droit au développement durable. Lorsqu’il ne fit plus recette, nous passâmes à la croissance verte, l’économie circulaire, etc. Aujourd’hui, avec l’épuisement de ces stratégies de communication par l’écoblanchiment, la dernière cartouche : anathématisation des partisans d’un véritable changement. On crée des repoussoirs comme « l’écologie punitive », les Khmers verts, etc. Chacun est sommé de s’écrier de façon hystérique : « Non, non, je ne suis pas pour la décroissance. » Mais plus nous serons outrageusement diffamé, plus ce sera le signe que nous disons la vérité.

Luc Semal : Tantôt ce sont les membres du RN qui accusent les Macronistes de condamner la France à la décroissance, tantôt c’est Emmanuel Macron qui dénonce le projet du RN comme un projet de décroissance. De leur point de vue, la décroissance est considérée comme une proposition délirante. La nouveauté, c’est cette intensification de l’invective par un seul mot. Il est navrant de constater combien tout cela est déconnecté du débat scientifique sur les limites planétaires et leurs implications. Il est désormais bien tard sur l’horloge d’une décroissance en catastrophe, nous sommes au pied du mur. Le problème, c’est que cette décroissance abrupte sera seulement perçue comme une proposition encore plus délirante par les défenseurs de la croissance qui répondent toujours par une surenchère de promesses techniques.

Martin Steffans : Si la décroissance est à ce point dénigrée, c’est que le débat politique ne procède plus tout simplement du réel. La croissance économique est impossible, voilà la seule analyse ajustée à un réel fondé sur des savoirs scientifiques. Car s’il y a bien une chose de certaine, c’est que le système Terre est insensible à la communication politique. Pendant des siècles, on a pu définir la politique comme l’instance qui définissait le réel contre la fatalité des dieux ou de la nature. C’est maintenant le réel qui doit redéfinir la politique ! Voyez notre président de la république faisant des vidéos à destination des jeunes sur des questions écologiques sans, à aucun moment, évoquer des savoirs scientifiques. Voyez ce sujet récent au bac de sciences économiques et sociales : « Vous montrerez la façon dont l’innovation permet de repousser les limites écologiques de la croissance. » Je pense malgré tout que, dans quelques temps, la décroissance deviendra un évidence et une réalité.

Nathanaël Wallenhorst : Selon Aristote, un être vivant passe par trois périodes : naître, croître et dépérir. C’est un seul et même mouvement. Est-ce triste ? Oui, si on considère l’arrêt de la croissance comme un mal. Pourtant décroître est un moment de la vie à moins de considérer la vieillesse comme une maladie. Et il y a beaucoup de morts dans le fait de vouloir croître sans cesse : on désole la terre pour les générations qui suivent. Pourquoi a-t-on tant de mal avec ce mot décroissance? Parce que nul n’a envie de céder sa place. Mais qui a envie de ne vivre que pour soi ?

source : La Décroissance n° 209 de mai 2024, page 14 et 15

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Horrible, limiter la liberté d’expression

extraits : Le philosophe John Stuart Mill (1806-1873) avait défini la portée de la liberté d’expression : lorsqu’il est libre, le débat contradictoire peut conduire à une forme d’autorégulation spontanée de la parole. Les contre-vérités, les propos aberrants ou loufoques finissent toujours normalement par être critiqués et neutralisés. Mais à son époque, peu de personnes avaient accès à la parole publique et toutes partageaient les mêmes codes de langage. Le débat éclairé était encore possible. Ce n’est plus le cas aujourd’hui ….

Horrible, je suis un affreux malthusien

extraits : J’adore James Lovelock quand il déclare que « ceux qui ne voient pas que la surpopulation mondiale et le changement climatique sont les deux faces d’une même pièce, sont des ignorants ou des menteurs. Ces deux énormes problèmes environnementaux sont inséparables et discuter de l’un en ignorant l’autre est irrationnel »….

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Festival de Cannes, l’inutile en avant-première

Le Festival de Cannes se termine le 25 mai, c’est pas trop tôt ! Difficile de critiquer cette mascarade, la critique n’est admise que sur les mauvais films… et même souvent les bons. L’intérêt de cette cérémonie n’est jamais remis en question. Ce festival dure douze jours pendant la seconde quinzaine du mois de mai, douze jours de trop.

Philippe Erlanger avait eu l’idée du festival dans le train lors de son retour de la Mostra de Venise en 1938 et retenu deux villes : Biarritz et Cannes. Le gouvernement décide alors de créer un comité de coordination ; tout est politique, à commencer par l’industrie du spectacle. Le festival est officiellement attribué à Cannes le 31 mai 1939 avec la signature d’un contrat entre cette ville et l’État. La salle de projection du Casino municipal de Cannes pouvant accueillir un millier de spectateurs. On valorise le nombre… de spectateurs. Le 1er septembre, jour de l’ouverture du festival, les troupes allemandes pénètrent en Pologne, les Festivités sont annulées… jusqu’en 1946. À partir des années 1950, Cannes devient le plus grand événement du cinéma mondial. Le jury est maintenant constitué essentiellement de célébrités de l’industrie du film ; le cinéma se fait son cinéma… nombriliste. La mythique montée des marches et de son tapis rouge est bien sûr filmée, ses images sont diffusées dans le monde entier… elle est aussi l’occasion pour les couturiers de faire connaître leurs dernières créations. Le marketing a encore frappé, pas l’apprentissage de la réflexion. Cannes, c’est l’usine cinématographique au bord de l’eau.

Nous préférons de loin le Festival international d’échecs de Cannes qui a lieu en févier. Là au moins tout le monde peut participer et on ne se contente pas de courir après un autographe.

Le point de vue des écologistes sur la pellicule

L’industrie de consommation de spectacles qui est la nôtre se garde d’inquiéter la population à l’heure où, au contraire, on devrait être angoissé des périls en cours, épuisement des ressources fossiles et des métaux, réchauffement climatique, océans sur-pêchés et pollués, etc. Les artistes qui vivent de l’air contemporain préfèrent amuser ou épater la galerie plutôt que d’aborder les véritables problèmes de fond, anxiogènes. L’écologie ne semble pas inspirer les artistes. Pas encore mais ça commence. Des professionnels avaient lancé le 22 mai 2023 à Cannes le manifeste CUT ! (Cinéma uni pour la transition) pour que le 7ᵉ art se mette urgemment au service de l’écologie :

« Tout est lié. Nous sommes tous liés. Nous formons la société du spectacle. Nous disposons de super-pouvoirs. Et, par conséquent, de super-responsabilités. Chaque jour, nos films touchent des millions de personnes. Les salles, les œuvres créent des liens uniques entre les humains, les réunissent autour d’histoires communes, qui influencent la façon dont ils regardent, comprennent le monde… En ces temps critiques pour l’humanité, à quoi servons-nous vraiment ? Comment nous, artistes et professionnels du cinéma, pouvons-nous faire notre part. Tout comme les Américains ont promu et disséminé dans le monde entier l’« American way of life » à la fin de la seconde guerre mondiale en utilisant les films, la télévision, la publicité, nous pouvons aujourd’hui construire de nouvelles représentations du monde, de l’avenir. Tout doit être repensé, réinventé, reconstruit.

Aujourd’hui, nous décidons de prendre part pleinement à cette bataille du siècle... » 

Quelques trop rares films à voir pour leur pertinence socio-écolo

Le film de Daniel Goldhaber, Sabotage (2023)

extraits : La génération actuelle se sentant trahie par les précédentes, qui lui lèguent une planète aux allure de poubelle, a-t-elle raison d’opter pour la violence la plus radicale ? Oui, répond Daniel Goldhaber avec ce film militant dans lequel il adopte fidèlement le manifeste du Suédois Andreas Malm, « Comment saboter un pipeline ». Que l’on apprécie ou non le choix de ces militants , le film atteint son but : faire réfléchir.

La bouffonnerie de l’humanité, LE film à voir (2021)

extraits : Aller au cinéma, c’est choisir deux ou trois films qu’il faut avoir vu dans l’année, le reste on peut s’en passer. Choisir « Don’t Look Up. Déni cosmique » : la comète McKay lancée contre la bouffonnerie de l’humanité. Des chercheurs acquièrent la certitude mathématique qu’une comète colossale fonce droit sur la Terre et menace de la détruire sous six mois. A la Maison Blanche, ils se confrontent à une administration incapable de prendre la mesure du désastre. La présidente et son entourage ne sont que des démagogues outrageusement narcissiques, obnubilés par les scandales de mœurs….

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Décroissance, Démilitarisation, Désarmement

Objecteur de conscience, je suis devenu par la suite objecteur de croissance, pour la décroissance du niveau de vie de tous ceux qui vivent à l’occidentale, pour la décroissance démographique dans tous les pays… et pour la décroissance des armées, la démilitarisation, le désarmement. Nous sommes aujourd’hui encore une infime minorité à revendiquer ce point de vue. Mais dans un monde où la télécommunication met en présence les individus de tous les pays, à l’heure où des instances internationales sont institutionnalisées et se coordonnent progressivement, un monde de paix et sans armées devient possible. Ce n’est pas la tendance actuelle.

Jean-Michel Bezat : La protection de l’Europe, des armes conventionnelles au parapluie nucléaire, pourrait être moins « made in America ». Entre 2019 et 2023, 55 % des achats européens d’équipements militaires provenaient des Etats-Unis (contre 35 % auparavant). Les géants européens sont des poids moyens face à Lockheed Martin, Raytheon Technologies, Northrop Grumman, General Dynamics, les leaders mondiaux biberonnés aux commandes du Pentagone, doté d’un budget de 886 milliards de dollars en 2024. La faiblesse de l’Union européenne (UE) vient aussi de la concurrence entre ses Etats membres dans les chasseurs, les frégates, les sous-marins, l’armement terrestre et les boucliers antimissiles. Mais l’année 2024 a sonné le réveil, sur le plan politique au moins. La Commission européenne a dévoilé, le 5 mars, une stratégie et un programme en faveur des industries de défense. Une première, avec ce mot d’ordre : « investir plus, mieux, ensemble et européen ».

Le point de vue des écologistes pacifistes

Dans notre monde déjà surarmé, on ne parle donc que d’en rajouter, des missiles, des porte-avions, des drones, du nucléaire, etc. Étonnant pour un pacifiste que cet article du MONDE n’évoque pas un principe alternatif à la vulgate « si tu veux la paix, prépare la guerre ». Nous pourrions pourtant, si nous étions intelligent, favoriser l’idée « si tu veux la paix prépare la paix. » L’application est simple, faire la promotion à tous les niveaux (individuel et gouvernemental) de l’objection de conscience, le refus en toutes circonstances de l’usage collectif des armes. Si la France et l’UE indiquaient aussi qu’on va mettre toutes nos forces armées au service de l’ONU (et pas de l’OTAN), un grand pas vers le transnationalisme et la paix dans le monde serait accompli…

Notez l’expression « usage individuel des armes » dans la définition officielle de l’objection de conscience ; cela ramène le refus de la violence armée à seulement une expression individuelle, ce qui veut dire qu’il n’y aurait pas pour nos instances politiques possibilité de vouloir revendiquer la disparition de toutes les armées.

Pour l’instant les médias marginalisent complètement l’idée de démilitarisation :

La fiche wikipedia se contente du juste minimum : « La démilitarisation est le processus de réduction de l’armée d’une nation, de ses armes ou de ses véhicules armés jusqu’à un minimum convenu. » La définition est restrictive, un complet désarmement n’est pas envisagé.

Les archives du MONDE ne parle de démilitarisation que pour des contextes particuliers : « démilitarisation » du Haut-Karabakh, démilitarisation de la centrale de Zaporijia, démilitarisation du FLNC en Corse…

 

Le Monde diplomatique fait une brève référence au livre d’Alain Refalo, membre du Mouvement pour une alternative non violente (MAN) : « Démilitariser la France. Plaidoyer pour un pays acteur de paix. »

Résumé du livre d’Alain Refalo, « Démilitariser la France » : La France est l’un des pays les plus militarisés parmi les pays démocratiques. Notre pays cumule à la fois des symboles militaristes (histoire et mémoire guerrières, défilé militaire, hymne national), une politique de défense très coûteuse avec notamment la dissuasion nucléaire, une industrie de défense qui alimente un important commerce des armes, de nombreuses interventions militaires extérieures et une tendance de plus en plus affirmée à la militarisation de la société. Cet ouvrage met au jour les différents éléments qui structurent la militarisation de notre pays, avec des rappels historiques et des faits d’actualité, conjugués à une réflexion éthique argumentant sur la nécessité de sortir de cette militarisation afin que la France agisse en cohérence avec les valeurs de Liberté, d’Égalité et de Fraternité. Pour que la France devienne un véritable acteur de la paix dans le monde, Alain Refalo propose un vibrant plaidoyer en faveur de la mobilisation citoyenne, seule à même de faire bouger les lignes politiques sur des sujets trop souvent confinés dans des cercles spécialisés.

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Manifeste du pacifisme (Michel Sourrouille, 2010)

extraits : Désobéir pour la paix est à la fois un acte individuel et un acte collectif. La démarche de l’objecteur de conscience, refusant l’armée pour des motifs personnels, ne peut en réalité se concevoir que dans une vision de la société désirable et dans la volonté de faire partager un idéal. Car la recherche de la paix a le mérite de poser publiquement des questions fondamentales : Quel type de société mérite d’être défendu ? Contre qui ? Par quels moyens qui soient à la fois efficace et justes ?…..

Pour un désarmement nucléaire

extraits : Le jeudi 26 septembre 2019 marquera la célébration par l’ONU de la « Journée Internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires ». A cette occasion, la Fondation de l’Ecologie Politique publie une note sur l’interdiction des armes nucléaires rédigée par deux porte-paroles d’ICAN France, la branche française de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires : « L’élimination des armes nucléaires fait partie des fondamentaux de la pensée écologiste….

objecteur de conscience en temps de guerre

extraits : Se déclarer objecteur de conscience est un droit fondamental. L’objection au service militaire repose sur l’article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui garantit le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ou de conviction. En France, le statut légal de l’ « objecteur de conscience » a été créé en 1963 pour les jeunes se déclarant opposé à l’usage personnel des armes pour des motifs de conscience. Cela faisait suite aux oppositions à la guerre d’Algérie. J’ai obtenu ce statut en novembre 1971….

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Objection de conscience en temps de guerre (9 avril 2023)

Objecteur de conscience je suis, je serai

Louis Lecoin, l’histoire d’un pacifiste intégral

Pacifisme, mot inapplicable aux humains

écologie de guerre, guerre à l’écologie

Le coût écologique exorbitant des guerres

Crime de guerre, la guerre est un crime

Refus de la guerre et obsolescence des Nations

Service national universel, foutaise macroniste

Ukraine, éviter l’invasion était possible

Horrible, une société sans armées !!!

Décroissance, Démilitarisation, Désarmement Lire la suite »

Ministre des armées, retour à un passé révolu

La dénomination de ceux qui nous envoient se faire tuer à leur place change, et c’est significatif d’un état d’esprit gouvernemental. En France,  c’était le « ministère de la Défense » de 1946 à 1958, de 1969 à 1973 et de 1974 à 2017. Il y avait un « ministère des Armées » de 1958 à 1969 et  de 1973 à 1974. Depuis 2017 le jeune et tout nouveau président Macron revient à cette expression guerrière, « ministère des armées ». C’est là un non sens en démocratie car on ne suit de façon unilatérale que le seul précepte « si tu veux la paix, prépare la guerre » . Un « ministère de la défense » laissait au moins une (petit) place à la défense civile non violente et au principe « si tu veux la paix, prépare la paix ».

Comme le premier principe reste une constante de la société humaine, nous en sommes encore en 2024 à une guerre des tranchées en Ukraine et à une éradication militarisée d’un peuple en Palestine. Le pacifisme avait encore de nombreux partisans dans les années 1970 depuis la contestation des guerres au Vietnam et en Algérie a disparu des radars. Nous en sommes plus que désolés, nous rêvons encore d’un monde meilleur.

Nous avons dans nos archives personnelles « économie, société non-violence » de juillet 1969 n°1 :

« Trouvant que le terme non-violence donnait une idée fausse de sa conception, Gandhi préfère plus tard l’appeler « force de vérité ». Mais comment être sûr de posséder la vérité ? On a vu des hommes s’entre-tuer au nom d’une même doctrine, comprise différemment par chacune d’elles, une doctrine qui par ailleurs défendait de tirer l’épée… (mais) nous pouvons avoir confiance dans la capacité de résistance d’un pays pacifique qui compterait une forte proportion de non-violents actifs. »

Nous avons aussi dans nos archives « Combat non-violent« , le n° 13/14 de 1972 au prix de 3 francs : 

« L’écologie véritable englobe la politique et le problème spécifique de la militarisation. Ce numéro essaye bien humblement de combattre notre habitude intellectuelle de séparer les questions et de les étudier séparément… Le problème de la guerre est étroitement lié aux autres principaux problèmes globaux du déséquilibre économique et de l’environnement… Lorsque on va dans le mauvaise direction, il faut changer de direction. »

Nous avons même «  armée ou défense civile non violente ? »,  un numéro de mars 1975 :

« La remise en question de la défense armée ne peut et ne doit pas aller sans la recherche d’une autre forme de défense…. L’un des fondements de la non-violence est le refus de collaborer avec l’injustice… Le ressort de la non-violence est au cœur de chacun, son efficacité est fonction de la solidarité de ceux qui l’emploient… »

Nous possédons toujours le « Guide de l’objecteur de conscience » (2e trimestre 1975, 3 francs) :  

« Dans tous les pays occidentaux, mis à part l’Espagne, la Grèce, la Suisse et le Portugal, l’objection de conscience au service militaire est « admise », il faudrait dire plutôt tolérée sinon étouffée… Selon la synthèse annuelle de la sécurité militaire de 1970, « l’indice le plus sérieux de perversion parmi les jeunes consiste en un accroissement du nombre des objecteurs de conscience dont certains évoquent maintenant des motifs politique pour justifier leur position. »

En 1963 une loi permet en France l’objection de conscience, mais son article L.50 est significatif de son état d’esprit : 

« Est interdite toute propagande, sous quelque forme que ce soit, tendant à inciter autrui à bénéficier des dispositions de cette loi dans le but exclusif de se soustraire aux obligations militaires. Toute infraction aux dispositions du présent article sera puni d’un emprisonnement de 6 mois à 3 ans et d’une amende de 400 à 10 000 F. » En 1970 les OC avaient imprimé au dos des enveloppes de lettre postale cette loi…

Mais en 1997 cette loi a été subrepticement supprimée, prétextant de la fin du service militaire obligatoire : il est même interdit de se revendiquer objecteur de conscience lors de la journée défense et citoyenneté (JDC) à laquelle tout jeune de 16 à 18 est obligatoirement convié ! En 2017 le tout jeune président Macron fait preuve de son traditionalisme guerrier en transformant le ministère de la défense en « ministère des armées ». Exit toute référence à la défense civile non violente dont d’ailleurs il n’a certainement jamais entendu parler. On critique beaucoup le nationalisme franco-français de l’extrême droite, mais le jeune et pourtant ministre des armées Sébastien Lecornu relaye le discours de son maître le 8 mars 2024 à l’École Polytechnique :

« Depuis la création de l’École Polytechnique par la Convention en 1794, les élèves ont tous bien servi la France. C’est précisément parce que la France attend de vous que vous la serviez, qu’elle a fait de vous des militaires. Ce statut est une force majeure de votre formation. Rien ne vaut de réussir si l’on ne consacre son labeur à une cause plus grande et plus belle encore que son propre destin. C’est-à-dire, la France () J’ai décidé la création de l’agence ministérielle pour l’intelligence artificielle de défense. Les chercheurs et ingénieurs de l’AMIAD bénéficieront du plus puissant supercalculateur classifié  » secret défense  » dédié à l’intelligence artificielle en Europe. Pour la Patrie, les Sciences et la Gloire ! Vive l’Ecole Polytechnique ! Vive la France ! »

Aucune notion du cosmopolitisme, cette approche judicieuse permettant normalement d’éviter le choc des nations par la généralisation de la conscience d’appartenir à l’ensemble de l’Humanité et non pas à sa seule patrie d’origine. Il manque à Lecornu la référence à Sol Gareth Davis, dit Garry Davis. C’était un pilote américain durant la Seconde Guerre mondiale ; son avion abattu, il se retrouve en Allemagne sous les ruines. Bouleversé par les destruction qu’il encontre, il rompt symboliquement en 1948 avec sa patrie en rendant formellement son passeport. Il interrompt une séance de l’Assemblée générale des Nations unies afin de demander la création d’un gouvernement mondial :

« Nous, le peuple, nous voulons la paix que seul un gouvernement mondial peut donner. Les États souverains que vous représentez ici nous divisent et nous mènent à l’abîme de la guerre. J’en appelle à vous pour que vous convoquiez immédiatement une Assemblée Constituante Mondiale qui lèvera le drapeau autour duquel tous les hommes peuvent se rassembler. »

Dans la foulée, il crée le mouvement des Citoyens du Monde. Ce n’est pas parce que Garry est tombé dans l’oubli que ce qu’il disait était faux. Nous n’avons qu’une Terre, la même pour tous et toutes. Nous ne sommes affublés d’une nationalité que par des circonstances particulières.

Autre problème soulevé par le discours de Sébastien Lecornu, le recours à l’Intelligence Artificielle, la technique de  pointe au service de la mort des humains sur les champs de bataille. Notez enfin que Lecornu est un spécialiste de la politique politicienne, certainement pas de la défense nationale. Né le 11 juin 1986, étude de droit (licence, master non terminé). Dès 16 ans, il milite à l’Union pour un mouvement populaire (UMP). Assistant parlementaire en 2005 à 19 ans, il est conseiller politique en 2008, puis maire, sénateur, secrétaire d’État, ministre des Outre-mer, ministre des Armées depuis le 20 mai 2022 et même commandeur de l’ordre de l’Etoile de Mohéli. Trop jeune pour avoir fait son service militaire, il a cependant un grade à la gendarmerie « de réserve ». Il est nommé en catimini colonel à 31 ans… peu après son entrée au gouvernement !

La guerre est faite aujourd’hui par des politiques qui ne sont pas à la tête de leurs soldats sur le champ de bataille, mais bien protégé à l’arrière dans leurs bureaux ministériels. Et ils savent dépenser l’argent des contribuables.

En janvier 2023, Emmanuel Macron présentait la loi de programmation militair:

« Les efforts en faveur des armées seront, dans les années qui viennent, à proportion des dangers, c’est-à-dire considérables… c’est une idée simple : ne jamais être en retard d’une guerre, ne pas chercher à gagner intellectuellement le conflit précédent, mais permettre au pays d’être prêt pour celui qui peut venir. Il nous faut prévoir et anticiper, intégrer l’ère du drone, investir dans le quantique… L a loi de programmation militaire 2019-2024 représentait un effort de 295 milliards d’euros… je peux vous le dire à présent, je solliciterai de la représentation nationale que nous puissions consacrer sur la période 2024-2030 un effort budgétaire de 400 milliards d’euros. Au total, ces deux lois de programmation militaire auront donc conduit à un doublement des budgets de nos armées. »

On se rappelle encore une époque où existait l’idée de refuser de payer par ses impôts la part consacrée aux armées….

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Être objecteur de conscience en France

extraits : En 2007,  M. Jean-Michel Bertrand appelle l’attention de Mme la ministre de la défense sur les conséquences de la loi n° 97-1019 sur l’exercice du droit à l’objection de conscience en cas de conflit armé… En 2024, réarmement militaire. Le ministre des armées, Sébastien Lecornu, appelle entreprises et collectivités au « patriotisme » pour permettre à leurs salariés de devenir réservistes dans l’armée….

Les jeunes et la guerre, la mort s’avance

extraits : Plus de 51 % des jeunes sondés se disent désormais « prêts » ou « peut-être prêts » à s’engager « si la protection de la France nécessitait que le pays s’engage dans la guerre en Ukraine ». 45 % se montrent « prêts » ou « peut-être prêts » à être « gravement blessés physiquement » et 42 % à « mourir au combat ». Il y a disparition de l’antimilitarisme qui prévalait, auparavant, chez les jeunes générations…..

Bientôt des soldats français en Ukraine

extraits : Conférence du président Macron médiatisée le 14 mars 2024, résumé : « La guerre est à nos portes, il y a entre Strasbourg et Lviv moins de 1 500 kilomètres. La responsabilité de cette guerre, la responsabilité des coups de boutoir qui sont donnés au front ukrainien, elle n’est que celle de la Russie. Si la Russie gagne cette guerre, la crédibilité de l’Europe sera réduite à zéro. Nous devons donc être prêts sans rien exclure, pas même le déploiement de militaires français sur le territoire ukrainien….

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sois logique, si tu veux la paix, prépare la paix

La guerre est très coûteuse à tous les points de vue, mais les humains l’adorent. Dans le domaine de la recherche en relations internationales, les war studies (« études sur la guerre ») ont le vent en poupe, alors que les peace studies (« études sur la paix ») cherchent encore à délimiter leur champ d’analyse. Entre la facilité d’appuyer sur la gâchette et la difficulté de réfléchir, les humains ont vite fait de choisir. Et au niveau des décideurs, ils ne sont pas en première ligne de front ! Le principe immémorial « Si tu veux la paix, prépare la guerre » est toujours de rigueur (militaire), l’alternative « si tu veux la paix, prépare la paix » inaudible depuis la mort de Gandhi, si ce n’est par une infime minorité d’objecteurs de conscience.

Pourtant on peut combattre les différentes causes de cet état perpétuel de guerre par des solutions très simple (sur le papier).

1. Les individus reçoivent une éducation à la non-violence active. Il faut être capable de résister à l’injustice, aux inégalités et aux autoritarismes. Il faut se sentir à la fois enraciné dans un lieu et d’esprit cosmopolite, citoyen du monde. Être à la fois simple spectateur et féroce partisan de « son » équipe  (de foot…) ou nationaliste identitaire deviendra une anomalie aux yeux de tous.

2. Les langues se résument à deux, la langue maternelle pour chacun et l’espéranto pour tous. Plus besoin de traducteurs, la langue-pont permet d’échanger d’un bout à l’autre de la planète. Pouvoir comprendre directement ce que l’autre dit est le premier pas vers une entente mutuelle. L’Anglais est abandonné, aucune langue nationale ne peut porter différents impérialismes culturels qui sont devenus obsolètes. Ah, la sphère francophone !

3. Les nations ne sont plus des instances décisionnelles au niveau mondial. On a bien sûr supprimé le droit de veto des 5 membres permanent du conseil de sécurité et rempaillé l’ONU (Organisation des Nations Unies) par l’OMdP (Organisation Mondiale des peuples), organisme à la fois transnational et supranational. Les différents États nationaux ne s’occupent plus que de leurs affaires internes. L’OMdP est composé de représentants désignés par des espaces géographiques qui transcendent les frontières actuelles. Un directoire de 7 personnes est composé de personnalités ayant démontré leur valeur aux yeux de la population mondiale. Les armées nationales sont mise au service de cette nouvelle instance. Les casques bleus deviennent la seule et unique force de maintien de la paix. Les arsenaux militaires sont démantelés, les bombes nucléaires désarmées, le commerce des armes éliminé. En fait les militaires se transforment en policiers.

4. On pratique la relocalisation des activités pour atteindre l’autonomie alimentaire et énergétique la plus grande possible dans des biorégions. Il n’y a plus d’activité extractive, tout notre mode de vie repose uniquement sur des ressources renouvelables. Le « doux commerce » de la mondialisation économique qui avait favorisé les échanges et s’était transformé en concurrence sauvage avait dévasté les ressources naturelles. Il n’y a dorénavant plus d’expansion spatiale possible ni de guerres pour les ressources.

5. Les niveaux de population sont fixés pour permettre d’accéder à un équilibre durable avec les ressources locales. L’OMdP préconise le modèle d’un seul enfant par famille au niveau mondial. La diminution de la natalité laissera une place plus grande pour la biodiversité tout en pesant moins sur les ressources planétaires.

On va crier à l’utopie, l’irréalisme, la naïveté personnifiée… pourtant, c’est là le sens de l’histoire si l’intelligence collective des homo sapiens arrive à se défaire de tous nos présupposés actuels. A l’heure actuelle, on est encore très loin de l’utopie à réaliser. Les conflits meurtriers en cours empêchent les politiques au pouvoir de réfléchir. On parle même de réarmement militaire, d’envoi d’armes ou de troupes ici ou là, le commerce des armes s’envole et les budgets militaires gonflent. Il ne suffit pas d’espérer que la raison l’emportera un jour, il faut agir. devenir pour commencer objecteur de conscience. Car c’est notre credo,  les principes ci-dessus deviendront un jour ou l’autre la norme : Si tu veux la paix, prépare la paix. 

Quelques précisions

Dans son ouvrage « Un monde sans guerre », le chercheur indien Sundeep Waslekar milite pour la paix perpétuelle dans le sillage du philosophe Emmanuel Kant. Pourquoi, s’interroge le chercheur, faut-il qu’au moment même où « nous possédons tout le génie nécessaire pour faire de notre planète un paradis, nous avancions vers un suicide collectif ». Face à l’hypernationalisme de dirigeants, face à la militarisation de l’intelligence artificielle, l’une des principales solutions préconisées par le chercheur est d’interpeller les opinions publiques et de créer les conditions d’un « contrat social mondial ». Ce dernier passe par une cohabitation de chacun entre empathie envers l’humanité et loyauté envers son Etat. Ce n’est qu’un discours sans préciser les moyens d’arriver à l’objectif.

Sur le monde.fr, Winstoned fait le commentaire suivant du livre de Ghassan Salamé, Entre guerre et paix (Histoire et politique des conflits dans le monde) :

« Un monde sans guerre est un monde sans humains. Pourquoi les Israéliens veulent éliminer les Palestiniens, Erdogan les Arméniens, la Chine Taïwan ? La soif de pouvoir, la haine de l’autre et les intérêts divergents sont des faits, on peut les déplorer mais les combattre, c’est combattre la nature humaine. »

Winstoned croit à une fatalité naturelle alors que les Humains n’ont pas de gène de la violence en eux. C’est le contexte politique et culturel qui va faire en sorte que des individus se transforment en tortionnaires et d’autres en troupeau bêlant. Gandhi et bien d’autres n’ont pas de soif de pouvoir et de haine de l’autre en soi, tout au contraire. L’opposition EUX et NOUS n’est que construction à déconstruire. Si tous les citoyens se déclaraient objecteurs de conscience, il n’y aurait plus d’armées faute de soldats…

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Pacifisme, une nouvelle rubrique de ce blog (15 avril 2024)

extraits : Nous inaugurons aujourd’hui une nouvelle catégorie de classement des idées, « pacifisme ». Nous pensons qu’une décroissance de l’appareil militaire doit nécessairement accompagner la décroissance du niveau de vie de ceux qui vivent à l’occidentale et la décroissance démographique sur une planète largement surpeuplée. Nous pensons qu’il faut mettre un terme au fait de s’entre-tuer avec des moyens technologiques de plus en plus disproportionnés jusqu’à avoir envisagé d’instaurer un hiver nucléaire sur la planète. Nous pensons que le pacifisme apporte un message d’espoir, on remplace le principe historiquement inefficace « si tu veux la paix, prépare la guerre », par la conviction « si tu veux la paix, prépare la paix »….

Des décisions aveuglées par l’état de guerre

extraits : Le 7 mars 2024, le premier ministre suédois remettait au secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, les documents officialisant l’adhésion de son pays à l’OTAN. La droite libérale conservatrice, arrivée au pouvoir à l’automne 2022 avec le soutien de l’extrême droite, a décidé de suspendre la quasi-totalité des financements publics aux ONG œuvrant pour la paix. Depuis l’invasion de l’Ukraine,  il n’y a plus de place pour la complexité, on se comporte comme si la Suède avait été attaquée et qu’aucune divergence d’opinions ne pouvait être tolérée….

Annexe : en recherchant sur google « études sur la paix », on tombe en premier sur « Panthéon Sorbonne, institut des études sur la guerre et la paix (IEGP)»:

Selon le modèle anglo-saxon des studies, un champ thématique peut être investi par diverses approches disciplinaires.Le champ des war and peace studies résulte d’une extension de l’étude de la guerre aux régulations internationales (pacification, prévention…) et aux états intermédiaires entre la guerre et la paix. l’université Paris 1 offre une ressource unique pour développer l’ambitieux projet de constituer un domaine d’études et de formations consacrées aux études sur la guerre et à la paix.

On n’en saura pas beaucoup plus !

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Sécurité ou souveraineté alimentaire ?

Faire de la souveraineté alimentaire de la France la boussole des politiques publiques agricoles, c’est l’objectif principal du projet de loi d’orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture. » Il sera examiné à l’Assemblée nationale en séance à partir de mardi 14 mai 2024. S’ouvre une boîte de Pandore au service d’objectifs divergents. Le libre échange n’est pas une bonne méthode pour assurer la sécurité alimentaire, sauf pour le pays développés !

Mathilde Gérard : Le projet de loi ne définit pas la souveraineté alimentaire, il en fixe l’esprit à travers une liste de politiques y contribuant : assurer l’approvisionnement alimentaire, anticiper et s’adapter aux conséquences du changement climatique, contribuer à la décarbonation de l’économie. La notion de souveraineté alimentaire est forgée dans la seconde moitié des années 1990. Après la création de l’Organisation mondiale du commerce, en 1995, les Etats défendaient l’idée qu’il fallait ouvrir les marchés pour rendre l’alimentation moins chère et permettre aux pauvres de se nourrir. C’était n’importe quoi, parce que la majorité de ceux qui ont du mal à manger, ce sont les paysans pauvres, et baisser leurs revenus n’allait pas les aider.

La pandémie de Covid-19 puis l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont déstabilisé les filières d’approvisionnement dépendantes des marchés internationaux. La France est une grande puissance céréalière, mais les importations d’engrais la rendent dépendante des pays producteurs de gaz, notamment la Russie, et des énergies fossiles. Les syndicats agricoles français, puis le gouvernement en appellent à l’impératif de « souveraineté » pour justifier le besoin de maximiser la production agricole française et déroger à certaines règles environnementales : la souveraineté, c’est devenu la course à la compétitivité et à l’export. Les associations soulignent le besoin de penser les dépendances sur le long terme : la souveraineté alimentaire, c’est aussi celle des générations futures, qui doit être garantie en préservant les ressources naturelles.

Le point de vue des écologistes les pieds sur terre

L’agriculture techno-industrielle liée à la marchandisation mondialise des ressources alimentaires a été une catastrophe : paupérisation des paysans traditionnels, dépendance totale des consommateurs occidentalisés envers les filières agricoles des multinationales. Il faut soutenir les petits paysans et prendre en compte les processus écologiques comme le fait l’agriculture biologique. Il faut une retour aux savoirs locaux et communautaires, afin de retrouver une autosuffisance alimentaire pour assurer une sécurité alimentaire durable.

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tous paysans en 2050 (2009)

extraits : Autrefois nos parents étaient presque tous des ruraux, aujourd’hui nous nous rapprochons de la terre, demain nous serons tous paysans. De gré ou de force. En effet en 2050, nous serons au lendemain des grands chocs écologiques qui vont déstructurer la société thermo-industrielle. Ce sera comme pendant une grande guerre, la pénurie et le rapprochement des campagnes. Ce sera le retour des paysans comme décrit par Silvia Pérez-Vitoria : « Dès le début de l’industrialisation, la paysannerie a constitué un enjeu idéologique. Elle fut dénigrée par les tenants de la modernisation, les termes ne manquent pas : cul-terreux, bouseux, plouc, péquenot…La souveraineté alimentaire, le droit de produire nos aliments sur notre propre territoire, pose la question de la finalité de l’agriculture. Elle s’articule avec la défense d’une relocalisation de l’agriculture vivrière…

Schmallenberg : sécurité alimentaire contre libre-échange (2012)

extraits : En 1986, l’agriculture entre dans les accords du GATT avec l’Uruguay Round. La suprématie de la marchandise sur l’aliment est actée dans des textes internationaux. Le seul intérêt est le développement du commerce et les profits des transactionnaires (firmes agro-exportatrices, sociétés de transports, assurances, banques). Cela ne favorise ni l’alimentation de la population, ni l’activité du paysan local, ni les économies d’énergie. Le protectionnisme est une condition incontournable de l’autonomie. Via Campesina demande le retrait de l’agriculture de l’OMC (organisation mondiale du commerce), ou plutôt le retrait de l’OMC de l’agriculture….

pas de sécurité alimentaire sans planning familial (2012)

extraits : Personne ne peut s’exprimer décemment sur la faim dans le monde en oubliant l’évolution exponentielle de la démographie humaine. Il ne faut pas « seulement » s’interroger sur la manière de produire des aliments, mais aussi sur notre manière de faire des enfants. Jamais la sécurité alimentaire ne sera atteinte si on s’occupe seulement de nourrir les ventres affamés. En agissant ainsi, la population continuera d’augmenter plus vite que les ressources agricoles car cela constitue un permis de procréer….

Autonome grâce à son potager, c’est possible (2018)

extraits : A l’heure de la mondialisation de la production alimentaire, produire une partie de sa propre nourriture est un acte fort pour retrouver une partie de son autonomie. Il s’agit d’une démarche individuelle relativement simple et rapide à mettre en place. Il vous suffit de suivre les conseils prodigués par Blaise Leclerc dans son livre « Produire tous ses légumes, toute l’année ».  Il vous y donne des exemples….

Pour en savoir encore plus, LIRE

2005. Les paysans sont de retour de Silvia Pérez-Vitoria

2010. la guerre des terres de Thierry Pouch

2011. victoires d’une Indienne contre le pillage de la biodiversité de Vandana Shiva,

2012. La fabrique de la famine (les paysans face à la mondialisation) de Walden Bello

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Aide au développement, on coupe les vivres

Faut-il continuer à aider les pays pauvres quand on constate historiquement que cela n’a servi à rien ? Le fonds de l’Association internationale de développement (AID) est réservé aux 75 pays les plus pauvres de la planète, 2,5 milliards d’habitants. Elle est la première source d’aide au développement au monde. Mais les donateurs se raréfient…

Julien Bouissou : Le tiers des pays les plus pauvres est plus pauvre qu’en 2020. La moitié est en situation de surendettement, avec hémorragie de capitaux en sus, sans oublier les conséquences du réchauffement climatique. Malgré cette situation, les nations les plus riches coupent dans leurs budgets d’aide au développement. La France a annoncé le 22 février 2024 une coupe de 742 millions d’euros de son aide publique au développement pour 2024. Il s’agit de la ligne budgétaire qui a enregistré la baisse la plus importante (13 %). Signe des temps, les donateurs ne veulent plus entendre parler d’« aide » mais d’« investissement solidaire », comme si l’aide sans contrepartie ne suffisait plus à justifier les efforts financiers. Il est vrai que la faillite des pays pauvres n’aurait quasiment aucune conséquence sur le système financier mondial.

Le point de vue des écologistes malthusiens

solon01 : Les aides sans contrepartie pouvant conduire à l’autonomie ne peuvent qu’accélérer la démographie des pays bénéficiaires, ce qui conduit à encore plus d’aides et ainsi de suite. Exemple, la population de Gaza ne vit ou survit que grâce à l’aide internationale. Sa démographie a explosé. Taux de fécondité d’environ 4.

Le 11 : Je suis surpris que le sujet de la démographie soit souvent oublié ou à peine abordé lorsqu’on parle de développement. A t-on peur de choquer en disant que pour s’en sortir, les pays pauvres devraient commencer par faire moins de gosses ?

pm42 : Question : cela fait combien de décennies qu’on aide ces pays ? Question suivante : est ce que cela a servi à quelque chose ?

Edgard Wibeau : Il se trouve que dans une vie professionnelle antérieure, j’ai bossé dans le développement. La démographie était l’impensé de ce secteur. Tout au plus nous expliquait-on doctement, qu’avoir beaucoup d’enfants, c’est l’assurance vieillesse des pauvres. Au fil des ans, je me suis rendu compte que c’était exactement le contraire. Les pays pauvres s’écroulent sous le poids de leur population et de leur jeunesse. Il n’est tout de même pas difficile de comprendre que lorsque la population double en dix ans, quadruple en vingt ans, etc.. TOUS les efforts faits pour améliorer l’alimentation, l’éducation, l’équipement du pays se perdent comme l’eau dans le sable. TOUT est absorbé et détruit par cette malédiction. La diminution drastique du taux de natalité est une condition préalable indispensable, mais non suffisante, de la sortie de la misère. Pour des pays tels que le Mali, le Niger et le Burkina, il n’y a plus rien à faire. Ils sont en train de s’enfoncer dans le chaos et l’involution économique.

jan aimar : la seule aide moralement acceptable, c’est celle du caoutchouc et de la pilule….le reste est inutile….

Laromolle : Les pays les plus riches développent leur armement . Ce n’est pas moral mais personne ne proteste, de l’extrême gauche à l’extrême droite !

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Tout savoir sur l’aide au développement

extraits : Aide financière au développement, seulement 19 % des soutiens français affichent une volonté de réduction de la pauvreté, 10,9 % soutiennent l’agriculture familiale. La France investit presque deux fois plus dans des projets agro-industriels que dans des projets d’agroécologie. Lutter contre les causes structurelles de la faim par l’agriculture biologique est certes nécessaire. Mais il serait aussi urgent d’augmenter fortement la part de l’aide publique au développement à destination du planning familial. L’association Démographie Responsable demande que 25 % de l’APD y soit consacré….

Arrêtons l’aide alimentaire structurelle

extraits : Disons-le alors tout net, tout pays qui ne fait pas l’effort de maîtriser sa fécondité, et subit en conséquences des problèmes économiques et socio-politiques structurels, n’a pas droit à une aide alimentaire continue. Malthus était très clair sur ce point :

« N’oublions pas que l’humanité et une vraie politique requièrent impérieusement que dans des circonstances de famine, les pauvres reçoivent tous les secours que la nature des choses permet de leur donner. Il est donc de notre devoir de leur donner dans les années de détresse quelques secours temporaires. »….

aide au développement, nouvelle formule

extraits : C’est seulement en 1949 qu’un discours du président américain Truman invente la notion de sous-développement : « Nous devons nous engager dans un nouveau programme audacieux et utiliser notre avancée scientifique et notre savoir-faire industriel pour favoriser l’amélioration des conditions de vie et la croissance économique dans les régions sous-développées ».  La société thermo-industrielle devenait ainsi une référence universelle, il fallait passer obligatoirement par les cinq étapes de la croissance économique, c’est-à-dire dépasser l’état de société traditionnelle, faire son décollage économique pour aboutir à l’ère de la consommation de masse. Cette théorie du parcours obligé a merveilleusement servi les intérêts des grandes puissances….

APD, l’aide au développement, une illusion

extraits : Le développement n’a été que la poursuite de la colonisation par d’autres moyens . Ce n’est qu’une entreprise visant à transformer les rapports des hommes entre eux et avec la nature en marchandises. L’aide au développement est même devenue une menace pour le pays en difficulté. Il sera entraîné dans une série de dépendances qui en feront un instrument entre les mains de l’institution « donatrice ». Ce n’est pas sans raison que le gros des dépenses va à l’aide militaire, l’aide pour les infrastructures du « développement » et l’aide financière pour sauver des institutions bancaires de la faillite….

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CLIMAT. Adaptation, Atténuation ou Rupture ? 

L’exploitation et la dégradation des biens communs par les uns ont nécessairement des répercussions sur les autres. Une situation propice à l’émergence de « passagers clandestins », c’est-à-dire d’Etats, d’entreprises et d’individus qui entendent profiter des efforts des autres, sans y contribuer en aucune manière. Il n’y a d’ailleurs guère d’intérêt pour trop de personnes à sacrifier son propre confort quand la plus grande partie de l’humanité aspire à plus et à mieux. Alors s’adapter à une planète transformée par nos soins en fournaise ? L’enfer sur Terre, les passagers clandestins l’auront bien voulu.

Serge Guérin, Philippe Naccache et Julien Pillot : Quel impact peuvent avoir les micro-efforts demandés aux populations en matière de tri, de recyclage, de consommation de viande, d’eau et d’électricité, ou encore d’électrification et de collectivisation de leurs déplacements… quand une grande partie du reste du monde continue de brûler quantité de combustibles fossiles. L’Arabie saoudite a accueilli une compétition de ski par des températures extérieures avoisinant les 25 ºC. Les organisateurs ont également mis un point d’honneur à rappeler qu’à l’horizon 2029, la station de ski parfaitement artificielle de Trojena pourra héberger les Jeux asiatiques d’hiver. Un projet pharaonique, contre-nature et, osons le dire, climaticide, qui vient s’ajouter à une longue liste, dont la mise à l’eau récente de Icon of the Seas, le plus grand paquebot de l’histoire. A l’heure de la promotion des écogestes et du « je baisse, j’éteins, je décale », le paradoxe ne peut que frapper les esprits. Des actions coordonnées et astreignantes seraient nécessaires pour contrer les pratiques des secteurs identifiés comme fortement émetteurs et consommateurs de ressources, tant à l’échelle planétaire qu’au niveau local.

A défaut d’un tel consensus, inexistant, le plus sage serait d’arrêter, dès à présent, de courir, tels des poulets sans tête, après la chimère des + 1,5ºC et de concentrer tous nos efforts sur l’adaptation à un monde à + 4ºC, chaque jour un peu plus probable.

Le point de vue des écologistes inadaptés

– S’adapter à + 4 degrés !? Je suggère à nos auteurs de regarder ce que cela signifie sur le plan de la physique et des conséquences sur la biosphère. Ils comprendraient que cette option est suicidaire.

– Quand par hypothèse nous nous serons « adaptés » à un monde à +4 degrés, eh bien nous continuerons à croître et à réchauffer la planète encore davantage.

– Propos de néo-climatosceptiques qui se veulent malins: « on y arrivera pas, donc continuons de balancer du CO2 comme avant »

– Même s’il le pouvait, le poisson rouge ne casserait pas son bocal, sachant qu’en dehors de l’eau, il est condamné.

– Après tout, après nous, il restera les insectes, moins stupides qu’Homo sapiens (sapiens ???!!!)

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CLIMAT : Atténuation ou adaptation ?

extraits : Alors que l’atténuation se concentre sur les mesures à prendre en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’adaptation regroupe toutes les politiques nécessaires pour amortir les impacts et prévoir les coûts engendrés (construction d’une digue, réparation, santé publique, etc.) par le réchauffement. mais même les pays riches ne pourront pas s’adapter à 4 °C de hausse moyenne des températures… même si le gouvernement français dit s’y préparer ! L’adaptation devient un biais idéologique qui élimine toute idée d’atténuation par baisse drastique des émissions de gaz à effet de serre….

CLIMAT, l’adaptation dessert la résilience

extraits : Appelant à « lutter contre » le dérèglement climatique en vivant avec, en exhortant chacun à prendre part de manière positive et citoyenne, la loi euphémise le fait que nous sommes dans la catastrophe, en tablant sur nos aptitudes à rebondir vers un « monde de demain » déjà là. Sortir de la prétention technologique de pouvoir répondre à des situations impossibles, c’est prendre conscience de l’impuissance et de ses causes de notre impuissance. La suite en découlera….

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Extractivisme, l’inquiétante frénésie 

Des quantités croissantes de cuivre, de lithium, de nickel et de cobalt sont nécessaires à la décarbonation du système énergétique. Mais difficile de qualifier un site minier de « vert », de « propre » ou même de « durable ». On extrait des ressources qui ont mis des centaines de millions d’années à se former, il n’y a pas de retour en arrière. Et les mines génèrent tellement de déchets…

Perrine Mouterde : Il n’y a pas suffisamment de projets pour faire face à la demande en métaux et minéraux attendue dans le scénario net zéro carbone de l’AIE à l’horizon 2030. Les Etats doivent donc ouvrir de nouvelles mines, mais à quel prix ? L’extraction minière est considérée comme l’une des activités humaines ayant le plus lourd impact sur l’environnement. Pollution de l’eau, de l’air et des sols, déforestation, pression sur les ressources en eau… Une grande partie des mines sont illégales.

La gestion des déchets est un autre défi : chaque année, l’industrie en produit des milliards de tonnes. Par exemple, produire 1 000 à 2 000 tonnes d’or par an nécessite, en raison de sa faible concentration, d’extraire 1,5 milliard de tonnes de minerai. Les éléments toxiques sont souvent naturellement présents dans la roche, où ils sont en quelque sorte enfermés. Le fait de les sortir et de les mettre dans un milieu oxydant au contact de l’air ou des eaux de pluie fait qu’on va libérer des substances comme l’arsenic, le plomb ou le chrome. Le Groupe international d’experts de l’ONU sur les ressources appelle aussi très clairement les pays développés à réduire de manière conséquente leur consommation, notamment de métaux.

Le point de vue des écologistes qui ne veulent pas violer la Terre-mère

– Quand j’étais petit, on nous prédisait que l’Humanité allait mourir de faim parce que nous étions trop nombreux. Un peu plus tard, on a prétendu que nous allions mourir de chaud à cause d’un réchauffement climatique. Aujourd’hui on nous informe que nous allons plutôt mourir empoisonnés. C’est mieux. C’est plus rapide. On souffre moins longtemps.

– Bon, la transition écologique ne va pas être possible pour au moins 7 milliards d humains. Reste 1 milliards de nantis qui vont acheter des légumes bio et des vélos électriques, et prendre l’avion pour les vacances.

La tentation d’être Prométhée, Midas ou automobiliste est la plus forte, alors on y va, droit dans le mur.

– Tout ce qui compose les objets qui nous entourent a été à un moment donné extrait du sol par l’exploitation minière ou pétrolière. Dur dur de se contenter des ressources renouvelables.

– Le besoin en ressources minières est directement proportionnel à la demande. Corolaire : la demande est proportionnelle aux nombre d’être humains, corrigée par le niveau de vie de ces derniers. Et comme le modèle est le niveau de vie d’un riche occidental…

conclusion : Lire et relire l’étude du MIT sur les limites de la croissance (1972). 50 ans plus tard, le scénario central « Business as usual » est celui que nous poursuivons. La vitesse des exponentielles et les lois de la thermodynamique impliquent un inéluctable « effondrement » dans la seconde moitié du XXIème siècle. Les autres scénarios permettent de repousser l’échéance de l’effondrement : aucun ne prédit de l’éviter.

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L’extractivisme se veut indispensable, à tort

extraits : La sagesse de Thomas More a été ignorée, qui condamnait toute ouverture des entrailles de la Terre :« L’or et l’argent n’ont aucune vertu, aucun usage, aucune propriété dont la privation soit un inconvénient véritable. C’est la folie humaine qui a mis tant de prix à leur rareté. La nature, cette excellente mère, les a enfouis à de grandes profondeurs, comme des productions inutiles et vaines, tandis qu’elle expose à découvert l’air, l’eau, la terre et tout ce qu’il y a de bon et de réellement utile. » (L’utopie 1ère édition 1516)….

Nauru, l’extractivisme à l’image de ce qui nous arrive

extraits : Une espèce appartenant au règne animal s’est lancée dans une activité totalement inédite : l’extraction de minerais sans passer par les végétaux, qui jouaient jusqu’alors le rôle de fournisseurs intermédiaires. Cette espèce creuse, perce, concasse le sol, cette espèce c’est la nôtre. Or Nauru est un miroir de la fragilité des civilisations fondées sur le pillage des ressources de la Terre.  Nauru, perdu dans l’étendue du Pacifique, ses 10 000 habitants, ses gisements de phosphate….

La fin programmée de l’extractivisme… en 2017 ? (écrit en 2016)

extraits : Depuis deux siècles nous sommes une société extractiviste, charbon, pétrole, minerais, métaux… On a transformé la Terre en gruyère. Nous avons déjà prélevé plus de la moitié du pétrole et il faudrait en laisser une grande partie sous terre pour éviter l’emballement climatique. Les politiques n’en ont pas encore conscience, mais l’extractivisme est derrière nous. En 1859 le pétrole a été trouvé à 23 mètres de profondeur en Pennsylvanie. Pour les huiles de schiste, la roche mère se situe entre 1500 et 3500 mètres de profondeur….

Démence extractive, c’est-à-dire «Explosons la planète» (2015)

extraits : Nous traversons la dernière étape de l’exploitation à grande échelle des minéraux. En deux siècles à peine, au terme d’une guerre impitoyable, nous aurons remonté à la surface de la terre un trésor qui avait mis des millions, voire des milliards d’années à se constituer. Le point culminant de cette démence extractive est la décision des compagnies pétrolières d’exploiter certains combustibles non conventionnels comme le gaz de schiste, le pétrole en eaux profondes ou les sables bitumineux….

arrêt des extractions minières partout dans le monde (2012)

extraits : A qui appartiennent les ressources minières du Groenland ? Les immenses ressources de son sous-sol attirent les convoitises ; l’accélération de la fonte de la calotte glaciaire permet d’envisager leur exploitation. Mais ces ressources n’appartiennent ni à l’Europe via le Danemark, ni aux autres Etats limitrophes. Ces ressources n’appartiennent pas non plus aux 57 000 habitants de cette île recouverte d’une couverture de glace atteignant 150 mètres d’épaisseur. Ces ressources n’appartiennent certainement pas aux firmes multinationales comme Exxon Mobil, Cairn Energy ou encore EnCana. Ces ressources n’appartiennent même pas aux générations futures qui n’en feraient pas un usage meilleur qu’aujourd’hui. Il faut lutter contre la logique extractive et sanctuariser les dernières et rares ressources du sous-sol qui nous restent….

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Les voyages forment-ils la jeunesse ?

On disait encore, il y a peu, que les voyages forment la jeunesse. Mais le réchauffement climatique est passé par là. Doit-on alors se résigner à ce que nos enfants ne connaissent le lointain qu’à travers les images du monde ? La réponse est simple, c’est oui. Faire le tour de son jardin potager va bientôt devenir le passe-temps préféré des jeunes et des moins jeunes.

Clara Georges : Le taux de départ en vacances atteint 54 % en France. Si 72 % des plus aisés font leurs valises au moins une fois par an, c’est le cas de seulement 37 % des plus modestes. Nous parlons donc d’une minorité privilégiée. Mais quand on a traversé des dizaines de pays, comment ne pas devenir cynique et blasé ? Comment ne pas vomir le surtourisme et les files d’attente Instagram devant une statue ? Indéniable aussi qu’avec la montée de l’anxiété climatique nous y réfléchirions à deux fois avant d’émettre 15 tonnes équivalent CO2 pour un aller-retour à Bangkok. Alors, nos enfants sont-ils condamnés à vivre chaque voyage comme une transgression et une faute ? A ceux de ma génération, l’on a fourré dans les poches un Guide du routard, un billet low cost et une consigne : partez loin ! Et voici qu’un autre discours émerge : restez chez vous !

Le point de vue des écologistes sédentaires

Rappelons notre point de vue d’écologiste sur ce blog biosphere. Le tourisme de masse est en soi destructeur, dire qu’on ne peut pas le condamner au nom du social et de l’emploi est fantaisiste. L’explosion touristique dans beaucoup d’endroits de la planète a entraîné des dégâts considérables en termes d’urbanisme, de pression sur la ressource en eau, de rapports sociaux proches de l’esclavage, de dépendance des emplois envers l’afflux de touristes. On a vécu, à l’époque de la pandémie et de la limitation des déplacements, les lamentation des destinations touristiques : les opérateurs criaient famine, mais c’était un temps écolo. Aujourd’hui en 2023 les touristes sont  malheureusement revenus en nombre, mais ils ont été souvent accablés par la canicule et cernés par les flammes des incendies. On ne pourra pas longtemps vivre comme si on n’avait pas mis la planète au pillage…

Michel SOURROUILLE : Que les jeunes adultes partent à pied ou en vélo faire connaissance avec la brutalité uniformisée de notre monde, pourquoi pas. Ce sont des voyageurs, pas des touristes. Pour les hordes qui envahissent les « lieux de rêve », j’espère que les révoltes des habitants du cru pour les rejeter ou les rançonner prendra une juste ampleur…

Zahnstocher : Les voyages en avion vers la plage de Bangkok n’ont jamais formé la jeunesse. J’en connais par contre qui ont pris une année pour faire un tour du monde à vélo. Il va falloir se rendre compte que ce qui crame la planète n’est pas le voyage, mais le tourisme au loin en coup de vent.

Miam : Avant même de parler de réchauffement, y’avait un truc qui me déplaisait hautement : le regard des pauvres et des esclaves saisonniers, qu’on pouvait croiser presque partout… sauf à rester dans son palace, mais à quoi bon ? Se déplacer dans des régions où la majorité des humains peinent pour manger et se mettent à terre pour grappiller ce qu’on veut bien lui jeter est (était, reste) pour moi une absurdité … Pour connaître il faut vivre au milieu, pour plusieurs mois, années, s’installer, travailler.

X.ARANUI : Il faut renoncer à tous ces voyages. Désormais, la prise de conscience de notre empreinte carbone est une priorité. On ne peut plus faire comme avant . Avant, c’est dépassé.

L Éveillée : Imaginez ce débat en Inde ou en Chine (3 milliards d’habitants) leur rêve étant de visiter Paris et Venise, et ils le font et le feront de plus en plus, c’est eux qu’il faut convaincre.

InG : Moi, quand j’étais petite dans les années 70, on ne voyageait pas tant que ça. Étions-nous pour autant des enfants moins heureux de vivre.

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Les écolos, pour ou contre le tourisme ?

extraits : L’explosion du transport aérien depuis le premier vol « charter » en 1954, la baisse considérable des prix de vente des billets corrélée au développement du modèle « low cost » ont favorisé la croissance d’une forme de tourisme dite « de masse ». Ce modèle, basé sur des séjours de courte durée déconnectés de toute notion de distance, mettant les destinations en concurrence et contribuant à une surconsommation intenable de transports carbonés, qu’ils soient par avion ou par paquebot, est destructeur pour la planète et les populations d’accueil.…

Il est absolument nécessaire de supprimer un passe-temps créée au XIXe siècle pour les privilégiés qui faisaient leur tour d’Europe. Le  » droit au voyage » pour loisirs n’existe pas, c’est une revendication à consommer du voyage sans autre fin qu’un dépaysement temporaire et destructeur.

Le slogan publicitaire « plus vite, plus loin, plus souvent et toujours moins cher » doit être remplacé par son inverse….

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Contre-violence et rupture radicale

Il n’y a pas pire violence que celle dont on ne se rend pas compte. La flamme olympique avait débarqué à Marseille le 8 mai 2024 sous les critiques de collectifs militants : « Cet événement imposé vient amplifier les problèmes écologiques, économiques ou sociaux actuels 

Mais c’est inaudible, tout le monde se doit de vénérer le passage de cette flamme à 150 000 euros par département. La seule critique admissible, c’est de savoir si Jul avait ou non le droit de porter cette bougie de luxe. Triste monde qu’on fait revivre comme à une époque lointaine, avec du pain et des jeux, une abondance factice et des divertissements débiles. Divertir pour ne pas penser à l’essentiel ! Autant dire sauver le système : celui qui détruit les écosystèmes, bousille notre climat, détruit la vie sur terre, fait exploser les maladies chroniques, et mène l’humanité au désastre.

L’idée-clé de l’écologie politique, c’est la conscience aiguë que nous avons déjà dépassé les limites de la biosphère. Il faudrait donc opter pour une écologie de rupture. A ceux qui lui demandaient comment sortir de la crise, l’écologiste Teddy Goldsmith répondait en souriant : « Faire l’exact contraire de ce que nous faisons aujourd’hui, et ce en tous les domaines. »

Vu l’aliénation des masses, un tel programme ne peut résulter que par l’action d’une infime minorité d’activistes. Sortir de la soumission volontaire à son groupe d’appartenance commence toujours de façon marginalePlutôt que de révolution, nous préférons parler de contre-violence par rapport à un système qui a anesthésié la population, qu’elle vive en France ou sous une dictature.

Lire, Une écologie de rupture contre la société croissanciste

et aussi Soumission/ volontaire, comment sortir de cet oxymore ?

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Violence, contre-violence et dissolution

extraits : ll y a plusieurs sortes de violences à ne pas confondre. Il y a la violence du système thermo-industriel qui nous a enfermé dans une impasse, réchauffement climatique, extinction de la biodiversité, stress hydrique, etc. Face aux entreprises destructrices du vivant, il y a la contre-violence de quelques militants qui défendent les générations futures contre cette agression. Et puis il y a la violence d’État qui soutient la violence de ce système croissanciste aveugle….

Urgence écologique de la contre-violence

extraits : En Allemagne, les autorités criminalisent le mouvement écologiste radical Letzte Generation(« dernière génération »). Pourtant le mouvement écologiste est d’essence non-violente. Par contre la violence d’État par justice interposée signifie l’absence de sensibilité écologique d’un gouvernement quand il réprime férocement les militants. C’est le déni gouvernemental de l’urgence écologique qui fait en sorte que la non-violence peut se transformer en contre-violence, par exemple par la destruction de biens nuisibles à la planète. Saboter un pipeline, est-ce de la violence ? L’existence du pipeline n’est-il pas déjà une violence ?….

Contre-violence par destruction de biens

extraits : Ce n’est plus seulement nos guerres imbéciles qui m’interpellent, mais l’extinction des espèces, les chocs pétroliers, les émissions de gaz à effet de serre, la raréfaction halieutique, etc. Comment lutter sur une planète qui brûle ? Comment lutter contre un système techno-industriel qui soutient le capital fossile ? Comment faire réfléchir une population cernée par des moteurs thermiques ? Les manifestations pour le climat se sont essoufflées aussi vite que commencées… Je me demande maintenant si une action contre les biens qui causent notre perte ne serait pas une obligation pour qui le sort des générations futures importe….

Th. Kaczynski, adepte de la contre-violence

extraits : Brillant mathématicien devenu ermite, Theodore Kaczynski s’était lancé dans une croisade contre le progrès et la technologie. En septembre 1995, promettant d’arrêter ses envois de bombes, il obtient du New York Times et du Washington Post qu’ils publient un long manifeste dans lequel il exprime une haine de la technologie et du monde moderne….

Pour en savoir encore plus sur la contre-violence

Définition du concept : La contre-violence est un concept sociopolitique qui désigne l’acte de résistance ou de rébellion d’un individu ou d’un groupe face à une situation d’injustice, d’oppression ou de domination. Elle peut être considérée comme une forme de défense légitime lorsque les moyens pacifiques ont échoué. La contre-violence peut prendre diverses formes : manifestations, grèves, actes de sabotage, voire recours à la force physique. Il est important de souligner que la contre-violence n’est pas synonyme de violence gratuite ou destructrice. Elle vise à rétablir un certain équilibre et à promouvoir la justice sociale.

Jean-Marie Müller : La violence est un enchaînement. La non-violence veut briser cet engrenage. La contre-violence, en définitive, ne permet pas de combattre le système de la violence parce qu’elle en fait elle-même partie et ne fait que l’entretenir. En toute rigueur, la contre-violence est une violence contraire, mais elle n’est pas le contraire de la violence. Opter pour la non-violence, c’est, face à la violence subie, refuser de réagir en rendant la violence pour la violence, reproduisant ainsi le mal subi. C’est, tout au contraire, décider d’agir librement pour interrompre la chaîne des revanches et des vengeances.

Françoise d’Eaubonne, Contre-violence ou la Résistance à l’État (publié en 1978) : Les théories radicales de l’écrivaine Françoise d’Eaubonne et ses pratiques de sabotages font de sa vision singulière de l’écoféminisme un objet de réflexion pour toute une génération militante qui s’interroge, à l’heure de l’urgence climatique, sur les stratégies à mettre en œuvre, incluant les sabotages et l’action directe spectaculaire dans l’espace public.

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Les Dix Commandements de la biosphère

Les Dix Commandements, dernière version

pour une actualisation des préceptes religieux

Nous proposons le texte suivant  à tes remarques, critiques et amendements.

Avec votre apport, il sera sans aucun doute adopté un jour ou l’autre de façon supranationale…

Tu pratiqueras la simplicité volontaire ;

Tu as autant de devoirs que de droits ;

Tu aimeras la planète comme toi-même ;

Tu réagiras toujours de façon proportionnée ;

Tu protégeras l’avenir des générations futures ;

Tu respecteras chaque élément de la Biosphère ;

Tu ne laisseras pas les machines te dicter leur loi ;

Tu adapteras ta fécondité aux capacités de  ton écosystème ;

Tu ne causeras pas de blessures inutiles à ton environnement ;

Tu vivras des fruits de la Terre sans porter atteinte au capital naturel.

Quelques précisions

Il n’y a pas d’ordre de préférence entre ces dix préceptes, ils sont complémentaires. Ils permettent aussi l’interprétation, il n’y a rien de figé dans le cours d’une pensée. C’est aussi très différent des préceptes religieux.

Le décalogue ou loi de Moïse, plus connu sous la dénomination « les dix commandements » est inscrit dans le deutéronome, histoire des juifs jusqu’à l’exil en Babylonie. Il s’agissait d’un discours humain, celui d’un chef de tribu, qui se masquait derrière le nom de Dieu pour faire passer de façon brutale son propre message social :

« Moi, Yahweh, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, punissant l’iniquité des pères sur les enfants et les descendants jusqu’à la troisième et quatrième génération pour ceux qui me haïssent, et faisant miséricorde jusqu’à mille générations à ceux qui m’aiment et gardent mes commandements. »

Ces préceptes ont servi de fil conducteur aux principes éthiques d’une grande partie de l’humanité pendant plusieurs millénaire. Mais le Décalogue comporte 3 articles sur le respect de la divinité, 3 articles sur le respect de la vie familiale, 4 seulement sur le respect de la vie sociale et aucun sur le respect pour la Nature ; beaucoup de choses pour Dieu et trop peu de choses pour encadrer une organisation socio-économique qui détériore la Biosphère.

Tu n’auras pas d’autres dieux que moi.

Tu ne feras aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre. Tu ne te prosterneras pas devant ces images. Car moi, le Seigneur ton Dieu, je suis un Dieu jaloux.

Tu n’invoqueras pas le nom du Seigneur ton Dieu pour le mal, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque son nom pour le mal.

Tu feras du sabbat un mémorial, un jour sacré. Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage ; mais le septième jour est le jour du repos, sabbat en l’honneur du Seigneur ton Dieu.

Honore ton père et ta mère, afin d’avoir longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu.

Tu ne commettras pas de meurtre.

Tu ne commettras pas d’adultère.

Tu ne commettras pas de vol.

Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain.

Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne : rien de ce qui lui appartient. »

Quant aux cinq piliers de l’Islam des musulmans, ils sont simplistes et virent à l’idolâtrie. Dans ce rituel, il y a quatre dévotions envers dieu, une seule attention à autrui, donc trop peu de choses pour harmoniser la vie dans une société complexe… et une absence totale de notre nécessaire rapport à la Nature.

1) la Shahada (la profession de foi) ;
2) la Zakât (aumône légale) ;
3) le pèlerinage à La Mecque ;
4) le jeûne (du mois de Ramadan) ;
5) la prière (qui doit être faite cinq fois par jour).

Toute religion, en mettant Dieu et non la Biosphère au centre de ses directives, définit des règles de comportement centrées sur les intérêts de sa propre secte, non sur l’intérêt de l’espèce humaine, encore moins sur les rapports entre les humains et la nature qui nous permet de vivre. Dieu ne nous attend pas dans l’au-delà alors que nos générations futures et la biodiversité sont déjà victimes de nos actes présents… Si nous n’avons pas fait ce que nous devons pendant notre existence, penser aux acteurs absents, nous n’avons servi à rien de bien.

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M. Sourrouille représente les acteurs absents

définition : Acteur absent (ou tiers absent, ou collectifs muets…), acteur qui ne peut prendre la parole lors d’une négociation, ou qui n’est pas invité à la table des négociations. Exemple : milieu naturel, êtres vivants non humains, générations futures. (Dictionnaire du développement durable, AFNOR, 2004).

Le contributeur principal de ce blog, Michel Sourrouille, se veut à l’avant-garde des éléments de langage qui feront florès dans le futur. Ainsi son texte sur les acteurs absents publié dans LE MONDE du 1er octobre 2021 (Paroles de lecteurs) : « Si chaque politicien, chef d’entreprise ou même consommateur prenait en considération les conséquences prévisibles pour les « collectifs muets » de ses décisions courantes, alors les générations futures et les non-humains pourraient devenir des participants incontournables du fonctionnement social », assure Michel Sourrouille.

Quelques extraits :

– En 1972, Christopher D. Stone, dans Les arbres doivent-ils pouvoir ester en justice ?, montrait déjà qu’il suffisait que des avocats prennent la parole à la place des affectés comme le fait un tuteur représentant une personne incapable.

– Nous avons tous un système de pensée qui nous incite à devenir personnellement le représentant de causes les plus diverses : notre propre intérêt, les intérêts de notre entreprise, les intérêts des Français, les intérêts des exclus, les intérêts des grands singes, les intérêts de la Terre-Mère, etc.

Dans LE MONDE du 10/05/2024, des experts s’interrogent à la manière sourrouilliste : « Le défi aujourd’hui est de savoir comment représenter la nature dans les discussions et les décisions ».

Benoît Demil, Xavier Lecoq et Vanessa Warnier : La question de la représentation de la nature se pose. Le mot « représentation » peut se comprendre de deux manières. La première concerne la façon dont nos imaginaires contemporains se figurent cette nature. Le second concerne la façon d’inclure la nature dans les débats et les prises de décision. Évidemment, les deux perspectives sont liées : l’inclusion du vivant dans les décisions dépend largement de notre conception de la nature. Aujourd’hui les arguments en faveur de la protection de la nature sont de moins en moins anthropocentrés. Les acteurs, militants ou experts, s’appuient moins sur l’argument de protection de l’humanité. Il s’agit désormais de préserver la nature, voire de lui refaire gagner du terrain pour elle-même. En parlant au nom d’êtres qui n’ont pas la parole (faune, flore, océan, nature en général), les militants ou les experts se positionnent en porte-parole. Diverses expérimentations existent.

Un groupe de travail de l’Agence française de normalisation a, par exemple, mis en place une « chaise vide pour le vivant », qui incarne la présence de la nature à la table de discussion. Lors des réunions, chacun peut venir s’y asseoir pour devenir porte-parole de la nature (ou d’une entité vivante).

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Tiers-absents ! (juin 2007)

extraits : Il y a des entités qui ne sont jamais invitées lors des palabres humaines, les êtres vivants non humains, le milieu naturel. Ce n’est pas une procédure véritablement démocratique que de décider sans eux, les acteurs absents, les tiers-absents, de ce qui les intéresse au premier chef. Tu n’es que partie de la Biosphère, tes décisions sont contraintes. Un jour notre bulletin de vote ira à un candidat aux élections qui prendra en compte l’existence des tiers-absents. Ce jour-là, la démocratie aura fait un pas de géant, au delà de son anthropocentrisme ordinaire…. 

une démocratie élargie aux acteurs-absents (décembre 2009)

extraits : Les utopies sont derrière nous et les futurologues ne décrivent l’avenir que sous forme de  catastrophes irréversibles. Comment  donc échapper au court-termisme ? Il faut que chaque citoyen en position de décision délibérative se fasse l’avocat des acteurs-absents, c’est-à-dire ceux qui ne peuvent prendre la parole lors d’une négociation, ou qui n’est pas invité à la table des négociations : milieu naturel, être vivants non humains, générations futures. Il faut d’ailleurs remarquer que la génération actuelle peut se permettre d’utiliser autant de ressources non reproductibles (et perturber le climat) uniquement parce que les générations à venir sont exclues du marché actuel pour la simple raison qu’elles ne peuvent y être présentes ; sinon le prix s’élèverait déjà à l’infini. Il y a une dictature du présent sur l’avenir….

La démocratie représentative élargie aux acteurs absents (janvier 2016)

extraits : Les désordres écologiques posent, au niveau global comme local, la question centrale : comment vivre ensemble ? ou plus précisément : comment décider ensemble ? A ce propos, nous montrons que les théories de la négociation dévoilent leurs faiblesses quand elles sont confrontées aux acteurs faibles et aux acteurs absents ; deux entités importantes à considérer dans une problématique environnementale. Afin de faciliter la négociation environnementale dans un contexte multi-acteurs, nous avons mis au point le modèle de l’Acteur en 4 Dimensions (A4D). Testé sur plusieurs territoires….

Acteur absent, pour une représentation démocratique (mai 2016)

extraits : La plupart de nos contemporains vivent au jour le jour. Les politiciens, même réunis dans une conférence internationale sur le climat, ne raisonnent pas beaucoup plus loin que les intérêts immédiats de leurs électeurs. Les utopies sont derrière nous et les futurologues ne décrivent l’avenir que sous forme de  catastrophes irréversibles. Comment  donc échapper au fatalisme et au court-termisme ? En utilisant la notion d’acteur absent dans notre conception de la démocratie représentative.

Acteur absent, élément-clé d’une démocratie écologique (août 2016)

extraits : La politique repose sur des « éléments de langage » que les membres de la classe dirigeante s’efforcent de propager dans la presse et d’inculquer à l’opinion publique. Michel Sourrouille propose aux électeurs dans son dernier livre un lexique pour pouvoir mieux se situer face aux jeux du pouvoir et mieux comprendre les enjeux de la démocratie. Exemple : Acteur absent (ou tiers absent), acteur qui ne peut prendre la parole lors d’une négociation, ou qui n’est pas invité à la table des négociations. Exemple : milieu naturel, êtres vivants non humains, générations futures. (Dictionnaire du développement durable, AFNOR, 2004).

Penser l’avenir au nom des acteurs absents (octobre 2021)

extraits : La diffusion du concept d’acteurs absents nous paraît cruciale. Une démocratie ne peut véritablement fonctionner que si les électeurs font preuve d’ouverture d’esprit. La considération des générations futures ainsi que des non-humains est un des éléments de cette aptitude… LE MONDE a publié une contribution de Michel Sourrouille, nous relayons cet article. La lecture de cette opinion est en libre accès sur Internet….

Acteurs absents de nos délibérations présentes (juillet 2022)

extraits : Le suffrage universel est une conquête récente qui s’est progressivement élargi à des acteurs de plus en plus nombreux, ce qui a permis un certain approfondissement de la démocratie. Ce serait élargir l’universalité bien plus fondamentalement que le droit de vote aux femmes et aux adulescents si on pouvait inclure dans la participation électorale les êtres vivants non humains, le milieu naturel et les générations futures. Ce n’est pas une procédure véritablement démocratique que de décider sans eux, les acteurs absents ou tiers-absents, de ce qui les intéresse au premier chef. Une telle délibération sans participation vraiment universelle ne peut qu’entraîner de mauvaises décisions : on s’immerge dans la défense d’un groupe particulier et/ou on ignore le long terme….

 

M. Sourrouille représente les acteurs absents Lire la suite »