Dette, énergie, futur, où est la sortie ?
(Texte reçu d’un de nos correspondants)
Les Routes de la Soie de Xi Jing Ping consistent à proposer des prêts à la création d’infrastructures plus ou moins pharaoniques dans certains pays – Montenegro, Laos…, qui ne peuvent être remboursées et concèdent donc des droits de propriétés ; La Chine par exemple a acheté Le Pirée parce que la Grèce était surendettée. Je pense qu’une dette est une arme, et aussi un des objectifs des guerres militaires qui permet au vainqueur direct ou indirect de se servir sur la bête. C’est ainsi que je me rappelle qu’après la Guerre des 6 jours (1967) avec Israël, l’Égypte avait dû hypothéquer sa production de coton pour 20 ans auprès de l’URSS. La guerre d’Irak avait le triple objectif de vendre des armes, de reprendre le contrôle de la production pétrolière de ce pays et causer un maximum de destructions massives pour « reconstruire le pays » au bénéfice d’entreprises des pays vainqueurs. Il va de soi que ce qui est ainsi perdu pour le pays qui se vend se traduit en paupérisation pour sa population. Autant une dette est positive lorsqu’elle permet d’investir à bon escient, autant elle reste dangereuse lorsqu’elle creuse le déficit public.
J’écris sur un ordinateur qui n’était même pas envisageable quand j’avais 20 ans en 1970. Pour autant, on ne peut que constater que notre système est porteur d’aberrations, comme le fait qu’un lapin en inox de Jeff Koons s’adjuge plus de 91 millions de dollars, et que, dans le même temps, des flots de migrants désespérés menacent l’identité des pays qu’ils rejoignent au péril de leurs vie. Tandis que ceux-là se noient par milliers, des milliers de palaces proposent à longueur d’année des chambres à 10 000 dollars la nuitée voire plus ! A mon avis, aucune théorie n’offre une ligne de conduite globale à l’échelle de la planète. J’ai l’impression d’un labyrinthe inextricable dont même ceux qui en ont une vue d’ensemble ne sauraient le réagencer pour que l’économie puisse réaliser ce pour quoi elle est faite, assurer le bonheur matériel des humains sur notre minuscule Terre.
Je propose un retour aux origines par un bond prodigieux de 4 milliards d’années dans le passé, pour observer le premier être vivant sortant du minéral inerte, sous forme d’un microcosme autonome délimité par une enveloppe organique. Sitôt apparu, cet être primordial se trouve confronté à un danger mortel, la fuite d’énergie inhérente à tout mouvement, y compris interne. Il s’agit donc de la toute première forme de l’économie : restaurer ce qui constitue son intégrité physique. Dans la soupe primordiale, il lui faut prélever les éléments de matière qui remplaceront les siens défaillants et fourniront l’énergie nécessaire à son fonctionnement en tant qu’être vivant. Il s’agit là d’un critère absolu en ce sens qu’il est fondé sur une réalité physique et non, comme les monnaies, de valeurs aléatoires.
Pour en venir à l’homme, on peut retenir que toute activité sur la planète peut se quantifier en joules, unité de valeur universelle qui permet d’évaluer tout ce qui relève des transferts d’énergie (y compris la matière), dont le vivant fait partie, et donc l’être humain pour sa partie matérielle. Déjà existent des appareils connectés qui évaluent très bien les calories dépensées lors d’un exercice physique, autrement dit des joules. Cela peut être étendu à toute une journée type. En généralisant à la planète, on peut quantifier ce que représente l’existence de 8 milliards d’individus. Bien entendu, il convient de pondérer en fonction des climats, des progrès d’équipement, etc. On pourra alors évaluer combien d’individus peut réellement soutenir la Terre de façon pérenne, toujours selon ce critère apodictique du joule. Mais les humains ne sont pas des machines, leurs « désirs » sont formulés sous forme de match de rugby, recette de cuisine, projets de vacances… toutes choses certes agréables, mais non nécessaires. Cette irrationalité concerne également les dirigeants. Faute d’ampleur transcendante, ils n’ont pas une vision du destin global de l’être humain à long terme et donc des moyens nécessaires à le mener à bien. Ils se contentent au mieux de consolider leur pouvoir, ce qui mène inéluctablement à une catastrophe. L’authentique pensée, rationnelle, est extrêmement rare.
« Equilibrium », un film de Wild Kimer en 2002 avait bien cerné le problème en imaginant une société apaisée par la prise obligatoire de Prozium, médicament annihilant tout sentiment bon ou mauvais. Huxley, dans son roman « Le meilleur des mondes », structure la société en classes proportionnées aux besoins de l’humanité ; le nombre et la qualité des individus sont contrôlés en fonction d’une économie rationnelle globale. Pour ma part, je pense qu’une part de la solution peut venir des neurosciences : une évaluation fine des processus hormonaux et autres qui gouvernent le comportement peut in fine le ramener à des facteurs quantifiables qui permettraient de déterminer à quoi a droit un individu lambda en fonction de son utilité pour lui-même et pour la collectivité humaine. Cela demande certes une révolution des valeurs, mais il faut cesser de croire à la formule « tous égaux en droits » qui est une aberration dans l’évolution de la nature.
L’Intelligence Artificielle est une nouvelle opportunité d’aider à réaliser les paramètres évoqués, si on lui présente les problèmes en ce sens. L’Homme est quelque chose en quoi je crois rationnellement, et j’espère accompagner le plus longtemps possible la métamorphose en marche depuis ma naissance en 1951 vers un être nouveau, dégagé de la détermination de sa condition animale, conscient et confiant dans le sens de son futur.
Hadal
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