anthropisation

Insécurité : chasseurs 1, tous les autres 0

Il n’y aura pas de jour sans chasse. Dans le plan pour la sécurité de la chasse présenté le 9 janvier 2023 par la secrétaire d’Etat chargée de l’écologie, Bérangère Couillard, cette mesure ne figure pas dans la liste des quatorze propositions avancées par le gouvernement.

Le président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), Willy Schraen, n’aura pas à mettre en œuvre ses menaces, lui qui annonçait le 6 janvier, que, en cas d’instauration d’un jour sans chasse par semaine, la ruralité serait « à feu et à sang ». Si ça, ce n’est pas un appel au terrorisme armé, qu’est-ce que c’est ?

Le point de vue des écologistes

Auvergnat factuel : Même la timide mesure d’une simple demie-journée était d’emblée exclue par le Palais élyséen. Pour compenser l’oukase de Macron, il fallait trouver quelques mesurettes > on nous sort la prévention contre l’alcoolisme dans la chasse ; et des éléments de langage tels « plutôt que d’interdire, le Gvt préfère mettre en place des mesures pour renforcer la sécurité, et favoriser des espaces de dialogue entre les différents pratiquants des espaces naturels » > à déguster lentement...

CAnge : Donc les chasseurs peuvent chasser sans problème tous les jours et ils ont une appli pour se « réserver » une zone de l’espace public. Promeneurs, je vous le dit, il vous faut courber la tête et pas seulement pour éviter les chevrotines.

Charles Marie : À noter que l’application pour identifier les chasses en cours, outre qu’elle déporte sur le promeneur pacifique la responsabilité de ne pas se prendre une balle, va justement faire des victimes supplémentaires, car les chasseurs en battue se sentiront désormais dégagés de toute obligation de prudence, comme sur un champ de bataille.

Claude.B : L’argument, faute d’assurer la sécurité les six autres jours on n’assurera pas la sécurité des promeneurs le dimanche, ça c’est une trouvaille !

Ffrogman : La décision du gouv. est lâche. Elle est lourdement influencée par les lobbies de la chasse et des armes et elle fait très peu de cas des promeneurs et de la biodiversité. Non seulement nous voulons nous promener sans entendre des détonations toutes les trois secondes et sans risquer de se prendre une balle perdue, mais on veut aussi pouvoir observer des animaux. Les animaux sont moins nombreux à cause des chasseurs et ils fuient les promeneurs parce qu’ils ont peur. Ils sont moins nombreux et ils ont peur parce qu’il y a des chasseurs qui les tuent. Les nuisances des chasseurs ne s’arrêtent pas à la destruction de la biodiversité pour le plaisir. La pollution sonore a un effet délétère sur la communication entre animaux. Et les chasseurs déversent chaque année des milliers de tonnes de plomb, métal toxique, dans la nature.

Undefined : La statistique importante, ce n’est pas seulement le nombre d’accidents, c’est le nombre de Français qui renoncent à aller en forêt à cause de la chasse. Les chasseurs ne représentent que 1.5% de la population.

B.Dartevel : Ce n’est quand même pas grand chose de demander un jour pour se promener en campagne alors que d’autres citoyens, qui s’attribuent tous les droits, sont armés de fusils de guerre (voir balles à sangliers) et passent leurs loisirs à tuer des espèces souvent protégées dans d’autres pays.

Victor M : On devrait sans doute se réjouir que la Macronie n’ait pas interdit les balades en forêt ou de sortir dans son jardin quand on a pas un fusil à la main !

Sauf qui Peut : Pourquoi les humains auraient-ils droit à un repos dominical et pas les animaux ?

Hello : Que fallait il attendre d’autre d’un Président qui découvre seulement en ce début d’année 2023 les effets du réchauffement climatique.

La parole aux pro-chasses, alimentons le débat

el barto : Willy Schraen, chasseur de sangliers le jour, dresseur de président de la république la nuit. Dimanche inclus.

Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs : « Ce n’est pas la chasse, c’est la ruralité dans son ensemble qu’attaquent ces activistes minoritaires, comme les végans. Ils ne supportent pas que d’autres vivent différemment. Les chasses traditionnelles existaient avant l’arme à feu. La chasse à courre ? Il n’y a que les cons pour ne pas comprendre que l’animal a dix fois plus de chances de se sauver que d’être attrapé. Souvent le cerf est vieux ou malade, c’est la sélection naturelle. Pas le monde des Bisounours ! On est en haut de la chaîne alimentaire, les animaux sont en dessous, c’est l’ordre des choses. Qui travaille sur la biodiversité ? Ce ne sont pas ceux qui font des grands discours, à Paris, qui plantent des haies, des arbres, qui entretiennent les zones humides, qui nourrissent les animaux, et qui apportent ainsi 4 milliards d’euros à la nature tous les ans ! »

Nos articles antérieurs sur ce blog biosphere

Aimer le bien-être animal ET les chasseurs ? (2021)

Chasseurs, sauvez des vies, restez chez vous (2021)

Notre conseil, donnons des fusils aux lapins (2021)

Le président Macron, un chasseur d’oies aux ordres (2019)

Les (non) chasseurs dans le viseur (2019)

Le chasseur bientôt interdit de séjour le dimanche ? (2018)

Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés (2018)

LE VILAIN CHASSEUR (2010)

chassons les chasseurs (2008)

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L’extractivisme au fond des abysses

On le sait depuis les années 1960 : le fond des océans, ce monde du silence où règne l’obscurité la plus complète, abrite quantité de minerais. Les profiteurs, on n’ose pas dire les requins, salivent déjà.

Guillaume Delacroix : De jeunes sociétés testent des engins pour collecter, par 6 000 mètres de fond, des nodules polymétalliques qui pourraient satisfaire les besoins mondiaux en batteries. The Metals Company (TMC) a envoyé à 4 400 mètres de profondeur un gros engin à chenilles aux allures de moissonneuse-batteuse, une dizaine de mètres de long et autant de large, qui a aspiré 3 000 tonnes de nodules et les a remontés à la surface, en les poussant dans une conduite à air comprimé, au rythme de 86 tonnes par heure. Cotée au Nasdaq depuis septembre 2021, la firme ne génère aucun chiffre d’affaires et, après avoir dépassé les 15 dollars (14 euros), son cours de Bourse surnage depuis un an autour de 0,8 dollar. Elle est poursuivie en justice par une action de groupe d’actionnaires qui lui reprochent d’avoir surestimé ses promesses d’activité.

Javier Escartin, spécialiste de l’exploitation marine profonde: « Ceux qui convoitent les gisements sous-marins ne mettent en avant que le nombre de voitures électriques dont l’humanité va avoir besoin, en prenant pour référence l’usage que fait de l’automobile le ménage américain moyen. On pourrait aussi envisager d’avoir moins de voitures. Et des voitures plus légères …  Fabriquer des Tesla de 3,5 tonnes pour transporter une personne de 70 kilos, ça n’a pas de sens ! »

Le point de vue des écologistes

YvonSurel : Donc après avoir dévasté la surface et le sous-sol, on va s’attaquer aux grands fonds ? Ils sont complètement fous.

Lacannerie : Les Canadiens, encore et toujours, à la pointe de la destruction de la planète. Après la déforestation massive de la forêt boréale, après l’exploitation forcenée des sables bitumineux, c’est au tour des grands fonds d’être la cible de ce pays à la voracité sans limite. Affligeant.

Humphrey ; Le fond des océans, ça ressemble aux problèmes des industries dans les milieux polaires. La moindre pollution ou perturbation mécanique est persistance à cause de la lenteur des métabolismes écologiques et du cycle particulier de l’eau.

Thufyr : Dans un monde qui se saborde en brûlant les forêts primaires (nous sommes impliqués via notre agro-industrie gourmande en soja et les concessions Avril au Brésil), en dénaturant les terres par épandages excessifs de produits, dits «phytosanitaires », en basant sa richesse sur une croissance toxique etc…on voudrait faire la fine bouche devant le pactole des nodules polymétalliques ? Pour préserver la biodiversité des grands fonds ? Et les conditions inhumaines d’extraction des métaux rares en Afrique, on s’en soucie ? L’assèchement des salars dans l’Atacama, on s’en préoccupe ? La pollution des navires de croisière, les voyages futiles, les achats inutiles, le gâchis institutionnalisé…ça choque qui ?

Michel SOURROUILLE : Les années 1990 sonnent comme le réveil brutal pour Nauru et ses 10 000 habitants, perdu dans l’étendue du Pacifique : 80 % de la surface de l’île a déjà été creusé.  C’est une illustration du caractère suicidaire d’une économie édifiée sur une activité minière effrénée. Nauru, riche de ses gisements de phosphate qui ont causé sa ruine et l’obésité de ses habitants favorise aujourd’hui l’extraction dans les abysses ! Cet exemple montre que les gens ne tirent aucune leçon de ce qui cause leur malteur même quand ils en ont l’expérience directe. Construire une civilisation de la fragilité : n’est-ce pas là ce que nous faisons en conditionnant notre développement à la logique extractiviste ?

Nauru, l’extractivisme à l’image de ce qui nous arrive (2016)

Madrilène : Pour rappel, lorsque le gouvernement de Michel Rocard avait dénoncé en 1988 la Convention de Wellington qui était destinée à ouvrir la voie à l’exploitation des ressources minières de l’Antarctique, certaines voix s’étaient élevées contre l’initiative portée par le Premier Ministre français de l’époque. Malgré tout, c’est la vision de Michel Rocard qui prévalut avec l’adoption du Protocole de Madrid de 1991 qui consacra la protection du dernier continent vierge.

Nos articles antérieurs sur ce blog biosphere

Synthèse, la fin de l’extractivisme ?

Démence extractive, c’est-à-dire «Explosons la planète» (2015)

Dernière goutte de l’extractivisme, exemple en Equateur (2013)

arrêt des extractions minières partout dans le monde (2012)

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Greenpeace, une association anti-malthusienne

Lettre ouverte d’un contributeur régulier à l’association Greenpeace

Je ne renouvellerai pas mon soutien financier à Greenpeace. En effet je viens de découvrir que sur la question démographique, vous vous permettez de dire mensonges et contre-vérités dans votre rubrique FAQS. Vous prétendez que « c’est une idée fausse et dangereuse de dire que la surpopulation est l’une des principales causes de la crise climatique et qu’il serait nécessaire de contrôler la croissance démographique ».

Vous niez qu’il y ait surpopulation avec des arguments de type politique d’extrême gauche (l »effet de serre, c’est la faute des multinationales). Vous ajoutez une accusation de racisme quant à l’origine de l’idée de surpopulation. Or c’est Malthus (et non Paul Ehrlich) qui est dès 1798 à l’origine du constat de tendance à la surpopulation). Le mot « malthusien » est entré dans le dictionnaire. Un malthusien explique qu’il s’agit de maîtriser la fécondité quand il y a décalage entre le nombre d’humains et le milieu qui les fait vivre. Le but est de promouvoir l’épanouissement de toutes les catégories sociales, y compris les plus défavorisées. Y voir du racisme est une accusation sans fondement.

Vous répétez constamment l’expression « Contrôle de la population » alors que l’existence du planning familial, la liberté de contraception et l’interruption volontaire de grossesse ne reposent pas sur un diktat de l’État, mais sur le libre choix des personnes. Enfin vous osez prétendre que parler de surpopulation empêcherait d’agir pour d’autres causes. C’est absurde, on peut financer Greenpeace tout en étant par exemple membre actif de l’association Démographie Responsable. Voir dans ces deux engagements une contradiction apparaît même comme une atteinte à la liberté de participer à n’importe quelle association de son choix. Quant à l’idéologie véhiculée par Démographie Responsable, allez consulter le site de DR, et vous aurez des idées un peu plus justes sur ceux qui disent comme moi qu’il y a surpopulation et qu’il faut agir de façon humaniste.

Il est vrai, comme vous l’écrivez, que « les émissions par habitant de l’hémisphère sud sont bien moins élevées que celles du nord ». Mais il faut en déduire que la baisse de fécondité dans les pays sur-développés est une bonne nouvelle pour le climat. Quant à des pays surpeuplés et sous-développés, laisser croire qu’il ne faudrait pas instituer chez eux un planning familial efficace serait une faute stratégique qui irait à l’encontre de leurs propres intérêts.

En conclusion, la meilleure façon de lutter contre la crise écologique consiste à la fois à réduire le nombre de personnes sur Terre, à lutter contre les inégalités et à tendre à un niveau de vie moyen compatible avec les possibilités de la planète.

contenu de la rubrique FAQS de Greenpeace

Population : quel impact sur l’environnement ?

https://www.greenpeace.fr/population-quel-impact-sur-lenvironnement/

On entend parfois dire que la surpopulation est l’une des principales causes de la crise climatique et qu’il serait nécessaire de contrôler la croissance démographique. Cette idée est fausse et dangereuse, car elle rejette la faute de problèmes sociétaux sur le dos notamment de populations qui n’en sont aucunement à l’origine.

Population et environnement : un faux débat

Les théories sur la surpopulation se sont généralisées dans les années 60, avec à la clé des discours tels que : “la croissance démographique est hors de contrôle, notre planète ne peut plus y faire face, la surpopulation est la cause de l’épuisement des ressources et du chaos climatique, nous devons réduire la population mondiale pour combattre les crises environnementale et climatique”.

En réalité, quelques dizaines de multinationales sont directement responsables des deux tiers des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. Ainsi, mettre en avant la pseudo nécessité de contrôler la population revient à montrer du doigt les individus alors que des changements systémiques sont nécessaires, et à nous détourner du vrai problème, à savoir le rôle des industries polluantes et la passivité voire la complicité des gouvernements face à la destruction de l’environnement, du climat et de la biodiversité,

Le “contrôle de la population mondiale”, une idée aux origines racistes

La bomb P, le livre de Paul Ehrlich qui a popularisé cette idée, est basé sur les expériences vécues par l’auteur dans une grande ville indienne et préconise des mesures d’incitation et de contrainte pour contrôler la population – en particulier celle des personnes non blanches. Encore aujourd’hui, lorsque les gens parlent de surpopulation, ils ont souvent en tête la Chine, l’Afrique ou l’Inde. Aux Etats-Unis, par exemple, cette idée s’est traduite par la stérilisation forcée de femmes racisées. Elle a également été utilisée pour justifier des crimes racistes commis par des suprémacistes blancs, comme la fusillade d’El Paso. Comme toute narrative raciste, celle du contrôle de la population a de graves conséquences.

En réalité, les émissions par habitant de l’hémisphère sud sont bien moins élevées que celles du nord, et réduire la population ne résoudrait donc en rien la crise climatique. D’après une étude publiée par Oxfam en 2015, “une personne parmi les 10% les plus riches en Inde n’émet en moyenne qu’un quart du CO2 émis par une personne de la moitié la plus pauvre de la population des États-Unis”. En résumé, la plupart des arguments en faveur du contrôle de la population montrent du doigt les pays en développement dont les émissions per capita demeurent relativement peu élevées, et pas les pays industrialisés qui émettent davantage de gaz à effet de serre.

La meilleure façon de lutter contre la crise climatique n’est donc pas de réduire le nombre de personnes sur Terre, mais de revoir globalement nos modes de production et de consommation, de mettre la pression sur les entreprises et les politiques qui en sont à l’origine, et de lutter pour une distribution des richesses durable, juste et équitable.

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Artificialisation des sols, à combattre

Personne ne s’interroge sur le bien-fondé d’une infrastructure dédiée largement aux déplacements individualisés sur quatre roues. En France, on compte au moins 12 400 kilomètres d’autoroutes , 17 500 km de routes nationales, 433 000 km de départementales. Par contre les chemins ruraux, qui occupaient environ 600 000 km en 2004 ,ont diminué de 200 000 km, place à la circulation à grande vitesse ! L’importance démesurée des réseaux de voirie entraîne une dégradation effroyable des écosystèmes par l’artificialisation des territoires et leur fragmentation. Pour l’équilibre de la Biosphère, jamais une société respectueuse de l’environnement n’aurait du dépasser le niveau des chemins vicinaux qui ne font qu’entretenir les rapports de voisinage et les circuits courts.

Lire, Des routes, encore des routes, beaucoup trop de routes

Carla Pont : Chaque année en France, 20 000 à 30 000 hectares de terres sont artificialisés. Cette artificialisation augmente presque 4 fois plus vite que la population. C’est pourquoi nous militons pour un changement de paradigme : passer du sol foncier aux « sols vivants », avec des droits et des devoirs qui consacrent leur statut de bien commun. Mais les modèles d’aménagement considèrent le sol uniquement comme une rente foncière : les terres vierges sont extrêmement rémunératrices pour leur propriétaire lorsqu’il est possible de construire dessus. Le foncier est également une source de revenus importante pour les collectivités. S’ajoutent à cela des injonctions pour les élus, pris dans un imaginaire du territoire attractif, qui doit attirer par la construction de logements et de zones d’activités économiques. En planifiant la répartition des activités sur les territoires en fonction de la qualité des sols, et en intégrant dans les bilans économiques des projets les coûts de leur altération, nous sortirions des logiques de rente foncière pour remettre la nature au centre.

Nicolas Hulot : Une triple rupture doit s’accomplir, avec la course aux infrastructures de toutes sortes, avec la tendance à un étalement urbain continu, avec une agriculture de plus en plus industrialisée. Il faut décréter un moratoire sur les projets d’infrastructures et d’équipements, y compris dans les DOM-TOM. Convenir par exemple que la desserte autoroutière et routière est désormais suffisante en France, la France qui détient déjà l’un des réseaux parmi les plus denses du monde… Les élus doivent comprendre que leur rôle n’est plus de lancer des projets de « développement » à base d’équipements lourds, mais de mettre en place une gestion du territoire compatible avec la nécessaire sobriété énergétique et la conservation des services rendus par les écosystèmes. Un inventaire du patrimoine naturel doit être fait pour servir de référence incontestée lors des plans locaux d’urbanisme (PLU) et des schémas de cohérence territoriale (SCOT). Il faut aussi rompre avec la logique de périurbanisation. Combien pèsent les enjeux écologiques face aux projets d’intérêt général (PIG), qui répondent aux demandes de rocades, de voies ferrées à grande vitesse, de surfaces dédiées au commerce… La limitation drastique de l’expansion périphérique des villes devrait, désormais, figurer comme la priorité des priorités. »1

Le point de vue des écologistes

Plus le niveau d’interdépendance des infrastructures est élevé, plus de petites perturbations peuvent avoir des conséquences importantes sur l’ensemble d’un pays. Dans notre société, très peu de gens savent aujourd’hui survivre sans routes, sans supermarché, sans carte de crédit et sans station-service. Lorsqu’une société devient hors-sol, c’est-à-dire lorsqu’une majorité de ses habitants n’a plus de contact direct avec le système-Terre, la population devient entièrement dépendante de la structure artificielle qui la maintient dans cet état. Si cette structure s’écroule, c’est la survie de la population qui pourrait ne plus être assurée.

Lire, 2027, un ministre de la Relocalisation

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Pour défendre les intérêt de la biosphère

Ce blog a été créé en 2005 à l’initiative d’une association loi 1901 « Biosphere » déclarée en préfecture en septembre 2004. Son objet statutaire est de défendre les intérêt de la biosphère. A cette époque, on avait déjà le diagnostic, mais pas la solution. En février 2005, selon l’Union mondiale pour la nature, « 12 à 52 % des espèces actuelles seraient menacées. On peut déjà penser à une sixième extinction (la précédente a vu la disparition des dinosaures il y a 85 millions d’années) et cette fois l’activité humaine en est presque le seul et unique responsable ». Mais aucune institution, à part notre minuscule et insignifiante association, ne prenait le problème à cœur, devenir la nature qui se défend par notre intermédiaire.

Les choses changent. La compagnie britannique de produits de beauté Faith in Nature a récemment nommé un administrateur pour représenter la Nature à son conseil d’administration. L’entreprise ferait de son mieux pour « avoir un impact positif sur la nature dans son ensemble ». Alexandra Pimor, proxy pour la voix de la Nature : « C’est un véritable privilège d’être une des premières personnes humaines à représenter la voix de la Nature au sein d’une entreprise. » 

Simeon Rose, directeur de création de la société : « Tout ce que nous faisons a un impact sur le monde naturel, mais la seule voix qui n’a jamais été entendue dans les conseils d’administration est celle de la nature elle-même. Donner à la nature un droit de vote et une voix au sein d’une structure d’entreprise, c’est reconnaître les droits de la nature et faire un grand pas vers le rééquilibrage des relations entre les entreprises et le monde naturel. Mais cela ne devient vraiment puissant que lorsque de très nombreuses entreprises font comme nous. »

Le point de vue des écologistes

La politique, l’art de savoir vivre en communauté, repose sur des « éléments de langage » que les membres de la classe dirigeante propagent dans la presse, croissance économique, libre échange, innovation technologique, progrès social… On ne s’intéresse pas aux « acteurs absents », une expression que nous essayons de populariser sur ce blog depuis 2005.

Acteur absent, élément-clé d’une démocratie écologique

Acteur absent (ou tiers absent), acteur qui ne peut prendre la parole lors d’une négociation, ou qui n’est pas invité à la table des négociations. Exemple : milieu naturel, êtres vivants non humains, générations futures. (Dictionnaire du développement durable, AFNOR, 2004).

En 2007, nos écrivions sur ce blog : « Ce serait élargir l’universalité bien plus fondamentalement que le droit de vote à 18 ans si on pouvait inclure dans la participation électorale les générations futures. De plus il y a des entités qui ne sont jamais invitées lors des palabres humaines, les êtres vivants non humains, le milieu naturel. Ce n’est pas une procédure véritablement démocratique que de décider sans eux, les acteurs absents, les tiers-absents, de ce qui les intéresse au premier chef. Une telle délibération, sans élargir sa pensée dans l’espace et dans le temps ne peut qu’entraîner de mauvaises décisions. »

Nous avons même réussi à faire publier par LE MONDE cette notion le 1er octobre 2021 :

Penser l’avenir au nom des acteurs absents

Conclusion : Nous avons tous un système de pensée qui nous incite à devenir personnellement le représentant de causes les plus diverses, notre propre intérêt, les intérêts de « notre » entreprise, les intérêts des Français, les intérêts des peuples indigènes, les intérêts des grands singes, les intérêts de la Terre-Mère. Un avocat représente un client, absent ou non. Un député vote au nom d’un pays, entité abstraite. Des chefs d’État réunis pour traiter du réchauffement climatique ou de l’extinction des espèces ont pour rôle de penser à la place des générations futures et des non-humains. Il nous reste à nous exprimer le plus souvent possible  au nom des acteurs absents.

Ce n’est pas parce que ce blog n’attire qu’une audience marginale qu’il ne s’occupe pas de présenter des éléments de langage pour le XXIe siècle… qui sera écologique et /ou la proie de conflits trop humains, inhumains.

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Manger ou ne pas manger des animaux, débat

Dans un monde où le débat public est souvent hystérique, voire irrationnel, l’échange philosophique * ci-dessous sur la cause animale est à la fois réconfortant, on reste dans le respect mutuel, et déroutant : ne peut-on atteindre un consensus entre individus de bonne foi ?

Lire, Avoir raison par la recherche du consensus

Corine Pelluchon est une philosophe spécialisée dans l’éthique appliquée à la médecine, à l’environnement et aux animaux.

Jocelyne Porcher est une ancienne éleveuse devenue sociologue et directrice de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae).

Corine Pelluchon se dit « végan et abolitionniste »., elle est opposée, par principe, à l’élevage et à l’abattage des bêtes, 

Jocelyne Porcher défend avec conviction les fermes familiales qui travaillent de manière « pacifique et respectueuse » avec les animaux – même s’ils sont promis à la mort.

Pour Corine Pelluchon, la mise à mort d’un animal jeune et en bonne santé est une transgression majeure dès lors que nous pouvons répondre à nos besoins nutritionnels autrement. « Ce droit est illégitime quand cette mise à mort n’a rien d’absolument nécessaire, écrit-elle. Il n’est pas fondé sur la nature des choses, sur le fait que les animaux auraient été créés pour nous servir d’aliment ou de ressource, mais sur une convention et une habitude, sur une coutume. » Une tradition, ajoute-t-elle, qui est le fruit – malheureux – de la séparation radicale entre nature et culture qui gouverne, en Occident, nos relations avec le vivant.

Jocelyne Porcher, qui est à une défenseuse déterminée des droits des animaux, fait valoir une tout autre approche. L’élevage, écrit-elle, est la « matrice historique » de nos liens millénaires avec les animaux domestiques : il nous faut donc accepter le cycle de la vie et de la mort sur lequel il repose – à condition, bien sûr, que les bêtes soient élevées dans le plus grand des respects. « Je ne pense pas que renoncer à notre vie commune avec les animaux soit un horizon désirable »

Corine Pelluchon, proche de l’association L214, estime que le combat de cette minorité d’activistes qui s’oppose aux normes communes fait utilement « bouger les lignes ».

Jocelyne Porcher répond qu’en refusant de consommer des produits d’origine animale, le véganisme nie la matérialité de l’existence, l’interdépendance des corps vivants et la circulation de la vie – et prépare l’avènement d’une agriculture cellulaire fondé sur les biotechnologies et les artefacts.

Lire, Les végans, soutien de l’agroalimentaire

Le point de vue des écologistes

L’écologie politique s’appuie sur l’écologie scientifique. Corine Pelluchon confond relativité culturelle et nécessités biologiques. Les humains sont des hétérotrophes qui doivent nécessairement se nourrir d’autres êtres vivants. Leur métabolisme est incapable de synthétiser les sucres comme le font les plantes par photosynthèse. Il n’a pas non plus la possibilité, comme les ruminants, de synthétiser certains acides aminés à partir des sucres fournis par les végétaux. Il a donc besoin de tuer pour se nourrir. Même quand nous mangeons un légume, nous mangeons quelqu’un de notre famille (éloignée, il est vrai). Et notre appareil auditif n’est pas fait pour écouter le cri de la carotte. Il est scientifiquement possible de déterminer les aliments bons ou néfastes pour notre santé, mais il est impossible de décréter ce qu’il est légitime ou illégitime de consommer, sauf à entrer dans des considérations religieuses et ses différents tabous.

Précisons que la production primaire nette (PPM) est la quantité d’énergie mise à la disparition des autres espèces vivantes, les hétérotrophes, par les producteurs primaires, c’est-à-dire les plantes. L’humanité utilise environ 40 % de la PPN présente dans les écosystèmes terrestres. Plus l’appropriation humaine de PPM est élevée, moins la biodiversité naturelle dispose de biomasse, ce qui réduit l’espace laissé aux autres espèces. Cela veut dire deux choses. D’abord que nous mangeons trop de viande car il faut plusieurs calories végétales pour se transformer en une seule calorie animale. Ensuite, au delà de notre régime alimentaire, il faut que l’humanité maîtrise sa fécondité car nous sommes trop nombreux par rapport aux ressources terrestres et à la survie des non-humains.

La question de fond « Quelle population mondiale serait-il possible d’alimenter » n’est donc pas pertinente, il faudrait élargir la problématique: « Combien d’êtres humains peuvent être alimentés de façon soutenable et à un niveau de vie souhaitable tout en garantissant une forte proportion de la PPM à disposition des espèces sauvages ? »

L’amour des bêtes ne doit pas être limité à nos animaux d’élevage et à nos animaux de compagnie, n’en déplaise à tous ceux et celles qui consirent la cause animale dans une conception très retreinte.

Lire, Présidentielle 2022, place au Parti animaliste

* « Pour l’amour des bêtes », de Corine Pelluchon et Jocelyne Porcher (Mialet-Barrault, 160 pages, 12 euros)

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L’idéologie du développement, anti-écolo

Baptiste Lanaspeze fait paraître chez Wildproject, sa maison d’édition, la traduction de Plurivers. Un dictionnaire du post-développement (550 pages, 25 euros). Une critique radicale du développementisme.

Lire, Combattre la religion de la croissance, Sisyphe en acte

Baptiste Lanaspeze : Le terme « développement » paraît inoffensif, mais il repose en fait sur la reconduction industrielle de la relation coloniale. Adossé au diagnostic du désastre écologique, on ne peut plus se référer à l’idéologie du développement comme un point de repère stable et sérieux. La modernité met en œuvre la destruction simultanée de la nature et des cultures vernaculaires. Par contre les pensées écologiques, Henry David Thoreau [1817-1862] ou Arne Næss [1912-2009], détruisent le cosmos de l’homme blanc moderne, en réhabilitant pleinement l’idée de nature. Le livre Plurivers critique des solutions qui laissent croire que la technique pourrait résoudre les problèmes écologiques et que l’on pourrait concilier développement et durabilité. Pour les auteurs de Plurivers, le système du développement ne peut pas être écologique. Il faut en sortir.,La notion de plurivers – et de pluriversel – est clairement une réponse à l’universel et à l’idée de monde unique. Il s’agit de penser la variété interne de notre monde commun. L’humanité s’est, de tout temps, exprimée à travers une très grande variété de traditions, de cultures, de langues. Avoir peur du pluriversel, c’est-à-dire d’une organisation mosaïque de l’humanité, c’est avoir peur in fine de l’humanité.

Le point de vue des écologistes

Baptiste Lanaspeze en 2007 : Le fait d’accorder une valeur en soi au monde naturel ou, en d’autres termes, de quitter l’ancien point de vue anthropocentrique pour adopter un point de vue « écocentrique », c’est ce qui caractérise pour le philosophe norvégien Arne Naess le passage à l’écologie profonde. Que l’on n’ait cessé de dénoncer une « rupture avec l’humanisme » là où il s’agit d’approfondissement des valeurs, voilà qui peut sembler étrange. Car ce dont il s’agit précisément pour Naess, c’est de réformer l’éthique et la métaphysique, pour permettre à l’homme de vivre une vie meilleure au sein de ce qui l’entoure (…) Assumer ce label de deep ecology, c’est rappeler à l’humanisme étroit qu’il a raison de ne pas aimer la deep ecology, car la deep ecology ne l’aime pas non plus. (L’écologie profonde n’est pas un « totalitarisme vert »)

Lire, l’invention de l’écologie profonde avec Arne Naess

Gilbert Rist : « Le « développement » est un leurre agité par les puissances occidentales pour mondialiser leur propre système.Cela commence avec l’article 22 du pacte de la Société des nations (1919) : « Les principes suivants s’appliquent aux colonies et territoires qui sont habités par des peuples non encore capables de se diriger eux-mêmes dans les conditions particulièrement difficiles du monde moderne. Le développement de ces peuples forment une mission sacrée de la civilisation. La meilleure méthode de réaliser pratiquement ce principe est de confier la tutelle des ces peuples aux nations développées. »

Ce texte utilise pour la première fois dans la littérature internationale la notion de « degré de développement » pour justifier un classement des nations, tout en affirmant qu’il existe, au sommet de l’échelle, des nations « développées ». La colonisation acquiert ses lettres de noblesse ! Cela se poursuit en 1949 avec le point IV du discours d’investiture de Truman. Pour la première fois l’adjectif « sous-développé » apparaît dans un texte destiné à une pareille diffusion. Cette innovation terminologique introduit un rapport inédit entre « développement » et « sous-développement ». A l’ancienne relation hiérarchique des colonies soumises à leur métropole se substitue un monde dans lequel tous les États sont  égaux en droit même s’ils ne le sont pas encore en fait. Dans ces conditions, une accélération de la croissance apparaît comme la seule manière logique de combler l’écart.

Non seulement on évacue les effets de la colonisation, du démantèlement de l’artisanat, de la  déstructuration des sociétés, etc., mais encore on fait comme si l’existence des pays industriels ne transformait pas radicalement le contexte dans lequel évoluent les candidats à l’industrialisation. Ainsi, à partir de 1949, plus de deux milliards d’habitants de la planète ne seront plus Aymaras, Bambaras, Berbères, Mongols ou Quechuas, mais simplement « sous-développés ». L’esprit est conditionné au sous-développement lorsqu’on parvient à faire admettre aux masses que leurs besoins se définissent comme un appel aux solutions occidentales, ces solutions qui ne leur sont pas accessibles. Car en cessant d’être un processus endogène et autocentré d’évolution spécifique à chaque société, le développement ne pouvait plus être une dimension de l’histoire humaine, seulement une imposture. »

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L’humanité, un psychopathe destructeur

L’humanité est devenue l’espèce la plus dangereuse de la planète, comme l’exprime le dernier livre de Sébastien Bohler. Elle se comporte comme un psychopathe face à la nature, c’est le titre d’un article d’Élisabeth Berthou.

Homo sapiens a instrumentalisé les espèces animales et les ressources naturelles à la façon d’un prédateur. Dans moins de trente ans, la Terre sera en partie invivable et dans quatre-vingt… Game over », profère Sébastien Bohler, au début de Human Psycho. Pour expliquer ce dysfonctionnement, le neuroscientifique compare l’humanité à un « être global » dépourvu de cortex orbitofrontal, qui appréhende le monde comme un mécanisme…  Ce « superorganisme » revêt une personnalité de psychopathe : sentiment de supériorité, tendance à la manipulation et à l’exploitation d’autrui, absence d’empathie et incapacité à prendre en compte l’avenir pour fixer des limites à ses actes. Il exerce une violence croissante vis-à-vis de sa victime, la nature.

Il est vrai que notre fonctionnement social actuel préfère la post-vérité et les fake news à l’analyse de la réalité.

« Des chercheurs ont décrypté des millions de livres en anglais et en espagnol couvrant la période de 1850 à 2019. En partant des cinq mille mots les plus utilisés dans chacune des deux langues, leur approche a été celle de l’analyse en composantes principales qui permet statistiquement de tirer des tendances par la fréquence d’utilisation de mots associés. Après 1850 la rationalité, avec des mots tels que « déterminer », « conclusion », « analyse », etc., a systématiquement augmenté tandis que celle de mots à connotation sentimentale ou liés à l’expérience humaine, tels « ressentir », « croire », « imaginer », etc., baissait.

Maintenant, nous sommes entrés dans une période où l’opinion personnelle, l’idéologie, l’émotion l’emportent sur la réalité des faits.  Nous ne sommes plus entraînés à prendre le temps de réfléchir en profondeur. Et parallèlement, nous sommes sociétalement plus libérés et même encouragés à exprimer nos ressentis. »

Or pour beaucoup trop de personnes, un mensonge simple est bien plus attirant qu’une vérité exigeante. L’exemple typique de ce dérèglement de l’esprit de rationalité se retrouve dans la posture d’un ex-président de la république, Donald Trump, adepte des faits alternatifs pour mieux cacher sa propre turpitude. C’est ce que vient de démontrer une commission d’enquête suite à l’Assaut du Capitole : une plongée sidérante dans les mensonges de Donald Trump.

« De la défaite de Donald Trump face à Joe Biden lors de la présidentielle du 3 novembre 2020 jusqu’à l’attaque initiée par les partisans du président sortant, une campagne de mensonges sur des fraudes imaginaires a été lancée. L’avocat Rudy Giuliani en a été la force motrice, encourageant le président à suivre son instinct, à proclamer sa victoire et à lancer la croisade contre les fraudes. Au total, 62 plaintes en justice ont été déposées par l’équipe présidentielle. Dans aucun des cas un tribunal n’a établi que les accusations de fraude étaient fondées.  L’échec des recours en justice, en novembre 2020, n’a nullement arrêté l’entreprise d’intoxication de l’opinion publique conservatrice. Au contraire. La commission insiste sur l’intérêt pécuniaire des mensonges promus par l’équipe Trump, qui envoyait jusqu’à 25 courriels par jour à ses sympathisants. Au total, 250 millions de dollars ont été levés, dont 100 millions de dollars au cours de la première semaine après l’élection présidentielle, supposément pour financer les plaintes et les investigations sur les fraudes. Le parti républicain s’est détruit sur l’autel de Trump. »

Lire aussi : Donald Trump, narcissique et psychopathe

Le point de vue des écologistes

Une humanité qui est devenue le cancer de la Terre (cf. notre article de 2007), le parasite suprême, un super-prédateur et donc un psychopathe destructeur ne peut qu’accompagner ses dysfonctionnements par des éléments de langage qui justifient les comportements individuels et collectifs. Le déni de la réalité a été la première position des négationnistes du climat, la post-vérité devient aujourd’hui l’alibi mensonger qui clôt la discussion. Les psychologues ont certes expliqué cela par l’interaction spéculaire ou la dissonance cognitive, n’empêche que le problème reste entier : comment réagir face à des réseaux sociaux qui nous font prendre l’état délirant des discours comme une situation normale ?

Des jeunes, des moins jeunes, des associations ou ce blog biosphere essayent de faire ce qu’il peuvent dans un monde en folie. Plus nombreux nous serons pour agir, moins l’effondrement de la société thermo-industrielle sera violent. Mais restons lucide. Tant que notre nombre démesuré et notre croissance économique, disproportionnés par rapport aux possibilités limitées de la planète, restera tel qu’il est, l’action individuelle et collective restera de peu d’effets. Ce qui n’est pas un argument pour ne rien faire….

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Notre striatum ne dit rien de nos besoins

Selon deux psycho-chercheurs,Thierry Ripoll et Sébastien Bohler, l’insatiable soif de croissance de l’humanité et la crise globale qui en découle seraient la conséquence de notre « câblage » cérébral. C’est du baratin teinté de déterminisme et de littérature romantique. Des références aux phénomènes d’addiction et de récompense mal digérées. Un certain nombre de mots clés comme cognition, psychologie cognitive, conditionnement. Aucune explication, du descriptif littéraire : l’homme programmé, comment et pourquoi, mystère…..

Sébastien Bohler : Le cerveau des vertébrés et des mammifères possède des structures cérébrales profondes, dont le système de récompense est, en son centre, le striatum. Cette structure nerveuse incite les êtres vivants à accomplir des comportements sans limites fixées a priori, en leur donnant du plaisir sous forme d’une molécule, la dopamine. Aujourd’hui, nous continuons à produire de plus en plus de nourriture, de plus en plus riche, pour cette partie fondamentale de notre cerveau, qui n’est pas programmée pour s’autolimiter. La suralimentation, l’obésité, le surpoids et l’émission d’un quart des gaz à effet de serre sont dus à l’absence de limite dans la satisfaction de nos besoins alimentaires.

Thierry Ripoll : L’objectif de croissance est inhérent au vivant. Nous, les humains, sommes une espèce invasive d’une grande île qui s’appelle la Terre. Or, l’évolution qui nous a aussi programmés pour croître est aveugle : elle ignore la finitude de la planète. D’où cette aporie : croître indéfiniment dans un monde fini. Nous sommes soumis à deux tensions contradictoires : celle issue de forces évolutives archaïques nous incitant à croître et celle issue de la partie la plus évoluée de notre cerveau nous enjoignant de prendre en compte les limites de la planète. Notre avenir sur Terre dépendra de l’issue de ce conflit.

Michel SOURROUILLE : Le striatum, bof ! J’ai lu il y a fort longtemps « âge de pierre, âge d’abondance », un livre de Marshall Sahlins. La virgule peut prêter à interprétations. En fait cette étude démontrait que l’âge de pierre (les sociétés premières), c’était vraiment l’âge d’abondance : sans désir de superflu, il n’y avait pas sentiment de manque. Autrefois, aux temps de la chasse et de la cueillette, on vivait en effet un sentiment de plénitude car on limitait les besoins… et donc le travail… pour avoir plus de temps libre… et être heureux. Aujourd’hui l’intérêt du moment change, de plus en plus vite. Il y a toujours un nouveau faits divers à la télé, iI y a toujours un machin de la dernière génération qu’il faut posséder et bientôt la voiture électrique remplacera dit-on la thermique. La période contemporaine fait courir la plupart d’entre nous derrière l’illusion de l’abondance… à crédit. Mais bientôt on sera OBLIGÉ de s’auto-limiter par insuffisance des ressources…

Recensions sur notre blog biosphere

âge de pierre, âge d’abondance (Marshall Sahlins)

– Pourquoi détruit-on la planète ? (de Thierry Ripoll)

Notre cerveau nous pousse à détruire la planète (Sébastien Bohler)

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Eurosatory, Macron va-t-en guerre

Macron va-t-en guerre ! Le 13 juin 2022 à Villepinte, il a marqué de sa présence l’inauguration du salon Eurosatory, ce supermarché de la mort qui se tient depuis 1967 tous les deux ans et ne cesse de croître. Là, le client solvable peut se procurer l’attirail complet de l’assassinat de masse, depuis l’arme de poing jusqu’au char d’assaut . Le président de la République y a indiqué que la France doit entrer dans une « économie de guerre ». Son opposé, René Dumont, présidentiable écolo en 1974, constatait : « Chaque fois que vous prenez votre voiture pour le week-end, la France doit vendre un revolver à un pays pétrolier du tiers-monde. ». Les ventes d’armes n’ont pour finalité que de semer la souffrance et soutenir la belligérance. L’absence de réglementation sur le commerce mondial des armes est alarmante. La France doit se retirer du marché international de l’armement de façon unilatérale et progressive. Dans un premier temps il faudra fermer Eurosatory, ce supermarché de la mort. Malheureusement notre époque est à l’exacerbation des tenions internationales et les militants anti-guerres sont de moins en moins nombreux. En l’an 2000 le collectif pour fermer Eurosatory était composé de plus de 50 groupes. Le 15 juin 2010, un petit rassemblement contre les Profiteurs de guerre et les Marchands d’armes était prévu à 18h à Paris au Mur de la Paix (Champ de Mars). En 2022, les Mennonites de France ont appelé à une manifestation pacifique le 11 juin à Strasbourg contre le salon de l’armement. Le mouvement Stop fuelling War (Cessez d’alimenter la guerre) devient ultramontaine, c’est inquiétant.

Emmanuel Macron

« Quand les menaces augmentent, les moyens doivent suivre. J’ai demandé au ministre des armées de pouvoir mener dans les semaines qui viennent une réévaluation de la loi de programmation militaire à l’aune du contexte géopolitique »

Notons que le nouveau ministre des armées, l’opportuniste Sébastien Lecornu, avait été nommé 21 juin 2017 secrétaire d’État après du ministre de l’écologie après le second tour des législatives de l’époque, Il n’était pas écologiste, juste politicien et instrument de Macron contrôler Nicolas Hulot. Macron s’entoure de gens qui lui ressemblent.

Michel SOURROUILLE

Un président d’envergure internationale mettrait la totalité des forces armées françaises à disposition de l’ONU. La France ne chercherait plus à préserver une défense armée nationale, elle serait directement partie prenante d’une instance internationale ayant pour objectif premier le maintien de la paix et de la sécurité dans le monde. Notre pays pourrait ainsi assurer d’une façon indirecte sa propre sécurité : pourquoi attaquer un pays qui se veut le garant de la paix universelle ?

Le point de vue des écologistes : Pour préserver la paix, prépare la paix et non la guerre. Aujourd’hui de 41 milliards d’euros environ, le budget des armées devrait atteindre les 50 milliards d’ici à 2025. Un non-sens ! Le mouvement écologiste est explicitement partisan d’une non-violence efficiente. Ainsi dans la Charte des Verts mondiaux (Canberra, 2001) : « Nous déclarons notre engagement en faveur la non-violence et nous nous efforçons de créer une culture de paix et de coopération entre les États, au sein des sociétés et entre les individus pour en faire le fondement de la sécurité mondiale. Nous pensons que la sécurité ne doit pas reposer principalement sur la force militaire mais sur la coopération, sur un développement économique et social sain, sur la sécurité environnementale et le respect des droits de l’Homme. Conditions :

  • Une conception globale de sécurité mondiale qui donne la priorité aux aspects sociaux, économiques, écologiques, psychologiques et culturels d’un conflit, au lieu d’une conception fondée prioritairement sur les rapports de forces militaires ;
  • Un système mondial de la sécurité susceptible de prévenir, de gérer et de résoudre les conflits ;
  • L’élimination des causes de la guerre grâce à la compréhension et au respect des autres cultures, à l’éradication du racisme, à l’encouragement de la liberté et de la démocratie et à l’élimination de la pauvreté dans le monde ;
  • Un désarmement général et complet, notamment par des accords internationaux, afin de garantir une interdiction complète et définitive des armes nucléaires, biologiques et chimiques, des mines anti-personnel et des armes à l’uranium appauvri ;
  • Le renforcement de l’ONU en tant qu’organisation mondiale en charge de la gestion des conflits et du maintien de la paix ;
  • L’établissement d’un code de conduite rigoureux concernant les exportations d’armes. »

Budget des armées françaises, 41 milliards actuellement. Notons en comparaison que les Casques bleus de l’ONU, c’était un budget de 8 milliards de dollars en 2015, une somme beaucoup trop faible pour intervenir sur tous les points chauds de la planète alors que les missions de l’ONU deviennent plus complexes. De maintien de la paix (peacekeeping), on s’oriente vers une forme d’engagement « multidimensionnel » pour la construction de la paix (peacebuilding) : désarmer les combattants, reconstruire les institutions, promouvoir les réformes, réconcilier les peuples. Or son budget annuel (de juillet 2021 à juin 2022) est évalué à quelque 6,5 milliards de dollars, moins qu’en 2015. Notons enfin que le secteur de l’armement avait enregistré un nouveau record de ventes en 2020. Le chiffre d’affaires de 531 milliards de dollars avait connu une hausse de 1,3 % en 2020 pour la sixième année de suite, alors que dans le même temps l’économie mondiale chutait de plus de 3 %. à cause de la pandémie.

L’Ukraine n’est qu’un début, nous allons gaiement vers des destructions massives autour de la conquête de territoires déjà occupés (comme l’Ukraine ou Taïwan) et surtout dans l’accaparement des dernières ressources fossiles qui devraient pourtant rester sous terre. La Terre devient une planète de désolation, signe du temps de la fin de la civilisation thermo-industrielle.

Lire aussi : Le coût écologique exorbitant des guerres

et, Pauvreté, guerre et surpopulation sont liées

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Jacques Maret, un paysan malthusien

Jacques Maret est un paysan engagé, auteur en 2006 du livre « le Naufrage Paysan ou comment voir l’avenir en vert ». Il a contribué en 2014 au livre collectif « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) ». Voici le contenu de son chapitre.

Population, alimentation, agronomie et famines

Ce chapitre est un condensé de l’ouvrage du même auteur, « le Naufrage Paysan » qui développe de façon plus explicite que l’agriculture est la première culture humaine, celle qui a permis le développement démographique de notre espèce.

Avant propos : Pour bien décrypter la pensée unique moderne, il nous faut tenter de comprendre comment les experts ont mis en place cette pensée unique. Pour les démographes officiels, les experts économistes et la quasi totalité des politiques, la croissance d’une population déclencherait sa dynamique économique. Leur credo est basé sur cette idée plus que simpliste, que tout doit toujours croître, un peu comme si les « paroles de la Génèse » étaient une vérité absolue, à savoir que l’homme devait croître et se multiplier, pour peupler la surface de la Terre. Les économistes, notamment pour un capitaliste libéral effréné, comme pour un marxiste productiviste, ont d’ailleurs la même idée fixe que la seule solution pour les sociétés humaines est de toujours croître et augmenter, quel qu’en soit le coût humain social et environnemental.

Nous ne sommes plus dans un monde illimité.

Si ces théories peuvent encore s’expliquer dans un monde sans limites connues, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Dans un monde fermé les flux de nourriture et d’énergie nécessaires à la (sur)vie humaine et de toute espèce vivante posent des problèmes de logistique, les limites de la Planète s’imposent. Les mêmes critères s’imposent d’ailleurs à toute espèce vivante ! Il est inutile de citer de nombreux exemples, mais la dynamique des populations, comme l’épuisement des ressources ne peut que réguler tout système vivant. L’espace vital d’une espèce a deux constantes : la nourriture qu’elle peut tirer de son domaine, et le maintien en état du milieu pour sa vie y reste possible. Mais l’histoire humaine diverge momentanément de cette dynamique lors de la fin du Paléolithique, lors du passage des tribus migrantes ou migratrices, vers les tribus « villageoises ». D’un animal « comme les autres », subsistant sur son milieu ou allant voir ailleurs si le milieu est plus propice à sa survie et à celle de sa progéniture en cueillant ce qu’il trouve, il devient chasseur. Et les reliefs de ses repas finissent par attirer un canidé sauvage, de moins en moins sauvage, et qui finit même par lui « rabattre » son gibier.

Pendant des millénaires, les connaissances paysannes ont permis le passage d’une économie de cueillette stricte à celle de l’éleveur puis au cultivateur.

L’espèce humaine, bien qu’étant une espèce animale parmi les autres, a au moins deux ou trois capacités très exacerbées en comparaison de celles des grands prédateurs ou des grands singes. Tout d’abord sa capacité à transmettre, même si de multiples espèces possèdent des phénomènes culturels, le genre Homo a très vite multiplié cette capacité, par la parole, le dessin, les cultes devant l’incompréhensible Nature. Mais surtout, la capacité à s’abstraire de notre espèce est très vite devenue une force pour notre survie et notre croissance démographique. Certes de très nombreux animaux utilisent des outils, tels que certaines loutres cassant les huîtres grâce à deux cailloux, les chimpanzés utilisant des bâtons pour « pêcher » les termites, deux cailloux de taille très différente pour casser des noix. Le groupe et sa coopération sont aussi une force de notre espèce. Tout comme est celle des grands prédateurs qui chassent en meute, certains rabattant, d’autres effrayant, enfin les derniers capturant le gibier, gibier partagé par la meute ensuite. Intervient ici aussi notre capacité à transmettre notamment lorsque nous posséderons l’écriture, ce qui en plus de la simple transmission orale, permet de transmettre aux générations futures les connaissances accumulées.

Au Néolithique, l’Homme a exacerbé les capacités des milieux par l’élevage puis l’agriculture.

On peut s’imaginer facilement la quête de nourriture pour les grands singes que nous sommes, vivants dans les milieux où sont encore nos proches cousins chimpanzés ou autres simiesques. Les saisons étant en règle générale toujours propices à la pousse végétale, le souci du lendemain le ventre vide est quasi absent. Quoique, dans le cadre de la préservation de la progéniture du groupe, il est probable que des prévisions durent se faire jour. Notamment dès que nous devînmes chasseurs, avec l’aide des canidés rabatteurs puis domestiqués. Cette coopération inter-spécifique fut certainement précieuse pour l’apparition des autres animaux d’élevage, certainement vite devenus une sécurité alimentaire miraculeuse. Plus besoin des risques de la chasse, de ses dangers et du retour les mains vides. La conception d’enclos, puis probablement de nurseries, permirent surement de stabiliser la croissance démographique des tribus profitant ainsi d’une certaine protection contre les disettes. C’est sûrement au début du Néolithique que notre espèce a compris l’imbrication paysanne entre un milieu, les animaux y vivant ainsi que les végétaux intéressants pour notre subsistance. Ainsi que le lien agronomique très fort entre l’accumulation des déjections dans les enclos et la pousse ultérieure des plantes. Notre « ingéniosité » et notre sens de l’observation ont certainement fait le reste, ce qui a permis encore d’augmenter pour une surface identique la sécurité alimentaire. Donc la possibilité de peuplement.…

Mais cette paysannerie avant l’heure restait encore très dépendante de la Nature.

Peu de chose pouvait faire basculer la tribu dans la précarité, la disette, voire la famine. Mais une migration vers un milieu vierge, ou régénéré, permettait sûrement de continuer à manger à sa faim, du moins tant que l’on est en climat « sans hiver »….On peut se demander quelle mouche a piqué Homo pour partir ainsi à la conquête de milieux a priori hostiles, voire très hostiles. D’extraordinaires stratégies d’adaptation ont été élaborées pendant des millénaires, mettant en place des régimes alimentaires totalement contradictoires, depuis le végétarisme quasi total, jusqu’au régime carnivore complet. Une interrogation très prégnante sur notre situation actuelle serait de savoir à quel moment de notre évolution historique nos divers groupes ont « choisi » de rester nomades ou de devenir de plus en plus sédentaires, au risque de devenir des combattants capables de tout pour défendre le territoire de survie de la Tribu, puis du Pays voire de la Nation…. La rupture entre notre espèce devenue sédentaire et son milieu, sa « Planète Mère » au sens des Amérindiens, s’est passée au moment du Néolithique, de façon certainement progressive. Et dans le contexte des climats continentaux, pour la survie de la tribu, il a fallu inventer toutes les façons possibles de stocker de la nourriture, parfois beaucoup de nourriture…. Même pour une tribu d’éleveurs, il faut nourrir les animaux l’hiver.… Cette hantise du stock de nourriture hivernale ne fait plus partie de notre quotidien de citoyen, mais bien encore de celui de paysan qui essaye d’être autonome…. Il s’agit là d’une interrogation, de stratégies permanentes, souvent simples, parfois difficiles, comparables à ce que peut mettre en place un éleveur dans le Sahel, toutes proportions gardées.Toutes sortes de techniques ont du être utilisées, depuis les échanges de savoirs, jusqu’aux échanges de reproducteurs ou de semences.

Cette paysannerie de subsistance va très vite évoluer sous la pression de notre ingéniosité…

Non seulement de notre ingéniosité, mais aussi de notre comportement nomade qui permit l’échange de marchandises, de nourriture également. De très nombreuses périodes de prospérité économique et politique ont souvent abouti à des densités de population très fortes en relation avec les moyens techniques de ces époques. Sans rechercher des dizaines d’exemples, on peut citer quelques cas emblématiques. L’agriculture gauloise était capable de nourrir une population très importante, d’où probablement la « Conquête des Gaules » par un Tribun comme César. Qui contrôle la nourriture peut prendre tout le pouvoir ! Les agricultures Aztèques ou Mayas ont aussi été au service d’états très peuplés, forts et puissants. La France des années précédant la « Guerre de cents ans » était aussi dans ce cas, les estimations démographiques dépassant largement les vingt deux à vingt quatre millions…. Plus proche de nous, les densités de certains départements français dans le courant du dix neuvième siècle ou du début du vingtième sont à proprement parler époustouflantes… grâce par exemple aux terrasses en demie montagne ardéchoise, la productivité était forte, mais très fragile et dépendante de nombreux éléments extérieurs aux territoires concernés. Ces lieux nécessitaient par exemple à certains de leurs travailleurs de migrer l’hiver pour nourrir la famille restée sur place pour entretenir le troupeau. Les « Auvergnats de Paris », les « petits savoyards » ramoneurs, les exemples abondent de ces équilibres humainement instables dans des territoires confinés.

Mais ces équilibres sont tous instables, dépendants de multiples facteurs.

Les autonomies étaient partielles, et des facteurs externes, économiques, politiques, de santé, de guerres peuvent voir s’effondrer ces structures. Il est parfois incompréhensible de voir fondre comme neige au soleil la population de villes comme Rome, ou les cités des civilisations précolombiennes. Les effondrements démographiques sont plus évidents quand on considère la « Grande Peste Noire » des années 1345 à 1350.Ou la disparition de nombreuses sociétés villageoises suite à la saignée de la Grande Guerre, ne permettant plus le renouvellement des générations et surtout la mise en place des techniques paysannes, souvent dévoreuses de temps et d’énergie humaine. Toutes ces civilisations ou organisations disparues, parfois corps et biens, montrent bien la fragilité de nos sociétés, notamment pour la stabilité de la nourriture…. Et pourtant, sans nourriture, pas de société humaine. Et sans agriculture, pas de nourriture pour la population de notre Planète. Depuis quelques dizaines d’années, la facilité des échanges à travers le monde entier a permis de gommer massivement les aléas climatiques et ou politiques. Ces échanges se font grâce aux énergies fossiles et aux techniques modernes. Mais depuis ce même laps de temps, notre nombre a plus que quadruplé, ce qui fait que plus aucune terre vierge ne peut être occupée par notre espèce, pour que nous puissions nous nourrir, même en partielle autonomie…

Cette longue présentation du monde Paysan peut être résumée en quelques phrases.

La « Révolution Néolithique » a permis une relative abondance locale, fragile certes, mais modulable et de nature régénérable. Cette Révolution n’en en fait pas une, juste l’évolution d’une espèce qui a fortement utilisé ses milieux de vie… jusqu’à les modeler de façon extrêmement fine, à développer des symbioses, des milieux totalement anthropiques…Toute espèce vivante interagit avec son biotope, quelle qu’elle soit…!!! Depuis la sédentarisation rendue possible par la Révolution du Néolithique, notre espèce fait plus qu’interagir, elle modèle, bouscule, transplante, modifie même les espèces qui lui sont utiles. Mais tout ceci se faisait selon des règles identiques aux autres espèces, sans que les milieux ne puisent se régénérer…. Ce qui a mené parfois à certaines désertifications, mais souvent au ré équilibrage spontané des densités de populations.

Ce qui a changé depuis quelques millénaires, c’est l’empreinte parfois indélébile laissée par certaines pratiques, notamment en terme de dépendance globale de nos communautés. Et lorsque les pratiques humaines dégradaient un milieu au point qu’il ne puisse se régénérer ou se ré équilibrer, notre possibilité d’y vivre en disparaissait. Entrainant peut être parfois de terribles catastrophes écologiques, comme le chamois déclenchant une avalanche de neige ou de pierraille en ratant un saut…!

Jusqu’aux « révolutions vertes », un paysan était en relative autonomie avec son voisinage.

Mais nous avons vu en quelques exemples que tout ceci peut disparaître très brutalement, par des ruptures imprévisibles. Un des exemples les plus flagrants serait la « Grande Peste » des années 1345 qui vit la population du royaume de France être divisée par deux en moins de cinq ans, suite à des échanges accélérés par la cupidité humaine… On voit donc bien que malgré cette autonomie partielle, des événements démographiques colossaux peuvent émerger. Et détruire rapidement un équilibre apparemment solide !

Mais aujourd’hui, l’autonomie paysanne n’existe plus, l’interdépendance est poussée à son comble sur quasiment tous les secteurs de chaque ferme. Fertilisants, traction, semences (végétales comme souvent animales..!), matériels, même souvent les techniques, tout ou presque dépend de l’extérieur Parfois de l’autre bout de la Planète, comme le fuel ou les protéines végétales telles que le soja. La productivité pondérale par hectare a certes crû de façon vertigineuse, mais les calculs sont totalement faussés, puisqu’on ne compte pas dans les surfaces et les rendements par hectare les flux d’énergie fossile, ni les équivalents en surfaces importées….Mais au final, ce qui importe vraiment c’est notre empreinte écologique en terme de surface disponible, et en terme de régénération équilibrée de la dite surface !

Aujourd’hui chacun habitant dispose d’un gros hectare de surface cultivable, deux tiers d’hectare pour 9 milliards d’habitants en 2050.

Les quelques exemples historiques mis en évidence ci-dessus, avec une population infiniment plus faible qu’aujourd’hui, montrent bien que celle ci peut imploser sous le coup d’événements imprévus. Tous ces exemples sont pris à des époques pendant lesquelles la population était au moins cinq fois plus faible que maintenant… les surfaces disponibles étaient donc infiniment plus grandes que ce modeste hectare..… Cette surface ridicule doit être située dans une zone idyllique alliant en permanence beau temps, bon état agronomique, disposer de la main d’œuvre qualifiée pour produire sans pétrole et permettre une alimentation saine.

Le caractère étriqué de cette surface, la surpopulation, montrent que ce sera une gageure.

Nous avons vu ci dessus que sans agriculture, pas de société humaine telle que nous l’entendons et la vivons aujourd’hui, avec une organisation fortement axée sur l’urbain, les « campagnes » ayant été laissées pour compte depuis environ cinquante ans. Cette urbanisation couplée à l’industrialisation forcenée de notre économie a eu pour la ruralité deux conséquences majeures. Tout d’abord une désertification sociale qui rend parfois les lieux inhospitaliers pour les jeunes, qui abandonnent encore plus vite ces territoires.… Mais un autre phénomène induit est encore plus prégnant, il s’agit de l’état biologique des terres. Celui-ci est tellement dégradé que certains sols sont quasi stérilisés, et que seules y poussent les agro-fournitures engraissées et protégées par la chimie. Il n’est pas rare de voir des parcelles où même les « mauvaises herbes » ne poussent plus… Force est de constater que la capacité de l’agriculture biologique à nous nourrir semble compromis sur ces terres « brûlées par la chimie » qui représentent la quasi totalité des terres disponibles. Certes une régénération est possible avec des savoirs-faire paysans, mais tout cela demande parfois beaucoup de temps et de patience !

Comment envisager de nourrir plus de monde dans ce contexte ?

Peut-on de façon réaliste envisager de produire plus, de meilleure qualité sanitaire qu’aujourd’hui, alors que nous savons que l’énergie indispensable à la traction mécanique, aux engrais et à la chimie de synthèse va manquer ou du moins décupler ses prix ? Peut on de façon réaliste envisager de produire plus, alors que l’état agronomique de la plupart des terres est fortement déficient, que le climat se réchauffe de façon apparemment très rapide ? Peut on de façon réaliste envisager de produire plus, alors que la diversité biologique, sauvage comme domestique, s’effondre ?

En outre, même en bouleversant notre mode alimentaire occidental trop carné, peut être même beaucoup trop, il n’en reste pas moins que la surface attribuable à chaque individu humain devient très exiguë, au maximum un carré d’environ cent mètres de côté. Ce simple aspect peut permettre d’évoquer la répartition des ressources et la nécessité de ne pas gaspiller les biens rares et/ou communs, l’eau, l’air, la nourriture…

Comment envisager un entassement pareil sur TOUTE la Planète sans implosion sociétale ?

C’est probablement un des aspects de la promiscuité qui est la plus décalée par rapport à l’alimentation, mais on ne peut pas ne pas l’évoquer. Si l’agriculture est la première culture humaine, il n’en est pas moins vrai que notre vie sociale présente un caractère incontournable, car la seule alimentation ne suffit à aucune espèce vivante animale, ni peut être même végétale. En dehors de l’aspect purement social, l’entassement et la promiscuité peuvent et vont provoquer des conséquences sanitaires probablement dramatiques en terme de mortalité… Le vieillissement de notre population est aussi un aspect dont les conséquences peuvent être imprévisibles, tant en terme de croissance ou décroissance démographiques, mais aussi en terme de dynamisme social.

La nécessité de décroître énoncée par Malthus (1766-1834) est donc incontournable.

Dans la perspective de l’alimentation, de la consommation d’énergie et des matières premières, nous sommes devant un constat assez simple, la quasi totalité de ces facteurs sont à la limite de la rupture. Il est donc certain que, de fait, la population ne peut plus augmenter, au risque évident d’un effondrement de nos moyens de nourriture… Homo « Sapiens » (!) pense pouvoir maîtriser les lois de la nature (procréation in vitro, OGM, biologie synthétique etc). Mais la nature sera toujours la plus forte. Il faut qu’elle puisse reprendre ses droits car l’homme a oublié qu’il en était lui-même issu. Y compris et surtout pour notre alimentation, car sans agronomie et sans paysan, pas de société humaine…. Malthus avait donc probablement « mis le doigt là où ça fait mal », en expliquant il y a deux cents cinquante ans que Homo Sapiens Occidentalis avait les yeux trop gros pour le ventre de « notre Planète-Mère ».

Jacques Maret, un paysan malthusien Lire la suite »

Dégradation des terres, famine en vue

« Global Land Outlook ». La deuxième édition du Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD) alerte en 2022 sur les conséquences majeures du mauvais état des sols. Mais on n’aborde par l’autre aspect du problème de la famine, la question démographique… sauf en commentaires sur lemonde.fr

Lire, irréversibilité (rapport de l’UNCDD en 2007)

Martine Valo : Sur la planète, 40 % des terres sont désormais dégradées, ce qui affecte directement la moitié de l’humanité, alerte l’UNCCD dans un rapport publié le 27 avril 2022, Perspectives foncières mondiales (Global Land Outlook). La situation s’aggrave très rapidement : la précédente édition de ce rapport, publiée en 2017, évaluait à 25 % la part des sols dégradés, et à 3 milliards le nombre de personnes affectées. Soixante-dix pour cent des terres émergées de la planète ont déjà été transformées par l’homme, « provoquant une dégradation environnementale sans précédent et contribuant de manière significative au réchauffement climatique ». Urbanisation et bétonisation galopantes, industries d’extraction, les causes de dégradation sont multiples, mais la principale responsable est explicitement désignée : l’agriculture moderne. Ce secteur « a altéré le visage de la planète plus que n’importe quelle autre activité humaine ». Les modèles de monoculture intensive dopée aux intrants chimiques dévorent les espaces naturels et constituent la première cause du déclin de la biodiversité. Entre 2013 et 2019, 70 % des forêts défrichées l’ont été pour les cultures et l’élevage, en violation des lois ou des règlements nationaux… Or, l’épuisement des sols est synonyme de pauvreté, de faim, d’émergence de zoonoses, de migrations et de conflits. Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de l’UNCCD, rappelle que, dans la Corne de l’Afrique, beaucoup de gens succombent à cause de la faim aujourd’hui, que même les chameaux meurent de soif par endroits. « On a du mal à mesurer les conséquences de long terme des sécheresses sévères. Elles parviennent à déstructurer des sociétés, font fuir les gens vers les villes, témoigne Ibrahim Thiaw, qui est originaire de Mauritanie. « Nous devons arrêter de discuter en silos, de l’eau d’une part, de l’élevage, des gaz à effet de serre d’autre part. »

Commentaires malthusiens sur lemonde.fr

Hein : Y aurait-il donc une moitié de population mondiale en trop?

Jean-Pierre M : L’agriculture moderne c’est pour donner à manger à la surpopulation d’humains qu’il y a sur cette planète et pour un prix acceptable … et ce n’est pas près de s’arranger

Olivier : La croissance de la population est le problème majeur. Mais comme elle provient des pays du Sud, le sujet est totalement tabou. De nombreux pays d’Afrique ont vu leur population quintupler en quelques décennies.

Rodolphe Leroy : L’empreinte écologique globale par habitant en Afrique est de 1,4 hectares., celle d’un français 5,1 ha. La biocapacité en Afrique est de 1,5 hectares par habitant. Ils ne sont donc pas encore en déficit écologique. Celle de la France est de 2,5 ha/hab. Avec notre train de vie, nous sommes au moins 2 fois trop nombreux.

Janis : Le désert avance en Afrique du fait du surpâturage et de la surexploitation des sols. Le tout à cause de la démographie délirante. Mais comme l’Afrique est infoutue de contrôler sa démographie – il faudrait déjà qu’ils percutent … – et qu’il ne faut pas les critiquer parce que ce serait raciste, forcément, on n’est près d’y arriver.

les carottes sont cuites : Le big problème c est la démographie délirante de certaines populations mais il ne faut surtout pas le dire, plutôt nous accuser de manger de la viande …67 millions de Français consommerons toujours moins que 1,8 milliards d afri…..en 2050, et il faudra bien les nourrir…

Marie-C.D :Trop de gens sur terre… La surpopulation tue la Terre… Ils mangent, ils construisent, ils industrialisent, ils vivent, tout simplement…Et apparemment, ce n’est pas un modèle compatible avec non seulement la faune et la flore, mais aussi la terre elle-même… Et la plupart des gouvernements ne voient pas plus loin que leur réélection ou leur maintien au pouvoir..

Lire, nous créons le désert

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Croissance incontrôlée, cancer de la société

En 1972, répondant à une commande du Club de Rome, des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) publiaient The Limits to Growth, un rapport montrant que la croissance économique ne pouvait se poursuivre indéfiniment dans un monde aux ressources finies. Il prévoyait que la population ainsi que la production industrielle et alimentaire finiraient par ralentir puis reculer, contraintes par les limites de la planète.

À lire, résumé du texte de 1972

Voici ce que pense en 2022 Dennis Meadows, coauteur de ce rapport :

Dennis Meadows : « En 1972, nous avions encore une chance de garder la démographie et la consommation à des niveaux soutenables. Mais pendant cinquante ans, nous n’avons pas agi. Imaginez une voiture qui roule vers un mur. Elle peut s’arrêter de deux façons, soit en freinant, soit en heurtant le mur. Nous sommes au-delà de la capacité de la Terre à nous soutenir, le déclin de notre civilisation à forte intensité énergétique et matérielle est inévitable. Lors de la réédition de notre ouvrage, en 2004, il était encore possible de ralentir par une action humaine. Maintenant, je pense que c’est trop tard. La question n’est plus de savoir SI la croissance va s’arrêter, mais COMMENT. Le niveau de vie moyen va baisser, la mortalité va augmenter. Cela signifie-t-il l’effondrement ? Si vous allez aujourd’hui en Haïti, au Soudan du Sud, au Yémen ou en Afghanistan, vous pourriez conclure qu’il a en fait déjà commencé. Il y a eu tellement de civilisations, les Phéniciens, les Romains et, plus récemment, les Américains. Elles se développent et puis c’est leur fin. Le développement durable n’est plus possible. Le terme de croissance verte est utilisé par les industriels pour continuer leurs activités à l’identique, c’est un oxymore. Si les objectifs d’une société sont d’exploiter la nature, d’enrichir les élites et de faire fi du long terme, alors elle développera des technologies dans ce sens. La limitation du changement climatique est utile, mais revient à donner une aspirine à quelqu’un atteint d’un cancer. Cela l’aidera seulement à se sentir mieux temporairement. Il faut mettre fin à la croissance incontrôlée, le cancer de la société. Il n’y a pas de solution sans une réduction drastique de nos besoins en énergie.

Quand tout le monde comprendra que la croissance ne peut pas continuer, les changements nécessaires seront impossibles car ceux qui s’attendent à obtenir moins y feront obstacle. Or si les gens doivent choisir entre l’ordre et la liberté, ils abandonnent la seconde pour le premier. Je pense que nous allons assister à une dérive vers des formes de gouvernement autoritaires ou dictatoriales. Tous les systèmes politiques – démocraties, dictatures, anarchies – échouent à résoudre les problèmes de long terme, comme le changement climatique, la hausse de la pollution ou des inégalités. Ils ne le peuvent pas, à moins qu’il y ait un changement dans les perceptions et valeurs personnelles, se soucier vraiment les uns des autres, des impacts sur le long terme et dans des endroits éloignés. »

Lire, Les limites de la croissance (1972-2012), quarante ans de perdus

Quelques réactions d’Internautes :

M. Maurice : Meadows a réalisé en 1990 et en 2002 la mise à jour du rapport en intégrant les nouvelles connaissances. Le rapport est basé sur une modélisation systémique et non sur une approche discursive. La prospective (il s’agit bien de prospective et non de prédiction) s’aggrave à chaque mise à jour. Les problématiques vont bien au-delà du changement climatique, elles concernent également la disponibilité de l’énergie et des matières premières qui passent les pics de production une après l’autre. Toute personne au contact des viticulteurs, arboriculteurs, pêcheur, toute personne comme moi au contact des réassureurs peut vous assurer qu’il ne s’agit en aucun cas d’une légende.

Yallayalla : Merci Monsieur Meadows. Voilà quelqu’un qui pense clairement. Et qui sait de quoi il parle (une rareté). Un bémol: La décrue qui s’annonce ne pourra être que violente. L’Ukraine, en comparaison, ce sera une petite virgule dans l’Encyclopédie. La Grande Guerre, 10 millions de morts. La seconde, 55 millions de morts. La troisième, larvée, établira un record qui défiera l’entendement. L’ère des murs a débuté et va prendre une ampleur extraordinaire. Qu’il s’agisse de la ceinture médiane de l’Afrique, de pays quasi condamnés comme le Bengladesh ou ….

Danmer : Les idéologues de la décroissance se sont toujours trompés . Si par malheur nous européens ou français serions touchés par ces idées , d autres zones du monde prendront notre place et se développeront.

Michel SOURROUILLE : Danmer, plus les pays se développent selon le modèle occidental, à la fois productiviste et thermo-industriel, plus ils accélèrent l’arrivée d’une crise profonde, ce qu’on peut appeler aussi décroissance économique du PIB. Tous les chocs pétroliers nous en donnent déjà un bon avant-goût ! Et le rapport de 1972 sur les limites de la croissance n’a jamais été démenti. Dire le contraire, c’est-à-dire aller contre des réalités biophysiques, c’est de la pure idéologie, c’est une pensée hors sol, voulant occulter le choc climatique, l’extinction des espèces, le stress hydrique, l’épuisement halieutique, etc. Il est vrai aussi que si la Chine et autres pays émergents continuent à vouloir imiter le modèle occidental, la planète deviendra invivable encore plus rapidement.

Alain Sager : Sur le fond, tout le monde sait parfaitement que la machine continuera à s’emballer jusqu’au dernier gramme de charbon, à la dernière goutte de pétrole, à la dernière émanation de gaz. Cela fait trois siècles environ que le système fonctionne de cette manière au-delà de toutes ses contradictions. Et puis, au fond, est-il souhaitable et nécessaire, que sur notre insignifiant globule, des êtres prétendument raisonnables continuent à s’agiter et à se propager ? Bien des sages n’en étaient pas certains jadis. Alors aujourd’hui !!

Nos textes antérieurs sur Meadows :

8 juin 2012, la nature va gagner contre l’homme, Meadows l’a dit

4 juin 1012, 2/4) croiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiissance, Meadows contre Hollande

30 mai 2012, Les limites de la croissance selon Gerondeau et Meadows

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Croissance du PIB, décroissance des idées

Dans la campagne présidentielle, on trouve surtout des croissancistes, mais aussi les « altercroissants » de la croissance verte, et une seule avec l’étendard de la décroissance économique, Delphine Batho. Emmanuel Macron rêve tout haut d’une croissance de « 12 % ou 13 % » à horizon 2030 alors que Jean-Luc Mélenchon affirme dès 2012 « s’interdire le mot “croissance” ». Il est vrai que la croissance du PIB est globalement nocive pour l’environnement – plus on produit, plus on consomme, plus on détruit.

Lire, Une bonne nouvelle, la croissance du PIB est en panne

Elsa Conesa : Longtemps productiviste et convaincue de la nécessité de croître pour redistribuer, la gauche est devenue plus prudente, notamment depuis l’émergence des questions climatiques. Les crises écologiques ont ouvert le débat sur les externalités négatives de la croissance économique. Le leader de La France insoumise propose une « règle verte » : « Ne pas prendre à la nature plus qu’elle ne peut reconstituer ». A droite, les candidats restent en faveur d’une économie en croissance, mais même Eric Zemmour réfute « la croissance pour la croissance ». Cependant la sobriété peine à percer politiquement. Car dans l’opinion, la croissance demeure assimilée à la prospérité et au pouvoir d’achat.

Lire, 2022, le piège du pouvoir d’achat

Nos institutions sont actuellement conçues pour une perpétuation de la croissance . On éalue l’évolution du budget de l’État selon le rythme de croissance du PIB. Quand il y en a moins que prévu, la dette publique explose. Et certains peuvent même écrire que « Si la croissance était abandonnée comme objectif politique, la démocratie devrait aussi l’être ».

Lire, Hymne à toutes les décroissances

Voici les termes du débat sur lemonde.fr, mais pour nous il n’y a pas photo. Un politique ou un économiste qui croit à une croissance durable dans un monde clos est soit un fou, soit un irresponsable.

Marc Girod : Le fait de parler de croissance dans préciser de quoi est problématique, et trompeur. Il s’agit bien sûr de croissance du PIB, effet non pas de croissance de la prospérité ou du bien-être. Le PIB est une mesure de l’activité rémunérée. C’est donc une vision purement quantitative, non qualitative. Le processus est réducteur. La monnaie fonctionne comme convertisseur de qualité en quantité (mesurable et comparable). Les acteurs économiques s’engagent à rembourser des crédits à la mesure de leur système de valorisation propre. On additionne ainsi allègrement des projets antinomiques. L’activité résultante est factice, arbitraire, valorisée indirectement. Ce modèle est absurde et mortifère.

Edouard kidi : je suis plutôt croissant au beurre, avec un peu de confiture. Et surtout pas d’anxiolytiques. Matthieu Ricard, moine bouddhiste qui sème l’altruisme, la compassion et l »amour de l’autre fût inviter à donner un séminaire aux cadres d’une grande entreprise. Il parla donc de ces sujets. A la fin de son intervention, le modérateur le remercia puis dit ‘Passons maintenant aux choses sérieuses’.

LaVénalitéenMarcHe : Oui… L’autodestruction par la croissance du cynisme imbécile, c’est tellement plus sérieux. La radicalisation de la mauvaise foi croissanciste menace notre survie. Ainsi le noble Fourquet de l’IFOP pour qui « la vision traditionnelle est contestée, mais sans qu’on voie vraiment ce qu’est le récit alternatif. » Il faut un sacré culot pour affirmer, comme du temps de Thatchet/Reagan « TINA (There Is No Alternative) ». Comme si n’existait pas le nombre incalculable de livres, films, articles, reportages consacrés à ces alternatives depuis plus de 15 ans ! Sobriété, écovillages, bâtiments bioclimatiques, phyto-épuration, tiny house, économie circulaire e tutti quanti ? Connais pas ! Il est pourtant là, le « récit alternatif », avec sa cohérence et son efficacité… au lieu de moisir dans une vie grise de béton, d’ennui, TV, bagnoles, bruit, pollutions, bs jobs, violences, addictions, gadgets, malbouffe, perte de sens et de soi, inégalités et confiscation du pouvoir par les nantis. Il n’y a pire aveugle que celui qui refuse de voir.

Francois M : En France , plus de 30% du PIB est le fait de la redistribution. Décroître, ce serait renoncer à la démocratie sociale ? Dictature ou ultra-libéralisme ?

Surtout : 300 000 sans domicile fixe déjà en France. Un chiffre qui a doublé en 10 ans. Combien en 2025 ? Un quart sont d’anciens enfants placés. En 2017, 49 bébés sont nés dans la rue à Paris, puis 100 en 2018 et 146 aujourd’hui.

Michel SOURROUILLE : La « création de richesses » n’est en fait qu’une transformation de ressources naturelles. Lorsque l’approvisionnement énergétique commence à être fortement contraint, il est logique que l’emploi tertiaire souffre autant que l’emploi productif. Retraites et études longues sont « assises » sur des consommations d’énergie importantes, il n’y a beaucoup de retraités et d’étudiants que dans les pays qui consomment beaucoup d’énergie. Les bons sentiments sans kilowattheures risquent d’être difficiles à mettre en œuvre ! Une journée d’hospitalisation en service de réanimation coûte de 500 à 5000 kWh d’énergie. Même si cela peut paraître sordide, dès lors que la quantité d’énergie est limitée, il devient légitime de se demander si la collectivité doit plutôt les dépenser pour sauver mille conducteurs imprudents, vingt malades de Parkinson ou pour maintenir en vie des personnes en bout de course avec des dispositifs lourds. (dixit Jancovici en 2011)

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Patrick Artus, exemple de délire d’économiste

On ne compte plus les articles pondus par Patrick Artus dans les colonnes du MONDE. Ce prétendu spécialiste Patrick Artus, directeur de recherche de cette banque qui a coulé tous ses petits épargnants (Natixis), ose aujourd’hui : « La transition énergétique va nécessiter de disposer de davantage de revenu, donc de croissance ».

Lire, Alerte, les économistes déconnent grave

Artus ferait mieux de lire les commentaires de son article sur lemonde.fr, il deviendrait un peu plus intelligent.

JC : Ah! Le mythe de la croissance verte! Il n’y a pas le début de la queue d’un scénario économique qui concilierait croissance et ne serait-ce que le respect des engagements de l’accord de Paris. Ce dont parle Artus ici, c’est un BAU (business as usual) vaguement mâtiné de correction de trajectoire des investissements. Même l’Agence européenne de l’environnement reconnaît ouvertement dans un rapport de janvier 2021 (Growth without economic growth) que le découplage entre croissance économique et consommation « may not be possible ». Et conclut son « key message » par un « The various communities that live simply offer inspiration for social innovation ». C’était peu de temps après la tirade de Macron sur les Amish… Le techno-solutionisme et la croissance verte sont les croyances magiques ou les excuses de ceux (qui ont beaucoup à perdre ?) qui ont décidé de ne rien changer.

JMarc38 : 3 ou 4 points de croissance annuelle pendant 30 ans pour se passer du pétrole et du charbon, tout en maintenant notre niveau de vie… la macro-économie que l’on enseigne encore aujourd’hui devient de la prestidigitation ! Heureusement, on enseigne encore la physique et la biologie. A suivre!

Lire, P. Artus, la croissance économique ne durera pas toujours

HLR : Les bras m’en tombent…. l’ère du solutionnisme par la croissance est révolu depuis 50 ans. Le rapport du Club de Rome date de 1972, il n’y a que des économistes pour croire à la croissance infinie dans un monde fini.

JEL : Je suis stupéfait de voir qu’à la fin de 2021 on arrive encore à tenir un raisonnement qui repose sur le postulat d’une planète dont les ressources et la capacité à absorber nos pollutions seraient infinies. Donc oui, le recul de la consommation va être violent, et il le sera d’autant plus qu’on aura refusé de voir à quelle impasse le raisonnement économique nous mène. Et oui, il faudrait augmenter le niveau d’instruction dans les savoirs de base parce qu’il va falloir que plus de la moitié de la population revienne à l’agriculture. Ca va être violent aussi, mais sans pétrole, il n’y a pas d’autre option que le travail humain. Au passage, ça éliminera le chômage et relativisera la notion de pauvreté.

CJ : Pathétique… mais compréhensible ! M. Artus est vieux et espère sans doute s’en aller avant que l’aveuglement criant de sa pensée ne soit définitivement visible! Pas un mot sur les ressources, l’attrition du pétrole ou les besoins en cuivre, lithium etc… Pas une pensée sur les conditions réelles d’un monde à +2,7°C. Pour ces gens, les économistes, depuis 150 ans, les ressources étaient gratuites et illimitées dans leurs modèles… maintenant ce sont les conséquences évidentes de leur aveuglement qui sont totalement escamotées: on va quand même pas se laisser embêter par la réalité ! Ce monsieur devrait prendre sa retraite et laisser à d’autres, plus au fait de la physique élémentaire, la lourde tâche de pallier les conséquences de son inconséquence.

Frog : Le mot croissance accolé à celui d’environnement, ça commence déjà très mal. Je présume que ce monsieur imagine que tous les français seront équipés d’un SUV électrique alimentés par des capteurs solaire made in china d’ici 2050.… Mais l’environnement, il y gagnerait quoi, exactement ?

Michel SOURROUILLE : Patrick Artus a publié un livre en 2015, « Croissance zéro. Comment éviter le chaos ? » Il ne savait pas que la France n’était pas au « seuil d’un nouveau modèle de développement », mais au bord de l’effondrement. Le système thermo-industriel ne pourra pas résister à la disparition des énergies fossiles. C’est ce que prévoyait déjà le rapport au Club de Rome en 1972 : « Adopter un comportement de croissance, c’est finalement courir au déclin incontrôlé de la population et des investissements par voie de catastrophes successives. Cette récession pourrait atteindre des proportions telles que le seuil de tolérance des écosystèmes soit franchi d’une manière irréversible. Il resterait alors bien peu de choses sur terre permettant un nouveau départ sous quelque forme envisageable que ce soit ». Un jour la Nature haussera les épaules en concluant que laisser des singes parler d’investissements de croissance était amusant un instant, mais que, en fin de compte, c’était une mauvaise idée.
Lire, Le bêtiser des croissancistes fous

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Nicolas Hulot et la DECROISSANCE

Les extraits suivants ont été publiés dans le livre de Michel Sourrouille paru en octobre 2018, « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir ». Mieux vaut rendre la pensée de Nicolas Hulot publique, la libre circulation des idées écolos contribue à la formation de notre intelligence collective…

A mes yeux comme à ceux de tous les écologistes, la question centrale qui se pose désormais est celle-ci : la croissance est-elle la solution ou le problème ? La réponse ne souffre guère de doute, nous nous heurtons aux limites de la planète. Un élève de CM1 peut comprendre que si notre appétit augmente alors que notre potager demeure à taille fixe, il ne peut y avoir de dénouement heureux. Et pourtant ! Tous les jours j’entends ou je lis l’affirmation que l’économie va repartir comme avant. Dans notre système, une croissance à deux chiffres est une bonne nouvelle, alors que c’est la pire des choses pour l’écologie. Nous consommons chaque jour ce que la nature a mis dix mille jours à commettre. Nous devrions nous soumettre au rendement de la nature. Nous ne pouvons qu’être effarés de notre propre aveuglement. Au nom de l’exigence d’un progrès devenu fou, les pires atteintes à la dignité du vivant, les plus brutales agressions envers l’environnement, les inégalités sociales criantes, le mépris croissant envers la beauté et le bonheur de vivre se sont accrus de façon inexorable.

Contrairement à ce que prétendent les statistiques économiques, nous sommes en période de décroissance depuis le milieu du XXe siècle. La croissance économique s’est faite aux dépens d’une forte décroissance du capital naturel. Il est tout de même étonnant que le monde capitaliste ait exclu le capital nature de ses calculs. J’ai toujours déploré l’abus que l’on fait de l’expression « développement durable ». J’ai parfois l’impression qu’il ne s’agit plus que d’une camomille mielleuse destinée à rendre plus digeste nos excès. Car il porte en lui-même une ambiguïté : de quel développement parlons-nous ? L’urgence écologique et sociale nous dicte-t-elle d’aller sur Mars ou de réduire la pauvreté et protéger la planète ? Existe-t-il une alternative entre la décroissance subie et la décroissance conduite ? Je voudrais revenir sur cette idée de décroissance. Sur la finalité, je suis convaincu du bien-fondé de la décroissance économique. Mais l’opérer engendrerait de tels bouleversements, de telles résistance et de tels affrontements que nous ne serions pas gagnants. Je ne vois pas comment nous pourrions imposer une décroissance économique dès demain sans provoquer un séisme social et économique, c’est une question de réalisme. Quand les adeptes de la décroissance me disent que nous sommes utilisés par le système, peut-être ont-ils raison ; mais qu’ont-ils obtenu avec leur prétendue pureté et leur radicalité politique ? A défaut de la notion idéale qui reste à inventer, celle de croissance sélective doublée d’une décroissance choisie peut rester l’ultime voie. Elle contient en elle-même le principe du choix : décider quels sont les flux compatibles avec la contrainte physique et quels sont ceux qu’il faut tarir. L’exemple des ressources halieutiques est à cet égard patent ; les suspendre pour laisser à la ressource le temps de se régénérer relève du bon sens le plus élémentaire. Nous avons abusé de tout en tout. Par conséquent, il s’agit de fixer des limites à notre avidité et à notre cupidité. La société à venir devra mettre fin à la surenchère, choisir ce qui doit continuer à croître et ce qui doit commencer à décroître : moins de biens, plus de liens ! La révolution écologique doit s’orienter vers la compréhension de la plus précieuse ressource sur Terre : nous-mêmes. Cette révolution est spirituelle, avec une règle d’or : de la mesure dans toutes chose. De la modération, de la régulation, de la sobriété partout. Économiser pour pouvoir partager, tel est notre principal devoir !

On aura du mal à demander aux gens d’aller vers une société de privation, mais pourquoi pas vers une société de modération ? Séparons l’essentiel du superflu, interrogeons-nous sur la légitimé de nos actes les plus quotidiens. Est-ce utile, Puis-je m’en passer ? J’aime beaucoup l’idée d’abondance frugale. J’ai lu ce terme pour la première fois sous la plume de Jean-Baptiste de Foucault, qui est un ancien commissaire au Plan. L’abondance n’a rien à voir avec l’opulence, c’est le fait que chacun dispose de ce dont il a besoin, mais de manière frugale. Notre société est condamnée à faire mieux avec moins. Si le changement est subi, les premières victimes seront toujours les mêmes, mais nous prendrons aussi notre part en deuxième ligne. Alors on peut en tout cas choisir une décroissance énergétique. Si nous ne l’organisons pas, elle va s’imposer d’elle même.Si nous laissons perdurer la situation actuelle, nous risquons d’entrer dans une société de privation, avec ses systèmes de quotas, ses cartes de rationnement et tout ce que cela peut compter d’atteintes aux libertés. Le meilleur moyen de s’y opposer, consiste à mettre en place sans plus tarder une société de modération.

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Nicolas Hulot et le CODE MINIER

Voici quelques extraits de la pensée de Nicolas Hulot  :

  Le code minier français date du 21 avril 1810. Les différentes réformes dont il a fait l’objet jusqu’à maintenant n’ont guère pris en compte la question de leur impact environnemental. Du temps de François Hollande, les députés avaient adopté le 25 janvier 2017 une proposition de loi visant à l’adapter le code minier. Cette réforme, annoncée depuis plus de cinq ans, a laissé un goût amer. En effet, si certaines améliorations ont pu être adoptées, bien souvent malgré l’opposition du gouvernement, cette réforme arrivait en fin de quinquennat et ne pouvait aboutir.

A l’heure actuelle, le « droit de suite » donne encore un droit quasi-automatique au passage à la concession pour les entreprises qui détiennent un permis de recherche. Le Code minier, une législation pour faire de la terre un gruyère ! Emmanuel Macron a paraphé, le 30 décembre 2017, un texte de loi à portée symbolique : « A partir de demain la recherche et l’exploitation des hydrocarbures ne sera plus possible. » La France était le premier pays développé à prendre un tel engagement, mais en réalité le projet était plus subtil. Une semaine plus tôt, le Journal officiel publiait dans ses colonnes six arrêtés prolongeant des permis de recherche de mines d’hydrocarbures dans plusieurs départements métropolitains. A l’origine, j’avais souhaité fermer hermétiquement les vannes des hydrocarbures, avec un texte très coercitif. Mais, soumis au lobbying pressant des entreprises pétrolières et gazières, en même temps qu’aux contraintes du très pesant code minier qui sanctuarise le « droit de suite », j’ai dû composer pour donner de la sécurité juridique au projet de loi et protéger l’État contre de possible compensations financières réclamées par des entreprises. Le texte laissera donc la possibilité de sortir de terre « quelques gouttes » de pétrole après 2040. Il est vrai que la décision politique est complexe et doit ménager des intérêts divergents.

Même dans le détail, ça bloque. Avant le départ du président de la République en Guyane le 26 octobre 2017, j’avais longuement insisté auprès d’Emmanuel Macron sur les menaces pour l’environnement d’un gigantesque projet minier au cœur de la forêt amazonienne, baptisé « Montagne d’or », un monstre sur 190 km2 de concessions, qui prévoit une fosse de 2,5 km de long, 500 mètres de large et 400 mètres de profondeur, avec une usine de traitement du minerai par cyanuration, ainsi qu’une gabegie d’énergie. Porté par un consortium russo-canadien, ce projet menace aussi directement deux réserves biologiques exceptionnelles. Pourtant je n’ai pas été entendu. Lors d’un entretien accordé à France Télévisions Guyane le 27 octobre 2017, le chef de l’Etat s’est dit favorable au dossier : « C’est un projet qui, je le pense, sur ses fondamentaux, peut être bon pour la Guyane. » Que peut un ministre contre le président de la république ? Reporter les décisions qui fâchent dans le temps : « Les décisions ne seront prises qu’à l’issue du débat public ». Le débat organisé par la Commission nationale du débat public aura lieu au premier semestre 2018 pour une durée de quatre mois.

NB : ces extraits ont été publiés dans le livre de Michel Sourrouille paru en octobre 2018, « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir ». Mieux vaut rendre la pensée de Nicolas Hulot publique, la libre circulation des idées écolos contribue à la formation de notre intelligence collective… Chaque jour vous aurez un nouvel extrait sur ce blog biosphere jusqu’à parution intégrale d’un livre qui a été écrit en prévision de la démission de Nicolas de son poste de ministre de l’écologie. On ne pouvait avoir durablement un ministre voué à l’urgence écologique dans un gouvernement qui en restait au business as usual…

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Nicolas Hulot et la PAYSANNERIE

Voici quelques extraits de la pensée de Nicolas Hulot  

Le grand désarroi tragique de l’homme moderne, c’est de ne plus être relié à rien. On ne sait plus comment pousse une betterave ! L’agriculture est un des domaines où nous avons opéré la plus grande transgression. L’homme a voulu se substituer à la nature. En l’espace de quelques décennies, il a détruit des milliards d’hectares de terres agricoles et les a transformés en une espèce de support mécanique inerte. Il est entré dans une spirale tragique consistant à injecter dans les sols toutes sortes de substances toxiques qui donnent un temps l’illusion d’une certaine productivité, mais qui sont très rapidement rattrapées par de multiples effets secondaires sanitaires et environnementaux. Les paysans ont aussi été dépossédés d’un droit ancestral : être propriétaires de leurs propres récoltes, et notamment de pouvoir en consacrer une partie au cycle de la reproduction de leurs propres graines. Les industries chimiques et pétrolières se sont organisées pour diviser ce monde en de grandes zones d’agriculture spécialisées qui ont atomisé le milieu agricole et ont conduit à un système totalement schizophrène de circuits longs, dans une débauche énergétique insensées qui occasionnent des externalités négatives considérables, émissions de CO2 notamment. Il a également détruit progressivement toues les cultures vivrières qui avaient mis deux millénaires à s’organiser. Il est temps que l’on cesse de créer des distorsions sur les marchés où, pour finir, l’agriculture vivrière locale est moins avantageuse que les produits d’importation…

Dans l’avant-propos du livre « L’impasse alimentaire ? », écrit par différents membres du Comité de veille écologique de la fondation NH, j’exposais les terme du débat : « On a abordé l’agriculture de manière dogmatique. Soit on rendu les agriculteurs responsables de tous les maux, oubliant qu’ils ne sont pour la plupart que des victimes d’un système pervers et aujourd’hui caduque. Soit on hésite à évoquer la problématique écologique, de peur de blesser une profession courageuse. Les deux attitudes sont aujourd’hui stériles et irresponsables. Il n’est pas davantage acceptables que, chez nous, l’agriculture soit une des principales sources de gaz à effet de serre quand on sait à quel point est grand le périls lié au changement climatique. On peut ajouter à cela le rôle joué par ce secteur dans l’érosion de la biodiversité. Les changements ou les adaptations qui s’imposent ne pourront être délégués aux seuls paysans, mais devront être pris en charge par les collectivité nationales et européennes. » L’urgence du changement est contenu par cette statistique évoquée par le livre : en juillet 1994, la revue Scientific American comparait les polycultures traditionnelles et les agricultures industrielles. Les premières produisent 100 unités de nourriture pour 5 unités d’intrant (de consommation) énergétique, les secondes ont besoin de 300 unités pour produire les mêmes 100 unités de nourriture. Je pense à une phrase d’Albert Einstein, « Le monde est dangereux à vivre. Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. » Comment puis-je agir ? Difficilement quand on n’est pas ministre de l’agriculture.

Le programme du présidentiable Macron donnait de grandes lignes : « Nous réunirons tous les acteurs de la filière alimentaire, producteurs, distributeurs et consommateurs, dans le cadre d’un “Grenelle de l’alimentation”. Nous y définirons un calendrier prévoyant l’élimination progressive des pesticides. Nous soutiendrons l’adoption d’exigences similaires au niveau européen, dans le but d’accélérer la mutation de la filière agroalimentaire. » L’agriculture intensive est destructrice et épuisante alors que l’agroécologie est beaucoup plus sophistiquée. Il s’agit d’une combinaison de l’intelligence humaine et de l’intelligence de la nature, la première s’inspirant de la seconde. Mais la préparation de ces États généraux de l’alimentation (EGA) lors de l’été 2017 m’échappe face à la volonté du ministre de l’agriculture de prendre la main sur cet événement. J’ai très mal vécu ce moment, la façon dont Stéphane Travert a pris les commandes de ce chantier m’a profondément énervé. J’ai une telle dissension avec Travert que je n’arrive plus à communiquer avec lui. Les propos de ce ministre, renvoyant dos à dos tous les modèles (intensifs, bio…) ne peuvent en fait servir d’orientation. Les producteur(rice)s bio de la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique (FNAB) dénoncent fin juillet 2017 un renoncement politique historique. Par décision du ministre de l’Agriculture, aucun budget pour les aides à l’agriculture biologique ne sera engagé dans les 3 prochaines années. Aucune nouvelle conversion biologique ne sera donc possible.

Le 11 octobre 2017, le chef de l’État concluait la première phase des EGA, limitée à la négociation des prix. Il a évoqué la nécessité de se doter d’un modèle agricole qui réponde aux objectifs de santé et d’environnement, l’agroécologie, le bien-être animal ou encore les choix absurdes faits sur les modes de production. J’espérais que ce discours fixerait une orientation, avec la perspective d’une loi sur ces questions, je croyais encore qu’il y aurait l’atterrissage politique que j’attendais. Mais je n’ai pas participé à la séance de clôture des EGA le 21 décembre 2017. J’étais furieux quand j’ai lu les conclusions que je n’ai découvert que dans le dossier de presse transmis seulement le 21 au matin. Il me fallait manifester clairement ma différence. Je ne vais pas aller faire le beau ou aller dire dans un micro que le compte n’y est pas. Cette phase 2 ne se traduisait pas en actions concrètes, avec des objectifs et des moyens précis. Stéphane Travert et Edouard Philippe ont tout fait dans leur coin. Ils n’ont pas tenu compte de ce que j’avais demandé. Ce n’était pas suffisamment conclusif et ce n’était donc pas pour moi le temps de conclure ; elles n’étaient pas raccord avec les déclarations du président de la République le 11 octobre. Rien n’a été retenu des propositions des ateliers. Le mot climat n’a même pas été prononcé. Ma volonté de faire de ce grand rendez-vous un tremplin pour modifier en profondeur le modèle agricole français s’est heurté au ministre de la FNSEA et au poids des lobbies de l’agro-industrie intensive.

En janvier 2018, lors de mes vœux à la presse, j’avoue : « Oui, ça frotte un peu avec mon collègue de l’Agriculture, Stéphane Travert. Mais nous reviendrons ensemble à l’ouvrage d’ici le Salon de l’agriculture», le 24 février. La très agro-industrielle FNSEA y présentera des alternatives au glyphosate lors du Salon. Attendons. » On ne peut avancer en se faisant des ennemis. Le 31 janvier 2018 en conseil des ministres, on présente en commun le projet de loi pour l’équilibre des relations commerciales dans la filière agro-alimentaire. En clair il s’agit de faire pencher la balance en faveur du revenu des agriculteurs. La future loi agriculture et alimentation, c’est une toute autre affaire, ce n’est pas la mienne ! Même si j’ai contre moi l’inertie des habitudes et des grosses structures, j’ai aussi pour moi l’opinion qui commence a comprendre la gravité des enjeux. Mon recul aujourd’hui, c’est pour mieux avancer demain. Du moins je l’espère.

NB : ces extraits ont été publiés dans le livre de Michel Sourrouille paru en octobre 2018, « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir ». Mieux vaut rendre la pensée de Nicolas Hulot publique, la libre circulation des idées écolos contribue à la formation de notre intelligence collective… Chaque jour vous aurez un nouvel extrait sur ce blog biosphere jusqu’à parution intégrale d’un livre qui a été écrit en prévision de la démission de Nicolas de son poste de ministre de l’écologie. On ne pouvait avoir durablement un ministre voué à l’urgence écologique dans un gouvernement qui en restait au business as usual…

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L’union torride entre FNSEA et Denormandie

Qui se ressemble s’assemble, FNSEA et gouvernement ont le même discours ! Lors des arbitrages de la France pour la future PAC (politique agricole commune), les « écorégimes » hérissent les productivistes. Pour la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), la mise en place de cette « boîte verte », qui servira à rémunérer des pratiques environnementales vertueuses, représentera une perte sèche de revenus pour une partie de la profession. C’est-à-dire tout pour moi, rien pour le bio. Pour Julien Denormandie, ministre de l’agriculture : « L’écorégime, ce n’est pas de l’argent en plus donné aux agriculteurs. Ça consiste à prendre une partie de leur revenu et à ne le rendre que s’ils mettent en place des principes agroenvironnementaux. J’ai proposé aux députés de faire la même chose avec leurs salaires ! Il n’y a que le milieu agricole à qui on fait ça. »

Lire, Politique agricole à la solde de la FNSEA

Stéphane Foucart : Aucun gouvernement n’a suivi ou même devancé avec une telle constance les desiderata du productivisme agricole : gendarmerie nationale à la disposition de la FNSEA (cellule Demeter), démantèlement des aides au maintien de l’agriculture biologique, projet d’attribuer des subventions « vertes » à l’agriculture conventionnelle, abandon de facto de la lutte contre les nitrates issus de l’élevage intensif, soutien actif à la construction de méga-bassines pour l’irrigation, recul sur la sortie du glyphosate, remise en selle des néonicotinoïdes, volonté de déréguler les « nouveaux OGM »… Le 7 décembre 2021, lors du quatrième plan national santé-environnement, un livre blanc affichait les logos de la FNSEA, de l’Union des industries de la protection des plantes (UIPP), du Syndicat de l’industrie du médicament vétérinaire (SIMV) ; il était chapeauté par un inspecteur général au ministère de l’agriculture. Ce Livre blanc est la continuité du sommet One Health, dont l’allocution introductive était assurée par le ministre de l’agriculture en personne, Julien Denormandie. La fusion de la FNSEA et du ministère de l’agriculture paraît vraiment engagée ?

Lire, Julien Denormandie, ministre anti-écolo

Rappelons que Julien Denormandie avait en juillet 2021 signé une lettre, avec dix autres ministres croissancistes, de l’UE appelant la Commission à reporter la publication d’un texte qui doit permettre de mieux protéger la biodiversité : « Cette stratégie se réduit à des considérations environnementales en ne tenant pas compte des aspects socio-économiques…  Nous nous opposons fermement à toute proposition législative sur la planification et la surveillance des forêts… Un tel instrument créerait un fardeau administratif sans précédent… »

Comme son patron Macron, c’est l’homme des lobbys pour lesquels il a travaillé dur dès son entrée en fonction. On en arrive à se demander si tous les tenants fanatiques du productivisme effréné ne seraient pas, au fond, plus bêtes que cupides. Quand ils auront tout désintégré (les sols, l’air, la faune sauvage, etc.) pour gagner un dernier petit sou, que vont-ils faire ?

Les ministres de l’agriculture se succèdent, et ils restent les mêmes. Voici ce que disait en 2017 Nicolas Hulot, ministre de l’écologie, lors de la préparation des États généraux de l’alimentation (EGA) : « J’ai très mal vécu ce moment, la façon dont Stéphane Travert ministre de l’agriculture a pris les commandes de ce chantier m’a profondément énervé. J’ai une telle dissension avec Travert que je n’arrive plus à communiquer avec lui.… Les producteur(rice)s bio de la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique (FNAB) dénoncent fin juillet 2017 un renoncement politique historique. Par décision du ministre de l’Agriculture, aucun budget pour les aides à l’agriculture biologique ne sera engagé dans les 3 prochaines années. Aucune nouvelle conversion biologique ne sera donc possible.

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En finir avec le sexe, en finir avec la mort

Il y a quelques années encore, l’exercice de la sexualité humaine était hétéro, c’était la norme consacrée, ou bien homo, déviance marginale dont on avait conclu récemment que ce n’était pas grave : le 17 mai 1990, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) retirait l’homosexualité de la liste des maladies mentales. Mais aujourd’hui le goût du sensationnel et de la libération tous azimuts a démultiplié les sentiments d’appartenance. L’indifférenciation des identités devient alors source d’un malaise profondément ressenti par les plus jeunes. Le pédopsychiatre Alexander Korte s’inquiète du fait que les cas de personnes ayant la conviction d’être nées avec le mauvais sexe soient en fore hausse. L’utopie anti-nature de notre société, associée aux progrès de la médecine et à l’intense couverture médiatique de ces sujets juteux, offre aux adolescent(e)s un modèle d’identification de plus en plus vague. Respecter les lois de la nature devrait être un des combats de l’écologisme, ce n’est pas le cas avec EELV, qui s’institue en lobby LGBT. Pour rester terre à terre, mieux vaut lire le mensuel de Vincent Cheynet :

La décroissance, numéro 184, novembre 2021

Dany-Robet Dufour : De mon point de vue, ce n’est pas parce que je me ferai couper le zizi ou que je prendras des hormones féminines que je deviendrais pour autant une femme. Je nuis né homme, c’est peut-être regrettable, mais je ne pourrais jamais changer de chromosomes. Je pourrai au mieux obtenir un paraître, certes, mais pas un être. Or, aujourd’hui, invoquer cette impossibilité (cette limite) suffit à se faire accuser d’homophobie.

Claude Habib : L’existence de deux sexes continue d’être assimilée à un énoncé transphobe aux États-Unis et dans le monde anglophone. Suite aux dénonciations des activistes LGBT, une Anglaise, Maya Forstater, s’est vu refuser le renouvellement de son contrat de travail pour avoir déclaré que « le sexe est un fait biologique et immuable ». Le juge a donné raison à l’employeur selon le motif qu’une telle opinion serait « incompatible avec la dignité humaine et les droits fondamentaux des autres ». Mais en appel, on a de nouveau obtenu le droit d’affirmer que le sexe existe ! La division sexuelle est la limite de notre condition, comme la mortalité. L’une et l’autre sont attaquées : les trans prétendent ébranler la différence de sexe pour la franchir ou l’abolir. Les transhumanistes promettent d’en finir avec la mort, ou de la repousser indéfiniment.

La décroissance, numéro double juillet-août 2019

Dany-Robert Dufour : Devenir unisexe sans amour est présenté comme le summum de la liberté. J’ai été il y a peu en Amérique du Nord où beaucoup d’enfants, souvent de couples LGBT mais pas seulement, reçoivent des inhibiteurs de puberté qui empêchent le développement des parties sexuées du corps. Pourquoi ? Pour que ces enfant décident plus tard, « en toute liberté », du sexe qu’ils se seront choisi. Bref il n’y a pas de limites à ce à quoi j’ai droit puisque « c’est mon choix ». Sauf que c’est d’abord le choix du marché qui se fait fort de permettre aux individus de choisir.

Alexandre Penasse : Pour certains le sexe dépendrait d’une décision individuelle. Il n’aurait rien à voir avec le biologique et la naissance. L’enfant n’aurait plus à être confronté à l’énigme du couple. La négation de la différence des sexes ne s’inscrit pas seulement comme une conséquence de plus du refus des limites propres à nos sociétés libérales ; par la déstructuration de la cellule familiale et la négation de la place du père se promeut une forme de subjectivité nouvelle. Le sexe de naissance prend pour certains le statut d’erreur à corriger dans le réel ; ils veulent désormais changer de sexe et la société leur dit que c’est possible. Mais technique ou pas, on ne peut pas changer de sexe, on ne fait pas d’un gène XX un XY ou inversement.

Alain Troyas : Le libéralisme libertaire semble plus qu’intime avec la société de croissance ; il favorise partout un processus d’individuation en prescrivant à chacun de ne tenir compte que de soi, en prétextant favoriser les différentes libertés de s’auto-définir, de changer comme il le veut. L’époque favorise le désordre, la versatilité et le caprice.

Fabien Ollier : Le mouvement trans-identariste est essentiellement constitué par les nombreuses sectes cyberactifs que sont les transgenres, transsexuels, transbiomorphistes et transhumanistes. Leurs délires sont censé être pris au sérieux par les forces politiques, les milieux éducatifs, les organismes médicaux, les lieux de recherche, etc. Les communautés LGBTIQ+ ont réussi à imposer divers débats sociétaux qui concernent une infime minorité de petits-bourgeois mal dans leur peau. Leurs thèses sont d’une bêtise abyssale : les sexes seraient innombrables et ne posséderaient aucune charge d’altérité, aussi pourrions-nous en changer comme bon nous semble. Il serait logique de devenir non binaire (ni homme, ni femme), les deux à la fois ou rien de tout cela (agenre, xénogenre, etc.). Elle n’offre pour horizon de lutte qu’un renouvellement de l’étiquetage des marchandises humaines au rayon sexe.

Jacqueline Kelen : Plus l’homme s’érige en maître et en finalité de tout, plus le monde devient inhumain et idiot.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

11 juillet 2021, Mon père, transgenre, devenu ma mère

18 juillet 2020, « JK Rowling nie l’identité de genre »

25 octobre 2019, discuter PMA, c’est interdit par les LGBT

8 juillet 2019, Mouvement trans, négation de l’altérité

lexique : LGBTQI+, c’est-à-dire les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, queers, intersexes et asexuelles avec le « + » pour les catégories encore non établies.

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