politique

Bon anniversaire biosphere, vingt ans déjà

Nous fêtons aujourd’hui les vingt ans de notre blog biosphere. Nous comptabilisons 7221 articles, un article chaque jour en moyenne. Nous avons reçu 32 539 commentaires, soit 4,5 par article. Nous ne sommes pas un « influenceur » aux millions de suiveurs. Mais nous sommes un maillon parmi les nombreux acteurs de la mouvance écologique, c’est là le seul point positif. Car on ne peut que constater que ce que nous écrivions en 2005 est toujours resté identique ; il n’y a pas eu transition écologique en 20 ans, encore moins la nécessaire rupture écologique avec le système thermo-industriel que la situation exige pourtant.

Lire l’intégrale de nos écrits en 2005 avec ce lien

Ce blog biosphere en 2005, il y a 20 ans

En savoir plus grâce à ce blog

1000 articles et rien ne change (19 janvier 2010)

extraits : Il y a cinq ans c’était un tsunami dans le Pacifique, aujourd’hui un tremblement de terre en Haïti. Et c’est le moment d’écrire notre millième article ! Un article sur ce blog biosphere presque chaque jour, et rien ne change : janvier 2010, un tremblement de terre en Haïti, les médias se déchaînent ; 2010 année mondiale de la biodiversité, tout le monde s’en fout… La même conclusion s’impose aujourd’hui comme hier, il y a quelque chose d’absurde sur cette planète.

2000 articles sur ce blog et rien n’a vraiment changé (29 décembre 2012)

extraits : depuis douze ans, rien n’a fondamentalement changé, nous sommes toujours préoccupés par l’accessoire au point d’en oublier l’essentiel. La 18e conférence de l’ONU sur le climat s’est tenu à Doha jusqu’au 7 décembre 2012. Vingt ans de négociations, un nouvel échec ! Les négociations internationales ne servent absolument à rien. Le 13 décembre 2012 a été la date retenue par l’OMT (Organisation mondiale du tourisme) pour marquer l’arrivée symbolique du milliardième touriste qui a voyagé de par le monde en 2012. Comme si le réchauffement climatique n’existait pas ! La même conclusion s’impose aujourd’hui comme il y a huit ans : il y a quelque chose d’absurde sur cette planète. Et cela s’appelle l’espèce humaine.

7000 articles sur ce blog biosphere (5 avril 2023)

extraits : Malgré tous nos efforts constants de contenu, nous reconnaissons que la fréquence de visite sur ce blog est encore modeste. Nous ne sommes pas l’influenceur que nous aurions voulu devenir ! Nous regrettons fortement que l’article le plus demandé en deuxième lieu soit « le Mahatma Gandhi était-il un pervers polymorphe ? » (22 juin 2013), publié il y a dix ans. Les lecteurs avides de sensationnalisme en ressortent frustrés, nous avions en effet ajouté comme avertissement préalable : cet article sur la « perversité » de Gandhi a été publié en 2013, ce blog ayant démarré en 2005. C’est le plus visité parmi les 6647 article parus à ce jour sur ce blog biosphere. Comme vous allez le lire, cette « perversité » n’est qu’un mythe. La « grande âme » doit au contraire être considéré comme une référence majeure pour l’humanité….

 

La Biosphère se rit des humains

qui déplorent les conséquences

dont ils chérissent les causes.

 

Bon anniversaire biosphere, vingt ans déjà Lire la suite »

TRUMP croit que le Canada est une de ses colonies

Nous sommes vraiment entrés dans un monde de fous, sauf que les fous sont élus « démocratiquement » à la tête de puissances dominantes. Poutine a envahi l’Ukraine, Xi Jinping ne rêve que de faire pareil à Taïwan… et maintenant Trump se verrait diriger entre autres le Canada ! On peut dire que l’urgence écologique n’existe plus, sauf pour quelques militants bien isolés…

LE MONDE avec AFP

– Le futur président américain a menacé de faire usage de la « force économique » contre le Canada, après avoir affirmé qu’il était dans l’intérêt de cet allié des Etats-Unis de devenir le « 51e État » américain. Peu après l’annonce de la démission lundi du premier ministre canadien, Justin Trudeau, Donald Trump a même estimé que le Canada devrait « fusionner » avec les Etats-Unis.

Donald Trump a refusé d’écarter l’idée d’avoir recours à la force pour annexer le canal de Panama et le Groenland. « Je ne peux pas vous l’assurer sur aucun des deux », a déclaré le président élu, interrogé sur un éventuel recours aux forces armées pour annexer le canal, artère vitale du transport maritime mondial, et le Groenland, territoire autonome du Danemark. Donald Trump a ajouté que les deux étaient « très importants pour la sécurité économique » des Etats-Unis.

– Juste avant Noël, Donald Trump avait déjà jugé que, « pour la sécurité nationale et la liberté à travers le monde, les Etats-Unis d’Amérique estiment que la propriété et le contrôle du Groenland sont une nécessité absolue ».

Donald Trump a annoncé qu’à son retour à la Maison Blanche les Etats-Unis changeraient le nom du golfe du Mexique, sur la côte sud du pays, en « golfe de l’Amérique ». « Nous allons changer le nom du golfe du Mexique en golfe de l’Amérique, ce qui sonne bien et couvre beaucoup de territoire. Le golfe de l’Amérique, quel joli nom »

– Donald Trump a aussi déclaré que les pays membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) devaient accroître leur budget de défense à 5 % de leur PIB. « Ils peuvent tous se le permettre », a assuré le milliardaire républicain, qui prendra ses fonctions le 20 janvier. « Ils devraient être à 5 %, pas 2 %. »

TRUMP croit que le Canada est une de ses colonies Lire la suite »

Le populisme comme crise de l’éducation ?

Bien plus que le vote, la démocratie, c’est aussi la reconnaissance des droits d’information et d’expression, la séparation des pouvoir ; bien plus que ces principes généraux, la démocratie c’est surtout l’existence de citoyens qui agissent en toute connaissance de cause et au mieux de l’intérêt de tous. Mais l’école est en train de faire faillite. Autant dire que la démocratie va se fourvoyer par manque de clairvoyance !

Philippe Bernard : De la diffusion généralisée de l’éducation émergerait une démocratie enrichie, confortée par l’apport de ses citoyens éclairés. Des « hussards noirs » de la IIIe République, ces instituteurs chargés de conforter le régime contre l’obscurantisme religieux au collège unique, l’égalité pour tous et toutes, on a mis les moyens financiers pour cela. Sauf que rien ne se passe plus comme prévu. La généralisation sans précédent de l’éducation et l’élévation spectaculaire de son niveau théorique, loin d’affermir la démocratie, en accompagnent l’effritement. La proportion de jeunes qui ne croient pas que l’être humain a été façonné par l’évolution des espèces (Darwin) est plus forte que chez les seniors et 20 % des 11-24 ans sont persuadés que les Américains ne sont jamais allés sur la Lune. Les démagogues ont le vent en poupe, à l’image de Donald Trump, président élu américain, Viktor Orban, premier ministre hongrois, en passant par l’AfD allemande ou Marine Le Pen. Le populisme est aussi une crise de l’éducation. Alors que les partis de gauche attiraient auparavant les électeurs les moins favorisés et éduqués et ceux de droite les plus riches et diplômés, c’est désormais l’inverse. La dévalorisation des diplômes est vécue comme une épreuve personnelle, alimentant la hargne contre les élites.

Le point de vue des écologistes pédagogues

D’un côté un système éducatif dont les principes égalitaires se sont vertigineusement développés dans les dernières décennies. De l’autre une société aux inégalités tout aussi vertigineuses, impensables, et en croissance permanente. D’où désillusion et ressentiment d’un côté, et aveuglement narcissique pour les gagnants du système (tristement illustré par les dirigeants actuels) : deux attitudes politiquement destructrices. Le monde est aussi devenu tellement complexe qu’il y aura toujours un point mort de notre pensée ou les démagogues viendront s’engouffrer avec leurs solutions de facilité. Les ignorants sans éducation votent alors pour les populistes qui feront leurs malheurs.

Le problème essentiel, c’est que l’éducation échappe au système scolaire. Le renforcer en mieux ne changerait rien. L’éducation se fait maintenant par l’échange entre pairs, les adultes, y compris les parents, deviennent marginaux dans la transmission des savoirs. Le contenu gobé par les jeunes résulte des réseaux sociaux, là où les fantasmes circulent mieux que l’énoncé des réalités. Nos démocraties libérales, soumises à X, insta et Tik tok… La pensée s’appauvrit, on raisonne par sms et on n’accepte pas la contradiction. Les journaux télévisés se polarisent sur les faits divers et pas sur l’éducation des personnes, audience l’exige. Dans la presse grand public, l’image tient lieu de discours. L’IA va poursuivre son œuvre de grignotage de nos neurones, des génies du mal tel Elon Musk associés à des incultes comme Trump, entraînent les troupeaux que nous sommes dans les abysses. Comment dans ce contexte améliorer l’intelligence collective ? Tâche impossible, sauf à remettre en question notre système marchand.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Une autre éducation des lycéens est possible

extraits : Selon le cardinal de Richelieu, apprendre à lire, écrire et compter « remplit le pays de chicaneurs propres à ruiner les familles et troubler l’ordre public, plutôt qu’à procurer aucun bien ». Les jeunes d’aujourd’hui ont pourtant appris à lire, écrire ou compter, mais ce fut seulement pour se mettre au service de la révolution industrielle. Comment faire autrement ? Si j’avais à résumer par une seule expression la conclusion de la sociologie, ce serait : « Tout est culturel. » Le naturel relève de l’inné alors que le culturel dépend de normes sociales. Or il est très difficile de mettre à distance sa propre culture quand on ne possède aucune autre référence que celle de son milieu. …

L’écologie, axe central de l’éducation scolaire

extraits : Nous sommes tous écolos même si nous n’en avons pas encore conscience. Nous devons en effet apprendre notre dépendance à l’égard des écosystèmes et devenir les sages garants de notre mère Nature. Mais l’école officielle se contente du « lire-écrire-compter » et de l’accumulation des diplômes.la pensée illichienne est plus que jamais d’actualité. Les questions d’éducation sont posées d’une manière qui reflète fidèlement le fonctionnement social et économique que l’écologie dénonce : plus, c’est forcément mieux, avec à la clé une « politique de l’indice » (50 % d’une classe d’âge diplômée du supérieur par exemple) sans retour réflexif sur une mise en avant des bénéfices individuels… L’école est victime d’une logique de compétition….

Ecrans ou éducation, il faut choisir… le présentiel

extraits : L’impasse technologique qu’implique le choix de l’écran dans les établissements scolaires : « Pour les électrofréquences, l’Organisation mondiale de la santé les classe comme cancérogènes possibles… Les diodes électroluminescentes des écrans tactiles provoquent fatigue, maux de tête et perturbation du cycle circadien… Le numérique consomme environ 10 % de l’électricité mondiale pour faire tourner serveurs et ordinateurs… L’électronique mondiale mobilise 10 % de l’or, 20 % de l’argent, 35 % de l’étain et du cobalt, 60 % du tantale, 80 % de l’indium extraits chaque année… … Alors, comment ose-t-on numériser à grande échelle la vie de nos enfants ?….

Le populisme comme crise de l’éducation ? Lire la suite »

Les guerres du climat d’Harald Welzer

Présentation : C’est un livre angoissant car il montre de façon argumentée la violence potentielle contenue dans l’être humain ; les solutions sont extrêmes quand on se retrouve en situation de péril extrême. Fini la démocratie, place aux ploutocrates. L’ère des Lumières pourrait s’achever définitivement avec les guerres des ressources amplifiés au XXIe siècle par la donnée climatique.

1/7) Introduction

L’implacable brutalité avec laquelle les premiers pays industrialisés s’efforcèrent d’assouvir leur fringale de matières premières, de territoires et de puissance, rien n’en montre plus les traces aujourd’hui dans les pays occidentaux. Le souvenir de l’exploitation, de l’esclavage et de la destruction a été gommé par une amnésie démocratique, comme si les Etats de l’Occident avaient toujours été tels qu’ils sont à présent, alors que leur richesse et leur prépondérance se sont bâties sur une histoire meurtrière. On se targue d’avoir inventé, de respecter et de défendre les droits de l’homme, on engage des actions humanitaires, on décide des interventions militaires pour étendre la démocratie. Pourtant le réchauffement climatique, résultat de l’insatiable faim d’énergies fossiles dans les pays les plus anciennement industrialisés, frappe le plus durement les régions les plus pauvres du monde : il y a là une ironie amère qui dément cruellement tout espoir que la vie soit juste. Tout cela traduit cette asymétrie qui détermine l’histoire du monde depuis 250 ans.

Il se pourrait qu’un jour le modèle tout entier de la société occidentale, avec toutes ses conquêtes en matière de démocratie, de libertés, de tolérance, de créations artistiques, apparaisse aux yeux d’un historien du XXIIe siècle comme un vestige incongru. Si du moins il y a encore des historiens au XXIIe siècle. Ce modèle de société, si implacablement efficace qu’il ait été pendant 250 ans, parvient maintenant à une limite de son fonctionnement, une limite que personne ou presque n’avait soupçonnée si proche et si nette, au moment même où les pays communistes succombent eux aussi à l’ivresse d’un mode de vie impliquant voitures, écrans plats et voyages au loin. Comme les ressources vitales s’épuisent, il y aura de plus en plus d’hommes qui disposeront de moins en moins de bases pour assurer leur survie. Il est évident que cela entraînera des conflits violents entre ceux qui prétendent boire à la même source en train de se tarir, et il est non moins  évident que, dans un proche avenir, on ne pourra plus faire de distinction pertinente entre les réfugiés fuyant la guerre et ceux qui fuient leur environnement. Le XXIe siècle verra non seulement des migrations massives, mais des solutions violentes aux problèmes de réfugiés. La violence a toujours été une option de l’action humaine. Les hommes changent dans leurs perceptions et leurs valeurs, en même temps que leur environnement et sans s’en rendre  compte : c’est le phénomène des shifting baselines.

Comment finira l’affaire du changement climatique ? Pas bien. Ses conséquences marqueront la fin du rationalisme des Lumières et de sa conception de la liberté. Des processus sociaux comme l’holocauste ne doivent pas être compris comme une « rupture de civilisation » ou une « rechute dans la barbarie », mais comme la conséquence logique de tentatives modernes pour établir l’ordre et résoudre les problèmes majeurs ressentis par des sociétés. Il est des livres qu’on écrit dans l’espoir de se tromper.

2/7) dissonances et action

Point de vue et comportement sont deux choses dont la corrélation n’est que très lâche, à supposer même qu’elle existe. Les points de vue peuvent varier alors que les actes ont généralement lieu sous pression et sont déterminés par ce qu’exigent les situations :  c’est pourquoi il est fréquent que les hommes commettent des actes qui sont en contradiction avec leur point de vue. Mais il est intéressant de constater qu’ils n’éprouvent alors que rarement de notables difficultés à intégrer de telles contradictions. On compare son comportement à celui d’autrui, bien pire, on trouve que la chose est d’une importance dérisoire dans le cadre d’une problématique d’ensemble… Tout cela vise à réduire une dissonance entre comportement effectif et comportement dont on est moralement partisan.

Des meurtriers dans une guerre d’extermination agissent en groupe, loin de leurs réseaux sociaux habituels, et du coup les normes qui se développent parmi eux et qu’ils se confirment mutuellement ne sont contestées par aucune sorte de critique extérieure. C’est pourquoi même des actes qui, de l’extérieur, paraissent complètement irrationnels, contre-productifs et absurdes peuvent apparaître à celui qui les commet comme extrêmement sensés, et même lorsqu’il se nuit à lui-même. Ce n’est nullement la pure objectivité d’un événement qui détermine les réactions des intéressés, mais c’est le cadre référentiel dans lequel est classée la perception de cet événement. L’irrationalité des mobiles n’a pas d’influence sur la rationalité des actes. L’holocauste est la preuve la plus dérangeante de l’exactitude du théorème de William Thomas : « Quand les hommes considèrent une situation comme réelle, alors elle l’est dans ses conséquences. » Même s’agissant de la survie de l’individu, les facteurs culturels, affectifs et symboliques jouent souvent un plus grand rôle que l’instinct de conservation. Il suffit de songer à la culture de l’attentat-suicide pour trouver un parallèle avec le présent.

Dans les sociétés modernes, où les fonctions sont différenciées, les enchaînements longs et les interdépendances complexes, il est par principe difficile à un individu de faire le rapport entre ce qu’il déclenche et ce dont il peut assumer la responsabilité personnelle. La disparition de la responsabilité est donc un problème qui est posé par la modernisation des processus sociaux. De plus comment se poser le problème lorsque ceux qui sont à l’origine d’une série d’actes ne peuvent en être rendus responsables parce qu’ils ne sont plus en vie. Dans le cas de l’évolution du climat, les causes des problèmes qui se profilent à l’horizon se situent à un demi-siècle en arrière pour le moins.

3/7) shifting baselines

Les politiciens, a dit un jour Henry Kissinger, qui était bien placé pour le savoir, « n’apprennent rien de plus, dans l’exercice de leurs fonctions, par rapport à leurs convictions antérieures. Elles sont leur capital intellectuel, acquis avant leur prise de  fonctions et dépensé pendant qu’ils les exercent. » Mais les hommes politiques ne sont pas les seuls ; les managers, les scientifiques ou les enseignants s’en tiennent eux aussi aux recettes qu’ils appliquent depuis longtemps et souvent avec succès, même quand les conditions d’application de ces modèles de comportement ont complètement changé. Les changements rapides dans la perception de l’environnement expliquent pourquoi la plupart des gens assistent au déclin de la biodiversité sans s’émouvoir outre mesure ; dans leur perception quotidienne, peu de choses changent en effet. Dans une étude sur les lieux de pêche, alors que les vieux se souvenaient qu’autrefois l’on n’avait pas besoin de s’éloigner de la côte pour faire bonne pêche, les jeunes n’avaient même plus l’idée qu’on ait jamais pu pêcher là, et aucun d’entre eux ne pensait que ces zones côtières avaient été victimes de la surpêche. Autrement dit, dans leur cadre référentiel, il n’y avait tout simplement pas de poisson près des côtes.

Un tel immobilisme intellectuel n’est pas le seul aspect dramatique de la politique révélé à propos des escalades de violences faisant suite à des changements de système. En tant que membre d’une société dont les normes changent, on ne remarque pas que ses propres normes sont soumises à ce changement, parce qu’on se maintient constamment en accord avec ceux qui vous entourent. On peut parler à ce propos de shifting baselines ou de lignes de références fluctuantes.

Les êtres humains sont capables de s’ajuster à une vitesse surprenante dans leurs orientations morales, leurs valeurs, leurs identifications. C’est en particulier le cas quand des menaces, ressenties ou réelles, rétrécissent le spectre d’action qui est perçu et paraissent exiger des décisions rapides. Le degré de concrétisation ou d’abstraction d’une menace joue là un grand rôle. Les changements ne sont pas perçus dans l’absolu, mais toujours de façon relative à leur point d’observation. C’est pourquoi les générations présentes  conçoivent tout au plus vaguement et abstraitement que non seulement le monde cultivé et bâti des générations précédentes était différent, mais que l’était aussi l’environnement qu’ils croient naturel. L’idéologie, par rapport à des transformations de l’espace social, ne joue guère de rôle. Les gens changent leurs valeurs parce que leur monde change, et non l’inverse.

4/7) « Nous », qui est-ce ?

L’usage du « nous »suppose une perception collective de la réalité qui n’existe pas car les conséquences du réchauffement climatique frappent les hommes de façon variable. Pendant que « nous tous », décidons de vivre à partir de demain en ménageant le climat, nos efforts sont sabotés par un autre « nous », disons la Chine et chacune des centrales thermiques mise en service chaque semaine. D’un côté se trouvent des gens appartenant à la classe mondiale, qui ont des connaissances d’anglais, ont accès au fax et à la télévision par satellite, sont munis de dollars ou de cartes de crédit et peuvent partir en voyage où ils veulent ; de l’autre côté l’on trouve ceux qui sont exclus des processus mondiaux ; dont la capacité de déplacement est limitée par des barrages routiers, des visas, et qui sont menacés d’être affamés délibérément, victimes de mines, et autres.

Une étude de l’UNEP (United Nations Environment Programme) de juin 2007 résume ainsi la situation au Darfour : les problèmes liés à l’environnement, combinés avec un accroissement exorbitant de la population, créent les conditions-cadre de conflits violents qui éclatent le long de frontières ethniques. C’est-à-dire que des conflits qui ont des causes écologiques sont perçus comme ethniques. Le déclin social est déclenché par un effondrement écologique, mais la plupart des acteurs ne le voient pas. Ce qu’ils voient, ce sont des attaques, des pillages, bref l’hostilité d’un groupe « eux » contre leur groupe « nous ». L’UNEP constate d’ailleurs froidement qu’on ne parviendra pas à une paix durable au Soudan tant que les conditions d’environnement et de survie resteront telles qu’elles sont, caractérisées par les sécheresses, les désertifications, la déforestation. On peut décrire cela comme la dynamique autodestructrice qui fait naître et occupe des espaces ouverts à la violence, lesquels aggravent la désétatisation et la fragilité des Etats, ce qui à son tour provoque l’intervention d’acteurs internationaux, lesquels accroissent la violence autour des ressources, etc. Il s’agit dans tout cela de tentatives humaines d’adaptation à des situations environnementales, et la manifestation de telles adaptations, c’est l’apparition de marchés de la violence, de spécialistes de la violence, de réfugiés, de camps, de morts.

Une fois un conflit défini comme opposant des groupes « nous » et « eux » comme des catégories différentes, les solutions de conciliation deviennent impensables, et cela a pour effet que ces conflits sont partis pour durer, en tout cas jusqu’à ce qu’un côté ait vaincu l’autre. Le fait de faire de groupes humains des catégories distinctes aboutit régulièrement au meurtre. On constate, de la part des Etats-Unis en position d’attaqués, que les mesures de sécurité prennent de plus en plus le pas sur les libertés : torture de prisonniers, création de camps censés jouir de l’exterritorialité, stratégie d’arrestations illégales ; le déséquilibre entre liberté et sécurité s’accroît progressivement. Or de tels glissements ne sont pas l’apanage de l’Amérique. Une radicalisation des conséquences du changement climatique pourrait entraîner un changement radical des valeurs. Quelle sera la réaction d’un Etat le jour où augmentera le nombre de réfugiés chassés par leur environnement et où ils causeront aux frontières des problèmes massifs de sécurité ?

5/7) La guerre aux frontières

Il n’est pas question de déplacer la moitié de la population de l’Afrique, et encore moins, en matière de changement climatique les gens du Bangladesh qui auront perdu leur biotope. Les catastrophes sociales sapent les certitudes sociales. Tous les pays occidentaux, à l’exception de la Suisse, de la Belgique, de la Grande-Bretagne et de l’Espagne, doivent leur forme actuelle d’Etats-nations à une politique d’homogénéisation ethnique dont l’envers est la purification ethnique ; c’est le côté caché de la démocratisation. L’Union européenne réagit déjà à l’afflux croissant de migrants.

Les conflits d’espace vital et de ressources auront, dans les décennies à venir, des effets radicaux sur la forme que prendront les sociétés occidentales. En 2005 a été créée une « Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des Etats membres de l’Union européenne ». L’agence s’appelle désormais Frontex. Entrée en vigueur en mars 2006, l’accord de Schengen a repoussé les frontières des Etats membres aux bords de l’Europe. Frontex n’est qu’un petit signe avant-coureur. Un règlement du 26 avril 2007 a prévu la mise sur pied d’équipes d’intervention rapide aux frontières, Rapid Border Intervention Teams, RABITs. En réaction aux attentats terroristes du 11 septembre 2001, les Etats-Unis se sont  dotés d’un ministère de la sécurité du territoire qui est depuis lors responsable de la protection des frontières. Depuis lors, même les contrôles des entrées légales n’ont cessé de se durcir. Fin septembre 2006, le sénat finit par approuver l’installation d’une clôture de 1123 km le long de la frontière du Mexique. En 2006, plus d’un million de personnes se sont déjà fait arrêter sur la frontière des Etats-Unis avec le Mexique. Comme les Européens, les Américains s’efforcent également d’arrêter les immigrants avant même qu’ils n’arrivent aux frontières de leur territoire. Vu le chiffre probable des réfugiés, on peut parler d’un nouveau type de conflit,  caractérisé par la délégation de la violence et aboutissant à une déculpabilisation technique. La puissance politique et économique de l’UE est employée pour faire de pays comme le Maroc ou la Libye des partenaires coopérant à la délocalisation de la violence.

Car il y a un lien direct entre l’évolution du climat et la guerre. En termes de psychosociologie, la question se pose aussi de savoir dans quelle mesure l’augmentation de la pression migratoire provoque chez la population européenne des sentiments de menace et des besoins de sécurité, qui entraîneraient des exigences d’une politique de sécurité plus rigoureuse. Les restrictions apportées à l’Etat de droit affaibliront les moyens qu’aura la civilisation pour s’opposer à l’arbitraire et à la violence, et les tentatives pour résoudre les problèmes des sociétés ne pourront que se radicaliser.

6/7) vers des conflits généralisés

Les tribunaux internationaux qui pourraient instruire des cas d’infractions aux principes de respect de l’environnement n’existent pas. Il faudrait pourtant se demander si la justice consiste à offrir à chacun la même possibilité de saper par son mode de vie les bases de la survie à long terme de l’humanité. La poursuite de la croissance économique, donc la poursuite de l’exploitation des énergies fossiles importées et autres matières premières, aboutira à ce qu’on limite systématiquement l’aide aux sociétés confrontées à des difficultés toujours plus grandes.

Lorsqu’on constate la vitesse avec laquelle se sont déroulés les processus d’ethnisation en Yougoslavie, entraînant toute une société dans une guerre d’une brutalité extrême, avec purification ethnique et massacre de masse, ou lorsqu’on note dans quel délai incroyablement bref la société allemande s’est nazifiée, après janvier 1933, on se rend compte combien est manifestement faible l’hypothèse d’une inertie des sociétés modernes. Les menaces extérieures sont une cause de cohérence interne. Percevoir l’acte de tuer comme un acte de défense est, pour tous les coupables de génocides, un élément important de la légitimation qu’ils se confèrent et des pleins pouvoirs qu’ils s’attribuent. Répandre des fantasmes de menace comme au Rwanda a pour corollaire de créer une disposition à se défendre chez ceux qui se croient menacés, de sorte que toute forme d’extermination systématique peut dès lors être perçue comme une mesure de défense nécessaire.

Un regard sur le Soudan est un regard d’avenir. Dans ce pays, on dénombre 5 millions de réfugiés, appelés Internal displaced Persons (IDPs). Le Darfour compte deux autres millions de IDPs. Avec le réchauffement, les migrations transnationales se multiplieront, tout comme le nombre de réfugiés intérieurs, entraînant des violences au plan local comme régional. Les estimations varient entre 50 et 200 millions de réfugiés dits « climatiques » en 2050, alors qu’ils sont déjà environ 25 millions actuellement.

7/7) conclusion

Un individu  qui ne voit pas le moindre problème à gagner 70 fois plus que tous les autres, tout en consommant leurs matières premières et rejetant 9 fois plus de substances nocives dans l’environnement devient une personnalité pathologique. Cette personnalité psychopathologique se désintéresse de surcroît aux conditions de vie de ses enfants et petits-enfants. Un être pareil serait considéré, selon tous les critères normatifs, comme un dangereux parasite qu’il faudrait empêcher de nuire. Là où la tolérance est pratiquée sans tenir compte des déséquilibres des pouvoirs existants, elle profite par principe à ceux qui en détiennent le plus. Dans une société basée sur l’inégalité, Marcuse explique que la tolérance devient répressive, elle ne fait que figer la position des plus faibles.

Et naturellement ce sont, dans une perspective internationale, les intérêts complètement disparates qui empêcheront qu’on mette par une résolution commune un frein au réchauffement. Les processus de rattrapage du retard industriel dans les pays émergents, l’insatiable appétit énergétique des pays tôt industrialisés et la diffusion mondiale d’un modèle de société fondé sur la croissance et l’épuisement des ressources font apparaître comme irréaliste qu’on limite à deux degrés seulement le réchauffement d’ici le milieu du siècle. Et c’est là un résumé qui s’appuie seulement sur l’aspect linéaire des choses, sans tenir compte des processus non linéaires susceptibles d’aggraver radicalement le problème climatique – si, par exemple, le dégel du permafrost dégage du méthane en quantités énormes. Il peut y avoir des effets de dominos encore insoupçonnables.

De même la logique des processus sociaux n’est pas linéaire. Comme les conséquences climatiques les plus dures frappent les sociétés disposant des possibilités les plus réduites d’y faire front, les migrations mondiales augmenteront dramatiquement au cours du XXIe siècle et pousseront à des solutions radicales les sociétés où la poussée migratoire est perçue comme une menace. Le corollaire de la sécurisation des frontières extérieures de l’Europe et de l’Amérique du Nord est la sévérité constamment accrue des mesures de sécurité intérieure. Tout cela se trouve dans un rapport d’interaction vitale avec la montée du terrorisme au sein du monde moderne globalisé. La pression pour résoudre les problèmes va s’accentuer et l’espace mental se rétrécir ; la probabilité augmente de stratégies irrationnelles et contre-productives. A la lumière de l’histoire, il est hautement probable que des êtres humains qui sembleront menacer les  besoins de prospérité des gens bien établis recevront le statut de superflus et mourront en grand nombre ; que ce soit par manque d’eau et de nourriture, que ce soit par une guerre aux frontières, par des guerres civiles ou par des confits entre Etats. Quand des hommes interprètent des problèmes comme menaçants leur propre existence, ils tendent à prendre des solutions radicales, telles qu’ils n’y avaient jamais pensé avant.

Les cultures occidentales n’ont pas appris cette leçon du XXe siècle, mais tiennent très fort à l’Humanisme, à la Raison et au Droit, bien que ces trois régulations de l’action humaine aient historiquement succombé à chaque attaque, dès qu’elle fut un peu  rude. De fait la culture n’a de sens qu’en elle-même, en tant que technique pour accroître les chances de survie des groupes sociaux. La variante occidentale ne dure que depuis 250 ans seulement, et au cours de cette minuscule période il s’est trouvé plus de ressources détruites que pendant les 39 750 années précédentes. Or ces ressources ne sont pas perdues que pour le présent, mais aussi pour l’avenir. L’histoire de l’Occident libre, démocratique et éclairé écrit aussi sa  contre-histoire, faite de non-liberté, d’oppression et du contraire des Lumières. De cette dialectique, l’avenir des conséquences du climat montre que le rationalisme des Lumières ne pourra s’exempter. Il y connaîtra son échec.

Sur notre site d’information, Les guerres du climat d’Harald Welzer (Gallimard 2009)

Les guerres du climat d’Harald Welzer Lire la suite »

☻ Claude Allègre, climato-sceptique notoire

Il est mort le 4 janvier 2025, un des trop rares bonnes nouvelles en ce début d’année. Une grande gueule qui croyait avoir raison et qui a fait bien du tort. Combien de fois a-t-il décroché le téléphone pour éructer, péremptoire et volcanique, « Vous n’avez rien compris ! ». Il assénait ses propres vérités jusqu’à la mauvaise foi. Il était pourtant scientifique. Sa thèse sur la « géochronologie des systèmes ouverts » l’avait conduit aux Etats-Unis. Il fonde le département de sciences de la Terre de l’université Paris-VII.

Mais les dérives intellectuelles de Claude Allègre commencent très vite. Le volcan de la Soufrière se réveille en 1976, il appuie l’option de l’évacuation des populations, Haroun Tazieff y est opposé. L’éruption n’aura pas lieu. Il ferraille sur l’amiante. En 1996, après la création d’un « comité anti-amiante de l’université de Jussieu», Claude Allègre prend publiquement position contre le désamiantage des locaux, évoquant un phénomène de « psychose collective ». L’usage de l’amiante sera interdit par décret en France en 1997. Un premier bilan épidémiologique fera état de la mort de cinq chercheurs de Jussieu d’un cancer de la plèvre causé par l’exposition à cette fibre cancérigène.

Le voilà saisi par la passion politique. Le portefeuille de ministre de l’éducation nationale est à la mesure de ses ambitions : ce devait être son apogée, ce sera son fiasco. En quelques semaines, il claironne qu’il va « dégraisser le mammouth », que « la cogestion avec le SNES, c’est fini », que « 12 % d’absentéisme des enseignants, c’est beaucoup trop », que la formation permanente des professeurs est une bonne chose, à condition d’être effectuée durant leurs « quatre mois de vacances ». Dès janvier 1998, une première vague de grèves démarre dans le primaire ; elles ne cesseront pratiquement plus. Ami de Jospin et socialiste, il votera Sarkozy en 2012.

Professeur émérite de géophysique, il devient pourtant un climato-sceptique assumé. Il assure, fin 2006, contre le consensus des climatologues, que les changements climatiques en cours ne sont pas le signe d’un réchauffement de la Terre et que l’activité humaine n’en est pas la cause. Il fonde son réquisitoire sur des données très approximatives, pour ne pas dire falsifiées, il fait une interprétation erronée des travaux qu’il cite, il n’en a cure. Il tenait des propos délirants : « il a fait froid cet hiver ! Donc le changement climatique n’existe pas ». Ce n’était clairement plus un scientifique, et depuis bien longtemps.

Un accident cardiaque, survenu en 2013 lors d’une conférence scientifique au Chili, le contraint au silence. Il y a des vivants qui auraient mieux fait de ne pas exister.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Claude Allègre n’est qu’un saltimbanque (2009)

extraits : Allègre se permettait de dire dans le Figaro magazine du 28 novembre 2009 que les climatologues, gens « scientifiquement pas sérieux », se consacrent à la modélisation « sans aucune considération pour l’observation » et qu’« il faudrait un grand plan spatial pour améliorer nos connaissances sur l’atmosphère et l’océan, car il n’y a plus de grandes missions sur le climat depuis vingt ans ».Un démenti cinglant lui ait apporté par Jacques Blamont, conseiller du président du CNES (centre national d’études spatiales) dans le Figaro magazine du 24 décembre 2009 : « De nombreux instruments portés par des satellites fournissent quotidiennement les bases de la discussion en cours sur le climat…

Les arguments de Claude Allègre en débat (2010)

extraits : Nous avons (sur ce blog et ailleurs) été souvent confrontés à l’interrogation de citoyens qui avaient vu (ou lu) Allègre: « Il paraît crédible, je ne sais plus quoi penser, où est la vérité ? »  Claude Allègre a en effet les faveurs des médias, écrit des livres aussi souvent qu’il respire, s’impose un peu partout. Claude Allègre est donc quelqu’un de foncièrement dangereux car il participe d’une manipulation de l’opinion publique par la négation du réchauffement anthropique, le culte du progrès technique, le dénigrement de l’écologie véritable, la désinformation scientifique….

florilège à propos de Claude Allègre (2010)

extraits : Le livre de Claude Allègre Ma vérité sur la planète est un long plaidoyer contre la « secte verte ». Il utilise les généralisations les plus abusives contre les écolos : « Je ne souhaite pas que mon pays se retrouve en enfer à partir des bonnes intentions de Nicolas Hulot. Il créerait chaque année plusieurs centaines de milliers de chômeurs supplémentaires, il faudrait mettre en place un régime bureaucratique et policier » … «  La brute, c’est sans conteste José Bové. Son mode d’expression, c’est d’abord et avant tout la violence. On casse le MacDo de Millau, on casse une serre d’OGM à Montpellier, on fait le coup de poing à Seattle ou à Davos »… « Le truand, c’est Al Gore. C’est l’archétype du politicien américain, professionnel, mécanique mais sans conviction claire ni vraie connaissance des dossiers » …

Claude Allègre et l’écologie profonde (2010)

extraits : « L’animal ou l’arbre doivent être protégés, respectés, pourquoi pas vénérés, et cela doit être inscrit dans la loi ! C’est la stratégie de la deep ecology qui poursuit en justice ceux qui coupent les arbres ou qui tuent les insectes avec le DDT. Tout ce qui est naturel est bon. Donc tout ce qui modifie la nature est à poursuivre, à condamner. L’homme et la société passent au second rang. Comme dit Marcel Gauchet, « l’amour de la nature dissimule mal la haine des hommes »….

☻ Claude Allègre, climato-sceptique notoire Lire la suite »

Contre la culture du clash, argumentons

La « culture du clash », c’est un climat social marqué par la polarisation extrême et l’absence de dialogue ; les désaccords ne se règlent plus par la confrontation d’arguments mais par le rapport de force.

Ariane Ferrand : « Dans nos sociétés, les débats d’idées semblent omniprésents, débat télévisé, délibération parlementaire, sur ce blog biosphere… Pour autant, débat-on vraiment ? « On ne se parle plus, on se confronte » : tel est le constat amer dressé par le philosophe Antoine Vuille dans Contre la culture du clash. Débat d’idées et démocratie. Les désaccords ne se règlent pas par la confrontation d’arguments mais par la caricature ou les attaques ad hominem. Le philosophe identifie deux attitudes hostiles au dialogue : le relativisme (tous les avis se valent) et le dogmatisme (j’ai raison, tous les autres ont tort). Dans les deux cas, le débat est mort : inutile de justifier ses idées. Il faut également se méfier du biais de confirmation, qui consiste à donner plus de poids aux informations allant dans son sens. Autre vice dialectique majeur : la mauvaise foi, sorte de mensonge que l’on fait aux autres. »

Les réflexions d’Antoine Vuille sont d’autant plus utiles que le bon fonctionnement de notre vie démocratique dépend de la qualité du débat public. Antoine Vuille fait l’apologie de l’écoute de l’autre et du compromis. Reste que la mise en œuvre des principes défendus par le philosophe est plus périlleuse quand on aborde des questions politiques clivantes comme la reconnaissance de l’État palestinien ou l’âge du départ à la retraite… Prenons un exemple actuellement brûlant la confrontation entretenue par certains entre antisémitisme et antisionisme. Pourtant il devrait être facile de se défaire de ses préjugés pour argumenter à bon escient.

Volker TürkHaut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme : L’ONU continuera de faire tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir et mettre fin à l’antisémitisme, et pour rappeler à tous les peuples les leçons de la Shoah. Mais le fait de déplorer des opérations militaires qui soulèvent de graves préoccupations quant aux violations du droit international humanitaire et du droit international relatif aux droits humains ne constitue pas de l’antisémitisme. Le fait de demander à Israël de rendre des comptes pour les dizaines de milliers de personnes tuées à Gaza depuis le 7 octobre 2023, dont plus de 250 membres du personnel des Nations unies, ne constitue pas de l’antisémitisme. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme continuera à résister à l’instrumentalisation de la lutte contre l’antisémitisme.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Les « biais cognitifs » ne constituent pas une découverte révolutionnaire de la philosophie, c’est littéralement le sens du mot préjugés, l’ensemble de nos a priori. Une des premières tendances est d’attribuer plus de confiance aux informations qui confirment nos propres croyances plutôt qu’à celles qui les contredisent… Ce biais de conformisme (de confirmation) facilite l’intégration à des groupes d’appartenance, le biais de négativité incite à trop de prudence, etc. Les biais cognitifs, qu’on peut définir comme des déviations inconscientes de la réflexion, façonnent notre rapport à la réalité telle que nous voulons la voir.

Voici un panoramique de tout ce qui nous fait prendre les vessies pour des lanternes et les fake-news pour la post-vérité.

L’effet de loupe, le fait qui fait diversion

extraits : Les médias nous défrisent, les réseaux sociaux encore plus, ils cultivent ce qu’on appelle en sociologie l’effet de loupe. Ils montrent une réalité qui existe, certes, mais qui est tellement minoritaire qu’elle ne nécessiterait même pas une brève. Normalement le journalisme, c’est l’art de trier entre l’anecdotique et l’essentiel, sinon les pages d’un média se remplissent de vide. Mais à force d’être diffusés en boucle sur les réseaux de communication, un micro-évènement sature l’espace public et devient la dernière question à la mode dont il faut causer. Le problème, c’est que cela nous détourne de l’essentiel, nous rentrons dans le domaine du commérage et en oublions de réfléchir. C’est le règne des faits divers. Une spécialité des journaux télévisés qui en ouverture nous disent qu’il fait très chaud…

Le biais d’ancrage : quand la première information éclipse la suite

extraits : Le biais d’ancrage est un des moteurs principaux de la désinformation et du complotisme. Pour schématiser, le cerveau fonctionne de deux façons : de manière rapide et intuitive ou sur un autre mode, plus lent et réflexif. Le mode rapide cherche, par association d’idées, des éléments permettant de se rapprocher de la donnée qui a été « ancrée » dans notre cerveau. Ce n’est que dans un second temps que le système de traitement de l’information plus réflexif tente, par un ajustement, de trouver des raisons de s’éloigner de l’ancre, le plus souvent sans grand succès. Notre cerveau doit en effet lutter contre son fonctionnement premier, intuitif. Couplé au biais de confirmation (face à la contradiction, perçue comme insupportable, le cerveau humain cherche à confirmer ses croyances), le biais d’ancrage se révèle particulièrement robuste pour geler les jugements et figer les croyances… Nous limitons nos sources d’information à quelques médias, site, blogs ou publications qui viennent renforcer nos idées (biais de confirmation).

L’interaction spéculaire, on fait comme les autres

extraits : S’il est une nature humaine, elle se réalise dans l’interaction avec autrui. S’il est une société, elle émerge des interactions entre les individus. Cette hypothèse s’appelle l’interaction spéculaire (« relatif au miroir »). Je me réalise en échangeant avec autrui des modèles du monde formés par ces échanges et qui contiennent un modèle de ces échanges. La société est un système de représentations croisées entre individus : je me représente la manière dont les autres se représentent les choses et moi-même. L’individu soumis à une dictature ne se demande pas s’il veut renverser le régime, mais seulement s’il le ferait au cas où un certain nombre d’autres le feraient aussi. Chacun étant placé dans la même situation que les autres, le dictateur s’effondrera non en fonction de la volonté de tous, mais de leurs représentations croisées, c’est-à-dire en fonction des anticipations que chacun effectuera sur la capacité effective de ceux qui l’entourent à se révolter…

Psychologie cognitive et souvenirs recomposés

extraits : Elizabeth Loftus jugeait la mémoire humaine si malléable que son idée en 1991 est d’induire un souvenir fabriqué de toutes pièces en situation expérimentale : « Comme s’être perdu dans un centre commercial quand on était enfant »…

Nous sommes des moutons et fiers de l’être

extraits : Au début des années 1950, le psychologue américain Solomon Asch étudie les capacités de résistance de l’individu. Il avait espéré que son étude montrerait les capacités de résistance de l’individu. Il ne connaissait pas encore la psychologie humaine ! 76 % de ses cobayes se rallièrent au moins une fois – et 11 %, toujours – à l’avis incorrect de la majorité..

Fake news dans la fenêtre d’Overton

extraits : Forgée dans les années 1990 par Joseph P. Overton, alors vice-président des lobbyistes du Mackinac Center for Public Policy, l’idée centrale de la fenêtre d’Overton est que les idées jugées « acceptables » par le plus grand nombre au sein d’une société particulière constituent un ensemble, une « fenêtre ». Pour réussir à emporter l’adhésion du public, il est préférable de se situer d’emblée à l’intérieur de la “fenêtre” d’Overton. Or, cette fenêtre se modifie en fonction des normes sociales et morales dominantes…

Contre la culture du clash, argumentons Lire la suite »

Bilan 2024. L’autocratisation de la démocratie

La situation de la démocratie dans le monde est pire

que celle que nous avons connue dans les années 1930,

or à l’époque cela annonçait une guerre mondiale.

Discours de Staffan Ingemar Lindberg, directeur de l’Institut Varieties of Democracy

En 2023, 42 pays se trouvaient dans un processus d’autocratisation, soit 35 % de la population mondiale ;

au 31 décembre 2023, 71 % de la population mondiale (contre 48 % il y a dix ans) vivait dans une autocratie ;

Sur les 60 pays qui ont organisé des scrutins nationaux, 31 sont des autocraties ;

des dirigeants autoritaires ont été renforcés par les élections, comme en Russie ;

En France, l’extrême droite a pris de l’ampleur, en Allemagne l’AfD progresse…

la cerise sur le gâteau, c’est évidemment la réélection de Donald Trump aux Etats-Unis ;

La situation est pire que celle que nous avons connue dans les années 1930…

la vague d’autocratisation dans les années 1930 a débouché sur la seconde guerre mondiale ;

Des dirigeants qui arrivent aujourd’hui au pouvoir à l’issue d’élections relativement démocratiques mettent en œuvre un programme antipluraliste…

ils sapent les médias, les journalistes, les organisations de la société civile…

puis ils cherchent progressivement à contrôler le système judiciaire ;

Ils utilisent beaucoup la désinformation…

Quelques grandes entreprises technologiques dominent le marché et modifient les algorithmes pour générer le plus de profits possible. Il y a donc une incitation structurelle à cultiver et à diffuser davantage de désinformation, de fausses nouvelles et de théories du complot, plutôt que la vérité et une discussion honnête et respectueuse ;

Si vous vous rendez aux urnes et que vous votez sur un mensonge, plus personne n’a de compte à rendre et il n’y a plus de mécanisme démocratique ;

Il est facile de ne pas voir ce qui se passe avant qu’il ne soit trop tard…

Le point de vue des écologistes optimistes

« La connaissance et la raison contre l’ignorance. L’éducation contre la haine et l’endoctrinement.
La tolérance et le respect de l’autre
contre tous les fanatismes et les discriminations.
Voilà les défis que notre démocratie doit relever. Tel est l’enjeu vital »

C’est l’inscription que l’on peut lire sur une tombe de quelqu’un qui avait échappé à la mort dans les camps de concentration !

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Démocratie ou dictature en temps de crises ?

extraits : La démocratie ? Le pire des systèmes, à l’exclusion de tous les autres. Ou, comme l’exprimait Winston Churchill : “La démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes”. Avec la libre confrontation des idées, il s’agit pour les sociétés humaines de sortir des relations de pouvoirs pour les remplacer par des relations de coopération. La dictature va à l’inverse. Il semble que ce système autoritaire est en expansion dans beaucoup de pays, en Argentine par exemple….

Démocratie ou dictature, les tendances actuelles

extraits : Aujourd’hui, nous constatons que les principaux éléments qui, dans l’histoire, caractérisent une séquence précédant un basculement autoritaire sont en place : perte de repères, brutalisation, contestation des institutions et des élites, crispations identitaires, manipulation du langage, etc. L’extrémisme identitaire (religieux, nationaliste ou ethnique) durcit une opposition entre « eux » et « nous » potentiellement explosive et contagieuse. Personne ne maîtrise plus vraiment de tels engrenages enclenchés ou nourris par des apprentis sorciers croyant pouvoir instrumentaliser des passions qui finissent souvent par les dévorer eux-mêmes….

Léviathan climatique, dictature supranationale

extraits : Le livre de Geoff Mann et Joel Wainwright, Climate Leviathan s’intéresse aux différents types de scénarios politiques susceptibles d’émerger en réponse aux crises écologiques. C’est Thomas Hobbes, comme le titre le suggère lui-même, qui se trouve au cœur du livre – le Léviathan. Hobbes observait une nation déchirée par la guerre civile anglaise et estima qu’il valait mieux renoncer à sa liberté sous l’autorité d’un souverain tout puissant plutôt que de vivre dans une tel contexte de brutalités. Les perturbations écologiques actuelles vont créer les conditions permettant à une nouvelle autorité souveraine de « prendre le commandement, déclarer l’état d’urgence, et mettre la Terre en ordre, tout cela au nom de la sauvegarde de la vie » – et cette fois-ci à l’échelle planétaire, et non plus nationale. En appelant à des accords lors des COPs de chaque année, nombreux sont les militants du climat à avoir légitimé le Léviathan climatique au lieu de le contester…..

Bilan 2024. L’autocratisation de la démocratie Lire la suite »

Gouvernement Bayrou, on prend les mêmes !

On prend les mêmes et on recommence. Parmi les 36 membres du tout nouveau gouvernement Bayrou nommé le 23 décembre 2024, plus de la moitié siégeaient déjà dans l’équipe de Michel Barnier, dont treize sans changement de portefeuille. Agnès Pannier-Runacher est à nouveau Ministre de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche.

Il suffit de remplacer « Barnier » par « Bayrou » dans un texte déjà écrit sur ce blog, c’est kif-kif bourricot :

« Michel Barnier vient d’annoncer le contenu de son tout nouveau gouvernement. A la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher arrive en terrain miné. Depuis le début de l’année, le manque d’allant d’Emmanuel Macron et de Gabriel Attal puis les campagnes électorales ont paralysé la planification. Après de premières restrictions en février, Bercy a encore prévu, dans le prochain budget, des coupes importantes dans le fonds vert, dans la protection de la biodiversité ou dans l’électrification des transports… Bon courage à Agnès pour son séjour au ministère de l’impossible… »

Agnès perd même la tutelle de l’énergie du climat et de la prévention des risques, on la cantonne dans les produits de la mer et le côté biologique des choses. Surtout pas de revendications économiques pour les écolos, qu’ils ne se mêlent pas de ce qui ne les regarde pas !

Retour sur le passé d’Agnès Pannier-Runacher

Énarque, Agnès Pannier-Runacher quitte la fonction publique en 2011 après huit années à l’inspection générale des finances puis à la Caisse des dépôts et consignations. Elle rejoint Emmanuel Macron en 2016 et occupe divers postes ministériels depuis 2018 : secrétaire d’Etat à la reconquête industrielle (2018-2020), ministre déléguée à l’industrie (2020-2022), ministre de la transition énergétique (2022-2024) et ministre déléguée chargée des thématiques forestières (2024).

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

L’écologie à droite toute avec Pannier-Runacher ?

extraits : Nommée samedi 21 septembre 2024 au poste de ministre de la transition écologique, de l’énergie, du climat et de la prévention des risques, elle avait été une des voix du bloc central à mettre en garde contre une droitisation du macronisme. Femme de dossiers, Pannier-Runacher est réputée s’approprier rapidement les enjeux des secteurs dont elle a la responsabilité. Mais à la tête d’un ministère de la transition énergétique à partir de mai 2022, outre la construction de nouveaux réacteurs, la ministre défendait une réforme extrêmement contestée de la gouvernance de la sûreté nucléaire et lançait au niveau européen une Alliance du nucléaire destinée à promouvoir l’atome. Des textes-clés pour l’avenir du pays tels que la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) ne se concrétisent pas…..

Gouvernement Bayrou, on prend les mêmes ! Lire la suite »

CNDP en débat, nous sommes tous concernés

« Délié de ses semblables, l’homme démocratique est peu disposé à la citoyenneté active tant ses intérêts privés l’absorbent » (A. Tocqueville).

Jusqu’à présent, tout projet industriel majeur faisait automatiquement l’objet d’un débat ou d’une concertation préalable sous l’égide de la Commission nationale du débat public (CNDP). Ce sont des étapes-clés lors desquelles les populations locales, regroupées ou non en associations, sont informées des impacts environnementaux des projets mais aussi sociaux et économiques. Mais le 4 décembre 2024, le gouvernement de Barnier a publié un projet de décret minimisant le périmètre de la CNDP. Sous prétexte de gagner du temps, ce texte représente une attaque frontale contre la démocratie environnementale et les droits des citoyennes et des citoyens. Le débat est-il encore possible aujourd’hui ?

Alice Mazeaud et Guillaume Gourgues : Qui se souvient, à part ses membres, que la convention citoyenne sur la fin de vie a rendu un avis ? L’absence de lien à la décision n’était pas une faiblesse des dispositifs, mais bien une condition de leur succès auprès des gouvernants. Le « succès » des innovations délibératives accompagne en réalité le démantèlement progressif des maigres acquis institutionnels de la participation publique, et plus précisément, la marginalisation grandissante de la Commission nationale du débat public (CNDP). Pourtant c’est la seule institution publique indépendante en mesure de garantir un droit à la participation un tant soit peu contraignant pour les acteurs publics et privés. Nos inquiétudes sont fondées, ce décret vise à supprimer le dixième motif de saisine de l’instance concernant les « équipements industriels ». L’argumentaire de ce projet est bien rodé : le débat public allongerait les projets, ferait perdre du temps et de l’argent, et gripperait presque à lui seul toute promesse de réindustrialisation. En fait, cette suppression entraînerait une baisse de 54 % des débats publics confiés à la CNDP, lui retirant de facto toute possibilité de mener les débats sur les améliorations d’équipement, leur décarbonation, la production énergétique ou le traitement des déchets nucléaires. On sacrifie a participation citoyenne sur l’autel d’une compétition économique sans fin.

Tribune d’un collectif : Mine de lithium, plateforme industrialo-portuaire de production de molécules et de carburants « bas-carbone », unité de production d’engrais, réouverture d’une ligne ferroviaire : les projets industriels font actuellement l’objet d’une concertation approfondie qui pourrait ne plus l’être demain. En une décennie, les gouvernements successifs n’ont cessé d’affaiblir ce droit constitutionnel : relèvement du seuil financier de saisine de la CNDP (de 300 millions à 600 millions d’euros), rétrécissement du champ de l’enquête publique, réduction du délai dont disposent les tiers (citoyens, associations et collectivités) pour solliciter une concertation préalable (de quatre à deux mois). Le nouveau gouvernement doit retirer ce décret. Accélérer les projets industriels ne doit pas se faire au détriment de l’information, de la participation, et du respect des principes démocratiques qui doivent rester au cœur de notre modèle de société.

Le point de vue des écologistes

Dans notre système social actuel, croissanciste et court-termiste, le passage à l’écologisme est incertain, la recherche du consensus balbutiante. Depuis 2005 ce blog biosphere existe pour essayer de montrer comme on peut passer du débat au consensus. Nous faisons en sorte sur ce blog biosphere de montrer à chaque fois que le point de vue des écologistes peut devenir un élément essentiel de l’intelligence collective. Encore faut-il accepter le débat !

Nos articles antérieurs question « débat »

CNDP, le débat public en lambeaux

En 1832, le débat sur la mécanisation

AIE versus OPEP, un débat truqué

Tik Tok, la responsabilité parentale en débat

Le faux débat démographie/niveau de vie

Revenu universel de solidarité, le débat

PMA, le débat censuré par Macron

Conférence-débat sur la Décroissance démographique

Grand débat, vers une conclusion courue d’avance

Grand débat national, ce sera la grande désillusion

Macron : le débat écolo a avorté avant de commencer

Climat, un débat bête et souvent trop méchant

Débat européen sur la notion de post-croissance

BIOSPHERE-INFO, le débat sur les déchets nucléaires

Trois débats fondamentaux parmi les décroissants écolos

Débat sur l’antériorité de l’individu… ou de la société

Sapin naturel ou sapin artificiel, le faux débat

Débat sur la peine de mort : midazolam ou thiopental !?

Immigration, débat entre malthusiens et écosocialistes

Mourir dans la dignité, un débat qui n’en finit pas

La COP 21, un débat globalisé qui nous empêche d’agir

Parler « trans » et sans débat aux journées d’été

Tout savoir sur le débat démographique actuel

ZAN, zéro artificialisation nette, faux débat

Le grand retour du débat sur le natalisme

Transidentités, un débat faussé et inutile

Fin de vie, débat au dîner, lobbies acceptés

Le débat sur l’IVG, bloqué par la morale ?

Manger ou ne pas manger des animaux, débat

Fin de vie et suicide, un débat actuel

8 milliards d’humains, débat avec Emmanuel Pont

Manger cru ou manger cuit, un débat pas si anodin

Low tech contre low cost, le débat qui préfigure l’avenir

Débat feutré entre l’anthropocentrisme et le biocentrisme

La peine de mort, les termes du débat dans LE MONDE

La décroissance est-elle malthusienne ? Vaste débat !

Faut-il débattre avec les climatosceptiques ? NON

Contribution du vert Yves Cochet au débat politique

transition énergétique, un débat qui n’en est pas un

Troisième révolution industrielle, débat Gadrey/Rifkin

A qui profitent les OGM ? L’enjeu du débat démocratique

à qui profitent les OGM ? Débat entre Deshayes et Testart

retour à la bougie contre société industrielle, le débat

débat Commoner/Ehrlich, le débat démographique

nature et sexualités : le débat sur le genre humain

la dissuasion nucléaire, un débat pour 2012

nanotechno, débat pipeau

Les arguments de Claude Allègre en débat (janvier 2010)

le climat ne fait pas débat (octobre 2009)

Notre plus ancien article sur la question du débat

13.10.2005 Processus délibératif

Sur les questions d’environnement, il n’y a pas de décideur, il n’y a que des mécanismes de décision qui font interagir des individus ou des groupes qui ont à la fois des représentations différentes du problème débattu et des poids différents dans la discussion. Donc nécessairement le processus délibératif devient sans fin. Une conférence des citoyens sur un sujet (par exemple les OGM) n’aura que des impacts politiques et décisionnels faibles, que la préparation soit bâclée comme en France ou dure deux années comme en Suisse. Les politiques se contentent d’un affichage de volonté réformatrice en ne s’engageant que pour des actions minimales ou illusoires. En conséquence, un forum de citoyens doit être assuré de durer longtemps car seule la continuité permet les itérations successives nécessaires pour aboutir à un consensus efficace.

La Biosphère ne sera pas sauvée par des démarches participatives car plus rien dans la société actuelle n’a le pouvoir de durer quand les scientifiques s’opposent aux scientifiques, les politiques aux politiques, sans parler de l’impossible dialogue entre scientifiques et politiques, politiques et opinion publique, opinion publique et réalité. Seule la catastrophe réalisée (une pétroapocalypse ?) rassemble. Alors en attendant, que les plus courageux d’entre vous passent à l’action directe !

CNDP en débat, nous sommes tous concernés Lire la suite »

Gouvernement Bayrou : nos 13 conseils de Noël

François Bayrou est sur le point de nommer un nouveau gouvernement. Les 13 conseils de France Nature Environnement aux nouveaux ministres pour rendre leur passage au gouvernement aussi utile que possible.

Conseil numéro 1 : Au moment où le cyclone Chido à Mayotte nous rappelle cruellement l’urgence de la situation, nous demandons au Gouvernement de financer son plan national d’adaptation au changement climatique, pour en faire autre chose qu’un tigre de papier.

Conseil numéro 2 : Trouver l’argent là où il est. Les dépenses néfastes pour le climat et la biodiversité, c’était 10,8 milliards d’euros dans le budget de l’Etat 2022. Soit près de 11 milliards pour financer la transition écologique.

Conseil numéro 3 : Donner aux acteurs de terrain indispensables, les associations et les collectivités territoriales, les moyens d’accompagner la transition écologique dans les territoires.

Conseil numéro 4 : Mettre au panier la proposition de loi des sénateurs Duplomp et Menonville promouvant une agriculture chimique et industrielle et revoir le projet de loi d’orientation agricole, pour une politique agricole qui assure des revenus aux producteurs, fournisse une alimentation saine et protège les écosystèmes dans le temps.

Conseil numéro 5 : L’exécutif envisage une régularisation du barrage de Caussade, construit illégalement par des responsables agricoles multi-condamnées pénalement par la justice. Notre conseil : protéger l’Etat de droit, éviter de plier devant les délinquants environnementaux, faire démanteler l’ouvrage et restaurer les milieux.

Conseil numéro 6 : 10 ans après la mort de Rémi Fraisse, un jeune bénévole luttant contre la destruction de la zone humide de Sivens, un nouveau projet de barrage, au même endroit refait surface. Notre conseil : ne pas refaire les mêmes erreurs, et soutenir les projets portés consensuellement par les acteurs du territoire.

Conseil numéro 7 : Ne pas laisser les bulldozers aller plus vite que la justice, et stopper les travaux destructeurs de l’autoroute A69 en attendant que la justice décide de la légalité, très douteuse, de ce projet

Conseil numéro 8 : mettre à la poubelle définitivement le projet de la déviation de Beynac, et faire enfin appliquer l’injonction de remise en état décidée par la justice en 2019.

Conseil numéro 9 : Poursuivre en l’approfondissant la démarche de planification, avec tous les acteurs autour de la table pour mettre en œuvre les feuilles de route régionales bientôt à paraître.

Conseil numéro 10 : Revoir les documents de planification en matière d’énergie et de climat en mettant toutes les options sur la table, y compris le scénario 100% énergies renouvelables, et en misant sur la sobriété, seul moyen de lutter contre la hausse des factures d’énergie et d’assurer notre souveraineté énergétique.

Conseil numéro 11 : Tenir bon pour préserver nos espaces naturels et agricoles de l’urbanisation, en accompagnant les maires vers le zéro artificialisation nette plutôt qu’en renonçant à cet objectif de long terme.

Conseil numéro 12 : Amender le projet de loi de simplification de la vie des entreprises qui devrait arriver rapidement à l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale, en enlevant l’article qui supprime l’obligation de résultat pour les mesures de compensation lorsqu’un projet détruit des espèces ou des milieux naturels.

Conseil numéro 13 : Retirer le projet de décret supprimant l’obligation d’un débat public sur les projets industriels mis en consultation juste avant la démission du Gouvernement Barnier. Près d’un millier de personnes ont déjà répondu à cette consultation, majoritairement pour refuser cette régression qui les prive de leur droit de donner leur avis sur les projets qui les impacteront.

Pour Antoine Gatet, président de France Nature Environnement : «  Le futur gouvernement, issu de cette crise démocratique qui n’en finit pas, n’aura sans doute pas la capacité politique de porter les réponses à la hauteur de la triple crise écologique en cours. Il doit pourtant d’urgence modifier le cap pris par les derniers gouvernements, afin de remettre l’impératif environnemental au cœur de ses décisions, et en finir avec les dérégulations des politiques environnementales et les régressions démocratiques. »

COMMUNIQUÉ DE PRESSE FNE (18 Décembre 2024)

Gouvernement Bayrou : nos 13 conseils de Noël Lire la suite »

François Bayrou n’aime pas les malthusiens

Ministre de l’éducation nationale entre 1993 et 1997, éphémère garde des sceaux en 2017, figure du centrisme… François Bayrou, né en 1951, conseiller de personnalités politiques à partir de 1979, député en 1986… n’a que très peu évoqué la question écologique tout au long de sa longue carrière. Pire, nous avons maintenant un premier ministre profondément anti-malthusien.

Un jour, Corinne Lepage lui parlait des « limites planétaires », une notion cruciale. « Je n’aime pas les malthusiens », rétorque Bayrou. Il est vrai qu’il a 6 enfants et qu’il est grand-père de vingt-et-un petits-enfants. La maîtrise de la fécondité connaît pas. C’est mépriser le raisonnement de Malthus, un peuple ne peut avoir plus d’enfants que ce que les ressources naturelles lui assignent. C’était là de l’écologie avant la lettre, en 1798. Bayrou occulte le fait que la France est aujourd’hui surpeuplée avec 66 millions d’habitants. En 2024, nous ne parlons médiatiquement que des inquiétudes liées à la baise de fécondité dans certains pays alors que nous allons bientôt atteindre 10 milliards d’humains, un chiffre inconcevable pour un prédateur comme nous, en haut de la chaîne alimentaire et qui fait preuve d’une boulimie consumériste insensée.

En savoir plus sur François Bayrou

François Bayrou, grand planificateur en chef (septembre 2020)

extraits : La décision d’Emmanuel Macron de créer un nouveau Commissariat général au Plan et d’en confier la direction à François Bayrou est un spectaculaire non sens. Pas très glorieux cette nomination d’un dinosaure de la politique à un strapontin contemplant le futur. Rappelons que Bayrou est mis en examen, viré du gouvernement français pour cela, et pourtant rattaché directement à l’Elysée pour « réfléchir ». Cette nomination n’est qu’un prétexte pour se mettre Bayrou dans la poche, Macron a besoin des centristes pour finir cahin-caha son septennat.

François Bayrou précise les ambitions de son « pacte démographique » (mai 2021)

extraits : Le haut-commissaire au plan, François Bayrou, plaide dans une note transmise à l’Agence France-Presse (AFP) pour un « pacte national pour la démographie », afin de sauver le modèle social français. Et parmi ses objectifs : « avoir plus d’enfants » mais aussi « accueillir des personnes d’autres pays ». Avec la crise du Covid-19, « l’impensable étant survenu, il ne devient plus impensable. Dès lors, un climat pessimiste pourrait peser sur le désir d’enfant de nos concitoyens » mais « il faut se ressaisir », écrit ainsi le chef du MoDem. « .M. Bayrou dégage « deux voies » pour « assurer notre avenir démographique » : « avoir plus d’enfants ou accueillir des personnes d’autres pays »,« Il faut une politique familiale qui permette aux gens d’avoir le nombre d’enfants qu’ils souhaitent », poursuit l’ancien ministre, rappelant que « la dégradation de la natalité en France a été concomitante des mesures fiscales touchant notamment le quotient familial ».

Justine Guitton-Boussion (décembre 2024)

extraits : Macroniste de la première heure, François Bayrou a été nommé Premier ministre. L’humeur n’est pas à la fête du côté des écologistes, la défense de l’environnement n’est pas sa priorité. Les positions écologistes de ce fils d’agriculteur des Pyrénées-Atlantiques, devenu maire de Pau en 2014, restent très discrètes sur le sujet. Le 12 avril 2002, alors qu’il était candidat pour la première fois à l’élection présidentielle., il proposait seulement la création d’un « grand ministère de la nature et du développement durable pour  éviter les dérives comme la vache folle, lutter contre les pollutions de l’air et de l’eau et sécuriser les sites dangereux ». Un peu léger. En 2007, lors de sa seconde tentative pour devenir président de la République, sa vision des enjeux restait technosolutionniste, continuant à promouvoir « la croissance économique », sans laquelle les « mutations technologiques et les investissements nécessaires » à entreprendre ne seraient pas envisageables. L’avocate écologiste Corinne Lepage avait rejoint le MoDem de François Bayrou en 2007, avant de le quitter trois ans plus tard : « Je ne crois pas que des objectifs écologiques ambitieux soient sa priorité ». Et comme jamais deux sans trois : François Bayrou s’était présenté une nouvelle fois à l’élection présidentielle, en 2012. Il avait alors plaidé pour une « écologie positive ». En 2017, le MoDem est devenu un fidèle allié d Emmanuel Macron et François Bayrou a été nommé ministre de la Justice dès mai 2017.

François Bayrou s’est montré très bienveillant envers Marine Le Pen ces derniers temps. Il lui avait accordé son parrainage de maire lors de l’élection présidentielle de 2022, pour ne pas « exclure les principaux candidats ».

François Bayrou n’aime pas les malthusiens Lire la suite »

Démocratie ou dictature en temps de crises ?

La démocratie ? Le pire des systèmes, à l’exclusion de tous les autres. Ou, comme l’exprimait Winston Churchill : “La démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes”. Avec la libre confrontation des idées, il s’agit pour les sociétés humaines de sortir des relations de pouvoirs pour les remplacer par des relations de coopération. La dictature va à l’inverse. Il semble que ce système autoritaire est en expansion dans beaucoup de pays, en Argentine par exemple.

En Argentine, présenter le 19 novembre 2023 à la présidentielle le ministre de l’économie Sergio Massa était une provocation dans un pays où l’inflation était de 140 % et l’économie à l’arrêt. Les Argentins ont répondu : puisque vous nous présentez un bouffon incapable, nous allons élire un vrai clown ! Ils ont voté Javier Milei à 55,7 % des voix pour une distraction démagogique qui ne fera qu’amplifier les difficultés. Les éructations de ce type sont effarantes, la démocratie accouche d’un monstre. Javier Milei est le chantre d’un libéralisme radical et caricatural, qui compare la monnaie nationale à un « excrément », prône la suppression de la banque centrale, le remplacement du peso par le dollar et veut diminuer drastiquement la dépense publique grâce à un « plan tronçonneuse ». « Vive la liberté, bordel » est son slogan préféré. Voici quelques analyses :

Flora Genoux : « Il ne suffit pas de bien gérer, il faut mener une bataille culturelle pour faire en sorte que les gauchistes ne débarquent pas dans tous les sens », a intimé le président argentin, Javier Milei. Une lutte sur le plan des idées contre toutes les formes de progressisme. Elle vise les droits des femmes, l’écologie, les politiques de mémoire liées à la dictature, les droits sociaux. Autant de politiques associées au « socialisme », un mot brandi comme un épouvantail. Javier Milei est opposé à l’interruption volontaire de grossesse, pourtant légalisée en 2020. Sous l’impulsion de ce président climatosceptique, le ministère de l’environnement a été supprimé. Le gouvernement a fermé l’Institut national contre la discrimination, la xénophobie et le racisme Son pays est le seul à avoir voté contre une résolution défendant le droit des populations autochtones, le 11 novembre, à l’Organisation des Nations unies. Le président argentin s’inscrit dans un courant qui rassemble l’ancien chef d’Etat brésilien Jair Bolsonaro et Donald Trump

Angeline Montoya : La violence verbale continue d’être la marque de fabrique du président argentin Javier Milei. L’ancien ministre de la santé Gines Gonzalez Garcia, le lendemain même de sa mort, est traité de « méga fils de pute ». Ses adversaires ? Des « gauchistes de merde », des « orques ». Le Congrès ? « Un nid de rats immondes ». Les insultes homophobes ne manquent pas non plus. Le chef de l’Etat utilise presque sept fois par jour des insultes prises dans une liste de trente-deux telles que « gauchistes », « corrompus », « dégénérés », « voleurs », « malades »…  Les journalistes sont une de ses cibles préférées, on est avec lui ou contre lui. L’Observatoire de la liberté d’expression du Forum de journalisme argentin a recensé 167 attaques contre la liberté d’expression depuis le 1er janvier 2024, dont 29 % provenant du président Milei. Les attaques sont particulièrement brutales contre les journalistes femmes : « J’ai eu droit à onze tweets en un seul jour de la part du président », précise la journaliste Maria O’Donnell. Cette violence est démultipliée sur les réseaux sociaux. C’est là que Javier Milei – il compte 3,6 millions d’abonnés sur X, 5,8 millions sur Instagram – s’est fait connaître, grâce à ses attaques, ses insultes et ses punchlines reprises ad nauseam sur de courtes vidéos alimentant les algorithmes des plateformes. Une véritable « milice numérique ». L’équipe de communication du gouvernement externalise les tâches les plus sordides, dénonciation, harcèlement, persécution, en d’autres termes violence numérique.

Quelques commentaires

– Tout ceci n’est qu’une préparation à un état fasciste !

– N’oublions pas que la parole violente précède toujours l’action violente. 

– Quand l’électorat populaire courre à sa propre perte,

comme les chevaux courraient vers le sommet de la roche de Solutré.

– L’élire c’est jouir par procuration, c‘est le pouvoir cracher à la gueule des élites.

– L’anonymat des réseaux sociaux déchaîne les passions honteuses.

– La stratégie de l’insulte vise ici à remplacer la réflexion.

– Le côté réjouissant, c’est que les dictatures sont mortelles.

– La vie démocratique implique que l’on accepte le débat sans invective.

– Si on communique de l’amour l‘amour se répand…

si on communique du négatif, mal et malheurs prospèrent.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Démocratie ou dictature, les tendances actuelles

extraits : Aujourd’hui, nous constatons que les principaux éléments qui, dans l’histoire, caractérisent une séquence précédant un basculement autoritaire sont en place : perte de repères, brutalisation, contestation des institutions et des élites, crispations identitaires, manipulation du langage, etc. L’extrémisme identitaire (religieux, nationaliste ou ethnique) durcit une opposition entre « eux » et « nous » potentiellement explosive et contagieuse. Personne ne maîtrise plus vraiment de tels engrenages enclenchés ou nourris par des apprentis sorciers croyant pouvoir instrumentaliser des passions qui finissent souvent par les dévorer eux-mêmes….

Léviathan climatique, dictature supranationale

extraits : Le livre de Geoff Mann et Joel Wainwright, Climate Leviathan s’intéresse aux différents types de scénarios politiques susceptibles d’émerger en réponse aux crises écologiques. C’est Thomas Hobbes, comme le titre le suggère lui-même, qui se trouve au cœur du livre – le Léviathan. Hobbes observait une nation déchirée par la guerre civile anglaise et estima qu’il valait mieux renoncer à sa liberté sous l’autorité d’un souverain tout puissant plutôt que de vivre dans une tel contexte de brutalités. Les perturbations écologiques actuelles vont créer les conditions permettant à une nouvelle autorité souveraine de « prendre le commandement, déclarer l’état d’urgence, et mettre la Terre en ordre, tout cela au nom de la sauvegarde de la vie » – et cette fois-ci à l’échelle planétaire, et non plus nationale. En appelant à des accords lors des COPs de chaque année, nombreux sont les militants du climat à avoir légitimé le Léviathan climatique au lieu de le contester…..

Démocratie ou dictature en temps de crises ? Lire la suite »

Agribashing, ras-le-bol de l’écologie

L’ambiance change, le ras-le-bol contre l’écologisme se généralise. Nous avons rencontré hier un petit éleveur de volaille bio, il est considéré maintenant comme un méchant alors que son intention était l’inverse. Voici la synthèse d’un article du MONDE qui fait le point sur l’agribashing, une formule de manipulation qui a marché. Et bien sûr notre approfondissement sur ce blog biosphere.

Stéphane Foucart : Une centaine d’agriculteurs murent l’entrée de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), dont ils demandent la fermeture. Au même moment, d’autres font de même devant l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Dans un tweet stupéfiant, la ministre de l’agriculture, Annie Genevard, a apporté un soutien de fait à ces actions : « En manifestant tôt ce matin devant l’INRAE et l’ANSES, dans le calme et avant l’arrivée des salariés, les agriculteurs ont exprimé leurs attentes immenses vis-à-vis de la recherche et des scientifiques pour trouver des solutions aux défis gigantesques de notre agriculture. Je partage leur sentiment d’urgence face au changement climatique et à l’impérieuse nécessité de continuer à nourrir les Français avec le produit de nos fermes. »

Au lieu d’engager les transformations nécessaires du modèle agricole dominant, le pouvoir politique n’a eu de cesse de se défausser et de reporter la responsabilité des difficultés rencontrées sur des tiers. Qui montre-t-on du doigt ? L’Union européenne, les écologistes, la police de l’environnement, les « surtranspositions » de règles communautaires édictées par l’Anses, l’orientation des travaux de l’Inrae vers une agriculture « bio-bobo », etc. C’est le gouvernement d’Edouard Philippe qui a gravé dans le marbre, en octobre 2019, cette stratégie de la distraction en reprenant à son compte un concept forgé par les communicants de l’agro-industrie, l’« agribashing ». Ce terme et son utilisation abusive ont eu un effet performatif. Tout est devenu « agribashing ». Toute remise en question de certaines pratiques, le simple constat de leurs graves externalités comme la disparition des insectes, des oiseaux, des paysages, la contamination généralisée des ressources d’eau potable : tout est perçu comme une forme de dénigrement des agriculteurs. Ces discours sans cesse martelés maintiennent le monde agricole dans une posture d’éternelle victime des défenseurs de l’environnement, tout en occultant le fait que la technologie ne fera pas de miracles dans un monde au climat détraqué, où les pollinisateurs ont été décimés, où les sols, lessivés et contaminés, ont perdu leur fertilité et leur capacité à filtrer l’eau et où les épizooties, dopées par la perte de diversité génétique dans les élevages, sont vouées à se répéter.

Non seulement les normes protègent l’environnement et la santé (et d’abord celle des exploitants), mais elles sont l’unique argument pour s’opposer à un accord entre l’Union européenne et le Mercosur. Lorsque les normes auront disparu, plus rien ne s’opposera à un libre-échange débridé, et les agriculteurs réaliseront, mais un peu tard, qu’ils ont été trompés.

Le point de vue des écologistes

Un commentateur sur le monde.fr, Jessv, pose le problème de fond : « Les agriculteurs conventionnels attendent impatiemment le jour où un politique dira aux citoyens : « Nous allons rehausser les normes pour le bien être animal et l’élevage des poulets. Ceci aura plusieurs conséquences : nos exportateurs vont être en difficulté, car ils seront en concurrence avec des pays producteurs moins regardants qui exportent vers des pays consommateurs moins regardants. Pour les consommateurs sur le marché intérieur, le poulet va nettement augmenter car bien entendu nous allons interdire les importations des pays tiers ne respectant pas nos normes, y compris pour la fabrication des plats préparés. Certains consommateurs ne pourront plus se payer de poulet. Il leur faudra se rabattre vers d’autres sources de protéines, plutôt végétales, voire les insectes ». Voilà un vrai discours de politique qui assume ses choix. On attend toujours… »

Les menaces qui deviennent des réalités, réchauffement climatique, stress hydrique, stérilisation des sols, épuisement des ressources fossiles nous obligent à faire l’inverse des politiques précédentes : moins de libre-échange, moins d’agriculture productiviste, plus d’efforts, plus d’agent consacré à se nourrir, sobriété énergétique, limitation des besoins, etc. Ce n’est pas d’une transition écologique dont il s’agit, mais d’une rupture totale avec le système thermo-industriel.

Nos articles antérieurs sur le bashing

Eva Joly, bashing* ou chance pour la France ?

extraits : Le Eva bashing fait rage cette femme subit vacheries après vacheries lors de la présidentielle en 2012, sur son accent, sur ses lunettes, sur son origine… Cet ostracisme envers Eva Joly est en fait une manière de se venger des écologistes. Comme le discours de vertu de l’écologie paraît légitime, on le discrédite indirectement en raillant la personnes d’Eva. Une forme de racisme, de recherche du bouc émissaire pour se laver de ses propres péchés. Et puis il y a le défaut originel des médias, chercher la petite phrase qui va faire le buzz, cultiver l’insolence pour mieux cacher son propre côté ringard….

* Bashing, Expression anglaise venant du verbe « to bash » signifiant « frapper » ou « cogner ». Par exemple le Québec bashing est une attitude systématique de dénigrement du Québec.

HULOT-BASHING, une dure épreuve

extraits : On m’a reproché beaucoup de choses, d’avoir conseillé à Jacques Chirac de constitutionnaliser la Charte de l’environnement, d’avoir poussé Nicolas Sarkozy à engager le Grenelle de l’environnement, d’avoir été pendant trois ans l’envoyé spécial de François Hollande pour la planète, d’avoir piloté des émissions grand public tournées vers l’amour de la nature et la considération des sociétés premières, d’avoir tenté de sensibiliser de grandes entreprises à agir pour l’écologie, d’avoir affirmé que l’écologie n’était ni à droite ni à gauche, mais bien au-delà, d’avoir rencontré Bayrou, le pape François… ou Macron. Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage ! Je suis sidéré par la violence étalée sans vergogne…. 

Agribashing et retour à la paysannerie

extraits : « Agribashing » , le mot n’est pas vieux, deux ans à peine, une mise en cause massive et généralisée qui revient à contester en bloc les pratiques agricoles, l’utilité sociale des agricultures et jusqu’à leur existence agro-industrielle. Car disons-le tout net, l’agriculture industrielle est devenue démentielle… Mais comment faire passer en quelques années seulement la population active agricole de 2 % comme actuellement à 36% comme cela était en 1946 ? Tel est le dilemme posé par la conversion écologique et le retour à une paysannerie de polyculture….

Nos articles antérieurs sur la paysannerie

9 février 2016, pour un retour des paysans contre l’agriculture industrielle

15 mars 2014, semences paysannes contre marchandisation de la vie

26 janvier 2013, Un modèle pour l’écologiste, le paysan Paul Bedel

24 novembre 2012, Paul Bedel, Testament d’un paysan en voie de disparition

22 août 2009, tous paysans en 2050

25 mars 2009, le retour des paysans

9 octobre 2008, paysans de tous les pays, unissez-vous

Agribashing, ras-le-bol de l’écologie Lire la suite »

du fascisme au sens classique à l’écofascisme

Selon Stéphane Foucart, « Tout semble en place pour une réinvention du fascisme autour de la question environnementale ».

Stéphane Foucart : Donald Trump a fait campagne avec des vidéos proclamant la venue d’un « Reich unifié », il a promis qu’il conduirait des « déportations de masse », comparé les immigrants à une « vermine » qui « empoisonne le sang des Etats-Unis », déclaré qu’il suffisait qu’il remporte le scrutin pour que les citoyens américains n’aient plus à voter dans l’avenir, etc. Le fascisme est de retour en Occident. Par nature, il est « flou » car il n’est pas adossé à une doctrine ; il fait plutôt office de véhicule pour un ensemble d’archétypes :  nationalisme et xénophobie, virilisme, irrationalisme et anti-intellectualisme, destruction de la complexité de la langue, instrumentalisation de la frustration des classes moyennes, etc. Un autre marqueur pourrait y être ajouté aujourd’hui : la guerre à outrance à l’environnement et aux défenseurs de l’environnement.

Contrairement aux fascismes européens du début du XXe siècle, qui prospéraient sur un Etat fort et valorisaient le terroir, le paysage et la nature comme des éléments précieux de l’identité nationale, les fascismes émergents sont devenus les compagnons d’une idéologie libertarienne qui prône le démantèlement de l’Etat, la dérégulation totale de l’activité industrielle, et la poursuite sans entraves de la destruction de la nature et du climat. C’est aujourd’hui ce qui rassemble le plus sûrement toutes les droites extrêmes, de Donald Trump à Javier Milei en passant par Jair Bolsonaro et Marine Le Pen. Les contradictions internes ne sont pas un problème puisque le chef a accès à une forme de vérité supérieure qui surplombe toute logique. On peut « restaurer la domination énergétique des Etats-Unis » (Lee Zeldin, futur ministre américain de l’environnement) – c’est-à-dire pomper tous les hydrocarbures possibles – tout en garantissant « l’air et l’eau les plus propres sur la planète », comme l’a promis Donald Trump.

Le point de vue des écologistes circonspects

Très bonne analyse de l’arrivée au pouvoir de partis populistes dont les dirigeants se réclament les représentants du « peuple ». Un « peuple » adhérant à une seule vision du monde qui exclut tous ceux qui adhèrent à une religion différente, ce qui permet d’en chasser tous ceux qui ne se conforment pas à leur modèle. L’essentiel est là, le chef est tout, il est à la fois le peuple et la direction messianique qu’il peut donner à ses fantasmes. Par la grâce de boucs émissaires (les immigrés, les bobos écolos, les Palestiniens pour les Israéliens, les Ukrainiens pour Poutine, les Américains great again contre le reste du monde, NOUS contre EUX… ), il devient possible de réclamer à des populations qu’elles consentent à affronter un ennemi unilatéralement désigné par un dirigeant. C’est un élément de cohésion et de mobilisation pour aller même jusqu’à mourir pour le leader bien aimé.

Mais il y a aussi une autre interprétation de notre avenir fascisant, un totalitarisme qui prend le pouvoir au nom de l’environnement, un « fascisme vert » ou écofascisme. Avec l’imminence de l’apocalypse climatique et/ou énergétique, une élite politique prendrait toutes les mesures nécessaires pour y faire face : rationnement de l’essence et contrôle de nos déplacements, consommation limitée à ce qu’il est juste nécessaire, réduction drastique de l’inégalité des revenus, limitation de notre hubris technologique, fin du tourisme, modèle d’un seul enfant par femme car la nature est détruite par la surpopulation, etc. Cela peut sembler actuellement inconcevable, mais il peut arriver un moment où une planète en surchauffe nous amène à accepter une restriction totale de nos libertés. Mais là, il ne s’agit plus de « fascisme » au sens des pratiques de l’extrême droite…

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Néo-malthusianisme contre écofascisme (2023)

extraits : Pierre Madelin dans son dernier livre, «  la tentation écofasciste (écologie et extrême droite) » fait le tri entre les fachos fréquentables… ou non.Trop souvent aujourd’hui, les recherches ou les articles consacrés à l’éco-fascisme ont tendance à assimiler deux sensibilités qui se sont souvent rencontrées mais qui demeurent pourtant irréductibles l’une à l’autre. Pour le dire simplement, si les éco-fascismes attirent presque toujours l’attention sur la surpopulation, les néo-malthusiens ou les écologistes sensibles à la question démographique ne sont en revanche pas tous, loin s’en faut, disposés à adopter une conception racialisée des populations considérées comme « surnuméraires », ni à prôner des mesures autoritaires pour réduire la population mondiale….

Tout peut changer. Capitalisme & changement climatique (2015)

extraits : Naomi Klein souligne un risque réel, l’émergence d’un fascisme d’Etat : « Il y a une vraie menace de voir la situation se dégrader à un tel degré que cela entraînerait des solutions imposées par l’État de manière autoritaire, sous forme de mesures d’urgence. La fenêtre temporelle est étroite pour traiter le problème du réchauffement de façon démocratique. » Or les dictatures sont très fortes pour éviter de traiter l’urgence écologique : on préfère faire la chasse à des boucs émissaires, la dictature des autres, le terrorisme international, la montée du fondamentalisme religieux, la horde des immigrés, etc….

démocratie et risque d’écofascisme (2011)

extraits : La démocratie est d’autant plus mal partie que les contraintes écologiques croissantes risquent fort de nous faire basculer dans un totalitarisme oligarchique. La puissance industrielle prive l’homme non seulement de nature, mais aussi de liberté. Car plus la puissance grandit, plus l’ordre doit être strict. Comme l’exprimait Bernard Charbonneau en 1980, « L’écofascisme a l’avenir pour lui, et il pourrait être aussi bien le fait d’un régime totalitaire de gauche que de droite sous la pression de la nécessité. En effet, les gouvernements seront de plus en plus contraints d’agir pour gérer des ressources et un espace qui se raréfient. Déjà commence à se tisser ce filet de règlements assortis d’amendes et de prison qui protégera la nature contre son exploitation incontrôlée. » Que faire d’autre ?

du fascisme au sens classique à l’écofascisme Lire la suite »

Nominations en Amérique, c’est du Trump craché

A quoi s’attendre avec Trump ? Pas de surprise, ce sera « l’Amérique d’abord », peu importe les autres pays, le réchauffement climatique, les normes environnementales, le respect des personnes.

– La COP29 se lance lestée d’un boulet qui l’accompagnera tout au long des négociations. Les Etats-Unis, contributeurs à hauteur de 11 milliards de dollars de financements climatiques, seront à nouveau dirigés, à partir de janvier 2025, par Donald Trump, qui a plusieurs fois répété sa volonté de faire sortir le pays de l’accord de Paris. John Podesta, l’émissaire américain de Joe Biden à Bakou : « Il est clair que la prochaine administration va vouloir prendre un virage à 180 degrés. Je suis parfaitement conscient de la déception que peuvent éprouver les parties de la COP à l’égard des Etats-Unis. (…) Mais c’est la démocratie ».

– Donald Trump : « Le Grand Elon Musk, en collaboration avec le patriote américain Vivek Ramaswamy, dirigera le Département de l’efficacité gouvernementale (« DOGE »). Ensemble, ces deux merveilleux Américains ouvriront la voie à mon administration pour démanteler la bureaucratie gouvernementale, réduire les réglementations excessives, réduire les dépenses inutiles et restructurer les agences fédérales – essentielles au mouvement “Sauver l’Amérique”. Un gouvernement plus petit, plus efficace et moins bureaucratique sera le cadeau parfait à offrir à l’Amérique à l’occasion du 250e anniversaire de la déclaration d’indépendance ». Elon Musk : « Cela va envoyer une onde de choc dans le système et à toute personne impliquée dans le gaspillage gouvernemental, ce qui représente un grand nombre de personnes ! ». Vivek Ramaswamy a renchéri sur X : « On ne va pas y aller en douceur ».

– Donald Trump veut aussi démanteler le ministère fédéral de l’éducation. « Nous allons assécher le marais de l’éducation publique et mettre un terme à l’utilisation abusive de l’argent des contribuables pour endoctriner la jeunesse américaine ».

– L’EPA, l’agence de protection de l’environnement est confiée à Lee Zeldin. Sa priorité serait de « libérer la prospérité économique par le biais de l’EPA » et de poursuivre la « domination énergétique » des Etats-Unis. Donald Trump : « L’aile gauche de ce pays a défendu des contraintes par voie réglementaire qui finissent par mettre les entreprises dans la mauvaise direction ».

– La priorité de Donald Trump reste de mettre en œuvre sa promesse : « La plus grande opération d’expulsions de l’histoire. » Donald Trump a confirmé la désignation de Tom Homan comme responsable des frontières. Ancien directeur de l’agence fédérale de contrôle de l’immigration (ICE), il n’aura pas besoin de la confirmation du Sénat pour occuper ce poste rattaché à l’exécutif. On estime à environ 12 millions le nombre de clandestins aux Etats-Unis ; Donald Trump s’est déchaîné à plusieurs reprises contre les migrants clandestins, qui, selon lui, « empoisonnent le sang » de son pays.

– En choisissant Elise Stefanik comme ambassadrice américaine auprès des Nations unies (ONU), Donald Trump adresse un double message. Il confirme sa détestation des enceintes multilatérales, l’élue de New York étant une critique féroce de l’ONU. Avec elle, Donald Trump promeut une avocate passionnée par Israël ; Elle avait accusé l’ONU de « croupir dans l’antisémitisme ». Dépourvue de toute expérience en politique étrangère, la quadragénaire a appelé de ses vœux une révision de la contribution financière américaine. Donald Trump : « Elise est une combattante de l’Amérique d’abord, incroyablement forte, tenace et intelligente ».

en savoir plus grâce à notre blog biosphere

Alléluia… TRUMP président… Ainsi soit-il

extraits : Alléluia ! Tous les problème du monde vont être résolus. Emmanuel Macron félicite Donald Trump et se dit « prêt à travailler » avec lui. Une poignée de main avec Poutine, et l’Ukraine n’existera plus. Netanyahou les mains libres, toute la Palestine sera enfin juive. Les Latinos-américains n’oseront plus rentrer aux USA, le mur sera infranchissable. Plus du tout d’inflation, encore moins de chômage, la présidence y veillera. Par la grâce d’un seul homme, envoyé divin, la paix régnera sur Terre et dans les Airs. Le réchauffement climatique n’existe pas et la biodiversité se porte comme un charme. Ainsi soit-il, les Américains l’ont voulu, ils l’ont bien profond, et le monde aussi….

Nominations en Amérique, c’est du Trump craché Lire la suite »

Marxisme, écologisme et décroissance

Kohei Saito vient de publier en France « Moins ! La décroissance est une philosophie« .

En 2020, en pleine pandémie, Kohei Saito écoulait au Japon 500 000 exemplaires de Hitoshinsei no ‘Shihonron’ (qu’on peut traduire par « Le Capital dans l’Anthropocène »), un plaidoyer pour un « communisme décroissant ». Il pense que la guerre que l’on fait à la Terre doit mobiliser. Mais il s’appuie sur un marxisme qui n’est pas celui de la dictature du prolétariat, seulement sur quelques notes disparates de Marx à la fin de sa vie. Le marxisme est dépassé et nous n’avons pas encore rencontré de discours référentiel communément admis qui permette de dépasser les errements du capitalisme.

Kohei Saito (LE MONDE) : « En 2011, l’année de la catastrophe nucléaire, j’ai compris que Fukushima produisait de l’électricité pour Tokyo et que les habitants pauvres de cette ville côtière assumaient les risques pour les populations privilégiés des centres urbains. La périphérie, qu’elle soit rurale ou coloniale, soutient l’approvisionnement et l’enrichissement du centre. C’est le moment où j’ai éprouvé les limites de mon optimisme technologique.

j’ai alors commencé à mener une lecture plus critique de Marx, qui assurait que le déploiement des forces productives, fondé sur la domination de la nature, conduirait à l’émancipation de l’humanité. Mais à la fin de sa vie, Marx portait son attention sur les sols épuisés, l’extinction des espèces et la déforestation, il lisait les travaux de scientifiques sur l’agriculture spoliatrice et sa confiance dans la technologie et les forces de production était bien moins flamboyante qu’au début. Le capitalisme n’était plus considéré uniquement comme un pas vers le communisme, mais davantage comme la destruction de la force vitale de la nature.

Le retour vers la « nature » et la volonté de fédérer des communes rurales autogérées est intéressant, mais apparaît limité dans un monde majoritairement urbain. Nous devons penser la décroissance à l’échelle des grandes villes comme Barcelone et Paris où l’on commence à réguler Airbnb et à pratiquer l’économie circulaire. Si 3,5 % de la population se mobilise pour entrer dans une société post-capitaliste et décarbonée, par des manifestations ou la création de coopératives citoyennes, il ne serait pas impossible d’y arriver. C’est ce qui me rend optimiste, d’autant qu’une jeunesse mondiale comprend que tout est lié… »

Kohei Saito (philonomist) : « Je ne crois pas qu’on devrait abandonner les villes, retourner à la nature. C’est un truc de décroissants que je n’aime pas. Oui, certains peuvent vouloir déménager à la campagne ou autre… mais j’imagine mal que tout le monde puisse aspirer à cela. 1 % de la population peut bien faire ça, cela ne changera rien si 99 % des gens continuent leur vie exactement pareil : c’est inefficace. Les décroissants qui vont vivre à la montagne vivent et meurent dans leur coin. Je pense qu’il faut changer les grandes villes. C’est là qu’habite la majorité des habitants des pays développés, qui sont aussi ceux qui polluent le plus… »

Le point de vue des écologiste post-marxistes

Pelta : J’ai l’impression que j’aurai pu écrire ce texte lorsque j’avais 20 ans et que le communisme tout comme le marxisme me semblait un idéal de société. Et puis j’ai vécu un peu. J’ai constaté que la seule chose qui fait le ciment de humanité c’est la propriété et non le bien commun. Le bien commun personne ne s’en sent responsable. Et c’est valable a tous les niveaux, du vélo commun qu’il faut sans cesse réparer car personne n’en a pris soin, aux copropriétés dont les parties communes n’ont souvent rien à voir par rapport aux parties privatives, des trottoirs qui sont jonchés d’excrément, etc. Pensez que l’on peut vivre dans le bien commun n’est parfois le réalisé que dans de toutes petites communautés.

Savinien : Plus d’un siècle d’errances et d’échecs économiques et politiques n’ont manifestement pas suffi pour démontrer que le marxisme, s’il a marqué une avancée fondamentale de la pensée en apportant des concepts dont il serait difficile de se passer aujourd’hui, est en termes d’idéologie autant voué à l’échec que le “laisser faire, laisser aller” des premiers libéraux. C’est illusoire de croire qu’on pourra sauver la planète sans remettre en cause un certain nombre de choix de mondialisation liés à des théories ricardiennes du libre-échange qui n’ont jamais été démontrées et conduisant à des externalités insupportables.

Jacques Py : Marx nous aura laissé d’abord une méthode de penser dite pompeusement matérialisme historique. Ce que vous vivez détermine votre pensée, la réalité des choses vous préexiste, c’est à partir d’elle que tout doit se concevoir, l’économique est premier. Historique au sens que tout est d’abord un processus et que c’est lui qui doit organiser votre réflexion: ne pas penser un objet isolé, mais ce qui l’a fait naître, les causes, et vers où il va, quelle finalité. Son second apport fut de théoriser le plus implacablement ce régime Capitaliste qui est devenu notre univers étroit de vie. Nous vivons un monde dominé par la logique d’un toujours plus de richesses, de compétition, un monde de technologie pour le profit, un monde où l’individu n’est plus qu’agent économique. Tout est soumis à cette impératif, qui détruit la Planète et nous asservit à ses buts, en réduisant notre humanité à ses objectifs. Le Marx politique n’a plus aucune intérêt.

Jean Rouergue : A t’on besoin d’avoir lu tout Marx, tout Engels ou tout Ankhamon…(tant qu’on y est !!) ? pour voir la biodiversité dégringoler, l’appauvrissement de pays entiers et l’écroulement de quelques unes de nos fiertés comme l’école, la santé, nos services publics … a t’on besoin, comme certains de toujours invoquer les khmers rouges pour déconsidérer une idée ou défendre notre président qui peine à réarmer le pays, à se réarmer lui même ?… Certains ressassent toujours les mêmes arguments, sont-ils restés à l’heure de Pétain ? Le changement horaire ne les aurait-il pas secoués ?…

Khee Nok : Kohei Saito a l’air de rejeter la violence qui est pourtant explicite dans le marxisme (la dictature du prolétariat c’est bien une dictature, pas une soirée de gala). Quant au Marx écolo, j’aimerais voir les références. L’épuisement des ressources naturelles, sous l’effet conjugué de l’explosion démographique et de la société de consommation, n’était pas encore à l’époque le sujet numéro 1, si ce n’est via la conception malthusienne (rejetée par Marx).

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Libéralisme, marxisme et écologisme

extraits : Marx pense que le capitalisme ( comme le socialisme) doit accroître l’emprise de l’homme sur la nature : « La patrie du capital ne se trouve pas sous le climat des tropiques, au milieu d’une végétation tempérée. Et ce n’est pas la fertilité absolue du sol, mais plutôt la diversité de sa composition géologique et la variété de ses produits naturels qui forment la base naturelle de la division sociale du travail et qui incitent l’homme à multiplier ses besoins, ses moyens et modes de travail ». La contrainte naturelle est même sensée perdre en intensité à mesure que l’industrie se développe. En d’autres termes, l’homme reste toujours maître de la nature. Il n’y a pas dans l’analyse de Marx l’idée que le capitalisme va dépérir parce qu’il exploite de façon outrancière les ressources de la nature…

Infrastructure matérielle au sens marxiste… et écolo

extraits : Pour K.Marx, les forces motrices de l’histoire sont à chercher dans l’organisation « matérielle » des sociétés : « Dans la production sociale de l’existence, les hommes nouent des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté ; ces rapports de production correspondent à un degré donné du développement de leurs forces productives matérielles. » (K.Marx, critique de l’économie politique, 1859)

En fait, la vision de Marx est anthropocentrique, ne considérant que les rapports sociaux et non les conditions véritablement matérielles de l’existence, c’est-à-dire les rapports conflictuels de l’Homme et de la Nature. Il faut attendre l’année 1971 qui marque un véritable tournant analytique. C’est Howard Odum (Environment, power, and society, 1971) qui fait observer que dans la combinaison « homme, esprit, énergie », c’est la source d’énergie et non l’inspiration humaine que, en dernière analyse, fixe les limites du progrès humain…

L’écologisme comme successeur « naturel » du marxisme

extraits : Pour Karl Marx, ce ne sont pas les idées qui changent le monde, c’est l’état de l’infrastructure matérielle. Sauf qu’il considérait seulement le facteur capital et le facteur travail, l’exploitation des travailleurs dans le système de production. A son époque, bercée par l’industrialisme naissant, la nature était encore considérée comme généreuse, aux ressources illimitées ; le facteur Terre n’entrait pas en ligne de compte. Aujourd’hui c’est la planète qui est surexploitée. Nous considérons que le nouveau grand récit en train de se concrétiser résulte de l’allié principal des écologistes, l’état de la planète. Celle-ci ne négocie pas et se fout complètement du sens que les humains veulent donner à leur existence. Mais ses paramètres biophysiques sont indispensables au bon fonctionnement du système socio-économique humain….

Marxisme, écologisme et décroissance Lire la suite »

Le populisme contre l’État de droit

L’Etat de droit est le fruit de la réflexion des plus grands philosophes, comme John Locke (1632-1704), Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) ou Charles de Montesquieu (1689-1755). Ce principe, qui fonde les démocraties libérales, est pourtant de plus en plus attaqué, notamment par une partie de la droite et de l’extrême droite. Ainsi, le nouveau ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, issu de l’aile la plus conservatrice des Républicains, a affirmé que l’État de droit n’était « ni sacré ni intangible ».

Certes l’État de droit n’est pas une conception figée. Elle évolue parallèlement aux sociétés, dans un processus « d’élargissement et d’approfondissement ». Mais les contempteurs de l’État de droit voient en lui un obstacle à l’expression de la « souveraineté populaire ». Revendication qui laisse grande la montée de régimes totalitaires au nom du populisme, de la « souveraineté populaire ».

Abel Mestre : L’Etat de droit est « un Etat qui, dans ses rapports avec ses sujets et pour la garantie de leur statut individuel, se soumet lui-même à un régime de droit, et cela en tant qu’il enchaîne son action sur eux par des règles, dont les unes déterminent les droits réservés aux citoyens, dont les autres fixent par avance les voies et moyens qui pourront être employés en vue de réaliser les buts étatiques. »

Le point de vue des écologistes juristes

Un État limité par la règle de droit qu’il doit respecter et qui sache faire respecter celle-ci par tous, voilà une juste définition quand on se souvient de ce qu’il est advenu aux nations où un pouvoir dictatorial a instauré l’État totalitaire.

D’un côté il y a l’état de droit, de l’autre, la loi du plus fort. Poutine avec l’invasion de l’Ukraine, Trump avec l’assaut du Capitole en 2021, Netayahou avec l’interdiction récente de l’UNRWA (l’ONU) de secourir en Palestine sont des exemples frappants de mesures dictatoriales contre l’État de droit, même si elles sont apparemment validées par un vote des électeurs sous influence. On ne peut pas faire confiance à un peuple qui laisse tout pouvoir a des populistes qui flattent l’électorat dans le sens du poil. Seule la séparation des pouvoirs judiciaires et politiques permet un contre-poids à l’autoritarisme.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

La démocratie prend un mauvais tournant

extraits : Hommage à la démocratie : en 2024, près de la moitié des adultes de la planète sont appelés à voter. Honte à la démocratie dont l’Inde de Narendra Modi, la Russie de Vladimir Poutine ou l’Iran d’Ebrahim Raïssi ne conservent que les oripeaux. Aucun pays n’est à l’abri, prenons la Grèce. Le 7 février 2024, le Parlement européen a adopté une résolution exprimant « sa profonde inquiétude concernant les menaces très graves qui pèsent sur la démocratie en Grèce ». Espionnage illégal à grande échelle, dégradation de la liberté de la presse, recours excessif à la force par les services de police à l’encontre de groupes minoritaires et de manifestants pacifiques… Prenons la démocratie américaine, gangrenée par l’argent et le trumpisme… Prenons Israël, un ethno-Etat qui ne traite pas tous ses citoyens de la même façon… Prenons le Pakistan, aux élections entravées….

L’écologisme contre le populisme, qui va gagner ?

extraits : Le populisme et l’écologisme sont deux axes de la pensée humaine incompatibles, si ce n’est complètement opposés. Le mouvement des « Gilets jaunes » en est un exemple frappant : mieux vaut épuiser le pétrole qu’accepter une taxe carbone. Le populisme n’a pas de contenu programmatique spécifique, il s’agit de revendication diverses, pour le pouvoir d’achat et pour l’emploi, contre les immigrés, contre les élites, contre le « pouvoir ». Le populisme est en fait l’art de se servir des sentiments du peuple pour prendre le pouvoir, et de manière annexe le lui confisquer. En effet la colère est mauvaise conseillère, elle fait le jeu de quelques leaders autoproclamés.

Extrême droite et ultragauche se rejoignent. « Contre la droite du fric, la gauche du fric, je suis la candidate de la France du peuple », affirmait Marine Le Pen lors du lancement de sa campagne présidentielle de 2017. L’affiche électorale de Jean-Luc Mélenchon était du même tonneau : un portrait de lui-même surmonté du slogan « La force du peuple ». Ils disent qu’ils sont à l’écoute du peuple, ils vont le faire parler par l’intermédiaire d’un référendum ou de la démocratie participative, ils en reviennent toujours à leur point de départ, la voix du peuple s’expriment par leur propre bouche….

Pourquoi l’inéluctable montée des populismes ?

L’ère des Lumières pourrait s’achever avec les guerres du climat au XXIe siècle. Il se pourrait qu’un jour le modèle tout entier de la société occidentale, avec toutes ses conquêtes en matière de démocratie, de libertés, de tolérance, de créations artistiques, apparaisse aux yeux d’un historien du XXIIe siècle comme un vestige incongru. Comme les ressources vitales s’épuisent, il y aura de plus en plus d’hommes qui disposeront de moins en moins de bases pour assurer leur survie. Il est évident que cela entraînera des conflits violents entre ceux qui prétendent boire à la même source en train de se tarir… Des processus sociaux comme l’holocauste ne doivent pas être compris comme une « rupture de civilisation » ou une « rechute dans la barbarie », mais comme la conséquence logique de tentatives modernes pour établir l’ordre et résoudre les problèmes majeurs ressentis par des sociétés.

notre texte le plus ancien sur le populisme

24.06.2005 La démocratie en panne

Bien plus que le vote, la démocratie, c’est aussi la reconnaissance des droits d’information et d’expression, la séparation des pouvoir ; bien plus que ces principes généraux, la démocratie c’est surtout l’existence de citoyens qui agissent en toute connaissance de cause et au mieux de l’intérêt de tous. Autant dire que la démocratie peut se fourvoyer par manque de clairvoyance ! Ainsi une procédure de démocratie directe comme le référendum, très chouette en apparence, est toujours interdite par la Constitution allemande à cause de la montée du nazisme. Quand les boussoles sont affolées, quand la démagogie s’allie au populisme, l’expérience historique montre que la démocratie a peu de chances d’aboutir à de bons résultats : ainsi s’explique pour partie le Non au projet de Traité constitutionnel européen, ainsi s’explique complètement la cécité humaine en matière de pénurie énergétique à venir.

Le populisme contre l’État de droit Lire la suite »

« Make America Great Again » a gagné/perdu

A chacun de ses meetings, le discours de Donald Trump s’achevait en 2016 par la formule : « Make America Great Again ». Abrégé en 2024 par MAGA, en français« Rendre sa grandeur à l’Amérique », ce n’est pas un slogan nouveau. Son inventeur est Ronald Reagan, lors de l’élection présidentielle de 1980. Le démocrate Bill Clinton utilise à son tour le slogan lors de l’annonce de sa candidature aux primaires démocrates en vue de l’élection présidentielle de 1992, indiquant « I believe that together we can make America great again » Cela plaît au grand public qui ne voit pas beaucoup plus loin que le bout de son nez. Le populisme se reconnaît à ses simplismes, mais la réalité est toujours plus complexe qu’un slogan.

Devant le Congrès des Etats-Unis, Emmanuel Macron avait plaidé le 25 avril 2018 pour l’environnement avec cette formule « Make our Planet Great Again », réponse à la décision de Donald Trump le 1er juin 2017 de retirer les États-Unis de l’accord de Paris. On sait ce que Macron a fait de cet idéal, rien du tout, que ce soit au niveau national ou international. Les slogans ne convainquent que ceux qui les écoutent.

Nous sommes aujourd’hui confrontés à des guerres, des épidémies, des famines, un réchauffement climatique, l’extinction des espèces, la raréfaction des ressources fossiles, l’épuisement des ressources halieutique, les stress hydriques et j’en passe. On ne peut s’en sortir que de façon concertée entre partis différents dans chaque pays et au niveau international entre systèmes politiques différents. C’est donc carrément impossible et les échecs renouvelés des conférences internationales sur le climat, la biodiversité ou la désertification des sols montre que nous sommes complètement aveuglés par le prisme de l’intérêt national. Qui applaudit à la victoire du « Make America Great Again » va à l’encontre de l’intérêt des générations futures et même de son propre intérêt.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

janvier 2017, Trump Obama, même ligne politique, américano-centrée

extraits : Lors de son discours d’investiture le vendredi 20 janvier 2017, Donald Trump s’exclamait : « A compter de ce jour, il n’y aura plus que l’Amérique d’abord, l’Amérique d’abord. Toute décision concernant le commerce, les impôts, l’immigration, les affaires étrangères, devra profiter aux travailleurs américains et aux familles américaines. »

Lors de son discours d’investiture le 20 janvier 2009, Barack Obama posait deux conditions au changement :  « Faire redémarrer la croissance, construire routes et ponts… » et « Nous n’allons pas nous excuser pour notre mode de vie, nous le défendrons sans relâche ». Le président George H. W. Bush père prévenait déjà la planète que « le mode de vie des Américains n’est pas négociable ». Autant dire que Trump, Obama ou Bush ont le même discours, qu’ils soient démocrates ou républicains : « Les Américains d’abord »….

octobre 2009, Obama, en liberté conditionnelle

extraits : Le jury Nobel (de la paix) attend beaucoup d’Obama, le monde entier attend beaucoup d’Obama, nous attendrons en vain.Le nouveau président des Etats-Unis avait dit lors de son discours d’investiture : «  La façon dont nous consommons l’énergie menace notre planète », «  Nous allons lutter contre ce fléau qu’est le réchauffement de la planète », « Nous ne pouvons pas consommer sans réfléchir les ressources du monde ». Cela n’était qu’un recueil de bonnes intentions qui n’engagent personne. Et d’ailleurs, le président Obama avait posé deux conditions au changement qui ne peuvent que l’empêcher de finaliser ses intentions :  « Faire redémarrer la croissance, construire routes et ponts… » et « Nous n’allons pas nous excuser pour notre mode de vie, nous le défendrons sans relâche ». Or la paix du monde nécessite une baisse du niveau de vie américain….

Quelques commentaires perspicaces sur lemonde.fr

Edge : Les USA ont toujours regardé le monde au seul prisme de leurs intérêts nationaux, comme le font d’ailleurs tous les autres pays. Pour certains présidents, cela passait par l’ouverture et la coopération. Pour d’autre, et Trump en est un cas extrême, cela passe par l’isolationnisme et l’absence de multilatéralisme. Quelle que soit la méthode, les objectifs reposent sur les intérêts nationaux. La particularité de Trump est qu’il ne défend pas les intérêts nationaux mais ses intérêts personnels ; et dans son esprit il s’agit en fait de la même chose. Ceci est tout à fait clair au regard de sa première présidence (détournement du ministère de la justice utilisé comme son cabinet d’avocats personnel, interminable liste de conflits d’intérêts et opérations douteuses comme celles avec les Saoudiens, le népotisme…) et de ses déclarations plus récentes.

Kami : Aucun commentaire ne devrait oublier le danger le plus important, l’avenir de notre vie sur terre. En bon climato-sceptique, Trump et ses partisans se contrefoutent de l’environnement, de la biodiversité, du changement climatique. Ils sont partisans du droit à polluer toujours plus avec de moins en moins de retenue. Ils nous condamnent collectivement à plus ou moins long terme et l’assument dans un cynisme déconcertant. Les libertariens et autres complotistes américains sont à l’offensive pour détruire toute forme de collectif ou de contre pouvoir à leurs délires égotistes. Paradoxalement, les classes populaires sont les plus attirés par ces discours simplistes dont ils ne profiteront jamais.

Saint-Ex : L’Europe, invitée à prendre son indépendance des États-Unis, pourra alors chercher son autonomie. Il faut voir l’isolationnisme américain comme une opportunité. Tout en étant conscient que l’écologisme n’est plus un objectif partagé pour les populations mondiales.

Pr@guematique : C’est la revanche des cerveaux lents ! Comme leur nombre est en progression partout à cause de la tiktokisation des cerveaux, on va vers une Trumpisation de toute l’Europe !!!

Ophelie : Les progressistes, les Terriens qui croient aux sciences et aux libertés publiques, sont extrêmement minoritaires sur cette planète où les conservateurs règnent partout. Et les positions LFI mettant sur un même plan Kamala Harris et Trump n’en sont que la plus parfaite démonstration.

Pat Cartier : Nous vivons une époque intéressante. Le temps n’est plus aux lamentations, soyons optimistes. L’unité des droites américaines ne tient que par Trump, qui exerce un pouvoir de nature impériale sur ces diverses factions, des plus obscurantistes (Kennedy) aux plus débiles (Alex Jones). Il a 78 ans, le Donald : il va certes échapper à la prison, ce qui est une injustice majeure, mais il n’échappera pas à l’Ephad. Ses successeurs inévitablement disperseront l’empire façon confetti. Pour le plus grand malheur de ses électeurs croyants et/ou prolos, savourant aujourd’hui une victoire éphémère qui ne peut que leur être confisquée et leur nuire au bout du compte.

« Make America Great Again » a gagné/perdu Lire la suite »

Alléluia… TRUMP président… Ainsi soit-il

Alléluia ! Tous les problème du monde vont être résolus. Emmanuel Macron félicite Donald Trump et se dit « prêt à travailler » avec lui. Une poignée de main avec Poutine, et l’Ukraine n’existera plus. Netanyahou les mains libres, toute la Palestine sera enfin juive. Les Latinos-américains n’oseront plus rentrer aux USA, le mur sera infranchissable. Plus du tout d’inflation, encore moins de chômage, la présidence y veillera. Par la grâce d’un seul homme, envoyé divin, la paix régnera sur Terre et dans les Airs. Le réchauffement climatique n’existe pas et la biodiversité se porte comme un charme.

Ainsi soit-il, les Américains l’ont voulu, ils l’ont bien profond, et le monde aussi.

Pour en savoir plus, nos article antérieurs, rien de nouveau sous le soleil.

Ne nous TRUMPons pas, nous l’avons bien cherché

extraits : Donald Trump prendra officiellement ses fonctions le 20 janvier 2017. Pas de quoi trumpeter pour les écolos. Mais ne nous TRUMPons pas, nous l’avons bien cherché, c’est ce que les États-Unis attendaient. Il n’y a rien à dire sauf à contester une forme de démocratie élective. Si le peuple adule les trump-la-mort, qu’y faire ? Pourtant cette victoire en trump-l’oeil annonce des lendemains qui déchantent. Ce n’est pas une petite trumpette que nous allons faire avec la montée des eaux causés par le réchauffement climatique, ce sera le grand bain pour plusieurs générations. Les climatosceptiques ont gagné, les populistes bateleurs et menteurs sont avec eux. Même si en français nous n’avons pas de mot en « trump », il y a de fortes chances que le trumpisme devienne un mot courant. L’écologie va faire encore plus de trumpoline que précédemment, un vrai trumplin vers la catastrophe écologique.Voici ce que pense avec trumptitude Agnès Sinaï, une spécialiste de l’anthropocène, de la situation écolo-politique à venir …

Donald Trump, narcissique et psychopathe

Voici comment on pourrait analyser le tempérament de Donald Trump : C’est une personnalité narcissique, plus exactement un « narcissisme malfaisant ». Le narcissique est intolérant aux critiques et se montre virulent lorsqu’on lui fait des remarques. Trump a pris très souvent des décisions de manière impulsive, sans se soucier de leurs conséquences. Il fonctionne en permanence avec des rapports de force et il valorise l’action autoritaire. C’est aussi un psychopathe qui recherche assidûment le pouvoir. Sa personnalité est caractérisée par un ego surdimensionné, une froideur affective, une tendance à la séduction, un besoin d’action et une absence de peur qui lui fait souvent prendre des risques démesurés. Ce type de personnage est prêt à tout pour arriver à ses fins. Trump cultive des relations humaines superficielles, un manque d’empathie et porte atteinte aux droits d’autrui sans ressentir la moindre culpabilité. Tout se passe donc comme s’il n’y avait aucune conscience morale. Selon un test de personnalité permettant d’établir un score de psychopathie, on a observé que Donald Trump obtenait les scores parmi les plus élevés, en bonne place parmi de nombreux dictateurs. Trump admire d’ailleurs les leaders autocrates comme Vladimir Poutine ou les dictateurs comme Kim Jong Un ; il compte parmi ses « amis » le président brésilien Jair Bolsonaro.

Donald Trump est également un menteur pathologique. C’est ainsi que le décrit sa propre nièce, la psychologue Mary Trump , dans son livre « Too Much and Never Enough ». Il s’est proclamé vainqueur de la présidentielle US en niant les évidences électorale. Depuis son élection, il a été responsable de la diffusion de plus de 20 000 mensonges, fake news, erreurs ou approximations. Il se soucie uniquement de son propre intérêt, d’où un penchant certain pour la fraude fiscale. Il est particulièrement doué pour percevoir les faiblesses des autres et en tirer un profit personnel. La vérité, c’est le monde tel qu’il se le fabrique et il accuse les autres de ses propres erreurs. C’est en fin de compte une personne immature, ayant un esprit chaotique et binaire, incapable de comprendre les idées complexes. Il n’arrive pas à focaliser son attention plus de quelques minutes, il ne lit ni la presse ni les rapports qu’on lui donnait quotidiennement. Il passe plusieurs heures par jour devant la télévision, en se focalisant sur les émissions qui le mettent en avant. Il reste assidûment dans sa bulle médiatique.

Devant un tel tableau clinique, n’importe qui de rationnel refuserait son soutien à une telle personnalité. Pourtant Trump a obtenu plus de 74 millions de suffrages à la présidentielle américaine de 2016. C’est un grave inconvénient de la démocratie représentative, la dimension autoritaire plaît car cela rassure une grande partie des électeurs. Les mécanismes de la servitude volontaire ont été bien analysés depuis longtemps, il faut lire et relire l’essai d’Etienne de la Boétie (1576). Mais le plus grave avec ces personnalités qui nient les réalités, c’est le fait qu’arrivé au pouvoir ils mettent en place une politique anti-écologique. Qu’on s’appelle Poutine, Bolsonaro, Erdogan ou Trump, on mène la planète au désastre et nous avec.

Alléluia… TRUMP président… Ainsi soit-il Lire la suite »

Paul Watson, ni droite ni gauche, au-delà…

Paul Watson est un adepte de l’« agressivité non violente » pour la défense des baleines : sabotage de navires à quai, blocages d’hélices, traque de bateaux pratiquant la pêche illégale afin de les orienter vers des ports où ils seront contrôlés ou de recueillir des images… Les méthodes de sa nouvelle ONG en 2022, Sea Shepherd Origins, lui valent le ressentiment des pêcheurs et des accusations d’extrémisme. Et pour le Japon amateur des baleines, c’est un homme à abattre… Le ministère de la justice danois continue d’étudier la demande d’extradition du Japon…

Lucas Minisini : Dans la prison de Nuuk, les conditions de détention de Paul Watson se sont récemment durcies, sans explication. Ses appels téléphoniques quotidiens sont désormais interdits et les discussions vidéo avec sa famille sont limitées à dix minutes seulement, une fois par semaine. Dans la salle du tribunal de Nuuk, capitale du territoire autonome danois, la procureure revient sur l’opération de l’ONG contre un baleinier japonais, en 2010, durant laquelle Paul Watson est accusé d’avoir commis des dommages et participé aux « blessures » d’un marin, visé par une boule puante. Paul Watson dénonce une « procédure politique » imposée par l’industrie de la pêche à la baleine au Japon, une « organisation criminelle ». Karim Bouamrane, le maire socialiste de la commune de Saint-Ouen, a installé un portrait géant du protecteur des océans souligné par le hashtag #freepaulwatson. David Rachline, le maire Rassemblement national (RN) de Fréjus, a décidé, lui aussi, d’afficher le visage de l’activiste sur son hôtel de ville. Paul Watson affirme ne pas réfléchir en termes « d’idéologie de gauche ou de droite » quand il s’agit de la cause écologique. Il précise : « Je m’adresserai à n’importe qui. »

Le point de vue des écologistes

Paul Watson a commencé tôt. A 10 ans, dans son petit village de pêcheurs du Canada, il nageait avec les castors. Une année, ils ont commencé à disparaître, capturé par les trappeurs. Paul a détruit tous leurs pièges. Acte violent ou non-violence ? Il ne s’attaquait pas aux personnes, mais aux moyens d’agir de ces personnes. Aujourd’hui il peut couler des navires ou être coulé, lancer des chaînes dans les hélices, entraver des activités commerciales. Est-ce de la violence ? Paul Watson décrivait ainsi ses motivations dans un livre :

« Être écologiste, c’est faire partie du continuum de la vie. L’écologie profonde place la vie au centre de toutes choses – pas la seule vie humaine, la vie dans son ensemble. Donc oui, je me considère comme appartenant à cette mouvance parce que je soutiens que la biosphère est plus importante que les gens. Ce que je veux dire, c’est que protéger la nature, c’est protéger l’humanité. Ce n’est pas un parti pris anti-humain, c’est juste une approche réaliste. Chaque espèce que nous menons à l’extinction envoie un ricochet dans le futur avec un incroyable impact négatif. »

Un rapport des Nations unies publié le 28 février 2024 s’inquiète d’une « nette augmentation de la répression et de la criminalisation » des actions pacifiques de désobéissance civile en Europe. L’écologie a des partisans de droite et de gauche, et des adversaires qui se disent de droite ou à gauche.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Le « ni droite ni gauche » va avoir le vent en poupe

extraits : Qui a dit ? « C’est un mouvement ouvert, pas à droite, pas à gauche, auquel il sera possible d’adhérer tout en restant adhérant d’un autre parti républicain… Car je veux travailler avec des gens qui se sentent aujourd’hui à droite, aussi…Cela pourrait être Nicolas Hulot : «  Ce n’est un sujet ni de gauche, ni de droite, ni du centre, c’est un sujet supérieur. C’est simplement l’avenir et la sauvegarde de la famille humaine et de son écosystème, la planète. Osons dire que l’écologie ne doit plus être un vulgaire enjeu partisan, elle est un enjeu politique au sens le plus noble…. » En fait c’est Emmanuel Macron pour le lancement le 6 avril 2016 d’un « mouvement politique nouveau » baptisé « En marche ! ».

L’écologie, à gauche, à droite, ailleurs ?

extraits : Dans l’histoire des idées, l’écologie politique est une idée neuve, qui dépasse les cartographies anciennes, sans pour autant les abolir. L’écologie est un projet trans-politique. L’avenir de notre planète et des conditions de vie concerne tous les Français, tous les humains sans distinctions partisanes… le clivage gauche/droite est donc obsolète. L’écologie n’est pas l’affaire d’un parti mais un enjeu pour nous tous….

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

synthèse, Ecologie, droite ou gauche ?

15 mai 2017, l’écologie politique, vision par-delà droite et gauche

27 mars 2017, un parti social-écologiste ou bien ni droite ni gauche ?

22 août 2016, L’écologie est-elle de droite ou de gauche, ou d’ailleurs

23 avril 2016, L’écologie, ni gauche, ni droite, ni centre, mais supérieur

8 avril 2016, Le « ni droite ni gauche » va avoir le vent en poupe

20 février 2016, Deux manières de tuer l’affrontement droite/gauche

19 décembre 2013, Droite ou gauche, comment situer l’écologie ?

17 mai 2010, plus à gauche et moins à droite, Nicolas Hulot

26 février 2010, droite/gauche, un classement ringard

1er octobre 2009, la gauche passe à droite

6 juillet 2008, droite et gauche, même combat

3 mars 2008, l’écologie, de droite ou de gauche ?

Paul Watson, ni droite ni gauche, au-delà… Lire la suite »