politique

L’écologie à la mode du Rassemblement national

Interrogée par terraeco en mars 2012, Marine Le Pen exprimait le fond de sa pensée.

Selon vous, les changements climatiques n’existent pas ? « Je ne suis pas sûre que l’activité humaine soit l’origine principale de ce phénomène. »

Vous remettez en cause les conclusions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat ? « Ce ne sont pas les travaux du GIEC qui peuvent établir avec certitude que l’homme est la cause du changement climatique. Mon père m’expliquait quand j’étais petite que le Sahara gagnait déjà un kilomètre par an ».

Parlons agriculture ? « Le bio est une dictature, avec des histoires de gros sous enrobées dans des bons sentiments. »

En 2023, Marine Le Pen identifie maintenant l’environnement comme un axe de progression pour le RN. L’idée sous-jacente est d’opposer « le bon sens de la terre, du paysan », contre l’idéologie urbaine bobo et les “technos hors sol”.

Cela parle sans doute aux artisans, aux agriculteurs, aux petits chefs d’entreprise qui subissent des normes administratives complexes. Mais cela ne résoudrait en rien les problèmes systémiques auxquels nous sommes confrontés.

Clément Guillou : L’extrême droite voit dans l’écologie et les inévitables mesures d’adaptation au réchauffement climatique un clivage majeur des années à venir et un sujet de fracture nationale à exploiter ; le monde rural et périurbain constitue le gros de son électorat. Jusqu’à présent, le « localisme » faisait figure d’élément de langage quasi unique pour le RN. Le terme devrait à présent passer au second plan derrière une « écologie du bon sens », que le parti oppose à la présumée écologie punitive. « L’idéologie [des écologistes], c’est la lutte contre l’humain », avançait Marine Le Pen le 1er mai 2023. La traduction concrète de cette formule est la suivante : le RN entend s’opposer à tout ce qui menace de perturber les modes de vie et de consommation des Français au nom de l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. D’autre part, on revendique une posture technosolutionniste face au réchauffement climatique, en expliquant que la recherche résoudra le problème. Le RN vise à porter l’effort de recherche privée et publique à 5 % du produit intérieur brut (il est aujourd’hui de 2,2 %) et compte aussi sur des avancées considérables dans la recherche nucléaire.

A l’Assemblée nationale, la lutte contre l’écologie punitive passe par le combat contre les zones à faibles émissions, décidées au nom de la santé publique, contre la refonte des diagnostics de performance énergétique, ou contre le zéro artificialisation nette (ZAN). Ce qui est attaqué par le ZAN, c’est le modèle de la France pavillonnaire qui veut être tranquille, la France de la voiture individuelle. Andréa Kotarac* prend la relève du député européen Hervé Juvin, ancien « Monsieur Environnement » du RN.

Le point de vue des écologistes véritables

C’est tout simple  » il faut arrêter d’emm… les gens » ! C’est un argument politique qui marche à tous les coups ! Or les contraintes liées au rétablissement des équilibres naturels sont incontournables. Alors même que les questions écologiques sont complexes et écosystémiques, l’extrême droite martèle une pensée binaire. Ils savent où aller chercher la colère et la frustration. C’est facile d’opposer écologie de bon sens et écologie punitive, ce serait impossible à mettre en pratique si on était en responsabilité de gérer l’urgence écologique… sauf à se complaire dans le dogmatisme et préférer la fin du mois à la fin du monde.

Il semble que les problèmes auxquels l’espèce humaine est globalement confrontée dépassent les capacités d’intelligence des décideurs et des électeurs. Un peu partout dans le monde, le populisme au pouvoir fait prendre un retard colossal aux sociétés qui tombent sous sa coupe. Or tout retard accélère l’ampleur de la catastrophe environnementale en cours. Les efforts à faire sont désagréables aux yeux du citoyen moyen, et jugées inutiles au vu de ce que ne font pas « les autres ».

Bref, nous nous dirigeons donc à la fois impuissants et très tranquillement, en même temps vers plus 3 ou plus 4 degrés d’ici la fin du siècle et vers la fin des énergies fossiles qui étaient la base de notre confort actuel. Nos générations futures marcheront au pas pour se lancer dans des conflits interrégionaux sans fin, la guerre est la seule issue envisagée par une dictature…

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Projet de l’écologiste Marine Le Pen

extraits : sur son site en 2023, le projet du RN (l’environnement pour une écologie française) : Nous pratiquerons, dans tous les domaines, une écologie positive, notre projet tourne la page de l’écologie punitive… L’urgence est de rompre avec une écologie dévoyée par un terrorisme climatique… Nous sortirons du « Green deal » et de l’enfer administratif qu’il impose aux petites entreprises sous le nom de « taxonomie » au profit d’un plan d’autonomie stratégique fondé sur le développement durable… La France n’a pas à sacrifier le bien-être de sa population pour corriger les erreurs ou les abus des autres pays !… … Les Français pourront continuer à sortir leur famille en voiture, à prendre des bains chauds, à apprécier le feu de bois dans la cheminée et à fêter Noël ! »

L’écologie, impensé du Rassemblement National

extraits : Ce parti d’extrême droite fait bloc avec la FNSEA et oppose la ruralité aux « talibans de la verdure », comme Marine Le Pen appelait les écologistes durant sa campagne présidentielle de 2022. Christophe Barthès, député Rassemblement national (RN) de l’Aude : « Il faudrait être idiot pour voir qu’il n’y a pas de changement climatique. Mais est-ce l’effet de l’homme ? Peut-être que oui, peut-être que non…

* Andréa Kotarac, né en 1989, commence en politique en s’engageant contre l’extrême droite. En 2016, il participe même à une manifestation appelant la région à accueillir des migrants. D’abord membre du Parti de gauche et de La France insoumise, il devient en 2019, assistant parlementaire du député européen Hervé Juvin (RN). Au début de l’année 2021, il lance le parti Les Localistes, avec Hervé Juvin. Le RN l’investit ensuite comme tête de liste aux élections régionales de 2021. Il prend la direction de la revue IDées, censée servir de réflexion aux parlementaires européens RN. Présenté comme le « nouveau visage de l’écologie version RN », il est chargé de préparer la plate-forme écologique du parti pour la présidentielle de 2027.

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Androgynie, cad totale égalité des sexes

Le féminisme politique, c’est-à-dire la volonté de mettre en œuvre l’égalité réelle entre l’homme et la femme, est normalement l’exact contraire du séparatisme des sexes. Il n’y a pas d’éternel féminin, il y a des cultures diverses qui produisent telle ou telle image de la femme. Les parents sont les premiers responsables d’une différenciation des rôles injustement fondée sur une différence biologique. Car un bébé a un comportement totalement androgyne. Le cri primal, le sevrage se déroulent de la même manière. C’est à travers la bouche, les mains et les yeux que les nourrissons des deux sexes appréhendent l’univers. Ils explorent leurs corps avec la même curiosité et la même indifférence, ils ont les mêmes intérêts et les mêmes plaisirs, ils ont la même jalousie s’il naît un nouvel enfant. Jusqu’à douze ans, la fillette est aussi robuste qu’un garçon du même âge, et les capacités intellectuelles sont similaires tout au cours de la vie.

Ce n’est pas la nature qui, pendant des siècles, a empêché les femmes d’aller à l’université, mais des élites masculines qui ne voulaient pas partager leurs propres pouvoirs, aidées par des femmes qui avaient intériorisé une impuissance factice. Nous sommes tous fondamentalement, naturellement, androgynes. Tout est culturel, issu d’une socialisation, y compris bien sûr les conceptions des inégalités. Mais au lieu de contribuer à une véritable égalité entre l’homme et la femme, notre société actuelle a inventé les quotas de la parité politique ! On soutient le féminisme différentialiste au détriment du féminisme universaliste.

Thèse différentialiste de Mona Ozouf en 2023 : « Je m’estime extrêmement féministe, et je suis toujours heureuse d’une conquête de droits et de libertés. Mais j’estime qu’il y a une nature féminine , je le pense. Le mot « nature » a beaucoup été vilipendé, et pour de bonnes raisons, car il a servi à asservir les femmes, à les claquemurer près des berceaux et des fourneaux. Cela dit, je crois qu’il n’est pas indifférent de naître fille ou garçon et qu’il existe une « disposition féminine ». Les filles prennent plus vite conscience du temps, de la limite, de la nécessité que les garçons. C’est lié bien sûr à la perspective de l’enfant, désiré ou redouté, mais présent au moins dans l’imaginaire, avec l’idée de contrainte, de responsabilité. Le compte des jours fait partie de la vie biologique des femmes et cadence le temps d’une façon que les hommes ignorent. Les femmes s’inscrivent dans la durée. Qui tient le greffe des anniversaires dans la famille ? Qui fabrique les albums de photos ? Qui va voir les vieux parents dans les maisons de retraite ? Elles ne sont pas dans l’immédiateté, comme les hommes, plus irresponsables. Elles sont dans la conscience du temps. Avec une préoccupation de la solidité du lien. »

Illustration : La loi constitutionnelle du 8 juillet 1999 a modifié l’article 3 de la Constitution qui dispose désormais que la loi « favorise l’égal accès des hommes et des femmes aux mandats électoraux et aux fonctions électives », et a précisé dans l’article 4 que « les partis et groupements politiques contribuent à la mise en œuvre de ce principe ».

Malheureusement les bonnes intentions se sont transformés en « obligation de la parité », autant de femmes que d’hommes dans les listes électorales !!!

Antithèse universaliste de Simone de Beauvoir en 1949  : « On ne naît pas femme, on le devient… Aucun destin biologique, psychique, économique, ne définit la figure que revêt au sein de la société la femelle humaine ; c’est l’ensemble de la civilisation qui élabore ce produit intermédiaire entre le mâle et le castrat qu’on qualifie de féminin. Seule la médiation d’autrui peut constituer un individu comme un Autre ».

En conséquence le féminisme bien pensé ne peut être qu’universaliste, pas différentialiste.

Illustration : Hélène Carrère d’Encausse (1929, 2023) est élue le 13 décembre 1990, la troisième femme à siéger parmi les Quarante. Elle devient en 1999 secrétaire perpétuel de l’Académie française, 31e titulaire de la fonction et première femme, même si elle précise expressément qu’elle entend en faire respecter le genre masculin. Fière d’être « le » secrétaire perpétuel de l’Académie, femme de savoir et d’autorité qui se défie des quotas, elle refuse les places réservées aux femmes – de fait elle n’encourage pas les candidatures féminines sous la Coupole et s’oppose à la féminisation des titres et fonction.

Nous sommes très loin de l’écriture inclusive et autres dérives du modernisme actuel. C’est le monde des réseaux sociaux, des catégories séparées, des bulles conceptuelles, qui crée des antagonismes inutiles et malsains.

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  • sur le féminisme en général

Biosphere-info octobre 2017, féminisme et écologie

Le féminisme qu’il nous faudrait penser

Féminisme radical et écologie politique

Féminisme, écologie et jeu d’échecs

  • Sur la question de la parité

Parité politique et féminisme universaliste

genre, parité, quotas… un anti-féminisme

Autodétermination de notre sexe, formidable !

  • Sur l’androgynie (à ne pas confondre avec la transsexualité)

pour des vêtements androgynes, non au luxe et à la mode

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Mortalité humaine, quelle importance ?

La mortalité dans le monde correspond à 1,81 décès chaque seconde sur Terre, soit 109 par minute et près de 157 000 décès par jour, soit près de 57,3 millions chaque année. Faut relativiser le nombre de morts, sinon on verse dans le pathos anthropocentrique, option pourtant privilégiée par un journal qui se dit de référence, LE MONDE.

Ainsi dans son édition du 11.08.2023, les titres mettent en évidence quelques décès conjoncturels, les électeurs sont assommés de faits divers :

  • Trois morts dans l’incendie d’un immeuble à Grasse
  • Naufrage de migrants dans la Manche : Six Afghans sont morts
  • Dans la région de Kherson, sept morts, dont un nouveau-né après des frappes russes
  • Incendie meurtrier de Wintzenheim : Onze personnes, dont un accompagnateur, parmi les seize qui faisaient partie du même groupe, ont trouvé la mort
  • Chine : au moins 21 morts dans un glissement de terrain
  • Bangladesh : les pluies torrentielles de la mousson font plus de cinquante morts
  • A Hawaï, une île touristique de l’archipel ravagée par les flammes, au moins 55 morts
  • Incendies à Hawaï : le bilan continue d’augmenter, passant à 93 morts

Sur ce blog biosphere, nous pratiquons au contraire l’analyse de tout ce qui contribue à la mortalité humaine :

Surpopulation au Yemen, 377 000 morts

extraits : En sept ans, la guerre du Yémen aura causé la mort de 377 000 personnes, d’ici à la fin de 2021. Selon l’estimation publiée par les Nations unies, 150 000 morts sont dues aux combats, et environ 227 000 aux conséquences indirectes du conflit, comme le manque d’eau potable, la famine ou les maladies. La guerre du Yémen dure depuis sept ans.

Euthanasie, savoir contempler la mort en face

extraits : Plutôt que se lancer dans des considérations générales sur la morale, domaine où ni la religion, ni les réseaux sociaux, ni même les comités d’éthique ne peuvent arriver à une conclusion définitive, mieux vaut faire évoluer la loi pour permettre aux individus de prendre des décisions responsables.

Mort avant ses 5 ans, des souffrances en moins

extraits : En 2021, cinq millions d’enfants sont morts avant d’avoir atteint l’âge de 5 ans… Faire un enfant, n’importe quel animal sait faire ça. Faire qu’il puisse grandir et manger à sa faim et recevoir ce qu’il faut, c’est une autre affaire…

La vie après la mort… sous forme de compost

extraits : Le compostage des défunts, body composting ou technique de réduction naturelle du corps, se développe aux États-Unis. La pratique permet de limiter l’empreinte carbone élevée des funérailles traditionnelles. La crémation consomme l’équivalent d’un trajet en voiture de 740 kilomètres…

Peine de mort, abolition ou tentation ?

Extraits : Je suis condamné à mort. Comme chacun d’entre nous. Nous sommes tous voués à disparaître, tôt ou tard, sans exception. Après la vie, la mort. C’est inéluctable. Sauf que je ne sais pas dans quelles conditions je vais mourir, grabataire ou saisi à tout moment par une crise cardiaque fatale. Cela peut même arriver dans d’atroces et trop longues souffrances. C’est pourquoi je ne comprends pas l’attention extrême que portent les abolitionnistes à une peine de mort subie par une personne qui a précédemment pris la vie d’un autre. L’auteur d‘un crime a voté par son acte pour la peine de mort, pourquoi en serait-il exempt ? ….

James Lovelock est mort le 27 juillet 2022

extraits : «Préparez-vous à d’énormes pertes humaines», disait-il. Dans un entretien à l’AFP en juin 2020, il avait relativisé la pandémie de coronavirus qui «tue en particulier ceux de mon âge -les vieux- et il y en a déjà trop». «Le changement climatique est plus dangereux pour la vie sur Terre que presque toute autre maladie concevable», avait-il affirmé…

Mortalité des abeilles, une fatalité assumée

extraits : En 1994, une nouvelle génération d’insecticides systémiques, utilisés en enrobage de semences, fait son apparition. Immédiatement, les apiculteurs riverains observent des mortalités anormales, des dépérissements, des effondrements de certaines colonies. De toutes parts, des rideaux de fumées se dressent. Le déclin des abeilles ? Des virus, des parasites, des prédateurs natuels, le changement climatique, les mauvaises pratiques apicoles…

Un chasseur mort OU des oursons sans mère ?

extraits : « L’attaque d’une ourse sur un chasseur ravive le débat sur la cohabitation », titre LE MONDE. Attendez, mon journal de référence, vous vous êtes trompés sur le titre : il fallait lire « L’attaque d’un chasseur sur une ourse ravive le débat sur la coexistence des espèces ». Il n’y a que 400 ours pour 67 millions de Français, où est le déséquilibre ?….

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Liberté de mourir, contraintes pour vivre

Claude Got a choisi de mourir en toute liberté après avoir induit plusieurs contraintes pour (sur)vivre.

  • Le choix de mourir

Médecin anatomo-pathologiste, Claude Got (5 mai 1936, 11 août 2023) est décédé en Belgique après une euthanasie qu’il n’aurait pas pu obtenir en France. Il était accompagné de sa fille Isabelle et d’un de ses petits-fils. Depuis la fin 2021, il était atteint de troubles neurodégénératifs suite à la maladie d’Alzheimer.

Claude Got a expliqué à ses petits-enfants qu’il avait, lui-même, en 1992, consenti à injecter à sa mère, Renée, alors âgée de 88 ans, une piqûre létale, comme elle le demandait. Et que son grand-père, Roger, psychiatre, paraplégique, avait été aidé à mourir par un ami vétérinaire, en 1957, à l’âge de 50 ans. Les époux Got avaient rédigé eux-mêmes un texte, dès 2014, dans lequel chacun revendiquait le « droit à définir les limites de [sa] vie ».

  • Des contraintes pour vivre

Les recommandations qu’il a faites, en dépit de virulentes oppositions, sur la vitesse, l’alcool ou le tabac, ont permis de sauver des milliers de vies, tout en lui faisant une réputation d’« hygiéniste liberticide ». En 1970, alors qu’il est chef du service d’anatomie pathologique de l’hôpital Raymond-Poincaré, à Garches (Hauts-de-Seine), un médecin de Renault demande de l’aide pour fabriquer des ceintures de sécurité. Ses travaux lui valent, en 1972, année où le nombre de morts sur la route atteint un record de 16 545 tués, d’être contacté par le titulaire du délégué à la sécurité routière. Malgré l’opposition des défenseurs des libertés individuelles, il conseille au gouvernement de rendre obligatoire le port de la ceinture et de limiter la vitesse. En juin 1973, le gouvernement de Pierre Messmer l’impose aux places avant, hors agglomération ; il limite la vitesse à 100 kilomètres/heure, hors autoroute. Dès 1975, le nombre de morts passe à 12 996. Il ne cessera plus de diminuer.

Les autopsies que Claude Got pratique à Garches lui permettent aussi de découvrir le rôle de l’alcool dans les accidents de la route, et de lui attribuer 5 000 morts par an. Un résultat que conteste le lobby de l’alcool, mais qui lui vaut d’être, en 1978, appelé comme conseiller au cabinet de Simone Veil, ministre de la santé, où il prépare la loi du 12 juillet 1978, autorisant les contrôles préventifs d’alcoolémie sur les routes.

En 1988, Claude Got et Albert Hirsch, pneumologue déçu des mesures prises contre le tabagisme, décident de ne plus se cantonner à leur fonction d’« expert ». Lorsque le ministre de la santé, Claude Evin, hésite à suivre les recommandations de leur rapport (interdiction de la publicité pour le tabac, encadrement de celle pour l’alcool), les « cinq » multiplient les tribunes et les interviews dans les médias. Les groupes de pression viticoles les qualifient d’« ayatollah ». Après d’âpres débats, la loi dite « Evin » est votée, le 10 janvier 1991.

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Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », est éditée chaque jour par épisode sur ce blog biosphere tout au cours des mois de juillet et août.

La communauté de résilience, un idéal à atteindre

Quelques idées générales : En 1972, le rapport du MIT au club de Rome a dénoncé la course à la croissance en démontrant les limites de la planète. Depuis 1974 et le premier choc pétrolier, nous savons que notre civilisation dépend du pétrole. Depuis 1990 et le premier rapport du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), nous savons que l’humanité va faire face à un réchauffement climatique. Nous savons aussi de façon scientifique que le choc des hydrocarbures n’est qu’une partie des dégradations écologiques qui menacent nos sociétés. Comment agir efficacement ? L’échec des conférences internationales et les inerties gouvernementales montre que cette voie est trop lente. Pratiquer à l’échelle personnelle la simplicité volontaire semble nécessaire, mais c’est insuffisant. Ce qui me semble le plus pragmatique, c’est d’agir directement au sein de sa communauté d’appartenance pour en restaurer la résilience, la capacité de résister aux chocs.

Ce paradigme ou modèle de référence porte des noms différents : Communautés intentionnelles ou Ecovillages ou Agenda 21 local ou Towns transition ou Plan climat ou Cités jardins ou communautés de résilience … La profusion des termes montre la richesse de cette alternative à l’ère de la fin des combustibles fossiles. Il ne s’agit pas d’une nouvelle théorisation, mais d’une pratique applicable au Nord comme au Sud, par les gens de droite comme par les gens de gauche, par les urbains et les paysans, par les chefs d’entreprise et par les travailleurs. Tout le monde est concerné puisqu’il s’agit de rendre notre avenir convivial et durable.

Mon projet maintenant, en 2011, faire de ma ville, Angoulême, et de son territoire une communauté de résilience. Il s’agit de tendre à l’autonomie territoriale en matière alimentaire et énergétique pour pouvoir supporter le choc des jumeaux hydrocarbures, pic pétrolier et réchauffement climatique.

En fait, c’est un certain retour à la terre comme le prônait certains dans les années 1970. A cette époque, je n’étais pas favorable à une telle idée. J’écris le 13 avril 1971 à Pierre Fournier, l’écolo de service à Hara-Kiri : « D’accord, avec l’urbanisation de la campagne la vie s’accorde de moins en moins directement aux rythmes biologiques et naturels… Mais on n’est pas obligé d’être toujours d’accord, tu fais ta révolution à la campagne, je la fais en ville, en faisant à la fac des exposés genre : j’ai plus rien à vous dire… discutons maintenant ! » J’aimais bien la nature, mais les communautés rurales ne me branchaient pas. J’avais choisi de devenir professeur de SES alors que mon ami José Bové s’installait paysan au Larzac.

En mars 1972, j’assiste à la fac de sciences à une conférence de Grothendieck, l’un des plus grands mathématiciens du XXe siècle. Il nous confie qu’il va vivre en communauté : « L’avenir est dans les phalanstères, autonomes, agricoles, sans centralisation. La science ne peut plus sauver notre civilisation des grands bouleversements qui nous attendent. Il faut abandonner les études et mettre sur pied des communautés viables, c’est-à-dire équilibrés avec leur environnement. » Son message va me trotter dans la tête toute ma vie. Son message est partagé à l’époque par Pierre Fournier. La Gueule ouverte, mensuel écologique « qui annonce la fin du monde », apparaît pour la première fois en novembre 1972.

Dans son premier éditorial, Pierre hésite entre rester journaliste et devenir homme des bois : « La GUEULE OUVERTE est virtuellement née le 28 avril 1969. J’étais dessinateur et chroniqueur à Hara-Kiri hebdo, payé pour faire de la subversion et lassé de subvertir des thèmes à mes yeux rebattus, attendus, désamorcés à l’avance…. La grande fête à Bugey (ndlr, manif autour d’une usine atomique) fut un révélateur. Tout nous semble avoir concouru à sa réussite : l’ordre et le désordre, le refus des discours, le refus de la violence et le refus du spectacle, le nudisme ingénu, le partage et la rencontre. Tout y était en germe. Le sit-in de six semaines, face à l’usine, à ses esclaves et à ses victimes, enracina chez les participants à l’action le besoin irrépressible de CHANGER LA VIE… A peine sorti le premier numéro, voici que nous assaille la tentation de tout remettre en cause, de pousser plus loin, beaucoup plus loin que d’autres, un désengagement, tentation de se consacrer, enfin, à couper notre bois, à faire notre pain, à retourner à l’homme des bois : la disproportion des forces en présence impose, à qui refuse l’inéluctable, une radicalité sans cesse plus affirmée. »

Le 15 Juin 1972, j’avais découpé dans le quotidien Sud-Ouest cet entrefilet sur les Amish : « Qui sont donc ces Amish auxquels la Cour suprême américaine vient de donner officiellement le droit, en plein âge nucléaire, de continuer à vivre en un temps révolu et de le perpétuer à travers leurs enfants ? Pas un moteur dans ces fermes. Pas un tracteur, pas une automobile. Ni radio, ni télévision, ni téléphone, ni réfrigérateur, ni aspirateur, ni d’ailleurs d’électricité, de gaz ou d’eau courante. Seule source d’énergie en vue, un occasionnel moulin à vent. »

Totalement autonomes, les Amish vivent en micro-autarcie. Un choc pétrolier ne mettrait pas du tout en péril cette communauté qui continuerait à vivre de la même façon. Mais le ciment de la communauté Amish repose sur un ordre religieux. Dans notre société laïque, ce n’est pas acceptable. Mon athéisme se révulse. J’avais bien apprécié la vie à la campagne avec mes grands-parents : du côté maternel manger les cerises dans l’arbre, du côté paternel mettre les asperges sous le sable pour les conserver, ramasser à la main les doryphores … Mais les lycées n’existent pas à la compagne, j’étais un homme des villes, et même du centre ville de Bordeaux pendant mes 25 premières années.

Cela ne m’a pas empêché de planter des arbres fruitiers dans la maison de famille de ma femme, mais mes différents militantismes occupaient tout mon temps et rétrécissaient ma pensée. Ce n’est qu’en 2011 que j’ai compris, Grothendieck avait raison : « L’avenir est dans les phalanstères, autonomes, agricoles… Il faut mettre sur pied des communautés viables, c’est-à-dire équilibrés avec leur environnement. »

C’est à cette échelle locale que nous échappons au dilemme de l’individu et de l’Etat. La simplicité volontaire n’est pratiquée que par quelques individus en marge, sans effet d’entraînement sur le reste de la collectivité. L’Etat applique encore les modalités anciennes du productivisme, moteur de gaspillage de l’énergie à l’opposé de la nécessaire descente énergétique. L’échelon intermédiaire du collectif territorial s’impose. Utopie ou réalité ? (la suite, demain)

Une vision d’ensemble de cette autobiographie :

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

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Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », est éditée chaque jour par épisode sur ce blog biosphere tout au cours des mois de juillet et août.

Parti et associations en symbiose ?

Une participation à une association environnementaliste devrait être obligatoire quand on se veut militant de l’écologie politique. Voici mon raisonnement, exposé explicitement mais en vain à la liste nationale des formateurs bénévoles d’EELV :

D’un côté un parti écolo qui ne compte que 16 000 adhérents en moyenne. En 2008 on ne dénombrait que 2000 élus pour quelque 6000 adhérents. Lors de la primaire d’Europe Ecologie-Les Verts le 6 juin 2011, il y avait pourtant plus de 30 000 votants : aux 16 452 adhérents encartés, il fallait ajouter 18 905 coopérateurs avec un statut bancal qui autorisait même la double appartenance partisane. J’étais moi-même encore membre du PS quand j’ai voté à cette primaire ! De l’autre il existait des ONG puissantes, comme Greenpeace France (165 000 adhérents à l’époque) ou WWF France (160 000 adhérents). Mais parti écolo et associations environnementales s’ignorent complètement. Il semblerait pourtant logique que les membres d’EELV soient en symbiose avec les associations qui œuvrent sur le terrain. Ce genre d’obligation est d’ailleurs inscrit dans les statuts du PS : « Les membres du Parti doivent appartenir à une organisation syndicale de leur profession et au moins à une association, notamment de défense des droits de l’homme, de solidarité, de consommateurs, d’éducation populaire, de parents d’élèves ou d’animateurs de la vie locale. (statuts du Parti socialiste – titre 2, les militants – Article 2.2 : obligations syndicales et associatives des adhérents) ».

Pourquoi pas le même type d’obligation à EELV ?

Il nous faut en effet créer un sentiment d’appartenance au peuple écolo dans son ensemble : « L’enjeu est dorénavant de construire un parti réseau, un parti social multiforme. Coopérative, ou mouvement, réseaux ou cercles, l’important est moins dans l’appellation que dans la capacité à créer une forme d’appartenance commune à ce qu’on pourrait appeler un « peuple écolo » : une identité sociale qui serait devenue légitime et revendiquée (Des écologistes en politique d’Erwan Lecoeur) ». L’écologie est pour l’instant un sentiment diffus dans la population, elle est très peu représentée institutionnellement. Ce n’était pas le cas autrefois des mouvements qui ont accompagné la lutte de classes, les mutuelles, les coopératives ouvrières, les caisses de grève, le mouvement d’éducation populaire… Or l’histoire du XXIe siècle ne va plus être centrée sur le travail (le prolétariat) et le capital technique (les capitalistes), mais sur le facteur nature. L’écologie politique ou art de bien gérer notre maison commune (la planète) va rassembler normalement au-delà des sensibilités partisanes traditionnelles. Car tout le monde est concerné par la pérennité des rapports d’équilibre entre l’es humains et la nature. Encore faut-il en prendre conscience. L’antagonisme entre patrons et travailleurs n’était pas une évidence au XIXe siècle. Un salarié pouvait trouver tout à fait normal qu’il y ait des patrons tout puissants et très très bien payés. Karl Marx faisait la distinction entre la classe en soi (existence de l’exploitation de l’homme par l’homme sans en avoir conscience) et la classe pour soi (qui entraîne un engagement politique). Si les militants EELV montraient leur affinité avec les associations environnementales, nous serions sur la voie de la constitution du peuple écolo.

Certains pourraient penser qu’une adhésion du militant écolo à n’importe quelle association ferait l’affaire (Syndicats, Parents d’élèves, Aide à la personne ou aux sans-abris…). Cela serait valable si nous étions militant socialo. Nous, nous devons montrer que l’écologie est au fondement de toute chose, sociales ou économiques : « Si demain nous n’avions plus de pétrole, ni gaz, ni charbon, ce n’est pas 4 % du PIB que nous perdrions (la place de l’énergie dans le PIB), mais près de 99 %. Rappelons qu’il ne saurait y avoir d’humanité prospère et le moindre PIB bien gras et bien dodu sur une planète dévastée. Quiconque réalise ce que signifie, pour le mode de vie occidental, de limiter la hausse de la moyenne des températures à 2°C comprend que ça ne va pas être simple d’y arriver. Une grande partie des évolutions économiques et sociales vont s’inverser. Le prix de la biosphère est infini ; sans elle, l’espèce humaine deviendrait immédiatement un vestige du passé (Changer le monde, tout un programme de Jean-Marc Jancovici) ».

Nos associations de référence en tant qu’écolo sont aussi bien les AMAP que les MAB, FNE, WWF, Greenpeace… ou les faucheurs d’OGM, les SELS ou même le mouvement NIMBY, etc.

Nous sommes un parti politique généraliste, social-écologique, nous ne sommes pas un parti strictement socialiste. Le socialisme s’est historiquement appuyé sur les syndicats et réciproquement, c’était dans leur objectif commun de changement du rapport de force économique. Mais le socialisme connaît aujourd’hui le même échec que le capitalisme libéral : « Avec qui engager des partenariats (p.42)… Marqués comme la droite au fer rouge du productivisme, fasciné par ses fétiches et ses addictions, la social-démocratie et les courants marxistes restent éloignés de l’essentiel du paradigme écologiste. Les écologistes n’ont pas vocation à épouser une doctrine qui n’est pas la leur en y introduisant un peu de vitamine verte (p.44) (Manifeste pour une société écologique – Les petits matins, 2010) ». EELV doit s’appuyer sur ce qui dans la société civile permet d’instaurer un autre rapport entre l’homme et la nature : les associations environnementalistes.

N’oublions pas que si ces associations découlent des inquiétudes de l’écologie scientifique, l’écologie politique découle historiquement de l’action associative. Ce sont des associations qui ont motivé puis soutenu la candidature de René Dumont à la présidentielle de 1974 : « Tout a commencé en France au début du mois de décembre 1973, au cours d’une réunion de l’Association des Journalistes et Écrivains pour la protection de la nature et de l’environnement. Et si on présentait un candidat aux présidentielles de 1974 ? Idée adoptée, puis oubliée. Mais après la mort de Pompidou, l’idée renaît au sein des « Amis de la Terre ». On choisit le 6 avril 1974 comme candidat, sans qu’il le sache, René Dumont. Voici quelques associations signataires pour la candidature de René Dumont : Les Amis de la Terre ; Action zoophile ; Comité antinucléaire de Paris ; Combat pour l’homme ; Droits du piéton ; Ecologie et Survie ; Fédération des usagers des transports ; Association pour la protection contre les rayonnements ionisants ; Comité de sauvegarde de Fessenheim et de la plaine du Rhin ; Nature et Vie ; Maisons paysannes de France ; Défense et protection des animaux ; La Gueule Ouverte ; Front occitan ; Etc. (La campagne de René Dumont et ses prolongements, Pauvert 1974) ». Tout au long de sa campagne électroale, Dumont sera le représentant des associations écologiques qui le soutiennent. 

Savoir à quelle association adhérer pour soutenir le combat politique des écolos relève simplement d’une analyse des statuts de cette association. Par exemple Attac a « pour objet de produire et communiquer de l’information, de promouvoir l’éducation populaire, ainsi que de mener des actions de tous ordres en vue de la reconquête, par les citoyens, du pouvoir que la sphère financière exerce sur tous les aspects de la vie politique, économique, sociale et culturelle dans l’ensemble du monde. Parmi ces moyens figure la taxation des transactions sur les marchés financiers. » Il n’y a nulle trace dans ces objectifs de préoccupation explicite à propos des rapports entre l’homme et la nature. Attac s’intéresse aux conséquences économiques et socio-politiques, pas aux conséquences écologiques. On ne pourra donc justifier de son adhésion à Attac pour se prévaloir de la double appartenance, partisane et associative.

Mais ne rêvons pas. Instaurer cet engagement double dans les statuts d’EELV c’est terminé un jour quand j’étais membre d’un groupe de réflexion sur l’avenir d’EELV et qu’on m’a asséné : « Cette double appartenance, on n’en veut pas, notre liberté avant tout » !!! EELv n’est pas réellement un parti écolo, c’est plutôt un espace libertaire où il faut avant tout défendre le féminisme, les LGBT, les sans-papiersl’effondrement de la société thermo-industrielle n’est pas au programme !

Quant à l’efficacité d’une association dans le changement social, il m’est apparu récemment que seules les communautés de résilience permettraient une réelle prise en compte de l’urgence écologique tout en respectant les règles démocratiques. (à suivre, demain)

Une vision d’ensemble de cette autobiographie :

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

Fragments de vie, fragment de Terre (suite) Lire la suite »

Parentalité, un métier qui s’apprend

Concevoir un enfant est un acte impliquant de lourdes responsabilités. Pourtant la société ne se soucie guère de savoir qui doit avoir le droit ou non d’en procréer. Le psychologue américain David Lykken estime que les parents devraient passer un permis leur permettant de faire un enfant puisque les intérêts de l’enfant sont au moins aussi importants que ceux des parents. Voici quelques éléments de réflexion.

Une parentalité en berne

1908. Anna A. Rogers, dans la revue The Atlantic Monthly : « Pourquoi les mères américaines échouent ». Elle dénonce le « surdéveloppement des émotions » dans les familles.

1928. Dans son livre Psychological Care of Infant and Child, John B. Watson regrettait que « des milliers de mères ne savent même pas qu’être parent devrait être listé parmi les métiers ».

1929. Création de l’École des parents en France… envers les parents pauvres, pour éviter la hausse de la délinquance.

1946. Benjamin Spock dans Comment soigner et éduquer son enfant : « Le fait est qu’élever des enfants est un métier, long et difficile. »

1983. Un livre de Procaccini et Kiefaver invente (avec succès) la notion de « burn-out parental »

1989. Le Children Act au RU permet aux services sociaux de retirer les enfants à leurs parents sur simple soupçon de maltraitance.

2006. Le Conseil de l’Europe publie un rapport intitulé « Evolution de la parentalité », dans lequel on peut lire : « Les parents doivent faire en sorte que les règles soient claires, s’efforcer de conserver une certaine organisation dans les horaires (sans les rendre rigides), poser des limites raisonnables et appropriées et tenir compte de l’avis et des réactions de l’enfant. »

2015, Shiva Shaffii crée « Parent épuisé » : « Je passe l’aspirateur avec un enfant qui me suit en mangeant une biscotte. Ça résume assez bien ma vie. »

Le point de vue des écologistes malthusiens

Soyons clair, les enfant n’ont pas choisi de naître, donc les parents sont entièrement responsables. Pour qu’il y ait moins d’enfants martyrisés, mieux vaut instituer un permis de parentalité : il y a passage par une école des parents, puis tests successifs avec des exigences socialement définies comme on le fait d’ailleurs déjà dans le cas d’une adoption. Dernière étape finale, un permis de procréer, ils pourront passer l’acte. Comme pour le bac, des années d’études et le passage terminal. Il faut un permis de conduire une voiture, il est vraiment étrange que pour l’énorme responsabilité parentale, on puisse faire dix enfants et ne pas pouvoir s’en occuper dignement.

Et c’est là le deuxième point analytique, Pourquoi faire des enfants, beaucoup d’enfants, sur une planète surpeuplée dont on a largement dépassé les limites de capacité pour faire vivre humainement une population de bipèdes qui a dépassé 8 milliards d’exemplaires depuis novembre 2022. Le constat de dépassement des limites devrait faire prendre conscience à tout citoyen qu’il est nécessaire d’agir pour une décroissance de la population, donc de ne jamais dépasser le nombre de un ou deux enfants.

Quelques commentaires sur la parentalité

Marc Piéplu : Nous avons bien créé un service public de l’instruction, l’éducation nationale, auquel nous confions nos enfants, pourquoi pas un service public de l’éducation parentale ? Car » l’instinct parental » n’existe pas et la transmission familiale de la parentalité laisse à désirer.

Gaspard : En général, quand on a été bien élevé, c’est à dire avec amour, attention et égalité de traitement par des parents à peu près équilibrés, on reproduit le schéma dans les grandes lignes et ça se passe globalement bien quand on devient parent à son tour.

Atchoum la houle : Montrer un mode de vie sain, donner confiance en la vie, apprendre à faire plaisir et se faire plaisir, apprendre à bosser en fonction des possibilités et des motivations de l’enfant, accompagner, écouter, ne pas vivre que pour l’enfant, parler un peu plus fort une fois de temps en temps pour rappeler des fondamentaux, éviter toute violence, aimer ces êtres pour ce qu’ils sont, pas pour ce qu’on aimerait qu’ils soient, se prendre la tête, quand, trop libres, ils nous feront suer à l’adolescence, qui peut durer pas mal de temps… A la fin, les détester, tout en sachant que ça a été notre plus belle histoire d’amour.

Kratos69 : Pour être à peu près sûr de ne pas se tromper dans la manière d’éduquer ses enfants, il faut avant tout être soi-même et accepter qu’ils soient eux-même.

marie theveniaud : Un bon parent dans les années 50 : enfants habillés correctement, nourris, vont à l’école. Dans les années 70 : tout cela, plus une activité le mercredi et des parents plus cool que la génération précédente. Dans les années 80 : pareil, mais 2 activités hebdomadaires et toujours plus de temps consacré à l’enfant. Un équilibre serait peut-être à trouver.

Un Bonveillant : Lorsque nos jumeaux sont arrivés, j’ai dit à ma femme : Le boulot des parents, c’est de mettre des barrières autour des enfants (pour les protéger). Et le boulot des enfants … c’est de sauter par dessus ces barrières (pour prendre leur autonomie). Ensuite, c’est un simple affaire de dosage.

Boucheta : En tant qu’enseignante, je rencontre régulièrement des parents d’enfants immatures et incapables de suivre un enseignement ; ils sont pourtant persuadés que leur progéniture est « haut potentiel » intellectuel. Haut potentiel pour pourrir la vie de leurs parents surtout.

CH57 : De l’enfant roi à l’ado qui fait la loi ?

Chouette96 : Le culte des enfants rois commence à faire de réels dégâts dans le monde de l’entreprise. Les nouvelles générations qui ne comprennent pas la nécessité du travail bien fait et dans les temps. On va dans le mur et on accélère….

Aguirre : Du coup, pourquoi ne pas limiter le nombre d’enfants par femme et par homme à deux ? Cela limiterait l’épuisement des parents et serait une première prise de conscience du nécessaire contrôle des naissances (8 Mds d’êtres humains et des ressources de la Terre incapables d’y faire face)

Articles antérieurs sur notre blog biosphere

Des émeutes urbaines par défaut de parentalité (2023)

Du permis de parentalité au permis de procréer (2023)

Contre l’infanticide, le permis de procréer ? (2021)

Sanctions pour non respect du permis de procréer ? (2014)

Permis de procréer, à égalité avec permis de conduire ? (2014)

à la place du quotient familial, un permis de procréer (2012)

permis de parent (2007)

Parentalité, un métier qui s’apprend Lire la suite »

Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », est éditée chaque jour par épisode sur ce blog biosphere tout au cours des mois de juillet et août.

Il n’y aura pas de parti social-écologiste

Au moment des Européennes de 2009, une partie des membres du pôle écologique du PS, la plus consciente, est déjà partie rejoindre Europe-Ecologie. Il n’est que temps pour moi de faire ma transition partielle en 2011. Je reviens aux fondamentaux : l’écologie avant tout, avec la coopérative d’EELV , une invention de l’année ! Je m’aperçois que pour 10 ou 20 euros, je peux participer aux primaires de l’écologie tout en restant au PS. Le statut de coopérateur permet en effet de voter en juin 2011 pour le candidat écolo de son choix même si on appartient à un autre parti. C’est un des apports d’Europe-Ecologie aux Verts, le sens de l’ouverture initiée par Cohn-Bendit. Je me lance à fond dans un soutien à Nicolas Hulot par Internet interposé. Car Eva Joly n’est pas écolo, Stéphane Lhomme est seulement anti-nucléaire et surtout anti-Hulot, Henri Stoll est trop fondamentaliste pour percer médiatiquement. J’ai étudié la vie et l’œuvre de Nicolas Hulot, rien à redire : ses émissions en faveur de la nature, ses conseils avisés auprès du président Chirac, sa fondation, ses livres, son avertissement solennel et répété : nous voguons sur le Titanic, l’iceberg c’est pour bientôt. Mon ami José Bové est sur la même longueur d’onde : « C’est Nicolas Hulot qui porte le mieux le projet global de la transformation écologique. Aux yeux de la société, il possède cette légitimité qu’il a su bâtir à sa façon. »

Mais la vie politique étant ce qu’elle est, et les votants méritant les candidats qu’ils désignent, ce sera Eva Joly la présidentiable écolo. Comme je suis un habitué des combats perdus d’avance, je me trouve aussitôt un autre combat. Je pose ma candidature pour animer un atelier aux journées d’été d’EELV à Clermont Ferrand. A ma grande surprise, nouveau venu, simple coopérateur, je suis choisi comme co-animateur (avec Frédéric Benhaim) pour l’atelier « accueil et formation à EELV » le 19 août 2011. Il s’agissait de s’occuper de la formation à la base, et non de la formation des élus Verts déjà réalisée par le Cédis, le seul organisme qui fait des bénéfices !

J’ai été agréablement surpris par le sérieux des différents groupes de travail à Clermont. Cela me changeait du folklore des Verts dans les années 1990. Mais je me suis aperçu qu’en matière d’accueil et de formation institutionnalisée, rien n’avait changé depuis mon départ des Verts en 2002 : aucune organisation, sauf initiatives ponctuelles. Le secrétaire national à la formation, présent lors de cette séance, a conclu qu’il fallait faire quelque chose… dans six mois. Mais ma proposition d’instaurer une liste d’échange entre formateurs au niveau national a été reprise très vite par un habitué des listes (innombrables) de diffusion EELV. Depuis, peu à peu, le secteur s’organise. Lentement, trop lentement.

C’est vraiment dommageable que la formation soit restée au point mort, et significatif d’une dérive électoraliste. En effet, plus EELV se développe, plus la logique de l’organisation prime la logique des idées. Confondue avec le parti, l’organisation permanente de moyen devient une fin, à laquelle on peut finir par tout subordonner : principes, convictions personnelles, etc. Toutes les grandes organisations devant mener à bien des tâches complexes connaissent nécessairement ce processus de bureaucratisation : le parti devient un parti de cadres et non un mouvement de militants. Les dirigeants du parti risquent alors d’adopter un comportement de plus en plus autocratique. Pour briser cet enchaînement néfaste, la formation permanente dans un parti démocratique est donc une nécessité absolue : le contre-pouvoir par la formation à la base !

D’ailleurs la formation chez les écologistes est plus facile que dans les autres partis. La gauche comme la droite sont marquées au fer rouge du productivisme ; le mouvement écolo porte quant à lui le seul projet politique valable pour le XXIe siècle, le sens des limites de la planète ! C’est l’écologie scientifique qui nous démontre que nous avons dépassé les capacités de régénération de la Terre. C’est l’écologie politique qui doit déterminer les décisions qui en découlent. Mais l’imaginaire social ne change pas d’un coup de baguette magique. Pourtant il y a urgence écologique, ça chauffe !

Mon projet ? Construire un parti social-écologiste. Nous avions accepté que le pôle écologique du PS garde les transfuges vers EELV (dont je fais désormais partie) sur sa liste de correspondants. C’est une passerelle entre socialisme et écologisme. Il y en a d’autres. Par exemple le partage des circonscriptions entre EELV et PS. Qu’un parti social-écologiste devienne majoritaire en France et ailleurs n’est pas simplement souhaitable, c’est inéluctable. Car au fond, qu’est-ce que l’écologie ? C’est un discours commun (« logos ») qui transcende toutes les étiquettes partisanes. Il s’agit de considérer, avec les données de l’écologie scientifique et le débat démocratique, la meilleure façon de nous occuper de notre maison commune (« oikos ») la Terre.

Le voyage essentiel est le voyage de la pluralité à l’unité, mon voyage d’écologiste en politique est loin d’être terminé… Mais l’appartenance à un parti n’a jamais été pour moi l’alpha et l’oméga de mon engagement au service de notre biosphère. J’ai bien d’autres moyens de me faire entendre, par exemple au niveau d’Internet. (la suite, demain)

Une vision d’ensemble de cette autobiographie

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

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Milgram et la soumission à l’autorité

« Obéissez à la loi ! » Injonction impressionnante. Suffisamment impressionnante pour étouffer le sentiment profond de ce qui est juste et de ce qui ne l’est pas. Lorsqu’on se penche sur la longue et sinistre histoire de l’homme, on réalise qu’il s’est commis plus de crimes abominables au nom de l’obéissance qu’au nom de la révolte. Le corps des officiers nazis obéissait au plus rigoureux des codes d’obéissance et c’est au nom de ce devoir d’obéissance qu’ils commirent et cautionnèrent les actes les plus monstrueux de l’histoire humaine. C’est à Yale, dans les années 1960, qu’eut lieu la fameuse expérience Milgram. La découverte  fondamentale de cette étude psychologique, c’est que les individus adultes font de leur mieux pour obéir aux ordres émanant de l’autorité.

Stéphanie Chayet : Stanley Milgram (1933-1984) se demandait comment des hommes ordinaires – « ni pervers ni sadiques », écrira la philosophe Hannah Arendt – ont pu mettre en œuvre la « solution finale ». Il s’intéresse à l’autorité, à l’obéissance. Il veut comprendre. Il lance son étude au cours de l’été 1961. Sous le prétexte d’évaluer le rôle de la punition dans l’apprentissage, ce dernier installait des citoyens ordinaires aux manettes d’un appareil prétendument connecté à une sorte de chaise électrique. « Nous savons peu de chose sur l’effet de la punition sur l’apprentissage, car aucune étude scientifique n’en a été faite chez l’être humain », dit-on aux participants. Dans une pièce adjacente, un acteur faisait un exercice de mémorisation. A chaque erreur, le cobaye devait lui administrer des décharges d’intensité croissante, d’abord 15 volts, puis 30, puis 45, et ainsi de suite, jusqu’à 450 volts. Bien sûr, la « victime » simulait la souffrance, mais l’opérateur de l’appareil n’en savait rien, pas plus qu’il ne se doutait être le véritable sujet de l’étude. « Continuez, s’il vous plaît », disait l’expérimentateur en cas d’hésitation. 65 % des participants vont jusqu’au bout, même si l’électrocuté tambourine sur le mur ; 62,5 % si ses plaintes préenregistrées traversent la cloison ; 40 % s’il se trouve dans la même pièce qu’eux… « C’est un spectacle très troublant, note le chercheur, car la victime résiste avec acharnement et crie de douleur … Les résultats sont terrifiants et déprimants ».

La tragique réalité de cette histoire est que, lorsque les gens font du mal, ce n’est pas parce qu’ils veulent faire du mal, mais typiquement parce qu’ils veulent rendre le monde meilleur : pour le bien de la recherche !

Le point de vue des écologistes pas manipulables

Untel : « C’est une adhésion à une cause perçue comme juste, un sentiment d’identité et de valeurs partagées, et c’est tous les jours dans la presse. La tragique réalité est que, lorsque les gens font du mal, ce n’est pas parce qu’ils veulent faire du mal, mais typiquement parce qu’ils veulent rendre le monde meilleur ». Évidemment cela ne s’appliquer pas à la « désobéissance civile » de Extinction Rebellion ou des Soulèvements de la Terre. Cela s’applique aux amis de Trump. Point.

ExtinctionRebellion : Cela s’applique à tous. Tout militant d’une cause devrait connaître ces influences néfastes et les intégrer dans ses réflexions éthiques. Pour répondre toutefois à une mise en cause des militants écologistes, il n’a jamais été question d’infliger de violence physique ni de souffrance aux personnes. Mais il ne faut pas aller jusqu’à s’identifier aux souffrances d’une devanture de banque ou d’une bâche de méga-bassine ?!?

Ah. : Vous avez raison, les policiers qui défendent une bâche plastique de méga-bassine avec des armes de guerre et des milliers de grenades reproduisent cette expérience de Milgram. Ils vont jusqu’au bout pour suivre les ordres alors même que c’est totalement disproportionné. Enfin peut-être que, contrairement à l’expérience, ça ne leur pose pas de problème de conscience.

JNP94 : Une longue séquence du film I comme Icare, avec Yves Montant reprend et illustre parfaitement cette expérience. Elle met très mal à l’aise et interroge tout un chacun sur son rapport à l’obéissance et le conflit potentiel avec ses propres valeurs morales…

Michel SOURROUILLE : Protester en dehors des limites prescrites par la loi, ce n’est pas combattre la démocratie. Cela lui est au contraire absolument essentiel. Une sorte de correctif à la lenteur des canaux habituels, une manière de forcer le barrage de la tradition. Le prix de la liberté, c’est une vigilance permanente. Il faudrait davantage se soucier du penchant que montrent les individus confrontés à des injustices accablantes à s’y soumette que de leur aptitude à se révolter. La liberté ne s’accorde pas, elle s’arrache. Le prix de la liberté, c’est prendre le risque d’être emprisonné, battu et peut-être tué. Ce fut toujours historiquement le cas.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

À lire, Discours de la servitude volontaire (La Boétie, 1576)

Soumission/ volontaire, comment sortir de cet oxymore ?

Les humains, un animal débile

Sommes-nous prêt à électrocuter un inconnu pour les besoins d’un jeu télévisé ? Oui, d’après les résultats d’une expérience réalisée en 2009… Pour la biosphère, ce tortionnaire blotti en chacun de nous est une mauvaise nouvelle. Comme les humains sont prêts à faire n’importe quoi par interaction spéculaire, autant dire que la planète, ils s’en foutent complètement…

Interaction spéculaire, je fais comme toi

Milgram et la soumission à l’autorité Lire la suite »

Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », est éditée chaque jour par épisode sur ce blog biosphere tout au cours des mois de juillet et août.

Les partis, nécessaires et inadaptés

La seule avancée globale du parti socialiste au niveau écologique a été l’adoption d’une nouvelle Déclaration de principes, adopté en juin 2008. Ainsi dans son article 3 : « Les finalités du socialisme démocratique portent pleinement la volonté de préserver notre planète aujourd’hui menacée particulièrement par les risques de changement climatique et la perte de la biodiversité, de protéger et de renouveler les ressources naturelles, de promouvoir la qualité de l’environnement… Conscients de l’étroite interaction des activités humaines et des écosystèmes, les socialistes inscrivent la prise en compte de la planète au même rang de leurs finalités fondamentales que la promotion du progrès et la satisfaction équitable des besoins. »

Mais ce texte fondamental n’est pas connu des militants et l’application qui devrait en résulter dans les programmes socialistes est inexistante. J’ai quand même réussi une avancée ponctuelle en organisant avec l’aide logistique du pôle un colloque à l’Assemblée nationale le 25 janvier 2011: « Pic pétrolier, quelles conséquences politiques pour 2012 ». Le porte-parole du pôle, Géraud Guibert, ne croyait pas au succès d’une telle réunion, il n’avait réservé qu’une petite salle. Finalement il a été obligé de réserver la salle du groupe parlementaire socialiste, et même cette salle a été trop petite, nous avons refusé beaucoup de monde. Il est vrai que ce jour-là le pétrole a failli vraiment entrer en politique : deux députés à la tribune, 7 ou 8 présents dans la salle.

Je fais l’introduction suivante : « L’objectif de ce colloque est simple, faire entrer le pétrole en politique. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Les politiques envisagent (un peu) le réchauffement climatique mais pas du tout la déplétion pétrolière et donc la crise générale qui suivra le pic pétrolier. Le premier choc pétrolier (suite au quadruplement des prix du baril en 1973) avait inspiré la campagne de René Dumont, candidat à la présidentielle de 1974. Les analyses du mouvement écologiste naissant restent d’actualité : « En surexploitant les combustibles fossiles, on vole les ressources des générations futures. » ; « Nous demandons l’arrêt de la construction des autoroutes, l’arrêt de la fabrication des automobiles dépassant 4 CV, nous luttons contre la voiture individuelle… » De même en avril 1977, le président Carter s’adressait à la nation grâce à la télévision: « Ce que je vous demande est l’équivalent d’une guerre. Il s’agit bel et bien de préparer un monde différent pour nos enfants et nos petits-enfants. » Il propose d’économiser l’énergie. Mais sa cote de popularité a été divisée par 2 (de 70 à 35 au début de 1978).

De plus le contre-choc pétrolier (la baisse du prix du baril) à partir de 1986 éloigne la problématique pétrolière des esprits. Le Grenelle de l’environnement est resté muet sur cette question. Certes, un groupe a planché sur le thème « lutter contre le changement climatique et maîtriser la demande en énergie ». Mais dans le rapport publié, les économies d’énergie ne sont pas considérées comme une nécessité, simplement comme une solution pour réduire les émissions de dioxyde de carbone. Dans le groupe 2, sur le thème « Préserver la biodiversité et les ressources naturelles », pas de discussion ! A croire que le pétrole n’est pas une ressource naturelle non renouvelable.

Pourtant tous les analystes annoncent la catastrophe. Dès 1979, un ingénieur de l’industrie automobile, Jean Albert Grégoire, publie « Vivre sans pétrole ». Pour lui, « Apercevoir la fin des ressources pétrolières, admettre son caractère inéluctable et définitif, provoquera une crise irrémédiable que j’appellerai crise ultime. » Il faut ensuite attendre 2003 pour que l’après-pétrole soit à nouveau analysé par Richard Heinberg dans « Pétrole, la fête est finie ». Un autre Américain, J.H. Kunstler, parle même en 2005 de la « Longue Catastrophe » qui accompagnera la déplétion pétrolière. La même année 2005,Yves Cochet, qui sera un des intervenants du colloque de 2011, est encore plus incisif, il publie « Pétrole apocalypse ».

L’idée générale de tous ces analystes est la même : plus nous attendrons, plus le choc sera terrible. Des rapports militaires, ceux de la Bundeswehr ou du Pentagone, se préoccupent vraiment de l’insécurité qui suivra le pic pétrolier. Quelques citoyens avertis commencent à s’inquiéter, la fréquentation de ce colloque le prouve. Plus de 200 personnes dans cette salle comble et nous avons refusé par manque de place l’inscription de plus de 100 autres personnes. Que font les politiques alors que la descente énergétique est imparable ? Les intervenants se succèdent et illustrent ma pensée. Le géologue Bernard Durand dévoile ses angoisses : « Le Pic Pétrolier (Peak Oil) mondial, c’est-à-dire le moment où les quantités de pétrole disponibles à la consommation à l’échelle mondiale vont atteindre leur maximum possible, va avoir lieu incessamment. L’offre globale de pétrole va ensuite diminuer, et les quantités de pétrole disponibles par habitant de la planète diminueront plus vite encore. » L’expert Jean-Marc Jancovici  est rentré dans le vif du sujet : « Les parlementaires n’ont pas conscience de l’urgence du problème pétrolier, donc ils ne viennent pas s’informer, donc ils n’ont pas conscience du problème ! » Le député Yves Cochet confirme : « Le gap, le fossé entre ceux qui voient le pic pétrolier et les autres est immense. Mais quand demain nous ne saurons pas si nous aurons ou non de l’eau potable et si nous aurons à manger pour nos enfants, alors nous ne pourrons que prendre conscience de la réalité. »

Les médias ont boudé l’événement : pas de grosse pointure à la tribune, donc pas de couverture médiatique. Les médias ne savent pas distinguer ce qui est important ou secondaire. Ils se spécialisent de plus en plus dans le faits divers. Surtout, contrairement à ma demande réitérée, ce colloque n’a eu aucune conséquence politique… L’après-pétrole n’est pas au programme socialiste. Car du point de vue des socialistes, pour tout résoudre, il suffit d’un peu plus de croissance… verte à la rigueur. De Strauss-Kahn à Hollande, ils sont tous d’accord ! C’est le même discours que la droite. C’est désespérant. Le PS n’a pas encore compris que la croissance a historiquement augmenté les inégalités et en corollaire détérioré la planète. De plus en plus désespérant car l’approche des primaires socialistes (dite « citoyennes ») d’octobre 2011 élimine tout débat de fond : chacun son candidat, comme d’habitude. Car qui se dit membre du parti socialiste pense comme son clan. Les personnalités passent avant les idées. Les militants pensent PS d’abord. S’ils veulent arrêter de sous-traiter l’écologie aux Verts, c’est en croyant que le PS est capable de prendre à bras-le-corps l’urgence écologique par lui-même. Illusion ! Certains rêvent personnellement d’une place officielle qu’on ne leur donnera jamais en tant qu’écolo. Car mon parcours pendant neuf ans au sein du PS m’a montré un appareil partisan qui court après le pouvoir, sans aucune autre ambition. La lutte de classes s’est dissoute dans les lendemains qui déchantent. La crise de la dette étouffe l’urgence écologique. La social-démocratie n’a plus de doctrine lisible ni de projet viable. (la suite, demain)

Une vision d’ensemble de cette autobiographie

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

Fragments de vie, fragment de Terre (suite) Lire la suite »

Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », est éditée chaque jour par épisode sur ce blog biosphere tout au cours des mois de juillet et août.

encarté au parti socialiste !

Aux journées d’été des Verts en août 2002, à Saint-Jean-de-Monts, j’ai craqué. Chaque nuit ou presque une insomnie, pour ces questions lancinantes qui me taraudaient. A quoi servaient les Verts ? Qu’est ce que je faisais dans ce parti ? Qu’est-ce que faire de la politique ? Je suis parti… pour le parti socialiste, un parti dit « de gouvernement ». Mais auparavant, j’ai fait une dernière réunion de formation pour le groupe local sur le concept de décroissance. Même chez les Verts, ce mot était alors inconnu, ou tabou. Il n’y avait pas de formation idéologique chez les Verts et en 2023, c’est toujours la même situation. J’y reviendrais.

J’ai donc décidé de rentrer dans un parti plus sérieux en octobre 2002. L’auto-blocage des Verts devenait irrécupérable et l’enjeu écologique devenait si brûlant que je pensais que le Parti Socialiste allait faire son grand tournant politique vers un parti social-écologiste. Déçu au plus haut point par l’immobilisme des Verts, j’ai basculé dans l’illusion d’un parti dit de gouvernement. Naïf que j’étais encore !

J’ai été accueilli à bras ouvert au niveau de la fédération départementale du PS. Pour cause, personne ne voulait s’occuper d’écologie dans ce parti… Je suis donc, faute de concurrent, devenu presque aussitôt fédéral à l’environnement, membre assidu de la commission nationale environnement, chargé très vite à ma demande d’un suivi mensuel de la politique de la droite en matière d’environnement. Ce suivi était envoyé à tous les députés du groupe socialiste et républicain, laissé sans suite pendant plusieurs années, sauf pour une brochure en avril 2005 « Notre maison brûle, la droite regarde ailleurs ». En fait je m’agitais, j’étais content de travailler pour la cause écologique, mais rien ne bougeait ou presque dans ce parti sclérosé. Comme un squelette agité par le vent, le Parti socialiste.

Que ce soit une section locale, une fédération ou un bureau national, ne nous leurrons pas, l’enjeu dans un parti électoraliste est la répartition des postes, pas l’analyse écologique. On court d’une élection à l’autre, le nez dans le guidon. Les débats sont interminables… pour savoir qui on va désigner comme candidat. Les affrontements interpersonnels entre camarades socialistes sont omniprésents, entre courants, à l’intérieur des courants, entre habitants d’un même lieu. Comment alors prendre le temps de penser écologie ? J’ai quand même réussi à intervenir dans presque toutes les sections de Charente sur le prix de l’énergie. A la question préalable de débat, « pensez-vous normal que le prix de l’essence augmente, soit stable ou baisse », tout le monde ou presque voulait une diminution du prix du carburant, social exige. A la fin de la session de formation, tout le monde avait compris que le pétrole étant une ressource limitée en voie de disparition, le prix du baril devait augmenter et donc le litre d’essence. Mais cette connaissance nouvelle n’avait entraîné aucune conscience nouvelle… au Parti socialiste.

De toute façon la formation idéologique n’existe pas au PS. Le nouvel arrivant doit se contenter généralement d’une présentation devant la section, nom-prénom, un peu plus s’il est bavard, point final. Il y a bien entendu une « formation des cadres », appelée « Université permanente ». J’ai suivi cette formation sur l’année entière : il n’y a aucun débat d’idées, aucun point de repères enseigné ; on apprend à prendre la parole, on suit les bavardages pontifiants de nos leaders lors de l’université d’été à La Rochelle, point final. On réalise à la fin un mémoire qui n’est même pas archivé. A Paris rue Solferino, siège du PS, on s’en fout de la production des militants. C’est ça la démocratie, dans un parti de cadres ! Pourtant j’avais réalisé une somme sur « marxisme et écologisme », mais ça n’intéressait personne. De toute façon le PS n’a aucune idéologie à enseigner, il ne se rappelle même plus qu’il a été SFIO (section française de l’internationale ouvrière), il ne sait plus le langage marxiste de la plus-value, il a la cohérence doctrinale de la droite, marché, libre-échange, concurrence et compétitivité. Pour les socio-démocrates, c’est la croissance économique qui doit permettre les avancées sociales, l’enjeu écologique reste ignoré. Aubry, Hollande et Strauss-Kahn ne peuvent me contredire, ils tiennent le même discours.

La seule fois où j’ai abandonné ma tâche d’écologiste, ce fut à mon détriment en 2006-2007, pour soutenir un candidat « parachuté » en Charente. Malek Boutih, désigné par le national au titre des minorités visibles, me paraissait une personnalité valable. Mal m’en a pris, le conseil fédéral unanime était contre un socialiste « venu d’ailleurs », donc contre moi. Le député sortant, comme un prince en son fief, voulait en effet que soit désignée « sa » candidate à sa succession. Le secrétaire fédéral était aussi l’attaché parlementaire de ce député sortant : conflit d’intérêts, ça facilite l’abus de pouvoir ! Le bureau fédéral était devenu une annexe du Front national, on m’a même demandé si j’étais bien issu de Charente. J’ai été destitué de ma responsabilité de fédéral à l’environnement, on ne me convoquait plus (en toute illégalité) aux réunions du bureau fédéral… Dans ce parti, la lutte pour le pouvoir est beaucoup plus importante que la lutte pour les idées. Et on préfère exclure plutôt que discuter avec les dissidents ! Encarté au PS, écarté par les instances socialistes locales, j’ai continué à militer dans les instances nationales dédiées à l’écologie. On me jette à la porte, je reviens par la fenêtre…

La commission nationale environnement a cela de particulier qu’on est bien obligé d’y parler environnement même si on est au PS. Mais ce n’est pas rare d’avoir un membre du CEA ou un délégué d’Areva ou un militant pro-OGM à côté de soi. On ne doit pas dire du mal du nucléaire. Ni des OGM. Ni du progrès technique. De toute façon cette instance n’est même pas consultative, on s’y réunit pour se réunir. Nous faisions un tour de table, on papotait sur l’actualité, on recevait de moins en moins souvent le compte-rendu. Nous avions reçu des associatifs comme les représentants de Greenpeace ou de WWF. On pouvait faire un lien durable avec les associations environnementalistes. J’ai demandé, on n’a rien fait. Nous parlions à une époque malthusianisme. Rien n’en est ressorti. C’est pourquoi au fil des années l’assistance s’est faite de plus en plus clairsemée, jusqu’à ce que cette commission se résume en 2011 à sa secrétaire nationale, Laurence Rossignol. L’essentiel du travail veut se faire au niveau des apparatchiks, qui se réunissent pour discuter de leurs désaccords. Le culte des ego, dira la presse. Heureusement, le pôle écologique du PS a servi de substitut à la CNE pour satisfaire ma soif d’avancée environnementaliste.

Car le PS a maintenant son pôle écologique ! Lors du Congrès de 2005 au Mans, j’avais fait remarquer à quelques personnages bien placés de la commission nationale environnement qu’il faudrait que l’écologie soit représentée au prochain Congrès socialiste. Miracle, le pôle se crée début 2008, élabore une contribution générale qui se transforme avec mon appui constant et mes pressions amicales sous-jacentes en motion soumise au vote lors du Congrès de Reims. Nous avions l’appui de quelques députés socialistes qui ne veulent plus se contenter d’être le porte-flingue de tel ou tel. Ils croient vraiment que le réchauffement climatique existe et qu’il faut faire quelque chose ; il n’y a pas que des écolo-sceptiques parmi les socialistes. Mais au Congrès de Reims, c’est la lutte à couteaux tirés pour savoir qui va être premier secrétaire du parti… chacun choisit son camp, Ségolène ou Bertrand, Martine ou Benoît. De plus la crise financière fait pencher plus à gauche, l’économie chasse l’écologie, bien au loin, dans la fumée des mots. D’ailleurs de leur contribution générale à sa transformation en motion, j’ai noté le verdissage des programmes des différents leaders : il fallait faire comme si le pôle écologique du PS ne servait à rien !

J’ai représenté le pôle écologique au niveau de la Charente et je suis intervenu devant presque toutes les sections. Mais même les plus écologistes de mes proches amis dans ma propre fédé ne voteront pas la motion B, « pour un parti socialiste résolument écologique ». Résultat national, 1.58 % des voix, aucune représentativité officielle, un désastre. L’écologie reste aux abonnés absents chez les socialistes. Ce ne sont pas, juste avant la messe de La Rochelle, quelques journées d’été réussies (mais non médiatisées) du pôle à Saint Ciers qui vont changer la donne. Depuis, en charge de l’animation de la liste des correspondants du pôle, je désespère de voir émerger un nouveau dynamisme écolo à l’intérieur du parti socialiste. Ce parti reste ce qu’il est, un vieux parti de vieux cadres dont les fondamentaux ne diffèrent pas tellement de la droite libérale. De toute façon, le pôle écologique du PS n’arrivait pas à avoir de position commune sur le nucléaire, le tout voiture, le tourisme en avion, la démondialisation… J’ai juste réussi à faire passer par consensus une motion du pôle sur la simplicité volontaire (réunion à Paris le 29 mai 2010) : « Le Pôle écologique du PS invite ses membres et l’ensemble des citoyens à faire preuve le plus possible dans leur vie de sobriété énergétique et d’autolimitation pour construire ensemble une société plus conviviale et plus égalitaire. » Mais le pôle, comme l’ensemble des instances du Parti, ne travaille pas.

Le PS se contente de temps en temps d’écouter quelques intervenants et il appelle cela « Laboratoire des idées », une idée de François Hollande. Les suggestions sont compilées dans quelques « conventions », fourre-tout indigeste et sans saveur. De toute façon le candidat socialiste à la présidentielle reste libre de n’en faire qu’à sa tête, avec son propre programme, élaboré dans un coin par quelques conseillers occultes. Et l’écologie sera encore une fois complètement marginalisée. Je rêvais d’un parti social-écologiste, avec fusion avec les Verts, ce n’est encore qu’un rêve. Il n’y a rien à attendre pour le moment des socialistes en matière écologiste, je suis dégoûté : neuf ans d’aller-retour à Paris, des échanges Internet innombrables, mes tentatives de structuration du pôle… rien n’a abouti ! Après mon passage chez les Verts, j’avais opté pour l’entrisme dans le Parti Socialiste : neuf ans d’efforts, bilan globalement négatif. Pourquoi ?

D’abord parce que le social pour le PS étouffe complètement l’écologique. Le pouvoir d’achat est sacralisé, le niveau de vie encensé. Quel socialiste dans son imaginaire partisan pourrait se passer de sa voiture et de sa télé, du nucléaire et de la nourriture importée, de la pub et des inégalités ? Le maintien des inégalités est pourtant une explication centrale de la destruction de la planète par notre consumérisme ; la différence entre riches et pauvres crée un processus d’imitation/ostentation qui est utilisé à fond par la publicité : regarde la belle voiture que j’ai, regarde la belle voiture qu’il te faut acheter ! Le pôle écologique du PS a bien tenté de proposer un Revenu maximum autorisé (RMA) lors d’une convention. Cet amendement a fait long feu, même dans ma section : « Les inégalités motivent », me dit-on ! « Le politique ne peut rien faire contre l’économique », on ajoute ! Désespérant !! Suis-je encore parmi des socialos ? Où est l’esprit d’égalité ? (à suivre, demain)

Si tu ne veux pas attendre la suite, à toi de choisir ton chapitre :

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

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Le film de Daniel Goldhaber, Sabotage

Le film « Sabotage «  (titre original : How to Blow Up a Pipeline) est présenté le 10 septembre 2022 au festival international du film de Toronto 2022 et sort aux États-Unis le 7 avril 2023.

La génération actuelle se sentant trahie par les précédentes, qui lui lèguent une planète aux allure de poubelle, a-t-elle raison d’opter pour la violence la plus radicale ? Oui, répond Daniel Goldhaber avec ce film militant dans lequel il adopte fidèlement le manifeste du Suédois Andreas Malm, « Comment saboter un pipeline ». Que l’on apprécie ou non le choix de ces militants , le film atteint son but : faire réfléchir. (recension du Canard enchaîné, 26 juillet 2023)

Face à l’urgence écologique, un groupe de jeunes activistes se fixe une mission périlleuse : saboter un pipeline qui achemine du pétrole dans tous les Etats-Unis. Car parfois, le seul moyen d’être entendu est de passer à l’action. (ALLOCINÉ)

Son film est une bombe. Artisanale et métaphorique. Car si les huit personnages de Sabotage, en salles depuis le 26 juillet, mettent bien leur colère et leurs compétences en commun pour faire sauter un oléoduc dans le désert du Texas, le film de Daniel Goldhaber est moins un mode d’emploi pour apprenti artificier qu’un appel, joyeux et déterminé, à entrer en dissidence. .. Daniel Goldhaber, réalisateur de “Sabotage”, dans l’interview : “Je suis la dernière personne qui irait faire sauter un oléoduc !” (Téléréma)

Pour en savoir plus sur le sabotage des mécanismes thermo-industriels

Écologie, la tentation du sabotage (mai 2023)

Hymne au sabotage dans Le Guardian (décembre 2021)

L’appel au sabotage relève de la liberté d’expression (janvier 2015)

https://revuecommune.fr/2023/07/29/sabotage-de-daniel-goldhaber-braquage-ecologiste/

« Lisez-vous Andreas Malm ? » C’est la question qu’a frontalement posé la police française à nombre des militants écologistes récemment interpellés suite à la mobilisation de Sainte-Soline. Dans la foulée, tout affairé à nous faire revivre les joies des années 1930 du siècle dernier, Gérald Darmanin citait parmi les motifs de dissolution des Soulèvements de la Terre l’influence tentaculaire de l’auteur suédois, dont l’œuvre la plus célèbre demeure Comment saboter un pipeline. Sans le vouloir, ils ont préparé fort généreusement le terrain pour l’arrivée dans nos salles du deuxième long-métrage de Daniel Goldhaber.

Adapter un essai sous forme de fiction : l’idée est audacieuse et, pourrait-on croire, casse-gueule. Et c’est là que d’emblée, Sabotage se démarque. Là où tant d’autres films politiques ont embrassé leur sujet sous l’angle de la dénonciation et du tragique, ou de l’exaltation incantatoire de leur noble cause, ici nous suivrons comme sept samouraï, comme de grands évadés ou comme un gang de braqueurs les huit personnages centraux, qui se sont fixé comme but commun de faire exploser le pipeline texan qui achemine la plupart du pétrole étasunien.

Leurs motivations sont diverses : des militantes lassées d’activités insignifiantes dans les limites autorisées par la loi, l’une d’elles ayant développé un cancer dû à son exposition à des produits toxiques, un redneck texan exproprié de ses terres par une compagnie pétrolière, un couple d’écolos déglingués motivés par l’aventure, un jeune amérindien impliqué dans la lutte de son peuple dans le Dakota du Nord… Leurs trajectoires sont différentes, mais la lutte les unit contre un ennemi commun : l’extractivisme des compagnies pétrolières, qui exproprient, polluent et influencent notoirement les décisions publiques.

Si la pertinence de leur choix politique sera débattue dans le film, et si la rhétorique y joue un rôle dramaturgique important, la force de Sabotage réside pourtant dans le fait de ne pas faire de la question morale (faut-il ou ne faut-il pas faire sauter ce pipeline ?) le centre du scénario, écrit à quatre mains par le cinéaste et l’actrice principale Ariela Barer. Si la question se pose, elle est à fort juste titre assez vite répondue. Non, ce qui fait tout le sel de ce film mi-western mi-braquage mi-film-d’évasion (pas moins de trois moitiés donc), c’est d’avoir placé au cœur du drame la question pratique. Comment vont-ils s’y prendre ? Quelles seraient les conséquences et comment les anticiperont-ils ? Leurs différents parcours seront-ils un obstacle à la réalisation de leur projet ? Et surtout : parviendront-ils à leurs fins ?

Et c’est là que le film réussit son premier pari : réconcilier la politique radicale avec la joie de l’action, la perspective du fait accompli, plutôt que la continuelle (quoique parfois nécessaire) déploration de nos échecs. Pas de parti-pris radicaux dans la mise en scène, mais au contraire une certaine exigence de justesse au plus près de l’action et des personnages : c’est donc dans la narration, riche en rebondissements à la manière d’un Usual Suspects, que se trouve le noyau d’un film porté par un casting jeune et habité.

A peine la projection de presse terminée, fusent les questions, tant des journalistes que des militants. Certaines ont déjà été anticipées dans le film, d’autres non. Et patiemment, Daniel Goldhaber et Ariela Barer leur répondent.

  • « Votre film montre seulement quelques personnages qui se battent dans une situation exceptionnelle alors que le plus important c’est le quotidien et le collectif ! » s’insurge un premier intervenant. Il lui est répondu que les deux temporalités et les deux stratégies ne sont nullement exclusives l’une de l’autre, et peuvent au contraire s’avérer complémentaires.
  • « Pourquoi avoir fait un film Benneton avec des lesbiennes, un amérindien, une afro-américaine et un redneck ? ». Soupir. « Parce que c’est ce à quoi ressemblent nos luttes », lui est-il rétorqué.
  • Nous posons à notre tour une question qui fâche : et s’il fallait verser le sang pour parvenir à ses fins ? Y a-t-il une limite à l’action directe, et si oui laquelle ? Là, le réalisateur convoque son auteur-inspirateur Andreas Malm. « Pour préserver l’avantage moral auprès d’un public large, il importe de bien choisir sa cible. Ne pas s’en prendre aux personnes, mais aux symboles et aux biens. L’idée est de présenter la thèse de Malm sous sa forme chimiquement pure ».

Quant à savoir si la situation se présentera exactement dans cette configuration, si nous pouvons encore nous permettre le luxe d’actions symboliques, c’est l’avenir des luttes qui nous le dira.

Anastase Borisévitch Oniatovsk

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Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », est éditée chaque jour par épisode sur ce blog biosphere tout au cours des mois de juillet et août.

Ma tentative d’écologiser la politique

Quelques idées générales : Si un ouvrier peut passer directement de la défense de son salaire à la lutte pour le progrès économique de l’humanité, il n’y a pas de solidarité de classe avec une nature de plus en plus extériorisée et artificialisée. Si l’individu participe facilement à la défense de son jardin contre l’implantation d’une bretelle d’autoroutes, il ne ressent pas du tout que la cause de ses problèmes réside dans l’existence de son garage. La prise de conscience de la nécessaire insertion des individus dans la Biosphère n’est pas « naturelle », comme il est aussi peu naturel que les individus décident « librement » du fonctionnement du marché. Toute réalité mentale résulte d’un apprentissage et la socialisation, aujourd’hui pervertie par le système techno-industriel, devrait rapidement remplacer l’économisme par le sentiment écologique. Contre une économie qui aliène et une technique qui asservit, les scientifiques, les politiques et les éducateurs doivent adopter un nouveau discours. Pas pour une transition écologique, mais pour une véritable rupture avec la société thermo-industrielle.

La Nature ne doit pas être ressentie comme extérieure, elle est notre milieu de vie sans lequel rien n’est durablement possible. C’est une disruption fondamentale avec ce que croient et disent les politiciens actuels. On ne naît pas écolo, on le devient. Que ce soit Nicolas Hulot ou Jean-Paul Besset. Ce dernier, anciennement trotskiste, héritier des lumières du Progrès pour débarrasser le monde du capital, des patrons et des petits livres rouges, avait remarqué que chaque fois qu’il quittait la ville, l’agitation, les bagnoles et qu’il venait s’asseoir sous un arbre, il respirait mieux, ça allait mieux. Il regardait les nuages, il écoutait le vent, la pluie, les insectes, il aimait gratter la terre, il se disait : « Voilà mes vraies richesses ! » (Comment ne plus être progressiste…sans devenir réactionnaire – Fayard, 2005)

Moi aussi je ne suis pas né écolo, mais ma propre démarche remonte à loin, il y a plus de cinquante ans. Assigné par ma naissance à la génération 1968, j’ai été lecteur assidu d’Hara-Kiri, formaté par le réalisme du slogan « élections, piège à cons »…. J’ai donc déchiré en deux ma carte d’électeur début 1970. Affichée sur les murs de ma faculté, elle y est restée l’année entière. La politique, un jeu de marionnettes dans les mains du marché et des lobbies, ce n’était pas pour moi. Le 15 Juin 1972, je découpe un entrefilet sur la conférence des nations unies sur l’environnement qui se tient à Stockholm. Mais je n’ai encore aucune idée de l’importance que prendra l’écologie politique. Le terme écologiste a fait son entrée dans le Petit Larousse en 1976 seulement ! La même année 1972, je lis le rapport du MIT sur les limites de la planète et les vertus de la croissance zéro. C’était prévu, c’était prouvé, l’amour de notre société marchande pour les exponentielles dans un monde fini faisait que nous allions droit dans le mur ; j’étais prêt à devenir militant. Lorsque René Dumont, poussé par des associations environnementalistes, s’est présenté à la présidentielle française de 1974 au nom de l’écologie, j’ai compris qu’un vote significatif pouvait enfin avoir lieu pour préparer un avenir moins perverti : nous allions manquer d’eau, les voitures allaient s’arrêter faute de pétrole, le nucléaire militaire et civil était le mal absolu. René parlait vrai. Il me fallait réagir, j’ai voté pour la première fois, j’avais 27 ans.

Depuis, j’ai toujours voté écolo au premier tour pour le ou la présidentiable écolo. Il n’est pas encore venu le temps où nous aurons un ou une président(e) écologiste, mais cela viendra. J’ai aussi voté chaque fois qu’il y avait une liste écolo, je ne pouvais voter que s’il y avait un candidat écolo. L’indifférence totale des partis politiques à l’égard de l’enjeu écologique continuait de me rebuter. J’avais gardé une méfiance viscérale envers des organismes « de pouvoir » qui ne voulaient toujours rien savoir du message de René Dumont : l’écologie scientifique est le rempart principal contre nos erreurs industrielles, agricoles, financières, et même contre la bêtise humaine. Reste donc à écologiser les politiques ! Mais, l’inertie sociale étant ce qu’elle est, l’écologie politique est restée minoritaire jusqu’à la fin du XXe siècle, en France et ailleurs. L’état de la planète a empiré, les prédictions de René se sont installés dans les faits, et même dans les journaux télévisés. Les sommets de Terre se sont succédé depuis 1972, rien n’a changé. Personne n’a entendu parler à l’époque du « sommet de la Terre » en 1982 , et même la grande kermesse de Rio en 1992 « sur l’environnement et le développement » n’a été que des mots. Il me fallait faire quelque chose… je me devais de m’engager personnellement en politique ! Alors va pour les Verts en 1997, qui disaient porter le message de l’écologie. J’ai abandonné la sphère échiquéenne pour le marigot politique, je n’étais pas préparé à cela.

Ma première réunion entre écolos m’a laissé un souvenir impérissable. Je n’y comprenais rien. Une vingtaine de personnes seulement, et je me perdais complètement entre les sous-tendances des différents courants. Un participant bien charitable et d’autant plus perspicace m’a expliqué en aparté. « Simplifions. Il y a les Verts rouges (communistes), les Verts noirs (anarchistes) et les Verts verts (fondamentalistes). A partir de cette trame, chacun brode à sa façon. » Comme j’enseignais professionnellement la sociologie politique, j’ai à peu près compris. Il y avait les marxistes derrière le drapeau rouge, mais qui avaient senti tourner le vent de l’histoire : la victoire du prolétariat ne pourrait pas se faire sur les décombres de la planète. Mais ils n’avaient aucun repère doctrinal en matière environnementale car Karl Marx considérait l’accumulation infinie du capital dans une biosphère aux ressources inépuisables : il vivait au XIXe siècle. Et puis il y avait les pseudo-anarchistes derrière leur drapeau noir. Pour les votes, les Verts noirs sont très forts : faut toujours s’exprimer contre le consensus qui se dessine. Et moi, et moi, et moi, vous m’avez oublié ? Dès qu’une tête dépasse, faut la couper. A désespérer du genre humain ! Pour ma part, je me sentais Verts vert, écologiste avant tout, plus que radical diraient certains.

Je n’ai pas mis très longtemps pour me rendre compte que mon orientation était et devait rester minoritaire. Dans un parti politique, et les Verts ne faisaient pas exception, ce qui compte c’est le pouvoir, la recherche du pouvoir, la contestation du pouvoir ou même le pouvoir pour le pouvoir. Humain, trop humain ! M’enfin, comme me l’avait enseigné René Dumont, notre tâche était bien là : écologiser les politiques et politiser les écologistes. Fallait que je m’accroche. Je suis resté chez les Verts jusqu’en 2002.

Assidu aux réunions, je me rendais utile chez les Verts, j’ai progressé dans la hiérarchie des responsabilités, j’ai été admis au bureau en Charente. Je garde en souvenir inoubliable d’un covoiturage avorté qui marque bien les difficultés de l’écologie politique. Pour ma première réunion « au sommet », un camarade-écolo devait me prendre. J’ai attendu mon conducteur-voiture, beaucoup attendu, il n’est jamais venu ! J’ai téléphoné. Il m’avait complètement oublié, il était presque arrivé au lieu de rendez-vous à quelques dizaines de kilomètres… j’ai du prendre une autre voiture. C’est à des détails comme celui-là qu’on ressent dans sa chair pourquoi l’écologie appliquée patine : personne ne veut vraiment appliquer pour lui-même les principes à la base des économies d’énergie. Cela n’a pas empêché mon étourdi de devenir Conseiller régional Vert…

Au niveau du groupe local des Verts, notre principal fait d’arme à Angoulême depuis 1997 était le prix Tournesol. Lors du festival international de la bande dessinée, un prix récompense l’album sensible aux problématiques écologiques… ou porteur de valeurs comme la justice sociale ou la défense des minorités. L’écologie n’attire pas encore les foules sur son seul nom, il faut introduire d’autres critères. Autre action : après moult discussions et création d’une association spécifique, une fête de l’écologie s’est installée dans le petit village de Nanclars le dernier week-end du mois de septembre. Première édition en 2002, au moment même où j’allais quitter les Verts. Tous ceux que l’écologie intéresse se retrouvaient : des ateliers pratiques, un espace débats, un marché de produits écolos, expos et coin mômes, etc. Personnellement je n’étais pas pour, cela accroissait les déplacements en voiture. L’idéal a du mal à se concilier avec les pratiques… régulièrement, j’y vais quand même faire un tour.

Aux journées d’été des Verts, dont je ne loupais aucun exemplaire, c’était la grande kermesse. Cela allait des groupes d’échange les plus sérieux, autour de l’espéranto, jusqu’aux plus farfelus comme celui qui rassemblait les transsexuels et autres divers genres, en passant par le groupe femme qui parle des femmes : chacun dans sa chapelle. Sans oublier les fumeurs de pétards qui utilisaient la moindre occasion pour faire parler de la dépénalisation du cannabis. Il est bien vrai que l’étiquette écolo regroupait surtout tous les survivants de la deuxième gauche, celles et ceux pour qui libéralisation des mœurs, féminisme, IVG, homosexualité, autogestion… restaient l’alpha et l’oméga de la revendication publique. Je n’étais pas contre, loin de là, je peux même ajouter entre autres à la liste « naturisme et nudisme », « pacifisme et non-violence ». Mais je pensais à juste raison que ces messages issus de mai 1968 étouffaient complètement ce que nous voulions faire passer : une planète sauvegardée pour nos descendants et toutes les autres espèces vivantes. Dominique Voynet concluait lors de ma dernière journée d’été verte en 2002 que ce n’était pas la peine de parler entre nous d’écologie puisque tout le monde était d’accord sur la question !? Elle faisait l’impasse sur nos manques.

J’étais accablé par les contradictions internes des Verts, par des statuts super-compliqués et d’autant plus inefficaces, souvent dénoncés mais jamais modifiés. J’étais aussi accablé par l’amateurisme de nos procédures et candidats. Aux primaires pour la présidentielle 2002, nous avions voté Lipietz contre Mamère, qui s’était révélé non médiatique et qui avait été destitué par un autre vote… et Mamère, malgré sa décision irrévocable de ne pas se présenter, a quand même obtenu plus de 5 % des voix à cette élection. Mais avant, j’avais voté pour voter, plusieurs fois à la suite, pour l’un, contre l’autre. J’étouffais, les Verts ne portaient pas vraiment l’idéal écologiste, mais un système embryonnaire de parti, un ramassis d’ambitions et beaucoup de gens qui ne faisaient que passer. Le turn over est intense ! (la suite, demain)

Si tu ne veux pas attendre la suite, à toi de choisir ton chapitre :

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

Fragments de vie, fragment de Terre (suite) Lire la suite »

Vers la décroissance, subir ou choisir ?

L’idée de décroissance progresse dans les mieux dirigeants,

ainsi ce « séminaire ».

séminaire : Vers la décroissance, subir ou choisir ?

La décroissance est une notion aujourd’hui clivante, souvent associée à une gauche (extrême) ou des groupes altermondialistes dans la lutte d’urgence climatique. Si cette notion n’est pas nouvelle, on peut l’aborder de deux manières, changeant alors activement son sens.

La décroissance peut d’abord être abordée comme contexte, l’inverse de la croissance comme état subi, souvent associée à la désindustrialisation : un territoire qui perd ses entreprises et centres d’emplois, ses habitants, qui n’est plus/pas attractif ; état subi sur un territoire donné, mais que l’on peut considérer comme étant néanmoins causé en partie par la mondialisation libérale à la recherche du moindre coût.

La décroissance peut également être abordée comme politique, comme stratégie. Approche plus récente, cette vision ne prône plus la recherche de la croissance et la course à l’attractivité, dans un monde où les ressources sont finies et où, si l’humain doit survivre, il doit savoir se contenter de moins. A noter bien-sûr que cela doit se penser conjointement à une équité entre les individus, du local à l’international (un luxembourgeois a une empreinte écologique 26 fois supérieure à un yéménite[1]). Si la décroissance va plus loin que la sobriété – souvent vue comme négative – la décroissance comme politique se veut positive, car choisie – en tant que choix collectif de société, en général à une échelle encore locale.

Même si la décroissance comme politique est de plus en plus visible en tant qu’objet du débat public, elle reste néanmoins encore marginale, surtout dans sa mise en œuvre. La décroissance est-elle nécessaire ? Si oui, comment la mettre en œuvre et à quels prix pour nos territoires ? Les habitants, acteurs et élus du territoire sont-ils familiarisés avec cette notion ? Que sommes-nous prêts à accepter collectivement et individuellement ?

Ce sont ces questions, à la fois de connaissance actuelle sur cette notion de décroissance mais aussi d’anticipation, que le Club prospective vous propose d’aborder dans son séminaire annuel des 31 août et 1er septembre à La Rochelle.

Jeudi 31 août

9h : Accueil café

9h30 : Ouverture de la 6e session extraordinaire du Club prospective

10h : Plénière

  • Qu’est-ce que la décroissance ? – Michel LEPESANT, décroissant-chercheur, fondateur de la Maison commune de la décroissance et cofondateur de l’Observatoire de la post-croissance et de la décroissance
  • Quelle(s) décroissance(s) dans les territoires ? – Julian PERDRIGEAT, délégué de La Fabrique des Transitions, ancien Directeur de cabinet à Loos-en-Gohelle
  • Quelle acceptabilité sociale, quels changements de comportements de la décroissance ? – Xavier BRISBOIS, chercheur indépendant en psychologie sociale et psychologie cogniti

12h30 : Pause déjeuner

14h : Ateliers prospectifs sur les enjeux d’aujourd’hui et de demain autour de la décroissance Déclinaison de la méthode prospective « How to what if ? » pour travailler des trajectoires possibles et repérer les enjeux à prendre en compte au sein de nos territoires.

16h30 :  Conclusions de la journée avec un regard croisé des intervenants et des participants

17h30 : Visite patrimoniale proposée par la Ville de La Rochelle autour du Street Art

20h : Poursuite des échanges autour d’un dîner

Vendredi 1er septembre

9h30 : Boîte à outils prospectifs : partage de méthodes pour faire vivre la prospective territoriale dans nos collectivités.

12h : Clôture du séminaire 2023

https://www.adgcf.fr/22-465-5-seminaire-annuel-club-prospective-vers-decroissance-subir-choisir.html

NB : l’Association des directeurs généraux des communautés de France (ADGCF) rassemble près d’un millier de cadres dirigeants de communautés de communes, de communautés d’agglomération, de communautés urbaines et de métropoles.

Vers la décroissance, subir ou choisir ? Quelle acceptabilité sociale des habitants et acteurs de nos territoires ?

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Niger, surpopulation et coups d’État

La scène est désormais bien connue des téléspectateurs ouest-africains. A la télévision nationale, les programmes sont tout à coup interrompus et des militaires en treillis apparaissent sur le petit écran pour proclamer la destitution du président.

26 juillet 2023 au Niger, dix hommes en tenue militaire sont apparus à l’antenne de la télévision nationale nigérienne : « Nous, Forces de défense et de sécurité, réunis au sein du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie… toutes les institutions issues de la VIIe République sont suspendues. » Cette tentative de coup d’Etat semble seulement reliée à des frustrations personnelles du chef de la garde présidentielle !

Sur les 486 coups d’État réussis ou ratés depuis 1950, 214 – dont 106 réussis – ont eu lieu en Afrique, la région la plus touchée. Les dirigeants corrompus sont remplacés par des dirigeants corrompus. Les gouvernements ont de l’argent pour acheter des armes mais pas pour nourrir correctement leur population. Un pays en état de surpopulation est dans l’incapacité totale d’avoir un gouvernement stable. C’est ce qui devrait être indiqué dans tout article sérieux sur les coups d’État.

Niger : 2,5 millions d’habitants en 1950, 3,5 millions d’habitants en 1960… 22,5 millions en 2020… 79 millions en 2050 selon les tendances actuelles… puis 209 millions en 2100. Autant dire que freiner une telle marée humaine est tâche impossible. L’objectif de limiter les naissances se confronte à une moyenne de sept enfants par femme. Un tel indice de fécondité alimente un taux de croissance de 3,3 % par an, un doublement de la population tous les 21 ans dans un pays sahélien gagné par la désertification. 30 % des filles sont mariées avant l’âge de 15 ans, 42 % des femmes sont mères avant 17 ans. Emmanuel Macron dit vrai : « Quand des pays ont encore aujourd’hui sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien. »

Avec en moyenne 7,6 enfants par femme, le Niger est le champion du monde de la fécondité. Voici le point de vue du docteur Hassane Atamo, chef de la planification familiale au Niger : « Chez nous, avoir beaucoup d’enfants est un signe de puissance et de richesse. L’âge moyen du premier mariage au Niger est de 15 ans. Imaginez une fille qui n’a jamais été à l’école… Elle a toutes les chances de se marier à 13 ou 14 ans ! Quand un Nigérien a plusieurs femmes, une compétition s’installe entre les épouses ; chacune veut donner le maximum d’enfants au mari. De plus le taux de mortalité infantile a baissé, notamment grâce aux avancées de la médecine. On continue à penser que c’est Dieu qui décide du nombre de nos enfants, que c’est le destin. La religion interdit les mots tels que « limitation des naissances » ou « stérilisation ». »

Le plan de planification familiale 2013-2020 avait pour objectif de faire passer le taux de prévalence contraceptive de 12 % actuellement à 50 % d’ici à 2020. Il y a eu gratuité des produits contraceptifs depuis 2007 dans toutes les structures publiques. Avant, il fallait une autorisation écrite du mari et sa pièce d’identité, ou sa présence, pour que la femme puisse obtenir un contraceptif. Depuis 2008, les textes ont supprimé ces barrières. Les injections intramusculaires, tous les trois mois, sont le moyen de contraception le plus utilisé. Le dispositif intra-utérin commence aussi à l’être. Mais toutes ces techniques ainsi que l’école des « maris modèles pour promouvoir la santé maternelle » arrivent tard, beaucoup trop tard. La pression démographique est telle que les terrains agricoles sont de plus en plus divisés et que la qualité des sols ne suit plus.

La bonne volonté de certains ne suffit pas. Il faut introduire une certaine contrainte sans trop forcer pour ne pas être taxé d’antihumanisme par les humanitaires. Équation insoluble ! Alors, une petite astuce réglementaire qui pourrait être promu par Macron pour maîtriser les flux migratoires : ne laisser entrer en Europe que les citoyens venant de pays ayant un taux de fécondité inférieure ou égale à celui de l’Union européenne, soit 1,58 enfants par femme. Sinon les pays pourront toujours continuer à laisser libre cours à leur exubérance reproductrice puisqu’on pourra partir ailleurs quand on se sentira à l’étroit.

Précisons cependant qu’il est au moins aussi difficile d’agir contre la sur-fécondité humaine dans certains pays pauvres que de demander aux habitants des pays riches d’accepter une baisse de leur niveau de vie.

Notre analyse pays par pays sur ce blog biosphere

Surpopulation généralisée dans tous les pays

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Festives de la décroissance en ordre dispersé

Les décroissants font leurs journée d’été, mais en ordre dispersé.

28, 29 et 30 juillet 2023 à St-Maixent-L’école… organisé par Génération écologie de Delphine Batho

Thème : bâtir un monde résilient

https://decroissancelefestival.org/

8 au 13 août à Cologne dans le Gers... organisé par la Maison commune de la décroissance (MCD)

Thème : « la décroissance comme solution politique »

Toutes les modalités pratiques des (f)estives 2023

Nous avons posé la question démographique à ces deux instances de réflexion.

Génération écologie n’a pas répondu à nos multiples demandes !

Des membres de la MCD se sont exprimés (mais la MCD cherche  encore sa voie) :

Notre mouvement est antinucléaire, antiproductiviste et anticapitaliste (ou antilibéral). Nous remettons en cause le modèle occidental de société qui s’étend sur l’ensemble de la planète. La croissance démographique ne fait qu’amplifier les catastrophes. 8 milliards d’êtres humains, alors qu’il n’y en avait qu’un seul au début du XIXème siècle ! Jamais la Terre n’aura connu une telle croissance démographique qui ne peut se faire qu’au détriment des autres êtres vivants. Mais on se heurte au déni, la démographie est encore un sujet tabou, même dans une partie du mouvement de la décroissance. Pourtant, lorsqu’on interroge les gens, ils sentent bien que l’on ne peut pas être 15, voire 20 milliards d’êtres humains et pour la France qu’on ne peut pas être 100 millions. Tous sentent bien qu’il y a une limite quelque part.

On peut s’appuyer sur la formule de Paul Erlich :  I =PAT, où l’impact de l’homme sur la biosphère = la population x la richesse produite x la technologie (https://fr.wikipedia.org/wiki/I_%3D_PAT). Décroître, ça n’est pas seulement décroître la population par la réduction de la natalité, cela implique surtout, la réduction du PIB (avec réorganisation de la société permettant la sobriété), et l’abandon du discours qui prétend que tous problèmes causés par la technique n’auraient que des solutions techniques, oubliant les solutions culturelles et politiques. Cela étant, au-delà du renversement du système productiviste, l’abandon de la politique nataliste française se comprend, ainsi que la réduction drastique du taux de natalité dans le monde entier et en particulier dans les pays où les femmes ont plus de 2 enfants. Mais en dehors de la France nous pouvons dire que cela ne nous regarde pas, sauf que « nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde ». Seule une décroissance ici (fin des prédations du Nord sur le Sud) encouragera une remise en cause du développement là-bas.

Plusieurs membres de notre association sont membres de Démographie Responsable. Ceci dit, la population n’est qu’une face du problème, l’impact environnemental étant la combinaison des facteurs que sont la taille de population, la richesse de la population et la technologie.

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E. Macron invente la « sobriété raisonnable » !!

En visite au Salon du Bourget, lundi 19 juin, le chef de l’État affirme qu’il faut distinguer une sobriété « bien organisée, non punitive », d’une sobriété « punitive » : « La première serait comprise par tous et raisonnable, tout le monde fait des efforts qui permettent de faire des économies d’énergies. L’autre en viendrait à dire « il faut tout arrêter, et il faut renoncer à la croissance. Je ne la crois pas raisonnable. Nous qui sommes en déficit, comment voulez-vous qu’on finance notre modèle social si on ne crée plus de richesses ? 

Emmanuel Macron, ce vieux jeune qui vit encore aux temps de l’abondance à crédit, ânonne l’idée de sobriété sans vouloir nous avertir que le futur proche ne sera pas une allée bordée de roses, mais de larmes.

Julien Vincent : La « sobriété » a fait une entrée dans le débat public au cours de l’année 2022. Deux ans après avoir tenté de délégitimer cette notion, en raillant le « modèle amish », Emmanuel Macron change de stratégie dans le contexte de la campagne présidentielle. Son but est désormais de s’emparer de ce terme pour en désamorcer la charge critique. Il fait alors de la sobriété, assimilée au simple bon sens, un impératif d’optimisation de la consommation d’énergie, sans contrainte pour le secteur marchand ni réflexion sur les besoins. C’est contre ce discours devenu dominant qu’est écrit Politiques de sobriété de Bruno Villalba. A la suite de Jacques Ellul, Bernard Charbonneau, Ivan Illich ou André Gorz, toute politique véritable de sobriété devrait examiner non les intentions et les discours, mais les conséquences matérielles de nos actions. C’est le cas, par exemple, des énergies « vertes », du recyclage, du numérique ou du nucléaire, qui font l’objet d’un chapitre consacré aux « logiques d’innovation et d’efficacité ». Au vu de leurs conséquences à moyen et long terme, celles-ci ne seraient qu’un discours performatif destiné à « maintenir vivace la promesse de l’abondance ».

Rejeter de telles illusions est nécessaire à une époque où les paramètres de la politique sont redéfinis par de nouvelles limites. Limites planétaires, d’abord, liées à la fragilité des équilibres climatiques et écologiques. Limites temporelles, ensuite : l’idée d’un temps historique linéaire, d’un progrès indéfini, a laissé place à une rationalité du délai ou du sablier, dans laquelle il faut agir vite et fort afin de pouvoir limiter l’ampleur d’une catastrophe déjà irréparable. La sobriété, selon Villalba, est d’abord un apprentissage du « renoncement ». La deuxième partie de l’ouvrage envisage la sobriété comme un idéal positif. Ainsi la liberté, à l’ère de la sobriété, n’est plus absence de contraintes, comme dans le libéralisme classique, mais autonomie relationnelle, adhésion collective à une règle dans laquelle sont prises en compte les conséquences de chaque chose sur l’ensemble des vivants. Le renoncement apparaît finalement comme un apprentissage de la réalité, et comme la seule façon de vivre avec les autres terrestres, humains et non humains. Les Anciens grecs faisaient de la sobriété une éthique personnelle et intérieure. Abordant des dispositifs de sobriété tels que la carte carbone, la taxe carbone ou le rationnement, mais aussi le renoncement à la viande ou la discipline des écogestes, Bruno Villalba veut surtout envisager la façon dont leur mise en discussion contradictoire pourrait devenir un lieu d’expérimentation, tant pour le corps individuel que pour le grand corps politique.

Le point de vue des écologistes, sobre et à jeun

Astarianelle : J’imagine mal le Français lambda se passer de McDonalds, KFC, Dominoes Pizza, Burger King, Starbucks, Amazon, Coca-Cola… Vivre solidairement avec un peu moins, ce genre d’utopies étaient peut être possibles au lendemain de la libération. Aujourd’hui, j’ai la conviction que c’est impossible. Je discutais récemment avec un ami. Il m’a littéralement dit qu’il se foutait des conditions de travail chez Amazon. Voila où on en est arrivé. Nous ne sommes plus des citoyens compatriotes. Juste des consommateurs. Le « Moi, consommateur » l’a emporté sur le « Moi, citoyen »

Jean Rouergue : Mais qui est encore assez fou pour croire pouvoir poursuivre un tel chemin vers la désolation ? Nous devrons renoncer à beaucoup, la sobriété s’imposera d’elle même et à tous, peut-être pas en même temps mais certainement. Certains useront quelques temps supplémentaires de leurs revenus mais leurs descendants certainement pas…. un riche même ultra riche sans serviteur, ouvrier, jardinier…. il est comme vous et moi, un visiteur éphémère qui se promène dans un cimetière. Sacré Titanic que la Terre !

Michel SOURROUILLE : Macron a inventé la « sobriété raisonnable » pour contrer la sobriété punitive, celle des Ayatollah de l’écologie qui ne veulent pas prendre l’avion au Bourget, prendre la voiture pour acheter une baguette, manger de viande à tous les repas, travailler dans des entreprises qui mènent à notre perte, utiliser une technique si elle n’apporte pas un mieux véritable, etc… Autant dire que Macron doit lire d’urgence le livre de Villalba et faire un stage chez les Amish de la Terre.

La sobriété partagée, une nécessité vitale

extraits : Le politiste Bruno Villalba considère que la guerre en Ukraine agit comme un « révélateur » du lien entre nos modes de vie et leurs conséquences sur les équilibres planétaires. La crise d’approvisionnement d’énergie doit nous interroger sur notre besoin frénétique de consommer de l’énergie et l’inégale répartition de cette consommation…

En marche… vers la sobriété partagée

extraits : La « tempérance » ou « frugalité » ou « modération » était perçue comme « une évidence », dans des sociétés « soumises aux contraintes matérielles », où les populations s’organisaient « pour répartir des sources d’énergie peu abondantes, gérer la pénurie pour se chauffer, s’alimenter, se déplacer, ou produire des biens ». C’est seulement à partir du XVIIIe siècle qu’émerge l’idée que la Terre est exploitable, qu’il suffit de la creuser pour en extraire une énergie abondante…

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Woke ou pas, y’a rien à comprendre !

Si LE MONDE ignore pour ses titres et même pour son contenu le mot « surpopulation humaine», il est disert sur le terme wokisme, les articles sont innombrable. Ainsi ce texte du préposé aux Idées, Nicolas Truong :

Le « wokisme », déconstruction d’une obsession française

« En France comme aux Etats-Unis, ce sont les partis de droite et d’extrême droite qui sont aux avant-postes de la croisade antiwoke. Pas une semaine ne s’écoule sans une offensive médiatique contre le « wokisme ». Le mot a pris le relais du « politiquement correct », la dénonciation de ce mal qui se ferait au nom du bien mériterait d’être inscrite au catalogue flaubertien des idées reçues, « Wokisme : tonner contre ».Comme le rappelle l’étymologie, « woke » dérive de l’expression « awake », que l’on peut traduire par « éveillé ». Apparu en 2013 pour protester contre le « racisme systémique », cette invitation à faire attention aux discriminations s’est transformée en injonction, à mesure que croissait la répression. « Stay woke ! », clame une jeunesse réfractaire aux actes et discours racistes, mais aussi sexistes et écocides. Le woke, c’est un citoyen conscientisé et vigilant. Un retournement s’est opéré, notamment par l’usage d’une rhétorique de l’inversion. Le changement dans des ouvrages classiques de la littérature jugés offensants ont focalisé le débat sur la cancel culture, que l’on peut traduire par « culture de l’annulation ».

La sociologue Nathalie Heinich souhaite promouvoir aujourd’hui un « antiwokisme de gauche » qui s’attache à défendre « ces valeurs républicaines fondamentales que sont l’universalisme, la rationalité, la liberté et la laïcité ». La critique du wokisme se fait au nom d’un républicanisme de progrès opposé à une « gauche américanisée » qui aurait abandonné le social au profit du sociétal, et porté son attention sur les minorités plutôt que vers les « Blancs » déclassés. « La critique du mouvement woke dépasse le clivage droite-gauche, rétorque Jean-François Braunstein, elle oppose notamment les scientifiques à ceux qui veulent effacer la frontière entre le réel et le virtuel, comme chez les militants trans qui estiment que la conscience est totalement indépendante du corps et que le sexe est au “choix”. » Denis Kambouchner perçoit-il le développement d’« une hypersensibilité de nature à rendre impossible toute communication sereine entre personnes diversement catégorisées » et estime que « les antiwoke n’ont pas tort de parler à cet égard d’un néopuritanisme, dont les racines dans les pays concernés sont évidemment très anciennes ». »

le point de vue de l’anti-wokisme qui seraient woke sans le savoir

Yves Gillis : Article de Truong pour érudits bien réveillés ! Tant de citations, de nuances, d’arguments et de contre-arguments finissent par étourdir le lecteur lambda que je suis ! Or, comme le note l’auteur à la fin de sa longue et tortueuse démonstration, l’influence du mouvement woke semble limitée à certains cercles universitaires militants très minoritaires et à quelques philosophes dont il serait bon, un jour, de mesurer l’influence sur la course du monde… Alors, pourquoi nous en entretenir si longuement ?

PL2A : J’ai cinquante ans de lecture du Monde derrière mois. Mais je dois avouer à ma grande honte que je ne comprends rien à ce galimatias wokiste.

Max222 : Ce pseudo débat est un condensé et une illustration caricaturale des agités du bocal qu’ont toujours constitué une bonne partie de ceux qui écrivent dans LM et ceux qui le lisent.

Garrincha : Le wok est un ustensile de cuisine extrême-oriental, une espèce de poêle profonde en forme de calotte sphérique. C’est très utile, même pour cuisiner les légumes en cuisine française. L’essayer c’est l’adopter. C’est bien la peine de s’appeler Truong et de passer complètement à côté de son passionnant sujet, pour passer en force une double page sans intérêt sur une « cuisine » venue des États-Unis

Pavédelenfer : L’anti wokisme de droite? Non désolé. Cette théorie victimaire faite de gémissements permanents ne libérera personne puisqu’elle fait de chaque homme une victime sans espoir.

Toto : Le « wokisme » est une contre-idéologie américaine, s’opposant à l’idéologie dominante des Wasp, White Anglo-Saxon Protestant. Il faut donc évoquer le projet puritain voulant reconstruire en Amérique un « Nouveau Monde » par opposition à l’Ancien, définitivement corrompu sur le plan spirituel. Appliquer cette idéologie à la France est un non-sens, une ineptie. Le « wokisme » appliqué à la France, c’est un projet idéologique ici et maintenant qui dans le champ historique revient à du révisionnisme (réécriture de l’histoire comme le faisait par exemple le marxisme-léninisme). Cette idéologie est frontalement contraire à l’idéologie française, universaliste.

Athanagore Porphyrogenete : Les usa sont au bord de la guerre civile en raison des affrontements autour de ce terme mais vous le décrivez comme une obsession française. Soyons sérieux. Le violence autour du wokisme s’explique car c’est une religion de plus. Une extension du christianisme ou au lieu d’avoir une victime – Jesus Christ – on en cherche une en chacun de nous avec le méchant homme blanc dans le rôle des romains.

PersonneLambda : Obama a aussi été l’un des premiers à dénoncer le mouvement woke en 2021. L’ancien président n’a ensuite pas mâché ses mots, évoquant les «dangers» de la «cancel culture» qui consiste selon lui «à condamner les gens en permanence», expliquant qu’il s’en rend compte à travers l’expérience de ses propres filles, Malia et Sasha, qui vivent cela de l’intérieur sur les campus d’université. «Elles se rendent bien compte que cela va trop loin», commente-t-il encore, ajoutant que «l’on ne peut pas exiger des gens qu’ils se montrent politiquement corrects en toutes circonstances». Barack Obama avait également plaidé par le passé déjà contre la vision manichéenne des interactions sociales prônée par le mouvement «woke»,

Travailleur du 93 : Si le « wokisme » est un nom fourre-tout qui ne veut rien dire de précis, « l’anti-wokisme » également. Il s’agit de deux épouvantails commodes,Valeurs actuelles dénonce le wokisme, Mediapart fait de même avec l’anti-wokisme, des bourgeois soutiennent Praud, les autres Plenel. Pendant ce temps, l’immense majorité des Français se contrefiche de ce débat , importé des E-U, et surreprésenté dans les médias et les universités. Pour conclure, on est tous le « wokiste » et « l’anti-wokiste » de quelqu’un.

Die Wanderin : Il est difficile de parler d’un « wokisme » comme d’un mouvement homogène. Il y a à la fois des théories en sciences sociales et des militantismes politiques qui utilisent le terme de « racisé » : ça ne veut pas dire qu’ils admettent l’existence biologique de races, mais qu’ils s’intéressent aux effets sociaux et politiques du racisme. C’est s’intéresser aux discriminations éventuelles, aux effets de constructions de communautés, par exemple. Ce qui signifie, bien sûr, que ces effets sont très différents selon les sociétés qu’on étudie : la situation n’est pas la même en France et aux Etats-Unis.

Galribas : Si l’on comprend bien l’auteur de l’article les personnes qui se diraient «woke» (on emploie le conditionnel car on ne sait pas bien combien se revendiquent de cette posture) seraient, si l’on suit l’étymologie proposée des éveillés que spontanément on oppose aux endormis. La difficulté avec le thème des éveillés, c’est le sous-entendu d’un accès direct, donc non négociable, à la vérité. Direct, vu qu’on a rejeté les médiations qui sont le propre de la culture qui a, elle-même, été dénoncée comme responsable de tous les maux.

Galribas : c’est l’exact opposé de Montaigne pour qui tout est culture (habitude). « Les loix de la conscience, que nous disons naistre de la nature, naissent de la coutume; chacun ayant en vénération interne les opinions et mœurs approuvées et reçeües autour de luy, ne s’en peut desprendre sans remors, n’y s’y appliquer sans applaudissement. » Michel De Montaigne Les Essais livre I chapitre 23

A. Meinier : « Ne voyez-vous pas que le véritable but de la novlangue est de restreindre les limites de la pensée ? À la fin, nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée, car il n’y aura plus de mots pour l’exprimer. » George Orwell, 1984

Woke ou pas, y’a rien à comprendre ! Lire la suite »

L’échec avéré de la non-violence

Gunther Anders : « Nous resterons incapables de ramener à la raison les partisans des missiles et des surrégénérateur en leur adressant des discours pacifistes ou en utilisant des éléments rationnels. C’est précisément parce que je suis un rationaliste que je me prononce contre les arguments de raison. Seuls les illuminés surestiment la force de la raison. C’est pour cela que j’aboutirai toujours à la même conclusion : la non-violence ne vaut rien contre la violence. »

Après « Comment la non-violence protège l’État« , paru en 2007 et que les éditions LIBRE ont édité, Peter Gelderloos a publié « The Failure of Non-violence » (en français : L’échec de la non-violence). Quelques extraits :

Peter Gelderloos 

– La « violence » est une catégorie intrinsèquement ambiguë permettant encore plus de manipulations analytiques que de précisions fiables.

– En observant les principales rébellions depuis la fin de la guerre froide, il apparaît que la non-violence n’est en mesure d’implémenter un changement de façade que si elle bénéficie de l’aide d’une grande partie de l’élite — en général : des médias, des riches et au moins d’une partie de l’armée, parce que la résistance non violente n’a jamais été en mesure de résister à la pleine puissance de l’État. Lorsque les dissidents ne bénéficient pas du soutien de l’élite, la non-violence pure semble être la meilleure façon de tuer un mouvement.

– Seuls ceux qui sont impliqués dans des causes radicales, ou ceux qui en font personnellement l’expérience, ont tendance à percevoir les dommages structurels comme de la violence. Personne, ou presque, ne juge violent le fait de conduire une voiture, bien que ce soit objectivement la chose ayant entraîné et entraînant certainement le plus de morts. 

– La croyance des pacifistes modernes, que ni Gandhi ni Martin Luther King ne partageaient, selon laquelle une lutte pacifique pourrait triompher en évitant la moindre altercation avec la police ou l’armée, a été efficacement utilisée comme argument de vente pour remplir d’opportunistes les rangs des mouvements non-violents et de citoyens naïfs qui pensent que changer le monde peut se faire simplement et sans heurts. »

–  Une autre caractéristique essentielle de la non-violence, avaler la croyance démocratique selon laquelle en évitant la violence ils peuvent éviter la répression, selon laquelle il est possible d’avoir une révolution sans conséquences. Ironique, quand on sait que les deux principales figures dont ils exploitent systématiquement l’image et dont ils altèrent si lourdement la philosophie ont fini tuées pour leurs efforts. Répétons-le, la non-violence est une idée illusoire.

– aucun conflit social majeur ne présente une uniformité de tactiques et d’idéologies – autrement dit on trouve dans tous les conflits de ce genre le recours à des tactiques pacifistes et à des tactiques résolument non-pacifistes

– L’État préfère affronter un mouvement pacifique plutôt qu’un mouvement combatif. Historiquement aucun mouvement strictement non violent n’a jamais provoqué une mutinerie de masse au sein de l’armée, de la police ou d’autres institutions, comme l’ont fait des mouvements de résistance combatifs ou diversifiés..

– C’est pourquoi je pense que la non-violence — à savoir une tentative d’imposer des méthodes non violentes à un mouvement entier — est autoritaire et appartient à l’État. Pour la même raison, je ne souhaite pas imposer mes méthodes aux autres. Aucun groupe humain ne pense de façon uniforme, Dieu merci !

Howard Zinn : « « Obéissez à la loi ! » Injonction impressionnante. Suffisamment impressionnante pour étouffer le sentiment profond de ce qui est juste et de ce qui ne l’est pas. L’absolutisme de certains porte-paroles de la non-violence affaiblit leur position parce que les gens savent, en leur for intérieur, même s’ils n’arrivent pas à en articuler les raisons, qu’il y a un moment où la violence est justifiée.

 Lorsqu’on se penche sur la longue et sinistre histoire de l’homme, on réalise qu’il s’est commis plus de crimes abominables au nom de l’obéissance qu’au nom de la révolte. Le corps des officiers allemands obéissaient au plus rigoureux des codes d’obéissance et c’est au nom de ce devoir d’obéissance qu’ils commirent et cautionnèrent les actes les plus monstrueux de l’histoire humaine. C’est à Yale, dans les années 1960, qu’eut lieu la fameuse expérience Milgram. La découverte  fondamentale de cette expérience c’est que les individus adultes font de leur mieux pour obéir aux ordres émanant de l’autorité.

Il ne faut pas écouter les autorités, mais sa conscience. Insistons sur le fait que, lorsque les rebelles agissent en dehors de la loi, ils le font le plus souvent de manière non violente. Quand ils se rendent coupables de « violence », il s’agit habituellement de violences à l’encontre de biens privés et non d’êtres humains. En 1985 eut lieu le procès d’un groupe qui s’étaient introduits dans le silo d’un missile nucléaire et avaient commis quelques dommages. Le juge Hunter avait déclaré que la violence inclut l’atteinte à la propriété. L’accusé Holladay répondit : « La question est de savoir si une arme nucléaire peut être considérée comme un bien au même titre qu’un bureau. Aussi longtemps que ce pays considérera les armes nucléaires comme des biens à défendre et à protéger, plus sacrés que les vies humaines qu’elles sont destinées à détruire, on sera en droit de se demander ce qu’est exactement une propriété. Les fours crématoires allemands étaient-ils des propriétés privées ? » Holladay fut condamné à huit années d’emprisonnement pour « voie de fait » à l’encontre des engins de mort les plus abominables jamais construits.

Protester en dehors des limites prescrites par la loi, ce n’est pas combattre la démocratie. Cela lui est au contraire absolument essentiel. Une sorte de correctif à la lenteur des canaux habituels, une manière de forcer le barrage de la tradition. Le prix de la liberté, c’est une vigilance permanente. Il faudrait davantage se soucier du penchant que montrent les individus confrontés à des injustices accablantes à s’y soumette que de leur aptitude à se révolter. La liberté ne s’accorde pas, elle s’arrache. Le prix de la liberté, c’est prendre le risque d’être emprisonné, battu et peut-être tué. Ce fut toujours historiquement le cas.

Le point de vue des écologistes sur la violence, nos articles antérieurs

Détruire les biens nuisibles à la planète (2023)

Écologie, la tentation du sabotage

Le point judiciaire sur la désobéissance écolo

Bassines, un combat à mort

Tout savoir sur Ted Kaczynski, un précurseur

Th. Kaczynski, adepte de la contre-violence

Urgence écologique de la contre-violence

Andreas Malm, le Karl Marx de l’écologie

Urgence écologique, le rôle de la violence

Action (non-)violente pour la décroissance !?

Effondrement en vue, radicalité militante (2022)

Hymne au sabotage dans Le Guardian (2021)

Faut-il incendier les émetteurs radio/télé ?

Contre-violence par destruction de biens (2020)

Les SUV agressent violemment le climat

Crever les pneus des SUV, trop difficile ?

Sea Shepherd et la tentation de la violence

Nécessité de la violence pour les antispécistes ? (2019)

NDDL, ne pas confondre écologie et violence aveugle (2018)

NDDL : l’écologie politique à l’épreuve de la violence

L’échec avéré de la non-violence Lire la suite »

Des chefs d’État bien d’accord pour le déni

Pour sortir de la crise écologique systémique, voici le cœur de la démonstration de nos dirigeants : « Les pays sont susceptibles d’adopter différents scénarios de transition conformes à l’objectif de limitation de la température à 1,5 °C. La transition ne se fera pas sans une croissance durable pour la financer. »

Malheureusement le ridicule ne tue pas ! La déclaration de Joe Biden, Ursula von der Leyen, Lula, Emmanuel Macron et consorts n’est qu’une litanie de trois mots répétés en boucle, « transition… investissement… croissance-développement ». Démonstration :

« Nous devons faire des transitions justes et solidaires une priorité »

« Les vulnérabilités liées à la dette entravent la capacité à réaliser des investissements… Beaucoup reste à faire pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies à l’horizon 2030… Nous voulons que notre système permette de mieux subvenir aux besoins du développement et à parvenir à une croissance économique solidaire… Les générations actuelles ont la possibilité d’ouvrir la voie vers une nouvelle ère de croissance économique durable au niveau mondial, grâce à la transition vers un monde à zéro émission nette… Nous sommes convaincus que des transitions écologiques justes ne laissant personne de côté peuvent constituer un facteur important de soutien à un développement durable et solidaire. Il faut pour cela investir partout à long terme dans le monde entier… Nous devons faire des transitions justes et solidaires … Les pays sont susceptibles d’adopter différents scénarios de transition conformes à l’objectif de limitation de la température à 1,5 °C. La transition ne se fera pas sans une croissance durable pour la financer… Le Sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial des 22 et 23 juin 2023 sera un moment politique décisif afin de récupérer les acquis en matière de développement et d’accélérer les progrès pour réaliser les ODD et notamment les transitions justes… Les engagements en matière climatique et de développement doivent être respectés, nous reconnaissons qu’il nous faut mobiliser toutes les sources de financement, notamment l’aide publique au développement et l’investissement privé… Commençons par les engagements financiers existants pour concrétiser ce consensus. Les objectifs collectifs de financement de l’action climatique doivent être atteints en 2023… La poursuite de la réforme ambitieuse du système des banques multilatérales de développement constitue une priorité. Nous demandons aux banques de développement d’accroître les capacités de financement… Ces ressources financières sont essentielles, mais cette réforme ne se limite pas aux seuls investissements… Les investissements publics et privés seront au cœur de nos partenariats.. Nous promouvrons un programme d’investissements durables et solidaires dans les économies en développement… Les financements publics demeureront essentiels pour atteindre nos objectifs… Nous reconnaissons cependant que pour atteindre nos objectifs de développement, nous aurons besoin de nouvelles sources durables de financements innovants, comme les rachats de dettes… Le renforcement de la résilience grâce à une panoplie complète d’instruments financiers est une priorité. Cela implique l’utilisation de mécanismes de financements des interventions d’urgence, notamment un nouveau modèle de financement plus durable de l’aide humanitaire…. La réalisation de nos objectifs de développement, notamment l’atténuation des risques climatiques, dépendra également de l’augmentation des flux de capitaux privés…. En somme, notre système doit abaisser le coût du capital pour le développement durable, notamment par l’intermédiaire d’une transition écologique… »

Le point de vue des écologistes sur ce pensum de chefs d’Etat

Cette tribune clame qu’il faut un changement de modèle économique mais propose un outillage uniquement basé sur le modèle actuel. On peut la résumer par trois mots, transition, croissance et investissement. Tribune certainement générée par chatGPT, à peine relue, et lancée comme ça, pour faire joli. Quand je serai grand je serai politicien. Ou alors bonimenteur de foire. A moins que d’ici-là les deux métiers aient cessé d’exister faute de gogos a embobiner. On peut toujours rêver !!!

Ils disent « nous ouvrons pour la paix et le bonheur de tout le monde » tout en faisant exactement le contraire… Pourquoi des décideurs publics publient-ils un texte sur ce qu’il faudrait faire alors qu’ils pourraient… décider de le faire ? De qui se moque-t-on ? Heureusement le président des Emirats Arabes Unis est cosignataire, ce qui donne toute sa puissance et sa saveur à cette tribune.

« Nous devons donc placer l’humain au cœur de notre stratégie pour améliorer le bien-être des populations partout sur la planète. » Ahahah j’ai bien rigolé sur ce passage, merci. Ne comptons pas sur eux, croyons en nous. Si je comprend bien il s’agit de mettre en place les instruments financiers pour que les pays du sud puissent lutter contre le réchauffement climatique en nous achetant des parasols à crédit. Par ailleurs 500 Aibus vendu à Indi Go. Multiplication par 4 du nombre de passagers d’ici à 2050. Telle est pour eux la transition ! Qu’ils commencent donc par arrêter les subventions aux énergies fossiles et on en reparlera !

« Nous sommes convaincus que les objectifs de réduction de la pauvreté et de protection de la planète sont complémentaires. » Or ce n’est pas la pauvreté mais la richesse qui plombe la planète. On parle des pauvres uniquement pour faire diversion, c’est une fausse excuse pour chercher toujours la croissance et la consommation des ressources. Les pays parmi les plus pollueurs et quelques autres pour faire bien déclarent vouloir faire l’exact inverse de ce qu’ils ont mis en place, soutiennent et développent et qui détruit notre climat : le capitalisme financiarisé. Il fallait agir il y a 50 ans. Mais aujourd’hui encore ils osent encore parler croissance économique. La croissance, la croissance, la croissance…. Malgré les famines, les canicules, les inondations, pollutions… on n’arrive pas à sortir de le rhétorique de la croissance. Ce texte est absolument effrayant. Ce n’est pas la croissance du PIB qui nous nourrit. Ce sont les agriculteurs qui font pousser des aliments sur de la terre. Malgré tout le jargon économique et les mécanismes financiers super sophistiqués, quand il n’y a plus d’eau dans les nappes phréatiques, il n’y a plus rien qui pousse. Les chefs d’Etat sont vraiment incurables.

Tant de vagues fadaises… La Terre n’en a assurément pas fini avec les soulèvements de la terre. On dissout les mouvements écologiques chez soi et en même temps, le trademark de Macron, on annonce la priorité d’une transition écologique avec grande pompe sur le parquet international. Le cynisme de cette administration est vraiment indépassable. Sans oublier de prendre l’hélico pour aller au Bourget… Pour faire la promotion de carburants de synthèse… On va aller loin avec ça. 

Ils ajoutent : « Nous voulons que notre système en fasse plus pour la planète. Les générations actuelles peuvent ouvrir la voie vers une nouvelle ère de croissance économique durable. » Tout est dit: nous voulons continuer à croître dans un monde fini, jusqu’à épuisement total des ressources. Le reste n’est que paroles creuses et mensonges. « L’accomplissement de nos objectifs de développement, notamment l’atténuation des effets du changement climatique, dépendra également de l’accroissement des flux de capitaux privés. » Tout va bien. (Everything is fine). C’est clair, nous sommes foutus.

Derniers mots du texte : « …pour notre prospérité, pour les populations et pour la planète. » L’ordre des priorités est lumineux…  Cette tribune le confirme. Voilà une belle démonstration de rhétorique a la Poutine, complètement ignorante des réalités biophysiques et socio-économiquesAu plus haut niveau des décideurs, il faudrait au contraire assumer rupture civilisationnelle, décroissance à la fois économique et démographique, ainsi que désinvestissement dirigé pour faire face aux menaces multiples ».

Les signataire de cette tribune sont parmi les personnages les plus puissants du monde, ils sont aux manettes de puissances économiques qui représentent sans doute plus de 50% des capacités économiques de la planète : qu’ils cessent donc de parler, de faire de la communication; qu’ils se mettent au boulot et qu’ils fassent. Ça les changera !

Des chefs d’État bien d’accord pour le déni Lire la suite »