politique

Macron aime la bagnole, pas l’écologie !

Dimanche 24 septembre 2023, décidé moins de vingt-quatre heures plus tôt, le chef de l’Etat s’est exprimé sur les grands sujets – immigration, écologie, inflation, géopolitique –. Face aux prix de l’essence qui s’envolent, Emmanuel Macron ose : « On aime la bagnole. Et moi, je l’adore ». Ouah ! On en change rien, victoire, tu régneras, oh joie tu nous sauveras, roulez petits bolides !

Emmanuel Macron : « Il y a un chemin d’écologie à la française qui est une écologie de progrès, qui n’est ni le déni ni la purge… Par rapport au débat sur le pouvoir d’achat, l’écologie est la réponse, notamment grâce aux véhicules électriques. Parce qu’en France on aime la bagnole. Et moi, je l’adore… On n’interdira pas les chaudières au gaz… A ceux qui réclament une grande mesure, je promets de sortir du charbon d’ici à 2027… Je prolonge l’aide ciblée de l’État, jusqu’à 100 euros par an, pour les ménages les plus modestes. La transition écologique n’est pas l’annonce d’une tragédie, mais peut apporter au pays des emplois et de la prospérité, et donc lutter contre l’inflation. »

Le point de vue des écologistes pas dupes

baobab dégingandé : Donc il va faire ce qu’il avait déjà dit qu’il allait faire, mais sans obliger personne, et en même temps il sera toujours possible de faire l’inverse. Il avait déjà promis la sortie du charbon… pour 2022 !

PIER A. : « En France, on aime la bagnole ». Le populisme ça peut aussi être libéral catho de centre droit.

Benoittttt : Il a même ajouté, « on aime la bagnole. Et moi, je l’adore » ?? Il y a 50 ans sous Pompidou, je comprendrais, mais en 2023, au vu de la place de ce moyen de transport dans les émissions de GES c’est désolant. Un vrai gamin attardé !

Raphaurel : Le plus grand défi du siècle est la lutte contre le réchauffement climatique. Nous ne pouvons pas accepter que la réponse à ce défi soit de passer au tout électrique ! Je ne peux pas croire que Macron pense ce qu’il dit. Il est jeune, il ne pourra pas être réélu, il DOIT prendre des décisions difficiles. C est notre surconsommation de tout qui doit changer et non remplacer une voiture polluante contre une autre voiture certes non émettrices de CO2 mais tout aussi polluante pour sa fabrication et la production d’énergie.

Autre Citoyen : Plutôt que d’être fan de la bagnole, il ferait bien d’être fan des transports en commun… Quant à la vente à perte des carburants, mais quel amateur !

Jacques Py : Parler de sortir du charbon quand nous n’avons presque plus de centrales à charbon, comment nommer cela ? Prendre les Français pour des jambons !

Liberté Egalite Fraternite et Republique : Un Président pris en étau entre l’idéologie politique néolibérale transnationale qu’il porte, exigeant de la croissance pour augmenter les bénéfices non redistribués par le pillage des ressources limitées naturelles intergénérationnelles de la planète ET la protection des humains de travailleurs, consommateurs nécessaires à l’augmentation du PIB.

Savonarole : Un président d’immense stature dont on se souviendra longtemps ! Au moins 5 min.

Notre adoration pour Macron est sans limites, lire nos écrits antérieurs

E. Macron invente la « sobriété raisonnable » !!

extraits : Emmanuel Macron, ce vieux jeune qui vit encore aux temps de l’abondance à crédit, ânonne l’idée de sobriété sans vouloir nous avertir que le futur proche ne sera pas une allée bordée de roses, mais de larmes….En visite au Salon du Bourget, lundi 19 juin 2023, le chef de l’État affirme qu’il faut distinguer une sobriété « bien organisée, non punitive », d’une sobriété « punitive » : « La première serait comprise par tous et raisonnable, tout le monde fait des efforts qui permettent de faire des économies d’énergies. L’autre en viendrait à dire « il faut tout arrêter, et il faut renoncer à la croissance. Je ne la crois pas raisonnable…

Macron, un technolâtre de l’aviation

extraits : Le président de la République a annoncé une salve d’investissements pour créer une filière française de biocarburants baptisée « BioTJet ». Macron enfile les oxymores comme des perles : «  avion ultrasobre, appareil zéro émission, des carburants aériens durables, moteur à biocarburant, kérosène durable… » La voiture propre et la croissance verte passent dans la stratosphère, le greenwashing fait toujours ses ravages…

Macron subventionne les émissions de GES

extraits : La première ministre, Elisabeth Borne vient d’annoncer (décembre 2022) le versement en 2023 d’une « indemnité carburant » de 100 euros. Ce gouvernement soi-disant libéral (en faveur de la loi du marché) s’ingénie à masquer l’indicateur prix, la seule boussole pour nos comportements marchands dans nos sociétés trop complexes. Dans un contexte de réchauffement climatique, l’État doit non seulement laisser les automobiliste gérer par eux-mêmes leur budget « effet de serre », mais il aurait du, dès le premier rapport du GIEC sur le climat, augmenter chaque année la taxation du pétrole pour inciter la population à se passer de véhicule individuel pour privilégier par ses choix de vie les modes de déplacement doux pour la planète…

Emmanuel Macron cause, la planète trinque

extraits : La lutte contre le réchauffement climatique, l’épuisement des ressources et la crise de la biodiversité suppose de revoir en un temps record tout notre modèle de développement, le président de la République ne le sait pas encore. Il  aura fallu attendre quelque quarante-cinq minutes pour que la journaliste de France 2, Caroline Roux, aborde en octobre 2022 la question de l’urgence climatique, interrogeant Emmanuel Macron sur les véhicules électriques…

L’effondrement en marche avec Macron

extraits : L’exhortation à la sobriété énergétique lancée par Emmanuel Macron le 14 juillet 2022 est certes salutaire, mais il est regrettable qu’elle soit plus le produit des tensions sur les approvisionnements en énergies fossiles de la France du fait de l’invasion russe de l’Ukraine que celui d’un volontarisme climatique assumé. La réponse du gouvernement français reste « insuffisante » pour « garantir un avenir vivable », avait averti en juin le Haut Conseil pour le climat (HCC), dans son quatrième rapport annuel. Les propositions de la convention citoyenne pour le climat qui allaient dans le sens de la sobriété n’ont pas été retenues par Macron…

Les écolos, choyés par Emmanuel Macron ?

extraits : « La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas », a lancé le président sortant lors de son meeting à Marseille en avril 2022. Emmanuel Macron s’engage à nommer un premier ministre « directement chargé de la planification écologique ». Il propose aussi d’organiser « une fête de la nature » chaque année, à l’image de la Fête de la musique…

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Réfugié climatique, mais pour aller où ?

De la part d’un correspondant de ce blog biosphere.

Michel Sourrouille, seul intervenant  lors d’une conférence-débat organisée par l’université populaire de Sud-charente sur les réfugiés climatique (14 septembre 2023)

Climat, réchauffement et démographie

Introduction

Encore faut-il se mettre d’accord sur les termes du débat. Pas de climato-sceptiques dans la salle ? Très bien, on peut avancer plus vite. La cause du réchauffement est humaine, nos émissions de gaz à effet de serre dépassent les capacités naturelles de recyclage. Nous allons donc connaître au niveau planétaire une augmentation moyenne supérieure à 2°C, d’où à la fois désertification, inondations, incendies et afflux de réfugiés de l’intérieur des terres. Après une hausse moyenne de 20 cm au XXe siècle, les océans devraient encore s’élever de 30 cm d’ici à 2050 quoi qu’on fasse et de 26 à 86 cm à l’horizon 2100 par rapport à la moyenne 1986-2005. Les bords de mer en difficulté vont donc accroître le flot des migrants. L’espace se réduit pour accueillir l’humanité. Mais on ne fait (presque) rien pour lutter contre le réchauffement climatique.

Pas de nataliste dans la salle ? Il est vrai que nous avons dépassé fin novembre 2022 le chiffre de 8 milliards (pour 1 milliard en 1800 et 4 en 1974). La planète est déjà saturée de bipèdes, la surpopulation est généralisée. Or entre 2008 et 2014, les catastrophes naturelles avaient déjà déplacé 166 millions de personnes, soit en moyenne chaque année 27,5 millions. Près de 216 millions de personnes pourraient être obligées de quitter leur foyer d’ici à 2050 à cause du réchauffement climatique. Si on ne fait rien politiquement pour maîtriser la croissance démographique, par contre on fait tout pour maîtriser les flux migratoires. Voici le contexte général.

Je traiterai dans un premier temps l’état actuel du droit international pour aborder ensuite les réalités contemporaines.

1) le débat juridique

L’enjeu n’est pas mince car le statut de réfugié implique des droits. Or définir les migrants environnementaux comme réfugiés est problématique : ils ne sont pas protégées par la convention de Genève de 1951 qui garantit seulement une protection aux personnes « craignant avec raison d’être persécutées du fait de leur race, de leur religion, de leur nationalité, de leur appartenance à un certain groupe social ou de leurs opinions politiques ». Les sans terre ne sont pas considérés comme forcés à migrer… sauf dans les cas où c’est le pays même qui est amené à disparaître comme c’est le cas de certains États insulaires. Un réfugié climatique, ça n’existe pas ! Exemple du procès intenté par Ioane Teitiota : il habitait dans les îles Kiribati (océan pacifique)– dont les plus hauts reliefs affleurent à trois mètres. Son pays connaît la salinisation des eaux, les pollutions, les destructions des récoltes, des inondations fréquentes, l’érosion des terres, des conflits entre communautés. Pourtant Teitiota, réfugié en Nlle Zélande, n’a pas obtenu le statut de premier réfugié climatique de la planète !

– Jugement en première instance en 2013 : Ioane Teitiota devrait être expulsé vers son pays. S’en tenant à la convention de Genève de 1951, la Nouvelle Zélande a fait valoir que personne ne menaçait sa vie s’il retournait chez lui. (LE MONDE géopolitique du 24 octobre 2013).

Décision de la Cour suprême néo-zélandaise en 2015 : Ioane Teitiota n’a toujours pas obtenu le statut de réfugié climatique. Si la plus haute juridiction du pays a reconnu que les Kiribati étaient « incontestablement confrontées à des défis » climatiques, elle a également estimé que « M. Teitiota ne courait pas de “grave danger” » dans son pays natal. « Aucun élément matériel n’indique que le gouvernement des Kiribati manque à son devoir de protéger sa population des effets de la dégradation environnementale, dans la limite de ses moyens. » (Le Monde.fr avec AFP | 21.07.2015)

Avis du comité des droits de l’homme – organe des Nations unies composé de 18 experts indépendants en charge de vérifier l’application du pacte relatif aux droits civils et politiques –, rendu public le 21 janvier 2020. Quatre ans pour statuer sur le cas de M. Teitiota. Il a rejeté la demande du plaignant, en faisant valoir que les îles Kiribati avaient pris des mesures pour lutter contre la montée des eaux avec la construction d’une soixantaine de digues !!!

Notons pour conclure la duplicité du droit, on trouve dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme : « Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. » Il manque l’obligation pour tout État d’accepter l’entrée des étrangers !

2) le débat idéologique entre cosmopolites et nationalistes

– Cosmopolites, une espèce en voie de disparition

Une certaine gauche a une vision idyllique des migrations. La commission dénommée de façon partiale « immigration » (et non « migrations) d’EELV est vouée à l’accueil illimité des immigrants, dire le contraire est interdit en son sein. Un professeur de droit public, François Julien-Laferrière a inventé cette fable : « 2080. La Camargue a disparu sous les eaux… Aigues-Mortes est redevenue un port… Imaginez que ce scénario du futur ne soit pas totalement invraisemblable, ne doit-il pas nous conduire à être davantage accueillants envers ceux qui frappent aujourd’hui à nos portes ? » Ce manque de réalisme invalide l’argumentation.

– Nationalistes, de plus en plus nombreux

Kaare Dybvad Bek, social-démocrate et ministre danois de l’immigration (et de l’intégration) : « Tous les partis de centre droit ou de centre gauche devraient traiter le sujet de l’immigration pour être sûrs qu’on garde le contrôle… En 2022, près d’un million de demandes d’asile ont été déposées dans l’Union européenne (UE), le rythme s’accélérant encore cette année…. ». Il a salué en l’Autriche « [son] partenaire le plus ancien dans cette bataille européenne pour changer le système européen d’asile, qui est dysfonctionnel».

Comme on le voit, l’appel à la fermeture des frontières n’est pas l’apanage de l’extrême droite.

3) perspectives

Harald Welzer prévoit le pire : « Comme les ressources vitales s’épuisent, il y aura de plus en plus d’hommes qui disposeront de moins en moins de bases pour assurer leur survie. Il est évident que cela entraînera des conflits violents entre ceux qui prétendent boire à la même source en train de se tarir, et il est non moins évident que, dans un proche avenir, on ne pourra plus faire de distinction pertinente entre les réfugiés fuyant la guerre et ceux qui fuient leur environnement. Le XXIe siècle verra non seulement des migrations massives, mais des solutions violentes aux problèmes des réfugiés. » [Les guerres du climat d’Harald Welzer (Gallimard, 2009)]

C’est le cas aujourd’hui. Les bandes armées font la loi au au Nigeria. Des raids pour le vol de bétail sont mené sans relâche, les paysans doivent même s’acquitter d’une « taxe sur la vie ». Bien entendu le réchauffement climatique n’est pas directement responsable de cet état de fait, mais la densité démographique accroît les problèmes géopolitiques. Le Nigeria, 38 millions de Nigérians en 1950, 190 millions en 2018, 220 millions aujourd’hui.. et l’ONU en prévoit 410 millions d’ici à 2050, et encore le double en 2100. La densité était déjà de 215 habitants au km/2 en 2018 et 872 hab./km2 est prévisible en 2100. Où placer des réfugiés dans ce contexte ? En France ?

4) les pratiques actuelles / migrants

Les tensions s’exacerbent et la chasse aux immigrés est ouverte. Human Rights Watch accuse les gardes-frontières saoudiens d’avoir tué des centaines de migrants. En février 2023, le chef de l’État tunisien Kaïs Saïed dénonçait les « hordes de migrants » dont la présence serait le fruit d’un complot « pour changer la composition du paysage démographique en Tunisie ». C’est la théorie du grand remplacement dans un discours de dirigeant ! La crise économique est invoquées pour expliquer le racisme systémique et le déchaînement contre les Subsahariens. Depuis le 4 juillet, Tunis conduit des campagnes massives d’arrestation et d’expulsion de migrants depuis la ville de Sfax vers les pays limitrophes. Ils sont abandonnés dans des zones désertiques, sans eau ni nourriture.

Médias et politiques fondent leur optimisme sur les acquis du demi-siècle écoulé, les autres craignent, avec raison, celui qui vient. La journaliste du MONDE, Sophie Landrin : « Les 200 millions d’habitants du delta du Gange vont bientôt compter parmi les premiers réfugiés climatiques indiens. La grande migration a déjà commencé. Mais pour aller où ? »

CONCLUSION

Je ne suis pas pessimiste, je suis réaliste. La catastrophe, on l’a bien cherchée. Elle était annoncée dès le rapport au club de Rome de 1972 sur les limites de la croissance. Mais au lieu de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre, nous consommons en moyenne 2 litres de pétrole par jour et par personne. Les eaux vont continuer de monter et la planète de brûler… Quant à la démographie dont l’inertie est telle qu’il faudrait avoir agi beaucoup plus tôt, presque personne n’explique que 8 milliards c’est trop et qu’il n’y plus de place pour des migrants quels qu’ils soient, sauf parqués dans des camps de réfugiés.

J’en arrive à penser que je ne milite pas pour les temps présents, mais pour l’avenir des générations futures. Vous aussi vous pouvez vous engager, par exemple en adhérent à l’association Démographie Responsableou par votre choix personnel et éclairé de fécondité. Et si j’étais un politique en situation de pouvoir, je dirai comme Yves Cochet que bientôt la tâche principale sera, tant faire se peut, de diminuer le nombre de morts face à des crises écologiques qui deviennent extrêmes.

Notre société se base à l’heure actuelle sur nos facultés d’adaptation pour affronter les périls à venir. Il est vrai que lors du pic de la dernière glaciation, il y a environ 21 000 ans, le niveau des océans était 120 mètres plus bas qu’aujourd’hui. Mais nous étions beaucoup beaucoup moins nombreux !

Post scriptum : à mon grand étonnement, les interpellations du public après la conférence n’ont pas porté sur l’incapacité d’accueillir des réfugiés climatiques, mais sur ce qu’on peut dire de la démographie … ou plutôt ce qu’il ne faudrait pas dire !

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Régime migratoire du XXIe siècle

« Ayons l’audace de regarder devant nous et de construire progressivement la grammaire migratoire du troisième millénaire », s’exclame dans une tribune au MONDE la présidente de France terre d’asile et un franco-persan. Ils croient encore que franchir la Méditerranée est le rêve de toute l’Afrique et que les Européens les attendent les bras ouverts.

Najat Vallaud-Belkacem et Bertrand Badie : « Le débat autour du thème de l’immigration surprend par sa cécité, il faut changer de logiciel, tirer les conséquences d’une mondialisation qui facilite les transports, réduit les distances, augmente la visibilité des lieux plus favorables et plus éloignés : autant de facteurs qui donnent déjà une force inédite à la mobilité humaine… Elle a surtout créé un imaginaire mondialisé qui touche chaque individu : la migration, jadis exceptionnelle, voire transgressive, devient l’avenir du monde. Il faut accepter que la migration soit le principe et non la transgression ; et comprendre que grands sont les avantages à court terme d’une migration rationalisée, pour notre démographie, notre effort productif, le rapprochement des cultures.« 

Le point de vue des écologistes interloqués

JeanMichel : Enchaîner les postulats et les tautologies n’a jamais constitué une démonstration.

BirdGPT : Quel style ampoulé et grandiloquent pour nous vendre finalement le bonheur de la mondialisation libérale. Il faudrait quand même réfléchir aux frottements de l’interpénétration des cultures, voire à leur incompatibilité.

Sodium : Quel sabir délirant et inepte. Fallait bien se mettre à deux pour pondre ça. « La grammaire migratoire »… Aucun mot sur les raisons des migrations qui peuvent être socio-économiques, conflictuelles, écologiques, etc. Autrement dit on simplifie à l’extrême et on injurie les gens en les assimilant à de simples flux sans racines. Un programme loin d’être démocratique sous ses airs dissonants de pipeau de citoyen du monde, on envisage là le troupeau du monde, sans départ ni fin, exploité sur le chemin par les économies et politiques clientélistes, célébré par ces genres d’histrions tartuffes qui ont soigneusement choisis leur sédentarité, eux, et en font rente.

Simka : Pas un mot dans cette tribune sur ce qui cause ces puissantes vagues migratoires : réchauffement climatique, érosion des valeurs démocratiques propice aux coups d’état répressifs, sous développement chronique favorisé par la captation de la rente pétrolière ou gazière au profit d’une élite, recul de l’espérance de vie faute d’une diffusion suffisante des progrès de la médecine, radicalisation religieuse…

Bandera : Les grandes migrations se sont généralement mal terminées pour ceux qui « accueillaient » malgré eux ces migrants : Empire romain, Empire byzantin, Amérindiens…

Hein : « L’avenir du monde », certes, comme le fut la migration des européens vers les divers continents, mais on appelle ça la colonisation ! Ca donne pas envie de réessayer…

JLMUL : C’est pseudo-intellectuels devraient en premier nous expliquer comment éviter le Mrd d’Africains en plus d’ici 2050 ?

Michel SOURROUILLE : Est-ce que Najat Vallaud-Belkacem a un appartement assez grand pour recevoir les millions de réfugiés de tous ordres qui veulent déjà venir habiter chez elle, sans compter les réfugiés climatiques qui vont se compter par dizaines, si ce n’est bientôt par centaines de millions ? Personnellement je suis cosmopolite, citoyen de la Terre, mais aussi écologiste, réaliste, sachant que nous ne devons jamais perdre le sens des limites. Nous sommes 8 milliards, tous les territoires sont saturés d’humains, la France est surpeuplée même si on ne le dit pas. Najat devrait connaître la déclaration des droits de l’homme qui précise que chacun est libre de sortir de son pays, mais qui ne dit pas du tout que les autres pays sont obligés de recevoir les apatrides.

MH : Ce sont bien les socio-démocrates danois qui ont acté la non compatibilité de l’Etat providence et de l’immigration massive.

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Migration, la violence est au bout du chemin

extraits : Rappelons expressément que le droit d’asile est réservé aux personnes victimes de persécutions. De nombreuses personnes des pays d’accueil ont le sentiment que leurs préoccupations concernant la radicalisation et la formation de ghettos ne sont pas prises au sérieux. A long terme, cela pourrait conduire les électeurs à se tourner vers l’extrême droite européenne, qui ne tentera de résoudre le problème qu’avec des murs plus hauts et des barbelés, sans aucun égard pour l’aspect humanitaire…

Le modèle danois en matière de non-immigration

extraits : Le Danemark, petit pays nordique de 5,6 millions d’habitants, affiche une des politiques migratoires les plus restrictives d’Europe. Le ministre danois de l’immigration, Kaare Dybvad, un social-démocrate : « Tous les partis de centre droit ou de centre gauche devraient traiter le sujet de l’immigration pour être sûrs qu’on garde le contrôle ». Il a salué en l’Autriche « [son] partenaire le plus ancien dans cette bataille européenne pour changer le système européen d’asile, qui est dysfonctionnel »…

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La sobriété, ignorée de nos dirigeants

Les dirigeants qui nous mènent au désastre : Sultan Al Jaber, président désigné de la COP28 ; Fatih Birol, directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie ; Francesco La Camera, directeur général de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables ; Ursula von der Leyen,présidente de la Commission européenne. Ils nous disent dans une tribune au MONDE :

« Nous pouvons encore actionner ce qui est, selon nous, l’un des leviers les plus importants pour réduire les émissions : l’accélération du déploiement des énergies renouvelables et l’amélioration de l’efficacité énergétique… En plus de fournir une énergie plus propre et de réduire la demande d’énergie moins propre, les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique apportent de nombreux autres avantages. Elles créent des emplois pérennes… En Afrique, où près de 600 millions d’habitants n’ont pas accès à l’électricité et près d’un milliard n’ont pas accès à la cuisson propre, l’abondance de ressources renouvelables apporte des perspectives plus favorables et permettra d’offrir à tous un accès fiable et économique à l’énergie d’ici à 2030… »

Le point de vue des écologistes ulcérés

Vous avez bien lu, rien sur la sobriété, rien sur la non-utilisation des énergies fossiles pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Il ne s’agit plus de décarboner l’économie (sauf pour les petits états insulaires) mais d’ajouter aux énergies fossiles les ENRs !! C’est l’addition des sources d’énergies qui est proposée, comme c’est le cas depuis des décennies. Notons que Sultan Al Jaber est avant tout le PDG du groupe Abu Dhabi National Oil Company, le criminel est aussi membre du jury qui le juge !

Ajoutons qu’une énergie « propre », cela n’existe pas. Les dirigeants qui osent proférer de telles inepties sont soit des ignorants, soit des imposteurs. La définition de l’énergie c’est « la quantification de la transformation de l’environnement ». Donc, qui dit « transformation » dit, grosso modo, destruction de la planète. Avec de tels discours, favorisant l’écologie de marché et le solutionnisme technologique, le monde court à sa perte. Seule solution : arrêter de produire et donc se serrer la ceinture.

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E. Macron invente la « sobriété raisonnable » !! (2023)

extraits : En visite au Salon du Bourget, le chef de l’État affirme qu’il faut distinguer une sobriété « bien organisée, non punitive », d’une sobriété « punitive » : « La première serait comprise par tous et raisonnable, tout le monde fait des efforts qui permettent de faire des économies d’énergies. L’autre en viendrait à dire « il faut tout arrêter, et il faut renoncer à la croissance. Je ne la crois pas raisonnable. Nous qui sommes en déficit, comment voulez-vous qu’on finance notre modèle social si on ne crée plus de richesses ? 

Efficacité énergétique et économies d’énergie (2020)

extraits : Une confusion est trop souvent entretenue entre « efficacité énergétique » et « économies d’énergie ». L’efficacité renvoie à la performance de l’équipement, la sobriété renvoie à l’intelligence de l’usage. Si on isole parfaitement une maison pour économiser l’énergie mais qu’on en profite pour vivre avec quelques degrés de plus, il n’y aura pas de transition énergétique ; c’est l’effet rebond. La sobriété, c’est au contraire rompre avec la facilité, c’est le contraire de l’ébriété énergétique. En clair, cela veut dire limiter nos besoins à l’essentiel et ne pas trop compter sur la technique et l’innovation…

Transition énergétique, un oxymore de plus (2020)

extraits : La « transition » énergétique  n’a pas eu lieu, elle n’aura jamais lieu, la croissance record des renouvelables ne fait rien à l’affaire. Du point de vue des écologistes, il faut parler de « rupture » d’avec la société thermo-industrielle, pas de molle transformation progressive. Le nucléaire n’a pas remplacé le gaz qui n’a pas remplacé le pétrole qui n’a remplacé le charbon qui n’a pas remplacé le bois. Nous vivons sur une hypothèse (la substitution) qui n’a pas raison d’être si nous ne devenons pas plus frugaux…

Notre défi, 100 % de sobriété énergétique en 2050 (2017)

extraits : Selon le scénario Négawatt de 100 % d’énergie renouvelable en 2050, le défi le plus difficile à surmonter est la réduction de la consommation, qui suppose des évolutions sociétales drastiques et des réorganisations industrielles extraordinaires. Notons que la sobriété énergétique est totalement absente des différents programmes des présidentiables 2017. Difficile pour un politique d’expliquer à ses électeurs qu’ils vont devoir se serrer la ceinture, prendre moins souvent la voiture, aller moins loin en vacances et se chauffer modérément en hiver. Il faudrait que chacun d’entre nous établisse une hiérarchie qui passe des besoins vitaux aux essentiels, puis indispensables, utiles, convenables, accessoires, futiles, extravagants et inacceptables. Chacun devrait se livrer à l’exercice en famille ou au travail, de façon à prendre conscience de l’impact de tel ou tel achat ou comportement. Il s’agit de faire jouer à plein ce qui est la contre-partie indissociable de notre liberté : notre responsabilité !…

efficacité énergétique contre limitation des besoins (2013)

extraits : Sobriété, un concept central de la pensée de l’association négaWatt, qui propose de « s’interroger sur nos besoins » et de faire la part entre ce qui est « utile » et ce qui est « futile »… Faut-il imposer au particulier la rénovation thermique de son logement ? Oui, estime le Comité de liaison énergies renouvelables (CLER), car on « n’a pas le choix de faire ou de ne pas faire » lorsqu’il y a un gisement considérable d’économies d’énergie. Non, rétorquent les syndicats FO et CGT, en mettant en avant le pouvoir d’achat…

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Le Nigeria mis en coupes réglées

Des raids pour le vol de bétail sont mené sans relâche, les paysans doivent même s’acquitter d’une « taxe sur la vie ». Faute de pouvoir la payer et obtenir, ainsi, le droit de vivre chez eux, les habitants ont le choix entre fuir ou devenir travailleurs forcés sur leur propre terre. Quand les récoltes approchent, les bandits collectent encore leurs taxes. Si le village ne paye pas, ils le brûlent. Ils tuent des gens simplement pour faire régner la terreur. La peur des kidnappings anéantit tout projet de déplacement. Quand ils y réfléchissent, les villageois doivent admettre qu’ils préféraient la vie sous la coupe des djihadistes. « Au moins, les Lakurawa ont une idéologie. Ils prélèvent leur zakat [taxe islamique] et s’y tiennent. Ce qui les intéresse, c’est qu’on respecte la religion. Mais, avec les bandits, les kidnappings, les meurtres et les viols, c’est tous les jours. »  A Abuja [la capitale], personne ne semble réaliser ce qui se passe.

Jean-Philippe Rémy : Le danger est avant tout intérieur : des bandes armées de pillards qui, peu à peu, se transforment en seigneurs de la guerre, tandis que l’aire de leurs activités s’étend comme un feu de brousse. Début 2022, le gouvernement nigérian a qualifié ces groupes de « terroristes » et lancé des opérations pour tenter d’en venir à bout, notamment en ayant recours à des frappes aériennes sur leurs repaires. En pure perte. Les groupes criminels vivent sur la bête, attirant, en plus d’aventuriers et de désœuvrés, des djihadistes en provenance des confins du Sahel et du Sahara. Ils se déplacent en essaims de motos par les petits chemins et les forêts, surgissant à plusieurs centaines de kilomètres de leur base pour une attaque. Mais leur mode de vie attire la jeunesse perdue nigériane. De plus en plus nombreux, de mieux en mieux armés, ces barbares mettent en coupe réglée une partie croissante du Nigeria.

Le point de vue des écologistes réalistes

Le concept de « surpopulation » reste un tabou médiatique pour LE MONDE, aucune référence directe à cette causalité suprême dans cet article de Jean-Philippe Rémy. Pourtant les chiffres ne peuvent que donner le vertige. Il y avait moins de 38 millions de Nigérians en 1950, le pays en comptait 190 millions en 2018, 220 milions aujroud’hui si on en croit cet article.. et l’ONU en prévoit 410 millions d’ici à 2050, et encore le double en 2100. La densité était déjà de 215 habitants au km/2 en 2018 et 872 hab./km2 est prévisible en 2100. C’est non seulement ingérable, mais aussi invivable et non durable.

L’état de surpopulation peut entraîner des effets différents, soit un gouvernement de type dictatorial qui peut s’accompagner de coups d’Etat à répétition, soit une faillite de l’État et la prolifération de bandes armées… l’un va même parfois avec l’autre ! Un rapport de la CIA de 1999 prévenait que le principal problème de l’Afrique en 2030 ne serait plus ni la faim, ni la maladie (même si ces problèmes persistent et s’aggravent par endroits) mais le terrorisme et les bandes armées.

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Nigeria, un géant d’Afrique à la dérive

extraits : Les signes d’un chaos économique n’ont jamais semblé si concrets. L’activité économique a crû de 1,4 % par an en moyenne, bien moins vite que la croissance de la population (2,5 %). Cela signifie qu’en termes réels, les Nigérians ordinaires se sont appauvris. Entre 80 millions et 90 millions de personnes vivent avec moins de 2 dollars par jour et leur nombre ne cesse de croître sous l’effet d’une inflation galopante (19 % en 2022). Ménages et entreprises doivent composer avec des infrastructures défaillantes…

nos articles antérieurs

Le Nigeria, miné par la surpopulation (octobre 2021)

La France en 2049 sera le Nigeria de 2019 (février 2019)

Pétrole nigérian, sang de jésus ou merde du diable ? Janvier 2012)

Le Nigeria mis en coupes réglées Lire la suite »

Le grand remplacement, constante historique

Renaud Camus a publié en 2011 un opuscule, Le Grand remplacement. Cette théorie, qui visait à l’origine les juifs, se réoriente aujourd’hui contre l’islam. En pratique, on incite les gens à repérer des têtes qui ne sont pas de chez nous.  C’est le même discours qui fondait l’infériorisation de la femme, regardez, elle n’a pas de couilles mais des nichons, ou le racisme, c’est un noir, cette race inférieure qu’on exhibait dans les foires et dont on faisait des esclaves. On s’intéresse à l’apparence, pas à la réalité des personnes concernées. On devrait aujourd’hui savoir qu’il n’y a pas de races, nous sommes tous d’un bout à l’autre de la planète des homo sapiens. Nous pouvons tous constater qu’une femme peut être à l’égale de l’homme dans toutes les activités humaines. Et un Juif, un musulman ou un Français de souche sont libres de pratiquer la religion de leur choix en France. Peu importe alors l’importance numérique de telle ou telle catégorie de personnes… il n’y a pas de Grand remplacement possible puisque nous sommes interchangeables. Le nativisme, mot nouveau qui exprime cette idéologie qui classe les citoyens par ordre de leur arrivé sur un territoire est absurde. Mais ça, c’est l’idéal, la réalité est bien différente.

Aux États-Unis, si tous les immigrés devaient être chassés du territoire, il ne resterait que les rares descendants des Indiens. En Australie il ne resterait que les Aborigènes. En Nouvelle Calédonie, il ne resterait que les Kanaks. Et en France il ne resterait que les Néandertaliens, malheureusement exterminés par des homo sapiens venus d’Afrique. Grand remplacement généralisé !!!

Thomas More, en 1516, croyait pouvoir encore écrire dans son livre: « Quand il y a dans une ville plus de monde qu’elle ne peut et qu’elle ne doit en contenir, l’excédent comble les vides des cités moins peuplées. Enfin, si l’île entière se trouvait surchargée d’habitants, une émigration générale serait décrétée. Les émigrants iraient fonder une colonie dans le plus proche continent, ou les indigènes ont plus de terrain qu’ils n’en cultivent »

Sur ce point, Malthus était à la fin du XVIIIe siècle bien plus perspicace : « On ne peut lire le récit de la conquête du Mexique et du Pérou sans être frappé de cette triste pensée, que la race des peuples détruits était supérieure, en vertu aussi bien qu’en nombre, à celle du peuple destructeur. (…) Si l’Amérique continue à croître en population, les indigènes seront toujours plus repoussés dans l’intérieur des terres, jusqu’à ce qu’enfin leur race vienne à s’éteindre. »

Triste réalité qui devient aujourd’hui une politique généralisée de ségrégation, si ce n’est de génocide. La situation des Palestiniens en Israël est l’archétype de cette problématique, voici d’autres exemples récents en Inde, en Suède et en Italie.

Carole Dieterich : « Dans les manuels scolaires en Inde, des passages fondamentaux sur l’assassinat de Gandhi en 1948 ont été édulcorés. Les élèves de terminale ne liront plus que le père de la nation « était particulièrement détesté » par ceux qui souhaitaient que « l’Inde devienne un pays pour les hindous » car ce projet est porté aujourd’hui par le BJP de Narendra Modi. C’est une tentative de nier la responsabilité du « communautarisme hindou » dans le meurtre de Gandhi. Les pogroms anti-musulmans ne sont plus mentionnés dans les manuels de sciences sociales. Les illustres musulmans de l’histoire contemporaine n’ont pas échappé au rabot. Une multitude de villes et d’avenues aux noms musulmans ont été rebaptisées au cours des neuf dernières années. Le ministre de l’intérieur a déclaré en novembre 2022, que personne ne pouvait empêcher l’Inde « de réécrire son histoire avec fierté ». A plusieurs reprises, des appels publics au génocide des musulmans ont été lancés dans le pays. »

Anne-Françoise Hivert : En Suède, le gouvernement réfléchit à un recensement pour traquer les immigrés sans-papiers. Victorieuses aux élections législatives du 11 septembre, la droite et l’extrême droite ont inclus l’idée dans leur accord de coalition. Il ne reste plus qu’à en fixer les modalités. « La Suède a largement perdu le contrôle de sa population », avance le patron des Démocrates de Suède (SD) en raison d’« une politique de l’immigration irresponsable », qui aurait conduit à une « société de l’ombre » dont les autorités « ignorent l’ampleur ». Selon le gouvernement, 100 000 personnes résideraient sans titre de séjour en Suède. Le président de la commission de la justice du Parlement, un des dirigeants historiques des SD,et adepte de la théorie du « grand remplacement », affirmait,e 28 mars que « les Suédois sont sur le point de devenir une minorité dans leur propre pays ». Des propos en voie de banalisation en Suède.

Allan Kaval : La démographie en déclin rapide de l’Italie et l’immigration sont deux des obsessions principales du gouvernement de Giorgia Meloni. La seconde pourrait ­contribuer à résoudre les problèmes liés à la première, mais l’exécutif, dominé par l’extrême droite, s’alarme désormais publiquement de l’immigration. Francesco Lollobrigida, chargé de l’agriculture et de la sûreté alimentaire : « Nous ne pouvons pas nous résigner à l’idée d’un remplacement ethnique : les Italiens ont moins d’enfants, alors remplaçons-les par d’autres. Ce n’est pas la voie à suivre. » Préconisant des mesures sociales de soutien aux naissances italiennes en les opposant aux flux migratoires considérés dans une perspective ethnique, les déclarations du ministre italien semblent faire directement écho au récit du « grand remplacement ». La secrétaire du Parti démocrate (gauche) dénone « un langage de suprémaciste blanc » et « des mots abjects, indignes d’un ministre de la République »… Riccardo Magi, secrétaire du parti libéral +Europa, s’élève contre des déclarations « typiques de la droite complotiste ».

Le point de vue des écologistes

écartelés entre idéal et réalité

Normalement nous ne sommes plus dans une vision archaïque de l’Humanité où le principe de la nation prime sur celui du bien être de la planète et de tous ses habitants. Nous sommes Terriens avant d’être Humains. Sauf génocides, la situation ethnique actuelle résulte historiquement d’un brassage des peuples et de processus divers d’intégration. Mais tant que l’Islam dira aux personnes issues du monde arabe « tu es musulman que tu le veuilles ou non » et considérera que l’apostasie doit être punie de mort, la question migratoire concernant des personnes de confession musulmane et d’un niveau d’instruction faible, doit pouvoir être discutée sans être immédiatement qualifié de raciste répugnant ou de suprémaciste blanc.

Au delà des incompatibilités culturelles, se pose le problème de l’état de surpopulation généralisé sur toute la planète. Le territoire d’appartenance est fait d’habitudes partagées et conviviales, cela disparaît par le surnombre, l’urbanisation forcée, l’entassement dans des banlieues, l’éloignement de la nature, les difficultés de l’emploi, le stress d’activités professionnelles sans sens, nous ne sommes plus que des pions et les flux migratoires ajoutent à ce contexte délétère. Nous sommes 8 milliards, lInde est devenu le pays le plus peuplé de la planète avec 1,4 milliards d’habitant, l’Italie a une densité de 201 hab./km² alors que la moyenne mondiale est de 60, et l’exemple suédois montre que le ressenti d’une population peut faire basculer la majorité politique vers l’extrême droite.

Alors les frontières se ferment et c’est dans la logique de la situation démographique et socio-économique de la planète. Nous devons alors rester cosmopolite de cœur et considérer pourtant que chacun doit dorénavant faire avec son propre territoire d’appartenance. Glocal est un mot composite et judicieux qui résume la situation, penser globalement et agir localement, et ce dans tous les domaines. Tel est notre idéal sur ce blog biosphere.

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pessimisme glocal (2009)

Grand remplacement, nativisme, écologisme

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« L’Avenir confisqué » de Nicolas Duvoux

Les individus sont caractérisés avant tout par leur capacité plus ou moins grande à se projeter dans le futur.

Nicolas Duvoux : « Seuls ceux qui ont assez de ­ressources et de réserves peuvent envisager de conquérir l’avenir. Mais ce rapport au temps dépend surtout de variables « subjectives » qui ne peuvent être mesurés sans prendre en compte le contexte social dans lequel vivent les individus, une synthèse projective. Le rapport à l’école, le sentiment d’insé­curité physique, l’expérience des discriminations font partie des « petites différences ». La possession d’une maison individuelle, qui a longtemps été, pour les ouvriers et les petits ­employés, un élément central du sentiment subjectif de richesse relative, a contribué à l’aggravation du sentiment de pauvreté de ces groupes lorsque le prix des transports a commencé à augmenter fortement. Certes, le patrimoine hérité donne des avantages immédiats à ceux qui en disposent, mais il définit surtout l’avenir et la confiance que l’on peut avoir en lui. »

Le point de vue des écologistes Cassandre

Selon Duvoux, « la protection sociale peut se substituer à la propriété privée du patrimoine comme possibilité de programmer l’avenir. » Les choses ne sont jamais aussi simples que les sociologues le voient. Dans la réalité, le fait d’être assisté enferme trop souvent le protégé dans son présent : à quoi bon faire des efforts, je ne gagnerai pas plus en travaillant… Pour les économistes, la « préférence pour le présent », très répandue parmi la population occidentale, reflète une impatience à consommer cultivée par la publicité. Au niveau écologique, les gens ne se projettent pas dans un avenir où la planète brûle, ils s’accrochent d’autant plus au présent…. Les politiques s’attachent au court terme car la prochaine élection arrive bientôt. Et les médias cultivent l’événementiel du faits divers, pas la compréhension du monde à venir.

Notre perception du temps est conditionné par un apprentissage… ou par un bourrage de crâne. L’éducation au long terme manque cruellement aujourd’hui !

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responsabilité présente et générations futures

extraits : Généralement l’humanité et ses politiciens se contentent du court terme et des temps présents. Pourtant l’activisme humain dégrade la biosphère à un point tel qu’il devient urgent de regarder nos faits et gestes à l’aune de ses conséquences futures. C’est ce qu’a essayé de faire Dieter Birnbacher…

Acteur absent, pour une représentation démocratique

extraits : La plupart de nos contemporains vivent au jour le jour. Les politiciens, même réunis dans une conférence internationale sur le climat, ne raisonnent pas beaucoup plus loin que les intérêts immédiats de leurs électeurs. Les utopies sont derrière nous et les futurologues ne décrivent l’avenir que sous forme de  catastrophes irréversibles. Comment  donc échapper au fatalisme et au court-termisme ? En utilisant la notion d’acteur absent dans notre conception de la démocratie représentative.

Donnons au futur l’importance qu’il mérite

extraits : L’épargne ne sert qu’à investir pour une croissance future. Or les économistes devraient savoir qu’investir aujourd’hui, c’est accroître le capital productif pour dégrader encore plus une planète déjà fort mal au point. Les « frugaux » pratiquent aujourd’hui la simplicité volontaire, réduisent leur revenus monétaires et donc se retrouvent avec une capacité d’épargne proche de zéro. Ils sont l’avant-garde qui montre que le gaspillage de nos consommations ostentatoires, c’est le passé, c’est fini, et qu’il nous faut pratiquer la sobriété partagée…

Futur, un retour au passé !!!

extraits : Voici quelques éléments d’un scénario qui préfigure l’avenir et qui était décrit en 1975. L’avènement de l’écosociété s’est déroulé en trois grandes étapes, l’économie de survie (société primitive), l’économie de croissance (société industrielle) et l’économie d’équilibre (société postindustrielle ou écosociété). Alors que la maîtrise de la mégamachine, sécrétée par les sociétés industrielles, exigeait une sur-éducation, l’enseignement de l’écosociété est considérablement réduit. Il est à la fois plus global, plus pratique et plus intégré à la vie…

2027, ministère des Générations futures

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Nous colonisons l’avenir (David Van Reybrouck)

Dans la lignée de « Contre les élections » (2014), David Van Reybrouck a écrit un plaidoyer bref et sans équivalent en faveur de la justice climatique. Voici quelques extraits de son livre (Actes sud, 2023).

« Nous sommes à la veille d’une crise climatique mondiale…Nous sommes à la veille de beaucoup de douleur, de morts et de misère… Abordons donc aujourd’hui le colonialisme, parlons du rôle de l’Occident. Mais pas seulement en regardant dans le rétroviseur. Car nous colonisons à présent l’avenir. L’humanité aborde le prochain siècle avec la même avidité et la même myopie qui lui ont permis autrefois de s’approprier des continents entiers. Le colonialisme s’inscrit désormais dans le temps, et non plus seulement dans l’espace : nous nous comportons en colonisateurs des générations futures. Nous imposons les conséquences de nos actes aux humains qui viendront après nous, et ce avec une indifférence et une brutalité qui donnent le vertige. Nous spolions nos petits-enfants, nous dévalisons nos enfants, nous empoisonnons notre progéniture. Ce processus se déroule à présent si vite que nous commençons à en ressentir nous-mêmes les effets dans notre propre chair ; feux de forêts, inondations, sécheresse.

Nous colonisons l’avenir et les régions tempérées de l’hémisphère nord ont une responsabilité écrasante en la matière… Les politiciens savent ce qu’il faut faire pour s’attaquer au problème climatique. Mais aucun politicien ne sait comment se faire réélire ensuite. Décidément quelqu’un devrait écrire un jour un essai contre les élections ! »

Le point de vue des écologistes transgénérationnels

S’exprimant ainsi, David Van Reybrouck aborde la question des acteurs absents, ceux qui ne participent pas à la prise de décision, mais qui sont pourtant concernés par cette prise de décision : non seulement les non-humains, mais bien sûr aussi les générations futures. Tout le problème est de savoir comment accorder un droit de vote à ceux qui ne peuvent pas s’exprimer. Tout simplement en s’en faisant leur représentant. Un décisionnaire qui ne représente pas dans ses choix une bonne analyse dans l’espace (considération de tous les éléments de la planète) et dans le temps (considération du futur) n’est pas un bon démocrate.

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Au-delà des élections, des perspectives

extraits : David Van Reybrouck, auteur de « Contre les élections » (Actes Sud, 2014) : « En français et dans beaucoup d’autres langues, les mots « élection » et « élite » ont la même racine. L’élection est une procédure qui installe une élite, l’aristocratie héréditaire a été remplacée par aristocratie élective… Mais si on couple le tirage au sort avec la démocratie délibérative, alors on peut arriver à des décisions nettement meilleures que ce que les partis politiques sont capables de faire aujourd’hui. »

Acteurs absents de nos délibérations présentes

extraits : Ce serait élargir l’universalité bien plus fondamentalement que le droit de vote aux femmes et aux adulescents si on pouvait inclure dans la participation électorale les êtres vivants non humains, le milieu naturel et les générations futures. Ce n’est pas une procédure véritablement démocratique que de décider sans eux, les acteurs absents ou tiers-absents, de ce qui les intéresse au premier chef. Une telle délibération sans participation vraiment universelle ne peut qu’entraîner de mauvaises décisions : on s’immerge dans la défense d’un groupe particulier et/ou on ignore le long terme. Mais comment inclure dans la participation électorale des acteurs absents qui, par définition, ne peuvent être présents ? C’est simple…

une démocratie élargie aux acteurs-absents (2009)

extraits : Rosanvallon décrit la condition nécessaire pour préparer le long terme : « Il n’y aura pas de sortie de la myopie démocratique si les citoyens ne sont pas eux-mêmes les défenseurs d’une conscience élargie du monde. C’est lorsque les citoyens auront modifié leurs propres réflexes en termes d’anticipation que leur vision s’accordera au sentiment d’une existence à l’échelle de l’humanité. » Il faut donc que chaque citoyen en position de décision délibérative se fasse l’avocat des acteurs-absents, c’est-à-dire ceux qui ne peuvent prendre la parole lors d’une négociation…

Tiers-absents ! (2007)

extraits : Le suffrage universel est un conquête récente qui s’est progressivement élargi à de multiples acteurs, ce qui a permis d’approfondir la démocratie. Au début, il s’agissait d’un corps électoral restreint par le suffrage censitaire à 246 000 hommes. Après une première tentative avortée en 1793, la France a été le premier pays du monde à adopter le suffrage universel et direct en 1848 : brutalement les votants sont devenus 9 millions, mais il ne s’agissait que des hommes, alphabétisés ou non ; les femmes, les militaires et les colonisés étaient encore exclus. Il faudra attendre 1944 pour que l’universalité s’étende aux femmes… On pourrait aller encore plus loin. Ce serait élargir l’universalité bien plus fondamentalement que le droit de vote à 18 ans si on pouvait inclure dans la participation électorale les générations futures…

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Un panorama des pays surpeuplés

Voici une liste (provisoire) pays par pays

Le Bénin, en état de surpopulation avancée

Brésil, une surpopulation qu’on a bien voulu

Surpopulation au Cameroun, 56 hab./km

Surpopulation en Corée du nord (et du Sud)

Corne de l’Afrique minée par la surpopulation

Côte d’Ivoire, surpopulation et manque d’eau

L’Égypte et Al-Sissi face à la surpopulation

En Égypte, la surpopulation fait la loi

L’Éthiopie, victime de sa surpopulation

Ghana, le cauchemar de la surpopulation

Surpopulation française, une réalité vraie

Surpopulation sur l’île de la Réunion

Haïti, un pays ingérable parce que surpeuplé

Inde : « government jobs » et surpopulation

L’Inde, une surpopulation par condensation urbaine

Un surpeuplement inquiétant en Inde

Italie, une surpopulation en voie d’extinction

Le Japon, surpopulation et/ou vieillissement ?

Le Japon devient nataliste, il est pourtant surpeuplé

Kenya, fardeau de la dette et surpopulation

Ouganda, une surpopulation structurelle

Madagascar, un état de surpopulation

Malawi, surpopulation et choléra

Niger, surpopulation et coups d’État

Le Nigeria, miné par la surpopulation

La surpopulation généralisée aux Pays-Bas

Surpopulation en Seine-Saint-Denis 

Surpopulation en Somalie, faut pas le dire

Surpopulation au Soudan, donc guerres civiles

Sri Lanka, surpopulation et agro-industrie

Référendum en Suisse : halte à la surpopulation

Tanzanie, une surpopulation démente

Tchad, une surpopulation en voie d’explosion

Surpopulation en Turquie, 109 hab./km2

Surpopulation au Yemen, 377 000 morts

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Surpopulation, le pour et le contre

on ne fait rien contre la surpopulation

extraits : Lors du sommet de la Terre à Rio en 1992, toutes les composantes de la vie sur Terre étaient mises sur la table, sauf une, la démographie. Maurice Strong, le secrétaire général de cette rencontre, eut beau déclarer que « soit nous réduisons volontairement la population mondiale, soit la nature s’en chargera pour nous et brutalement », dès le début ce sujet était purement et simplement tabou.

un débat récurrent

La surpopulation n’est pas le problème

extraits : Gabrielle Andriamanjatoson, le 25 novembre 2022 : La surpopulation n’est en aucun cas le problème de notre planète, voici pourquoi……. mais sur le même site, un article antérieur dit l’inverse ! Ida Junker-Ceretti, le 18 janvier 2017 : Il est clair pour nous tous que notre planète n’est pas extensible. Il n’y a pas beaucoup d’espace sur la Terre, sans parler des ressources – nourriture, eau et énergie – indispensables pour ses habitants. Ainsi, il semble logique qu’une population humaine croissante constitue une sorte de menace pour le bien-être de la planète Terre… »

10 milliards en 2050 = surpopulation ?

extraits : Selon le démographe Gilles Pison, « Le modèle humain n’est pas celui des mouches qui vivent dans un bocal. Ce n’est donc pas la question du nombre d’humains sur Terre que l’on doit se poser, mais plutôt celle de la façon dont ils vivent. Sommes-nous trop nombreux, ou consommons nous trop ? »N’en déplaise à Gilles Pison, nous sommes absolument incapables de modifier rapidement nos modes de consommation car la quasi totalité des humains actuels ne pense qu’à une chose : revenir à la consommation d’avant la pandémie ! Il est vrai aussi que maîtriser la fécondité humaine est un objectif insurmontable tant que Gilles Pison et les autres natalistes voudront ignorer la problématique malthusienne…

la surpopulation mondiale (selon Jacques Véron)

extraits : Envisageons non plus l’hypothèse d’une surpopulation, mais celle d’une explosion démographique, ce qui est tout à fait différent puisque, au lieu de nous intéresser à l’effectif absolu, nous considérons sa vitesse de croissance (son taux d’accroissement) La question n’est plus de savoir s’il y a trop de gens sur terre mais si la population mondiale augmente trop rapidement. Or dans un monde résolument fini comme le nôtre, une succession de doublements de la population finit nécessairement par devenir problématique (page 40) »… Jacques Véron a fait un livre fourre-tout, parfois hors-sujet, se contentant d’écrire qu’on « doit » se développer pour réduire l’accroissement démographique, ce qui en reste au niveau du « fautqu’on »…

Douze idées fausses sur la surpopulation

extraits : Douze des principales idées niant l’idée de surpopulation sont réfutées aux Pays Bas, overpopulationwareness : Idée fausse nº 1 Il y a suffisamment d’aliments pour tous les habitants de la Terre, c’est vrai aujourd’hui et dans le futur. Le problème, c’est la répartition inégale. Dans les pays riches, il y a abondance, dans les pays pauvres, pénurie…

Parlons clairement de surpopulation

extraits : Le passage aux 8 milliards d’êtres humains le 15 novembre dernier pouvait entraîner une prise de conscience. Mais l’idée de surpopulation démographique semble absente de nos médias, quand elle n’est pas rejetée d’emblée. Sur le site du Fonds mondial de l’ONU pour la population, on trouve cette réaction : « Le franchissement de ce seuil s’accompagnera sans doute de discours invoquant avec alarmisme le terme de « surpopulation ». Se laisser aller à de telles paroles serait une erreur. »…

les malthusiens, trop peu nombreux

La Croix considère qu’il y a surpopulation

extraits : Pour Stéphane Madaule dans le journal La Croix, la progression forte de la population mondiale depuis cinquante ans n’est pas sans peser sur l’environnement, sur le problème du changement climatique et de la perte de la biodiversité. Il existe bien un lien entre taille de la population mondiale et perturbations environnementales…

Ehrlich, Borlaug, démographie et semences

extraits : Borlaug, initiateur de la révolution verte, lançait cet avertissement lors de son discours de réception du prix Nobel : « Nous sommes face à deux forces contraires, le pouvoir scientifique de la production alimentaire et le pouvoir biologique de la reproduction humaine. L’homme a fait des progrès fantastiques, depuis quelques temps, pour ce qui est de maîtriser potentiellement ces deux puissance opposées. La science, l’esprit d’innovation, la technologie lui ont livré des matériaux et des méthodes qui permettent d’augmenter de façon substantielle et parfois spectaculaires, les réserves alimentaires. L’homme a acquis les moyens de réduire avec efficacité et humanisme le rythme de la reproduction humaine. Il utilise ses pouvoirs pour augmenter le rythme et l’ampleur de la production alimentaire. Mais il n’exploite pas encore de façon adéquate son potentiel pour limiter la reproduction humaine… Il n’y aura pas de progrès durable, dans la guerre contre la faim, tant que les gens qui luttent pour augmenter la production alimentaire et ceux qui luttent pour contrôler la fécondité humaine n’auront pas uni leurs forces. »…

Jane Goodall, virus et surpopulation

extraits : Jane Goodall n’ignore pas la menace démographique, elle l’avait clairement exprimé lors d’une tribune  : « Il est impératif de réduire le taux de croissance démographique. Il est tout à fait absurde de penser qu’il peut y avoir une croissance économique illimitée dans un monde aux ressources naturelles limitées. Même le pape François nous dit que ce n’est pas parce que nous avons la capacité de nous reproduire comme des lapins que nous sommes obligés de le faire ! » (LE MONDE idées du 5 janvier 2019)…

Brigitte Bardot alerte sur la surpopulation

extraits : Brigitte Bardot clame que la surpopulation est « l’un des grands problèmes actuels. » ; Elle (la surpopulation, ndlr) est à l’origine de la plupart des problèmes de climat, de pollution d’air, des mers, des rivières et des sols, et des épidémies aussi. » Ses 67000 abonnés (twitter)ont pu également lire en guise de conclusion : « Il faudrait s’interroger sur les conséquences de cette démographie inquiétante et étudier la façon de la stopper » . C’est une question urgente et primordiale, car pour Brigitte Bardot, « il en va de la survie de l’humanité ! » 

les anti-malthusiens, innombrables

Surpopulation, sa perception en 1973 et 2021

extraits : L’idée de surpopulation en 1973 : La population du monde ne cesse de s’accroître. Bientôt les villes auront envahi la terre entière. La nourriture (du plancton) sera rationnée. Dans ce monde de béton sans arbres, ni fleurs, les hommes seront enserrés, prisonniers… L’idée de surpopulation en 2021 : Alors que la population mondiale augmentera de 1,5 milliard d’habitants d’ici à 2030, la décroissance aggraverait davantage la situation des habitants réduits à la famine. Au contraire, l’agriculture devra produire davantage pour nourrir la planète.

Surpopulation, la télé en parle… très mal

extraits : Trop de monde sur Terre ? (Magazine « Terra Terre » sur Public Senat le 26 mai 2020 à 23h). Nous avons regardé l’émission malgré son heure très tardive, c’était super-nul. Dans une ambiance bistro où les gens n’écoutaient pas ce qui se disait de la démographie, on passait à toute vitesse d’un thème à l’autre sans s’arrêter sur aucun, capacité de charge, migration, transition démographique, statut des réfugiés climatiques, le vieillissement de la population….

La surpopulation snobée par les décroissants

extraits : Les anti-malthusiens sont parfois virulents. Le mensuel « La Décroissance » a choisi une voie plus pernicieuse, ne jamais parler de la question démographique, même dans un monde aujourd’hui peuplé de 8 milliards d’une espèce grouillante, nous-mêmes. Voici un témoignage dans le courrier des lecteurs du journal de Vincent Cheynet de février 2023…

FNUP, en faveur de la surpopulation

extraits : Fonds des Nations Unies pour la population, surpopulation ne veut pas connaître ! Son rapport 2023 pose le problème entre deux lignes : Selon une enquête YouGov à laquelle ont participé près de 8 000 personnes dans huit pays (le Brésil, l’Égypte, les États-Unis, la France, la Hongrie, l’Inde, le Japon et le Nigeria), l’opinion prédominante considère que la population mondiale est aujourd’hui trop importante. Mais ce n’est pas son avis, voici toutes les conneries qu’il débite…

L’Ined ignore encore le mot « surpopulation »

extraits : L’institut national d’études démographiques devrait faire référence commune, ce n’est pas le cas. Dès son origine, il avait un objectif nataliste. L’ordonnance de 1945 définit ainsi la mission de l’institut : « L’Ined est chargé d’étudier les problèmes démographiques sous tous leurs aspects… Il étudie les moyens matériels et moraux susceptibles de contribuer à l’accroissement quantitatif et à l’amélioration qualitative de la population.» Sur son moteur de recherche interne, on trouve aujourd’hui à propos du terme « Surpopulation » seulement 12 occurrences depuis 1972, douze articles en 50 ans…

Agence fr. de développement / surpopulation

extraits : Pour savoir ce que pense l’AFD de la surpopulation, on trouve sur leur site deux occurrences seulement : l’une sur la surpopulation carcérale, l’autre sur la surpopulation dans les écoles. Rien sur la surpopulation humaine…

le mot tabou de « surpopulation »

extraits : Nous sommes passés à 8 milliards d’êtres humains le 15 novembre 2022 selon l’ONU. Une multitude qui a même augmenté de un milliard depuis 2011, c’est un état de surpopulation. Qui pourrait en douter ? Pourtant médias, intellectuels, partis politiques et associations occultent complètement la question du poids du nombre.Associations écolos. Sauf pour « Démographie Responsable »,le refus d’aborder la problématique de la surpopulation…Partis écolos : sauf par le MEI, le refus d’aborder la problématique de la surpopulation est généralisé…La surpopulation absente de tous les médias… sauf avec Charlie Hebdo…

Charlie-Hebdo ne croît pas à la surpopulation

extraits : aux rédacteurs de Charlie-Hebdo. Pour vous, le passage aux 8 milliards d’êtres humains prévu pour novembre 2022 n’a pas l’air inquiétant, cf. le titre d’un de vos récents articles dans Charlie-Hebdo, « Surpopulation : c’est vite dit ! ». Vous donnez la parole uniquement au démographe Gilles Pison…

Alerte surpopulation ! Bof, on s’en fout…

extraits : Il faut se rappeler que dans les années 1970, le mot surpopulation était sur toutes les lèvres. En 1968 « La Bombe P » de Paul Ehlich, l’explosion démographique et le risque de famine, avait fait un tabac en librairie (surtout aux USA). En 1972 le rapport au Club de Rome sur les limites de la croissance montrait parfaitement les interrelations entre croissance démographique exponentielle et les 4 autres variables. En 1974 le malthusien René Dumont était le premier présidentiable écolo à parler de surpopulation. La première conférence mondiale sur la population a eu lieu à Bucarest en 1974. Aucun de ces apports conceptuels n’a vieilli, ils ne demandaient qu’à rester au premier plan , ils ont été remisés dans un coin, ils ont été oubliés…

La surpopulation, c’est pas un vrai problème !

extraits : Recherche google le 15 juillet 2023 sur le mot « surpopulation ». Sur 2 400 000 items, voici ce que donne la page une du moteur de recherche : sur 11 occurrences, c’est la surpopulation carcérale qui arrive en tête avec 5 liens. Ensuite il y a 3 articles qui minimisent complètement l’idée de surpopulation humaine. Pire, l’ONU réfute les risques liés à la surpopulation mondiale (2 articles). Seule la page wikipedia sur la surpopulation, très argumentée en faveur d’une démographie responsable, est digne de passer sur Internet..

Sur-consommateurs et non surpopulation ?

extraits : Évidemment, si le modèle vers lequel le monde entier est censé désirer tendre reste un modèle basé sur l’hyperconsommation, il risque d’y avoir un problème de place…Toutefois, comme l’explique Emmanuel Pont, si demain, l’humanité entière devient végétarienne, nous pourrions libérer 75% des terres agricoles occupées par l’être humain pour se nourrir…

Question de mode de vie ou de surpopulation ?

extraits : L’économiste britannique Thomas Malthus, notamment, avait mis en garde, dès 1798, avec son Essai sur le principe de population, contre l’inadéquation entre une croissance exponentielle de la population et une croissance linéaire des ressources…Mais il ne suffit pas de décréter la fin de la croissance démographique pour y parvenir en quelques décennies. Cela implique de poser la question des modes de vie. Les 10 % les plus riches du monde, dont font d’ailleurs partie la majorité des Français, sont responsables de deux fois plus d’émissions que les 50 % les plus pauvres.

Surpeuplement carcéral, surpopulation humaine

extraits : LE MONDE devrait consacrer au moins autant d’articles sur la surpopulation humaine qu’à la surpopulation carcérale. Certes il y a 74 513 personnes incarcérées en France pour 60 666 places opérationnelles. Mais il y a 8 milliards d’humains depuis novembre 2022 et personne n’envisage la capacité d’accueil de la Terre, ce qu’on appelle aussi capacité de charge. Il me semble qu’elle est déjà dépassée, la planète est aussi une prison dans laquelle beaucoup de monde ne mange même pas à sa faim

Surpopulation et pente glissante

extraits : Gérard D : Pourquoi ne pas réintroduire un peu d’eugénisme pendant que nous y sommes, ou de planning familial dont l’un des pères était (entre autres) Rockefeller (via sa fondation) qui œuvra aux campagnes de stérilisation forcées en Inde notamment….. Michel @ Gérard : Ton discours s’appelle le sophisme de la pente glissante, une forme de pétition de principe consistant à affirmer sans preuves que ce que dit l’autre déclenchera une chaîne d’événements tous plus dommageables les uns que les autres, ici eugénisme et stérilisations forcées. On croit ainsi se dédouaner d’un dialogue, comme si le passage aux 8 milliards ne prêtait pas à réflexion collective…

Pour en finir avec les faux débats, une note d’humour

Quelques aphorismes à propos de la surpopulation

extraits : Paul Sears, une possible réponse à Pierre Rabhi : « La terre est biologiquement capable de nourrir une humanité plus nombreuse ? Admettons, il serait néanmoins plus agréable de ne pas être obligé de manger debout »

Alain de Benoist cite Bossuet : « Dieu se rit de ceux qui déplorent les effets tout en continuant à chérir les causes ». Faudrait-il s’interdire d’y inclure la cause démographique ?

Surpopulation, le pour et le contre Lire la suite »

Compensation carbone, une mystification

Merveilleux cette loi de 2015, diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre de la France d’ici à 2050 ; c’est réduire en effet notre consommation de ressources fossiles. Hélas le Macronisme décide une simple « neutralité carbone » en 2050 : on pourra toujours émettre davantage de gaz à effet de serre, il suffit de compenser par ailleurs ces émissions. Est-ce possible ? La crédibilité de plusieurs programmes de compensation carbone au niveau international est mise en doute par des chercheurs.

Jules Brion : Certains crédits issus de la compensation carbone ne seraient-ils qu’une monnaie de singe ? C’est ce que suggère une étude parue jeudi 24 août dans la revue Science. Pour émettre des crédits-carbone, des ONG à but non lucratif s’engagent à protéger une forêt qui serait autrement vouée à la déforestation, par exemple en améliorant les pratiques sylvicoles locales ou en distribuant des fours plus efficaces afin de réduire la consommation de bois. En décidant ensuite d’acheter un crédit, une entreprise n’aura certes pas réduit directement ses propres émissions, mais financé des programmes qui permettent de réduire les émissions ailleurs dans le monde. Les porteurs de projet parient sur des futurs taux de déforestation très élevés, afin d’obtenir le plus de crédits possible. Parmi les dix-huit projets étudiés, un seul a permis d’éviter une déforestation plus importante que prévu. Les conclusions des chercheurs sont d’autant plus troublantes que certains pays souhaitent désormais utiliser ces mêmes crédits pour compenser leurs émissions,

Le point de vue des écologistes décroissancistes

Toute activité humaine devrait « éviter, réduire et compenser » ses impacts sur les milieux naturels. La priorité est bien sûr d’éviter, « réduire » est de toute façon une nécessité, « compenser » n’est qu’un gadget inventé par les marchands. Le fait d’avoir commis un acte répréhensible se traduit par l’obligation de se rattraper dans un autre domaine. Cela permet de jouir plus longtemps de ce qui est contestable. Le monsieur qui offre un cadeau à sa femme après l’avoir trompée, c’est vieux comme l’adultère.

Sur ce blog biosphere, nous condamnons depuis longtemps ce trafic des indulgences à savoir la rémission totale ou partielle devant Dieu de la peine temporelle encourue en raison d’un péché pardonné, ce qui se faisait généralement contre espèces sonnantes et trébuchantes. La forêt devient un alibi qui fait passer au second plan la priorité numéro un, c’est-à-dire la décarbonation de pans entiers de l’économie. Il faut en finir avec la voiture individuelle, l’avion pour touristes, le chauffage à gogo et les énergies fossiles.

Une entreprise n’a absolument pas le droit de compter ses crédits carbone comme des réductions d’émissions, comme l’ont rappelé à plusieurs reprises Carbone 4, Net Zero Initiative, l’ADEME, le SBTi, le GHG Protocol, l’ISO… L’idée même de réduire la pollution/destruction des milieux naturels à un endroit pour permettre de la poursuivre allègrement dans un autre est une totale absurdité !

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Neutralité carbone, compensation, foutaises !(2021)

extraits : Le système thermo-industriel a inventé la « neutralité carbone » pour persévérer dans son être : on pourra toujours émettre davantage de gaz à effet de serre, il suffit de compenser par ailleurs ses émissions de gaz à effet de serre grâce aux arbres. Est-ce possible ? Il y a des différences de temporalités entre le biologique et le géologique. Les arbres plantés aujourd’hui mettront plusieurs dizaines d’années pour séquestrer les émissions actuelles alors que le CO2 a une durée de séjour approximative de cent ans dans l’atmosphère.  Sans compter qu’avec le changement climatique, les forêts sont plus vulnérables aux feux, aux insectes et aux maladies, et qu’à des températures trop élevées, elles relâchent du carbone au lieu d’en stocker. L’objectif international de « neutralité carbone » n’est qu’un des mensonges de ceux qui veulent que le pillage de la planète perdure et tant pis pour les générations futures…

CLIMAT, l’illusoire compensation carbone (2020)

extraits : Pour s’installer au volant d’un véhicule de plus de 9 CV, il suffirait de débourser 70 euros en achetant auprès des magasins Nature & Découvertes une carte de compensation carbone. On nous explique que l’association Climat Mundi, dont l’activité s’exerce au sein du processus défini par le protocole de Kyoto, va participer avec l’argent récolté au financement d’un projet hydroélectrique en Chine. Même si ce principe est reconnu par l’ONU, il ne permet pas de transformer un véhicule brûlant une ressource fossile en véhicule neutre en CO2. En effet, une centrale productrice d’électricité ne fait qu’ajouter une autre source d’énergie pour l’activité humaine, elle ne peut séquestrer les gaz à effet de serre émis non seulement par le véhicule, mais aussi toutes les émissions générées par ce surcroît d’énergie. De plus on sait qu’un barrage est une source de détérioration du milieu et de perturbation de la biodiversité…

Désastre en 2050, neutralité carbone impossible (2019)

extraits : Le réchauffement climatique sera insupportable du fait de l’inertie politique. Le Conseil européen n’a pas adopté l’objectif de zéro émissions nettes en 2050 comme l’y invitaient la Commission et le Parlement. La Pologne et la Tchèquie serait contre l’objectif de neutralité carbone,  l’Allemagne aurait jugé que de délai de 2050 était trop contraignant. Les politiques font écho aux revendications du toujours plus des « Gilets jaunes » qui sont incompatibles avec un scénario de « zéro émission nette » de gaz à effet de serre ! Cela impliquerait un changement important des modes de consommation : insupportable !! …

Neutralité carbone en 2050, la volonté de ne rien faire (2019)

extraits : Il existe deux systèmes de compensation carbone : l’un est lié au protocole de Kyoto et engage les Etats qui y ont souscrit ; l’autre est le marché des compensations volontaires, dont tout un chacun peut décider d’être acteur. Soit on intervient sur un marché étatique officiel en finançant des projets de réduction d’émission de gaz à effet de serre à l’étranger en échange de crédits carbone, c’est-à-dire de droits à polluer. Soit un acteur quelconque (particuliers, collectivités locales…) fait appel à un intermédiaire pour compenser ses émissions, avec des niveaux de garantie extrêmement variables. La procédure est cependant la même : l’option forestière (planter des arbres), l’investissement dans les énergies renouvelables, l’utilisation rationnelle de l’énergie. Nous écrivions cela sur ce blog en janvier 2008. Douze ans plus tard, les entreprises se ruent sur l’achat de forêts entières en vue de compenser leurs émissions de CO2…

Compensation carbone, l’hypocrisie de l’aviation civile (2016)

extraits : L’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) instaure un mécanisme mondial de compensation des émissions de gaz à effet de serre*. Victoire ? Que nenni ! C’est un leurre, du greenwashing (écoblanchiment). Il s’agit d’achat de crédits carbone par les compagnies aériennes auprès d’autres secteurs via une Bourse d’échanges. D’abord cette démarche est tellement graduelle que le climat aura le temps de chauffer : limiter d’ici à 2027 les émissions carbone sur les niveaux observés en 202 sur une base « volontaire », c’est ignorer le fait que tout accord sans mécanisme contraignant est inopérant. De plus, l’accord de l’OACI ne concerne que l’aviation internationale, alors que 40 % des émissions du secteur du transport aérien émanent des vols intérieurs. Surtout cet accord repose sur une simple « compensation carbone » au lieu d’un objectif réel de réduction d’émissions…

l’illusion de la compensation carbone (2010)

extraits : La compensation carbone pour s’assurer une « neutralité carbone », c’est du vent, ce n’est que du greenwashing. Prenons l’exemple d’une personne en partance pour un long voyage, en plein dilemme, seule face à sa conscience d’écocitoyen. Cet individu doit partir en Amérique Latine : prend-t-il ou ne prend-t-il pas l’avion ? Mais oui, bien sûr, il suffit de s’acheter une indulgence : compenser son émission excessive de gaz à effet de serre en payant quelques arbres, en contribuant à la reforestation de pays dévastés. Ce genre de « compensation carbone » est un luxe que seuls les très riches peuvent se permettre et cela n’a pas d’impact immédiat, ni même réellement efficace sur l’absorption de CO2…

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Tout savoir sur la manipulation mentale

L’homme est un animal intelligent, mais une intelligence biaisée. Notre substance grise est avant tout une machine à modéliser, nous ne percevons qu’une fraction de ce que nous croyons vivre. Place à la simplification. Car si notre cerveau traitait intégralement chaque élément d’information reçu, il nous faudrait consommer environ 100 kg de glucose par jour. La zone de confort sans effort dans laquelle s’installe notre cerveau est un véritable piège : besoin irrépressible de logique et de cohérence univoque, mémoire associative en roue libre, appétence faible pour le calcul et les statistiques, curiosité limitée, affect sur-développé, croyances très ancrées… Il s’agit le plus souvent de remplacer une question difficile, par exemple « Qu’est-ce que je pense de cette situation ? », par une question beaucoup plus facile, comme « Qu’est-ce que je ressens ? » L’émotionnel l’emporte sur le rationnel. Le marketing, la propagande, les discours complotistes exploitent massivement les biais cognitifs.

Les « biais cognitifs » ne constituent pas une découverte révolutionnaire des neurosciences, c’est littéralement le sens du mot préjugés, l’ensemble de nos a priori. Une des premières tendances est d’attribuer plus de confiance aux informations qui confirment nos propres croyances plutôt qu’à celles qui les contredisent… Le biais de conformisme facilite l’intégration à des groupes, le biais de négativité incite à la prudence, etc. Les biais cognitifs, qu’on peut définir comme des déviations inconscientes de la réflexion, façonnent notre rapport à la réalité telle que nous voulons la voir.

Voici un panoramique de tout ce qui nous fait prendre les vessies pour des lanternes et les fake-news pour la post-vérité.

L’effet de loupe, le fait qui fait diversion

extraits : Les médias nous défrisent, les réseaux sociaux encore plus, ils cultivent ce qu’on appelle en sociologie l’effet de loupe. Ils montrent une réalité qui existe, certes, mais qui est tellement minoritaire qu’elle ne nécessiterait même pas une brève. Normalement le journalisme, c’est l’art de trier entre l’anecdotique et l’essentiel, sinon les pages d’un média se remplissent de vide. Mais à force d’être diffusés en boucle sur les réseaux de communication, un micro-évènement sature l’espace public et devient la dernière question à la mode dont il faut causer. Le problème, c’est que cela nous détourne de l’essentiel, nous rentrons dans le domaine du commérage et en oublions de réfléchir. C’est le règne des faits divers. Une spécialité des journaux télévisés qui en ouverture nous disent qu’il fait très chaud…

Le biais d’ancrage : quand la première information éclipse la suite

extraits : Le biais d’ancrage est un des moteurs principaux de la désinformation et du complotisme. Pour schématiser, le cerveau fonctionne de deux façons : de manière rapide et intuitive ou sur un autre mode, plus lent et réflexif. Le mode rapide cherche, par association d’idées, des éléments permettant de se rapprocher de la donnée qui a été « ancrée » dans notre cerveau. Ce n’est que dans un second temps que le système de traitement de l’information plus réflexif tente, par un ajustement, de trouver des raisons de s’éloigner de l’ancre, le plus souvent sans grand succès. Notre cerveau doit en effet lutter contre son fonctionnement premier, intuitif. Couplé au biais de confirmation (face à la contradiction, perçue comme insupportable, le cerveau humain cherche à confirmer ses croyances), le biais d’ancrage se révèle particulièrement robuste pour geler les jugements et figer les croyances… Nous limitons nos sources d’information à quelques médias, site, blogs ou publications qui viennent renforcer nos idées (biais de confirmation).

L’interaction spéculaire, on fait comme les autres

extraits : S’il est une nature humaine, elle se réalise dans l’interaction avec autrui. S’il est une société, elle émerge des interactions entre les individus. Cette hypothèse s’appelle l’interaction spéculaire (« relatif au miroir »). Je me réalise en échangeant avec autrui des modèles du monde formés par ces échanges et qui contiennent un modèle de ces échanges. La société est un système de représentations croisées entre individus : je me représente la manière dont les autres se représentent les choses et moi-même. L’individu soumis à une dictature ne se demande pas s’il veut renverser le régime, mais seulement s’il le ferait au cas où un certain nombre d’autres le feraient aussi. Chacun étant placé dans la même situation que les autres, le dictateur s’effondrera non en fonction de la volonté de tous, mais de leurs représentations croisées, c’est-à-dire en fonction des anticipations que chacun effectuera sur la capacité effective de ceux qui l’entourent à se révolter…

Quelques expériences de psychologie comportementale

Psychologie cognitive et souvenirs recomposés

extraits : Elizabeth Loftus jugeait la mémoire humaine si malléable que son idée en 1991 est d’induire un souvenir fabriqué de toutes pièces en situation expérimentale : « Comme s’être perdu dans un centre commercial quand on était enfant »…

Nous sommes des moutons et fiers de l’être

extraits : Au début des années 1950, le psychologue américain Solomon Asch étudie les capacités de résistance de l’individu. Il avait espéré que son étude montrerait les capacités de résistance de l’individu. Il ne connaissait pas encore la psychologie humaine ! 76 % de ses cobayes se rallièrent au moins une fois – et 11 %, toujours – à l’avis incorrect de la majorité..

Notre striatum ne dit rien de nos besoins

extraits : Selon deux psycho-chercheurs,Thierry Ripoll et Sébastien Bohler, l’insatiable soif de croissance de l’humanité et la crise globale qui en découle seraient la conséquence de notre « câblage » cérébral.Le cerveau des vertébrés et des mammifères possède des structures cérébrales profondes, dont le système de récompense est, en son centre, le striatum. Cette structure nerveuse incite les êtres vivants à accomplir des comportements sans limites fixées a priori, en leur donnant du plaisir sous forme d’une molécule, la dopamine. Aujourd’hui, nous continuons à produire de plus en plus de nourriture, de plus en plus riche, pour cette partie fondamentale de notre cerveau, qui n’est pas programmée pour s’auto-limiter…

Fake news dans la fenêtre d’Overton

extraits : Forgée dans les années 1990 par Joseph P. Overton, alors vice-président des lobbyistes du Mackinac Center for Public Policy, l’idée centrale de la fenêtre d’Overton est que les idées jugées « acceptables » par le plus grand nombre au sein d’une société particulière constituent un ensemble, une « fenêtre ». Pour réussir à emporter l’adhésion du public, il est préférable de se situer d’emblée à l’intérieur de la “fenêtre” d’Overton. Or, cette fenêtre se modifie en fonction des normes sociales et morales dominantes…

Pour en finir avec l’exaltation de SOI

extraits : Comme disait Gandhi quand on lui demandait : « Comment faites-vous toutes ces choses altruistes tout au long de l’année ? » Il répondait : « Je ne fais rien d’altruiste. J’essaie de progresser dans la réalisation de Soi. »… Vous remarquerez que Descartes dit deux fois « je » dans son « je pense, donc je suis ». Il fonde tout seul sa vérité, tout ce qui vit autour de lui n’existe plus ! Le dualisme cartésien est un mode de pensée qui divise l’esprit et la matière, sépare le corps et l’esprit, et considère le monde comme une série d’objets à analyser et à contrôler. Arne Naess propose une humanisation écologique par la pleine réalisation de soi, qui devient « Soi » en s’ouvrant à l’ensemble de l’écosphère, à tous les êtres humains et aux espèces animales…

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Nous sommes tous des écoterroristes !

Les organisateurs, dont la Confédération paysanne et le collectif Bassines non merci, avaient appelé les volontaires pour un périple en tracteur ou à vélo, appelé « convoi de l’eau », pendant une semaine entre Sainte-Soline et Orléans. Devant les grilles de l’agence de l’eau à Orléans, le 25 août, une petite foule de 600 personnes : « Nous sommes tous des écoterroristes ! » Un clin d’œil aux déclarations du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, et à sa décision de dissoudre les Soulèvements de la Terre.

Les anti-écolos se déchnent, exemple : « Des dizaines de collectifs, partis et autres associations parviennent à réunir quelques centaines de personnes pour vitupérer les bassines et le capitalisme. A Pornichet vendredi un meeting aérien a attiré 180 000 personnes. Cherchez l’erreur. »

Ce constat de disproportion mérite commentaire. En effet il témoigne seulement de l’insuffisance d’intelligence collective du peuple. Car en toute vérité, face aux périls qui nous guettent, il ne devrait y avoir que 600 personnes à Pornichet, dont la plupart d’ailleurs militants contre le transport aérien et ce genre de spectacle volant. Par contre il aurait fallu 180 000 personnes pour participer au convoi de l’eau !

Luc Bonner : La manifestation s’est déroulée dans le calme, dans une ambiance de kermesse militante, avec cuisine collective, toilettes sèches, fanfare et chants puisés dans le répertoire traditionnel du militantisme. Sur les grilles, une banderole a été accrochée : « L’Etat tue pour le capitalisme. » Le slogan résume la situation : derrière les Soulèvements de la Terre, c’est une bataille pour un modèle agricole, économique, social, voire démocratique, qui oppose manifestants et défenseurs de la construction de bassines. « S’ils ne nous écoutent pas, il faudra désarmer [détruire] ces bassines », souligne une militante de 27 ans, qui se définit comme « nomade », passant d’une ferme à une autre et d’une lutte à une autre, dont Sainte-Soline, le tunnel Lyon-Turin et bientôt le site d’enfouissement de déchets toxiques de Stocamine, en Alsace. « Grille par grille, bâche par bâche, on détruira toutes les bassines », a scandé Julien Le Guet, un des porte-parole du mouvement.

Le point de vue des écologistes activistes

Anti-Pollueurs : L’agence de l’eau a voté à l’unanimité pour arrêter toute construction en attendant de prendre en considération les années depuis 2010. En effet les plus chaudes ont été ignorées lors de la décision de construire ces bassines. Mme la Préfète, vous dites : « Pour les six réserves autorisées et financées, on a créé des droits qu’on ne peut pas annuler ». Qui a créé ces “droits” basés sur une étude obsolète ? De quel droit autorisez-vous ceux qui ont intoxiqué nos eaux de surfaces (pesticides, engrais) à puiser notre eau potable souterraine ?

Diedey : Ce qui frappe chez les militants antibassines, c’est leur connaissance des milieux naturels. Il existe une expertise citoyenne au service de l’intérêt général qui vaut bien celle des gros producteurs et des intérêts financiers qui nous mènent droit à la catastrophe climatique.

Le paraméen : Ces « zozos », ces  » écoterroristes » et autres qualificatifs employés par certains ici et là sont en fait des citoyens responsables qui, à travers l’exemple des bassines, dénoncent le modèle agricole productiviste qui continue à tuer et à ruiner les petits agriculteurs, à détruire les écosystèmes, à polluer sols et eaux (comme en Bretagne) pour le seul profit des grosses coopératives et de l’agro-industrie en général. Des bassines ont été construites illégalement. Ont-elles été détruites par l’ État ? Non. Fort avec les faibles, faible face à la FNSEA qui dicte la politique agricole en France depuis la fin des années 1950. Cette FNSEA dont les exactions contre les bâtiments publics (dont des préfectures) et contre des écologistes avec sabotages de véhicules n’ont amené aucune réaction du pouvoir politique et aucune sanction du pouvoir judiciaire. L’agriculture productiviste est intenable avec le réchauffement climatique. La réalité sera plus forte que l’idéologie.

Zahnstocher : Cela fait des décennies que les climato-sceptiques s’échinent et tous leurs pseudo-arguments se sont pulvérisés sur le mur de la réalité. Il ne leur reste plus qu’à tenter puérilement de tourner en dérision ceux qui luttent. Sur leur nombre, leur âge, leurs vélos, leurs tracteurs, leurs slogans, leurs shorts, leurs accents, leurs amis etc… Mais sur le fond, que voulez-vous qu’ils opposent ?

Leonora : Les gouvernements sont tout simplement en train de rendre la planète inhabitable pour nos enfants. Je ne vais pas rester les bras croisés en attendant que l’inconcevable devienne réalité. Nous devrions tous être des écoterroristes.

G. Verne : Le plus amusant, c’est que CNews a fait sa journée sur la dégradation de la pelouse du golf près de Poitiers devenue soudain, à grand renfort de bandeaux saignants, l’équivalent de la déforestation de l’Amazonie.

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FNE, le combat des mégabassines

extraits : Suite à la dernière manifestation contre une méga-bassine à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres fin octobre 2022, l’Etat s’emploie à instrumentaliser les évènements pour faire taire tout débat de fond sur le stockage de l’eau. Après avoir retiré une subvention pour l’éducation à l’environnement à l’Association de Protection d’Information et d’Etudes de l’Eau et de son Environnement (APIEEE), celle-ci vient de recevoir la notification par la Préfète des Deux-Sèvres, de son exclusion de toutes les instances de concertation liées à l’eau du département dans lesquels elle siégeait !…

Bassines, un combat à mort

extraits : La manifestation contre la bassine de Sainte Soline, interdite par la préfecture, a rassemblé entre 6 000 personnes, selon les autorités, et 30 000 selon les organisateurs. Plus de 3 000 gendarmes et policiers ont été mobilisés pour défendre l’agro-industrie. Le choc a été violent. les forces de l’ordre ont tiré plus de 4 000 grenades et utilisé des LBD (lanceur de balle « de défense ». Deux cents manifestants ont été blessés, dont quarante grièvement…

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Absence de WC en Afrique, à qui la faute ?

En 2011 la Fondation Bill et Melinda Gates a lancé le concours international Reinvent the Toilet pour inventer les toilettes du futur sans eau ni électricité tout en valorisant les déchets humains. Cela existe, les toilettes sèches. Mais même cela paraît inaccessible à un continent africain de 1,26 milliard d’habitants, à la croissance démographique exponentielle.

Sandrine Berthaud-Clair : En Afrique, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 8 % des décès sont dus à des diarrhées déclenchées par la présence dans l’eau de bactéries, de parasites et de bacilles contagieux. C’est plus que le paludisme. Un demi-milliard de personnes dans le monde pratiquent ce que les Nations unies nomment « défécation à l’air libre », véritable arme de destruction massive d’eaux vives : rivières, lacs et littoraux sont pollués… Les mégapoles, qui attirent toujours plus de personnes, devraient abriter en 2035 la moitié de la population africaine ; elles grandissent plus vite que leurs infrastructures d’assainissement. A l’instar d’Abidjan, dont la population a plus que triplé en vingt ans pour dépasser les 6,4 millions d’habitants en 2021. Le délégataire de service public n’est pour l’instant parvenu à raccorder que 40 % des Abidjanais au tout-à-l’égout.

Le point de vue des écologistes étonnés

Pistafoura : Comme le sous-entend Sandrine, il s’agit ni plus ni moins que d’un appel de détresse en faveur d’un néocolonialisme médical et culturel.

Jean Kaweskars : Les Africains n’ont qu’à faire comme tout le monde : travailler pour s’installer des toilettes… mais pour ça, il faut commencer par se sortir le doigt.…

Ne pas croire : L’Internet et la téléphonie mobile s’est déployée sur le continent africain à une vitesse hallucinante, et les réseaux d’eau et d’assainissement sont pratiquement inexistants. Il n’y a pas un problème ? Le smartphone avant la santé, tout est question de priorités, de corruption, de pauvreté. Les peuples préfèrent acheter un téléphone plutôt que fabriquer des toilettes sèches.

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Toilettes, dis-moi comment tu défèques (2022)

extraits : Le développement des toilettes était l’un des objectifs du millénaire, défini ainsi en l’an 2000 par les Nations unies : diminuer par deux le nombre de personnes n’ayant pas accès à des sanitaires d’ici à 2015. Mais dans le monde de demain, le principal souci ne sera pas la douce chaleur du lieu où on défèque car nous serons plutôt préoccupés par le nécessaire recyclage de notre urine et de nos merdes. J’ai rencontré pour la première fois en 2014 des WC séparant l’urine et les selles dans un village de yourte près de Totnes, ville modèle des communautés en transition. Mais si la population augmente trop vite, on ne pourra que polluer toujours plus…

19 novembre, la journée mondiale des WC (2020)

extraits : Chaque jour il nous faut uriner et déféquer, bref c’est un besoin vital. Souvent le lieu importe peu, c’est n’importe où, mais quand on est des milliards à se soulager, ça craint… C’est pourquoi l’Organisation des Nations unies (ONU) a choisi le 19 novembre pour marquer la Journée mondiale des toilettes. Faire pipi-caca, c’est en effet le moyen d’aborder de nombreuses problématiques : comment économiser l’eau en tirant la chasse ? Comment récupérer l’urine qui peut faire un bon engrais ?….

pisser dans la nature ou dans des toilettes ? (2012)

extraits : Il y a des commémorations pour tout, y compris pour les WC : journée mondiale des toilettes le 19 novembre ! Car ça urge : choléra, typhoïde, légionellose et autres maladies hydriques sont directement liés aux lacunes de l’assainissement. Or 1,1 milliard de personnes n’a d’autre choix que de déféquer dans un champ, au bord d’une rivière, en forêt ou sur un terrain vague… Pisser dans des toilettes « hygiéniques » avec le « tout-à-l’égout » n’est pas le meilleur service à rendre à l’humanité. Si le phosphore manque, la production agricole chutera !….

toilettes sèches (2008)

extraits : Alors que dans les pays riches une frange d’expérimentateurs éclairés se lance dans la construction de toilettes sèches, il est vraiment bizarre que les pays pauvres n’utilisent pas les excréments humains qui peuvent faire un bon engrais. Il est bizarre qu’un article sur nos latrines insiste plutôt sur les maladies diarrhéiques, la contamination des eaux de surface, les bactéries, virus et autres parasites, sans aborder l’intérêt du nécessaire recyclage de toute matière par les décomposeurs. Nous n’avons pas à frémir ni fantasmer sur nos matières fécales : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme…

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Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », est éditée chaque jour par épisode sur ce blog biosphere tout au cours des mois de juillet et août.

Utopie, ce qui n’est pas encore réalisé !

Face à la la crise démographique

Dès la fin du XXe siècle, la capacité de charge de la planète est déjà dépassée, il y a surpopulation manifeste. En effet un niveau donné de population est indissociable de l’état des ressources alimentaires et de l’échelle des besoins. L’empreinte écologique des pays riches est telle qu’elle n’est pas généralisable et des émeutes de la faim se sont multipliées durant la première moitié du XXIe siècle. Le diagnostic de Robert Malthus a refait surface, une population ne peut s’accroître plus vite que ce que le milieu naturel peut lui offrir durablement. Les problèmes de fécondité de la terre issus de la surexploitation des sols sont devenus apparents, ce qui accroît d’ailleurs le sentiment général de surpopulation. La destruction de l’humus, la déforestation, la stérilisation des terres, la désertification, l’épuisement des ressources halieutiques ont continué leurs ravages pendant tout le début du XXIe siècle.

En 2050, la planète compte près de 10 milliards d’habitants d’humains. Nous sommes confrontés à deux problèmes interdépendants, le niveau de la population et l’état des ressources. La maîtrise de la fécondité est devenue incontournable, tous les moyens sont utilisés : liberté de contraception et d’avortement, suppression des allocations familiales car l’Etat se veut neutre financièrement par rapport aux naissances voulues par les couples. L’approche fiscale de la fécondité est remplacée par la formation des jeunes et des adultes en matière de poids démographique et de responsabilité dans l’éducation des enfants. A cette approche malthusienne se superpose l’apport d’Arne Naess : « si l’épanouissement de la vie et des cultures humaines est compatible avec une diminution substantielle de la population humaine, l’épanouissement de la vie non-humaine requiert une telle diminution. » Le maintien de la biodiversité est facilitée par la maîtrise de la fécondité humaine.

En 2050, la relocalisation de la production agricole et la généralisation de l’agriculture biologique ne peut suppléer complètement à l’apport interrompu du pétrole (engrais, énergie, pesticides, etc.) propre à une agriculture productiviste. Il faut donc changer de régime alimentaire. De gré ou de force, nous sommes tous devenus quasi-végétariens, le complexe agroalimentaire a fait faillite. La sécurité alimentaire exigée par les pays du Nord a été remplacée par l’idée de souveraineté alimentaire de chaque territoire. Les jardins collectifs ont été fortement encouragés par mise à disposition gratuite de terrains aménagés avec une double vocation alimentaire et de création de lien social.

Technologique, limitation de l’innovation

Les sociétés « d’avant le développement » obéissaient principalement à des logiques de « reproduction » et non de « production ». Elles visaient avant tout à reproduire du lien social, ce qui supposait de garder le sens des limites (Frédéric Durand). Leur but premier était de permettre la reproduction d’une communauté, à la fois démographiquement et culturellement. On n’adoptait une innovation que si elle ne mettait pas en péril l’équilibre général. Cette conception montre la voie de l’après-développement (François Partant). Pendant la révolution industrielle, les avancées de la science sont spectaculaires, mais nécessitent plus que jamais à l’échelle de la planète un encadrement éthique. L’innovation se recentre sur les besoins fondamentaux de l’humanité (alimentation, santé, lien social).

En 2050, la notion de progrès technique ainsi que l’emprise de la technique sur la société est remis en question. Il est dorénavant admis par tous que les techniques thermo-industrielles sont conditionnées par les mécanismes de l’entropie. Nicholas Georgescu-Roegen, qui avait proposé dès 1979 un programme bioéconomique, est devenu un auteur de référence. La qualité d’une civilisation ne se juge plus par son degré de technologie et d’accumulation matérielle. Les enseignements de Jacques Ellul, Ivan Illich et quelques autres formatent la pensée de chacun. La division du travail, complément obligé de la complexification technologique, est simplifiée. Le détour de production n’est plus allongé comme précédemment, mais au contraire raccourci. Le transhumanisme n’est plus défini comme une symbiose entre l’homme et la machine, mais comme l’ouverture de l’humanisme aux générations futures et aux non-humains.

En 2050, il s’agit dorénavant de limiter la dégradation des écosystèmes en abandonnant nos moyens techniques disproportionnés (pesticides, OGM , nanotechnologies, géo-ingénierie…) et d’échapper à l’idéologie de la technoscience. Le progrès culturel est prépondérant et conditionne l’acceptation sociale des innovations technologique. La compréhension des mécanismes de la biosphère et la compassion envers autrui forment le socle des techniques éducatives. Dès le plus jeune âge, on a appris les méfaits de la mégamachine et les avantages des techniques douces. Le système techno-médical ne recherche plus à repousser la mort à n’importe quel prix (euthanasie accepté).

La nature des communications : valorisation des rapports de proximité

Au début du XXIe siècle, nous avons pris progressivement conscience de l’enfermement planétaire (André Lebeau). De plus le choc pétrolier de 2027 a fait ressentir à tous la fin de l’énergie fossile à bas prix : le coût des déplacements explose. Il y a eu une limitation générale, volontaire ou forcé, des déplacements physiques. Les villes compactes se sont multipliées, accompagnant le processus de désurbanisation. La voiture individuelle est en voie de disparition, comme le transport par avion et les trains à grande vitesse. Ce qui domine, c’est le concept d’écomobilité, qui a rejeté de fausses solutions techniques comme la voiture électrique. Le slogan du XXe siècle, « plus vite, plus loin, plus souvent et moins cher » est devenu « moins vite, moins loin, moins souvent et beaucoup plus cher ».

En 2050, la mobilité géographique comme la mobilité professionnelle est réduite, le travail s’enracine de plus en plus sur un territoire déterminé. Le tourisme international a presque complètement disparu et il est mal accepté par les autochtones. Même s’il y a encore quelques voyageurs, les migrations de masse apparaissent dorénavant comme des impossibilités majeures. Notons que plus on attendra pour lutter contre le réchauffement climatique en réduisant drastiquement la combustion de ressources fossiles, plus il y aura de réfugiés climatiques et plus les replis identitaires seront importants (cf. Harald Welzer, Les guerres du climat). 

En 2050, la révolution numérique commence à apparaître comme une impasse. La génération de l’écran aura disparu faute d’écrans individuels à cause des grandes pannes récurrentes d’approvisionnement électrique. Les moyens de communication au loin (téléphone, télévision), facilités par l’usage de l’électronique, sont utilisés de façon collective et parcimonieuse. Ils permettent de conserver un lien avec la communauté mondiale, la planète est aussi notre village. Les activités de loisirs se recentrent sur la communauté proche. La société du spectacle est progressivement remplacée par des activités ludiques de proximité (sport, musique, etc.) dont les personnes sont elles-mêmes les acteurs.

Les acteurs du changement : de la toute puissance étatique à l’autonomie individuelle

Alors que le système socialisant privilégiait pendant les Trente Glorieuses l’intervention de l’Etat (pratique keynésienne, Etat-Providence), au cours des années 1980 le tournant libéral privilégie les entreprises et la responsabilité individuelle. Mais au-delà de cette dichotomie apparente, chaque nation était en fait représentée par un Etat de type « national-socialiste », c’est-à-dire un système qui considère les intérêts de ses ressortissants et non l’intérêt général. Au moment des premiers choc écologiques de la première moitié du XXIe siècle, la tendance mondiale a été au renforcement du pouvoir d’Etat dans chaque nation pour faire face à la crise ultime. En effet il a fallu prendre des décisions autoritaires et provoquer une mobilisation sans précédent des citoyens : à crise systémique, réponse systémique. Le sentiment d’urgence était généralisé, les directives acceptées ; la crise économique était telle que le consensus allait de soi (écocitoyenneté). Mais les pays renforçaient aussi leurs liens réciproques. Le RES (Rapport Europe Soutenable) appliqué dans l’Union européenne a été un facteur prépondérant de l’évolution mondiale.

Pourtant un système démocratique durable est d’autant mieux préservé quand l’Etat central a programmé la mise en place d’une autonomie territoriale. Dès le début du 21e siècle, des communautés de résilience se préparaient au pic pétrolier, au changement climatique et à la crise économique afin de mieux y résister (ne pas confondre avec les survivalistes). Ce processus rend obsolète en 2050 l’existence d’un Etat central fort. La pratique de l’Etat « national-socialiste » est abandonnée. Les relations de production et de consommation se recentrent sur le territoire (relocalisation, désurbanisation, ruralisation). L’agriculture et l’artisanat ont retrouvé une place stratégique. Les études sont courtes, centrées sur l’apprentissage des techniques douces et l’expérience de la convivialité. Les individus savent maintenant que leur responsabilité personnelle passe par la prise en compte de leur responsabilité collective, ils raisonnent glocal, à la fois global et local.

En 2050, nous passons de la toute puissance étatique à l’autonomie individuelle. La philosophie des Lumières se concrétise par la maîtrise individuelle de ses gestes quotidiens. Les militants des syndicats et des partis politiques savent dorénavant qu’on doit personnellement vivre en harmonie avec les principes démocratiques ET écologiques. Ainsi le pôle écologique du parti socialiste français avait adopté en 2010 le principe suivant : « Le Pôle écologique du PS invite ses membres et l’ensemble des citoyens à faire preuve le plus possible dans leur vie de sobriété énergétique et d’autolimitation pour construire ensemble une société plus conviviale et plus égalitaire. » La recherche des limites est un passage obligé pour permettre un équilibre durable entre les possibilités de la planète et l’harmonie sociale, mais la simplicité volontaire ne se décrète pas.

La question ontologique : les valeurs comme processus de hiérarchisation des choix

Au début du XXIe siècle, les hommes n’ont pas su réagir à l’urgence environnementale. Comme Hans Jonas l’avait pressenti, il était naïf d’espérer pouvoir résoudre le problème simplement au moyen de techniques « vertes ». C’était aussi un leurre d’espérer résoudre la crise écologique au travers de simples mesures économico-politiques. A cause de cet échec, la thèse selon laquelle le XXIe siècle sera le siècle de l’écologie peut être accréditée. C’est en effet d’une modification de notre rapport à la nature, mais aussi d’une révision de nos valeurs dont nous avons besoin. Le vœu majeur de notre temps me semble adéquatement formulé dans l’aspiration à une philosophie de la nature qui cherche à concilier l’autonomie de la raison avec une valorisation intrinsèque de la nature (Vittorio Hösle).

En 2050, une nouvelle ontologie commence à remplacer tant les croyances religieuses que la croyance en la croissance capitaliste. Nous sommes en passe d’acquérir un nouvel horizon éthique, du type écologie profonde (Arne Naess), basé sur le plus grand respect des humains (généralisation de la non-violence) comme des non-humains. Pour arriver à cet état d’esprit, il a fallu l’échec de l’écologie superficielle ou réparatrice ; la crise écologique a en effet permis de mettre en question l’analyse des spécialistes pour adopter une approche systémique.

En 2050, nous avons compris que l’humanité sans la nature ne serait plus humaine. Opposer l’amour des hommes et l’amour de la nature serait une erreur, l’espèce humaine n’étant qu’un élément de la nature. Il y a un approfondissement de l’humanisme qui abandonne alors les illusions de l’anthropocentrisme.

Le processus de décision : vers une démocratie élargie

Autrefois le système démocratique était ethnocentré, délibère un groupe particulier à un moment donné. La nation était, au moins depuis le XIXe siècle, le nouveau paradigme. Il est cependant clair que la nation est une catégorie nécessairement anti-universaliste. Ce système, véritable exercice d’un rapport de force entre intérêts divergents, avait fait la preuve de son inefficacité, par exemple dans la lutte contre le réchauffement climatique. Mais l’urgence écologique est reconnue au début du XXIe siècle comme fondamentale pour l’ensemble de l’humanité, on ne peut mener qu’une lutte supranationale au-delà des nations. Le choc des crises écologiques remet même en question le paradigme de la démocratie représentative habituelle.

En 2050, nous avons ressenti le besoin d’un équivalent dans le droit public de la figure du tuteur présente dans le droit civil. Les parlementaires ne défendent pas, dans un Etat de droit moderne, les intérêts de leurs électeurs ; ils défendent l’ensemble du peuple. Les décideurs ont dorénavant pris conscience que « l’ensemble du peuple » ne se réduit pas aux générations actuelles. Chaque membre d’une instance délibérative sait se situer à la fois dans le long terme et dans l’espace élargi. Chacun se fait l’avocat des acteurs-absents (ou tiers-absents), à savoir les habitants des autres territoires, les générations futures, mais aussi les non-humains (la biodiversité).

En 2050, l’éclatement du pouvoir politique entre différentes communautés en charge de son propre écosystème permet de renforcer la démocratie directe. On applique le principe de subsidiarité dans un monde complexe où se côtoie encore des pays isolés, des nations autonomes, des conglomérats d’états (L’Union européenne ?) et des instances qu’on n’ose plus qualifier de transnationales. Mais qu’on ne s’y trompe pas, ce n’est ni l’action individuelle ou l’action collective, ni les institutions ou les Etats, ni la politique ou la morale qui fabriquent notre avenir, c’est l’interaction spéculaire : « Tu fais, parce que je fais, parce que nous ferons tous de même ».

Je ne sais pas si cette utopie 2050 aura un grand avenir. Elle est sur mon blog depuis 2009, aucun syndicat ou parti politique ne m’a encore contacté pour la faire sienne ! Mais je ne désespère pas… car mes perpspectives 2050, si tout se passe au mieux, devraient s’étaler sur au moins un siècle, donc bien au-delà de mon existence personnelle puisque je suis né en 1947.

Je pense en particulier que nous sommes en passe d’acquérir une nouvelle ontologie, un nouvel horizon éthique, du type écologie profonde, basé sur le plus grand respect des humains (généralisation de la non-violence) comme des non-humains. L’écologie profonde est une philosophie, une recherche de la sagesse. C’est pour moi les fondements d’une pensée qui est seule à même de nous donner des repères stables dans le monde conflictuel qui s’annonce. (la suite, demain)

Une vision d’ensemble de cette autobiographie :

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

Fragments de vie, fragment de Terre (suite) Lire la suite »

Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », est éditée chaque jour par épisode sur ce blog biosphere tout au cours des mois de juillet et août.

Une UTOPIE pour 2050

Quelques idées générales : Nous avons besoin d’une utopie mobilisatrice pour répondre à la question qui se posera bientôt dans notre futur proche : comment vivre mieux avec moins ? J’ai rassemblé tout ce qui me motive dans la synthèse suivante et j’ai considéré comme hypothèse probable que les années 2030 seront marquées par la réalité physique d’un krach écologique multiple, et donc par une prise de conscience généralisée. Les années suivantes, l’humanité sera donc obligée de changer fondamentalement de paradigme, d’imaginaire collectif. Ce que nous prévoyons déjà pour 2050 est largement avéré au niveau des statistiques ; les objectifs face à une crise systémique causée par le système capitaliste et les moyens de réagir ont fait l’objet de propositions de nombreux analystes. Il n’est pas besoin de beaucoup imaginer, encore moins d’auditionner toujours plus spécialistes : il suffit de lire les écrits déjà parus.

D’ici à 2050, la synergie des crises alimentaires, énergétiques, climatiques et démographiques va entraîner une dégradation rapide et brutale du niveau de vie à l’occidentale. Face à la catastrophe annoncée, les humains vont réagir à leur manière, selon deux modalités contradictoires. Pour une part, les violences seront exacerbées, qu’elles s’exercent entre les humains ou pour piller les dernières ressources accessibles. Nous ferons aussi appel à la raison, à la coopération, au sentiment d’interdépendance. Nous ne pouvons pas déterminer à l’avance ce qui l’emportera entre la face sombre de l’individu ou l’intelligence des situations. Des analyses comme le rapport secret du Pentagone (octobre 2003) sur le changement climatique envisagent le pire, c’est-à-dire la priorité à la raison d’État et la survie des sociétés les plus combatives. Il y a aussi les pessimistes qui pensent que plus rien n’est possible, donc pourquoi agir. D’autres analystes misent sur la pédagogie de la catastrophe. En effet, le temps que nous avons pour une rupture écologique est très court, mais le sentiment de la catastrophe en marche pourrait servir de pédagogie.

Un Mouvement social-écologiste, qui voudrait préparer un avenir durable, se doit d’envisager des scénarios pour accélérer l’évolution vers des comportements écologiquement vertueux. Nous sommes obligés de nous confronter aux limites de notre planète, notre volonté doit aller en ce sens : la volonté politique liée à la nécessité écologique. C’est l’objectif de l’écologie politique, c’était par exemple la vocation des Verts en 1984 ou la création mort-née du pôle écologique du Parti socialiste. Un parti ne peut pas faire l’impasse sur l’avenir de tous les êtres vivants, sauf à admettre qu’il ne s’occupe que du bien-être actuel de la société française. Un parti digne de ce nom doit se montrer capable d’un véritable projet alternatif pour un avenir durable. Il s’agit de concilier le volontarisme politique et le sens de l’utopie dans un contexte actuel qui nous fait déjà penser que 2050 sera profondément différent de ce qu’a construit la société thermo-industrielle en deux siècles.

Un scénario écolo futuriste, même s’il paraît utopique, n’est en rien de la science fiction. En 1974, Joël de Rosnay présentait un programme de « voyage en écosocialisme ». La déclaration du Congrès de l’Arche préfigurait une démarche écologique dès 1991. Aujourd’hui il est devenu encore plus évident que la limitation des ressources tirées de notre planète va bouleverser en profondeur notre économie et nos sociétés : l’écologie devient une variable dominante, ce qui est concrétisé dans la Déclaration de principes du parti socialiste en 2008. Voici un résumé de mon utopie, l’intégralité est lisible sur mon site biosphere de documentation des écologistes :

https://biosphere.ouvaton.org/utopie

1) les facteurs de changement : du facteur travail et capital au facteur nature

Le marxisme n’est plus adapté, lui qui posait que l’économique formait l’infrastructure sur lequel pouvait se bâtir des superstructures idéologiques et politiques. En fait la véritable infrastructure matérielle est constituée par la nature et ses potentialités à nourrir ses hôtes ; l’état des ressources naturelles et la capacité des écosystèmes à recycler nos déchets forment le socle incontournable sur lequel repose nos activités socio-économiques. La considération de l’économie biophysique (Yves Cochet) devient essentielle. Le tsunami financier de 2008-2009 n’était qu’un épiphénomène, les crises écologiques sont déjà à l’œuvre. L’idée de développement durable n’opérait guère de saut conceptuel car il assimilait croissance et développement. Vu l’interdépendance entre l’économique, le social et l’écologique, on considère dorénavant que l’économique est inclus dans le social, lui-même sous-partie des possibilités de la biosphère. Nous abandonnons progressivement l’indicateur PIB (produit intérieur brut), spécialisé dans l’accumulation économique, pour confectionner de nouveaux indicateurs de richesse. L’IDH (indicateur de développement humain) deviendra un simple élément des indicateurs de bien-être (ISH, IBED…). Les IDE (indicateurs d’écologie appliquée) seront multiples et reposeront non seulement sur la solidarité (entre les peuples et les individus) mais aussi sur le respect de tous les équilibres des écosystèmes.

En 2050, le facteur nature est devenu la catégorie essentielle de la pensée sociale ; ce sont les possibilités de la planète qui conditionnent l’activité humaine. A chaque époque son facteur déterminant. Ce sont les entrepreneurs et l’accumulation du capital qui avaient marqué les premiers temps de la révolution industrielle au XIX siècle, époque analysée par Karl Polanyi (désencastrement de l’économie) et Joseph Schumpeter (grappes d’innovation). Au moment des Trente Glorieuses, l’augmentation du pouvoir d’achat et la sécurité sociale vont valoriser le facteur travail. Mais la croissance économique a entraîné un épuisement des ressources naturelles, principalement énergétique et fossile (Richard Heinberg), et une pollution généralisée (de l’air, de la terre et de l’eau). Le développement durable s’est révélée comme un oxymore au moment du pic pétrolier, atteint dans les années 2010. Le pic énergétique est franchi dans les années 2020. Il y a des guerres. En 2030, il est devenu vraiment perceptible que le réchauffement climatique déstabilise vraiment la plupart des écosystèmes. Dans les années 2040 la société thermo-industrielle connaît le début du processus d’effondrement des civilisations complexes analysé par Joseph Tainter. On a pris conscience de la validité de la durabilité forte, les critères du libéralisme (durabilité faible) ont atterri dans les oubliettes de l’histoire. Les objecteurs de croissance ont vu se confirmer leur pronostic : une croissance sans limites dans un monde fini est impossible.

En 2050, la contre-productivité de la croissance passée a rendu nécessaire une décroissance matérielle et énergétique. On applique le scénario négawatts. Il n’existe presque plus de ressources non renouvelables, il y a recyclage et utilisation mesurée des ressources renouvelables. La sortie du nucléaire est programmée, les dernières centrales en activité ferment les unes après les autres. Au lieu de raisonner en terme de productivité du capital ou du travail, il est devenu essentiel pour les entreprises de s’exprimer en termes d’ACV (analyse du cycle de vie d’un produit). Le contact de l’activité humaine et du milieu naturel est devenu une préoccupation constante, la perte de biodiversité est enrayée. Une nouvelle spiritualité, basée sur l’interdépendance entre tous les êtres vivants, commence à être intégrée dans les morales religieuses ou laïques : la Terre-mère.

2) le concept d’égalité : abolition de la richesse économique

Alors qu’au début du XIXe siècle, le niveau de développement était relativement identique partout sur la planète, la révolution industrielle va entraîner la séparation des niveaux de vie du Nord et du Sud, ainsi que des inégalités croissantes à l’intérieur du Nord comme du Sud. La mondialisation qui s’accélère au cours du XXe siècle favorise l’apparition d’une classe globale sur toute la planète, tous les ménages qui peuvent s’offrir le luxe d’une voiture personnelle. Les riches qui détruisent la planète (Hervé Kempf), c’est la population qui pouvait vivre selon les standards de la classe moyenne occidentale. D’autre part les classes sociales avaient fait place à la fin du XXe siècle à une lutte pour le classement, stricte application du libéralisme économique. La question sociale ne peut être résolue par une lutte contre « la pauvreté », la simplicité volontaire est en effet un modèle à suivre. Par contre la misère et les inégalités sont inacceptables dans un société conviviale.

En 2050, de gré ou de force, nous avons échappé à la pression du confort. Désormais une société sans classes se bâtit progressivement. Le cycle infernal imitation/ostentation (Thorstein Veblen) qui entraînait la surconsommation est brisé, la publicité est supprimée, la marchandisation de l’existence oubliée. La réduction des inégalités est devenue une obligation matérielle en plus d’être une obligation morale ! Nous rentrerons dans une société du partage à la place de la société de l’avantage. Nous sortons du capitalisme et de la fabrique des inégalités.

En 2050, tous les revenus sont encadrés par des normes minimales et maximales, par exemple le RMA ou revenu maximal admissible. Les hiérarchies sociales disparaissent avec l’égalisation des revenus et l’égale considération de tous les statuts socioprofessionnels, intellectuels ou manuels. S’occuper de sa famille et de son entourage est devenu aussi important que son insertion professionnelle. Au niveau de la consommation, nous ne pouvons plus acheter que des produits génériques. L’esprit de compétition disparaît tant dans les relations interindividuelles que dans les relations interentreprises. On sait dorénavant que l’appropriation privée n’est pas un bon système pour gérer de façon raisonnable les rapports entre les humains et la nature, on raisonne de plus en plus en terme de « res communis », biens communs.

3) la diversité culturelle : l’idée de tolérance, moins floue que le concept de liberté

A partir des années 1980, la généralisation de la mondialisation libérale avait détruit les cultures traditionnelles, que ce soit au niveau des langues ou des traditions. Mais l’homogénéisation culturelle s’est accompagnée d’une montée des intégrismes et le fast food s’est accompagné d’une épidémie d’obésité. Dans les années 2020, les blocages croissants dans l’approvisionnement en énergie ont entraîné un recentrage sur le territoire local, une ruralisation. Après avoir acheté ses fruits et légumes de proximité (locavore), on a ressenti l’appel d’une résurgence de la culture locale. En 2050, le respect des diversités culturelles est devenue une valeur centrale.

Dans le futur, à l’opposé de la croyance en une mégapolisation du monde, littéralement hors-sol, on a réhabilité la notion du territoire comme unité vivante de la nature et de la culture. Il s’agit d’une inversion du processus accéléré de développement planétaire. Le concept d’autosoutenabilité d’unités territoriales autonomes (bio-régions) et néanmoins responsables du devenir de la planète Terre (Alberto Magnaghi) est mis en application.

En 2050, l’idée de démondialisation remplace la globalisation, le protectionnisme généralisé a succédé au libre-échange des biens et des marchandises imposé par des organisme transnationaux au service du profit à court terme. Mais la restriction dans la circulation des biens et services va de pair avec de fortes restrictions dans la circulation des personnes ; les migrations sont presque complètement arrêtées. A une époque les migrations étaient choisies par le pays d’accueil, dorénavant chacun vit sur son territoire d’origine et amené en conséquence à construire un sentiment d’appartenance durable à son écosystème particulier. Mais cette nécessité de vivre et d’agir au niveau local n’empêche pas de se ressentir comme membre de la planète toute entière (glocal), ce qui évite les replis communautaires et la stigmatisation de l’altérité.

4) la solidarité : moins de biens, plus de liens

Conformément aux prévisions du club de Rome en 1972, le libéralisme économique a fini par s’écraser contre les limites de la planète. Il avait entraîné une accumulation du capital et des marchandises (l’abondance à crédit), mais aussi une compétition brutale et stressante. En 2050, le système de concurrence est devenu l’exception, la coopération la règle. Le marché et sa loi de l’offre et de la demande a dorénavant un rôle marginal. Par exemple au niveau de l’énergie, après avoir testé le marché (le marché carbone), la taxation (contribution climat-énergie universelle), nous avons été obligés de faire appel à un rationnement (carte carbone). Il y a une planification écologique, impérative sur des problèmes essentiels comme la fourniture d’énergie et l’alimentation de base. Pour le reste, la solidarité économique reste un enjeu propre à chaque territoire, des systèmes de partage équitable ont été mis en place. Tout est interprété en termes de R (réduire, recycler, etc.) et de Dé (décroissance soutenable, désurbanisation, démondialisation, dévoiturage, effet débond…).

En 2050, la crise économique structurelle a entraîné un blocage de l’Etat Providence : endettement trop grand, difficulté de refinancement des emprunts, difficulté d’imposer davantage les contribuables d’une économie en crise. L’Etat central a abandonné la plupart de ses prérogatives au profit des entités territoriales. Il y a autonomie conviviale. Mais l’essentiel de la solidarité se passe dans des relations de proximité, par exemple à l’intérieur de chaque famille. L’assistance au niveau local, que ce soit pour s’occuper des jeunes ou des personnes âgées (à la retraite), a remplacé les systèmes d’assurance qui ont fait faillite d’autant plus que le vieillissement de la population a pesé sur les comptes sociaux dans beaucoup de pays. L’acharnement thérapeutique a disparu pour faire place à une maîtrise volontaire de la mort (DMD ou droit de mourir dans la dignité).

En 2050, la solidarité internationale ne repose plus sur l’aide alimentaire ou financière : l’autonomie des territoires est devenue la règle. Dans les pays pauvres, la lutte contre la misère absolue a remplacé l’inatteignable objectif de lutte contre la pauvreté relative. Dans les pays riches, la critique du luxe et du profit est devenue consubstantielle à l’approche écologiste. Politiser la question du luxe était d’ailleurs la seule voie pour élargir l’audience de l’écologie vers les classes populaires. La sobriété heureuse, préfigurée par les mouvements de simplicité volontaire, devient le mode de vie habituel. Par exemple les besoins de chauffage ont été limités au maximum, les logements sont compacts et les maisons passives (isolation, température réduite). La possession de résidence secondaire est considéré comme une atteinte aux équilibres écologiques. Certaines actions politiques (gratuité des transports en commun/encouragement des actions collectives d’intérêt général…) ont fait évoluer le plaisir de l’avoir et de la possession vers le plaisir du partage et du sens de la vie. (la suite, demain)

Une vision d’ensemble de cette autobiographie :

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

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Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », est éditée chaque jour par épisode sur ce blog biosphere tout au cours des mois de juillet et août.

l’ignorance de la question écologique par LE MONDE (1945-2023)

Les journalistes Marc Ambroise-Rendu, Roger Cans et Hervé Kempf ont été successivement en charge de la rubrique environnement au MONDE. Ils saluent tous l’amélioration de plus en plus visible de leur employeur en matière de traitement de l’enjeu écologique. Il est vrai qu’en la matière, les débuts du quotidien ont été désastreux. Dans son numéro 199 du 8 août 1945, le quotidien annonçait le largage de la première bombe atomique en manchette sur trois colonnes avec, en surtitre, cette formule ingénue et terrible : « Une révolution scientifique ». Il est vrai aussi que l’ensemble de la presse fut unanime pour oublier les êtres humains carbonisés ou irradiés. Pourtant Albert Camus pouvait écrire à la même date dans l’éditorial de Combat : « Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l’avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique. Nous nous résumerons en une phrase : la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. »

Il était donc possible à l’époque de porter sur ce terrible événement un regard sans concession, Albert Camus l’a fait, seul contre tous. L’enjeu pour un journal comme LE MONDE qui se positionne comme « de référence », c’était pourtant d’aller au-delà des apparences dictées par les puissants, de ne pas choisir une impossible neutralité, de savoir se positionner comme un véritable journaliste d’investigation, d’éclairer le lecteur. LE MONDE avait encore beaucoup de chemin à parcourir pour bien mesurer l’importance croissante de la détérioration de notre environnement.

En 1952, on inaugure le barrage de Donzères-Mondragon ; l’envoyé spécial du MONDE ne dira rien concernant l’impact environnemental de ce « colossal ouvrage ». En 1953 pour le barrage de Tignes, le reporter du MONDE s’émerveille devant l’ouvrage d’art qui « offre une ligne extrêmement harmonieuse ». Pas un mot sur le village englouti par le barrage, mais une constatation confondante de naïveté et de cynisme : « Le site n’en souffre pas ». En 1957, la critique du projet de tracé de l’autoroute du sud à travers la forêt de Fontainebleau fait simplement l’objet d’une libre opinion qui constate : « Il est triste de penser que l’autorité des naturalistes, des artistes et des sociétés savantes est impuissante contre le vandalisme ». Plus de vingt ans après Hiroshima, LE MONDE n’a pas beaucoup progressé dans son analyse. Le naufrage du Torrey Canyon le 18 mars 1967 échappe complètement à l’attention du quotidien pendant plusieurs semaines, ce n’est que la première marée noire sur nos côtes ! Il faut attendre le 21 avril pour que soit publié en Une un bulletin intitulé « les dangers du progrès ». La conversion écologique de ce quotidien « de référence » va être lente, aussi lente que la prise de conscience générale dans une société où priment l’économique et le socio-politique sur la sauvegarde de la planète.

C’est seulement à partir de 1969 que LE MONDE ouvre un dossier « Environnement » au service de documentation. Mais il n’y a toujours pas de journaliste spécialisé. Quotidien institutionnel dont la rédaction était constituée de spécialistes restant dans leur domaine (politique principalement) pendant des années, LE MONDE n’a commencé à traiter spécifiquement d’environnement qu’en 1971, lorsque le ministère de la protection de la nature et de l’environnement a été crée. Dès ce moment un rédacteur, qui venait du service Economie et couvrait jusque-là la vie des entreprises, a suivi l’action de Robert Poujade. Versé au service « Equipements et régions » (on ne savait trop où caser l’environnement), il a immédiatement reçu de ses anciens interlocuteurs les jérémiades classiques selon lesquelles, si on obligeait les entreprises à quoi que ce soit, ils allaient licencier leur personnel. En 1972, c’est la première conférence des Nations unies « pour l’homme et son environnement » qui contraint LE MONDE à créer une rubrique sous ce nom. Mais les rédactions se méfiaient encore de ce type d’information et l’écologie est restée un gros mot encore longtemps pour bien des personnes.

NB : en plus de l’interview des journalistes du MONDE que j’ai directement mené, j’ai été aidé pour ce qui suit par les archives de l’association JNE (Journalistes pour l’environnement et l’écologie).

avec Marc Ambroise-Rendu, l’environnement devient une rubrique au MONDE (1974-1981)

Nous avons interrogé le journaliste Marc Ambroise-Rendu, le premier en charge d’une rubrique environnement au MONDE depuis mars 1974. Son directeur, Jacques Fauvet, n’avait aucune idée de la manière dont il fallait traiter la nouvelle rubrique environnement, mais comme il y avait un ministère du même nom depuis le 7 janvier 1971, un ministre (Robert Poujade), des officines diverses, des salons de l’environnement et des réactions patronales, il fallait « couvrir ». Ambroise-Rendu a proposé de nourrir la rubrique avec 50 % de nouvelles institutionnelles et 50 % d’infos provenant de la vague associative en train de monter. Fauvet a dit OK.

Les reportages d’Ambroise-Rendu sur les protestations et propositions associatives de terrain convenaient bien au service « Equipement et régions » dont il dépendait et l’audience était là. Mais ses collègues des autres services étaient étonnés, et même, pour certains, scandalisés qu’on donne dans leur journal « si sérieux » autant de place à l’environnement – sujet marginal et jugé parfois réactionnaire. Un rédacteur en chef s’est même exclamé: « L’écologie, c’est Pétain »… Il s’en est excusé plus tard. Quand René Dumont a fait acte de candidature aux présidentielles de 1974, le service politique n’a même pas envoyé un stagiaire pour voir à quoi ressemblait ce « zozo ». C’est Ambroise-Rendu qui a couvert les premiers balbutiements de sa campagne qui a démarré par une conférence de presse dans une salle de cours poussiéreuse de l’ Agro. Voyant qu’un « étranger » mettait les pieds dans son espace réservé, le service politique a fini par reprendre la main.

Le seul président de la République qui a osé s’exprimer longuement sur la politique écologique est Valéry Giscard d’Estaing… fin 1977 ! L’interview, avec le labrador roupillant sur le tapis, a été longuette et « molle ». Il a fallu attendre deux mois pour que cet entretien avec Marc Ambroise-Rendu, après ré-écriture, paraisse dans LE MONDE du 26 janvier 1978. La première question était déjà incisive : « La France peut-elle continuer à donner l’exemple d’une croissance accélérée, alors que celle-ci est fondée sur la sur-exploitation du monde, le gaspillage et les risques technologiques ? » Il est significatif que la réponse de VGE pourrait aussi bien être faite par le président actuel : « Je préconise une nouvelle croissance qui économise l’énergie et qui réponde à des aspirations plus qualitatives. Mon objectif est que nous retrouvions un taux de croissance supérieur à celui de ces quatre dernières années, ne serait-ce que pour résoudre le problème de l’emploi. Cette nouvelle croissance n’est ni une croissance sauvage ni une croissance zéro. » La troisième question montrait que le journaliste savait poser les bonnes questions  : « L’opinion paraît de moins en moins favorable à un développement ambitieux du programme électronucléaire. Comment réintroduire la démocratie dans le choix nucléaire ? » La réponse de Giscard est un véritable déni de la réalité : « Le gouvernement respecte la démocratie dans le domaine nucléaire, comme dans les autres. Il a la responsabilité devant le pays de prendre les décisions qui engagent la politique de la France. Il le fait sous le contrôle du Parlement (…) La vraie question n’est pas oui ou non au nucléaire. La question c’est : oui, mais comment ? » 

Au cours des 3000 jours pendant lesquels Marc Ambroise-Rendu a tenu sa rubrique « Environnement », il a aligné plus de 1200 papiers dans tous les registres. Il n’a jamais été rappelé à l’ordre pour « engagement excessif » ou « commentaires orientés ». Il avait l’impression de parler allègrement – et utilement – de sujets sérieux et cela avec une totale liberté (dans les limites d’un quotidien national). Sous des dehors austères et même sévères, Fauvet était, au fond, un vrai libéral. Les pressions venaient d’ailleurs. Ambroise-Rendu avait participé avec ses collègues des sciences et de l’économie à une série sur le parti pris nucléaire de la France. En trois livraisons les journalistes avaient essayé de discerner où menait l’aventure nucléaire décidée par de Gaulle-Pompidou-Messmer et les technocrates  du CEA et d’EDF. Les articles ont fait grand bruit. Ambroise-Rendu a été appelé par le patron d’EDF qui lui a demandé « Mais M. Rendu qu’est-ce qu’on vous à fait ? » Il était vraiment stupéfait qu’on puisse envisager de réexaminer le choix du nucléaire. Les seuls qui n’ont pas participé à cette série, ce sont les gens du service politique qui se sont bien gardés de titrer la réalité : « Le nucléaire enjambe la démocratie ».

Marc Ambroise-Rendu a vécu au MONDE les meilleures années de sa carrière journalistique mais son successeur Roger Cans, nommé en 1982, a été moins chanceux.

l’environnementaliste Roger Cans, bien isolé au MONDE (1981-1998 )

Le journaliste Roger Cans succède à Marc Ambroise-Rendu sur la rubrique environnement au journal LE MONDE en 1982. Mais l’élection de Mitterrand en 1981 avait été un coup d’arrêt à la politique environnementale et surtout à la mobilisation associative qui était traitée précédemment par Marc Ambroise-Rendu. Toute la France avait cru que le socialisme au pouvoir résoudrait toutes les difficultés. Or, sous la direction de Jacques Fauvet, ancien chef du service politique, l’environnement ne prenait vraiment sens que si un mouvement politique l’assumait ; c’est pourquoi, quand Roger Cans reprend la rubrique environnement au MONDE, il se retrouve seul et isolé. Son chef de service lui dit carrément que l’important était la décentralisation et la régionalisation, qui devraient occuper 80 % de son temps. Mais très vite, Cans a pu de son propre chef consacrer 90 % de son temps à la rubrique environnement. Avec quelques revers.

En 1984, Cans avait pris l’initiative d’un reportage sur l’agriculture biologique. Durant une semaine, il avait visité une ferme de Beauce en cours de conversion, une autre de la communauté Lanza del Vasto, un petit élevage de Mayenne et un jeune couple d’éleveurs de l’Orne. Il a eu l’impudence (l’imprudence) d’en faire une série de trois papiers, afin d’en montrer l’intérêt et la diversité. Le directeur de la rédaction d’alors, Daniel Vernet, le croise dans le couloir et lui demande « l’agriculture bio, combien de divisions ? » (par analogie avec la blague de Staline sur le Pape…). Le journaliste répond un peu trop vite « moins de 1 % », ce qui était vrai… et les articles passent à la trappe. Toujours en 1984, Cans avait proposé de couvrir une AG des Verts dans un gymnase de Dijon. Le service politique lui avait dit alors qu’il « avait du temps à perdre ».

En 1985, l’affaire Greenpeace passionne LE MONDE parce que c’est une affaire politiquement sérieuse (la bombe atomique, la Polynésie, Charles Hernu, les plongeurs d’Aspretto, le coulage du Rainbow Warrior en Nouvelle Zélande, Mitterrand, etc.). La totale. Le quotidien mobilise Cans pour passer six semaines à bord du Greenpeace (embarquement à Curaçao, débarquement à Papeete) afin de couvrir la campagne des « écolo-pacifistes » contre les essais nucléaires français. Un arrangement a été conclu avec Gamma TV pour associer nos forces durant cette campagne. LE MONDE mobilise aussi son rédacteur défense, Jacques Isnard, qui embarque dans le navire de la Marine française. Ainsi, la couverture est totale sur l’océan, avec la vision binoculaire écolos/Marine française. Pendant ce temps, à Paris, deux fins limiers du service Justice (Bertrand Le Gendre) et Police (Edwy Plenel), se mobilisent pour corser l’affaire, découvrir une 3e équipe et pousser Hernu à la démission. L’aspect environnemental de la bombe atomique n’intéressait pas LE MONDE. C’est seulement quand la politique s’en empare que la rédaction suit.

Même avec des catastrophes écologiques, la rubrique environnement a du mal à s’imposer. L’affaire de Bhopal, cette fuite de gaz mortel qui tue ou blesse des milliers d’habitants d’une grande ville indienne en décembre 1984 ne donne lieu qu’à une brève le premier jour. Et le correspondant à New-Delhi n’ira à Bhopal que plusieurs mois après la catastrophe, lorsque l’affaire deviendra politique. Idem pour Tchernobyl, en avril 1986 : le correspondant à Moscou n’ira jamais enquêter sur place, la couverture de l’événement est donc minimale. Il faut attendre octobre 1986 pour que le journal propose à Cans un reportage du moment qu’il ne coûte rien : accompagner Pierre Mauroy, ancien Premier ministre et président des cités unies, qui va présider un congrès à Kiev et qui invite quelques journalistes politiques. LE MONDE publiera le reportage mais aussi un petit papier politique sur le PS vu par Pierre Mauroy, c’est cela qui enchantera André Fontaine, alors rédacteur en chef. On n’ira passer à Tchernobyl que par inadvertance : ce sont des congressistes italiens du PCI, parmi lesquels des médecins, qui ont demandé à enquêter sur Tchernobyl en marge du congrès.

Il a fallu la percée électorale de l’écologie politique lors des élections municipales de 1988 et des européennes de 1989 pour que le quotidien commence à s’y intéresser un peu. Un nouvel élan est même donné avec la préparation du sommet de Rio en 1992. Une petite chronique, « l’avenir de la planète », n’a eu qu’un temps. Mais l’écologie n’est toujours pas un service ni un département rédactionnel, l’environnement reste un problème technique. Et l’écologie politique reste considérée comme une nuisance puisqu’elle affaiblit la gauche dans les élections (comme aux USA Ralph Nader qui fait élire Bush au lieu de John Kerry). Colombani considérait même Antoine Waechter comme « à droite de la droite ».

Hervé Kempf accompagne l’écologisation du MONDE (1998-2011)

Hervé Kempf succède à Marc Ambroise-Rendu et Roger Cans sur la rubrique environnement au journal LE MONDE. Mais il n’est plus isolé, l’écologie prend de l’importance dans ce quotidien « de référence ». Edwy Plenel, influencé sans doute par le directeur adjoint de la rédaction, Jean-Paul Besset, a voulu doubler la couverture de l’environnement. Hervé Kempf été embauché en septembre 1998 pour renforcer à l’international Sylvia Zappi, en poste depuis le départ de Cans en 2005. Zappi est partie vers le service politique (pour couvrir notamment l’écologie politique) mais a tout de suite été remplacée par Benoit Hopquin, puis par Gaëlle Dupont. Grâce à cette multiplication des journalistes, LE MONDE a joué un rôle important notamment dans :

– le suivi des négociations climatiques. A côté du binôme Kempf-Zappi puis Kempf-Hopquin, puis Kempf-Dupont, le service Sciences a suivi de plus en plus l’environnement, notamment en ce qui concerne la climatologie. Avec Stéphane Foucart, LE MONDE possède une des meilleures expertises de vulgarisation scientifique sur la question. Les journalistes ont par exemple durement bataillé contre Allègre et les climato-sceptiques début 2010.

– la bataille des OGM (LE MONDE a été bien utile pour faire connaître José Bové ou Arnaud Apoteker) ;

– le nucléaire (même si la ligne générale du journal est pro-nucléaire, beaucoup de papiers « critiques » ont pu passer) ;

– la décroissance qui a trouvé ses premiers relais grand-public dans LE MONDE (cf. L’HYPOTHÈSE DE LA DÉCROISSANCE VAUT PEUT-ÊTRE QU’ON Y RÉFLÉCHISSE (Pierre Pascallon, LE MONDE du 14 mai 1974)) ;

et des dizaines d’autres sujets que les journalistes ont été les premiers ou parmi les premiers à révéler en France, comme l’Arctique ouvert par le réchauffement (27 octobre 2004), les sables bitumineux (26 septembre 2007), la déforestation à cause de l’huile de palme (9 janvier 2008), les gaz de schiste (22 mars 2010)…

L’« environnement » est donc de mieux en mieux traité, l’évolution s’étant amplifiée avec l’arrivée à la direction d’Eric Fottorino en juin 2007. Fottorino a mobilisé davantage de rédacteurs à la chose environnementale (Laurence Caramel, Laetitia Clavreul, Stéphane Foucard) en plus des rédacteurs patentés (Hervé Kempf à l’international, Gaëlle Dupont au national et Sylvia Zappi à l’écologie politique). Six ou sept rédacteurs au lieu d’un seul, situation qui a duré presque 25 années (1974-1998), cela fait une sacrée différence. Fottorino a même ouvert clairement les colonnes du quotidien à l’écologie à partir du numéro du 23 septembre 2008 ; la page 4 consacrée à la Planète, au même titre que les pages International ou France, est un bel effort pour faire prendre conscience aux lecteurs que, si rien n’est perdu encore (mais c’est tout juste), rien n’est encore gagné. « Planète » est un véritable service comptant plus de dix journalistes, un cas unique en France. Hervé Kempf assure dorénavant une chronique hebdomadaire sur l’écologie souvent percutante et assure le pivot de l’information sur l’environnement. Depuis 1998, il a écrit plus de 1250 articles. LE MONDE est donc devenu assez écolo, son engagement en matière d’information environnementale tranche d’ailleurs avec le reste de la presse.

Mais sous la rubrique Planète, nous retrouvons l’ancienne page Environnement & Sciences et le même type d’articles… en moins optimiste : c’est sous le mode de la contemplation et de la désolation que sont traités les faits écologiques. Depuis 2008, la tonalité des pages Planète reste similaire. Les titres du 31 octobre 2008 étaient caractéristiques du fatalisme dominant : « A la frontière jordanienne, l’exploitation effrénée d’une mine d’or bleu » ; « L’amiante devrait échapper à l’inscription sur une liste internationale de produits dangereux ». Planète du 3 septembre 2011 confirme notre diagnostic : « Les océans sont plus bruyants qu’il n’y paraît, et le sont toujours plus » ; « La Chine accueille les procédés les plus polluants de l’industrie chimique mondiale ». La planète tourne à l’envers, on ne sait plus par quel bout s’attaquer à cette farce tragique… alors, on constate qu’on ne peut rien changer ! Un quotidien, même d’envergure (inter)nationale, ne fait que refléter l’état présent de la société. Il ne s’engage pas, il laisse la société telle qu’elle est. Un autre « MONDE » est nécessaire, il est possible, encore faut-il éradiquer les blocages que nous analyserons dans l’article suivant…

L’écologie au MONDE, les blocages journalistiques subsistent

Nous avons reflété dans nos articles précédents le point de vue des journalistes Marc Ambroise-Rendu, Roger Cans et Hervé Kempf, successivement en charge de la rubrique environnement au journal LE MONDE à partir de 1974. Ils en ont témoigné, l’écologie a pris de l’importance dans ce quotidien de référence. Mais comme il faut préserver les convenances et les recettes publicitaires, LE MONDE cultive encore la croissance, le tout automobile et les néfastes futilités. J’avais écrit en 2007 au chroniqueur Eric Le Boucher : « Vous restez un fervent adepte de la croissance économique… » J’ai reçu cette réponse : « La croissance est la seule façon de résoudre le problème social et elle peut être propre. » J’ai obtenu un jour cette réponse de Nadine Avelange, à l’époque responsable du Courrier des lecteurs : « Cher lecteur, notre situation financière ne nous autorise pas à refuser des publicités pour des voitures. Bien cordialement ». Un blog classé comme « invité du MONDE », qui nous avertissait du pic pétrolier, fait pourtant de la publicité pour les voyages en avion ! La crise écologique qui nous menace ne sera bien traitée médiatiquement que dans la mesure où les contraintes réelles ou imaginaires de l’économie ne pèseront plus sur le contenu des articles des journalistes.

La déformation de l’information tient aussi à la présentation systématique des différents points de vue, ce qui entraîne l’incapacité du lecteur à juger du fond. Par exemple, l’autorisation de mise sur le marché de l’insecticide Cruiser OSR avait été accordée le 3 juin 2011 par le ministre de l’agriculture. L’Union nationale de l’apiculture française (UNAF) a alors adressé aux ministres concernés un courrier soulignant que « cet insecticide systémique (le Cruiser), utilisé en enrobage de semences de colza et véhiculé par la sève jusque dans les fleurs, est composé de trois substances actives d’une extrême toxicité pour les abeilles » (LE MONDE du 30 juillet 2011). Mais dans le même numéro, le danger est récusé par Syngenta, qui affirme qu’il n’existe « pas de risques pour les populations d’abeilles ». Déjà, dans l’édition du MONDE du 24 juillet, sous le titre « Le fabricant de l’insecticide Cruiser contre-attaque », il n’y avait qu’un simple entrefilet qui ne prouvait rien : « Syngenta a affirmé qu’il allait « combattre toute allégation » contre l’insecticide Cruiser OSR, car il « ne comporte pas de risques pour les populations d’abeilles ». Le Conseil d’Etat, statuant en référé le vendredi 29 juillet, s’appuie sur un point de droit purement formel sans trancher sur le fond pour rejeter la requête de l’UNAF. A suivre ces infos du MONDE, le lecteur ne peut qu’en conclure que l’enjeu écologique est bien trop compliqué pour être pris en considération, et concompréhensible. Syngenta va pouvoir continuer à commercialiser son insecticide.

Il existe enfin une contradiction flagrante entre journalistes qui peuvent se contredire dans un même numéro. Dans LE MONDE du 29 juillet 2011, Stéphane Foucart s’intéresse à l’état de la planète : « Tandis que les uns fondent leur optimisme sur les acquis du demi-siècle écoulé, les autres craignent, avec raison, celui qui vient. Les effets négatifs du système technique commencent à en concurrencer les effets bénéfiques car ses dimensions sont désormais telles qu’elles se heurtent aux limites physiques de la terre. Arrivé au sommet des courbes, on peut voir le déclin se profiler. De manière croissante, les services rendus au système technique par la biosphère s’érodent sous l’effet du même système technique. » Mais Jean-Philippe Rémy appelle de ses vœux une voiture made in Africa : « Vite, il faut rouler africain ». Il s’attache ainsi à une conception dépassée de l’économie qui repose sur la production manufacturière et les « retombées bénéfiques de l’exploitation des ressources naturelles ». Jean-Philippe Rémy contemple l’évolution passée des courbes, Stéphane Foucart la tendance prévisible.

Sortons du MONDE papier. Si on consulte les blogs des journalistes du MONDE début septembre 2011, deux seulement sont intitulés « Planète » pour 44 au total, et trois sont consacrés au sport ! Pour les blogs « invités par la rédaction », 7 sur 34 sont consacrés au sport, 2 à la gastronomie et un seul à notre Planète. Sur les 35 blogs des abonnés « sélectionnés », 5 Planète dont 3 qui ne traitent pas directement d’écologie (humanitaire, lutte contre le SIDA, droits de l’homme). Le thème des rapports entre l’homme et son environnement naturel représente à peine 4 % des blogs du MONDE et sans doute beaucoup moins globalement sur lemonde.fr. Dans LE MONDE et ailleurs, l’urgence écologique ne relève pas encore d’une conception globale et systémique. Pas encore… Car la dimension et l’ampleur des problèmes environnementaux devraient bientôt transformer les journalistes ordinaires en militants des vérités qui nous sont dissimulées. L’analyse journalistique deviendra alors un commentaire (im)pertinent, la société se transformera.

Pour cette nécessaire rupture écologique, la société aurait besoin d’un mythe mobilisateur comme le manifeste du parti communiste de Karl Marx l’a été au XIXe siècle. Mais le mouvement écolo est encore balbutiant et il n’y a pas de classes sociales qui se sentent porteur d’un projet global. J’ai été obligé de me fabriquer moi-même mon propre projet de société que voici… (la suite, demain)

Une vision d’ensemble de cette autobiographie :

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

Fragments de vie, fragment de Terre (suite) Lire la suite »

L’écologie à la mode du Rassemblement national

Interrogée par terraeco en mars 2012, Marine Le Pen exprimait le fond de sa pensée.

Selon vous, les changements climatiques n’existent pas ? « Je ne suis pas sûre que l’activité humaine soit l’origine principale de ce phénomène. »

Vous remettez en cause les conclusions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat ? « Ce ne sont pas les travaux du GIEC qui peuvent établir avec certitude que l’homme est la cause du changement climatique. Mon père m’expliquait quand j’étais petite que le Sahara gagnait déjà un kilomètre par an ».

Parlons agriculture ? « Le bio est une dictature, avec des histoires de gros sous enrobées dans des bons sentiments. »

En 2023, Marine Le Pen identifie maintenant l’environnement comme un axe de progression pour le RN. L’idée sous-jacente est d’opposer « le bon sens de la terre, du paysan », contre l’idéologie urbaine bobo et les “technos hors sol”.

Cela parle sans doute aux artisans, aux agriculteurs, aux petits chefs d’entreprise qui subissent des normes administratives complexes. Mais cela ne résoudrait en rien les problèmes systémiques auxquels nous sommes confrontés.

Clément Guillou : L’extrême droite voit dans l’écologie et les inévitables mesures d’adaptation au réchauffement climatique un clivage majeur des années à venir et un sujet de fracture nationale à exploiter ; le monde rural et périurbain constitue le gros de son électorat. Jusqu’à présent, le « localisme » faisait figure d’élément de langage quasi unique pour le RN. Le terme devrait à présent passer au second plan derrière une « écologie du bon sens », que le parti oppose à la présumée écologie punitive. « L’idéologie [des écologistes], c’est la lutte contre l’humain », avançait Marine Le Pen le 1er mai 2023. La traduction concrète de cette formule est la suivante : le RN entend s’opposer à tout ce qui menace de perturber les modes de vie et de consommation des Français au nom de l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. D’autre part, on revendique une posture technosolutionniste face au réchauffement climatique, en expliquant que la recherche résoudra le problème. Le RN vise à porter l’effort de recherche privée et publique à 5 % du produit intérieur brut (il est aujourd’hui de 2,2 %) et compte aussi sur des avancées considérables dans la recherche nucléaire.

A l’Assemblée nationale, la lutte contre l’écologie punitive passe par le combat contre les zones à faibles émissions, décidées au nom de la santé publique, contre la refonte des diagnostics de performance énergétique, ou contre le zéro artificialisation nette (ZAN). Ce qui est attaqué par le ZAN, c’est le modèle de la France pavillonnaire qui veut être tranquille, la France de la voiture individuelle. Andréa Kotarac* prend la relève du député européen Hervé Juvin, ancien « Monsieur Environnement » du RN.

Le point de vue des écologistes véritables

C’est tout simple  » il faut arrêter d’emm… les gens » ! C’est un argument politique qui marche à tous les coups ! Or les contraintes liées au rétablissement des équilibres naturels sont incontournables. Alors même que les questions écologiques sont complexes et écosystémiques, l’extrême droite martèle une pensée binaire. Ils savent où aller chercher la colère et la frustration. C’est facile d’opposer écologie de bon sens et écologie punitive, ce serait impossible à mettre en pratique si on était en responsabilité de gérer l’urgence écologique… sauf à se complaire dans le dogmatisme et préférer la fin du mois à la fin du monde.

Il semble que les problèmes auxquels l’espèce humaine est globalement confrontée dépassent les capacités d’intelligence des décideurs et des électeurs. Un peu partout dans le monde, le populisme au pouvoir fait prendre un retard colossal aux sociétés qui tombent sous sa coupe. Or tout retard accélère l’ampleur de la catastrophe environnementale en cours. Les efforts à faire sont désagréables aux yeux du citoyen moyen, et jugées inutiles au vu de ce que ne font pas « les autres ».

Bref, nous nous dirigeons donc à la fois impuissants et très tranquillement, en même temps vers plus 3 ou plus 4 degrés d’ici la fin du siècle et vers la fin des énergies fossiles qui étaient la base de notre confort actuel. Nos générations futures marcheront au pas pour se lancer dans des conflits interrégionaux sans fin, la guerre est la seule issue envisagée par une dictature…

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Projet de l’écologiste Marine Le Pen

extraits : sur son site en 2023, le projet du RN (l’environnement pour une écologie française) : Nous pratiquerons, dans tous les domaines, une écologie positive, notre projet tourne la page de l’écologie punitive… L’urgence est de rompre avec une écologie dévoyée par un terrorisme climatique… Nous sortirons du « Green deal » et de l’enfer administratif qu’il impose aux petites entreprises sous le nom de « taxonomie » au profit d’un plan d’autonomie stratégique fondé sur le développement durable… La France n’a pas à sacrifier le bien-être de sa population pour corriger les erreurs ou les abus des autres pays !… … Les Français pourront continuer à sortir leur famille en voiture, à prendre des bains chauds, à apprécier le feu de bois dans la cheminée et à fêter Noël ! »

L’écologie, impensé du Rassemblement National

extraits : Ce parti d’extrême droite fait bloc avec la FNSEA et oppose la ruralité aux « talibans de la verdure », comme Marine Le Pen appelait les écologistes durant sa campagne présidentielle de 2022. Christophe Barthès, député Rassemblement national (RN) de l’Aude : « Il faudrait être idiot pour voir qu’il n’y a pas de changement climatique. Mais est-ce l’effet de l’homme ? Peut-être que oui, peut-être que non…

* Andréa Kotarac, né en 1989, commence en politique en s’engageant contre l’extrême droite. En 2016, il participe même à une manifestation appelant la région à accueillir des migrants. D’abord membre du Parti de gauche et de La France insoumise, il devient en 2019, assistant parlementaire du député européen Hervé Juvin (RN). Au début de l’année 2021, il lance le parti Les Localistes, avec Hervé Juvin. Le RN l’investit ensuite comme tête de liste aux élections régionales de 2021. Il prend la direction de la revue IDées, censée servir de réflexion aux parlementaires européens RN. Présenté comme le « nouveau visage de l’écologie version RN », il est chargé de préparer la plate-forme écologique du parti pour la présidentielle de 2027.

L’écologie à la mode du Rassemblement national Lire la suite »

Androgynie, cad totale égalité des sexes

Le féminisme politique, c’est-à-dire la volonté de mettre en œuvre l’égalité réelle entre l’homme et la femme, est normalement l’exact contraire du séparatisme des sexes. Il n’y a pas d’éternel féminin, il y a des cultures diverses qui produisent telle ou telle image de la femme. Les parents sont les premiers responsables d’une différenciation des rôles injustement fondée sur une différence biologique. Car un bébé a un comportement totalement androgyne. Le cri primal, le sevrage se déroulent de la même manière. C’est à travers la bouche, les mains et les yeux que les nourrissons des deux sexes appréhendent l’univers. Ils explorent leurs corps avec la même curiosité et la même indifférence, ils ont les mêmes intérêts et les mêmes plaisirs, ils ont la même jalousie s’il naît un nouvel enfant. Jusqu’à douze ans, la fillette est aussi robuste qu’un garçon du même âge, et les capacités intellectuelles sont similaires tout au cours de la vie.

Ce n’est pas la nature qui, pendant des siècles, a empêché les femmes d’aller à l’université, mais des élites masculines qui ne voulaient pas partager leurs propres pouvoirs, aidées par des femmes qui avaient intériorisé une impuissance factice. Nous sommes tous fondamentalement, naturellement, androgynes. Tout est culturel, issu d’une socialisation, y compris bien sûr les conceptions des inégalités. Mais au lieu de contribuer à une véritable égalité entre l’homme et la femme, notre société actuelle a inventé les quotas de la parité politique ! On soutient le féminisme différentialiste au détriment du féminisme universaliste.

Thèse différentialiste de Mona Ozouf en 2023 : « Je m’estime extrêmement féministe, et je suis toujours heureuse d’une conquête de droits et de libertés. Mais j’estime qu’il y a une nature féminine , je le pense. Le mot « nature » a beaucoup été vilipendé, et pour de bonnes raisons, car il a servi à asservir les femmes, à les claquemurer près des berceaux et des fourneaux. Cela dit, je crois qu’il n’est pas indifférent de naître fille ou garçon et qu’il existe une « disposition féminine ». Les filles prennent plus vite conscience du temps, de la limite, de la nécessité que les garçons. C’est lié bien sûr à la perspective de l’enfant, désiré ou redouté, mais présent au moins dans l’imaginaire, avec l’idée de contrainte, de responsabilité. Le compte des jours fait partie de la vie biologique des femmes et cadence le temps d’une façon que les hommes ignorent. Les femmes s’inscrivent dans la durée. Qui tient le greffe des anniversaires dans la famille ? Qui fabrique les albums de photos ? Qui va voir les vieux parents dans les maisons de retraite ? Elles ne sont pas dans l’immédiateté, comme les hommes, plus irresponsables. Elles sont dans la conscience du temps. Avec une préoccupation de la solidité du lien. »

Illustration : La loi constitutionnelle du 8 juillet 1999 a modifié l’article 3 de la Constitution qui dispose désormais que la loi « favorise l’égal accès des hommes et des femmes aux mandats électoraux et aux fonctions électives », et a précisé dans l’article 4 que « les partis et groupements politiques contribuent à la mise en œuvre de ce principe ».

Malheureusement les bonnes intentions se sont transformés en « obligation de la parité », autant de femmes que d’hommes dans les listes électorales !!!

Antithèse universaliste de Simone de Beauvoir en 1949  : « On ne naît pas femme, on le devient… Aucun destin biologique, psychique, économique, ne définit la figure que revêt au sein de la société la femelle humaine ; c’est l’ensemble de la civilisation qui élabore ce produit intermédiaire entre le mâle et le castrat qu’on qualifie de féminin. Seule la médiation d’autrui peut constituer un individu comme un Autre ».

En conséquence le féminisme bien pensé ne peut être qu’universaliste, pas différentialiste.

Illustration : Hélène Carrère d’Encausse (1929, 2023) est élue le 13 décembre 1990, la troisième femme à siéger parmi les Quarante. Elle devient en 1999 secrétaire perpétuel de l’Académie française, 31e titulaire de la fonction et première femme, même si elle précise expressément qu’elle entend en faire respecter le genre masculin. Fière d’être « le » secrétaire perpétuel de l’Académie, femme de savoir et d’autorité qui se défie des quotas, elle refuse les places réservées aux femmes – de fait elle n’encourage pas les candidatures féminines sous la Coupole et s’oppose à la féminisation des titres et fonction.

Nous sommes très loin de l’écriture inclusive et autres dérives du modernisme actuel. C’est le monde des réseaux sociaux, des catégories séparées, des bulles conceptuelles, qui crée des antagonismes inutiles et malsains.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

  • sur le féminisme en général

Biosphere-info octobre 2017, féminisme et écologie

Le féminisme qu’il nous faudrait penser

Féminisme radical et écologie politique

Féminisme, écologie et jeu d’échecs

  • Sur la question de la parité

Parité politique et féminisme universaliste

genre, parité, quotas… un anti-féminisme

Autodétermination de notre sexe, formidable !

  • Sur l’androgynie (à ne pas confondre avec la transsexualité)

pour des vêtements androgynes, non au luxe et à la mode

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Mortalité humaine, quelle importance ?

La mortalité dans le monde correspond à 1,81 décès chaque seconde sur Terre, soit 109 par minute et près de 157 000 décès par jour, soit près de 57,3 millions chaque année. Faut relativiser le nombre de morts, sinon on verse dans le pathos anthropocentrique, option pourtant privilégiée par un journal qui se dit de référence, LE MONDE.

Ainsi dans son édition du 11.08.2023, les titres mettent en évidence quelques décès conjoncturels, les électeurs sont assommés de faits divers :

  • Trois morts dans l’incendie d’un immeuble à Grasse
  • Naufrage de migrants dans la Manche : Six Afghans sont morts
  • Dans la région de Kherson, sept morts, dont un nouveau-né après des frappes russes
  • Incendie meurtrier de Wintzenheim : Onze personnes, dont un accompagnateur, parmi les seize qui faisaient partie du même groupe, ont trouvé la mort
  • Chine : au moins 21 morts dans un glissement de terrain
  • Bangladesh : les pluies torrentielles de la mousson font plus de cinquante morts
  • A Hawaï, une île touristique de l’archipel ravagée par les flammes, au moins 55 morts
  • Incendies à Hawaï : le bilan continue d’augmenter, passant à 93 morts

Sur ce blog biosphere, nous pratiquons au contraire l’analyse de tout ce qui contribue à la mortalité humaine :

Surpopulation au Yemen, 377 000 morts

extraits : En sept ans, la guerre du Yémen aura causé la mort de 377 000 personnes, d’ici à la fin de 2021. Selon l’estimation publiée par les Nations unies, 150 000 morts sont dues aux combats, et environ 227 000 aux conséquences indirectes du conflit, comme le manque d’eau potable, la famine ou les maladies. La guerre du Yémen dure depuis sept ans.

Euthanasie, savoir contempler la mort en face

extraits : Plutôt que se lancer dans des considérations générales sur la morale, domaine où ni la religion, ni les réseaux sociaux, ni même les comités d’éthique ne peuvent arriver à une conclusion définitive, mieux vaut faire évoluer la loi pour permettre aux individus de prendre des décisions responsables.

Mort avant ses 5 ans, des souffrances en moins

extraits : En 2021, cinq millions d’enfants sont morts avant d’avoir atteint l’âge de 5 ans… Faire un enfant, n’importe quel animal sait faire ça. Faire qu’il puisse grandir et manger à sa faim et recevoir ce qu’il faut, c’est une autre affaire…

La vie après la mort… sous forme de compost

extraits : Le compostage des défunts, body composting ou technique de réduction naturelle du corps, se développe aux États-Unis. La pratique permet de limiter l’empreinte carbone élevée des funérailles traditionnelles. La crémation consomme l’équivalent d’un trajet en voiture de 740 kilomètres…

Peine de mort, abolition ou tentation ?

Extraits : Je suis condamné à mort. Comme chacun d’entre nous. Nous sommes tous voués à disparaître, tôt ou tard, sans exception. Après la vie, la mort. C’est inéluctable. Sauf que je ne sais pas dans quelles conditions je vais mourir, grabataire ou saisi à tout moment par une crise cardiaque fatale. Cela peut même arriver dans d’atroces et trop longues souffrances. C’est pourquoi je ne comprends pas l’attention extrême que portent les abolitionnistes à une peine de mort subie par une personne qui a précédemment pris la vie d’un autre. L’auteur d‘un crime a voté par son acte pour la peine de mort, pourquoi en serait-il exempt ? ….

James Lovelock est mort le 27 juillet 2022

extraits : «Préparez-vous à d’énormes pertes humaines», disait-il. Dans un entretien à l’AFP en juin 2020, il avait relativisé la pandémie de coronavirus qui «tue en particulier ceux de mon âge -les vieux- et il y en a déjà trop». «Le changement climatique est plus dangereux pour la vie sur Terre que presque toute autre maladie concevable», avait-il affirmé…

Mortalité des abeilles, une fatalité assumée

extraits : En 1994, une nouvelle génération d’insecticides systémiques, utilisés en enrobage de semences, fait son apparition. Immédiatement, les apiculteurs riverains observent des mortalités anormales, des dépérissements, des effondrements de certaines colonies. De toutes parts, des rideaux de fumées se dressent. Le déclin des abeilles ? Des virus, des parasites, des prédateurs natuels, le changement climatique, les mauvaises pratiques apicoles…

Un chasseur mort OU des oursons sans mère ?

extraits : « L’attaque d’une ourse sur un chasseur ravive le débat sur la cohabitation », titre LE MONDE. Attendez, mon journal de référence, vous vous êtes trompés sur le titre : il fallait lire « L’attaque d’un chasseur sur une ourse ravive le débat sur la coexistence des espèces ». Il n’y a que 400 ours pour 67 millions de Français, où est le déséquilibre ?….

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