simplicité volontaire

Concilier infrastructures humaines /naturelle

Le pouvoir n’est ni dans la rue, ni dans les assemblées politiques, ni dans la libre entreprise, le pouvoir est celui de l’état des infrastructures à un moment donné. Tout mouvement de transition écologique qui s’appuie sur de larges infrastructures pour exister et se développer, et dont la finalité est seulement d’obtenir une régulation différente des flux, est voué à échouer dans ses objectifs d’évitement de « la catastrophe ». L’objectif premier à atteindre, c’est l’auto-dislocation par « désinfrastructuration ».

Xavier Coeytaux et les infrastructures humaines : L’intuition que les désastres environnementaux sont avant tout provoqués par un certain type d’organisation socio-technique me paraît assez juste s’il s’avère qu’elle s’intéresse aux infrastructures sur lesquelles elle repose. La recherche de croissance est une fatalité liée à l’interconnexion matérielle par des infrastructures, et les lois de la physique s’y appliquent implacablement. Ce mode d’organisation sociale étant instable par construction, sa dynamique interne se résume à devoir perpétuellement infrastructurer le monde sous peine de dislocation. Par conséquent, il n’existe pas de solution politique ou technique permettant de ralentir, stopper ou inverser la tendance actuelle de recherche de croissance, tant qu’il n’existe aucun champ de discussion ouvert sur la place des infrastructures. Ne regarder que les flux (trop d’émissions de CO2, trop de consommation d’énergie, d’eau et de sol, de viande, de mobilité mécanisée, etc.) sans s’intéresser au processus d’infrastructuration pousse à rechercher des solutions qui ne peuvent que faire perdurer, voire accélérer les processus désagréables en cours. Une recherche mature de solutions aux désastres en cours (climat, biodiversité, sol, eau, consumérisme, inégalités, pauvreté, etc.) devrait avant tout s’atteler à imaginer un chemin permettant une diminution de l’aliénation des individus aux infrastructures. Même les différentes prises de position en faveur d’une décroissance sont relativement ambiguës, car il s’agirait le plus souvent de faire décroître les flux sans toucher aux infrastructures. Ainsi décroître par exemple en ne prenant plus l’avion, en consommant moins d’eau ou d’énergie, ne peut pas se décorréler de l’empilement d’infrastructures dans lequel une telle décroissance prendrait place. Parce que l’infrastructuration possède une dynamique propre (et insoutenable dans un monde fini), à l’inverse la décroissance ne peut pas décider de s’arrêter à tel ou tel niveau de flux.

Bertrand de Jouvenel et l’infrastructure naturelle : « Nous faisons preuve de myopie lorsque  nous négligeons de nous intéresser à l’entretien et à l’amélioration de notre infrastructure fondamentale : la Nature. Une autre manière de penser, c’est de transformer l’économie politique en écologie politique ; je veux dire que les flux retracés et mesurés par l’économiste doivent être reconnus comme dérivations entées sur les circuits de la Nature. Parce que la Comptabilité Nationale est fondée sur les transactions financières, elle compte pour rien la Nature à laquelle nous ne devons rien en fait de payement financier, mais à laquelle nous devons tout en fait de moyens d’existence. Le terme d’infrastructure est à présent populaire, il est bon d’avoir donné conscience que nos opérations dépendent d’une infrastructure de moyens de communication, transport, et distribution d’énergie. Mais cette infrastructure construite de main d’homme est elle-même superstructure relativement à l’infrastructure par nous trouvée, celle des ressources et circuits de la Nature. » (1968, Arcadie, essai sur le mieux vivre )

Une seule solution pour concilier infrastructures humaines et infrastructure naturelle, ne garder de nos fabrications que celles qui nous permettent de vivre durablement avec l’écosystème environnant. Cela veut dire démanteler tout ce qui est goudronné, donc quitter la ville et vivre sans véhicule individuel, ne jamais partir en avion, travailler localement et à proximité de son domicile, aller faire ses courses à pied ou en vélo au petit commerce de son village. Cela veut dire aussi démanteler le réseau électrique pour se suffire du moulin à vent (ou à eau ) local. Le retour à la bougie n’empêchera pas d‘être heureux, l’ambiance pouvait être très conviviale à la campagne au milieu des années 1950 en France

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

9 septembre 2014, Infrastructure matérielle au sens marxiste… et écolo

11 juin 2019, Un empêcheur d’infrastructures inutiles radié

27 février 2021, Détechniciser le surdéveloppement technique

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Déconstruction de la propriété privée, ça urge

Du sentiment d’appartenir au tout à l’appropriation privée des choses, tout a été essayé en matière d’organisation humaine. Mais depuis la révolution marchande, la propriété privée est devenu une référence obligée, elle a même été sacralisée. « La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n’est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l’exige évidemment, et sous la condition d’une juste et préalable indemnité », garantit ainsi en France l’article 17 de la Déclaration du 27 août 1789 des droits de l’homme et du citoyen. Robespierre n’est pas d’accord, il s’adresse aux rédacteurs de la DDHC : « La propriété ne porte sur aucun principe de morale. Elle exclut toutes les notions du juste et de l’injuste. Pourquoi votre déclaration des droits semble-t-elle présenter la même erreur ? En définissant la liberté, le premier des biens de l’homme, le plus sacré des droits qu’il tient de la nature, vous avez dit avec raison qu’elle avait pour bornes les droits d’autrui: pourquoi n’avez-vous pas appliqué ce principe à la propriété qui est une institution sociale, comme si les lois éternelles de la nature étaient moins inviolables que les conventions humaines ! Votre déclaration paraît faite, non pour les hommes, mais pour les riches, pour les accapareurs, pour les agioteurs et pour les tyrans. » Mais les juristes de la Révolution, eux-mêmes pour la plupart propriétaires, espéraient alors que la propriété individuelle parviendrait, à terme, à casser les grands domaines nobiliaires ou à répartir les terres de l’Église. Pourtant il est indéniable qu’une propriété inaliénable protège les intérêts des propriétaires, et donc des composantes déjà riches de la société. Le mouvement des enclosures va chasser les paysans, l’expansion des manufactures va détruire l’artisanat, les tendances à l’accumulation du capital aux mains de quelques-uns peuvent dorénavant jouer sans frein. Les inégalités s’accroissent alors fortement entre membres d’une société qui devient pourtant démocratique. Notons que le suffrage est censitaire jusqu’en 1848, seuls votent ceux qui s’acquittent d’une taxe foncière conséquente. Le suffrage est devenu universel, pourquoi n’en serait-il pas de même de l’appropriation ?

Benjamin Franklin, père fondateur de la Constitution d’Amérique, a placé ses nombreuses inventions dans le domaine public. Il écrit : « De même que nous profitons des avantages que nous apportent les inventions d’autres, nous devrions être heureux d’avoir l’opportunité de servir les autres au moyen de nos propres inventions ; et nous devrions faire cela gratuitement et avec générosité. » On pourrait faire de même avec les biens matériels, partager équitablement. Mais affirmer que «  la propriété, c’est le vol » ne dit rien des mécanismes de répartition. Car comment faire autrement que la gestion individuelle des biens quand l’appropriation collective dans les pays dits socialistes et la planification impérative ont été un échec flagrant ? Quel est donc le moyen terme acceptable entre l’absolutisme de certains individus propriétaires et l’omniprésence de l’État expropriateur ? Les expériences d’une gestion décentralisée se multiplient aujourd’hui., les jardins partagés, les cafés associatifs et autres coopératives citoyennes ou ateliers collectifs. On réfléchit aussi à la façon dont les ressources (forêts, rivières, prairies) pourraient être gérées par les communautés. C’est l’analyse faite par Elnior Ostrom, prix Nobel d’économie 2009., dans son livre, « Gouvernance des biens communs (pour une nouvelle approche des ressources naturelles) ». Voici nos article antérieurs :

7 septembre 2011, ni Etat ni marché, Elinor Ostrom

extraits : La supposition qu’un Léviathan externe est nécessaire pour éviter la tragédie des biens communs conduit à des recommandations prônant un contrôle de la plupart des systèmes de ressources naturelles par des gouvernements centraux (…) Les solutions présentées comme devant être imposées par « le » gouvernement sont basées sur des modèles de marchés idéalisés (…)

23 janvier 2012, Loin de Rio + 20, suivons l’enseignement d’Elinor Ostrom

extraits : La pêche locale est une gestion acceptable, avec quotas définis de façon communautaire, la pêche industrielle est une aberration, avec ses quotas centralisés et inappliqués… Il vaut mieux réaliser des plans climat locaux plutôt que de se réunir au niveau international pour palabrer sur l’environnement sans que personne ne se sente vraiment concerné…

Conclusion : Les recommandation d’Elinor Ostrom, basées sur les expériences du passé, portent sur la gestion des ressources naturelles qui doit être faite au plus près du contrôle humain direct et non éloignée dans des sphères gouvernementales, qu’elles soient nationales ou internationales. Mais cela ne dit rien des biens privatisables. Or si tout est privatisable, tout peut aussi bien être considéré comme appartenant à tous. Des trois caractéristiques de la propriété, usus, fructus et abusus, beaucoup trop d’accapareurs ont privilégié le troisième terme. Il en est résulté le saccage de la Terre. En effet un propriétaire possède le libre usage de son bien, il peut en retirer les fruits, mais il peut aussi faire ce que bon lui semble, en abuser, y compris en détruisant son bien. Ce n’est pas une spécificité des individus depuis que l’appropriation par des entreprises a été rendue possible. ; une concession extractive donne le droit d’épuiser la ressource et, en matière de combustibles, de provoquer le réchauffement climatique. L’appropriation, c’est le vol, mais c’est sutout la lurte de tous contre tout ; les conflits interhumains et le saccage de la planète sont indissolublement interconnectés. En fait il faut considérer que les individus ne travaillent pas socialement pour eux-mêmes, mais pour le bien commun. Personne ne devrait avoir de droit absolu sur « son » entreprise », « son » capital, « sa » maison, « son » salaire, « sa » femme, etc. Nous sommes des locataires perpétuels temporairement embarqués dans des structures collectives qu’on appelle entreprise, capital financier ou technique, maison pavillonnaire ou HLM, couples et famille, etc. Pour en savoir plus,

Les inégalités du point de vue écologiste (synthèse)

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Il nous faudra « vivre avec » la Covid-19

Une population ne sera IMMUNISEE que lorsqu’elle aura été SUFFISAMMENT CONTAMINEE. Alors pourquoi ne pas accepter une létalité importante, mais source d’immunité collective ? On estime le taux de mortalité à moins de 3 %. Selon Statista, le nombre de personnes infectées par le coronavirus COVID-19 dans le monde au 26 avril 2021 était de 147,8 millions d’infections, le nombre de décès de 3,1 millions, soit une létalité de 2,1 %. Mais il y a 125.9 millions de personnes qui sortent guéries. Pourquoi ne considérer médiatiquement que la mortalité et pas la survie ? La COVID-19 serait donc un peu plus mortelle (et plus contagieuse) que la grippe saisonnière, mais c’est une grippe parmi bien d’autres épidémies virales que l’humanité rencontre épisodiquement. Il faut s’y faire et accepter une part de sélection naturelle. Au 26 avril 2021, des cas de la maladie ont été recensés dans plus de 180 pays ou territoires sur les six continents. Certes il faudra beaucoup moins prendre l’avion et moins circuler en voiture pour un oui ou pour un non. Que du bon pour l’écologie !

Emmanuel Macron est d’accord avec la première partie de ce raisonnement, pas avec la seconde. Après y a un peu plus d’un an avoir déclaré la « guerre » face à un virus aussi sournois qu’imprévisible, le chef de l’État s’est résolu à « vivre avec » son « ennemi ». En annonçant un déconfinement dont la première étape débute le 3 mai, le président a assumé cette stratégie visant à laisser circuler le virus à un niveau relativement élevé, tout en espérant que le respect des gestes barrières et l’avancée de la vaccination éviteront une situation hors de contrôle.Mais il n’est pas question de parler d’urgence écologique. « A partir du 19 mai, des étapes successives vont nous conduire ensemble à définir un nouveau modèle de croissance et de prospérité », s’est avancé Emmanuel Macron le 1er mai 2021.

Pas question de parler de sens des limites et de sobriété partagée, de réduction des déplacements et de repli durable sur les activités essentielles. Le croissancisme demeure le mantra du gouvernement Macron.

Pour tout savoir sur l’immunité collective,

7 avril 2020, objectif du confinement, l’immunité collective

14 mars 2020, Covid-19, choix de l’immunité collective en GB

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Faire l’amour en public, est-ce écologique ?

Hier on apprenait que « pépé le putois », sur fond de débat sur le sexisme et la « cancel culture », était censuré. Pépé le putois passait son temps à poursuivre une chatte rebutée par ses avances et son odeur nauséabonde. Un chroniqueur de New York Times y a vu une « normalisation de la culture du viol ». Peu après le putois était coupé au montage du dessin animé Space jam : Nouvelle ère (LE MONDE du 13 mars 2021).

Aujourd’hui la BD Niala, double féminin (et noire) de Tarzan, crée la polémique. Une pétition demande la suspension de publication, l’héroïne étant jugée réduite à un « objet sexuel » et le fond véhiculerait des « principes racistes des années 1950 » Pourtant il ne s’agit que de libido décomplexée pour initier aux plaisirs charnels tous ceux et celles qui s’aventurent dans la jungle : religieuses en mal d’évangélisation, explorateurs en mal d’exotisme et autres Livingstone de pacotille, que l’héroïne va dévergonder en vertu d’un principe simple : rien de tel que le sexe pour apaiser les conflits et vivre en harmonie. Une philosophie apprise au contact des singes bonobos qui l’ont élevée : ces chimpanzés ont la particularité de s’accoupler afin de réduire les tensions sociales. Une leçon que les pétitionnaires feraient mieux d’apprendre par cœur, mieux vaut faire l’amour que la guerre.

Un pan de la philosophie grecque préconisait un retour total à la nature et refusait de se soumettre aux interdits qui relèvent de l’arbitraire social. Pour un Cynique, le plaisir que procure la sexualité est un plaisir naturel qui ne diffère en rien de celui que connaissent les animaux. C’est pourquoi ces philosophes admettent, en matière de sexualité, des actes qui choquaient les contemporains, tels que la masturbation ou l’union en public. Diogène part d’un principe simple, à savoir que rien de ce qui est naturel n’est honteux, et il en tire toutes les conséquences. Aussi ne s’étonnera-t-on pas de lire chez Diogène Laërce : « Il se masturbait constamment en public et disait : “Ah ! si seulement en se frottant aussi le ventre, on pouvait calmer sa faim” ». Des disciples de Diogène, Cratès de Thèbes est certainement le plus célèbre. Issu d’une riche famille thébaine, il su se défaire de tous ses biens pour s’adonner au cynisme et mener avec son épouse Hipparchia de Maronée une vraie vie de canidé qui allait jusqu’à faire l’amour en public. Aujourd’hui il y a d’un coté l’amour en vente libre par vidéos interposées et de l’autre des ligues de petite vertu qui poussent des cris de vierge effarouchée dès qu’on parle de sexe.

Mieux vaut faire l’amour que la guerre, cela pourrait être le point de vue des écologistes, proches de la nature et éloignés des violences humaines. Les anthropologues ont renouvelé l’approche de la sexualité en montrant l’importance de la perte de l’œstrus. La relation entre les sexes est soumise chez les mammifères, y compris les grands singes, à une horloge biologique et hormonale qui détermine les périodes de rut ; pour les humains au contraire, l’absence de cette détermination naturelle met la sexualité sous le signe de la disponibilité permanente. Cette liberté totale fut certainement une des conditions de l’apparition des normes et des interdits qui limitent, dans toutes les sociétés, les usages et les pratiques de la sexualité. C’est pourquoi le mot sexualité est à double sens… Il a un côté positif, relation, sentiment, bien-être, compréhension, échange… Mais aussi un côté négatif : viol, pédophilie, maladies sexuellement transmissibles, Sida… Depuis que la contraception a dissocié la fonction de reproduction et le principe de plaisir, nous pouvions penser que la sexualité, enfin associée à l’extase sans angoisse, pouvait devenir une activité banalisée et fréquente… comme chez les bonobos. Mais le véritable plaisir des humains, c’est de tout compliquer. Tant que nous n’aurons pas de rite de passage à la vie sexuelle, simple et généralisé à tous, nous connaîtrons l’angoisse et/ou la violence du passage à l’acte qui a abouti au processus #MeToo, balance ton porc, élimine les hommes. Misère, misère…

Pour en savoir plus sur l’écologie de la sexualité grâce à ce blog biosphere :

Nature de la sexualité et droit à la sexualité

l’écologie face aux abolitionnistes de la prostitution

La bipédie, origine de notre sexualité très encadrée

Sexualité et harcèlement, l’homme, un animal dénaturé

nature et sexualités : le débat sur le genre humain

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PAC, politique agricole… commune ???

PAC 2013. Le 13 mars 2013, les parlementaires européens ont voté à Strasbourg les quatre rapports portant sur la réforme de la PAC – paiements directs, développement rural, organisation commune de marché et règlement horizontal. Portant sur la période 2014-2020, les mesures sont faibles et les textes manquent cruellement d’ambition.

La crise de l’agriculture européenne dure pourtant depuis de longues années. Son budget conséquent est régulièrement remis en cause, car il est distribué de manière très inéquitable entre les agriculteurs. Favorisant souvent de grandes exploitations et la domination d’une agriculture industrielle intensive, la PAC alloue à l’inverse de maigres subventions à destination des pratiques agricoles responsables et à l’aménagement territorial durable. Dommageables à l’environnement, les aides de la PAC le sont également à l’économie des pays en développement, dont le secteur agricole fait face aux politiques de dumping des prix pratiqués sur les produits agricoles par l’Europe. A la suite du vote, la présidente du WWF France a déclaré : « Bien que nous saluions le fait que le Parlement européen a bloqué les pires aspects de la proposition de sa Commission agriculture, ce vote demeure décevant. Le Parlement n’a pas intégré des règles aussi basiques que le respect de la Directive Cadre sur l’Eau ou la protection des zones humides. Il a aussi manqué d’ambition pour faire du contenu du verdissement un véritable moyen d’aller vers une agriculture plus résiliente et plus bénéfique pour l’environnement. Le verdissement a donc été rétabli sur sa forme, par rapport aux propositions initiales, mais manque toujours de fonds. » La prochaine réforme de la PAC n’aura lieu que dans 7 ans, en 2020.

PAC 2020. La PAC fait l’objet d’une nouveauté, chaque État membre devra présenter un « plan stratégique national », une déclinaison nationale des grandes orientations européennes de la PAC. La Commission nationale du débat public (CNDP) vient de publier le bilan de huit mois de concertation sur la politique agricole commune. « Rarement la CNDP aura eu à traiter d’un enjeu aussi fortement marqué par la défiance », note Chantal Jouanno, la présidente de cette autorité administrative. Finalement, il ne fallait pas moins de 224 pages de rapport pour rendre compte des 1 083 propositions et de l’ensemble des échanges. Sur le fond, la demande de sortir d’un système des aides à l’hectare pour aller vers l’aide à l’actif a fait consensus, pour éviter une course à l’agrandissement et à la concentration des exploitations. La souveraineté alimentaire est devenue un sujet incontournable dans les échanges après les premiers mois de confinement. Les questions environnementales se sont imposées comme une préoccupation majeure, et une forte demande s’est exprimée d’accélérer la transition agroécologique. En revanche, les moyens de mise en œuvre divisent : quelle place accorder à l’agriculture bio dans le tissu productif, comment réduire l’usage des produits phytosanitaires ? Le ministre de l’agriculture a désormais jusqu’au 7 avril pour apporter sa réponse.

Débat : Quelques réactions sur le monde.fr et nos réponses :

Sejas : Toujours ce rêve d’une agriculture familiale heureuse sans engrais et sans pesticide. En 1840, avant la révolution verte, il fallait que la moitié des Français travaillent dans l’agriculture pour nourrir l’autre moitié. Et la nourriture était très chère pour les ouvriers.

Biosphere : Pas de pays sans paysans, pas de nourriture sans paysans. La période de l’agriculture industrielle, basée sur les ressources fossiles, va se terminer faute de carburant. Alors il y a aura une inversion, l’exode rural deviendra le retour à la terre. Les produits agricoles seront plus cher, le travail à la ferme plus physique que l’emploi tertiaire. Cela sera très dur, accompagné de beaucoup de drames individuels et collectifs. Mais on ne peut éviter les réalités d’une déplétion énergétique si ce n’est s’adapter, se convertir aux emplois durables, manger beaucoup moins de viande et plus du tout d’alimentation issue de l’industrie.

Un lecteur du Val de Marne : Je suis très sceptique sur cette vision fermière et familiale… Les exploitations céréalières doivent devenir toutes petites ? Quelle rentabilité ? Si on divise les parcelles il faudra beaucoup plus d’agriculteurs pour les exploiter… vous allez les trouver où ? Vous voulez aussi la fin de l’industrie pour revenir à l’artisanat ? Je ne vois pas pourquoi le travail familial garantirait le bon produit sain et la préservation de l’environnement.

Biosphere : Lecteur du Val de Marne, habiter un département du grand Paris s’accompagne d’une dépendance très grande vis-à-vis des exploitations agricoles extérieures. Une crise économique profonde comme il faut s’y attendre étant donné la surchauffe de notre système techno-industriel actuel est donc un risque. Il vous faudra oublier les grandes phrases hors sol du type « bon produit sain et préservation de l’environnement ». Les générations futures reviendront au travail de la terre et à l’artisanat. Les exploitations agricoles deviendront beaucoup plus petites, familiales, alimentés en main d’œuvre par la désurbanisation.

ca_alors : Le choix d’une photo illustrant l’agriculture ‘productiviste’ est bien symptomatique de la ligne éditoriale du MONDE. Mais c’est oublier que nourrir 7.5 milliards de personnes nécessite une mécanisation de l’agriculture. L’Histoire retiendra sans doute que la bataille contre la faim dans le monde est l’une des plus grandes conquêtes de l’humanité. Les excès ne doivent pas faire oublier qu’une famille modeste dépense maintenant 15% de son budget à la nourriture contre plus de 30% il y a quelques dizaines d’années.

Biosphere : L’agriculture « productiviste » a oublié que sans énergie fossile, elle est vouée au néant. De toute façon, malgré nos prouesses techno-agricoles, la faim dans le monde touche encore plusieurs centaines de millions de personnes. Quant à la loi d’Engel qui décrit l’évolution du budget alimentaire, elle va s’inverser. Cette  « loi » énonce qu’au fur et à mesure que le revenu augmente, la part des dépenses alimentaires diminue. Historiquement, notons d’abord que c’est l’augmentation du pouvoir d’achat plutôt que les performances de l’agro-industrie qui a permis de consacrer la plus grande part de son budget à des dépenses secondaires. De plus l’agriculture, le fondement même de notre survie, est paradoxalement subventionnée par l’Union européenne (la PAC) ; on ne paye pas le vrai prix de notre alimentation. Enfin la pression à la baisse des prix concédés aux agriculteurs par les grands distributeurs est une anomalie. Dans l’avenir, nous reviendrons à une situation plus normale, moins de gadgets achetés et beaucoup plus d’argent consacré à notre alimentation de base.

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Faut-il incendier les émetteurs radio/télé ?

L’information fait-elle l’action ? Un incendie, revendiqué par un comité « pour l’abolition de la 5G et de son monde », a endommagé un émetteur radio, privant 1,5 million de personnes de radio et de télévision. D’après le comité, « Le sabotage de l’antenne a eu lieu dans le cadre de l’opération voix du vent et chants d’oiseaux. Nous ne sommes qu’une poignée, pourchassées, terrifiées, mais nous vaincrons malgré notre faiblesse ».

Cette information du quotidien LE MONDE ne fait pas l’action, mais elle y contribue. Est-ce du terrorisme écologique ? Fallait-il ne pas en parler ? Les réactions sur lemonde.fr portent pour partie sur l’intérêt ou non de l’innovation technique.

Benoit Croquinard : Quelques heures de télé en moins, action salutaire

MD : Les écolos radicalisés ont frappé, ce n’est qu’un début. Rien de surprenant de la part de gens qui refusent tout progrès technique.

Mais le débat de fond porte aussi sur la validité de la destruction de biens jugés néfastes pour l’humanité.

Mort de rire : J’imagine 2 ou 3 anciennes baba-cool qui ne supportent plus la bêtise dont nous sommes abreuvés quotidiennement. Et qu’on veuille nous en imposer encore plus pour pour pouvoir dire encore plus de bêtises, encore plus vite. Alors elles ont eu le courage de s’engager pour le bien de l’humanité. Je les comprends.

Fredh : Vous savez, vos anciens baba cool ont tout à fait le droit de ne pas avoir et regarder la télé, de ne pas avoir de smartphones 4G ou 5G, de ne pas avoir de voiture, de ne pas prendre l’avion, de ne pas se faire vacciner… mais il faut aussi respecter les désirs des autres personnes… Ils ne sont pas si cool que ça, mais plutôt fachos, vos babas.

Ces échanges résument parfaitement les contradictions du monde contemporain et la difficulté de l’action. Dans une société d’homo economicus, l’aliénation n’est plus extérieure, elle a été intégrée, digérée par les sujets. La société de consommation est devenue la raison d’être d’une grande partie des gens aujourd’hui. Lutter contre l’aliénation est donc difficile, il faut risquer la prison, si ce n’est sa vie. Ainsi l’exemple des luddites, débattu aussi sur lemonde.fr :

gbouvier : Révoltes insignifiantes mais pénibles de luddites qui brandissent leurs fourches garnies de fumier. Ce qui rassure, c’est que les fourches n’ont rien pu faire contre les fusils.

Michel SOURROUILLE : Monsieur Bouvier, votre remarque sur les luddites du XIXe siècle est intéressante. Les artisans ont brisé des machines automatiques qui mettaient au chômage beaucoup d’artisans à domicile pour le plus grand profit de l’industrie textile en formation. Deux siècles plus tard, on constate que cette industrialisation à marche forcée a entraîné la croissance économique sans limites et la détérioration brutale des conditions de vie sur Terre. Les luddites avaient donc raison. Mais on a fait à l’époque des lois condamnant à mort pour bris de machines, et des luddites sont passé sous les fourches caudines. Ce qui veut dire que dans notre système techno-industriel, la protection des machines a plus de valeur que la vie humaine. Pensez-vous encore, Monsieur, que l’écrasement des luddites a été une bonne chose ?

Synthèse : Tous les écolos ne sont pas adeptes du sabotage, sinon il y a bien longtemps qu’on ne trouverait plus une seule centrale nucléaire, plus un seul SUV, plus un seul bateau de milliardaire, etc. La question de la destruction de biens pour le bien de la planète a été posée par l’action contre une centrale nucléaire de Françoise d’Eaubonne et contre les SUV par le livre d’Andreas Malm, lire sur notre blog biosphere :

16 septembre 2020, Contre-violence par destruction de biens

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Accouchement à domicile, un interdit ?

Accouchement à domicile, les poursuites en radiation et les difficultés de s’assurer ont éclairci les rangs de la profession. Il n’est pas recommandé de donner la vie de manière naturelle, sans péridurale ni ocytocine, cette hormone de synthèse qu’on injecte pour accélérer et renforcer les contractions. Les femmes sont minoritaires à aller à rebours des accouchements médicalisés, entre 1 000 et 3 000 actes par an pour 800 000 naissances annuelles en France. L’accouchement accompagné à domicile (AAD) ne s’est jamais vraiment remis de l’avènement de l’hôpital public, dans les années 1950 et 1960. Une nouvelle proposition périnatale s’offrait alors aux femmes : donner la vie dans des conditions sanitaires optimales, avec l’aide de personnels diplômés et sans débourser un centime. Des jours de repos étaient même payés par la Sécurité sociale : les parturientes auraient été stupides de ne pas plébisciter ce modèle. C’est ainsi que s’impose le « progrés technologique », en faisant miroiter des avancées et en pourchassant ceux qui veulent en rester aux méthodes traditionnelles. Place au  système fordiste, où les femmes sont standardisées, surveillées à distance depuis une salle de contrôle,soumises à des gestes médicaux, eux aussi standardisés.

Pourtant aucun texte n’interdit l’AAD en France, l’acte est remboursé au même tarif qu’un accouchement classique : 313,60 euros). Nous sommes des mammifères. Partout dans la nature, les femelles savent se comporter quand leur bébé arrive. La pratique est le plus souvent le « hands-off », une technique consistant à utiliser le moins possible les mains, afin de laisser la femme accoucher sans intervention extérieure – et renouer ainsi avec cette « fierté noble d’enfanter seule ». On attend au moins vingt minutes avant de clamper le cordon ombilical, afin de maintenir la circulation du sang entre le placenta et le nouveau-né, et non immédiatement comme le font généralement les maternités. Il y a toujours une part de risque dans tout accouchement, on ne peut pas en faire abstraction. Le transfert vers l’établissement de santé le plus proche froisse les gynécologues obstétriciens : « Un accouchement n’est pas un événement anodin. Si une femme commence à faire une hémorragie post-partum [HPP, l’une des principales causes de mortalité maternelle dans les pays industrialisés], je ne vois pas comment la sage-femme qui l’assiste va pouvoir contenir le saignement, le temps qu’arrive le SAMU ». Or l’ocytocine augmente le risque d’hémorragie grave, la technologisation alliée à la chimie comportent aussi leurs risques. Publiée en 2019 par la revue scientifique The Lancet, une enquête internationale conclut, sans ambiguïté : « Le risque de mortalité périnatale ou néonatale n’était pas différent quand l’accouchement était prévu à la maison ou à l’hôpital. »

Tous ces éléments de réflexion et bien d’autres sont proposées par l’article du MONDE, « Nous déplaisons à l’ordre établi » : ces sages-femmes qui pratiquent l’accouchement à domicile. Commentaires sur lemonde.fr
Batman98 : Nous avons accouché à la maison, un bonheur simple, tout a été parfait, pour tout le monde. ça n’a rien coûté à la société, empreinte carbone nulle, une arrivée dans la vie en douceur. Que les obstétriciens se désolent de perdre des parts de marché au détriment des familles est lamentable. Ce sont des spécialistes qui devraient jouer un rôle seulement en cas d’urgence. Si on veut traiter les femmes comme du bétail anonyme, c’est sûr que c’est plus facile et ça rapporte plus à l’hôpital et aux médecins. Du business.
Gédéon76 : Ceux qui parlent de « violence obstétricale » et de patriarcat devraient s’interroger sur le fait que la mortalité périnatale est 40 fois plus élevée en République Centrafricaine ou au Pakistan qu’en Finlande par exemple. Allez expliquer à une africaine ou une pakistanaise qui a perdu son enfant dans des conditions dramatiques que certaines femmes en occident ne jurent que par un accouchement comme au XVIII ème siècle ou comme les autres mammifères. A quand un papier glorifiant les parents qui refusent de vacciner leurs enfants ?
LaPalice : Gédéon a une opinion sur comment les femmes devraient vouloir accoucher car lui sait ce que c’est que la maltraitance obstétricale, l’intrusivité, l’accouchement à la chaîne et l’infantilisation des femmes. Aux pays bas, quasiment un tiers des femmes accouchent chez elles. Ça va, c’est assez blanc et riche comme pays pour que vous respectiez ces pratiques ?
Compléments d’analyse sur notre blog biosphere :

Violences obstétricales, médicalisation de l’accouchement

L’accouchement à domicile, c’est un choix de l’écologie

accouchement, désert médical ou société surmédicalisée ?

donner la vie n’est pas une maladie

bien naître, bien-être

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19 novembre, la journée mondiale des WC

Chaque jour il nous faut uriner et déféquer, bref c’est un besoin vital. Souvent le lieu importe peu, c’est n’importe où, mais quand on est des milliards à se soulager, ça craint.

C’est pourquoi l’Organisation des Nations unies (ONU) a choisi le 19 novembre pour marquer la Journée mondiale des toilettes. Faire pipi-caca, c’est en effet le moyen d’aborder de nombreuses problématiques : comment économiser l’eau en tirant la chasse ? Comment récupérer l’urine qui peut faire un bon engrais ? Comment construire des toilettes pas cher et performantes ? Passant du PC au PQ, Bill Gates finance depuis longtemps un concours pour réinventer les toilettes, capables de fonctionner sans électricité ni système de tout-à-l’égout. Certains vont déjà dans le tout-techno, sièges chauffants, biocapteurs installés dans la cuvette permettant de mesurer le taux de sucre dans le sang, cuvette rotative qui retient les odeurs. D’autres pratiquent la simplicité éclairée, cela s’appelle les toilette sèches.

Les toilettes sèches, aussi appelées toilettes à compost ou TLB (toilettes à litière biomaîtrisée), permettent le contrôle de la réaction chimique de dégradation des urines et des fèces grâce à l’ajout de matière ligneuse (sciure de bois). Elle n’utilisent pas d’eau et peuvent être installées très facilement, pour un coût minimal. L’urine contient la majeure partie du phosphore excrété. Elle est récupérable par l’usage de toilettes séparées pour la miction et la défécation. Une fois compostés, les excréments fournissent un engrais gratuit et riche en phosphore et azote. Pas besoin de milliards, pas besoin d’assainissement. Nous n’avons pas à frémir ni fantasmer sur nos matières fécales : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme… Même dans nos comportements les plus triviaux, nous devons nous considérer comme un élément des écosystèmes auto-organisés qui nous entourent. Si le phosphore manque, la production agricole chutera. Pisser dans des toilettes « hygiéniques » avec le « tout-à-l’égout » n’est pas le meilleur service à rendre à l’humanité… A lire sur notre blog biosphere, pisser dans la nature ou dans des toilettes (22 novembre 2012)

pisser dans la nature ou dans des toilettes ?

NB : Pour le plaisir des yeux et sans les odeurs, « Toilettes sans tabou » de Thierry Berrod (Fr., 2019, 52 min). A la demande sur Arte.tv jusqu’au 12 janvier 2021.

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Les végans, soutien de l’agroalimentaire

Nous voyons débarquer dans les gondoles des « viandes végétales » et bientôt des « viandes cultivées » (in vitro). Des prouesses techniques mêlant génie génétique, biologie de synthèse, nanotechnologies, intelligence artificielle, gestion de données qui réjouissent les gourous du numérique. À la tête de ces entreprises, majoritairement des véganes militants, financés par des milliardaires du numérique (Gates, Thiel, …) rejoints par les grands industriels de la viande (Cargill,…), ceux-là même qui ont industrialisé l’élevage. En France, un patron du numérique, Xavier Niel participe via son fonds d’investissement Kima Ventures aux trois millions d’euros levés par l’entreprise Les Nouveaux fermiers (fausses viandes) et mise aussi sur 77 Foods (faux bacon). Aux véganes la dénonciation, aux industriels la solution, à la poubelle les paysans et les métiers de bouche ; cela participe de l’altération du réel. L’offensive vise à couper les liens entre nourriture et agriculture, à terme quelques grandes usines enverront des données pour imprimer de la nourriture en 3D. On flirte avec le transhumanisme et son humain augmenté : séparer les êtres humains de la nature… pour la sauver. (Gilles Luneau)

Pour en savoir plus sur le véganisme grâce à notre blog biosphere

13 octobre 2020 Le choix végan, discutable ou fiable ?

8 janvier 2019, Paul Ariès accuse les végans de mentir sciemment

02 juillet 2018, Les végans occultent notre rapport complexe à la mort

31 octobre 2017, Entrée du véganisme dans la collection « Que sais-je ? »

14 octobre 2017, Pour ou contre… la viande de substitution

12 octobre 2017, Le véganisme est-il contre les animaux domestiques ?

28 septembre 2017, Demain tous vegans ? Ce serait une catastrophe

28 août 2017, Végan, l’art de l’ersatz et de la confusion des valeurs

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Reconfinement, allons à l’essentiel

« Petit papa Noël, est-ce que le virus respectera la fête de fin d’année pour recevoir mon jeu video Super Smash Bros ? » Cette période de reconfinement repose la question essentielle, « Qu’est-ce qui est essentiel ? Qui décide de ça ? ». Le gouvernement a tranché : tout achat réalisé dans un commerce dont les activités demeurent autorisées est considéré comme un achat de première nécessité. Le président Macron a annoncé la fermeture de tous les commerces « non essentiels » à l’exception d’une liste : alimentaire, tabac, garages, hôtels, équipement informatique, blanchisseries… On met la démocratie entre parenthèse, ni le peuple ni le parlement ne peuvent dire mots sur ce qui est permis et ce qui est interdit. Faisons le tour des injonctions et n’ayons pas peur des dispositions parfois contradictoires. Tout rassemblement dans l’espace public est interdit (mais) Les manifestations à caractère revendicatif déclarées en préfecture seront autorisées (mais) Il n’est pas possible d’aller chez des amis ou de recevoir de la famille à la maison. Il est aussi possible de sortir prendre l’air une heure par jour près de son domicile ou promener des animaux dans une limite d’un kilomètre. Les frontières restent ouvertes au sein de l’espace européen (mais) Les frontières extérieures de l’espace européen ne sont pas ouvertes. Les cérémonies religieuses sont interdites…

C’est comme pendant une guerre, nous avons connu le couvre-feu, nous devons maintenant avoir une autorisation de sortie, mais pas plus d’une heure dans la cour de la prison. Comme quoi tout est possible dans une société de marché dite libérale ; du jour au lendemain un président peut décréter l’arrêt de la plupart des activités. On ne pourra plus dire aux adeptes de la simplicité volontaires que c’est impossible de retourner à la bougie, on pourra même un jour nous couper l’électricité, cela se fait d’ailleurs dans d’autres pays. Cette période de reconfinement a cela de pédagogique qu’elle nous apprend de gré ou de force à distinguer activités vraiment utiles et activités superflues. Un jour ou l’autre on parlera aussi des activités nuisibles à l’environnement comme le fait de fumer, la possession d’un animal de compagnie, les voyages en avion, les séjours touristiques, l’automobile individuelle, le TGV, l’ordinateur personnel, la nourriture trop carnée, le bain tous les soirs, etc.

Comme il faut à la fois économiser l’énergie et éviter le réchauffement climatique, on n’avait pas attendu le Covid-19 pour demander de classifier les activités selon leur poids sur la planète. C’est la démarche du mouvement négaWatt, l’énergie qu’il nous faut ne pas consommer. La notion de sobriété nous invite à nous interroger personnellement sur nos besoins, sur leur importance réelle ou supposée, ainsi que sur les priorités que nous pouvons établir entre eux. Nous pouvons définir une hiérarchie qui passe des besoins vitaux aux essentiels, puis indispensables, utiles, convenables, accessoires, futiles, extravagants et inacceptables. Chacun peut se livrer à l’exercice pour lui-même, en famille ou au travail, de façon à prendre conscience de l’impact de tel ou tel achat ou comportement. Rien ne sera possible sans une adhésion pleine et entière de tous nos concitoyens. Il s’agit de faire jouer à plein ce qui est la contre-partie indissociable de notre liberté : notre responsabilité ! Prenons l’exemple de nos besoins de mobilité individuelle. Ai-je vraiment besoin de me déplacer ? Quels sont les déplacements de loisirs et les déplacement contraints ? Le principe de sobriété nous incite à les réduire en essayant de nous rapprocher de notre lieu de travail. Nous pouvons aussi recourir à un mode doux de déplacement, marche, vélo, rollers… La sobriété dimensionnelle nous incite à éviter toute surpuissance inutile dans le choix d’un véhicule. La sobriété coopérative repose sur la mise en commun pour réduire les besoins : mutualisation des équipements, autopartage, co-voiturage, auto-stop. La sobriété d’usage consiste à limiter le niveau et la durée d’utilisation d’un appareil, conduite douce par exemple. Rappelons aussi la tentative européenne d’une taxonomie verte, l’art de classer ce qui est bien ou mal. Il s’agit d’une classification des activités économiques en fonction de leur empreinte écologique ; il faut relever les entreprises mais pas à n’importe quelle condition, en gelant les subventions au secteur fossile par exemple. 

Merci le virus d’avoir permis un début de classification des activités humaine. Mais on va probablement pendant ce reconfinement assister à une révolte généralisée du type Gilets jaunes contre la sobriété forcée, cela a déjà commencé. Abandonner les pratiques de surconsommation et tourner le dos au confort d’une société basée sur les énergies fossiles ne va pas être facile… D’autant plus que la destruction d’emplois accompagne toute politique de sobriété partagée.

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Inhumation, incinération ou humusation ?

Francis Busigny : L’humusation consiste à reproduire avec le corps humains ce qui se passe dans la nature où les matières naturelles sont transformées en humus grâce à la microfaune du sol. Il suffit d’ensevelir le défunt vêtu d’un simple linceul biodégradable directement sur le sol au milieu d’une butte de trois mètres cubes de terreau végétal gorgé d’eau. Le tout devient en douze mois 1,5 mètres cubes d’humus environ. Ce compost humain pourra fertiliser les arbres et régénérer les sols pauvres.e qui n’est absolument pas le cas pour enterrement et l’incération qui s’avèrent extrêmement polluants et privent à jamais les couches superficielles des sols des restes de ce qu’lles ont créé! Une inhumation équivaut en moyenne à 11 % des émission de gaz à effet de serre d’un Français sur une année, soit 4000 kilomètres en voiture transportant une personne. La crémation représenti de son côté 3 % des émissions. Dans le contexte actuel du déréglement climatique, légaliser l’humusation devient une urgence écologique. (La fin d’un tabou ? in Kaizen p.65, mars-avril 2020)

Pascaline Thiollère : L’inhumation empoisonne les sols de nos cimetières. La conservation des cadavres produit énormément de polluants, entre autres ceux utilisés par la thanatopraxie comme le formol. L’ide de l’humusation renvoie un message fort. On y trouve l’idée du cycle de vie qui traverse toutes les croyances, une sorte d’animisme contemporain, comme un retour à la simplicité associée préoccupations écologiques d’aujourd’hui. Elle règle également la question du manque d’espace dans les cimetières ainsi que celle du bilan énergétique en comparaison avec la crémation. L’humusation est légale dans l’État de Washington depuis mai 2019. En France la réflexion n’est spa aboutie et le lobbying de la marbrerie reste fort. (HUMUSATION in Kaizen p.64, mars-avril 2020)

Nos articles antérieurs sur ce blog biosphere (extraits) :

11 novembre 2019, Transformer notre corps en humus, le pied

Je ne suis que poussière et j’y retournerai (la bible). En termes écolo, mieux vaut après notre mort se transformer en bon humus pour perpétuer le cycle de la vie. L’État de Washington a adopté un texte permettant de transformer le corps de défunts en compost. Sur le site Humusation.org, la fondation Métamorphose pour mourir… décrit ainsi le processus d’humusation… 

9 juillet 2019, écolo pour l’éternité… au cimetière

Dès septembre 2019 à Paris, un premier espace funéraire écologique sera créé dans le cimetière d’Ivry. Objectif officiel : mettre en place « un lieu de recueillement et d’inhumation respectueux de l’environnement », afin de répondre aux demandes de plus en plus nombreuses de « funérailles écologiques ». Sur 1 560 mètres carrés, on n’accueillera que des cercueils en carton, ou en bois local et les inhumations « auront lieu en pleine terre ». Pas de monument en surface, surtout pas de caveau en béton…

27 octobre 2014, Tout écologique, même au moment de notre enterrement

L’empreinte écologique de nos obsèques. La crémation génère 160 kg de CO2 contre 39 kg pour une inhumation. L’aquamation consiste à plonger la dépouille mortelle dans une eau alcaline pour dissoudre les tissus et ne conserver que les os a posteriori mis en poussière. Avec la promession, où on plonge le corps du défunt dans l’azote liquide pour le rendre friable, le tout sans émission de CO2 ni émanation de produit toxique…

26 décembre 2011, Mon testament écolo

Je soussigné désire un enterrement sans aucune cérémonie religieuse, sans fleurs ni couronnes ni aucune marque matérielle de condoléances.  Je veux être enterré de façon à minimiser mon empreinte écologique au maximum. Pas de crémation qui utilise une énergie extracorporelle devenue trop rare. Pas de cercueil qui mobilise des ressources naturelles. Pas de vêtements car nu je suis né, nu je veux mourir. Mon idéal est de participer sans rechigner au grand recyclage que la nature nous propose gratuitement. Pour faciliter la chose, Paris nous offre paraît-il un modèle que je recommande : la commune fournit aux personnes décédées (sans ressources ni famille) des caissons en béton étanche équipés d’un système d’introduction de l’air afin que les espèces qui aident au recyclage de l’organisme puissent accéder au festin. L’oxygène accélère le dessèchement du corps et l’évacuation des gaz de décomposition est assurée. Il n’y a aucune pollution et le caveau peut être récupéré à l’infini : tous les cinq ans, il est à nouveau disponible. Nous ne nous appuyons pas assez sur les compétences de la biosphère qui possède depuis des temps immémoriaux un sens pratique très développé en ce qui concerne l’équilibre dynamique et le recyclage performant.

2 novembre 2011, fête des morts ; où les enterrer ?

Aux USA, vogue des green burials (enterrements verts). L’augmentation fulgurante du chômage a généré le retour à une pratique ancienne : l’enterrement dans le jardin ou, au minimum, le traitement familial intégral des gestes et cérémonies consécutives à un décès. Dans le jardin ? Oui, aux Etats-Unis, c’est permis la plupart du temps en zone rurale ou semi-rurale. En France il est aussi possible de se faire enterrer dans une propriété privée, à condition qu’elle se trouve en dehors d’une zone urbaine et à plus de 35 mètres des autres habitations. Il faut au préalable une enquête hydrogéologique ainsi que l’autorisation du préfet de département…

7 novembre 2008, sépulture propre et verte

En France la loi de 1887 instituait la liberté de choix des funérailles, enterrement civil ou religieux, inhumation ou crémation. Depuis 1948 au Japon, la crémation est obligatoire en zone urbaine pour ne pas laisser l’espace de plus en plus rare envahi par les cimetières. De son côté le pouvoir chinois s’emploie à empêcher les sépultures en pleine terre dans les campagnes : dans un pays habité par le cinquième de la population mondiale, mais où 7 % seulement des terres sont arables, l’éparpillement des tombes pose en effet un problème d’occupation des sols…

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Bientôt des bouchons de voitures propres

« Sans régulation, l’usage de la voiture augmentera, avec bientôt des bouchons de voitures propres… Yves Crozet écrit à propos de la mobilité : « Hier c’était plus vite, plus loin, moins longtemps. Demain sera plus lent et plus près ». Ajoutons : « Demain sera plus cher », sauf à renoncer à s’occuper sérieusement du réchauffement climatique en se contentant de gadgets et de fausses solutions. » (Jean Coldefy)

Ainsi on trouve aujourd’hui dans une tribune du MONDE le principe qui devrait déjà être généralisé et que nous développions en 2007 dans notre article « moins vite, moins loin » : « Plus vite, plus loin, plus souvent et moins cher  » est un vieux slogan, il sera remplacé par : « Moins vite, moins loin, moins souvent, et beaucoup plus cher ». Cette évolution est inéluctable, raréfaction des ressources pétrolières et réchauffement climatique l’exigent. Le tout-voiture a été une erreur fondamentale et remplacer les moteurs thermiques par des moteurs électriques ne change rien à l’affaire. Nous n’avons pas écouté Ivan Illich au début des années 1970, pourtant son analyse dite de la « vitesse généralisée » était imparable : rouler en voiture est bien moins rapide que pédaler sur son vélo. Un mode de transport n’est pas le simple rapport entre la distance parcourue et le temps du parcours. Il faut ajouter à ce temps de trajet le temps passé à gagner de quoi se payer l’usage du mode de transport.

« L’Américain moyen dépense 1600 heures chaque année pour parcourir 10 000 kilomètres ; cela représente à peine six kilomètres à l’heure. Car qu’on soit dans sa voiture en marche ou à l’arrêt, qu’on travaille pour payer le premier versement des traites ou l’essence, les péages, l’assurance, les impôts et les contraventions, l’Américain donne quatre heures chaque jour à sa voiture, qu’il l’utilise ou qu’il gagne les moyens de le faire. Passé un seuil critique, l’industrie du transport fait perdre plus de temps qu’elle n’en fait gagner. Ce seuil franchi, le transport fait de l’homme un éternel absent toujours éloigné de son lieu de destination, incapable de l’atteindre par ses propres moyens. Aujourd’hui les gens travaillent une bonne partie de la journée seulement pour gagner l’argent nécessaire pour aller travailler. Depuis deux générations (ndlr, nous sommes en 1973), la durée du trajet entre le logement et le lieu de travail dans les pays industrialisés a augmenté plus vite que n’a diminué, pour la même période, la durée de la journée de travail. L’utilité marginale d’un accroissement de la vitesse de quelques-uns est acquise au prix de la désutilité marginale croissante de cette accélération pour la majorité. En d’autres termes, chaque privilégié se transforme en voleur qui dérobe le temps d’autrui et dépouille la masse de la société. Dans un pays dépourvu d’industrie de la circulation, les gens atteignent la même vitesse, six kilomètres à l’heure, mais ils vont où ils veulent à pied, en y consacrant non plus 28 %, mais seulement de 3 à 8 % du budget temps social. » ( Énergie et équité » d’Ivan Illich – texte initialement publiée en mai 1973 par LE MONDE, mai 2018 pour la présente version, Arthaud poche pour 5,90 euros)

Pus tard en 2002, Jean-Pierre Dupuy a calculé que la vitesse généralisée d’un automobiliste est de 7 kilomètres à l’heure, soit un peu plus que celle d’un piéton. La contre-productivité des transports automobiles fut renforcée depuis cinquante ans par une politique d’urbanisme et d’aménagement du territoire conçue autour de l’automobile. La construction du mythe de la vie heureuse en pavillon avec jardin entraîna un étalement urbain beaucoup plus important que la simple croissance démographique. Si bien que dans les pays de l’OCDE, le temps passé entre le domicile et le travail n’a pas dominé depuis 1850, malgré la prétendue augmentation de la mobilité et de la vitesse de la modernité automobile. Le gain de vitesse des engins fut intégralement absorbé par l’étalement des faubourgs, l’éloignement géographique des lieux d’habitation et de travail, des écoles et des hypermarchés. (Pour un catastrophisme éclairé)

La question de la mobilité n’est donc pas un problème résolu par le moyen de se transporter, vélo, voiture électrique, etc. Il faut remettre en question les infrastructures mises en place autour du tout-voiture, les autoroutes et les périphériques, la distance entre domicile et lieu de travail, les lieux de scolarisation qu’on a éloigné des lieux de vie des élèves, les lignes à grande vitesse qui ne desservent que des métropoles boursouflées, le tourisme favorisé par l’avion, etc. Les méthodes pour changer les comportements et donc les structures sont connus, taxe carbone et taxe kérosène de plus en plus lourde d’années en année, interdiction de circuler avec une seule personne dans une voiture, obligation d’un tourisme de proximité, et bien sûr réduction drastique des inégalités de revenu pour faire passer la pilule… la sobriété doit être partagée.

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Tout savoir sur la publicité qui nous dévore

Pour faire évoluer les comportements du consommateur dans un sens écoresponsable, nous (conférence citoyenne) voulons Interdire de manière efficace la publicité des produits les plus émetteurs de GES sur tous les supports publicitaires, réguler la publicité pour limiter fortement les incitations quotidiennes et non-choisies à la consommation, mettre en place des mentions pour inciter à moins consommer du type « En avez-vous vraiment besoin ? » ou «  La surconsommation nuit à la planète. »

Cette remise en cause de l’emprise publicitaire ne provient pas d’une mouvance anti-publicitaire, mais d’une représentation de la population française, la conférence citoyenne pour le climat. La lutte contre le dérèglement climatique est en effet incompatible avec le martellement marchand dont la fonction est l’incitation permanente à la consommation. Cette entreprise qui fait le vide dans nos cerveaux ne vend pas des produits mais un imaginaire, elle ne vend pas du savon mais de l’élégance, elle ne vend pas des voitures mais des solutions de mobilité… Le thème du bonheur est omniprésent dans les messages publicitaires. Pour les agences publicitaires, le bonheur, la beauté, le plaisir ne résultent que des pratiques consuméristes. Il y a un déséquilibre effroyable entre les trois à quatre messages qui nous incitent à la sobriété comparés aux 400 à 3 000 messages publicitaires faisant quotidiennement l’apologie de produits que nous subissons à notre insu de notre plein gré. Les commentateurs sur lemonde.fr en rajoutent :

LEFG : la responsabilité de la publicité mais aussi des films, des séries télévisuelles sur le comportement humain ont une influence certaine sur nos comportements et la hiérarchie des valeurs qui motivent nos actes. Cette incidence est vraisemblablement différente au regard du niveau de culture de la population concernée et de son pouvoir critique de l’information délivrée. Toutefois la rapidité et la masse de l’information délivrée, l’homogénéité des comportements représentés, la durée de notre exposition croissante passée devant les écrans laisse hélas présager un émoussement de notre pouvoir critique…

boomer :Tout le monde veut du gratuit, de wikipedia à la météo et aux sites people. Si vous obtenez quelque chose gratuitement, c’est que quelqu’un l’a payé pour vous et c’est pour cela que internet, la télé et les événements sportifs sont envahis de pub.

D accord : Si on supprime la publicité, il n’y a plus de secteur automobile, plus d’avions, plus de nouvel achat (car recyclage ou achat d’occasion ), plus de téléphonie mobile ou de télévision, plus d’ordinateurs autre que ceux qu’on a déjà… J’oubliais, pour la confection, pas d’importation, on réutilise les vêtements existant et au maximum une tenue / habitant.

LJ : On peut aussi se passer de résidence secondaire, de voiture, de smartphone car même si l’on peut se payer les fruits du progrès, la vraie question est : ce progrès-là a-t-il un sens ? Indubitablement, un smartphone fait du sens car je remplace cinq objets par un seul. Une voiture alors que je vis en ville, non. Une résidence secondaire, une crème antirides à cent balles non plus. Depuis quelques années je me passe complètement de vacances à l’autre bout du monde, voire de vacances tout court et je ne m’en porte que mieux… L’accumulation forcenée ne rend pas plus heureux…

Quart-Vittel : «un smartphone fait du sens car je remplace cinq objets par un seul.» Et même six quand on ajoute le cerveau de l’utilisateur !

Sarah Py : La publicité n’est pas de l’information mais de la séduction, voire de la manipulation, le fameux cerveau disponible. Cette constatation me semble l’évidence. Réguler dès lors la publicité devient logique. La réguler sans rupture, compter sur la maturité des individus qui contraint l’imagination des publicitaires, cercle vertueux qui ne résout pas la question de la place qu’occupe l’acte de consommer, de posséder, d’accumuler dans nos structures mentales.

Gaston : horreur, ne plus consommer à tire-larigot, mais que vont faire les femmes qui passent leur vies dans les magasins de fringues et de chaussures et les hommes devant les écrans a baver devant les voitures en ventes .…

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

14 juin 2020, La publicité commerciale est indéfendable

13 juin 2020, La publicité dévore la planète et nous avec

4 mars 2020, L’urgence climatique interdite de publicité

12 décembre 2019, « Casseurs de pub » vingt ans après

7 janvier 2019, Damnation, les médias aux ordres des publicitaires !

23 mai 2018, publicité pour Nutella = disparition des orang-outan

2 février 2016, Faire disparaître les riches, l’innovation… et la publicité

18 janvier 2016, Un premier pas vers la fin de la publicité… pour enfant

30 décembre 2015, Ascèse ou désir, l’emprise de la publicité sur nos vies

26 novembre 2014, Action municipale contre la publicité, autres actions…

6 septembre 2014, Halte à la publicité sur les chaînes publiques et privées

3 décembre 2013, « déboulonneurs » de publicité, des publiphobes ?

4 septembre 2013, Publicité, désinformation et dévastation du monde

3 septembre 2013, Publicité, règne des marchands et de la propagande

2 septembre 2013, La publicité ne relève pas de la liberté d’expression

26 juin 2012, Devenons casseurs de pub, soutenons les déboulonneurs

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Emmanuel Macron, l’antithèse des Amish

«  La sortie d’Emmanuel Macron sur la 5G et les Amish ». La demande d’un moratoire faisait partie des 149 mesures proposées par les citoyens de la convention climat que le chef de l’État s’était engagé à reprendre. Pourtant Macron montre son incompétence écologique. « Oui, la France va prendre le tournant de la 5G », a lancé Emmanuel Macron devant des entreprises du numérique, en ironisant sur ceux qui préféreraient « le modèle amish » et le « retour à la lampe à huile ». Les enchères pour l’attribution des fréquences débutent fin septembre 2020, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) ne rendra ses travaux sur les effets sanitaires qu’en mars 2021.

« Emmanuel Macron a fermé le débat avec arrogance et mépris » : le déploiement de la 5G électrise l’Assemblée nationale qui s’inquiète de l’absence de débat politique

Pour en savoir plus sur les Amish à mille lieux de la 5G :

Totalement autonomes, les Amish vivent en micro-autarcie. Pas un moteur dans ces fermes. Pas un tracteur, pas une automobile. Ni radio, ni télévision, ni téléphone, ni réfrigérateur, ni aspirateur, ni d’ailleurs d’électricité, de gaz ou d’eau courante. Seule source d’énergie en vue, un occasionnel moulin à vent. Samuel Beiler, un Amish : « Nous ne sommes pas contre l’instruction. Nous sommes contre celle qu’on donne dans vos écoles… Jamais de mémoire d’homme un Amish ne comparut devant un tribunal pour un délit autre que le refus d’envoyer ses enfants à l’école. » La Cour suprême américaine vient de donner officiellement le droit au Amish, en plein âge nucléaire, de continuer à vivre en un temps révolu et de le perpétuer à travers leurs enfants. Pour la Cour suprême, l’Etat du Wisconsin n’a pas prouvé que l’éducation d’une high school était indispensable pour faire un bon citoyen. Les attendus : « Une façon de vivre qui nous paraît étrange mais qui n’interfère pas avec les droits ou intérêts d’autrui ne saurait être condamnée parce qu’elle est différente, et rien ne nous permet de présumer que la majorité actuelle a raisons de vivre comme elle vit et que les Amish ont tort de mener leur vie comme ils la mènent… (article daté du 15 juin 1972)». L’Amish était en 1972 un objecteur de croissance, il le reste aujourd’hui en 2020.

Pour en savoir plus sur la 5G grâce à notre blog biosphere :

21 août 2020, 5G, les humains aiment trop la bagarre

4 juillet 2020, 5G, technolâtres contre techno-réalistes

3 juillet 2020, L’obsolescence programmée par la 5G

11 janvier 2020, La 3G évitable, 4G superflue, 5G inacceptable

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exemplarité des membres d’un parti écolo

Proposition à transmettre à tout parti qui se veut écolo : mettre le principe de sobriété personnelle comme ligne de conduite de ses adhérents. En effet un parti écolo a une grande supériorité sur les autres partis, ses membres peuvent montrer l’exemple de ce qu’il faut personnellement pratiquer, la sobriété personnelle. En effet l’expression de Gandhi, « soyez le changement que vous voulez voir dans le monde » s’applique parfaitement à l’objectif de militants écolos qui veulent que changent les comportements dans un contexte d’urgence écologique. Il est nécessaire d’établir une continuité entre la théorie et la pratique, entre les mots et les actes. Nous protégerons d’autant mieux la planète que nous auront pris soin de vivre personnellement comme il faudrait vivre pour protéger le sort des générations futures, la biodiversité et la pérennité des ressources terrestres. Un des fondateurs de l’écologie politique Arne Naess s’exprimait ainsi dans son livre de 1976, « Ecologie, communauté et  style de vie » :

« En définitive, toutes nos actions et toutes nos pensées, même les plus privées, ont une importance politique. Si j’utilise une feuille de thé, un peu de sucre et de l’eau bouillante, puis que j’en bois le produit, je soutiens le prix du thé et du sucre et, plus indirectement, j’interfère dans les conditions de travail au sein des plantations de sucre et de thé dans les pays en voie de développement. Pour chauffer l’eau, j’ai probablement utilisé du bois ou de l’électricité ou un autre type d’énergie, et ce faisant, je prends part à la grande controverse concernant l’utilisation de l’énergie. J’utilise de l’eau et prends aussi part à une myriade de problèmes politiquement brûlants qui concernent les réserves d’eau. J’ai donc une influence politique quotidienne. »

Nous, militants écologistes, nous mangeons de préférence bio et de proximité. Nous pratiquons au minimum le lundi végétarien et évitons les nourritures industriellement transformées. Nous refusons les mécanismes publicitaires et ceux de la mode, nous proscrivons l’achat inutile et le besoin artificiel. Nous sommes allergiques au tabac et au cannabis, abstinent quant aux vins et autres alcools. Nous faisons preuve de sobriété énergétique, ce qui implique de limiter au maximum nos déplacements dans des engins motorisés. Pour les plus avancés d’entre nous, nous n’avons ni télévision, ni carte bancaire, ni voiture, encore moins de smartphone. On peut vivre sans, il suffit de s’organiser autrement. Quand nous allons au bout de notre prise de conscience, nous cultivons aussi un lopin de terre et/ou plantons des arbres fruitiers. Cessons d’attendre que le système change, il ne changera pas sans nous.

Mais acquérir le sens des limites ne doit pas être réservé aux militants écolos. Nous attendons des autres qu’ils fassent de même. La sobriété doit être partagée. L’exemplarité de notre comportement devrait provoquer un effet boule de neige. Avec nous, tous nos concitoyens seront mieux à même de prendre conscience qu’on ne peut pas vivre sur une planète préservée si nous continuons à vouloir aller plus vite, plus loin, plus souvent et beaucoup moins cher. Nous ne restons impuissants devant la dégradation de notre biosphère que si nous le voulons bien.

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Pieds nus pour renouer avec la Terre

Marcher pieds nus, c’est pratiquer le earthing ou « connexion à la terre ». La liste des bénéfices est longue, c’est un excellent anti-inflammatoire à condition d’y passer au moins une heure, cela régénère les tissus, fluidifie le sang, diminue la fatigue. D’un point de vue biomécanique, on renforce ses muscles, sa stabilité, et on s’assouplit parce qu’on déroule mieux le pied qu’avec une semelle. On s’offre ainsi une séance de réflexologie naturelle. Par ailleurs on se blesse finalement peu parce qu’on est plus attentif au terrain et que la peau sous le pied se renforce au fur et à mesure de la pratique. Ceux qui ont déjà l’habitude de marcher pieds nus peuvent s’essayer au barefoot, la courses sans chaussures. Il y a une section française du site Internet «barefoot Runners Society » fondée le 11 août 2011. Alors, débutants ou passionnés, nous devrions tous oser de temps en temps enlever nos chaussures et fouler le sol de nos pieds nus. Le plaisir viendra en plus ! (Kaizen juillet-août 2020, page 74 à 76).

Nous n’avons pas attendus cet article pour faire la promotion des pieds nus, des seins nus et de la nudité tout cours sur ce blog biosphere :

28 février 2020, Sexualité, seins nus et Cour de cassation

9 février 2020, Sport spectacle, pieds nus et tout nus

7 août 2018, Nudité ou burka sur les plages, à chacun son propre choix

10 mai 2018, Enfants coupés de la nature, civilisation sans âme

5 janvier 2015, Christiane Lecocq, la liberté d’être complètement à poil

8 août 2008, les JO ? Plutôt courir pieds nus !

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Retour sur Terre, retour à la terre, survivre

« Retour sur Terre »*, trente-cinq mesures radicales pour réduire drastiquement notre empreinte carbone. Sept figures de l’écologie, emmenées par le philosophe Dominique Bourg, appelle ni plus ni moins à une « bascule de civilisation » pour maintenir l’habitabilité de la planète. Les auteurs appellent à « décélérer brutalement » nos consommations avec l’objectif de réduire l’empreinte écologique à moins d’une planète (contre 1,7 aujourd’hui) afin de ne pas consommer plus de ressources que la Terre ne peut en régénérer. Les Français se verraient attribuer des quotas individuels de consommation, décidés par référendum. « Chaque produit serait marqué d’un prix en énergie/matière, et chaque achat serait reporté sur un compte personnel », détaille le collectif. Le programme propose aussi de relocaliser au maximum l’activité « par un protectionnisme coordonné et coopératif au niveau international », de réduire les écarts de revenus, de supprimer les paradis fiscaux, de cesser les subventions aux énergies fossiles, d’effacer 70 % de la dette française ou encore de mettre fin à l’indépendance des banques centrales et de nationaliser totalement ou partiellement le secteur bancaire. Dans le domaine de l’agriculture, les auteurs veulent aller vers une « agroécologie décarbonée » et désirent « réempaysanner les terres ». Au niveau politique. Retour sur Terre envisage la création d’une chambre du futur, pour « représenter le temps long », aux côtés de l’Assemblée nationale.

Selon l’article du MONDE, «il paraît difficile d’imaginer les citoyens se priver drastiquement face à une menace climatique qui n’est pas encore aussi palpable que le Covid-19. » Selon « Retour sur Terre », ils décrivent un horizon propice à la mise en mouvement de la société. Selon notre blog biosphere, de toute façon un jour ou l’autre l’issue des crises socio-écologiques passera par une politique de rationnement comme dans une économie de guerre, avec production orientées dans le sens de la résilience et de l’autonomisation locale. On n’en est pas encore là, mais on commence à en causer ailleurs que sur ce blog. La notion de sobriété heureuse commence à faire son chemin et le gouvernement actuel ose employer le mot « décroissance » même si c’est pour le dénigrer aujourd’hui avant de l’adopter après-demain. Certains adeptes de la simplicité volontaire sont à l’avant-garde, les plus conscientisés pratiquent le retour à la terre pendant que les survivalistes s’enterrent.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

8 septembre 2019, la BAD, base autonome durable

6 septembre 2019, Survivalisme selon Piero San Giorgo

5 septembre 2019, Survivaliste à 8 ans, Yves Cochet a 73 ans

19 juillet 2019, Le survivalisme, pour résister à l’effondrement

26 mars 2018, Devenir survivaliste ou résilient en cas de catastrophe

9 novembre 2016, Etre ou ne pas être survivaliste face au chaos

14 décembre 2011, survivre à l’apocalypse, les survivalistes

3 septembre 2008, survivre aux survivalistes

* Retour sur Terre. 35 propositions, de Dominique Bourg, Gauthier Chapelle, Johann Chapoutot, Philippe Desbrosses, Xavier Ricard Lanata, Pablo Servigne et Sophie Swaton (PUF, 96 pages, 5 euros).

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SVP, ne pas confondre culturel et élitisme

Le mot « culture » est polysémique, voici d’abord son sens sociologique : la culture constitue un ensemble complexe englobant les connaissances, les croyances, la morale, les lois et coutumes, tout ce qui est issu d’une socialisation qui permet à un individu de s’insérer dans une société en adoptant son langage. Si nos phrases ont en sens pour autrui, c’est qu’elles s’inscrivent dans un jeu de langage dont les règles sont connues de nos interlocuteurs. Bref, c’est l’appartenance à une même culture qui nous fait parler et vivre notre communauté. Mais dans le sens ordinaire du mot culture, il s’agit de formation de l’esprit où on étudie les œuvres d’art et écoute de la « grande » musique, tout ce qui fait l’esprit cultivé des sociétés bourgeoises. Les activités culturelles de ce type sont en France une priorité, c’est la politique de l’élitisme pour tous. De Malraux aux politiques de la ville, on démocratise l’accès à la culture, on veut atténuer la fracture sociale. Mais la politique de l’offre culturelle n’a pas crée de nouveaux publics, les classe populaires et modestes ne se reconnaissent pas dans cette culture qui reste le reflet des seules activités de la bourgeoisie. Pourtant c’est cette dernière conception que défend Michel Guerrin (Rédacteur en chef au « Monde ») :

« Jusqu’aux municipales 2020 on se souciait peu du programme culturel des écologistes. Mais ils ont pris Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Besançon, Annecy, Poitiers, Tours… Comme les villes sont le premier financeur de la création, les milieux de l’art s’échauffent. Ils ont plus à perdre qu’à gagner. Les théâtres, musées et opéras, bâtiments imposants souvent plantés au centre-ville, se taillent la part du lion dans un budget culturel municipal. Autour de 80 % si on les met ensemble. Les écologistes estiment que ces institutions attirent surtout les élites et veulent mettre l’accent sur une culture populaire, participative. Autant dire que l’argent pourrait être distribué autrement. Le monde culturel de l’écologiste Eric Piolle, en place à Grenoble depuis 2014, c’est plutôt un modèle à fuir ; l’édile grenoblois a supprimé du jour au lendemain les 438 000 euros de subvention à la formation classique des Musiciens du Louvre, il a fermé la salle de concert Le Ciel, baissé de 100 000 euros la subvention à la prestigieuse Maison de la culture MC2 (à ne pas confondre avec une MJC). Le laboratoire grenoblois explique en grande partie l’extrême méfiance du monde culturel envers les écologistes. Un pays a besoin de théâtres, musées ou Opéras prestigieux… »*

Le choc des deux cultures se retrouve dans les commentaires sur lemonde.fr :

XX : Le Grenoble bashing en action ! Dans les milieux parisiens pas de pitié pour « les tueurs » des musiciens du Louvre ! Mais personne n’est allé voir de près pourquoi ! Un orchestre coûte cher, alors s’il ne remplit pas ses missions envers la mixité d’accès à l’excellence, aucune raison de maintenir un coût aussi élevé dans une ville qui paye encore les dérives financières de Carignon ! La culture subventionnée de ce pays profite aux plus aisés. De gros efforts sont faits certes mais il faut tenter d’autres approches. Alors cessons de considérer comme des crimes de lèse majesté toute alternative!

Souabe : Ancien vert dès la fin des années 70 je considère ce parti avec une incompréhension croissante. La culture n’a jamais été « démocratique, c’est obligatoirement le résultat du travail d’un individu qu’il s’agit d’un peintre, musicien ou autres. Inviter un maximum de gens à y participer et à partager oui, détruire l’opéra et autres lieux de culture c’est du barbarisme.

Nicolas84 : Les citoyens choisissent la culture qui leur convient. Faut-il rappeler que pendant le confinement le manque d’accès à la culture était cité en dernier, bien après les bars et les restaurants ?

Jfb : Vive le rap, le hip-hop, le street-art, etc… Adieu Mozart, Molière, Verdi, etc.

6russe de 5chameaux : Pas sur que le style de vie des rappeurs trouve grâce aux écolos……. Beaucoup trop de CO2 dans la virée en avion/ lambo avec les filles peu farouches et peu vetues. Ce sera danse tantrinque à la MJC avec WE randonnée et nuit dans une chevrerie bio du Vercors.

Marabbeh : Je suis ébahi que 80% des budgets soient consacrés à des lieux culturels qui n’intéressent pratiquement que 20% des habitants d’une ville. Je fais partie des autres, ceux qui n’aiment ni théâtres, ni musées encore moins opéras, et je me réjouis de la démocratisation de la culture.

Un commentateur français @ Marabbeh, Vous que n’aimez ni théâtres, ni musées, ni opéras, mais vous gavez de chips devant des séries Netflix, vous aurez la culture que vous demandez et que vous méritez : des soirées Harry Potter sur la place de l’Hôtel-de-Ville, des lectures de Guillaume Musso sur les quais, des rétrospectives Fort boyard ou Intervilles sur écran géant, des tournois de foot de rue à gogo… Tant pis pour une certaine idée de l’art, qui s’épanouit depuis la Renaissance et a donné tant de chefs-d’œuvre. Je pleure sur la médiocrité de mes contemporains.

Peps72 0 : Tremble culture officielle d’Etat nombriliste et élitiste, ça commence à se voir qu’il existe également une noblesse culturelle privilégiée qui ne représente plus personne. Perso j’aime beaucoup le réflexe idéologique du journaliste qui dans un article de taille moyenne traitant d’un sujet aussi vaste que la culture dans les villes en général descend à un niveau de détail tel qu’il nous signale que le metteur en scène grenoblois intervient dans les prisons… non mais quelle grosse ficelle idéologique (intervenir dans les prisons = faire du social = être quelqu’un de bien = mériter les subventions de la ville = victime de fascisme si on ose diminuer ou ré-allouer les budgets). D’ailleurs le terme « populisme » utilisé par ce metteur en scène en dit plus long sur son arrogance que sur l’édile censé être visé par cette insulte…

Cartesien : Vive la culture locale! On remplace les acteurs, les chanteurs traversant Europe ou la planète en avions par des artistes locaux. Ça favorisera la diversité et évitera l’homogénéisation planétaire de la culture. Meilleur bilan carbone et dépense moindre

Fontaine : Molière, Mozart, Verdi font partie de la culture populaire. Rappelez-vous par exemple qu’en Italie l’opéra a été longtemps un art populaire et que Molière a commencé par le théâtre de tréteau. Une élite se sont appropriés ces auteurs, il faut les rendre à tous maintenant.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

6 septembre 2018, Le show-biz se lance dans la bataille climatique

23 mai 2017, L’écologie ne semble pas inspirer les artistes

* L’expérience de Grenoble explique en grande partie l’extrême méfiance du monde culturel envers les écologistes

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Le colibri, emblème de l’écologie en marche

« « Faire sa part » : c’est le mot d’ordre du mouvement Colibris, l’organisation créée en 2007 sous l’impulsion de Pierre Rabhi, chantre de l’agroécologie et de la sobriété heureuse. Or le changement climatique tient pour beaucoup au fonctionnement des grandes structures qui forment le socle de l’économie mondiale ; les productions énergétique et alimentaire sont fortement émettrices de gaz à effet de serre, ce qu’une modification des comportements individuels n’est pas en mesure de changer rapidement. Ainsi, « faire sa part » est incontestablement une belle idée, mais c’est aussi une idée dangereuse. Si le colibri se contente de chercher à éteindre seul l’incendie, la fin de la fable ne fait guère de doute : la forêt a brûlé et les animaux sont morts, et le colibri avec eux. Les tenants du marché libre trouvent aussi leur intérêt dans la diffusion de cette vulgate ; les idées des Colibris peuvent aussi être cuisinées à la sauce néolibérale. Puisque les prises de consciences individuelles feront évoluer la demande des consommateurs, les modes de production finiront par devenir eux aussi plus vertueux. De contraintes réglementaires, il n’est nul besoin : la loi du marché se charge de tout…  » (Stéphane Foucart)

Cette analyse ne dit rien de l’effet de masse recherché par l’exemplarité individuelle. La fable du colibri présente un minuscule oiseau qui essaie à lui seul d’éteindre un incendie pendant que les autres animaux fuient. Cela pose le principe de la responsabilité individuelle, « faire sa part » induit normalement que la modification du comportement individuel produise un changement collectif. Ne rien faire à titre individuel, c’est trop facile ; c’est toujours la faute des autres, des multinationales, des politiques, de l’Europe… Dans son livre No impact man, Colin Beavan pose clairement le problème. Les pratiquants de la simplicité volontaire espèrent une « réaction en chaîne » : plus nous serions nombreux à les imiter et à diminuer son empreinte écologique, plus la nécessité de limiter ses besoins se répandrait dans la société, plus les politiques se mettraient au diapason du comportement de leurs électeurs. Les multinationales du système thermo-industriel commencent à penser à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre parce que nous sommes de plus en plus nombreux à le vouloir et à l’exprimer. Nous agissons par mimétisme ou interaction spéculaire, en miroir : tu fais parce que je fais parce que nous faisons tous de même. Un seul individu « fait sa part », là où 7 milliards aujourd’hui sont appelés à faire la leur. Qui aurait parié un kopek sur Gandhi ou Mandela au démarrage de leur action, ou sur un général parlant aux Français à la radio depuis l’Angleterre…

Le mouvement Colibri, tout marginal qu’il soit encore, est plus proche d’une avant-garde éclairée que les armées de réacs ricanants, surconsommateurs décomplexés et autres imbéciles jemefoutistes qui éructent sur les Khmers verts et fantasment sur le retour à la bougie…

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L’effet débond et la définition du suffisant

« Nous consommons trop, nous produisons trop, nous polluons trop, nous détruisons trop, collectivement. La décroissance doit être une décroissance des inégalités. Cette décroissance des inégalités ne doit en aucun cas se traduire par une augmentation du pouvoir d’achat global , cela ne saurait constituer un objectif raisonnable. Comment croire sérieusement qu’il ne faudra pas réduire aussi la production et, avec elle, faire baisser le revenu moyen ? Il nous faut abandonner le mécanisme d’ostentation, cette logique de « compétition positionnelle », cette volonté de vouloir dépasser les autres qui est un moteur de la croissance économique et qui devient un jeu à somme négative. Cette logique digne des Shadoks démontre l’incapacité à appréhender la question du suffisant … (Baptiste Mylondo) » 

Bien entendu certains commentateurs sur lemonde.fr y vont de leur méchanceté gratuite : « On a déjà essayé dans les pays communistes… Bienvenue en URSS… En général, définir le et limiter au suffisant aboutit à ce que le nécessaire ne soit pas produit… Ce rêve égalitaire de décroissance supposerait la fin des libertés pour tous… On a le cours du prof de philo, manque juste celui du prof de TP. Une paille… ça commence à devenir lassant ces tribunes du Monde qui disent la même chose… » Les commentaires du genre « bienvenue en URSS » me font franchement rire ! Ils ne voient pas qu’aujourd’hui, les producteurs et leurs publicitaires décident pour nous, ce qu’on appelle la filière inversée. Mais d’autres vont à l’essentiel : « Qui va définir ce qui est suffisant? Quel contenu mettre dans ce terme? Est-ce avoir un toit, trois repas par jour et un service de santé ? Y ajouterait-on la culture, mais là on entre dans une spirale infernale ? » Si on considère que la croissance est un choix de société, la décroissance pourrait en être un autre. Voici quelques modalités du suffisant rapportées par le livre qu’a supervisé Mylondo en 2009 :

Les stratégies de débond vont à l’opposé des stratégies de rebond. Il faut identifier les facteurs limitant : temps, monnaie, infrastructures, propriété, aliénation, inégalités. Des activités telles que le jardinage, la randonnée, les repas qui s’étirent en longueur, l’usage de la bicyclette réduisent le temps disponible pour d’autres activités polluantes ; elles créent un « débond temporel ». La baisse du temps de travail et le partage du travail est incontournable. Une période de crise est un moment privilégié pour passer par exemple à la semaine de trois jours. Il s’agit globalement d’allouer plus de temps à la rencontre humaine, à la relation avec la nature, plutôt qu’à produire et consommer. Limiter la monnaie, c’est réduire la capacité financière d’exploiter. Ce serait une politique de décroissance post-keynésienne, dans le sens où elle agirait sur le budget et la monnaie mais viserait à réduire la demande plutôt que de l’augmenter. Une autre piste consiste à remplacer les monnaies existantes par des monnaies alternatives locales. Les politiques de décroissance réduisent les infrastructures dédiées à la production et à la consommation, par exemple les infrastructures de transport. De manière très concrète, il faut diminuer les incinérateurs, les aéroports, les autoroutes, les lignes haute tension, les infrastructures touristiques, etc. Il s’agit de promouvoir des infrastructures basées sur le local.

Les droits de propriété sont des droits à exploiter. Il faudrait donc réduire les droits de propriété sur le biologique, le sol et les minéraux ainsi que la capacité à exploiter. Par ailleurs les droits de propriété sont des freins à la mutualisation de nombreux biens et donc à la satisfaction individuelle et collective des besoins. L’information sur l’effet rebond doit être diffusée ; cette sensibilisation peut en réduire l’ampleur. Favoriser une prise de conscience impliquerait évidemment d’imposer des restrictions à l’industrie de la publicité. Il s’agit globalement de promouvoir la communication et la compréhension mutuelle et de réduire la dépendance extrême au confort, la peur de la nature, la non-compréhension des conséquences de nos actions. Limiter l’incitation à la production et à la consommation liée aux inégalités nous invite à explorer les solutions telles que le revenu maximal, le revenu minimal inconditionnel, la remise en question du secret bancaire et fiscal. Bien sûr cela passe par l’exploration de toutes les possibilités liées à la réduction de l’échelle des salaires et à la valorisation du travail bénévole. (François Schneider) 

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