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électricité, les inconvénients d’un avantage

De côté production, le parc nucléaire français compte aujourd’hui trente-deux réacteurs de 900 mégawatts (MW ) en activité, vingt réacteurs de 1 300 MW – dont deux à la centrale de Flamanville, depuis les années 1980 – et quatre de 1 450 MW. On va ajouter l’EPR (European Pressurized Reactor) de Flamanville. Avec près de douze ans de retard, EDF a commencé à charger le combustible dans le cœur du réacteur nucléaire à eau pressurisée européen et disposera de son réacteur le plus puissant, soit 1 600 (MW).

Du côté consommation, le réseau électrique français de distribution fait 35 fois le tour de la Terre, soit 1,4 million de kilomètres de lignes.

Marche forcée de la production électrique

Le chantier de l’EPR a duré seize ans et cinq mois, il devait initialement s’achever en juin 2012. Ses coûts de construction ont quadruplé par rapport à l’estimation initiale : ils atteignent 13,2 milliards d’euros en décembre 2022. Mercredi 8 mai 2024, EDF a annoncé avoir commencé le premier chargement du combustible nucléaire. Dans les semaines à venir, des essais pour permettre la divergence, c’est-à-dire le début de la fission nucléaire. Ensuite, en principe à partir de l’été, ce sera le moment du raccordement au réseau électrique. Théoriquement, « Flamanville 3 » a été conçu pour fonctionner durant soixante ans. Emmanuel Macron envisage la construction d’au moins six nouveaux réacteurs, voire de huit autres par la suite.

électrification à marche forcée des usages

Pour transporter l’électricité des lieux de production éloignés de ceux de consommation, les réseaux constituent l’infrastructure la plus complexe jamais construite par l’homme. A chaque fois que l’on appuie sur un interrupteur, c’est un peu de l’ordre d’un miracle qui se produit car la production doit toujours égaler la consommation. En 1998, par exemple, lors de la finale de la Coupe du monde de football, pendant que les supporteurs exultaient, les gestionnaires du réseau, eux, ont dû faire leur possible pour compenser, à la mi-temps, un écart préoccupant entre la production et la consommation d’environ 1 500 mégawatt (MW) en moins, presque l’équivalent de la production d’un réacteur EPR. Très centralisé, en forme d’étoile, ce réseau, structuré par l’énergie nucléaire, n’est pas conçu pour accueillir de l’électricité venant d’une foule de sites différents. La solidité de ces infrastructures sera à l’épreuve d’événements climatiques plus fréquents. Des conflits armés s’attaquant à ces infrastructures seront encore plus violents.

Le point de vue des écologistes débranchés

Complication sans fin de notre royaume électrifié ! Plus les infrastructures se complexifient dans le temps, plus elles sont fragiles et susceptibles d’erreurs, de bugs, d’intrusions. Règle intangible. On le sait. Notre extrême dépendance au quotidien à ces systèmes fragilisés deviendra très problématique dans l’avenir avec les conséquences en cascade que l’on peut imaginer. Le toujours plus porté par le capitalisme trouvera ses limites d’autant que les conséquences du réchauffement climatique lui porteront des coups difficiles à surmonter. La théorie du chaos est à prendre au sérieux.

Sans électricité la vie d’une nation « moderne » s’arrêterait immédiatement. Or l’électricité n’est pas un besoin fondamental, l’électricité ne sera pas toujours facile à produire, nous avons donc besoin d’autres modèles de comportement. Il est possible de vivre sans électricité, à l’ancienne.  Par exemple l’électricité a été strictement contrôlé par les Amish car, en plus du fait qu’être relié au réseau électrique aurait rompu la séparation avec le monde moderne, le confort et la multiplicité des objets de loisirs (télévision, téléphone, portable…) amène la destruction des valeurs traditionnelles, le rejet de la notion de labeur, la détérioration de la paix du foyer et la dégradation des rapports communautaires. C’est pourquoi les Amish ont décidé qu’aucune technologie les liant au monde extérieur ne viendrait perturber leurs vies et leurs principes : « L’harmonie de la nature, de la famille et de la communauté »

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électricité coupée, plus rien ne fonctionne

extraits : Je travaille régulièrement en Afrique depuis 30 ans et, là-bas, tout le monde est habitué aux coupures, même dans les capitales. Personne n’est jamais prévenu et les coupures peuvent durer de 2 heures à .. 15 heures d’affilée. Beaucoup plus embêtant, les coupures d’eau : raison pour laquelle dans toutes les salles de bain vous trouvez une bassine ou un seau d’eau, régulièrement approvisionnés. Et on apprend très vite à se laver avec un godet dans une main, le savon dans l’autre ! ….

Électricité, avantage et inconvénients

extraits : Dans mon petit carnet de notules le 16 septembre 1972 j’imaginais ainsi le monde à venir : « Les vapeurs toxiques commencent à diminuer d’intensité. Les foyers peuvent dès à présent ouvrir l’électricité, mais pas plus de 3mn et 45 secondes… » L’électricité à volonté n’aura eu qu’un temps. En 1879, Thomas Edison inventa l’ampoule à incandescence. Depuis notre univers n’est plus le même. Aujourd’hui sept millions d’éclairages urbains, lampadaires, candélabres et autres boules lumineuses entretiennent un obscur presque clair jusque dans les villages les plus reculés de France. Cette consommation d’énergie atteint six milliards de kilowatts heures, soit 2,5 réacteurs nucléaires qui ne servent en définitive qu’à éclairer le ciel….

Électricité, les scénarios de RTE pour 2050

extraits : Sobriété énergétique, je crie ton nom. Aux États-Unis au début du XXe siècle, il a fallu 46 ans pour qu’un quart de la population adopte l’électricité. Lénine suivait alors le courant : « Le communisme, c’est l’électricité plus les soviets. » Aujourd’hui il faudrait s’attaquer à la « pauvreté énergétique », le monde entier se devrait d’adopter le modèle de la civilisation thermo-industrielle. Demain, les coupures généralisées de courant seront sans doute le premier signe de l’effondrement de cette civilisation…..

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Prostitué, un travailleur comme un autre

Autre endroit, autres mœurs ! Un grand pas est fait par la Belgique vers la normalisation de la prostitution, au moment même où le gouvernement français réaffirme le choix d’une politique abolitionniste. En Belgique, les « travailleurs du sexe » pourront avoir un contrat de travail. C’est une première mondiale. En France, on reste répressifs. La prostitution y est autorisée, mais sans client, puisque c’est un délit d’être client d’un(e) prostitué(e). On devrait naturaliser Kafka à titre posthume.

Belgique

Depuis une loi votée au printemps 2022, il est déjà possible pour les milliers de prostitués du pays (des femmes à 95 %) d’exercer sous un statut d’indépendant. Le Parlement fédéral a adopté, dans la nuit du 2 au 3 mai 2024, une loi qui permet aux prostituées d’avoir accès aux mêmes droits du travail que les autres salariés. Le texte va plus loin en donnant à ceux qui s’y livrent la possibilité de signer un contrat de travail, censé garantir aussi bien une couverture sociale large que le respect des règles qui encadrent la durée du temps de travail, la rémunération et les règles de sécurité. Seuls les employeurs qui auront reçu un agrément pourront légalement salarier des prostitués, les autres continueront d’encourir le risque de poursuites pour proxénétisme. Le ministre de l’économie et du travail a défendu la philosophie de décriminalisation : « Les formules de prohibition ou, pire, l’hypocrisie avec laquelle on traite ces questions de société ne sont pas la solution. Je préfère regarder la réalité en face, même si cette réalité est violente, crue, même si elle questionne toute une série de fondements de notre société. » Cette loi est adoptée à une large majorité (93 voix pour, 33 abstentions, aucune voix contre) .

C’est très bien. Je reprends le bon mot de Charline Vanhoenacker qui disait à peu près : « n’avez-vous pas remarqué que lorsqu’on regarde la carte, la Belgique est comme le cerveau posé sur la France ? »

France

Présentée le 2 mai 2024, la nouvelle stratégie de l’exécutif tient pour l’essentiel à mieux faire appliquer la loi de 2016, qui avait notamment supprimé le délit de racolage, instauré la pénalisation des clients et créé un parcours de sortie de la prostitution. Depuis son vote il y a 8 ans, sa mise en œuvre était plus qu’hétérogène. Alors que 40 000 personnes (94 % de femmes) sont en situation de prostitution, seules 1 747 d’entre elles ont bénéficié, depuis 2017, d’un parcours de sortie de la prostitution. La nouvelle stratégie reste floue sur l’attribution de fonds supplémentaires alloués à cette mission. De nouvelles formes de prostitution sont apparues depuis la loi de 2016, comme l’essor de la prostitution en ligne.

Les partisans du modèle réglementariste estiment de leur côté que le commerce du sexe est une activité professionnelle qu’il convient au contraire d’encadrer. Plusieurs associations de « travailleurs du sexe » ont d’ailleurs déposé, en décembre 2019, un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme pour demander l’abrogation de la loi de 2016.

Le point de vue des écologistes adeptes du péché de chair

L’exercice de la sexualité procure naturellement du plaisir quand on se laisse aller. Il n’y a prostitution que parce qu’il y a frustration. Si les humains passaient plus de temps à faire l’amour comme les Bonobos, sans esprit de conquête et chaque fois qu’il faut réduire les tensions sociales, sans doute n’y aurait-il plus de prostitution (ni même de guerres). Comme on disait en d’autres temps, « peace and love », l’amour et la paix. L’amour libre, le sexe libéré, implique aussi de lutter contre les rapports de domination. . Les rapports de domination ne s’exercent pas seulement dans la sexualité, mais dans tous les domaines de la société. Comme tout travail, la prostitution peut être libre ou subie ; le seul moyen efficace de mettre fin à la contrainte d’un supposé « système prostitutionnel » est de rendre les prostitués, hommes et femmes, libres de leur force de travail…

Réconcilier nature (plaisir sexuel) et culture (règles régissant le rapport entre les sexes), n’est-ce pas là l’objectif premier des écologistes ?

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Prostitution, un cas de discrimination

extraits : Selon le discours des Verts français, « La prostitution n’est pas un élément naturellement constitutif de la vie en société. » C’est vrai, la sexualité tarifée relève du culturel. Mais la sexualité ordinaire aussi. Il n’y a donc aucune règle définitive qui puisse nous permettre de privilégier a priori la répression totale de la prostitution ou la légalisation intégrale des travailleurs du sexe. Le 1er juin 2022, la Belgique est devenue le premier pays européen et le deuxième au monde, après la Nouvelle-Zélande en 2003, à décriminaliser la prostitution….

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Liberté de la presse et démocratie en lambeau

Guerres économiques, guerres idéologiques, guerres de propagande, nous sommes en guerre et pas seulement en Ukraine ou à Gaza. Le chemin vers une intelligence collective que nous recherchons sur ce blog biosphere est de plus en plus escarpé, la vérité est marginalisée, les journalistes de plus en plus écrasés par les différents pouvoirs. Le 3 mai, c’était la Journée mondiale de la liberté de la presse, l’organisation Reporters sans frontières a noté que plus de 50 % de la population mondiale vit sur un territoire « où exercer le métier de journaliste revient à risquer sa vie ou sa liberté ». Elle vient de rendre public son classement mondial de la liberté de la presse. Exemples :

Classement international (avec le score) : 1. Norvège (91.9) ; 2. Danemark (89.6)…….. 21. France (78.6)………. ; 46. Italie (69.6) …… ; 55. États-Unis (66.6)……… ; 61.Ukraine (65)………..101. Israël (53.2)……. ; 157. Palestine occupée (39.2)……… ; 162. Russie (29.9)…… ; 180. Érythrée (16.6)

À l’échelle mondiale, un constat s’impose : la liberté de la presse est menacée par ceux qui devraient en être les garants : les autorités politiques. Parmi les cinq indicateurs qui composent le score des pays, l’indicateur politique est celui qui baisse le plus en 2024, avec une chute globale de 7,6 points. Le gouvernement israélien a décidé de réduire au silence la chaîne d’information qatarie Al-Jazira au nom de la sécurité du pays. Plus d’une centaine de journalistes palestiniens a été tuée par les bombardements de l’armée israélienne depuis le 7 octobre 2023. Or la liberté d’informer sans avoir peur est un pilier constitutif de toute vraie démocratie. En France on a interdit la chaîne RT (Russia Today) quand la Russie a envahi l’Ukraine, et tout le monde a trouvé ça normal. En période de guerre armée, les chaînes du camp adverse ne sont pas tolérées.

Le journalisme, le 4ème pouvoir, est normalement la condition d’un système démocratique grâce à la transparence de l’information et la recherche d’un débat constructif. En 2024, plus de la moitié de la population mondiale est appelée aux urnes. Mais les pouvoirs politiques en place sont nombreux à opérer un contrôle accru sur Internet, la répression envers les journalistes se fait parfois violente, l’autocensure par crainte des représailles se généralise. Reconnaissons que les autorités politiques ne peuvent briser la libre information que grâce à la passivité d’une population, ce qu’on appelle aussi « soumission volontaire ». Écoutez Anna Politkovskaïa, journaliste, qui a été assassinée le 7 octobre 2006 à Moscou :

« Les valets souriront servilement, tous des petits gradés du KGB ayant reçu leurs postes importants sous Poutine, ils se mettront au garde à vous… Mais je constate que les responsables de tout ce qui se passe, c’est nous. Nous d’abord. Pas Poutine. Notre attitude vis-à-vis de Poutine, notre attitude qui se limite à des « bavardages de cuisine », a permis à Poutine de transformer sans entrave la Russie. L’apathie dont fait preuve la société est incommensurable. Et elle est une indulgence pour Poutine pour les années à venir. Nous avons réagi à ses actions et à ses discours non seulement avec mollesse, mais avec peur. Et cette peur qui est la nôtre, nous l’avons montrée aux tchékistes, enracinés dans le pouvoir. Et cela n’a fait que renforcer leur désir de nous traiter comme du bétail. »

Le point de vue des journalistes écologistes

La censure n’est pas l’apanage des régimes autoritaires, il est aussi au cœur de nos démocraties dites libérales. Mais ce n’est pas une censure déclarée, elle se trouve de façon subreptice dans les modalités de l’information. Dans nos sociétés pluralistes et fragmentées, ce ne sont pas seulement des arguments qui s’affrontent mais aussi des identités forgés par les réseaux sociaux. Dans ce contexte, les propos qui rappellent les faits et font appel à la raison deviennent vite inaudibles. Gaza ou l’Ukraine sont certes couverts par le fil des infos, mais les médias même en France n’informent plus globalement sur rien, ils font du divertissement qui sature l’intelligence des gens. Les écrans publicitaires à tout moment, c’est une telle soupe commerciale ingurgitée sans résistance que la censure n’est plus utile, elle se fait toute seule par la loi du pognon.…. Un journaliste fait des choix éditoriaux, il approfondit certains thèmes et veut ignorer ce qui n’est pas à la mode du moment : le journalisme est toujours orienté. Prenons, l’écologie, la raison d’être de ce blog biosphere.

L’immense majorité des journalistes amenés à traiter d’environnement adhère à la doxa du « capitalisme vert ». Sous l’emprise de puissantes logiques commerciales, les journalistes s’engouffrent dans la célébration du « green business ». Dans le droit fil du succès de l’expression « développement durable », l’expression longtemps à la mode, c’est aujourd’hui autour du label « croissance verte » de faire florès auprès des professionnels de l’information. Profondément enfouis dans leur for intérieur, les principes de rentabilité, concurrence, compétitivité… leur apparaissent comme légitimes et incontournables. A bien des égards, ne pas remettre en cause l’esprit croissanciste de la société thermo-industrielle, c’est le considérer pour acquis et donc prendre parti en sa faveur. Mis aller contre le sens du courant idéologique dominant, c’est – pour un journaliste – prendre le risque de se discréditer auprès de son employeur.

S’ils veulent être le « contre-pouvoir » qu’ils prétendent constituer, alors les journalistes doivent avoir le courage de questionner leurs convictions les plus profondes, celles qui les empêchent de voir que d’autres visions du monde existent en dehors de l’étroit moule capitaliste.

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A69, entraves à la liberté de la presse (2024)

extraits : Le rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l’environnement, Michel Forst, a demandé le 29 février 2024 à ce que le travail de la presse soit facilité sur le site occupé par les opposants au projet de l’autoroute A69. A l’issue de sa visite sur le lieu de la mobilisation, à Saïx, dans le Tarn, il a pointé plusieurs atteintes aux droits de l’homme….

Liberté de la presse et écologie, le cas Hervé Kempf (2013)

extraits : Dans les années 1970, il y avait des militants journalistes et des journalistes militants. L’écologie faisait son entrée dans les médias. Aujourd’hui l’écologie est une rubrique parmi d’autres. L’information produite a tendance à se formater, à se dépolitiser, à se déconflictualiser. La logique commerciale, la crise de endettement et la vulgate croissanciste ont étouffé le militantisme écolo ; rares sont les journalistes qui peuvent encore s’exprimer librement. Hervé Kempf était un de ceux-là. Censuré par LE MONDE, il a été acculé à démissionner le lundi 2 septembre 2013….

Les journalistes et l’écologie vendue au capitalisme (2013)

extraits : Nos analyses sur le traitement médiatique des enjeux climatiques en France ont ainsi montré que plus les journalistes parlent du problème climatique, plus ils parlent de ses conséquences au détriment de ses causes et solutions. Cette tendance à illustrer les problèmes plutôt qu’à les expliquer n’est pas neutre, les journalistes évacuent du champ du pensable environnemental la question des relations entre la mécanique capitaliste et la détérioration des écosystèmes. S’ils veulent être le « contre-pouvoir » qu’ils prétendent constituer, alors les journalistes doivent avoir le courage de questionner leurs convictions les plus profondes, celles qui les empêchent de voir que d’autres visions du monde existent en dehors de l’étroit moule capitaliste….

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Européennes. Des écologistes inaudibles

32 listes à ce jour pour les Européennes (vote le 9 juin 2024), un vrai gaspillage de la part de tous ces candidat à vouloir faire parler d’eux. Sachant que toutes les listes ont de toute façon leurs présupposés sur l’écologie, voici les différentes listes potentielles qui mettent l’écologie en affichage, ou du moins un soupçon d’écologie : Les écologistes – Europe Ecologie  ; Ecologie au centre ; Union des centristes et des écologistes ; Ecologie positive & Territoires ; Mouvement écologiste indépendant avec L’Ecologie autrement ; Europe Egalité Ecologie ; Parti animaliste… Notons que le Trotskisme serait porté par trois listes dont aucune ne veut afficher l’étendard écolo. 

Quatre thèmes principaux ont animé le premier débat avec les sept principales têtes de liste : Jordan Bardella (Rassemblement national, RN), Valérie Hayer (Renaissance), Raphaël Glucksmann (Parti socialiste-Place publique), Manon Aubry (La France insoumise), Marie Toussaint (Les Ecologistes), François-Xavier Bellamy (Les Républicains) et Marion Maréchal (Reconquête ! Que peut-on retenir de ce débat à propos du « défi écologique »  !

Interrogés sur la question de la transition écologique, plusieurs candidats ont critiqué l’interdiction prévue de la vente des voitures thermiques neuves à partir de 2035. Ainsi de Jordan Bardella (« un coup de canif porté au pouvoir d’achat de nos concitoyens ») ou de Marion Maréchal-Le Pen, qui y voit une mesure qui « favorise une fois de plus les importations chinoises ». Valérie Hayer a souligné qu’il ne s’agissait « pas de dire demain aux Français “vous ne pourrez plus utiliser votre voiture thermique” », mais que « vous pourrez continuer à utiliser des voitures thermiques de seconde main ». Raphaël Glucksmann a approuvé le développement « des filières européennes de voiture électrique ». François-Xavier Bellamy et Jordan Bardella ont dénoncé la stratégie « Farm to the Fork » (« de la ferme à la fourchette », adoptée en octobre 2021) visant, selon eux, à une « décroissance agricole »

Marie Toussaint a notamment estimé que le candidat du RN est « un agent de l’étranger ». Cette dernière a aussi critiqué le positionnement de Jordan Bardella au Parlement européen, qui n’a « jamais voté en faveur de se libérer du gaz russe ». Marie Toussaint a mis en avant la nécessité d’une « faible TVA verte sur les produits qui sont bons pour la santé, bons pour la planète et bons pour l’emploi ». Elle a appelé à aller encore plus loin avec un « Buy Green and European Act », une préférence européenne pour les marchés publics, et à une extension de la taxe carbone aux frontières du continent. Elle a affirmé « qu’on a besoin de l’immigration ».

Le point de vue des écologistes qui ne savent plus pour qui voter

– L’unanimité sur la place centrale de la voiture montre que les débatteurs ont oublié le réchauffement climatique.

– On passe plus de temps à critique l’extrême droite qu’à proposer des solutions pérennes.

– Échanges lamentables ! Des promoteurs d’une société militarisée et non de paix. Pas un mot pour le droit international, la négociation et l’exigence de paix, de sécurité humaine, de rupture avec le capitalisme, d’exigence de solidarité face aux menaces existentielles !

– Sur l’Europe, le néant du y’a qu’à faut qu’on. Vivement des listes transnationales présentées par les partis siégeant effectivement à Bruxelles présentant leur projet Européen au lieu des carabistouilles de nos camelots gaulois.

– L’Europe, ce sont 75 ans de paix, où les conflits sont réglés de manière civilisée par des négociations. Jetons l’UE à la poubelle ?

– Quant à l’immigration, le blabla habituel des extrêmes droites, sans proposition tenable, notamment le développement des pays d’origine.

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Européennes, Marie Toussaint vs W. Schraen (2023)

extraits : Willy Schraen lance sa campagne au nom de la « ruralité heureuse » contre les « ayatollahs de l’écologie ». Marie Toussaint sera la tête de liste EELV aux européennes.Willy Schraen, Président de la Fédération nationale des chasseurs depuis 2016. « Notre combat n’est pas celui d’irréductibles Gaulois réfractaires », assure M. Schraen, qui vante « la pétanque et le barbecue, l’apéro et les cochonnailles ». Celui qui assume « un côté conservateur » mais refuse « l’extrémisme », défend une « ruralité heureuse ». Unis dans le rejet des « ayatollahs de l’écologie », selon la formule qu’ils emploient pour désigner les activistes écolos, le chasseur et ses colistiers disent qu’ils ont « tous un peu de boue sur les pieds », qu’ils sont « amoureux de la nature » et bien sûr « écologistes » !

Européennes : Pascal Canfin verdit la liste de Macron (2019)

extraits : Pour les européennes 2019, toutes les listes sans exception font de l’écologisme. Le Rassemblement national a déjà son slogan écolo : « Priorité au local avant le global ». Emmanuel Macron se contente surtout de débaucher des têtes d’affiche. Aujourd’hui c’est Pascal Canfin, ex-membre d’EELV et ex-ministre–alibi écolo de François Hollande. Il est propulsé numéro 2 de la liste « Nathalie Loiseau ». Il justifie naïvement son ralliement

Des européennes sans Dany Cohn-Bendit, EELV à la peine (2014)

extraits : Comme l’anticipaient les sondages pour les élections européennes, les écologistes ne sont pas parvenus à rééditer leur performance de 2009, où ils avaient obtenu 16,28 % des voix ; Europe Ecologie-Les Verts arrive à peine à 9 %. Quelle analyse ? Examinons le cas emblématique de Daniel Cohn-Bendit. D’écologie, on ne l’entendait pas beaucoup parler. Mais les gens aiment les grandes gueules : la figure de Marine remplace maintenant celle de Dany.

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Être objecteur de conscience en France

Historique de l’objection de conscience en France

1963. Le projet de loi  » relatif à certaines modalités d’accomplissement des obligations imposées par la loi sur le recrutement  » – autrement dit le projet de  » statut des objecteurs de conscience « , a été adopté en quatrième et dernière lecture par l’Assemblée nationale, qui avait le dernier mot. Elle avait recueilli en première lecture le 24 juillet dernier 204 voix contre 32 au Palais-Bourbon, mais avait été rejetée par le Sénat. Le général Bourgund (U.N.R.), vice-président de la commission de la défense nationale, considérait comme  » déplacée  » l’importance donnée à  » des sentiments contraires à la tradition républicaine « . Au moment du vote décisif, s’écria le général Bourgund, « songez aux monuments aux morts et aux anciens combattants ! » Seuls votent contre quelques U.N.R. et républicains indépendants ; les socialistes et les communistes s’abstiennent.

1983. La loi Joxe assouplit considérablement les conditions d’obtention du statut d’objecteur de conscience. L‘obtention du statut devient automatique sous réserve d’envoyer une lettre type mentionnant que « pour des motifs de conscience » l’appelé « se déclare opposé à l’usage personnel des armes et demande donc à être admis au bénéfice des dispositions relatives à l’objection de conscience ».

1995. Mme Marie-Madeleine Dieulangard appelle l’attention de M. le ministre d’Etat, ministre de la défense, sur la situation des objecteurs de conscience. Elle s’inquiète de la grande variétés des situations concernant la durée de service à accomplir sous les drapeaux. Elle rappelle que le Parlement européen a adopté une résolution affirmant que  » l’accomplissement d’un service de remplacement ne peut être considéré comme une sanction « . Ces inégalités face au service national lui semblant être l’héritage d’une conception quasi uniquement militaire du service national, et prenant acte du développement des formes civiles de service national, elle lui demande quelles initiatives il compte prendre pour uniformiser la durée des différentes formes civiles du service national.

Réponse. – Le livre blanc sur la défense a rappelé que le service militaire doit demeurer l’épine dorsale du service national, car il lui confère sa légitimité. Les besoins des armées doivent être satisfaits en priorité. L’article L. 116-1 précise que les jeunes gens se déclarant opposés à l’usage personnel des armes sont  » admis à satisfaire à leurs obligations soit dans un service civil relevant d’une administration de l’Etat ou des collectivités locales, soit dans un organisme à vocation sociale ou humanitaire assurant une mission d’intérêt général, agréé dans des conditions fixées par décret en Conseil d’Etat. Bien qu’ils servent en dehors des armées et en tenue civile, ces appelés conservent la qualité de militaire et sont soumis, à ce titre, aux dispositions du statut général des militaires et du règlement de discipline générale dans les armées. S’agissant de la durée du service des objecteurs de conscience, fixée à 20 mois par la loi du 4 janvier 1992, celle-ci n’a nullement pour objectif d’introduire une forme de pénalisation destinée à dissuader les jeunes gens. Ce service civil plus long permet de s’assurer de la sincérité des jeunes gens optant pour l’objection de conscience, afin d’éviter que certains ne revendiquent ce statut pour des raisons de confort, de facilité, voire de sécurité. Dans ces conditions, il n’est pas prévu de modifier les dispositions du code du service national relatives à la durée des différentes formes du service national : 10 ou 12 mois pour la forme militaire, 10 mois pour le service dans la police nationale et le service de sécurité civile, 16 mois pour les services de l’aide technique et de la coopération et enfin de 20 mois pour les objecteurs de conscience.

1997. Le service militaire n’est plus obligatoire à partit de 2002, le Code du service national est actualisé pour tenir compte des objecteurs de conscience déjà incorporé. Leur statut reste militarisé.

Chapitre IV : Service des objecteurs de conscience. (Articles R227-1 à R227-20)

Article R227-1. Le présent chapitre fixe les conditions dans lesquelles les jeunes gens admis au bénéfice de l’article L. 116-1 accomplissent leurs obligations de service national.

Article R227-3. Assujettis au service national, les jeunes gens visés à l’article R. 227-1 doivent accomplir, à l’exclusion de tout autre, le travail défini en accord avec le ministre dont dépend cette formation et qui leur est confié. Il leur est interdit de s’absenter du lieu de travail sans autorisation.

Article R227-4. Tout manquement aux devoirs et obligations visés à l’article précédent expose son auteur à des sanctions disciplinaires prononcées par le préfet de région mentionné à l’article R. 227-2. Les jeunes gens susceptibles d’être sanctionnés doivent être mis en mesure de s’expliquer sur les faits qui leur sont reprochés.

1997. Mme Gisèle Printz attire l’attention de M. le ministre de la défense sur les dispositions des lois sur l’objection de conscience. Elle demande ses intentions exactes sur le statut d’objecteurs de conscience.

Réponse. – Le service civil des objecteurs de conscience concerne actuellement plus de 14 000 appelés ayant pour vocation de servir dans le cadre des administrations de l’Etat et des collectivités territoriales ou au sein d’organismes à caractère social ou humanitaire assurant une mission d’intérêt général. L’augmentation sensible ces dernières années du nombre des jeunes gens admis à satisfaire aux obligations du service national en qualité d’objecteur de conscience est à l’origine de difficultés rencontrées par certains d’entre eux quant à la recherche d’un poste de travail susceptible de leur être attribué. La mesure prise par le précédent gouvernement tendant à faire participer les organismes à la prise en charge financière des intéressés a pu amplifier ces difficultés, certaines structures ayant de fait limité le nombre des appelés accueillis. Toutefois, les conditions de préparation du budget 1998 n’ont pas permis de revenir sur cette disposition.

2007.  M. Jean-Michel Bertrand appelle l’attention de Mme la ministre de la défense sur les conséquences de la loi n° 97-1019 sur l’exercice du droit à l’objection de conscience en cas de conflit armé. L’objection de conscience est un droit reconnu par les articles L. 116-1 à L. 116-9 du code du service national. Or ces dispositions n’ont plus d’objet en raison de la suppression du service national. De ce fait, les objecteurs de conscience ne sont plus recensés. En conséquence, il lui demande dans quelle mesure l’objection de conscience pourrait être exercée si les circonstances appelaient un rétablissement immédiat de l’ordre sous les drapeaux.

Réponse publiée au JO le 20/03/2007 : L’article L. 112-2 du code du service national, inséré par la loi du 28 octobre 1997 portant réforme du service national, prévoit que l’appel sous les drapeaux est suspendu pour tous les Français nés après le 31 décembre 1978 ainsi que pour ceux qui sont rattachés aux mêmes classes de recensement et qu’il peut être rétabli à tout moment par la loi dès lors que les conditions de la défense de la nation l’exigent ou que les objectifs assignés aux armées le nécessitent. Aucune possibilité de se déclarer « objecteur de conscience » n’est prévue par la loi du 28 octobre 1997. Les mesures définissant les conditions de cette déclaration devraient donc nécessairement apparaître dans le texte de la loi portant rétablissement de l’appel sous les drapeaux, si l’hypothèse prévue par l’article L. 112-2 précité devait se réaliser. Le ministère de la défense ne peut préjuger des dispositions que prendrait le pouvoir législatif sur les conditions de recevabilité des demandes d’admission au bénéfice du dispositif de l’objection de conscience. Enfin, la forme de service que souhaiterait accomplir chaque administré effectuant la journée d’appel de préparation à la défense (JAPD) n’est pas l’une des données dont le recueil est autorisé par l’arrêté du 5 août 2004 portant création d’un traitement automatisé d’informations nominatives relatif à la gestion des administrés du service national.

2024. Réarmement militaire. Le ministre des armées, Sébastien Lecornu, appelle entreprises et collectivités au « patriotisme » pour permettre à leurs salariés de devenir réservistes dans l’armée. En 2022, le président Emmanuel Macron avait annoncé vouloir doubler le nombre de réservistes des armées d’ici à 2030, pour atteindre 80 000 personnes. La nouvelle loi de programmation militaire 2024-2030 a porté de cinq à dix jours la durée de mise à disposition des salariés à laquelle les entreprises ne peuvent s’opposer.

Sébastien Lecornu : « La plupart des crises que nous avons à gérer ne sont plus des crises courtes, mais des menaces qui vont nécessiter une capacité à durer dans le temps et donc à relayer les forces . J’en appelle à une forme de patriotisme du capitalisme français ».

Exit l’objection de conscience en France ?

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Être objecteur de conscience aux USA

L’armée américaine, depuis 1973, est une armée basée sur le volontariat, la conscription a été abolie. D’après la loi fédérale, tous les jeunes gens ayant dix-huit ans révolus doivent se faire recenser dans les trente jours auprès des autorités militaires. Le Pentagone consacrait annuellement en 2002 presque deux milliards $US en efforts de recrutement tandis que des équipes de recruteurs visitent 3000 écoles secondaires dans le pays. Il s’agit de se préparer à la guerre en Irak.

Près d’un mois après le début du conflit le 20 mars 2003, des centaines de soldats, notamment des réservistes s’efforcent d’obtenir le statut d’objecteur de conscience. Il existe au sein de la Défense américaine un Conscientious Objector Review Board. Le refus d' » aller mourir en Arabie saoudite  » était surtout sensible parmi les Noirs américains. Selon la terminologie officielle, pour refuser de prendre les armes on pouvait invoquer des « convictions éthiques, morales ou religieuses « , mais pas d’éventuelles convictions  » politiques ou philosophiques « . Au cours des premières semaines du conflit, entre 1 500 et 2 000 jeunes ont rempli les papiers pour obtenir ce statut d’objecteur et leur nombre s’est accru dès que les combats terrestres ont commencé. Mais c’est du même ordre que les 2500 militaires réformés sur la base de leur opposition à la brève guerre du Golfe (août 1990, février 1991), pour une combinaison de raisons allant de l’objection purement morale au désaccord avec les sous-entendus pétroliers de l’intervention.

Pendant la guerre du Vietnam, on a compté 70 000 objecteurs déclarés — auxquels s’ajoutèrent de 50 000 à 100 000 déserteurs. Considérée comme la première défaite militaire de l’histoire des États-Unis, cette guerre impliqua plus de 3,5 millions de jeunes Américains envoyés au front entre 1965 et 1972.

Le mouvement d’objection aux USA reste encore marginal compte tenu du fait que l’US Army compte 1,39 millions de soldats actifs en 2023. Mais si tous les jeunes lors de leur recensement faisaient état de leur conviction d’opposition à l’usage des armes, les États-Unis seraient-ils encore la deuxième puissance militaire du globe ?

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Être objecteur de conscience en Suisse

Il serait dangereux de se laisser aller à un antimilitarisme sommaire : un peuple a le droit et le devoir de se défendre contre une agression extérieure. Autrement dit, la remise en question de la défense armée ne peut aller sans la recherche d’une autre forme de défense. Certains préconisent un système de défense qui consiste à armer la population et à fonder la résistance sur des milices populaires. Les partisans de cette défense populaire armée se réfèrent aux divers exemples de guérilla, mouvements de résistance armée sous l’occupation nazie, guerres de libération dans le tiers-monde, etc. Ni la Suisse ni la Chine, pourvu d’un tel système, n’ont eu à faire face à une invasion. Mais si cela arrive, la guérilla n’est possible que si un pays ami ou limitrophe peut servir de sanctuaire, d’appui logistique. De plus les traitements réservés aux populations civiles qui ont eu à subir des années de guérilla, ratissages, massacres, tortures, viols, déportations entraînent un coût humain qui paraît souvent démesuré. Il ne paraît donc nullement déraisonnable d’étudier la possibilité d’une stratégie de défense non armée.

Ce n’est pas la préoccupation de la Suisse où l’objecteur de conscience a longtemps servi de gibier.

Dictionnaire historique de la Suisse

On appelle objecteur de conscience celui qui, en raison de ses convictions, refuse d’accomplir le service militaire obligatoire, inscrit en 1874 dans la Constitution fédérale de la Suisse (art. 18). Une pétition, rejetée par le Conseil fédéral, lança en 1903 le débat politique sur l’introduction d’un service civil. Le Code pénal militaire de 1927 (art. 81) distinguait pour la première fois l’objection de la désertion, mais sans la dépénaliser. La révision de ce Code en 1950 amena des allégements dans l’exécution de la peine pour les cas de refus de servir dus à des motifs religieux ou à une grave détresse morale. La révision de 1967 du Code pénal militaire élargit, en ajoutant aux motifs religieux les motifs éthiques, l’éventail de ce que l’on reconnaissait comme refus de servir pour raisons de conscience. On réduisit pour ces «vrais objecteurs» la durée des peines de prison et on leur facilita la dispense de service armé. Une pétition lancée en 1989 aboutit à l’inscription d’un service civil dans la Constitution (révision de l’art. 18 approuvée en 1992 par 82,5% des voix; art. 59 de la Constitution de 1999). Le principe du service militaire obligatoire fut maintenu, mais la loi prévoyait un service civil de remplacement pour les personnes astreintes au service militaire qui démontraient de manière crédible, lors d’un soi-disant examen de conscience, qu’elles ne pouvaient concilier le service militaire avec leur conscience. La loi sur le service civil et l’ordonnance d’application entrèrent en vigueur en 1996. L’examen de conscience, trop compliqué, fut supprimé en 2009 et remplacé par la «preuve par l’acte». Celle-ci oblige les objecteurs de conscience à effectuer un service civil de remplacement d’une durée une fois et demie plus longue que le service militaire.

Une motion et une initiative visant à réhabiliter les objecteurs de conscience qui avaient été condamnés par le passé, furent rejetées au niveau parlementaire respectivement en 2000 et 2019.

Université de Genève, mars 2019

La Suisse comptait près de 50 000 personnes admises au service civil à la fin de l’année 2017. Pour éviter de porter l’uniforme, il a suffi à ces objecteurs de s’inscrire via le portail internet mis à disposition par l’administration fédérale et de suivre une journée d’introduction obligatoire. Les choses n’ont cependant pas toujours été aussi simples. Jusqu’à l’entrée en vigueur de la loi sur le service alternatif, en 1993, plus de 20 000 jeunes citoyens ont en effet payé de la prison leur refus de porter l’uniforme, avec des peines pouvant aller jusqu’à 3 ans de réclusion. Même si un retour en arrière n’est pas à exclure, le Conseil fédéral affichant clairement la volonté de réduire de façon substantielle le nombre d’admissions au service civil, le recours à de telles extrémités semble désormais appartenir au passé.

Mais ce n’est pas le cas partout. Certains États, comme Singapour, la Turquie, la Corée du Sud ou encore l’Érythrée restent aujourd’hui encore très réticents à mettre en place une alternative au service militaire obligatoire, quand ils ne continuent pas à prononcer de lourdes peines à l’encontre des individus qui refusent de porter les armes pour des questions de conscience.

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Être objecteur de conscience au Royaume-Uni

Le paradoxe, c’est que le premier Etat ayant reconnu officiellement le droit à l’objection de conscience en 1916 envisage en 2024 un retour à la conscription. Merci Poutine !

Université de Genève, mars 2019

Le premier État ayant reconnu officiellement le droit à l’objection de conscience est le Royaume-Uni, en 1916. Depuis, la plupart des démocraties occidentales qui possèdent une armée de milice ont suivi le mouvement, sous l’impulsion principalement du Comité des droits de l’homme des Nations unies puis, plus récemment, de la Cour européenne des droits de l’homme. Le deux instances exigent de leurs membres la mise en place d’un service alternatif permettant d’échapper à la conscription. Les importantes avancées acquises au cours de ces vingt dernières années ne doivent cependant pas masquer le fait qu’à l’échelle de la planète, on comptait par milliers le nombre de personnes enfermées pour avoir témoigné de leurs convictions pacifistes.

LE MONDE, 21 novembre 1960

Le service militaire obligatoire doit officiellement prendre fin le 31 décembre 1960. L’armée britannique ne comptera plus dorénavant que des volontaires. Grâce aux nombreux avantages offerts aux soldats engagés, les recrues sont passés de 20 000 en 1957 à 47 000 en 1958 et à 45 000 en 1959, ce qui a permis, semble-t-il, d’avancer la suppression des incorporations.

Franceinfo, 25 janvier 2024

Au Royaume-Uni, le chef de l’armée a appelé à un retour du service militaire obligatoire face à la menace russe, suscitant l’opposition des Britanniques. La jeune génération s’imagine mal propulsée dans les tranchées en cas de guerre. « L’armée britannique restera une armée de volontaires », a ensuite tempéré le gouvernement. « Selon la presse, l’exécutif ne souhaitait pas que les propos alarmistes du chef d’état-major soient rendus publics », indique un journaliste de France Télévisions Londres.

LE MONDE du 31 janvier 2024

Les Britanniques doivent-ils se préparer à la guerre ? L’angoissante question a été posée sans détour par le chef d’état-major de l’armée de terre, le général Patrick Sanders, le 24 janvier. Le Royaume-Uni devrait suivre l’exemple suédois et prendre « des mesures préparatoires pour placer nos sociétés sur le pied de guerre », a-t-il expliqué. Les propos alarmistes du général Sanders ont été relayés par Richard Shirreff, ex-commandant en chef adjoint de l’OTAN, qui a estimé qu’il était temps de « penser l’inimaginable » et d’« étudier attentivement la conscription… ».

« Ces treize dernières années, les ministres conservateurs ont tellement coupé dans les budgets que nous avons une armée aussi petite que du temps de Napoléon », déplore John Healey, le secrétaire d’Etat à la défense du cabinet fantôme travailliste.

Autant dire qu’on ne parle plus des objecteurs de conscience…

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Être objecteur de conscience au Canada

Le Canada est logique. Puisque l’armée n’est constituée que de soldats volontaires, pas besoin de statut d’objecteur de conscience pour les civils. Mais c’est primordial de voir que l’objection d’un soldat est reconnue, ce qui n’est pas le cas de la France.

De toute façon en France, la Journée Défense et Citoyenneté pour tous les jeunes est un moment de pré-conscription (le service militaire obligatoire n’est que suspendu) et on a pas le droit de se déclarer OC ce jour-là  !

texte officiel canadien

DOAD 5516-2, Objection de conscience

Directives et ordonnances administratives de la défense

https://www.canada.ca/fr/ministere-defense-nationale/organisation/politiques-normes/directives-ordonnances-administratives-defense/serie-5000/5516/5516-2-objection-de-conscience.html

2.1 L’enrôlement dans les FAC (forces armées canadiennes) est volontaire. Par conséquent, les militaires doivent être disposés à exercer toute fonction légitime pour défendre le Canada, y compris les intérêts et les valeurs du pays, tout en contribuant à la paix et à la sécurité internationales.

2.2 Un objecteur de conscience est une personne revendiquant le droit de refuser d’exercer des fonctions militaires en raison d’une objection de conscience. Un militaire qui soulève une objection de conscience demeure tenu d’exercer toute fonction légitime, mais peut demander une libération volontaire des FAC reposant sur cette objection.

2.3 Une objection de conscience est une objection sincère, fondée sur la liberté de conscience ou de religion, à prendre part :

  1. soit à une guerre ou à un autre conflit armé;
  2. soit au port et à l’utilisation d’armes en tant qu’exigences du service dans les FAC.

2.4 Le commandant (cmdt) d’un centre de recrutement des Forces canadiennes (CRFC) doit veiller à ce que chaque personne présentant une demande d’enrôlement dans les FAC soit questionnée afin de déterminer si elle soulève une objection de conscience énoncée au paragraphe 2.3. Si la personne soulève une objection de conscience devant les autorités de recrutement, elle est inapte à l’enrôlement dans les FAC.

2.5 La seule exception à l’application du paragraphe 2.4 concerne les personnes présentant une demande d’enrôlement au groupe professionnel militaire d’aumônier. Une telle personne peut être enrôlée dans les FAC malgré qu’elle soulève une objection de conscience en lien avec le port et l’utilisation d’armes mentionnée au sous-paragraphe 2.3b.

2.6 Un militaire peut présenter une demande de libération volontaire reposant sur une objection de conscience.

2.8 Une objection reposant sur l’un ou l’autre des motifs suivants ne constitue pas une objection de conscience et ne donne pas à un militaire le droit à une libération volontaire aux termes de la présente DOAD :

  1. la participation du militaire à un conflit armé ou à une opération donnés;
  2. la participation du Canada à un conflit armé ou à une opération donnés;
  3. une politique nationale ou internationale du gouvernement du Canada;
  4. la commodité personnelle;
  5. les convictions politiques du militaire.

2.10 S’il est déterminé qu’une demande de libération volontaire d’un militaire reposant sur une objection de conscience ne répond pas aux critères énoncés au paragraphe 2.3, le cmdt doit rejeter la demande ou recommander son rejet à l’autorité de libération applicable. Si la demande de libération volontaire est rejetée, le militaire doit être informé des raisons du rejet.

3.3 Lors de l’évaluation de l’information fournie par un militaire à l’appui de sa demande de libération reposant sur une objection de conscience, les facteurs suivants doivent être pris en compte pour déterminer si le militaire présente une objection de bonne foi qui répond aux critères du paragraphe 2.3 qui lui sont applicables :

  1. la nature de l’objection;
  2. la crédibilité générale du militaire;
  3. la crédibilité de quiconque corrobore l’information fournie par le militaire ou donne de l’information de première main au sujet des convictions, du comportement et de la conduite du militaire;
  4. le moment et les circonstances de la demande de libération;
  5. les effets des antécédents familiaux et de l’éducation;
  6. la nature et les effets des études, de la formation et de l’éducation en doctrine religieuse ou morale;
  7. l’appartenance religieuse, les enseignements pertinents de cette religion et l’adhésion du militaire à ces principes;
  8. les circonstances et les influences qui ont enraciné ou modifié les convictions du militaire;le degré de cohérence entre les convictions affirmées par le militaire et son comportement ou sa conduite.

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Etre objecteur de conscience en Belgique

Le statut d’objecteur de conscience est accessible aux soldats, ce qui n’est pas le cas en France…

les textes officiels belges

https://www.stradalex.com/fr/sl_src_publ_div_be_chambre/document/QRcrb_55-b040-1200-0121-2020202107825

La Chambre des ReprésentantsQuestion n° 55-121 : Statut des objecteurs de conscience.

03.02.2021. Guillaume Defossé, Ecolo-Groen  : Le statut d’objecteur de conscience a été obtenu en Belgique après une longue bataille politique qui a vu notamment des centaines d’objecteurs passer plusieurs années en prison parce qu’ils refusaient de faire leur service militaire. À ce jour, sauf erreur, c’est la loi du 20 février 1980 qui détermine ce statut. Or, avec la fin du service militaire, quelles sont aujourd’hui les possibilités de faire valoir ce statut?

25/02/2021. réponse normale – normaal antwoord – Réponse publiée

La législation concernant les objecteurs de conscience relève des compétences du ministre de l’Intérieur. 2. Bien que le service militaire ait été suspendu, la législation relative au service militaire et aux objecteurs de conscience existe toujours. 3. La procédure pour être reconnu comme objecteur de conscience est décrite dans les lois portant le statut des objecteurs de conscience, coordonnées le 20 février 1980. 4. Le statut d’objecteur de conscience peut être uniquement demandé par des miliciens. Il n’y a dès lors plus aucun dossier de demande du statut d’objecteur de conscience qui a été traité depuis la suspension du service militaire.

https://www.ibz.rrn.fgov.be/fr/faq/population/objecteur-de-consciencemilice/

Service public fédéral – intérieur

Objecteur de conscience/Milice

La Direction générale Identité et Affaires citoyennes du SPF Intérieur détient les informations relatives aux objecteurs de conscience, en application des lois sur l’objection de conscience, coordonnées le 20 février 1980, ainsi qu’aux miliciens ayant remplacé leur service militaire par un service « de coopération » dans un pays en voie de développement, en application de l’article 16 des lois sur la milice, coordonnées le 30 avril 1962.

Les informations quant aux dates de prestations de ces catégories de personnes peuvent être obtenues en s’adressant préalablement auprès du Helpdesk Belpic de la Direction générale Identité et Affaires citoyennes :
Tél : 02 518 21 16

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Droit international à l’objection de conscience

Le cadre juridique international

Objection de conscience au service militaire

Rapport analytique du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme

A. Le droit à l’objection de conscience au service militaire

6. Le droit à l’objection de conscience au service militaire se fonde sur l’article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (« le Pacte ») et sur l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. L’article 18 du Pacte garantit à toute personne le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion, mais ne fait aucune référence spécifique à l’objection de conscience au service militaire. Le Comité des droits de l’homme a néanmoins conclu qu’un droit à l’objection de conscience au service militaire pouvait être déduit de l’article 18, et a précisé sa position dans son observation générale n o 22 (1993) sur le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion et dans sa jurisprudence relative aux requêtes individuelles présentées au Comité.

7. Dans cette observation générale, le Comité a déclaré ce qui suit : « Le Pacte ne mentionne pas explicitement un droit à l’objection de conscience, mais le Comité estime qu’un tel droit peut être déduit de l’article 18, dans la mesure où l’obligation d’employer la force au prix de vies humaines peut être gravement en conflit avec la liberté de conscience et le droit de manifester sa religion ou ses convictions » (par. 11).

11. Étant donné que l’article 4 du Pacte ne permet aucune dérogation des obligations d’un État partie en vertu de l’article 18 du Pacte, même en cas de danger public exceptionnel qui menace l’existence de la nation, il ne semble pas y avoir de circonstances où le droit à l’objection de conscience au service militaire pourrait être annulé en raison de la jurisprudence du Comité selon laquelle le droit à l’objection de conscience est « inhérent au droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ». On respecterait ainsi la position du Comité dans ses observations finales sur le rapport d’un État partie, dans lesquelles il a déclaré que « [l’]État partie devrait pleinement reconnaître le droit à l’objection de conscience, et donc le garantir tant en période de guerre qu’en période de paix » .

12. Le Comité a précisé que le droit à l’objection de conscience s’applique non seulement aux membres de confessions religieuses pacifistes comme les Témoins de Jéhovah, les Quakers et les Mennonites, mais aussi à « toutes les confessions religieuses et autresconvictions » 8 . Dans son observation générale n o 22, le Comité a interprété au sens large les termes « conviction » et « religion », déclarant que l’article 18 « protège les convictions théistes, non théistes et athées… L’article 18 n’est pas limité, dans son application, aux religions traditionnelles ou aux religions et croyances comportant des caractéristiques ou des pratiques institutionnelles analogues à celles des religions traditionnelles » (par. 2). Par exemple, un État serait en violation de l’article 18 du Pacte s’il ne reconnaissait le droit à l’objection de conscience que dans le cas de personnes appartenant à une organisation religieuse dûment enregistrée, dont la doctrine interdit l’usage des armes 9 . Dans ses observations finales, le Comité a engagé un État partie à « étendre le droit à l’objection de conscience au service militaire obligatoire aux personnes qui font valoir des convictions non religieuses et l’accepter pour toutes les confessions religieuses »

13. Une demande d’objection de conscience au service militaire doit être fondée sur une objection à l’obligation d’employer la force au prix de vies humaines.

15. Un certain nombre d’États ne reconnaissent pas l’existence d’un droit universellement applicable à l’objection de conscience. Par exemple, Singapour, qui a indiqué que l’article 29 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et l’article 18 du Pacte reconnaissaient que l’exercice des droits et libertés de chacun était lié à la nécessité d’assurer le maintien de l’ordre public et le bien-être général de la société et que la défense nationale était un droit souverain fondamental en vertu du droit international. Lorsque les convictions ou les actions personnelles vont à l’encontre de ce droit, le droit d’un État à préserver et maintenir la sécurité nationale doit prévaloir.

16. Au niveau régional, dans son jugement dans l’affaire Bayatyan c. Arménie 14 , la Cour européenne des droits de l’homme, siégeant en une Grande Chambre, a déclaré qu’un droit à l’objection de conscience au service militaire était couvert par l’article 9 de la Convention européenne des droits de l’homme, selon laquelle « toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ». La Cour européenne des droits de l’homme a considéré que « l’opposition au service militaire, lorsqu’elle est motivée par un conflit grave et insurmontable entre l’obligation de servir dans l’armée et la conscience d’une personne ou ses convictions sincères et profondes, de nature religieuse ou autre, constitue une conviction atteignant un degré suffisant de force, de sérieux, de cohérence et d’importance pour entraîner l’application des garanties de l’article 9 ».

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Le droit d’être Objecteur de Conscience

Droit européen : l’objection de conscience au service militaire (4 octobre 2016)

L’objection de conscience est un droit qui s’est construit au fil de la jurisprudence. S’il n’est pas visé expressément par la Convention européenne des droits de l’homme, la jurisprudence européenne le considère comme une composante de la liberté de conscience protégée par l’article 9 de la Convention. Sa décision rendue le 15 septembre 2016 permet à Dalloz Actu Étudiant de faire un point sur cette notion.

Lorsque le service militaire était obligatoire en France, l’objection de conscience était prévue par les articles L. 116-1 et suivants du Code du service national. Les jeunes gens qui, pour des motifs de conscience, se déclaraient opposés à l’usage personnel des armes, pouvaient être admis à satisfaire à leurs obligations, soit dans un service civil, soit dans un organisme à vocation sociale ou humanitaire assurant une mission d’intérêt général. 

Les pays signataires de la Convention européenne des droits de l’homme (Conv. EDH) n’ont pas tous les mêmes exigences face à l’objection de conscience. C’est la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) qui va demander aux États non seulement de respecter les convictions de l’objecteur de conscience, mais également de tout mettre en œuvre pour que puisse être exercé ce droit, même s’il n’en a pas toujours été ainsi. 

La dernière décision de la CEDH relative à l’objection de conscience au service militaire a été rendue le 15 septembre 2016 (Papavasilakis c/ Grèce ). En l’espèce, un grec, témoin de Jéhovah, avait demandé l’autorisation d’effectuer un service civil au lieu du service militaire obligatoire, au motif qu’il était objecteur de conscience. Cette demande lui ayant été refusée, il a saisi la CEDH. La Cour conclut à la violation de l’article 9 Conv. EDH au motif que sa liberté de conscience et de religion a été méconnue, et à la violation de l’article 6, § 1 garantissant le droit à un procès équitable. 

La première application par la CEDH de l’article 9 Conv. EDH aux objecteurs de conscience date de la décision Bayatyan c/ Arménie du 7 juillet 2011 (n° 23459/03). La Cour relevait dans cet arrêt que l’article 9 ne mentionnait pas expressément le droit à l’objection de conscience mais considérait toutefois que lorsque l’opposition au service militaire était motivée par un conflit grave et insurmontable entre l’obligation de servir dans l’armée et la conscience d’une personne ou ses convictions sincères et profondes, de nature religieuse ou autre, constituait une conviction atteignant un degré suffisant de force, de sérieux, de cohérence et d’importance pour entraîner l’application de ces garanties. Quant à savoir si et dans quelle mesure l’objection au service militaire relevait de cette disposition, la question devait être tranchée en fonction des circonstances propres à chaque affaire. En l’espèce, le requérant faisait partie des témoins de Jéhovah. Par conséquent, la Cour n’avait aucune raison de douter que l’objection du requérant au service militaire fût motivée par des convictions religieuses sincères qui entraient en conflit, de manière sérieuse et insurmontable, avec son obligation d’effectuer le service militaire.

Avant cette décision, la jurisprudence européenne refusait l’application de l’article 9 de la Conv. EDH aux objecteurs de conscience.

La Commission européenne des droits de l’homme (Com. EDH) avait estimé que l’article 9 Conv. EDH ne pouvait être méconnu au motif que les objecteurs de conscience ne bénéficiaient pas d’un droit d’être exemptés du service militaire et que chaque État contractant pouvait décider, ou non, de reconnaître ce droit (12 déc. 1966, Grandrath c/ Allemagne, n° 2299/64. V. égalementCom. EDH 2 avr. 1973, G. Z c/ Autriche, n° 5591/72 ; Com. EDH 5 juill. 1977, X. c/ Allemagne, n° 7705/76). Il avait également été décidé qu’il n’était pas discriminatoire de réserver l’exemption totale du service militaire et du service civil de remplacement aux seuls objecteurs de conscience appartenant à une communauté religieuse, excluant ainsi ceux objectant conscience pour des motifs idéologiques ou philosophiques (V. Com. EDH, 11 oct. 1984, N. c/ Suède, n° 10410/83 et Com. EDH, 30 nov. 1994, Peters c/ Pays-Bas, n° 22793/93).

Cependant, la jurisprudence va évoluer. Ainsi en 2000, les sanctions disproportionnées prises à l’encontre des réfractaires au service militaire ont été considérées comme constitutives de violation de la convention (CEDH, gr. ch., 6 avr. 2000, Thlimmenos c/ Grèce, n° 34369/97). La Cour va plus loin en 2006, en demandant aux États contractants d’avoir une législation claire et définie sur les sanctions encourues, pour éviter que le requérant fasse l’objet d’une série interminable de poursuites et de condamnations pénales (CEDH, 24 janv. 2006, Ülke c/ Turquie, n° 39437/98). 

Désormais, l’objection de conscience, relève de la protection de l’article 9 Conv. EDH. Notons également que l’objection de conscience est également reconnue, pour les pays de l’Union européenne par la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne (art. 10).

CEDH, 15 septembre 2016, Papavasilakis c/Grèce, n° 66899/14

annexe : Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne (26.10.2012)

Le Parlement européen, le Conseil et la Commission proclament solennellement en tant que Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne le texte repris ci-après.

Article 10

Liberté de pensée, de conscience et de religion

1.   Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites.

2.   Le droit à l’objection de conscience est reconnu selon les lois nationales qui en régissent l’exercice.

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Malthus, un précurseur de la décroissance

Compte-rendu de la conférence-débat organisée par les Amis de la décroissance » de Belle-Île-en-mer le 26 avril 2024 .

Thème : « Malthus est-il ou non un précurseur de la décroissance ? »

Intervenant : Michel Sourrouille

Introduction

La population mondiale augmente de façon exponentielle, 1 milliards d’êtres humains en 1800, 2 milliards en 1930, 4 milliards en 1974 et 8 milliards selon l’ONU en novembre 2022. Entre 2011 et 2022, il n’a fallu que onze années pour s’accroître d’un milliard supplémentaire, population qu’il faut pouvoir nourrir, loger et lui offrir quelques commodités. Juger qu’un tel niveau de croissance dans un monde fini est acceptable n’est le fait que des natalistes ou des démographes. La densité moyenne mondiale est conséquente, 61 hab./km² actuellement. La densité de la France est de 124. Si on prend une densité de 100 hab./km², cela veut dire concrètement qu’un individu n’a qu’un carré de 100 mètres de côté pour satisfaire tous ses besoins…. et laisser un peu de place pour la biodiversité. Un individu à l’hectare, c’est une bonne image de l’état de surpopulation humaine, une situation ingérable et invivable dans la plupart des territoires.

Michel Sourrouille a publié trois livres sur la surpopulation, le premier en 2014 avec 13 auteurs (Moins nombreux, plus heureux) et le dernier en 2023 avec 23 contributeurs (Surpopulation… mythe ou réalité ? ». Il se situe explicitement comme un ami de la décroissance démographique, regrettant seulement que le mensuel « La décroissance » se refuse encore à aborder cette thématique. Malthus fait-il donc peur ? Bien qu’inconnu du grand nombre, le terme malthusien est pourtant entré dans le dictionnaire. Mais pas dans l’éducation nationale ! Il est rare qu’un patronyme devienne un élément de langage, l’approche malthusienne devrait être connue de tout élève. Malthus a publié à partir de 1798 son « Essai sur le principe de population ». C’est à la fois une explication de l’origine du surnombre et une solution à y apporter.

1) le message de Malthus

Rappelons d’abord la loi de Malthus ainsi définie par lui-même :

« Lorsque la population n’est arrêtée par aucun obstacle, elle va doubler tous les vingt-cinq ans, et croît de période en période selon une progression géométrique (exponentielle). On n’obtiendra pas avec la même facilité la nourriture nécessaire. En effet, l’agriculture étant soumise à la loi des rendements décroissants, les moyens de subsistance ne peuvent jamais augmenter plus rapidement que selon une progression arithmétique (linéaire). D’où un décalage croissant entre population et alimentation ».

Il en déduisait qu’il était nécessaire de limiter sa fécondité pour essayer de garder un niveau de population en concordance avec l’état des ressources.

« Les obstacles à la population qui maintiennent le nombre des individus au niveau de leurs moyens de subsistance, peuvent être rangés sous deux chefs. Les uns agissent en prévenant l’accroissement de la population, et les autres en la détruisant. La somme des premiers compose ce qu’on peut appeler l’obstacle privatif ; celle des seconds, l’obstacle destructif. Pour les obstacles privatifs, l’abstinence du mariage, jointe à la chasteté, est ce que j’appelle contrainte morale. Les obstacles destructifs sont d’une nature très variée. Ils renferment toutes les causes qui tendent de quelque manière à abréger la durée naturelle de la vie humaine. Ainsi on peut ranger sous ce chef l’insalubrité des grandes villes, toutes les espèces de maladies et d’épidémies, la guerre, la famine. »

Notez que Malthus n’est pas antinataliste, opposé en toutes circonstances à la natalité. Il indique seulement qu’on ne peut avoir une niveau de fécondité acceptable qu’en rapport avec les ressources naturelles. C’est en ce sens qu’il est non seulement un précurseur de la décroissance, mais aussi un précurseur de l’écologie scientifique, l’étude du rapport d’une espèce avec le milieu qui la fait vivre. Notez aussi qu’il privilégie l’autolimitation de la fécondité, mettant les pauvres face à leurs responsabilités. Si on ne fait pas preuve d’une conscience éclairée en matière de procréation, le fait d’être victime d’un accroissement de la mortalité par des obstacles destructifs n’est pas de son fait. Nulle trace d’autoritarisme dans ses écrits.

2) les critiques et leur dépassement

Le rapport sur les limites de la croissance de 1972 reprenait l’idée de l’impossibilité d’une croissance exponentielle durable dans un monde fini. Sauf qu’il ne considérait pas seulement 2 variables, population et alimentation, mais y ajoutait 3 autres variables, industrie, ressources naturelles non renouvelables et pollution. Cette étude scientifique prévoyait un effondrement au cours du XXIe siècle. Bien d’autres études depuis ont montré que nous avons largement dépassé les limites de la planète. La pensée malthusienne est donc une réalité actuelle. Pourtant bien des critiques sont adressées au malthusianisme. Elles étaient bien présentes dès la parution de son livre :

« La plupart des attaques contre mon essai sont moins des réfutations que des déclamations ou des injures qui ne méritent aucune réponse. Je suis donc appelé à relever seulement des objections qui ont été faites en simple conversation. »

Malthus doit être réhabilité aujourd’hui.

opposition marxiste 

Karl Marx et Engels au XIXe siècle ont été très opposés aux thèses malthusiennes. Engels qualifiait les thèses de Malthus de « déclaration de guerre la plus brutale que la bourgeoisie ait lancée contre le prolétariat». Marx dénonçait «la sottise de Malthus sur la progression géométrique et arithmétique, qui n’est qu’une pure absurdité, une hypothèse parfaitement chimérique». Il suffirait pour Marx et Engels de faire la révolution et de mettre le prolétariat au pouvoir pour que chacun puisse vive l’abondance sans se soucier de l’état des ressources. Ce programme a complètement échoué.

Marx exprimait déjà quelques craintes dans sa Critique du programme de Gotha : « Si la théorie malthusienne de la population est exacte, alors je ne peux pas abolir la loi, dussé-je cent fois abolir le salariat, parce que la loi ne régit pas seulement le système du salariat, mais tout système social. »

opposition du complexe agro-industriel

Certains pensent aujourd’hui qu’on pourrait nourrir 10 milliards de personnes et plus. Mais la famine est encore bien présente dans le monde actuel alors que nous sommes au summum de la richesse produite. En outre, les statisticiens calculent de façon très superficielle la productivité agricole. Il ne faut pas seulement tenir compte des rendements à l’hectare, mais de tous les intrants qui permettent le forçage de la terre. Si on transforme le numérateur (la production) et le dénominateur (les facteurs de production) en calories pour les rendre comparable, on se rend compte que la productivité baisse. On a aussi voulu ignorer la loi des rendements décroissants bien connue de Malthus, on a épuisé la terre, il y a une stérilisation des sols par agriculture thermo-industrielle.

Le prix Nobel de la paix 1970, Norman Borlaug, initiateur des semences à haut rendement, reconnaissait lui-même lors de son discours de réception de son prix que si la révolution agricole ne s’accompagnait pas d’une maîtrise de la fécondité, on ne pouvait aboutir à aucun équilibre durable.

opposition socialiste

Malthus écrivait : « Les lois sur les pauvres tendent manifestement à accroître la population, sans rien ajouter aux moyens de subsistance. Ainsi les lois y créent les pauvres qu’elles assistent. » Ce constat semble irréfutable, pourtant le rejet de Malthus par une certaine gauche actuelle résulte du fait d’y voire là une dénonciation des pauvres par les riches. Malthus ne faisait qu’essayer de responsabiliser : « Le peuple doit s’envisager comme étant lui-même la cause principale de ses souffrances… » Contrairement aux idéologues, Malthus avait le sens de la nuance : « Ce que je propose, c’est l’abolition graduelle des lois sur les pauvres, assez graduelle pour n’affecter aucun individu qui soit actuellement vivant. » Une aide ne peut qu’être temporaire, sinon elle entretient la misère.

Voici la dernière phrase du long essai de Malthus : « Tout lecteur équitable doit, je pense, reconnaître que l’objet pratique que l’auteur a eu en vue par dessus tout, est d’améliorer le sort et d’augmenter le bonheur des classes inférieures de la société. »

Bien d’autres oppositions au malthusianisme existent. Les capitalistes se réjouissent d’un surcroît de naissance qui leur permet d’exploiter une main d’œuvre surnuméraire à bas prix. Les politiciens font preuve d’une volonté de puissance par le nombre, la France est restée depuis les lois répressives de 1920 dirigé par des natalistes. Mais l’opposition contemporaine qui se veut plus subtile regrette la baisse de fécondité qui est le fait de pays de plus en plus nombreux : qui va payer nos retraites ? Il est pourtant absurde de mettre en place une pyramide de Ponzi démographique : faire des enfants pour payer les retraites, c’est faire dans l’avenir encore plus d’enfant pour des retraités encore plus nombreux…, jusqu’à se rendre compte que c’est là une voie sans issue. Reconnaissons d’ailleurs que du temps de Malthus, la notion de « retraité » n’existait pas.

Conclusion

Malthus est un pragmatique réaliste qui s’est explicitement positionné contre les idéalistes de son temps. Il pouvait écrire :

« L’ouvrage de Condorcet, intitulé Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain, est un exemple remarquable de l’attachement qu’un homme peut vouer à des principes démentis par l’expérience de chaque jour… Godwin, dans son ouvrage sur la justice politique, se repose avec trop de confiance sur des propositions abstraites et générales…. »

Contre les idées généreuses mais hors sol, Malthus préfère dire que chacun est responsable de son destin et ne doit pas trop compter sur l’État. A une époque où l‘école pour tous n’existait pas, il préconisait d’éduquer le peuple afin qu’il comprenne les réalités de notre monde. De l’avis de Michel Sourrouille, Malthus est non seulement un précurseur de la décroissance, mais son message sur le nécessaire équilibre entre un niveau de population et l’état des ressources devrait être connu de tous. D’autant plus que l’autolimitation de la fécondité est d’abord un choix individuel des femmes et des couples. On a besoin d’une démocratie éclairée, même dans les chambrées.

Pour en savoir plus, Biosphere-Info, les textes de MALTHUS

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Pour l’autolimitation de la fécondité

Le fait d’inciter, comme le demande l’association Démographie Responsable, à la diminution sur le long terme de la population humaine, implique de déterminer les moyens à utiliser. Comme l’exprime le principe démocratique d’une « l‘autolimitation de la natalité », il s’agit de valoriser tout ce qui a trait à la libre détermination des personnes. En conséquence cela implique un soutien aux différentes méthodes de maîtrise de la fécondité humaine, la contraception, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et la stérilisation librement choisie. L’idée générale, c’est de respecter la liberté d’une femme ou d’un couple de procréer (ou non) en toute connaissance de cause.

On peut donc juger du caractère plus ou moins démocratique d’un pays en regardant son évolution juridique en matière d’avortement. Même aux Etats-Unis, pays qui se dit libéral, une dizaine d’Etats ont aujourd’hui interdit l’avortement, obligeant des cliniques à fermer ou à déménager. Les pro-life ont un tempérament de type dictatorial. De leur côté les pro-choice, en faveur de l’IVG, n’empêchent pas les croyants de s’interdire pour eux-même l’avortement.

L’exemple de la loi « incroyablement extrême » de l’Idaho en 2020 sur l’avortement est un cas d’école. Avant même la décision de la Cour suprême de mettre fin à la protection constitutionnelle de l’IVG en juin 2022, les conservateurs de cet Etat du nord-ouest avaient fait adopter une loi interdisant tout avortement … sauf dans le cas où la mort de la mère est une certitude absolue. Si vous avez un fœtus qui n’a ni cerveau, ni aucune chance de survie, la loi de l’Idaho vous oblige à le porter pendant neuf mois ! Les médecins risquent cinq ans de prison et la suspension de leur autorisation d’exercer s’ils pratiquent un avortement. Beaucoup préfèrent partir. L’Idaho a perdu un quart de ses gynécologues et plus de la moitié des spécialistes des maternités à risque. Les élus sont confrontés aux conséquences de leur intrusion législative dans le domaine médical : dans certaines parties de l’Etat, les femmes doivent parcourir 250 kilomètres pour consulter un gynécologue, non pas pour un avortement mais pour une visite de routine !!!

Fortement remis en cause aux Etats-Unis depuis l’annulation par la Cour suprême de l’arrêt Roe vs Wade – qui accordait aux Américaines un droit d’avorter au niveau fédéral –, l’accès à l’IVG est devenu l’un des thèmes majeurs de la campagne présidentielle actuelle. Bien que catholique pratiquant, Joe Biden est devenu l’un des plus vigoureux défenseurs du droit à l’interruption volontaire de grossesse. Le 23 avril 2024, il a attaqué son rival à la présidentielle de novembre, Donald Trump : « Une personne est responsable de ce cauchemar, ramener les Américaines cent soixante ans en arrière. Elle le reconnaît et s’en vante. C’est Donald Trump. L’électorat va lui demander des comptes. Il ne s’agit pas des droits des Etats, mais des droits des femmes… »

La position démocratique est claire, laisser la liberté de choix ! L’IVG sécurisée sauve des vies. Si un gouvernement interdit l’avortement, des femmes le font quand même, mais de façon clandestine. Chaque année dans le monde selon l’OMS, 585 000 femmes meurent de complications liés à la grossesse, à l’accouchement, aux suites de couche et à l’avortement (ce dernier contribuant pour 13 % des décès maternels). Trop de pays et trop de croyants interdisent encore de différentes manières l’avortement. Ce sont des natalistes qui n’ont aucune conscience de ce que veulent dire des mots comme surpopulation ou malthusien. Ce sont des barbares qui ne respectent ni les choix individuels, ni le bien commun. Notre niveau de population est si élevé (8 milliards depuis 2022) qu’un État éclairé devrait nécessairement favoriser l’IVG pour diminuer la pression du nombre.

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IVG, la démocratie impose des contraintes

extraits : Souvenons-nous , pendant des siècles, les gouvernements et les églises ont bel et bien contraint les gens à avoir davantage d’enfants : il n’est de richesse que d’hommes, disait-on. Avortement et même contraception étaient interdits par une loi de 1920 démocratiquement votée en France. Depuis 1967 pour la contraception et 1975 pour l’IVG, c’est l’inverse, c’est autorisé. Or avec 10 ou 11 milliards d’humains prévus en 2100, il est fort possible que la situation devienne alors ingérable et qu’on en arrive démocratique à formuler des contraintes du types stérilisation obligatoire des femmes ayant déjà eu un enfant…..

la « liberté » de recourir à l’IVG

extraits : Le Sénat à majorité de droite s’est prononcé mercredi 1er février 2023, par 166 voix contre 152, pour inscrire dans la Constitution la « liberté de la femme » de recourir à l’IVG, une formulation qui abandonne la notion de « droit » chère à la gauche. Le texte vise à compléter l’article 34 de la Constitution avec cette formule : « La loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté de la femme de mettre fin à sa grossesse ».

C’est donc à la loi de déterminer les modalités de l’IVG, mais on ne voit pas la différence avec la situation actuelle sauf à croire faussement que l’inscription dans la constitution » protège le droit à l’avortement. Mais si l’Assemblée nationale décide plus tard de restreindre l’accès l’IVG en y mettant des « conditions », on sera toujours dans le nouveau cadre constitutionnel…..

Une femme sur trois choisit l’IVG (avortement)

extraits : Une femme sur trois en France connaît dans sa vie une interruption volontaire de grossesse. C’est un choix, mais plus encore une liberté, et pourtant cela est encore et partout un droit fragile. S’attaquer à l’avortement n’est pas une exclusivité américaine. Dans la France des années 1950-1960, les avortements clandestins étaient synonymes de souffrances, voire de morts. On se souvient aussi de la Roumanie, lorsque le président Nicolae Ceausescu a interdit l’avortement : entre 1966 et 1989, plus de dix mille femmes ont trouvé la mort lors d’interruptions de grossesse clandestines et de nombreux enfants ont été abandonnés dans des orphelinats surpeuplés…..

L’IVG est plus qu’un droit, c’est un devoir

extraits : D’un point de vue éducatif et démographique, faire en sorte de mettre au monde un enfant non désiré est une atteinte aux droits de l’enfant à vivre dans une famille aimante et attentionnée alors que la planète subit une surpopulation humaine impressionnante : 8 milliards d’être humains à l’heure actuelle, soit 8 000 000 000 personnes à comparer à l’unicité de chaque nouvelle naissance supplémentaire. Un humain est devenu un simple pion, qu’est-ce alors qu’un embryon ? Pourtant les natalistes font encore la loi dans trop de pays, voulant restreindre ou même supprimer le droit à l’avortement….

Tout savoir sur l’avortement, l’IVG

extraits : Les gouvernements, ivres de chair à canon ou de main d’œuvre servile, ont mené toutes étiquettes politiques confondues une lutte anti-malthusienne qui s’est traduit par la loi de 1920 qui assimile la contraception à l’avortement. Toute propagande anticonceptionnelle était interdit, le crime d’avortement était passible de la cour d’Assises. La contrainte n’est donc pas du côté des malthusiens, mais des natalistes. Pour un néo-malthusien, la liberté de contraception (loi de 1967) et d’avortement (loi Veil de 1975) sont des avancées sociales qui permettent le libre choix entre faire l’amour par plaisir ou faire l’amour pour procréer. Voici l’état actuel de la législation française…..

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Contre une recherche scientifique destructrice

Les motivations et les impacts de la recherche scientifique sont le moteur d’une croissance économique destructrice.

François Graner : La croissance économique se heurte aux limites physiques de la planète, et la ravage. Or la recherche est un moteur de cette croissance. Pourtant il est impossible d’en tirer une analyse bénéfice-risque valide, aucune compagnie d’assurances ne peut garantir la recherche : ses retombées sont imprévisibles, et peuvent parfois se faire sentir après plusieurs siècles. Mais la recherche sert la compétition et la volonté de puissance. Elle est un pilier de la démesure actuelle, et de la quête de l’illimité, qui se manifeste entre autres par des expériences d’apprenti sorcier : transhumanisme, forçage génétique, colonisation de Mars ou interface cerveau-machine. Les gains en efficacité que permet la recherche induisent l’augmentation des usages, et donc in fine de l’impact total : cet « effet rebond » est évident pour le numérique. Plus généralement, au sein d’un système complexe, une solution technique à un problème précis en engendre inéluctablement d’autres.

La prudence consiste à accepter les limites. Et pour cela réduire massivement la taille et la puissance des activités humaines, de même que la consommation de ressources. Cela s’appelle la décroissance.

Le point de vue des écologistes et celui des anti

Forestry : Analyse lucide d’une situation que tout le monde connaît, surtout les décideurs qui restent cependant dans le déni. Ou est la volonté d’agir des décideurs ? Se servir du livret A pour financer l’armement !

Christian888 : Beaucoup de raisonnements fallacieux, des affirmations fausses, une idéologie anti-croissance qui tient plus de la religion que de la science…. Arriver à repousser la science pour faire progresser l’humanité, c’est un nouveau concept. On s’arrête juste avant la machine à vapeur ou on retourne dans la caverne ?

Borrégo : Un beau texte, Graner pose bien le problème. Espérons qu’il soit lu, compris, partagé.

Savinien : Encore une tribune militante déguisée sous une fausse caution scientifique. Ce chercheur est anticapitaliste c’est son droit. Il juge que la recherche est au service du système, c’est une ineptie.

François.L : Je pense, comme Graner, que la décroissance est une solution inévitable : nous serons dix milliards d’humains sur la planète en 2050, il n’y a plus d’espaces sauvages ou si peu, les mers et les océans s’appauvrissent, la Méditerranée est presque morte. Mais la décroissance exige davantage de science, pas moins !

Michel SOURROUILLE : N’est-il pas temps de considérer la recherche comme des études dont les domaines d’application seraient réellement utiles pour la société humaine et pour le reste de la planète ? Par exemple, faut-il financer principalement la biologie moléculaire et les OGM ou faut-il favoriser la recherche des naturalistes sur les avantages de la biodiversité ? Faut-il toujours plus de recherche en tout genre sans s’interroger sur les risques pour la santé humaine de nos applications techno-scientifiques alors que nous accumulons déjà des tas de produits chimiques dans notre corps ? Finalement, notre polarisation sur d’éventuels sauts technologiques dans la recherche à la mode (une mode déterminée par les industriels) nous empêche de consacrer toutes nos forces et notre attention à l’endiguement des dégâts que nous infligeons aujourd’hui à notre planète, donc à nous-mêmes. (cette analyse est déjà passée dans le « courrier des lecteurs » du MONDE, 22 mars 2005)

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Recherche… sans développement industriel

extraits : L’argumentation de la pétition « Sauvons la recherche » soutient que la baisse des crédits alloués à la recherche pénalise la compétitivité de la France… La conception d’une science neutre, motivée par la saine curiosité intellectuelle et la passion de la découverte, a dorénavant cédé le pas à une argumentation qui, malgré son cynisme, a le mérite de refléter le vrai visage de la science moderne, rattaché par des liens organiques à la société industrielle qu’elle alimente en progrès… Les applications industrielles de la recherche scientifique ont permis un développement considérable des forces productives, entraînant désastres écologiques et décomposition sociale. C’est pour cette raison que nous condamnons la recherche… (groupe Oblomoff)

Arrêtez toute recherche scientifique, ça ne sert à rien

extraits : Je voudrais préciser la raison pour laquelle au début j’ai interrompu mon activité de recherche : c’était parce que je me rendais compte qu’il y avait des problèmes si urgents à résoudre concernant la crise de la survie que ça me semblait de la folie de gaspiller des forces à faire de la recherche scientifique pure. A partir du moment où des amis et moi avons démarré un groupe qui s’appelle Survivre, pour précisément nous occuper des questions de la survie, à partir de ce moment, du jour au lendemain, l’intérêt pour une recherche scientifique désintéressée s’est complètement évanoui pour moi et je n’ai jamais eu une minute de regrets depuis…. (Alexandre Grothendieck (1928-2014), texte reproduit dans la revue Écologie et Politique, n°52, 2016

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Le groupe III du GIEC ignore la décroissance

Les économistes utilisent ce qu’on appelle des « modèles d’évaluation intégrés » (integrated assessment models, IAM en anglais) : « intégrés », car ils combinent des éléments venant de disciplines différentes, de l’économie, des systèmes énergétiques, des sciences du système Terre… Le groupe III du GIEC, chargé d’étudier les solutions face au réchauffement utilise ces IAM sans jamais aborder la possibilité d’une décroissance. Comme si croître indéfiniment dans un monde fini était possible ! L’idéologie de la croissance est devenue une religion, non basée sur les réalités biophysiques.

Jean-Baptiste Fressoz : Dans son dernier rapport, le groupe III du GIEC disposait d’une bibliothèque de 3 131 scénarios générés par plus de 50 familles de modèles. Aucun scénario n’avait inclus d’hypothèses de décroissance. Même pas concernant les pays les plus riches, qui, avec leurs infrastructures, ont contribué de manière disproportionnée au réchauffement climatique. C’est seulement dans Economic Systems Research que neuf jeunes chercheurs explorent en avril 2024 l’hypothèse de la décroissance d’un pays riche, en l’occurrence l’Australie. Les auteurs ont généré 51 scénarios avec des taux de croissance allant de + 3 % par an à – 5 % par an. La décroissance est conçue comme un abaissement du revenu par habitant. Le simple arrêt de la croissance du produit national brut (PNB) australien réduit de 40 % les besoins en énergie renouvelable.

Au fur et à mesure que les années passent et que le CO2 s’accumule dans l’atmosphère, les hypothèses de décroissance – au moins de certains pays riches – vont devenir de plus en plus indispensables

Le point de vue des écologistes décroissancistes

La décroissance n’est pas une possibilité théorique, toutes les civilisations antérieures se sont effondrées après une période de faste plus ou moins longue. La révolution industrielle a certes permis depuis deux siècles une croissance tendancielle, mais celle-ci est cyclique et les périodes d’expansion sont toujours suivies de période de récession ponctuelles, voire de dépression comme en 1929. L’urgence écologique implique à pus forte raison une inéluctable décroissance, c’est ce qui est déjà envisagé au début des années 1970.

1972 est l’année durant laquelle a émergé une conscience écologique mondiale, avec plusieurs publications : le rapport Meadows, commandé par le Club de Rome, dont le titre français était « Halte à la croissance ». Moins connue, la lettre ouverte au président de la Commission européenne de Sicco Mansholt remettait en cause l’orientation vers la croissance de ladite Commission. En avril de la même année, Gorz a publié dans Le Nouvel Obs un article en défense de ces deux textes. Pour lui, ces publications montraient que le capitalisme n’est tout simplement pas compatible avec la survie de l’humanité. Il faut donc engager l’économie dans une logique de décroissance. Il a montré comment une « décroissance productive », par opposition à la « croissance destructive » actuelle, pouvait à la fois enrichir la vie et préserver la planète. Œuvrer à la création d’une société post-capitaliste, c’est faire le choix de vivre mieux avec moins, en travaillant et en consommant moins, mais en s’impliquant davantage socialement.

Le terme de décroissance ne se trouve pas dans le livre-clé de Nicholas Georgescu-Roegen, The Entropy Law and the Economic Process publié en 1971. Mais l’idée de décroissance ou d’après-croissance venait souvent dans les discussions qu’il avait avec Jacques Grinevald. C’est en 1979, que le titre « Demain la décroissance », fut adopté par Jacques Grinevald pour la traduction de plusieurs textes que Georgescu-Roegen lui avait envoyés entre 1976 et 1977.

La critique principale de la prophétie décroissanciste vient aujourd’hui de tous ceux qui mettent en avant l’inacceptabilité sociale de sa mise en œuvre.

Le point de vue des Gilets jaunes

G RICH : La décroissance selon Fressoz ne sera soutenue que par les quelques bobos repus de la capitale. Il faudra de l’acceptation sociale large de la transition, c’est un peu plus sophistiqué que les recettes simplistes inapplicables socialement.

FuturEx : C’est bien beau. Mais il faut quand même avoir en tête que la décroissance va avoir des conséquences sociétales majeures. Qui crée la valeur ajoutée ? Que faire des bullshit jobs (emplois à la con) qui occupent une part non négligeable de la population ? Comment contenir la révolte des masses ?

verst : Deux questions que je me pose. Les électeurs australiens seraient ils d’accord ? Une Australie en décroissance serait elle indépendante ou assujettie ?

Eric.Jean : Il faut appeler un chat un chat. La décroissance vécue au niveau individuel, c’est un appauvrissement, une perte de pouvoir d’achat. S’il faut moins produire on a besoin de moins d’énergie. C’est aussi basique que ça. L’économie ce n’est rien d’autre que de la transformation avec de l’énergie. Maintenant il faut trouver les volontaires pour s’appauvrir pour la planète. Ou les désigner sans provoquer de révoltes. Bonne chance!

Le serpent : Voyons, voyons ! Comment vous les décroissants allez financer votre crédit bagnole, votre appartement, les travaux de chauffage et d’isolation de votre copropriété, la dette des Etats, les études du petit dernier, les énergies renouvelables, et j’en passe ? La décroissance, c’est la mort de l’économie mondiale.

XBG : Le scénario de décroissance pour s’adapter aux exigences écologiques n’est pas une surprise, il a été prévu depuis longtemps, ainsi qu’un appauvrissement général des populations. Ce phénomène ne peut durer qu’un temps, le temps des reconversions nécessaires et des adaptations qui mettent du temps. Un tel chamboulement est difficile à imaginer dans la douceur, à moins qu’on l’accepte étalé sur une longue période. Le réaliser rapidement, dans l’urgence, ne sera pas accepté par la majorité des gens.

Jacques_81 : Il est facile d’intégrer une courbe de décroissance dans un modèle même très complexe. Mais il faut d’abord dire comment convaincre des milliards de citoyens de l’accepter. Or les pays les plus pollueurs sont des démocraties (sauf la Chine), aussi des mesures autoritaires se heurteront à un changement de gouvernement au profit d’une majorité moins « écologique » (les Gilets Jaunes n’étaient qu’un échauffement).

Le point de vue des Décroissants

Où-atterrir : Il y a 50 ans, les Meadows et leur « Limits to growth » avaient déjà construit un modèle systémique simulant la dynamique démographique mondiale. Les conclusions étaient déjà claires… il y a 50 ans. Malgré tout on continue d’ergoter alors qu’on en est arrivé au point d’inflexion de la parabole démographique (et de celle du PIB).

Michel S. : Quand les conditions climatiques et les tensions dans les pays seront devenues ingérables, le citoyen lambda sera bien obligé d’accepter de réduire sa consommation et par conséquence, sa production, donc son niveau de vie !

Vieux : On ne veut pas organiser la décroissance ? Très bien. Elle se fera de manière contrainte et donc bien plus douloureuse. C’est juste une question de temps.

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La Décroissance dans les colonnes du MONDE

extraits : « La marée qui monte soulève tous les bateaux. » Pendant des décennies, cette phrase de John Fitzgerald Kennedy a exprimé le consensus autour de la croissance économique. C’est ne pas connaître le fonctionnement de notre planète que d’ignorer qu’après la marée haute, il y a la marée basse… c’est ignorer la réalité économique que croit que la croissance peut perdurer alors qu’elle aboutit nécessairement à….

Le scénario SSP 1, la décroissance en marche ?

extraits : Le mot décroissance, qu’elle soit économique ou démographique, est encore un tabou merdiatique. Pour éviter d’envisager le pire, on a utilisé tous les subterfuges sémantiques possibles, invention du développement durable, remplacé par croissance verte ou aujourd’hui par « pacte vert de relance ».le scénario dit « SSP 1 » (Shared Socio-Economic Pathway 1) du GIEC, qui fait du bien-être humain et de la réduction des inégalités sociales les deux piliers du développement en lieu et place de la croissance économique. Ce « récit climatique », finalisé en janvier 2017, implique…

L’habituel déni du mot « décroissance »

extraits : Les militants de la décroissance subissent un ostracisme généralisé de la part des politiques et des médias. C’est un fait. Il y a pourtant une réalité biophysique : il est absolument impossible de continuer à croître dans un monde fini. Le cerveau de beaucoup d’humains est socialement programmé pour ne se rendre compte qu’on va dans le mur qu’après qu’on ait heurté le mur ! Le mensuel La Décroissance (novembre 2023) a listé les idioties dites par des gens qui se croient intelligents….

Bibliographie de la Décroissance sur notre site biosphere

2015 Décroissance, vocabulaire pour une nouvelle ère (collectif)

2013 Politiques de la décroissance (pour penser et faire la transition) de Michel Lepesant

2013 Les précurseurs de la décroissance, Epicure, Charles Fourier (nouvelle collection au passager clandestin)

2013 Penser la décroissance (politiques de l’Anthropocène) par collectif

2011 La décroissance heureuse (la qualité de la vie ne dépend pas du PIB) de Maurizio Pallante

2011 Décroissance versus développement durable (ouvrage collectif)

2010 ENTROPIA n° 9, contre pouvoirs et décroissance

2010 L’avenir est notre poubelle (l’alternative de la décroissance) de Jean-Luc Coudray

2010 ENTROPIA n° 8, Territoires de la décroissance

2010 La décroissance (10 questions pour comprendre et en débattre)

de Denis Bayon, Fabrice Flipo et François Schneider

2009 La décroissance économique (pour la soutenabilité écologique et l’équité sociale) par collectif

2008 La décroissance, Rejets ou projets ? (croissance et développement durable en questions) de Frédéric Durand

2008 Le choc de la décroissance de Vincent Cheynet

2007 Demain, la décroissance ! (penser l’écologie jusqu’au bout) d’Alain De Benoist

2007 petit traité de la décroissance sereine de Serge Latouche

2006 Le pari de la décroissance de Serge LATOUCHE

2003 objectif décroissance (vers une société harmonieuse) par collectif

2003 carnets de campagne de Clément Wittmann,

candidat de la décroissance à la présidentielle 2002

1979 La décroissance (entropie, écologie, économie) de Nicholas GEORGESCU-ROEGEN

Le groupe III du GIEC ignore la décroissance Lire la suite »

La Terre se soulève, son manifeste

Il n’y a pas que des personnalités comme Greta Thunberg qui portent par leurs actions l’urgence écologique. Il y a aussi des associations, de plus en plus nombreuses et qui recouvrent des domaines aussi bien ponctuels que nationaux ou même internationaux. Mais c’est le mouvement des « Soulèvements de la Terre », conglomérat d’associations, qui est en train de structurer la contre-violence à exercer contre la société thermo-industrielle qui nous mène au désastre.

Voici une présentation du manifeste des Soulèvements de la Terre, « Premières secousses » 

Nabil Wakim : Dans un livre manifeste, intitulé Premières secousses (La Fabrique, 296 pages, 15 euros) et signé collectivement Les Soulèvements de la Terre, cette organisation polymorphe tente de définir ses grandes lignes politiques. Le livre explique que le mouvement se reconnaît en premier lieu dans trois modes d’action. D’abord, le blocage, défini comme « une suspension d’une infrastructure responsable du ravage écologique » – arrêter un chantier, par exemple. Le « désarmement », présenté comme la « mise en pièces d’infrastructures ou de chantiers qui accélèrent la catastrophe en cours », autrement dit, le sabotage. Et, enfin, « l’occupation de terres . « L’écologie qui se contente de faire la morale est au mieux impuissante, au pire contre-productive », écrivent Les Soulèvements de la Terre. Si l’agro-industrie se trouve dans le viseur du mouvement, c’est également le cas du secteur du ciment, considéré comme « l’une des industries les plus universellement associées au ravage environnemental ».

Autour des mégabassines, les actions de sabotage ou d’occupation de lieux n’étaient pas forcément consensuelles au départ. Elles le sont progressivement devenues, estiment les auteurs, dans l’enthousiasme de la contestation commune mais aussi face à la répression.« Nous n’avions pas anticipé l’ampleur inédite du feu qui s’est abattu sur nous ce jour-là », reconnaissent les militants à propos des affrontements de Sainte-Soline. Forts de leur expérience dans les modes d’action radicaux, Les Soulèvements se rêvent en « force d’intervention » militante, en soutien à des mouvements sociaux. Mais souhaitent aussi participer à rendre certains territoires « ingouvernables » pour les institutions – comme un message adressé directement au ministre de l’intérieur.

Le point de vue des écologistes concernés

ti Gilou : 1) Lorsqu’un ministre de l’intérieur tolère les violences et les déprédations d’un camp (la FNSEA) et taxe l’autre « d’ecoterroriste », il attise la violence. 2) Actuellement, toutes les contraintes écologiques sont sacrifiées à la recherche de profits à court terme. Ces deux raisons incitent les moins de 30 ans à l’action. Certains lecteurs de plus de 60 ans crient au scandale. Malgré mes 72 ans, j’incite ces jeunes à continuer, pour l’avenir de mes petits enfants.

Marc Girod : Il y a la radicalité du pouvoir, sa brutalité, l’abus cynique des outils conventionnels de la « démocratie », et l’urgence écologique. Agir en citoyens, organiser la résistance, n’est pas facile. Mais c’est nécessaire.

John Baird Callicott : La vision relationnelle du Soi transforme l’égoïsme en écologisme. « Je protège la forêt tropicale » devient : « Je suis une part de la forêt tropicale qui me protège moi-même. » Le monde est le prolongement de ton propre corps, et ton corps est la concentration du monde dans un endroit particulier de l’espace-temps. Nul n’existe indépendamment, bios est intrinsèquement symbiose.

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13 août 2023, Soulèvements de la Terre / Darmanin… 1 / 0

extraits : Les juges des référés de la haute instance administrative ont suspendu, vendredi 11 août, la dissolution des Soulèvements de la Terre, prononcée le 21 juin en conseil des ministres. Le gouvernement qualifiait dans son décret SLT de « groupement de fait », et l’avait dissous pour avoir incité « à la commission de sabotages et dégradations matérielles, y compris par la violence ». C’est un sérieux camouflet qu’a infligé le Conseil d’Etat à Gérald Darmanin….

21 juin 2023, Dissolution SLT en conseil des ministres

extraits : Les terroristes sont ceux qui massacrent des centaines de km 2 de nature ou polluent abondamment l’environnement. Pas ceux qui cassent 3 machines ou bloquent un chantier. Pour ce gouv., il vaut mieux tuer l’avenir de nos enfants au nom du capital, que de résister pacifiquement aux atteintes à la nature pour sauver l’humanité…

9 juin 2023, Violence, contre-violence et dissolution

extraits : il y a plusieurs sortes de violences à ne pas confondre. Il y a la violence du système thermo-industriel qui nous a enfermé dans une impasse, réchauffement climatique, extinction de la biodiversité, stress hydrique, etc. Face aux entreprises destructrices du vivant, il y a la contre-violence de quelques militants qui défendent les générations futures contre cette agression. Et puis il y a la violence d’État qui soutient la violence de ce système croissanciste aveugle…

2 Avril 2023, « Nous sommes les Soulèvements de la terre »

extraits : Trois cents personnalités, dont Philippe Descola, Cyril Dion, Annie Ernaux et Adèle Haenel ont décidé de rendre publique leur appartenance aux Soulèvements de la terre…

2 avril 2023, Nous sommes la Terre qui se soulève

extraits : Nous sommes la Terre qui se soulève, nous sommes la forêt qui se défend, nous sommes le peuple de l’eau et nous sommes multiples, insaisissables. Le mouvement des Soulèvements de la Terre ne peut pas être dissout car il est multiple et vivant. Le mouvement des soulèvements ne peut être dissout, car il est composé de tous les mouvements paysans, écologistes, de sauvegarde de l’eau et de nos terres. On ne dissout pas un mouvement qui gronde, on ne dissout pas une révolte qui se prépare.

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Tous nos articles… publiés en avril 2023

Bonjour les Biosphériens

Nous avons inauguré ce mois d’avril une nouvelle catégorie de classement des idées, « pacifisme ».

Nous pensons qu’une décroissance de l’appareil militaire doit nécessairement accompagner la décroissance du niveau de vie de ceux qui vivent à l’occidentale et la décroissance démographique sur une planète largement surpeuplée. Nous pensons qu’il faut mettre un terme au fait de s’entre-tuer avec des moyens technologiques de plus en plus disproportionnés jusqu’à avoir envisagé d’instaurer un hiver nucléaire sur la planète. Nous pensons que le pacifisme apporte un message d’espoir. Il faut remplacer le principe historiquement inefficace « Si tu veux la paix, prépare la guerre » par la conviction ouverte vers un avenir meilleur, « Si tu veux la paix, prépare la paix ».

C’est un des moyens nécessaires pour rendre notre planète plus habitable…

Voici tous les articles publiés en avril 2024 sur ce blog

A chacun d’ouvrir la ou les problématiques de son choix…

Perspectives de long terme

Anthropocène, expression significative ou non ?

Écologie : rendre possible l’impossible

Regards sur l’actualité

La dictature des faits divers, un désastre

Bavardage médiatique, oubli de l’écologie

Le pacifisme

Pacifisme, une nouvelle rubrique de ce blog

Les jeunes et la guerre, la mort s’avance

Les jeunes et le service civique écologique

SNU, service national universel, un échec

Refus de la guerre et obsolescence des Nations

Déclarons-nous tous objecteurs de conscience

objecteur de conscience en temps de guerre

Ukraine et Palestine, des guerres injustifiées

L’activisme écologique

Les océanologues font de la politique

Lisez La Décroissance, la joie de vivre en +

L’impuissance politique

écologie, le ministère de l’impossible

Planification de nos besoins, une nécessité

A69, État pillard et non État stratège !

ZAN, zéro artificialisation nette, faux débat

Polluants éternels, le poison de l’emploi

La question démographique

Amusant la critique marxiste contre Malthus

L’histoire du natalisme

Tout savoir sur le débat démographique actuel

Madeleine Pelletier, féministe ET malthusienne

Les raisons de ne pas avoir d’enfants

Questions sociétales

Culte de la performance sportive, un dévoiement

JO2024 à Paris, les anti-JO à la peine

Une société sans tabac, est-ce possible ?

L’apologie du suicide est-elle recevable ?

Pour échanger ou abonner une connaissance

biosphere@ouvaton.org

Merci de votre attention,

et faites connaître notre blog biospheremerci

Tous nos articles… publiés en avril 2023 Lire la suite »

A69, État pillard et non État stratège !

En dépit des avis négatifs des instances d’expertise et des fortes oppositions locales, la volonté de l’État et des collectivités de construire cette autoroute censée désenclaver Castres semble inébranlable. A quel moment l’État pillard prend-il le pas sur l’État stratège ? Notons que le pillage n’existe que par le soutien des électeurs au pouvoir en place. Toute tentative d’avancée militante se heurte à des personnes qui vivent dans un monde où l’urgence écologique n’existe pas, lire ci-dessous cet article et le débat qu’il entraîne …

Stéphane Foucart : L’anthropologue David Graeber en 2018 observait que « les États présentent un caractère double assez particulier, ils sont à la fois des formes institutionnalisées de pillage ou d’extorsion, et des projets utopiques ». Le dossier de l’A69 est celui qui illustre le mieux, ces jours-ci, cette troublante dualité – entre l’Etat stratège soucieux du long terme et l’Etat pillard qui permet le saccage de l’avenir et des biens communs au bénéfice de quelques-uns. L’A69 est ce vieux projet d’autoroute entre Castres et Toulouse dont le tracé jouxte celui de la route nationale 126.  : de vingt à trente minutes gagnées pour relier les deux villes, et une vingtaine d’euros pour l’aller-retour. Pour se désenclaver, un travailleur castrais devra donc débourser chaque mois un peu plus d’un quart du smic. L’A69, c’est une quatre-voies s’étirant sur 53 kilomètres. Au total, les impacts sur les milieux naturels consistent en 22 hectares de zones humides détruits, plus de 13 hectares de boisements rasés, sans compter la destruction de 230 hectares de terres agricoles. En dépit des avis négatifs, la volonté de l’Etat et des collectivités semble inébranlable. Elle se mesure aux déclarations martiales du préfet, aux moyens mobilisés pour contrer l’opposition au projet (plus de 2,7 millions d’euros engagés depuis mars 2023) et à la brutalité policière déployée à l’encontre des opposants.

Mediapart a eu accès au contrat de concession (tenu confidentiel en vertu de la loi sur le secret des affaires) et dévoile que certains actifs fonciers de l’Etat, apportés en nature, n’ont pas été comptabilisés dans le montage. Le montant des aides publiques ne serait donc pas de 24,6 millions d’euros, comme annoncé, mais plutôt de… 111,6 millions d’euros ! Le contrat rendrait en outre quasi impossible la reprise de contrôle de la concession par la puissance publique.

Le point de vue des écologistes déconstructivistes face aux anti-écolos

Steinbeck : Mr Foucart vit à Paris. Peu lui chaut de désenclaver la ruralité. Et de sa hauteur, il dit la messe pour les Castrais. Qu’est-ce que dix minutes de gagner pour vous autres? On est pas pressé à la campagne…

Electre @ Steinbeck : En fait, il ne s’agit pas de désenclaver Castres mais d’un faire une cité dortoir au bénéfice de Toulouse

Titus : Avec le raisonnement Foucart, nous n’aurions jamais construit le réseau autoroutier actuel, dont personne ne nie qu’il est très utile. Et qui contribue, comme d’autres grandes infrastructures, à l’attractivité et à l’économie.

Sahira @ Titus : Avec le raisonnement anti- A69, nous aurions en effet construit différemment. Le maillage du réseau de chemin de fer serait resté dense, pour le bien de nos poumons. De plus, ne soyons pas obtus, ce n’est pas parce qu’on l’a fait par le passé qu’il continuer à le faire. Il faut savoir évoluer.

Charlieck : Et M Foucart fait du Foucart ; tous les sujets lui sont bons

Le paraméen @ Charlieck : Un peu légère votre contribution. Un article argumenté et factuel doit pouvoir être contesté… par d’autres arguments fondés aussi sur des faits. Où sont les vôtres ? Néant . Une petite attaque ad hominem typique de ceux qui n’ont rien à dire et le dise !

MOK : Le complotisme existe bel et bien dans le milieu du journalisme. Il s’infiltre partout donc, pas seulement chez les gens intellectuellement fragiles

Numerobis @ MOK : Aux lecteurs critiques de cet article, qui déplorent sa “partialité” au nom de leur haine pavlovienne des “zécolos”, aucun argument ne justifie la construction de cette infrastructure absurde et criminelle, ni les moyens considérables employés pour l’imposer. Et arrêtez avec le respect de la “démocratie” : l’incompétence, l’ignorance, l’absence de courage et de vision à long terme de nombre d’élus locaux n’est plus à démontrer.

Elouk : Il semble qu’une minorité sûre de son bon droit et d’avoir raison peut s’opposer à tous projets en France contre l’avis de la majorité des citoyens. Belle leçon de démocratie. Une dictature écologiste se prépare-t-elle avec l’accord d’un journaliste du Monde?

Goran @ Elouk : Une dictature écologique se prépare? Ah bon. Une minorité sûre de son bon droit…vous parlez des agriculteurs menés par la FNSEA ? Vous parlez des autocrates automobilophiles qui nous imposent des voitures de plus en plus grosses, puissantes, et inutiles ? Il n’y a aucune dictature écologique, il y a un grand backlash contre tout ça : avion à fond, verdissage hypocrite à fond, voiture à fond, etc. Les écolos essayent tant bien que mal de sauver les meubles !

Antonio : C’est vrai que les Amish se débrouillent très bien avec leurs charrettes.

Doudoudodudor @ Antonio : Pourquoi vouloir gagner 20 minutes si c’est pour aller s’affaler devant Hanouna ? Il suffit de partir plus tôt. Tous les scientifiques, tous, le disent : nous avançons vers le réchauffement climatique, inexorablement, avec l’aide de l’Etat. Il faudrait fermer toutes les autoroutes, les rendre à la nature et ne faire que des pistes cyclables.

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A69, entraves à la liberté de la presse (mars 2024)

extraits : Le rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l’environnement, Michel Forst, a demandé le 29 février 2024 à ce que le travail de la presse soit facilité sur le site occupé par les opposants au projet de l’autoroute A69….

A69, quand le futur combat le passé (novembre 2023)

extraits : Le 24 septembre 2023, deux cents scientifiques toulousains d’entre eux avaient réclamé l’abandon de l’A69 (une nouvelle autoroute) dans une lettre ouverte à Carole Delga, la présidente (socialiste) de la région Occitanie, qui soutient le projet. Le 4 octobre 2023, ils sont 1 500 scientifiques à signer une lettre ouverte, publiée par L’Obs, pour dénoncer ce même projet….

autoroute A69, inutile et imposée (octobre 2023)

extraits : L’enterrement de Notre-Dame-des-Landes ne faisait que préparer l‘épanouissement de la contestation de tous les GTII, Grands travaux inutiles et imposés. Partout sur le territoire, une cinquantaine de projets d’aménagement suscitent de vives oppositions locales, souvent depuis plusieurs années : déchets nucléaires à Bure, lignes à très haute tension….

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Écologie : rendre possible l’impossible

Après la nomination en 1971 d’un secrétaire délégué de la protection de la nature et de l’environnement et d’un ministère à part entière en 1975, le bilan suivant a été fait par son premier titulaire, Robert Poujade. Dans son livre-témoignage de 1975, « Le ministère de l’impossible », il explique :

« Avec 300 fonctionnaires et un budget minuscule, il me fallait infléchir – essayer d’infléchir ! – la politique d’une douzaine de ministères, disposant d’administrations puissantes, et de très grands moyens…J’ai eu trop souvent le sentiment de lutter presque seul contre des entreprises que tout aurait dû condamner… On accepte de subventionner n’importe quelle activité sous la pression des intérêts privés, mais beaucoup plus difficilement de prélever une part très modeste de profits, faits au détriment de la collectivité, pour lui permettre de réparer des dommages… La civilisation industrielle a préféré le rendement immédiat à la protection des ressources naturelles. ».

Voici quelques solutions pour dépasser un blocage gouvernemental qui perdure jusqu’à nos jours, ce que nous avons constaté dans notre article précédent.

  •  Redéfinir le périmètre du ministère de l’écologie

Corinne Lepage tirait de son expérience de ministre de l’écologie en 1995-1997 ce résultat : « Les ministères de l’agriculture, de l’industrie, des transports gèrent seuls ou presque les pesticides, les choix énergétiques, le bruit des avions… Le ministère de l’agriculture sera celui des agriculteurs, le ministère des transports celui des transporteurs. Le principe d’intégration qui veut que l’écologie soit intégrée en amont de tous les choix publics est piétiné. » Pour éliminer cette infériorisation systématique, Nicolas Hulot proposait en 2006, dans son Pacte écologique, la voie d’un grand ministère de l’Écologie qui regrouperait différents domaines. Cette solution d’élargissement du périmètre dilue encore davantage l’impératif écologique dans un conglomérat d’intérêts contradictoires. Alain Juppé est devenu en 2007 ministre d’État, ministre de l’Écologie, du Développement et de l’Aménagement durables (MEDAD) et numéro 2 du Gouvernement. Expérience peu concluante.

Plutôt qu’un ministère à périmètre variable, plutôt qu’un vice-Premier ministre, il est préférable que ce soit le Premier ministre lui-même qui soit en charge de l’écologie. Car en fait c’est le Premier ministre qui est tenu d’arbitrer entre les projets de ses différents ministres lorsque les logiques sont contradictoires. Nommée Première ministre en mai 2022, Elisabeth Borne a été chargée de la planification écologique et énergétique. C’était la première fois qu’un Premier ministre possèdait directement une attribution. Mais si le président n’a pas la fibre écolo, cela ne change rien fondamentalement.

  •  Un vote éclairé des parlementaires

Selon l’article 27 de la Constitution française, « Tout mandat impératif est nul. Le droit de vote des membres du parlement est personnel ». Chaque député, représentant du peuple français et non d’un chef de parti, est directement responsable de son vote. Le statut d’un député est nominatif, il ne dépend pas normalement des partis. La place des partis comme l’existence des circonscriptions ne sont que des modalités de sélection des candidats. La logique partisane devrait s’effacer devant l’urgence écologique, un élu devrait réfléchir et voter en son âme et conscience pour le bien commun de la nation.

Encore faut-il que le parlementaire ait une formation lui permettant de voter en pleine conscience. Or, selon une étude de l’Ademe, 20 % des parlementaires estimaient que le changement climatique ne fait pas l’objet de consensus scientifique et la même proportion pense qu’il s’agit « uniquement d’un phénomène naturel qui a toujours existé »… alors que la totalité de la communauté scientifique compétente s’accorde sur le fait que le réchauffement est dû aux activités humaines. Une doctrine interministérielle commune sur l’écologie pourrait être mise en œuvre. Le climat ou la biodiversité relève de la science écologique, l’opinion politique doit savoir en tirer les conséquences.

  •  Généraliser les conventions citoyennes

Une convention citoyenne est composé de personnes tirées au sort et représentative de la structure de la population française. Des experts (in)forment les membres de ce groupe sur un problème spécifique, par exemple le réchauffement climatique. Ces citoyens en discutent, cherchent le consensus et votent les mesures à prendre. C’est donc un avis conforme à ce qui devrait être et d’ailleurs personne n’a contesté la validité des 149 propositions faites par la convention climat créée en octobre 2019. Encore faut-il qu’elles soient appliquées « sans filtre », sans édulcoration par son passage à l’Assemblée nationale ni veto du président de la république. Ce qui n’a pas été fait.

Une bonne manière de rendre efficace la tenue d’une convention citoyenne, ce serait que son déroulé intégral soit diffusé en direct sur une chaîne publique. La transparence de la vie politique est un des critères du bon fonctionnement de la démocratie.

  • S’affranchir de l’immédiat par la planification

Après 1945, il y avait une planification indicative à la française, un commissariat au plan et des perspectives définies sur cinq ans. Le dernier plan français a pris fin en 1992, on a jugé que le rôle des gouvernements n’était pas de jouer les chefs d’orchestre d’une activité économique de plus en plus complexe. Mais aujourd’hui, avec la raréfaction des ressources, la transition écologique implique de déterminer les secteurs d’activité qui doivent être supprimés, réorientés ou soutenus. Il n’y aura de transition réussie que si les citoyens se reconnaissent dans un projet collectif, y voient la possibilité d’un avenir désirable et en deviennent les acteurs. Un Secrétariat général à la planification écologique (SGPE) devait coordonner l’élaboration des stratégies nationales en matière de climat, d’énergie, de biodiversité et d’économie circulaire (communiqué de la Première ministre du 20 mai 2022). En juillet 2022, le tandem Elisabeth Borne, chargée de la planification écologique, avec Antoine Pellion, secrétaire général du SGPE était confirmé par l’Elysée. Ce processus est resté malheureusement sans lendemain.

Le 5 juillet 2017 Emmanuel Macron avait évoqué devant le congrès le 5 juillet 2017 une autre innovation institutionnelle, transformer le Conseil économique, social et environnemental) :

« Le CESE doit devenir la Chambre du futur, où circuleront toutes les forces vives de la nation. Nous ferons de cette assemblée le carrefour des consultations publiques. L’actuel CESE doit pouvoir devenir le forum de notre République. Il réunira toutes les sensibilités et toutes les compétences, du monde de l’entreprise et du travail, des entrepreneurs et des syndicats, des salariés comme des indépendants, donnera un lieu d’expression aux associations et aux ONG, et deviendra ainsi pour l’Etat la grande instance consultative qui fait aujourd’hui défaut. »

Une autre initiative pour intégrer le long terme dans les décisions publiques qui n’a malheureusement pas été concrétisée.

Conclusion

Nous avons montré qu’il est possible de définir les modalités d’une prise en compte de l’urgence écologique par un gouvernement. Reste à faire en sorte que la théorie devienne réalité. Nicolas Hulot avait fait sienne cette pensée de David Brower : « L’optimisme et le pessimisme expriment sous des formes différentes la même capitulation face au futur ; car tous les deux le traitent comme une fatalité et non comme un choix. » En s’engageant dans un gouvernement pas vraiment écolo en 2017, Nicolas avait tenté de rendre possible l’impossible. Il a échoué, mais ce n’était qu’un des marcheurs d’une longue marche collective.

Tout dépend en définitive de notre capacité collective à reconnaître les contraintes biophysiques et à agir en conséquence. Un gouvernement même très motivé écolo ne peut pas grand-chose s’il n’a pas avec lui le consensus social. Il n’y aura donc sortie de la myopie démocratique si les citoyens sont eux-mêmes les défenseurs d’une conscience élargie du monde dans le temps et dans l’espace.

La constellation des impossibilités sur notre blog biosphere

Fukushima, quand l’impossible est certain (mars 2011)

Eduquer au XXIe siècle ? Impossible ! (mars 2011)

contrôler la fécondité des pauvres, impossible obligation (janvier 2014)

noces impossibles du productivisme et de l’agroécologie (janvier 2014)

Impossible mais vrai, l’homme dévore 1,5 Terre par an (octobre 2014)

Produire plus, polluer moins : l’impossible découplage (janvier 2015)

Un impossible démantèlement des centrales nucléaires (mars 2016)

Nicolas Hulot vivait au ministère de l’impossible (août 2018)

L’énergie contrainte rend la démocratie impossible (novembre 2018)

Désastre en 2050, neutralité carbone impossible (mars 2019)

Pas de bol, l’impossible retour à la nature sauvage (avril 2019)

L’ impossible union des mouvements écolos (juin 2019)

post-Covid, l’impossible an 01 de l’écologie (avril 2020)

Un impossible tourisme « durable » (juillet 2021)

Sortir des énergies fossiles, impossible ? (novembre 2021)

l’impossible réveil écologique des ingénieurs (décembre 2021)

L’impossible blocage du prix des carburants (mars 2022)

Écologie, le ministère de l’impossible (juin 2022)

L’impossible assurance anti-apocalypse (janvier 2024)

Sombrer dans le chaos n’est pas impossible… (mars 2012)

Extraits : Dans un monde fragilisé par l’expansion incontrôlée de l’activité humaine, tout devient possible. Prenons le battement d’aile de nos avions. La décision européenne de taxer, depuis le 1er janvier 2012,  les émissions de CO2 des compagnies aériennes opérant en Europe est déjà remise en question par plusieurs pays qui préfèrent la guerre commerciale que l’entente sur le climat. Résultat probable, un réchauffement climatique qui va être accéléré par les boucles de rétroaction positive que nous avons analysées dans un post antérieur. D’où la possibilité du chaos environnemental et social résultant d’un réchauffement dépassant 4 ou 5 °C en moyenne mondiale. Nos motivations économiques égoïstes et de courte vue amplifient les déséquilibres écologiques, la croissance voulue par nos dirigeants actuels préfigure le chaos futur. Nous ne nous méfions pas assez du battement des ailes de nos avions.

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