politique

départementales et régionales, le vide

La presque totalité du corps électoral ne sais pas à quoi sert un conseil départemental, encore moins un conseil régional. L’ignorance est politiquement voulue, médias et partis ont transformé des élections locales en enjeu national, pour ou contre Macron, ou Marine, le reste importe peu. Comme quoi, de votes en abstentions, on confirme amplement l’adage : « Élections, piège à cons ».

Prenons l’exemple des engagements du Rassemblement National pour la Nouvelle Aquitaine. Les deux premiers points sont classiques de la part d’un parti replié sur l’hexagone : « Lutter contre l’immigration massive » et « rétablir la sécurité ». Le troisième et le quatrième point sont ruralistes : « désenclaver les territoires » et « favoriser le localisme ». Le cinquième et dernier montre le peu de cas que l’ex Front national porte à l’urgence écologique :

5. Stopper l’écologie punitive : L’éolien est une aberration économique et écologique. Nous l’arrêterons. Je (Edwige Diaz) valoriserai le travail des agriculteurs qui nous nourrissent et je rejetterai l’idéologie qui les fait passer pour des pollueurs sans scrupules. Contrairement à mes adverses (sic), je n’appliquerai pas la future écotaxe sur les transports routiers parce que je protégerai le pouvoir d’achat des Néo-Aquitains (point final)

Pas besoin d’en dire plus, on a tout compris, il ne reste plus qu’à pleurer (de rire).

NB : en novembre 2019 pour les municipales, on a été un peu plus disert, tous les partis ou presque étaient écolos !

départementales et régionales, le vide Lire la suite »

René DUMONT, l’écologie entre en politique

Je pense encore souvent à René Dumont, décédé le 18 juin 2001. Mon premier vote a été pour lui, il était candidat à la présidentielle et faisait entrer l’écologie en politique par la grande porte. C’était en 1974, il y a une éternité. Aujourd’hui un évènement chasse l’autre sans souci de construire un avenir commun, et l’anniversaire de sa mort devrait être plus qu’une commémoration, une interrogation sur nous-mêmes : qu’avons-nous fait de son enseignement, où va la planète et tous ses habitants si nous ne réagissons pas dans le bon sens ?

Véritable baroudeur de l’agronomie, son métier de base, René Dumont s’était engagé aux côtés des tiers-mondistes dans la lutte contre le colonialisme et la famine. En 1962, il constate de façon prémonitoire que le continent noir courait à sa perte et l’annonce dans son best-seller « L’Afrique noire est mal partie ». En 1972, René Dumont a pris conscience, grâce à la lecture du rapport Meadows sur les « limites de la croissance », de l’ampleur des menaces qui pèsent sur la planète, menaces qui ne sont pas seulement alimentaires mais aussi énergétiques, atmosphériques, aquatiques, etc. La première conférence des Nations Unies sur l’environnement se réunissait la même année à Stockholm. En parallèle à cette conférence officielle, des milliers de jeunes se réunissent et lancent le premier grand mot d’ordre de l’écologisme : « Nous n’avons qu’une seule Terre ! ». L’agronome est devenu écolo. Pendant longtemps, l’homme de la révolution fourragère avait prôné les mérites de l’agriculture intensive, du productivisme. Il a su revenir sur ces idées pour témoigner que, si on se trompe, l’important est de l’admettre, ce qu’il a fait dans son programme de présidentiable : « L’agriculture intensive, quand elle néglige la fumure organique et n’utilise que des engrais minéraux accompagnés de pesticides divers, menace gravement sa propre pérennité ». Poussé et soutenu par les associations environnementales, il s’est donc présenté aux élections présidentielles de 1974 ; il n’a obtenu que 1,32 % des suffrages exprimés, mais ce n’était qu’un début, le combat ne faisait que commencer. Pour la première fois en France un vote électoral signifiait vraiment quelque chose de différent, une alternative à la lutte entre tenants de la droite et partisans de la gauche ; car nous sommes tous concernés par les crises écologiques, il nous faut tous sans exception changer de comportement quand on appartient à la classe globale, celle qui possède un véhicule personnel. Il nous faut acquérir le sens des limites.

Les mesures préconisées par René Dumont restent toujours valables : un impôt sur les matières premières pénaliserait l’usage intensif des ressources et récompenserait l’emploi intense en main d’œuvre ; un impôt d’amortissement serait inversement proportionnel à l’espérance de vie des produits, par exemple de 100 % sur les produits destinés à durer moins d’un an et de zéro pour les produits à durée séculaire ; une taxe progressive sur l’énergie consommée par foyer sous toutes ses formes, non pas seulement le chauffage, l’électricité, l’essence, mais aussi l’achat d’automobiles, d’appareils ménagers, etc. Comme le volume des transports par camions routiers progressait déjà fortement à son époque au détriment du rail, René proposait que les camions soient limités aux trajets gare-domicile et que les voitures privées soient interdites dans les centres villes. Il recherchait même une société capable de défendre les non-nés, les générations futures alors que le concept de développement durable n’a été popularisé que par un rapport des Nations Unies de 1988. Dans la préface de « L’état de la planète » (Economica, 1989), René Dumont écrivait encore : « Cette étude nous met en face de nos responsabilités. On peut dire que notre génération – celle de Trente années Glorieuses, celle qui a longtemps cru avoir si bien « réussi » – n’avait nullement compris que ces « gains » avaient été essentiellement réalisées au dépend d’un environnement mondial de plus en plus compromis ; au dépens du Tiers monde, de ses populations démunies, privées de tout et d’abord de ce que nous gaspillons ; aux dépens des générations futures, qui seront privées d’un potentiel de production correct et des ressources rares et non renouvelables (pétrole et minerais)… Un minimum d’austérité est devenu une condition absolue de la survie prolongée de l’humanité. On ne saurait trop le répéter : dans les 10 ans, les dés seront jetés ».

Dans le dernier chapitre de son livre-souvenirs en 1977 titré« Seule une écologie socialiste… ». René Dumont mettait en évidence à l’âge de 73 ans l’axe directeur de sa pensée : « L’écologie résume tous nos problèmes, toutes nos crises ». Sans tenir compte des avertissements qui se sont multipliés depuis, la société thermo-industrielle a continué à pleine vitesse pour déboucher dans l’impasse de la croissance dans un monde fini. Et les pays dits aujourd’hui « en développement » courent après ce terrible paradoxe qui donne tant à réfléchir : « Notre grande pollution, c’est notre misère, laissez-nous nous industrialiser ». Alors que le mode de vie occidental épuise déjà plusieurs planètes s’il était généralisé, cette volonté de « rattrapage » a été suivie à la lettre entre autres par la Chine dont les énormes besoins accroissent la pression de l’humanité sur la planète.

Vingt années sont passées depuis la mort de René Dumont et la dégradation biophysique de la planète risque de devenir irréversible. Il faudrait que les citoyens et les citoyennes sachent reconnaître ce qui a de l’importance dans l’immense machine médiatique à produire aujourd’hui des informations illusoires. Le message de René mérite d’être écouté.

Michel Sourrouille

NB : ce texte est déjà à ligne sur le site des Journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie (JNE)

https://jne-asso.org/2021/06/10/hommage-a-rene-dumont-pour-le-20e-anniversaire-de-sa-mort-par-michel-sourrouille/

René DUMONT, l’écologie entre en politique Lire la suite »

L’irresponsabilité écologique des Suisses

Une justice anti-écolo, les procès d’activistes du climat se multiplient en Suisse. Le 11 juin 2021, la Cour suprême helvétique a définitivement condamné, pour violation de domicile, des militants qui s’étaient invités dans le prestigieux bâtiment lausannois de la banque Crédit suisse pour y disputer une partie de tennis improvisée afin de dénoncer symboliquement les financements pétroliers de la banque. Les activistes avaient pourtant été relaxés en première instance après avoir plaidé « l’urgence climatique ».

La démocratie référendaire en échec. Le 13 juin 2021, lors de leur traditionnelle journée de votations trimestrielles, les citoyens helvétiques se sont prononcés sur deux questions liées à l’écologie. Un premier texte intitulé « Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse » demandait l’interdiction de ces produits dans un délai de dix ans. Ce texte a été rejeté par les citoyens helvétiques à 60,56 %. Le lobby agro-industriel avait fait une campagne de désinformation sur le mode « non aux initiatives phyto extrêmes », ou encore : « On vous nourrit, on nous punit. » Une autre initiative (« Pour une eau potable propre et une alimentation saine ») demandait le durcissement des exigences environnementales qui conditionnent le versement des subventions allouées, le texte prévoyait que ces aides ne soient versées qu’aux exploitations n’utilisant pas de pesticides. Ce texte a été rejeté à 60,68 %. Les Suisses se prononçaient aussi dimanche sur la loi par laquelle les autorités veulent atteindre les objectifs climatiques définis par l’accord de Paris, à savoir diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport à leur niveau de 1990. La loi rendrait plus coûteux les comportements nuisibles au climat en augmentant l’impôt sur les combustibles fossiles et en introduisant une taxe sur les billets d’avion. Les Suisses ont rejeté le texte à 51,59 %. « Non à la loi sur le CO2 » était soutenu par des groupes de pression automobile et pétrolier. Par contre les électeurs ont été à 56,58 % favorable au fait de renforcer les mesures policières de lutte contre le terrorisme

Oui aux pesticides, Non à la diminution de CO2… les Suisses sont cohérents : Oui à la destruction de la planète à marche forcée ! Ceux qui soutiennent que le peuple a toujours raison en sont pour leur frais ; les votants d’aujourd’hui ne veulent rien changer à leurs comportements destructeurs. Les référendums en Suisse, c’est comme si la lutte contre un terrorisme ponctuel et marginal était plus important que les risques généralisés de pollution et les perturbations climatiques mondiales… Mais un référendum en France sur ses questions similaires arriverait sans doute au même résultat. C’est comme les fumeurs qui connaissent parfaitement les risques qu’ils prennent, mais n’arrêtent pas de fumer pour autant. L’espoir d’un monde meilleur viable pour nos générations futures diminue toujours plus face à nos folies dantesques programmées par notre appareil thermo-industriel mortifère…

Pour en savoir plus sur le référendum suisse grâce à notre blog biosphere :

4 décembre 2020, Votation suisse = irresponsabilité écologique

24 mai 2017, Sortir du nucléaire va demander des efforts aux Suisses

20 septembre 2016, Initiative verte en Suisse, réduire l’impact écologique

11 novembre 2014, Référendum en Suisse : halte à la surpopulation

L’irresponsabilité écologique des Suisses Lire la suite »

Apprendre à désobéir, une nécessité absolue

Le collectif des Désobéissants vous propose une journée de formation à la désobéissance civile, le samedi 26 juin à Chaville (25 min de Paris en RER). Pour s’inscrire ou en savoir plus, envoyez nous un mail: desobeissance.paris@protonmail.com

Ce stage s’adresse aux militants expérimentés comme aux militants débutants. Il s’agira notamment d’apprendre à organiser des actions visant à défendre des droits sociaux de plus en plus menacés, les Droits humains et des animaux, l’avenir de la planète…Cette formation peut s’avérer très utile pour mieux appréhender notre rapport à la police, aux médias, à la non-violence, etc.

PROGRAMME

1) Positionnement philosophique: Pourquoi la non-violence ? Comment utiliser la répression pour faire avancer la cause ?

2) La rencontre avec son adversaire: policer, gendarme, vigile…

3) Techniques de blocage et de résistance à une évacuation, gérer son stress pendant l’action

4) Déroulement d’une action/ Aspect méthodologique

– coordination, sécurité, communication, négociation, évaluation – répartition des différents rôles dans une action – les différents types d’action : répertoire et exemples concrets – check list (récapitulatif) d’une action type

5) Aspects juridiques / audition au commissariat

– quels droits quand on est arrêté par la police ? – la garde-à-vue – la convocation au commissariat

6) L’action et les médias
7) Aspects stratégiques: Objectifs de l’action? Adversaires? Alliés? Comment gagner une lutte (exemples de luttes non-violentes victorieuses)? Quelles erreurs éviter?
– Horaires: samedi 26 juin de 9h45 à 17h45.
– Lieu: Pour
connaître l’adresse, merci de s’inscrire: desobeissance.paris@protonmail.com

– Prix: La participation aux frais est libre (prix conseillé 30€). Chacun donne ce qu’il peut en fonction de ses moyens.
– Covid-19: Nous respecterons naturellement les gestes barrières, et chacun.e est invité.e à se munir d’un masque.
– Repas: Chacun est invité à venir avec son repas du midi (ainsi qu’un verre et une assiette et des couverts si nécessaire). Nous ne pourrons pas partager la nourriture pour des raisons sanitaires.
– Formateur: Praticien de la Désobéissance civile depuis plus de 10 ans en France et à l’étranger, il anime des formations depuis 8 ans dans toute la France auprès de militants œuvrant pour la justice sociale, les droits humains, les droits des animaux, l’écologie…

Article de presse sur nos formations.
Bonne journée,
les Désobéissants
www.desobeir.net

Apprendre à désobéir, une nécessité absolue Lire la suite »

Interdit de lutter contre le greenwashing

Stéphane Foucart : « La porte-parole de l’association Alerte aux toxiques ! a été condamnée par un tribunal judiciaire à verser 125 000 euros au Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux. Une série d’analyses menées par l’association sur des vins labellisés « haute valeur environnementale » (HVE) indiquaient un total de vingt-huit pesticides différents détectés, avec une moyenne de huit substances par bouteille. Le label HVE n’est donc qu’un instrument de marketing destiné à vendre au consommateur une démarche écologique vertueuse, tout en maintenant l’utilisation de produits dangereux (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques ou perturbateurs endocriniens). Le tribunal a estimé que la communication de l’association, « volontairement anxiogène », relevait d’un « dénigrement fautif » : les taux de substances retrouvés dans les bouteilles testées étaient très bas, de l’ordre d’une fraction des seuils réglementaires autorisés. Justice aux ordres ? La certification HVE a bénéficié d’un soutien fort des pouvoirs publics. Arnaque administrative ? Dans le cas de la viticulture – qui représente plus de 80 % des exploitations bénéficiant du label –, la HVE n’apporte aucun bénéfice environnemental. Pire, le budget consacré aux pesticides et aux intrants de synthèse ne doit pas excéder 30 % du chiffre d’affaires de l’exploitation pour que celle-ci puisse bénéficier du tampon HVE. En viticulture, la moyenne française se situe à 14 %. Même en consacrant aux pesticides un budget plus de deux fois supérieur à la moyenne nationale, une exploitation peut donc postuler à la certification HVE. Le cas de Valérie Murat n’est pas unique. Le tribunal de commerce de Paris a condamné l’application Yuka à verser 20 000 euros de dommages et intérêts à la Fédération française des industriels charcutiers traiteurs. L’avertissement, par l’application d’information nutritionnelle, des risques liés aux charcuteries traitées aux sels de nitrites a été considéré comme une forme de dénigrement. C’est pourtant un fait scientifique bien établi : la charcuterie est un cancérogène avéré. »

Tout cela pose évidemment question. Où s’arrête le droit de dire la vérité, et où commence le dénigrement ? Quelques commentaires perspicaces sur le monde.fr :

La mouche du coche : Merci à ces juges de nous rappeler de façon flagrante que l’Etat, son appareil, ses assemblées, sa magistrature, sa police… sont au service de la classe dominante, celle qui possède (les vignobles, les industries agro-alimentaires, les moyens de production en général) et pas du peuple en général, contrairement à ce qu’on veut nous faire croire depuis 1789.

A.Blanchard : L’utilisation de la justice est une méthode traditionnelle dans les régimes autoritaires pour faire taire les opposants. Si la méthode est plus rare dans nos démocraties, en particulier dans les affaires politiques, il arrive que la justice soit instrumentalisée sur une base légale mais clairement illégitime comme dans l’affaire opposant Alain Riazuelo à animateurs d’émission. Or quand des intérêts commerciaux sont en jeu la protection de l’image de marque peut-être un outil efficace pour tente de faire taire toute expression gênante. Ce qui semble bien être le cas ic i! De plus le combat (judiciaire) est souvent inégal: des entreprises aux puissants moyens financiers peuvent intenter des procès incertains mais qui mettrons en difficultés financières leurs adversaires.

E.3.41 : Il y a asymétrie des arguments : là où les lanceurs d’alerte doivent mesurer leurs propos sous peine de condamnation, les industriels peuvent utiliser tous les arguments marketings mensongers ou qui induisent le consommateur en erreur : on peut ainsi vendre des voitures écologiques (!), des bonbons 100% sans graisses et des biscuits  » à la saveur encore meilleure garantie »… Au final, le dénigrement du produit non, mais le dénigrement du consommateur, oui. Cherchez l’erreur…

Interdit de lutter contre le greenwashing Lire la suite »

Contribution : Écologie et souveraineté

contribution de Gilles Lacan : « La dégradation de la biosphère, dont les manifestations les plus visibles sont le dérèglement climatique, l’effondrement de la biodiversité et l’épuisement des ressources naturelles, a porté la défense de l’environnement au centre du débat public. L’ampleur et la rapidité de cette dégradation comme son caractère irréversible, malgré son origine anthropique, conduisent à privilégier désormais l’adaptation par rapport à l’évitement. Les stratégies d’évitement reposent, par nature, sur une gouvernance mondiale ou, du moins, sur une concertation internationale en vue d’aboutir à des accords, peu ou pas contraignants, comme celui de Paris en 2015. Les stratégies d’adaptation, au contraire, peuvent être mises en œuvre par les gouvernements nationaux, avec deux avantages qui leur sont propres : d’une part, une approche plus spécifique des mesures à prendre, d’autre part, une gouvernance disposant sur une aire déterminée d’une grande capacité de contrainte, y compris dans les pays démocratiques. C’est dans l’espace étatique, là où s’exerce la souveraineté, que doivent être faits les choix difficiles commandés par l’adaptation.

Ces choix pour la France sont le nucléaire, civil et militaire, la souveraineté alimentaire assurée par une agriculture de petites ou moyennes exploitations de polycultures et d’élevage, la relocalisation industrielle assortie d’un protectionnisme ciblé, l’arrêt des politiques natalistes et de l’immigration, le recul de l’âge de la retraite, la limitation des mobilités et la gestion prévisionnelle de l’exode urbain, la réduction des transferts sociaux et des subventions, le remboursement de la dette. Le niveau actuel de consommation des biens et des services, y compris des services publics, n’est pas soutenable. Contrairement à une idée répandue, sa baisse s’accompagnera nécessairement d’un abandon, au moins partiel, du modèle social français qui prévaut depuis 1945. Entrer en résilience, c’est accepter les contraintes d’une économie de guerre, de surcroît sans déficits possibles. »

remarques de Biosphere : beaucoup de choses dans ce texte de Gilles Lacan dont plusieurs points méritent développement et débat. Notre blog biosphere est aussi fait pour cela, chercher le consensus. Nous rappelons que nous sommes ouverts à des contributions, moins de 4000 caractères svp… à envoyer à biosphere@ouvaton.org

Contribution : Écologie et souveraineté Lire la suite »

« Mein Kampf » à la sauce écolo ? Fantasme !

Toute situation géopolitique qui donne l’occasion à des extrémistes de parvenir au pouvoir est dangereuse. Comme le rappelle Antoine Vitkine  « Mein Kampf est parmi nous, et pour longtemps encore ». Pour l’instant ce sont des anti-écolos qui jouent au dictateur un peu partout sur la planète, Xi Jinpin, Jair Bolsonaro, Alexandre Loukachenko et tant d’autres. C’est l’autoritarisme au royaume des mécontents perpétuels qui triomphe même dans les urnes et élimine toute opposition. Mais demain la cause écologique pourrait mettre en avant ce que certains appellent parfois des Khmers verts ou des ayatollah de l’écologie. L’Écolo-fascisme, est-ce vraiment un risque avéré ?

Publié en 1925, Mein Kampf fut sous-estimé alors qu’y figuraient les intentions criminelles d’Adolf Hitler bien avant son arrivée au pouvoir. Il faut prêter attention à l’expression de projets politiques radicaux et à ne jamais sous-estimer les mots, en particulier lorsqu’ils sont publics et portés par des personnes susceptibles de les traduire en actes. Encore faut-il aussi avoir un contexte porteur, pouvoir faire groupe organisé et se désigner un adversaire. C’est la faute aux juifs ! L’antisémitisme radical d’Hitler a joué un rôle moteur, mobilisateur. Mein Kampf représente le trait d’union entre un antisémitisme traditionnel relativement répandu à l’époque et ce qui, à la faveur des circonstances, deviendra la « solution finale ». Les décennies suivantes offrent quelques autres exemples saisissants de textes justifiant des massacres à venir : « Le Petit Livre rouge », doctrine au nom de laquelle les partisans de la Révolution culturelle causèrent la mort de plusieurs millions de Chinois ; le projet délirant exposé dans la charte du Parti communiste de Pol Pot, à l’origine de l’assassinat d’environ deux millions de Cambodgiens. Aujourd’hui il faut s’efforcer d’analyser la portée de tel ou tel projet ultranationaliste, de tel projet djihadiste, de telle nouvelle forme de totalitarisme.

Il nous semble que le risque de dictature au nom de l’écologie n’est qu’un fantasme entretenu par des intellectuels anti-écolos… à la suite de Luc Ferry qui avait osé écrire : « C’est la hantise d’en finir avec l’humanisme qui s’affirme  de façon parfois névrotique, au point que l’on peut dire de l’écologie profonde qu’elle plonge certaines de ses racines dans le nazisme. » L’Écologisme est certes une idéologie, mais pas une doctrine constituée comme le fut Mein Kampf ou le Manifeste du parti communiste. Il y a presque autant de conceptions de l’urgence écologique et des moyens d’y faire face qu’il y a d’écologistes. La difficulté des partis qui se revendiquent explicitement de l’écologie à recruter en masse prouve que les tendances centrifuges l’emportent largement sur les possibilités centripètes. Ensuite une dictature doit bénéficier des élites déjà en place, et dans nos sociétés thermo-industrielles, ceux qui ont l’argent et le pouvoir sont ceux qui utilisent les ressources fossiles pour laisser croire à l’abondance matérielle de tout un chacun. Le peuple soutiendra le pouvoir en place, il voudra utiliser jusqu’à la dernière goutte de pétrole pour rouler dans sa bagnole. Le projet écologique ne peut définir un adversaire extérieur à nous-mêmes, tous les nantis de la classe globale, toux ceux qui possèdent un véhicule personnel et ne sont heureux qu’à hauteur de leurs émissions de gaz à effet de serre. Il paraît impossible d’avoir des manifestations de masse réclamant le dévoiturage ou la baisse du niveau de vie. Greta Thunberg ne peut que dire devant les puissants de ce monde qu’il faudrait qu’ils fassent quelque chose ! La parole de Greta est écoutée plus ou moins poliment, mais non suivi d’effets comme l’a été la convention citoyenne en France et bien d’autres initiatives sans lendemain. Le système croissanciste va s’effondrer non par une action militante d’envergure, mais par insuffisance des ressources terrestres pour entretenir le mode de vie à l’occidentale. Par contre le fascisme resurgit avec l’extrême droite qui, pour échapper aux difficultés de la mise en œuvre d’une politique écologique, désigne des boucs émissaires et se contente de crier haro sur l’immigré (et sur les éoliennes).

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

Les Khmers verts et autres Ayatollah de l’écologie

Urgence écologique et destructions de biens

Quelques commentaires complémentaires sur lemonde.fr :

Borodino : Il n’y a pas de livres dangereux, il n’y a que des lecteurs dangereux.

孫悟空 : Mein Kampf est populaire de nos jours dans les pays arabes y compris en Palestine et les hindous voudraient faire la même chose aux musulmans.

MaHa : La phrase de Vitkine, « Autre leçon de Mein Kampf, la barbarie peut naître de la démocratie la plus accomplie », me semble osée. Une grande part de la société, était restée profondément anti-démocratique. En particulier en Bavière, où Hitler vivait et où a émergé le parti nazi NSDAP, la démocratie était rejetée par la plupart des élites qui faisaient le deuil du second empire allemand. Les juges de Munich, au lieu de faire le procès d’Hitler après sa tentative de coup d’état des 8 et 9 novembre 1923, ont donné à Hitler une peine de prison transformée en confortable retraite d’écrivain. C’est pendant cette retraite qu’il a rédigé son « Mein Kampf ».

Sarah Py : C’est l’extrême faiblesse des uns qui fait l’extrême force des autres. Hitler était évitable, et son livre aurait dû rester le délire d’un énergumène.

« Mein Kampf » à la sauce écolo ? Fantasme ! Lire la suite »

Écologisme, fondamentalisme ou pragmatisme

Le terme « réalo » vient d’une controverse qui a agité les Grünen allemands à la fin des années 1980 où les Realos (réalistes), partisans d’une alliance électorale avec les sociaux-démocrates, s’opposaient aux « Fundis » (fondamentalistes) qui ne souhaitaient pas de compromissions avec le SPD (centre gauche). Les Verts allemands se définissent aujourd’hui comme écologistes à part entière, ce qui rend possible la négociation avec tous les partis démocratiques. Les Verts français ont choisi le contraire et EELV perpétue cet héritage. En 1986, Antoine Waechter fixait ainsi la ligne politique des Verts : « l’écologie politique n’est pas à marier. » Le ni-ni (ni droite, ni gauche) domine, les Verts considèrent que l’écologie est un nouveau courant de pensée politique différent des partis productivistes. Mais lors de l’Assemblée générale des Verts à Lille en 1994, l’alliance à gauche de l’écologie politique est devenue la norme. Du point de vue des écologistes, tout cela n’est que cuisine électorale et petites tactiques d’alliance à géométrie variable. Le véritable débat qui traverse l’écologie oppose fondamentalement les tenants d’une transition écologique sans douleur et les partisans d’une écologie de rupture avec le système croissanciste.

François de Rugy est un exemple parfait de l’écolo anti-écolo. Membre éminent des Verts, il est devenu ministre macrorniste. Son parcours montre qu’à force de faire du pragmatisme, l’écologie politique devient une course aux postes en laissant ses convictions au vestiaire. En 2015, François de Rugy écrivait : Ecologie ou gauchisme, il faut choisir ! Le choix des adjectifs accolé par François de Rugy au mot écologie tout au cours de son livre est significatif : elle devrait être réformiste, républicaine, positive, responsable, libérale et humaniste. Rien de bien révolutionnaire en somme. Il en arrivait même à écrire :

« Ce sont les initiatives privées, la liberté d’entreprendre, la créativité et l’innovation qui construisent une économie. Notre raison d’être est de démontrer que l’intérêt de tous les acteurs économiques, entreprises au premier rang, est de saisir les opportunités de développement liées à la lutte pour l’environnement… Il existe de bonnes initiatives dans le secteur agroalimentaire. Il ne s’agit pas de se demander comment rebâtir un modèle agricole idéal… La promesse consistant à changer le mode de production et de consommation pour sortir de la crise relève du prêchi-prêcha vert… On entend certains prôner le « small is beautiful », il ne faut pas élaborer de principes à ce sujet. Il y a de grandes entreprises qui consacrent beaucoup de leur activité à la recherche et à l’innovation… Il ne faut pas condamner Total. Il vaut souvent mieux être salarié d’un grand groupe que d’une petite entreprise… Il ne faut pas entretenir des querelles sans fin sur les aéroports alors que l’objectif, à savoir l’accessibilité internationale du territoire, n’est jamais atteint… »

Du point de vue des écologistes, l’état pitoyables de nos dernières ressources et l’amoncellement de nos déchets toxiques posent des problèmes que le « pragmatisme » actuel de nos dirigeants n’arrive pas à résoudre. Le manque de réalisme ne se trouve pas dans l’idée de rupture, il règne parmi les partisans de la croissance quel qu’en soit le coût . La société thermo-industrielle est devenue obèse, l’avenir des générations future est fortement compromis. Toutes les études scientifiques montrent en effet que nous avons dépassé toutes les limites bio-physiques, ne pas modifier drastiquement notre trajectoire nous mène donc droit dans le mur. C’est ce que nous essayons de montrer constamment sur ce blog biosphere, extraits :

19 mai 2015, Une écologie de rupture contre la société croissanciste

L’idée-clé de l’écologie politique, c’est la conscience aiguë que nous avons déjà dépassé les limites de la biosphère. Il faudra donc faire des efforts dans tous les domaines. Il ne s’agit pas d’écologie punitive, mais de soutenir une écologie de rupture. A ceux qui lui demandaient comment sortir de la crise, l’écologiste Teddy Goldsmith répondait en souriant : « Faire l’exact contraire de ce que nous faisons aujourd’hui, et ce en tous les domaines. »…

25 juillet 2016, pour une écologie de rupture avec le système

Notre civilisation a établi une séparation originelle et essentielle entre l’homme et la nature. Ce paradigme a contribué à légitimer tous les abus dénoncés par les écologistes : épuisement des sous-sols, destruction de la biodiversité, marchandisation d’une nature soumise à la spéculation et au profit… Face à l’anthropocentrisme structurel de toutes les forces politiques, la remise en question de cette externalisation de la nature est un donné majeur de l’écologie…

19 avril 2020, post-covid, pour une écologie de rupture

On annonce officiellement des milliards et des milliards pour sauver les entreprises, « quoi qu’il en coûte » . Autant dire sauver le système : celui qui détruit les écosystèmes, bousille notre climat, détruit la vie sur terre, fait exploser les maladies chroniques, et mène l’humanité au désastre. A moins qu’après la pandémie, une rupture écologique s’amorce ! On ne peut que constater : les militants de la décroissance l’ont rêvé, le coronavirus l’a fait. L’activité productive est à l’arrêt, le krach boursier est arrivé, les perspectives de croissance sont en berne, les déplacements sont réduits au strict minimum, les voyages par avion sont supprimés, les enfants restent en famille chez eux, le foot-spectacle se joue à huis clos et la plupart des gouvernances sont remises en question. Les politiques commencent alors à réfléchir aux fondamentaux…

Écologisme, fondamentalisme ou pragmatisme Lire la suite »

29 mai, formation à la désobéissance civile

Le collectif des Désobéissants vous propose une journée de formation à la désobéissance civile, le samedi 29 mai à Paris. Ce stage s’adresse aux militants expérimentés comme aux militants débutants. Il s’agira notamment d’apprendre à organiser des actions visant à défendre des droits sociaux de plus en plus menacés, les Droits humains et des animaux, l’avenir de la planète…
Pour s’inscrire ou en savoir plus, envoyez nous un mail
: desobeissance.paris@protonmail.com

PROGRAMME :

1) Positionnement philosophique: Pourquoi la non-violence ? Comment utiliser la répression pour faire avancer la cause ?

2) La rencontre avec son adversaire: policer, gendarme, vigile…

3) Techniques de blocage et de résistance à une évacuation, gérer son stress pendant l’action

4) Déroulement d’une action/ Aspect méthodologique

– coordination, sécurité, communication, négociation, évaluation

– répartition des différents rôles dans une action

– les différents types d’action : répertoire et exemples concrets

– check list (récapitulatif) d’une action type

5) Aspects juridiques / audition au commissariat

– quels droits quand on est arrêté par la police ?

– la garde-à-vue

– la convocation au commissariat

6) L’action et les médias
7) Aspects stratégiques: Objectifs de l’action? Adversaires? Alliés? Comment gagner une lutte (exemples de luttes non-violentes victorieuses)? Quelles erreurs éviter?
– Horaires: samedi 29 mai de 9h45 à 17h45.
– Lieu: Pour
connaître l’adresse, merci de s’inscrire: desobeissance.paris@protonmail.com

– Prix: La participation aux frais est libre (prix conseillé 35€). Chacun donne ce qu’il peut en fonction de ses moyens.
– Covid-19: Nous respecterons naturellement les gestes barrières, et chacun.e est invité.e à se munir d’un masque.
– Repas: Chacun est invité à venir avec son repas du midi (ainsi qu’un verre et une assiette et des couverts si nécessaire). Nous ne pourrons pas partager la nourriture pour des raisons sanitaires.
– Formateur: Praticien de la Désobéissance civile depuis plus de 15 ans en France et à l’étranger, il anime des formations depuis 8 ans dans toute la France auprès de militants œuvrant pour la justice sociale, les droits humains, les droits des animaux, l’écologie…

www.desobeir.net

Article de presse sur nos formations.

29 mai, formation à la désobéissance civile Lire la suite »

Macron écolo ? Laissez-moi rire !

Emmanuel Macron en juin 2017, son slogan « Make our planet great again » face aux climatosceptiques comme Donald Trump ou Jair Bolsonaro. Depuis on déchante : « Tout ça n’est que de la stratégie politique. Voilà ce qu’est l’écologie pour Emmanuel Macron : une stratégie politique », s’étrangle M. Orphelin., ex LREM. « Notre conception de l’écologie n’est ni celle de LR – qui vote systématiquement contre tous nos textes en faveur de l’environnement – ni celle des Verts qui ne voient comme seule solution que taxer et punir, explique le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal. Nous, on ne dit pas aux jeunes : “Demain, vous ne prendrez plus l’avion”, mais : “on met les moyens pour inventer l’avion de demain.” »

Les contributeurs sur le monde.fr ne sont pas dupes… sauf quelques-uns :

AnneH : Emmanuel Macron n’a aucune sensibilité écologique ;l’abandon du chantier de l’aéroport de Notre Dame des Landes est dû aux problèmes sécuritaires que cet immense chantier aurait créé ; le projet d’Europa City était démesuré…EM parle beaucoup d’écologie, mais agit peu et est surtout sournois : parler d’écologie et lancer la cellule Demeter; lancer la convention citoyenne pour le climat et l’édulcorer à l’extrême, revoir en catimini la loi littorale avec la loi ÉLAN, continuer à baisser les effectifs du ministère de l’environnement… et j’en passe beaucoup ; il sait communiquer, mais n’a aucune sensibilité !

shlomo : Ce fut une grande surprise pour moi de voir qu’un président si jeune soit totalement indifférent à l’écologie. Ça ne l’intéresse visiblement pas, ou seulement si c’est utile politiquement. On pouvait à la limite comprendre cela de fossiles comme Chirac ou Larcher, mais quelqu’un né en 1977 ? Étonnant et inquiétant.

lecteur assidu : L’écologie politique à la sauce Macron, c’est globalement du green-washing basé sur un catalogue de concepts sans base sérieuse. Que faire pour la planète alors qu’il y aura 1,7 millions de nouveaux Brésiliens cette année ou 15 ou 16 millions d’Hindous ? La seule option pour nous tous est la non-croissance : des populations, du social et de l’activité économique.

Christian888 : Les gens qui confondent surconsommation des ressources et croissance et qui veulent décroître ne peuvent pas s’entendre avec des progressistes. Et avec le peuple qui ne comprendra pas que son espérance de vie soit celle du 19e siècle, et qu’il faille extraire à la main les ressources dont nous avons besoin pour notre survie. Être écologiste c’est plutôt vouloir que toute l’humanité puisse profiter du progrès tout en préservant les ressources. Simplement en produisant et consommant mieux et plus intelligemment. Le monde d’hier était le monde de la production non rationnelle. Comme tout doit être optimisé, l’écologie devrait nous apporter des leviers considérables de … croissance.

GREEN-POWER-OR-GAME-OVER @ Christian : L’espérance de vie est liée aux progrès de l’hygiène et de la médecine, qui sont parfaitement compatibles avec l’écologie profonde (qui privilégie la prévention, simple sagesse). L’espérance de vie de notre espèce est menacée uniquement par la proliférations des pollutions que vous cautionnez au nom de notre « survie » : absurdité parfaite. Dites nous quelles ressources avons-nous besoin d’extraire à la main pour notre « survie » ? Charbon, métaux ? Ne relèvent pas de la survie mais d’un confort pas forcément nécessaire. Bien sûr on préfère vivre avec des ordinateurs, éoliennes, panneaux solaires, mais cela ne relève pas de la survie, pour laquelle suffisent l’agriculture, l’habitat bioclimatique terre-bois-paille, une eau saine et un climat vivable. Donc commencez par respecter le sens des mots que vous employez, si vous espérez être entendu. Enfin quel est l’intérêt et la légitimité du concept de croissance infinie ? Le concept d’équilibre et de sobriété semble bien plus pertinent.

Vince : Auparavant, les défenseurs des petits oiseaux étaient considérés comme de doux rêveurs. Les industriels, agro-chimistes et banquiers comme des gens sérieux. Les temps ont changé. Nous savons que les seconds sont de dangereux rêveurs qui détruisent ce qui nous permet simplement de vivre. Les écologistes apparaissent aux yeux de plus en plus d’électeurs comme des gens responsables et soucieux du bien commun. Les partis de tous bords, pris au dépourvu, copient et attaquent le programme l’écologie politique. On savoure la cohérence, mais pour des gens pour qui la soif du pouvoir passe avant le bien commun, rien d’étonnant.

Choux rave : Le GIEC a quantifié 7 limites planétaires à ne pas dépasser pour assurer la survie de l’humanité : sur le changement climatique, sur l’érosion de la biodiversité, sur la perturbation du cycle de l’azote et du phosphore, sur les sols, sur l’eau douce, sur la couche d’ozone et sur l’acidification des océans. Les 3 premières limites sont déjà dépassés avec parfois des effets irréversibles. Mais le GIEC a également défini des seuils, sous lesquels l’humanité ne pourrait plus subvenir à ses besoins (boire, manger, se soigner, se déplacer dans une moindre mesure… etc…). L’idée est donc de trouver un modèle économique, social & politique qui maintienne l’humanité entre ces seuils et ces plafonds. Pas simple. Mais ce qui est sûr, c’est que la croissance telle que nous l’avons connu n’est plus viable.

le sceptique : Un problème est que dans « écologie », les gens entendent des choses différentes, par exemple: – stopper l’artificialisation des sols – arrêter ou fortement diminuer l’extraction des ressources finies – préserver milieux et espèces sauvages – arrêter le réchauffement climatique… Si l’on prend l’ensemble du package, alors il faut être clair : c’est incompatible avec la liberté de produire et consommer en vue de s’enrichir au cours de son existence, en particulier si cette liberté concerne 9 milliards d’humains en 2050. Mais du coup, cela pose en retour la question de l’adhésion réelle à l’écologie. Tant que celle-ci est « je fais des petits gestes et j’accepte une éolienne, business as usual pour le reste », cela peut passer ; si cela devient « je dois être sobre toute ma vie et, par équité, accepter un plafond d’empreinte écologique impliquant un patrimoine bas et un enrichissement quasi nul », bon courage pour faire de l’écologie une politique globale (et surtout démocratique).

Anti-Pollueurs : C’est vrai que vouloir interdire de prendre l’avion, d’acheter une voiture rapide, d’avoir un téléphone portable, un sapin à Noël, le tour de France, la pêche… ça ne fait pas rêver une grande partie des Français. Par contre faire attention à l’eau, protéger la biodiversité, les oiseaux, les pollinisateurs… c’est capital pour notre futur et il faut les protéger. Cet objectif surpasse en importance toutes les autres considérations, intérêts… c’est vital pour nos enfants.

SBRC : Euh…. vous pensez une seule seconde que Macron a quoi que ce soit à faire de vos histoires de qualité de vie des petits enfants ? C’est tout simplement en dehors de son système de pensée. Et ce n’est même pas un problème de positionnement politique de droite ou de gauche ou autre. Macron est …. purement et uniquement Macroniste. Amoureux de lui même et de son image, de son défi politique. Il n’est pas seul ainsi. Un Mélenchon est sans doute psychologiquement assez proche. On a ici de grand prédateurs politiques, capables de vous séduire et de vous jeter, vous ou vos idées des que vous n’êtes plus juger utile. Il faut atterrir, nous avons les politiques que nous méritons, et la France en ce début de 21eme siècle ne semble pas mériter mieux que de tels personnages. Alors la pauvre écologie dans tout ça….

Tagada : J’ai souvent eu l’occasion de me faire cette remarque : comment des gens intelligents et cultivés peuvent-ils ainsi œuvrer à la destruction de leur environnement ? C’est particulièrement évident en ce qui concerne les préfets. Leurs décisions sont toujours prisent pour satisfaire le lobby industriel au détriment de l’écologie. Quelles failles dans leur formation ou leur éducation peuvent bien les conduire à ces aberrations ?

Dupontel : Prenez un verre de jus d’orange, avec 3 pailles. Tout le monde peut en goûter un peu. Maintenant mettez 30 pailles. Toute votre optimisation imaginable n’arrivera jamais à contenter tout le monde. Lorsque des ressources sont épuisables (elles le sont quasiment toutes) sur une Terre finie, le raisonnement arrive forcément à bout et après.. plus rien.

Notre synthèse, Biosphere-Info, Emmanuel Macron l’anti-écolo

Macron écolo ? Laissez-moi rire ! Lire la suite »

L’écologie de Macron, théâtre de marionnettes

L’écologie de Macron devenu président ne relève pas de sa personne, mais des personnalités écolos que son ombrelle attire.  Dès l’origine de son mouvement « en marche », Macron a pensé qu’il fallait capter les bonnes volontés où qu’elles se trouvent sur l’échiquier politique. Un certain nombre de personnalités de droite comme de gauche l’ont rejoint pour la présidentielle 2017: François de Rugy (ex EELV qui s’était présenté comme candidat écolo à la primaire de gauche), Barbara Pompili (ex-EELV et membre passé du gouvernement Hollande), Nicole Bricq (éphèmère ministre de l’écologie d’Hollande), Corinne Lepage (ancienne ministre de l’écologie sous un gouvernement de droite et présidentiable écolo de centre-droit en 2002), Serge Lepeltier (ancien ministre de l’écologie sous un gouvernement de droite) et même Daniel Cohn-Bendit, figure majeure de l’histoire de l’écologie politique : « Je n’ai pas vraiment envie d’être ministre, mais j’ai envie de soutenir Macron. » Dany et Emmanuel partagaient une même passion pour l’Europe et le foot, ils sont tombés littéralement fous amoureux l’un de l’autre en juin 2016. Tout au cours de son mandat, Macron a mis en avant des figurants en lieu et place de véritable politique écologique : Nicolas Hulot lors de la formation du premier gouvernement Macron en 2017, François de Rugy ministre de l’écologie en 2018, Pascal Canfin chef de file en marche pour les européennes 2019, Barbara Pompili ministre de la transition écologique en juillet 2020. Notre blog biosphere a suivi avec attention la descente aux enfers de l’écologie sous le règne de Jupiter, voici quelques extraits de nos articles :

2 février 2015, Loi Macron, l’écologie tenue pour quantité négligeable

Jusqu’à présent les soi-disant impératifs de l’économie l’emportent largement sur les nécessités écologiques. Le projet de loi Macron ne fait pas exception. L’article 28 proposait de confier au gouvernement le pouvoir de décider lui-même par ordonnance « des projets publics et privés ayant des incidences sur l’environnement ». Une telle disposition aurait sans doute empêché les recours déposés par les opposants « aux grands chantiers », comme le barrage de Sivens.

10 octobre 2016, Emmanuel Macron, un programme écologique pervers

Nous nous sommes penchés sur les positions d’Emmanuel Macron en matière d’écologie quand il était encore ministre de François Hollande. Il est pronucléaire sans sourciller : « Le réchauffement climatique est d’une actualité pressante. Grâce à utilisation de l’énergie nucléaire, la France est parmi les pays les plus décarbonés des pays développés. » Il fait une confiance absolue à la croissance : « La France dispose de grande marges de progression dans le domaine l’efficacité énergétique, c’est l’objet de la loi sur la transition énergétique et la croissance verte ainsi que 4 des 9 solutions industrielles qui composent la Nouvelle France Industrielle. » Il adopte le mythe contemporain du progrès technique in(dé)fini : « Le moteur de la transition, c’est l’innovation industrielle autant que l’innovation des business model. Toutes ces innovations (ndlr : non précisées) impliquent des créations d’entreprises et des emplois. Les start-up ont une bannière, la French Tech. Et un objectif : inventer l’économie française de demain qui sera nécessairement positive. » Il est pour l’impossible perpétuation du mode de vie actuel : « Devons-nous réduire nos déplacements ? Non, au contraire ! Il faut imaginer des véhicules individuels plus sobres, comme les véhicules électriques. » …..

24 avril 2017, Macron président, quelles perspectives écologistes ?

Sur ce blog biosphere, exprimons d’abord notre déception à la lecture du programme de Macron qui nous était envoyé par la poste. Sur les six chantiers, éducation, travail, économie, sécurité, démocratie et international, rien d’explicitement environnementaliste alors que l’urgence écologique est un fait scientifiquement avéré. Croire qu’un « nouveau modèle de croissance » peut réconcilier « transition écolo, industrie du futur et agriculture de demain » est le fourre-tout habituel des promesses plus vagues tu meurs…..

5 mai 2017, L’écologie n’était pas à la fête avec Macron et Le Pen

Il n’a jamais été question d’écologie mercredi soir pendant les 2h30 qu’a duré le débat d’entre-deux-tours entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

8 septembre 2018, L’écologie pour Macron, comment ça marche ?

Sans commentaire de notre part pour ne pas être trop méchant, voici le discours aux militants de Christophe Castaner, Délégué général de La République En Marche !

« Je veux, au travers de ce message, saluer l’arrivée au Gouvernement de François de Rugy. Je connais l’expertise et la rigueur de François de Rugy pour accélérer la transition écologique…

13 janvier 2019, Macron, un bilan écologique globalement négatif

Pour savoir si Emmanuel Macron est un « Champion de la Terre », les Décodeurs du MONDE ont établi un bilan écologique globalement négatif : « Objectifs climatiques : une trajectoire inquiétante… Energie, confiance renouvelée au nucléaire… Doute sur le chiffre de 500 000 rénovations énergétique des bâtiments annuelles promises par le gouvernement… Refus d’entreprendre une action ambitieuse contre l’huile de palme… Glyphosate, qui a gagné un sursis jusqu’au moins 2020… Aval à une réglementation européenne plutôt laxiste sur les perturbateurs endocriniens… Quasi-suppression des aides au maintien en bio… Peu de progrès sur la biodiversité et la condition animale… Soutien affiché à plusieurs grands projets d’infrastructures… Des gâteries pour le lobby des chasseurs… Des mesures sur les déchets remis à plus tard… Allégement de la fiscalité écologique sur les carburants… Etc.*

17 juin 2019, Macron : la taxe kérosène pourra attendre…

L’Assemblée nationale à la solde de Macron a refuse une taxation de l’aérien le vendredi 14 juin. La loi d’orientation des mobilités (LOM) se vide encore plus de sa substance. Le kérosène bénéficie d’une exonération de TICPE (taxe de consommation sur les produits énergétiques) alors que les automobilistes sont taxés sur le carburant.

30 avril 2020, Macron : « L’écologie, ça commence à bien faire… »

Le 25 avril, il aura fallu attendre près de quarante minutes de discours avant qu’Emmanuel Macron n’aborde la question de l’urgence écologique. Et le Grand Débat National se traduit par… une nouvelle consultation. Une convention citoyenne, avec 150 membres tirés au sort…

11 août 2020, Macron, le magicien de l’écologie politique

Pendant que le Grand Magicien officie, l’horloge carbone continue à tourner, inexorablement. Me viennent alors des pensées attendries pour Barbara, Dany, François, Pascal et la floppée de pseudo-écolos Macron-compatibles qui ont su préserver leur âme d’enfant et ne demandent qu’à croire et croire encore aux tours de magie.

10 octobre 2020, Emmanuel Macron en panne d’écologie

Jupiter est « écartelé » entre sa (soi-disant) ambition écologique et la volonté de faire redémarrer l’économie française frappée par le Covid. Alors l’écologisme superficiel invente de nouveaux éléments de langage, « progressisme vert  et écoloproductivisme » pour garder dans ses filets la frange la plus « raisonnable » des électeurs.

8 décembre 2020, CLIMAT : Macron / Dion, le torchon brûle

Emmanuel Macron : «Moi, je suis vraiment très en colère contre des activistes comme Cyril Dion qui m’ont aidé au début et qui disent maintenant, il faudrait tout prendre… Je ne veux pas dire que parce que les 150 citoyens ont écrit un truc, c’est la Bible ou le Coran »…  »

19 janvier 2021, La double pensée d’Emmanuel Macron

Lors du « One Planet Summit », le président Macron a brandi son smartphone  : « Cet objet-là, qu’on partage tous, c’est l’un des objets qui sont l’illustration de ce qu’est la mondialisation… c’est l’un des pires objets, sans doute, en termes d’émissions de gaz à effet de serre : chaîne logistique, matériaux rares, obsolescence. On a créé un système où on incite les gens à en changer tous les six mois…. » Mais quatre mois plus tôt, devant le gratin de la « French Tech », Emmanuel Macron moquait les sceptiques de la 5G, les renvoyant à leur obscur désir de « lampe à huile » et assurant que la France allait « prendre le tournant de la 5G parce que c’est le tournant de l’innovation ».

13 mars 2021, Macron, politique de dénigrement des écolos

« J’entends beaucoup de voix qui s’élèvent pour nous expliquer qu’il faudrait relever la complexité des problèmes contemporains en revenant à la lampe à huile. Je ne crois pas au modèle amish », avait-il aussi lancé. Emmanuel Macron, l’antithèse des Amish, pourtant un modèle de civilisation agropastoral bien préférable par sa durabilité au système thermo-industriel qui mène droit à la catastrophe !

L’écologie de Macron, théâtre de marionnettes Lire la suite »

2022, encore et toujours l’ego de Mélenchon

Le leader bien aimé de La France insoumise (LFI) croit pouvoir gagner en 2022.

Jean-Luc Mélenchon : « M. Macron a adopté la grammaire de l’extrême droite… Le logiciel du PS, basé sur la croissance sans fin, est obsolète… Les écologistes méconnaissent la nécessité de la souveraineté du peuple en toutes circonstances… La masse veut la retraite à 60 ans, la répartition de la richesse, changer la production et la consommation… Je propose un nouvel humanisme qui affirme l’harmonie entre les êtres humains et la nature… Je fais le pari de l’athéisme : l’absolue responsabilité de l’humain. Je ne suis pas à l’aise avec tout ce qui soumet à une transcendance. Cependant, « Laudato Si » est extrêmement proche de ma manière de formuler les problèmes… Contre le capitalisme, il faut imaginer un autre modèle de construction de soi que celui qui se réalise par les consommations ostentatoires… Sandrine Rousseau porte une écologie « rupturiste ». Si elle gagne la primaire des Verts, ça ouvre des possibilités d’union qui n’existent pas autrement… Je crois fermement à mes chances de l’emporter dans un contexte de désagrégation du champ politique… »

Les réactions sur lemonde.fr sont innombrables, à peu près 200. En résumé :

OpticNerve : Un vrai petit rebelle l’ancien pourtant il y déjà plus de quarante années qu’il en croque du pouvoir et des débats politiques télévisés stériles…sacré rigolo la république c’est lui haha

Léon Tr. : Je m’interroge… sont-ce les ravages de l’âge ? C’est Mélenchon contre le reste du monde : les écolos pas à la hauteur, le PS et le PC finis, le peuple français « fourbu », certains camarades de LFI des « traitres ». C’est une grande distribution de claques, pour conclure sur le fait qu’il pense – sans rire – l’emporter au second tour contre Marine Le Pen ! Franchement, qui peut encore le prendre au sérieux ?

Le monde est merveilleux : Collectivisme et matérialisme historique nous dit-il ? En attendant, le camarade méluch’ loge dans un grand appartement parisien et non dans un phalanstère. Quant à sa conversion à l’écologie, nous voudrions bien y croire s’il avait une quelconque réalisation concrète en la matière…

Gilles SPAIER : J’allais écrire tout le mal que je pensais de M. Mélenchon, mais après avoir lu quelques réactions, j’ai pensé qu’il était habillé pour l’hiver. J’ai rarement vu une personnalité politique déclencher une telle unanimité contre lui. Cela ne pose aucune question à son parti?

Pour mieux connaître Jean-Luc Mélenchon, sur notre blog biosphere :

notre synthèse, BIOSPHERE-INFO, Jean-Luc Mélenchon et l’écologie

Pour en savoir encore plus :

27 mars 2012, Jean-Luc Mélenchon entre productivisme et décroissance

27 mars 2012, la planification écologique selon Jean-Luc Mélenchon

4 décembre 2016, Programme de Jean-Luc Mélenchon, travail collaboratif ?

14 décembre 2016, Jean-Luc Mélenchon, un technophile avéré

5 janvier 2017, La 6ème république, un fantasme de Jean-Luc Mélenchon

17 janvier 2017, La planification écologique selon Jean-Luc Mélenchon

16 février 2017, Jean-Luc Mélenchon à l’épreuve du pouvoir

3 décembre 2018, Mélenchon victime de la forme gazeuse de son mouvement

11 novembre 2020, Jean-Luc Mélenchon, président en 2022 ?

2022, encore et toujours l’ego de Mélenchon Lire la suite »

Localisme à la sauce Rassemblement National

Hervé Juvin, candidat localiste, est  farouchement hostile aux éoliennes et ardent supporter du nucléaire. Hervé est de fait le penseur de l’écologie à la sauce Rassemblement National. Il prône une « écologie heureuse », appuyée sur des référendums locaux, contre « l’écologie punitive » des Verts. Il pense à un label de préférence locale ou régionale pour privilégier les circuits courts. Le 10 mai dernier, Marine Le Pen est venue le soutenir localement pour les élections régionales. Selon ses flatteries, « Hervé Juvin a une vraie vision », le localisme, « un sujet tout à fait essentiel ». Mais l’ex-frontiste n’a pas peur de ses contradictions internes : « La France est un Etat-Nation, et déconstruire l’Etat, c’est porter atteinte à la Nation… La mer n’appartient pas à Emmanuel Macron ni aux consortiums, elle appartient aux Français. »

Ce sont des citations du MONDE qui nous donne aujourd’hui notre Pen quotidien.

Soyons complexe, plus complexe que les petites phrases des communicants politiques que les journalistes du MONDE se contentent de relayer. En 2010, Hervé Juvin participe à un colloque du Bloc identitaire intitulé « Localisme et identité, la réponse au mondialisme ». Il est élu député européen sur la liste du Rassemblement national (RN) lors des élections européennes de 2019. Hervé était dans le charter affrété par Poutine en juillet 2020 pour venir valider son référendum constitutionnel à des « observateurs européens ». C’est là le signe d’un engagement très localiste, du genre franco-russe. En janvier 2021, alors qu’il n’a toujours pas adhéré au RN, il lance le Parti localiste. Présenté comme complémentaire au Rassemblement national, ce micro-parti souhaite mettre l’accent sur l’écologie, l’identité et les territoires. Aujourd’hui, il est tête de liste localiste du RN pour les élections régionales dans les Pays de la Loire. Mais Hervé ne crache pas sur la mondialisation quant à ses finances. Selon les données rendues publiques par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), Hervé Juvin détient, en 2019, 634 800 euros du capital d’Air liquide, 168 665 euros dans Total, 54 723 euros dans Vinci, 44 439 euros dans Royal Dutch (Shell), 16 692 euros d’Amazon et 9 525 euros de Microsoft. Hervé Juvin s’était exprimé dans « Limite » : « La nation était le meilleur antidote au choc des civilisations. Par la frontière et l’exigence de la citoyenneté, on était parvenu à faire vivre côte à côte des gens très différents de par leur foi religieuse ou leur appartenance. Quand vous enlevez le couvercle de la nation, vous rêvez de concorde , mais vous récoltez la guerre de tous contre tous. »* Ce n’est pas bien connaître l’histoire humaine, jalonnée de guerres résultant du choc des nations depuis plus de deux siècles.

Localisme et nationalisme sont deux conceptions aux antipodes l’une de l’autre. Le slogan fondamental de l’écologie politique pourrait être « produire local et consommer local pour résister à la mondialisation et faire alternative au nationalisme ». Sur un territoire qu’on peut appeler biorégion, le localisme écolo tend à la résilience aux chocs provoqués par les hydrocarbures (descente énergétique et réchauffement climatique). On met en œuvre une autonomie locale au niveau alimentaire et énergétique. On ne va pas soutenir le complexe pétrolier et la grande distribution. On ne va pas mettre une centrale nucléaire dans chaque lieu. On installe des éoliennes à dimension humaine, les moulins à vent étaient autrefois répandes partout sur le territoire français. On fait renaître les ceintures vivrières des villes. Mettre en avant le collectif local, c’est aussi miser sur des rapports démocratiques de proximité… contrairement au RN qui n’existe que par son chef ou sa cheftaine.

Pour en savoir plus, notre synthèse,  L’écologie vert de gris de Marine Le Pen

* Limite n° 2, revue d’écologie intégrale (dans le dossier «Naufrage mondial, Ancrage local», quelques extraits sur l’immigration)

Localisme à la sauce Rassemblement National Lire la suite »

Une gauche humaniste, sociale ET écologique ?

« Pour une primaire populaire » avec les partis de gauche et écologistes, c’est le vœu pieux de Lucas Chancel et Dominique Méda dans une tribune au MONDE. On court sans se déplacer après une impossible candidature unitaire autour d’un improbable socle commun. En résulte dix ensembles de propositions-phares où règne le social-humanisme, l’écologie restant la dernière roue de la charrette : « Mixité sociale de l’Assemblée nationale, droit de vote à 16 ans, revenu de solidarité dès 18 ans, prévention des violences sexistes et sexuelles, des milliards pour renforcer notre capacité à faire face aux prochaines crises, « big bang » fiscal, etc. Enfin, en matière d’écologie, toutes les propositions de la convention citoyenne pour le climat seront mises en œuvre. Une loi de transition agricole et paysanne financera les agriculteurs vers des exploitations bio, et vente libre des semences paysannes. » Bref, c’est un catalogue bien rempli, mais qui ressemble plus aux desiderata des auteurs qu’à un socle commun.

Est-il possible, aujourd’hui, de rassembler, dans un projet commun, le droit au futur de la génération climat, les revendications passées des « gilets jaunes « , les extrémismes féministes, antiracistes et LGBT, sans oublier les « premiers de corvée » ? La gauche espagnole vient de se faire écraser par une conservatrice populiste à la Trump, disposée à gouverner à l’extrême-droite et la gauche social-humaniste n’en tire aucuns enseignements. Rien… si ce n’est d’accentuer le discours moralisateur et fantasmatique d’une alliance de la social-écologie la plus large avec les « minorités actives » autour d’un projet fourre-tout. De toute façon le problème aujourd’hui pour une alternative au macronisme n’est pas d’élaborer un programme mais de dégager un candidat légitime, qui a prouvé par ses propositions et sa pratique, une vraie conviction sociale et écolo, qui pourrait rassembler toutes les familles de la gauche écologique. Yannick Jadot y croit, Mélenchon veut faire son dernier tour de piste, Anne Hidalgo.se prépare à l’impossible… Et pendant ce temps-là, la loi climat et résilience marque ses insignifiances, et la situation de la planète continue de se détériorer à vitesse accélérée.
Certes les électeurs ne sont pas préparés à une rupture écologique, mais les tenants de la gauche qui font passer leurs préoccupations sociétales avant les exigences de la Terre retardent la prise de conscience. Rappelons pour conclure, du point de vue des écologistes radicaux, l’essentiel de notre post L’obscure clarté d’un humanisme anthropocentrique : Certaines méchantes langues traitent certains écologistes d’anti-humanistes. Mais l’humanisme qui consiste à tout ramener à l’homme – surtout occidental – instaure un anthropocentrisme aussi dévastateur pour le reste de la création qu’il est hégémonique. Relisons Claude Levi-Strauss et sa conception universaliste :

« Si l’homme possède d’abord des droits au titre d’être vivant, il en résulte que ces droits, reconnus à l’humanité en tant qu’espèce, rencontrent leurs limites naturelles dans les droits des autres espèces. Le droit à la vie et au libre développement des espèces vivantes encore représentées sur la terre peut seul être dit imprescriptible, pour la raison très simple que la disparition d’une espèce quelconque creuse un vide, irréparable, à notre échelle, dans le système de la création. Seule cette façon de considérer l’homme pourrait recueillir l’assentiment de toutes les civilisations. La nôtre d’abord, car la conception que je viens d’esquisser fut celle des jurisconsultes romains, pénétrés d’influences stoïciennes, qui définissaient la loi naturelle comme l’ensemble des rapports généraux établis par la nature entre tous les êtres animés pour leur commune conservation ; celle aussi des grandes civilisations de l’Orient et de l’Extrême-Orient, inspirées par l’hindouisme et le bouddhisme; celle, enfin, des peuples dits sous-développés, et même des plus humbles d’entre eux, les sociétés sans écriture qu’étudient les ethnologues. Par de sages coutumes que nous aurions tort de reléguer au rang de superstitions, elles limitent la consommation par l’homme des autres espèces vivantes et lui en imposent le respect moral, associé à des règles très strictes pour assurer leur conservation. Si différentes que ces dernières sociétés soient les unes des autres, elles concordent pour faire de l’homme une partie prenante, et non un maître de la création. Telle est la leçon que l’ethnologie a apprise auprès d’elles, en souhaitant qu’au moment de rejoindre le concert des nations ces sociétés la conservent intacte et que, par leur exemple, nous sachions nous en inspirer. » (Discours de Claude Lévi-Strauss en 2005 à l’occasion de la remise du XVIIe Premi Internacional Catalunya)

Une gauche humaniste, sociale ET écologique ? Lire la suite »

Quelle démocratie dans une société écologisée

« Il y a un truc plutôt bien, c’est le suffrage universel. Il y a un autre truc, manipulable, c’est la démocratie participative », écrivait un internaute. On pourrait aussi bien dire, « Il y a un truc très manipulable, c’est le processus électoral, et un autre d’avenir, la conférence de consensus. » Dans nos sociétés de multitudes humaines, la démocratie directe est impossible, il s’agit donc d’élire des « représentants ». On met alors en place une démocratie de masse d’où émerge des leaders censés personnifier le peuple. On se retrouve alors avec des Trump, des Narendra Modi, des Poutine et autres Erdogan à la tête d’État dit « démocratique ». Par contre la conférence de citoyens met au travail un panel de citoyens tirés au sort et représentatifs de la société globale. Il n’y a pas de magouilles électoralistes possibles, pas de pression du lobbying, pas de conflits d’intérêt, pas de soif du pouvoir. Il y a surtout un apprentissage propre à la question particulière à traiter par quelques citoyens représentatifs du commun des mortels. Le résultat sur le Climat (conférence des 150 citoyens) était très convainquant avec ses 149 mesures. Malheureusement nos « élus » ont complètement dénaturé leur avis, on n’en fera pas assez pour le climat. Il est vrai aussi que la France connaît un exercice personnel du pouvoir, Emmanuel Macron étant aidé dans son jupiterisme par le contenu d’une constitution présidentialiste. Cela entraîne une déformation de ce que devrait être réellement une participation des citoyens aux prises de décisions.

La dynamique de concertation mise en place par le président français a été couplée avec une dynamique verticale impulsée par ce grand chef. Quand les « gilets jaunes » ont surgi sur les ronds-points fin 2018, Macron a dégainé « le grand débat national ». Avec près de 2 millions de contributions en ligne, plus de 10 000 réunions organisées localement, des milliers de cahiers de doléances ouverts, le gouvernement a revendiqué un succès. Qu’en reste-t-il ? C’était voué à l’échec, rien n’était fait pour avoir une dynamique autonome ; on a abouti à une synthèse faite par le seul président de la République. La Commission nationale du débat public avait été écartée d’entrée de jeu, le pouvoir en place voulait garder la main et tester juge et partie. Pour la convention citoyenne sur le climat, le sommet de l’État a corrigé un peu le tir. Pendant près d’un an et demi, 150 volontaires, tirés au sort, ont été chargés de réfléchir aux moyens de « diminuer d’au moins 40 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, dans un esprit de justice sociale ». Mais les conventionnels, à la lecture du projet de loi Climat et résilience résultant de leurs travaux, ont attribué au gouvernement la note de 3,3 sur 10 s’agissant de la prise en compte de leurs recommandations. C’est un exemple parfait de la non-représentativité de l’Assemblée nationale quant à l’urgence climatique.

Un autre internaute soutient le gouvernement : « En démocratie la légitimité vient du vote, pas du hasard ! ». Pourtant le tirage au sort est au fondement d’une démocratie véritable. Il est possible d’impliquer des citoyens ordinaires sur des enjeux politiques complexes à un niveau national, c’est ce que démontre le tirage au sort. Le recours à des panels de citoyens désignés par le hasard fait un retour significatif dans les démocraties libérales. Cette démarche rompt avec une théorie politique fondée sur l’élection comme mode de désignation légitime des représentants. Elle s’inscrit dans une ancienne tradition. Au IVe siècle avant J.-C.  était « considéré comme démocratique que les magistratures soient attribuées par le sort et comme oligarchique qu’elles soient électives » selon la formule d’Aristote. Dans un contexte marqué par la professionnalisation du politique et une crise de défiance envers les élus, le recours au sort présente une rupture. La compétence collective d’un groupe repose moins sur les aptitudes personnelles de ses membres que sur leur diversité cognitive ; une assemblée tirée au sort a plus de chances de produire des décisions justes et intelligentes qu’une assemblée élue. On s’y expose à la diversité et on se débarrasse des logiques partisanes, des lignes fixes, ce qui amène à évoluer dans ses opinions. Le temps de la délibération amène à réfléchir collectivement pour produire du consensus.

L’urgence écologique devrait démultipliez les conférences de consensus, les thématiques ne manquent pas, surpollution, surconsommation, surpopulation et en même temps épuisement des ressources fossiles et des stocks halieutiques, chute de la biodiversité, stress hydrique, etc. Président et autres élus à la solde du système « business as usual », cela ne peut signifier « démocratie »…

Quelle démocratie dans une société écologisée Lire la suite »

Napoléon justifie la « fureur populaire »

Pour la réflexion de nos amis décroissants qui croient que la rupture écologique s’accomplira par la seule vertu des manifestations dans la rue et s’accompagnera nécessairement de non-violence absolue, cette pensée de Napoléon Bonaparte sur la nécessité de la terreur :

Mardi 3 septembre 1816. Après dîner, quelqu’un ayant mentionné la date du jour, l’empereur a dit : « c’est l’anniversaire d’exécutions bien épouvantables, bien hideuses [massacres de septembre 1792, lorsque les révolutionnaires exécutent dans les prisons les suspects de royalisme]. Cet événement, continua l’empereur, était dans la force des choses et dans l’esprit des hommes. Point de bouleversement politique sans fureur populaire. Comment dire à tous ceux qui remplissent toutes les administrations, possèdent toutes les charges, jouissent de toutes les fortunes : allez-vous-en ! Il est clair qu’ils se défendraient : il faut donc les frapper de terreur, les mettre en fuite, et c’est ce qu’ont fait la lanterne et les exécutions populaires. La terreur en France a commencé le 4 août. Lorsqu’on a aboli la noblesse, les dîmes, les féodalités, et qu’on a jeté tous ces débris au peuple, il se les est partagés, n’a plus voulu les perdre, et a tué. Alors seulement il a compris la Révolution, et s’y est vraiment intéressé. Jusque-là, il existait assez de morale et de dépendance religieuse parmi eux, pour qu’un grand nombre doutât que, sans le roi et les églises, la récolte pût venir comme de coutume. Règle générale : jamais de révolution sérieuse sans terreur.« 

Toutefois, concluait l’empereur, une révolution est un des plus grands maux dont le Ciel puisse affliger la Terre. C’est le fléau de la génération qui l’exécute ; tous les avantages qu’elle procure ne sauraient égaler le trouble dont elle remplit la vie. Elle enrichit les pauvres, qui ne sont point satisfaits, elle appauvrit les riches, qui ne sauraient l’oublier. Elle bouleverse tout, fait le malheur de tous, le bonheur de personne. Dans les temps réguliers et tranquilles, chacun a son bonheur. Le cordonnier est aussi heureux dans sa boutique que moi sur le trône ; le colonel jouit autant que le général. Les révolutions détruisent tout à l’instant même, et ne remplacent rien. Toute révolution de cette nature n’est et ne peut être, dans le principe, qu’une révolte. Le temps et le succès parviennent seuls à l’ennoblir, à la rendre légitime. La durée de l’autorité, nos victoires, nos traités, le rétablissement de nos mœurs avaient fait de nous un gouvernement régulier ; nous ne pouvions nous charger des mêmes fureurs ni du même odieux que la multitude. Mais on n’a pu y parvenir que par la terreur. 

Napoléon justifie la « fureur populaire » Lire la suite »

CLIMAT, Joe Biden nous grise de promesses

Joe Biden a promis le 22 avril 2021 de réduire les émissions de gaz à effet de serre de son pays de 50 % à 52 % d’ici à 2030 par rapport à 2005 au nom d’un « impératif moral et économique ». La diplomatie chinoise a raillé « un mauvais élève qui revient sur les bancs de l’école après avoir séché les cours ».

Ricardo Uztarroz  sur lemonde.fr : 2030, c’est dans 9 ans seulement. Ce genre de promesse n’engage que ceux qui y croient mais pas ceux qui les profèrent. On doute que Biden décidément de plus en plus bidonnant soit encore en fonction cette année-là pour reconnaître qu’il avait dit n’importe quoi. Comment va-t-il s’y prendre ? Interdire les vols, les voitures à essence, etc… Imposer la voiture électrique. Comment va-t-il produire l’électricité ? Avec le gaz de schiste, le nucléaire? Bref un engagement qui ne l’engage pas. Quand les bornes de la démagogie sont franchies; il n’y a plus de limite, a dit un certain sapeur.

Sarah Py : Puisque cela semble si simple, sans baisse des niveaux de vie, sans sacrifice aucun, que ne nous l’avez vous pas proposé plus tôt. Une révolution énergétique, une révolution des modes de production sans larmes, ni sueur, et sans précision quant à sa mise en œuvre, ça a un côté prestidigitateur, le lapin qui sort du chapeau. Comment un esprit lucide d’un peu de conscience peut-il croire en ces promesses ? Il est où ce plan précis, travaillé, réfléchi, qui autorise de telles affirmations? Qui le connaît ?

Johan : J’aimerais beaucoup que Le Monde pose les questions suivantes : Comment tenir un tel objectif ? Quelles conséquences sur le modèle économique et social ? Par exemple, si je me donne l’objectif de perdre 20 kg en dix jours, quelle est la conséquence sur mon métabolisme ? A priori, il faut que je me coupe une jambe. Vais-je le faire ? La crédibilité de ce genre d’annonces devrait faire sursauter votre rédaction.

Michel SOURROUILLE  En avril 1977, le président Carter s’adresse par télévision à la nation : « Ce que je vous demande est l’équivalent d’une guerre. Il s’agit bel et bien de préparer un monde différent pour nos enfants et nos petits-enfants. » La revue Newsweek chiffre le gaspillage moyen d’énergie qu’il veut supprimer à plus de la moitié de la consommation totale. Sans largeur de vue, tous ceux qui sentent leur intérêt et même leur simple confort menacé se mettent à hurler. Le royaume automobile de Détroit déclare la guerre au président Carter. Le peuple suit, bien entendu. Carter ne perd pas quinze points de popularité, mais trente-cinq ; sa cote passe de 70 à 35 au début de 1978. Le peuple américain n’est pas mobilisable pour des sacrifices dont il ne voit pas la nécessité. On retrouve là les illusions des penseurs du XIXe siècle. Les réserves de matières premières inépuisables : erreur. La crise va se terminer : erreur. La crise va devenir l’état normal de l’humanité et imposera l’austérité. (in« Vivre sans pétrole  de Jean Albert Grégoire)

Transition_necessaire : Le nouveau discours dominant c’est: financer largement les projets verts, de la voiture électrique, des ENR qui vont exploser (les coûts baissent super !), du nucléaire mais tout le monde pas d’accord) plein de progrès technologique, de la croissance avec les nouveaux emplois verts (isolation bât & co), de la capture CO2 massive (comment ? on finance la recherche et on verra). Donc tout va bien juste en faisant encore un peu tourner la planche à billet (dette qui ne coûte rien), et le problème énergie / climat va être résolu sans renoncer à notre pouvoir d’achat qui va augmenter par nécessité. Si hélas j’y crois pas et vois des limites physiques partout, ça veut dire que je n’ai pas la bonne idéologie ? Sinon quelqu’un réfléchit à des récessions organisées ?

CLIMAT, Joe Biden nous grise de promesses Lire la suite »

Mon testament de militant écolo

25 ans de présence active au sein de l’écologie politique, cela use. Voici mon bilan, globalement négatif.

J’ai voté en 1974 pour le premier candidat à la présidentielle, René Dumont. Son programme, s’il avait été respecté, aurait fait de notre planète une société complètement différente de l’actuelle qui nous impose une civilisation thermo-industrielle et croissanciste. Mais je restais allergique aux jeux politiciens, « élection piège à cons » restait mon mantra. Je me contentais de voter écolo, j’ai vécu une vie engagée au niveau associatif. Après vingt ans au service du jeu d’échecs, je suis même devenu vice-président de la FFE. Mais au milieu des années 1990, j’ai trouvé que la situation de la planète était suffisamment grave pour que je m’engage à plein temps dans ce collectif mouvant qui constituait l’écologie politique.

J’ai adhéré aux Verts, suivi passionnément les journées d’été, pris différents rôles au niveau du groupe local. Mais l’acoquinement avec le PS à partir de 1994 l’empêchait de présenter électoralement une écologie de rupture. J’ai alors choisi en 2002 l’entrisme au PS, autant ne pas rester l’élève du maître. Je croyais sincèrement que l’urgence écologique devenait devenue telle qu’un parti dit « de gouvernement » allait se saisir de cette thématique. J’étais pendant 10 ans membre de la commission nationale environnement du PS, en charge officiellement d’un suivi de la politique de la droite en matière d’écologie, périodique envoyé à tous les députés et sénateurs socialistes. J’ai aussi participé activement à la motion d’orientation du congrès de Reims en 2008, « Pour un parti socialiste résolument écologique ». Échec total, 1,58 % des voix seulement. Au PS il n’y avait pas débat d’idées, c’était la lutte à couteaux tirés pour savoir à l’époque qui allait être premier secrétaire du parti, Ségolène ou Bertrand, Martine ou Benoît. Un parti politique quel qu’il soit ne réfléchit pas, il s’épuise dans les affrontements de pouvoir (le bal des ego), J’ai organisé en janvier 2011 un colloque dans les locaux de l’Assemblée nationale « Pic pétrolier, quelles propositions politiques pour 2012 ? ». Plusieurs spécialistes à la tribune, la salle de réunion du PS pleine à craquer, des députés dans la salle et à la tribune. On n’en a retenu aucune leçon. De toute façon le vieux PS de François Hollande n’était pas mûr pour parler « écologie », on l’a bien vu par la suite. Une fois arrivé au pouvoir en 2012, leur optique croissanciste traditionnelle a constitué leur mantra.

J’ai donc rejoint EELV en 2011 avec le statut (nouvellement créé) de coopérateur qui me permettait la double appartenance partisane, socialiste ET écologiste. J’ai co-animé en 2011 aux JDE de Clermont-Ferrand un atelier qui a permis la création d’une commission accueil-formation, structure sans résultats malgré plusieurs WE de rencontres à Paris. Cette commission s’est enlisée dans les méandres de GIRAF (groupe interrégional accueil/formation)… Je me suis alors encarté à EELV pour participer activement aux décisions de congrès. Je voulais une écologie de rupture, j’ai soutenu la motion Avenir Ecolo au congrès de Caen en 2013. Échec à nouveau. Pour le congrès suivant, on est devenu « Pôle Ecolo » après l’union avec Objectif Terre  ; j’ai été co-administrateur de la liste de diffusion. Mais nous avons été écarté du congrès suivant par les partisans de la firme résultant des initiatives politiciennes du couple Cécile Duflot et Jean Vincent Placé.

J’ai continué d’essayer l’impossible, y compris par des livres en libraire. J’ai coordonné un livre paru début 2014 avec comme co-auteurs Yves Cochet, Pablo Servigne, Alain Hervé… et intitulé « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) ». Sur cette thématique démographie/écologie, j’ai la même année organisé un atelier aux JDE,qui a débouché sur un groupe de travail « démographie » officialisé avec réticences par le BE, mais sans aucun écho chez nos dirigeants. Le malthusianisme de René Dumont était devenu un tabou pour le parti. Je suis aussi cofondateur du groupe de travail « imaginer une économie écologique », une instance adoubée par le CF en 2014 qi deviendra par la suite la commission post-croissance. Pour préparer la présidentielle de 2017, j’ai rédigé un livre synthèse de 370 pages, « L’écologie à l’épreuve du pouvoir », présentant tous les programmes politiques possibles, et publié juste avant les JDE de 2016. Mais nos instances dirigeantes ont refusé un atelier autour de mes thématiques, on ne m’a même pas donné la parole lors d’un atelier pourtant consacré à l’avenir de l’écologie. On a préféré encenser aux JDE le livre de Cécile Duflot, « Le grand virage », un livre qui ne parle pas d’écologie !

Entre les deux tours de la présidentielle de 2017, j’ai donc pris contact étroit avec le (futur) député « en marche » de ma circonscription, très ouvert apparemment à l’écologie. Mais dans le groupe local macroniste, autant la plupart des adhérents de base avaient la fibre écolo, autant les orientations nationales allaient à l’inverse. Au bout de deux ou trois mois, j’ai compris (comme bien plus tard Nicolas Hulot) que Macron n’était pas compatible avec l’écologie. Mon livre anti-Macron « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir » est sorti en libraire en octobre 2018. Je suis (re)devenu coopérateur EELV à plein temps. J’ai mis en place officiellement en 2019 lors des JDE de Toulouse un collectif « Formation de formateurs à l’écologie ». J’ai rassemblé tout un groupe, mais il n’y avait que moi qui était actif pour rédiger fiches de formation et rapports de conférences. Qui savait que le Bureau Exécutif actuel comptait un membre dédié à la formation ? Personne ! Mais il ne faut pas se décourager, il faut toujours chercher le chemin le plus propice à promouvoir l’écologie en politique.

J’ai presque tout essayé. J’ai testé sans beaucoup d’illusions plusieurs tentatives d’ouverture du mouvement, à une époque j’étais au Conseil d’orientation politique, et plus récemment avec le groupe de travail sur la « réinvention du Mouvement »… Aucune de ces structures, groupes de travail ou commissions, n’est arrivé à donner un résultat durable, les militants préfèrent se contester entre eux plutôt que de rechercher la symbiose. On peut d’ailleurs généraliser à toutes les commissions thématiques du parti EELV, elles existent théoriquement pour réfléchir et éclairer le parti sur les orientations à prendre, elle ne servent à rien. La seule commission qui arrive à se faire connaître, c’est la commission féminisme, mais on n’y parle pas d’écologisme !

En résumé EELV ne peut pas devenir un parti de gouvernement sous sa forme actuelle, groupusculaire et traversée de tensions internes. Les succès récents aux élections ne s’expliquent pas par un programme homogène ou une figure charismatique, EELV bénéfice seulement aux yeux de l’électeur moyen de l’étiquette « écologie ». En ignorant le rôle qu’aurait pu jouer la coopérative qui existe pourtant depuis dix années à ses côtés, EELV aurait pu élargir sa base militante. Le parti nous a au contraire marginalisé, refusant de devenir un mouvement. La coopérative devrait rassembler 120 000 membres au lieu des 120 que nous sommes actuellement. Échec donc sur toute la ligne. Ce sont les craquements de notre Terre-mère et ses dysfonctionnements provoqués par notre espèce qui nous obligeront à penser autrement. Homo « sapiens » n’est pas assez sage pour préparer politiquement des lendemains qui vont être très difficile pour une civilisation qui pille la planète. Et ce n’est pas parce que tous les partis sans exception vont se dire écolo pour la présidentielle de 2022 que cela va changer la donne. Ce sera écologie superficielle et business as usual malgré les secousses virales. Mais je reste coopérateur de cœur, plus spectateur qu’acteurje préfère me consacrer à mon association biosphere et à l’association Démographie Responsable.

Michel Sourrouille

Mon testament de militant écolo Lire la suite »

Sécurité ou liberté, que faut-il préférer ?

On prône au niveau économique la liberté des entreprises et le principe d’innovation contre l’intérêt des générations futures et le principe de précaution. Mais dans le domaine social, on penche pour le zéro risque au détriment de nos libertés. Voici quelques indications sur ce débat crucial, sécurité ou liberté ?

Mireille Delmas-Marty : « Le rêve du risque zéro, qu’il s’agisse de terrorisme ou de pandémie, entraîne inévitablement une surenchère, voire une sorte d’hystérie législative. Rappelons-nous le tournant sécuritaire post-11 septembre 2001. Après les discours musclés annonçant l’éradication du terrorisme, voici les discours savants sur le « Zéro Covid ». Et toujours la même obsession sécuritaire, le même rêve d’un monde sans risque, sans crime et sans maladie. Mais le rêve d’un monde parfait peut rapidement tourner au cauchemar des sociétés de la peur. D’autant plus que de nouvelles technologies ne cessent d’arriver sur le marché, offrant aux décideurs des moyens de surveillance hier inimaginables : reconnaissance faciale, géolocalisation, drones, algorithmes de reconnaissance des émotions et bientôt puçage généralisé. Je suggère d’expliciter politiquement les critères d’acceptabilité sociale des différents risques. »

F.Marin sur le monde.fr : Merci Madame Delmas-Marty !  » Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux  » – Benjamin Franklin

Michel SOURROUILLE : Pour la pandémie, on aurait pu choisir politiquement l’immunité collective par acceptation d’une mortalité élevée avec périodes de quarantaines ponctuelles comme cela se faisait autrefois aux temps des épidémies. On respectait (sans en connaître le terme) le critère darwinien de sélection naturelle. On a choisi l’immunité collective par confinement généralisé et vaccination pour ainsi dire obligatoire. Mais au lieu de renforcer la résilience des populations, on provoque l’apparition de virus mutants qui veulent contourner (grâce d’ailleurs au mécanisme de sélection naturelle propre aux virus) l’obstacle vaccinal et qui se révèlent parfois plus dangereux et/ou contaminant. La question de l’acceptabilité sociale, comme l’indique Delmas-Marty, est donc essentielle. Mais l’opinion publique se formate, on aurait pu lui faire accepter un taux de létalité de 1 % si on n’était pas rentré dans une société qui veut le risque zéro à tous les niveaux, y compris les guerres zéro-morts (chez nous)

San-San : N’oublions pas que cette pandémie serait passée complètement inaperçue il y a un siècle (la grippe espagnole n’a pas fait beaucoup de bruit alors qu’elle était bien plus grave). N’oublions pas que cette pandémie ou encore les attentats divers ne sont rien à côté des ennuis qui nous attendent du fait du réchauffement climatique et de la raréfaction des ressources. Il y a de quoi s’inquiéter pour nos libertés comme pour notre sécurité.

Alioca : Je crains qu’il ne soit déjà trop tard, tant les volontés sont anéanties et les âmes anesthésiées. Je trouve qu’on ne met pas assez en avant la responsabilité historique des députés et sénateurs, représentants du peuple, qui ont abdiqué sans cesse leur/notre pouvoir en votant et revotant l’état d’urgence. Sommes-nous conscients qu’à l’heure actuelle la France est gouvernée par un « Conseil de défense » dont les délibérations sont couvertes par le Secret défense ? C’est hallucinant.

Nok nok : Tocqueville avait vu juste quand, imaginant le despotisme en démocratie, il avait prophétisé un « despotisme doux » qui couvrirait la surface de la Terre « d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour ».

Novi : Quand j’étais gosse, il y avait des gardiens de square à Paris, à qui il suffisait d’un geste pour que les malotrus se tiennent bien. Aujourd’hui, les gardiens sortent à plusieurs et ils osent à peine traverser un square.

Sécurité ou liberté, que faut-il préférer ? Lire la suite »

Publicité et lutte pour le climat, le fiasco

Il devrait être évident pour tous les citoyens que n’importe quelle publicité est faite pour provoquer la surconsommation, donc l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Du point de vue des écologistes, la publicité, qui n’est qu’une forme sournoise de propagande, devrait être interdite. Comment continuer à accepter qu’il soit autorisé de faire le vide dans les cerveaux pour inciter à boire du Coca Cola ou à rouler en SUV ? Pourtant ce déni de l’urgence écologique trône à l’Assemblée nationale. Les députés viennent d’achever l’examen du titre 1, « consommer » du projet de loi « climat et résilience ». La prise de bec sur la publicité est significative d’un débat « démocratique » soumis aux diktats des entreprises. La liberté d’entreprendre et la santé immédiate des secteurs économiques passe avant la détérioration des conditions de vie sur notre planète. La fracture au sein même des Macronistes est palpable, démonstration :

– amendement proposé par une députée LRM : « lorsqu’on constate un manquement grave aux codes de bonne conduite en matière d’environnement, le CSA adresse des observations publiques aux sociétés concernées ».

La rapporteuse LRM du titre 1 rejette cet amendement. « Si, chaque fois que le CSA constate un manquement, il doit formuler publiquement une observation, nous manquerons notre objectif, car le rôle de cette instance est de permettre aux entreprises d’ajuster leur comportement, d’aller dans la bonne direction et de réduire la publicité ayant un impact négatif en matière environnementale ».

– La ministre de la transition écologique, Barbara Pompili, émet un avis favorable à l’amendement : « Une fois n’est pas coutume, je ne suis pas d’accord avec madame la rapporteuse. L’amendement vise à permettre au CSA de formuler des observations publiques aux sociétés qui auraient commis un manquement grave au code de conduite qu’elles ont adopté en matière de publicité. C’est la logique du “name and shame” (nommer et faire honte). que nous avons retenue en matière de responsabilité de l’annonceur. »

– Une députée LRM contredit la ministre : « Alors que nous cherchons à accompagner les entreprises engagées dans une démarche d’amélioration, nous devons éviter qu’elles puissent voir leur image de marque détruite en très peu de temps »

Au final le « name and shame » a été rejeté, la droite se joint bien sûr aux anti-écolos macronistes dans leurs votes. Contre la convention citoyenne pour le climat, tous les amendements visant l’interdiction de la publicité pour les plus polluants ont été rejetés. La CCC demandait que l’interdiction du dépôt de publicité dans les boîtes aux lettres, sauf autorisation « Oui pub », soit mise en vigueur : rejeté ! L’interdiction de la publicité lumineuse et celle dans les vitrines des magasins… rejeté ! Un autre amendement proposant l’obligation d’un bilan annuel pour les annonceurs sur les investissements publicitaires « faisant apparaître la répartition des investissements entre les produits vertueux et les autres, pour les produits soumis à l’affichage environnemental », a aussi été rejeté. Le rapporteur général du projet de loi (LRM) se permet d’en rajouter : « Nous demandons déjà beaucoup aux entreprises dans ce projet de loi , il ne faut pas en rajouter ». C’est le ditkat du business as usual, c’est un désastre pour l’écologie et les générations futures…

Du point de vue des écologistes, Devenons casseurs de pub, soutenons les déboulonneurs

Aussi sur notre blog biosphere, Tout savoir sur la publicité qui nous dévore

Publicité et lutte pour le climat, le fiasco Lire la suite »