politique

Liberté de la presse et démocratie en lambeau

Guerres économiques, guerres idéologiques, guerres de propagande, nous sommes en guerre et pas seulement en Ukraine ou à Gaza. Le chemin vers une intelligence collective que nous recherchons sur ce blog biosphere est de plus en plus escarpé, la vérité est marginalisée, les journalistes de plus en plus écrasés par les différents pouvoirs. Le 3 mai, c’était la Journée mondiale de la liberté de la presse, l’organisation Reporters sans frontières a noté que plus de 50 % de la population mondiale vit sur un territoire « où exercer le métier de journaliste revient à risquer sa vie ou sa liberté ». Elle vient de rendre public son classement mondial de la liberté de la presse. Exemples :

Classement international (avec le score) : 1. Norvège (91.9) ; 2. Danemark (89.6)…….. 21. France (78.6)………. ; 46. Italie (69.6) …… ; 55. États-Unis (66.6)……… ; 61.Ukraine (65)………..101. Israël (53.2)……. ; 157. Palestine occupée (39.2)……… ; 162. Russie (29.9)…… ; 180. Érythrée (16.6)

À l’échelle mondiale, un constat s’impose : la liberté de la presse est menacée par ceux qui devraient en être les garants : les autorités politiques. Parmi les cinq indicateurs qui composent le score des pays, l’indicateur politique est celui qui baisse le plus en 2024, avec une chute globale de 7,6 points. Le gouvernement israélien a décidé de réduire au silence la chaîne d’information qatarie Al-Jazira au nom de la sécurité du pays. Plus d’une centaine de journalistes palestiniens a été tuée par les bombardements de l’armée israélienne depuis le 7 octobre 2023. Or la liberté d’informer sans avoir peur est un pilier constitutif de toute vraie démocratie. En France on a interdit la chaîne RT (Russia Today) quand la Russie a envahi l’Ukraine, et tout le monde a trouvé ça normal. En période de guerre armée, les chaînes du camp adverse ne sont pas tolérées.

Le journalisme, le 4ème pouvoir, est normalement la condition d’un système démocratique grâce à la transparence de l’information et la recherche d’un débat constructif. En 2024, plus de la moitié de la population mondiale est appelée aux urnes. Mais les pouvoirs politiques en place sont nombreux à opérer un contrôle accru sur Internet, la répression envers les journalistes se fait parfois violente, l’autocensure par crainte des représailles se généralise. Reconnaissons que les autorités politiques ne peuvent briser la libre information que grâce à la passivité d’une population, ce qu’on appelle aussi « soumission volontaire ». Écoutez Anna Politkovskaïa, journaliste, qui a été assassinée le 7 octobre 2006 à Moscou :

« Les valets souriront servilement, tous des petits gradés du KGB ayant reçu leurs postes importants sous Poutine, ils se mettront au garde à vous… Mais je constate que les responsables de tout ce qui se passe, c’est nous. Nous d’abord. Pas Poutine. Notre attitude vis-à-vis de Poutine, notre attitude qui se limite à des « bavardages de cuisine », a permis à Poutine de transformer sans entrave la Russie. L’apathie dont fait preuve la société est incommensurable. Et elle est une indulgence pour Poutine pour les années à venir. Nous avons réagi à ses actions et à ses discours non seulement avec mollesse, mais avec peur. Et cette peur qui est la nôtre, nous l’avons montrée aux tchékistes, enracinés dans le pouvoir. Et cela n’a fait que renforcer leur désir de nous traiter comme du bétail. »

Le point de vue des journalistes écologistes

La censure n’est pas l’apanage des régimes autoritaires, il est aussi au cœur de nos démocraties dites libérales. Mais ce n’est pas une censure déclarée, elle se trouve de façon subreptice dans les modalités de l’information. Dans nos sociétés pluralistes et fragmentées, ce ne sont pas seulement des arguments qui s’affrontent mais aussi des identités forgés par les réseaux sociaux. Dans ce contexte, les propos qui rappellent les faits et font appel à la raison deviennent vite inaudibles. Gaza ou l’Ukraine sont certes couverts par le fil des infos, mais les médias même en France n’informent plus globalement sur rien, ils font du divertissement qui sature l’intelligence des gens. Les écrans publicitaires à tout moment, c’est une telle soupe commerciale ingurgitée sans résistance que la censure n’est plus utile, elle se fait toute seule par la loi du pognon.…. Un journaliste fait des choix éditoriaux, il approfondit certains thèmes et veut ignorer ce qui n’est pas à la mode du moment : le journalisme est toujours orienté. Prenons, l’écologie, la raison d’être de ce blog biosphere.

L’immense majorité des journalistes amenés à traiter d’environnement adhère à la doxa du « capitalisme vert ». Sous l’emprise de puissantes logiques commerciales, les journalistes s’engouffrent dans la célébration du « green business ». Dans le droit fil du succès de l’expression « développement durable », l’expression longtemps à la mode, c’est aujourd’hui autour du label « croissance verte » de faire florès auprès des professionnels de l’information. Profondément enfouis dans leur for intérieur, les principes de rentabilité, concurrence, compétitivité… leur apparaissent comme légitimes et incontournables. A bien des égards, ne pas remettre en cause l’esprit croissanciste de la société thermo-industrielle, c’est le considérer pour acquis et donc prendre parti en sa faveur. Mis aller contre le sens du courant idéologique dominant, c’est – pour un journaliste – prendre le risque de se discréditer auprès de son employeur.

S’ils veulent être le « contre-pouvoir » qu’ils prétendent constituer, alors les journalistes doivent avoir le courage de questionner leurs convictions les plus profondes, celles qui les empêchent de voir que d’autres visions du monde existent en dehors de l’étroit moule capitaliste.

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A69, entraves à la liberté de la presse (2024)

extraits : Le rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l’environnement, Michel Forst, a demandé le 29 février 2024 à ce que le travail de la presse soit facilité sur le site occupé par les opposants au projet de l’autoroute A69. A l’issue de sa visite sur le lieu de la mobilisation, à Saïx, dans le Tarn, il a pointé plusieurs atteintes aux droits de l’homme….

Liberté de la presse et écologie, le cas Hervé Kempf (2013)

extraits : Dans les années 1970, il y avait des militants journalistes et des journalistes militants. L’écologie faisait son entrée dans les médias. Aujourd’hui l’écologie est une rubrique parmi d’autres. L’information produite a tendance à se formater, à se dépolitiser, à se déconflictualiser. La logique commerciale, la crise de endettement et la vulgate croissanciste ont étouffé le militantisme écolo ; rares sont les journalistes qui peuvent encore s’exprimer librement. Hervé Kempf était un de ceux-là. Censuré par LE MONDE, il a été acculé à démissionner le lundi 2 septembre 2013….

Les journalistes et l’écologie vendue au capitalisme (2013)

extraits : Nos analyses sur le traitement médiatique des enjeux climatiques en France ont ainsi montré que plus les journalistes parlent du problème climatique, plus ils parlent de ses conséquences au détriment de ses causes et solutions. Cette tendance à illustrer les problèmes plutôt qu’à les expliquer n’est pas neutre, les journalistes évacuent du champ du pensable environnemental la question des relations entre la mécanique capitaliste et la détérioration des écosystèmes. S’ils veulent être le « contre-pouvoir » qu’ils prétendent constituer, alors les journalistes doivent avoir le courage de questionner leurs convictions les plus profondes, celles qui les empêchent de voir que d’autres visions du monde existent en dehors de l’étroit moule capitaliste….

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Européennes. Des écologistes inaudibles

32 listes à ce jour pour les Européennes (vote le 9 juin 2024), un vrai gaspillage de la part de tous ces candidat à vouloir faire parler d’eux. Sachant que toutes les listes ont de toute façon leurs présupposés sur l’écologie, voici les différentes listes potentielles qui mettent l’écologie en affichage, ou du moins un soupçon d’écologie : Les écologistes – Europe Ecologie  ; Ecologie au centre ; Union des centristes et des écologistes ; Ecologie positive & Territoires ; Mouvement écologiste indépendant avec L’Ecologie autrement ; Europe Egalité Ecologie ; Parti animaliste… Notons que le Trotskisme serait porté par trois listes dont aucune ne veut afficher l’étendard écolo. 

Quatre thèmes principaux ont animé le premier débat avec les sept principales têtes de liste : Jordan Bardella (Rassemblement national, RN), Valérie Hayer (Renaissance), Raphaël Glucksmann (Parti socialiste-Place publique), Manon Aubry (La France insoumise), Marie Toussaint (Les Ecologistes), François-Xavier Bellamy (Les Républicains) et Marion Maréchal (Reconquête ! Que peut-on retenir de ce débat à propos du « défi écologique »  !

Interrogés sur la question de la transition écologique, plusieurs candidats ont critiqué l’interdiction prévue de la vente des voitures thermiques neuves à partir de 2035. Ainsi de Jordan Bardella (« un coup de canif porté au pouvoir d’achat de nos concitoyens ») ou de Marion Maréchal-Le Pen, qui y voit une mesure qui « favorise une fois de plus les importations chinoises ». Valérie Hayer a souligné qu’il ne s’agissait « pas de dire demain aux Français “vous ne pourrez plus utiliser votre voiture thermique” », mais que « vous pourrez continuer à utiliser des voitures thermiques de seconde main ». Raphaël Glucksmann a approuvé le développement « des filières européennes de voiture électrique ». François-Xavier Bellamy et Jordan Bardella ont dénoncé la stratégie « Farm to the Fork » (« de la ferme à la fourchette », adoptée en octobre 2021) visant, selon eux, à une « décroissance agricole »

Marie Toussaint a notamment estimé que le candidat du RN est « un agent de l’étranger ». Cette dernière a aussi critiqué le positionnement de Jordan Bardella au Parlement européen, qui n’a « jamais voté en faveur de se libérer du gaz russe ». Marie Toussaint a mis en avant la nécessité d’une « faible TVA verte sur les produits qui sont bons pour la santé, bons pour la planète et bons pour l’emploi ». Elle a appelé à aller encore plus loin avec un « Buy Green and European Act », une préférence européenne pour les marchés publics, et à une extension de la taxe carbone aux frontières du continent. Elle a affirmé « qu’on a besoin de l’immigration ».

Le point de vue des écologistes qui ne savent plus pour qui voter

– L’unanimité sur la place centrale de la voiture montre que les débatteurs ont oublié le réchauffement climatique.

– On passe plus de temps à critique l’extrême droite qu’à proposer des solutions pérennes.

– Échanges lamentables ! Des promoteurs d’une société militarisée et non de paix. Pas un mot pour le droit international, la négociation et l’exigence de paix, de sécurité humaine, de rupture avec le capitalisme, d’exigence de solidarité face aux menaces existentielles !

– Sur l’Europe, le néant du y’a qu’à faut qu’on. Vivement des listes transnationales présentées par les partis siégeant effectivement à Bruxelles présentant leur projet Européen au lieu des carabistouilles de nos camelots gaulois.

– L’Europe, ce sont 75 ans de paix, où les conflits sont réglés de manière civilisée par des négociations. Jetons l’UE à la poubelle ?

– Quant à l’immigration, le blabla habituel des extrêmes droites, sans proposition tenable, notamment le développement des pays d’origine.

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Européennes, Marie Toussaint vs W. Schraen (2023)

extraits : Willy Schraen lance sa campagne au nom de la « ruralité heureuse » contre les « ayatollahs de l’écologie ». Marie Toussaint sera la tête de liste EELV aux européennes.Willy Schraen, Président de la Fédération nationale des chasseurs depuis 2016. « Notre combat n’est pas celui d’irréductibles Gaulois réfractaires », assure M. Schraen, qui vante « la pétanque et le barbecue, l’apéro et les cochonnailles ». Celui qui assume « un côté conservateur » mais refuse « l’extrémisme », défend une « ruralité heureuse ». Unis dans le rejet des « ayatollahs de l’écologie », selon la formule qu’ils emploient pour désigner les activistes écolos, le chasseur et ses colistiers disent qu’ils ont « tous un peu de boue sur les pieds », qu’ils sont « amoureux de la nature » et bien sûr « écologistes » !

Européennes : Pascal Canfin verdit la liste de Macron (2019)

extraits : Pour les européennes 2019, toutes les listes sans exception font de l’écologisme. Le Rassemblement national a déjà son slogan écolo : « Priorité au local avant le global ». Emmanuel Macron se contente surtout de débaucher des têtes d’affiche. Aujourd’hui c’est Pascal Canfin, ex-membre d’EELV et ex-ministre–alibi écolo de François Hollande. Il est propulsé numéro 2 de la liste « Nathalie Loiseau ». Il justifie naïvement son ralliement

Des européennes sans Dany Cohn-Bendit, EELV à la peine (2014)

extraits : Comme l’anticipaient les sondages pour les élections européennes, les écologistes ne sont pas parvenus à rééditer leur performance de 2009, où ils avaient obtenu 16,28 % des voix ; Europe Ecologie-Les Verts arrive à peine à 9 %. Quelle analyse ? Examinons le cas emblématique de Daniel Cohn-Bendit. D’écologie, on ne l’entendait pas beaucoup parler. Mais les gens aiment les grandes gueules : la figure de Marine remplace maintenant celle de Dany.

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A69, État pillard et non État stratège !

En dépit des avis négatifs des instances d’expertise et des fortes oppositions locales, la volonté de l’État et des collectivités de construire cette autoroute censée désenclaver Castres semble inébranlable. A quel moment l’État pillard prend-il le pas sur l’État stratège ? Notons que le pillage n’existe que par le soutien des électeurs au pouvoir en place. Toute tentative d’avancée militante se heurte à des personnes qui vivent dans un monde où l’urgence écologique n’existe pas, lire ci-dessous cet article et le débat qu’il entraîne …

Stéphane Foucart : L’anthropologue David Graeber en 2018 observait que « les États présentent un caractère double assez particulier, ils sont à la fois des formes institutionnalisées de pillage ou d’extorsion, et des projets utopiques ». Le dossier de l’A69 est celui qui illustre le mieux, ces jours-ci, cette troublante dualité – entre l’Etat stratège soucieux du long terme et l’Etat pillard qui permet le saccage de l’avenir et des biens communs au bénéfice de quelques-uns. L’A69 est ce vieux projet d’autoroute entre Castres et Toulouse dont le tracé jouxte celui de la route nationale 126.  : de vingt à trente minutes gagnées pour relier les deux villes, et une vingtaine d’euros pour l’aller-retour. Pour se désenclaver, un travailleur castrais devra donc débourser chaque mois un peu plus d’un quart du smic. L’A69, c’est une quatre-voies s’étirant sur 53 kilomètres. Au total, les impacts sur les milieux naturels consistent en 22 hectares de zones humides détruits, plus de 13 hectares de boisements rasés, sans compter la destruction de 230 hectares de terres agricoles. En dépit des avis négatifs, la volonté de l’Etat et des collectivités semble inébranlable. Elle se mesure aux déclarations martiales du préfet, aux moyens mobilisés pour contrer l’opposition au projet (plus de 2,7 millions d’euros engagés depuis mars 2023) et à la brutalité policière déployée à l’encontre des opposants.

Mediapart a eu accès au contrat de concession (tenu confidentiel en vertu de la loi sur le secret des affaires) et dévoile que certains actifs fonciers de l’Etat, apportés en nature, n’ont pas été comptabilisés dans le montage. Le montant des aides publiques ne serait donc pas de 24,6 millions d’euros, comme annoncé, mais plutôt de… 111,6 millions d’euros ! Le contrat rendrait en outre quasi impossible la reprise de contrôle de la concession par la puissance publique.

Le point de vue des écologistes déconstructivistes face aux anti-écolos

Steinbeck : Mr Foucart vit à Paris. Peu lui chaut de désenclaver la ruralité. Et de sa hauteur, il dit la messe pour les Castrais. Qu’est-ce que dix minutes de gagner pour vous autres? On est pas pressé à la campagne…

Electre @ Steinbeck : En fait, il ne s’agit pas de désenclaver Castres mais d’un faire une cité dortoir au bénéfice de Toulouse

Titus : Avec le raisonnement Foucart, nous n’aurions jamais construit le réseau autoroutier actuel, dont personne ne nie qu’il est très utile. Et qui contribue, comme d’autres grandes infrastructures, à l’attractivité et à l’économie.

Sahira @ Titus : Avec le raisonnement anti- A69, nous aurions en effet construit différemment. Le maillage du réseau de chemin de fer serait resté dense, pour le bien de nos poumons. De plus, ne soyons pas obtus, ce n’est pas parce qu’on l’a fait par le passé qu’il continuer à le faire. Il faut savoir évoluer.

Charlieck : Et M Foucart fait du Foucart ; tous les sujets lui sont bons

Le paraméen @ Charlieck : Un peu légère votre contribution. Un article argumenté et factuel doit pouvoir être contesté… par d’autres arguments fondés aussi sur des faits. Où sont les vôtres ? Néant . Une petite attaque ad hominem typique de ceux qui n’ont rien à dire et le dise !

MOK : Le complotisme existe bel et bien dans le milieu du journalisme. Il s’infiltre partout donc, pas seulement chez les gens intellectuellement fragiles

Numerobis @ MOK : Aux lecteurs critiques de cet article, qui déplorent sa “partialité” au nom de leur haine pavlovienne des “zécolos”, aucun argument ne justifie la construction de cette infrastructure absurde et criminelle, ni les moyens considérables employés pour l’imposer. Et arrêtez avec le respect de la “démocratie” : l’incompétence, l’ignorance, l’absence de courage et de vision à long terme de nombre d’élus locaux n’est plus à démontrer.

Elouk : Il semble qu’une minorité sûre de son bon droit et d’avoir raison peut s’opposer à tous projets en France contre l’avis de la majorité des citoyens. Belle leçon de démocratie. Une dictature écologiste se prépare-t-elle avec l’accord d’un journaliste du Monde?

Goran @ Elouk : Une dictature écologique se prépare? Ah bon. Une minorité sûre de son bon droit…vous parlez des agriculteurs menés par la FNSEA ? Vous parlez des autocrates automobilophiles qui nous imposent des voitures de plus en plus grosses, puissantes, et inutiles ? Il n’y a aucune dictature écologique, il y a un grand backlash contre tout ça : avion à fond, verdissage hypocrite à fond, voiture à fond, etc. Les écolos essayent tant bien que mal de sauver les meubles !

Antonio : C’est vrai que les Amish se débrouillent très bien avec leurs charrettes.

Doudoudodudor @ Antonio : Pourquoi vouloir gagner 20 minutes si c’est pour aller s’affaler devant Hanouna ? Il suffit de partir plus tôt. Tous les scientifiques, tous, le disent : nous avançons vers le réchauffement climatique, inexorablement, avec l’aide de l’Etat. Il faudrait fermer toutes les autoroutes, les rendre à la nature et ne faire que des pistes cyclables.

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A69, entraves à la liberté de la presse (mars 2024)

extraits : Le rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l’environnement, Michel Forst, a demandé le 29 février 2024 à ce que le travail de la presse soit facilité sur le site occupé par les opposants au projet de l’autoroute A69….

A69, quand le futur combat le passé (novembre 2023)

extraits : Le 24 septembre 2023, deux cents scientifiques toulousains d’entre eux avaient réclamé l’abandon de l’A69 (une nouvelle autoroute) dans une lettre ouverte à Carole Delga, la présidente (socialiste) de la région Occitanie, qui soutient le projet. Le 4 octobre 2023, ils sont 1 500 scientifiques à signer une lettre ouverte, publiée par L’Obs, pour dénoncer ce même projet….

autoroute A69, inutile et imposée (octobre 2023)

extraits : L’enterrement de Notre-Dame-des-Landes ne faisait que préparer l‘épanouissement de la contestation de tous les GTII, Grands travaux inutiles et imposés. Partout sur le territoire, une cinquantaine de projets d’aménagement suscitent de vives oppositions locales, souvent depuis plusieurs années : déchets nucléaires à Bure, lignes à très haute tension….

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Écologie : rendre possible l’impossible

Après la nomination en 1971 d’un secrétaire délégué de la protection de la nature et de l’environnement et d’un ministère à part entière en 1975, le bilan suivant a été fait par son premier titulaire, Robert Poujade. Dans son livre-témoignage de 1975, « Le ministère de l’impossible », il explique :

« Avec 300 fonctionnaires et un budget minuscule, il me fallait infléchir – essayer d’infléchir ! – la politique d’une douzaine de ministères, disposant d’administrations puissantes, et de très grands moyens…J’ai eu trop souvent le sentiment de lutter presque seul contre des entreprises que tout aurait dû condamner… On accepte de subventionner n’importe quelle activité sous la pression des intérêts privés, mais beaucoup plus difficilement de prélever une part très modeste de profits, faits au détriment de la collectivité, pour lui permettre de réparer des dommages… La civilisation industrielle a préféré le rendement immédiat à la protection des ressources naturelles. ».

Voici quelques solutions pour dépasser un blocage gouvernemental qui perdure jusqu’à nos jours, ce que nous avons constaté dans notre article précédent.

  •  Redéfinir le périmètre du ministère de l’écologie

Corinne Lepage tirait de son expérience de ministre de l’écologie en 1995-1997 ce résultat : « Les ministères de l’agriculture, de l’industrie, des transports gèrent seuls ou presque les pesticides, les choix énergétiques, le bruit des avions… Le ministère de l’agriculture sera celui des agriculteurs, le ministère des transports celui des transporteurs. Le principe d’intégration qui veut que l’écologie soit intégrée en amont de tous les choix publics est piétiné. » Pour éliminer cette infériorisation systématique, Nicolas Hulot proposait en 2006, dans son Pacte écologique, la voie d’un grand ministère de l’Écologie qui regrouperait différents domaines. Cette solution d’élargissement du périmètre dilue encore davantage l’impératif écologique dans un conglomérat d’intérêts contradictoires. Alain Juppé est devenu en 2007 ministre d’État, ministre de l’Écologie, du Développement et de l’Aménagement durables (MEDAD) et numéro 2 du Gouvernement. Expérience peu concluante.

Plutôt qu’un ministère à périmètre variable, plutôt qu’un vice-Premier ministre, il est préférable que ce soit le Premier ministre lui-même qui soit en charge de l’écologie. Car en fait c’est le Premier ministre qui est tenu d’arbitrer entre les projets de ses différents ministres lorsque les logiques sont contradictoires. Nommée Première ministre en mai 2022, Elisabeth Borne a été chargée de la planification écologique et énergétique. C’était la première fois qu’un Premier ministre possèdait directement une attribution. Mais si le président n’a pas la fibre écolo, cela ne change rien fondamentalement.

  •  Un vote éclairé des parlementaires

Selon l’article 27 de la Constitution française, « Tout mandat impératif est nul. Le droit de vote des membres du parlement est personnel ». Chaque député, représentant du peuple français et non d’un chef de parti, est directement responsable de son vote. Le statut d’un député est nominatif, il ne dépend pas normalement des partis. La place des partis comme l’existence des circonscriptions ne sont que des modalités de sélection des candidats. La logique partisane devrait s’effacer devant l’urgence écologique, un élu devrait réfléchir et voter en son âme et conscience pour le bien commun de la nation.

Encore faut-il que le parlementaire ait une formation lui permettant de voter en pleine conscience. Or, selon une étude de l’Ademe, 20 % des parlementaires estimaient que le changement climatique ne fait pas l’objet de consensus scientifique et la même proportion pense qu’il s’agit « uniquement d’un phénomène naturel qui a toujours existé »… alors que la totalité de la communauté scientifique compétente s’accorde sur le fait que le réchauffement est dû aux activités humaines. Une doctrine interministérielle commune sur l’écologie pourrait être mise en œuvre. Le climat ou la biodiversité relève de la science écologique, l’opinion politique doit savoir en tirer les conséquences.

  •  Généraliser les conventions citoyennes

Une convention citoyenne est composé de personnes tirées au sort et représentative de la structure de la population française. Des experts (in)forment les membres de ce groupe sur un problème spécifique, par exemple le réchauffement climatique. Ces citoyens en discutent, cherchent le consensus et votent les mesures à prendre. C’est donc un avis conforme à ce qui devrait être et d’ailleurs personne n’a contesté la validité des 149 propositions faites par la convention climat créée en octobre 2019. Encore faut-il qu’elles soient appliquées « sans filtre », sans édulcoration par son passage à l’Assemblée nationale ni veto du président de la république. Ce qui n’a pas été fait.

Une bonne manière de rendre efficace la tenue d’une convention citoyenne, ce serait que son déroulé intégral soit diffusé en direct sur une chaîne publique. La transparence de la vie politique est un des critères du bon fonctionnement de la démocratie.

  • S’affranchir de l’immédiat par la planification

Après 1945, il y avait une planification indicative à la française, un commissariat au plan et des perspectives définies sur cinq ans. Le dernier plan français a pris fin en 1992, on a jugé que le rôle des gouvernements n’était pas de jouer les chefs d’orchestre d’une activité économique de plus en plus complexe. Mais aujourd’hui, avec la raréfaction des ressources, la transition écologique implique de déterminer les secteurs d’activité qui doivent être supprimés, réorientés ou soutenus. Il n’y aura de transition réussie que si les citoyens se reconnaissent dans un projet collectif, y voient la possibilité d’un avenir désirable et en deviennent les acteurs. Un Secrétariat général à la planification écologique (SGPE) devait coordonner l’élaboration des stratégies nationales en matière de climat, d’énergie, de biodiversité et d’économie circulaire (communiqué de la Première ministre du 20 mai 2022). En juillet 2022, le tandem Elisabeth Borne, chargée de la planification écologique, avec Antoine Pellion, secrétaire général du SGPE était confirmé par l’Elysée. Ce processus est resté malheureusement sans lendemain.

Le 5 juillet 2017 Emmanuel Macron avait évoqué devant le congrès le 5 juillet 2017 une autre innovation institutionnelle, transformer le Conseil économique, social et environnemental) :

« Le CESE doit devenir la Chambre du futur, où circuleront toutes les forces vives de la nation. Nous ferons de cette assemblée le carrefour des consultations publiques. L’actuel CESE doit pouvoir devenir le forum de notre République. Il réunira toutes les sensibilités et toutes les compétences, du monde de l’entreprise et du travail, des entrepreneurs et des syndicats, des salariés comme des indépendants, donnera un lieu d’expression aux associations et aux ONG, et deviendra ainsi pour l’Etat la grande instance consultative qui fait aujourd’hui défaut. »

Une autre initiative pour intégrer le long terme dans les décisions publiques qui n’a malheureusement pas été concrétisée.

Conclusion

Nous avons montré qu’il est possible de définir les modalités d’une prise en compte de l’urgence écologique par un gouvernement. Reste à faire en sorte que la théorie devienne réalité. Nicolas Hulot avait fait sienne cette pensée de David Brower : « L’optimisme et le pessimisme expriment sous des formes différentes la même capitulation face au futur ; car tous les deux le traitent comme une fatalité et non comme un choix. » En s’engageant dans un gouvernement pas vraiment écolo en 2017, Nicolas avait tenté de rendre possible l’impossible. Il a échoué, mais ce n’était qu’un des marcheurs d’une longue marche collective.

Tout dépend en définitive de notre capacité collective à reconnaître les contraintes biophysiques et à agir en conséquence. Un gouvernement même très motivé écolo ne peut pas grand-chose s’il n’a pas avec lui le consensus social. Il n’y aura donc sortie de la myopie démocratique si les citoyens sont eux-mêmes les défenseurs d’une conscience élargie du monde dans le temps et dans l’espace.

La constellation des impossibilités sur notre blog biosphere

Fukushima, quand l’impossible est certain (mars 2011)

Eduquer au XXIe siècle ? Impossible ! (mars 2011)

contrôler la fécondité des pauvres, impossible obligation (janvier 2014)

noces impossibles du productivisme et de l’agroécologie (janvier 2014)

Impossible mais vrai, l’homme dévore 1,5 Terre par an (octobre 2014)

Produire plus, polluer moins : l’impossible découplage (janvier 2015)

Un impossible démantèlement des centrales nucléaires (mars 2016)

Nicolas Hulot vivait au ministère de l’impossible (août 2018)

L’énergie contrainte rend la démocratie impossible (novembre 2018)

Désastre en 2050, neutralité carbone impossible (mars 2019)

Pas de bol, l’impossible retour à la nature sauvage (avril 2019)

L’ impossible union des mouvements écolos (juin 2019)

post-Covid, l’impossible an 01 de l’écologie (avril 2020)

Un impossible tourisme « durable » (juillet 2021)

Sortir des énergies fossiles, impossible ? (novembre 2021)

l’impossible réveil écologique des ingénieurs (décembre 2021)

L’impossible blocage du prix des carburants (mars 2022)

Écologie, le ministère de l’impossible (juin 2022)

L’impossible assurance anti-apocalypse (janvier 2024)

Sombrer dans le chaos n’est pas impossible… (mars 2012)

Extraits : Dans un monde fragilisé par l’expansion incontrôlée de l’activité humaine, tout devient possible. Prenons le battement d’aile de nos avions. La décision européenne de taxer, depuis le 1er janvier 2012,  les émissions de CO2 des compagnies aériennes opérant en Europe est déjà remise en question par plusieurs pays qui préfèrent la guerre commerciale que l’entente sur le climat. Résultat probable, un réchauffement climatique qui va être accéléré par les boucles de rétroaction positive que nous avons analysées dans un post antérieur. D’où la possibilité du chaos environnemental et social résultant d’un réchauffement dépassant 4 ou 5 °C en moyenne mondiale. Nos motivations économiques égoïstes et de courte vue amplifient les déséquilibres écologiques, la croissance voulue par nos dirigeants actuels préfigure le chaos futur. Nous ne nous méfions pas assez du battement des ailes de nos avions.

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Les océanologues font de la politique

Malgré les menaces que l’humanité fait peser sur son environnement, le gouvernement tient des discours déconnectés du réel et pratique la course de lenteur, fustige un collectif de 260 scientifiques océnographes, dont le climatologue Jean Jouzel,

collectif d’océanographes : Depuis des décennies, notre communauté travaille à identifier et alerter la société sur les dangers que les pressions climatiques nous font courir. Nous observons depuis des années, comme nombre de nos concitoyens, le clivage entre annonces et (in)action publique. Les espoirs soulevés par les 149 propositions de la convention citoyenne sur le climat ont finalement été douchés : non-respect par le président de la République des engagements pris, propositions ignorées ou amoindries, et une loi Climat et résilience qui n’est à la hauteur ni du défi à relever ni des engagements initiaux. On pourra aussi citer l’annonce d’une planification écologique, en septembre 2023, après des demandes insistantes du Haut Conseil pour le climat. Six mois plus tard, aucun signe concret d’un changement de méthode. De plus, la présentation de la nouvelle loi de programmation pluriannuelle de l’énergie à l’Assemblée nationale est sans cesse repoussée.

Nous scientifiques, nous sommes soucieux d’éviter à notre société les tragédies combinées d’un emballement climatique et de dégradations écologiques de grande ampleur. Ne pas participer à la légitimation de discours déconnectés du réel est de notre responsabilité éthique.

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L’écologie scientifique, précurseur de l’écologie politique

extraits : Traditionnellement les politiques et les industriels imposent aux scientifiques leurs désirs de puissance ou de profit. Pour la première fois le GIEC (groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) risque de mettre les politiques et les industriels à l’écoute des scientifiques. Mais l’inquiétude grandit quand les carottages de glace en Antarctique révèlent, en 1985, que CO2 et réchauffement ont été corrélés dans le passé de la Terre. La politisation du débat se fait alors très rapidement : une conférence réunit en octobre 1985 à Villach (Autriche) des scientifiques et des fonctionnaires internationaux. Cela débouche sur la création du GIEC en 1988. Son premier rapport est publié en 1990….

GIEC et politique, l’incompatibilité demeure

extraits : Depuis l’ère préindustrielle, la température planétaire a déjà augmenté d’environ 1 °C. Le dernier rapport du GIEC du 8 octobre 2018 indique que le seuil de 1,5 °C sera franchi entre 2030 et 2052. « Ne pas dépasser 1,5 °C n’est pas impossible, mais cela demanderait des transitions sans précédent dans tous les aspects de la société. Or les émissions mondiales de gaz à effet de serre, après deux années de stagnation, sont reparties à la hausse en 2017 et, selon les premières données, atteindront un nouveau record cette année. Les engagements pris par les États lors de la COP21 de Paris, à supposer qu’ils soient tenus, conduisent pour l’instant la planète vers un réchauffement de l’ordre de 3°C à la fin du siècle »…..

Les scientifiques font de la politique

extraits : Plus de 1 000 scientifiques : « Les propositions de l’exécutif sur l’agriculture sont une régression pour l’environnement et la santé ». Un collectif de chercheurs spécialistes des questions d’écologie et de santé, parmi lesquels la Société française d’écologie et d’évolution, le conseil scientifique de l’Office français de la biodiversité et la réserve naturelle nationale du Val de Loire, s’alarme des décisions prises par le gouvernement pour mettre fin aux mobilisations des agriculteurs….

en 1971, Le Message de Menton

Ce message, signé par 2 200 hommes de science de 23 pays, a été remis à U Thant, alors Secrétaire général des Nations unies, le 11 mai 1971. Il est adressé aux « trois milliards et demi d’habitants de la planète Terre ».

« Nous savons que la Terre et tous ses habitants sont mal-en-point et que nos problèmes se multiplieront si nous négligeons de les résoudre. Que faire ? Dans les années 1940, quand fut décidée la fabrication de la bombe atomique en deux ans, les États-Unis ont investi deux milliards de dollars et mis à l’œuvre les spécialistes du monde entier. Dans les années 1960, les États-Unis ont dépensé entre vingt et quarante milliards de dollars pour gagner la course vers la lune. Il est certain que les recherches à propos de la survie de l’humanité l’emportent de loin sur la recherche atomique et spatiale. Il faut les entreprendre sans délai à la même échelle, et avec une conscience plus aiguë de leur caractère d’urgence. Nous en appelons à l’action en même temps qu’à la recherche.

Différer l’application des innovations technologiques dont nous ne sommes pas en mesure de prévoir les effets et qui ne sont pas indispensables à la survie de l’humanité. Ce qui inclurait les nouveaux types d’armement, les transports superfétatoires, les nouveaux pesticides dont les effets sont inconnus, la fabrication de nouvelles matières plastiques, l’implantation de grands complexes d’énergie atomique, etc. À quoi il faut ajouter les grands travaux dont les conséquences écologiques n’auraient pas été préalablement étudiées, les barrages, la « récupération » des jungles, les plans d’exploitation sous-marine, etc.

Il faut que de tels programmes soient assortis d’une baisse du niveau de la consommation des classes privilégiées, et que soit assurée une répartition plus équitable des ressources. Nous vivons en système clos, totalement dépendants de la Terre, et pour notre vie et pour la vie des générations à venir. Tout ce qui nous divise est infiniment moins important que ce qui nous lie et le péril qui nous unit. Nous croyons que l’homme ne gardera la Terre pour foyer que si nous écartons enfin ce qui nous divise. »

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Madeleine Pelletier, féministe ET malthusienne

« Évidemment je suis née ­plusieurs siècles trop tôt », écrivait-elle dans son journal tenu durant les premières semaines de la Grande Guerre. Aujourd’hui en 2024, on publie ses Mémoires d’une féministe intégrale, recueil des textes autobiographiques de Madeleine Pelletier. Les extraits qui nous sont parvenus font à peine 70 pages, mais ce bref ensemble est d’une époustouflante richesse  :

« Je n’aime pas les femmes telles qu’elles sont, pas plus que je n’aime le peuple tel qu’il est. Les mentalités d’esclave me révoltent… L’idéal est une illusion, mais sans cette illusion la vie ne vaut pas la peine.  »

Son histoire, ses engagements

Excellente élève, Madeleine Pelletier (1874-1939) a dû, comme tous les enfants du peuple, quitter l’école à 12 ans, ; mais elle fréquente assidûment la bibliothèque paroissiale, lisant avec avidité tous les ouvrages à sa disposition. Matérialiste, elle subodore un lien étroit entre la pensée individuelle et la société. Les interactions sociales forment la psychologie des individus qui en retour font évoluer la société. Avec une dizaine de femmes libertaires, elle fonde en janvier 1890 le groupe la Femme libre, où elle fait ses premières armes à l’oral comme à l’écrit.

En juillet 1897, à l’âge de 23 ans, elle est reçue au baccalauréat. Elle s’inscrit en 1898 à la faculté de médecine. Sur 4 500 étudiants, on ne compte que 129 femmes, étrangères pour la plupart, qui subissent sarcasmes et brimades de la part des carabins. En 1902, elle soutient une thèse remarquée sur « l’association des idées dans la débilité mentale ». Mais elle se voit refuser l’accès au concours de l’internat des asiles au prétexte qu’étant femme, elle ne jouit pas de ses droits civiques et politiques, condition requise pour l’inscription. Cependant, l’affaire fait grand bruit, les politiques s’en mêlent, et Madeleine Pelletier obtient l’autorisation de passer le concours l’année suivante. Elle devient médecin des postes – seule administration recrutant des doctoresses –, tout en ouvrant un cabinet privé dans un quartier pauvre de Paris.

En 1907, elle fonde la revue La Suffragiste et écrit La Femme en lutte pour ses droits. Son constat : pour que les femmes s’engagent un jour dans des activités politiques radicales, il faut qu’elles n’aient pas été privées a priori du droit de vote. Elle met en pratique ses idées en brisant les vitres d’un bureau de vote. En 1908, elle représente « La solidarité des femmes » aux manifestations des féministes anglaises à Hyde Park pour le suffrage des femmes. Elle est impressionnée par le nombre de manifestantes et leur détermination qui va jusqu’à la violence, ce qui lui fait regretter d’autant plus la prudence des féministes françaises. Féministe et malthusienne, elle publie en 1911 L’éducation féministe des filles ; Le Droit à l’avortement.

« La femme enceinte n’est pas deux personnes, elle n’en est qu’une, et elle a le droit de se faire avorter, comme elle a le droits de se couper les cheveux. Sur notre corps, notre droit est absolu, puisqu’il peut aller jusqu’au suicide. » Elle estime que « la force du féminisme est dans l’élite intellectuelle de la nation : un groupe d’hommes et de femmes qui, instruits, cultivés, au courant de toutes les questions qui agitent le monde, ont su se libérer des préjugés séculaires »

C’est une activiste qui va bien au-delà des mentalités de son époque. Son militantisme féministe et malthusien lui vaudra de sérieuses inimitiés. Pour une égalité complète entre les deux sexes, elle prône le service militaire pour les femmes. Mais en 1914, elle se rend sur le champ de bataille de la Marne et en revient encore plus antimilitariste, découragée par « la bêtise de l’être humain ».

Au sein de la franc-maçonnerie comme à la SFIO, elle a cherché à faire avancer la cause des femmes. Elle découvre le néo-malthusianisme. Madeleine Pelletier fait partie des féministes les plus combattantes et, au regard de la majorité des féministes françaises qu’elle côtoie, une des plus jusqu’au-boutistes. La manière dont elle s’habille montre ses idées : chapeau melon et cheveux courts, elle s’habille comme un homme sans demander auprès de la préfecture de police la permission de travestissement nécessaire. Sa conviction : une véritable liberté pour les femmes devait dépasser le suffrage et comporter le contrôle sur sa propre fertilité. Elle voit dans la maternité la cause de l’infériorité de la femme. La limitation des naissances est un moyen pour les prolétaires de ne plus vivre dans la misère et de permettre à leurs enfants de recevoir une meilleure éducation. Ses idées sur l’avortement et la disparition souhaitable de l’institution familiale heurtent les membres de la SFIO et isolent Madeleine Pelletier dans le parti.

Son activisme est brisé en 1937 lorsqu’un accident vasculaire cérébral la rend hémiplégique. Elle est accusée en avril 1939 d’avoir avorté une jeune fille de 13 ans enceinte de son frère. Déclarée irresponsable par le psychiatre chargé de l’examiner, elle est aussitôt internée avant même la tenue du procès. « Voilà comment en France on traite les femmes qui se distinguent du point de vue intellectuel. Arria Ly s’est suicidée et moi je suis dans un asile d’aliénés ».

NB : Arria Ly est le pseudonyme de Joséphine Gondon (1881-1934). Représentante de l’aile radicale du mouvement féministe français, elle prônait, comme sa consœur Madeleine Pelletier, une virginité militante.

pour en savoir plus,

https://www.humanite.fr/histoire/feminisme/la-doctoresse-madeleine-pelletier-feministe-et-revolutionnaire

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L’histoire du natalisme

En s’inquiétant d’une faiblesse de la démographie, Emmanuel Macron fait écho à une longue tradition historique. Les discours natalistes naissent au lendemain de la défaite face à la Prusse, en 1870. On y voit la responsabilité de la stagnation relative de la natalité (entamée en France au milieu du XVIIIe siècle, cent ans avant la plupart de nos voisins). Il marque un tournant idéologique, dans la mesure où, face à l’Église, le discours républicain dominant était plutôt malthusien, appelant au contrôle de soi, à préférer la qualité des enfants (leur éducation) à leur quantité. Et la relance de la natalité n’est pas, de prime abord, un souci des dirigeants politiques. Elle prend racine dans de multiples associations aux idées diverses qui recrutent par des conférences partout en France. Par exemple l’Alliance nationale pour l’accroissement de la population française, créée en 1896 par le statisticien Jacques Bertillon, ou la Ligue populaire des pères et mères de familles nombreuses, fondée en 1908 par le capitaine Simon Maire. Parce que la République a écarte l’Église de nombre de responsabilités sociales en 1905, la demande d’assistance fait partie de leurs motivations.

Après l’hécatombe de 14-18, pendant laquelle le gouvernement envoie 1,3 millions de jeunes à la mort, l’État commence à légiférer. Il est en effet urgent de reconstituer les stocks. Il faut absolument interdire toute propagande antinataliste. Le natalisme s’institutionnalise avec le Conseil supérieur de la natalité, créé en 1920 qui lutte contre les mouvements féministes, le contrôle des naissances, la contraception et l’avortement. C’est confirmé par une loi en 1920 qui assimile la contraception à l’avortement. Toute propagande anticonceptionnelle est interdite. Le crime d’avortement est passible de la cour d’Assises. Le néo-malthusianisme de Paul Robin devient hors la loi.

En 1896, la même année que Bertillon, le néo-malthusien Paul Robin avait fondé la Ligue de la régénération humaine dont la devise sera « bonne naissance-éducation intégrale ». Jacques Bertillon disait en 1911 : « Qu’on prenne contre le néomalthusianisme des dispositions plus sévères. Les travaux forcés, ou même la mort, pourraient être édictées contre les néo-malthusiens sans aucune espèce d’inconvénient, puisque ne voulant pas se reproduire, on peut les considérer comme déjà morts. »

En 1923, l’importation d’articles anticonceptionnels est aussi prohibée. Parallèlement surgit une politique nataliste. Après les primes à la naissance (1920) apparaissent les allocations familiales (1923, puis 1932), l’accès aux cantines scolaires et aux bourses, les réductions sur les frais de scolarité… le tout est couronné par le code de la famille et de la natalité française, voté le 29 juillet 1939. En 1932, la loi Landry oblige toutes les entreprises à adhérer à une Caisse d’allocations familiales, généralisant ainsi le principe de soutien privé que proposaient, dès 1918, des industriels à leurs salariés ayant au moins deux enfants (sous forme de sursalaire).

Avec la loi du 15 février 1942, l’avortement est spécifié comme « crime contre la sûreté de l’État ». Il est désormais passible de la peine de mort. Marie-Louise Lempérière est morte guillotinée en 1943 pour avoir pratiqué 27 avortements, Désiré pour 3 avortements.

Depuis 1945

Le quotient familial de l’impôt sur le revenu a été instauré en France fin 1945. Il fut voté à l’unanimité des deux chambres. Chaque ménage dispose de 0,5 parts par enfant, et 1 part entière à partir du troisième enfant.

Dès son origine L’INED (institut national d’études démographiques) avait un objectif nataliste. L’ordonnance de 1945 définit ainsi la mission de l’institut : « L’Ined est chargé d’étudier les problèmes démographiques sous tous leurs aspects… Il étudie les moyens matériels et moraux susceptibles de contribuer à l’accroissement quantitatif et à l’amélioration qualitative de la population.» La naissance du 50 millionième français en 1968, sera présentée par l’INED comme un exploit national.

Dans son allocution du 31 décembre 1963, le général de Gaulle avait évoqué une France de cent millions d’habitants. Michel Debré expose devant l’assemblée national les grandes lignes d’une politique démographique : « Si notre population avait la densité de celle de l’Allemagne, elle compterait cent vingt-cinq millions de personnes…le but à atteindre est trois enfants au moins par famille et la naissance d’un quatrième enfant devrait entraîner, pour la famille, une exonération fiscale d’un an … »

En 1972, l’institut national d’études démographiques, dans « A propos d’un rapport », démentait toute influence de la démographie dans nos problèmes.

Extraits : « Nous avons déjà évoqué les comportements néo-malthusiens aux Etats-Unis. Des livres à sensation, des articles dans la presse, des déclarations officielles et privées, la campagne en faveur du ZPG (« Zero Population Growth » ou croissance nulle de population), le récent rapport du MIT développent le thème de la surpopulation… On mélange les notions de pollutions, d’urbanisation cancéreuse… L’écologie subit plus de dommages du fait des techniques utilisées que du fait du nombre des hommes… »

L’association Population & Avenir, toujours active en 2024, indique sur son site1 : « Reconnue comme établissement d’utilité publique depuis 1913, l’association Population & Avenir fut fondée en 1896 par Jacques Bertillon… ».

Conclusion : on accuse à tort les malthusiens de vouloir mettre en place des politiques démographique coercitives, mais l’historique ci-dessus montre qu’en France c’est la politique nataliste qui a été favorisée… jusqu’à la coercition entre 1920 et 1945.

1https://www.population-et-avenir.com/association-population-et-avenir/

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Planification de nos besoins, une nécessité

« Comment bifurquer » : un manuel pour planifier la transition écologique, une des premières tentatives de théoriser une planification Contrairement à la planification indicative de la France des années 1960 ou la planification impérative de l’Union soviétique, elle n’aurait pas pour objectif de produire plus, mais plutôt de produire moins, en fonction des besoins, dans le respect des limites planétaires. Recension d’un livre,

Comment bifurquer. Les principes de la planification écologique

de Cédric Durand et Razmig Keucheyan

Les auteurs postulent une urgence à « bifurquer » pour éviter la réalisation des pires scénarios climatiques et d’effondrement de la biodiversité. Ils insistent sur un point : cette planification écologique « sera sociale ou ne sera pas ». Et ils mettent au cœur de leur raisonnement la nécessité d’articuler enfin correctement fin du monde et fin de mois. Les deux chercheurs attaquent de front les contradictions de la notion de « croissance verte ». Le marché a démontré son inefficacité à assurer les investissements nécessaires à la transition écologique dans la temporalité nécessaire. Le marché se trompe aussi en finançant du « vert » sans défaire le « gris » – puisque cela n’empêche pas la dégradation accélérée de la nature. L’une des clés d’une transition réussie, démanteler les infrastructures et les modes de production du monde des énergies fossiles.

Cédric Durand et Razmig Keucheyan élaborent la nécessité du « gouvernement par les besoins ». Mais comment définir les besoins en question, sans sombrer dans le totalitarisme et la bureaucratie soviétique ? Les auteurs tentent une définition de ces « besoins réels », qui devront être formulés par les citoyens. Une définition encore très théorique. L’autre axe de cette réflexion repose sur le changement des normes statistiques : une approche qui consiste à « faire primer la comptabilité biophysique sur la comptabilité économique ». Enfin, le dernier pilier de cette réflexion est une « démocratie augmentée » qui repose sur l’étrange concept de « cybersoviets » : l’idée que les citoyens participent à transformer le système productif et de consommation. Des commissions de « post-croissance » rédigeraient sur la base de ces délibérations un vaste « scénario de bifurcation écologique ». L’Assemblée nationale se saisirait de ce plan sans injecter de productivisme ou de consumérisme. On peut toujours rêver à la lucidité de nos parlementaires…

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on a besoin d’une récession (2008)

extraits : L’édition du MONDE 25 janvier 2008) nous offre un superbe dessin de Pessin en page 2  : Un ours qui apprend dans son journal qu’on va droit vers la récession et qui sable le champagne pour fêter cette heureuse perspective. Faut dire que le glaçon sur lequel il est assis est déjà réduit à sa plus simple expression !Les humains ont-ils donc tellement besoin d’une récession économique ? La réponse est : OUI….

besoin d’écuelle ? (2009)

extraits : Dans la société dite de consommation, l’individu qui n’est pas exclu du système passe le plus clair de son temps à travailler pour gagner sa vie, réfléchir à ses achats, ses vacances, à se comparer par rapport à son voisin ou ses collègues. Il accumule et consomme des objets ou des services.  Accède-t-il véritablement au bonheur ou à un quelconque épanouissement à travers ce que l’argent gagné lui permet d’obtenir ? Diogène de Sinope, dit le cynique, en abandonnant son écuelle : « Cet enfant qui boit dans le creux de sa main, m’apprend que je conserve encore du superflu »…

Réévaluer notre échelle de besoins (2012)

extraits : Les contraintes financières et les crises écologiques, en particulier énergétiques, vont nous imposer de revenir à des besoins plus essentiels qu’il nous faudra satisfaire de manière plus simple. Comment s’y préparer alors que les jeunes générations actuelles ne peuvent même pas concevoir qu’à une époque encore récente il n’y avait ni télévision, ni portables, ni jeux vidéos ? Dans son Manuel de transition, Rob Hopkins nous demande d’écouter les anciens, de « rendre hommage aux aînés »…

Loin de la laideur de ce monde, limitons nos besoins (2013)

extraits : Lanza del Vasto : « Efforce-toi de désirer ce que chacun, comme toi, peut avoir. Ne proteste pas contre ce que tu désappouves. Passe-t-en. Passe-toi de toutes les organisations industrielles, commerciales, officielles. Si tu désapprouves la laideur du siècle, jette loin de toi ce qui vient d’une usine. Si tu désapprouves la boucherie, cesse de manger de la viande.S i tu désapprouves la guerre, ne serre jamais les poings. Si tu désapprouves la banalité, ne lis par le journal. Si tu désapprouves la misère, dépouille-toi librement…..

efficacité énergétique contre limitation des besoins (2013)

extraits : Notre société n’a pas encore compris que les citoyens devront limiter leurs besoins. A quoi sert en effet une bonne isolation thermique de sa maison (efficacité énergétique) si on en retire l’idée qu’on peut augmenter la température de son foyer (refus de la sobriété). Il est d’ailleurs significatif qu’on confonde généralement dans les débats « économies d’énergie » et « efficacité énergétique », ce qui permet de passer la sobriété à la trappe…

Nous n’avons que très peu besoin de choses matérielles (2014)

extraits : Un écologiste est une personne qui a le sens des limites. Cela veut dire entre autres limiter ses besoins matériels pour approfondir ses besoins essentiels. Manfred Max-Neef, économiste chilien et prix Nobel alternatif en 1980, postule que les besoins des humains sont universels, peu nombreux et indépendants des cultures et des époques. Ils sont au nombre de neuf : Subsistence (susbsistance) ; Protection (sécurité) ; Affection ; Understanding (compréhension) ; Participation ;  Leisure (loisir) ; Creation ; Identity (identité et sens) ; Freedom (liberté). Une « réponse destructive » comme la course aux armements est une réponse au besoin de sécurité tout en entrant en concurrence avec les besoins de subsistance, d’affection, de liberté. Vouloir résoudre les pénuries d’une manière mécaniste, spécialisée et extérieure – médicaments contre les épidémies, boîtes de conserve contre la famine, argent contre la pauvreté, gendarmes contre l’insécurité… – ne permet pas d’enclencher de véritables dynamiques de développement….

Notre striatum ne dit rien de nos besoins

extraits : Le striatum, bof ! J’ai lu il y a fort longtemps « âge de pierre, âge d’abondance », un livre de Marshall Sahlins. La virgule peut prêter à interprétations. En fait cette étude démontrait que l’âge de pierre (les sociétés premières), c’était vraiment l’âge d’abondance : sans désir de superflu, il n’y avait pas sentiment de manque. Autrefois, aux temps de la chasse et de la cueillette, on vivait en effet un sentiment de plénitude car on limitait les besoins… et donc le travail… pour avoir plus de temps libre… et être heureux. Aujourd’hui l’intérêt du moment change, de plus en plus vite. Il y a toujours un nouveau faits divers à la télé, iI y a toujours un machin de la dernière génération qu’il faut posséder et bientôt la voiture électrique remplacera dit-on la thermique. La période contemporaine fait courir la plupart d’entre nous derrière l’illusion de l’abondance… à crédit. Mais bientôt on sera OBLIGÉ de s’auto-limiter par insuffisance des ressources…

Notre imaginaire sur nos besoins se modifie

extraits : La France est dépendante d’une chaîne d’approvisionnement mondialisée sur laquelle elle a peu à peu perdu le contrôle. Or, dans un monde où six des neuf limites planétaires ont déjà été dépassées, nous devons reconsidérer nos priorités. Comment ignorer aussi que l’approvisionnement de l’Europe en pétrole risque de devenir problématique ? Il est urgent de se questionner sur les besoins que nous définirons comme essentiels. Quelle place souhaitons-nous accorder à la 5G, à la 6G, à l’ordinateur quantique ? Doivent-elles être considérées comme nos priorités ?

2027, un ministre de l’Énergie et des Besoins

extraits :  La notion de sobriété nous invite à nous interroger personnellement sur nos besoins, sur leur importance réelle ou supposée, ainsi que sur les priorités que nous pouvons établir entre eux. Nous pouvons définir une hiérarchie qui passe des besoins vitaux aux essentiels, puis indispensables, utiles, convenables, accessoires, futiles, extravagants et inacceptables. Chacun peut se livrer à l’exercice pour lui-même, en famille ou au travail, de façon à prendre conscience de l’impact de tel ou tel achat ou comportement. Rien ne sera possible sans une adhésion pleine et entière de tous nos concitoyens. Il s’agit de faire jouer à plein ce qui est la contrepartie indissociable de notre liberté : notre responsabilité ! ….

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Bavardage médiatique, oubli de l’écologie

Les commentateurs de plateau des chaînes d’info en continu sont devenus les principaux agents de l’euphémisation des faits scientifiques en lien avec l’environnement. Ce qui se raconte à longueur de journée ramène toujours l’écologie à des jeux politiciens, ce qui, paradoxalement, en dépolitise les enjeux pourtant immenses.

Stéphane Foucart : Le bavardage politique de plateau : voilà le danger. Sa puissance performative − le fait qu’il imprime ses biais sur la réalité elle-même – est considérable. Et ce, d’autant plus que le développement des chaînes « tout info » a fait de l’opinion bon marché le principal ingrédient des antennes (sans même évoquer leur « bollorisation »).

Sur les choix démocratiques, l’effet est mesurable à ce seul paradoxe : alors que les enquêtes placent invariablement l’environnement au nombre des principales préoccupations des Français, c’est le Rassemblement national – le parti le plus hostile à l’écologie – qui caracole en tête des sondages.

Sur la caste dirigeante, l’effet est sans doute plus inquiétant encore. Lorsque sur des plateaux les savoirs scientifiques constitués sont mis sur un pied d’égalité avec de simples éléments de langage, comment ne pas finir par croire à la validité de vos propres balivernes ? Depuis des mois par exemple, les mises en garde unanimes des scientifiques à l’endroit des décisions affaiblissant les normes environnementales en agriculture sont contrebalancées par un unique élément de langage, inlassablement ressassé : la nécessité de la « souveraineté alimentaire ». Cela procède non seulement d’un relativisme trompeur, mais aussi d’un renversement sémantique, la « souveraineté » dont il est question ici revenant à maintenir des systèmes agricoles intensifs dépendant des importations d’engrais de synthèse, notamment russes et biélorusses. Les responsables aux affaires nous mettent collectivement en danger parce qu’ils sont enfermés dans la même boucle cognitive que leurs commentateurs.

Le point de vue des écologistes

Lorsqu’un politique est interviewé, s’il commence par dire que la question est complexe, c’est qu’il n’a pas l’intention d’y répondre. Et le journaliste se garde bien d’insister. Les auditeurs sont eux aussi complices, ils se contentent de ce qu’on leur donne, ce qui leur permet de ne pas se creuser la tête. Autour de nous, personne ne parle d’écologie, encore moins de sauver la planète. C’est, au dessert, plutôt la recette du gâteau qui fait la conversation à table. Nous sommes face à une apparence de « débat « .

Ce n’est qu’en limitant volontairement ses sources et en gardant un esprit critique que l’on peut arriver à réduire le bruit médiatique. Une seule solution éteindre sa télé, et se contenter de parcourir les écrits de ce blog biosphere…

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Ce dont les médias ne parlent pas n’existe pas

extraits : Le climat n’aura occupé qu’environ 5 % du temps des débats animés par les grands médias audiovisuels, au cours de la campagne présidentielle qui s’achève. Cette quasi-absence a des effets majeurs sur notre perception collective, les questions qui ne sont pas posées disparaissent de la conversation publique….

Damnation, les médias aux ordres des publicitaires !

extraits : Le matraquage publicitaire a remplacé le moteur de la guerre et de ses commandes massives pour booster l’économie. D’où l’invention de techniques pour obtenir de la population un comportement éloigné des pratiques économes de leurs parents. Les générations actuelles y sont tellement accoutumées qu’elles ont du mal à imaginer un monde où ce matraquage serait absent. Quant à l’ampleur des dégâts, il suffit de se souvenir de ce cri du cœur d’un patron de TF1 revendiquant le droit de vendre du « temps de cerveau disponible » pour faire boire du Coca-Cola….

L’écologie politique, victime des faits-divers médiatisés (2014)

extraits : La secrétaire nationale d’EELV est interrogée au Grand Rendez-vous. Aucune question sur l’écologie, pourtant la spécificité d’Emmanuelle Cosse. Mais six questions (sur 8) à propos des alcôves de l’Elysée : Aujourd’hui, la vie personnelle du président de la République est étalée en détail. Faut-il s’y faire ou s’en plaindre ?….

les médias nous trompent car nous voulons être trompés (2012)

extraits : Sur lemonde.fr, deux articles montrent la superficialité des lecteurs. Prenons les infos du 5-6 octobre et une période comparable de mise en ligne. L’article « Les climato-sceptiques anglais et américains ont bonne presse » ne recueille que deux commentaires. L’article « BAISER VOLÉ – L’une des photos les plus romantiques révèle une agression sexuelle » sur le blog Big Browser en reçoit 182 ! Les centres d’intérêt de nos concitoyens vont au sexe et au sensationnel, pas à l’analyse comparative.

discrimination médiatique (2009)

extraits : La multiplication des réseaux d’information transforme notre réalité en un magma informel en perpétuelle expansion. Il est donc difficile d’aller à l’essentiel : comment s’y retrouver dans une cyber-poubelle aux dimensions de Google ? Bruno Frappat, aux Assises du journalisme en mai 2008, nous rassurait : « N’ayez pas peur ! Tant qu’il y aura des nouvelles, il faudra des gens pour faire le tri, hiérarchiser les événements, en jeter. » Mais la biosphère n’est pas satisfaite de la manière dont les journalistes font leur boulot de tri et de hiérarchisation.

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Les jeunes et le service civique écologique

Attention de ne pas confondre le Service national universel qui faisait l’objet de notre précédent article et le service civique. Le SNU est une tentative propre à Emmanuel Macron depuis qu’il a accédé à la présidence de la France ; il s’agit d’enrégimenter les jeunes au nom d’un patriotisme désuet. Le SNU nest qu’une annexe du ministère des armées ! Le service civique est beaucoup plus ancien ; sous des dénominations diverses, son rôle historique est de diminuer artificiellement le taux de chômage des jeunes.

Le service civique existe depuis 2010. Il faisait suite du « service civil volontaire » qui avait été mis en place en 2006. Le gouvernement Jospin avait antérieurement mis en place des contrats emploi-jeunes de 1997 à 2002… Le taux de chômage avait presque atteint 10 % en 1990, le nombre des emplois aidés s’est élevé 900 000 en 1991. Dans une France surpeuplée, il faut maquiller de diverses manières les statistiques du sous-emploi.

Le service « civique » (ça fait mieux que « civil ») a attiré en 2022 près de 80 000 jeunes âgés de 16 à 25 ans, pour une durée allant de six à douze mois et pour une rémunération mensuelle de 620 euros. Pour septembre 2024, le gouvernement promeut un service civique « écologique »… pour « lutter contre l’écoanxiété de la jeunesse » !

Zoé Dert-Chopin : Le ministre de la transition écologique Christophe Béchu a adopté les codes de la communication TikTok pour annoncer aux jeunes qu’ils pourront réaliser un service civique « écologique » à partir de septembre 2024. Une façon dit-il de permettre à cette frange de la population de « remédier à l’anxiété et [de] passer à l’action ». Le ministre promet le déploiement, dès cet automne, de 1 000 « ambassadeurs » volontaires, pour promouvoir ce type d’engagement : « Quand on voit des jeunes qui considèrent que la façon d’agir, c’est d’aller jeter de la purée dans des musées, je préfère qu’on leur donne les moyens de regarder comment, de façon concrète, s’engager au service de l’écologie ». Béchu vise l’objectif de 50 000 volontaires auprès d’associations ou d’entreprises publiques liées à la protection de l’environnement d’ici à 2027 et des emplois « verts » à la sortie.

Le point de vue des écologistes difficile à berner

Le Premier ministre Gabriel Attal avait déjà annoncé le 30 janvier 2024 que le gouvernement lancerait « un service civique écologique » lors de ses grandes orientation de politique générale. Dans la même conférence, Attal s’était placé dans la droite ligne du chef de l’Etat en pointant ceux qui voudraient une « écologie punitive » ou des contraintes plus fortes. Il défendait ceux pour qui « la voiture est un gage de travail et de liberté ». Il s’est vanté du succès du leasing social pour acheter un véhicule électrique. Pourtant nommé en mai 2022 » secrétaire général à la planification écologique » (SGPE), Antoine Pellion est resté aux abonnés absents. Le contenu de la planification écologique est remis aux calendes grecques. L’État ne fait rien, les petits jeunes feront le reste… l’écoanxiété des jeunes ne peut que grandir.

Le programme Médiaterre de l’association Unis-cité Ile-de-France avait déjà un programme écolo en 2010. Les volontaires du service civique devaient apprendre des éco-gestes aux familles défavorisées des grandes barres de la région parisienne ; plus prosaïquement, apprendre à consommer moins d’énergie, moins d’eau et à produire moins de déchets. Un lien social s’établissait entre des jeunes qui se sentent utiles et des familles en difficulté matérielle. Pourquoi pas de tels ambassadeurs. Mais cela reste complètement marginal par rapport à l’ampleur de la rupture écologique à mener.

Il faut que l’Etat annonce clairement à la population qu’il faudra faire des efforts dans tous les domaines, consommation, production, loisirs… Mais il ne suffit pas de dire qu’il faut manger moins de viande, s’abstenir de prendre l’avion, rapprocher son lieu de résidence de son lieu de travail… Il ne suffit certainement pas de demander à quelques jeunes de servir la cause écologique, le problème est structurel. L’État doit avoir le courage  de ce qu’il appelle la « transition écologique ».  Seul l’État peut refuser de nouvelles voies à grande vitesse, augmenter le prix de l’essence, taxer le kérosène, combattre l’artificialisation des sols, favoriser l’agriculture biologique, réglementer et même interdire. Mais tout cela, Macron s’y refuse absolument.

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Macron écolo ? Laissez-moi rire ! (mai 2021)

extraits : Emmanuel Macron en juin 2017, son slogan « Make our planet great again » face aux climatosceptiques comme Donald Trump ou Jair Bolsonaro. Depuis on déchante, tout ça n’est que de la stratégie politique. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal : « Nous, on ne dit pas aux jeunes : “Demain, vous ne prendrez plus l’avion”, mais : “on met les moyens pour inventer l’avion de demain.” »….

Macron en marche vers l’écologie superficielle (juin 2022)

extraits : Pour l’écologie, Emmanuel Macron avait voulu deux ministères distincts, l’un consacrée à la transition écologique et à la cohésion des territoires, l’autre à la transition énergétique. La ministre de la nature aura pour mission principale de promouvoir la chasse à courre, la ministre des émissions de gaz à effet de serre sera chargée de mettre sous respirateur artificiel nos centrales nucléaires en fin de vie. Bref on divise, on rend ingérable. Bref, on n’y comprend plus rien….

Macron, « l’écologie à la française » !!!! (septembre 2023)

extraits : Avec ce mélange d’un refus des interdictions et d’une ambition assumée pour une « croissance verte », teintée d’un techno-solutionnisme sur l’hydrogène ou le captage du carbone, Emmanuel Macron dessine sa propre vision d’une écologie « positive ». Une façon de se tenir en équilibre instable entre « l’écologie du déni » de l’extrême droite et « l’écologie de la cure » incarnée par une infime partie des écologistes institutionnels. « Notre écologie est aussi une stratégie de préservation de notre richesse de biodiversité et au fond, de nos paysages qui constituent l’identité profonde de la France », avait conclu le président de la république, comme si la transition n’était qu’une douce évolution pour mieux protéger les modes de vie… 

Macron aime la bagnole, pas l’écologie ! (septembre 2023)

extraits : Dimanche 24 septembre 2023, décidé moins de vingt-quatre heures plus tôt, le chef de l’Etat s’est exprimé sur les grands sujets – immigration, écologie, inflation, géopolitique –. Face aux prix de l’essence qui s’envolent, Emmanuel Macron ose : « On aime la bagnole. Et moi, je l’adore ».Ouah ! On ne change rien….

Gabriel Attal, anti-écolo… comme Macron (janvier 2024)

extraits : Sur ce blog, nous nous étions penchés en octobre 2016 sur les positions d’Emmanuel Macron en matière d’écologie quand il était encore ministre de François Hollande. Il était pronucléaire sans sourciller : « Le réchauffement climatique est d’une actualité pressante. Grâce à utilisation de l’énergie nucléaire, la France est parmi les pays les plus décarbonés des pays développés. » Macron faisait une confiance absolue à la croissance….

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écologie, le ministère de l’impossible

L’écologie à l’épreuve du pouvoir, c’était le titre de mon livre de 2016 aux éditions Sang de la Terre. C’est aussi le sous-titre du livre de Léo Cohen paru début 2024. Le constat est le même, la considération de l’écologie dans un gouvernement est faible, parfois même inexistante. Il est vrai aussi que le traitement médiatique de l’urgence écologique n’a émergé que tardivement. C’est seulement à partir de 1969 que LE MONDE ouvre un dossier « Environnement » au service de documentation, il n’y a pas encore de journaliste spécialisé. La conversion écologique de ce quotidien « de référence » va être lente, aussi lente que la prise de conscience générale dans une société où priment l’économique et le socio-politique sur la sauvegarde de la planète. LE MONDE n’a commencé à traiter spécifiquement d’environnement qu’en 1971, lorsque le ministère de la protection de la nature et de l’environnement a été crée. Voici l’histoire de ce ministère.

L’écologie est une préoccupation relativement récente. Le fait le plus marquant est la parution en 1962 du livre de Rachel Carson, « Printemps silencieux » . L’utilisation du DDT tuait certes les insectes, mais pouvait affamer les oiseaux. Aujourd’hui en 2024, nous en sommes toujours là, depuis ces trente dernières années la biomasse totale des insectes a diminué de 2,5 % par an. Des groupes ont commencé à défendre la nature à la fin des années 1960. En 1968, il y a création de la Fédération Française des Sociétés de Protection de la Nature, aujourd’hui connue sous le nom de France nature Environnement (FNE). Le 22 avril 1971, c’est la journée internationale de la terre sous l’égide de l’ONU. Et en 1972 est organisée à Stockholm la première conférence des Nations unies sur l’environnement.

Ce contexte explique la nomination en 1971 d’un secrétaire délégué de la protection de la nature et de l’environnement auprès du premier ministre. En 1973, Robert Poujade est confirmé et devient le premier de nos ministres de l’écologie. Dans son livre-témoignage de 1975, « Le ministère de l’impossible », il relate: « Vous n’aurez pas beaucoup de moyens. Vous aurez peu d’action très directe sur les choses. » prévient le président de la République Georges Pompidou. Les autoroutes se multiplient, le ministère de l’Environnement a le droit d’émettre un avis sur le tracé, en aucun cas de s’interroger sur son bien-fondé. Pompidou martèle qu’« il faut adapter la ville à l’automobile »; on ferme des voies de chemin de fer ; on développe l’agriculture intensive. R. Poujade écrit :

« Avec 300 fonctionnaires et un budget minuscule, il me fallait infléchir – essayer d’infléchir ! – la politique d’une douzaine de ministères, disposant d’administrations puissantes, et de très grands moyens…J’ai eu trop souvent le sentiment de lutter presque seul contre des entreprises que tout aurait dû condamner… On accepte de subventionner n’importe quelle activité sous la pression des intérêts privés, mais beaucoup plus difficilement de prélever une part très modeste de profits, faits au détriment de la collectivité, pour lui permettre de réparer des dommages… La civilisation industrielle a préféré le rendement immédiat à la protection des ressources naturelles. ». Son témoignage est reproduit quasiment tel quel jusqu’à nos jours.

Vingt ans plus tard,Corinne Lepage tire de son expérience gouvernementale en 1995-1997 un livre « On ne peut rien faire, Madame le ministre »  :

« Le principe d’intégration qui veut que l’environnement soit intégré en amont de tous les choix publics est piétiné… Les ministères de l’agriculture, de l’industrie, des transports, de la santé, gèrent désormais seuls ou presque les pesticides et les nitrates, les choix énergétiques, le bruit des avions et les pollutions de la mer… Le ministère de l’agriculture sera celui des agriculteurs, le ministère des transports celui des transporteurs 

Nommé ministre de l’écologie et du développement durable en 2004, Serge Lepeltier ose dans son allocution de départ :

« Ceux que l’on dérange, les représentants d’intérêts particuliers, ne souhaitent qu’une chose, c’est que ce ministère n’existe pas. C’est ma crainte. On ne le supprimera pas, c’est impossible politiquement. Mais, sans le dire, on risque de n’en faire qu’une vitrine. »

Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat chargée de l’écologie en 2009-2010 :

« On m’a fait venir au gouvernement en me disant « on veut une écolo moderne ». En fait, ils voulaient l’image, mais pas le son. Et moi, j’ai produit du son ! J’étais en désaccord avec le premier ministre François Fillon sur la construction du circuit de formule 1 dans les Yvelines, ou la taxe carbone, je l’ai dit. On me l’a reproché. « Maintenant que tu es ministre, tu n’es plus une militante, mais une politique » m’a dit François Fillon. Sous-entendu : tu dois savoir taire tes convictions. .. »

Nicole Bricq, ministre (socialiste) de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie du gouvernement Hollande, n’a duré qu’un mois (16 mai 2012 au 18 juin 2012). Elle a été virée par le premier ministre (socialiste) Jean-Marc Ayrault pour avoir annoncé la suspension des permis d’exploration d’hydrocarbures, une décision pénalisant l’entreprise pétrolière Shell, qui prospectait au large de la Guyane. Sa remplaçante entre juin 2012 et juillet 2013, la socialiste Delphine Batho, a été aussi limogée par Jean-Marc Ayrault… parce qu’elle contestait la faiblesse du budget qui avait été attribué à l’écologie ! Dans son livre de 2014, « Insoumise », elle relate le clash :

« Sur RTL, j’affirme sciemment le 2 juillet 2013 que le budget du ministère de l’écologie était « mauvais”, car en baisse de 7 %. Faire de mon budget la plus forte coupe budgétaire de toute la loi de finances est lourd de sens politique ». Quelques minutes plus tard, je reçois un SMS de Jean-Marc Ayrault : « Tes déclarations sur ton budget sont inadmissibles, je te demande de rectifier. » A 18h08, le communiqué de la présidence de la République tombe à l’AFP : « Sur proposition du Premier ministre, le président de la République a mis fin aux fonctions de Madame Delphine BATHO… »

Comme le constate l’ex-ministre, « la Bourse ne fera jamais le choix de la transition énergétique. Je sous-estimais, avant d’occuper les fonctions de ministre de l’Ecologie, la vigueur du lobby pétrolier en France. Les lobbies industriels sont forts et puissants. Mais ils sont surtout forts de la faiblesse des gouvernants en face d’eux. » Son successeur de juillet 2013 à mars 2014, Philippe Martin, a dénoncé de même ces gens-là qui « chuchotent à l’oreille des puissants que cela va nuire à l’emploi, à la croissance, ils parlent mal de vous dans les dîners en ville, ils essaient d’influer les parlementaires ». Le lobbying est omniprésent.

Emmanuel Macron devient président le 14 mai 2017. Le 17 mai, Nicolas Hulot est nommé ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire. Dès sa nomination, j’ai commencé à écrire un livre sur sa problème démission. « Seul à la manœuvre », ainsi Nicolas Hulot qualifiait-il son passage au ministère de la Transition écologique en annonçant à la radio le 28 août 2018 sa décision de démissionner du gouvernement. J’avais déjà achevé l’écriture de mon livre publié sous le titre : Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir. Écologiste sincère et médiatiquement reconnu, le nom de Nicolas vient allonger la liste des ministres de l‘écologie repartis frustrés, dépités par leur expérience au gouvernement, ne parvenant pas à inverser durablement le cours des choses : l’effondrement de la biodiversité se poursuit, l’artificialisation des sols continue, la France est en retard sur les énergies renouvelables, la consommation de pesticides est en augmentation… Dans son ultime témoignage médiatique, Mr Hulot dénonçait lui aussi « la présence des lobbys dans les cercles du pouvoir ». Sous la présidence d’Emmanuel Macron, un palier a été franchi. Les relations entre la haute fonction publique et les grandes entreprises sont plus fortes, ce sont les mêmes copains de promo, les mêmes dîners en ville, c’est assumé et il n’y a pas de contrepoids politique.

En juillet 2022, Christophe Béchu est nommé ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Face au Black Friday, Christophe Béchu dégaine les « dévendeurs », clip télé  en faveur de la réparation et du réemploi :

« Le dérèglement climatique nous impose des choix de société. Si nous voulons mener à terme notre transition écologique, nous n’avons pas d’autre choix que d’aller vers plus de sobriété dans notre façon de consommer... »

La Confédération des PME réclame aussitôt l’arrêt de cette campagne de communication.

En 2024, Léo Cohen fait un constat similaire de blocage après avoir passé « 800 jours au ministère de l’impossible ». Membre des cabinets de Barbara Pompili, lorsqu’elle était secrétaire d’État à la Biodiversité, de 2016 à 2017, puis de François de Rugy, ministre de la Transition écologique, de 2018 à 2019, il ne peut que constater : « J’ai été deux fois conseiller dans deux gouvernements différents, issus de deux majorités différentes, et j’ai observé à chaque fois les mêmes dysfonctionnements… » La même impuissance.

Pour un livre paru début 2024, Justine Reix a mené l’enquête sur le ministère de l’écologie pendant deux ans, à la rencontre de ministres, de députés, de lobbyistes. Elle constate que le ministère de l’écologie n’a cessé de voir son budget et ses effectifs fondre, année après année et l’espérance de vie du titulaire est une des plus courtes au sein du gouvernement. Alors, le fait de placer le ministère de l’écologie comme numéro deux ou trois relève seulement de la poudre aux yeux. Roquelaure est le siège d’un ministère transversal confronté à ses ennemis, l’économie, mais aussi l’agriculture, l’éducation ou les armées. Il y a concurrence temporelle entre l’écologie – dont les bénéfices se mesurent à long terme – et un système politique centré sur le court terme, dont la priorité est de faire baisser la dette et le taux de chômage pour voir ses dirigeants réélus.

De 1971 à 2024, L’écologie, c’est toujours le ministère de l’impossible.

texte de Michel SOURROUILLE

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La PAC, vert moisie car productiviste

Après trois ans d’intenses négociations pour verdir la nouvelle politique agricole commune (PAC) et à un an de mise en œuvre, il n’aura fallu que quelques semaines pour détricoter les mesures environnementales. A Paris, le gouvernement présentera, le 3 avril 2024, un projet de loi agricole profondément remanié qui conforte lui aussi le modèle productiviste.

lemonde.fr : Dans le cadre du Pacte vert, Bruxelles a déjà retiré son projet de réglementation sur les pesticides, tandis que la loi sur la restauration de la nature est aujourd’hui bloquée par huit Etats membres. L’un des principaux changements est l’introduction d’une disposition générale permettant aux Etats membres d’accorder des dérogations temporaires et ciblées en cas de catastrophes naturelles pour lever les conditions de versement des aides. Un second changement concerne l’obligation faite aux fermiers de conserver ou convertir 4 % de leurs terres en jachère et en surfaces non productives (comme des haies ou des bosquets).

Après la révision, pour toucher les aides, « les agriculteurs seront uniquement tenus de maintenir les éléments paysagers existants et seront encouragés, sur une base volontaire, à maintenir les terres en jachère ». Concernant la rotation des cultures qui aide les sols à se régénérer, « les Etats membres pourront utiliser la diversification des cultures comme alternative », ce qui est beaucoup moins exigeant pour les agriculteurs.  Les exploitations de moins de 10 hectares seront dispensées de contrôles et de sanctions si elles n’appliquent pas leurs obligations vertes…. »

Le point de vue des écologistes réalistes

Violette : Réjouissons-nous : le mur que nous voyons se précipiter vers nous depuis des années ne sera pas freiné encore cette fois. Nous continuerons à bouffer des pesticides, des hormones etc. nous risquons même de ne pas avoir le temps de crever de notre cancer…

Mym : Nous allons tellement vite dans le mur que ça en devient une vaste blague.

Mfl : le nombre d’agriculteurs ayant été reconnus en  » accident de travail  » pour maladie en lien avec l’usage des pesticides… a doublé cette année. Eux ( cancer prostate, lymphomes, parkinson..), leurs femmes, leurs enfants( leucémies , hypospadias, fentes labio-palatines, tumeurs cérébrales) cf  » la France agricole ».

Toutvabien : Les défenseurs de l’environnement ont tenté d’éduquer en se basant sur des faits scientifiques, sur l’agrobiologie, la rationalité. Cela dure depuis des dizaines d’années. Le constat aujourd’hui est que seule la radicalité des gros tracteurs paie. Vert de Rage. !

confetto : Maintenant que le Gouvernement a cédé, la FNSEA exigera toujours plus. Arnaud Rousseau demande maintenant l’accompagnement financier par l’État de la mise en faillite des petites exploitations et promeut l’agrandissement des grandes structures agricoles qui vont racheter les petites.

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Une politique agricole commune écologique ?

extraits : Lors de la présidentielle 1974, le programme de l’agronome écolo René Dumont remettait en question l’agriculture intensive : l’agriculture sur-industrielle stérilise le sol, déséquilibre les plantes cultivées et leur ôte toute résistance face à leurs ennemis naturels, ce qui rend nécessaire l’emploi d’une quantité de pesticides, insecticides, fongicides. Les marchands d’insecticides et d’engrais, comme par hasard, sont les mêmes. Nous avons tourné le dos à ce programme. Le fait que la plus grande part des subventions de la PAC puisse être indexée sur la taille des exploitations, conjugué aux marges de manœuvre dont chaque État membre dispose dans l’attribution des fonds, a favorisé des mécanismes d’annexion ou de captation frauduleuse du foncier agricole….

PAC, politique agricole… commune ???

extraits :

PAC 2013. Le 13 mars 2013, les parlementaires européens ont voté à Strasbourg les quatre rapports portant sur la réforme de la PAC. Portant sur la période 2014-2020, les mesures sont faibles et les textes manquent cruellement d’ambition…

PAC 2020. Les questions environnementales se sont imposées comme une préoccupation majeure, et une forte demande s’est exprimée d’accélérer la transition agroécologique. En revanche, les moyens de mise en œuvre divisent : quelle place accorder à l’agriculture bio dans le tissu productif, comment réduire l’usage des produits phytosanitaires ?

Politique agricole à la solde de la FNSEA

extraits : Les arbitrages de la France pour la future PAC (politique agricole commune), une descente aux enfers ! Principal outil de verdissement de la future PAC, les « écorégimes » cristallisent tous les mécontentements. Pour la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), la mise en place de cette « boîte verte », qui servira à rémunérer des pratiques environnementales vertueuses, représentera une perte sèche de revenus pour une partie de la profession. C’est-à- dire tout pour moi, rien pour eux. La certification d’une exploitation en « haute valeur environnementale » (HVE) est surtout une concurrence déloyale à l’égard du bio ; ce label a de trop larges critères d’attribution…

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Fin de vie, libre choix ou principes moraux ?

Le grec ancien a offert des milliers de termes à notre langage. Le mot « euthanasie » qui signifie littéralement « bonne mort » apparaît pour la première fois dans Myrmiki, la dernière comédie de Posidippe (vers 300 avant J.-C.). Pour lui, l’euthanasie était le meilleur cadeau que l’homme pouvait souhaiter recevoir des dieux. En général, l’attitude des anciens Grecs à l’égard du suicide était positive. À l’époque classique (du IVe au IIIe siècle avant Jésus-Christ), les habitants de l’île de Kéa mettaient fin à leur vie après avoir obtenu le consentement de leurs concitoyens. Plutôt que de vieillir et de tomber malade, ils préféraient boire de la ciguë dans une atmosphère festive ; l’acte était considéré comme héroïque.

Aujourd’hui le mot « euthanasie » désigne une pratique médicale qui s’efforce par tous les moyens possibles d’abréger les souffrances d’un patient à l’agonie afin de l’accompagner dans la mort. C’est-à-dire une aide à mourir et plus précisément une aide à bien mourir, dignement. Il se pourrait bien qu’il n’y ait pas lieu à débat, mais on n’en prend pas le chemin.

Camille Riquier, philosophe : La fin de vie est un dilemme devant lequel la morale est impuissante. S’indigner au nom de grands principes, qu’est-ce d’autre sinon user d’autorité et, par paresse, se dispenser de donner des arguments ? La jurisprudence est préférable à la doctrine tant il est difficile de tenir le juste milieu entre « deux tentations de faire le bien : l’acharnement thérapeutique et l’euthanasie ». Ne pas s’obstiner à apporter certaines réponses est parfois la plus grande preuve de sagesse. Le projet de loi annoncé par le chef de l’Etat le 10 mars 2024 voudrait aller plus loin que la loi Claeys-Leonetti de 2016, laquelle allait plus loin que la loi Leonetti de 2005, laquelle allait plus loin que la loi Kouchner de 2002… Il me semble embarrassant d’inviter la nation à mobiliser ses efforts autour d’un projet de loi qui n’avait rien d’urgent. La France a le taux de suicide des jeunes le plus élevé des pays européens. Sur ce problème, la France n’a pas de plan, ni décennal, ni quinquennal, ni triennal, aucun. Mais la jeunesse sera peut-être heureuse d’apprendre que lorsqu’elle ne sera plus en capacité de mourir toute seule, par elle-même, comme une grande, elle pourra bientôt compter sur une aide de l’Etat. Elle n’aura qu’à demander.

Le point de vue des écologistes pressés d’en finir

alain29 : Pourquoi autant de débats sur une question pourtant a priori simple dans une société laïque, le droit de chacun à mourir dans la dignité, sans rien enlever au droit des autres ? Rien n’oblige personne, chacun choisit librement.

Épi-Logos : La « Santé mentale des jeunes » … VERSUS la loi sur l’euthanasie…. est d’un RIDICULE abyssal !

Supersined : Monsieur Riquier pense qu’il n’est pas urgent de s’occuper de la fin de vie. Malheureusement, nous sommes nombreux à y être confrontés pour nous-mêmes ou nos proches. Il y a tous les jours de grandes souffrances à soulager et des personnes qui ne peuvent s’en aller dignement faute de cadre juridique. Pour toutes ces personnes, une nouvelle loi est urgente.

H. Rizk : Il est peu digne de mobiliser la réflexion philosophique pour nous inviter à regarder ailleurs et, surtout, à renoncer à penser la question existentielle de la fin de vie. Quand selon notre Camille Riquier, sera-t-il opportun de le faire ? Sans doute jamais… Pourquoi opposer les urgences pour fuir cette interrogation tragique ? Il est spécieux de se dissimuler derrière le sort de jeunes déprimés pour dénier à un malade souffrant de manière intolérable le fait qu’il demeure sujet de son existence et qu’il mérite la compassion, l’accompagnement . Ce qui est franchement intolérable, ce sont les artifices rhétoriques au service de la fuite et de l’indifférence à la détresse.

Michel SOURROUILLE : Riquier est un philosophe très sophistique qui s’indigne sur l’usage des grands principes moraux mais use d’un autre stratagème, botter en touche : « la fin de vie n’est pas le problème de la loi, rien ne presse, parlons d’autre chose, des jeunes. » Ce qui ne fait pas nullement avancer le débat ! Rappelons que la loi Macron ne privilégie pas l’essentiel de la fin de vie, respecter la libre volonté des personnes qui veulent en finir avec une vie jugée par eux insupportable. Laissons la pilule létale en vente libre en pharmacie et le problème sera résolu une fois pour toutes, que ce soit d’ailleurs pour le grand âge, les grands malades ou les petits jeunes qui en ont marre de vivre ce qu’on leur fait vivre. L’État doit s’abstenir dans tous les cas de se permettre de juger de leur propre sort à la place des citoyens.

Claustaire : Nous sommes très nombreux à savoir gré à Monsieur Riquier de ne pas « s’embarrasser à entrer dans un débat aussi grave » avec des objections aussi légères sinon dilatoires voire, à proprement parler, déplacées… comme si l’assistance médicale active à la fin de vie était contradictoire avec l’assistance médicale à notre jeunesse !

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Fin de vie, Emmanuel Macron en décide seul (mars 2024)

extraits : Macron a annoncé le 10 mars 2024 qu’un projet de loi ouvrant une « aide à mourir » sous « conditions strictes » serait présenté en avril en conseil des ministres….

Fin de vie, Macron invite encore les religions (février 2024)

extraits : Macron demande leur avis à des gens dont la place n’est pas au Château et dont il connaît parfaitement les opinions….

Fin de vie, le lobbying religieux (janvier 2024)

extraits : Conforme à leurs préjugés, il y a unanimité religieuse contre une loi sur la fin de vie. Étonnant qu’il n’y ait pas la même unanimité pour faire entendre raison aux Juifs et aux Palestiniens. Étonnant que leur amour de la vie que « seul Dieu peut reprendre »….

Fin de vie, la procrastination de Macron (décembre 2023)

extraits : Un an après le lancement de la convention citoyenne sur la fin de vie, l’association « Les 184 », regroupant plus de 80 de ses membres, appelle à la présentation rapide du projet de loi….

Fin de vie, Emmanuel Macron procrastine (septembre 2023)

extraits : Le pape ne se pas fait prier pour donner son avis sur l’euthanasie: « On ne joue pas avec la vie, ni au début ni à la fin… » De son coté le chef de l’État français, aux prises avec des interrogations personnelles et des considérations politiques, hésite, hésite, hésite…

Convention sur la fin de vie, le manifeste (avril 2023)

extraits : La mise en pratique de « l’aide active à mourir », expression qui recouvre tous les moyens d’accélérer la fin de vie, est voulue par 76 % des participants à la convention citoyenne sur la fin de vie. Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) avait ouvert la voie dans son avis rendu le 13 septembre 2022….

Fin de vie, débat au dîner, lobbies acceptés (février 2023)

extraits : Seize personnalités sont conviées mercredi 22 février à la table présidentielle. Sur les 16, le chef de l’État a convié six représentants des religions, tous opposés à l’euthanasie….

Incertitudes de Macron sur la fin de vie ! (décembre 2022)

extraits : Le sujet de la fin de vie s’invite à l’Élysée dès 2018 lors d’un dîner consacré à la bioéthique. Parmi la douzaine de convives figure le grand rabbin de France, Haïm Korsia, qui dérape en comparant l’euthanasie à la Shoah….

Débat «Fin de vie», noyé dans les parlottes (octobre 2022)

extraits : Voici les protagonistes de cette sombre affaire : Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) : a rendu un avis sur la fin de vie le 13 septembre 2022, : il sera associés à la rédaction de la future loi. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE)  attend encore sa saisine officielle. Comité de gouvernance (« co-gouv ») de la convention citoyenne sur la fin de vie : réuni par le CESE pour la première fois le 29 septembre 2022. Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’organisation des professions de santé : responsable de l’animation du débat politique sur la fin de vie. Olivier Véran, ministre délégué chargé du renouveau démocratique : « j’ai vocation à porter le débat sur la fin de vie auprès des Français, à côté de la convention citoyenne dont je superviserai l’organisation  ». Trois groupes de travail animée Agnès Fimin le Bodo à partir de la mi-octobre …

297 députés veulent choisir leur fin de vie (mai 2021)

extraits : Plus de la moitié de l’Assemblée nationale a demandé le 7 mai 2021 au premier ministre, dans un courrier, d’inscrire à l’ordre du jour la proposition de loi autorisant l’euthanasie, dont l’examen n’avait pu aller à son terme le 8 avril face à des milliers d’amendements déposés par quelques élus Les Républicains…..

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Échec en transparence, échec de la démocratie

L’exercice démocratique dépend du libre accès à l’information . Avec Macron, ce n’est pas le cas, qu’il s’agisse de la réforme de la gouvernance du nucléaire, de la dérégulation des nouveaux OGM, des eaux minérales frauduleuses ou encore de l’A69…

Stéphane Foucart : Parfois, c’est la loi elle-même qui garantit l’opacité. Celle sur le secret des affaires, adoptée durant le premier quinquennat de M. Macron, empêchait par exemple l’accès à la totalité du contrat de concession de l’autoroute controversée entre Toulouse et Castres, l’A69 – contrat que réclamaient les opposants au projet. Le gouvernement Macron empêche tout transparence. Autres exemples :

– démantèlement de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et fusion de ce qu’il en restera avec l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Le 3 février 2023 à l’Elysée, le président de la République a manifesté le souhait de réunir les deux organismes en un seul, qui assurerait à la fois l’évaluation des risques (incombant à l’IRSN) et leur gestion (du ressort de l’ASN). Les experts chargés d’évaluer les risques présentés par telle ou telle installation seront placés sous l’autorité administrative du haut fonctionnaire qui devra prendre, sous forte pression politique, des décisions. Le rapport à l’origine de ce projet a été classé « confidentiel-défense » !

– rapport d’expertise collective de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail sur les risques des « nouveaux OGM ». Il devait éclairer le vote du 7 février des eurodéputés. Le rapport n’était pas aligné sur la position du gouvernement français. Bloqué par le ministère de l’agriculture, il a dû attendre que la presse en donne les conclusions pour être publié !

– Les eaux minérales contaminées et traitées frauduleusement par de grands minéraliers français ? Le rapport de l’inspection générale des affaires sociales détaillant l’échelle spectaculaire (au moins 30 % des eaux en bouteille recevant des traitements non conformes) et le caractère systémique de ces pratiques a été remis au gouvernement en juillet 2022. Si Radio France et Le Monde n’en avaient révélé, fin janvier, les conclusions majeures, il n’aurait sans doute jamais été rendu public !

– Le rapport de la mission Langreney-Le Cozannet-Mérad sur l’assurabilité des risques climatiques ? Il a été rendu à Christophe Béchu et Bruno Le Maire en décembre 2023, et n’est toujours pas publié !

– Le « chèque alimentation durable » annoncé en décembre 2020 par Emmanuel Macron : sa mise en œuvre devait s’appuyer sur un rapport de trois inspections générales. Trois ans plus tard, le fameux chèque flotte toujours dans les limbes. Pourquoi ? On ne le saura pas : le fameux rapport est confidentiel !

Le point de vue des écologistes transparents

Concernant les grands sujets industriels ou d’aménagement du territoire touchant à la santé et à la sécurité de la population, la France, en particulier depuis les années De Gaulle, n’a jamais été un modèle de démocratie : faites nous confiance on s’occupe de tout. Avec une nouvelle et jeune génération de dirigeants, on pouvait penser que tout cela allait changer, c’est pire. Au moins autrefois on invoquait l’intérêt supérieur de la nation pour expliquer ce mode de gouvernance. Il est vrai que tout pouvoir tente de se perpétuer par l’opacité. Le pouvoir politique comme le pouvoir économique. Sans parler des religions, de l’armée, etc. Il y a défaut de démocratie dans un système qui s’emploie à occulter toute information qui pourrait révéler des dysfonctionnements internes, voire des fautes. Les lanceurs d’alerte sont licenciés de leur entreprise ou même victimes de procès par un gouvernement. Secret des affaires et secret d’État ne devraient pas exister.

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Secret des affaires ou transparence, un choix facile

extraits : Transparence démocratique contre secret des affaires, la controverse est vite tranchée quand on pense que la concurrence est un des principaux défauts de notre système économique. La disposition du «plan Macron 2015» qui prévoyait de protéger le secret des affaires a été rejetée par les députés en février 2015. Motif : la protection des journalistes et des lanceurs d’alerte était jugée insuffisante. Pourtant le Parlement européen adopte à une large majorité la directive sur la protection du «secret des affaires » pour préserver des informations stratégiques afin d’obtenir ou de conserver un avantage concurrentiel, il défend clairement le système libéral. D’ailleurs la définition du « secret des affaires » présente des contours tellement larges que toute information interne à l’entreprise peut potentiellement en faire partie.

Contre le secret des affaires, quelle législation ?

extraits : La transparence de l’information devrait être la règle dans tous les domaines. Mais il faut pour cela combattre le pouvoir de nuisance des lobbies industriel et la capacité des entreprises à étouffer la libre parole de leurs membres.1er cas juridique : Les études confidentielles sur la toxicité du glyphosate doivent être rendues publiques. Ce jugement rendu par le tribunal de l’Union européenne (UE) jeudi 7 mars à Luxembourg marque une étape importante dans la transparence européenne. L’EFSA avait justifié son refus d’accès partiel aux études scientifiques en arguant que « la divulgation de ces informations pourrait porter sérieusement atteinte aux intérêts commerciaux et financiers des entreprises ».

Manning, Assange, Snowden, oui à la transparence totale

extraits : La démocratie dans un système complexe comme le nôtre repose sur la transparence totale de ceux qui agissent sur l’opinion publique. Il n’y a ni mensonge bénin en politique, ni même secret défense ou secret d’Etat. Il y a un intérêt public à savoir comment agit le pouvoir et ce que l’on y fait en notre nom. Les lanceurs d’alerte en matière de transparence comme Bradley Manning, Julien Assange ou Edward Snowden œuvrent pour préserver la démocratie. Ils nous protègent de la tyrannie, ils devraient être indemnes de toute poursuite judiciaire. Malheureusement ce n’est pas le cas….

ce que révèle WikiLeaks de notre démocratie

extraits : Les diplomates sont d’abord au service de « ces princes qui nous gouvernent » et non directement au service de l’intérêt général. La politique étrangère américaine obéit aux principes édictés par Machiavel. L’objectif de Machiavel était de servir le prince et la puissance de l’Etat, les conseillers des présidents aux USA ont le même. Pour nous tous, en tant que citoyens, l’expérience historique devrait nous pousser à rejeter Machiavel, à refuser la soumission, aux princes et aux présidents, et à étudier par nous-mêmes les fins sous-jacentes aux politiques nationales. Il a toujours existé des gens qui pensaient par eux-mêmes, contre l’idéologie dominante, et c’est lorsqu’ils étaient suffisamment nombreux que l’histoire a connu ses moments les plus glorieux….

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« écologie punitive », slogan des impuissants

Largement utilisée à droite et à l’extrême droite, l’expression« écologie punitive », enferme les politiques environnementales dans un registre liberticide, ce qui permet à ceux qui veulent de fait encore plus de dégâts environnementaux de faire porter la responsabilité de leur impuissance sur les autres. Le premier à l’exprimer est Frédéric Nihous, président du parti Chasse, pêche, nature et tradition, dans un clip de la campagne présidentielle de 2007. La formule est reprise un an plus tard par l’ancien ministre de l’éducation nationale Claude Allègre, climato-négationniste revendiqué. En 2010, le premier ministre de l’époque, François Fillon, l’intègre à son discours de politique générale, avant que Xavier Beulin, président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), ne s’en empare en 2012. C’est paradoxalement Ségolène Royal, alors ministre socialiste de l’environnement, qui lui offre la notoriété en 2014, lorsqu’elle renonce à l’écotaxe – redevance visant à faire participer les entreprises du transport routier aux coûts des infrastructures, pourtant mesure démocratiquement votée par le parlement.

Claire Legros : « Ecologie punitive ». Qu’il s’agisse de limiter la vitesse sur les routes, de freiner le recours aux pesticides, d’isoler les passoires thermiques, rares sont les mesures en faveur du climat ou de la biodiversité qui échappent à l’anathème. L’écologie est tour à tour « moralisatrice, voire sectaire » (Jean Castex, juillet 2020), « autoritaire et antisociale » (Valérie Pécresse, août 2021), « soupçonneuse » (Eric Zemmour, 2022), « catastrophiste » (Jordan Bardella, avril 2023), « brutale » (Gabriel Attal, janvier 2024). A moins qu’elle ne soit accolée à la figure de l’« ayatollah » ou du « khmer vert », comme le répète Marine Le Pen. « Ecologie punitive » se révèle comme un outil efficace pour freiner tout changement de modèle alors qu’il n’est plus possible de nier l’évidence des catastrophes. Brandir cet épouvantail s’apparente à un tour de passe-passe rhétorique pour disqualifier d’emblée toute contrainte et éviter la discussion. Une façon de confisquer le débat démocratique à l’heure où pourtant il serait urgent de définir collectivement les limites que l’on s’impose pour rester dans les clous des équilibres planétaires.

Derrière l’efficience d’un slogan facile se joue une bataille plus profonde sur la notion même de liberté. Toutes les contraintes ne sont pas du même ordre. « Selon qu’elles émanent d’un Etat autoritaire ou d’un gouvernement démocratique, et selon qu’elles servent ou non le bien commun, elles peuvent être légitimes ou pas. »

Le point de vue des méchants écologistes

Strasgorod : À en croire ce registre de droite, l’interdiction du viol relève de la sexualité punitive.

YV : La droite a toujours été forte pour créer et diffuser des slogans réducteurs qui empêchent les débats publics de qualité et détournent l’attention du grand public vers des faux problèmes afin de pouvoir avancer, dans l’ombre, sur leur véritable agenda : soutien sans faille au productivisme sous l’apparence du populisme. C’est tout un art d’être majoritaire en défendant les intérêts du système.

JeanMichelSerge : Dans le monde actuel de la politique sans idée, sans intelligence, remplacés par de la com et des éléments de langage, l’expression « punitif » fonctionne à merveille.

Philipp69 : On pourra toujours dire que les politiques écologistes ne sont pas punitives, qu’elles sont au contraire festives, épanouissantes, enrichissantes (en remplaçant l’avoir par l’être, les biens par les liens, l’individualisme par le convivialisme, le consumérisme par la sobriété heureuse, l’égoïsme par l’altruisme…), on se heurtera toujours au fait que depuis 4 siècles notre idéal procède de l’idée d’émancipation des personnes vis à vis des contraintes matérielles qui entravent leur vie.

Passenparl @ Philipp69 : Évidemment que le confort est mieux s’il n’impacte pas celui d’autrui, mais ici ce n’est pas le cas. La punition est ce que nous infligeons aux autres (nos enfants, la biodiversité) du fait de nos émissions de GES (clairement non soutenables).

Hervé Corvellec : Vagues de chaleur, tempêtes, érosion côtière, espèces invasives, stress hydrique, pression sur les prix des matières premières biotiques, refus d’assurer : voici la punition, et cela ne fait que commencer.

HENRI F : Le changement climatique est là, attesté par des constats. Les scientifiques en parlent depuis longtemps et certains ne voulaient pas y croire ; ils ont inventé des discours qui dénonçaient des complots, la folie du retour au moyen age, une morale trop sévère … L’écologie n’est ni de droite ni de gauche, elle nous concerne tous, mais sépare les décideurs économiques et leurs discours surfaits des habitants de la planète qui sont à la fois menacés par les excès de ces productions dans leur vie et leurrés par des arguments trompeurs qui les empêchent de penser clairement. Arguments relayés par des politiques soit ignorants soit complices à leur insu de leur plein gré.

Arnauduanra : En réponse à ceux qui parlent d’écologie punitive on pourrait rétorquer qu’il existe aujourd’hui un système tout puissant répandu partout dans le monde que l’on pourrait nommer sans problème de « capitalisme punitif ». Ce serait nettement plus adapté.

Thierry Oiseaux : et ça c’est punitif comme idée : « le seul écologiste irréprochable est celui qui met tout en œuvre pour mourir sans laisser la moindre trace de son passage sur Terre. » (Didier Nordon)

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Écologie punitive et tragédie de l’horizon

extraits : Le punitif n’est qu’une question temporelle, s’il n’écoute rien on punit un enfant pour qu’il ne recommence pas ses bêtises dans l’avenir. Globalement cette myopie temporelle fait référence à des risques catastrophiques susceptibles de se manifester bien au-delà de l’horizon des décideurs économiques et politiques actuels. C’est la « tragédie de l’horizon», les investissements fossiles par exemple sont maintenus à des fins de pure rentabilité immédiate, et prennent le pas sur les risques climatiques qui pèsent à moyen terme sur l’investisseur lui-même. Quant aux citoyens, leur dépendance au consumérisme leur enlève toute incitation à assumer les coûts de la prévention de pertes qui vont frapper les générations d’un futur qu’on croit lointain. Producteurs, consommateurs et politiciens, il nous faut donc tous jeter un pont entre le présent et l’avenir, c’est-à-dire mettre un terme à notre préférence pour le présent. C’est pas gagné …

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Fin de vie, Emmanuel Macron en décide seul

Changer la loi de 2016 sur la fin de vie qui admettait une « sédation profonde et continue » (en cas de souffrances intolérables lorsque le pronostic vital est engagé à court terme), c’était une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. Il a plusieurs fois reporté sa décision. Cette fois, il se lance, fort de son éthique très personnelle !

LE MONDE avec AFP : Emmanuel Macron a annoncé le 10 mars 2024 qu’un projet de loi ouvrant une « aide à mourir » sous « conditions strictes » serait présenté en avril en conseil des ministres. Les patients majeurs, « capables d’un discernement plein et entier », atteints d’une « maladie incurable » avec un « pronostic vital engagé à court ou moyen terme » et subissant des souffrances « réfractaires » pourront « demander à pouvoir être aidés afin de mourir ». Les mineurs et les patients atteints de maladies psychiatriques ou neurodégénératives qui altèrent le discernement, comme Alzheimer, en seront donc exclus. En cas d’avis collégial favorable de l’équipe médicale, une substance létale sera prescrite à la personne, qu’elle pourra s’administrer elle-même, ou avec l’aide d’un tiers si elle « n’est pas en mesure d’y procéder physiquement ».

Emmanuel Macron dit avoir personnellement écrit ses propres « directives anticipées » sur les soins qu’il souhaite, ou non, recevoir en fin de vie.

Le point de vue des écologistes pré-Alzheimer

ROTZ : En clair, les Français qui souhaitent choisir leur fin de de vie devront continuer á aller en Suisse ou en Belgique… Tout ça pour ça!

Neal59 : Avril de quelle année ? Il y a eu une convention citoyenne, les propositions intéressantes restent aux abonnés absents!

Van Velde : Le président se prend clairement pour Zeus. Personne n’est compétent à lui seul, mais c’est lui qui va nous expliquer ce qui est « éthique et souhaitable » ou ne l’est pas concernant notre manière de mourir.

Michel SOURROUILLE : Un comité d’éthique s’est déjà prononcé, une assemblée citoyenne a déjà eu lieu dont Macron ne tient aucun compte, des ministres ont été mobilisés plusieurs mois et Macron hésitait hésitait tout en invitant des religieux à sa table à plusieurs reprises. Notre « jeune » président de la République ne vit pas au XXIe siècle, mais aux temps de la messe tous les dimanche. De toute façon il en est de l’avortement comme de la fin de vie, l’absence d’une loi n’a jamais empêché quiconque de vivre l’une et/ou l’autre de ces pratiques par usage de sa propre liberté. L’avis personnel de Macron indiffère.

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Fin de vie, Macron invite encore les religions

extraits : Dîner à l’Élysée le 8 février 2024. Une nouvelle fois étaient conviés les représentants des cultes pour échanger sur le sujet de la fin de vie. Macron a prévu de présenter un « plan décennal pour le développement des soins palliatifs » et indiqué son espoir de parvenir à proposer « un espace qui ne soit ni une liberté ni un droit, mais un possible qui serait un moindre mal » ???

Fin de vie, le choix de Jacqueline Jencquel

extraits : Jacqueline Jencquel a choisi la « liberté ultime » en mettre fin à ses jours en mars 2022, à 78 ans, sans souffrir d’aucune pathologie incurable. Défenseuse radicale du suicide assisté, elle expliquait en 2018, sur le site Konbini, vouloir en finir avant d’échouer « dans un mouroir », à savoir un Ehpad. Jacqueline Jencquel a été une cheville ouvrière de l’Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD).

Fin de vie, le lobbying religieux

extraits : Conforme à leurs préjugés, il y a unanimité religieuse contre une loi sur la fin de vie. Étonnant qu’il n’y ait pas la même unanimité pour faire entendre raison aux Juifs et aux Palestiniens. Étonnant que leur amour de la vie que « seul Dieu peut reprendre » ne soit pas repris par les croyants pour pourfendre toutes les guerres et faire l’apologie des objecteurs de conscience opposé à l’usage des armes. Bien sûr ils peuvent parler de leurs dogmes, mais vouloir empêcher la légalisation d’une nouvelle loi en France sur la fin de vie n’est pas de leur compétence. Ils ont déjà été reçu par Macron, ils devraient bientôt revoir Macron. Ce chef d’État sort de sa compétence qui est de faire vivre la laïcité dans notre pays et non d’hésiter sur la fin de vie.

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Dette, énergie, futur, où est la sortie ?

(Texte reçu d’un de nos correspondants)

Les Routes de la Soie de Xi Jing Ping consistent à proposer des prêts à la création d’infrastructures plus ou moins pharaoniques dans certains pays – Montenegro, Laos…, qui ne peuvent être remboursées et concèdent donc des droits de propriétés ; La Chine par exemple a acheté Le Pirée parce que la Grèce était surendettée. Je pense qu’une dette est une arme, et aussi un des objectifs des guerres militaires qui permet au vainqueur direct ou indirect de se servir sur la bête. C’est ainsi que je me rappelle qu’après la Guerre des 6 jours (1967) avec Israël, l’Égypte avait dû hypothéquer sa production de coton pour 20 ans auprès de l’URSS. La guerre d’Irak avait le triple objectif de vendre des armes, de reprendre le contrôle de la production pétrolière de ce pays et causer un maximum de destructions massives pour « reconstruire le pays » au bénéfice d’entreprises des pays vainqueurs. Il va de soi que ce qui est ainsi perdu pour le pays qui se vend se traduit en paupérisation pour sa population. Autant une dette est positive lorsqu’elle permet d’investir à bon escient, autant elle reste dangereuse lorsqu’elle creuse le déficit public.

J’écris sur un ordinateur qui n’était même pas envisageable quand j’avais 20 ans en 1970. Pour autant, on ne peut que constater que notre système est porteur d’aberrations, comme le fait qu’un lapin en inox de Jeff Koons s’adjuge plus de 91 millions de dollars, et que, dans le même temps, des flots de migrants désespérés menacent l’identité des pays qu’ils rejoignent au péril de leurs vie. Tandis que ceux-là se noient par milliers, des milliers de palaces proposent à longueur d’année des chambres à 10 000 dollars la nuitée voire plus ! A mon avis, aucune théorie n’offre une ligne de conduite globale à l’échelle de la planète. J’ai l’impression d’un labyrinthe inextricable dont même ceux qui en ont une vue d’ensemble ne sauraient le réagencer pour que l’économie puisse réaliser ce pour quoi elle est faite, assurer le bonheur matériel des humains sur notre minuscule Terre.

Je propose un retour aux origines par un bond prodigieux de 4 milliards d’années dans le passé, pour observer le premier être vivant sortant du minéral inerte, sous forme d’un microcosme autonome délimité par une enveloppe organique. Sitôt apparu, cet être primordial se trouve confronté à un danger mortel, la fuite d’énergie inhérente à tout mouvement, y compris interne. Il s’agit donc de la toute première forme de l’économie : restaurer ce qui constitue son intégrité physique. Dans la soupe primordiale, il lui faut prélever les éléments de matière qui remplaceront les siens défaillants et fourniront l’énergie nécessaire à son fonctionnement en tant qu’être vivant. Il s’agit là d’un critère absolu en ce sens qu’il est fondé sur une réalité physique et non, comme les monnaies, de valeurs aléatoires.

Pour en venir à l’homme, on peut retenir que toute activité sur la planète peut se quantifier en joules, unité de valeur universelle qui permet d’évaluer tout ce qui relève des transferts d’énergie (y compris la matière), dont le vivant fait partie, et donc l’être humain pour sa partie matérielle. Déjà existent des appareils connectés qui évaluent très bien les calories dépensées lors d’un exercice physique, autrement dit des joules. Cela peut être étendu à toute une journée type. En généralisant à la planète, on peut quantifier ce que représente l’existence de 8 milliards d’individus. Bien entendu, il convient de pondérer en fonction des climats, des progrès d’équipement, etc. On pourra alors évaluer combien d’individus peut réellement soutenir la Terre de façon pérenne, toujours selon ce critère apodictique du joule. Mais les humains ne sont pas des machines, leurs « désirs » sont formulés sous forme de match de rugby, recette de cuisine, projets de vacances… toutes choses certes agréables, mais non nécessaires. Cette irrationalité concerne également les dirigeants. Faute d’ampleur transcendante, ils n’ont pas une vision du destin global de l’être humain à long terme et donc des moyens nécessaires à le mener à bien. Ils se contentent au mieux de consolider leur pouvoir, ce qui mène inéluctablement à une catastrophe. L’authentique pensée, rationnelle, est extrêmement rare.

« Equilibrium », un film de Wild Kimer en 2002 avait bien cerné le problème en imaginant une société apaisée par la prise obligatoire de Prozium, médicament annihilant tout sentiment bon ou mauvais. Huxley, dans son roman « Le meilleur des mondes », structure la société en classes proportionnées aux besoins de l’humanité ; le nombre et la qualité des individus sont contrôlés en fonction d’une économie rationnelle globale. Pour ma part, je pense qu’une part de la solution peut venir des neurosciences : une évaluation fine des processus hormonaux et autres qui gouvernent le comportement peut in fine le ramener à des facteurs quantifiables qui permettraient de déterminer à quoi a droit un individu lambda en fonction de son utilité pour lui-même et pour la collectivité humaine. Cela demande certes une révolution des valeurs, mais il faut cesser de croire à la formule « tous égaux en droits » qui est une aberration dans l’évolution de la nature.

L’Intelligence Artificielle est une nouvelle opportunité d’aider à réaliser les paramètres évoqués, si on lui présente les problèmes en ce sens. L’Homme est quelque chose en quoi je crois rationnellement, et j’espère accompagner le plus longtemps possible la métamorphose en marche depuis ma naissance en 1951 vers un être nouveau, dégagé de la détermination de sa condition animale, conscient et confiant dans le sens de son futur.

Hadal

 

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A69, entraves à la liberté de la presse

Sur la ZAD de la Crem’Arbre, et le long du tracé de l’A69, la liberté de la presse n’est pas garantie. Or, elle est l’un des principes fondamentaux des systèmes démocratiques qui repose sur la liberté d’opinion et la liberté d’expression. Cette situation va donc à l’encontre de l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Le rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l’environnement, Michel Forst, a demandé le 29 février 2024 à ce que le travail de la presse soit facilité sur le site occupé par les opposants au projet de l’autoroute A69. A l’issue de sa visite sur le lieu de la mobilisation, à Saïx, dans le Tarn, il a pointé plusieurs atteintes aux droits de l’homme : interdiction de ravitaillement en nourriture, entraves à l’accès à l’eau potable, privation délibérée de sommeil des militants par des membres des forces de l’ordre : « Lors de ma visite, j’ai pu constater que la presse et les membres de l’Observatoire toulousain des Pratiques Policières étaient tenus à une distance importante du site de la « Crem’Arbre », dans une zone avec une visibilité extrêmement limitée. » Il demande aux autorités françaises de faciliter le travail de la presse et des observateurs, conformément aux obligations internationales de la France.

Il faut laisser les journalistes accéder au site occupé par les opposants au projet d’autoroute A69 et exercer leur mission d’informer !

NB : plusieurs médias (JNE, Reporterre, Vert, Era-Environnement…) ont publié une tribune, n‘hésitez pas à la relayer largement autour de vous ! (copier le texte ici). Comme le rappelle le point 7 de la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique, « certains intérêts économiques et politiques œuvrent activement à la construction de propos qui trompent la compréhension des sujets et retardent l’action nécessaire pour affronter les bouleversements en cours. ».

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A69, quand le futur combat le passé (nov. 2023)

extraits : Valérie Masson-Delmotte  : « Ce projet [l’A69] a été pensé à un autre moment [l’origine de ce dossier remonte à une trentaine d’années] et se retrouve anachronique ». A cette levée de boucliers s’oppose le négationnisme politique. Clément Beaune, ministre des transports : « On ne peut pas avoir comme critère de décision des tribunes ou des actions, aussi sincères soient-elles, quand des décisions démocratiques et des recours juridiques ont été utilisés. »….

A69, la logorrhée des imbéciles aveugles (oct. 2023)

extraits : Commentaires putrides sur le monde.fr. « Israël a le Hamas Nous avons le Soulèvement de la terre… Bienvenue en France au pays des émeutiers et des casseurs qui s’en prennent aux forces de l’ordre… Ça suffit de tous ces oisifs et assistés qui ne font que saboter ce pays !… De gentils zadistzs qui balancent des pierres « parce que c’est hyper violent cette autoroute». Guignols….

autoroute A69, inutile et imposée

extraits : L’enterrement de Notre-Dame-des-Landes ne faisait que préparer l‘épanouissement de la contestation de tous les GTII, Grands travaux inutiles et imposés. Partout sur le territoire, une cinquantaine de projets d’aménagement suscitent de vives oppositions locales, souvent depuis plusieurs années : déchets nucléaires à Bure, lignes à très haute tension, « Montagne d’or » de Guyane, ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin, « grand contournement ouest » de Strasbourg, LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, ferme « des mille vaches », projet de Center Parcs, méga-centre commercial Val Tolosa, projet Europacity à Gonesse… Il n’y a pas que ces exemples….

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Horrible, limiter la liberté d’expression

La liberté d’expression est devenue l’ennemie du pluralisme et un danger pour la démocratie.

La liberté d’expression aux USA

Le premier amendement à la Constitution des Etats-Unis, qui interdit à l’Etat de porter atteinte à la liberté d’expression, à la liberté de la presse et à la liberté religieuse, a depuis longtemps été interprété de façon extensive, voire absolutiste, par la Cour suprême des Etats-Unis. Il est donc possible de mentir, de proférer des propos racistes ou antisémites sous le parapluie protecteur du premier amendement. La désinformation s’est aggravée avec l’arrivée des chaînes d’information en continu, entraînant une course à l’audience non régulée, et l’omniprésence des réseaux sociaux. Ce qui aide à comprendre que 10 % des Américains croient que la Terre est plate, qu’un tiers des Américains pensent encore aujourd’hui que Joe Biden n’a pas été élu de façon légitime.

Les élections de novembre sont donc à haut risque. Or, ses résultats sont cruciaux non seulement pour les Américains, leurs droits, leurs libertés et la démocratie, mais aussi pour le climat, la planète, tout comme la paix et la sécurité en Ukraine, en Europe et dans le monde.

La liberté d’expression en France

Le fondement constitutionnel de la liberté d’expression en France repose sur l’article 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789  : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi ». Il existe aujourd’hui des limites légales à cette liberté d’expression : pas de diffamation, pas d’injure, pas de propos discriminatoire, sexiste ou raciste, négationniste, ou incitant à la haine. Il paraît donc contraire à la loi d’affirmer que l’homme est supérieur à la femme (sexisme) et le Blanc au Noir (racisme). On ne peut donc pas dire n’importe quoi quand on fait référence à une personne, la bienveillance est une vertu essentielle à une vie collective apaisée.

Le Constituant entendait favoriser un débat d’idées. Il ne visait explicitement que la libre communication « des pensées et des opinions », certainement pas des fake news ou infox (fausses informations) ni de la publicité commerciale qui n’est que matraquage (intox). Le philosophe John Stuart Mill (1806-1873) avait défini la portée de la liberté d’expression : lorsqu’il est libre, le débat contradictoire peut conduire à une forme d’autorégulation spontanée de la parole. Les contre-vérités, les propos aberrants ou loufoques finissent toujours normalement par être critiqués et neutralisés. Mais à son époque, peu de personnes avaient accès à la parole publique et toutes partageaient les mêmes codes de langage. Le débat éclairé était encore possible. Ce n’est plus le cas aujourd’hui dans nos sociétés pluralistes et fragmentées, ce ne sont pas seulement des arguments qui s’affrontent mais aussi des identités forgés par les réseaux sociaux. Dans ce contexte, les propos qui rappellent les faits et font appel à la raison deviennent vite inaudibles.

C’est la défaite de la démocratie si les citoyens ne peuvent plus avoir un discours éclairé par la recherche d’une commune vérité.

Le point de vue des écologistes qui disent vrai

Quand l’un dit qu’il pleut et l’autre dit qu’il fait soleil, on ne peut traiter les deux de manière égale, on regarde par la fenêtre pour voir qui a raison. Il est préoccupant de constater à quel point beaucoup ne mettent pas de frontière entre fait et opinion, entre connaissance et croyance. La liberté d’expression est l’apanage de sociétés qui savent en faire bon usage, la démocratie se mérite et est exigeante avec ses membres. Si vous ne savez plus distinguer le vrai du faux, si vous pensez juste ce que vous avez envie de croire juste, si vous n’entendez plus que ce qui vous renforce dans votre opinion, alors la liberté d’expression n’a plus de sens. Un sondage de 2018 a montré que 9% des français croient que la Terre est plate. Et en 2023. 37% des français sont climato-sceptiques. Ces exemples sont affligeants, mais n’ont rien à voir avec la liberté d’expression, ou même les États-Unis. Cela reflète simplement qu’une grande proportion des humains n’ont pas le bagage scientifique pour comprendre ces phénomènes et qu’ils n’ont pas confiance en ceux qui les comprennent. La situation serait moins dramatique si on avait décidé d'(in)former les gens plutôt que d’en faire des outils de production ou des consommateurs repus.

Le combat est inégal. C’est la technique de l’avalanche, dire a peu prêt tout et n’importe quoi, souvent. En face, c’est perdu, même si vous démontrez l’ineptie des propos, ça coûte bien plus d’énergie et de temps que le mensonge. Car le mensonge et l’outrance sont beaucoup plus faciles à accepter pour une population lobotomisée et une éducation en berne. La croyance personnelle a souvent plus de valeur (car elle résulte de l’appropriation d’idées simples), que les connaissances scientifiques sur un même objet (plus complexes, contre-intuitives souvent aussi, et donc moins faciles à s’approprier. L’ignorance fait la force des faibles. Le risque est réel et l’élection de psychopathes en est le signe.

Peut-être que des solutions de fact-checking en temps réel avec un vrai pouvoir de censure seraient à explorer. Un platiste peut penser ce qu’il veut dans sa sphère intérieure, mais pas exprimer des conneries dans la sphère publique. Le travail d’un journaliste sérieux est normalement de faire le tri entre les innombrables informations dont il se doit d’être le relais. Le travail d’une chaîne d’information quelle qu’elle soit est de faire progresser l’intelligence collective, pas de la torpiller.

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Horrible, la société écolo idéale ?

extraits : Notre futur tel qu’il pourrait être…tu cultive ton propre potager dans une toute petite communauté tu as planté quelques arbres fruitiers pour améliorer l’ordinaire ta vie politique se résume à quelques réunions avec les hameaux environnants tu manges plutôt végétarien même si tu tues le cochon chaque année….

Horrible, la société idéale non violente ?

extraits : Les policiers n’étaient pas armés. De toute façon il n’étaient plus en uniforme, ils étaient anonymés et n’intervenaient d’ailleurs que rarement. Plutôt secouristes qu’agent de la force publique. Car en ce temps là il n’y avait plus de crimes, de viols, de vols, ou même d’altercations. Plus personne ou presque n’avait l’idée d’agresser quiconque, tout cela était désormais du passé, l’intelligence collective était passée par là.

Horrible, une société sans armées !!!

extraits : Nous sommes enfermés dans des ridicules espaces territoriaux artificiels qu’on appelle « nation ». Tant, que les Etats-nations voudront se faire la guerre, tant que les citoyens financeront des armées toutes plus nuisibles les unes que les autres, il n’y aura pas d’avenir possible. Devenons tous et toutes objecteurs de conscience, opposés en toutes circonstances à l’usage collectif des armes. En conséquence, il n’y aurait plus d’armée institutionnalisée, il n’y aurait plus de guerres généralisées…

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L’avortement était un crime… en France

Le 4 mars 2024, réunis en congrès, les parlementaires consacrent le droit à l’avortement. Le 8 mars, journée internationale de la femme, faut-il crier victoire ? Sera désormais insérée à l’article 34 (un article qui détermine la compétence du législateur) la phrase suivante : « La loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté de la femme de mettre fin à sa grossesse. » Cet ajout a pour but de « protéger » la loi Veil de 1975 et non de l’étendre. Et le fait que « La loi détermine les conditions.. » ouvre la porte à toutes les possibilités. Souvenons-nous, pendant des siècles les gouvernements et les églises ont bel et bien contraint les gens à avoir davantage d’enfants : il n’est de richesse que d’hommes, disait-on. Or avec 10 ou 11 milliards d’humains prévus en 2100, il est fort possible que la situation devienne alors ingérable et qu’on en arrive démocratiquement à formuler des contraintes du types stérilisation obligatoire des femmes ayant déjà eu un enfant.

La loi épouse l’air du temps et des circonstances, il n’y a aucune constance. Voici l’histoire mouvementée de l’avortement.

Lors de la Révolution française, la liberté pour les femmes de contrôler leur fécondité fit un bond en avant : le Code pénal de 1791 supprima toute peine envers celles qui avaient avorté, ainsi que la peine de mort pour les avorteurs. Cette liberté ne dura qu’un temps.

La répression de l’avortement

En 1810, sous le Premier empire, l’article 317 du Code pénal napoléonien requalifiait l’avortement en crime, par conséquent jugé par une cour d’assises, et passible d’une peine d’emprisonnement ; le médecin ayant aidé une femme risquait, lui, les travaux forcés.

– La seconde moitié du 19e siècle vit un essor des courants natalistes, l’industrie avait besoin de main-d’œuvre, la colonisation avait besoin de colons, le pouvoir avait besoin de soldats.

– Début du XXe siècle, il fallait repeupler la France après les hécatombes causées par la Première Guerre mondiale et la grippe espagnole qui avait suivi. Le 31 juillet 1920, la Chambre des députés, qualifiée de « bleu horizon », couleur de l’uniforme des soldats, votait à une large majorité (par 521 voix contre 55) une loi réprimant plus fortement l’avortement. Cette loi ne changea rien à l’article 317 du Code pénal de Napoléon 1er en ce qui concerne les poursuites pénales, l’avortement étant toujours considéré comme un crime passible d’emprisonnement. Le principal changement résidait dans la condamnation de la « provocation » à l’avortement et à la propagande anticonceptionnelle.

– Le Code de la famille du 29 juillet 1939 alourdissait les peines encourues par les femmes. Et plus encore sous le régime de Vichy, où la dénatalité était jugée responsable de la défaite de juin 1940. En février 1942, une loi fit de l’avortement « un crime contre la société, l’État et la race » pouvant conduire à la peine de mort. Deux personnes, ayant aidé des femmes à avorter, seront guillotinées l’année suivante.

– Sous le gouvernement provisoire instauré en 1944 avec la participation de ministres communistes que la répression contre l’avortement fut la plus forte. Même le PCF avait sombré dans le nationalisme, repeupler la France était devenu une priorité.

La montée en puissance de la liberté d’avorter

Abrogeant la loi du 31 juillet 1920, la loi Neuwirth (sous le nom de « Loi relative à la régulation des naissances) met en place une législation autorisant la fabrication et l’importation de moyens de contraception, leur vente exclusive en pharmacie sur ordonnance médicale. Votée en deuxième lecture à l’Assemblée le 14 décembre 1967, définitivement adoptée par l’Assemblée et le Sénat le 19 décembre 1967, avant d’être promulguée par le général de Gaulle le 28 décembre.

17 janvier 1975 La loi Veil autorisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est promulguée pour cinq ans. Ses dispositions deviendront définitives avec le vote de la loi, le 31 décembre 1979

31 décembre 1982 La loi Roudy instaure le remboursement de l’IVG par la Sécurité sociale

27 janvier 1993 La loi Neiertz crée le délit d’entrave à l’IVG et dépénalise « l’autoavortement »

4 juillet 2001 La loi Aubry-Guigou allonge le délai légal de 10 à 12 semaines de grossesse et assouplit les conditions d’accès aux contraceptifs et à l’IVG pour les mineures

17 décembre 2012 L’IVG est prise en charge à 100 % par l’Assurance-maladie

4 août 2014 Suppression de la notion de détresse des conditions de recours à l’IVG

26 janvier 2016 Les sages-femmes peuvent réaliser les IVG médicamenteuses ; le délai de réflexion de sept jours est supprimé

2 mars 2022 La loi Gaillot allonge le délai légal de l’IVG de 12 à 14 semaines de grossesse et autorise les sages-femmes à pratiquer des IVG instrumentales en établissement de santé

8 mars 2024, la constitutionnalisation de l’IVG en France est promulguée. Mais rien n’est jamais acquis. Dans une volte-face historique, la Cour suprême des Etats-Unis a annulé, le 24 juin 2022, l’arrêt Roe vs Wade, qui, depuis 1973, accordait aux Américaines le droit d’avorter dans tout le pays. Cette décision ne rendait pas les interruptions volontaires de grossesse (IVG) illégales mais renvoyait à chaque État la décision d’autoriser, ou non, l’avortement sur son territoire. Plusieurs Etats américains sont devenue répressifs envers l’avortement. En Allemagne aujourd’hui, l’avortement est encore régi par l’article 218 du code pénal qui dispose que l’avortement est un crime en soi mais peut être dépénalisé à plusieurs conditions : s’il est pratiqué avant la douzième semaine de grossesse, si la femme enceinte a consulté un centre de conseil, ou si la grossesse est la conséquence d’un viol ou qu’elle met en danger la vie de la femme.

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L’avortement, réalité et législations de l’IVG

extraits : En 2022, 234 000 interruptions volontaires de grossesse ont été enregistrées, 17 000 de plus qu’en 2021. Soit « le niveau le plus élevé enregistré depuis 1990 », le niveau le plus haut depuis 1990. Démographes et acteurs de la santé émettent des hypothèses (précarité, méfiance à l’égard de la pilule) pour comprendre cette augmentation, rappelant qu’un nombre élevé d’avortements ne doit pas être vu comme un problème.

L’IVG est plus qu’un droit, c’est un devoir

extraits : D’un point de vue éducatif et démographique, faire en sorte de mettre au monde un enfant non désiré est une atteinte aux droits de l’enfant à vivre dans une famille aimante et attentionnée alors que la planète subit une surpopulation humaine impressionnante : 8 milliards d’être humains à l’heure actuelle, soit 8 000 000 000 personnes à comparer à l’unicité de chaque nouvelle naissance supplémentaire. Un humain est devenu un simple pion, qu’est-ce alors qu’un embryon ? Pourtant les natalistes font encore la loi dans trop de pays, voulant restreindre ou même supprimer le droit à l’avortement…

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