simplicité volontaire

Le ver vert est dans la tombe

La séquence du passage après la mort commence de manière interne. Les enzymes du système digestif commençant par manger les tissus, ce qui engendre la putréfaction, puis le corps entame sa décomposition. Les insectes vont y avoir accès, leurs œufs donnent naissance à des larves qui mangeront la matière et après quelques semaines passées dans un bois, il ne reste plus que les os et les dents. Tout corps humain est un écosystème recyclable et ce passage d’un état organisé à un autre n’est qu’un évènement naturel que les humains transforment pourtant en croyances sociales et en rites marchandisés.

Selon Ivan Illich, un monopole radical s’établit quand les humains abandonnent leur capacité de faire ce qu’ils peuvent par eux-mêmes en faisant confiance à des spécialistes économiquement organisés qui leur deviennent étranger. Ainsi la sépulture donnée par la famille à son défunt peut être réalisée dans le cadre familial, mais la loi rend souvent obligatoire le recours aux bons offices des croque-morts. Le patron des pompes funèbres prend alors le contrôle du cadavre, il obtient un monopole radical de l’enterrement de même que le médecin prend celui du mourant dans ses centres de soins palliatifs. Le monopole radical reflète l’industrialisation des valeurs, il substitue l’objet ou le service standardisé à la réponse personnelle, il installe les gens dans la dépendance. Reste qu’on peut parfois choisir une mort écolo.

Fabien Trécourt : Enterrement ou combustion des corps, processions et cérémonies en tout genre… Les cérémonies funéraires prennent davantage en compte l’écologie. D’après une étude publiée en 2017, une inhumation émet autant de CO2 qu’un trajet de 4 023 kilomètres en voiture, et une crémation 1 124 kilomètres. Du côté de la crémation, des boutiques funéraires proposent des urnes biodégradables – en sel, en sable et en terre, pour une dispersion en pleine mer par exemple.Au Canada et en Australie, il est donc possible de recourir à des méthodes moins énergivores, comme l’aquamation : le corps du défunt est plongé dans une eau chaude, acide et sous pression, dissolvant les chairs en quelques heures. Les os, ramollis et friables, sont récupérés et réduits en poussière. La promession consiste à congeler le corps pour le rendre friable et le réduire en une poudre potentiellement fertile. Dans un même esprit, l’humusation, ou humification, transforme le corps du défunt en humus – autrement dit en engrais. Seuls quelques Etats américains (Washington, New York, Californie…) ont légalisé cette méthode à ce jour. La crise écologique encourage notamment l’usage de cercueils en carton, en osier, et de capitons biodégradables, en lin, en coton ou en chanvre par exemple. Ça bouscule la tradition du bois et la symbolique du faste. 

Depuis 2019 en région bruxelloise (Belgique), il est même possible d’être enterré dans un simple linceul. Le geste écolo fait écho à la locution biblique « tu es poussière et tu redeviendras poussière ». En termes modernes, le corps humain se recycle.

Le point de vue des écologistes nécrophages

En France la loi de 1887 institue la liberté de choix des funérailles, enterrement civil ou religieux, inhumation ou crémation. Mais depuis 1948 au Japon, la crémation est obligatoire en zone urbaine pour ne pas laisser l’espace de plus en plus rare envahi par les cimetières. De son côté le pouvoir chinois s’emploie à empêcher les sépultures en pleine terre dans les campagnes : dans un pays habité par le cinquième de la population mondiale, mais où 7 % seulement des terres sont arables, l’éparpillement des tombes pose en effet un problème d’occupation des sols.

Si on a même proposé des cercueils en papier pour épargner les terres boisées, on peut aller encore plus loin dans le sens du recyclage programmé par la Nature : à Paris, la commune fournit une sépulture gratuite pour cinq ans aux personnes décédées sans ressources ni famille. Pour ce faire, des caissons en béton étanche sont équipés d’un système d’introduction de l’air afin que les espèces qui aident au recyclage de l’organisme puisse accéder au festin, que l’oxygène accélère le dessèchement du corps et qu’il y ait une évacuation des gaz de décomposition. Il n’y a aucune pollution et le caveau peut être récupéré à l’infini. A chacun sa manière d’entretenir à sa manière le souvenir des morts, mais la gestion de votre cadavre doit participer au recyclage global. (écrit en 2005)

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Les rites funéraires deviennent écolos (2023)

extraits : Pratiqués depuis près de 350 000 ans, les rites funéraires sont un élément des sociétés humaines. Pour autant, la relation au corps sans vie varie en fonction des cultures ; aujourd’hui la préoccupation écologique devient prégnante. Par exemple l’Oregon a légalisé le compost humain, une option post-morte qui gagne en popularité aux États-Unis… En France, le cercueil est obligatoire ; le linceul serait pourtant le plus écolo. Le carton n’est utilisé que pour le crématorium. On ne peut être enterré que sur son lieu de résidence, son lieu de décès ou dans une concession déjà payée ou abritant l’un de ses parents décédés.

La vie après la mort… sous forme de compost (2023)

extraits : Le compostage des défunts, body composting ou technique de réduction naturelle du corps, se développe aux États-Unis. Les caissons – en acier inoxydable – sont recouverts d’un linceul blanc. Le corps est transformé en humus grâce à des accélérateurs naturels de décomposition : copeaux de bois, foin et luzerne. Avant fermeture du cylindre, une « tisane microbienne », composée de 25 souches de bactéries et de 15 spores de champignons, est ajoutée au mélange. Les corps réapparaîtront dans trois ou quatre mois sous la forme d’un terreau noir et fertile, qui sera remis à la famille. Le processus a été légalisé par l’Etat de Washington le 21 mai 2019, une première mondiale.

Inhumation, incinération ou humusation ? (2020)

extraits : L’humusation consiste à reproduire avec le corps humains ce qui se passe dans la nature où les matières naturelles sont transformées en humus grâce à la microfaune du sol. Il suffit d’ensevelir le défunt vêtu d’un simple linceul biodégradable directement sur le sol au milieu d’une butte de trois mètres cubes de terreau végétal gorgé d’eau. Le tout devient en douze mois 1,5 mètres cubes d’humus environ. Ce compost humain pourra fertiliser les arbres et régénérer les sols pauvres.e qui n’est absolument pas le cas pour enterrement et l’incération qui s’avèrent extrêmement polluants et privent à jamais les couches superficielles des sols des restes de ce qu’elles ont créé !

écolo pour l’éternité… au cimetière (2019)

extraits : Dès septembre 2019 à Paris, un premier espace funéraire écologique sera créé dans le cimetière d’Ivry. Objectif officiel : mettre en place « un lieu de recueillement et d’inhumation respectueux de l’environnement », afin de répondre aux demandes de plus en plus nombreuses de « funérailles écologiques ». Sur 1 560 mètres carrés, on n’accueillera que des cercueils en carton, ou en bois local et les inhumations « auront lieu en pleine terre ». Pas de monument en surface, surtout pas de caveau en béton…

Tout écologique, même au moment de notre enterrement (2014)

extraits : L’écologie commence à imprégner notre existence entière, y compris notre mort. Selon l’IFOP un tiers des Français souhaite « plus de produits funéraires écologiques ». LE MONDE* fait un article sur l’empreinte écologique de nos obsèques. On apprend que la crémation génère 160 kg de CO2 contre 39 kg pour une inhumation. Nous fantasmons sur le cercueil en pure laine vierge, le corbillard à pédales et le cimetière forestier. Nous apprenons même de nouveaux mots : l’aquamation qui consiste à plonger la dépouille mortelle dans une eau alcaline pour dissoudre les tissus et ne conserver que les os a posteriori mis en poussière et la promession, où on plonge le corps du défunt dans l’azote liquide pour le rendre friable…

Mon testament écolo (2011)

extraits : Je soussigné désire un enterrement sans aucune cérémonie religieuse, sans fleurs ni couronnes ni aucune marque matérielle de condoléances.  Je veux être enterré de façon à minimiser mon empreinte écologique au maximum. Pas de crémation qui utilise une énergie extracorporelle devenue trop rare. Pas de cercueil qui mobilise des ressources naturelles. Pas de vêtements car nu je suis né, nu je veux mourir. Mon idéal est de participer sans rechigner au grand recyclage que la nature nous propose gratuitement. Pour faciliter la chose, Paris nous offre paraît-il un modèle que je recommande : la commune fournit aux personnes décédées (sans ressources ni famille) des caissons en béton étanche équipés d’un système d’introduction de l’air afin que les espèces qui aident au recyclage de l’organisme puissent accéder au festin. L’oxygène accélère le dessèchement du corps et l’évacuation des gaz de décomposition est assurée. Il n’y a aucune pollution et le caveau peut être récupéré à l’infini : tous les cinq ans, il est à nouveau disponible. Nous ne nous appuyons pas assez sur les compétences de la biosphère qui possède depuis des temps immémoriaux un sens pratique très développé en ce qui concerne l’équilibre dynamique et le recyclage performant.

fête des morts ; où les enterrer ? (2011)

extraits : Aux USA, vogue des green burials (enterrements verts). L’augmentation fulgurante du chômage a généré le retour à une pratique ancienne : l’enterrement dans le jardin ou, au minimum, le traitement familial intégral des gestes et cérémonies consécutives à un décès. Dans le jardin ? Oui, aux Etats-Unis, c’est permis la plupart du temps en zone rurale ou semi-rurale. En France il est aussi possible de se faire enterrer dans une propriété privée, à condition qu’elle se trouve en dehors d’une zone urbaine et à plus de 35 mètres des autres habitations. Il faut au préalable une enquête hydrogéologique ainsi que l’autorisation du préfet de département…

sépulture propre et verte (2008)

extraits : En France la loi de 1887 instituait la liberté de choix des funérailles, enterrement civil ou religieux, inhumation ou crémation. Depuis 1948 au Japon, la crémation est obligatoire en zone urbaine pour ne pas laisser l’espace de plus en plus rare envahi par les cimetières. De son côté le pouvoir chinois s’emploie à empêcher les sépultures en pleine terre dans les campagnes : dans un pays habité par le cinquième de la population mondiale, mais où 7 % seulement des terres sont arables, l’éparpillement des tombes pose en effet un problème d’occupation des sols…

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Jacques Lecomte dit du mal de Malthus !

Encore un type qui raconte n’importe quoi sur Malthus sans l’avoir lu. Jacques Lecomte est un expert en psychologie positive, pour lui l’effondrisme entraîne l’écoanxiété, et çà, c’est très mal ! Dans son livre « Rien n’est joué – La science contre les théories de l’effondrement » (2023), il accumule les perles, exemple de ce chapitre dont le titre se veut sanglant.

Th. Malthus, le théoricien du massacre des pauvres à grande échelle 

Lecomte met par exemple cette phrase de Malthus en évidence : « Si un homme ne peut nourrir ses enfants, il faut donc qu’ils meurent de faim . »(Flammarion p.218). Terrible, Malthus est vraiment un méchant.

Mais une fois remise dans son contexte, cette phrase montre que Malthus ne veut certes pas le massacre des pauvres, il mise sur leur capacité à prendre leurs propres responsabilités : « Le bonheur social doit résulter du bonheur des individus, et chacun d’eux n’a qu’à commencer par s’occuper du sien. Chaque pas mène au but. Quiconque fera son devoir en recevra la récompense. Ce devoir se réduit à ne pas mettre au monde des enfants que l’on n’est pas en état de nourrir… Si un homme ne peut nourrir ses enfants, il faut donc qu’ils meurent de faim. Il est évidemment de son intérêt de différer son établissement (par le mariage) jusqu’à ce qu’à force de travail et d’économies, il se soit mis en état de pourvoir aux besoins de sa famille. (Flammarion tome 2, p.218 édition 1992)

Rappelons à Jacques Lecomte la dernière phase du livre de Malthus, Essai sur le principe de population : « Tout lecteur équitable doit, je pense, reconnaître que l’objet pratique que l’auteur a eu en vue par dessus tout, est d’améliorer le sort et d’augmenter le bonheur des classes inférieures de la société. » ‘p.406)

Résumé du livre de Jacques Lecomte : Et si le grand défi pour la planète était de résister aux prophètes de malheur ?

Pic de pétrole, pénurie de matières premières, îles englouties par la montée des eaux, guerres climatiques… autant de discours qui génèrent de l’écoanxiété et découragent d’agir alors qu’ils sont scientifiquement faux ! Jacques Lecomte passe au crible les écrits des principaux adeptes du catastrophisme pour comprendre pourquoi nous adhérons à ces théories erronées. Fake news, biais cognitifs, refus dogmatique des solutions possibles, autant d’obstacles dangereux dans la lutte contre le changement climatique et la destruction de la nature.

Avec ce blog biosphere, connaître MALTHUS

MALTHUS, considérations de Serge Latouche (1/13)

MALTHUS, considérations de Serge Latouche (1/13)

pour mieux connaître le démographe MALTHUS (2/13)

1798, MALTHUS contre les optimistes crédules (3/13)

MALTHUS, le prophète du sens des limites (4/13)

MALTHUS, pour une maîtrise de la fécondité (5/13)

MALTHUS, aider les pauvres n’est pas aider ! (6/13)

Libérons MALTHUS de la critique marxiste (7/13)

MALTHUS, décroissant nié par les décroissants (8/13)

MALTHUS, un scientifique éclairé en 1798 (9/13)

MALTHUS, un religieux en dehors du dogme (10/13)

MALTHUS réfute avec rigueur les critiques (11/13)

Actualisation de la question malthusienne (12/13)

13/13) les textes de MALTHUS (commentaires)

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La fin de l’utopie « cul nu » ?

L’heure est maintenant à la pudeur et pas seulement aux abayas. Une époque triste où la société subit les assauts d’intégristes qui souhaiteraient imposer la baignade entièrement habillée pour les femmes… Pourtant en Scandinavie, tôt le matin, il y a toujours des gens pour aller faire un plouf Q nul sur une plage « normale ». Et cela ne gêne personne. A Berlin et à Munich, certains parcs publics sont ouverts aux nudistes. En Allemagne, la règle pour tous les saunas c’est la nudité, pour des raisons d’hygiène . Et personne ne sourcille.

Séverine Pierron : C’est à Montalivet que naît, dans les années 1950, le tout premier centre naturiste de France, le Centre héliomarin de Montalivet pour une reconnexion à l’environnement. Avec ses quelque 150 centres et campings naturistes et ses 2,5 millions de pratiquants, la France reste la destination numéro un du genre. Selon la Fédération française de naturisme (FFN), l’âge moyen du pratiquant serait d’environ 40 ans, quand il y a dix ans il était encore supérieur à 50 ans. Mais l’air du temps est de plus en plus pudibond. Selon une étude 2023 de l’IFOP, le nombre de femmes de moins de 50 ans pratiquant le bronzage topless sur les plages a baissé de moitié en quarante ans.

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Nudité, naturisme et conventions sociales

extraits : La simplicité et la nudité même de la vie humaine aux âges primitifs impliquaient au moins cet avantage, qu’elles laissaient l’humanité n’être qu’un passager fugitif ne laissant aucune trace dans la nature. Depuis les humains se sont habillés, ce serait même un diktat de Dieu.

Caricatures et tolérance partagée

extraits : La provocation n’est ressentie comme provocation que par ceux et celles qui s’estiment provoqués. Prenons l’exemple de la nudité sur les plages. Que faut-il préférer comme système social ? Le modèle traditionnel est de ne pas dénuder le corps. Dans un esprit de tolérance réciproque, les textiles devraient accepter le nudisme des uns comme les naturistes accepteraient la différence vestimentaire sur une plage partagée par tous et toutes. Le respect de pratiques différentes doit être un critère permettant la coexistence pacifique…

Nudité ou burka sur les plages, à chacun son propre choix

extraits : L’histoire des baignades est liée au lent dévoilement des corps. Au XIXe siècle, les femmes qui se hasardent au bord de l’eau portent un pantalon qui descend jusqu’aux genoux, une chemise, un bonnet et des chaussures. En 1907, la nageuse et comédienne australienne Annette Kellerman revêt, sur une plage de Boston, un maillot « une pièce » qui lui vaut des poursuites judiciaires. Au début des années 1930 le « deux-pièces » montre pour la première fois le ventre. En 1964, le monokini apparaît sur la Côte d’Azur ; le ministre de l’intérieur de Georges Pompidou fait savoir aux maires que cette pratique relève de l’outrage public à la pudeur…

Nudité ou burkini en piscine, notre liberté

extraits : Nudité en piscine ou burkini, peu importe du moment qu’on pense que la tolérance des autres pratiques vestimentaires est une marque du savoir-vivre ensemble dans un système qui se veut démocratique, et donc laïc… C’est cet idéal que nous défendons sur ce blog biosphere, un idéal qui nous veut proche de la nature

minijupe et burqa

extraits : La société française n’a pas de mémoire. Il devrait être loin le temps où les lycéennes devaient se revêtir obligatoirement d’une blouse, le temps où les cheveux longs des garçons étaient interdits d’entrer dans les établissements scolaires, le temps où les naturistes étaient enfermés dans des camps. Une société n’a pas à imposer de tenue vestimentaire car il n’y a aucun dommage envers autrui ; être nu, en minijupe ou en burqa, cela relève de la liberté personnelle. Les valeurs républicaines ne peuvent pas condamner les pratiques communautaristes car le respect de la diversité des cultures est le principe même d’une république laïque.

Christiane Lecocq, la liberté d’être complètement à poil

extraits : Naturisme social et familial ? Nous préférons le souvenir de Stephen Gough. En 2005-2006, il a traversé encore une fois la Grande-Bretagne complètement nu.« On parle sans cesse des droits de l’homme et de la dignité humaine, et pourtant un homme dans son état naturel est emprisonné. » Vive les plages mixtes où se mélangent corps nus et textiles, vive la tolérance réciproque, vive les randonneurs dénudés. La Biosphère est heureuse quand elle voit les humains vivre et marcher comme ils sont nés, dans le plus simple appareil.

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Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », est éditée chaque jour par épisode tout au cours des mois de juillet et août sur ce blog biosphere.

Modèle de testament de fin de vie

Un jour prochain sans doute, le testament de fin de vie sera la règle, une vie ne vaut que si elle est utile pour soi et pour les autres. Mon propre testament de fin de vie est ainsi rédigé par la présente : « Sain de corps et d’esprit, je déclare ce jour (4 novembre 2002) que je n’accepte pas les soins palliatifs qui ne serviraient qu’à me maintenir en vie et non à me réinsérer dans la société. Je déclare accepter par avance une euthanasie passive si la conscience morte de mon cerveau m’empêche de percevoir mon état de légume humain. J’exige le droit à euthanasie active si j’estime en toute conscience que ma vie ne vaut plus la peine d’être prolongée ».

En France, le Conseil d’État a estimé que le devoir du médecin de sauver un malade ne pouvait prévaloir sur la volonté de celui-ci : le code de déontologie médicale donne obligation de respecter la volonté de la personne. Le métier de médecin est d’adoucir les peines et les douleurs lorsque cet adoucissement peut conduire à la guérison mais aussi de procurer une mort calme et douce quand il n’y a plus d’espoir… C’est alors un geste d’amour, un acte de compassion. Mon cousin germain est bien fatigué, il est alité, il souffre de plus en plus. Cancer du colon, ganglions près de la colonne vertébrale, une opération qui a arrêté le déchaînement cellulaire à un endroit et laissé des métastases ailleurs, de la chimio qui rend très malade mais qui n’a pas soigné grand chose, l’hospitalisation après avoir utilisé à domicile des packs délivrant la morphine qui ont eu de moins en moins d’effet palliatif. Alors il se retrouve dans un lit anonyme avec la morphine à haute dose, l’occlusion intestinale ou une hémorragie, on ne sait plus trop, la fin de plus en plus proche, la douleur de soi et la douleur des autres. Est-ce cela mourir dans la dignité ? Il y a eu euthanasie passive, permise en France par la loi Leonetti. On augmente les doses de morphine et on arrête toute aide à survivre. Quelle différence avec l’euthanasie active ?

De toute façon il nous restera toujours le suicide comme expression de la volonté. Claire Quillot expliquait son suicide programmé en fin de vie comme une manière de « ramener une sorte d’optimisme ». Dès 1970, je connaissais cette déclaration de Paul Lafargue, le gendre de Karl Marx : « Sain de corps et d’esprit, je me tue avant que l’impitoyable vieillesse me dépouille de mes forces physiques et intellectuelles, ne paralyse mon énergie et ne brise ma volonté et ne fasse de moi qu’une charge à moi-même et aux autres. Depuis des années, je me suis promis de ne pas dépasser les 70 ans. » Il a tenu sa promesse en 1911, c’est un exemple qui mérite considération. L’anarchiste Marius Jacob, qui servit de modèle à Arsène Lupin, se suicide en 1954 (à 75 ans) : « Amis, j’ai eu une vie bien remplie d’heur et de malheurs, et je m’estime comblé par le destin. Aussi bien je vous quitte sans désespoir, le sourire aux lèvres, la paix dans le cœur. Vous êtes trop jeunes pour apprécier le plaisir qu’il y a à partir en bonne santé, en faisant la nique à toutes les infirmités qui guettent la vieillesse. J’ai vécu, je puis mourir… Vous trouverez deux litres de rosé, à votre santé. » Je ne sais pas encore si j’aurai le même courage.

La mort n’est rien. La mort n’est que la continuation de la vie par un autre chemin. Août 1972, j’avais 24 ans, j’écrivais que j’attendais le retour à la terre, l’instant suprême où mes molécules se disperseraient dans l’infini univers, et recommenceraient leurs sarabandes sans but. Une métempsycose cosmogonique. 26 décembre 2011, je rédige sur mon blog du monde.fr mon testament écolo : « Je soussigné désire un enterrement sans aucune cérémonie religieuse, sans fleurs ni couronnes ni aucune marque matérielle de condoléances. Je veux être enterré de façon à minimiser mon empreinte écologique au maximum. Pas de crémation qui utilise une énergie extracorporelle devenue trop rare. Pas de cercueil qui mobilise des ressources naturelles. Pas de vêtements car nu je suis né, nu je veux disparaître. Mon idéal est de participer sans rechigner au grand recyclage que la nature nous propose gratuitement.

Pour faciliter la chose, Paris nous offre paraît-il un modèle que je recommande : la commune fournit aux personnes décédées (sans ressources ni famille) des caissons en béton étanche équipés d’un système d’introduction de l’air afin que les espèces qui aident au recyclage de l’organisme puissent accéder au festin. L’oxygène accélère le dessèchement du corps et l’évacuation des gaz de décomposition est assurée. Il n’y a aucune pollution et le caveau peut être récupéré à l’infini : tous les cinq ans, il est à nouveau disponible. Nous ne nous appuyons pas assez sur les compétences de la biosphère qui possède depuis des temps immémoriaux un sens pratique très développé en ce qui concerne l’équilibre dynamique et le recyclage performant.

Je suis émerveillé par toutes les générations précédentes d’hominidés qui depuis des millions d’années n’ont laissé pratiquement aucune trace sur terre. Ils ont permis aux décomposeurs le soin de disperser leurs molécules pour profiter aux autres formes de vie. Je suis révolté par tous ces puissants et autres saccageurs de la nature qui font construire des pyramides et des mausolées dédiés à leur ego, des statues ou des monuments grandioses à la hauteur de leur suffisance. Ils n’ont aucun sens de l’écologie, ils n’ont pas le sens des limites, ils sont néfastes. Notre trace sur terre importe dans le souvenir que nous laissons aux vivants, pas dans l’empreinte écologique qui défigure notre planète. Je suis abasourdi de voir que les gens qui nous font vivre à l’occidentale construisent buildings immenses et autoroutes un peu partout, des territoires où la nature est absente. Je suis ulcéré par cette pub de Renault qui prétendait « laisser moins de traces sur la planète ». D’après Jean-Guillaume Péladan, « L’européen moyen émettra au cours de sa vie 752 tonnes d’équivalent CO2 de gaz à effet de serre… Nous devrions avoir peur de la trace laissée après notre mort : entre un et deux millions de fois notre propre poids, c’est plus qu’une trace ! » (Sur quelle planète vont grandir mes enfants ? – Ovadia, 2009).

Je ne suis que fragment de la Terre, nous ne valons certainement pas plus que le lombric qui fertilise le sol. Mais j’aspire aussi à un monde meilleur pour mes descendants, une société humaine en harmonie avec notre merveilleuse oasis de vie perdue dans l’immensité d’un univers apparemment sans vie. Ce n’est donc pas une planète vide d’humains que je souhaite, mais une planète où l’espèce humaine parcourt son existence d’un pas léger qui ne laisse presque aucune empreinte.

Quand j’aurais quitté le monde des humains, quand mes atomes tourbillonneront pour l’éternité dans l’espace galactique infini, alors seulement j’atteindrai la véritable plénitude. Je ne peux regretter véritablement cette espèce plus souvent homo demens qu’homo sapiens, je ne peux me sentir totalement concerné par cette agitation désordonnée de l’humanité dont les préoccupations restent le plus souvent égoïstes et de courte vue. Ethnocentrisme, anthropocentrisme, nationalisme, indépendantisme, chacun se croit le centre de la Biosphère et ne vit que pour sa personne ou son groupe d’appartenance. J’ai pourtant essayé de penser et vivre autrement, mais ma vie a été par nécessité incertaine et impotente. Tout ce que je sais de manière certaine, c’est de n’être que fragment de la Terre, minuscule élément d’une petite planète qui compte déjà beaucoup trop de mes semblables. Tout ce que je sais, c’est que les problèmes deviennent innombrables et les réponses toujours lacunaires. Tout ce que je sais, c’est que les générations futures vont être obligées de faire avec…

Une petite citation de Jean Rostand pour conclure provisoirement : « Du point de vue sidéral, la chute d’un empire ou même la ruine d’un idéal ne compte pas plus que l’effondrement d’une fourmilière sous le pied d’un passant distrait. Quand le dernier esprit du dernier de notre espèce s’éteindra, l’univers ne sentira même pas sur lui le passage d’une ombre furtive. »

D’accord ! Il n’y a ni optimisme ni pessimisme dans cette sentence, juste un constat. Mais je préfère conclure autrement, avec mon père… (la suite, demain)

Si tu ne veux pas attendre demain, à toi de choisir ton chapitre :

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

Fragments de vie, fragment de Terre (suite) Lire la suite »

Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », est éditée chaque jour par épisode tout au cours des mois de juillet et août sur ce blog biosphere.

Désacraliser la mort

Quelques idées générales : Notre société « moderne » a un rapport à la mort complètement décalé : personne ne doit mourir ! On réalise des guerres « zéro mort », on soigne le moindre bobo à coup de médecin et d’hôpital, on fait survivre les vieux au-delà de leur force, on rêve à la vie éternelle. On oublie simplement que la mort et la vie sont intimement liés. La mort ne doit pas faire peur. Eugénisme, suicide, euthanasie, tout est possible quand c’est mûrement réfléchi. Loin des religions, ma pensée est pragmatique : je suis poussière et je retournerais poussière, ma mort n’est qu’un épiphénomène des grands cycles naturels, il me faut célébrer le recyclage des corps.

En avril 1970, je lis avec curiosité un livre de Jean Rostand, « L’homme », écrit en 1940 : « Nos sociétés donnent la possibilité de survivre et de se reproduire à des milliers d’êtres qui eussent été autrefois implacablement éliminés dès le jeune âge. La fécondité des idiots est très sensiblement supérieure à celle des individus normaux et les avantages sociaux ou financiers font plus pour unir les humains que la beauté du corps ou la finesse de l’esprit. La diminution de la mortalité infantile, les vaccinations généralisées entraînent un affaiblissement de la résistance moyenne de l’espèce. Grâce à l’obstétrique, des femmes deviennent mères malgré un bassin trop étroit, et grâce au lait stérilisé, nourrices, en dépit de glandes mammaires insuffisantes. Il s’ensuit un avilissement progressif de l’espèce. Les tarés, les débiles et les criminels encombrent les hôpitaux, les asiles et les prisons. Tandis que les superstructures spirituelles et sociales deviennent sans cesse plus pesantes, leurs fondations organiques perdent en solidité. Donc par l’effet de la civilisation, nul progrès à espérer pour l’animal humain, mais une décadence à craindre. »

Cette liberté d’expression, exprimée en 2023, ferait scandale. Mais il y a du vrai dans les propos de Jean Rostand. Selon la thèse de Darwin sur la sélection naturelle, une partie seulement des naissances atteignent l’âge de la reproduction car seuls les mieux adaptés résistent. Mais comme les humains modifient leur milieu et fabriquent aujourd’hui une grande partie de leurs moyens d’existence, ils étendent indûment leur capacité à se reproduire et il leur faut alors construire socialement leur propre conception de la sélection ; en empêchant la nature de faire son œuvre de triage, on devient alors responsable de ses propres critères d’expansion démographique. Peu d’intellectuels ont intériorisé ce jugement. L’humanisme actuel, même s’il est plutôt favorable à l’euthanasie active,  est encore totalement opposé à l’eugénisme ! Personnellement je soutiens tout ce qui facilite la décroissance démographique du moment que c’est démocratiquement discuté et appliqué de façon individualisée, au cas par cas. Eugénisme à la naissance, euthanasie en fin de vie et même suicide me semblent des choix courageux quand ils sont assumés en toute conscience.

L’eugénisme est un concept agréable que l’histoire humaine a rendu dangereux. Composé à partir de « eu » (bien) et « genos » (race), il s’agit d’améliorer l’espèce humaine au travers de ses gènes. Le projet du fondateur de l’eugénisme, Francis Galton, se résumait en une phrase : « Se débarrasser des indésirables et multiplier les désirables ». C’était une définition trop vaste et d’autant plus condamnable. Nous étions au début de l’ère victorienne, alors que la science génétique n’existait pas encore… On rêvait d’améliorer les lignées humaines comme le font les horticulteurs et les éleveurs. Au cours du XXe siècle, dans des pays très divers, on a voté pour un eugénisme négatif qui vise à empêcher les « dégénérés » de se reproduire : plus de 50 000 personnes furent stérilisés aux Etats-Unis entre 1907 et 1949, des criminels, des faibles d’esprit, des pervers : dans le Dakota du nord et l’Oregon, la sodomie était un motif suffisant. Un rapport du tribunal municipal de Chicago, en 1922, classe parmi les personnes susceptibles d’être stérilisées les tuberculeux, les aveugles, les sourds, ainsi que les orphelins, les bons à rien, les gens sans domicile et les indigents. Le nazisme n’a fait que reprendre une méthode à la mode… Je répète, cet eugénisme-là est condamnable.

Maintenant, notre connaissance croissante du génome humain permet de mesurer de façon plus précise les difficultés à venir de la personne à naître. L’eugénisme positif vise à sélectionner et à produire des êtres conformes à des normes, par exemple la santé de l’espèce. C’est un eugénisme bienveillant quand il laisse la liberté aux couples. Il s’agit d’éviter la venue au monde d’enfant malades ou handicapés et cela s’inscrit donc dans une logique thérapeutique. Il ne s’agit pas de la quête de l’enfant parfait, mais de l’enfant normal, capable d’un développement à l’égal des autres humains. Dans la pratique déjà, le monde développé se lance en silence dans l’éradication programmée du mongolisme. Depuis la découverte en 1959 des bases chromosomiques du mongolisme, la diffusion généralisée dans la population des acquis de la génétique favorise le consensus sur une interruption thérapeutique de grossesse. L’amniocentèse permet de vérifier la constitution des chromosomes, elle est systématiquement proposée en France aux femmes de plus de 38 ans, le taux de trisomie 21 augmentant avec l’âge de la mère. Cela passe aujourd’hui dans le libre choix de le femme dont on sait que 90 % décident d’éliminer l’enfant trisomique 21. Il s’agit d’un eugénisme démocratique, même si au nom de la liberté individuelle, on laisse tout le poids de la culpabilité à l’individu.

Mais soyons réaliste : quand un enfant est né quai-anencéphale, sourd et presque aveugle comme j’ai pu le constater chez un couple d’amis, c’est la société qui devient en charge d’une existence que les parents ne sont pas en mesure de supporter moralement, matériellement ou durablement. Le geste médical d’un eugénisme pourrait alors sortir du cadre de la stricte relation familiale pour servir une politique collective de régulation du retard mental et d’éradication des maladies génétiques. Un certain nombre de pays ont aujourd’hui des dispositions législatives autorisant la stérilisation à des fins de sélection. C’est le cas de la Chine qui a, en 1994, adopté une loi destinée à améliorer la qualité des nouveau-nés. L’article 8 indique : « Le bilan de santé prénuptial doit comporter l’examen des maladies suivantes : les maladies génétiques grave ; les maladies infectieuses désignées et tout sorte de maladie mentale pertinente. » Et l’article 10 : « Après avoir effectué ce bilan de santé, le médecin doit l’expliquer et donner un avis médical à l’homme et à la femme auprès desquels il a diagnostiqué une maladie génétique. Ce couple peut se marier si tous deux acceptent de recourir à des moyens contraceptifs pendant une longue période ou de subir une opération assurant leur stérilité. »

Mais comme cet interventionnisme de l’État peut ouvrir la porte au totalitarisme, il doit être solidement encadré. (la suite, demain)

Si tu ne veux pas attendre demain, à toi de choisir ton chapitre :

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

Fragments de vie, fragment de Terre (suite) Lire la suite »

Les écolos, pour ou contre le tourisme ?

Les écologistes institutionnels (EELV) présentent le tourisme de cette façon  dans une motion thématique :

« L’explosion du transport aérien depuis le premier vol « charter » en 1954, la baisse considérable des prix de vente des billets corrélée au développement du modèle « low cost » ont favorisé la croissance d’une forme de tourisme dite « de masse ». Ce modèle, basé sur des séjours de courte durée déconnectés de toute notion de distance, mettant les destinations en concurrence et contribuant à une surconsommation intenable de transports carbonés, qu’ils soient par avion ou par paquebot, est destructeur pour la planète et les populations d’accueil. L’industrie du voyage et les voyageurs doivent se désintoxiquer de ces modes de transport. »

Parfait, parfait. Malheureusement le texte se poursuit ainsi :

« Rejet a priori du transport aérien et du tourisme de masse sont deux approches réductrices qui évacuent la responsabilité sociale de l’ensemble de la filière dans un secteur fortement précarisé… Le tourisme durable ne peut pas se caricaturer en un « tourisme sans avion »… La réflexion ne peut pas plus se résumer en une critique du tourisme de masse, on risque de privilégier l’accueil de touristes à fort pouvoir d’achat…, etc. »

D’où une motion qui ménage la chèvre et le chou et contient pourtant des moments savoureux à déguster sans modération :

« Exiger l’affichage de l’empreinte carbone des offres touristiques… Réfléchir sur l’instauration de quotas d’émissions de carbone par personne sur une vie… Supprimer les aides publiques aux projets d’infrastructures de loisirs inutiles et dangereux pour la planète… Favoriser un tourisme privilégiant la lenteur… Développer les réseaux de circulations douces (véloroutes en particulier)… Promouvoir le tourisme intra-régional… Ne laisser là où nous passons que l’empreinte de nos pas. »

Rappelons notre point de vue d’écologiste sur ce blog biosphere. Le tourisme de masse est en soi destructeur, dire qu’on ne peut pas le condamner au nom du social et de l’emploi est fantaisiste. L’explosion touristique dans beaucoup d’endroits de la planète a entraîné des dégâts considérables en termes d’urbanisme, de pression sur la ressource en eau, de rapports sociaux proches de l’esclavage, de dépendance des emplois envers l’afflux de touristes. On a vécu, à l’époque de la pandémie et de la limitation des déplacements, les lamentation des destinations touristiques : les opérateurs criaient famine, mais c’était un temps écolo. Aujourd’hui en 2023 les touristes sont  malheureusement revenus en nombre, mais ils ont été souvent accablés par la canicule et cernés par les flammes des incendies. On ne pourra pas longtemps vivre comme si on n’avait pas mis la planète au pillage…

Du point de vue écologique, il n’est pas judicieux de vouloir relancer le tourisme, ni même d’encadrer son industrialisation. Il est absolument nécessaire de supprimer un passe-temps créée au XIXe siècle pour les privilégiés qui faisaient leur tour d’Europe. Le  » droit au voyage » pour loisirs n’existe pas, c’est une revendication à consommer du voyage sans autre fin qu’un dépaysement temporaire et destructeur.

Le slogan publicitaire « plus vite, plus loin, plus souvent et toujours moins cher » doit être remplacé par son inverse.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere

(sur)tourisme, une activité sans fondement

Un voyageur, ça va, des touristes, ça casse

Ski : le consumérisme touristique, c’est fini (2023)

Pour des vacances sans touristes (2022)

Un impossible tourisme « durable » (2021)

Tourisme de masse et écologie, incompatibles (2020)

Post-covid, le tourisme de masse à la peine (2020)

Le Canard enchaîné, tout contre le tourisme (2019)

Beaucoup trop de touristes de trop (2019)

 

 

 

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Cigarettes, bombes écotoxiques pour la planète

Trouvé à l’angle de la 78e avenue et de la 496e rue un mégot de cigarette. L’inconscient qui a laissé cette ordure est prié de se présenter au commissariat pour verser la taxe forfaitaire afférente à cet acte anti-social…

Ah, si la prise de responsabilité pouvait être une réalité ! Mais l’addiction est socialement construite. Le plaisir procuré par la cigarette est une pure fabrication de l’industrie. Contrairement à l’alcool, la cigarette n’est pas une drogue récréative : elle ne procure aucune ébriété, aucune ivresse. Fumer, c’est donc devenir directement accro. Et en plus ça pollue grave ! Les mégots relarguent du plastique et des milliers de substances chimiques toxiques (nicotine, arsenic, mercure, ammoniac). Quant aux cigarettes électroniques à usage unique, les fameuses puffs, elles représentent un risque encore plus grand pour l’environnement. En raison de leur « forte toxicité », l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) considère les mégots comme « écotoxiques » et les classe dans la catégorie des « déchets dangereux ».

Stéphane Mandard : On estime que 4 500 milliards de mégots sont jetés par terre chaque année à l’échelle de la planète et terminent invariablement dans les cours d’eau et l’océan. Un mégot de cigarette peut contaminer jusqu’à 500 litres d’eau. En France, 23,5 milliards de mégots sont jetés chaque année dans l’espace public. Chaque fumeur jette en moyenne 5 cigarettes par jour dans l’espace public. A Paris, environ 350 tonnes sont ramassées tous les ans. Seul un Français sur quatre sait que les filtres de cigarette sont en plastique (acétate de cellulose). Les cigarettes électroniques et leur version à usage unique, les fameuses puffs, très prisées des adolescents avec leurs tubes colorés et leurs parfums exotiques, sont jetées une fois la centaine de bouffées disponibles consommée. Composées de plastique, de batteries en lithium et contenant elles aussi nicotine et métaux lourds (mercure, plomb, brome), elles représentent un risque encore plus grand pour l’environnement ; au regard de leur composition, elles sont considérées comme des déchets d’équipements électriques et électroniques et devraient faire l’objet d’un système de tri séparé en déchetterie. Mais, même lorsqu’elles sont collectées, leur composition rend leur recyclage quasi impossible.

Le point de vue des écologistes anti-tabac

Le péché originel a été commis au cours de l’automne 1492 quand on découvre le tabac en Amérique. Jean Nicot (1530-1600) le diffuse en France. Pourtant les humains n’ont pas besoin de voiture, encore moins de la nicotine des cigarettes, mais la dynamique de l’innovation se désintéresse des finalités de la consommation pour imposer sa propre logique du profit. C’est l’invention en 1880 d’une machine capable de produire plus de 200 cigarettes à la minute, soit autant que 40 à 50 ouvrières ayant un bon coup de main, qui va changer le niveau de tabagisme. Plutôt que de licencier des centaines d’ouvrières au risque d’un conflit social, un entrepreneur a utilisé l’augmentation de productivité pour faire baisser les prix et inciter à la consommation de masse : on crée alors de nouvelles marques, de nouveaux goûts, de nouvelles addictions.

Et la publicité s’en mêle. L’un des principaux pionniers de la pub comme « manufacture du consentement », Edward Bernays décide d’utiliser les découvertes de la psychanalyse pour parvenir à une « manipulation des opinions et des habitudes ».  La diffusion dans la presse de photos de jeunes femmes fumant des cigarettes appelées « torches de la liberté » va par exemple inciter les femmes à fumer à une époque où ce comportement était réprouvé ; Bernays se vanta d’avoir doublé la taille du marché potentiel de l’industrie du tabac !

Résultat : Les cancéreux occupent des hôpitaux, les plants de tabac accaparent des terres, tout concourt au poids écologique des fumeurs. Les paquets de cigarettes comportent depuis des années des messages chocs, véritables faire-part de décès. Pourtant les fumeurs s’y habituent, ils ne voient plus ces messages. En effet, ce n’est pas en montrant des images que l’addiction sera combattue ; les photos du type qui crache ses poumons,ça ne marche pas. Les humains s’adaptent à l’insupportable et restent esclaves de leurs désirs imposés par la publicité.

Solutions : Ce qui marche le mieux contre l’addiction au tabac, c’est l’augmentation progressive de prix et les interdictions de plus en plus sévères, interdiction à la vente aux moins de 16 ans, puis aux moins de 18 ans, interdiction dans les établissements scolaires, dans les lieux publics, dans les cafés, etc. Les humains sont de grands enfants qu’on doit traiter en gamins irresponsables. L’interdit est structurant, l’avenir devrait être à la prohibition totale des cigarettes.

Nous percevons déjà les cris de celles et ceux qui qualifieront cette mesure de liberticide, « On restreint mon droit à fumer ! » Oui, l’écologie passe par là. Le renoncement aux plaisirs frelatés et la satisfaction des seuls besoins véritables doit bien commencer un jour. Un peuple écolo est un peuple exemplaire, il ne fume pas.

Mais si le choix du renoncement est une qualité, il est nettement plus facile de griller une autre cigarette que de jeter le paquet. A toi de voir…

Lire, le tabac tue et rend esclave, un écolo ne fume pas

Cigarettes, bombes écotoxiques pour la planète Lire la suite »

Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », est éditée chaque jour par épisode sur ce blog biosphere tout au cours des mois de juillet et août.

Quelques recettes de décroissance

Achim Steiner, directeur du Programme des Nations unies pour l’environnement depuis 2006, estime en 2009 que la crise offre l’occasion de décarboner l’économie : « Des études ont montré qu’un climatiseur standard en Floride émettait autant de CO2 qu’un Cambodgien pendant toute sa vie. Cette consommation-là, je ne peux la soutenir ». Il ajoute : « Notre objectif doit être de réduire notre empreinte écologique » Il prend comme exemple  les Japonais qui envisagent une économie des 3R dans laquelle les matières premières sont utilisées en quantité « Réduite, Réutilisées ou Recyclées » (LE MONDE du 17 février 2009).

Mais les R peuvent être innombrables. Dans Petit traité de la décroissance sereine (2007), Serge Latouche présentait déjà un programme en 5R pour les pays du Sud (Rompre, Renouer, Retrouver, Réintroduire, Récupérer) comme remède à la destruction de l’identité, des savoirs et des savoir-faire des sociétés vernaculaires. Pour le Nord, il en arrivait à un changement de cap basé sur les 8R : Réévaluer, Reconceptualiser, Restructurer, Redistribuer, Relocaliser, Réduire, Réutiliser, Recycler. Ces huit objectifs interdépendants sont susceptibles d’enclencher un vertueux de décroissance sereine, conviviale et soutenable. Mais on pourrait allonger la liste des R avec radicaliser, reconvertir, redéfinir, redimensionner, remodeler, repenser, etc. Tous ces R participent tout autant de la révolution que du retour en arrière, du changement radicale de direction que de la répétition.

En fait tous ces R sont une saine réaction face à la démesure de la société thermo-industrielle, basée sur les « SUR » : suractivité, surdéveloppement, surproduction, surabondance, surpêche, surpâturage, surconsommation, suremballage, surcommunication, surmédicalisation, surendettement, suréquipement… (cf. Jean Paul Besset, Comment ne plus être progressiste…sans devenir réactionnaire, Fayard 2005). Vive les « R »… Dans un contexte de pénurie globale des ressources naturelles, l’avenir n’est plus dans l’expansion, mais dans son inverse. On peut aller encore plus loin dans le Renoncement.

A la croissance économique sans avenir doit succéder la croissance conviviale, à l’effet rebond l’effet bond, à la militarisation la militarisation, à la mondialisation la mondialisation, à la pollution des sols et des esprits la pollution, au populationnisme la population, à l’urbanisation la surbanisation, à la voiture pour tous le voiturage. C’est l’avènement des « – » dont je suis devenu un adepte convaincu sur mon blog biosphere.

Le discours de la classe politique est comme à son habitude en complet décalage avec ce qu’il faudrait vraiment. Pourtant, qu’on le veuille ou non, il faudra bien un jour sortir du culte de la croissance, toujours plus de bagnoles, toujours plus d’avions, toujours plus de yachts, travailler toujours plus pour gagner toujours plus (parfois !). L’utopie socialiste d’une promesse de prospérité partagée est derrière nous car il existe une contradiction fondamentale entre la réalité des limites de la biosphère et le goût du « progrès » sans limites des croissancistes, secte à laquelle appartient la gauche en général et le PS en particulier. Un programme politique pour la présidentielle 2012 devrait combattre âprement les inégalités intra- et internationales tout en prêchant ardemment la sobriété et le rationnement, particulièrement dans les sociétés riches. Il n’en est rien. J’ai écrit cette chronique d’abonné sur lemonde.fr :

La candidate de l’écologie Eva Joly a présenté samedi 11 février son projet pour l’élection présidentielle. Si elle reprend l’idée d’une transition écologique, on ne peut pas dire que les remèdes préconisés sont à la mesure de l’urgence : « 160 000 logements sociaux, moratoire sur les augmentations de loyer, économie verte créatrice d’un million d’emplois, retraite à 60 ans sans décote, augmentation de 50 % de tous les minima sociaux… » Eva Joly fait surtout du social, pas tellement de l’écologie.

Quel devrait être son programme ?

Ce programme serait conforme à ce qu’on peut attendre d’un état de guerre. Il y a un exemple historique. Après Pearl Harbour, le président Roosevelt annonce le 6 janvier 1942 un arrêt de la production de voitures qui durera jusqu’à la fin 1944. La vente de véhicules à usage privé a été interdite, ainsi que la conduite de loisir. La construction de maisons et d’autoroutes a été stoppée. Les gens se sont rapidement mis à recycler tout ce qui pouvait l’être, avant de se lancer dans l’autoproduction alimentaire dans les « jardins de la victoire ». Aujourd’hui ce n’est pas la guerre entre humains, mais entre les humains et la planète. Voici une version moderne du plan Roosevelt que nous avons adapté à l’état d’urgence écologique actuel en 2012:

1) sur l’alimentation : inutile de parler de souveraineté alimentaire tant que la nourriture sera issue de l’agroalimentaire mondialisé. Au-delà des objectifs nationaux d’une agriculture bio, le gouvernement soutiendra toutes les tentatives décentralisées d’autonomie agricole, circuits courts, AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne), jardins partagés, reconstitution des ceintures maraîchères… Le régime excessivement carné sera modifié. Le lundi végétarien sera imposé dans la restauration collective. La taxe carbone, une des principales mesures mises en place dans le premier budget de notre quinquennat, portera aussi sur les émissions de gaz à effet de serre de l’élevage.

Nous allons promouvoir dans chaque commune et dans chaque territoire la constitution de communautés de résilience. Il s’agit de constituer au niveau local un plan de descente énergétique qui permette de résister aux chocs provoqués par les jumeaux de l’hydrocarbure, le pic pétrolier et le réchauffement climatique. Il s’agit de promouvoir la transition entre une époque d’énergie non renouvelable gaspillée en moins de deux siècles seulement et une période durable où les seules énergies utilisées seront renouvelables.

2) sur les déplacements : inutile de parler de transports en commun tant que la voiture individuelle est généralisée. Notre objectif est d’éradiquer la voiture dans les dix ans qui viennent. Nous promulguerons des mesures progressives qui incitera homo mobilis à changer rapidement de comportement. Dans un premier temps, obligation de ne fabriquer et vendre que des voitures de petite cylindrée. La vitesse de circulation baissera de 10 km/h fin 2012, puis par tranche similaire les années suivantes. La circulation « seul au volant » sera interdite, le covoiturage devenant une pratique généralisée.

Il est bien évident que les quads, bateaux de plaisance à moteurs et autres gadgets motorisés seront interdits de circulation avant 2015. Le moyen idéal de déplacements est la marche et le vélo, la rame et la voile.

3) sur l’habitat : inutile de parler de logements sociaux tant que l’emploi n’est pas fourni en même temps. La population doit apprendre à partager l’espace et l’emploi. Dès le débat du quinquennat, aucun étalement urbain ne sera toléré. Nous devrons nous habituer à des logements moins grands et plus faciles à chauffer. Les grands appartements seront divisés, les résidences secondaires réquisitionnées.

Notre crise économique est structurelle, cachée à l’heure actuelle par le surendettement qui a permis une surconsommation. Une politique de vérité doit dire qu’une grande partie des emplois sont inutiles, parasitaires, voués à disparaître dès l’apparition d’une récession durable. Le nombre d’heures de travail sera revu à la baisse entreprise par entreprise. Il faudra accepter de gagner moins, le niveau de vie moyen en France est largement au-dessus des possibilités de la planète. Les métiers de proximité, la paysannerie et l’artisanat seront les piliers de la société de demain. Etc., etc.

Les Khmers verts au pouvoir ? Non, notre programme est conforme à l’état d’urgence que les écolosceptiques en général et les climatosceptiques en particulier ont préparé par leurs agissements, niant la réalité de la crise écologique. Notre programme explicite clairement une réalité incontournable : nous avons dépassé les limites de la planète et nous avons formaté la population à oublier le sens des limites. La taxe carbone généralisée sera un moyen de retrouver la vérité des prix. La suppression immédiate de toute publicité permettra de redéfinir la réalité de nos besoins.

Un programme politique écologiquement cohérent devrait annoncer la suppression de la publicité. Très tôt, il y a longtemps, je me suis aperçu du matraquage marchand que nous commencions à subir. C’est en juin 1970 que je découvre avec Paul Ehrlich l’influence pernicieuse de la publicité : « On exagère à peine en disant que la publicité vise en premier lieu à créer des besoins irrationnels. Son but secondaire est de supprimer la compétition qualitative en créant des différences illusoires entre produits identiques. Sous l’influence de l’industrie, la publicité a convaincu les Etats-Unis que l’automobile n’était pas un engin de transport mais une espèce de totem sexuel, que le pain blanc est enrichi alors que presque tous les éléments nutritifs ont été enlevés… Le travail aux USA est à 60 % inutile. »

Selon Bilderbach, 18 % du travail américain entre 1960 et 1970 a été consacré à payer les intérêts des achats à crédit, ce qui met l’absurdité à son comble. En effet ce surcroît de travail aboutit à un surplus de production qu’il faudra ensuite éponger et pour cela solliciter le public à acheter encore plus et à s’endetter davantage ! Le marché est livré au seul déterminisme de ses lois propres, la qualité de la vie baisse à mesure que le PNB augmente. Pourtant, pendant mes quatre années en face de sciences économiques de 1967 à 1971, jamais cette problématique n’a été abordée.

Nous sommes en 2023 et les mass media fonctionnent encore et toujours avec l’argent de la publicité, obligés de créer de toutes pièces un univers illusoire peuplé de mythes aussi dispendieux que nuisibles : encore plus de voitures, encore plus de parfums, encore plus de fringues, encore plus de marques, encore plus de vitesse, encore plus de tourisme, toujours plus de superficiel. La croissance est une absurdité. Je refuse cette absurdité. (la suite, demain)

Une vision d’ensemble de cette autobiographie :

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

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Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », est éditée chaque jour par épisode sur ce blog biosphere tout au cours des mois de juillet et août.

L’océan n’existe que par ses gouttes d’eau

Selon l’anthropologue Margaret Mead, nous sommes passés d’une société post-figurative où l’idéal est de suivre l’exemple des ancêtres à une société co-figurative où les modèles culturels sont pris parmi les contemporains : la vedette, le héros. Cependant l’adulte y est encore considéré comme un modèle. Nous assistons à la fin de cette époque. Nous entrons dans une troisième période, qui est pré-figurative. Les adultes ne gouvernent plus rien parce que le monde où ils vivent leur est inconnu. Il s’établit un dialogue continu jeunes-adultes pour aller en direction d’un futur indéfinissable.

J’écrivais le 6 janvier 1971 : « Les adultes doivent savoir qu’ils ne se sentiront plus tout à fait chez eux dans un monde qui sera de plus en plus soumis aux valeurs et aux opinions de la jeunesse. »

Nous avons connu par la suite le dérapage qui a transformé les enfants en prescripteurs de dépenses… enfants victimes en réalité du système marchand ! Alors pourquoi pratiquer la simplicité volontaire quand le monde entier se jette dans une frénésie productiviste et une boulimie d’achats ? Je prends portant personnellement plus d’assurance dans mes convictions, guidé par ma tendance à être à contre-courant. Je fais mienne la devise, quand la majorité a tort, c’est une minorité qui montre le chemin de l’avenir. Plus tard tout le monde suivra le même chemin si les conditions s’y prêtent. Peu importe dorénavant pour moi le résultat puisque le chemin que je trace est celui que je le pense juste. Je suis bien conscient de n’être qu’une goutte d’eau au milieu de plus de six milliards d’humains(ndlr : 8 milliards en 2022) ; mais un océan n’existe que par ses gouttes d’eau.

La simplicité volontaire que je pratique se voit déjà à des signes extérieurs. J’ai gardé la barbe très tôt. Je trouvais cela naturel, ça pousse, c’est bien. J’avais aussi des motivations familiales : ma barbe et mes cheveux longs ne plaisaient pas à mes parents. Plus tard, j’ai appris les raisons profondes de ne pas se raser. Pour les garçons la transformation du duvet en barbe révèle la fin de l’adolescence et l’identité masculine, un véritable ancrage dans une spécificité corporelle. Mais les garçons sont victimes d’une instrumentalisation : l’absence de poils est devenu le cœur d’une nouvelle cible, à des fins mercantiles. On a inventé les rasoirs mécaniques ou électriques, bravo les ingénieurs au service du profit ! Comme l’exprimera Georgescu-Roegen, « Il faut nous guérir du circumdrome du rasoir électrique, qui consiste à se raser plus vite afin d’avoir plus de temps pour travailler à un appareil qui rase plus vite encore, et ainsi de suite à l’infini… Il est important que les consommateurs se rééduquent eux-mêmes dans le mépris de la mode. » La femme de son côté se veut moderne, elle enlève tous ses poils. D’abord elles ôtèrent les poils du mollet, c’était dans les années 1920 avec les robes plus courtes et les premiers bains de mer. Et puis les maillots couvrant de moins en moins de chair, ce fut l’épilation de la jambe entière et même des poils du pubis qui ne pouvaient dépasser. Aujourd’hui les jeunes filles deviennent adeptes de l’épilation intégrale. Mais pourquoi se raser ? Celles qui se dénudaient à Woodstock étaient à l’aise dans tous leurs poils.

Dès que j’ai eu mon propre logement, j’ai fabriqué mon lit avec un châlit de bois brut ; une caisse en carton servait de table de nuit. J’utilise depuis 1975 la bibliothèque que j’ai confectionnée en clouant quelques planches. Elle me sert toujours aujourd’hui (en 2023), contenant uniquement des livres centrés sur l’écologie, lectures qui se sont substituées aux manuels d’économique, de sociologie, de politique. Je monte et descend les escaliers au lieu d’emprunter escalators et ascenseurs, j’allume une seule lampe à la fois pour l’éteindre dès que possible, je minimise l’usage des appareils électriques, j’ai toujours choisi de me domicilier près de mon lieu de travail pour y aller à pied, j’ai arrêté de lire romans et fariboles, je suis sur le chemin du renoncement. Je mange moins de viande et je mange moins, je diminue une consommation de vin qui ne sert à rien, je refuse le portable et la carte bancaire, je ne pars plus en avion et limite mes excursions, je commence à écrire au crayon à papier pour peser le moins possible sur la planète, etc. Le chemin du renoncement est un parcours difficile car il n’a comme limites que les limites de ma force intérieure.

Il n’y a pas de modèle d’existence en soi, je pourrais vivre comme Diogène, dans son tonneau. Ce « Socrate en délire », comme le surnommait Platon, marchait pieds nus en toute saison, dormait sous les portiques des temples et avait pour habituelle demeure un tonneau. Il dit un jour en abandonnant son écuelle : « Cet enfant qui boit dans le creux de sa main, m’apprend que je conserve encore du superflu ». Ce philosophe pratiquant (ce qui est une extrême rareté) voulait renverser les valeurs dominantes pour transformer la prétention humaine en humilité. Il justifiait sa conduite en affirmant que les hommes s’imposent des efforts démesurés en oubliant de vivre simplement et sainement selon la nature. Ayant vu un jour une souris qui courait sans se soucier de trouver un gîte, sans crainte de l’obscurité, et sans aucun désir de tout ce qui rend la vie agréable, il la prit pour référence. Selon sa conception de l’existence, l’animal qui ne se crée pas de besoins serait supérieur à l’homme prisonnier de ses désirs et de ses angoisses. Le bonheur résiderait dans la simplicité totale et l’autarcie, se suffire à soi-même.

Si tout le monde voulait imiter Diogène, même un tout petit peu, la Biosphère s’en porterait bien mieux. Il faut sortir de la surconsommation non seulement pour des raisons philosophiques, mais aussi pour faire face à la pénurie croissante de ressources naturelles. Aujourd’hui la simplification du mode de vie commence à se répandre, ce n’est plus une attitude réservée à des marginaux. Le mensuel « La décroissance », auquel je suis fidèle depuis son origine, présente à chaque fois un témoignage d’expérience vécue dans la simplicité volontaire. Dans un numéro, il s’agit de Laetitia et Alessandro qui cultivent leur potager. Alors qu’avant ils mangeaient de la viande à tous les repas, ils n’en achètent plus. Ils n’ont pas de voiture et mangent bio le plus souvent possible. Mais comme personne n’est parfait, ils vont souvent au cinéma. Ils se définissent comme des déserteurs du travail qui se contentent du RMI.

Même LE MONDE consacre parfois une rubrique à ces sentinelles de l’avenir. Toute une page le 17 décembre 2008 pour Joan Pick, dont l’objectif depuis 1973 est « zéro carbone » : pas de voiture bien sûr, mais aussi pas de réfrigérateur, pas de chauffage, pas de télévision, ni même de douche. Noix et germes de blé forment l’essentiel de son alimentation. Joan va beaucoup plus loin que moi dans la voie du renoncement ! (la suite, demain)

Une vision d’ensemble de cette autobiographie :

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

Fragments de vie, fragment de Terre (suite) Lire la suite »

Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », est éditée chaque jour par épisode sur ce blog biosphere tout au cours des mois de juillet et août.

Ma pratique de la simplicité volontaire

Quelques idées générales : La manière dont personnellement je vis et consomme a des répercussions tant sur la vie des autres personnes que sur celle des non-humains et des générations futures. Selon la doctrine keynésienne (dans son livre de 1936), il fallait consommer toujours plus pour échapper à une grande crise comme celle de 1929 : ainsi on lutterait contre l’équilibre de sous-emploi (le chômage structurel). Ford avait déjà mis en pratique la consommation de masse avec la Ford T. Aujourd’hui la croissance de la consommation est devenue une fin en soi, sans souci de l’avenir ni du respect de la biodiversité.

La simplicité volontaire est une tentative d’enrayer ce mécanisme keynésien (et fordiste). Cela consiste à choisir un autre mode de vie que celui de la société de consommation et du spectacle. Contre le gaspillage des ressources fossiles, il s’agit de cultiver la sobriété énergétique, contre la dictature des objets, il s’agit de privilégier les relations directes avec les autres humains tout autant qu’avec la Nature. Le bonheur n’est pas dans le système marchand.

Je suis né en 1947. En ce temps-là du début des Trente Glorieuses, les casseroles s’achetaient encore avec des tickets de rationnement et on prenait la vie comme elle venait. Il n’y avait pas de préoccupation écologique, juste le souci de reconstruire après-guerre une société encore traditionnelle. Je suis donc personnellement préparé à vivre de peu. Depuis qu’il m’en souvient j’ai toujours vécu le plus simplement possible. Je suis un enfant d’après-guerre, élevé dans un contexte de pénurie, avec un père artisan–tailleur qui avait des mortes saisons, sans beaucoup de client. Il fallait faire attention à tout, je faisais au minimum. Je voulais faire du piano dès le plus jeune âge, j’ai attendu mes 17 ans pour en avoir un. Je n’ai jamais souffert du manque, nous étions élevés à ne recevoir de l’argent de poche qu’en échange de notre travail… manuel. Il n’y avait pas de télévision, pas de téléphone accessible aux enfants du foyer, bien sûr ni ordinateur ni téléphone portable. C’était le bon temps, je ne me suis jamais ennuyé.

Aujourd’hui, dans une société de surconsommation, nous devons nous entraîner à vivre de peu, à vivre comme un Amish, la religion en moins. Arne Naess écrivait dans Ecologie, communauté et style de vie :

« En définitive, toutes nos actions et toutes nos pensées, même les plus privées, ont une importance politique. Si j’utilise une feuille de thé, un peu de sucre et de l’eau bouillante, puis que j’en bois le produit, je soutiens le prix du thé et du sucre et, plus indirectement, j’interfère dans les conditions de travail au sein des plantations de sucre et de thé dans les pays en voie de développement. Pour chauffer l’eau, j’ai probablement utilisé du bois ou de l’électricité ou un autre type d’énergie, et ce faisant, je prends part à la grande controverse concernant l’utilisation de l’énergie. J’utilise de l’eau et prends aussi part à une myriade de problèmes politiquement brûlants qui concernent les réserves d’eau. J’ai donc une influence politique quotidienne. Je peux par exemple penser que les pays en voie de développement ne doivent pas exporter le thé, mais plutôt produire plus de nourriture… »

Dans les années 1970, j’adhère à la philosophie de la non-violence puisque je deviens objecteur de conscience. Je suis interpellé par le raisonnement de Gandhi: « La civilisation au vrai sens du mot, ne consiste pas à multiplier les besoins mais à les réduire volontairement, délibérément. Même à l’ashram, nous possédons beaucoup de choses dont on ne saurait prouver la nécessité et ainsi nous soumettons notre prochain à la tentation de voler. Il faut nous rappeler que la non-possession est un principe applicable aussi bien aux pensées qu’aux choses. Celui qui emplit son cerveau de connaissances inutiles viole ce principe inestimable. »

Mais je prends en même temps mes distances (écrit le 27 décembre 1970) car l’humilité ne peut être une règle en soi, elle ne se prête guère à ce qu’on la pratique volontairement dans une société d’abondance. D’où l’impasse dans laquelle s’engage notre société consumériste, la pression du confort dont nous aurons tant de mal à sortir. (à suivre, demain)

Une vision d’ensemble de cette autobiographie :

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

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Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », est éditée chaque jour par épisode sur ce blog biosphere tout au cours des mois de juillet et août.

Vivre écolo, au-delà des institutions

Greenpeace est une organisation que je soutiens financièrement sans y participer directement. Ce n’est pas le cas de FNE (France-Nature-Environnement), fédération de 3000 associations dont je fréquente l’une d’entre elles, celle de mon département, Charente-Nature. J’appartiens au conseil d’administration et je travaille plus particulièrement dans la commission énergie. Nous faisons des dossiers, par exemple sur la différence entre techniques dures ou douces. Ma connaissance des écrits des années 1970, plus précisément ceux d’Ivan Illich, me permet de structurer notre pensée de groupe. J’y reviendrai plus tard. Grâce à notre groupe de travail, Charente-Nature a aussi pris position en faveur du lundi végétarien.

Je n’étais pas végétarien. Dans une notule du 3 janvier 1971, j’écrivais même que c’était une mystification : « L’être humain a mis des millénaires pour se doter de canines et devenir omnivore. D’autre part l’animal n’est pas la seule concrétisation de la vie, les plantes aussi sont vivantes. » Depuis, je n’ai pas changé d’avis, mais j’ai pris conscience de la nécessité vitale de modifier le régime alimentaire des populations occidentalisées. Les experts sont tous d’accord :

– Hervé Le Bras (démographe, directeur d’études à l’INED) : « Le problème le plus important n’est plus le nombre total des hommes, mais la structure de leur consommation, celle d’hydrocarbures, et de plus en plus celle de nourriture animale. Si la planète entière adoptait le régime alimentaire des Français, elle ne pourrait nourrir que 3,4 milliards de personnes, soit la moitié de la population actuelle. En outre les ruminants émettent du méthane, puissant gaz à effet de serre ». (Entropia n° 8, printemps 2010)

– Rajendra Pachauri, président du GIEC : « Un des premiers gros efforts que devra réaliser la société humaine pour lutter contre le changement climatique est de réduire sa consommation de viande. Le cycle de production de la viande est très intensif, il nécessite beaucoup d’énergie, d’eau et d’aliments pour le bétail et génère d’importante émission de gaz à effet de serre. Changer les habitudes de nourriture nécessite un vrai changement de valeurs et une vraie information des populations pour leur expliquer l’association qui existe entre la consommation de viande et l’effet de serre. Je pense que le changement climatique est un déclencheur qui va nous amener à repenser notre mode de vie et à mettre l’accent sur d’autres valeurs. Nous croyons en Inde que l’Univers est une seule famille. Je pense qu’il est improductif et dangereux pour nous de ne pas croire en cette philosophie. » (Sciences et avenir hors série janvier-février 2010)

A la suite de l’initiative de la ville belge de Gand, l’A.V.F. (Association Végétarienne de France) avait lancé par un communiqué de presse du 29 mai 2009 une campagne « pour un jour végétarien hebdomadaire en France ». Plusieurs associations se sont assemblées en partenariat autour du mot d’ordre « Lundi, Jour Végétarien ». Notre groupe de réflexion de Charente-Nature communique devant l’AG du 24 avril 2010 : « Depuis plusieurs mois, la commission énergie étudie les tenants et aboutissants de l’élevage. Après analyse des mécanismes de l’intensification des conditions d’élevage, de l’impact de l’élevage sur le réchauffement climatique et du gaspillage énergétique lié aux calories animales, nous sommes arrivés à la conclusion qu’il fallait agir dans le domaine alimentaire pour sensibiliser le grand public. Il nous semble donc nécessaire d’adhérer à la campagne associative « Nous sommes d’accord avec le lundi végétarien ».

Il n’y a jamais eu de décision explicite d’adhésion de Charente-Nature au lundi végétarien. Il est très difficile d’arriver à un vote clair, même dans une petite association. La participation à une association est un moyen de faire progresser la pensée et la pratique collective, mais le résultat est diffus, incertain. Mais de toute façon les associations sont indispensables pour donner une visibilité à la société civile, pour accroître le capital social d’un pays. Personnellement, je pense que la participation active à une association devrait être obligatoire pour les adolescents. Cela me paraît beaucoup plus important que de réussir le baccalauréat. (à suivre, demain)

Une vision d’ensemble de cette autobiographie :

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

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Nudité, naturisme et conventions sociales

La simplicité et la nudité même de la vie humaine aux âges primitifs impliquaient au moins cet avantage, qu’elles laissaient l’humanité n’être qu’un passager fugitif ne laissant aucune trace dans la nature. Depuis les humains se sont habillés, ce serait même un diktat de Dieu.

Aurélia Hetzel : Au commencement, Adam et Eve étaient « nus » et n’en avaient pas honte (Genèse 2, 25). Un serpent les invite à manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal (Gen. 3, 1). Ils se confectionnent alors des pagnes de feuilles de figuier, avant que Dieu ne les revête de « tuniques de peau [de bêtes] » (Gen. 3, 20). En remplaçant le pagne de feuilles, résidu de l’harmonie entre l’homme et la nature, par des peaux de bêtes, il consacre non seulement le fait qu’Adam et Eve doivent désormais s’habiller, mais il les mène à une autre étape de civilisation, passant de la culture végétale à la chasse ou à l’élevage, qui demandent techniques et connaissances.

Le point de vue des écologistes à plumes et à poil

YaKaKa : bla, bla, bla, inepte…Pour info : Dieu n’existe pas, c’est une invention humaine… réveillez-vous…de ce cauchemar des religions… et soyez vous-mêmes.

Origami : Cette histoire d’Adam et Eve est remplie d’incohérences : Dieu, qui est omniscient, ne sait pas ce qui va se passer ; Dieu laisse le serpent de promener tranquillement dans le jardin d’Éden et interagir avec Eve ; Qui a donné la parole au serpent ? ; Sans avoir la connaissance du bien et du mal, comment Adam et Ève pouvaient savoir que désobéir, c’est mal ? ; Dieu est du genre rancunier… Adam et Ève font UNE faute, et c’est toute l’humanité qui est condamnée à souffrir !

Arbacèles : Cette histoire biblique m’a toujours paru plus que curieuse ! Dieu tout puissant qui plante au beau milieu du jardin d’Eden un arbre « dont il ne faut pas manger le fruit sous peine de bannissement » et ah ben tiens Adam et Eve mangent la pomme, désobéissant donc à Dieu et sont bannis… Pour le côté tout puissant, il repassera ce dieu ! Pis donc nous voilà tous descendants d’Adam et Eve bannis et donc le fruit d’une multitude d’incestes dans les premières générations de l’humanité… mais bon visiblement à l’époque ça posait pas de problème… Enfin tout ça pour en revenir au fait que les hommes se sont couverts aux temps néolithiques pour se protéger des affres du climat (et des insectes aussi sans doute) .

Gérard Planterose : La Bible n’est que de la littérature écrite à plusieurs mains sur plusieurs siècles par des auteurs pas toujours recommandables. Ainsi, introduire la notion de parties « honteuses » chez les humains qui seraient une création divine à « l’image de Dieu » lui-même, c’est modestement rectifier la Création et avouer que Dieu est l’image des humains et non le contraire. Décidément, il est confirmé que la théologie est à la philosophie, ce que l’astrologie est à l’astronomie.

Arbacèles : On remarquera d’ailleurs que dieu est systématiquement peint, dessiné ou sculpté habillé lui-même… aurait-il croqué la pomme ?

Raoul Radis : Dieu est un sadique pervers. Interdire de toucher à l’arbre de la connaissance, c’est créer chez les adolescents qu’étaient Adam et Eve, une irrésistible envie de de transgression.

Jacques Brejoux : Quel que soit le bout par lequel on la prend, cette histoire n’a ni queue ni tête, mais elle illustre de façon magistrale l’extraordinaire puissance de l’imaginaire humain qui, dès qu’il a cinq minutes ne peut s’empêcher de se poser des questions, de raconter des histoires, de les représenter graphiquement, de les chanter, de construire, de fabriquer, de combiner sans fin, au risque permanent d’une apocalypse à la fois redoutée et espérée !

Claude Danglot : Et si, par le plus grand des hasards, les vêtements était surtout destinés à maintenir la température de neutralité thermique à 28°C chez l’adulte et de 32°C chez le nouveau-né ?

ti Gilou : L’homme est une des seules espèces animales à être dépourvue de fourrure, de protection contre le froid ou les ultra violets. Les pays équatoriens mis à part, se vêtir est devenue une nécessité pour survivre, surtout durant l’ère glaciaire. Là-dessus, certaines religions ont repris à leur compte cette singularité de notre espèce. A tel point que d’aucuns reprochent en France à certaines femmes de trop se couvrir, ou dans d’autres pays, de trop se découvrir.

Elzeard Bouffier : Et pendant ce temps là les églises se vident et les campings naturistes font un carton. Comme quoi les choses ne vont pas si mal en ce bas monde…

Peps72 : Résultat des courses : les filles « Caucasian » portent jupe et haut à bretelles, alors que les filles maghrébines portent voile, hidjab et abaya (pour cacher l’objet du pêché).

Michel Sourrouille : La provocation n’est ressentie comme provocation que par ceux et celles qui s’estiment provoqués. Prenons l’exemple de la nudité sur les plages. Que faut-il préférer comme système social ? Le modèle traditionnel est de ne pas dénuder complètement le corps. Mais dans un esprit de tolérance réciproque, les textiles devraient accepter le nudisme des uns comme les naturistes accepteraient la différence vestimentaire sur une plage partagée par tous et toutes. Le respect de pratiques différentes doit être un critère permettant la coexistence pacifique… mais la religion nous a éloigné de la nudité qui est pourtant notre lot à la naissance. Un gouvernement n’a pas à légiférer sur notre manière de nous (dés)habiller.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

mai 2022, Nudité ou burkini en piscine, notre liberté

février 2020, Sexualité, seins nus et Cour de cassation

août 2018, Nudité ou burka sur les plages, à chacun son propre choix

janvier 2015, Christiane Lecocq, la liberté d’être complètement à poil

Nudité, naturisme et conventions sociales Lire la suite »

Le taux de privation, simplicité obligée

Contrairement au taux de pauvreté monétaire, basé sur les revenus des ménages, le taux de privation matérielle et sociale est une autre manière de mesurer la pauvreté. Il est défini par l’UE comme la part de personnes vivant en logement ordinaire ne pouvant pas couvrir les dépenses liées à au moins cinq éléments de la vie courante sur treize considérés comme souhaitables, voire nécessaires, pour avoir un niveau de vie acceptable.

Les privations considérées sont les suivantes :

– Ne pas avoir de voiture personnelle pour des raisons financières ;

– Ne pas pouvoir maintenir son logement à bonne température pour des raisons financières ;

– Ne pas pouvoir remplacer des meubles hors d’usage pour des raisons financières ;

– Avoir des impayés de mensualités d’emprunts, de loyer ou de factures d’électricité, d’eau ou de gaz ;

– Ne pas pouvoir dépenser une petite somme d’argent pour soi sans avoir à consulter quiconque ;

– Ne pas pouvoir faire face à des dépenses inattendues ;

– Ne pas avoir accès à internet pour des raisons financières ;

– Ne pas pouvoir retrouver des amis ou de la famille au moins une fois par mois pour boire un verre ou pour un repas pour des raisons financières ;

– Ne pas avoir une activité de loisirs régulière pour des raisons financières ;

– Ne pas pouvoir s’offrir une semaine de vacances hors de son domicile pour des raisons financières ;

– Ne pas avoir deux paires de bonnes chaussures pour des raisons financières ;

– Ne pas pouvoir avoir un repas contenant des protéines au moins tous les deux jours pour des raisons financières ;

– Ne pas pouvoir acheter des vêtements neufs.

LE MONDE avec AFP : Le taux de privation a atteint 14 % en France métropolitaine début 2022, son plus haut niveau depuis sa création en 2013. Cette hausse est notamment due à l’augmentation des prix de l’énergie : 10,2 % des ménages déclarent ne pas pouvoir chauffer suffisamment leur logement, contre 5 % en 2018.

Le point de vue des écologistes qui économisent

Ibrahim Saw : Bonne nouvelle donc puisque la vertu est du côté de la sobriété !

Ours : Malheureusement presque tous les critères, qui sont « pour raison financière », excluent la sobriété volontaire.

M-K LYON : en effet le site de l’INSEE ne parlent pas de sobriété choisie, se priver de quelque chose pour des raisons écologiques.

Frog : J’ai pensé des choses similaires en lisant l’article. Si on ne dit pas en grosses lettres « POUR RAISONS FINANCIERES », c’est ridicule. Car plein de gens font le choix de ne pas consommer plein de choses – viande, avion et même voiture…

Pat Cartier : « Le taux de privation dépend beaucoup de la composition des ménages, observe l’Insee : il atteint 6,8 % parmi les couples sans enfants, 15,8 % chez les personnes seules, et 31,1 % dans les familles monoparentales. » Il me semble indispensable de faire connaître cette répartition aux lycéens-lycéennes, par l’intermédiaire des cours d’économique et social ou par le truchement d’une campagne de communication. Ils-Elles doivent avoir cette info : sans enfants, la vie est plus libre… et plus riche. Ensuite ils en feront ce qu’elles voudront !

Pommepoirescoubidou : Se priver ? 12 millions de fumeurs quotidiens, à 13/20 ème de paquet en moyenne déclarée par jour, pendant 365 jours, à 10,5 € le paquet en moyenne, c’est égal 30 milliards d’euros par an. De quoi offrir environ 5 paires de chaussure par an à 100 € aux 67 millions de Français.

Marine Le Pen, son programme : Nous pratiquerons, dans tous les domaines, une écologie positive, notre projet tourne la page de l’écologie punitive… L’impasse énergétique provoquée par la préférence irrationnelle pour les énergies renouvelables provoque la précarité énergétique de millions de ménages… Les Français pourront continuer à sortir leur famille en voiture, à prendre des bains chauds, à apprécier le feu de bois dans la cheminée et à fêter Noël ! Tous les discours qui font de chacun un coupable quand il prend sa voiture, fait couler un bain chaud ou mange une entrecôte, ont pour seule fonction de ne pas mettre en question le système du libre-échange… Nous devons inventer, innover, transformer ! Ce n’est pas la croissance qui doit s’arrêter, c’est le contenu de la croissance qui doit changer… La France n’a pas à sacrifier le bien-être de sa population pour corriger les erreurs ou les abus des autres pays…

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Éloignement de la nature, violences urbaines

Nous avons entassé des populations fragiles issues de l’immigration dans des cités qui se transforment en ghettos et en poudrières, pour peu que des dépressions économiques, du racisme et des violences s’en mêlent. Mis en cage, certains animaux se tuent ou deviennent dépressifs. Socialisés en appartement, sur le béton et l’asphalte, les enfants sont amputés d’une partie de ce qui constitue leur humanité. Il convient d’insister sur la nécessité pour l’être humain d’une relation active à la nature. Sur la base de ce type de constat, l’Organisation mondiale de la santé avait réintégré le jardinage dans les déterminants-clés de la santé.

Marcel Marloie : « De tout temps, l’habitat humain a comporté à la fois le logement et un coin de nature. Ce fut le modèle de la maison avec jardin qui, à l’Exposition universelle de Paris de 1889, avait été considéré comme la meilleure manière de loger le peuple. Ce fut aussi le modèle de la double habitation, à savoir la maison ou l’appartement en ville complétés par la maison de campagne. Un mode de vie qui était privilégié par l’aristocratie dès l’Antiquité, pratiqué dans toute l’Europe par les classes enrichies à partir du XIXe siècle, et démocratisé au XXe siècle avec la multiplication des résidences secondaires. Mais la Charte d’Athènes, rédigée par Le Corbusier à la suite du quatrième congrès international d’architecture moderne de 1933, a vulgarisé un habitat en immeubles collectifs dans lequel le jardin fut remplacé par des espaces verts entretenus par les municipalités, et où les enfants et les adultes n’eurent plus le droit que de regarder et de se promener sans trop courir.

Du fait de l’accroissement de la population, nous n’en reviendrons plus à la maison avec jardin pour tous. Parce qu’il faut juguler l’étalement urbain destructeur des sols, il nous est impossible de généraliser la résidence secondaire. Mais il est possible de démocratiser encore plus le modèle de la double habitation en complétant le logement en ville par l’accès à une parcelle dans un collectif de jardins. J’entends par « collectif de jardins » ce que nous appelions autrefois en France les jardins ouvriers. Pour ne citer que les collectifs de jardins, environ 1 % des citadins français y disposent d’une parcelle contre 4 % en Allemagne, 12 % en Pologne… les enfants socialisés dans ces conditions s’y épanouissent, les familles sont plus résilientes aux crises, la biodiversité, le climat et la démocratie en bénéficient. Il ne fait guère de doute que cela pourrait faire régresser la violence urbaine. »

Le point de vue des écologistes jardiniers

Camtaoij : Dans ma ville (environ 100000 habitants), il est très facile d’obtenir un jardin ouvrier, ça coûte une vingtaine d’euros par an pour 200 m2. Mais on n’y croise jamais les jeunes des quartiers défavorisés, qui sont pourtant à proximité. Ce sont principalement des retraités, principalement des hommes, et pas spécialement défavorisés (des boomeurs cisgenres blancs, comme diraient certains bas-de-plafond). Donc, oui, je crois que ces jardins sont une très bonne chose, mais est-ce que ça correspond à une demande de la population que l’auteur voudrait toucher ?

Rompiscatole : Les jeunes de banlieue sont à moins d’une heure de la campagne et des magasins à piller sur les Champs-Élysées.
Ils choisissent les Champs-Élysées.

Michel SOURROUILLE : L’autosuffisance individuelle est quasiment inatteignable : seul, vous êtes vite confronté à vos limites. Vous pouvez éventuellement faire un petit potager, mais pas davantage. La coopération entre individus est nécessaire, essentielle. C’est pourquoi l’autoproduction c’est aussi un réseau de liens. C’est d’ailleurs une des motivations de ceux qui s’investissent dans les jardins potagers. Quand on a beaucoup de tomates, on en donne aux voisins, à la famille. On troque avec d’autres jardiniers. L’autoproduction c’est aussi une voie vers la décroissance. Elle va avec une forme de sobriété.

Mike Davis : Un étonnant changement collectif de mode de vie eut lieu à l’échelle des Etats-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale en l’espace de quelques années. Le gouvernement américain mit en place toute une organisation afin d’aider à l’effort de guerre, dont les « jardins de la victoire » furent le symbole. On compta près de vingt millions de jardins potagers communautaires ou familiaux en 1943. L’autre pan de cette économie de guerre domestique portait sur les transports : covoiturage, bicyclette. Enfin le Bureau de la défense civile encouragea une consommation rationnelle, c’est à-dire ne consommer que « ce qui est nécessaire » et passer ainsi d’une « économie de gaspillage » à une « économie de préservation ». Aujourd’hui, un site  proclame : « Planter un jardin de la victoire pour combattre le réchauffement climatique réduirait la pollution que votre nourriture contribue à produire en amont. » On peut aussi penser au mouvement émergent des villes dites en transition, essayant, cette fois à l’échelle d’un territoire, de modifier nos manières de vivre (de consommer, de produire, etc.). Car on ne peut pas vraiment dire que ce soit les Etats qui se soient jusqu’à présent mobilisés sur les questions écologiques !

Pierre Angulaire : 95 % des familles seraient aujourd’hui incapables de s’occuper d’un jardin potager et de produire des légumes, un potager demande beaucoup de temps (pas seulement une heure de transports), de l’énergie (même quand il fait chaud), de l’eau, de la disponibilité (adieu les vacances d’été si on ne veut pas tout trouver desséché par l’été). Le jardin potager, ça sera pour dans 50 ans, quand les grandes villes auront été abandonnées.

Éloignement de la nature, violences urbaines Lire la suite »

Rendre inabordable le véhicule électrique !

« Rendre abordable le véhicule électrique ». Ce titre de l’éditorial du MONDE (13 juillet 2023) est un non-sens. En voici les points essentiels, ils méritent tous d’être descendus en flamme. Nous nous contenterons des commentaires sur lemonde.fr qui sont porteurs de la nécessaire rupture écologique en matière de déplacement.

éditorial du MONDE

L’Union européenne a fixé le cadre réglementaire en interdisant la vente de voitures à moteur thermique dès 2035…

– Dispositif Macron de location avec option d’achat à 100 euros par mois afin de permettre aux ménages modestes d’accéder au véhicule électrique…

– Absence de voitures susceptibles d’être finançables dans ce cadre subventionné…

– Véhicule électrique un vecteur de la réindustrialisation…

Le choix allemand de privilégier les marges par rapport aux volumes des ventes…

– Changer de motorisation sans chercher à insuffler un autre rapport à l’automobile…

– Travailler sur une offre plus abordable devient une urgence.

Le point de vue des écologistes à vélo

Michel SOURROUILLE : Étonnant la perte du sens de l’histoire par cet éditorial. La voiture en tant que consommation de masse n’a qu’un siècle d’existence. Dans un siècle il n’y aura plus du tout de véhicules personnels « abordables » pour tout un chacun. Le pillage des nappes fossiles a permis cette folle généralisation d’un véhicule abordable » qui rend la voiture indispensable alors qu’il y a un siècle, il fallait faire sans voiture aucune ! La raréfaction du pétrole ET l’impossibilité de ressources électriques suffisantes pour persévérer dans la consommation de masse d’automobiles, qu’ils soient thermiques ou électrifiés. Sans compter que l’impact écologique d’un véhicule électrique est énorme, et sera multiplié par le nombre de conducteurs…Dévoiturage devrait être le seul mot éditorialisé pour un média conséquent et conscient !

RegardCritique : Le gvt continue de raconter des fables pour endormir les citoyens, car la mobilité électrique individuelle et pas cher du future, c’est soit la trottinette soit le vélo. Le SUV électrique, ça va pas être pour tout le monde: et tant mieux, car c’est tjs aussi débile de transporter 1., personne en moyenne dans une voiture 5 places, même si elle est électrique.

Pascal 246 : Je comprends pas cette obsession qu’ont certains avec la bagnole… Électrique ou pas. C’est une nuisance. Ça consomme des ressources, de l’énergie, c’est individualiste, facteur de ma-tu-vu, et c’est sans FIN ! Purée, vous pouvez pas vous concentrer pour plaider pour une meilleure répartition/efficacité des transports en commun ? ‘

Astarianelle : 90% des Français font moins de 15 kilomètre par jour. Pourquoi ils veulent absolument une voiture ? Pourquoi ne pas circuler en vélo ?

Danny : Il est peut-être temps de se demander s’il n’y a pas trop de voitures, non?

GuPi : La voiture, c’est fini. Il faut penser autrement pour les prochaines décennies. Creusons nous la cervelle et laissons la voitures aux 1,4 milliards de Chinois.

T.R. : Tout à fait, il serait si simple d’aller travailler… à pied !

Atseuc : Quand votre voiture se fait bombarder par des grêlons de la taille de golf comme hier soir à Grenoble cela fait réfléchir…sur l’adaptation!

Vibe42 : Quel est l’intérêt de continuer sur le même modèle consistant à devenir propriétaire d’une voiture ? Des voitures il y en a partout. Les réseaux sont saturés, c’est dangereux pour les mobilités douces, ça demande de très grandes surfaces bitumées hideuses et contribuant fortement aux îlots de chaleur. C’est stressant et fatiguant. Il y a un modèle de développement à pousser, c’est celui de la ville du quart d’heure, des voies vertes et de l’auto-partage pour les quelques cas où on a besoin de la voiture. Être moins dépendant de la voiture c’est pas seulement plus confortable, plus économique, ça réduit aussi notre dépendance énergétique dans un contexte de crise. Le principe de précaution et le sens des limites doivent prévalloir.

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Blocage palliatif sur la fin de vie

L’association ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité) a été fondée en 1980.Dans un récent sondage commandé à l’Ifop par l’ADMD (octobre 2022), les Français expriment leur rapport à l’aide active à mourir. 78% des Français attendent de la convention citoyenne sur la fin de vie qu’elle légalise l’aide active à mourir ; 79% des Français se disent confiants dans un médecin qui se déclarerait favorable à l’euthanasie ; 77% des Français se disent confiants dans un médecin qui déclarerait pratiquer des euthanasies ; 82% des Français considèrent l’euthanasie et le suicide assisté comme des soins de fin de vie à part entière.

Les spécialistes des soins palliatifs ne sont pas de cet avis ! Alors que la ministre Agnès Firmin Le Bodo est chargée d’élaborer le texte, la méthode de coconstruction avec les parlementaires et les soignants, voulue par l’exécutif, suscite des critiques.

Béatrice Jérome : Ce texte sur la fin de vie promis par Emmanuel Macron pour la « fin de l’été » devait créer un nouveau droit, celui d’une aide active à mourir sous la forme du suicide assisté et/ou de l’euthanasie. Mercredi 14 juin, en ouverture du congrès de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP), Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé , a multiplié les gages de sa volonté d’« écouter » les soignants : « Il est nécessaire de trouver un équilibre, a-t-elle insisté, entre l’ouverture d’un nouveau droit pour les Français et les préoccupations légitimes des professionnels. » Fer de lance de l’opposition à une évolution du droit, la SFAP a fédéré une bonne douzaine d’organisations représentatives du monde médical et des sociétés savantes qui militent contre l’aide active à mourir : « Donner la mort n’est pas un soin ».

Le point de vue des écologistes ADMD

Michel SOURROUILLE : Incroyable, un article qui se centre sur les soins palliatifs sans jamais énoncer le résultat de la convention (officielle) sur la fin de vie : La mise en pratique de « l’aide active à mourir », expression qui recouvre tous les moyens d’accélérer la fin de vie, est voulue par 76 % des participants à cette convention. Certes, une grande partie des soignants est opposée à l’euthanasie, mais cette opposition finira par disparaître une fois la loi votée comme ce fut le cas pour l’IVG [interruption volontaire de grossesse]. Le changement de paradigme est dur à avaler pour certains, mais en démocratie ce qui compte ce n’est pas le pouvoir de soignants, mais la libre volonté des patients…

MEKEDA : Il est révoltant que le texte soit « co-construit » comme ils disent avec les soignants. Clairement ce n’est pas leurs oignons. Je n’ai voté pour aucun d’entre eux et ma vie n’appartient qu’à moi seule. On donne à ces soignants le droit de prolonger la vie souvent au delà du raisonnable, est ce plus éthique? Absolument pas. Nous personnes âgées ne voulons pas être transformés en légumes, nous voulons garder la main sur notre mort. La fameuse sédation prolongée : nous faire mourir sans savoir ! Horreur !!! Gardons les moyens financiers pour soigner les jeunes, c’est plus important.

Geisberg : N’oublions pas que tant que nous restons en vie, nous sommes une source de revenus pour les soignants. Le serment d’Hippocrate a bon dos.

BOUL : En quoi les soignants sont-ils concernés pour s’opposer au suicide assistés ? Ce sont les curés des temps modernes ?

Linfirmier : Il faut arrêter d’inclure tous les soignants la dedans. Les seuls soignants qui sont contre c’est les médecins. Côté infirmiers, une très très grande majorité est pour une aide active à mourir. Pourquoi est ce qu’on est pour, tout simplement parce que c’est nous qui sommes auprès des patients, qui voyons leurs douleurs et leurs détresses. Au contraire des médecins qui malheureusement n’ont pas l’envie ou le temps pour ces patients, et surtout ils ont tellement peur d’aller en prison que les doses de morphines et autres sédatif sont trop faibles pour soulager les patients.

75j :  » il est heure de mourir lorsqu’il y a plus de mal que de bien à vivre, et que de conserver notre vie à notre tourment et incommodité, c’est choquer les lois mêmes de nature  » (Montaigne, Essais I 33)

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Convention sur la fin de vie, le manifeste

extraits : Nous sommes 184 citoyennes et citoyens tirés au sort, riches d’une diversité d’origines, d’expériences et d’opinions…Nous avons abordé la question de l’aide active à mourir (suicide assisté et euthanasie) dans ses dimensions éthiques, médicales, philosophiques et spirituelles. Après en avoir largement débattu, la majorité de la Convention s’est prononcée en faveur d’une ouverture à l’aide active à mourir…

Fin de vie et arrêt des soins palliatifs

extraits : Il nous paraît hallucinant que le gouvernement ménage d’emblée le corps des médecins gagnant leur vie par les soins palliatifs et l’acharnement thérapeutique au détriment des usagers, ceux qui ont personnellement besoin qu’on arrête de les « aider » à survivre… C’est le libre choix des personnes qui doit l’emporter, que ce soit dans le cas de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) ou dans le cas de l’interruption volontaire de vieillesse (IVV). Sinon il y a de toute façon avortement clandestin ou suicide. Les politiques ne doivent ni suivre le changement social en matière de vie et de mort ni le précéder. Il doivent l’accompagner…

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Eco-anxiété, les jeunes à la peine (de mort)

La psychiatre Antoine Pelissolo : « La crise environnementale est un parfait sujet d’anxiété. Il est potentiellement très grave, nous n’avons pas de prise directe, nous sentons le danger approcher… Il peut donc devenir envahissant, alimenter une sensibilité à la dépression, et priver les soignants de leviers pour remobiliser la personne, comme la projection dans l’avenir. » Les adolescents que reçoit la psychiatre Marion Robin ne se privent pas de lui faire savoir que« les adultes ont bousillé la planète ».

Nicolas Santolaria : L’autre jour, j’étais parti pour acheter un pack d’eau pétillante et je me suis fait remettre à ma place par mon fils aîné. « Papa, ça fait beaucoup de plastique, tout ça ! » La répartition différentielle des charges s’effectue en fonction des âges, mais ur les jeunes épaules pèse plus lourdement la « charge environnementale ». En atteste par exemple le titre du dernier Okapi reçu par mon fils aîné : « Climat : le temps de l’action ».Comme ils vivront, en moyenne, plus longtemps que les adultes d’aujourd’hui, les enfants auront plus de risques de voir les effets démultipliés du réchauffement, d’en éprouver les conséquences délétères, de sentir arriver l’été non plus comme un bonheur mais comme le climax angoissant de l’année.

Les effets plombants de cette charge pesant sur les enfants (et les jeunes adultes) peuvent s’appréhender au travers des résultats de l’enquête collective « Il est temps », Des 133 questions posées aux jeunes d’Europe et d’Asie, il ressort que 55 % des 16-34 ans pensent que leur avenir sera « plutôt pire » que celui de leurs parents. A 84 %, les sondés se sentent pessimistes face au dérèglement climatique et se projettent dans des angoisses très concrètes : vivre une guerre (41 %), griller à petit feu (18 %), souffrir de faim et de soif (16 %). La charge environnementale pèse d’autant plus lourd sur ces épaules juvéniles que les enfants sont à la fois tenus à l’écart des décisions qui auront un impact direct sur eux et, dans le même temps, affublés d’un costume un peu trop grand de messie climatique.

Comment se détendre sur une plage à l’autre bout du monde quand vous fabriquez en même temps pour votre petit dernier un avenir de fournaise ? Je n’ai pas forcément la réponse, mais en attendant je boirai un peu moins d’eau pétillante.

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Eco-anxiété, dépression verte, « solastalgie » (2019)

Écologie, la peur peut être bonne conseillère (2021)

L’écoanxiété a-t-elle besoin d’être soignée ? (2021)

La jeunesse s’inquiète des chocs écologiques (2022)

Pour rire jaune, quelques commentaires sur lemonde.fr

Tanith : Perso, je ne culpabilise plus depuis que je commande mon eau en bouteilles consignées. Et en plus je ne sors plus la poubelle des recyclables qu’une fois par mois. Mes gamins approuvent ! Normal, c’est eux qui sortent les poubelles.

Vera : Très bien tout ça… et pourquoi ne pas arrêter totalement l’eau pétillante ?

Loubera : Parce que c’est bon, tout simplement. Arrêtons donc le rouge à lèvres, le coiffeur, le rasage quotidien, les jolies chaussures et les sneakers seyants, les portables et les voitures, etc.

Vesoul : Mourir de faim et de soif, cela existe déjà dans de nombreux pays……..

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Un politique se doit d’incarner ce dont il est porteur

Chantal Jouanno, secrétaire d’État à l’écologie de 2009 à 2010 : « Le défi écologique est passionnant car il nous oblige à retrouver un nouveau destin collectif. L’homme politique, dont la mission première est la gestion de la Cité, devrait être l’apôtre des questions écologiques et éthiques. Je crains que mon expérience politique, si jeune et courte soit-elle, ne puisse confirmer cette espérance qui tient presque de la vertu théologique. »

En tant que citoyen, je ne sais pas trop comment agir. Faut-il agir dans un parti ? Aucun parti, par nature pyramidale, n’est propice à la réflexion écologique. Faut-il réfléchir ou agir ? Nous ne pouvons changer notre destin sans nous changer nous-mêmes. Le destin collectif implique la transformation des individus. Comme le colibri, chacun doit faire sa part, contribuer à sa modeste mesure, se sentit lié, dépendant, responsable des autres. Cette conscience en totale contradiction avec l’aspiration individualiste et consumériste, je refuse de l’imposer par une voie politique.

Il est trop aisé, au nom de la science et de la nécessité collective, d’imposer une uniformisation des vies et des mœurs, uniformisation qui est le fondement de l’intégrisme. La transformation des individus est un choix qui appartient à chacun. Mais il appartient au politique d’inspirer, d’incarner.

  • Le politique se doit d’incarner une nouvelle conscience collective dans ses choix individuels. J’ai choisi de ne consommer qu’exceptionnellement des animaux, de rouler en véhicule électrique ou de marcher, de pratiquer une activité physique quasi-quotidienne. J’ai encore un long chemin à faire dans la découverte de la méditation et de l’empathie, dans la découverte de nouveaux chemins. Mon cheminement crée beaucoup de réactions cyniques, amusées, parfois hostiles. C’est un chemin que j’hésite encore à revendiquer pleinement. Et pourtant, il est de ma responsabilité politique d’incarner ce que je défends.
  • La deuxième mission fondamentale du politique qui choisit cette nouvelle voie de l’écologie est de remettre en question le modèle éducatif. L’homme ne peut se changer lui-même s’il est conditionné à obéir, à se formater, à privilégier la norme sur le savoir. Les débats politiques se concentrent sur le contenu des programmes éducatifs, alors que l’enjeu principal est celui de la méthode pédagogique. Dès le plus jeune âge, il nous faut asseoir et ne plus bouger, contre les aspirations même de notre corps. Nous devons repenser les fondements d’un système pour passer de l’éducation à l’émancipation, organiser des équipes par classe, réintroduire l’animal et la nature dans la vie quotidienne de la classe.

Source : chapitre Temps court, confiance et espérance : les options du politique in L’Homme peut-il accepter ses limites ?, Livre de Bernard Swynghedauw et Jean-François Toussaint (éditions Quae, 2017)

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Désinfluenceur, pour dire déconsommation ?

Les critiques se durcissent à l’encontre des « influvoleurs » qui pratiquent notamment le dropshipping (comprendre : la vente à des prix élevés de produits de piètre qualité). La désinfluence (#deinfluencing) émerge au moment même où les escroqueries virales se multiplient. Le hashtag #deinfluencing comptabilise plus de 500 millions de vues sur TikTok, le hashtag #ootd [outfit of the day, soit “look du jour”, en français] représente à lui seul 100 milliards de vues.

Il devrait être évident pour tous les citoyens que n’importe quelle publicité est faite pour provoquer la surconsommation, donc l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Du point de vue des écologistes, la publicité, qui n’est qu’une forme sournoise de propagande, devrait être interdite. Comment continuer à accepter qu’il soit autorisé de faire le vide dans les cerveaux pour inciter à boire du Coca Cola ou à rouler en SUV ?

Sophie Abriat : La tiktokeuse Michelle Skidelsky (147 000 abonnés), acheteuse compulsive repentie, liste dans ses vidéos des produits à la mode « dont vous n’avez pas besoin ». Les désinfluenceurs s’inscrivent à contre-courant de la tendance populaire du haul (« butin »), qui, sur TikTok, consiste à déballer face caméra des montagnes de produits achetés lors de virées shopping. Mais la plupart du temps, ces créateurs de contenu suggèrent à leurs followers des produits alternatifs ! Beaucoup d’observateurs dénon­cent une forme de « greenwashing de l’influence », une posture écolo qui surferait sur la tendance à la déconsommation.

Lire, dévoiturage, dépublicité, détwitter

Le point de vue des écologistes casseurs de pub

La publicité a été inventée en 1899 aux Etats-Unis et les annonces insérées dans les journaux se contentaient de transcrire les arguments utilisés par les vendeurs dans les magasins. Mais les sociétés occidentales sont devenues si riches que les consommateurs n’avaient plus besoin d’acheter une grande partie de la production : pour éviter la dépression, on a généralisé la publicité. Les entreprises profitent de l’indéterminisme des désirs humains pour imposer leurs propres produits, les spécialistes du conditionnement ont instauré le règne du vieillissement psychologique des biens et des services. Ils utilisent principalement le dualisme psychologique imitation/différenciation pour lancer les nouveautés et agissent par le matraquage publicitaire qu’autorise leur puissance financière.

Michel SOURROUILLE : Le 8 juin 1970 j’écrivais ce qui me semble toujours d’actualité : « Qu’est-ce que la violence quand les affiches publicitaires agressent l’homme qui pense. La publicité, c’est un conditionnement absurde à acheter l’inutile, l’appel au sexe subi, à l’orgueil, à la puissance et à l’envie. C’est nuisible. » En mars 1971, j’étudie La persuasion clandestine de Vance Packard : « Il est impossible d’établir comme postulat que les gens savent ce qu’ils veulent. Il est même dangereux de croire les gens capables d’une conduite rationnelle… Par homme, femme ou enfant d’Amérique, 53 dollars furent dépensés en 1955 pour le ou la persuader d’acheter… Certaines sociétés de produits de beauté se mirent à dépenser en publicité ¼ de ce que rapportaient leurs ventes… La publicité vient de créer le vieillissement psychologique des choses, grâce entre autre au phénomène de mode. Plus est grande la similitude des produits, moins le rôle joué par la raison dans le choix de la marque est important… »

Tout peut se voir reconnaître une valeur par le cerveau bizarre des Homo sapiens, même des choses absurdes comme subir une influence pour se guérir de l’influence et déconsommer en achetant une marque plutôt que d’autres. Penser à dépenser ou de pas penser à dépenser, se faire dés-influencer par des influenceurs soi-disant repentis qui finalement nous influencent en nous dés-influençant. Que le monde actuel est beau ! Attendez, et si on évitait les réseaux d’influence, tiktok, etc. ?

Il y avait une époque où on contestait la publicité, la jugeant non seulement inutile mais nocive. Mais aujourd’hui les humains sont devenus des marchandises comme les autres, ils se vendent, il sont achetés, ils sont jetés. La consommation inutile est destructrice de ressources, refusez toute publicité, refusez la lobotomie, devenez casseurs de pub.

Pour en savoir plus sur la machine à décerveler

Publicité, désinformation et dévastation du monde (2013)

Action municipale contre la publicité, autres actions… (2014)

Ascèse ou désir, l’emprise de la publicité sur nos vies (2015)

Faire disparaître les riches, l’innovation… et la publicité (2016)

publicité pour Nutella = disparition des orang-outan (2018)

Tout savoir sur la publicité qui nous dévore (2020)

Publicité et lutte pour le climat, le fiasco (2021)

Publicité, une agression caractérisée (2022)

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Vincent Bolloré, le diable déguisé en CNews

Sa richesse dépasse les 8,5 milliards d’euros.  Sa foi le poussait à se rendre, chaque année, en pèlerinage à Lourdes en jet privé. Mais il est très dangereux de dire non au très pieux Vincent Bolloré. Les cadres sont choisis d’abord pour leur loyauté, les rebelles licenciés. Les médias désireux d’enquêter sur son groupe s’exposent à des poursuites ou à des résiliations de budgets publicitaires. Même le milieu du cinéma français, pourtant prompt aux harangues, reste totalement muet. Canal+ est le financeur en chef du secteur, et aucun acteur n’ose même chatouiller M. Bolloré. Lorsque le fils Bolloré, Yannick, se voit opposé l’invitation sur CNews de Renaud Camus, le théoricien du « grand remplacement », la plate-forme offerte au tribun d’extrême droite Eric Zemmour ou encore les saillies complotistes entendues dans l’émission de Cyril Hanouna sur C8, il répond dans un sourire charmeur comme si seul comptait le spectacle : « Il n’y a pas de projet idéologique, il y a des programmes qui intéressent les téléspectateurs, et le succès de CNews est la meilleure preuve que la diversité et la liberté d’expression rencontrent un public ».

Vincent Bolloré partage l’idée particulière que le catholicisme est un rempart contre la décadence de l’époque. Son devoir, pense-t-il, est d’utiliser aussi longtemps qu’il le peut son pouvoir pour la défense de l’« Occident chrétien ».

Le point de vue des écologistes universalistes

Artemis purple : Une personne qui se rend tous les ans à Lourdes en jet privé. Tout est dit.

Pr@guematique : Très pieux!! C’est crédible ça? Avec tous ses coups tordus en Afrique et en France il n’a pas vraiment pas intérêt à ce que Dieu existe…

Waïss-Bey 2 : Il ne se trouve donc personne pour l’informer que Dieu n’existe pas ?

Chronos : Le gars qui fait tout, depuis des années, pour que l’extrême-droite prenne le pouvoir…

Pangeran : Ce type a tout de même réussi à massacrer Canal+, magouille dans l’édition (après avoir longuement magouillé en Afrique), admire Hanouna (dont on ne sait pas au nom de quoi il défendraient l’Occident Chrétien, en tous cas il émet ses sentences, des oukazes infâmes), les animateurs de CNews s’écharpent et font du buzz sans jamais traiter un problème sur le fond. Tout cela est d’une qualité crasse. Ce n’est pas ainsi que l’on peut défendre les valeurs de l’Occident Chrétien. Les valeurs de l’Occident Chrétien : voilà un thème qu’il aurait intéressant de développer.

Lapetitesouris : L’occident chrétien et ses belles valeurs, ce sont des centaines de milliers de victimes d’abus sexuels et physiques répertoriés rien qu’en France le siècle dernier. C’est une secte juste devenue trop grosse pour tomber.

Michel SOURROUILLE : L’Occident Chrétien pour Bolloré, si je résume, c’est de faire des affaires en écrasant les autres et d’imposer par le pouvoir de l’argent son point de vue en cassant tout opposant. Il n’a pas du tout la même lecture des Évangiles que j’ai pu faire quand j’étais jeune. Vincent est un mégalomaniaque de plus, engeance qui prolifère dans le milieu très très friqué, donc rien de nouveau sous le regard de Dieu qui s’en fout complètement. Le gros problème, c’est que le fait que la planète est au pillage, tous ces gens-là s’en foutent complètement… ce qui les intéresse, c’est le jeu du pouvoir pour le pouvoir. Le XXIe siècle devrait être l’ère de la conversion à l’amour de la nature, ce sera comme d’habitude mais à plus grande échelle détérioration de l’environnement et conflits socio-politiques en tous genres, y compris la nouvelle croisade de l’Occident Chrétien contre tous les mécréants.

Raphaëlle Bacquet et Ariane Chemin : Opposé au suicide assisté, le milliardaire Bolloré se passionne pour ce débat sur la fin de vie qu’Emmanuel Macron veut encadrer dans une nouvelle loi. Son nouveau projet s’appelle « Bien mourir ». Vincent Bolloré le destine aux résidents d’Ehpad et le proposera sans doute sur des tablettes offertes aux pensionnaires des maisons de retraite qu’il finance sans bruit. S’y déroule un « parcours » en plusieurs étapes pour mieux se préparer à la mort : faire la paix avec soi-même, parler à ses enfants, ou, pourquoi pas, écrire un « récit de vie », sorte de petite autobiographie à transmettre à ses descendants. C’est la mort qui se rapproche, et, pour le très pieux Bolloré, cette obsession s’accompagne de la lancinante question du salut. Il prépare son ciel. Pas si facile, quand on connaît, comme lui, le chapitre 19 de l’Evangile de Matthieu : « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. »

Jean-Pierre Peyrard : Bolloré est l’incarnation parfaite de l’équation capitaliste « être = avoir ». Il nourrit le fantasme « plus j’ai, plus je suis, moins je meurs ») et offre aux autres l’au-delà de la compensation (les pauvres ici-bas devenant les riches spirituels dans le paradis). Un petit garçon à la foi pathétique et un capitaliste au calcul impitoyable.

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