politique

L’héritage de Silvio Berlusconi, désastreux

Berlusconi est mort, son héritage est toujours là : la fin de la démocratie politique. Sa révolution soft érige la publicité commerciale en langage universel. Elle remplace le citoyen par le client. Ses télévisions inventent un nouveau genre de communication qui, abdiquant toute intention pédagogique, triomphe grâce à la proximité, l’horizontalité, le flot dans lequel le téléspectateur est constamment plongé sans jamais se mouiller. C’est à la fois le règne de la consommation, du spectacle et de la communication de masse. Laissons la parole à un Italien.

Antonio Scurati : « Silvio Berlusconi préfigure l’avenir des démocraties occidentales. L’avènement des chaînes de télévision commerciales à diffusion nationale inaugurées en 1980 – à l’occasion d’un championnat de foot – nous fait entrer dans une nouvelle ère : la lumière des tubes cathodiques signifie que le temps du carême est fini. Finis, la politique, les idéologies, les projets révolutionnaires… les chaînes télé de Fininvest [nom de la holding fondée par Silvio Berlusconi] ne mènent pas à Pâques, mais à une consommation hédoniste effrénée alimentée par une profusion de marchandises. Le communisme avait promis la satisfaction des besoins essentiels pour tous. Le berlusconisme, lui, garantit le luxe pour tous et la multiplication exponentielle des désirs inassouvis. Optimisme égale consumérisme. C’est la clé du succès, la pierre philosophale de la croissance infinie, le mantra de la démocratie de masse. Silvio Berlusconi se présente comme un homme du peuple pour le peuple, à condition que le peuple renonce à lui-même. Désormais, la télé est toujours allumée. Elle retransmet vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Elle est gratuite, n’a pas de couleur, pas d’odeur, comme l’argent. Les animateurs des talk-shows berlusconiens nous répètent sans fin que nous n’avons pas à étudier, à grandir, à évoluer, que nous sommes bien tels que nous sommes, que nous pouvons enfin être nous-mêmes. Ils ne sont là que pour nous apporter un peu de distraction, de divertissement.

La descente de Silvio Berlusconi sur le terrain politique dans les années 1990 étend ce type de récit à tous les aspects de la vie personnelle et sociale et cède toute la place à ce rêve miraculeux. S’oublier dans l’abondance. Son slogan électoral le proclame explicitement, annonçant « un nouveau miracle italien ». Ce rêve nous a coûté très cher. Durant les trente années qu’a dominé la vision kaléidoscopique berlusconienne, la dette publique a explosé, la planète s’est horriblement réchauffée et l’Europe est redevenue un champ de bataille. En cours de route, nous avons perdu la possibilité d’éduquer nos enfants (remplacés d’abord par la télé, puis par Internet), d’instruire nos élèves (à quoi sert la connaissance, après tout ?). Nous nous sommes découverts tout à la fois bêtes et naïfs : on ne croit plus à rien, mais on gobe tout. »

Le point de vue des écologistes casseurs de pub

Etiennesaintlaurentt : Ce qui n’est peut-être pas suffisamment dit dans cette analyse remarquable c’est que le langage de la publicité nous rend aveugles et anéantit toute critique.

Pangeran : Merci Antonio pour ce texte magnifique. Quel portrait de la société telle qu’elle est devenue. Quelle finesse. Quel talent d’utilisation des mots justes collés à la situation ad hoc : « Le temps est venu du désengagement, du retour au passé, d’un présent immuable, d’un avenir qui ne promet rien et qui, en cela, tiendra ses promesses. »

PLB : Ce texte de Scurati peut aussi bien décrire la trajectoire de la France et a fortiori du monde occidental.

Clovis d Harcourt : Ça, c’est la démocratie américaine depuis 60 ans, c’est aussi l’avenir des démocraties en général. Faut voir Trump et tous les autres populistes qui ont ou guignent le pouvoir.

Daniel Cohn-Bendit : Pas d’écologie politique sans autonomie du sujet. Il existe des individus qui peuvent prendre des distances par rapport à leur propre héritage, c’est cela l’autonomie. C’est un travail perpétuel. Le drame et la difficulté, c’est que la société de consommation n’est pas une aliénation extérieure, elle a été intégrée, digérée par les sujets. Elle est devenue la raison d’être d’une grande partie de gens aujourd’hui. Notre imaginaire reste vampirisé par l’imaginaire capitaliste-libéral. Centralité de l’économique, expansion indéfinie de la production, loisirs manipulés…

Michel SOURROUILLE : Janvier 1971, j’ai vraiment compris qu’il fallait sortir de l’aliénation qui pèse sur moi, sur nous tous. Dans la Revue des revues (l’URSS et les pays de l’Est, 1968) : « L’idée centrale de Pavlov, plutôt qu’une mécanique simpliste du réflexe conditionné,  est le déterminisme d’une structure cérébrale dominée par des processus de synthèse des excitations… Après 50 ans de littérature soviétique on a vu, pour la première fois de l’histoire des hommes, des individualités ne pas s’opposer à la société mais se fondre en elle. » Dans Partisans n° 46 : « Le capitalisme moderne ne saurait tenir longtemps par le seul jeu d’un esclavage pur et simple de la classe ouvrière ; il est nécessaire que, d’une certaine manière, l’exploité soit consentant, c’est-à-dire qu’il reprenne à son compte, au niveau de sa propre organisation mentale, les structures économiques qui l’aliènent. Cette prise en compte s’effectue, comme toute opération psychique, sur un registre symbolique. »

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Adolescence, révolte ou soumission ? (2022)

Le portable comme système d’aliénation consentie (2016)

Soumission/ volontaire, comment sortir de cet oxymore ? (2014)

Divertir pour dominer (la culture des masse contre les peuples) (par collectif Offensive, 2010)

La servitude volontaire d’Etienne de La BOETIE (1576)

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Macron, un technolâtre de l’aviation

Le président de la République a annoncé une salve d’investissements pour créer une filière française de biocarburants baptisée « BioTJet ». Macron enfile les oxymores comme des perles : «  avion ultrasobre, appareil zéro émission, des carburants aériens durables, moteur à biocarburant, kérosène durable… »

La voiture propre et la croissance verte passent dans la stratosphère, le greenwashing fait toujours ses ravages.

Guy Dutheil : Le 16 juin 2023, dans l’usine du motoriste Safran, Emmanuel Macron a annoncé une salve d’investissements pour « préparer les ruptures technologiques du secteur de l’aviation et développer le premier avion ultrasobre ». L’Etat veut aider les industriels à accélérer le développement de l’avion de future génération, un appareil zéro émission. Il souhaite aussi maintenir la souveraineté de la France en accélérant « le développement et la structuration de la filière des carburants aériens durables... un moteur capable de fonctionner à l’hydrogène comme avec 100 % de biocarburants … une filière française de production et de distribution de carburants aériens durables à partir du retraitement d’huiles usagées ou de résidus agricoles ou de bois. Macron a fixé l’objectif « de fournir 75 000 tonnes de kérosène durable aux compagnies aériennes » à l’horizon 2030. Il n’a pas oublié les jets privés, dotés de 250 millions d’euros afin de développer des avions d’affaires propulsés par de l’hydrogène.

Le point de vue des écologistes outragés

Laurent1837 : Du kérosène durable, c’est du kérosène qui ne brûle pas ?

Philémon Frog : Le seul but de ce politicien est de développer, « quoi qu’il en coûte » pour la collectivité, des projets qui ne font qu’accentuer les erreurs que nous commettons depuis des décennies et qu’ainsi rien ne change… tout au moins le plus longtemps possible. La croyance en l’adaptation au dérèglement climatique est une forme avancée d’ultra-conservatisme, ce combustible du libéralisme économique. Il est difficile de changer son rapport au monde, mais je ne le comprends pas de la part d’un homme de 45 ans.

Invisio : De mémoire, il y a une dizaine d’année, un certain président avait débloqué des 100aines de millions d’euro auprès des constructeurs automobiles français pour développer des voitures consommant 1l/100. L’argent a bien été dépensé: les ventes de SUV ont explosé.

Forza : L’avion ultra sobre n’existe pas et il n’existera jamais. N’en déplaise à notre communiquant en chef. Les lois de la physique terrestre sont ainsi faites, qu’aller vite, haut et lourd sera toujours très énergivore. Même notre président 3.0 ne pourra changer cet état de fait.

Christophe-Pierre : Ce sera l’annonce de la semaine prochaine : Emmanuel Macron débloque 2 milliards d’euros pour changer les lois de la physique.

Timenewnovel : Vous n’avez pas la chance de voir que nous avons un génie encore mieux que celui de la lampe, Macron ! En plus de peaufiner sa méthode de management par l’absurde de la start-up nation, il prend du temps le soir à la fin de sa journée pour dessiner des avions qui ne seront pas soumis à la gravité..! Et vous râlez, réduit et limité que vous êtes à votre conception passéiste de la gravité terrestre et de la gravité du réchauffement climatique !!

Eric de Strasbourg : Toujours des initiatives dans le sens de la croissance de la consommation. Aucune audace de remise en question de notre manière de vivre. Biocarburant = industrialisation de l’agriculture et de la forêt donc détournement de la terre nourricière vers la consommation inutile.

Thomass : Il existe un avion moins polluant, il roule sur des rails au sol.

Baz-ungah : On oublie trop vite qu’il y a déjà eu un appel à projets « carburants biosourcés » durant le Covid, doté des fonds de relance de l’économie et que cet appel a fait pschittt …. Les biocarburants pour l’aviation, c’est le moteur à eau pour les automobiles.

Blondedunord : le « BioTjet » de Lacq c’est le successeur du Biotfuel apparemment puisque l’on retrouve les mêmes partenaires. Ce projet sera-t-il plus performant que le pilote de Dunkerque construit en 2017 chez Total, qui a produit seulement quelques litres de biofuel, et qui a été arrêté en 2021 après avoir coûté plusieurs millions !

Al2000 : « L’Etat veut aider les industriels à accélérer le développement d’un avion zéro émission.  » Ah, c’est possible ? Comment l’extraction des matériaux, la fabrication ainsi que l’énergie nécessaire à l’ensemble de cycle de vie de ce super avion sera décarbonnés ? Aucune énergie fossile utilisée pour ce projet ? C’est sûr ? J’ai du louper un épisode mais je ne vois pas comment ils vont faire.

Blanky : Macron n’a toujours rien compris. Il ne s’agit pas de faire des avions « propres », mais d’arrêter de les prendre. On est mal barré avec ce président.

Où atterrir : Si tout se passe raisonnablement, les biocarburants permettront tout au plus de faire voler les avions d’utilité publique : canadair, défense aérienne ou fret stratégique. Au pire de faire voler des jets privés de quelques privilégiés. Quoiqu’il en soit, les compagnies aériennes auront mis la clé sous la porte.

Moonslap : On rappelle à Macron une dernière fois, IL N’Y A PAS DE CROISSANCE VERTE POSSIBLE, car bientôt il sera trop tard.

NB : définitions de « technolâtre »

Le technolâtre est une personne qui voue une admiration excessive et souvent irrationnelle envers la technologie. Il considère que les avancées techniques sont toujours bénéfiques pour l’humanité, sans prendre en compte leurs éventuels effets négatifs. Cette attitude se traduit par une confiance aveugle dans le progrès scientifique et technique comme solution à tous les problèmes de société. En somme, le technolâtre sacralise la technologie au point d’en faire l’objet d’un culte quasi-religieux.

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La France commet des crimes anti-écolos

Dans son discours pour la réindustrialisation le 11 mai 2023, Emmanuel Macron appelait à une « pause réglementaire » sur les normes environnementales en Europe. Une critique infondée du projet de taxonomie verte européenne visant à classer les activités économiques selon leur impact sur l’environnement. L’activité humaine détériore de plus en plus gravement tous les fondamentaux de la vie sur Terre, humaine et non-humaine… et pourtant les industriels et les politiques veulent détruire encore et toujours plus. Exemples :

Taxonomie verte européenne : de l’ambition climatique au « greenwashing » standardisé ?

La taxonomie constitue la brique élémentaire du système de finance durable de l’Union européenne (UE). Elle vise à déployer de nouvelles normes pour les obligations vertes – les green bonds –, des emprunts censés financer exclusivement des projets favorables à l’environnement. Depuis son entrée en vigueur, le 1er janvier 2023, la taxonomie verte européenne s’est concentrée sur 90 secteurs d’activité représentant 93 % des gaz à effet de serre émis dans l’UE. Mais la taxonomie n’a pas été encore totalement détaillée. La situation laisse planer des doutes sur la capacité de la taxonomie à définir clairement une activité « verte ». La Table ronde des industriels européen (ERT), lobby des grandes entreprises du continent, presse l’exécutif européen de retarder la mise en œuvre du règlement, évoquant « sa complexité, son imprécision, sa lourdeur et sa faible utilité pour les investisseurs ». Ce projet qui était censé lutter contre le “greenwashing” est devenu un outil incroyable pour “greenwasher”.

L’utilisation pas si durable des subventions européennes à la pêche

Les actions visant à encourager la pêche durable n’a représenté que 17 % des 535 millions d’euros attribués aux entreprises et aux collectivités au titre du Feamp (Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche) en France. Le système d’attribution des subventions est peu favorable aux pêcheurs artisans, qui n’ont souvent pas le temps de remplir des demandes de subventions ; ils sont en mer quatre-vingts heures par semaine alors que les pêcheurs industriels ont des secrétaires et des juristes qui peuvent remplir les (complexes) dossiers et capter un maximum de subventions. La Cour des comptes dans un rapport publié en décembre 2022 : « En dépit de fortes ambitions de soutenabilité et de préservation de l’environnement, les mesures dans ce domaine sont secondaires du point de vue de leur montant et de leur consommation, comparées à celles concernant l’activité productive des secteurs de la pêche et de l’aquaculture. »

En France, la grande mansuétude des autorités envers les entreprises émettrices de CO₂

Chaque année, l’Union européenne (UE) fixe un plafond d’émissions à chaque site industriel sous la forme de quotas, exprimés en équivalent de tonne de CO2. Ces droits à polluer sont ensuite librement échangeables sur un marché commun, où les entreprises en excédent d’émissions de GES peuvent acheter des quotas à celles qui ne les consomment pas entièrement. En cas de dépassement de leurs quotas en fin d’année, les entreprises sont censées s’acquitter d’une amende correspondant à 100 euros par tonne de CO2 excédentaire. D’après une enquête du Monde, aucune sanction n’a jamais été appliquée par l’État français aux sites industriels qui dépassaient leurs émissions autorisées de gaz à effet de serre (GES). Et aucune procédure d’infraction n’a été lancée par la Commission européenne, comme il est pourtant d’usage quand un État membre ne respecte pas le droit européen.

La France est très en retard sur ses objectifs de recyclage, alerte la Commission européenne

Alors que l’objectif européen est de recycler 50 % des emballages en plastique d’ici à 2025, la France stagne sous les 27 %, et se montre incapable de réduire ses déchets ménagers. Sur le plastique, elle stagne en dessous de 27 % de recyclage (et tombe même à 22 % si on prend en compte les nouvelles règles de calculs pour les emballages). Très loin de l’objectif fixé par l’Union européenne (UE) (au moins 50 % en 2025), très en dessous de la moyenne européenne (près de 40 %) et des résultats des champions européens comme l’Autriche ou les Pays-Bas (57 %). Een matière de déchets ménagers, l’objectif européen est d’atteindre au moins 55 % de taux de recyclage en 2025, puis 60 % d’ici à 2030 et 65 % à l’horizon 2035. Alors qu’elle s’était engagée à aller plus vite – 55 % dès 2020 et 65 % en 2025 –, elle plafonne aujourd’hui . Là aussi, la France, à 42 %, reste à la traîne de l’Autriche (58 %) ou de l’Allemagne (67 %)

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Un avenir incertain pour la Sécurité sociale

Qu’est-il de plus insoutenable qu’un système qui redistribue presque un tiers de la richesse nationale ? Le volume des dépenses de la sécurité sociale ont été multipliées par deux depuis 1949, les déficits sont récurrents, le financement des retraites passe d’une loi à l’autre, le RSA (revenu de solidarité active) est actuellement remis en question… mais un collectif d’élèves de l’École nationale supérieure de Sécurité sociale nage dans une vision euphorique de leur futur gagne-pain.

Tribune du MONDE : La Sécurité sociale est-elle menacée par sa dépendance financière à un modèle économique voué à disparaître ? Non, la nécessité de préserver « les conditions soutenables de survie de nos sociétés » ne peut qu’être partagée. Il en est de même pour l’objectif de réduire de façon « massive et drastique la production matérielle et énergétique ». Mais le développement d’activités durables se traduirait par un surcroît de production qui permettrait de financer la protection sociale, voire son extension. La substitution d’activités polluantes par des activités vertes suffirait à limiter notre impact écologique, sans conséquence sur l’équilibre financier de la « Sécu ». De la Sécurité sociale dépendent des centaines de milliers d’emplois de proximité. La croissance n’est en soi ni bonne ni mauvaise, ce sont les choix qui sont faits pour orienter ses fruits vers l’objectif d’un monde meilleur : promouvoir la transition énergétique et les services rendus par la Sécurité sociale. il est de notre responsabilité de créer collectivement les conditions pour que les générations futures vivent mieux que nous, c’est-à-dire qu’elles puissent vivre comme elles l’entendent.

Le point de vue des écologistes réalistes

Michel Brunet : A la fin de la tribune, on lit : « Il est de notre responsabilité de créer collectivement les conditions pour que les générations futures vivent mieux que nous, c’est-à-dire qu’elles puissent vivre comme elles l’entendent. » Comme « elles l’entendent » qu’est-ce à dire? les « nouvelles générations » n’auraient aucune « contraintes » ? faire ce qu’elles veulent comme elles veulent ? çà mériterait d’être plus précis…

P. Degiovanni : Cette tribune pose une vraie question qui concerne tous les services publics et para-publics: quid de notre capacité à les maintenir, voire à les améliorer, dans un monde où l’accès aux ressources et nos impacts environnementaux seront en contraction ? C’est LE grand défi qui va occuper les générations présentes et surtout à venir. Si on y arrive, on aura des chances d’avoir une forme de sobriété heureuse. Si on n’y arrive pas, on aura l’appauvrissement, la régression sociale, puis la montée des haines et très probablement la guerre. Paradoxalement, la conclusion de la Tribune me semble encore ancrée dans le « monde d’avant »: dans un monde fini, l’émancipation ne consistera plus à vivre « comme on l’entend » mais plutôt en pleine conscience des limites de ce monde et de ce dont nous dépendons.

Olivier : Dans le monde de l’ultra redistribution plus personne ne voudra travailler dur et il n’y aura plus grand chose à redistribuer.

Lachcor : La sécu c’est un savoir vivre ensemble avec des règles. L’argent de tous aident tout le monde qui en a besoin. Si tu sors de ce « tous ensemble « et que tu préfères penser que tu peux faire comme tu l’entends et que l’état te dois tout ( comme partir le plus tôt possible à la retraite) et bien ce système est vouer à disparaître ……

Michel SOURROUILLE : Les tenants de la sécurité sociale croient encore à la pérennité de la richesse et à la « société du Care » sans limites. Mais lorsqu’une société se développe au-delà d’un certain niveau de complexité, elle devient de plus en plus fragile. Au bout du compte, on atteint un point où toutes les énergies et les ressources à la disposition d’une société sont nécessaires uniquement pour maintenir un niveau de complexité croissante. Prenons l’exemple de la sécurité sociale, les dépenses augmentent encore plus vite que le PIB. Quand un blocage énergétique surviendra faute de combustibles fossiles, nous n’aurons plus les moyens de financer le système, les malades se retrouveront sans généralistes, les chômeurs ne seront plus indemnisés, les retraités seront à la charge de leurs familles.

Jean- Marc Jancovici  : « Ce que nous appelons « création de richesses » n’est en fait qu’une transformation de ressources naturelles, et tout notre système économique ne consiste qu’à utiliser ces ressources pour en faire autre chose… Enseignants, informaticiens, chercheurs, retraités et vacanciers sont tous des enfants de l’énergie abondante à prix décroissant : rien de tout cela ou presque n’existe dans les pays où l’énergie reste un luxe… Retraites et études longues sont « assises » sur des consommations d’énergie importantes… La contrainte sur l’approvisionnement énergétique futur, qui va venir contrarier la productivité physique de manière forte, aura pour conséquence que le niveau relatif des retraites baissera, et que l’on va probablement pour partie revenir à un système de gestion des personnes âgées économe en énergie, c’est-à-dire… les garder chez leurs enfants. La question n’est pas de savoir si cette organisation est désirable ou non. Les bons sentiments sans kilowattheures risquent d’être difficiles à mettre en œuvre ! »

Jancovici, « sans pétrole t’es plus rien »

Bientôt la retraite à 75 ans, normal !

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Détruire les biens nuisibles à la planète

Sabotages, viser l’industrie du béton est plus que légitime . Ce n’est pas l’avis de l’État qui est aux ordres du système croissanciste. Le 5 juin 2023, des militants accusés de dégradations dans une cimenterie Lafarge ont été arrêtés par des brigades antiterroristes.

Anselm Jappe : L’État n’a pas de honte : il accuse de terrorisme ceux qui ont protesté contre un industriel qui est en lien avec le terrorisme. Rappelons que Lafarge est actuellement mis en examen pour double complicité de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, après avoir négocié avec Daech un droit de continuer son activité lucrative en Syrie. Pour ce soutien, le groupe a été condamné en octobre 2022 par les États-Unis à 778 millions de dollars d’amende. Cela prouve, si besoin était, que le béton, et de manière plus générale l’extractivisme, évoluent au milieu de milices, d’armées privées et de seigneurs de guerre qui exercent des formes de pouvoir particulièrement brutaux. Le système industriel et productiviste est une forme de violence. Les industriels sont les premiers criminels climatiques. Et c’est là l’ironie de l’affaire : l’État utilise des brigades antiterroristes pour retrouver des individus qui auraient utilisé quelques masses ou pinces coupantes ! Cela s’appelle tirer à l’artillerie lourde sur des moineaux ! On sent une forte nervosité du pouvoir face à la montée en puissance du mouvement écologiste et le développement d’actes de sabotage, que je ne qualifierais pas de violents, mais simplement d’illégaux.

L’attitude des manifestants est en train d’évoluer. La stratégie ancienne du pouvoir qui visait à séparer les militants entre gentils pacifistes et méchants casseurs ne fonctionne plus. Le train du progrès se précipite vers un abîme, et on ne va pas demander à l’État si le règlement autorise les passagers à tirer le frein. Les activistes appellent à désarmer le béton. Ils ont raison. Le béton est une arme de destruction massive. C’est une industrie qui depuis longtemps dévaste le monde avec la construction d’autoroutes, de centrales nucléaires, de barrages, etc. Le béton est le principal responsable de l’artificialisation des sols, à lui seul il représente 8 % des émissions de CO₂ mondiales. Quant au secteur du BTP, c’est 39 % des émissions de CO₂.

Comment lutter contre cette industrie ? En s’opposant de manière pratique à tout genre de nouveaux projets inutiles ou nocifs — que cela soit les autoroutes, les centres commerciaux, les aéroports, les cimenteries ou encore les carrières.

Le point de vue des écologistes radicaux

Contrairement à Theodor Kaczynski qui a tué des personnes pour faire passer son message anti-technologique, la destruction des biens nuisibles à la nature, aux générations futures et à la biodiversité paraissent de plus en plus légitimes. La majorité des citoyens, endormie par le matraquage publicitaires, aliénée par la société du spectacle, choyée par le pouvoir d’achat et les prix bas, n’a aucun intérêt direct de réagir contre le croissancisme. C’est pourquoi une minorité d’activistes est acculée à prendre des moyens de plus en plus « violents » ?

Mais est-ce de la violence que de pratiquer la contre-violence sans atteinte aux personnes ?

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Tout savoir sur Ted Kaczynski, un précurseur

Theodore (dit Ted) Kaczynski est né le 22 mai 1942 et mort le 10 juin 2023. Professeur de mathématiques, il était diplômé de Harvard ; il se spécialise dans l’analyse complexe, notamment dans la théorie des fonctions géométriques. Il impressionne ses professeurs. En 1964, il trouve une preuve du théorème de Wedderburn n’utilisant que des résultats de théorie des groupes finis. Après avoir obtenu son doctorat, il enseigne à Berkeley. Moins de deux ans plus tard, en 1969, il démissionne et disparaît sans explications. Marqué par les travaux de Jacques Ellul et des néo-luddites, il adopte une forme de survivalisme et mène une vie proche de celle d’un ermite. En 1971, il s’exile dans une cabane de rondins, au fond d’une forêt du Montana. C’est de là que, pendant dix-sept ans, il va mener sa campagne de terreur à travers l’Amérique, jusqu’au 3 avril 1996, jour où les agents du FBI l’arrêtent.

En 1994, un publicitaire avait été tué par un autre colis piégé. Dans une lettre, Kaczynski justifie le meurtre en expliquant que le travail d’un publicitaire est le développement de techniques permettant la manipulation des gens. Ted justifie ainsi la violence de ses actes :

« À mon humble avis, l’utilisation de la violence (exemple : contre la réalisation de l’utopie d’une société technologique inhumaine), c’est de l’autodéfense. Certains peuvent en débattre, bien sûr. Si vous pensez que c’est immoral et inadéquat, alors vous devriez éviter TOUTE utilisation de la violence. Mais j’ai une question pour vous dans ce contexte : quel genre de violence a causé le plus de dégâts dans l’histoire de l’humanité ? La violence autorisée par les États ou la violence non autorisée, employée par des individus ? »

A l’heure où certain militants écologistes se posent la question de la violence et de la contre-violence dans un système thermo-industriel qui met en péril non seulement l’avenir de nos générations futures, mais les équilibres terrestres, son message mérite d’être connu. Mais quand LE MONDE avait fait un compte-rendu (très bref) de son procès, il n’y avait pourtant nulle trace d’une quelconque mention du message pro-nature et anti-techno de Ted.

« Unabomber », « fou » et « génial », face à ses juges : Theodore Kaczynski avait deux catégories privilégiées de victimes : les universitaires et scientifiques, d’une part, les passagers et cadres des compagnies d’aviation, de l’autre. Le FBI l’avait donc baptisé « UNA-bomber» (« UNiversity and Airline BOMber »). Ce sont les informations de David Kaczynski, le propre frère d’« Unabomber », qui ont mis la police sur la piste de l’ermite mathématicien. A l’ouverture du procès, lundi, Theodore Kaczynski a exigé de se défendre lui-même. Il se dit sain d’esprit ; il refuse des examens psychiatriques puis se déclare prêt à les accepter ; il propose de plaider coupable en échange de la vie sauve.

Le point de vue des écologistes enragés

Ted Kaczynski avait écrit dans son journal le 14 août 1983 :

« J’ai débuté une randonnée à pied , ce que j’ai trouvé m’a brisé le cœur. Le plateau était quadrillé de nouvelles routes, il était abîmé à tout jamais. C’était l’endroit le plus merveilleux et le plus isolé des environs… La seule chose qui pouvait désormais le sauver était l’effondrement de la société technologique. Le jour suivant, je me suis arrêté près d’une source d’eau pure et j’ai dit une sorte de prière. J’ai juré que je vengerais les dommages causés à la forêt.Vous pouvez deviner ce que j’avais à faire (…) La violence n’est pas mauvaise en elle-même, elle peut être bonne ou mauvaise selon la forme qu’elle prend et selon le but qu’elle vise. La société moderne inculque aux gens l’horreur de la violence car le système techno-industriel a besoin d’une population docile, une population qui ne posera pas de problème et qui ne perturbera pas le fonctionnement bien régulé du système.« 

Robespierre : Unabomber était un personnage hautement lucide et très respectable. Le combattant solitaire d’une juste cause plutôt qu’un terroriste. La grande classe à vrai dire.

Corentin : Des personnes avec une certaine sensibilité comme lui ont perçu des décennies avant les autres le massacre de l’environnement. Sa violence a masqué son message. Il aurait été préférable qu’il se contente comme les autres d’une pancarte, mais ça n’aurait strictement rien changé au pays du NASCAR, des pick-ups et les 45 000 vols aériens par jours (chiffre FAA).

Pangeran : « Croisade contre le progrès et les technologies ». Plutôt qu’un terroriste, un visionnaire je dirais. Il voyait déjà le vaste bazar que provoquerait le « progrès technologique » (les premiers minitels étaient déjà à l’œuvre, on rêvait d’un avenir électro-ménager). Certes les moyens employés sont ceux de son époque (détournements d’avion des Palestiniens, enlèvements des Brigades Rouges, bombes de l’IRA), mais son combat pourrait être prémonitoire.

le sceptique : Les éco-terroristes ont perdu un pionnier. Je ne vois pas en quoi il était malade psychiatrique. Son propos était assez cohérent : à partir du moment où vous avez une croyance conflictuelle radicale (« la nature est massacrée par la technologie, je dois défendre la nature, il me faut massacrer la technologie »), la suite est logique. Il y aura probablement d’autres radicaux animés par cette vision et passant à l’acte violent. Il est un peu facile de chercher à psychiatriser systématiquement en fuyant le débat de fond sur le niveau de dangerosité des idéologies. Les ultras nationalistes ou communistes ou anarchistes ou intégristes religieux peuvent être très violents (eux évidemment, ce n’est pas le couple nature-technologie, mais d’autres schémas).

MH : Ted, un précurseur d’Andreas Malm, l’activiste danois qui nous a été présenté en avril dernier comme « le Lénine de l’écologie qui invite le mouvement climat à dépasser le pacifisme pour lutter contre le « capitalisme fossile » » ?

untel : Sa biographie montre que les écolos ne se contentent pas toujours de jets de soupe.

Une présentation du livre de Theodore Kaczynski

« L’effondrement du système technologique »

 (édition Xénia, 2008)

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KACZYNSKI (2007)

Kaczynski sans portable (2008)

Des bombes contre la société industrielle, Kaczynski (2014)

Kaczynski contre la technologie cloisonnée (2019)

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Rassemblement national, écologisme superficiel

Le discours du Rassemblement national (RN, ex FN) sur l’écologie a toujours été marqué par le rejet ou l’indifférence. La récupération actuelle de cette thématique relève essentiellement de l’opportunisme, les fondements idéologiques de l’extrême droite restent les mêmes.

Pierre Madelin : « Jean-Marie Le Pen était généralement hostile à la protection de l’environnement, avec des accents parfois climatosceptiques. En 2017, il a par exemple déclaré que « sans le réchauffement climatique on mourrait de froid ». Il avait comparé, en 1989, le parti écologiste à une pastèque, expliquant que ses adhérents étaient verts à l’extérieur, rouge à l’intérieur. Mais face aux évolutions de la société, le RN se saisit depuis quelques années de différents enjeux qu’il négligeait auparavant. C’est le cas des droits des femmes, de la cause LGBT et, désormais, de l’écologie. Le parti met en avant le localisme. Le localisme sert de passerelle vers les thèmes identitaires et nationalistes. Marine Le Pen déclarait, en 2019, qu’il fallait protéger « les écosystèmes, à commencer par les écosystèmes humains que sont les nations ». A la même époque, Jordan Bardella, qui n’était pas encore le président du Rassemblement national, affirmait, pour sa part, que « le meilleur allié de l’écologie, c’est la frontière ». Si l’on peut relocaliser les activités économiques, il faudra aussi relocaliser les êtres humains, ceux que l’extrême droite estime ne pas être de véritables Français. La critique des énergies renouvelables est un autre élément important de ce nouveau discours. Les éoliennes sont particulièrement visées. Elles contreviendraient au localisme, car elles seraient imposées sans concertation dans les territoires. A l’inverse, le nucléaire est défendu, il représente aux yeux du RN un socle sur lequel asseoir la souveraineté énergétique de la France et permet de décarboner l’économie. Ces propos relèvent d’un « greenwashing » nationaliste. On voit que le RN reste fortement imprégné par son fond libéral, productiviste et technosolutionniste.

A travers le monde, les principales forces politiques d’extrême droite rejettent généralement l’écologie. L’ancien président brésilien Jair Bolsonaro, Donald Trump aux Etats-Unis, Vladimir Poutine en Russie, ou encore le premier ministre indien, Narendra Modi, sont des défenseurs des énergies fossiles, des acteurs de la déforestation, et s’opposent aux accords internationaux en faveur du climat. »

Le point de vue des écologistes ni droite, ni gauche

En fait si on se place dans la gestion du long terme, ce qui est la nature même de l’écologie politique, la fracture ne se trouve pas entre les étiquettes partisanes, mais plutôt entre un écologisme superficiel et l’écologie de rupture. L’écologie de rupture avec le système thermo-industriel devient une nécessité avec une planète en surchauffe. Or il faut noter la convergence de LRM et du RN, le déni de la crise écologique. Macron ne veut pas transformer le système productiviste et consumériste si ce n’est à la marge, avec des slogans sans conséquence ou le culte d’innovations salvatrices. De son côté Marine Le Pen se refuse complètement à traiter l’urgence écologique.

Que pense de fait Marine Le Pen : « Science de la vie, l’écologie est aussi une source de la joie de vivre, de la beauté des choses, et du bonheur d’être français … Mais la défense de l’environnement a des ennemis , l’écologisme, cette politique qui consiste à peindre en vert les pires atteintes à l’environnement (et surtout)  l’écologie radicale, ce fondamentalisme qui entend en finir avec les modes de vie, les traditions et les mœurs qui sont les nôtres et prendre le contrôle de chacun de nos gestes… qui entend soumettre les Français aux diktats d’une écologie punitive… » Ce texte issu de son programme de présidentiable en 2021 montre bien sa condamnation de tout écologisme de rupture, assimilée à une punition. Refuser de dire aux Français et Françaises que la transition écologique va demander beaucoup d’effort et dans tous le domaines est la marque du populisme, flatter l’électeur dans le sens du poil, se contenter de désigner des boucs émissaires.

Mais au fond le localisme, c’est aussi écologique. C’est instaurer en d’autres termes des communautés de résilience, recherchant l’autonomie territoriale au niveau alimentaire et énergétique. Produire local, bouffer local, c’est écolo. Les circuits courts, c’est écolo. Des éoliennes « made in France » seraient un peu plus écolo que des éoliennes chinoises ou même espagnoles. La mise en œuvre de l’écologie, c’est compliqué. Se contenter d’un discours nationaliste anti-immigrés, c’est plus que superficiel. Pourfendre les éoliennes mais adorer les centrales nucléaires, c’est du délire.

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19 avril 2023, L’écologie, impensé du Rassemblement National

19 avril 2023, Projet de l’écologiste Marine Le Pen

14 mars 2021, L’écologie vert de gris de Marine Le Pen

3 octobre 2019, L’écologie selon Marion Maréchal Le Pen

19 avril 2019, Pour Marine Le Pen, l’écologie se résume au localisme

5 mai 2017, L’écologie n’était pas à la fête avec Macron et Le Pen

30 décembre 2016, Front National, un programme superficiellement écolo

27 décembre 2014, Le Front national écolo ? Son passé plaide contre lui

9 mars 2012 Marine Le Pen, l’écologie à la hache

19 janvier 2011, Marine Le Pen est-elle écolo ?

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Violence, contre-violence et dissolution

Cela fait maintenant plus de deux mois que Gérald Darmanin, le ministre de l’intérieur, a déclaré à l’Assemblée nationale que le groupement de fait Les Soulèvements de la Terre allait être dissous. Pourtant, depuis cette date, rien ne s’est passé. Ce cas illustre les limites du recours à la dissolution des groupes radicaux, qu’ils soient d’idéologie fasciste ou écologiste. Avant de développer l’argumentation, notez que pour nous il y a plusieurs sortes de violences à ne pas confondre. Il y a la violence du système thermo-industriel qui nous a enfermé dans une impasse, réchauffement climatique, extinction de la biodiversité, stress hydrique, etc. Face aux entreprises destructrices du vivant, il y a la contre-violence de quelques militants qui défendent les générations futures contre cette agression. Et puis il y a la violence d’État qui soutient la violence de ce système croissanciste aveugle.

Abel Mestre : Depuis l’adoption de la loi du 10 janvier 1936 pour lutter contre les ligues d’extrême droite de l’entre-deux-guerres et éviter un coup de force de type fasciste. Quelques 150 procédures de dissolutions ont été engagées. Au fil du temps, les critères de dissolution se sont élargis. Aujourd’hui abrogée, la loi de 1936 a été reprise telle quelle dans l’article L212-1 du code de la sécurité intérieure.

Modifié par la loi du 24 août 2021, il dispose que « sont dissous, par décret en conseil des ministres, toutes les associations ou groupements de fait qui provoquent à des manifestations armées ou à des agissements violents à l’encontre des personnes ou des biens ».

Pour Me Pascual, une des avocats du collectif écologiste « Les Soulèvements de la Terre » cette nouvelle disposition est beaucoup trop vaste : « Cela permet de soutenir tout et n’importe quoi. Les violences contre les biens, cela n’existe pas. Rien que ce terme pose question. Par exemple, en pénal on parle de dégradations. Ces notions sont tellement floues et indéterminées qu’elles permettent de dissoudre des mouvements écologistes de base. Il n’y a pas eu une seule manifestation contre la réforme des retraites où il n’y a pas eu de dégradations. Cela veut dire que l’on pourrait dissoudre la CGT ou la CFDT ? »

Le dispositif connaît plusieurs limites. D’abord, une dissolution disperse dans la nature des militants radicaux qui sont plus faciles à surveiller quand ils sont rassemblés dans une organisation légale, qui les « canalise ». C’est l’inconvénient du “coup de pied dans la fourmilière”, on perd la trace des éléments les plus dangereux . En outre, la dissolution n’empêche pas les anciens membres de se replier sur une autre structure qui poursuit les mêmes buts mais avec un autre sigle. La structure disparaît, les idées continuent néanmoins de se diffuser. Enfin, la vraie limite de la sis solution est son obsolescence. Il vise des structures politiques « à l’ancienne », organisées et hiérarchisées, bien loin des nouvelles formes de militantisme radical, qui sont souples et fonctionnent dans une logique décentralisée.

Le point de vue des écologistes radicaux

HENRI F : L’important c’est de juger des idées. Certes le nazisme et ses épigones doivent être combattus. Mais l’écologie radicale doit elle être appelée écoterrorisme ? Certaines luttes sont à comprendre car conformes à l’intérêt général et collectif même si cela va contre les intérêts des entreprises mondialisées qui vivent de leurs rentes issues de la révolution industrielle.

Pfon : Le mouvement écologiste n’est ni d’extrême droite ni d’extrême gauche. Il est d’extrême écologie c’est à dire prêts à des actions d’éclats pour faire bouger les choses. Il est très clair aussi que plus les manifestations du changement climatique se feront sentir, c’est à dire dans les 10/20 ans qui viennent, plus il y aura de mouvements qui se radicaliseront. Faut-il les blâmer ? L’avenir des jeunes est bien sombre. Le malheur c’est que les dirigeants de cette planète ont tous, sauf exception, plus de 70 ans, qu’ils seront morts quand les gros problèmes arriveront, et que les bonnes décisions (coercitives) tardent à venir. Coercitives en effet car nous avons devant nous soit le chaos soit un changement de paradigme qui sera douloureux.

Gassendi : Commençons par faire payer aux casseurs les coûts de la remise en état de leurs destructions, ça calmera beaucoup de radicalité.

Nimbus : En revanche, dissoudre Total pour éco-terrorisme serait une grave atteinte à la démocratie !

Artemis purple : Dissolution de la FNSEA, groupe radical parmi les groupes eco-terroristes. Il y a longtemps que ça aurait dû être fait !!

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La nécessaire radicalisation des militants écologistes (2017)

extraits : Les opposants au centre d’enfouissement revendiquent des actes de « sabotage ». La petite commune de Bure est, du 19 au 26 juin, le foyer d’une semaine de mobilisation contre le projet Cigéo qui, porté par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), est destiné à enfouir les résidus nucléaires français à haute activité et à vie longue. Or, ces derniers jours ont été émaillés d’actions violentes, dont la radicalité est revendiquée par les opposants à ce « cimetière atomique » : vol de matériel (caisse à outils, câbles en acier…), édification d’une barricade, dégradations dans un hôtel-restaurant situé en face du siège meusien de l’Andra… Il est même étonnant que si peu de militants s’attaquent à ce qui fait le malheur des générations futures, nucléaire, centrales au charbon, raffineries de pétrole, gazoducs, aéroports inutiles, etc.

Urgence écologique de la contre-violence

extraits : En Allemagne, les autorités criminalisent le mouvement écologiste radical Letzte Generation(« dernière génération »). Pourtant le mouvement écologiste est d’essence non-violente. Par contre la violence d’État par justice interposée signifie l’absence de sensibilité écologique d’un gouvernement quand il réprime férocement les militants. C’est le déni gouvernemental de l’urgence écologique qui fait en sorte que la non-violence peut se transformer en contre-violence, par exemple par la destruction de biens nuisibles à la planète. Saboter un pipeline, est-ce de la violence ? L’existence du pipeline n’est-il pas déjà une violence ?

Darmanin, c’est pas bien de dissoudre SLT

extraits : M. Darmanin peut dissoudre tout ce qu’il veut et continuer à pisser dans sa bassine. Ce n’est pas cela qui fera avancer la question de la non-adaptation de l’agriculture française à ce qui est déjà là. Qu’elle sèche donc avec son épis de maïs à la main, la terre se soulèvera quoiqu’il en soit.

Écologie radicale ou écologie réformiste ?

extraits : Notre modèle de développement est un modèle de destruction et la véritable guerre mondiale, c’est celle qui oppose notre espèce à son environnement global. Face à ce constat, deux types de réponse, deux écologies. Une écologie « superficielle » et une écologie « profonde », que le philosophe norvégien Arne Næss (1912-2009) s’est attaché à distinguer dès 1973. « Superficielle », en raison de son inclination à proposer des solutions techniques sans s’attaquer aux racines d’un productivisme axé sur une conception anthropocentrée du monde. « Profonde », parce qu’elle associe l’humanité à toutes les formes du vivant. La fracture s’amplifie entre une écologie « conciliatrice » avec le productivisme et une écologie « radicale » qui cherche à rompre avec lui.

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Rupture écologique par l’égalitarisme

La « transition » écologique est nécessaire et c’est la justice sociale qui la rendra possible. Aussi, tant que les injonctions à la sobriété collective voisineront avec le spectacle du luxe privatisé, la rupture écologique sera source de défiance. La grande bifurcation ne sera possible que si elle est juste ; plus elle sera juste, plus elle sera partagée ; plus elle sera partagée, plus elle sera profonde.

Eloi Laurent : « Il n’est pas inutile de « cibler » les comportements insoutenables (jets privés, voyages lointains à répétition, etc.). Si l’on retient les estimations les plus prudentes, les 10 % les plus fortunés seraient responsables de 40 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales, tandis qu’un impôt qui porterait sur leur patrimoine pourrait rapporter en France 25 % des recettes nécessaires au financement des investissements de décarbonation de l’économie. Mais, surtout, une transition humaine est affaire de dynamique sociale, c’est-à-dire de réaction en chaîne enclenchée par un amorçage. Le sociologue américain Thorstein Veblen (1857-1929) a montré, au tournant du XXᵉ siècle, de quelle manière les comportements de consommation ostentatoire de la classe de loisir se répandent par capillarité dans l’ensemble de la société. Pour le dire autrement, il faut d’abord taxer les émissions de luxe avec recyclage social des recettes, plutôt que les émissions de survie sans compensation sociale des prélèvements, comme on l’a fait en 2018, avec pour conséquence la révolte des « gilets jaunes »…

Lire, Théorie de la classe de loisirs de Thorstein Veblen (1899)

Le deuxième nœud, le cœur même de la crise écologique, c’est l’obsession de la croissance. Les programmes de transition envisagés dans les cercles gouvernementaux font l’impasse sur le dépassement de la croissance économique comme horizon social, confondant efficacité et sobriété, misant sur un découplage infondé empiriquement et rabattant trop souvent le bien-être sur le pouvoir d’achat. C’est dans l’articulation entre transition juste et post-croissance que réside l’espoir de maîtriser nos crises écologiques. »

Le point de vue des écologistes partageurs

Antivirus : Attention ceci n’est pas un piège mais une vraie question. Quel est le pourcentage des Français qui n’est pas dans les 10 % les plus riches au niveau mondial ?

Toujours plus surpris : Effectivement les gilets jaunes sont des riches à l’échelle mondiale et devront aussi faire des efforts de sobriété en limitant les odeurs d’essences et de barbecues autour d’eux.

Klaatu Vanuatu : A vue de nez, 30% des Français font partie des plus riches du monde. Cela fait beaucoup de monde. La symbolique de l´effort à exiger des plus riches est certes importante, mais penser qu’eux seuls doivent faire des efforts pour avoir un effet est faux. C´est un vaste mensonge que de faire croire qu´on peut baisser les émissions sans effort de tous. De toute façon on aura quand même droit au réchauffement car les deux tiers de l´humanité s´en tapent car ils aspirent avant tout à un meilleur niveau de vie.

Jean-Charles : Sachant que les Français les plus pauvres sont plus riches que 85% de la population mondiale, il serait légitime qu’ils fassent aussi un effort. N’oublions pas qu’avec les seuls services publics, chaque Français consomme déjà 1,5 tonne de CO2, alors que la consommation globale d’un Français devrait être à 2 tonnes de CO2 pour limiter le réchauffement climatique.

Frog : Au passage, il m’a toujours semblé curieux que les riches et les puissants ne se sentent pas tels qu’ils sont, riches d’ostentation : ils pourraient miser sur leur intelligence, leur leadership, leur qualités humaines, mais non, ils ont besoin surtout de polluer. Cela met pas mal en doute la nature humaine. Bref, le riche de base donne le mauvais exemple alors qu’il lui serait pourtant si facile de se montrer intelligent, audacieux et exemplaire.

Thufyr : Totalement d’accord… l’intelligence et les qualités humaines des riches restent à démontrer. En général on ne fait pas fortune en étant généreux et en démontrant de l’empathie pour le vulgum pecus… Les hargneux contre les zécolos, auront trop chaud et soif comme les autres, sauf s’ils sont très riches… L’ostentation pourrait être taxée avec une TVA « luxe »…

Petit Pierre : C’est un leitmotiv que résoudre les inégalités sociales et financières sauvera la “planète”, ou plutôt notre existence future. Le problème c’est que l’histoire montre que les civilisations successives n’ont jamais réussi à atteindre cet objectif, et les tentatives autoritaires n’ont pas franchement réussis. Le problème est psychologique plus que socio-économique, il nous faut changer d’imaginaire et interdire ce qui nuit à notre prise de conscience. Il y a des actions simples dont personne ne parle pourtant, réduire drastiquement la publicité qui est à la fois un facteur de frustration et facteur de surconsommation. Arrêter les guerres, je sens des sarcasmes à venir… mais je vous le demande, est ce que notre civilisation humaine est capable de rupture écologique si elle est incapable de stopper les guerres ? Il faut rappeler que la constitution des stocks d’armes nucléaires s’est faite en sachant très bien le risque d’autodestruction… cela n’est pas très encourageant.

Michel SOURROUILLE : Depuis le rapport Meadows en 1972, nous savons qu’une croissance infinie dans un monde fini est impossible. Il n’y aura pas d’énergie de substitution aux énergies fossiles. Il faut donc penser l’avenir en termes de sobriété partagée. Penser et construire une société post-croissance égalitaire est indissociable du projet écologiste. La société babouvsite, pourquoi avons-nous cessé de la penser ? Voici quelques pistes de réflexion :

Ce que défend un parti politique traditionnel # Ce que pourrait proposer un parti écologiste digne de ce nom

Priorité à la croissance et risque de récession/dépression # Maîtrise de la décroissance

Acceptation des inégalités de revenus # Revenu maximum autorisé

Appropriation privée privilégiée # Gestion collective des biens communs
Civilisation minière, extractiviste
# Utilisation uniquement de ressources renouvelables
Règne de la concurrence et de la compétition
# Apprentissage de la coopération et du partage
Marchandisation des rapports sociaux, culte de l’avoir
# Valorisation des relations, des liens, de l’être
Mondialisation des échanges et libre-échange
# Démondialisation, relocalisation, monnaies locales
Soutien aux grandes entreprises
# Valorisation des artisans, paysans et PME
Option tout voiture (électrique)
# Dévoiturage et vélo…. etc.

Toujours plus surpris : Pour Darwin, les espèces qui survivent ne sont pas les plus fortes ou les plus intelligentes mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements. A bon entendeur !

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Tout savoir sur la « Sobriété » obligée

La décroissance implique la sobriété partagée

Décroissance, sobriété, donc renoncements !

Sobriété mode d’emploi, le livre (Tana éditions)

Tout savoir sur la sobriété démographique

Sobriété énergétique, l’affolement gagne

La Sobriété face à la SURconsommation ?

La Sobriété, liberticide et punitive ????

Le gouvernement s’empare du mot « sobriété »

La sobriété à la mode gouvernementale

2123, Ministère de la Sobriété partagée

Rupture écologique par l’égalitarisme Lire la suite »

Planification impérative écolo, notre destin

Qui peut imaginer que le défi écologique pourra se relever à la marge ? Si nous n’opérons pas de manière planifiée, à quoi ferons-nous appel ? Au marché, dont on connaît le peu de cas qu’il fait de l’intérêt général ? A la vertu de l’humanité qui, comme chacun le sait, présente quelques fragilités ? Certes une planification centralisée est inopérante dans une société complexe, la variation des prix est un mode de régulation qui sert à échanger de façon décentralisée des informations sur les préférences de chacun : la loi de l’offre et de la demande détermine de façon presque automatique ce qu’il faut produire et consommer. Cependant la montée croissante des pénuries (eau, énergie, forêts, terres cultivables…) résulte de la guerre à la planète que l’économie libre et croissanciste a engendré. Alors il devient plus facile de déterminer les choix fondamentaux, le niveau des besoins à satisfaire absolument et les secteurs d’activité à abandonner. Après la simplicité volontaire d’une infime minorité, la sobriété partagée par tous, de gré ou de force !

Lire, Planification publique et carte carbone

Matthieu Goar : L’exécutif est au pied du mur. En quelques mois, le gouvernement va devoir réviser la stratégie nationale bas carbone (neutralité carbone en 2050) et projeter le tout dans une loi de programmation sur l’énergie et le climat. Jeudi 25 mai, Emmanuel Macron devait illustrer son engagement en consacrant un déplacement à l’environnement dans le Var. Et puis l’actualité de court terme a, comme trop souvent, bousculé le combat du siècle : le chef de l’État a choisi de se rendre, ce jour-là, à un hommage national consacré aux trois policiers tués dans un accident de voiture ! D’un côté, on a Macron qui n’a jamais intellectualisé sa pensée sur le sujet écolo. De l’autre, on a Mme Borne qui délivre un récit à la fois froid, technocratique et superficiel. Y aura-t-il des zones interdites aux voitures ? Comment sera réparti l’hydrogène entre les cimentiers et les avionneurs ? De combien de térawattheures disposeront les data centers, de plus en plus gourmands ?

Au pied du mur, il faudra bien tenter d’impliquer le maximum de citoyens malgré des contraintes impopulaires.

Le point de vue des écologistes plus ou moins réalistes

Floréal : A part une rupture avec le système capitaliste, difficile d’y parvenir. Et cela ne fait pas partie des schémas mentaux de nos élites politiques, E. Macron en particulier.

Réaliste : Après make our planet great again, le locataire de l’Élysée a parlé des amishs et a refusé de reprendre sans filtre plusieurs propositions parmi les 147 de la convention citoyenne sur le climat. Il demande leurs avis aux lobbies de l’automobile, du nucléaire, des chasseurs, de la FNSEA… et il macrone.

MarcRaph : Ce n’est pas le gouvernement qui doit affronter des choix difficiles, ce sont la population et les entreprises qui doivent le faire !

Seb75 : C’est aux entreprises de faire la transition écolo, pas l’État. De la même manière cette idée de planification écologique c’est n’importe quoi ! Pourquoi pas un plan quinquennal soviétique tant qu’on y est ?? On n’est pas dans le Gosplan ! On doit impulser des politiques publiques incitatives en faveur de la sobriété écolo en donnant des avantages fiscaux et sociaux pour les comportements écolos vertueux.

Ludo : Quand est-ce que la sobriété sera placée au cœur du débat ? A-t-on vraiment besoin de changer d’habits/de voiture/de téléphone/etc…aussi souvent ? Si nous, collectivement consommons moins mécaniquement on polluera moins et on ne sera pas plus malheureux !

Michèle de Dordogne : Le gouvernement ne sait pas comment faire. Chaque projet d’éoliennes (qui défigurent notre si beau pays), chaque projet de parc de panneaux solaire (qui détruisent des hectares de forêts) entraîne la fronde et des actions en justice de riverains qui n’en veulent pas et bloquent tout. C’est même une taxe (écolo) sur le gaz oil qui a déclenché l’épisode des gilets jaunes. Facile de donner des leçons : les Yaka faucon ne sont décidément pas une espèce en voie de disparition.

Rochefort : L ensemble des politiques , journalistes , hommes de savoir débattent doctement de méthodes pour réaliser telle ou telle choses. Pour moi c est prendre LE PROBLÈME à L’ENVERS. Il faut au départ DÉFINIR ce qu’un MAXIMUM DE FRANÇAIS souhaite dans les domaines , logements , nourritures , culture , temps libre , santé etc
ET a partir de
leur CHOIX, entériner par referendum pour passer aux réalisations.

Zoe4444 : la neutralité carbone ne veut rien dire pour la plupart d’entre nous concrètement dans nos vies quotidiennes. Il faudrait le décliner sur nos vies. ça va probablement nécessiter des changements drastiques qu’on ne perçoit pas et un grand risque de se retrouver piégés : voiture thermique invendable pour financer une électrique; nécessité de déménager pour être plus proche de son lieu de travail mais impossibilité de vendre son logement qui ne vaudra plus rien, etc…

Amiral Bragueton : Pourquoi ne pas organiser une grande Convention Citoyenne sur le Climat, qui pourrait faire des propositions ?

Quoicoubé : Beaucoup d’entre nous sont prêts à des efforts à partager par tous les acteurs, efforts qui nécessitent une remise en question aussi du modèle économique qui a conduit à cette impasse. Pour l’instant je ne vois que l’effet de gaz lacrymogène en réponse à l’effet de serre et la matraque en réponse aux manifestants conscientisés qui remettent en question les projets de bassines, d’ autoroute inutiles et interpellent les entreprises les plus en pointe en pollution environnementale.

ExtinctionRebellion : Je mets mon billet qu’il ne se passera rien. Ni sous Macron, ni sous le (la) candidat(e) de droite dure qui lui succédera. Et ensuite, il sera trop tard pour organiser l’atterrissage. Ce sera donc un gros crash…

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octobre 2022

Planification, faire de la France une « nation verte »

extraits : Les seules proposition qui font sens seront dures à avaler : faudrait revenir en arrière. Un exemple, le logement. Que dire des « passoires thermiques », que faire pour diminuer la dépense énergétique liée au chauffage ? La première solution est assez évidente : chauffer moins, beaucoup moins. En 1945, on ne chauffait que la cuisine qui était aussi la pièce à vivre. On trouvait normal que les pièces moins occupées telles les chambres, ne soient pas chauffées. Aujourd’hui il serait normal de sacrifier son confort afin de limiter le nombre de radiateurs et donc notre consommation énergétique. La deuxième solution est d’ordre culturel : accepter de vivre ensemble dans de plus petites surfaces…

Économie de guerre, planification, règle verte

extraits : Nous avons fait la guerre à la planète, épuisé ses richesses et ses potentialités, il est urgent de faire la paix. Mais cela veut dire aller à l’essentiel, pratiquer le rationnement pour une sobriété partagée et ce sur une période très très longue. Cela veut dire aussi entrer dans une « économie de guerre ». Ce terme revêt plus fréquemment un usage métaphorique qui a été utilisée au cours de la pandémie de Covid-19 pour justifier les confinements. Il s’agit de justifier un rôle plus fort de l’État dans l’économie, d’aller à l’encontre du libéralisme économique. Derrière la question de la guerre, c’est finalement le rôle de l’État dans l’économie qui fait débat..

Mai 2022

Planification écologique, notre synthèse

Planification écologique en Suède

Planification écologique, un gadget ?

Planification écologique, Macron hésite

Planification écologique, précisions

Planification impérative écolo, notre destin Lire la suite »

Urgence écologique de la contre-violence

En Allemagne, les autorités criminalisent le mouvement écologiste radical Letzte Generation(« dernière génération »). Pourtant le mouvement écologiste est d’essence non-violente. Par contre la violence d’État par justice interposée signifie l’absence de sensibilité écologique d’un gouvernement quand il réprime férocement les militants. C’est le déni gouvernemental de l’urgence écologique qui fait en sorte que la non-violence peut se transformer en contre-violence, par exemple par la destruction de biens nuisibles à la planète. Saboter un pipeline, est-ce de la violence ? L’existence du pipeline n’est-il pas déjà une violence ?

Un échange significatif de l’aveuglement  de certains

Untel : Le gouvernement allemand, où figurent des écologistes, est tout à fait compétent pour identifier des criminels qui se font passer pour de doux rêveurs écologistes.

Peps : Après des dizaines d’assassinats perpétrés par la Fraction Armée Rouge, les Allemands sont bien plus lucides sur ces groupuscules d’extrême-gauche, qui sous couvert d’écologie, reviennent à la charge avec des projets de révolution bolchévique meurtrière…

Michel SOURROUILLE : Untel et Peps, vous ne répondez pas à la question : « Saboter un pipeline, est-ce de la violence ? L’existence du pipeline n’est-il pas déjà une violence ? ». De votre part, c’est significatif d’une rhétorique qui se contente d’attaquer en confondant le rouge et le vert au lieu d’approfondir la problématique de l’urgence écologique. La bande à Bader, je connais, c’était de l’enfantillage meurtrier. Le réchauffement climatique, c’est du dur et du durable !

Thomas Wieder : Fondée en 2021, Letzte Generation s’est fait connaître par ses actions spectaculaires : grèves de la faim, jet de purée sur la vitre protégeant une toile de Monet dans un musée de Potsdam, intrusions dans des aéroports conduisant à l’interruption du trafic aérien, perturbations d’événements sportifs ou culturels… Rien qu’à Berlin, 2 525 procédures judiciaires ont été ouvertes contre des militants de ce mouvement en un an. Un palier a été franchi dans le bras de fer : sept personnes, suspectées d’avoir « organisé des levées de fonds » d’un total de 1,4 million d’euros dans l’intention de « commettre des actes criminels », sont visées par une procédure. Deux d’entre elles sont soupçonnées d’avoir tenté, en février 2022, de saboter l’oléoduc reliant Trieste à Ingolstadt. Plusieurs grands médias allemands, comme le Spiegel ou la Süddeutsche Zeitung, ont exprimé leurs réserves face à cette série de perquisitions conduites au nom du paragraphe 129 du code pénal, qui définit les « organisations criminelles » comme mettant en péril la sécurité publique. Cette législation s’appliquait plutôt aux groupes mafieux ou d’extrême droite.

« Ils nous font peur, mais nous ne devons pas céder. Le gouvernement nous conduit les yeux fermés vers un enfer climatique et appuie sur la pédale d’accélérateur », a déclaré la porte-parole de Letzte Generation.

Nos articles antérieurs sur la légitimité de la contre-violence

Transgressons une légalité écocidaire !

extraits : Le luddisme, c’est en Angleterre au XIXe siècle la résistance des artisans à domicile contre l’extension des manufactures. Ils ont brisé des machine qui détruisaient leur gagne-pain. Si ce mouvement avait réussi, la révolution industrielle n’aurait pu avoir lieu avec les conséquences qu’on connaît aujourd’hui, l’épuisement des ressources fossiles et le réchauffement climatique au détriment des générations futures.

Hymne au sabotage dans Le Guardian

extraits : Chacun sait maintenant, au moins à un certain degré de conscience, ce qui est en jeu. De nouvelles formes de résistance sont en train de naître. Nous pouvons détruire les machines qui détruisent cette planète. Si quelqu’un a placé un engin incendiaire à l’intérieur de l’immeuble où vous vivez, si les fondations sont déjà en feu et que des gens meurent, nous serions nombreux à estimer que vous avez l’obligation de mettre l’engin hors d’état de nuire. C’est là l’argument moral qui, à mon sens, justifie la destruction des propriétés et des infrastructures du capital fossile. Cela n’a rien à voir avec le fait d’attenter à des corps humains, action pour laquelle il n’existe aucune justification morale.

Contre-violence par destruction de bien

extraits : Comment lutter sur une planète qui brûle ? Comment lutter contre un système techno-industriel qui soutient le capital fossile ? Comment faire réfléchir une population cernée par des moteurs thermiques ? Il faut se rappeler les propos de Françoise d’Eaubonne au début des années 1970, le jour où elle fut scandalisée d’entendre un ami lui dire : « Le problème de la révolution passe au second plan devant l’urgence écologique. Le prochain acte réellement révolutionnaire sera l’attentat contre une centrale nucléaire en construction. Le Capital en est au stade du suicide, mais il tuera tout le monde avec lui ». Il lui aura fallu plus d’un an pour assimiler la profondeur de cette vérité.

Au nom de la « contre-violence », Françoise d’Eaubonne participera à la lutte contre l’énergie nucléaire en commettant avec d’autres un attentat à l’explosif le 3 mai 1975 contre la centrale de Fessenheim, retardant de quelques mois son lancement…Elle a assumé cette position radicale jusqu’au bout puisque dans ses derniers tomes de mémoires elle écrit  : « La contre-violence semble très indiquée comme retournement de l’arme de l’ennemi contre lui-même ; il va de soi que les attentats ne visent que des points de rupture précis du front ennemi, économisant au maximum les vies humaines, utilisant les moyens destructifs pour instruire le plus grand nombre possible d’abusés du sens de cette guérilla urbaine. » (Françoise d’Eaubonne, « Écologie et féminisme (révolution ou mutation ?) », première édition en 1978)

Action (non-)violente pour la décroissance !?

extraits : Andreas Malm : Deux membres des Catholic Workers, Jessica Reznicek et Ruby Montoya, tout au long du printemps 2017, ont perforé à plusieurs reprises un pipeline en construction. Elles justifient : « Après avoir épuisé toutes les formes d’action possibles, dont la participation à des réunions publiques, la collecte de signatures pour réclamer des études d’impact environnemental, la désobéissance civile, les grèves de la faim, les manifestions, boycotts et campements, nous avons constaté l’incapacité évidente de notre gouvernement (américain) à entendre les revendications populaires. »…  

Elles ont fini par sortir de la clandestinité en revendiquant publiquement leurs actions : « Nous prenons la parole pour encourager d’autres à entrer dans l’action, le cœur pur, pour démanteler l’infrastructure qui nie notre droit à l’eau, à la terre et à la liberté. »

Urgence écologique, le rôle de la violence

extraits : Presque toutes les mobilisations qui ont fait changer les choses ont intégré une composante de violence. La révolution chilienne en 2019 a commencé quand des manifestants sont entrés dans le métro et ont détruit les automates. En Iran, dans la crise déclenchée par la mort de Mahsa Amini, on a parlé des écolières qui enlevaient leur hijab, mais il y a aussi eu des confrontations avec les forces armées. Les luttes sont amenées à s’intensifier, à mesure que le dérèglement climatique s’accentuera. (Andreas Malm)

Nature « criminelle » de la thermo-industrie

extraits : Criminel. Tel est l’adjectif utilisé par le parquet de Neuruppin (Brandebourg). En cause : les actions menées contre la raffinerie de Schwedt-sur-Oder. Les membres sont parvenus, à plusieurs reprises, à couper le robinet du pipeline qui l’alimente en pétrole.Où sont vraiment les criminels ? Ce n’est plus seulement nos guerres imbéciles qui interpellent, mais aussi l’extinction des espèces, les chocs pétroliers, les émissions de gaz à effet de serre, le réchauffement climatique, etc. Comment lutter sur une planète qui brûle ? Comment lutter contre un système techno-industriel qui soutient le capital fossile ? Comment faire réfléchir une population cernée par des moteurs thermiques ? Des militants, en s’attaquant à un complexe pétrolier, ne font que réagir à la violence de la société thermo-industrielle. Leur contre-violence est légitime, dire le contraire est criminel.

L’activisme écolo radical, une nécessité

extraits : Les manifestations pour le climat se sont essoufflées aussi vite que commencées, Greta Thunberg se contente de dire aux politiques qu’ils feraient bien d’agir, les Conférences internationales sur le climat depuis plus de 26 ans n’ont absolument rien changé aux émissions de gaz à effet de serre ! Pire, des irresponsables au pouvoir dans plusieurs pays font l’inverse de ce qu’il faudrait faire. Je me demande maintenant si une action contre les biens qui causent notre perte ne serait pas une obligation pour qui le sort des générations futures importe. Il est beaucoup trop rare de rencontrer des personnes qui prônent une action radicale contre la violence anti-écologique des biens consommés et des infrastructures actuelles, une contre-violence qui irait au-delà d’une non-violence jugée trop paisible.

Noël Mamère prend partie pour la castagne

extraits :  La FNSEA vient d’élire à sa présidence le patron d’Avril, puissant groupe agro-industriel international, dont la devise « Servir la terre » sonne comme une provocation. Parce qu’elle se sent trahie, la génération de jeunes militants constate les limites des marches pour le climat et des happenings bon enfant. Elle se contentera de moins en moins de la désobéissance civile non violente, pourtant inscrite dans notre culture politique depuis le XIXe siècle. Pour cette génération, la désobéissance est devenue « résistance », avec tout l’imaginaire qui l’accompagne. Il ne faudra pas s’étonner si certains basculent dans des formes d’activisme incontrôlables. (Noël Mamère en avril 2022)

 

 

Urgence écologique de la contre-violence Lire la suite »

Mansholt 1972…2023, cinquante ans de perdus

Sicco Mansholt, auteur d’une restructuration de la politique agricole commune (PAC) visant des gains de productivité par l’exode rural et l’agrandissement des exploitations, avait eu en 1972 une « révélation » à la lecture du rapport du Club de Rome :

« J’ai compris qu’il était impossible de s’en tirer par des adaptations : c’est l’ensemble de notre système qu’il faut revoir. » Puis il va au bout de sa pensée: « Est-il possible de maintenir notre taux de croissance sans modifier profondément notre société ? En étudiant lucidement le problème, on voit bien que la réponse est non. Alors, il ne s’agit même plus de croissance zéro mais d’une croissance en dessous de zéro. Disons-le carrément : il faut réduire notre croissance économique, notre croissance purement matérielle, pour y substituer la notion d’une autre croissance celle de la culture, du bonheur, du bien-être. »

Valéry Giscard d’Estaing, alors Ministre des Finances et des Affaires économiques, répond qu’il ne veut pas « devenir objecteur de croissance. » Nous sommes en 2023, que de temps perdu ! On a voulu la croissance jusqu’à heurter le plus violemment possible le mur des réalités biophysiques !

lire, Souvenirs, Mansholt et les limites de la croissance

Antoine Reverchon : Le 9 février 1972, Sicco Mansholt, vice-président de la Commission européenne chargé de l’agriculture (et à ce titre un des pères de la politique agricole commune), adressait une lettre au président de la Commission européenne. M. Mansholt avait suivi de près les travaux du Club de Rome, qui allait publier un mois plus tard le rapport Meadows, ou Les Limites à la croissance, en y annonçant l’épuisement final des ressources naturelles et énergétiques en cas de poursuite de la croissance mondiale au rythme atteint à l’époque : « Il est évident que la société de demain ne pourra pas être axée sur la croissance. »

Lire, les limites de la croissance ou rapport au club de ROME (1972)

Selon Mansholt, la boussole ne devrait plus être le produit national brut, mais l’« utilité nationale brute », c’est-à-dire une limitation de la production aux besoins de la société. Conscient que cela signifierait « un net recul du bien-être matériel par habitant et une limitation de la libre utilisation des biens », Mansholt préconise une planification stricte de la production par la puissance publique (la Commission et les Etats) afin de la répartir équitablement entre tous les citoyens et, pour ce qui est des matières premières, entre les entreprises.

Il souhaite aussi mettre en place la compensation de la réduction de la consommation de biens matériels par l’extension de l’offre de biens « incorporels » (santé, éducation, culture, loisirs), une aide massive aux pays du tiers-monde, qui, sinon, poursuivraient leur propre chemin de croissance au péril de l’environnement, une réorganisation de la production, y compris agricole, pour en limiter l’impact environnemental (recyclage, matériaux et énergie « propres », chasse au gaspillage, mesures antipollution), la taxation aux frontières des produits étrangers non conformes à ce mode de production, etc.A l’époque, la lettre avait suscité une avalanche de commentaires négatifs, à droite comme à gauche. Ce programme proposé il y a un peu plus de cinquante ans est peu ou prou celui que préconisent aujourd’hui les économistes écologistes.

Le point de vue des écologistes décroissancistes

Mansholt proposait une économie planifiée, ce que faisait à l’époque l’URSS, modèle à suivre selon le PCF. Mais le communiste Georges Marchais, dans une conférence de presse du 4 avril 1972, partage paradoxalement la position du Conseil national du patronat français (CNPF) et lance : « Au nom de la recherche d’une meilleure qualité de la vie, faut-il proposer une société de pénurie et de rationnement, ainsi que la nette diminution du niveau de vie actuel ? Cela n’est pas notre politique. Une forte croissance économique est indispensable pour couvrir les immenses besoins non encore satisfaits et améliorer le niveau de vie des plus défavorisés. » Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir… les communistes française en 2023 restent malheureusement fidèles à la position de Marchais de 1972 malgré le choc climatique et la descente énergétique qui s’annonce !

Et encore, s’il n’y avait que le PCF de Fabien Roussel, mais tous les ténors aujourd’hui aussi bien politiciens qu’économistes, médias ou médiatisés, tous en cœur continuent d’entonner le chant religieux de la croissance sans fin dans un monde fin. Le temps perdu ne se retrouve pas…

 

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Le don de nourriture, point trop n’en faut

Avec les Restos du cœur, le projet initial de Coluche consistait à donner un coup de pouce ponctuel, pas de s’inscrire dans la durée. Mais les Restos, créés en 1985, se sont institutionnalisés jusqu’à devenir, pour 5,5 millions de Français chaque année, un mode d’alimentation. L’anthropologue Bénédicte Bonzi, autrice de « La France qui a faim », tire, dans un entretien au « Monde », une critique structurelle de notre système alimentaire pour en déduire une absence de solution réaliste.

Bénédicte Bonzi : L’explosion du nombre de bénéficiaires oblige à s’interroger sur cette aide, le projet originel de Coluche pour lutter contre la pauvreté est devenu le maillon d’une chaîne inégalitaire. La loi de modernisation agricole de 2010 a assigné à l’aide alimentaire le rôle de débouché pour l’agro-industrie. La loi contre le gaspillage alimentaire de 2016 a même fait de l’aide alimentaire la poubelle de la grande distribution, le conventionnement entre supermarchés et associations contraint ces dernières à récupérer les invendus. Cette violence se retrouve en amont du système alimentaire, dans le milieu agricole, où beaucoup ne peuvent pas vivre de leur travail. Marcel Mauss (Essai sur le don, 1925) soulignait que le don permet beaucoup de choses, mais pas la justice. En effet, le don porte en lui deux dimensions inextricables. Le lien social qu’il implique recèle une force créatrice et symbolique. Mais il comporte simultanément une domination en ce qu’il rend impossible de rendre. En cela, le don n’a rien d’un droit…

Une sécurité sociale alimentaire, reposant sur la cotisation et un conventionnement démocratique des lieux de production, permettrait d’aller vers une agriculture durable.

Lire sur Benedicte Bonzi, Aide alimentaire, aide à l’agro-industrie !!!

Le point de vue des commentateurs sur lemonde.fr

paul duvaux : Dans la galimatia des sociologues marxistes, je note l’arrivée d’un nouvea concept, celui de la violence. Le capitalisme crée de la violence sociale dont sont victimes les pauvres.

Anthemius : Que propose-t-elle pour résoudre le problème ? Que signifient « la cotisation et un conventionnement démocratique des lieux de production » ? Cela ne veut rien dire ou mériterait d’être précisé clairement

Michel SOURROUILLE : La proposition de sécurité alimentaire consiste en une cotisation (par exemple 150 € par mois et par travailleur), dans le but de garantir l’aide aux individus les plus précaires. On ajoute donc aux cotisations sociales une cotisation alimentaire. On accroît la couverture sociale des assistés, multipliant ainsi le nombre de personne qui pourront manger sans travailler. Un tel système, n’est pas durable. Rappelons que les Restos du cœur consistait à donner un coup de pouce ponctuel, pas de s’inscrire dans la durée, ce qu’indique d’ailleurs l’article lui-même. Il y a donc une contradiction inhérente à ce projet de « sécurité sociale alimentaire » qui voudrait institutionnaliser l’aide.

Raphaele B. : Avec ce raisonnement, on supprime également la Sécurité sociale, qui permet aux assistés de se soigner sans travailler ! L’alimentation saine et équilibrée est un droit pour tous, elle ne devrait pas dépendre des revenus.

Cyae : Raphaele B., si sur le fond, vous avez parfaitement raison, il est souhaitable que chaque humain sur terre se voit reconnaitre (et respecter) un droit à manger sainement et boire une eau non polluée, disposer de sa liberté de pensée et d’expression, à un toit, à l’éducation, à la sécurité (et certainement d’autres que j’omets ici). Dans la forme (et même en se contentant de restreindre le périmètre à la France), donner un droit aux plus démunis se fait le plus souvent en ponctionnant les quelques franges captives au dessus, qui voient l’écart entre ce plancher qu’on essaie de rehausser et eux même se réduire. Jusqu’à finir par se demander s’il vaut bien le coup de se fatiguer et ne pas plutôt profiter de ces droits garantis et offerts. A un moment, si le travail ne paie plus, autant rester chez soi.

Jacques : Raphaele B. vous semblez ignorer que la Sec.Soc. est financée par les travailleurs, elle a été étendue à d’autres catégories qui ne cotisent pas, mais il faudra toujours un nombre suffisant de travailleurs pour la financer. L’alimentation saine et équilibrée coute à produire, il faut donc des acheteurs (qui acceptent un prix rémunérateur) et seuls les surplus peuvent être donnés, mais il faudra toujours un nombre suffisant de cotisants pour les financer.

Le point de vue d’un écologiste démographe

Malthus en 1798 : Les lois sur les pauvres (en Angleterre) tendent manifestement à accroître la population, sans rien ajouter aux moyens de subsistance. Ainsi les lois y créent les pauvres qu’elles assistent. Secondement, la quantité d’aliments qui se consomme dans les maisons de travail (Work-houses) diminue d’autant les portions qui sans cela seraient réparties à des membres de la société plus laborieux et plus dignes de récompense. C’est une dure maxime, mais il faut que l’assistance ne soit point exempt de honte. C’est un aiguillon au travail, indispensable pour le bien général de la société. Heureusement, il y a encore chez les paysans quelque répugnance à recourir à l’assistance. C’est un sentiment que les lois sur les pauvres tendent à effacer.

Malthus contre les lois sur les pauvres

MALTHUS, aider les pauvres n’est pas aider !

Pour aller plus loin grâce à notre blog biosphere

« Assistanat », la gauche se déchire

Arrêtons l’aide alimentaire structurelle

L’aide humanitaire, facteur de surpopulation

Famine Et pauvreté au programme mondial (de l’aide alimentaire)

Le don de nourriture, point trop n’en faut Lire la suite »

L’anus dilaté de Bruno Le Maire

La vie politique en France devient amusante. On ne résiste pas aux cancans. Bruno Le Maire, notre ministre de l’économie, en pleine crise de la dette (3000 milliards) et de l’inflation (autour de 6 %), a pris le temps de faire paraître un roman de 480 pages assez explicite : « Quand est-ce que tu m’encules ? », lance Julia, page 59.

Dans les cercles du pouvoir et ailleurs, on se gausse aussi de la page 74, scène d’ébats entre le héros, Oskar, et son amie Julia : « Elle me montrait le renflement brun de son anus… Tu viens Oskar ? Je suis dilatée comme jamais. » Dès le 27 avril 2023, le ministre expliquait que son « besoin » d’écrire n’est « pas négociable ». Il fustige, le 9 mai sur France Culture, « l’ordre moral qu’on veut nous imposer … La sensualité, la sexualité, qui est très présente effectivement dans mon livre, est une manière d’être libre ».

Elisabeth Borne explose : « Il ferait mieux de travailler au lieu d’écrire des livres de cul ! »« Cet ordre du jour est dilaté comme jamais », fait mine de soupirer un proche de la première ministre. l’élu Les Républicains (LR) de l’Oise Jérôme Bascher dit vouloir éviter, le 3 mai, « que notre dette soit “dilatée comme jamais” » Le Maire se voyait en marquis de Sade… Schiappa en Emmanuelle. La secrétaire d’Etat à l’économie sociale et solidaire, pose dans le magazine de charme Playboy paru le 6 avril, pour défendre « la liberté sexuelle » face aux « rétrogrades ». Un « fantasme depuis longtemps », se justifie-t-elle auprès de Matignon. Quelques jours plus tôt, le ministre du travail, Olivier Dussopt, officialise au magazine Têtu son homosexualité.

Ces informations sont publiques puisqu’elles sont extraites du MONDE

Bruno Le Maire, une « fugue » littéraire au cœur du pouvoir

Quelques-un des plus de 200 commentaires sur le monde.fr

– L’espace des contributions est dilaté comme jamais

– Et l’âge de départ à la retraite qui se fait dilater, on en parle ?

– Extraits de l’article : Cinq livres en 4 ans. Il travaillait à celui-ci depuis 5 ans. Lequel a nécessité un gros travail de réécriture avant sa parution, plusieurs fois reportée depuis 2022, afin de réduire ses 700 pages initiales à seulement 500. Cela semble quand même beaucoup de temps disponible pour un simple hobby, fut-il une seconde nature…

– De mon côté, je préfère 100 fois un ministre pornographe à un secrétaire général de l’Ulysse mis en examen pour prise illégale d’intérêt.

– Aujourd’hui dans le monde l’édition, si on est connu, même s’il ne s’en vend pas, ce n’est pas grave, la presse en aura suffisamment parlé pour faire de la pub gratuite de votre maison d’édition… et tant pis pour la planète.

la sexualité sur notre blog biosphere

sexualité éclairé, grâce à l’école (2009)

nature et sexualités : le débat sur le genre humain (2011)

La bipédie, origine de notre sexualité très encadrée (2018)

Sexualité et harcèlement, l’homme, un animal dénaturé (2018)

Nature de la sexualité et droit à la sexualité (2019)

Écologisme et sexualité, mélange détonnant (2021)

Pornographie, une sexualité trop simplifiée ? (2021)

éducation à la sexualité… devenir malthusien (2023)

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Camille Etienne pour un soulèvement écologique

La très militante Camille Etienne publie son premier livre le 19 mai 2023, « Pour un soulèvement écologique. Dépasser notre impuissance collective ». C’est actuellement la chouchou des médias, mais des gens très méchants lui cherchent des poux chaque fois qu’elle ouvre la bouche.

Camille Etienne : « J’ai grandi en Savoie face à Bellecôte, une montagne sublime, une face nord où les neiges sont éternelles. Et puis, à l’âge de 10 ans, j’ai compris que même les neiges ne seraient pas éternelles, j’ai compris que je ferais partie de la première génération à voir cette disparition, c’est vertigineux. Plus j’avance et mieux je comprends les intrications de ces capitalistes qui se contentent de dire « on ne fait que répondre à la demande » et « les pays du tiers-monde ont eux aussi le droit au confort des énergies fossiles ». Or, ce n’est pas ça qu’il se passe, ils s’assurent de la dépendance de nos sociétés au pétrole par tous les moyens possibles : les conflits d’intérêts, l’emprise des financements sur les lieux de pouvoir, le sport, la culture… Le débat sur l’art est vite enterré, quand il s’agit de regarder la part d’argent fossile qui circule dans ce milieu ou quand en Allemagne on rase une église du XVIIIe siècle pour une mine de charbon…

On vit un naufrage, pour tous ceux qui hésitent encore, il faut cesser de coopérer. »

Le point de vue des gentils écologistes

face aux méchants Shadoks

Peps72 : Camille Etienne ou le vide absolu. Cette jeune personne est la coqueluche des médias depuis qu’elle a interpellé des patrons et des dirigeants d’entreprise lors d’un colloque organisé à HEC (quel courage). C’est fatigant de devoir subir le discours hors-sol de ces jeunes diplômés qui passent directement de la bulle Science-Po à la bulle médiatico-militante,

Guillaume : C’est bien triste, la vieillesse. On croit qu’on a raison de se résigner. Et puis on meurt en le regrettant.

Crocus : La voici, la nouvelle figure du fascisme vert, directement extraits d’une lecture marxiste, empreinte d’ardeur brutale.

Vivian Darkbloom : J’aime beaucoup « ardeur brutale » ! Mais qu’y a t’il de « fasciste » dans les propos de Camille ?

Cazbapt : D’urgence qu’elle soigne son ego avant de nous demander de nous serrer la ceinture voire de faire hara-kiri. Le changement climatique viendra de la Chine, l’Afrique, l’Inde et les USA. Qui n’ont pas grand chose à faire de nos états d’âme

Paco : Il m’a suffi de lire les commentaires condescendants ou méprisants pour trouver que cette personne doit être intéressante : déclencher tant de boue venant de tant de sachants savants doit signifier qu’elle parle juste.

-Alazon- : Cette personne appelle ouvertement sur France Inter à imposer à la majorité les idées des écolos, en dépit de leurs résultats ultra-minoritaires aux élections.

Amiliajc : La seule question qui vaille est « veut-on sauver l’avenir de nos enfants ou poursuivre ce suicide collectif ? » Non on préfère profiter de la vie tant qu’on peut et après moi le déluge… Un individualisme et un égoïsme doublé de déni a son paroxysme. Si on continue sur la voie du parasitisme, la nature va nous sortir du jeu.

André C. : La Greta française. Tout aussi douée pour l’auto-promotion. Dommage pour la cause écologique qui mérite mieux que ces lieux communs anticapitalistes.

Jacr : Désolé mais le capitalisme par définition était jusqu’ici le cœur même de la voracité destructrice de cette planète ! (Et nous tous comme complices)

Gros Miko : Le problème des écologistes (et des autres) c’est qu’il n’y a pas de solution réaliste. Vouloir rapidement arrêter les émissions de GES revient pratiquement à arrêter pouvoir d’achat et niveau de vie. Les émissions sont en première approximation proportionnelle au niveau de vie. Pour respecter l’accord de Paris sans nouvelles technologies il faut une récession de 6% par an (Jancovici). Et il ne faudra pas trop compter sur les batteries et autres renouvelables qui vu d’aujourd’hui n’auront jamais la facilité, le coût, et la puissance des énergies fossiles. C’est presque existentiel.

2Joe : Donc on fait quoi ? On continue sans rien changer sauf à installer des clims partout?

Ludovic Noémie : Une jeune femme très belle et une brillante personne. Elle a sans doute raison sur plein d’idées relatives à l’écologie. Par contre, elle a un ego visiblement énorme et qui continue d’enfler, doublé par un narcissisme évident. Sur un détail, les spécialistes me corrigeront, mais il me semble qu’elle n’a pas compris le concept d’habitus

HLE : Au vu des commentaires, courage Camille, vous devez avoir entendu que « Toute personne qui fait quelque chose, a contre elle ceux qui voudraient faire la même chose, ceux qui font précisément le contraire et surtout la grande armée des gens d’autant plus sévères qu’ils ne font rien du tout »…

Max : Encore un discours extrémiste et radical, sans nuance. Cette dame n’a qu’a aller vivre dans un pays autoritaire pour devenir objective.

Wagwag : Ce que Camille propose n’est pas grand chose en comparaison de ce qui serait nécessaire. Pouvez-vous citer une seule chose extrémiste dans son discours ? L’extrémisme est de ne rien changer alors que nous sommes dans une situation de suicide collectif.

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help, bientôt le grand krach de l’endettement

En 2013, la dette publique des USA était déjà de seize mille milliards (16 000 000 000 000) de dollars. Début 2022, on pensait que le montant de la dette devrait bientôt atteindre 29 000 milliards de dollars. En mai 2023, on la trouve à 31 381 milliards de dollars ! Si le krach boursier du type 1929 n’a pas lieu dans le jours qui viennent, de toute façon il aura lieu bientôt, entraînant son lot de faillites en chaîne et de chômage de masse dans un contexte géopolitique et écologique qui multiplie déjà les risques de déflagrations. L’économie libérale nous mène d’autant plus à la ruine que la planète a été tellement pillée par nos politiques croissancistes antérieures qu’il n’y a plus assez de ressources naturelles pour envisager un rebond économique quel qu’il soit. Nos articles antérieurs sur ce blog biosphere :

USA, seize mille milliards de dollars de dette publique (octobre 2013)

Shutdown aux USA, s’endetter sans limites (décembre 2021)

Krach boursier aux USA, avant-goût du mondial (janvier 2022)

Arnaud Leparmentier : Les États-Unis vont atteindre dans quelques semaines le plafond d’endettement fixé par le Congrès à 31 381 milliards de dollars (environ 29 000 milliards d’euros), le défaut de paiement (la faillite) approche. Donald Trump sur CNN : « Je dis aux républicains, il nous faut des coupes budgétaires massives. » Joe Biden refuse toute conditionnalité et répète qu’il ne cédera pas au chantage : « Eviter le défaut de paiement est un devoir fondamental du Congrès des États-Unis. » Le plafond de la dette est une particularité américaine, esquissé en 1917, lors de l’entrée en guerre des Etats-Unis, pour permettre au Trésor d’emprunter sans demander à chaque fois l’autorisation du Congrès qui a autrement tous les pouvoirs budgétaires. Depuis 1960, ce plafond a été relevé à 78 reprises par le Congrès.L’administration Biden affiche un déficit de 5,2 % du PIB, la dette atteignait 107 % du PIB en 2019, elle est montée à 128 % en 2020 et devrait augmenter de près de 20 points d’ici à 2033. Les républicains veulent s’attaquer à l’Inflation Reduction Act (IRA), le plan massif de subventions énergétiques adopté à l’été 2022… constitué de crédits d’impôts illimités !

Le point de vue des écologistes économes

Samuc : Donc un plafond relevé 78 fois ne pourrait pas être hissé une 79ème fois ?

A. Gauthier : Ce n’est pas un souci pour les États-Unis depuis que la majorité des monnaies se définissent par rapport au dollar et non plus l’or dont les réserves sont insuffisantes. Du coup ils sont le seul pays à pouvoir frapper de la monnaie à valeur constante. D’où la phrase de Nixon : « le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème »

Un Suisse : Les USA utilisent la planche à billets sans limite et je suis prêt à parier qu’ils finiront par annuler tout ou partie de leur dettes d’un trait de plume législatif en envoyant se faire paître les détenteurs étrangers de bons du trésor US.

Kiamb : On a la même info régulièrement ,«ils vont être obligés de licencier 100 000 fonctionnaire fédéraux »… et puis tout s’arrange chaque année au dernier moment.

le sceptique : Il y a un siècle, la crise de 1929 a été le déclencheur mondial de l’étatisme au sens où l’État devenait le garant en dernier ressort de tout, quitte à dépenser beaucoup. Après quelques hésitations, les capitalistes ont trouvé cela cool, ils pouvaient ajouter de la dette d’État à leur portefeuille avec la quasi-certitude que l’État matraquerait et exproprierait sa population pour que la dette soit payée. C’est ce que pensent aujourd’hui certains qui disent « il y a davantage d’épargne que de dette » (sous-entendu : on peut toujours vider le bas de laine des gens pour la plus grande gloire de l’étatisme et de ses dépenses). Ne serait-il pas logique que la prochaine grande crise soit celle de la dette publique ?

Michel SOURROUILLE : L’histoire humaine aux temps de l’économie souveraine est une impasse tragique qui ne fait que repasser les mêmes plats pour aboutir à un krach financier et/ou des affrontements militaires sans fins. Et n’oublions pas que tous ces riches qui vivent à crédit, c’est aussi NOUS en France. Notre dette est de 3000 milliards d’euros. Tous les citoyens des pays croissancistes vivent au détriment du capital naturel, ils le dilapident, mais quand il n’y aura plus de pétrole mais le réchauffement climatique, on s’apercevra alors, mais un peu tard, que l’argent ne se mange pas.

CH TokTik : Le bateau est ivre et les marins aussi… mais les plus riches auront des canots de sauvetage et les 2nde classe se retrouveront à la mer….comme d’hab.

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Post-croissance, l’idée fait son chemin…

A l’occasion de la conférence «Post-Growth» qui se tenait à Bruxelles les 18 et 19 septembre 2018, un groupe d’universitaires de toute l’Europe appelait à revenir sur le dogme de la croissance, devenu incompatible avec la contrainte écologique et le bien-être des peuples. A l’occasion de la conférence « Beyond Growth 2023 », un appel de 18 eurodéputés sur le même thème : « Nous devons sortir du dogme de la croissance ».

Tribune de 18 députés : En tant que députés européens issus de différents groupes politiques, nous sommes tous d’accord sur l’urgence et l’importance de ce débat, et sur la nécessité de sortir du dogme de la croissance. Plus de cinq mille personnes participeront à la conférence « Beyond Growth 2023 » [Au-delà de la croissance], du 15 au 17 mai, une initiative transpartisane qui se déroulera au Parlement européen. L’objectif est de questionner la doctrine dominante qui sous-tend les politiques publiques de l’Union européenne (UE) et de redéfinir nos objectifs communs dans tous les domaines, en s’éloignant de la focalisation néfaste sur la croissance économique comme seule base de notre modèle de développement.

Pourquoi ? Tout d’abord, une croissance économique perpétuelle, basée notamment sur la consommation de combustibles fossiles, entraîne des dérèglements climatiques catastrophiques. Ensuite, la poursuite illimitée de la croissance repose sur l’épuisement des ressources naturelles, la destruction de la biodiversité et l’accumulation de déchets et de pollutions. Par ailleurs, le modèle économique actuel contribue aux inégalités et à l’exclusion sociales. Enfin, le modèle économique actuel est intrinsèquement instable et sujet aux crises, comme l’ont démontré, par exemple, la crise financière de 2008. Nous devons développer une nouvelle stratégie globale pour une économie européenne postcroissante. Concevoir des voies politiques n’est pas seulement souhaitable, c’est aussi une nécessité absolue.

Le point de vue des écologistes décroissants

Claude Danglot : Enfin un appel au bon sens et à la raison des 18 députés qui rappellent que le PIB n’a aucun intérêt lorsqu’on est mort noyé, desséché ou brûlé par le soleil à cause du dérèglement climatique en cours.

PIER A. : La nouvelle stagflation va réaliser leurs rêves les plus fous.

Gbouvier : « Beyond growth », c’est mal nommé, on devrait parler de « bye bye growth ». Arrêtons de leurrer les gens : la décroissance, c’est moins de niveau de vie, moins d’espérance de vie, moins de services publics, plus d’inégalités. Pourquoi pas, mais la démocratie, c’est de permettre des choix éclairés.

Michel SOURROUILLE : Même l’écologie politique n’assume pas clairement la rupture avec le dogme de la croissance. C’est ce que regrettait, dans une autre tribune au « Monde » (06.12.2022), la députée Delphine Batho de Génération écologie : « Les options du présidentiable Mélenchon, visant une augmentation du produit intérieur brut de 2 % par an, sont contraires aux objectifs écologistes. » De toute façon la décroissance (économique ET démographique) ne relève pas d’un choix. Que ce soit de gré ou que ce soit sous la contrainte de la nature et de l’épuisement des ressources fossiles, la sobriété est déjà notre ligne d’horizon. Reste deux possibilités : soit on l’embrasse, soit on la repousse le plus tard possible… sachant que plus on attend plus ce sera brutal et douloureux.

Quincampoix : Et logiquement baisse de la natalité et l’immigration aussi…

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Jean-Luc Mélenchon entre productivisme et décroissance (2012)

EELV face au concept de « décroissance »

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IVG, la démocratie impose des contraintes

Souvenons-nous , pendant des siècles, les gouvernements et les églises ont bel et bien contraint les gens à avoir davantage d’enfants : il n’est de richesse que d’hommes, disait-on. Avortement et même contraception étaient interdits par une loi de 1920 démocratiquement votée en France. Depuis 1967 pour la contraception et 1975 pour l’IVG, c’est l’inverse, c’est autorisé. Or avec 10 ou 11 milliards d’humains prévus en 2100, il est fort possible que la situation devienne alors ingérable et qu’on en arrive démocratique à formuler des contraintes du types stérilisation obligatoire des femmes ayant déjà eu un enfant. Mais soyons objectifs : réciproquement, si la population humaine devenait exsangue, on pourrait décider démocratiquement d’une obligation de procréer.

A quel moment une politique démocratiquement voulue mérite-t-elle d’être qualifiée de contraignante puisqu’il s’agit par définition de l’expression de la volonté du peuple ? Normalement nos décisions démocratique reposent sur une concordance avec l’opinion publique du moment mais aussi avec les difficultés rencontrées par notre système social. Ce n’est pas parce qu’une loi a été votée qu’on arrête de réfléchir ou de débattre. Mais l’’idée de contrainte nous rend aujourd’hui fébriles, exemple avec le pass sanitaire. Les hommes changent dans leurs perceptions et leurs valeurs, en même temps que leur environnement et sans s’en rendre  compte : c’est le phénomène des shifting baselines ou lignes de références fluctuantes. En tant que membre d’une société dont les normes changent, on ne remarque pas que ses propres normes sont soumises à ce changement, parce qu’on se maintient constamment en accord avec ceux qui nous entourent. C’est pourquoi l’évolution culturelle est lente, trop lente quand la catastrophe approche. On voit bien le décalage qui existe entre la réalité du réchauffement climatique et l’inertie politique conforme à l’inertie citoyenne engluée dans ses habitudes consumériste. Il en est de même du constat de surpopulation, nié par nos élites imprégnées de natalisme conquérant.

La démocratie est le plus mauvais des systèmes… à l’exception de tous les autres. On ne trouve pas mieux, mais il a une faiblesse intrinsèque : ce système de partage du pouvoir n’a par définition pas de base fixe, c’est un lieu vide. Il s’agit de délibérer en groupe pour arriver à prendre une décision qui peut aller dans un sens ou en sens contraire selon les circonstances. Bien sûr c’est mieux que l’autre procédure décisionnelle qui repose uniquement sur des arguments d’autorité formulés par une religion ou un leader plus ou moins charismatique (pharaon, roi, dictateur, populiste, etc.). Mais avec les humains, il ne semble pas qu’il y ait progrès historique de l’intelligence collective, il y a même des régression terribles et récurrentes. La dictature peut se transformer en démocratie, mais l’inverse reste aussi vrai. La guerre se termine par un armistice et la paix retrouvé, et puis la guerre recommence sous d’autres formes, que ces pays soient démocratiques ou non.

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18 août 2021, POUR ou CONTRE la stérilisation forcée ?

15 août 2021, Ligatures des trompes et vasectomie pour tous et toutes

21 octobre 2020, Stérilisation forcée, eugénisme ou génocide ?

24 mai 2019, Quelle démocratie en période d’urgence écologique ?

13 novembre 2014, stérilisation de masse, méthode de contraception en Inde

28 mars 2014, Stérilisation de masse des chats… Et celle des humains ?

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Le verdissement du développement durable

« Développement durable », une expression des années 1990 qui révèle un discours fait pour faire penser qu’on fait quelque chose face à l’urgence écologique : libre cours au business as usual tout en faisant croire qu’on maintient ouvertes toutes les possibilités pour les générations futures ! Cet oxymore, un rapprochement de mots contraires tient plus de la poésie que de la réalité, cf. l’obscure clarté des étoiles.

Comme parler aujourd’hui de croissance économique et démographique paraît impossible dans un monde fini et vidé de ses ressources faciles d’accès, l’oxymore « développement durable » pour nous entuber reçoit une couche de verdissement pour renforcer le leurre, l’illusion : « croissance verte », « moteur propre »…, en fait un greenwashing, de l’écoblanchiment. Le greenwashing ne consiste pas seulement à recouvrir et occulter certaines réalités désagréables, il désigne en même temps une forme de manipulation mentale visant à fabriquer l’adhésion et le consentement.

Julien Vincent : Longtemps le terme « verdissement » a été réservé aux traités de botanique. D’abord associé à ce qui est instable et changeant, ce n’est qu’à l’époque romantique que le vert devient la couleur de la nature. Il est chargé d’une connotation politique (avec la création des Verts en 1984). Alors les tenants de la société thermo-industrielle inventent le verdissement dans tous les domaines, financier bien entendu, mais aussi verdissement technologique : à travers l’objectif d’une « croissance verte », on mise sur des techniques très consommatrices en métaux non recyclables. L’économie circulaire n’est aussi que mirage.

Pour en savoir plus sur le verdissement

Des municipales à l’heure du verdissement (2020)

extraits : Les élus des années 1990 avaient transformé leur ville en entreprise pour devenir une zone « attractive ». C’était la mode de la politique du  développement local, zones industrielles par-ci, grands travaux inutiles par-là. Les politiques d’image visaient à améliorer le positionnement extérieur de la ville, festival de musique par-ci, festival de la bande dessinée par-là… Aujourd’hui c’est le verdissement général. Que dire de spécifique quand tous les candidats se veulent écolos ?

Fluide Glacial : Vers un monde vert et très rigolo (2014)

extrait : « Un sage a dit, si tu échoues sur une île déserte avec une bible électronique, tu as trois heures d’autonomie… »

mondial de l’auto (2008)

extraits : Le « greenwashing » ou verdissement des mauvaise pratiques environnementales par un effet d’annonce, a encore frappé. « Les marques de voiture font de l’écologie leur principal argument de vente », titre Le Monde du 16 octobre 2008. Renault prétend « laisser moins de traces sur la planète », Toyota « moins de CO2, mais aussi moins de NOx », BMW « moins d’émissions, plus de plaisir ».

POLLUTEC (2007)

extraits : Dans la France de 1986, Pollutec (Salon international des équipements, des technologies et des services à l’environnement) rassemblait 220 exposants sur 4 000 m2 de stands. En 2006, Pollutec réunissait à Lyon 2500 exposants sur 53 000 m2. En fait cette progression du « verdissement » du PIB n’est pas bon signe. Cela démontre que la richesse du pays, mesurée par le produit intérieur brut, a une composante négative dont l’expansion marque les inconvénients de la croissance économique : on note comme positif des activités qui ne font pour la plupart que compenser les inconvénients du progrès technique.

Pour en savoir plus sur les oxymores

Transition énergétique, un oxymore de plus (2022)

Nucléaire vert, énergie durable, oxymores (2022)

Croissance durable, un oxymore obtient le prix Nobel ! (2018)

Croissance verte, l’oxymore de la Banque mondiale (2012)

Pour en savoir plus sur l’économie circulaire

L’économie circulaire, une vraie entourloupe (2020)

Économie circulaire, on en parle, on le fera peut-être (2018)

économie circulaire, écologie industrielle, un leurre (2013)

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Hugo Clément, une voix écolo qui compte ?

Hugo Clément, un « écolo sectaire » ? A une époque, ce journaliste-écrivain était le « gars relou qui se moque de ses potes végétariens ». Il adorait la viande et n’aimait pas les bêtes. Mais son frère lui fait lire le livre choc de Jonathan Safran Foer, ses amis « l’éduquent ». Comme Nicolas Hulot en son temps, il comprend au gré de ses reportages journalistiques que la défense de l’environnement est la mère de toutes les batailles. « Quel que soit le sujet que j’étais amené à traiter, dans n’importe quel pays du monde, il y avait un enjeu environnemental sous-jacent, explique-t-il. Il y a toujours des ressources naturelles au cœur des conflits  » Il se consacre alors à une émission, « Sur le front », centrée autour de personnages qui luttent sur le terrain et auxquels le téléspectateur pourra s’attacher. Pour ses interlocuteurs, il offre une caisse de résonance inespérée à leurs combats. « L’écueil, quand on traite les sujets environnementaux, c’est que c’est souvent plombant. Tu fous la tête des gens sous l’eau et tu ne les laisses pas respirer en leur proposant de faire un truc. Nous, on veut qu’à la fin des émissions on ne se dise pas “c’est horrible, on va crever”, mais plutôt “il y a des gens qui font des choses et nous aussi on peut agir” », plaide Hugo. Sur les réseaux, le journaliste est presque devenu un média à lui tout seul : un million d’abonnés sur Instagram, 800 000 sur Facebook, 650 000 sur Twitter, 140 000 sur TikTok

Fatalement, Hugo Clément suscite des critiques. Et notamment celle de brouiller la frontière entre journalisme et militantisme, de faire de la dénonciation permanente, tel un chevalier vert. Une large partie du monde agricole et de la chasse s’irrite des « leçons » assénées par le reporter. Sur les réseaux sociaux, il est fréquemment pris pour cible, parfois avec violence, ainsi ce tweet appelant à « monter un commando et faire couiner ce con ». Hugo Clément assume tout, de « montrer sa gueule », de se mettre à dos le million de chasseurs : « L’objectivité, c’est un truc que les journalistes mettent en avant pour se donner bonne conscience, mais personne n’est objectif. » En effet ! Grâce à un cerveau surdimensionné, nous sommes la mesure de toutes choses, mais notre objectivité n’est que la somme de nos subjectivités humaines. Nos esprits et nos comportements ne sont que le reflet de l’idéologie dominante, l’imaginaire collectif du moment. Comme s’y retrouver ?

A l’intérieur de la démocratie d’abondance, on peut entendre tous les points de vue, celui de la vaccination obligatoire et cel ui des anti-passe, les pro et les antinucléaires, les pro et les anti-éoliens, tout peut servir de pugilat. Il est vrai que dans les médias, l’opinion stupide est traitée avec le même respect que l’opinion intelligente, celui qui est mal informé peut parler aussi longtemps que celui qui est bien informé et la propagande y est mise dans le même sac que l’éducation. Cette tolérance du sens et du non-sens à la fois est justifiée par l’argument démocratique selon lequel personne, aucun groupe ni aucun individu, n’est en possession de la vérité et capable de définir ce qui est juste et ce qui est faux, ce qui est bon et ce qui est mauvais. Toutes les opinions contestataires doivent être soumises au « peuple » pour qu’il puisse délibérer et choisir. Le caractère non discriminant de la tolérance libérale était, du moins en théorie, basé sur la proposition selon laquelle les homme étaient (en puissance) des individus qui pouvaient apprendre à écouter, voir et sentir par eux-mêmes et ainsi comprendre quels étaient leurs véritables intérêts. L’argument démocratique implique une condition nécessaire, à savoir que les gens doivent avoir accès à l’information authentique et que leurs délibérations doit être le  résultat d’une pensé autonome se fondant sur cette information authentique.

« Mais la tolérance universelle devient problématique lorsqu’elle est appliquée à des individus manipulés et endoctrinés qui répètent comme des perroquets, comme si cela venait d’eux, l’opinion de leurs maîtres pour lesquels l’hétéronomie est devenue autonomie. Avec la concentration des pouvoirs économique et politique et avec l’intégration d’opinions opposées dans une société qui utilise la technologie comme un instrument de domination, la contestation réelle reste bloquée. Dans une démocratie organisée sur un mode totalitaire, l’objectivité entretient une attitude mentale tendant à oblitérer la différence entre ce qui est juste et ce qui est erroné. En fait le choix entre des opinions opposées a été fait avant que ne commence la discussion. Il n’a pas été fait par une conspiration, mais juste par « le cours normal des événement », qui n’est que le cours des évènements administrés. Comment briser la tyrannie de l’opinion publique et de ceux qui la construisent dans une société close ? Pour rendre les individus capables de devenir autonomes, de trouver par eux-mêmes ce qui est vrai, il faudrait les libérer de l’endoctrinement dominant qu’ils ne reconnaissent même plus comme endoctrinement. La vérité, « toute la vérité », requiert la rupture avec l’apparence des faits. Une partie essentielle de la vérité est de reconnaître dans quelle effrayante mesure l’histoire a été faite par et pour les vainqueurs, c’est-à-dire de reconnaître dans quelle mesure elle est le développement de l’oppression. » (Marcuse en 1964, in La tolérance répressive)

En d’autres termes, il faut savoir trier entre les bons journalistes et les autres, entre les médias de merde et ceux qui ont un certain respect de la vérité, entre les voix qui comptent et les éructations des populistes de tous bords…

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

14 juin 2021, Que signifie « penser vrai » ? Relativiser !

8 juillet 2020, Brouhaha médiatique et démocratie réelle

Hugo Clément, une voix écolo qui compte ? Lire la suite »