simplicité volontaire

Taxonomie et produits chimiques dangereux

Près d’un article de grande consommation sur cinq devrait être interdit à la vente en raison de la présence excessive de produits chimiques dangereux (plomb, cadmium, phtalates…) nous informe l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) dans un rapport publié le 13 décembre 2023. Il ne suffit pas d’alerter, il faut agir et instaurer une taxonomie de nos besoins. Çà urge, on s’empoisonne !

Stéphane Mandard : Sur environ 2 400 articles contrôlés en 2022 dans vingt-six pays de l’Union européenne par les services de répression des fraudes ou les douanes, plus de 400 (20 %) étaient en infraction avec la législation européenne. Les appareils électriques (jouets électriques, chargeurs, câbles, écouteurs) sont les premiers concernés : plus de la moitié de cette catégorie d’articles (52 %) a été jugée non conforme, principalement en raison de la présence de plomb dans les soudures, de phtalates dans les pièces en plastique souple ou de cadmium dans les circuits imprimés. Avec 16 % de non-conformité, les jouets non électriques regorgent également de produits dangereux pour la santé. Largement sous-estimés jusqu’ici, les impacts sanitaires de l’exposition au plomb ont été réévalués à plus de cinq millions de morts par an dans le monde et à une perte de quotient intellectuel de l’ordre de 765 millions de points chez les enfants de moins de 5 ans à l’échelle de la planète…

Le point de vue des écologistes désabusés

Attention, l’humanité s’auto-détruira dans… 5 secondes de l’échelle géologique.Entre les produits chimique qui diminuent le QI et l’intelligence artificielle qui menace l’originelle, on se demande où va l’humanité. Les Chinois ont trouvé un moyen très simple de nous anéantir sans faire la guerre. Ben oui, quoi, avec l’impact de toutes ces toxines sur la fertilité ! Si le réchauffement climatique ne nous rattrape pas tous avant… Les récentes pubs de l’Ademe « Moins consommer pour moins polluer » ne font rien à l’affaire. On aurait aimer le même article avec un sondage chez les consommateurs : « Entre ce produit conforme à 30€ et cet autre produit équivalent à 15€ non conforme, lequel achetez-vous ? »

Car il faut tout de même faire éclater une vérité embarrassante, on n’achète pas des trucs débiles pour donner du travail au paysan chinois qui migre pour aller à l’usine, non, on importe pour alimenter une consommation déjà obèse et enrichir les dealers de cette addiction. Aller contre la volonté du peuple, exercice ardu dans une démocratie. Instaurer une taxonomie de nos besoins, ça urge.

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La taxonomie écologique classe les activités selon leur niveau de « propre » et pourrait servir de point de repère à nos comportements. Mais la taxonomie européenne ne s’intéresse qu’aux investissements.

La Commission européenne avait publié le 18 juin 2019 une proposition de « référentiel d’activités durables » pour permettre aux investisseurs d’identifier les secteurs qui génèrent des bénéfices environnementaux. Son objectif est d’orienter les investissements sur des activités durables, passer « du marron au vert. En décembre 2019, la France et le Royaume-Uni ont bloqué la tentative de taxonomie parce qu’elle rendait pratiquement impossible le financement de l’énergie nucléaire par des produits financiers durables… De toute façon on devrait aller plus loin et apprendre aux consommateurs à choisir en toute connaissance de cause.

Au niveau d’une taxonomie de nos besoins, la notion de sobriété nous invite à nous interroger personnellement sur nos besoins, sur leur importance réelle ou supposée, ainsi que sur les priorités que nous pouvons établir entre eux. Nous pouvons définir une hiérarchie qui passe des besoins vitaux aux essentiels, puis indispensables, utiles, convenables, accessoires, futiles, extravagants et inacceptables. Chacun peut se livrer à l’exercice pour lui-même, en famille ou au travail, de façon à prendre conscience de l’impact de tel ou tel achat ou comportement. Rien ne sera possible sans une adhésion pleine et entière de tous nos concitoyens. Il s’agit de faire jouer à plein ce qui est la contre-partie indissociable de notre liberté : notre responsabilité ! Prenons l’exemple de nos besoins de mobilité individuelle. Ai-je vraiment besoin de me déplacer ? Quels sont les déplacements de loisirs et les déplacement contraints ? Le principe de sobriété nous incite à les réduire en essayant de nous rapprocher de notre lieu de travail. Nous pouvons aussi recourir à un mode doux de déplacement, marche, vélo, rollers, trottinette… La sobriété dimensionnelle nous incite à éviter toute surpuissance inutile dans le choix d’un véhicule. La sobriété coopérative repose sur la mise en commun pour réduire les besoins : mutualisation des équipements, autopartage, co-voiturage, auto-stop. La sobriété d’usage consiste à limiter le niveau et la durée d’utilisation d’un appareil, conduite douce par exemple.

La taxonomies aurait l’avantage de devenir un élément de langage collectif permettant à une société de retrouver à la fois une certaine cohérence et des perspectives d’avenir moins sombres…

Lire, L’art de classer ce qui est bien ou mal

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Consommation responsable : définition et enjeux

Les gestes simples pour consommer plus responsable

Les Français et la consommation responsable

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Horrible, la société idéale non violente ?

Les policiers n’étaient pas armés. De toute façon il n’étaient plus en uniforme, ils étaient anonymés et n’intervenaient d’ailleurs que rarement. Plutôt secouristes qu’agent de la force publique. Car en ce temps là il n’y avait plus de crimes, de viols, de vols, ou même d’altercations. Plus personne ou presque n’avait l’idée d’agresser quiconque, tout cela était désormais du passé, l’intelligence collective était passée par là. La pensée même d’atteinte à l’intégrité d’une personne était devenue inconcevable grâce à une éducation constante à la non violence.

La société des purs (écolos) avait commencé par agir à la racine du mal, les parents, la source première d’une socialisation bienveillante ou défaillante. Les couples se formaient en toute liberté jusqu’à ce que la mort les sépare. Les enfants étaient donc entourés toute leur vie par des parents compétents. Dès l’adolescence, tout le monde suivait un entraînement à la parentalité. On prenait alors conscience que le droit à la procréation était d’abord et surtout une lourde responsabilité qui engageait sur plusieurs années. La pression du groupe était telle que les personnes perturbées n’avaient même pas idée de fonder une famille. L’éducation était fondée à la fois sur la libre parole, le respect des autres et le souci de mère nature.

Certes les première années de la mise en place de cet apprentissage à la bienveillance, il y a eu malheureusement quelques ratés ; certains individus se laissaient encore aller à des tendances agressives, elles n’en faisaient qu’à leur tête, oubliant d’œuvrer pour le bien collectif. Elles étaient définitivement exclues du groupe. L’homogénéité culturelle non violente devenait la norme sociale, acceptée puis intériorisé par tous et toutes.

Les jeux d’enfant dans ce futur proche ne célébraient que le plaisir de jouer ensemble à main nue. Pas besoin de matériel sophistiqué. Pensez à ce tableau de Bruegel l’Ancien. La scène se déroule dans un village flamand au XVIe siècle. Dans un cadre bien structuré par la perspective, plus de 250 enfants y jouent à plus de 90 jeux différents. Nul besoin de jouets industriels, de salles de sport et de jeux vidéos pour s’amuser collectivement. Pas de pistolet en plastique ou électronique pour se faire peur, dans notre société idéale Doom a complètement disparu.

Doom » : trente ans de violence dans le jeu vidéo (1993-2023)

Pierre Trouvé : « C’était le 10 décembre 1993, minuit. Des milliers d’internautes téléchargent simultanément le premier épisode de Doom. Ce jeu vidéo soigne un élément alors rare, la violence graphique. L’arme au poing, les premiers joueurs découvrent les couloirs de la base de l’UAC sur Phobos, ne laissant que des cadavres sur leur chemin. On débute avec un petit pistolet et l’on termine avec le fameux BFG 9 000, qui élimine tous les ennemis. Action frénétique, usage novateur de la 3D, effets visuels sanglants… Les joueurs sont magnétisés. Les polémiques sont instantanées. Aux Etats-Unis, Doom sort le lendemain des premières auditions du congrès sur le thème de la violence dans les jeux vidéo. En Allemagne, le jeu est interdit à la vente aux mineurs. Malgré de nombreuses études menées sur le sujet depuis presque vingt-cinq ans, jamais l’existence d’un lien de cause à effet entre les jeux vidéo et des événements tragiques n’a été établi. Pourtant Doom accompagne la fascination pour la guerre et les armes… »

(à suivre) Chronique horrible à retrouver bientôt dans un autre épisode…

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Utilisez très souvent le préfixe « dé », merci

A ce jour, la catégorie « mots en français préfixés avec dé- » du Wiktionnaire compte 609 pages. Dans la presse et chez les militants, le préfixe « dé » connaît déjà un succès grandissant, il exprime la nécessité qu’il y a de modifier nos comportements. Deux lettres pour inverser une tendance qui peut être néfaste.

Michel Dalloni : En plein Black Friday, un dé-vendeur à la télé était chargé par l’Ademe, l’Agence de la transition écologique, de nous déconditionner par le biais de quatre spots publicitaires. Dans le sillage du célèbre « déconstruire », introduit au XXe siècle par la philosophie, d’autres occurrences ont rejoint le peloton. Le détravail dans la revue Socialter, démythifier, déconfliction (en jargon militaire), détotaliser (refuser les énergies fossiles), désairbnbiser (renoncer à un week-end à petit prix). La démarchandisation va avec la déconsommation, qui accompagne à merveille la décroissance imposée par la décarbonation.

Ces mots marchent très, très bien, car ils sont efficaces. L’oreille est vite accrochée. On comprend que le préfixe fait formuler le processus inverse à l’habituel, les tenants de l’ordre établi sont en porte-à-faux.  C’est un outil sémantique qui permet d’exprimer sa colère. Il aide à prendre la mesure de notre effroi devant le futur annoncé. Notre ami ce préfixe ajoute du sens aux mots qu’ils dénoncent. Déconstruire n’est pas détruire, déconsommer ne veut pas dire se priver.. Et quand on est d’accord sur ce qui crée le désaccord, un monde en commun devient possible. Nous sommes devant un travail rhétorique, une euphémisation stratégique. Le mot est beaucoup moins chargé émotionnellement. Aucun doute : « dé » milite pour une forme de rupture progressive, un changement qui ménagerait un certain temps la permanence du monde ancien. Il y a une réflexion pour un projet différent car “Dé” raconte une insatisfaction. Les mots mènent parfois le combat à notre place.

Le point de vue des écologistes décroissancistes

Le journaliste Dalloni minimise la force du mot obus « décroissance », critique fondamentale de notre société de sur-croissance. Et il a oublié des mots qui préfigurent pourtant notre avenir, démondialisation, désindustrialisation, désétatisation, détechnicisation, déconnexion, dévoiturage, désurbanisation, démilitarisation, démobilité, dénatalité, dépopulation.

En résumé, il s’agit de mettre en œuvre une décolonisation de notre imaginaire. Penser en « dé », c’est aussi condamner les SUR qui dominent le monde actuel, surexploitation, surconsommation, surdéveloppement, surabondance, surpêche, surpâturage, suremballage, surcommunication, surmédicalisation, surendettement, suréquipement…

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Entrons en résistance, « Dé »construisons

extraits : A l’heure de la suprématie des « SUR » (surproduction, surpollution, surpopulation…), définissons pour l’après-Covid une société apaisée des « Dé »….

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Notre imaginaire sur nos besoins se modifie

Dans la masse d’informations inutiles véhiculées par le quotidien de référence (LE MONDE), il faut chercher longtemps ce qui envisage notre avenir réel. En voici deux exemples ci-dessous, qui parlent reconsidération de nos besoins et de la chaîne des valeurs. L’ampleur des critiques qui sont faites au premier montre l’inertie des mentalités. Les commentaires du second nous redonnent un peu d’espoir.

Collectif : La France est dépendante d’une chaîne d’approvisionnement mondialisée sur laquelle elle a peu à peu perdu le contrôle. Les secteurs identifiés comme stratégiques sont choisis et traités suivant une approche typique de « l’ancien monde », fondée sur la compétitivité et une concurrence internationale forcenée. Or, dans un monde où six des neuf limites planétaires ont déjà été dépassées, nous devons reconsidérer nos priorités. Comment ignorer aussi que l’approvisionnement de l’Europe en pétrole risque de devenir problématique tant certains pays producteurs s’approchent de leur pic de production, voire l’ont dépassé ? Il est urgent de se questionner sur les besoins que nous définirons comme essentiels. Quelle place souhaitons-nous accorder à la 5G, à la 6G, à l’ordinateur quantique ? Doivent-elles être considérées comme nos priorités ? (28/04/2023)

Commentaires des abonnés du monde.fr

JM Dupont : Il me semble essentiel que le collectif arrête ses études pour se mettre à la reindustrialisation sobre .

pm22 : Réindustrialisation de la tomate cerise du balcon circulaire…. Avec subvention

Narrabeen : Le jour,où ces braves gens auront intégré qu’un smartphone fabriqué en France coûtera au bas mot 3000€, et un jean 200€, je leur proposerai d’investir dans une société qui relocalise. Ces gens nous préparent un nouveau naufrage, comme Bull.

Eco : Tribune un peu vague, avec en plein milieu un exemple totalement incongru : l’ordinateur quantique. Les auteurs n’ont probablement aucune idée de quoi il s’agit, sinon ils ne l’auraient pas cité, mais sans doute ont ils pris ça comme l’archétype du besoin inutile, une sorte de super-Macintosh hype inutile porté par le marketing et le snobisme. Qu’ils se renseignent un minimum, ce n’est absolument pas de cela qu’il s’agit. Si l’ordinateur quantique fonctionne un jour, et c’est presque le cas, ce sera une révolution et une rupture comparable à l’apparition de de l’ordinateur lui même.

J-1 : Tribune encore une fois d’une totale démagogie. Les auteurs ne voient les avancées technique que par le prisme de l’ « entertainment ». Avec l’ordinateur quantique, nombre de labos travaillent sur des algorithmes pour améliorer le captage du CO2 dans l’air avec des matériaux nanoporeux. Le débat bien entendu ne doit pas faire l’objet d’un large débat démocratique qui sera basé sur une méconnaissance totale de la technoscience.

lecteur assidu : Les déficits de la balance des paiements fait que l’on doit surtout s’orienter vers l’international plutôt que vers une hypothétique demande intérieure.

Anaïs Voy-Gillis : Les modèles industriels doivent évoluer sous l’effet des contraintes environnementales. Quels produits veut-on fabriquer ? Quels sont ceux que l’on veut importer ou rapatrier, dans quels volumes, etc. ? La croyance est encore trop forte que l’on va s’en sortir avec quelques aménagements à la marge et en décarbonant l’industrie. Mais une fois que l’on a décarboné, il reste encore beaucoup de questions à résoudre, comme l’accès aux ressources et aux matières premières. Parler d’industrie verte comme de croissance verte n’a guère de sens. Neutre à 100 %, cela n’existe pas et n’existera pas. Beaucoup d’experts posaient depuis plusieurs années la question de la maîtrise des chaînes de valeur, mais on ne voulait pas les écouter. La pandémie due au coronavirus et la crise énergétique ont changé la donne. (27/11/2023)

Commentaires des abonnés du monde.fr

F. P. : Des réponses qui ont pour première qualité de n’être pas idéologiques, c’est toujours agréable à lire, et même un peu plus : porteur d’espoir…

mon pseudo : Réflexion bienvenue. On pourrait rappeler que la France n’est pas un pays de matières premières, donc tout ce que consommons doit être acheté quelque part. Or de la valeur, nous pouvons en générer par notre travail, basique s’il s’agit de planter des clous. Plus c’est simple, plus n’importe qui peut le faire…

le sceptique : Si vous pensez que 8-10 milliards d’humains en vie au cours de ce siècle vont plutôt vouloir converger vers un haut niveau d’équipement en biens et services propre aux sociétés industrielles avancées, vous vous trompez. Le débat est plutôt entre raser la biodiversité et modifier le climat à grande vitesse d’un part ou le faire en ralentissant le rythme, le temps qu’une décroissance démographique s’engage (ce qui impliquerait la possibilité d’un gain per capita à pression identique sur l’environnement).

Bertrand de Kermel : Aujourd’hui, les marchandises circulent, mais l’argent circule en un clic, et les usines s’installent dans les pays à bas coûts. Les dumpings sont légion. Loin d’être pure et parfaite, la concurrence internationale est totalement faussée. Cela signifie que l’on a retenu le concept de libre-échange, en oubliant complètement les conditions de sa réussite. Relocaliser sans modifier parallèlement les accords de libre-échange serait une erreur.

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2027, un ministre de l’Énergie et des Besoins

extraits : Voici les quatre propositions qui doivent nous permettre d’affronter la descente énergétique : diminuer nos besoins individuels et collectifs ; créer une taxe carbone vraiment efficace ; envisager une carte carbone et la fin de l’extractivisme… 

Loin de la laideur de ce monde, limitons nos besoins

extraits : Lanza del Vasto a préfiguré la simplicité volontaire des objecteurs de croissance. Voici quelques extraits de sa pensée : « Efforce-toi de désirer ce que chacun, comme toi, peut avoir. Si tu désapprouves la laideur du siècle, jette loin de toi ce qui vient d’une usine. Si tu désapprouves la boucherie, cesse de manger de la viande. Si tu désapprouves la banalité, ne lis par le journal. Si tu désapprouves le mensonge, quitte la ville. Que font-elles de nécessaire les villes ? Font-elles le blé du pain qu’elles mangent ? Elles font la boîte. Elles font l’étiquette. Elles font la réclame et du bruit. Elles nous ont ôté l’or de l’évidence, et l’ont perdu. »…

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Libre d’accoucher comme on veut, où on veut ?

Le décès d’une femme de 37 ans qui avait décidé d’accoucher à son domicile, sous la supervision d’une sage-femme, a amené une large frange de gynécologues obstétriciens à rappeler leurs fortes réserves, voire leur franche opposition, à cette pratique.

Mattea Battaglia : Un millier de naissances seraient des accouchements à domicile, sur plus de 700 000 recensées chaque année.« La dangerosité potentielle de l’accouchement à domicile doit être dénoncée, insiste Bertrand de Rochambeau, à la tête du Syndicat national des gynécologues-obstétriciens de France, et il en est de même de tout ce qui peut favoriser ce choix, et de tout ce qui galvaude les risques encourus. » Hémorragie, embolie amniotique, césarienne en urgence : dans ces situations, « chaque minute compte », ont coutume de dire les soignants, qui insistent sur les « garanties » apportées par les ressources d’un hôpital.

Du côté des sages-femmes, le principe de l’accouchement à domicile ne suscite pas la même opposition : « La demande existe, des patientes la font valoir… L’accouchement à domicile n’est pas interdit par la loi. » Il existe aussi l’« accouchement non assisté », un « ANA », selon l’acronyme en vigueur, inspiré du « freebirth » des Anglo-Saxons.

Quelques commentaires sur lemonde.fr

Pro-choice : Le rapport de l’Enquête nationale sur les morts maternelles faisait état de 262 décès maternels sur la période 2013-2015, soit 1 décès tous les 4 jours en France d’une cause liée à la grossesse, à l’accouchement ou à leurs suites. Non seulement la statistique est ancienne, les chiffres faibles et les causes de décès multiples, y compris hors accouchement. Peu importe, la question essentielle est celle du consentement, le mot à la mode. Le principe de libre choix individuel implique que c’est à la femme enceinte de privilégier l’accouchement non assisté ou bien plus ou moins médicalisé. Le débat devrait s’arrêter là, sans intervention des professionnels de l’accouchement payant ! Il est utile de rappeler qu’en Hollande (plus haut niveau de vie de l’Europe), l’accouchement à domicile est normal, avec le même taux d’incident, et concerne une femme sur 6.

Mètre des phynances : La mortalité obstétricale est de l’ordre d’un décès pour 10000 naissances en ce qui concerne les mères, plus importante pour les nouveau-nés, mais je n’ai pas le chiffe exact .

M.d Allemagne : Mon corps, mon choix. Oui, j’ai le droit de choisir mon accouchement. Personnellement je suis heureuse de ne pas avoir dû accoucher en France, allongée sur le dos, les pieds dans les étriers. Seuls les hommes ont décidé que c’était la bonne façon de faire. Pas une femme au monde n’accouche ainsi quand elle a le choix. Donc oui, mon droit, mon corps.

Carlinette : La naissance, processus a priori physiologique mais confié aux spécialistes pratiquant dans des centres de plus en plus éloignés des domiciles des futures mères à la campagne… Le mérite de la discussion est de permettre qu’on se pose quelques bonnes questions de nouveau. À l’accouchement à domicile, on oppose la « sécurité » hospitalière. Mais l’hôpital de campagne n’est plus assez sûr non plus, d’après nos grands spécialistes. Donc bientôt accoucher relèvera des hôpitaux universitaires… Limoges, Toulouse ou Clermont-Ferrand !!

dominique5: la mortalité en couches a été l’angoisse des femmes jusque dans les années 1950, et explique pourquoi la (peut-être excessive ) médicalisation a été vécue comme un soulagement fondamental : la mort en couches était en effet la cause principale de mortalité féminine pendant des millénaires.

Sodade : Entre-temps, des millions de femmes à travers le monde accouchent en toute insécurité chez elles, ne pouvant que rêver de l’assistance que ces femmes françaises refusent.

Paul Very : Bref, un problème de riches !

Alimonosou : Autrefois on naissait à la maison et on mourait dans son lit. « Maintenant ça n’est plus ça, ça change, ça change.… »

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Accouchement à domicile, un interdit ? (novembre 2020)

extraits : Il n’est pas recommandé de donner la vie de manière naturelle, sans péridurale ni ocytocine, cette hormone de synthèse qu’on injecte pour accélérer et renforcer les contractions. Les femmes sont minoritaires à aller à rebours des accouchements médicalisés, entre 1 000 et 3 000 actes par an pour 800 000 naissances annuelles en France. L’accouchement accompagné à domicile (AAD) ne s’est jamais vraiment remis de l’avènement de l’hôpital public, dans les années 1950 et 1960…

Violences obstétricales, médicalisation de l’accouchement (septembre 2017)

extraits : L’absence d’explications et de recueil du consentement des patientes, par exemple pour l’utilisation des forceps ou la pratique d’une épisiotomie sont mis en cause, car ils rendent ces gestes incompréhensibles. Il y a encore en France 30 % d’épisiotomies (44 % pour le premier enfant, 14 % ensuite). La péridurale et la position allongée sont devenues routinières. Quasiment toujours médicalisé, l’accouchement est aujourd’hui standardisé. Pendant sa grossesse, la future mère peut être suivie par une demi-douzaine de personnes différentes. « On a l’impression de n’être plus qu’un utérus », résume Magali…

L’accouchement à domicile, c’est un choix de l’écologie (novembre 2013)

extraits : LE MONDE se refuse à toute propagande en faveur de l’accouchement à domicile. Car entre lemonde.fr* et la parution papier**, il a entre autres sucré cette phrase de Carole Rossow, jeune accouchée « maison » : « C’est cet accompagnement (par une sage-femme) que je recherchais, accoucher chez soi, dans l’intimité et la douceur, et non à être accouchée dans un protocole strict, avec un rythme d’usine et par des gens inconnus. » Il a sucré aussi le fait des manifestations en faveur de l’accouchement à domicile. Il ne reste que des considérations bassement financières : attestation d’assurance pour l’intervenant(e) de 19 000 à 25 000 euros par an, l’équivalent du revenu total moyen d’une sage-femme, pour un acte facturé moins de 314 euros…

accouchement, désert médical ou société surmédicalisée ? (octobre 2012)

extraits : « Mort sur l’autoroute A20 d’un nouveau-né dont la mère n’avait pu accéder à une maternité. » Diantre ! beaucoup de bruit pour pas grand chose. Personnellement ma mère m’a mise au jour à domicile, comme cela se faisait autrefois. Jamais nous n’aurions à l’époque pris une autoroute, elles n’existaient pas. Le président François Hollande s’exclame : « Aucun Français ne doit se trouver à plus de 30 minutes de soins d’urgence ». Mais presque toutes les femmes enceintes se trouvent à moins de cinq minutes d’un lit, d’eau chaude et de soins attentionnés si notre société était plus solidaire et les citoyens mieux formés à l’art de l’accouchement… Aux Pays-Bas, l’accouchement à domicile est courant. Rappelons que l’acte de donner la vie n’est pas une maladie…

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Dévendeur, déconsommation… Béchu Christophe !

Face au Black Friday, l’Ademe et Christophe Béchu dégainent les « dévendeurs ». La Confédération des PME réclame l’arrêt de cette campagne de communication pour la réparation et le réemploi qu’elle juge stigmatisante  : « Les commerces sont explicitement visés avec un message qui se veut humoristique d’un soi-disant « dévendeur » dont la mission est de faire fuir les clients d’un magasin de bricolage, d’électroménager ou d’habillement. » « Nous demandons à l’Ademe son retrait immédiat, faute de quoi nous envisagerons une action en justice pour dénigrement commercial », ont annoncé l’Union des industries textiles (UIT) et l’Union française des industries mode et habillement (Ufimh). La campagne de publicité prônant la sobriété dans la consommation a été qualifiée de « maladroite » par le ministre de l’économie, Bruno Le Maire…

Christophe Béchu , ministre de la transition écologique : « Le dérèglement climatique nous impose des choix de société. Si nous voulons mener notre transition écologique, nous n’avons pas d’autre choix que d’aller vers plus de sobriété dans notre façon de consommer. Pour prendre ce tournant, il nous faut combattre des récits et des imaginaires très puissants, qui sont totalement contraires au modèle de société durable que nous devons construire. Je pense, par exemple, au récit de la « fast fashion », je pense au récit du « Black Friday » qui vantent un modèle de surconsommation insoutenable pour la planète mais aussi pour notre souveraineté économique. Notre propre récit collectif, autour du personnage fictif du « dévendeur », incite les gens non pas à ne pas acheter, mais à examiner d’abord les alternatives à l’achat neuf, comme la réparation, la location ou les produits reconditionnés. Tous les ingrédients sont sur la table pour que le 24 novembre les Français se tournent vers un « Green Friday », un « vendredi vert » consacré aux alternatives à l’acte d’achat neuf, comme la réparation, et au « made in France ». »

sur notre blog : + 4°C, rupture civilisationnelle en vue

extraits : « La lecture des études a fini de me convaincre. Il nous faut suivre la lucidité des scientifiques et sortir collectivement du déni. Cela peut contribuer à une accélération de la prise de conscience, et donc de la stratégie de planification. Chaque dixième de degré compte et crée, de façon exponentielle, des conséquences sur nos sociétés. » (Christophe Béchu)

Le point de vue des écologistes dévendeurs

XY : Les spots sont géniaux et jubilatoires ! Pour une fois qu’une infime partie du gouvernement pense à l’intérêt des citoyens !

Diego : Je ne pensais pas dire ça un jour, mais tout mon soutien à M. Béchu. Les gesticulations face à lui du lobbyiste désigné de la surproduction, pour quelques minutes de timide bon sens, sont pathétiques et symptomatiques de ce qui nous attend : le capitalisme à outrance ne cédera RIEN, pas un pouce de terrain devant à la nécessité de la transition écologique, sans geindre et tempêter. Il est vain de chercher un compromis avec ces gens-là.

Qleberche : Et bien on n’est pas sorti de l’auberge si, dès qu’on parle de qualité au lieu de quantité, tous les commerçants hurlent de concert…

Pierre : Pourquoi parler d’une « campagne de publicité » de l’ ADEME ? Il s’agit simplement de messages de bon sens pour la sobriété de consommation ! Mais bien sûr, dès qu’on touche au « bizness », ça crie !

Wender : La maison brûle et on tire sur les pompiers. Est-ce du bon sens ?

Hervé Corvellec : Un peu comme des buralistes qui se plaindraient que les campagnes anti-tabac leur retirent des clients.

O. Pinion : Vaut-il mieux nuire à tout un secteur plutôt que nuire à tout le climat de la planète et aux conditions de vie futures de la majorité de ses habitants ?

Jbs : Réciproquement, les pubs pour des équipements neufs sont aussi une insulte pour les réparateurs d’appareils en panne.

lecteur lamba : Réparer = acheter (un service, des pièces, etc). Acheter d’occasion = acheter quand même. Louer = faire tourner un commerce de location. Donc ces spots ne dénigrent pas le commerce, enfin !! Au contraire, ils promeuvent le travail des commerces et artisans locaux, et pas de la grande industrie.

Michel SOURROUILLE: Après nous avoir abreuvé de publicités pour surconsommer, les entreprises ne sont pas contentes quand il y a opposition à leur impérialisme ! Appuyé par le ministre de l’économie, elles n’ont rien compris à incompatibilité de notre mode de vie actuel avec une planète dont on croyait pouvoir disposer à notre guise.Vivement qu’on interdise toute publicité pour les vêtements et la suppression totale des défilés de mode.

Christophe Béchu : « Que 0,2 % du temps d’antenne publicitaire soit consacré à se demander si tous les achats sont utiles, franchement, vu les enjeux de transition écologique, ça ne semble pas déraisonnable »

Jean-Claude Herrenschmidt : Manifestement le message de sobriété a du mal à passer. Il nous faudra encore beaucoup d’inflation, de perte de pouvoir d’achat, d’augmentation vertigineuse du prix de l’énergie, de début de disettes, enfin de beaucoup de choses désagréables pour que la prise de conscience qu’il se passe quelque chose de « pas comme d’habitude » à laquelle on ne peut vraiment rien faire… Ceux qui vivent déjà à la rue ne verront pas beaucoup de différences.

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FNE pour la multiplication des Dévendeurs

France Nature Environnement félicite l’ADEME pour ses 4 spots de publicités autour du Dévendeur.

FNE félicite aussi l’ensemble des associations professionnelles de commerçants pour avoir donné une réelle visibilité à ces publicités en période de matraquage marketing autour du Black Friday (vendredi noir, au sens propre du terme, pour la nature et l’environnement), en demandant le retrait de ces publicités.

Si le monde vivait comme la moyenne de la population française, il faudrait 2,8 planètes pour satisfaire nos besoins. Faire revenir nos modes de vie dans les limites planétaires d’ici le mitant du siècle est une évidence et une urgence. Cela passe par une modification profonde de nos modes de consommation, en consommant moins, beaucoup moins, mais mieux, beaucoup mieux.

Emprunter ou louer plutôt qu’acheter ; réparer plutôt que remplacer ; Acheter du reconditionné plutôt que du neuf ; acheter quand on a vraiment besoin plutôt que répondre à une impulsion : les messages portés par cette série de spots publicitaires sont parfaitement en phase avec les plaidoyers que nous portons.

Concernant l’habillement, les quantités achetées en France augmentent régulièrement de 4% par an depuis une dizaine d’années, avec en moyenne 46 pièces d’habillement achetées par an et par personne en France en 2019.

La marge de progrès pour revenir dans les limites planétaires en termes d’habillement est très importante.

Le commerce de proximité, dans ce contexte d’urgence environnementale, doit se réinventer. La solution passe par le développement des circuits de seconde main, la réparation des vêtements et la vente de vêtements plus durables et plus locaux.

Pour Antoine Gatet, président de France Nature Environnement : « L’avenir, c’est le développement d’une mode plus durable, portée par des initiatives comme la prime à la réparation des vêtements récemment lancée. Nous saluons l’initiative de l’ADEME et du Ministère de la Transition Ecologique de communiquer autour de solutions alternatives à l’achat compulsif produit par la publicité et le Black Friday. » 

COMMUNIQUÉ DE PRESSE (23 novembre 2023)

France Nature Environnement est LA fédération des Associations de Protection de la Nature et de l’Environnement en France. Nous sommes le porte-voix de plus de 6 200 associations et 900 000 citoyennes et citoyens engagés partout en France pour un #MondeVivable

FNE pour la multiplication des Dévendeurs Lire la suite »

No kid, faire des enfants c’est fou à lier

Diminuer sa consommation de viande, éviter l’avion, renoncer à une voiture… Autant de mesures individuelles fortes pour réduire son empreinte carbone et lutter contre le réchauffement climatique. Mais le changement de comportement le plus efficace, selon des chercheurs de l’université de Lund (Suède) et de l’université de la Colombie-Britannique (Canada), reste encore de faire moins d’enfants. Un bébé pèserait en effet 58 tonnes de CO2 par an, tandis que le cumul d’un régime végétarien (en moyenne 0,8 tonne par an), de l’arrêt des voyages en avion (1,6 tonne) et de l’usage d’une voiture (2,4 tonnes) permettrait d’économiser au total 4,8 tonnes par an.

Clara Georges : « Je suis tombée sur le magazine Society, dont le titre m’avait accroché le regard : « Faut-il être fous pour faire des enfants ? ». Quand un soir mon compagnon, optimiste-né, s’est mis à me parler de son désespoir devant l’actualité du jour, j’ai perdu pied. Nos trois bambins étaient déjà couchés et nous chuchotions pour évoquer la situation à Gaza. Je me suis entendue dire : « Mais quel monde allons-nous leur laisser ? » Nous étions fous et irresponsables d’avoir mis au monde trois humains de plus. A peine nés, ils sont déjà pris dans un défi climatique insoluble. C’est souvent l’argument avancé par les « no kids », ceux qui défendent le choix de ne pas faire d’enfants. Le philosophe sud-africain David Benatar postule qu’il est immoral de procréer parce que les parents causent un tort à leur enfant en le mettant au monde. Sa thèse repose sur l’« asymétrie morale » – en gros, il faut toujours préférer que l’enfant n’existe pas, parce qu’on lui épargne ainsi des expériences négatives, ce qui constitue un bien moral, tandis que le fait de lui éviter de vivre des expériences positives ne constitue pas un mal. Mon collègue Jean Birnbaum, le chef du « Monde des livres », vient de publier Seuls les enfants changent le monde… »

Pas lieu de controverse sur lemonde.fr

MeparazArt : Ce qui je crois manque à cet article c’est la dimension politique de cette décision. L’engagement que nécessite la lutte contre le chaos climatique qui menace les nouveaux-nés n’est en rien comparable à celui qu’ont pu prendre nos parents pour nous voir naître.

dupondt : « Seuls les enfants changent le monde » ! Trop tard, c’était à leurs parents que prendre cette responsabilité, ce qu’il n’ont pas fait, c’est à eux d’assumer la responsabilité. Pour ma part j’ai pris la décision « no kid » après le rapport Meadows en 1972 et j’ai été conforté par le rapport Stern (2006) et les différents rapports du Giec q.

R3 D3 : Faire des enfants, Il faut être un peu dans le déni face à ce qui vient !

Et pourquoi pas : Dans les faits, la probabilité de générer un(e) sauveur(e) est improbable. Quand ma fille de 8 ans me parle de ce qu’elle fera en 2050, je ne peux m’empêcher de penser à ce qui se pourrait se trouver sur son chemin : un hiver nucléaire, une guerre civile, une chaleur suffocante, un air irrespirable,… Est-ce honnête de lui dire que tout ira bien?

Pat Cartier : En tant que childfree déterminé, parfois militant, je ne vois pas les gens qui pensent vraiment leur projet parental comme des adversaires. La manière dont ils savent prendre leurs responsabilités en matière d’éducation compense largement la folie de leur prise de risque. Le problème, ce sont tous ces gens, beaucoup plus nombreux, qui sont assez bêtes pour pondre sans penser, sans mûrir leur décision, par habitude, paresse et grégarisme. C’est à eux qu’il faut faire comprendre qu’il existe d’autres possibilités dans la vie que de fonder une famille, et que ces possibilités peuvent se révéler tout à fait gratifiantes à court, moyen et long terme. C’est à eux qu’il faut faire entendre que sans enfants la vie est plus libre, et plus riche.

Soteria : On ne négocie pas avec la Terre et on ne peut pas indéfiniment se défausser de nos problèmes en les laissant aux suivants.

César Bistruk : Un système pérenne et équitable serait de tirer au sort dans la population les couples ayant le droit de faire un enfant, parmi ceux en condition de procréer. À concurrence du nombre annuel d’enfants nécessaires pour atteindre une population-cible permettant un mode d’existence soutebable. Déjà anticipé par la SF d’autrefois, p. ex. dans « La stratégie Ender », d’Orson Scott Card.

Eric.Jean : Pas besoin de contraception ou d’abstinence pour régler le problème démographique, les épidémies, les famines et les guerres feront ça très bien. Mais rassurez-vous, ce ne sera pas tout ça, partout, en même temps. Avec un peu de chance vos enfants vivront au bon endroit au bon moment.

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La pensée d’avant-garde du « no kid »

extraits : Le mensuel La décroissance s’acharne à nier la contrainte démographique. En avril 2023, son titre en Une, « Faites des bébés, pas la guerre » alors que trop de naissances comme nous le démontre constamment l’histoire ne peut faire que de la chair à canon. Son titre en page 3, « La pensée stérile des no kid », est vraiment dégueulasse par rapport à tous ceux et celles qui se refusent à faire un enfant pour des raisons d’altruisme écologique…

Tendance GINK, Green Inclination No Kid

extraits : Certaines personnes, par souci écologique, ont fait le choix de ne pas avoir d’enfant. On les désigne par l’acronyme « Gink », pour Green Inclination No Kid en anglais. En France, Corinne Maier a publié No Kid, Quarante raisons de ne pas avoir d’enfant et le belge Théophile de Giraud Save the planet, make no baby. Il est vrai que la stérilisation pour raison contraceptive n’est pas réservé aux femmes ou au hommes, ligature des trompes d’un côté, vasectomie de l’autre. Dans sept pays, la prévalence de la stérilisation masculine est supérieure à celle de la stérilisation féminine : en Nouvelle-Zélande, en Australie, au Royaume-Uni, en Corée du Sud, en Espagne, au Bhoutan et aux Pays-Bas…

No kid, ces femmes qui ne veulent pas avoir d’enfant

extraits : (Juillet 2014) Il y a des articles assez dégueulasses sur les nullipares, ainsi cet article du Nl Obs sur les croisés de la dénatalité : « Les forcenés de la grève de l’utérus… Pas d’enfants de la vie, un rêve pour ces angoissés de l’hyperfertilité… Ces pythies de la non-reproduction… ». Et puis paradoxalement, dans le dernier Figaro-Madame*, un article perspicace sur le « No-kid par militantisme » : « Pour certains, ne pas avoir de fils ou de fille, est un service rendu à l’humanité… On est déjà beaucoup trop sur terre… Il faut réguler la démographie… Une population moins nombreuse faciliterait l’organisation sociale, le partage de l’espace et donc l’émergence possible de relations apaisées entre humains et avec la nature. »…

Ginks, pourquoi ne pas avoir d’enfants ?

extraits : Il est tellement rare qu’une revue présente la mouvance malthusienne de façon objective que nous en faisons la promotion en reprenant leur article. Nous attendons avec impatience l’ analyse de « Silence » sur le passage aux 8 milliards d’êtres humains prévu par l’ONU au 15 novembre 2022.

https://www.revuesilence.net/

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Matraquage publicitaire et malbouffe

On le sait et on ne fait rien ! Surpoids et obésité augmentent les risques de maladies cardio-vasculaires, de diabète de type 2, de syndrome du foie gras et même les risques de cancer. Un enfant sur six est un futur malade.

Collectif : « Sourd aux appels répétés à encadrer le marketing de la malbouffe qui cible les enfants, le gouvernement s’est contenté ces dernières années de faire confiance aux industriels qui promettent de limiter l’exposition des plus jeunes aux produits trop gras, trop sucrés, trop salés. Grave erreur. Le gouvernement – comme les précédents – a déjà refusé à au moins cinq reprises d’agir ces dernières années, alors que cet encadrement était possible dans la loi EGalim (2018), dans plusieurs propositions parlementaires sur l’alimentation industrielle ou la malbouffe, dans la réforme de l’audiovisuel public (2020), dans la loi Climat et résilience (2021) et récemment dans la loi encadrant les dérives des influenceurs (2023).

Alors que faire ? Faire confiance aux fabricants pour s’autoréguler est une folie. Alors que le temps passé par les plus jeunes devant les écrans augmente d’année en année, les marques alimentaires usent de nombreux stratagèmes pour vendre de la malbouffe : placement de produits dans des jeux vidéo, concours sur TikTok, recours à des influenceuses et influenceurs, création d’applications, jeux-concours, partenariats, sponsoring, personnages de dessins animés sur les emballages, etc.Depuis 2010, l’OMS Europe appelle les gouvernements à légiférer pour limiter l’exposition des plus jeunes au marketing et à la publicité alimentaires. »

Le point de vue des écolos casseurs de pub

Que faut-il vraiment faire ? Les acteurs économiques suivent une logique de profit incompatible avec une logique restrictive de protection sanitaire (et environnementale par ailleurs). Compter sur leur bonne volonté est une impasse. Les PETITS bandeaux « manger bouger », « 5 fruits légumes/jour » en dessous des pubs pour les bombes atomiques caloriques, lipidiques, transformées, c’est entre grotesque et risible. Mettre les parents face à leurs responsabilités est une possibilité. Mais les parents sont dépassés par leurs progénitures formatées par les écrans. Le portefeuille serait un excellent régulateur, taxer massivement toutes les horreurs qui entrent dans la composition de la malbouffe, sucres, gras, additifs alimentaires. Mais on préfère manger de la merde du moment qu’il n’y a plus qu’à la mettre dans le caddie. Le plus simple et le plus efficace serait d’interdire tous les produits dont la consommation pose soucis. Mais alors la liste serait si longue qu’on n’arriverait pas à la ficeler.

Et puis faudrait-il mettre fin au matraquage publicitaire seulement sur nos enfants ! Grave erreur, les adultes sont au moins aussi influençables que les enfants. Pour en revenir à la réalité de nos besoins, un programme politique écologiquement cohérent devrait donc annoncer la suppression totale de la publicité pour les enfants ET pour les adultes. Dans un contexte où la publicité serait totalement absente, on retrouverait une certaine pertinence au prix à payer. Et les études qualité/prix des produits devraient suffire à notre information….

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Publicité, une agression caractérisée

extraits : Le 8 juin 1970 j’écrivais ce qui me semble toujours d’actualité : « Qu’est-ce que la violence quand les affiches publicitaires agressent l’homme qui pense. La publicité, c’est un conditionnement absurde à acheter l’inutile, l’appel au sexe subi, à l’orgueil, à la puissance et à l’envie. C’est nuisible. » En mars 1971, j’étudie La persuasion clandestine de Vance Packard : « Il est impossible d’établir comme postulat que les gens savent ce qu’ils veulent. Il est même dangereux de croire les gens capables d’une conduite rationnelle… En 2004 Patrick Le Lay (le PDG de TF1) déclarait : « Le métier de TF, c’est d’aider Coca-Cola à vendre son produit. Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible ».

Publicité et lutte pour le climat, le fiasco

extraits : Il devrait être évident pour tous les citoyens que n’importe quelle publicité est faite pour provoquer la surconsommation, donc l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Du point de vue des écologistes, la publicité, qui n’est qu’une forme sournoise de propagande, devrait être interdite. Comment continuer à accepter qu’il soit autorisé de faire le vide dans les cerveaux pour inciter à boire du Coca Cola ou à rouler en SUV ? Pourtant ce déni de l’urgence écologique trône à l’Assemblée nationale. Les députés viennent d’achever l’examen du titre 1, « consommer » du projet de loi « climat et résilience ». La prise de bec sur la publicité est significative d’un débat « démocratique » soumis aux diktats des entreprises. La liberté d’entreprendre et la santé immédiate des secteurs économiques passe avant la détérioration des conditions de vie sur notre planète.

Interdire la publicité, c’est incontournable

extraits : Interdire de publicité tous les produits les plus nocifs pour l’environnement et la santé publique, cela devrait aller de soi. Pas pour l’ARPP (Autorité de régulation professionnelle de la publicité) qui montre son vrai visage. Elle considère les appels à la régulation (non professionnelle) comme de « nouvelles censures », dénonce de supposées « haines sociales » dont la publicité serait la cible, condamne l’organisation par une minorité d’une tyrannie morale de la « bien-pensance » qui mettrait en danger la démocratie et la liberté d’expression… Pourtant la liberté d’expression définie par les grands textes internationaux ne protège de l’intervention de l’État que le discours politique, religieux et journalistique . Selon une jurisprudence constante de la Cour européenne des droits de l’homme, la communication commerciale ne bénéficie pas de ce niveau de protection…

Tout savoir sur la publicité qui nous dévore

extraits : Pour faire évoluer les comportements du consommateur dans un sens écoresponsable, nous (conférence citoyenne) voulons Interdire de manière efficace la publicité des produits les plus émetteurs de GES sur tous les supports publicitaires, réguler la publicité pour limiter fortement les incitations quotidiennes et non-choisies à la consommation, mettre en place des mentions pour inciter à moins consommer du type « En avez-vous vraiment besoin ? » ou «  La surconsommation nuit à la planète. » Cette remise en cause de l’emprise publicitaire ne provient pas d’une mouvance anti-publicitaire, mais d’une représentation de la population française, la conférence citoyenne pour le climat

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Industrie automobile, une crise mortifère

Plus d’un milliards d’automobiles en circulation. Cette innovation qui a à peine un siècle a été la plus grande catastrophe du XXe siècle. Malheureusement les effets négatifs ne se font sentir qu’au XXIe siècle : le mal s’est propagé sans que quiconque ne s’en aperçoive. Car la production de 4 roues apparemment toutes les qualités. C’est un vecteur de croissance qui fait appel à la production de branches-clés. La construction en série d’automobile (dès la Ford T, 1914), ce qu’on appelle le fordisme, s’est accompagnée de l’augmentation des salaires et de l’apparition de la classe globale, celle qui possède un véhicule personnel. C’est une industrie de main d’œuvre et donc créatrice d’emploi, ce qui est toujours bien vu par les gouvernants et les travailleurs. C’est une facilité pour le déplacement individuel.

Mais cela nécessite l’aliénation par le travail à la chaîne, repose sur la productivité qui crée le chômage, facilite l’urbanisation sauvage, la stérilisation des terres par un réseau routier sans limites, la multiplication des déplacements par la distance que l’automobile a mis entre domicile et lieux de travail, entre zone de production et centres commerciaux, entre espace de vie et destinations du tourisme. Cela implique aussi l’épuisement du pétrole, ressource non renouvelable, et l’augmentation de l’effet de serre, donc le réchauffement climatique.

Le secteur des transports américain émet à lui seul 1,6 gigatonne de dioxyde de carbone par an, soit plus que l’ensemble des émissions françaises et allemandes tous secteurs confondus. Si les émissions par kilomètre parcouru ont baissé depuis les années 1970, les distances parcourues ont crû davantage, de sorte que les émissions du secteur ont augmenté de 50 % en cinquante ans. Le poids des voitures a lui aussi augmenté, de près d’un quart depuis 1980, avec des SUV.

Lucas Chancel : Rappelons le contexte aux USA : le salaire horaire moyen corrigé de l’inflation a stagné en dix ans dans l’automobile américaine, et donc le pouvoir d’achat des travailleurs. Durant la même période, les trois grands groupes automobiles ont chacun enregistré des profits nets de plus 50 milliards de dollars cumulés (environ 47,25 milliards d’euros). En conséquence, leurs actionnaires ont pu bénéficier de dividendes considérables. La « transition juste » demeure une coquille vide. Elle doit se matérialiser à travers des questions concrètes, comme celles que pose l’UAW : comment répartir les profits dans les secteurs de la transition ? Quelles hausses de salaire ? Soyons clairs : sans un meilleur partage des richesses (via les salaires, les droits sociaux, les services publics et la fiscalité), la transition écologique ne pourra qu’échouer dans le cadre d’un Etat démocratique.

Le point de vue des écologistes économes

Lucas, tu es un bon économiste à l’ancienne, bercé par le marxisme, travail contre capital. Mais rien dans ton discours sur ce que devrait être une véritable transition écologique, on devrait même dire une rupture avec la société thermo-industrielle !

Tu aurais du dire que le partage des fruits de la croissance, c’est terminé dans un monde qui connaît à la fois le réchauffement climatique et la déplétion des ressources. Tu aurais du condamner l’effet rebond qui fait qu’il y a efficacité énergétique, mais plus de kilomètres parcourus. Tu aurais du dire aux grévistes de l’UAW que bientôt il n’y aura plus de véhicules individuels et qu’ils vont vivre de gré ou de force une destruction de leur système de production qui ne sera même pas créatrice à la Schumpeter. Tu aurais du dire que le maître mot des temps qui s’avancent, c’est la sobriété et le retour au potager.

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Fin du moteur thermique, dévoiturage obligé (2022)

extraits : L’automobile en tant qu’objet de consommation de masse (1,2 milliards de voitures dans le monde) est devenue le cancer de notre civilisation thermo-industrielle. Elle casse les villes, dégrade l’espace, pollue la nature. Elle ronge toute nos infrastructures par sa prolifération effarante, anarchique et  dominatrice. Elle gaspille une énergie sans cesse plus rare et plus coûteuse à produire. Elle brise les cadres d’une vie communautaire, chacun de nous restant enfermé dans sa petite carapace qui exalte notre agressivité… ou cultive notre découragement dans les embouteillages. Alors pourquoi s’ingénier à vouloir donner par l’électrification une nouvelle vie à nos carrosses  ? La voiture électrique ne peut promouvoir une « transition juste » sur le plan écologique et social, il faut fabriquer, distribuer et conserver l’électricité, tâche impossible à grande échelle. Vive le dévoiturage, le rapprochement du lieu de vie et du lieu de travail, la fin du tourisme au long cours…

Nous n’en poumons plus, vite le dévoiturage ! (2019)

extraits : 100 citoyen·nes ont interpellé les députées le 4 juin en organisant un die-in devant l’Assemblée Nationale. “Nous n’en poumons plus” déclare la banderole placée devant le Palais Bourbon, tandis que les activistes brandissent des pancartes “Le fond de l’air effraie”. Les collectifs Respiraction, Action Climat, Alternatiba et Greenpeace Paris appellent les députés à écrire noir sur blanc la fin de la vente des voitures neuves d’ici à 2030. Ils demandent que soit généralisé le droit pour tous les salariés au « forfait mobilité durable » obligeant les employeurs à rembourser les déplacements à vélo et en co-voiturage…

Dévoiturage : l’urgence de sortir du tout routier (2016)

extraits : L’activité des transports, dans laquelle le secteur routier se taille la part du lion (89 % des déplacements de personnes et 80 % du trafic de marchandises) progresse en France deux fois plus vite que l’activité économique générale. En développant un système global fondé sur la mobilité, la prééminence du transport routier façonne désormais tout le fonctionnement de la société. Moteur du dynamisme économique et de la mobilité individuelle, le trafic routier se présente en même temps comme une des causes principales du fameux effet de double ciseau : raréfaction de la ressource pétrolière d’une part et aggravation de l’effet de serre d’autre part…

Voiture, passion contemporaine dans l’impasse

extraits : En 1890, le dictionnaire allemand Bockhaus définissait ainsi l’automobile : « Nom qui a quelquefois été donné à de curieux véhicules mus par un moteur à explosion. Cette invention, aujourd’hui oubliée, n’a connu qu’échec et désapprobation des autorités scientifiques. » En 1899, le jeune Henri Ford fonde une entreprise de construction automobile à un moment où, note-t-il, « il n’y avait pas de demande, voire une répugnance du public devant cette machine jugée laide, sale et bruyante et qui met en fuite les chevaux et les enfants. » Aujourd’hui un jeune ne peut plus concevoir un monde sans automobiles… 

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Que lire ? Ce blog biosphere…

L’avalanche des transmissions numériques nous paralyse ; il y a tellement d’options, le risque du mauvais choix s’accroît et nous rend irrésolu. TikTok, YouTube, Spotify, un jeu vidéo, et un podcast, et... l’offre est exponentielle ! YouTube propose cinq cents heures de nouvelles vidéos chaque minute. Netflix offre trente-deux mille heures de programmes et il n’y a pourtant que 8760 heures dans une année. Nous sommes submergés. Nous passons trente minutes à parlementer dans une famille pour trouver le film à regarder ensemble avant d’entendre « les portes claquer », et chacun de retourner devant sa tablette. De la concurrence numérique, les livres papiers souffrent. Selon l’éditeur Penguin Random House, la moitié des 58 000 livres publiés au Royaume-Uni en 2022 se sont vendus à moins de douze exemplaires. Et pire, ce sont les romans qui remplissent les gondoles des librairies, pas l’analyse de fond. Certes nos choix ont été toujours guidés, entre l’entourage proche, la publicité, les experts, notre capital social. Mais maintenant ce sont les algorithmes qui façonnent notre regard. Sans parler des réseaux sociaux où la réaction étouffe la réflexion.

Patino en tire une conclusion radicale : il faut « réduire l’amplitude de ce qui est proposé ».

Lire Bruno Patino, « Submersion » (Grasset, 144 pages, 16 euros)

Alors, que lire ? Ne cherchez plus ! Feuilletez ce blog biosphere, un article d’analyse chaque jour 365 jours sur 365 depuis 2005, pas de photos, encore moins de vidéos, rien que du texte qui va à l’essentiel, 7339 posts à ce jour. Bien entendu, dans ce contexte de surabondance de nouvelles, la fréquentation reste confidentielle. Une société de consommation, une société du spectacle et maintenant une génération des écrans ne peut accorder de place suffisante pour en rester à l’essentiel. Ce qui intéresse, c’est l’écume des jours, le dernier attentat pour verser des larmes, les otages du Hamas, et surtout Thomas Ramos qui vient de donner six points d’avance aux Bleus…

Alors, une tâche urgente vous attend, faire connaître notre blog biosphere… pour aller à l’essentiel.

Lire, Mon blog, un engagement de chaque jour

extraits : La déformation de l’information est perceptible dans une société dont l’idéologie dominante nous a fait oublier depuis deux siècles les limites de la planète et le sens des limites. Alors que la situation actuelle devrait nous inciter à la simplicité du mode de vie et à la sobriété énergétique, c’est toujours les faits divers à la mode qui structurent les pages du MONDE. Si nous sommes personnellement satisfaits de l’éventail des connaissances que nous fournissent ce média « de référence », nous ne sommes pas entièrement convaincus par la manière dont les journalistes font leur boulot de tri et de hiérarchisation. Car qu’est-ce qui fait sens ? Quelle place relative donne-t-on à tel évènement ou à telle démarche ? Quel doit être le commentaire pertinent d’une information ? Quelle est l’idéologie qui sous-tend l’article d’un journaliste ?

Historiquement les premiers journaux n’étaient que de simples instruments pour organiser le bavardage, et ils le sont plus ou moins restés. Le blog biosphere veut rompre avec les discours creux, c’est une tentative désespérée de porter un autre regard sur l’évènement, un regard un peu moins économico-libéral, un peu moins anthropocentrique, un regard que nous voudrions plus ouvert, plus glocal, plus écolo. Pour que change le monde… »

(glocal signifiant « penser globalement et vivre localement »)

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Le ver vert est dans la tombe

La séquence du passage après la mort commence de manière interne. Les enzymes du système digestif commençant par manger les tissus, ce qui engendre la putréfaction, puis le corps entame sa décomposition. Les insectes vont y avoir accès, leurs œufs donnent naissance à des larves qui mangeront la matière et après quelques semaines passées dans un bois, il ne reste plus que les os et les dents. Tout corps humain est un écosystème recyclable et ce passage d’un état organisé à un autre n’est qu’un évènement naturel que les humains transforment pourtant en croyances sociales et en rites marchandisés.

Selon Ivan Illich, un monopole radical s’établit quand les humains abandonnent leur capacité de faire ce qu’ils peuvent par eux-mêmes en faisant confiance à des spécialistes économiquement organisés qui leur deviennent étranger. Ainsi la sépulture donnée par la famille à son défunt peut être réalisée dans le cadre familial, mais la loi rend souvent obligatoire le recours aux bons offices des croque-morts. Le patron des pompes funèbres prend alors le contrôle du cadavre, il obtient un monopole radical de l’enterrement de même que le médecin prend celui du mourant dans ses centres de soins palliatifs. Le monopole radical reflète l’industrialisation des valeurs, il substitue l’objet ou le service standardisé à la réponse personnelle, il installe les gens dans la dépendance. Reste qu’on peut parfois choisir une mort écolo.

Fabien Trécourt : Enterrement ou combustion des corps, processions et cérémonies en tout genre… Les cérémonies funéraires prennent davantage en compte l’écologie. D’après une étude publiée en 2017, une inhumation émet autant de CO2 qu’un trajet de 4 023 kilomètres en voiture, et une crémation 1 124 kilomètres. Du côté de la crémation, des boutiques funéraires proposent des urnes biodégradables – en sel, en sable et en terre, pour une dispersion en pleine mer par exemple.Au Canada et en Australie, il est donc possible de recourir à des méthodes moins énergivores, comme l’aquamation : le corps du défunt est plongé dans une eau chaude, acide et sous pression, dissolvant les chairs en quelques heures. Les os, ramollis et friables, sont récupérés et réduits en poussière. La promession consiste à congeler le corps pour le rendre friable et le réduire en une poudre potentiellement fertile. Dans un même esprit, l’humusation, ou humification, transforme le corps du défunt en humus – autrement dit en engrais. Seuls quelques Etats américains (Washington, New York, Californie…) ont légalisé cette méthode à ce jour. La crise écologique encourage notamment l’usage de cercueils en carton, en osier, et de capitons biodégradables, en lin, en coton ou en chanvre par exemple. Ça bouscule la tradition du bois et la symbolique du faste. 

Depuis 2019 en région bruxelloise (Belgique), il est même possible d’être enterré dans un simple linceul. Le geste écolo fait écho à la locution biblique « tu es poussière et tu redeviendras poussière ». En termes modernes, le corps humain se recycle.

Le point de vue des écologistes nécrophages

En France la loi de 1887 institue la liberté de choix des funérailles, enterrement civil ou religieux, inhumation ou crémation. Mais depuis 1948 au Japon, la crémation est obligatoire en zone urbaine pour ne pas laisser l’espace de plus en plus rare envahi par les cimetières. De son côté le pouvoir chinois s’emploie à empêcher les sépultures en pleine terre dans les campagnes : dans un pays habité par le cinquième de la population mondiale, mais où 7 % seulement des terres sont arables, l’éparpillement des tombes pose en effet un problème d’occupation des sols.

Si on a même proposé des cercueils en papier pour épargner les terres boisées, on peut aller encore plus loin dans le sens du recyclage programmé par la Nature : à Paris, la commune fournit une sépulture gratuite pour cinq ans aux personnes décédées sans ressources ni famille. Pour ce faire, des caissons en béton étanche sont équipés d’un système d’introduction de l’air afin que les espèces qui aident au recyclage de l’organisme puisse accéder au festin, que l’oxygène accélère le dessèchement du corps et qu’il y ait une évacuation des gaz de décomposition. Il n’y a aucune pollution et le caveau peut être récupéré à l’infini. A chacun sa manière d’entretenir à sa manière le souvenir des morts, mais la gestion de votre cadavre doit participer au recyclage global. (écrit en 2005)

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Les rites funéraires deviennent écolos (2023)

extraits : Pratiqués depuis près de 350 000 ans, les rites funéraires sont un élément des sociétés humaines. Pour autant, la relation au corps sans vie varie en fonction des cultures ; aujourd’hui la préoccupation écologique devient prégnante. Par exemple l’Oregon a légalisé le compost humain, une option post-morte qui gagne en popularité aux États-Unis… En France, le cercueil est obligatoire ; le linceul serait pourtant le plus écolo. Le carton n’est utilisé que pour le crématorium. On ne peut être enterré que sur son lieu de résidence, son lieu de décès ou dans une concession déjà payée ou abritant l’un de ses parents décédés.

La vie après la mort… sous forme de compost (2023)

extraits : Le compostage des défunts, body composting ou technique de réduction naturelle du corps, se développe aux États-Unis. Les caissons – en acier inoxydable – sont recouverts d’un linceul blanc. Le corps est transformé en humus grâce à des accélérateurs naturels de décomposition : copeaux de bois, foin et luzerne. Avant fermeture du cylindre, une « tisane microbienne », composée de 25 souches de bactéries et de 15 spores de champignons, est ajoutée au mélange. Les corps réapparaîtront dans trois ou quatre mois sous la forme d’un terreau noir et fertile, qui sera remis à la famille. Le processus a été légalisé par l’Etat de Washington le 21 mai 2019, une première mondiale.

Inhumation, incinération ou humusation ? (2020)

extraits : L’humusation consiste à reproduire avec le corps humains ce qui se passe dans la nature où les matières naturelles sont transformées en humus grâce à la microfaune du sol. Il suffit d’ensevelir le défunt vêtu d’un simple linceul biodégradable directement sur le sol au milieu d’une butte de trois mètres cubes de terreau végétal gorgé d’eau. Le tout devient en douze mois 1,5 mètres cubes d’humus environ. Ce compost humain pourra fertiliser les arbres et régénérer les sols pauvres.e qui n’est absolument pas le cas pour enterrement et l’incération qui s’avèrent extrêmement polluants et privent à jamais les couches superficielles des sols des restes de ce qu’elles ont créé !

écolo pour l’éternité… au cimetière (2019)

extraits : Dès septembre 2019 à Paris, un premier espace funéraire écologique sera créé dans le cimetière d’Ivry. Objectif officiel : mettre en place « un lieu de recueillement et d’inhumation respectueux de l’environnement », afin de répondre aux demandes de plus en plus nombreuses de « funérailles écologiques ». Sur 1 560 mètres carrés, on n’accueillera que des cercueils en carton, ou en bois local et les inhumations « auront lieu en pleine terre ». Pas de monument en surface, surtout pas de caveau en béton…

Tout écologique, même au moment de notre enterrement (2014)

extraits : L’écologie commence à imprégner notre existence entière, y compris notre mort. Selon l’IFOP un tiers des Français souhaite « plus de produits funéraires écologiques ». LE MONDE* fait un article sur l’empreinte écologique de nos obsèques. On apprend que la crémation génère 160 kg de CO2 contre 39 kg pour une inhumation. Nous fantasmons sur le cercueil en pure laine vierge, le corbillard à pédales et le cimetière forestier. Nous apprenons même de nouveaux mots : l’aquamation qui consiste à plonger la dépouille mortelle dans une eau alcaline pour dissoudre les tissus et ne conserver que les os a posteriori mis en poussière et la promession, où on plonge le corps du défunt dans l’azote liquide pour le rendre friable…

Mon testament écolo (2011)

extraits : Je soussigné désire un enterrement sans aucune cérémonie religieuse, sans fleurs ni couronnes ni aucune marque matérielle de condoléances.  Je veux être enterré de façon à minimiser mon empreinte écologique au maximum. Pas de crémation qui utilise une énergie extracorporelle devenue trop rare. Pas de cercueil qui mobilise des ressources naturelles. Pas de vêtements car nu je suis né, nu je veux mourir. Mon idéal est de participer sans rechigner au grand recyclage que la nature nous propose gratuitement. Pour faciliter la chose, Paris nous offre paraît-il un modèle que je recommande : la commune fournit aux personnes décédées (sans ressources ni famille) des caissons en béton étanche équipés d’un système d’introduction de l’air afin que les espèces qui aident au recyclage de l’organisme puissent accéder au festin. L’oxygène accélère le dessèchement du corps et l’évacuation des gaz de décomposition est assurée. Il n’y a aucune pollution et le caveau peut être récupéré à l’infini : tous les cinq ans, il est à nouveau disponible. Nous ne nous appuyons pas assez sur les compétences de la biosphère qui possède depuis des temps immémoriaux un sens pratique très développé en ce qui concerne l’équilibre dynamique et le recyclage performant.

fête des morts ; où les enterrer ? (2011)

extraits : Aux USA, vogue des green burials (enterrements verts). L’augmentation fulgurante du chômage a généré le retour à une pratique ancienne : l’enterrement dans le jardin ou, au minimum, le traitement familial intégral des gestes et cérémonies consécutives à un décès. Dans le jardin ? Oui, aux Etats-Unis, c’est permis la plupart du temps en zone rurale ou semi-rurale. En France il est aussi possible de se faire enterrer dans une propriété privée, à condition qu’elle se trouve en dehors d’une zone urbaine et à plus de 35 mètres des autres habitations. Il faut au préalable une enquête hydrogéologique ainsi que l’autorisation du préfet de département…

sépulture propre et verte (2008)

extraits : En France la loi de 1887 instituait la liberté de choix des funérailles, enterrement civil ou religieux, inhumation ou crémation. Depuis 1948 au Japon, la crémation est obligatoire en zone urbaine pour ne pas laisser l’espace de plus en plus rare envahi par les cimetières. De son côté le pouvoir chinois s’emploie à empêcher les sépultures en pleine terre dans les campagnes : dans un pays habité par le cinquième de la population mondiale, mais où 7 % seulement des terres sont arables, l’éparpillement des tombes pose en effet un problème d’occupation des sols…

Le ver vert est dans la tombe Lire la suite »

Jacques Lecomte dit du mal de Malthus !

Encore un type qui raconte n’importe quoi sur Malthus sans l’avoir lu. Jacques Lecomte est un expert en psychologie positive, pour lui l’effondrisme entraîne l’écoanxiété, et çà, c’est très mal ! Dans son livre « Rien n’est joué – La science contre les théories de l’effondrement » (2023), il accumule les perles, exemple de ce chapitre dont le titre se veut sanglant.

Th. Malthus, le théoricien du massacre des pauvres à grande échelle 

Lecomte met par exemple cette phrase de Malthus en évidence : « Si un homme ne peut nourrir ses enfants, il faut donc qu’ils meurent de faim . »(Flammarion p.218). Terrible, Malthus est vraiment un méchant.

Mais une fois remise dans son contexte, cette phrase montre que Malthus ne veut certes pas le massacre des pauvres, il mise sur leur capacité à prendre leurs propres responsabilités : « Le bonheur social doit résulter du bonheur des individus, et chacun d’eux n’a qu’à commencer par s’occuper du sien. Chaque pas mène au but. Quiconque fera son devoir en recevra la récompense. Ce devoir se réduit à ne pas mettre au monde des enfants que l’on n’est pas en état de nourrir… Si un homme ne peut nourrir ses enfants, il faut donc qu’ils meurent de faim. Il est évidemment de son intérêt de différer son établissement (par le mariage) jusqu’à ce qu’à force de travail et d’économies, il se soit mis en état de pourvoir aux besoins de sa famille. (Flammarion tome 2, p.218 édition 1992)

Rappelons à Jacques Lecomte la dernière phase du livre de Malthus, Essai sur le principe de population : « Tout lecteur équitable doit, je pense, reconnaître que l’objet pratique que l’auteur a eu en vue par dessus tout, est d’améliorer le sort et d’augmenter le bonheur des classes inférieures de la société. » ‘p.406)

Résumé du livre de Jacques Lecomte : Et si le grand défi pour la planète était de résister aux prophètes de malheur ?

Pic de pétrole, pénurie de matières premières, îles englouties par la montée des eaux, guerres climatiques… autant de discours qui génèrent de l’écoanxiété et découragent d’agir alors qu’ils sont scientifiquement faux ! Jacques Lecomte passe au crible les écrits des principaux adeptes du catastrophisme pour comprendre pourquoi nous adhérons à ces théories erronées. Fake news, biais cognitifs, refus dogmatique des solutions possibles, autant d’obstacles dangereux dans la lutte contre le changement climatique et la destruction de la nature.

Avec ce blog biosphere, connaître MALTHUS

MALTHUS, considérations de Serge Latouche (1/13)

MALTHUS, considérations de Serge Latouche (1/13)

pour mieux connaître le démographe MALTHUS (2/13)

1798, MALTHUS contre les optimistes crédules (3/13)

MALTHUS, le prophète du sens des limites (4/13)

MALTHUS, pour une maîtrise de la fécondité (5/13)

MALTHUS, aider les pauvres n’est pas aider ! (6/13)

Libérons MALTHUS de la critique marxiste (7/13)

MALTHUS, décroissant nié par les décroissants (8/13)

MALTHUS, un scientifique éclairé en 1798 (9/13)

MALTHUS, un religieux en dehors du dogme (10/13)

MALTHUS réfute avec rigueur les critiques (11/13)

Actualisation de la question malthusienne (12/13)

13/13) les textes de MALTHUS (commentaires)

Jacques Lecomte dit du mal de Malthus ! Lire la suite »

La fin de l’utopie « cul nu » ?

L’heure est maintenant à la pudeur et pas seulement aux abayas. Une époque triste où la société subit les assauts d’intégristes qui souhaiteraient imposer la baignade entièrement habillée pour les femmes… Pourtant en Scandinavie, tôt le matin, il y a toujours des gens pour aller faire un plouf Q nul sur une plage « normale ». Et cela ne gêne personne. A Berlin et à Munich, certains parcs publics sont ouverts aux nudistes. En Allemagne, la règle pour tous les saunas c’est la nudité, pour des raisons d’hygiène . Et personne ne sourcille.

Séverine Pierron : C’est à Montalivet que naît, dans les années 1950, le tout premier centre naturiste de France, le Centre héliomarin de Montalivet pour une reconnexion à l’environnement. Avec ses quelque 150 centres et campings naturistes et ses 2,5 millions de pratiquants, la France reste la destination numéro un du genre. Selon la Fédération française de naturisme (FFN), l’âge moyen du pratiquant serait d’environ 40 ans, quand il y a dix ans il était encore supérieur à 50 ans. Mais l’air du temps est de plus en plus pudibond. Selon une étude 2023 de l’IFOP, le nombre de femmes de moins de 50 ans pratiquant le bronzage topless sur les plages a baissé de moitié en quarante ans.

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Nudité, naturisme et conventions sociales

extraits : La simplicité et la nudité même de la vie humaine aux âges primitifs impliquaient au moins cet avantage, qu’elles laissaient l’humanité n’être qu’un passager fugitif ne laissant aucune trace dans la nature. Depuis les humains se sont habillés, ce serait même un diktat de Dieu.

Caricatures et tolérance partagée

extraits : La provocation n’est ressentie comme provocation que par ceux et celles qui s’estiment provoqués. Prenons l’exemple de la nudité sur les plages. Que faut-il préférer comme système social ? Le modèle traditionnel est de ne pas dénuder le corps. Dans un esprit de tolérance réciproque, les textiles devraient accepter le nudisme des uns comme les naturistes accepteraient la différence vestimentaire sur une plage partagée par tous et toutes. Le respect de pratiques différentes doit être un critère permettant la coexistence pacifique…

Nudité ou burka sur les plages, à chacun son propre choix

extraits : L’histoire des baignades est liée au lent dévoilement des corps. Au XIXe siècle, les femmes qui se hasardent au bord de l’eau portent un pantalon qui descend jusqu’aux genoux, une chemise, un bonnet et des chaussures. En 1907, la nageuse et comédienne australienne Annette Kellerman revêt, sur une plage de Boston, un maillot « une pièce » qui lui vaut des poursuites judiciaires. Au début des années 1930 le « deux-pièces » montre pour la première fois le ventre. En 1964, le monokini apparaît sur la Côte d’Azur ; le ministre de l’intérieur de Georges Pompidou fait savoir aux maires que cette pratique relève de l’outrage public à la pudeur…

Nudité ou burkini en piscine, notre liberté

extraits : Nudité en piscine ou burkini, peu importe du moment qu’on pense que la tolérance des autres pratiques vestimentaires est une marque du savoir-vivre ensemble dans un système qui se veut démocratique, et donc laïc… C’est cet idéal que nous défendons sur ce blog biosphere, un idéal qui nous veut proche de la nature

minijupe et burqa

extraits : La société française n’a pas de mémoire. Il devrait être loin le temps où les lycéennes devaient se revêtir obligatoirement d’une blouse, le temps où les cheveux longs des garçons étaient interdits d’entrer dans les établissements scolaires, le temps où les naturistes étaient enfermés dans des camps. Une société n’a pas à imposer de tenue vestimentaire car il n’y a aucun dommage envers autrui ; être nu, en minijupe ou en burqa, cela relève de la liberté personnelle. Les valeurs républicaines ne peuvent pas condamner les pratiques communautaristes car le respect de la diversité des cultures est le principe même d’une république laïque.

Christiane Lecocq, la liberté d’être complètement à poil

extraits : Naturisme social et familial ? Nous préférons le souvenir de Stephen Gough. En 2005-2006, il a traversé encore une fois la Grande-Bretagne complètement nu.« On parle sans cesse des droits de l’homme et de la dignité humaine, et pourtant un homme dans son état naturel est emprisonné. » Vive les plages mixtes où se mélangent corps nus et textiles, vive la tolérance réciproque, vive les randonneurs dénudés. La Biosphère est heureuse quand elle voit les humains vivre et marcher comme ils sont nés, dans le plus simple appareil.

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Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », est éditée chaque jour par épisode tout au cours des mois de juillet et août sur ce blog biosphere.

Modèle de testament de fin de vie

Un jour prochain sans doute, le testament de fin de vie sera la règle, une vie ne vaut que si elle est utile pour soi et pour les autres. Mon propre testament de fin de vie est ainsi rédigé par la présente : « Sain de corps et d’esprit, je déclare ce jour (4 novembre 2002) que je n’accepte pas les soins palliatifs qui ne serviraient qu’à me maintenir en vie et non à me réinsérer dans la société. Je déclare accepter par avance une euthanasie passive si la conscience morte de mon cerveau m’empêche de percevoir mon état de légume humain. J’exige le droit à euthanasie active si j’estime en toute conscience que ma vie ne vaut plus la peine d’être prolongée ».

En France, le Conseil d’État a estimé que le devoir du médecin de sauver un malade ne pouvait prévaloir sur la volonté de celui-ci : le code de déontologie médicale donne obligation de respecter la volonté de la personne. Le métier de médecin est d’adoucir les peines et les douleurs lorsque cet adoucissement peut conduire à la guérison mais aussi de procurer une mort calme et douce quand il n’y a plus d’espoir… C’est alors un geste d’amour, un acte de compassion. Mon cousin germain est bien fatigué, il est alité, il souffre de plus en plus. Cancer du colon, ganglions près de la colonne vertébrale, une opération qui a arrêté le déchaînement cellulaire à un endroit et laissé des métastases ailleurs, de la chimio qui rend très malade mais qui n’a pas soigné grand chose, l’hospitalisation après avoir utilisé à domicile des packs délivrant la morphine qui ont eu de moins en moins d’effet palliatif. Alors il se retrouve dans un lit anonyme avec la morphine à haute dose, l’occlusion intestinale ou une hémorragie, on ne sait plus trop, la fin de plus en plus proche, la douleur de soi et la douleur des autres. Est-ce cela mourir dans la dignité ? Il y a eu euthanasie passive, permise en France par la loi Leonetti. On augmente les doses de morphine et on arrête toute aide à survivre. Quelle différence avec l’euthanasie active ?

De toute façon il nous restera toujours le suicide comme expression de la volonté. Claire Quillot expliquait son suicide programmé en fin de vie comme une manière de « ramener une sorte d’optimisme ». Dès 1970, je connaissais cette déclaration de Paul Lafargue, le gendre de Karl Marx : « Sain de corps et d’esprit, je me tue avant que l’impitoyable vieillesse me dépouille de mes forces physiques et intellectuelles, ne paralyse mon énergie et ne brise ma volonté et ne fasse de moi qu’une charge à moi-même et aux autres. Depuis des années, je me suis promis de ne pas dépasser les 70 ans. » Il a tenu sa promesse en 1911, c’est un exemple qui mérite considération. L’anarchiste Marius Jacob, qui servit de modèle à Arsène Lupin, se suicide en 1954 (à 75 ans) : « Amis, j’ai eu une vie bien remplie d’heur et de malheurs, et je m’estime comblé par le destin. Aussi bien je vous quitte sans désespoir, le sourire aux lèvres, la paix dans le cœur. Vous êtes trop jeunes pour apprécier le plaisir qu’il y a à partir en bonne santé, en faisant la nique à toutes les infirmités qui guettent la vieillesse. J’ai vécu, je puis mourir… Vous trouverez deux litres de rosé, à votre santé. » Je ne sais pas encore si j’aurai le même courage.

La mort n’est rien. La mort n’est que la continuation de la vie par un autre chemin. Août 1972, j’avais 24 ans, j’écrivais que j’attendais le retour à la terre, l’instant suprême où mes molécules se disperseraient dans l’infini univers, et recommenceraient leurs sarabandes sans but. Une métempsycose cosmogonique. 26 décembre 2011, je rédige sur mon blog du monde.fr mon testament écolo : « Je soussigné désire un enterrement sans aucune cérémonie religieuse, sans fleurs ni couronnes ni aucune marque matérielle de condoléances. Je veux être enterré de façon à minimiser mon empreinte écologique au maximum. Pas de crémation qui utilise une énergie extracorporelle devenue trop rare. Pas de cercueil qui mobilise des ressources naturelles. Pas de vêtements car nu je suis né, nu je veux disparaître. Mon idéal est de participer sans rechigner au grand recyclage que la nature nous propose gratuitement.

Pour faciliter la chose, Paris nous offre paraît-il un modèle que je recommande : la commune fournit aux personnes décédées (sans ressources ni famille) des caissons en béton étanche équipés d’un système d’introduction de l’air afin que les espèces qui aident au recyclage de l’organisme puissent accéder au festin. L’oxygène accélère le dessèchement du corps et l’évacuation des gaz de décomposition est assurée. Il n’y a aucune pollution et le caveau peut être récupéré à l’infini : tous les cinq ans, il est à nouveau disponible. Nous ne nous appuyons pas assez sur les compétences de la biosphère qui possède depuis des temps immémoriaux un sens pratique très développé en ce qui concerne l’équilibre dynamique et le recyclage performant.

Je suis émerveillé par toutes les générations précédentes d’hominidés qui depuis des millions d’années n’ont laissé pratiquement aucune trace sur terre. Ils ont permis aux décomposeurs le soin de disperser leurs molécules pour profiter aux autres formes de vie. Je suis révolté par tous ces puissants et autres saccageurs de la nature qui font construire des pyramides et des mausolées dédiés à leur ego, des statues ou des monuments grandioses à la hauteur de leur suffisance. Ils n’ont aucun sens de l’écologie, ils n’ont pas le sens des limites, ils sont néfastes. Notre trace sur terre importe dans le souvenir que nous laissons aux vivants, pas dans l’empreinte écologique qui défigure notre planète. Je suis abasourdi de voir que les gens qui nous font vivre à l’occidentale construisent buildings immenses et autoroutes un peu partout, des territoires où la nature est absente. Je suis ulcéré par cette pub de Renault qui prétendait « laisser moins de traces sur la planète ». D’après Jean-Guillaume Péladan, « L’européen moyen émettra au cours de sa vie 752 tonnes d’équivalent CO2 de gaz à effet de serre… Nous devrions avoir peur de la trace laissée après notre mort : entre un et deux millions de fois notre propre poids, c’est plus qu’une trace ! » (Sur quelle planète vont grandir mes enfants ? – Ovadia, 2009).

Je ne suis que fragment de la Terre, nous ne valons certainement pas plus que le lombric qui fertilise le sol. Mais j’aspire aussi à un monde meilleur pour mes descendants, une société humaine en harmonie avec notre merveilleuse oasis de vie perdue dans l’immensité d’un univers apparemment sans vie. Ce n’est donc pas une planète vide d’humains que je souhaite, mais une planète où l’espèce humaine parcourt son existence d’un pas léger qui ne laisse presque aucune empreinte.

Quand j’aurais quitté le monde des humains, quand mes atomes tourbillonneront pour l’éternité dans l’espace galactique infini, alors seulement j’atteindrai la véritable plénitude. Je ne peux regretter véritablement cette espèce plus souvent homo demens qu’homo sapiens, je ne peux me sentir totalement concerné par cette agitation désordonnée de l’humanité dont les préoccupations restent le plus souvent égoïstes et de courte vue. Ethnocentrisme, anthropocentrisme, nationalisme, indépendantisme, chacun se croit le centre de la Biosphère et ne vit que pour sa personne ou son groupe d’appartenance. J’ai pourtant essayé de penser et vivre autrement, mais ma vie a été par nécessité incertaine et impotente. Tout ce que je sais de manière certaine, c’est de n’être que fragment de la Terre, minuscule élément d’une petite planète qui compte déjà beaucoup trop de mes semblables. Tout ce que je sais, c’est que les problèmes deviennent innombrables et les réponses toujours lacunaires. Tout ce que je sais, c’est que les générations futures vont être obligées de faire avec…

Une petite citation de Jean Rostand pour conclure provisoirement : « Du point de vue sidéral, la chute d’un empire ou même la ruine d’un idéal ne compte pas plus que l’effondrement d’une fourmilière sous le pied d’un passant distrait. Quand le dernier esprit du dernier de notre espèce s’éteindra, l’univers ne sentira même pas sur lui le passage d’une ombre furtive. »

D’accord ! Il n’y a ni optimisme ni pessimisme dans cette sentence, juste un constat. Mais je préfère conclure autrement, avec mon père… (la suite, demain)

Si tu ne veux pas attendre demain, à toi de choisir ton chapitre :

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

Fragments de vie, fragment de Terre (suite) Lire la suite »

Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », est éditée chaque jour par épisode tout au cours des mois de juillet et août sur ce blog biosphere.

Désacraliser la mort

Quelques idées générales : Notre société « moderne » a un rapport à la mort complètement décalé : personne ne doit mourir ! On réalise des guerres « zéro mort », on soigne le moindre bobo à coup de médecin et d’hôpital, on fait survivre les vieux au-delà de leur force, on rêve à la vie éternelle. On oublie simplement que la mort et la vie sont intimement liés. La mort ne doit pas faire peur. Eugénisme, suicide, euthanasie, tout est possible quand c’est mûrement réfléchi. Loin des religions, ma pensée est pragmatique : je suis poussière et je retournerais poussière, ma mort n’est qu’un épiphénomène des grands cycles naturels, il me faut célébrer le recyclage des corps.

En avril 1970, je lis avec curiosité un livre de Jean Rostand, « L’homme », écrit en 1940 : « Nos sociétés donnent la possibilité de survivre et de se reproduire à des milliers d’êtres qui eussent été autrefois implacablement éliminés dès le jeune âge. La fécondité des idiots est très sensiblement supérieure à celle des individus normaux et les avantages sociaux ou financiers font plus pour unir les humains que la beauté du corps ou la finesse de l’esprit. La diminution de la mortalité infantile, les vaccinations généralisées entraînent un affaiblissement de la résistance moyenne de l’espèce. Grâce à l’obstétrique, des femmes deviennent mères malgré un bassin trop étroit, et grâce au lait stérilisé, nourrices, en dépit de glandes mammaires insuffisantes. Il s’ensuit un avilissement progressif de l’espèce. Les tarés, les débiles et les criminels encombrent les hôpitaux, les asiles et les prisons. Tandis que les superstructures spirituelles et sociales deviennent sans cesse plus pesantes, leurs fondations organiques perdent en solidité. Donc par l’effet de la civilisation, nul progrès à espérer pour l’animal humain, mais une décadence à craindre. »

Cette liberté d’expression, exprimée en 2023, ferait scandale. Mais il y a du vrai dans les propos de Jean Rostand. Selon la thèse de Darwin sur la sélection naturelle, une partie seulement des naissances atteignent l’âge de la reproduction car seuls les mieux adaptés résistent. Mais comme les humains modifient leur milieu et fabriquent aujourd’hui une grande partie de leurs moyens d’existence, ils étendent indûment leur capacité à se reproduire et il leur faut alors construire socialement leur propre conception de la sélection ; en empêchant la nature de faire son œuvre de triage, on devient alors responsable de ses propres critères d’expansion démographique. Peu d’intellectuels ont intériorisé ce jugement. L’humanisme actuel, même s’il est plutôt favorable à l’euthanasie active,  est encore totalement opposé à l’eugénisme ! Personnellement je soutiens tout ce qui facilite la décroissance démographique du moment que c’est démocratiquement discuté et appliqué de façon individualisée, au cas par cas. Eugénisme à la naissance, euthanasie en fin de vie et même suicide me semblent des choix courageux quand ils sont assumés en toute conscience.

L’eugénisme est un concept agréable que l’histoire humaine a rendu dangereux. Composé à partir de « eu » (bien) et « genos » (race), il s’agit d’améliorer l’espèce humaine au travers de ses gènes. Le projet du fondateur de l’eugénisme, Francis Galton, se résumait en une phrase : « Se débarrasser des indésirables et multiplier les désirables ». C’était une définition trop vaste et d’autant plus condamnable. Nous étions au début de l’ère victorienne, alors que la science génétique n’existait pas encore… On rêvait d’améliorer les lignées humaines comme le font les horticulteurs et les éleveurs. Au cours du XXe siècle, dans des pays très divers, on a voté pour un eugénisme négatif qui vise à empêcher les « dégénérés » de se reproduire : plus de 50 000 personnes furent stérilisés aux Etats-Unis entre 1907 et 1949, des criminels, des faibles d’esprit, des pervers : dans le Dakota du nord et l’Oregon, la sodomie était un motif suffisant. Un rapport du tribunal municipal de Chicago, en 1922, classe parmi les personnes susceptibles d’être stérilisées les tuberculeux, les aveugles, les sourds, ainsi que les orphelins, les bons à rien, les gens sans domicile et les indigents. Le nazisme n’a fait que reprendre une méthode à la mode… Je répète, cet eugénisme-là est condamnable.

Maintenant, notre connaissance croissante du génome humain permet de mesurer de façon plus précise les difficultés à venir de la personne à naître. L’eugénisme positif vise à sélectionner et à produire des êtres conformes à des normes, par exemple la santé de l’espèce. C’est un eugénisme bienveillant quand il laisse la liberté aux couples. Il s’agit d’éviter la venue au monde d’enfant malades ou handicapés et cela s’inscrit donc dans une logique thérapeutique. Il ne s’agit pas de la quête de l’enfant parfait, mais de l’enfant normal, capable d’un développement à l’égal des autres humains. Dans la pratique déjà, le monde développé se lance en silence dans l’éradication programmée du mongolisme. Depuis la découverte en 1959 des bases chromosomiques du mongolisme, la diffusion généralisée dans la population des acquis de la génétique favorise le consensus sur une interruption thérapeutique de grossesse. L’amniocentèse permet de vérifier la constitution des chromosomes, elle est systématiquement proposée en France aux femmes de plus de 38 ans, le taux de trisomie 21 augmentant avec l’âge de la mère. Cela passe aujourd’hui dans le libre choix de le femme dont on sait que 90 % décident d’éliminer l’enfant trisomique 21. Il s’agit d’un eugénisme démocratique, même si au nom de la liberté individuelle, on laisse tout le poids de la culpabilité à l’individu.

Mais soyons réaliste : quand un enfant est né quai-anencéphale, sourd et presque aveugle comme j’ai pu le constater chez un couple d’amis, c’est la société qui devient en charge d’une existence que les parents ne sont pas en mesure de supporter moralement, matériellement ou durablement. Le geste médical d’un eugénisme pourrait alors sortir du cadre de la stricte relation familiale pour servir une politique collective de régulation du retard mental et d’éradication des maladies génétiques. Un certain nombre de pays ont aujourd’hui des dispositions législatives autorisant la stérilisation à des fins de sélection. C’est le cas de la Chine qui a, en 1994, adopté une loi destinée à améliorer la qualité des nouveau-nés. L’article 8 indique : « Le bilan de santé prénuptial doit comporter l’examen des maladies suivantes : les maladies génétiques grave ; les maladies infectieuses désignées et tout sorte de maladie mentale pertinente. » Et l’article 10 : « Après avoir effectué ce bilan de santé, le médecin doit l’expliquer et donner un avis médical à l’homme et à la femme auprès desquels il a diagnostiqué une maladie génétique. Ce couple peut se marier si tous deux acceptent de recourir à des moyens contraceptifs pendant une longue période ou de subir une opération assurant leur stérilité. »

Mais comme cet interventionnisme de l’État peut ouvrir la porte au totalitarisme, il doit être solidement encadré. (la suite, demain)

Si tu ne veux pas attendre demain, à toi de choisir ton chapitre :

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

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Les écolos, pour ou contre le tourisme ?

Les écologistes institutionnels (EELV) présentent le tourisme de cette façon  dans une motion thématique :

« L’explosion du transport aérien depuis le premier vol « charter » en 1954, la baisse considérable des prix de vente des billets corrélée au développement du modèle « low cost » ont favorisé la croissance d’une forme de tourisme dite « de masse ». Ce modèle, basé sur des séjours de courte durée déconnectés de toute notion de distance, mettant les destinations en concurrence et contribuant à une surconsommation intenable de transports carbonés, qu’ils soient par avion ou par paquebot, est destructeur pour la planète et les populations d’accueil. L’industrie du voyage et les voyageurs doivent se désintoxiquer de ces modes de transport. »

Parfait, parfait. Malheureusement le texte se poursuit ainsi :

« Rejet a priori du transport aérien et du tourisme de masse sont deux approches réductrices qui évacuent la responsabilité sociale de l’ensemble de la filière dans un secteur fortement précarisé… Le tourisme durable ne peut pas se caricaturer en un « tourisme sans avion »… La réflexion ne peut pas plus se résumer en une critique du tourisme de masse, on risque de privilégier l’accueil de touristes à fort pouvoir d’achat…, etc. »

D’où une motion qui ménage la chèvre et le chou et contient pourtant des moments savoureux à déguster sans modération :

« Exiger l’affichage de l’empreinte carbone des offres touristiques… Réfléchir sur l’instauration de quotas d’émissions de carbone par personne sur une vie… Supprimer les aides publiques aux projets d’infrastructures de loisirs inutiles et dangereux pour la planète… Favoriser un tourisme privilégiant la lenteur… Développer les réseaux de circulations douces (véloroutes en particulier)… Promouvoir le tourisme intra-régional… Ne laisser là où nous passons que l’empreinte de nos pas. »

Rappelons notre point de vue d’écologiste sur ce blog biosphere. Le tourisme de masse est en soi destructeur, dire qu’on ne peut pas le condamner au nom du social et de l’emploi est fantaisiste. L’explosion touristique dans beaucoup d’endroits de la planète a entraîné des dégâts considérables en termes d’urbanisme, de pression sur la ressource en eau, de rapports sociaux proches de l’esclavage, de dépendance des emplois envers l’afflux de touristes. On a vécu, à l’époque de la pandémie et de la limitation des déplacements, les lamentation des destinations touristiques : les opérateurs criaient famine, mais c’était un temps écolo. Aujourd’hui en 2023 les touristes sont  malheureusement revenus en nombre, mais ils ont été souvent accablés par la canicule et cernés par les flammes des incendies. On ne pourra pas longtemps vivre comme si on n’avait pas mis la planète au pillage…

Du point de vue écologique, il n’est pas judicieux de vouloir relancer le tourisme, ni même d’encadrer son industrialisation. Il est absolument nécessaire de supprimer un passe-temps créée au XIXe siècle pour les privilégiés qui faisaient leur tour d’Europe. Le  » droit au voyage » pour loisirs n’existe pas, c’est une revendication à consommer du voyage sans autre fin qu’un dépaysement temporaire et destructeur.

Le slogan publicitaire « plus vite, plus loin, plus souvent et toujours moins cher » doit être remplacé par son inverse.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere

(sur)tourisme, une activité sans fondement

Un voyageur, ça va, des touristes, ça casse

Ski : le consumérisme touristique, c’est fini (2023)

Pour des vacances sans touristes (2022)

Un impossible tourisme « durable » (2021)

Tourisme de masse et écologie, incompatibles (2020)

Post-covid, le tourisme de masse à la peine (2020)

Le Canard enchaîné, tout contre le tourisme (2019)

Beaucoup trop de touristes de trop (2019)

 

 

 

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Cigarettes, bombes écotoxiques pour la planète

Trouvé à l’angle de la 78e avenue et de la 496e rue un mégot de cigarette. L’inconscient qui a laissé cette ordure est prié de se présenter au commissariat pour verser la taxe forfaitaire afférente à cet acte anti-social…

Ah, si la prise de responsabilité pouvait être une réalité ! Mais l’addiction est socialement construite. Le plaisir procuré par la cigarette est une pure fabrication de l’industrie. Contrairement à l’alcool, la cigarette n’est pas une drogue récréative : elle ne procure aucune ébriété, aucune ivresse. Fumer, c’est donc devenir directement accro. Et en plus ça pollue grave ! Les mégots relarguent du plastique et des milliers de substances chimiques toxiques (nicotine, arsenic, mercure, ammoniac). Quant aux cigarettes électroniques à usage unique, les fameuses puffs, elles représentent un risque encore plus grand pour l’environnement. En raison de leur « forte toxicité », l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) considère les mégots comme « écotoxiques » et les classe dans la catégorie des « déchets dangereux ».

Stéphane Mandard : On estime que 4 500 milliards de mégots sont jetés par terre chaque année à l’échelle de la planète et terminent invariablement dans les cours d’eau et l’océan. Un mégot de cigarette peut contaminer jusqu’à 500 litres d’eau. En France, 23,5 milliards de mégots sont jetés chaque année dans l’espace public. Chaque fumeur jette en moyenne 5 cigarettes par jour dans l’espace public. A Paris, environ 350 tonnes sont ramassées tous les ans. Seul un Français sur quatre sait que les filtres de cigarette sont en plastique (acétate de cellulose). Les cigarettes électroniques et leur version à usage unique, les fameuses puffs, très prisées des adolescents avec leurs tubes colorés et leurs parfums exotiques, sont jetées une fois la centaine de bouffées disponibles consommée. Composées de plastique, de batteries en lithium et contenant elles aussi nicotine et métaux lourds (mercure, plomb, brome), elles représentent un risque encore plus grand pour l’environnement ; au regard de leur composition, elles sont considérées comme des déchets d’équipements électriques et électroniques et devraient faire l’objet d’un système de tri séparé en déchetterie. Mais, même lorsqu’elles sont collectées, leur composition rend leur recyclage quasi impossible.

Le point de vue des écologistes anti-tabac

Le péché originel a été commis au cours de l’automne 1492 quand on découvre le tabac en Amérique. Jean Nicot (1530-1600) le diffuse en France. Pourtant les humains n’ont pas besoin de voiture, encore moins de la nicotine des cigarettes, mais la dynamique de l’innovation se désintéresse des finalités de la consommation pour imposer sa propre logique du profit. C’est l’invention en 1880 d’une machine capable de produire plus de 200 cigarettes à la minute, soit autant que 40 à 50 ouvrières ayant un bon coup de main, qui va changer le niveau de tabagisme. Plutôt que de licencier des centaines d’ouvrières au risque d’un conflit social, un entrepreneur a utilisé l’augmentation de productivité pour faire baisser les prix et inciter à la consommation de masse : on crée alors de nouvelles marques, de nouveaux goûts, de nouvelles addictions.

Et la publicité s’en mêle. L’un des principaux pionniers de la pub comme « manufacture du consentement », Edward Bernays décide d’utiliser les découvertes de la psychanalyse pour parvenir à une « manipulation des opinions et des habitudes ».  La diffusion dans la presse de photos de jeunes femmes fumant des cigarettes appelées « torches de la liberté » va par exemple inciter les femmes à fumer à une époque où ce comportement était réprouvé ; Bernays se vanta d’avoir doublé la taille du marché potentiel de l’industrie du tabac !

Résultat : Les cancéreux occupent des hôpitaux, les plants de tabac accaparent des terres, tout concourt au poids écologique des fumeurs. Les paquets de cigarettes comportent depuis des années des messages chocs, véritables faire-part de décès. Pourtant les fumeurs s’y habituent, ils ne voient plus ces messages. En effet, ce n’est pas en montrant des images que l’addiction sera combattue ; les photos du type qui crache ses poumons,ça ne marche pas. Les humains s’adaptent à l’insupportable et restent esclaves de leurs désirs imposés par la publicité.

Solutions : Ce qui marche le mieux contre l’addiction au tabac, c’est l’augmentation progressive de prix et les interdictions de plus en plus sévères, interdiction à la vente aux moins de 16 ans, puis aux moins de 18 ans, interdiction dans les établissements scolaires, dans les lieux publics, dans les cafés, etc. Les humains sont de grands enfants qu’on doit traiter en gamins irresponsables. L’interdit est structurant, l’avenir devrait être à la prohibition totale des cigarettes.

Nous percevons déjà les cris de celles et ceux qui qualifieront cette mesure de liberticide, « On restreint mon droit à fumer ! » Oui, l’écologie passe par là. Le renoncement aux plaisirs frelatés et la satisfaction des seuls besoins véritables doit bien commencer un jour. Un peuple écolo est un peuple exemplaire, il ne fume pas.

Mais si le choix du renoncement est une qualité, il est nettement plus facile de griller une autre cigarette que de jeter le paquet. A toi de voir…

Lire, le tabac tue et rend esclave, un écolo ne fume pas

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Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », est éditée chaque jour par épisode sur ce blog biosphere tout au cours des mois de juillet et août.

Quelques recettes de décroissance

Achim Steiner, directeur du Programme des Nations unies pour l’environnement depuis 2006, estime en 2009 que la crise offre l’occasion de décarboner l’économie : « Des études ont montré qu’un climatiseur standard en Floride émettait autant de CO2 qu’un Cambodgien pendant toute sa vie. Cette consommation-là, je ne peux la soutenir ». Il ajoute : « Notre objectif doit être de réduire notre empreinte écologique » Il prend comme exemple  les Japonais qui envisagent une économie des 3R dans laquelle les matières premières sont utilisées en quantité « Réduite, Réutilisées ou Recyclées » (LE MONDE du 17 février 2009).

Mais les R peuvent être innombrables. Dans Petit traité de la décroissance sereine (2007), Serge Latouche présentait déjà un programme en 5R pour les pays du Sud (Rompre, Renouer, Retrouver, Réintroduire, Récupérer) comme remède à la destruction de l’identité, des savoirs et des savoir-faire des sociétés vernaculaires. Pour le Nord, il en arrivait à un changement de cap basé sur les 8R : Réévaluer, Reconceptualiser, Restructurer, Redistribuer, Relocaliser, Réduire, Réutiliser, Recycler. Ces huit objectifs interdépendants sont susceptibles d’enclencher un vertueux de décroissance sereine, conviviale et soutenable. Mais on pourrait allonger la liste des R avec radicaliser, reconvertir, redéfinir, redimensionner, remodeler, repenser, etc. Tous ces R participent tout autant de la révolution que du retour en arrière, du changement radicale de direction que de la répétition.

En fait tous ces R sont une saine réaction face à la démesure de la société thermo-industrielle, basée sur les « SUR » : suractivité, surdéveloppement, surproduction, surabondance, surpêche, surpâturage, surconsommation, suremballage, surcommunication, surmédicalisation, surendettement, suréquipement… (cf. Jean Paul Besset, Comment ne plus être progressiste…sans devenir réactionnaire, Fayard 2005). Vive les « R »… Dans un contexte de pénurie globale des ressources naturelles, l’avenir n’est plus dans l’expansion, mais dans son inverse. On peut aller encore plus loin dans le Renoncement.

A la croissance économique sans avenir doit succéder la croissance conviviale, à l’effet rebond l’effet bond, à la militarisation la militarisation, à la mondialisation la mondialisation, à la pollution des sols et des esprits la pollution, au populationnisme la population, à l’urbanisation la surbanisation, à la voiture pour tous le voiturage. C’est l’avènement des « – » dont je suis devenu un adepte convaincu sur mon blog biosphere.

Le discours de la classe politique est comme à son habitude en complet décalage avec ce qu’il faudrait vraiment. Pourtant, qu’on le veuille ou non, il faudra bien un jour sortir du culte de la croissance, toujours plus de bagnoles, toujours plus d’avions, toujours plus de yachts, travailler toujours plus pour gagner toujours plus (parfois !). L’utopie socialiste d’une promesse de prospérité partagée est derrière nous car il existe une contradiction fondamentale entre la réalité des limites de la biosphère et le goût du « progrès » sans limites des croissancistes, secte à laquelle appartient la gauche en général et le PS en particulier. Un programme politique pour la présidentielle 2012 devrait combattre âprement les inégalités intra- et internationales tout en prêchant ardemment la sobriété et le rationnement, particulièrement dans les sociétés riches. Il n’en est rien. J’ai écrit cette chronique d’abonné sur lemonde.fr :

La candidate de l’écologie Eva Joly a présenté samedi 11 février son projet pour l’élection présidentielle. Si elle reprend l’idée d’une transition écologique, on ne peut pas dire que les remèdes préconisés sont à la mesure de l’urgence : « 160 000 logements sociaux, moratoire sur les augmentations de loyer, économie verte créatrice d’un million d’emplois, retraite à 60 ans sans décote, augmentation de 50 % de tous les minima sociaux… » Eva Joly fait surtout du social, pas tellement de l’écologie.

Quel devrait être son programme ?

Ce programme serait conforme à ce qu’on peut attendre d’un état de guerre. Il y a un exemple historique. Après Pearl Harbour, le président Roosevelt annonce le 6 janvier 1942 un arrêt de la production de voitures qui durera jusqu’à la fin 1944. La vente de véhicules à usage privé a été interdite, ainsi que la conduite de loisir. La construction de maisons et d’autoroutes a été stoppée. Les gens se sont rapidement mis à recycler tout ce qui pouvait l’être, avant de se lancer dans l’autoproduction alimentaire dans les « jardins de la victoire ». Aujourd’hui ce n’est pas la guerre entre humains, mais entre les humains et la planète. Voici une version moderne du plan Roosevelt que nous avons adapté à l’état d’urgence écologique actuel en 2012:

1) sur l’alimentation : inutile de parler de souveraineté alimentaire tant que la nourriture sera issue de l’agroalimentaire mondialisé. Au-delà des objectifs nationaux d’une agriculture bio, le gouvernement soutiendra toutes les tentatives décentralisées d’autonomie agricole, circuits courts, AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne), jardins partagés, reconstitution des ceintures maraîchères… Le régime excessivement carné sera modifié. Le lundi végétarien sera imposé dans la restauration collective. La taxe carbone, une des principales mesures mises en place dans le premier budget de notre quinquennat, portera aussi sur les émissions de gaz à effet de serre de l’élevage.

Nous allons promouvoir dans chaque commune et dans chaque territoire la constitution de communautés de résilience. Il s’agit de constituer au niveau local un plan de descente énergétique qui permette de résister aux chocs provoqués par les jumeaux de l’hydrocarbure, le pic pétrolier et le réchauffement climatique. Il s’agit de promouvoir la transition entre une époque d’énergie non renouvelable gaspillée en moins de deux siècles seulement et une période durable où les seules énergies utilisées seront renouvelables.

2) sur les déplacements : inutile de parler de transports en commun tant que la voiture individuelle est généralisée. Notre objectif est d’éradiquer la voiture dans les dix ans qui viennent. Nous promulguerons des mesures progressives qui incitera homo mobilis à changer rapidement de comportement. Dans un premier temps, obligation de ne fabriquer et vendre que des voitures de petite cylindrée. La vitesse de circulation baissera de 10 km/h fin 2012, puis par tranche similaire les années suivantes. La circulation « seul au volant » sera interdite, le covoiturage devenant une pratique généralisée.

Il est bien évident que les quads, bateaux de plaisance à moteurs et autres gadgets motorisés seront interdits de circulation avant 2015. Le moyen idéal de déplacements est la marche et le vélo, la rame et la voile.

3) sur l’habitat : inutile de parler de logements sociaux tant que l’emploi n’est pas fourni en même temps. La population doit apprendre à partager l’espace et l’emploi. Dès le débat du quinquennat, aucun étalement urbain ne sera toléré. Nous devrons nous habituer à des logements moins grands et plus faciles à chauffer. Les grands appartements seront divisés, les résidences secondaires réquisitionnées.

Notre crise économique est structurelle, cachée à l’heure actuelle par le surendettement qui a permis une surconsommation. Une politique de vérité doit dire qu’une grande partie des emplois sont inutiles, parasitaires, voués à disparaître dès l’apparition d’une récession durable. Le nombre d’heures de travail sera revu à la baisse entreprise par entreprise. Il faudra accepter de gagner moins, le niveau de vie moyen en France est largement au-dessus des possibilités de la planète. Les métiers de proximité, la paysannerie et l’artisanat seront les piliers de la société de demain. Etc., etc.

Les Khmers verts au pouvoir ? Non, notre programme est conforme à l’état d’urgence que les écolosceptiques en général et les climatosceptiques en particulier ont préparé par leurs agissements, niant la réalité de la crise écologique. Notre programme explicite clairement une réalité incontournable : nous avons dépassé les limites de la planète et nous avons formaté la population à oublier le sens des limites. La taxe carbone généralisée sera un moyen de retrouver la vérité des prix. La suppression immédiate de toute publicité permettra de redéfinir la réalité de nos besoins.

Un programme politique écologiquement cohérent devrait annoncer la suppression de la publicité. Très tôt, il y a longtemps, je me suis aperçu du matraquage marchand que nous commencions à subir. C’est en juin 1970 que je découvre avec Paul Ehrlich l’influence pernicieuse de la publicité : « On exagère à peine en disant que la publicité vise en premier lieu à créer des besoins irrationnels. Son but secondaire est de supprimer la compétition qualitative en créant des différences illusoires entre produits identiques. Sous l’influence de l’industrie, la publicité a convaincu les Etats-Unis que l’automobile n’était pas un engin de transport mais une espèce de totem sexuel, que le pain blanc est enrichi alors que presque tous les éléments nutritifs ont été enlevés… Le travail aux USA est à 60 % inutile. »

Selon Bilderbach, 18 % du travail américain entre 1960 et 1970 a été consacré à payer les intérêts des achats à crédit, ce qui met l’absurdité à son comble. En effet ce surcroît de travail aboutit à un surplus de production qu’il faudra ensuite éponger et pour cela solliciter le public à acheter encore plus et à s’endetter davantage ! Le marché est livré au seul déterminisme de ses lois propres, la qualité de la vie baisse à mesure que le PNB augmente. Pourtant, pendant mes quatre années en face de sciences économiques de 1967 à 1971, jamais cette problématique n’a été abordée.

Nous sommes en 2023 et les mass media fonctionnent encore et toujours avec l’argent de la publicité, obligés de créer de toutes pièces un univers illusoire peuplé de mythes aussi dispendieux que nuisibles : encore plus de voitures, encore plus de parfums, encore plus de fringues, encore plus de marques, encore plus de vitesse, encore plus de tourisme, toujours plus de superficiel. La croissance est une absurdité. Je refuse cette absurdité. (la suite, demain)

Une vision d’ensemble de cette autobiographie :

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

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Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », est éditée chaque jour par épisode sur ce blog biosphere tout au cours des mois de juillet et août.

L’océan n’existe que par ses gouttes d’eau

Selon l’anthropologue Margaret Mead, nous sommes passés d’une société post-figurative où l’idéal est de suivre l’exemple des ancêtres à une société co-figurative où les modèles culturels sont pris parmi les contemporains : la vedette, le héros. Cependant l’adulte y est encore considéré comme un modèle. Nous assistons à la fin de cette époque. Nous entrons dans une troisième période, qui est pré-figurative. Les adultes ne gouvernent plus rien parce que le monde où ils vivent leur est inconnu. Il s’établit un dialogue continu jeunes-adultes pour aller en direction d’un futur indéfinissable.

J’écrivais le 6 janvier 1971 : « Les adultes doivent savoir qu’ils ne se sentiront plus tout à fait chez eux dans un monde qui sera de plus en plus soumis aux valeurs et aux opinions de la jeunesse. »

Nous avons connu par la suite le dérapage qui a transformé les enfants en prescripteurs de dépenses… enfants victimes en réalité du système marchand ! Alors pourquoi pratiquer la simplicité volontaire quand le monde entier se jette dans une frénésie productiviste et une boulimie d’achats ? Je prends portant personnellement plus d’assurance dans mes convictions, guidé par ma tendance à être à contre-courant. Je fais mienne la devise, quand la majorité a tort, c’est une minorité qui montre le chemin de l’avenir. Plus tard tout le monde suivra le même chemin si les conditions s’y prêtent. Peu importe dorénavant pour moi le résultat puisque le chemin que je trace est celui que je le pense juste. Je suis bien conscient de n’être qu’une goutte d’eau au milieu de plus de six milliards d’humains(ndlr : 8 milliards en 2022) ; mais un océan n’existe que par ses gouttes d’eau.

La simplicité volontaire que je pratique se voit déjà à des signes extérieurs. J’ai gardé la barbe très tôt. Je trouvais cela naturel, ça pousse, c’est bien. J’avais aussi des motivations familiales : ma barbe et mes cheveux longs ne plaisaient pas à mes parents. Plus tard, j’ai appris les raisons profondes de ne pas se raser. Pour les garçons la transformation du duvet en barbe révèle la fin de l’adolescence et l’identité masculine, un véritable ancrage dans une spécificité corporelle. Mais les garçons sont victimes d’une instrumentalisation : l’absence de poils est devenu le cœur d’une nouvelle cible, à des fins mercantiles. On a inventé les rasoirs mécaniques ou électriques, bravo les ingénieurs au service du profit ! Comme l’exprimera Georgescu-Roegen, « Il faut nous guérir du circumdrome du rasoir électrique, qui consiste à se raser plus vite afin d’avoir plus de temps pour travailler à un appareil qui rase plus vite encore, et ainsi de suite à l’infini… Il est important que les consommateurs se rééduquent eux-mêmes dans le mépris de la mode. » La femme de son côté se veut moderne, elle enlève tous ses poils. D’abord elles ôtèrent les poils du mollet, c’était dans les années 1920 avec les robes plus courtes et les premiers bains de mer. Et puis les maillots couvrant de moins en moins de chair, ce fut l’épilation de la jambe entière et même des poils du pubis qui ne pouvaient dépasser. Aujourd’hui les jeunes filles deviennent adeptes de l’épilation intégrale. Mais pourquoi se raser ? Celles qui se dénudaient à Woodstock étaient à l’aise dans tous leurs poils.

Dès que j’ai eu mon propre logement, j’ai fabriqué mon lit avec un châlit de bois brut ; une caisse en carton servait de table de nuit. J’utilise depuis 1975 la bibliothèque que j’ai confectionnée en clouant quelques planches. Elle me sert toujours aujourd’hui (en 2023), contenant uniquement des livres centrés sur l’écologie, lectures qui se sont substituées aux manuels d’économique, de sociologie, de politique. Je monte et descend les escaliers au lieu d’emprunter escalators et ascenseurs, j’allume une seule lampe à la fois pour l’éteindre dès que possible, je minimise l’usage des appareils électriques, j’ai toujours choisi de me domicilier près de mon lieu de travail pour y aller à pied, j’ai arrêté de lire romans et fariboles, je suis sur le chemin du renoncement. Je mange moins de viande et je mange moins, je diminue une consommation de vin qui ne sert à rien, je refuse le portable et la carte bancaire, je ne pars plus en avion et limite mes excursions, je commence à écrire au crayon à papier pour peser le moins possible sur la planète, etc. Le chemin du renoncement est un parcours difficile car il n’a comme limites que les limites de ma force intérieure.

Il n’y a pas de modèle d’existence en soi, je pourrais vivre comme Diogène, dans son tonneau. Ce « Socrate en délire », comme le surnommait Platon, marchait pieds nus en toute saison, dormait sous les portiques des temples et avait pour habituelle demeure un tonneau. Il dit un jour en abandonnant son écuelle : « Cet enfant qui boit dans le creux de sa main, m’apprend que je conserve encore du superflu ». Ce philosophe pratiquant (ce qui est une extrême rareté) voulait renverser les valeurs dominantes pour transformer la prétention humaine en humilité. Il justifiait sa conduite en affirmant que les hommes s’imposent des efforts démesurés en oubliant de vivre simplement et sainement selon la nature. Ayant vu un jour une souris qui courait sans se soucier de trouver un gîte, sans crainte de l’obscurité, et sans aucun désir de tout ce qui rend la vie agréable, il la prit pour référence. Selon sa conception de l’existence, l’animal qui ne se crée pas de besoins serait supérieur à l’homme prisonnier de ses désirs et de ses angoisses. Le bonheur résiderait dans la simplicité totale et l’autarcie, se suffire à soi-même.

Si tout le monde voulait imiter Diogène, même un tout petit peu, la Biosphère s’en porterait bien mieux. Il faut sortir de la surconsommation non seulement pour des raisons philosophiques, mais aussi pour faire face à la pénurie croissante de ressources naturelles. Aujourd’hui la simplification du mode de vie commence à se répandre, ce n’est plus une attitude réservée à des marginaux. Le mensuel « La décroissance », auquel je suis fidèle depuis son origine, présente à chaque fois un témoignage d’expérience vécue dans la simplicité volontaire. Dans un numéro, il s’agit de Laetitia et Alessandro qui cultivent leur potager. Alors qu’avant ils mangeaient de la viande à tous les repas, ils n’en achètent plus. Ils n’ont pas de voiture et mangent bio le plus souvent possible. Mais comme personne n’est parfait, ils vont souvent au cinéma. Ils se définissent comme des déserteurs du travail qui se contentent du RMI.

Même LE MONDE consacre parfois une rubrique à ces sentinelles de l’avenir. Toute une page le 17 décembre 2008 pour Joan Pick, dont l’objectif depuis 1973 est « zéro carbone » : pas de voiture bien sûr, mais aussi pas de réfrigérateur, pas de chauffage, pas de télévision, ni même de douche. Noix et germes de blé forment l’essentiel de son alimentation. Joan va beaucoup plus loin que moi dans la voie du renoncement ! (la suite, demain)

Une vision d’ensemble de cette autobiographie :

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

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