épuisement des ressources

Nous sommes tous des écoterroristes !

Les organisateurs, dont la Confédération paysanne et le collectif Bassines non merci, avaient appelé les volontaires pour un périple en tracteur ou à vélo, appelé « convoi de l’eau », pendant une semaine entre Sainte-Soline et Orléans. Devant les grilles de l’agence de l’eau à Orléans, le 25 août, une petite foule de 600 personnes : « Nous sommes tous des écoterroristes ! » Un clin d’œil aux déclarations du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, et à sa décision de dissoudre les Soulèvements de la Terre.

Les anti-écolos se déchnent, exemple : « Des dizaines de collectifs, partis et autres associations parviennent à réunir quelques centaines de personnes pour vitupérer les bassines et le capitalisme. A Pornichet vendredi un meeting aérien a attiré 180 000 personnes. Cherchez l’erreur. »

Ce constat de disproportion mérite commentaire. En effet il témoigne seulement de l’insuffisance d’intelligence collective du peuple. Car en toute vérité, face aux périls qui nous guettent, il ne devrait y avoir que 600 personnes à Pornichet, dont la plupart d’ailleurs militants contre le transport aérien et ce genre de spectacle volant. Par contre il aurait fallu 180 000 personnes pour participer au convoi de l’eau !

Luc Bonner : La manifestation s’est déroulée dans le calme, dans une ambiance de kermesse militante, avec cuisine collective, toilettes sèches, fanfare et chants puisés dans le répertoire traditionnel du militantisme. Sur les grilles, une banderole a été accrochée : « L’Etat tue pour le capitalisme. » Le slogan résume la situation : derrière les Soulèvements de la Terre, c’est une bataille pour un modèle agricole, économique, social, voire démocratique, qui oppose manifestants et défenseurs de la construction de bassines. « S’ils ne nous écoutent pas, il faudra désarmer [détruire] ces bassines », souligne une militante de 27 ans, qui se définit comme « nomade », passant d’une ferme à une autre et d’une lutte à une autre, dont Sainte-Soline, le tunnel Lyon-Turin et bientôt le site d’enfouissement de déchets toxiques de Stocamine, en Alsace. « Grille par grille, bâche par bâche, on détruira toutes les bassines », a scandé Julien Le Guet, un des porte-parole du mouvement.

Le point de vue des écologistes activistes

Anti-Pollueurs : L’agence de l’eau a voté à l’unanimité pour arrêter toute construction en attendant de prendre en considération les années depuis 2010. En effet les plus chaudes ont été ignorées lors de la décision de construire ces bassines. Mme la Préfète, vous dites : « Pour les six réserves autorisées et financées, on a créé des droits qu’on ne peut pas annuler ». Qui a créé ces “droits” basés sur une étude obsolète ? De quel droit autorisez-vous ceux qui ont intoxiqué nos eaux de surfaces (pesticides, engrais) à puiser notre eau potable souterraine ?

Diedey : Ce qui frappe chez les militants antibassines, c’est leur connaissance des milieux naturels. Il existe une expertise citoyenne au service de l’intérêt général qui vaut bien celle des gros producteurs et des intérêts financiers qui nous mènent droit à la catastrophe climatique.

Le paraméen : Ces « zozos », ces  » écoterroristes » et autres qualificatifs employés par certains ici et là sont en fait des citoyens responsables qui, à travers l’exemple des bassines, dénoncent le modèle agricole productiviste qui continue à tuer et à ruiner les petits agriculteurs, à détruire les écosystèmes, à polluer sols et eaux (comme en Bretagne) pour le seul profit des grosses coopératives et de l’agro-industrie en général. Des bassines ont été construites illégalement. Ont-elles été détruites par l’ État ? Non. Fort avec les faibles, faible face à la FNSEA qui dicte la politique agricole en France depuis la fin des années 1950. Cette FNSEA dont les exactions contre les bâtiments publics (dont des préfectures) et contre des écologistes avec sabotages de véhicules n’ont amené aucune réaction du pouvoir politique et aucune sanction du pouvoir judiciaire. L’agriculture productiviste est intenable avec le réchauffement climatique. La réalité sera plus forte que l’idéologie.

Zahnstocher : Cela fait des décennies que les climato-sceptiques s’échinent et tous leurs pseudo-arguments se sont pulvérisés sur le mur de la réalité. Il ne leur reste plus qu’à tenter puérilement de tourner en dérision ceux qui luttent. Sur leur nombre, leur âge, leurs vélos, leurs tracteurs, leurs slogans, leurs shorts, leurs accents, leurs amis etc… Mais sur le fond, que voulez-vous qu’ils opposent ?

Leonora : Les gouvernements sont tout simplement en train de rendre la planète inhabitable pour nos enfants. Je ne vais pas rester les bras croisés en attendant que l’inconcevable devienne réalité. Nous devrions tous être des écoterroristes.

G. Verne : Le plus amusant, c’est que CNews a fait sa journée sur la dégradation de la pelouse du golf près de Poitiers devenue soudain, à grand renfort de bandeaux saignants, l’équivalent de la déforestation de l’Amazonie.

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FNE, le combat des mégabassines

extraits : Suite à la dernière manifestation contre une méga-bassine à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres fin octobre 2022, l’Etat s’emploie à instrumentaliser les évènements pour faire taire tout débat de fond sur le stockage de l’eau. Après avoir retiré une subvention pour l’éducation à l’environnement à l’Association de Protection d’Information et d’Etudes de l’Eau et de son Environnement (APIEEE), celle-ci vient de recevoir la notification par la Préfète des Deux-Sèvres, de son exclusion de toutes les instances de concertation liées à l’eau du département dans lesquels elle siégeait !…

Bassines, un combat à mort

extraits : La manifestation contre la bassine de Sainte Soline, interdite par la préfecture, a rassemblé entre 6 000 personnes, selon les autorités, et 30 000 selon les organisateurs. Plus de 3 000 gendarmes et policiers ont été mobilisés pour défendre l’agro-industrie. Le choc a été violent. les forces de l’ordre ont tiré plus de 4 000 grenades et utilisé des LBD (lanceur de balle « de défense ». Deux cents manifestants ont été blessés, dont quarante grièvement…

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Les écolos, pour ou contre le tourisme ?

Les écologistes institutionnels (EELV) présentent le tourisme de cette façon  dans une motion thématique :

« L’explosion du transport aérien depuis le premier vol « charter » en 1954, la baisse considérable des prix de vente des billets corrélée au développement du modèle « low cost » ont favorisé la croissance d’une forme de tourisme dite « de masse ». Ce modèle, basé sur des séjours de courte durée déconnectés de toute notion de distance, mettant les destinations en concurrence et contribuant à une surconsommation intenable de transports carbonés, qu’ils soient par avion ou par paquebot, est destructeur pour la planète et les populations d’accueil. L’industrie du voyage et les voyageurs doivent se désintoxiquer de ces modes de transport. »

Parfait, parfait. Malheureusement le texte se poursuit ainsi :

« Rejet a priori du transport aérien et du tourisme de masse sont deux approches réductrices qui évacuent la responsabilité sociale de l’ensemble de la filière dans un secteur fortement précarisé… Le tourisme durable ne peut pas se caricaturer en un « tourisme sans avion »… La réflexion ne peut pas plus se résumer en une critique du tourisme de masse, on risque de privilégier l’accueil de touristes à fort pouvoir d’achat…, etc. »

D’où une motion qui ménage la chèvre et le chou et contient pourtant des moments savoureux à déguster sans modération :

« Exiger l’affichage de l’empreinte carbone des offres touristiques… Réfléchir sur l’instauration de quotas d’émissions de carbone par personne sur une vie… Supprimer les aides publiques aux projets d’infrastructures de loisirs inutiles et dangereux pour la planète… Favoriser un tourisme privilégiant la lenteur… Développer les réseaux de circulations douces (véloroutes en particulier)… Promouvoir le tourisme intra-régional… Ne laisser là où nous passons que l’empreinte de nos pas. »

Rappelons notre point de vue d’écologiste sur ce blog biosphere. Le tourisme de masse est en soi destructeur, dire qu’on ne peut pas le condamner au nom du social et de l’emploi est fantaisiste. L’explosion touristique dans beaucoup d’endroits de la planète a entraîné des dégâts considérables en termes d’urbanisme, de pression sur la ressource en eau, de rapports sociaux proches de l’esclavage, de dépendance des emplois envers l’afflux de touristes. On a vécu, à l’époque de la pandémie et de la limitation des déplacements, les lamentation des destinations touristiques : les opérateurs criaient famine, mais c’était un temps écolo. Aujourd’hui en 2023 les touristes sont  malheureusement revenus en nombre, mais ils ont été souvent accablés par la canicule et cernés par les flammes des incendies. On ne pourra pas longtemps vivre comme si on n’avait pas mis la planète au pillage…

Du point de vue écologique, il n’est pas judicieux de vouloir relancer le tourisme, ni même d’encadrer son industrialisation. Il est absolument nécessaire de supprimer un passe-temps créée au XIXe siècle pour les privilégiés qui faisaient leur tour d’Europe. Le  » droit au voyage » pour loisirs n’existe pas, c’est une revendication à consommer du voyage sans autre fin qu’un dépaysement temporaire et destructeur.

Le slogan publicitaire « plus vite, plus loin, plus souvent et toujours moins cher » doit être remplacé par son inverse.

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(sur)tourisme, une activité sans fondement

Un voyageur, ça va, des touristes, ça casse

Ski : le consumérisme touristique, c’est fini (2023)

Pour des vacances sans touristes (2022)

Un impossible tourisme « durable » (2021)

Tourisme de masse et écologie, incompatibles (2020)

Post-covid, le tourisme de masse à la peine (2020)

Le Canard enchaîné, tout contre le tourisme (2019)

Beaucoup trop de touristes de trop (2019)

 

 

 

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Pour ou contre la dégradation d’un golf ?

Le « convoi de l’eau » rassemble plusieurs centaines de manifestants à vélo. Il doit atteindre Paris le 26 août pour réclamer un moratoire sur les projets de « bassines ». En marge de cette marche, une quarantaine d’individus ont cisaillé un grillage et pénétré dans un golf situé à Beaumont-Saint-Cyr prsè de Poitiers, détériorant un green et un système d’irrigation. Des photos montrent des morceaux de pelouse arrachés et des slogans peints au sol, comme « 100 jours pour vous sécher » ou « #convoideleau ».

LE MONDE avec AFP : Le préfet dénonce une dégradation intolérable. Le convoi est stoppé par la gendarmerie pour procéder à des contrôles. Le ministre de l’agriculture Marc Fesneau a dénoncé ceux qui « dégradent, détruisent, saccagent… Il n’y aura jamais de dialogue possible avec ceux qui entendent imposer leur loi par la violence ». Les organisateurs du convoi, Bassines non merci, Confédération paysanne, etc. : « Il s’agit d’un acte revendicatif qui n’a pas été planifié et ne relève pas de l’organisation du convoi ». Les Soulèvements de la Terre fustigent les golfs, « source de gaspillage d’eau pour un sport de luxe ». Plusieurs golfs avaient déjà été dégradés en France lors de la sécheresse de l’été 2022.

Le point de vue des écologistes

Nous sommes en seuil alerte, alerte renforcée ou en crise sécheresse dans la majorité du territoire, notamment dans la région de Poitiers. Il me semble que le débat devrait tourner autour de ce fait. On peut se focaliser sur des dégradations mineures de gazon et de tuyaux d’eau, mais le cycle de l’eau est profondément perturbé et les crises hydriques vont se renforcer d’années en années… Il va falloir très vite changer de paradigme.

Évidemment, le golf, sport de riches, a le mauvais rôle face à la démocratisation des piscines privées, mais avec 188 600 nouvelles piscines privées rien qu’en 2022 et un total de 3,4 millions de piscines privées installées en France (alimentées quasiment à 100 % en eau potable traitée à grands frais), on pourrait s’étonner que les « soulèvements de la terre » ne s’y intéressent pas.

La planète brûle au sens propre d’ailleurs, la guerre de l’eau fait rage, les glaciers disparaissent. Alors, la violence parce qu’un petit trou a été rendu impraticable ? La moitié du pays est en alerte orange canicule et il chouine pour des golfs abreuvés d’eau qui ne relèvent même pas de son portefeuille ? Le ministre va donc cesser de dialoguer avec la FNSEA ! Comme dit l’adage: Quand le sage montre la lune, FESNEAU se passionne pour un green.

Les conseillers d’Etat expliquent doctement dans leur ordonnance de référé sur la dissolution des Soulèvements de la Terre que la dégradation symbolique de bien au nom de la désobéissance civile n’est pas un motif de trouble à l’ordre public. (Il faut dire que cet Etat s’intéresse à la protection de l’appareil d’Etat mais pas tellement à celle de la propriété privée, les citoyens devant en tirer les conséquence sur l’intérêt de poursuivre ce régime.)

« Eu égard au caractère circonscrit, à la nature et à l’importance des dommages résultant de ces atteintes, les juges des référés considèrent que la qualification de ces actions comme des agissements troublant gravement l’ordre public au sens du 1° de l’article L. 212-1 du code de la sécurité intérieure soulève un doute sérieux ». Voici, en extrait ce que dit le conseil d’état. Ils ne disent pas qu’il n’y a pas de trouble, ls disent que le doute est possible. Allié avec l’urgence sur la décision de dissolution, ils la suspendent donc le temps de juger sur le fond.

Je ne connais pas les pièces que le gouvernement a versé à son dossier en défense du décret de dissolution. Toutefois, il me suffit de lire sur le site des Soulèvements (accessible aux conseillers) que ceux-ci font bien l’éloge de principe du « désarmement » (destruction de biens rivés jugés « nuisibles »). Les conseillers n’estiment pas en référé que cette posture est créatrice de troubles, ils disent texto que l’association de la désobéissance civile et du caractère symbolique de la destruction de biens ne crée pas ce trouble. J’espère évidemment que la décision de fond ne sera pas celle du référé, que je juge lamentable (et j’en ai parfaitement le droit). Dans le cas contraire, je ne vois aucun obstacle de principe à ce que les anti-écolos radicalisent eux aussi leurs discours et, au nom de tel ou tel grand principe justifiant la désobéissance civile (liberté par exemple), qu’ils appellent à « désarmer » des « symboles » qu’ils jugent nuisibles eux aussi.

Ah la la, le retour des eco-terrorisme qui ont assassiné sauvagement une pelouse bonne citoyenne ! J’espère que Darmanin lancera aussi une enquête pour les ecoterroristes qui balancent des canettes de bière dans mon jardin. Et contre celui qui balance des gravats dans la zone humide à côté de chez moi.

Dans le monde rêvé des activistes écologistes il n’y aurait donc pas de sport ? Exit donc le football, le tennis sur terre battue, les piscines olympiques, tous ces équipements consomment trop d’eau, l’équitation, un cheval boit 50 litres par jour et il faut arroser régulièrement les carrières, exit aussi les voiliers, leur construction en matériaux synthétiques est polluante. Seul le vélo trouverait grâce à leurs yeux ? Ah non, le Tour de France c’est très mal aussi. Au fait, les bicyclettes sont massivement importées de Chine. Reste la marche à pied, à pied nu bien sûr, pour ne pas engraisser Nike.

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Le golf, activité anti-écologique par nature (août 2022)

extraits : La consommation nationale moyenne annuelle d’eau d’un golf de 18 trous est de 50 000 mètres cubes par an. Le green a davantage besoin d’eau car il grille facilement… Le réchauffement climatique commence à inquiéter la filière golf dans son ensemble…

baby- golf (mars 2008)

extraits : Devant les 3000 députés de l’assemblée nationale populaire, le Premier ministre chinois Wen Jiabao a demandé très fermement l’arrêt des constructions de terrains de golf sur les terres agricoles… Pourtant LeMonde du 28.08.2008 met la pratique du golf à la portée des enfants. On s’exclame sur Tiger Woods qui a touché son premier club au berceau. On enseigne le baby golf à des enfants de 3 à 6 ans…

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8 milliards, stress hydrique extrêmement élevé

Une crise de l’eau sans précédent affecte déjà près de quatre milliards de personnes selon un rapport du World Resources Institute, soit la moitié de la population mondiale. La demande globale en eau a grimpé de 1 % par an dans les quatre dernières décennies, la population a augmenté encore plus vite, en conséquence les volumes disponibles rapportés au nombre d’habitants ont diminué. C’est une logique imparable et pourtant, contrairement aux années 1970, la question démographique est complètement ignorée des instances internationales ces dernières décennies.

Tant qu’un gouvernement mondial, on peut toujours rêver, ne décrétera pas qu’il faut suivre le modèle d’un seul enfant par femme, on ne s’en sortira pas durablement, que ce soit pour les problèmes de l’eau, de la biodiversité, des ressources halieutiques, etc. Mais quand on voit le tabou qui pèse sur la réponse malthusienne aux crises, c’est à désespérer. Les journalistes du MONDE ont un problème avec le mot « surpopulation » !

Martine Valo : A l’échelle mondiale, la demande ne cesse d’augmenter. Elle a doublé depuis 1960, tirée par le boom de l’agriculture irriguée, les besoins grandissants de la production d’énergie, le secteur industriel, la croissance de la population. Environ quatre milliards de personnes affrontent déjà un stress hydrique « élevé » au moins pendant un mois par an. Dès à présent, vingt-cinq pays relèvent, eux, d’un stress « extrêmement élevé » : le déséquilibre entre leur consommation et leurs réserves en eau atteint au moins 80 %. Le rapport souligne les dangers pour la sécurité alimentaire : 60 % des cultures irriguées sont menacées par un stress hydrique « extrêmement élevé ». ; la canne à sucre, le blé, le riz et le maïs sont particulièrement concernés. On s’attend à ce que 1 milliard de personnes supplémentaires vivent dans des conditions de stress hydrique « extrêmement élevé » d’ici au milieu de ce siècle, même si l’on parvenait – selon un scénario optimiste – à limiter l’augmentation de la température moyenne entre 1,3 °C et 2,4 °C. Comment, dès lors, faire face à la moindre période de sécheresse supplémentaire lorsque la situation est aussi tendue ? Le WRI cite plusieurs épisodes au cours desquels les autorités publiques ont coupé l’alimentation en eau de certaines localités. Les habitants de la Guadeloupe doivent régulièrement se conformer à des plannings de distribution d’eau…

Le point de vue des écologistes

Marcus23 : Ce n’est pas tellement qu’il n’y a pas assez d’eau, c’est surtout qu’il y a trop de consommateurs d’eau !

gbouvier : Il faut d’urgence mettre en place un plan mondial d’incitations à la réduction démographique. La population mondiale à l’ère préindustrielle c’était 1 milliard d’humains. L’inertie démographique est telle qu’on ne reviendra pas à ce niveau raisonnable de population avant 2-3 siècles, mais il faut s’y atteler d’urgence. Évidemment, l’effort portera plus sur des pays où la démographique est explosive ou même seulement en croissance, plutôt que les pays où celle-ci est en stagnation ou régression. Et la migration, qui n’a jamais concerné qu’un mieux 5 % de l’humanité, n’est qu’un déplacement des problèmes, certainement pas une solution. A quand des GIED (D comme démographie) et des Greta Thunberg prêtes à se battre pour la sobriété démographique ?

Démographie Responsable : La cause principale des pénuries d’eau est la croissance explosive, irraisonnée et complètement inutile de la population mondiale. Nous étions 2,5 milliards en 1950, nous venons de passer le cap des 8 milliards et on en annonce 10 peu après 2050. Au delà des mesures adaptatives, la résilience véritable passe par le plafonnement rapide de nos effectifs suivie de leur baisse maîtrisée. Par leur cécité, leurs choix économiques et idéologiques, les gouvernants qui se sont succédés dans pratiquement tous les pays du monde depuis le milieu du siècle dernier portent l’entière responsabilité du chaos écologique qui va s’abattre sur l’espèce humaine et pas simplement en ce qui concerne l’eau.

PU : Terrible, le nombre de commentateurs qui n’ont toujours pas saisi que l’enjeu démographique est secondaire par rapport à celui du mode de vie. Exemple : si on mangeait tous du poulet et pas de bœuf, on économiserait déjà beaucoup d’eau : 4 000 L d’eau pour 1 kg de poulet, et 15 000 L (3 à 4 fois plus) pour 1 kg de bœuf.

Vieux : Mais il est essentiel de ne pas renoncer au plaisir d’une bonne côte de bœuf entre amis car bien que la viande rouge et l’élevage bovin soient très gourmands en eau, cela fait partie de nos traditions.

Silgar : Imaginer que l’on puisse imposer à des citoyens occidentaux un état d’indigence tel qu’en Afrique ou en Inde relève de la fantaisie. Imaginer que l’on puisse interdire aux Africains ou aux Indiens de vivre selon nos standards relève de l’égoïsme. La problématique démographique est donc au cœur des enjeux.

Gugu : Sachant que les habitants des pays riches consomment nettement plus d’eau et génèrent nettement plus de GES que ceux des pays pauvres, il faudrait commencer par diminuer les populations des pays riches pour résoudre la crise.

Babar : C’est n’est pas la taille de la population le problème, c’est sa consommation d’énergie. Un occidental génère 100 fois plus de CO2 par sa consommation d’énergie et de viande qu’en respirant. Si nous avions le mode de vie de la France à la sortie de WW2, nous pourrions être 20 milliard sur cette terre. Le problème n’est en aucun cas le nombre d’africains… tant qu’ils ne consomment pas comme nous !

Auvergnat @Babar : Ce recours à cet élément de langage, « ce n’est pas le problème », évite face à une problématique complexe de (contre-)argumenter. Appliquons donc votre commentaire en accentuant son idée directrice : faire en sorte que les occidentaux soient moins gourmands en consommation énergétique (100 fois moins). Cela suppose donc que les Occidentaux doivent accepter un mode de vie susceptible de nous faire à revenir aux congés payés. Ou au XIXè siècle, ou encore avant => est-ce simplement réaliste ? acceptable ? punitif ? Par ailleurs est-il souhaitable que nous soyons 20, 100 milliards et plus ? A moins d’indiquer en creux la voie à suivre pour les Occidentaux : beaucoup plus de miséreux => quelle belle perspective !

Antispécisme : René Dumont en 1974, un des pères de l’écologie politique, avait donc raison… Les scientifiques qui alertent sur l’état de la planète depuis 150 ans avaient aussi raison… Mais le peuple continue de se gaver et d’exiger le niveau de vie de la tranche sociale supérieure. Dumont faisait 1,32% des voix à la présidentielle de 1974, les partis écologistes ne font toujours pas beaucoup mieux aujourd’hui .

Frog : De toute façon les ressources sont en train de devenir de plus en plus rares, surtout dans les pays pauvres, donc la réduction démographique suivra de gré ou de force.

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Crise de l’eau douce selon les Nations unies (mars 2023)

Décroissance, sobriété, donc renoncements ! (mai 2023)

Tout savoir sur la sobriété démographique (janvier 2023)

Sobriété, l’antithèse du pouvoir d’achat (février 2022)

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William Rees, ses idées sont les nôtres

L’analyse de William Rees reprend les enseignements du rapport sur les limites de la croissance (1972). Sa conclusion actuelle est celle de ce blog biosphere, « des millions (milliards?) de personnes souffriront inutilement, mais ça n’arrivera pas dans un monde qui ne veut pas voir ce qu’il affronte. » Voici quelques textes pour mieux le connaître.

https://www.slate.fr/story/252097/humanite-correction-population-mondiale-risque-civilisation-effondrement

C’est une sombre prédiction qu’a faite le professeur William Rees, de l’Université de Colombie-Britannique. Si son nom n’est pas très connu en France, un concept qu’il a développé l’est bien davantage: l’empreinte écologique. Selon lui, l’humanité serait au bord d’un effondrement civilisationnel inévitable. Dans un article scientifique publié dans le journal World, le professeur Rees affirme ainsi qu’une «grosse “correction” de population» aura lieu avant la fin du siècle.

«Homo sapiens a évolué pour se reproduire de façon exponentielle, s’étendre géographiquement et consommer toutes les ressources disponibles, explique le professeur Rees. Dans la majeure partie de l’histoire de l’évolution humaine, de telles tendances expansionnistes ont entraîné des conséquences négatives. Cependant, la révolution scientifique et l’utilisation des combustibles fossiles ont réduit de nombreuses formes de rétroaction négative, nous permettant alors de réaliser tout notre potentiel de croissance exponentielle.»L’humanité a déjà dépassé la capacité maximale à long terme que la Terre peut supporter. Si elles ne sont pas prises en compte, ces tendances pourraient précipiter à la fois une contraction économique mondiale et une “correction” significative de la population humaine –autrement dit, un effondrement civilisationnel– avant la fin du siècle.Dans ces circonstances, l’effondrement civilisationnel n’est pas un problème qui peut être évité, mais une fin de cycle que nous devons endurer… Dans le meilleur des mondes, l’entièreté de cette transition pourrait être gérée de sorte à éviter que des millions (milliards?) de personnes souffrent inutilement, mais ça n’arrivera pas –et ça ne pourra pas arriver– dans un monde qui ne veut pas voir ce qu’il affronte.

Est-il trop tard? Pour le professeur, nous sommes cognitivement inadaptés pour affronter la complexité des conséquences à long terme induites par notre société de consommation et, sans action de notre part, il sera inévitable d’épuiser entièrement les ressources de la Terre.

Restons optimistes

Si, grâce entre autres de l’association Démographie Responsable, les mots « surpopulation, malthusianisme et engagement individuel et collectif » entrent dans le langage commun, nous aurons fait un petit pas pour améliorer (peut-être) les mentalités dans un siècle ou deux… Restons modeste !

Nous avons correspondu il y a longtemps avec William Rees, voici les liens faits à son propos sur notre site de documentation biosphere.

1996. Notre empreinte écologique de Mathis WACKERNAGEL et William REES

extraits : La durabilité requiert le profond sentiment que le sort de l’écosphère fonde le sort de l’espèce humaine : nous n’avons pas un corps, nous sommes un corps ; nous ne sommes pas entourés par un  » environnement « , nous sommes une partie intime de l’écosphère. Encore une fois, la méthode de l’analyse de l’empreinte écologique peut nous aider à recouvrer la conscience que nous sommes inclus dans la nature ; contrairement à la majorité des analyses  » environnementales  » du courant dominant, elle ne montre par l’impact de l’humanité sur la nature, mais bien le rôle dominant de l’humanité dans la nature…

Au revoir, que vos pieds soient légers sur la planète !

https://biosphere.ouvaton.org/auteurs/1885-rees-william

extraits : REES William. Titulaire d’un doctorat en écologie des populations de l’Université de Toronto, William Rees enseigne à partir de 1969-1970 à la School of Community and Regional planning (SCARP) de l’Université de la Colombie-Britannique. Voici un résumé de sa pensée : « Depuis deux siècles, la science et la pensée occidentales se fondent en général sur le dualisme cartésien. Ce dualisme, qui considère l’homme comme un élément distinct et séparé de son environnement, influe de façon importante sur notre comportement envers le reste de la « réalité » physique… La perception dualiste est exacerbée par l’arrogance technologique, qui envahit le domaine de l’économie environnementale depuis son arrivée… En fondant le développement international sur un modèle économique qui fait équivaloir le bien-être humain à la croissance des revenus, la communauté internationale abandonne les considérations morales et éthiques, ignore l’iniquité de la distribution, affaiblit la protection de l’« intérêt » commun et contribue à miner les valeurs intangibles comme la loyauté envers les personnes et les lieux, la communauté, l’autonomie et les mœurs culturelles locales…

Le holisme écologique présente une solution de rechange au dualisme. Dans cette optique, l’économie est perçue comme un sous-système ouvert, en croissance et complètement dépendant d’une écosphère matériellement fermée, finie et sans croissance. (La notion d’un « environnement » distinct disparaît). Les apports nets à l’écosphère se limitent à l’énergie solaire et les extrants, aux pertes thermiques. (L’écosphère est en effet matériellement fermée)… En tant que grands mammifères sociaux, les humains sont des « perturbateurs de territoire », c’est-à-dire des animaux qui perturbent de façon importante une zone centrale où ils habitent, par le « prélèvement de nourriture », et qui perturbent de façon plus modérée une superficie beaucoup plus grande, en périphérie… La croissance de l’entreprise humaine entraîne nécessairement l’élimination d’autres espèces qui sont en compétition avec nous pour la nourriture et les ressources, ainsi que l’appauvrissement des stocks du « capital naturel », c’est-à-dire à la fois des ressources renouvelables et des ressources non renouvelables.

En résumé, sur une planète finie, la deuxième loi de la thermodynamique pose une contradiction absolue entre la croissance continue de la population humaine/de l’infrastructure économique et la conservation de la nature (en particulier la biodiversité)… La communauté internationale devra bientôt faire face au dilemme moral posé par l’iniquité économique et l’éco-apartheid croissant en utilisant d’autres moyens que la croissance économique… »

2 août 2023, le jour du dépassement

extraits : Les concepteurs de l’empreinte écologique, Rees et Wackenagel, n’ignoraient pas les manques de leurs calculs, ainsi  :

« Aussi radicale que puisse paraître la notion de forte durabilité comme mesure de préservation, elle n’en demeure pas moins hautement anthropocentrique (centrée sur l’humain) et elle reste purement fonctionnelle. L’accent est mis sur les exigences biophysiques minimales pour la survie humaine sans égard aux autres espèces. Nous n’incluons pas non plus l’expérience du goût, du toucher et de l’odeur, de l’exubérance absolument sensuelle de la nature dans le capital naturel. Mais la préservation des avoirs biophysiques essentiels implique nécessairement la protection directe d’écosystèmes complets et de milliers d’espèces-clés, et plusieurs autres organismes en profiteraient aussi indirectement… »

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Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », est éditée chaque jour par épisode sur ce blog biosphere tout au cours des mois de juillet et août.

la difficulté de la résilience locale

Comment créer une communauté de résilience ? Il s’agit de réunir tous les acteurs locaux, aussi bien individuels que collectifs, associatifs et politiques. C’est dans le cadre de la commission énergie de Charente Nature que nous avons constitué début 2011 un groupe de pilotage. J’ai proposé cette  plate-forme d’action qui a été acceptée :

1) notre objectif : instaurer un territoire de résilience

– une démarche logique : Les jumeaux hydrocarbures (pic pétrolier et réchauffement climatique) nous imposent une descente énergétique. Il ne s’agit pas de catastrophisme, mais d’une réalité. Le meilleur moyen est de tendre localement à l’autonomie alimentaire et énergétique. Seule l’énergie renouvelable est durable.

– une démarche non idéologique : il y a un intérêt commun à adopter une telle voie, quelle que soit l’appartenance politique des habitants d’un territoire. Agir ensemble sur son territoire implique décentralisation en acte, mais aussi soutien de l’Etat à ce mouvement.

– une démarche pragmatique : le territoire doit élaborer un plan d’action de descente énergétique (Pade), ce qui peut rejoindre des pratiques locales existantes (plan climat local, AMAP, SEL, MAB, Velocity, point info-énergie, jardins partagés…). Il s’agit d’instaurer une dynamique collective.

2) un changement technique : usage de techniques douces

– doux à la nature : application du principe du berceau au berceau, c’est-à-dire un nouveau modèle économique où la notion même de déchets est bannie au profit de cycles fermés. Il faut suivre l’exemple de la nature qui opère selon un métabolisme au sein duquel le déchet n’existe pas.

– doux à la société : utilisation d’une spécialisation limitée et d’appareillages simplifié ; renouveau de la paysannerie et de l’artisanat ; principe de coopération et non de concurrence.

– doux politiquement : il s’agit d’instaurer une démocratie locale, sachant que seul le local est durable. L’avènement d’un territoire de résilience ne peut se faire qu’avec la participation de tous.

3) un changement culturel

– limitation des besoins : les limites de la planète, qui ne se mesurent pas seulement au gaspillage des ressources fossiles, imposent une sobriété joyeuse et l’abandon du culte de la croissance.

– changement de valeurs : pour une éthique de la Terre qui combine respect de la nature (de ses cycles, des différentes formes du vivant…) et défense des intérêts des acteurs absents (générations futures, non-vivants, habitants des autres territoires)

Les ouvrages de référence commencent à se multiplier : Les Ecovillages de Jonathan Dawson (2006) ; Manuel de transition de Rob Hopkins (2010) ; comment sortir de la société de consommation (World Watch Institute, 2011). Les communautés de résilience commencent à être connues des partis politiques. Le parti EELV a même publié un texte qui va (un tout petit peu) dans le sens de ce que propose notre groupe Angoulême-résilience : «  Tout comme le réchauffement de la planète, la rareté à venir, la décroissance proche et rapide de la ressource en énergie fossile et en pétrole ont été annoncées depuis longtemps par les écologistes (…) Les écologistes proposent :

– D’encadrer et de réformer les marchés carbone,

– et en particulier les mécanismes de développement propre. Le soutien à d’autres mécanismes d’action publique tels que les projets de gestion communautaire doit devenir prioritaire afin d’intégrer des objectifs comme la protection des peuples premiers, la préservation de la biodiversité, la souveraineté alimentaire, et des solutions innovantes (ville en transition…). Ces systèmes innovants alternatifs pourraient à terme se substituer au système de marché carbone. »

source : http://eelv.fr/le-projet/

Mais une communauté de résilients ne peut fonctionner durablement que si la philosophie de ses membres possède une homogénéité suffisante, centrée sur la simplicité volontaire. En janvier 2012, nous avions décidé dans le cadre d’Angoulême-résilience de mettre en commun nos pratiques personnelles d’économie d’énergie. Quatre d’entre nous ont donné le dossier d’isolation de leur maison. J’ai voulu montrer qu’il fallait aller plus loin :

« Personnellement je pense que nous devons nous entraîner à vivre de peu, à vivre comme un Amish, la religion en moins. J’ai depuis qu’il m’en souvient toujours vécu le plus simplement possible. Je suis un enfant d’après-guerre, élevé dans un contexte de pénurie, avec un père artisan–tailleur qui avait des mortes saisons, sans beaucoup de client. Il fallait faire attention à tout, je faisais au minimum. Depuis, j’ai toujours choisi de me domicilier près de mon lieu de travail pour y aller à pied, je mange moins de viande et je mange moins, je refuse le portable et la carte bancaire, je ne pars pas en avion et limite mes excursions, etc. Il nous faut limiter au maximum notre poids sur la planète. La vie dans une communauté autonome s’accompagne nécessairement de la simplicité personnelle la plus grande possible. Le bonheur résiderait dans la simplicité totale et l’autarcie, se suffire à soi-même. Il n’y a de limites à notre sobriété heureuse que la force de nos convictions. Une communauté de résilience ne peut se concevoir que si ses membres sont vertueux. »

Gros émoi, les réactions sont vives. Les copains me comprennent en théorie, mais pas en pratique. Pour l’instant, personne ne se sent concerné par le fait de vivre sans portable, sans carte bancaire et sans voyage au long cours… Mais tant que nous n’aurons pas personnellement changé de mode de vie, l’avenir sera aux innombrables conflits. (la suite, demain)

Une vision d’ensemble de cette autobiographie :

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

Fragments de vie, fragment de Terre (suite) Lire la suite »

Surpeuplement carcéral, surpopulation humaine

Encore un article du MONDE sur les prisons surpeuplées en France : « un niveau historique qui devrait empirer avec les incarcérations liées aux émeutes ». Un commentaire pertinent :

« LE MONDE devrait consacrer au moins autant d’articles sur la surpopulation humaine qu’à la surpopulation carcérale. Certes il y a 74 513 personnes incarcérées en France pour 60 666 places opérationnelles. Mais il y a 8 milliards d’humains depuis novembre 2022 et personne n’envisage la capacité d’accueil de la Terre, ce qu’on appelle aussi capacité de charge. Il me semble qu’elle est déjà dépassée, la planète est aussi une prison dans laquelle beaucoup de monde ne mange même pas à sa faim. Un média de « référence » devrait se pencher sur cette question brûlante… » (Michel SOURROUILLE)

lire, La Terre est devenue une prison surpeuplée

Constater un surpeuplement est chose difficile est complexe. Il se définit comme un excès de population par rapport à des normes (classes, logement, prison…) qui sont variables par essence.

La proposition de loi n°1392 (juin 2023) établit qu’aucun texte législatif ne vient actuellement limiter le nombre d’élèves par classe. Il préconise qu’une classe ne doit pas dépasser vingt‑quatre élèves. Pourtant la limite était de 40 élèves à une époque. Dans un amphi, on peut mettre plus d’une centaine d’étudiant. Il n’y a aucun élément objectif qui permette de déterminer une capacité de charge maximum.

L’indice de peuplement d’un logement est ainsi défini par l’INSEE : une pièce de séjour pour le ménage ; une pièce pour chaque personne de référence d’un ménage ; une pièce pour deux enfants s’ils sont de même sexe ou ont moins de 7 ans, sinon, une pièce par enfant. Un logement auquel il manque une pièce est en situation de surpeuplement modéré. S’il manque deux pièces ou plus, il est en surpeuplement accentué. Autrefois toute une famille avec beaucoup d’enfants n’avait qu’une seule pièce à disposition. Il en est toujours de même dans les populations très pauvres. Les humains s’habituent à leurs conditions de vie quelles qu’elles soient et c’est là le problème fondamental. Alors, quel critère adopter ?

Le surpeuplement débute quand une population d’une espèce dépasse la capacité de charge de sa niche écologique. Il y a surpopulation. Mais quand la niche écologique de l’espèce homo sapiens est la terre toute entière et que cette espèce invasive se permet de grignoter tous les milieux de vie des autres espèces, le dépassement ne se ressent pas immédiatement, même à 8 milliards d’individus.

Vu le temps qu’il faut pour changer les mentalités, l’inertie démographique, on aurait du s’occuper dès 1798 (Malthus) à rendre notre niveau de population compatible avec la capacité de charge de la planète. Cela n’a pas été fait, tout au contraire des politiques natalistes gouvernementales lors de la révolution industrielle ont accompagné l’explosion démographique issue du développement. Alors comment faire pour endiguer le flot des animaux humains, sachant qu’ils restent allergiques à un choix raisonnable en matière de fécondité ? Attendre que mère-nature mette un terme à ses errements par les dérèglements du climat, la fin de ressources naturelles offertes gratuitement, la famine ? Attendre que les humains s’entre-tuent, ce qu’ils savent si bien faire, deux guerres mondiales n’ont pas suffit à calmer leurs ardeurs !

Il faudrait être aveugle pour, dans un pays culturellement évolué, ne pas savoir que les solutions douces à la surpopulation existent, MAIS aussi que si elles ne sont pas pratiquées volontairement, ce sont des solutions brutales qui nous tombent dessus. Malthus faisait déjà le diagnostic au tout début de la révolution industrielle : « Si on n’applique pas des obstacles préventifs à l’exubérance de la fécondité humaine, alors des obstacles destructifs (guerres, famines, épidémies…) provoqueront l’effondrement. »

La question de la limite demeure. Quel est le niveau optimal de population ? Nous sommes déjà 8 milliards, faudrait-il être 10 milliards ou 1 milliard ? Plus ou moins ? Il y a quelques 12 000 ans en Europe, Il y avait environ 300 000 chasseurs-cueilleurs… nous sommes passés rien que dans l’Union européenne à 448 millions. Où se situe le juste milieu ?

Du point de vue du très long terme, la seule solution pour une humanité en équilibre stable avec son écosystème, c’est une population de chasseurs-cueilleurs, donc pour l’Europe 300 000 habitants seulement. Comme les richesses qu’offre gratuitement la nature sont actuellement mis à mal de façon structurelle par la civilisation thermo-industrielle destructrice, ce nombre est sans doute sur-évalué. Par exemple, il n’y a plus de forêts primaires, la diversité biophysique n’existe plus, les saumons de remontent plus en masse le cours de l’Adour, etc.

De toute façon, nous pouvons pas savoir combien il y aura d’humains sur Terre dans 10 000 ans. Mais ce que nous pouvons faire aujourd’hui, c’est adhérer à l’association « Démographie Responsable » pour une auto-limitation de la fécondité humaine.

https://www.demographie-responsable.fr/

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2 août 2023, le jour du dépassement

Une pub reçue ce jour par mail. La récupération du choc écologique par le système marchand n’a pas de limites  :

« Aujourd’hui marque le Jour du Dépassement Mondial pour l’année 2023, ce jour où nous avons consommé tout ce qu’elle avait de ressources renouvelables à nous offrir en un an. CHOISIR TGV INOUI, C’EST AGIR POUR LA PLANÈTE. En moyenne, pour un trajet équivalent, le train longue distance émet 95% de CO2 en moins que les autres moyens de transport.TGV INOUI contribue à la préservation des ressources en déployant le tri sélectif à bord de ses trains, en faisant durer le plus longtemps possible ses rames, et en les recyclant ! Tout ce qui contribue à préserver la planète nous importe. »

Jules Brion : Ce « jour du dépassement » marque la date à partir de laquelle l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que les écosystèmes sont capables de produire en une année. L’équivalent de 1,7 Terre serait ainsi nécessaire pour régénérer notre consommation de ressources. Le jour du dépassement de 2022 a été recalculé et daté au 1er août. On assiste de toute façon à une relative stagnation, les multiples sommets consacrés à la défense de l’environnement et du climat n’ont pas porté leurs fruits. La France est entrée en situation de dette écologique dès le 5 mai ; il faudrait 2,9 Terres pour subvenir à nos besoins si l’humanité vivait comme la population française. Mais l’ensemble de la biosphère a-t-il pour unique vocation de régénérer les ressources consommées par les humains ?

Le point de vue des écologistes systèmiques

dekroissan : Comme si on pouvait résumer toute notre empreinte écologique avec un seul chiffre… D’ailleurs, en 1971, date à laquelle le jour du dépassement était fixé au 25 décembre, l’humanité consommait déjà 2,4 milliards de tonnes de pétrole par an. Sachant que le pétrole met en moyenne 100 millions d’années à être produit par « les écosystèmes », quel est le plaisantin qui a trouvé qu’une telle consommation de pétrole ne représentait de 6 jours de « vie à crédit » sur une année ?

Rees et Wackenagel : Les concepteurs de l’empreinte écologique n’ignoraient pas les manques de leurs calculs, ainsi  :

« Aussi radicale que puisse paraître la notion de forte durabilité comme mesure de préservation, elle n’en demeure pas moins hautement anthropocentrique (centrée sur l’humain) et elle reste purement fonctionnelle. L’accent est mis sur les exigences biophysiques minimales pour la survie humaine sans égard aux autres espèces. Nous n’incluons pas non plus l’expérience du goût, du toucher et de l’odeur, de l’exubérance absolument sensuelle de la nature dans le capital naturel. Mais la préservation des avoirs biophysiques essentiels implique nécessairement la protection directe d’écosystèmes complets et de milliers d’espèces-clés, et plusieurs autres organismes en profiteraient aussi indirectement. »

Démographie Responsable : Précisons que le mode de calcul est aussi critiquable parce qu’il élude la question démographique. En effet, en raison de l’augmentation continue de la population mondiale, la biocapacité dévolue à chaque terrien diminue inexorablement. Et on arrive donc au paradoxe suivant : même en conservant la même empreinte individuelle d’une année sur l’autre, le jour du dépassement arrive automatiquement de plus en plus tôt.

Passisimple : Il faudrait compléter cette statistique avec le stock restant. Dépenser 70% de plus que ce que les écosystèmes produisent n’est pas la même chose sil reste 10 ou 100 000 ans de stocks. Même chose pour les ressources non renouvelables comme les métaux. Ou en est le stock ?

Teslamaitre : Le métal cuivre est le plus sous tension : il reste environ 30 ans de gisements prouvés. Ensuite vient le cobalt pour environ 50 ans. Ce sont les deux métaux actuellement le plus sous tension.

Random1 : Si on réduisait de 50 % la population humaine on réglerait le problème.

Frog : Il faudrait enlever ces 50% dans les pays riches en priorité… Et il n’y aurait sans doute plus besoin d’en retirer autant, du coup !

LargoF : C’est pourquoi il faut diviser la population par 3 dans les pays développés où l’on produit plus de CO2. Il ne faut pas écouter les sirènes des primes à la natalité, n’en déplaise aux irresponsables de la croissance à tout prix.

PR1969 : Seule une toute petite partie de l’humanité tire profit du système de production capitaliste. Rappelons que quelques dizaines de personnes possèdent autant que 50% de l’humanité.

DRoman : Homo sapiens ludicus n’a pas l’intelligence nécessaire pour sauver son environnement, et donc se sauver lui-même. Il est trop frénétiquement attaché aux jeux qu’il a inventés : le capitalisme, le productivisme, la recherche de l’enrichissement illimité et le saccage de tout ce qu’il découvre. Il ne se sauvera pas.

Michel SOURROUILLE : Pourquoi contester le calcul du jour du dépassement ? Pourquoi ne jamais remettre en question sa cause, la croissance économique ? On ferait mieux de décoder les mensonges et errements du PIB. On ferait mieux de critiquer tous ceux qui veulent en France un accroissement continu de leur niveau de vie, tous ceux qui courent après leur retraite après avoir épuisé la planète toute leur vie. Notre surnombre et notre surconsommation sont responsables de la détérioration des conditions de vie des générations présentes et futures. Soyons à la fois malthusiens et décroissancistes !

références bibliographiques

Notre empreinte écologique de Mathis WACKERNAGEL et William REES (1996)

L’empreinte écologique d’Aurélien Boutaud et Natacha Gondran (2009

Nos articles antérieurs

« Jour du dépassement » ce 28 juillet 2022

29 juillet 2021, « le jour du dépassement »

22 août 2020, Jour du dépassement

29 juillet 2019, jour du dépassement

Le Jour du dépassement, aujourd’hui 1er août 2018

13 août 2015, le jour du dépassement des limites

Le jour du dépassement, 19 août 2014 : tous aux abris !

Aujourd’hui 22 août 2012, le jour du dépassement

le jour du dépassement, 27 septembre 2011

le jour du dépassement, 21 août 2010

2 août 2023, le jour du dépassement Lire la suite »

Vers la décroissance, subir ou choisir ?

L’idée de décroissance progresse dans les mieux dirigeants,

ainsi ce « séminaire ».

séminaire : Vers la décroissance, subir ou choisir ?

La décroissance est une notion aujourd’hui clivante, souvent associée à une gauche (extrême) ou des groupes altermondialistes dans la lutte d’urgence climatique. Si cette notion n’est pas nouvelle, on peut l’aborder de deux manières, changeant alors activement son sens.

La décroissance peut d’abord être abordée comme contexte, l’inverse de la croissance comme état subi, souvent associée à la désindustrialisation : un territoire qui perd ses entreprises et centres d’emplois, ses habitants, qui n’est plus/pas attractif ; état subi sur un territoire donné, mais que l’on peut considérer comme étant néanmoins causé en partie par la mondialisation libérale à la recherche du moindre coût.

La décroissance peut également être abordée comme politique, comme stratégie. Approche plus récente, cette vision ne prône plus la recherche de la croissance et la course à l’attractivité, dans un monde où les ressources sont finies et où, si l’humain doit survivre, il doit savoir se contenter de moins. A noter bien-sûr que cela doit se penser conjointement à une équité entre les individus, du local à l’international (un luxembourgeois a une empreinte écologique 26 fois supérieure à un yéménite[1]). Si la décroissance va plus loin que la sobriété – souvent vue comme négative – la décroissance comme politique se veut positive, car choisie – en tant que choix collectif de société, en général à une échelle encore locale.

Même si la décroissance comme politique est de plus en plus visible en tant qu’objet du débat public, elle reste néanmoins encore marginale, surtout dans sa mise en œuvre. La décroissance est-elle nécessaire ? Si oui, comment la mettre en œuvre et à quels prix pour nos territoires ? Les habitants, acteurs et élus du territoire sont-ils familiarisés avec cette notion ? Que sommes-nous prêts à accepter collectivement et individuellement ?

Ce sont ces questions, à la fois de connaissance actuelle sur cette notion de décroissance mais aussi d’anticipation, que le Club prospective vous propose d’aborder dans son séminaire annuel des 31 août et 1er septembre à La Rochelle.

Jeudi 31 août

9h : Accueil café

9h30 : Ouverture de la 6e session extraordinaire du Club prospective

10h : Plénière

  • Qu’est-ce que la décroissance ? – Michel LEPESANT, décroissant-chercheur, fondateur de la Maison commune de la décroissance et cofondateur de l’Observatoire de la post-croissance et de la décroissance
  • Quelle(s) décroissance(s) dans les territoires ? – Julian PERDRIGEAT, délégué de La Fabrique des Transitions, ancien Directeur de cabinet à Loos-en-Gohelle
  • Quelle acceptabilité sociale, quels changements de comportements de la décroissance ? – Xavier BRISBOIS, chercheur indépendant en psychologie sociale et psychologie cogniti

12h30 : Pause déjeuner

14h : Ateliers prospectifs sur les enjeux d’aujourd’hui et de demain autour de la décroissance Déclinaison de la méthode prospective « How to what if ? » pour travailler des trajectoires possibles et repérer les enjeux à prendre en compte au sein de nos territoires.

16h30 :  Conclusions de la journée avec un regard croisé des intervenants et des participants

17h30 : Visite patrimoniale proposée par la Ville de La Rochelle autour du Street Art

20h : Poursuite des échanges autour d’un dîner

Vendredi 1er septembre

9h30 : Boîte à outils prospectifs : partage de méthodes pour faire vivre la prospective territoriale dans nos collectivités.

12h : Clôture du séminaire 2023

https://www.adgcf.fr/22-465-5-seminaire-annuel-club-prospective-vers-decroissance-subir-choisir.html

NB : l’Association des directeurs généraux des communautés de France (ADGCF) rassemble près d’un millier de cadres dirigeants de communautés de communes, de communautés d’agglomération, de communautés urbaines et de métropoles.

Vers la décroissance, subir ou choisir ? Quelle acceptabilité sociale des habitants et acteurs de nos territoires ?

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La Terre est devenue une prison surpeuplée

Ce que nous trouvons troublant dans une tribune du MONDE sur la surpopulation carcérale, c’est que si on remplace l’état de surpopulation dans les prisons à la situation planétaire où 8 milliards de personnes s’entassent sur une planète qui est devenue beaucoup trop petite pour nous, on peut refaire l’article en utilisant pratiquement les mêmes mots.

Par exemple, « Il faut encore refuser les solutions trop faciles comme le transfert dans un autre établissement » devient : « Il faut encore refuser les solutions trop faciles comme l’émigration dans un autre pays. »

La densité humaine est déjà de 60 hab./km², à 100 chaque être humain n’a à sa disposition qu’un seul hectare pour satisfaire absolument tous ses besoins et beaucoup de pays, à commencer par la France, ont dépassé cette densité de 100 hab./km². Notez que le Bangladesh a une densité de 1286 ! C’est une vraie prison… Mais LE MONDE a l’habitude de parler de surpopulation carcérale depuis plusieurs années, jamais de surpopulation humaine.

Voici le texte de Jean-René Lecerf et Jean-Pierre Sueur , « Comment comprendre que le garde des sceaux s’oppose à toute programmation afin de réduire la surpopulation carcérale ? », transformé par nos soins :

Avec près de 10 milliards d’êtres humains en 2050 selon l’ONU, la croissance démographique mondiale ne serait pas « tenable ». Déjà des personnes dorment à même le sol ou même dans la rue, des populations entières vivent dans des conditions d’hygiène, de promiscuité et d’absence d’intimité intolérables. En 2015, l’ONU définissait 17 objectifs développement durable. Mais la surpopulation humaine complique la réalisation d’au moins six d’entre eux : l’éradication de la pauvreté (ODD 1), la lutte contre la faim (ODD 2), la santé et le bien-être des populations et des travailleurs (ODD 3), l’accès à une éducation de qualité (ODD 4), l’égalité entre les sexes (ODD 5) et la réduction des inégalités (ODD 10). Le monde n’est pas sur la bonne voie pour atteindre comme il était prévu la Faim Zéro d’ici à 2030. Jamais la surpopulation humaine n’a atteint dans l’histoire mondiale le niveau d’aujourd’hui. Ce surnombre est la démonstration d’une maîtrise de la fécondité laxiste, la preuve d’un refus d’agir.

Comment comprendre que les gouvernements s’opposent d’une manière ou d’une autre à un planning familial efficace qui permettrait de réduire cette surpopulation dont les effets sont délétères ? Comment peut-on ignorer les appels à la liberté de la contraception et de l’avortement dans tous les pays ? Comment peut-on méconnaître les exemples de l’Allemagne ou de l’Italie qui montrent qu’une diminution est possible et fructueuse ? Soyons clairs : dans les conditions d’entassement des êtres humains que nous connaissons, il est vain de prétendre offrir un emploi à tous les jeunes et les préparer à une vie sociale harmonieuse. Ils sont pour la plupart arrivés au monde abîmés par leur contexte socio-économique. Ils sortiront en fin de vie plus abîmés encore, malgré tous les efforts possibles.

Nicolas Sarkozy s’exprimait ainsi en 2016, dans un climat de total consensus  : « Nous sommes 7 milliards d’habitants. En 2100, nous serons 11,5 milliards. La question des conséquences de cette démographie est donc centrale pour les grands équilibres de la planète ». Il souhaite que « la communauté internationale prenne en main le premier problème de la planète, qui est celui de la démographie mondiale ». Il préconisait « une conférence mondiale sur la démographie ». A son avis, le sujet doit « faire l’objet, chaque année, d’une conférence comparable à celle sur le climat ».

Mais nous en sommes en 2023 toujours à attendre désespérément une telle conférence. Les progrès réalisés en agriculture pèseront de peu de poids aussi longtemps que l’inflation démographique n’aura pas été maîtrisée. Les mécanismes d’une telle régulation sont connus. Ils ont été exposés par Robert Engelman, ancien président du Worldwatch Institute, sous forme de 9 stratégies. Il faut aussi fixer pour chaque pays un seuil au-delà duquel aucun enfant supplémentaire ne peut être admis. Ce seuil dépend de la capacité de charge de chaque territoire. Il faut bien entendu refuser les solutions trop faciles comme l’émigration vers un autre pays qui ne fait que déplacer le problème au lieu de le régler.

Bien entendu, cette régulation démographique doit être mise en place dans la concertation avec la population concernée. Mais la refuser a priori, ce serait continuer de pratiquer la politique de l’autruche. Il nous faudra de toute façon s’attaquer à un problème aussi crucial qu’injustifiable en démocratie, la prise du pouvoir par des populistes irresponsables. Une société se juge à l’état de ses élites. Ne perdons pas l’occasion de sortir enfin de la surpopulation.

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« surpopulation humaine », recherche Google

Avec le moteur de recherche Google sur le thème « surpopulation humaine », nous trouvons 11 500 entrées seulement.

Si nous constatons avec plaisir que le site biosphere occupe la 4ème place du classement, le traitement de cette question de poids reste trop souvent superficielle.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Surpopulation

Wiki fait un très bonne analyse de la complexité de la question démographique. En résumé : « La surpopulation est un état démographique caractérisé par le fait que le nombre d’individus d’une espèce vivante excède la capacité de charge de son habitat… mais la tendance à sous-estimer la croissance démographique est très répandue chez les démographes, qui ont souvent tendance à considérer que les problèmes démographiques se résoudront d’eux-mêmes. »

https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/11/10/face-a-la-crise-climatique-des-humains-trop-nombreux-ou-qui-consomment-trop_6149333_3244.html

LE MONDE minimise comme d’habitude la question de la surpopulation en opposant de façon totalement injustifié le nombre de personnes et leurs consommations alors que ce sont des inséparables : « Plutôt que d’accuser le trop grand nombre d’êtres humains, de nombreux démographes insistent sur la question des modes de vie et de consommation. »

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/a-la-source/a-la-source-chronique-du-samedi-19-novembre-2022-6447155

Médiatiquement on donne très souvent la parole à Emmanuel Pont qui nous embrouille avec son histoire de riches et de pauvres : « Novembre 2022, nous avons atteint un nouveau cap symbolique, nous serions désormais 8 milliards sur Terre. Faut-il limiter la population mondiale pour enrayer le réchauffement climatique ? Faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver la planète ? L’ingénieur Emmanuel Pont s’interroge. Dans le récit de notre surpopulation, le berger africain, l’amérindien, le milliardaire américain comptent tous pour 1. Un moyen, nous raconte l’auteur, de brouiller les pistes des responsabilités du réchauffement climatique. »

https://biosphere.ouvaton.org/blog/tout-savoir-sur-la-surpopulation-humaine/

Une parole qui devrait avoir médiatiquement la place qu’elle mérite : « Le plus grand bouleversement qui se soit produit dans notre monde vient de l’accroissement du nombre des êtres humains qui le peuplent. C’est cependant le fait le moins pris en compte et le moins discuté dans l’espace politique. Et pourtant le nombre d’êtres humains a explosé sous nos yeux… Selon moi, l’histoire des sociétés humaines dépend directement de cette donnée : le nombre. » (Jean-Luc Mélenchon)

https://www.novethic.fr/actualite/social/droits-humains/isr-rse/10-milliards-d-humains-en-2050-cinq-chiffres-a-retenir-sur-la-surpopulation-mondiale-annoncee-par-l-onu-147388.html

Une présentation assez réaliste : « En 2015, l’ONU définissait 17 ODD nécessaires à un développement socialement juste, durable et prospère. Mais la surpopulation humaine complique la réalisation d’au moins six d’entre eux : l’éradication de la pauvreté (ODD 1), la lutte contre la faim (ODD 2), la santé et le bien-être des populations et des travailleurs (ODD 3), l’accès à une éducation de qualité (ODD 4), l’égalité entre les sexes (ODD 5) et la réduction des inégalités (ODD 10). »

https://www.goodplanet.info/2023/04/04/la-population-mondiale-pourrait-diminuer-plus-vite-que-prevu/

Toujours cet optimisme béat qui estime que 8 milliards d’exemplaires d’une espace vorace peut continuer à saccage la planète, car c’est la faute des riches : « La population mondiale pourrait diminuer plus vite que prévu. Les auteurs du rapport rappellent que les crises écologiques ne sont pas le fait d’une surpopulation humaine, mais de la surexploitation des ressources par la minorité la plus aisée. »

https://www.hisour.com/fr/effects-of-human-overpopulation-40238/

La politique de l’autruche, ne rie faire semble pour eux la meilleure solution : « L’impact global de l’humanité sur la planète est influencé par de nombreux facteurs autres que la population. Le mode de vie (ny compris l’utilisation des ressources) et la pollution (y compris l’empreinte carbone) sont également importants… Mais comme toutes les autres populations animales, les populations humaines croissent et se réduisent de manière prévisible en fonction de leur approvisionnement alimentaire, se développant avec une abondance d’aliments et diminuant en temps de pénurie. »

https://www.humming-earth.org/les-urgences/urgence-demographie-et-decroissance/

Sans doute une vision humoristique de notre avenir : « La pression permanente sur les espèces et l’absence de vision à long terme de l’Homme (de la population et de ses dirigeants) amènent très rapidement l’ensemble des espèces de la planète Terre (y compris l’Homme) vers une absence de futur. Peut-être qu’une partie de ceux qui auront emmenés tout le monde vers ce désastre écologique profitera des technologies créées par leurs travailleurs pour coloniser une autre planète “déserte” comme la Lune ou Mars. »

https://www.toupie.org/Bibliographie/fiche.php?idbib=2184

Étonnant que Google ne prenne en compte aucun des livres sur la surpopulation qui comptent, à commencer par « la bombe P » de Paul Ehrlich. On marginalise le débat : « Surpopulation humaine – La cause de tous nos maux : Essai de pyramidologie sociale et d’écologie dénataliste de Claude Courty (autoédition, 2018) »

« surpopulation humaine », recherche Google Lire la suite »

Fonds des nations Unis pour la population

Selon Wikipedia, le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) (United Nations Fund for Population Activities puis United Nations Population Fund en anglais) est créé en 1967. Il est la plus grande source des fonds de développement international pour la population, pour la planification familiale et à la santé de la mère et de l’enfant. En 2004, le total des dons fut plus de 500 millions de dollars. (ndlr, page non mise à jour)

Selon la branche française, l’UNFPA est l’agence directrice des Nations Unies en charge des questions de santé sexuelle et reproductive. L’organisation a été fondée en 1969, année au cours de laquelle l’Assemblée générale des Nations Unies a déclaré que « les parents ont le droit exclusif de déterminer librement et en toute responsabilité le nombre et l’échelonnement des naissances ». Sa mission est donc de créer un monde dans lequel chaque grossesse est désirée et chaque accouchement sans danger. Un monde dans lequel chaque jeune réalise pleinement son potentiel. L’UNFPA mobilise des ressources financières des gouvernements et de ses partenaires, pour soutenir les programmes qui visent à atteindre les « trois zéros » – zéro besoin non satisfait en matière de planification familiale, zéro décès maternel évitable, et zéro violence basée sur le genre et pratique néfaste – ainsi que  l’accélération des progrès vers les Objectifs de développement durable d’ici 2030.

En 2022, les dépenses sont consacrées à 37,3 % pour « ending gender-based violence and harmful pratiecs, 33,6 % pour « ending the unmet need for family planning et 28,1 % pour ending preventable maternal death sur un total de 1,2 milliards de dollars.

Selon le rapport 2023 de l’UNFPA (Fonds des nations Unis pour la population) du 19 avril 2023, l’optimisme règne : « Huit milliards d’humains : un horizon infini de possibilités ». Le rapport 2023 laisse entrevoir que les indicateurs ont progressé dans le vert, à l’exemple de l’espérance de vie au Cameroun qui est passé de 54 à 61 ans. Donc beaucoup de jeunes au chômage pour s’occuper d’un nombre croissant de vieux… Super !

Le contenu vaut son pesant de cacahuètes. La tendance est anthropentrique d’une part, et complètement ignorante de l’incapacité de la planète à répondre durablement à nos besoins. La présentation du rapport est elliptique, en voici quelques points.

Cette année, le rapport sur l’état de la population mondiale prône un monde où chaque individu est libre de choisir son avenir reproductif, et où les pays renforcent leur résilience démographique en s’adaptant aux évolutions de la population plutôt qu’en tentant de les contrôler. Les pays doivent impérativement comprendre que les initiatives visant à restreindre les droits en matière de procréation ne fonctionnent pas. Bien au contraire, ces interventions sont systématiquement contre-productives : elles nuisent à la société dans son ensemble, et en particulier aux femmes, aux filles et aux groupes marginalisés. ​

Fondamentalement, une population, ce sont tout d’abord des êtres humains. Nous devons structurer nos sociétés de façon à répondre aux besoins de notre population face aux changements inévitables qu’elle continuera de connaître. Les systèmes doivent être au service de l’humanité, et non le contraire. Le moment est venu d’exploiter le potentiel de toutes et tous, afin que chacun puisse, indépendamment de son genre, de son origine ethnique, de sa nationalité ou de son statut au regard du handicap, contribuer à bâtir notre avenir commun, l’avenir de huit milliards d’êtres humains, un avenir qui regorge d’infinies possibilités.

Notre famille humaine n’a jamais été aussi nombreuse. De manière générale, nous vivons plus longtemps et en meilleure santé qu’à toute autre période de l’histoire de l’humanité. Toute personne a le droit fondamental de décider librement du nombre d’enfants qu’elle souhaite, du moment et de l’espacement des naissances. Les interventions qui visent à influencer les taux de fécondité à la hausse ou à la baisse ne sont jamais la solution, car ces taux ne sont intrinsèquement ni bons ni mauvais. En adoptant la bonne approche, une société résiliente peut prospérer quel que soit son taux de fécondité.

Mais on trouve quand même quelques petites traces de réalisme :

La question à se poser n’est pas de savoir si nous sommes en trop faible ou trop grand nombre sur la planète, mais si tous les individus sont en mesure de s’épanouir et d’exercer leur droit fondamental à l’autonomie en matière de sexualité et de procréation. En l’état actuel des choses, seule une partie des êtres humains a accès à cette possibilité. En pratique, le nombre d’enfants souhaité par les femmes correspond rarement au nombre d’enfants qu’elles mettent effectivement au monde. Lorsque les taux de natalité sont extrêmement faibles ou élevés, on peut y voir un signal d’alerte indiquant que les choix des femmes en matière de procréation sont orientés dans un sens ou dans l’autre, une situation qui a de graves conséquences sur leur corps, leur avenir, leur famille et leur communauté.

Des réactions contrastées à ce rapport

  • au Cameroun. Lors de l’indépendance du pays, en 1960, le pays comptait 2 600 000 habitants. En 2022, le pays a atteint 28 millions d’habitants… Sur actucameroun, «  Sur l’échiquier du développement, le Cameroun joue le pion du capital humain »!!!
  • Au Tchad, on se veut quand même réaliste : Le 18 juillet 2023, lors d’une présentation conjointe du Ministère de la Prospective économique et des partenariats internationaux et du Fonds des Nations-Unies pour la Population (UNFPA) : « La population du Tchad s’est multipliée par presque quatre en moins d’un demi-siècle, passant de 3 254 000 habitants en 1964 à 11 175 915 habitants en 2009 (INSEED-2009). Aujourd’hui, la projection démographique atteint 17 414 717 habitants. Cette croissance démographique est expliquée par un taux de croissance élevé de 3,5 %. Le pourcentage de femmes âgées de 20 à 24 ans qui ont donné naissance avant l’âge de 18 ans est de 44,3 %, illustrant ainsi une fécondité très précoce. Les données statistiques présentées suscitent des préoccupations quant à l’état de santé des mères et des enfants, ainsi qu’à la fécondité précoce chez les jeunes adolescents, qui peut souvent cacher les grossesses non intentionnelles. »

Voici d’autre éléments de l’anti-malthusianisme de cet organisme international

  • Le problème des discours sur la « surpopulation » . Selon certains commentateurs et commentatrices, notre monde serait « submergé », au bord de l’explosion. Des responsables politiques, des expert(e)s des médias et même certain(e)s universitaires affirment que les problèmes internationaux comme l’instabilité économique, le changement climatique et les guerres liées aux ressources sont imputables à la surpopulation, laquelle créerait un excès de demande pour une offre insuffisante.
  • Leurs discours brossent le tableau d’une natalité irrépressible et hors de contrôle, pointant généralement du doigt les communautés pauvres et marginalisées, depuis longtemps accusées de procréer à outrance alors que ce sont les moins responsables de problèmes tels que la destruction de l’environnement.
  • La conséquence la plus préoccupante des discours sur la « surpopulation » est sans doute que rejeter la responsabilité des problèmes mondiaux sur la croissance d’une population donnée revient à insinuer que la vie de certains individus serait plus importante que celle d’autres ; que certaines personnes mériteraient de survivre et de procréer, mais pas d’autres. L’histoire nous enseigne que ce raisonnement peut nous conduire sur une pente dangereuse.

Voici une façon de minimiser le passage au 7 milliards en 2011

Selon les calculs de l’ONU, la population mondiale, qui doit dépasser les 7 milliards d’habitants le 31 octobre, pourrait dépasser les 15 milliards en 2100 si les taux de fertilité se révélaient un peu plus élevés que les prévisions actuelles. Ce rapport rappelle également qu’il faut actuellement dix-huit mois à la Terre pour régénérer les ressources naturelles utilisées en une seule année.

Mais Babatunde Osotimehin (Nigeria), directeur exécutif de l’Unfpa, évacue les problèmes qui fâchent : « Combien de gens notre Terre peut supporter ? Ce sont des questions importantes, mais peut-être pas celles qui conviennent. Quand on regarde seulement les chiffres, on risque de perdre de vue les nouvelles opportunités de rendre la vie meilleure pour tous dans l’avenir…

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Le dossier des « Dé… » en résumé

La décroissance affirme une opposition… elle marque un antagonisme… implique une interrogation sur le sens de l’existence.

Le dossier « Dé… » du journal La décroissance (juillet-août 2023) vise à poser des questions sur ce qu’implique la décroissance. Les titres :

Serge Latouche : Dé-consommation, dé-production (retrouver le sens des limites)

Véronique Marchesseau, Désindustrialiser (pour une agriculture paysanne)

Aurélien Bernier, Démondialiser (pour organiser la décroissance)

Laurent Castagnède, décélérer (contre l’hyper-mobilité)

Philippe Bihouix, démystifier (les promesses techno-solutionnistes)

Jean-Luc Coudray, Déconditionner (contre la publicité)

Nicolas Alep, déconnecter (contre l’emprise numérique)

Olivier Lefebvre, Déserter (d’un emploi nuisible)

Nadjib Abdelkader, demeurer (habiter le monde)

Denis Bayon, Déséconomiser (la décroissance contre l’économie)

Guillaume Faburell, désurbaniser (pour un retour à la terre)

Patrice Bouverel, démilitariser (le complexe militaro-industriel)

Patrick Chastenet, désétatiser (dégonfler, décentraliser)

Sur la mise en évidence des « Dé », le journal de Vincent Cheynet a la même approche que notre blog biosphere. Résumons :

La société thermo-industrielle est basée sur les SUR : suractivité, surdéveloppement, surproduction, surabondance, surpêche, surpâturage, surconsommation, suremballage, surcommunication, surmédicalisation, surendettement, suréquipement… Vive les R, Réévaluer, Reconceptualiser, Restructurer, Redistribuer, Relocaliser, Réduire, Réutiliser, Recycler.… Dans un contexte de pénurie globale des ressources naturelles, l’avenir n’est plus dans l’expansion, mais dans son inverse. Il faudrait donc aller encore plus loin dans le Renoncement. A la croissance économique doit succéder la croissance conviviale, à l’effet rebond l’effet bond, à la militarisation la militarisation, à la mondialisation la mondialisation, à la pollution des sols et des esprits la pollution, au populationnisme la population, à l’urbanisation la surbanisation, à la voiture pour tous le voiturage.

C’est l’avènement des – dont le blog biosphere se fait aussi le chantre alors que le journal « LA Décroissance » ne fait qu’effleurer la solution.

débondir, L’effet débond et la définition du suffisant

déconsommation, Déconsommation rime avec Décroissance et Écologie

déconstruisons, Entrons en résistance, « Dé »construisons

démantèlement, Pour une écologie du démantèlement

démobilité, La Démobilité face à la SUR-mobilité

démondialisation, Patriotisme économique et démondialisation

démilitarisation, Objection de conscience en temps de guerre

dénatalité, respect du vivant, hommage radical à la dénatalité

dénucléarisation, agir pour une planète dénucléarisée

dépopulation, Vers une dépopulation mondiale en 2047 ?

dépublicité, Devenons casseurs de pub, soutenons les déboulonneurs

désaddiction, L’addiction aux écrans, signe de folie technologique

déscolarisation, Déscolarisation, désindustrialisation, dépopulation, dé…

désindustrialisation, Écologie, la tentation du sabotage

déstructuration, La transition écologique nécessite une déstructuration

désurbanisation, Cultiver la nature en ville ou désurbanisation ?

dé-techniciser, Techniques… appropriées ou néfastes

détourisme, Tourisme de masse et écologie, incompatibles

détwitter, dévoiturage, dépublicité, détwitter

dévoiturage, Fin du moteur thermique, dévoiturage obligé

=> Entrons en résistance, « Dé »construisons

Le dossier des « Dé… » en résumé Lire la suite »

Tout savoir sur Paul Ehrlich, « la bombe P »

Les méchants anti-malthusiens ont l’habitude de dénigrer des livres sans les avoir lu et des personnes car il est bien plus facile d’attaquer le messager plutôt que de comprendre le message. Ainsi Paul Ehrlich dont le livre de 1971, « la bombe P » (P pour population), relance médiatiquement le message malthusien et qui aujourd’hui est attaqué, y compris par Greenpeace ! Voici quelques références pour mieux connaître Ehrlich.

1971 La bombe P de Paul Ehrlich

extraits : Lorsque des cellules vivantes prolifèrent sans contrôle, il y a cancer ; l’explosion démographique c’est la multiplication sans contrôle des êtres humains. Si nous ne soignons que les symptômes du cancer, le malade peut en être soulagé quelques temps : mais tôt ou tard il mourra, souvent après d’atroces souffrances. Tel sera le destin d’un monde atteint d’explosion démographique si les symptômes seuls sont traités. Nous devons reconvertir nos efforts et tenter l’ablation du cancer Cette opération demandera de nombreuses décisions qui sembleront brutales et sans pitié. La douleur pourra être intense. Mais la maladie a fait de tels progrès que seule la chirurgie la plus énergique pourra désormais  sauver le malade.

Et maintenant, les mesures qu’il préconisait pour réguler la population :

Une méthode consisterait à prendre le contre-pied du système légal en vigueur qui encourage la natalité et à le remplacer par une série de récompenses et de pénalisations financières, destinées à décourager la natalité. Pour couronner cette réforme fiscale, il faudrait taxer comme des objets de luxe les layettes, les berceaux, les couches. Les récompenses pourraient aller de pair avec les pénalisations. Ainsi le gouvernement attribuerait un « prix de la responsabilité » à tout couple ayant vécu cinq ans sans procréer ou à tout homme qui accepterait d’être stérilisé (vasectomie) après avoir eu deux enfants. Un bureau de la Population et de l’Environnement devrait être créé pour apprécier le niveau de peuplement optimal, et préconiser les mesures permettant d’y arriver. Ce BPE devrait coordonner politique démographique, protection de l’environnement et gestion des ressources. Nous avons aussi besoin d’une loi qui rende obligatoire l’éducation sexuelle. Quand je parle d’éducation sexuelle, je ne pense pas à des cours d’hygiène ou bien des histoires du genre « fleurs et papillons ». Il s’agit de présenter la fonction reproductrice comme une composante parmi d’autres de l’activité sexuelle, qui demande à être maîtrisée selon les besoins de l’individu et de la société. L’humanité devrait trouver le moyen de réduire l’importance conférée au rôle reproductif du sexe. Il s’agira en particulier de découvrir des valeurs nouvelles pour remplacer ce sentiment de plénitude que la femme retire du don de la vie, et cette satisfaction de l’ego engendrée chez le père par le spectacle d’une nombreuse progéniture. Admettons que les Etats-Unis inaugurent enfin une politique démographique sensée dans le pays : nous aurons alors la possibilité de proposer une solution à l’échelle mondiale…

Ton interlocuteur dit qu’avoir des enfants à volonté est un droit « inaliénable ». Certes, mais, puisque l’invention des droits inaliénables semble être à la mode, en voici quelques-uns de ma façon

Le droit d’avoir des familles réduites ;

Le droit de manger ;

Le droit de manger de la viande ;

Le droit de boire de l’eau pure ;

Le droit de vivre sans entassement dans des maisons convenables ;

Le droit de refuser l’embrigadement de la vie moderne ;

Le droit de chasser et de pêcher ;

Le droit d’avoir sous les yeux une nature qui ne soit pas saccagée ;

Le droit de respirer l’air pur ;

Le droit au silence ;

Le droit de n’être pas empoisonné par les pesticides ;

Le droit de ne plus être menacé par une guerre thermonucléaire ;

Le droit d’élever correctement nos enfants ;

Le droit d’avoir des petits-enfants ;

le droit d’avoir des arrière-petits-enfants.

Puisque ces quinze droits inaliénables sont au prix du droit à la reproduction irresponsable, je gagne à quinze droits contre un !

(P.Ehrlich in la Bombe « P » écrit en 1971).(Fayard, les amis de la Terre, 1972)

2008 L’animal dominant, évolution démographique et environnement de Paul et Anne Ehrlich

Résumé du livre « The Dominant Animal : Human Evolution and the Environment » :

Quarante ans après la publication de son livre The population Bomb, le scientifique Paul Ehrlich persiste et signe : la surpopulation – associée aujourd’hui à la surconsommation – est au centre de la crise environnementale à laquelle la planète est confrontée. Et il insiste : ce ne sont pas les solutions technologiques qui changeront quoi que ce soit.

En quelque 60 millions d’années, Homo sapiens est devenu l’animal dominant de la planète, acquérant un cerveau développé et, par-dessus tout, un langage structuré par une syntaxe et cette accumulation complexe d’informations qu’on appelle la culture. Malheureusement, au cours des siècles derniers, nous avons de plus en plus utilisé ce pouvoir pour épuiser le capital naturel de la planète, notamment ses terres agricoles profondes et riches, ses nappes phréatiques constituées durant les périodes glaciaires et sa biodiversité. Cette tendance est en grande partie due à la concomitance entre croissance démographique et augmentation de la consommation par habitant, une combinaison qui ne peut se poursuivre encore longtemps sans que risque de s’effondrer notre civilisation désormais mondiale.

L’impact négatif de notre espèce sur nos propres mécanismes régulateurs de la biosphère peut être plus ou moins rendu par l’équation I = P.A.T. Dans cette équation, la taille de la population (P) est multipliée par la consommation moyenne de ressources par individu (A pour « affluence »), elle-même multipliée par une unité de mesure de la technologie (T) qui actionne et entretient la consommation. Le produit de P, A et T est l’impact (I), une estimation du niveau de dégradation, par les hommes, des services écosystémiques dont ils dépendent.

A en croire les médias ainsi que les déclarations de nos hommes politiques, les problèmes environnementaux, tels qu’ils sont reconnus aujourd’hui, peuvent être résolus par des changements mineurs en matière de technologie et de recyclage (T). Des véhicules ultralégers et économes en carburant présenteront de toute évidence des avantages à court terme, mais au fur et à mesure que la population et la consommation augmenteront, ils rejetteront toujours plus de dioxyde de carbone (et de caoutchouc vaporisé) dans l’atmosphère. Aucune avancée technologique ne permettra que la population ou l’abondance matérielle continuent à augmenter. Et face à cet état de fait, il est pour le moins étonnant de traiter par le mépris les deux problèmes, pourtant si liés, de la population et de la consommation.

Chaque habitant qui vient aujourd’hui s’ajouter à la population provoque en moyenne plus de dégâts que la personne précédente sur les fragiles mécanismes de régulation de la biosphère, toutes choses égales par ailleurs. Et la raison est simple : Homo sapiens est devenu l’animal dominant grâce à son intelligence. Les paysans n’ont pas commencé par s’installer sur des sols pauvres où l’eau était rare, mais dans de riches vallées fluviales. C’est là que la plupart des villes se sont développées, là, donc, que les sols riches sont à présent recouverts pour construire des routes et des banlieues et que les sources d’approvisionnement en eau sont polluées ou surexploitées. Résultat : pour pouvoir supporter davantage d’habitants, il faut se déplacer vers des terres toujours plus pauvres, creuser des puits toujours plus profonds ou exploiter des sources toujours plus lointaines pour obtenir de l’eau. Il faut ensuite dépenser plus d’énergie pour transporter cette eau sur des distances toujours plus grandes afin d’approvisionner champs, habitations et usines.

Nos lointains ancêtres n’avaient qu’à se baisser pour ramasser du cuivre quasiment pur lorsqu’ils ont commencé à se servir des métaux ; aujourd’hui, il faut dépenser une énergie colossale pour exploiter les mines et faire fondre des quantités astronomiques d’un minerai de qualité toujours plus médiocre, la concentration en cuivre n’atteignant parfois pas un pour cent. Et il en va de même pour d’autres métaux importants. Quant au pétrole, on ne le trouve plus aussi facilement en surface ni même à proximité ; il faut désormais aller le puiser à plus d’un kilomètre de profondeur, souvent dans des endroits inaccessibles : sous des plate-formes continentales maritimes, par exemple. Et toutes ces activités de pavage, forage, production d’engrais, pompage, fusion et transport qui sont nécessaires pour que puisse consommer une population en pleine expansion produisent des gaz à effet de serre, renforçant le lien de cause à effet entre démographie et dérèglement du climat.

Alors pourquoi n’accordons-nous pas d’importance à la question de la surpopulation ? A droite, les tentatives gouvernementales de contrôle des naissances relèvent de l’anathème puisqu’on considère que le rôle de l’Etat dans les chambres à coucher doit se limiter à forcer les femmes à mener à terme les grossesses non désirées. A gauche, on craint, non sans raison, que le contrôle des naissances puisse avoir des relents racistes ou discriminatoires s’il est destiné, par exemple, à réduire le nombre de populations minoritaires ou pauvres. En outre, certains leaders religieux continuent à vanter la sur-reproduction auprès de leurs ouailles. Mais la responsabilité revient principalement à l’ignorance qui conduit les principaux médias, y compris des journaux comme le New York Times, à camper sur leurs positions natalistes. Ainsi, on pouvait lire dans un article du Times du 29 juin qu’on assiste actuellement à une chute des naissances dans les pays industrialisés, les Etats-Unis, dont la population continue à augmenter, constituant une « heureuse exception« .

Le silence qui entoure le facteur surconsommation (A) dans l’équation I=PAT est plus facile à expliquer. En effet, la consommation continue à être perçue comme un bienfait par de nombreux économistes, hommes d’affaires importants et hommes politiques, pour qui l’augmentation de la consommation est la panacée à tous les maux économiques. Trop de chômage ? Poussons donc les gens à acheter un 4×4 ou un nouveau réfrigérateur. La croissance perpétuelle est la raison d’être de la cellule cancéreuse, mais les économistes de bas étage n’ont pas d’autre idée. Certaines économistes de renom commencent pourtant à aborder la question de la surconsommation, mais le problème et ses solutions restent difficiles à analyser. Il faudrait donc que des chercheurs mettent au point des préservatifs anticonsommation ou encore une pilule du lendemain post-frénésie de soldes. Et, bien sûr, il y a la fâcheuse question de la consommation dans les pays pauvres. Une minorité non négligeable des pays émergents possède la richesse suffisante pour acquérir les habitudes de consommation des pays développés (par exemple : manger beaucoup de viande et acheter des voitures). La régulation de la consommation est bien plus complexe que celle de la démographie et il est nettement plus difficile de trouver des solutions humaines et équitables à ce problème.

Notre animal dominant est en train de gaspiller son intelligence et ses formidables accomplissements. En effet, le sort de notre civilisation est actuellement entre les mains de décideurs qui regardent délibérément du côté du confort et du profit immédiats. Il faut débattre et décider si nos congénères veulent un maximum de personnes sur terre vivre avec un niveau de vie minimum ou bien une population beaucoup plus restreinte qui permette aux individus d’avoir le choix entre plusieurs styles de vie. Comment parvenir à un changement qui concerne tout, depuis les politiques démographiques et la transformation des systèmes énergétiques, industriels et agricoles à travers le globe jusqu’aux relations Nord-Sud et interreligions en passant par les positions militaires ? Voilà bien un défi titanesque pour tout un chacun. Hommes politiques, industriels, écologistes, sociologues, simples citoyens et médias doivent participer aux débats. Est-ce possible ? Cela reste à prouver. Mais certaines sociétés ont accompli des transitions majeures dans un passé récent, comme le prouvent la révolution des droits civiques aux États-Unis ou l’effondrement du communisme en Union soviétique.

http://www.goodplanet.info/Contenu/Points-de-vues/La-bombe-humaine/%28theme%29/287 (09/04/2009)

NB : Paul et Anne Ehrlich font partie du Département de biologie et du Center for Conservation Biology de l’université de Stanford. Paul Ehrlich y est Professeur d’études démographiques et de sciences biologiques et Anne Ehrlich est Chargée de recherches.

21 avril 2023, Revue de critique communiste

Quid du racisme, dont le néo-malthusianisme a si souvent été accusé, à tel point que les deux termes se recoupent dans l’esprit de nombreuses personnes ? Dans ce qui reste sans doute à ce jour le meilleur ouvrage consacré à l’histoire de la pensée néomalthusienne aux États-Unis, The Malthusian Moment, auquel ce chapitre doit d’ailleurs beaucoup, l’historien Thomas Robertson a bien montré à quel point il serait simpliste et injuste de réduire Ehrlich à un idéologue raciste. c’est bien Paul Ehrlich, qui défendit lui aussi la nécessité de mettre en place des politiques de redistribution entre le nord et le sud[7], qui alla le plus loin dans ce domaine, s’engageant précocement en faveur du mouvement des droits civiques aux États-Unis, et s’opposant vigoureusement au racisme persistant dans les sciences naturelles et notamment en biologie. Preuve de la longévité de cet engagement, il s’attaqua en 1977 aux positions du prix Nobel William Shockley lorsque celui-ci suggéra que les différences raciales pouvaient être un facteur explicatif de l’intelligence des individus. Et lorsque ses appels au contrôle des naissances furent critiqués par des groupes afro-américains, qui jugeaient insuffisant son anti-racisme universaliste et estimaient que dans une société profondément raciste[8], toute politique démographique comporterait nécessairement des biais racistes, Ehrlich fit preuve d’une remarquable réactivité :

« Le contrôle de la population peut être perçu comme un complot ourdi par des blancs riches pour supprimer les personnes ‘racisées’ du monde. Et malheureusement, dans l’esprit de certains membres de notre société blanche et raciste, c’est effectivement ainsi qu’elle est envisagée ». A l’encontre de positions qu’il avait pu tenir quelques années plus tôt, il ajouta que la plus grande menace pesant sur la survie humaine n’était pas la croissance démographique des populations du tiers-monde mais celle des américains eux-mêmes, « consommateurs et pollueurs par excellence » . Ehrlich ajoute : « Le bébé américain moyen, écrit Ehrlich, a davantage d’impact sur les systèmes vivants de notre planète que de douzaines d’enfants indiens et latino-américains ». Anticipant la critique du racisme environnemental, il remarqua également que « les groupes minoritaires – les noirs, les chicanos – ne sont pas, en général, à l’origine de la pollution, et qu’ils sont au contraire les premiers à souffrir de celle qui est produite par les blancs ».

(cité par T. Robertson, The Malthusian Moment)

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

débat Commoner/Ehrlich, le débat démographique

Ehrlich, Borlaug, démographie et semences

Paul Ehrlich, les mensonges de Greenpeace

Tout savoir sur Paul Ehrlich, « la bombe P » Lire la suite »

La surpopulation, c’est pas un vrai problème !

Recherche google le 15 juillet 2023 sur le mot « surpopulation »

Sur 2 400 000 items, voici ce que donne la page une du moteur de recherche :

Sur 11 occurrences, c’est la surpopulation carcérale qui arrive en tête avec 5 liens. Ensuite il y a 3 articles qui minimisent complètement l’idée de surpopulation humaine. Pire, l’ONU réfute les risques liés à la surpopulation mondiale (2 articles). Seule la page wikipedia sur la surpopulation, très argumentée en faveur d’une démographie responsable, est digne de passer sur Internet..

Surpopulation

La surpopulation est un état démographique caractérisé par le fait que le nombre d’individus d’une espèce vivante excède la capacité de charge de son territoire…

https://fr.wikipedia.org/wiki/Surpopulation

Surpopulation ou extinction : en 2030, nous serons 8,5 milliards sur Terre

L’espace disponible sur Terre ne manque pas. Pour les chercheurs, le problème se situe plutôt dans notre « système socio-économique global »… Nous pourrions tout à fait vivre à 10 milliards d’habitants en 2050, en ayant atteint les objectifs de développement durable…

https://www.nationalgeographic.fr/environnement/surpopulation-ou-extinction-en-2030-nous-serons-85-milliards-sur-terre

Surpopulation mondiale : quelles sont les conséquences possibles ?

Actuellement, les pays les plus développés possèdent assez de ressources pour nourrir l’ensemble des habitants de la planète. Pourtant, tous les individus de la planète ne mangent pas à leur faim, les denrées alimentaires étant inégalement distribuées…

https://www.futura-sciences.com/planete/questions-reponses/terre-surpopulation-mondiale-sont-consequences-possibles-4163/

« Surpopulation de 145 % » : la prison de Villeneuve-lès-Maguelone « au bord de l’implosion », alerte le syndicat majoritaire de l’établissement

https://www.midilibre.fr/2023/07/14/surpopulation-de-145-la-prison-de-villeneuve-les-maguelone-au-bord-de-limplosion-alerte-le-syndicat-majoritaire-de-letablissement-11341735.php

« L’obsession du tout carcéral a frappé » : pour lutter contre la surpopulation dans les prisons, l’Assemblée nationale vote la création de 3.000 places supplémentaires d’ici 2027

https://www.lindependant.fr/2023/07/13/lobsession-du-tout-carceral-a-frappe-pour-lutter-contre-la-surpopulation-dans-les-prisons-lassemblee-nationale-vote-la-creation-de-3000-places-supplementaires-dici-2027-11339664.php

Démographie et climat : l’ONU réfute les risques liés à la surpopulation mondiale

Les 8 milliards d’êtres humains que compte la planète sont tenus pour responsables de crises, en particulier celle du réchauffement climatique. Les Nations unies dénoncent les principaux fantasmes qui y seraient liés…

https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/demographie-et-climat-lonu-refute-les-risques-lies-a-la-surpopulation-mondiale-1936329

Surpopulation carcérale : la France bat un nouveau record avec 73 162 détenus au 1er mai 2023

https://www.liberation.fr/societe/police-justice/surpopulation-carcerale-la-france-bat-un-nouveau-record-73-162-detenus-au-1er-mai-20230530_RLVQEPGVAVA45BUAARRUANLEBM/

Avec huit milliards d’individus sur Terre, la peur de la surpopulation

La population mondiale devrait atteindre un pic dans les années 2080 puis se stabiliser autour de 10,4 milliards d’habitants. « Dix milliards, cela peut paraître énorme, mais c’est finalement une faible augmentation si on la compare à celle des soixante dernières années », affirme Gilles Pison...

https://www.france24.com/fr/france/20221115-avec-huit-milliards-d-individus-sur-terre-la-peur-de-la-surpopulation

Le problème des discours sur la « surpopulation »

Ces discours, qui simplifient à l’extrême des questions complexes, sont réellement néfastes.

https://www.unfpa.org/fr/swp2023/too-many

Prisons : Avec plus de 73.000 détenus au 1er avril, la surpopulation carcérale atteint des records

https://www.20minutes.fr/societe/4034859-20230428-prisons-plus-73-000-detenus-1er-avril-surpopulation-carcerale-accentue

Surpopulation carcérale

https://oip.org/ (observatoire international des prisons)

La surpopulation, c’est pas un vrai problème ! Lire la suite »

Brésil, une surpopulation qu’on a bien voulu

33 millions de Brésiliens sont aujourd’hui confrontés à la faim, soit 15 % de la population. Et 125 millions – plus de la moitié du pays – sont touchés à des degrés divers par une forme d’insécurité alimentaire.

Comme d’habitude le président Lula va encore faire de l’assistance aux pauvres, et donc augmenter forcément le nombre de bouches nourrir. Comme d’habitude, le journaliste du MONDE ne dit rien de la démographie brésilienne ! Pourtant famine et nombre de bouches à nourrir vont obligatoirement de pair. Les leçons de Malthus (1798) devraient être apprises par les journalistes et les politiques : si on ne maîtrise pas la fécondité humaine, qui est exubérante quand on laisse faire, face à une production agricole qui suit la loi des rendements décroissants, on va au désastre, famine, guerre et/ou épidémies.

lire aussi, Démographie, le Brésil en perdition !

Bruno Meyerfeld (LE MONDE) : Président de 2003 à 2011, Luiz Inacio Lula da Silva avait fait de la « faim zéro » sa priorité. Entre 2004 et 2013, la part des Brésiliens en situation d’insécurité alimentaire grave passe de 9,5 % à 4,2 %. Le Brésil sortait de la « carte de la faim » des Nations unies. Au pouvoir de 2019-2023, le président d’extrême droite Jair Bolsonaro nie l’existence de la faim dans son pays. Il démantèle le Conseil national de sécurité alimentaire et des coupes sévères sont opérées dans les programmes d’alimentation. Avec le retour au pouvoir de Lula, la lutte contre la faim redevient la priorité. Premier levier actionné : la célèbre Bolsa familia, programme social créé en 2004, revenu versé aux familles les plus modestes. Celle-ci s’établit désormais à 600 reais (112 euros), auxquels s’ajoutent 150 reais (28 euros) pour chaque enfant de moins de 7 ans…

Le point de vue des écologiste malthusiens

Comme l’indiquait Malthus, l’assistance aux pauvres, si elle n’est pas accompagné d’un planning familial durablement fonctionnel, ne peut qu’accroître les problèmes. Pour rappel, le programme de Lula, « Fome Zero » en 2001, consistait entre autres à installer en dur 80 000 familles qui vivaient sous des tentes, une restructuration des quartiers précaires, un approvisionnement en eau d’urgence et apprendre à lire et à écrire aux adultes bénéficiant du programme « Faim Zéro » … Il n’y avait rien de structurel, on était resté dans le redistributif. Si Lula avait bien repris comme slogan la phrase de Mao « apprendre à pécher plutôt que donner du poisson », il a surtout donné du poisson pour son impact direct sur les votes. Rien sur l’accès au foncier, rien sur la confiscation des terres… La priorité reste aux exportations pour le marché mondial. L’oligarchie de l’agro-business n’en a que faire de nourrir les Brésiliens. Les dirigeants n’en ont que faire de la surpopulation brésilienne.

Le président Lula avait annoncé en 2007 un nouveau programme de planning familial prévoyant notamment une réduction de 90 % du prix des contraceptifs. Pour les hommes, les démarches d’accès à la vasectomie étaient facilitées dans le système public de santé. Les effets d’annonce, on sait à quoi ça correspond, le vide en pratique. Avec Jair Bolsonaro, le planning familial n’est plus au programme. Sa seule proposition en la matière consiste à supprimer toute éducation sur la sexualité à l’école : « La sexualité doit être abordée seulement au sein des familles. » Rien d’étonnant que le Brésil étouffe sous son nombre.

Lors du premier recensement effectué au Brésil en 1872, ce pays ne comptait que 10 millions d’habitants. Le pays est certes très étendu, mais il possède également de grandes forêts vierges. En 1872, le Brésil avait une densité moyenne de 1,2 hab./km2. Aujourd’hui la densité moyenne paraît faible, 25 hab./km², mais la forêt amazonienne couvre une superficie de plus de 5,5 millions de kilomètres carrés pour une superficie totale du Brésil de 8,5 millions. L’espace cultivable, non extensible en superficie sauf atteinte à l’intégrité du « poumon de la planète », se réduit en proportion de l’accroissement démographique.

En 1961, Le Brésil comptait 74,3 millions d’habitants, 97,5 millions en 1971, 123,1 millions en 1981, 151,6 en 1991, 177,2 millions en 2001, 197,5 millions en 2011 et 214,3 millions en 2021. Le nombre de Brésiliens a encore augmenté de 1,8 millions d’habitants en 2022, en une année seulement. C’est invivable, c’est ingérable. Aujourd’hui le taux de fécondité est certes de 1,72 enfants par femme (2019), moindre que le taux de remplacement. La courbe de croissance s’est sensiblement ralentie depuis 1980 environ. De 2,3 % de croissance par an à l’époque, la hausse ne cesse de diminuer pour atteindre moins de 0,8 % par an ces dernières années. Chaque femme donne naissance à environ 1,64 enfant. Il y a 70 ans, ce chiffre était encore supérieur à 6 enfants. Mais la part très importante de la population en âge de procréer entraîne encore un taux de croissance de la population de 0,7 % en 2020 : décélération et non diminution de la population. Environ 86 % de la population vit dans les villes, donc coupée des ressources vivrières. Environ un tiers de la population vit dans les dix plus grandes régions métropolitaines du pays. La faim frappe désormais les centres urbains du Sud-Est, tels Sao Paulo ou Rio, où une famille sur quatre vit dans l’insécurité alimentaire.

En 2021, le chômage culmine à 13,7 % et atteint jusqu’à 36 % chez les plus pauvres.Trop d’humain, trop de chômage. L’inflation touche les produits les plus essentiels du quotidien. Trop d’humains, trop de besoins, la raréfaction d’une ressource naturelle pèse sur son prix. Comme dirait le sage «  le Brésil est mal parti ».

Pour aborder collectivement la question démographique, vous pouvez adhérer à l’association Démographie Responsable :

https://www.demographie-responsable.org/

Voici notre synthèse, actualisée sur ce blog

Surpopulation généralisée dans tous les pays

analyse pays par pays

Le Bénin, en état de surpopulation avancée

Brésil, une surpopulation qu’on a bien voulu

Surpopulation au Cameroun, 56 hab./km

Surpopulation en Corée du nord (et du Sud)

Corne de l’Afrique minée par la surpopulation

Côte d’Ivoire, surpopulation et manque d’eau

L’Égypte et Al-Sissi face à la surpopulation

En Égypte, la surpopulation fait la loi

L’Éthiopie, victime de sa surpopulation

Ghana, le cauchemar de la surpopulation

Surpopulation française, une réalité vraie

Surpopulation sur l’île de la Réunion

Haïti, un pays ingérable parce que surpeuplé

Inde : « government jobs » et surpopulation

L’Inde, une surpopulation par condensation urbaine

Un surpeuplement inquiétant en Inde

Italie, une surpopulation en voie d’extinction

Le Japon, surpopulation et/ou vieillissement ?

Le Japon devient nataliste, il est pourtant surpeuplé

Kenya, fardeau de la dette et surpopulation

Ouganda, une surpopulation structurelle

Madagascar, un état de surpopulation

Malawi, surpopulation et choléra

Le Nigeria, miné par la surpopulation

La surpopulation généralisée aux Pays-Bas

Surpopulation en Seine-Saint-Denis 

Surpopulation en Somalie, faut pas le dire

Surpopulation au Soudan, donc guerres civiles

Sri Lanka, surpopulation et agro-industrie

Référendum en Suisse : halte à la surpopulation

Tanzanie, une surpopulation démente

Tchad, une surpopulation en voie d’explosion

Surpopulation en Turquie, 109 hab./km2

Surpopulation au Yemen, 377 000 morts

https://biosphere.ouvaton.org/blog/surpopulation-generalisee-dans-tous-les-pays/

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Une normalité structurelle, la famine

Selon le rapport des Nations unies sur la sécurité alimentaire mondiale, publié mercredi 12 juillet 2023, 9,2 % de la population mondiale en 2022 (735 millions de personnes) a souffert de faim chronique, c’est-à-dire de ne pas avoir accès à une alimentation suffisante pour mener une vie active (contre 7,9 % en 2019). L’insécurité alimentaire, une notion plus large qui désigne le fait de ne pouvoir bénéficier de façon régulière d’une alimentation adéquate (réduction des portions, sauts de repas, alimentation déséquilibrée…), touche, elle, 2,4 milliards d’individus, soit 29,6 % de la population. Un Africain sur cinq ne mange pas à sa faim et 61 % des habitants souffrent d’insécurité alimentaire modérée ou sévère.

Mathilde Gérard : « Les causes de la faim sont désormais bien connues : pauvreté et inégalités économiques, conflits, impacts du réchauffement climatique, la dette qui étrangle les pays en développement, les exportations de cultures de rente [coton, cacao…] qui ont été privilégiées sur les cultures vivrières, la guerre en Ukraine, la hausse des prix de l’énergie et de l’alimentation, la spéculation et le manque de régulation des marchés des matières premières. »

Le point de vue des écologistes malthusiens

Michel SOURROUILLE : j’ai dénombré tous les titres du MONDE qui parlent de « surpopulation » ces dernières années. Or pour la surpopulation humaine, on ne trouve rien, à part pour l’Égypte ! Par contre la surpopulation carcérale est une rengaine dans les colonnes du MONDE. Les journalistes du MONDE, ainsi Mathilde Gérard ce jour, s’évertuent à compiler toutes les causes possibles de la famine sans jamais faire référence à l’analyse démographique de Malthus (1798) qui montrait que, sans agir sur la fécondité humaine exubérante, nous allions nécessairement au désastre car la production alimentaire est soumise à la loi des rendement décroissants. Je propose à la direction du MONDE de venir faire gratuitement à Paris une journée de formation pour ses journalistes sur la validité concrète du discours malthusien…

PP2 : Il est incroyable que la démographie ne soit même pas mentionnée par la journaliste du Monde. Huit milliards d’êtres humains à nourrir. Pourquoi est-il devenu TABOU de parler de la natalité délirante des pays qui souffrent le plus de la faim ? Dans les années 70 on avait essayé de prendre la question à bras le corps, et on avait introduit la contraception en Afrique et en Inde – et les femmes étaient d’accord ! Patatras, les curés et les im@ms ont vite mis le holà. Une femme doit pendant toute sa vie reproductrice avoir constamment un enfant au sein et un autre dans le ventre, ça les occupe…

Crocus : Avec des pays qui quadruplent de population en quelques décennies, on ne peut s’étonner de la faim, mais de l’absence de politique de ces pays pour y faire face : le contrôle de la population, tabou à cause des superstitions, serait sans doute bénéfique. Au lieu de cela, on voit la biodiversité s’effondrer et les guerres se multiplier, notamment en Afrique.

Rego : Trois chiffres à mettre en perspective : 800 millions d’Africains en 2000, 2 milliard en 2030 et plus de 4 milliards prévu en 2100 !!

Pascalou : Faire des enfants alors que les parents savent à l’avance qu’ils ne pourront pas les nourrir… comprenne qui pourra. La population mondiale a triplé en une cinquantaine d’années, pas la surface des terres agricoles de notre planète. Pour LM n’en parle-t-il pas ?

lecteur assidu : La faim est consubstantielle à la trop grande natalité. A votre avis, la Chine, ancien empire de la famine, a trouvé quelle solution ?

Artemis purple : Les pays souffrant le plus de la faim sont ceux qui ont la natalité la plus explosive. Cause ou conséquence ? S’ils sont aidés pour mieux se nourrir que va t il se passer ? Ils seront encore plus nombreux

gbouvier : Il faut revenir d’urgence au niveau de population d’avant l’ère pré-industrielle, soit maxi 1 milliards d’humains comme en 1800. Compte tenu de l’inertie démographique, fixer cet objectif à 2100 (= 3 générations) est réaliste même si cela sera difficile. On en est quand même à 8 milliards en 2022. Il faudrait coupler cela à des plans de réduction des émissions de CO2 (revenir à la concentration de CO2 d’avant l’ère pré-industrielle).

Buber : Mais comment y arriver aussi vite sans tuer des gens?

Pierre Angulaire : Le réchauffement climatique, les avancées du désert, l’instabilité politique, les guerres et 8 à 10 milliards d’habitants, nous n’y arriverons jamais et ceux qui prédisent 2 milliards de terriens à la fin du siècle n’ont peut être pas tort.

Lee Pampeast : Quelques contributions proposent d’éradiquer la misère en éliminant les miséreux. Gardez donc précieusement l’article pour les années à venir….

Andrew Brown : Les contributions visées ne précisent pas qui doit disparaître — éliminer les pauvres ne sert pas à grande chose, s’il faut éliminer des gens, commençons avec ceux qui consomment le plus tout en contribuant le moins. Personne (sauf peut-être Poutine) sait comment passer de neuf milliards à un milliard. Entre-temps chaque naissance, ici ou ailleurs, nous rapproche de l’abîmeNous ne sommes que des accidents de l’évolution, incapables de gérer la planète qui a le malheur de nous héberger.

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FNUP, en faveur de la surpopulation

Fonds des Nations Unies pour la population, surpopulation ne veut pas connaître ! Son rapport 2023 pose le problème entre deux lignes : Selon une enquête YouGov à laquelle ont participé près de 8 000 personnes dans huit pays (le Brésil, l’Égypte, les États-Unis, la France, la Hongrie, l’Inde, le Japon et le Nigeria), l’opinion prédominante considère que la population mondiale est aujourd’hui trop importante.

Mais ce n’est pas son avis, voici toutes les conneries qu’il débite.

 

Le problème des discours sur la « surpopulation »

Selon certains commentateurs et commentatrices, notre monde serait « submergé », au bord de l’explosion. Des responsables politiques, des expert(e)s des médias et même certain(e)s universitaires affirment que les problèmes internationaux comme l’instabilité économique, le changement climatique et les guerres liées aux ressources sont imputables à la surpopulation, laquelle créerait un excès de demande pour une offre insuffisante. Leurs discours brossent le tableau d’une natalité irrépressible et hors de contrôle, pointant généralement du doigt les communautés pauvres et marginalisées, depuis longtemps accusées de procréer à outrance alors que ce sont les moins responsables de problèmes tels que la destruction de l’environnement. Ces discours, qui simplifient à l’extrême des questions complexes, sont réellement néfastes.

– Ils présentent la survie de l’humanité comme un problème plutôt qu’une réussite.

– Ils détournent l’attention des vrais enjeux urgents auxquels nous sommes confrontés et nous empêchent de demander des comptes aux personnes responsables.

– Ils laissent entendre qu’il faudrait neutraliser la liberté de choix des femmes en matière de procréation pour résoudre le problème de la « surpopulation ».

Or l’augmentation attendue de la population mondiale d’ici 2050 sera due en majorité à la dynamique de la croissance passée. Autrement dit, les nouvelles mesures que pourraient prendre les gouvernements pour réduire la fécondité ne parviendraient guère à ralentir cette évolution d’ici là.

…La moitié des émissions de carbone sont produites par les 10 % d’individus les plus riches du monde. On aurait donc tort de confondre l’augmentation des émissions avec la croissance démographique.

…La conséquence la plus préoccupante des discours sur la « surpopulation » est sans doute que rejeter la responsabilité des problèmes mondiaux sur la croissance d’une population donnée revient à insinuer que la vie de certains individus serait plus importante que celle d’autres ; que certaines personnes mériteraient de survivre et de procréer, mais pas d’autres.

…L’histoire nous enseigne que ce raisonnement peut nous conduire sur une pente dangereuse.

…Il décourage en outre l’action politique, puisqu’il invite les citoyen(ne)s à déplorer une surpopulation perçue comme « inévitable » et à abandonner l’optimisme nécessaire au changement.

Rien ne nous oblige à adhérer aux discours selon lesquels le corps des femmes et leur liberté de choix en matière de procréation seraient à la fois la cause de la « surpopulation » et la solution à ce problème. Au contraire, nous pouvons insister sur l’importance de nos choix individuels et aborder la question sous l’angle de la justice sexuelle et reproductive en favorisant toutes les formes de progrès humains. Pour ce faire, il convient d’investir dans l’éducation, la santé, les énergies propres et abordables et l’égalité des genres plutôt que de s’efforcer de réduire le nombre d’habitant(e)s de la planète.

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11 juillet 2023, Journée de la population

Communiqué de presse de l’association Démographie Responsable

à l’occasion de la Journée mondiale de la Population le 11 juillet 2023.

Cette date symbolique doit donner lieu à une réflexion sérieuse sur le bien-fondé de la poursuite de la croissance démographique mondiale. Il serait plus que dommage que se répète la quasi-absence de débats qui a marqué le passage au 8ème milliard en novembre 2023, onze ans seulement après celui du 7ème milliard en octobre 2011, ce qui a d’ailleurs constitué un record historique de rapidité.

En effet, tous les problèmes environnementaux que l’humanité impose à la planète et en conséquence à elle-même ont partie liée avec cette croissance démesurée qui nous a fait passer de 1 à 8 milliards en un peu plus de 2 siècles. Qu’il s’agisse du réchauffement climatique, de l’extinction des espèces sauvages, en passant par les pénuries d’eau et d’aliments, sans même parler des atteintes à la beauté du monde, tous ces fléaux sont intimement liés à notre surnombre.

Prenant appui sur un sondage réalisé par l’IFOP à l’occasion des 8 milliards, où 72 % de nos compatriotes estimaient que la planète est surpeuplée, l’association Démographie Responsable saisit cette date pour appeler nos gouvernants, ainsi que les instances internationales, à décréter un état d’urgence démographique via un moratoire sur la croissance de la population mondiale et à se donner les moyens pour y parvenir dans le respect des libertés individuelles.

NB : Le Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour le développement a recommandé, en 1989, de faire du 11 juillet la Journée mondiale de la population comme une journée internationale, en référence à la Journée des cinq milliards, atteint le 11 juillet 1987. La population mondiale se chiffre à 7 milliards le 31 octobre 2011 et à 8 milliards le 15 novembre 2022.

https://www.un.org/fr/observances/world-population-day/background

Nos articles antérieurs sur ce blog biosphere

11 juillet, Journée mondiale de la population (2020)

Extraits : Le fait que l’humanité ne prête aucune attention à son nombre et laisse libre cours à l’évolution exponentielle de sa population nous amène donc nécessairement à des famines récurrentes, des guerres incessantes et même des épidémies facilitées par notre densité urbaine. Face à cette situation, il est urgent de devenir malthusien comme nous y incite l’association Population Matters au Royaume Uni et Démographie responsable en France…

8 milliards d’humains, surpopulation avérée (2022)

Extraits : Qu’on soit nataliste ou malthusien, on considère de façon opposée les statistiques démographiques. Sur le site du Fonds mondial de l’ONU pour la population on trouve cette réaction : « Le franchissement de ce seuil (de 8 milliards) s’accompagnera sans doute de discours invoquant avec alarmisme le terme de « surpopulation ». Se laisser aller à de telles paroles serait une erreur. »… Dans un contexte démographique de surpopulation, il n’existe à notre connaissance en France qu’une seule association, « Démographie Responsable », qui s’inquiète du passage aux 8 milliards d’êtres humains. C’est étonnant.

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Pour sauver la planète, faites des bébés ???

Compte-rendu d’une conférence organisée par le journal La Tribune à Cordes sur Ciel le 1er juillet 2023 (université d’été des acteurs engagés pour les territoires et la transition écologique), « Pour sauver la planète, faites des bébés » !

La même phrase avait déjà été énoncée par l’économiste libéral Nicolas Bouzou en 2020 :

https://www.europe1.fr/emissions/la-carte-blanche/nicolas-bouzou-pour-sauver-la-planete-faites-des-bebes-3991042

Le président de séance et directeur du journal La Tribune, Jean-Christophe Tortora, informe en préambule que l’annonce de cette thématique avait entraîné des remous, si ce n’est des rejets, mais que l’ouverture d’esprit doit prévaloir.

L’intervention de Michel Sourrouille

J’ai présenté cette affirmation, »Pour sauver la planète, faites des bébés », à des personnes diverses, les réactions sont unanimes : « C’est contradictoire… c’est absurde ». La meilleure des réponses a même été un grand éclat de rire. Il est vrai que si on décortique cette phrase, soit on veut sauver la planète et on fait moins d’enfants, c’est par exemple le choix de ceux et celles qui se font stériliser pour des raisons écologiques… soit on fait plus de bébés et on accentue la dégradation de la planète, car un nouveau-né de plus, surtout s’il consomme à l’occidentale, émettra au cours de son existence beaucoup de gaz à effet de serre, beaucoup trop. Alors pourquoi cet oxymore, cette façon de poser une opposition dans la même expression ?

C’est une façon bien médiatisée d’embrouiller les citoyens par ceux qui ne veulent rien changer au système croissanciste et qui énoncent des illusions: développement durable, croissance verte, moteur propre, etc. C’est aussi un livre de Frédéric Spinhirny et Nathanaël Wallenhorst, « Vous voulez sauver la planète ? Faites des gosses ! ». Le contenu de ce livre repose sur trois biais cognitifs, d’abord l’anthropocentrisme, placer l’humain à part et au-dessus de toutes les autres formes de vie : pour eux « une planète sans humains n’aurait aucun sens ». Aucune considération du bio-centrisme ou de l’éco-centrisme. Ensuite on récite la vulgate anti-malthusienne classique selon laquelle il faut agir sur notre niveau de vie et certainement pas sur notre nombre. Comme si l’impact écologique d’une activité humaine n’était pas nécessairement le multiplicateur de l’activité par le nombre de personnes qui l’exercent. Enfin on trouve une pensée magique, la religion de l’innovation : « chaque enfant est une promesse de nouveauté, il a le pouvoir de renverser un système mortifère ».

Les deux autres co-intervenants, que ce soit Emmanuelle DUEZ (The Boson Project) ou Nicolas BOUZOU, n’aborderont jamais la thématique à traiter, à savoir la dégradation de la planète. Emmanuelle place la liberté absolue de la femme dans ses choix de procréation et n’en dira pas plus. Nicolas s’attachera aussi au fantasme de la liberté, jusqu’à faire l’éloge de la PMA (procréation médicalement assistée) pour les lesbiennes en couple. Il faudrait « construire des familles basées sur l’amour ». L’humain reste pour lui la plus exceptionnelle et la plus précieuse des ressources terrestres qui saura saisir les opportunités nouvelles. Il n’a pas lu le livre récent de Frank Aggeri, « L’innovation, mais pourquoi faire », il ne le lira pas !

On m’a laissé quelques instants pour conclure. Du point de vue historique, je suis né en 1947 dans un monde de « seulement » 2,3 milliards d’humains. En 1974, nous étions déjà 4 milliards et on s’inquiétait alors de notre surnombre, que ce soit avec le rapport de 1972 sur les limites de la croissance démographique ou avec le présidentiable écolo et malthusien René Dumont en 1974. Aujourd’hui le passage aux 8 milliards est passé dans l’indifférence, on s’attache au problème du vieillissement (même en Chine) sans s’arrêter sur le fait qu’il s’agit d’une pyramide de Ponzi démographique. Ces 11 dernières années nous avons augmenté d’un milliard de plus, c’est à la foi invivable et ingérable. Au niveau de la liberté, il faut toujours considérer que c’est une liberté sous conditions de viabilité de la planète. Dans le choix de procréation, il y a une double composante, l’intime et la liberté individuelle d’un côté, l’intérêt collectif et le poids du nombre de l’autre. Une société n’est véritablement démocratique que si les citoyens sont suffisamment éclairés à la fois des contraintes biophysiques et de leur responsabilité individuelle. Comment articuler les deux de façon acceptable est une question complexe que notre système éducatif ignore complètement.

Je voulais aussi présenter quelques chiffres significatifs, on ne m’en a pas laissé le temps, les voici. Il y a quelques 12 000 ans en Europe Il y avait environ 300 000 chasseurs-cueilleurs, nous sommes passés rien que dans l’Union européenne à 448 millions. La moyenne mondiale en termes de densité est de 60 hab./km², l’UE arrive à 114 hab./km² (France 123, Royaume Uni 277, Pays Bas 518…). Or 100 hab./km², c’est un carré de 100 mètres de côté pour satisfaire absolument tous les besoins d’un seul individu tout en laissant une place nécessaire à la biodiversité. C’est impossible ! Ce petit carré donne une image parlante du fait qu’il y a surpopulation du continent européen, sachant que notre niveau de vie procède aussi de l’accaparement des richesses naturelles de l’ensemble du globe.

Post-scritptum : Le mensuel La décroissance, en avril 2023, titrait en Une, « Faites des bébés, pas la guerre ». En page 3, on condamnait « La pensée stérile des no kid », ce qui est vraiment dégueulasse par rapport à tous ceux et celles qui se refusent à faire un enfant pour des raisons d’altruisme écologique. On donnait la parole à deux « philosophes », Frédéric Spinhirny et Nathanaël Wallenhorst, co-auteurs d’un manifeste « Vous voulez sauver la planète ? Faites des gosses ! »

Après des années de silence absolu sur la question démographique de la part du mensuel « La décroissance », cette approche est plus que « décalée », elle est réactionnaire et met l’écologie « humaniste » du côté de Nicolas Bouzou. Le mensuel de Vincent Cheynet fait même une interview de Fabrice Hadjadj qui avait publié  en 2022: « Encore un enfant. Une diatribe ». Pour résumer sa position, cette phrase : « La fécondité advient toujours à l’intérieur de l’aventure particulière d’une homme et d’une femme, c’est pourquoi je suis hostile à tout contrôle… » On oublie complètement qu’un niveau de densité n’est durable que s’il se préoccupe des limites de la planète.

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