écologie appliquée

Parents, l’écologie se bricole comme on peut

Tous les bons récits nous disent comment décrocher la Lune…mais pas en y allant ! Les rêves de fusées sont la défaite de l’imaginaire et marquent la faillite de notre société. Comme c’est difficile d’expliquer cela à son enfant quand toute la société marchande nous dit qu’on va bientôt aller sur Mars !

Clémentine Beauvais : « Je me sens coupable d’avoir fait naître deux enfants dans un monde aussi pourri. Qu’est-ce qu’on fait quand on amène un gamin au monde aujourd’hui ? C’est une décision qui est prise à l’encontre de toute logique ! Il n’y a pas beaucoup de raisons d’être optimiste… Ce qui me fait le plus peur, un avenir à plus 2,7 degrés. Quelle autre urgence y a-t-il ? En tant que parent, je me sens complètement démunie sur les questions d’urgence environnementale. Comment expliquer que ce n’est pas bien de vouloir manger beaucoup de viande, de conduire des grosses cylindrées ou de prendre l’avion sans brider l’imagination de l’enfant qui, lui, rêve de fusées et d’aéronautique ? Ouvrez n’importe quel livre et il y a là des fermes, des avions, des fusées. Tellement de rêves dépendent d’une culture extractiviste axée sur le pompage des ressources. Quel récit y opposer ?

Mon aîné a 2 ans et demi. Il n’est techniquement pas aussi végétarien que moi, notamment quand il est avec son père. L’autre jour, il était en train de manger une sardine et je lui déroule un speech : « Tu sais que tu manges un des milliards d’animaux tués chaque année pour la consommation à travers le monde ? » Le père a rigolé, horrifié, en me disant que je ne pouvais pas dire ça. Mon fils, lui, s’en fichait et ça ne l’a pas empêché de mettre le morceau de sardine dans sa bouche. Je l’avais laissé trois jours avec son grand-père, à qui j’ai déjà dit que ce n’est pas la peine de mettre du sucre dans tout, les bananes écrasées… Quand on est rentrés à la maison et que je lui ai donné un yaourt , il m’a dit « suc’ dedans Gringe [le nom de son grand-père] » !

Je suis assez dans l’idée que chaque année supplémentaire qui peut être gagnée avant qu’ils ne soient exposés à la stimulation constante d’un écran est plutôt bonne. L’enfant à qui on file un portable pour le calmer dans le train ou au resto va se dire que s’il est relou il va avoir droit à un écran. En tant que prof de fac, je vois l’impact que ça a sur la capacité d’attention des étudiants. En amphi, c’est un enfer. Ils ont tous au moins leur ordi et leur téléphone constamment. Au lycée, les parents peuvent leur prendre le téléphone la nuit, mais à la fac ils plongent totalement. Un enfant normalement ne peut pas ne pas faire attention. Je m’inquiète de la façon dont l’économie de l’attention va diviser scolairement et socialement. »

Le point des vue des écologistes en charge d’enfants

Letcheque : Pas d’écran avant trois ans, ce n’est pourtant pas compliqué. Commencez par cela, vous pourrez ensuite parler d’éducation.

Philippe C : «  c’est pas bien de prendre l’avion »!!! Phrase idiote, il est souvent nécessaire et utile de prendre l’avion. Ex: ma sœur habite à 6000 km, maman est malade, nous nous relayons pour prendre soin d’elle.

Antispécisme à Philippe : « Phrase idiote », réflexion typique des expat’ pour qui il semble normal d’habiter sur 3 continents. Votre sœur a (eu) le choix entre habiter à 6000 km et voir sa mère. Vous de même.  Point barre. Aucune obligation. L’idolâtrerie du monde de vie américain (celui qui entreprend a le monde à ses pieds, je consomme donc je suis, je voyage, je colonise, je domine) a encore la côte chez une catégorie de gens, surtout ceux nés au milieu du XXe siècle. Il est peut-être temps de remettre en question cette conception de la vie ?

« il est souvent nécessaire et utile de prendre l’avion » ah, et que faites-vous des générations qui vous ont précédé (ce n’était pas des humains aboutis, ils devaient vivre ensemble) et de celles qui vous suivront (si elles n’ont pas de substitut au pétrole) ? Les humains sont tellement prétentieux…

Marie Rose Poux du ciel : On a beau dire et théoriser ou conceptualiser l’éducation « idéale », au bout du compte on ne transmets que ce qu’on est .

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere

permis de parent (2007)

extraits :  Concevoir un enfant est un acte impliquant de lourdes responsabilités. Pourtant la société ne se soucie guère de savoir qui doit avoir le droit ou non d’en procréer. Le psychologue américain David Lykken estime que les parents devraient passer un permis leur permettant de faire un enfant puisque les intérêts de l’enfant sont au moins aussi importants que ceux des parents. Alors que faire ? Il faudrait commencer par donner à l’école des cours d’éducation parentale afin d’expliquer aux élèves tout ce qu’implique, en termes de soins et de responsabilités, le fait d’élever un enfant. Il faudrait ensuite autoriser un couple à n’avoir un enfant qu’à condition que les deux parents soit réellement unis et prêt à s’occuper de leur progéniture. Par exemple, on ne devrait pas permettre que les parents fassent des enfants immédiatement après le mariage. Il faut en effet du temps, avant et après le mariage, pour apprendre à se connaître et à s’apprécier, et il n’est rien de pire pour un enfant que de naître sans être désiré par ses parents…

Du permis de parentalité au permis de procréer

Tik Tok, la responsabilité parentale en débat

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En couple, l’écologie se bricole à deux

Elle veut partir en vacances à vélo, lui préfère easyJet. Qu’il s’agisse du transport, de l’alimentation ou du chauffage, dans beaucoup de couples, l’écologie est devenue un sujet de dissension, creusant parfois un abîme de CO₂ entre les amoureux.

Jane Roussel : Alimentation, vacances, logement, déplacements, enfants, etc., rares sont les questions essentielles de la vie de couple à ne pas être percutées par l’environnement. Les petites ou grosses frictions ne sont jamais loin. ELLE fait chaque soir le tour de l’appartement pour fermer chaque volet pour préserver la chaleur sans toucher au thermostat. Si cela ne tenait qu’à LUI, il se serait contenté d’actionner le « + » du radiateur. Cette scène de la vie quotidienne est un classique de « couple mixte » au niveau écologique. Il y a complet décalage, l’un cherche à faire baisser son impact carbone, l’autre beaucoup moins. L’engagement écologique est encore trop souvent vu comme une privation de ce qui nous anime, comme lié à un mode de vie ascétique, mais cela peut être une « sobriété heureuse ».

Le couple est aujourd’hui ramené sur les bancs de l’école avec un objectif de diplôme écolo en fin de parcours. Mais si on ne fait pas les choses parce qu’on les désire, ça ne fonctionne pas. Le renoncement imposé ne mène pas à une transition durable, le cheminement personnel, si.

Le point de vue des écologistes sur le couple

Vince : En fait se préoccuper en couple de notre environnement est simplement un signe d’Amour et de respect. Pour nos semblables, mais aussi pour les autres membres de la Nature présents et à venir. C’est donc l’amour de soi versus l’amour des autres au sens large. Même si on n’y arrive pas instantanément, on s’engage dans cette voie. Sérieusement. Sinon, il suffit de dire haut et fort qu’on reste un gros égoïste. Au risque de se retrouver tout seul, car l’égoïsme ce n’est pas de l’amour.

HugoS : La question n’est pas de savoir si on va en amoureux à Venise ou passer sa lune de miel en Polynésie, mais s’il est indispensable d’aller en Italie ou partir en avion pour être heureux à deux.

docteur Maboul : C’est plutôt une chance d’avoir un(e) conjoint(e) moins faible que soi sur les changements à faire pour limiter son impact carbone. C’est assez dur de changer son mode de vie, si l’autre aide c’est un gros plus.

Toujours plus surpris : Finalement vivre en couple c’est accepter de partager certaines décisions : lieu de vie, type d’habitat, alimentation, activités (dont vacances) et aménagement intérieur. Être plus résilient à l’égard de notre environnement est forcément présent dans toutes ces décisions et nous sommes plus ou moins cohérents avec nos valeurs. Une fois certaines habitudes prises en couple, on ne se pose même plus la question du compost, de l’absence de voiture dans le ménage ou du refus des écrans… et au bout de quelques années ça crée un gouffre comportemental vis à vis des couples n’ayant pas évolué sur l’écologie.

G. Unavis : Certains font un parallèle avec la religion. Je dirais que si le changement climatique n’est évidemment pas une croyance, l’importance accordée aux fameux « petits gestes » en est une (je le dis en étant moi-même à cheval sur ces éco-gestes).

arston : C’est la conclusion de Jane Roussel qui m’amuse le plus dans cet article très pertinent. « On est tous le mauvais élève de quelqu’un ». Dans notre couple c’est Madame qui est écolo et moi, mâle dominant né dans les années 60, nettement moins. Bon ceci dit je n’ai plus de voiture depuis 10 ans, ne prend jamais l’avion, ne fume pas, ne boit pas…

Frog : On peut effectivement lâcher un peu de lest sur le conjoint, sachant qu’un couple aura quoi qu’il arrive un bien meilleur bilan carbone que deux célibataires ayant chacun leur maison…

pierre guilleret : Une de mes jeunes connaissances avait un compagnon écolo, qui refusait le smartphone et avait des principes. Çà l’amusait. Et puis un jour IL a refusé qu’ils fassent des enfants : c’est mauvais pour la planète. D’abord ELLE n’a pas compris. Puis ELLE a réfléchi. Plutôt que la ligature des trompes, la vasectomie pour LUI.

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Urgence écologique de la contre-violence

En Allemagne, les autorités criminalisent le mouvement écologiste radical Letzte Generation(« dernière génération »). Pourtant le mouvement écologiste est d’essence non-violente. Par contre la violence d’État par justice interposée signifie l’absence de sensibilité écologique d’un gouvernement quand il réprime férocement les militants. C’est le déni gouvernemental de l’urgence écologique qui fait en sorte que la non-violence peut se transformer en contre-violence, par exemple par la destruction de biens nuisibles à la planète. Saboter un pipeline, est-ce de la violence ? L’existence du pipeline n’est-il pas déjà une violence ?

Un échange significatif de l’aveuglement  de certains

Untel : Le gouvernement allemand, où figurent des écologistes, est tout à fait compétent pour identifier des criminels qui se font passer pour de doux rêveurs écologistes.

Peps : Après des dizaines d’assassinats perpétrés par la Fraction Armée Rouge, les Allemands sont bien plus lucides sur ces groupuscules d’extrême-gauche, qui sous couvert d’écologie, reviennent à la charge avec des projets de révolution bolchévique meurtrière…

Michel SOURROUILLE : Untel et Peps, vous ne répondez pas à la question : « Saboter un pipeline, est-ce de la violence ? L’existence du pipeline n’est-il pas déjà une violence ? ». De votre part, c’est significatif d’une rhétorique qui se contente d’attaquer en confondant le rouge et le vert au lieu d’approfondir la problématique de l’urgence écologique. La bande à Bader, je connais, c’était de l’enfantillage meurtrier. Le réchauffement climatique, c’est du dur et du durable !

Thomas Wieder : Fondée en 2021, Letzte Generation s’est fait connaître par ses actions spectaculaires : grèves de la faim, jet de purée sur la vitre protégeant une toile de Monet dans un musée de Potsdam, intrusions dans des aéroports conduisant à l’interruption du trafic aérien, perturbations d’événements sportifs ou culturels… Rien qu’à Berlin, 2 525 procédures judiciaires ont été ouvertes contre des militants de ce mouvement en un an. Un palier a été franchi dans le bras de fer : sept personnes, suspectées d’avoir « organisé des levées de fonds » d’un total de 1,4 million d’euros dans l’intention de « commettre des actes criminels », sont visées par une procédure. Deux d’entre elles sont soupçonnées d’avoir tenté, en février 2022, de saboter l’oléoduc reliant Trieste à Ingolstadt. Plusieurs grands médias allemands, comme le Spiegel ou la Süddeutsche Zeitung, ont exprimé leurs réserves face à cette série de perquisitions conduites au nom du paragraphe 129 du code pénal, qui définit les « organisations criminelles » comme mettant en péril la sécurité publique. Cette législation s’appliquait plutôt aux groupes mafieux ou d’extrême droite.

« Ils nous font peur, mais nous ne devons pas céder. Le gouvernement nous conduit les yeux fermés vers un enfer climatique et appuie sur la pédale d’accélérateur », a déclaré la porte-parole de Letzte Generation.

Nos articles antérieurs sur la légitimité de la contre-violence

Transgressons une légalité écocidaire !

extraits : Le luddisme, c’est en Angleterre au XIXe siècle la résistance des artisans à domicile contre l’extension des manufactures. Ils ont brisé des machine qui détruisaient leur gagne-pain. Si ce mouvement avait réussi, la révolution industrielle n’aurait pu avoir lieu avec les conséquences qu’on connaît aujourd’hui, l’épuisement des ressources fossiles et le réchauffement climatique au détriment des générations futures.

Hymne au sabotage dans Le Guardian

extraits : Chacun sait maintenant, au moins à un certain degré de conscience, ce qui est en jeu. De nouvelles formes de résistance sont en train de naître. Nous pouvons détruire les machines qui détruisent cette planète. Si quelqu’un a placé un engin incendiaire à l’intérieur de l’immeuble où vous vivez, si les fondations sont déjà en feu et que des gens meurent, nous serions nombreux à estimer que vous avez l’obligation de mettre l’engin hors d’état de nuire. C’est là l’argument moral qui, à mon sens, justifie la destruction des propriétés et des infrastructures du capital fossile. Cela n’a rien à voir avec le fait d’attenter à des corps humains, action pour laquelle il n’existe aucune justification morale.

Contre-violence par destruction de bien

extraits : Comment lutter sur une planète qui brûle ? Comment lutter contre un système techno-industriel qui soutient le capital fossile ? Comment faire réfléchir une population cernée par des moteurs thermiques ? Il faut se rappeler les propos de Françoise d’Eaubonne au début des années 1970, le jour où elle fut scandalisée d’entendre un ami lui dire : « Le problème de la révolution passe au second plan devant l’urgence écologique. Le prochain acte réellement révolutionnaire sera l’attentat contre une centrale nucléaire en construction. Le Capital en est au stade du suicide, mais il tuera tout le monde avec lui ». Il lui aura fallu plus d’un an pour assimiler la profondeur de cette vérité.

Au nom de la « contre-violence », Françoise d’Eaubonne participera à la lutte contre l’énergie nucléaire en commettant avec d’autres un attentat à l’explosif le 3 mai 1975 contre la centrale de Fessenheim, retardant de quelques mois son lancement…Elle a assumé cette position radicale jusqu’au bout puisque dans ses derniers tomes de mémoires elle écrit  : « La contre-violence semble très indiquée comme retournement de l’arme de l’ennemi contre lui-même ; il va de soi que les attentats ne visent que des points de rupture précis du front ennemi, économisant au maximum les vies humaines, utilisant les moyens destructifs pour instruire le plus grand nombre possible d’abusés du sens de cette guérilla urbaine. » (Françoise d’Eaubonne, « Écologie et féminisme (révolution ou mutation ?) », première édition en 1978)

Action (non-)violente pour la décroissance !?

extraits : Andreas Malm : Deux membres des Catholic Workers, Jessica Reznicek et Ruby Montoya, tout au long du printemps 2017, ont perforé à plusieurs reprises un pipeline en construction. Elles justifient : « Après avoir épuisé toutes les formes d’action possibles, dont la participation à des réunions publiques, la collecte de signatures pour réclamer des études d’impact environnemental, la désobéissance civile, les grèves de la faim, les manifestions, boycotts et campements, nous avons constaté l’incapacité évidente de notre gouvernement (américain) à entendre les revendications populaires. »…  

Elles ont fini par sortir de la clandestinité en revendiquant publiquement leurs actions : « Nous prenons la parole pour encourager d’autres à entrer dans l’action, le cœur pur, pour démanteler l’infrastructure qui nie notre droit à l’eau, à la terre et à la liberté. »

Urgence écologique, le rôle de la violence

extraits : Presque toutes les mobilisations qui ont fait changer les choses ont intégré une composante de violence. La révolution chilienne en 2019 a commencé quand des manifestants sont entrés dans le métro et ont détruit les automates. En Iran, dans la crise déclenchée par la mort de Mahsa Amini, on a parlé des écolières qui enlevaient leur hijab, mais il y a aussi eu des confrontations avec les forces armées. Les luttes sont amenées à s’intensifier, à mesure que le dérèglement climatique s’accentuera. (Andreas Malm)

Nature « criminelle » de la thermo-industrie

extraits : Criminel. Tel est l’adjectif utilisé par le parquet de Neuruppin (Brandebourg). En cause : les actions menées contre la raffinerie de Schwedt-sur-Oder. Les membres sont parvenus, à plusieurs reprises, à couper le robinet du pipeline qui l’alimente en pétrole.Où sont vraiment les criminels ? Ce n’est plus seulement nos guerres imbéciles qui interpellent, mais aussi l’extinction des espèces, les chocs pétroliers, les émissions de gaz à effet de serre, le réchauffement climatique, etc. Comment lutter sur une planète qui brûle ? Comment lutter contre un système techno-industriel qui soutient le capital fossile ? Comment faire réfléchir une population cernée par des moteurs thermiques ? Des militants, en s’attaquant à un complexe pétrolier, ne font que réagir à la violence de la société thermo-industrielle. Leur contre-violence est légitime, dire le contraire est criminel.

L’activisme écolo radical, une nécessité

extraits : Les manifestations pour le climat se sont essoufflées aussi vite que commencées, Greta Thunberg se contente de dire aux politiques qu’ils feraient bien d’agir, les Conférences internationales sur le climat depuis plus de 26 ans n’ont absolument rien changé aux émissions de gaz à effet de serre ! Pire, des irresponsables au pouvoir dans plusieurs pays font l’inverse de ce qu’il faudrait faire. Je me demande maintenant si une action contre les biens qui causent notre perte ne serait pas une obligation pour qui le sort des générations futures importe. Il est beaucoup trop rare de rencontrer des personnes qui prônent une action radicale contre la violence anti-écologique des biens consommés et des infrastructures actuelles, une contre-violence qui irait au-delà d’une non-violence jugée trop paisible.

Noël Mamère prend partie pour la castagne

extraits :  La FNSEA vient d’élire à sa présidence le patron d’Avril, puissant groupe agro-industriel international, dont la devise « Servir la terre » sonne comme une provocation. Parce qu’elle se sent trahie, la génération de jeunes militants constate les limites des marches pour le climat et des happenings bon enfant. Elle se contentera de moins en moins de la désobéissance civile non violente, pourtant inscrite dans notre culture politique depuis le XIXe siècle. Pour cette génération, la désobéissance est devenue « résistance », avec tout l’imaginaire qui l’accompagne. Il ne faudra pas s’étonner si certains basculent dans des formes d’activisme incontrôlables. (Noël Mamère en avril 2022)

 

 

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Montrer sa colère pour éviter l’anxiété

Des échauffourées entre police et manifestants pour le climat ont éclaté le 26 mai 2023 aux abords de la salle parisienne où doit se tenir l’Assemblée générale annuelle de TotalEnergies. Après BP et Shell, c’est le géant français des hydrocarbures qui se prépare à vivre une assemblée électrique, ciblée par une coalition d’associations qui menace de la bloquer, mais aussi par une partie de ses actionnaires en désaccord avec sa politique climatique. On s’attaque aux conciliabules des grands de ce monde, pourquoi pas à un pipeline ?

Audrey Garric avec AFP : Les forces de l’ordre ont projeté du gaz lacrymogène au milieu d’un groupe de militants qui s’étaient assis par terre. Des dizaines de militants chantent notamment « ce qu’on veut, c’est renverser Total » et « un, deux et trois degrés, c’est Total qu’il faut remercier ». Elisabeth Borne a estimé que « les militants du climat » étaient « dans leur rôle d’alerter et de dire qu’il faut accélérer ». La ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a également appelé le groupe Total à aller « plus vite ». On ne peut plus laisser les entreprises détruire le vivant impunément. C’est légitime de venir manifester de manière non violente. « La légalité est de notre côté », a assuré Marie Toussaint, députée européenne écologiste. Le tout sur fond de profits faramineux : ensemble, les majors BP, Shell, ExxonMobil, Chevron et TotalEnergies affichent plus de 40 milliards de dollars de bénéfices ce trimestre, après une année 2022 grandiose.

Le PDG Pouyanné : « La demande de pétrole au niveau mondial est en croissance et si ce n’est pas TotalEnergies qui répond à cette demande, d’autres le feront à notre place. » Sa stratégie se concentre sur ses émissions directes, issues de ses opérations et celles liées à l’énergie qu’elle consomme.

L’organisation d’actionnaires activistes Follow This, s’attaque principalement aux émissions indirectes de CO2, autrement dit celles liées à l’utilisation du pétrole par ses clients dans les voitures ou pour se chauffer, l’équivalent de 85 % de son empreinte carbone.

Le point de vue des écolos contre les réactionnaires

Mamani Quispe : Les militants « pacifistes » viennent pour empêcher par la force, fut-elle passive, une réunion professionnelle qui n’a rien d’illégal, et ils s’étonnent de se faire gazer. Le travail de la police est de permettre à cette réunion de se tenir. L’entrave à la libre circulation est un des délits les plus graves en droit français. Parmi ces militants écolos, il y en a combien qui n’utilisent JAMAIS d’essence, de gaz, de fuel? Combien consomment EXCLUSIVEMENT des énergies renouvelables? Combien ne prennent JAMAIS l’avion?

Pididi : Bravo, bravo, bravo maman ! Un vibrant plaidoyer pour l’inaction, nous sommes admiratifs ! Que les gens puisent dans vos propos de bons sens un modèle d’idéal. Surtout ne faisons rien et consacrons plutôt notre énergie à critiquer ceux qui agissent ! Voilà enfin quelqu’un qui a la courage de dire tout haut, ce que tout le monde pense tout bas. Au nom de tous nos enfants et nos petits-enfants qui sauront vous être reconnaissant pour avoir été à ce point visionnaire, nous vous disons tout simplement « MERCI » !

Grandlai : Les pays européens durcissent tous actuellement leur législation vis à vis de ces manifestations aussi publicitaires que liberticides. Il est temps qu’elles cessent et que la France soit beaucoup plus répressive. La transition écologique impose une réduction drastique et rapide des énergies carbonés mais transition ne signifie pas que des gens affolés et peureux militent pour provoquer par leur précipitation et leur intransigeance un traumatisme majeur des sociétés humaines.

San-San : Une entreprise Totalement écoterroriste, un gouvernement la soutenant Totalement par la violence pour terroriser les manifestants pacifistes. Aujourd’hui l’autoritarisme, demain le Totalitarisme pour défendre les plus riches, qui ne craindront pas le réchauffement climatique dans leurs piscines et palais climatisés ?

immigré de pays pauvre : Un bande de gros malins ces écolos. Quand Total a dégagé d’Iran sous menace de Trump, Le groupe pétrolier public chinois CNPC a pris la place. Ça ne change rien. Vous voulez manifester en Chine ? Bonne chance.

Réactions : Donc pour vous la cause est entendue et circulez y’a rien à voir on peut tranquillement derrière son écran attendre de griller tranquillement …

Santiago CZ : Toutes ces actions violentes menées par des activistes plus rouges que verts génèrent tellement de rejet et d’antipathie qu’elles en deviennent contre-productives.

Jules : Santiago CZ considère visiblement que s’asseoir par terre est de la violence ! Un tel décalage avec la réalité est tragi-comique. Sans doute considère-t-il également que le gazage des militants pacifiques n’est, lui, pas du tout violent.

Akhenaton : Ah, qu’il est loin le bon temps de la lutte des classes, où la jeune génération pouvait investir son énergie et sa quête d’identité dans la recherche d’idéologies libératrices ! De nos jours, elle est contrainte d’investir dans des utopies plus ou moins hasardeuses telles que la décroissance, le végétalisme, le wokisme… Utopies que beaucoup abandonneront au fil de leur intégration sociale.

L.OURS : Quelle honte de voir ces scènes de violences policières envers des militants écologistes, plutôt pacifistes, voulant perturber le ronron d’un CA d’une entreprise faisant des profits monstrueux avec les énergies fossiles et ne payant que peu d’impôts… Une boîte du passé avec un patron couvé sous les auspices de Balladur et ses boys…

Jla : Nous marchons sur la tête : expliquez-moi comment faire rouler nos voitures sans carburant, tous les français se sont rués pendant les grèves sur le stations TOTAL et probablement beaucoup de ceux qui émettent ici des critiques. Les chinois vont-ils nous envahir de leurs véhicules électriques à bas coût ? Allons nous devoir faire NICE-PARIS en vélo ?

Attilio Carbonara : Le poids moyen d’une voiture neuve est de 1.2 tonnes, son taux d’occupation moyen d’une voiture est de 1.4. Il y a 38 millions de voitures individuelles immatriculées en France pour 43 millions d’adulte. Vous vous posez la question de comment faire rouler sans carburant ces véhicules surdimensionnés ? La question n’est pas là, pas du tout ! Vous voyez bien le gâchis considérable d’énergie partout, tout le temps, pour le profit d’une entreprise climaticide. Il serait temps de réfléchir à un autre modèle, et vite !

Kazhar : Mais laissez les donc détruire le monde en paix ! Et la liberté alors ?

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La Société francophone d’économie écologique

Sofee, tribune du MONDE : « Nos modèles de production et de consommation outrepassent en effet les limites de la biosphère de façon irréversible. Les analyses économiques libérales continuent pourtant de considérer la nature comme un simple facteur de production. ce soit ailleurs que dans l’économie – au sein des sciences biophysiques et de la société civile – que naissent des références, des constats et des alternatives à même de nourrir des transformations sociales et politiques à la mesure des enjeux actuels : Johan Rockström et les limites planétaires, Kate Raworth et « la théorie du donut », les outils tels que l’empreinte écologique, l’analyse de cycle de vie, la dette écologique… Ces travaux mettent en évidence l’encastrement des systèmes socio-économiques dans la biosphère, principe de base de l’économie écologique que nous promouvons. Malgré l’échec des remèdes proposés par les économistes libéraux, ceux-ci occupent une large place dans l’espace médiatique, marginalisant de fait les contrepoints. L’économie écologique critique l’idée d’une croissance verte et d’un possible découplage entre la croissance économique et ses impacts environnementaux.

Les étudiants d’aujourd’hui appartiennent à ce qui est parfois qualifié de « génération climat ». Certains participent aux marches pour le climat, aux actions du Réseau étudiant pour une société écologique et solidaire (RESES), à la Convention pour la transition des établissements du supérieur. Lors de la remise des diplômes d’ingénieurs agronomes en 2022, où certains étudiants ont refusé d’aller vers les débouchés auxquels leurs formations initiales les prédisposaient. »

L’économie écologique sur notre blog biosphere

Le long-termisme écologique contre la myopie (2023)

L’écologisme des pauvres, l’économie écologique (2015)

Climat : l’économie deviendrait-elle écologique ? (2015)

Econologie : des véhicules de société plus « propres » (2015)

L’économie écologique selon le socialiste Géraud Guibert (2014)

Un précurseur de l’économie écologique, B de Jouvenel (2014)

Livre : Vivement 2050 ! (Programme pour une économie soutenable et désirable) (2013)

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La science économique sommée de se réinventer

Non seulement les économistes ne sont plus capables de comprendre la « poly-crise » économique, sociale et surtout environnementale qui frappe l’humanité, et a fortiori d’y remédier, mais ils en sont en grande partie responsables !

Antoine Reverchon : La doxa, c’était la théorie économique néoclassique, née dans les années 1870 qui s’est installée depuis le début des années 1980 aux manettes des facultés. Or, l’expérience historique de la succession des krachs, des crises et des guerres, la persistance, voire l’aggravation, des inégalités tant entre pays qu’en leur sein, la destruction irréparable des ressources et des équilibres naturels, la simple observation psychosociologique des comportements humains irrationnels et imprévisibles ont montré l’inanité de la foi en l’existence d’un équilibre général vers lequel tendrait spontanément l’économie. Les économistes tendent à négliger un problème que les historiens connaissent bien : les données exploitées dans une expérience, naturelle ou pas, ne sont pas déjà données, elles sont construites, c’est-à-dire choisies et énoncées en fonction d’hypothèses de recherche elles-mêmes inscrites dans des modes de pensée, des cadres institutionnels et des outils techniques spécifiques à la recherche menée.

Deuxième problème, la science économique, comme toutes les sciences sociales, est par essence et par tradition anthropocentrée : elle s’intéresse aux comportements et aux interactions des humains, et n’inclut l’environnement dans sa démarche que comme… un environnement, ce qui est autour de l’homme dans la seule dimension de son interaction avec lui, laissant aux biologistes, aux climatologues, aux écologues, etc. le soin de découvrir ce qui se passe de l’autre côté. Les inégalités, la destruction de la nature, les crises économiques sont des « externalités » – c’est-à-dire des retombées négatives des échanges de marché sur ceux qui n’y participent pas : les pauvres, les pays du Sud, la biodiversité. Le défi des économistes – mais aussi des politistes, sociologues, psychologues, ethnologues – est d’intégrer dans leurs modèles ce que, faute de terme encore bien stabilisé, on appelle les écosystèmes. Faire dialoguer l’économiste et le vivant représente une rupture paradigmatique d’ampleur. Le nouveau défi de l’humanité est de retrouver les moyens d’habiter la Terre sans la détruire, de respecter ses besoins plutôt qu’elle ne serve aux nôtres. Faut-il par exemple rompre avec la notion de croissance indéfinie et préconiser la décroissance, étant donné le risque de dépassement de seuils irréversible dans le prélèvement de ressources non renouvelables ?

Il faudrait donc « réencastrer » l’économie non seulement dans toutes les autres dimensions de l’activité humaine – sociale, politique, sensible –, mais aussi dans toutes les dimensions du vivant. Il s’agit de penser une « économie écologique »qui permettrait de « transformer une “économie de la prédation” en une “économie de la coévolution” ».

Le point de vue des économistes écologistes

Neutrino : Merci pour cette synthèse, mais il me semble qu’il manque une contribution que je juge majeure, celle de Jean Marc Jancovici qui expliquer) les phénomènes économiques par les flux de matières et d’énergie sous-jacent

Michel SOURROUILLE : J’ai été professeur de SES toute ma carrière depuis les années 1970, époque où j’avais lu le rapport sur les limites de la croissance (1972) qui me paraissait incontournable. Pourtant le contenu de mes programmes a été maintes fois manipulé par les pontes de l’université, adeptes du croissancisme à tout va. Le côté transversal a été systématiquement rogné pour correspondre à l’économie orthodoxe (business as usual). Je rappelle un sujet de bac réellement posé en 1975 : « La poursuite de la croissance, telle que l’ont connue depuis la deuxième guerre mondiale les économies capitalistes développées, semble poser de plus en plus de problèmes. Vous présenterez la crise actuelle et ses mécanismes et vous tenterez de déterminer dans quelle mesure et pour quelles raisons un changement d’orientation parait devoir s’imposer. »(aux lendemains du 1er choc pétrolier). Depuis nous avons complètement régressé et nos jeunes ne sont pas préparés à la nécessaire rupture écologique. Inquiétant !

Jacques Py : Un philosophe qui se fit économiste, ce fut bien Marx. Et comme il comprit l’inanité à penser dans le vide de la théorie, pour changer le monde, il se fit analyste de sa réalité ; celle d’un système capitaliste et du caractère implacable de sa logique. Il resta toutefois philosophe en considérant l’économie comme la science du vivant, vivre, travailler, se créer, se battre pour. la question du climat est aussi la science du vivant et de ses urgences. Et si elle nous est existentielle, c’est ainsi qu’elle doit se penser, nous y jouons notre survie, et il n’est plus temps de finasser. La logique économique devient une logique politique, elle porte ce nom de l’extrême où le politique domine: c’est donc de politique et de politique économique qu’il faut parler, et qui peut se résumer par une économie de survie ou de guerre. Quelle évolution de cette crise climatique, ses dégâts, nos capacités à s’y adapter ? Que la théorie est loin, jouer sa vie exige une rupture.

IdéPa : Pour être complet il faudrait tout de même rappeler que depuis au moins 50 ans les économistes sérieux recommandent la taxe carbone redistributive comme outil pour intégrer les émissions dans la régulation par les prix, et que cette recommandation est largement ignorée par les politiciens et la société dans son ensemble – trop contente de se goinfrer d’énergie fossile à faible prix.

La science économique sommée de se réinventer Lire la suite »

La crise écologique absente de l’enseignement

Les sciences économiques et sociales (SES) sont l’enseignement où, par excellence, les savoirs pluriels des sciences sociales peuvent permettre de comprendre le caractère systémique des crises écologiques, leur articulation avec nos modes de production et de consommation comme avec nos structures sociales et politiques. Un collectif de spécialistes déplore que les questions d’écologie n’occupent qu’une place minime dans les classes au regard des enjeux.

Collectif : Depuis longtemps, les disciplines constitutives des SES ont reconnu l’existence des frontières de la biosphère, prenant acte de l’encastrement des rapports économiques et sociaux dans les limites finies de notre planète. Les concepteurs des programmes de SES, qui ne consacrent qu’un chapitre aux enjeux écologiques à partir de la classe de terminale, s’obstinent pourtant à considérer les questions environnementales comme un défi technologique qu’il s’agirait de relever, sans questionner le paradigme dominant dont l’échec est sous nos yeux, avec des instruments dépassés : privatisation des ressources, incitations monétaires et interventions correctrices des pouvoirs publics pour préserver le marché et ses propriétés autorégulatrices, techno-solutionnisme, « croissance verte », etc. En France, les lycéennes et lycéens continuent d’être formés à des modèles économiques qui ne tiennent pas compte des limites écologiques de la croissance ou prétendent pouvoir les ignorer en recourant à l’innovation technologique. Cette approche place nos élèves en situation de dissonance cognitive : le hiatus entre les programmes actuels, qui portent la marque d’une vision dépassée du système économique, et le besoin de révolutionner nos connaissances, nos paradigmes, nos modes de vie et nos modes d’action collective, devient criant et pour tout dire intenable.

L’approche résolument interdisciplinaire, principe fondateur des SES, que les nouveaux programmes ont peu à peu dénaturée, est une ressource essentielle pour apaiser l’angoisse écologique légitime de notre jeunesse confrontée à des crises complexes.

Le point de vue de Michel SOURROUILLE : J’ai été professeur de SES toute ma carrière depuis les années 1970, époque où j’avais lu le rapport sur les limites de la croissance (1972) qui me paraissait incontournable. Pourtant le contenu de mes programmes a été maintes fois manipulé par les pontes de l’université, adeptes du croissancisme à tout va. Le côté transversal a été systématiquement rogné pour correspondre à l’économie orthodoxe (business as usual).

Je rappelle un sujet de bac réellement posé en 1975 : « La poursuite de la croissance, telle que l’ont connue depuis la deuxième guerre mondiale les économies capitalistes développées, semble poser de plus en plus de problèmes. Vous présenterez la crise actuelle et ses mécanismes et vous tenterez de déterminer dans quelle mesure et pour quelles raisons un changement d’orientation parait devoir s’imposer. »(aux lendemains du 1er choc pétrolier).

Depuis nous avons complètement régressé et nos jeunes ne sont pas préparés à la nécessaire rupture écologique. Inquiétant !

Lire, échec flagrant du bac Sciences économiques

Le débat qui ne devrait pas avoir lieu

verst : La prochaine fois, les enseignants cathos vont exiger l’enseignement détaillé du nouveau testament à tous les élèves, notamment les musulmans… Le militantisme a t-il sa place à l’école publique? La réponse est que ce serait la négation même du caractère de cette école.

Volcelest : Verst, vous mélangez tout. Vous ne semblez d’ailleurs pas vraiment avoir compris ce qu’est le réchauffement climatique et la déplétion des ressources. Comparer ces faits à du militantisme alors que le défi à venir touche à la vie sur Terre en est la preuve. Désespérant de lire des commentaires comme le vôtre.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere

le bac SES a 41 ans (en 2008)

le sujet de bac ES, 21 juin 2011

Bac SES 2014, thuriféraire de la croissance libérale !

Sujets de bac SES pour 2018, quelques remarques

Bac SES le 20 juin 2019, quelles questions ?

La crise écologique absente de l’enseignement Lire la suite »

Le Bénin, en état de surpopulation avancée

Appolinaire Oussou Lio, du peuple Tolinou au Bénin, avait lancé avec d’autres une « alliance des gardiens de Mère Nature ». Vœu pieux, la biosphère en situation de surnombre d’humains ne peut plus respirer quoi qu’on dise ! Avec une densité de 112 hab./km2, c’est un carré de moins de 100 mètres sur 100 mètres pour chaque Béninois, carré dans lequel pour être autonome il faudrait pouvoir à la fois faire son potager, nourrir son bétail, construire sa maison, trouver des ressources naturelles, et même laisser un peu d’espace pour la nature sauvage… Ce qui est impossible. Sans planning familial, no future.

Le point de vue des écologistes malthusiens

Il faudrait que les spécialistes des paroles en l’air connaissent les statistiques. La population du Bénin est passée de 3,3 millions de personnes en 1979 à 9,9 millions en 2013 et 12,5 millions en 2021. La fécondité est encore 5,05 enfants par femme (2020), soit plus que la moyenne africaine (et 2,6 de plus que la moyenne mondiale). Avec au moins 35 % des Béninoises n’ayant pas accès aux services de planification familiale, des milliers de femmes meurent chaque année des causées liées à la grossesse. Le taux de croissance de la population est de 2,8 % en variation annuelle (2021), soit un doublement en 25 ans, chiffre retenu pas Malthus en 1798 pour dénoncer une fécondité sans limites.

Un grand pourcentage de la population du Bénin, à savoir 45 %, est âgé de moins de 15 ans, ce qui va empêcher tout ralentissement de la croissance démographique par l’effet d’inertie. Une telle jeunesse place un lourd fardeau sur la population d’âge actif qui doit fournir les services requis par tous ces enfants. Les partisans du planning familial béninois ne cessent de rappeler l’urgence de la situation : « Les pays les plus riches et les plus industrialisés aujourd’hui ont su par le passé planifier les naissances. Le taux de naissance dans ces pays n’est pas comparable au nôtre. Ils ont cependant choisi la voie du succès et de la réussite au lieu de faire des enfants sans pouvoir leur donner à manger. »

Comment faire vivre dignement une population de 25 millions d’habitants en 2046 ? Sans un programme radical de planning familial, tout espoir de sortie de la pauvreté est un leurre. C’est ce qu’exprime le président du Bénin, on dirait qu’il a lu Malthus !

Patrice Talon s’exprimait ainsi sur Lci le 5 mars 2023 : « Il faut trouver les moyens d’inciter au contrôle des naissances… Il faut que les dirigeants africains que nous sommes agissent pour limiter notre croissance démographique afin de contribuer au bien-être des concitoyens… L’Afrique est confrontée aujourd’hui à un drame, la croissance démographique n’est pas en accord avec les ressources disponibles pour investir dans des infrastructures d’éducation, de santé et la création d’emploi. Il faut trouver des moyens coercitifs pour que l’explosion qu’on observe ne s’épanouisse pas sinon, l’Afrique se portera très mal. »

Richard Boni Ouorou (politologue béninois), ne partage pas du tout l’avis du président Patrice Talon : « Comme il est enseigné en économie, la forte demande des biens et services (due à la forte démographie) entraîne la croissance économique. » (Encore faut-il que la demande soit solvable) « Une population en croissance peut signifier une main-d’œuvre plus importante, ce qui peut conduire à une augmentation de la production.  » (le dividende démographique n’existe pas quand le marché du travail ne peut accueillir qu’une petite fraction des nouveaux entrants): « Une population jeune peut être plus encline à l’innovation, ce qui peut encore stimuler la croissance économique » (Comment innover si ce n’est trouver son propre créneau dans quelques activités informelles)« La croissance démographique n’a d’inconvénients que lorsque l’État, par incompétence ou laxisme, démissionne de ses fonctions et obligations. » (Richard, un opposant au pouvoir en place !)« Une population en croissance peut entraîner une pression accrue sur les ressources naturelles et l’environnement, argument famélique chez nous car  le Bénin dispose de ressources encore non exploitées. » (Richard n’a pas compris le discours présidentiel de Patrice !!!)

Tous les pays, riches ou pauvres, sont surpeuplés, lire :

Surpopulation au Cameroun, 56 hab./km

Surpopulation en Corée du nord (et du Sud)

Corne de l’Afrique minée par la surpopulation

Côte d’Ivoire, surpopulation et manque d’eau

L’Égypte et Al-Sissi face à la surpopulation

En Égypte, la surpopulation fait la loi

L’Éthiopie, victime de sa surpopulation

Surpopulation française, une réalité vraie

Surpopulation sur l’île de la Réunion

Inde : « government jobs » et surpopulation

L’Inde, une surpopulation par condensation urbaine

Italie, une surpopulation en voie d’extinction

Le Japon, surpopulation et/ou vieillissement ?

Madagascar, un état de surpopulation

Malawi, surpopulation et choléra

Le Nigeria, miné par la surpopulation

La surpopulation généralisée aux Pays-Bas

Surpopulation en Seine-Saint-Denis 

Surpopulation en Somalie, faut pas le dire

Surpopulation au Soudan, donc guerres civiles

Référendum en Suisse : halte à la surpopulation

Tanzanie, une surpopulation démente

Surpopulation en Turquie, 109 hab./km2

Surpopulation au Yemen, 377 000 morts

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Post-croissance, l’idée fait son chemin…

A l’occasion de la conférence «Post-Growth» qui se tenait à Bruxelles les 18 et 19 septembre 2018, un groupe d’universitaires de toute l’Europe appelait à revenir sur le dogme de la croissance, devenu incompatible avec la contrainte écologique et le bien-être des peuples. A l’occasion de la conférence « Beyond Growth 2023 », un appel de 18 eurodéputés sur le même thème : « Nous devons sortir du dogme de la croissance ».

Tribune de 18 députés : En tant que députés européens issus de différents groupes politiques, nous sommes tous d’accord sur l’urgence et l’importance de ce débat, et sur la nécessité de sortir du dogme de la croissance. Plus de cinq mille personnes participeront à la conférence « Beyond Growth 2023 » [Au-delà de la croissance], du 15 au 17 mai, une initiative transpartisane qui se déroulera au Parlement européen. L’objectif est de questionner la doctrine dominante qui sous-tend les politiques publiques de l’Union européenne (UE) et de redéfinir nos objectifs communs dans tous les domaines, en s’éloignant de la focalisation néfaste sur la croissance économique comme seule base de notre modèle de développement.

Pourquoi ? Tout d’abord, une croissance économique perpétuelle, basée notamment sur la consommation de combustibles fossiles, entraîne des dérèglements climatiques catastrophiques. Ensuite, la poursuite illimitée de la croissance repose sur l’épuisement des ressources naturelles, la destruction de la biodiversité et l’accumulation de déchets et de pollutions. Par ailleurs, le modèle économique actuel contribue aux inégalités et à l’exclusion sociales. Enfin, le modèle économique actuel est intrinsèquement instable et sujet aux crises, comme l’ont démontré, par exemple, la crise financière de 2008. Nous devons développer une nouvelle stratégie globale pour une économie européenne postcroissante. Concevoir des voies politiques n’est pas seulement souhaitable, c’est aussi une nécessité absolue.

Le point de vue des écologistes décroissants

Claude Danglot : Enfin un appel au bon sens et à la raison des 18 députés qui rappellent que le PIB n’a aucun intérêt lorsqu’on est mort noyé, desséché ou brûlé par le soleil à cause du dérèglement climatique en cours.

PIER A. : La nouvelle stagflation va réaliser leurs rêves les plus fous.

Gbouvier : « Beyond growth », c’est mal nommé, on devrait parler de « bye bye growth ». Arrêtons de leurrer les gens : la décroissance, c’est moins de niveau de vie, moins d’espérance de vie, moins de services publics, plus d’inégalités. Pourquoi pas, mais la démocratie, c’est de permettre des choix éclairés.

Michel SOURROUILLE : Même l’écologie politique n’assume pas clairement la rupture avec le dogme de la croissance. C’est ce que regrettait, dans une autre tribune au « Monde » (06.12.2022), la députée Delphine Batho de Génération écologie : « Les options du présidentiable Mélenchon, visant une augmentation du produit intérieur brut de 2 % par an, sont contraires aux objectifs écologistes. » De toute façon la décroissance (économique ET démographique) ne relève pas d’un choix. Que ce soit de gré ou que ce soit sous la contrainte de la nature et de l’épuisement des ressources fossiles, la sobriété est déjà notre ligne d’horizon. Reste deux possibilités : soit on l’embrasse, soit on la repousse le plus tard possible… sachant que plus on attend plus ce sera brutal et douloureux.

Quincampoix : Et logiquement baisse de la natalité et l’immigration aussi…

Lire aussi sur notre blog biosphere

Jean-Luc Mélenchon entre productivisme et décroissance (2012)

EELV face au concept de « décroissance »

Post-croissance, l’idée fait son chemin… Lire la suite »

Le long-termisme écologique contre la myopie

Écologie ou économie ? Cela ne devrait pas être un problème. Une économie qui fonctionne seulement dans le court terme va dans le mur, les contraintes écologiques sont les plus fortes pour le long terme. Si la France et l’UE se préparent à faire des efforts pour être « vertueux » en terme environnemental, cela donne d’ailleurs un avantage par rapport à tous les pays qui produisent au jour le jour n’importe quoi et n’importe comment au détriment de leur travailleurs et de la biosphère. Puisque les frontières vont se fermer à leurs produits, ces pays perdront non seulement l’avantage concurrentiel mais devront faire aussi à la pollution de leur environnement et à la révolte de leurs travailleurs.

Pourtant le président de la république français va à l’encontre de ces évidences, et les réactions des commentateurs sur lemonde.fr montrent l’antagonisme profond qui existe entre ceux qui comprennent l’urgence écologique et ceux qui en restent au monde business as usual du court-termisme.

Article du MONDE : Peut-on tout à la fois réindustrialiser le pays, défendre ses emplois et avoir une réglementation exemplaire en matière climatique ? Le tout alors que l’inflation incite les consommateurs à acheter toujours moins cher ? A l’occasion de la présentation de son plan pour « verdir » l’industrie, le 11 mai 2023, Emmanuel Macron a appelé à une « pause » dans la réglementation européenne, afin de préserver les acteurs locaux soumis à la concurrence des pays moins-disants du point de vue environnemental, comme la Chine. Les propos d’Emmanuel Macron ont immédiatement semé le trouble à Bruxelles, jusque dans son propre camp, qui n’avait pas anticipé une telle sortie. C’est vrai que le réchauffement climatique est réglé, c’est vraiment le moment de faire une pause… », ironise l’« insoumise » Manon Aubry. « Nous défendons depuis plusieurs mois l’idée d’un moratoire législatif. On va presque demander un droit de copyright à Emmanuel Macron », réagit de son côté François-Xavier Bellamy, eurodéputé Les Républicains (LR/PPE)

Le point de vue du long-termisme écolo contre les myopes du business as usual

Pelta : Nous avons une économie mondialisée. Nous pouvons le regretter, mais c’est ainsi. Soit nous menons des mesures drastiques de protectionnisme écologique soit nous nous alignons à ce que font nos principaux concurrents. Il ne suffit pas de dire qu’un produit soit vert pour le faire acheter par une population qui a soif de son pouvoir d’achat. L’idéalisme est du coté des écolos. Le réalisme du coté de Macron.

BL2 @ Pelta : L’idéalisme, c’est de se contenter de « regretter d’avoir une économie mondialisée  » et de croire qu’il suffit de « s’aligner sur nos principaux concurrents » pour éviter une catastrophe écologique. Chacun finira par s’aligner sur le moins disant. Le réalisme, c’est de dénoncer le libéralisme économique effréné, de dire qu’il faut de fortes réglementations écologiques, de les mettre en place chez nous le plus possible, et de faire pression sur les autres pour accélérer le sauvetage. Ce n’est pas suicidaire, moins que d’attendre les autres.

Grabotte : Macron a raison. On ne peut pas être écolo sans être riche. On ne peut pas être riche sans produire. On a déjà des standards écolo très hauts sur tout ce qui est polluants et pesticides. Vous êtes allés voir sur le CITEPA les incroyables progrès faits depuis 20 ans. Il reste à consommer moins d’espace et favoriser les continuité : cela peut se faire par le ZAN ou équivalent, sans en rajouter sur les législations anti-polluant.

JeffH93 : Cela révèle surtout combien la plupart de nos hommes politiques sont incapables de prendre la mesure de ce qu’il se passe actuellement sur notre planète et des urgences auxquelles ils font face. La politique environnementale de Macron est une longue suite de grandes déclarations dans les réunions internationales puis de renoncements, voir de reniements, dans les mois ou les années qui suivent. Avec la dernière en date, on touche vraiment le fond, c’est désespérant !!!

Concurrence : EM a raison, il est dangereux pour l’avenir des emplois en Europe que le réglementation environnementale progresse plus vite que dans la reste des pays beaucoup plus pollueuse l’Europe. Ça devrait être facile à comprendre, sauf quand la haine antiEM est trop forte et aveugle tout raisonnement !

Athanase Percevalve : EM est un génie. Il parait qu’il a réussi a persuader la nature de faire une pause dans l’extinction des espèces et le climat de faire une pause dans le réchauffement climatique. Un génie.

Le beau nez d Anne : Un maçon sérieux sait qu’il faut attendre que le radier en béton ait fini de sécher avant de monter les murs sinon au premier mouvement de terrain c’ est fissures et lézardes en série rendant l’ensemble impropre à son usage. Mais c’est là une rigueur méthodologique que les écolos ne possèdent pas, ils veulent tout faire en même temps, ne sont même pas capables de hiérarchiser les priorités tant les chapelles de l’écologie sont disparates et incapables de se rassembler ; ce qui fait que l’on trouvera toujours un écolo pour dire que ce qui est fait n’est pas bien.

Cerise53 : Ha ! Parce qu’on avait commencé les fondations d’une société durable pour ne pas coloniser l’avenir des générations futures ? Ça m’avait échappé …

vincentB : Macron n’est pas naïf. Si la Chine et les États-Unis continuent à produire très sale, l’UE devra s’aligner ou mourir. Car entre une voiture à 50 € fabriquée par des esclaves avec un épouvantable bilan carbone et une voiture à 100 € toute verte et made in France, on sait qui gagnera. Les chinois et les américains n’auront aucun scrupule à détruire l’industrie automobile européenne s’il leur suffit pour cela d’être un peu moins propre qu’elle. Le fond du problème, c’est que les bénéfices des efforts des uns sont partagés entre tout le monde. Sans alignement des pratiques, les plus vertueux seront sacrifiés.

Lemmy : J’adore, Vincent, ton raisonnement d’un vieux monde qui meure. En ‘e généralisant, c’est le monde entier qui perd, tu pourras pleurer sur les cendres de ta société de consommation perdue. On consomme comme si on avait trois planètes à notre disposition, à la fin c’est l’humanité qui perd.

Vertu : Polémique stérile. Une pause n’implique pas une remise en cause de l’acquis existant mais de ne pas alourdir la réglementation. Ça se discute et ne mérite pas de tomber dans la critique excessive et outrancière.

StephaneBL : Macron n’est pas la maladie, il est le symptôme d’une société malade, qui vit dans le déni systématique, des lors que les mots « conforts », « pouvoir d’achat » ou emploi sont prononcés… on a beau jeu de lui jeter la pierre, quand nous vivons tous, avec bonne conscience, dans une société productiviste, et consumériste à l’excès…

Pour en savoir plus sur le long-termisme

Le long-termisme est une position éthique qui donne la priorité à l’amélioration de l’avenir à long terme. Le terme « long-termisme » a été inventé vers 2017 par les philosophes d’Oxford William MacAskill et Toby Ord. Bien que son expression soit relativement récente, certains aspects du long terme sont envisagés depuis des siècles. La constitution orale de la Confédération iroquoise, le Gayanashagowa, encourage toutes les prises de décision à « avoir toujours en vue non seulement le présent mais aussi les générations à venir »

Lorsque les Iroquois se réunissent en conseil pour examiner des décisions majeures, leur pratique est de se demander : « Comment cela affectera-t-il la septième génération ? » Chaque génération devrait s’engager à préserver les fondations de la vie et du bien-être pour les générations futures.

Chaque être humain a le devoir sacré de protéger le bien-être de notre Mère Terre d’où provient toute vie (chef Iroquois devant l’Assemblée générale des Nations Unies en 1985)

Il est de la responsabilité de ceux qui vivent aujourd’hui de s’assurer que les générations futures puissent survivre et s’épanouir. Le philosophe Fin Moorhouse résume les trois arguments clé du long-termisme comme suit : 1. « la vie des gens importe quel que soit le moment où elle se situe dans le futur » ; 2. il se pourrait bien qu’il y ait plus de gens en vie dans le futur qu’il n’y en a aujourd’hui ou qu’il y en a eu dans le passé ; et 3. « nous pouvons agir pour affecter de façon significative et prévisible l’avenir à long terme ». Notre propre génération n’est qu’une page d’une histoire beaucoup plus longue, et notre rôle le plus important est la façon dont nous façonnons – ou ne façonnons pas – cette histoire.

Le long-termisme est souvent discuté en relation avec les intérêts des générations futures d’humains. Cependant, certains partisans du long-termisme accordent également une grande valeur morale aux intérêts des êtres non humains.

Lectures complémentaires

Le long-termisme, la nouvelle philosophie qui voit (trop) loin

Le long-termisme, un concept dangereux ?

Le long-termisme écologique contre la myopie Lire la suite »

Action (non-)violente pour la décroissance !?

Les points de vue d’après Sainte-Soline sur l’utilité ou non de la violence militante sont très différents dans le mensuel « La décroissance » de mai 2023. Mais la destruction de biens nuisibles à l’environnement prônée par Andreas Malm nous semblent un incontournable.

Alain Refalo : La condamnation de la violence policière d’État à Sainte-Soline, à laquelle je souscris, ne saurait passer sous silence la dérive violente de groupes qui n’ont d’autres objectifs que la violence à l’encontre des représentants de l’État… Alors que la violence première provient de méga-bassines qui portent atteinte aux écosystèmes, celle-ci est reléguée au second plan au profit de l’agressivité des manifestants, considérés alors comme la cause première des violences… Le recours à la violence est synonyme de défaite programmée.

Soazic Le Bot : Réaffirmons notre engagement pour la non-violence qui se définit par une ligne rouge : ne jamais s’en prendre aux personnes. Mais quand des biens servent à perpétrer l’injustice sont identifiés, chaque fois que cela est possible, déconstruire plutôt que détruire, démonter plutôt que saccager, défaire plutôt que casser. Multiplier les mises hors service aux effets paralysants peut être important. Des petites pannes mineures peuvent neutraliser des systèmes entiers.

Stephen Kerckhove : Face aux urgences écologiques, avons-nous d’autres choix que ceux d’une action déterminée reposant sur une radicalité pleinement assumée ? A l’heure où notre monde se délite, nous n’avons plus le droit d’être inefficaces. Nous avons une obligation de résultat, au risque d’être co-responsable du drame entraîné par un capitalisme destructeur. La question de la légitime défense écologique, y compris dans sa forme violente, ne peut plus être écartée d’un revers de la main. Gesticuler et cliquer n’ont pour effet qu’entretenir l’idée que nous pourrions stopper l’effondrement en consentement à opérer un petit geste militant… Notre force ne doit pas reposer sur la violence, mais sur le nombre… La fin est dans les moyens.

Laurent Samuel : Pour un « vétéran » qui a participé le 30 juillet 1977 au rassemblement de Creys-Malville contre le surgénérateur nucléaire Superphénix, les reportages en direct de Sainte-Soline avaient un air de déjà vu. A l’époque Vital Michalon est tué, les poumons éclatés par la déflagration d’une grenade offensive. Ce drame semble avoir « vacciné » le mouvement contre la tentation du recours au sabotage, prôné par François d’Eaubonne au nom de la « contre-violence » et qui avait participé en 1975 à un attentat contre la centrale nucléaire de Fessenheim. Près de cinquante ans plus tard, le choc de Sainte-Soline, relancera-t-il les actions citoyennes sur le terrain ? En tout cas le caractère pacifique du rassemblement contre l’autoroute A69 le 22 avril 2023 montre que la violence n’est pas inéluctable. Pour moi, le débat démocratique, l’information du public, la participation aux élections et la résistance civile non-violente restent les meilleurs moyens de convaincre nos concitoyennes de l’urgence d’agir pour sauver le climat et la biodiversité.

Pierre Thiesset (qui classe Andreas Malm comme écoartuffe) : Notre homme revendique haut et fort la violence : « Quand commencerons-nous à nous en prendre physiquement aux choses qui consument cette planète – la seule sur laquelle les humains et des millions d’autres espèces peuvent vivre – et à les détruire de nos propres mains ? » trépigne-t-il dans son fameux livre Comment saboter un pipeline. » Inutile de dire que ce boute-feu s’est délecté du spectacle de Sainte-Soline. La voie que préconise un Andreas Malm quand il assène que l’avenir est « au communisme de guerre écologique », c’est celle du totalitarisme. Avis à Andreas Malm : les mots ont des conséquences. Il est très facile de se faire exalté derrière son clavier, d’appeler du haut de sa chaire universitaire à passer à l’offensive devant l’urgence de la catastrophe écologique… mais quand des corps meurtris sont laissés sur le carreau, on ne peut pas se défausser de sa responsabilité.

Andreas Malm (dans le livre cité par Thiesset) : Deux membres des Catholic Workers, Jessica Reznicek et Ruby Montoya, tout au long du printemps 2017, ont perforé à plusieurs reprises un pipeline en construction. Elles justifient : « Après avoir épuisé toutes les formes d’action possibles, dont la participation à des réunions publiques, la collecte de signatures pour réclamer des études d’impact environnemental, la désobéissance civile, les grèves de la faim, les manifestions, boycotts et campements, nous avons constaté l’incapacité évidente de notre gouvernement (américain) à entendre les revendications populaires. »…  

Elles ont fini par sortir de la clandestinité en revendiquant publiquement leurs actions : « Nous prenons la parole pour encourager d’autres à entrer dans l’action, le cœur pur, pour démanteler l’infrastructure qui nie notre droit à l’eau, à la terre et à la liberté. »

Pour aller plus loin grâce à notre blog biosphere

CLIMAT, faut-il saboter les pipelines ?

CLIMAT : « Comment saboter un pipeline »

Nous sommes la Terre qui se soulève

« Nous sommes les Soulèvements de la terre »

Urgence écologique, le rôle de la violence

Andreas Malm, le Karl Marx de l’écologie

Noël Mamère prend partie pour la castagne

Pour résister à l’agression publicitaire

Le point judiciaire sur la désobéissance écolo

Action (non-)violente pour la décroissance !? Lire la suite »

Écologie, la tentation du sabotage

Si les éco-militants n’ont pas pu accéder à la mégabassine de Sainte-Soline le 25 mars dernier, ils avaient déjà détruit des pompes et tuyaux de réservoirs d’eau lors de précédentes mobilisations. Ailleurs en France, d’autres militants écologistes multiplient des actions directes depuis des mois, qu’il s’agisse de pneus de SUV dégonflés, de trous de golf bouchés au béton, de cimenteries dégradées.

Si elle continue à faire débat, la destruction ou la dégradation de biens matériels au nom de l’urgence environnementale est désormais pratiquée par de nombreux activistes. La légitimité semble de leur côté !

Rémi Barroux et Audrey Garric : Beaucoup ciblent directement ceux qu’ils estiment responsables du désastre écologique : les industries polluantes et les citoyens les plus riches. « Il est légitime de tenter de mettre hors service un système qui nous met en danger, revendique Léa, membre d’Extinction Rebellion (XR). On se réapproprie le droit de se défendre, car l’État ne le fait pas ou, pire, encourage ce système. » Andreas Malm, professeur à l’université de Lund : « Les superyachts, jets privés, SUV, centrales au charbon ou gazoducs tuent des gens », en émettant de grandes quantités de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique. « C’est donc une forme de réduction des dommages et de prévention de la mort que de les détruire » Des divergences demeurent cependant sur l’usage du sabotage et surtout sur sa définition et son périmètre. A Greenpeace, on a déjà réalisé de tels gestes, comme en 2010-2011 quand on avait démonté des rails pour empêcher des trains de matières radioactives de circuler. Nombre de militants préfèrent désormais le terme « désarmement », utilisé par Les Soulèvements de la Terre. Il y a un renversement de la responsabilité : avec le “désarmement”, ce ne sont plus les auteurs de sabotage qui sont hors la loi, mais l’État, les industriels ou les tenants de l’agriculture intensive qu’il faut empêcher de détruire le vivant .

Pour toutes les organisations, la non-violence à l’égard des personnes reste la ligne de conduite partagée.

Le point de vue des écologistes (face à leurs opposants)

Krikri : Lançons un appel à une vraie insurrection : personne ne part en week-end ce week-end, ni lors du week-end de l’Ascension ni lors du week-end de la Pentecôte. Tout le monde reste chez soi ou on prend le train exclusivement. Personne sur les routes. Ça, ça serait une vraie insurrection.

Ben : Et vous croyez ne serait-ce qu’une seconde qu’un tel appel ait la moindre chance d’aboutir à quelque chose de significatif ? Il faut redescendre sur terre et se rendre compte que convaincre nos concitoyens (et souvent nous-même…) est une tâche immense qui prendra du temps. Surtout si on veut le faire en restant dans une démocratie et un pays de liberté.

Krikri @ Ben : Ha ha ha ! J’attendais votre réaction. Donc critiquer Macron, Darmanin, casser du matériel, oui ! Mais prendre de vraies initiatives personnelles demandant un peu de contraintes, non !

Vince : Lorsque l’habitabilité de la terre est menacée, il semblerait assez naturel d’invoquer la légitime défense. Ce grand principe va donc s’opposer à la liberté et aux lois inadaptées compte tenu de la menace sur nos vies et celle des générations futures. Peut-on, parce qu’on en a les moyens, compromettre la survie de ses semblables ? De plus en plus la légitime défense va primer.

PChabert : La violence est l’expression de ceux qui ne parviennent pas à trouver des arguments convaincants pour toucher leurs interlocuteur. Je préférerais qu’ils retravaillent leur argumentaire. Aujourd’hui les écologistes apparaissent comme des Jansénistes qui promettent l’enfer à ceux qui ne les croient pas. Nous partons vers une nouvelle guerre de religion

Débattre et choisir : L’existence de dieu n’est pas prouvée, le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité à cause des humains, si. Les conséquences à venir de ces 2 catastrophes sont également décrites très précisément et se vérifient d’année en année. Si vous cherchez un argument bidon pour justifier votre envie de ne faire aucun effort, cherchez mieux…

Provençal : le fascisme n’est plus d’extrême droite, mais de gauche. Essayer d’imposer ses idées, ou ses fantasmes ce qui pour eux revient au même, par la force est une méthode fasciste.

Sharpy @ Provençal : Le fascisme, puisque le point Godwin est déjà pulvérisé, était dominant en Italie dans les années 30, comme le Nazisme en Allemagne. Consideriez-vous donc que les résistants de ces pays, s’opposant à la volonté majoritaires, étaient les véritables « fascistes », et la majorité dans le droit? Je ne suis pas en train de dire que nous vivons la même chose aujourd’hui, ni même que les actions décrites dans l’article sont nécessairement légitimes. Juste que les mots ont un sens. De même que le mot « fantasme » quand on parle de la crise climatique.

Castanea : 100% légitime parce que VITAL dans le sens le plus absolu et entier du terme. Mille fois hélas mais nos sociétés l’ont bien cherché : on a perdu sur le terrain du TEMPS que l’on ne peut plus rattraper.Personnellement, plus de 30 ans que je hurle dans le désert contre le changement climatique et ses risques et contre la destruction des écosystèmes qui nous portent tous et nous maintiennent en vie. Résultat : +1,2°C et VIème extinction… Tristesse infinie. C’est ce temps perdu qui justifie NECESSAIREMENT, INEVITABLEMENT les sabotages. Ces derniers iront en s’aggravant et il faudra veiller de toutes nos forces à ce que cela ne finisse pas contre les personnes.

baobab dégingandé : Chutt Wutty, Remi Fraisse, Suresh Oraon, Berta Caceres, Samir Flores Soberanes… Entre 2012 et 2021, 1700 militants écologistes ont été tués dans le monde selon Global Witness. Qui est violent ? En 2010, on était à 0,9°C de réchauffement climatique, aujourd’hui on est à 1,1°C. Juste deux dixièmes de degrés de plus et vous voyez la différence (méga-feux, sécheresses, inondations meurtrières…). En 2030, on sera à 1,5°C et ensuite, ce sera 3°C. Qui est violent ?

Vibe : Le problème de fond, c’est l’absence de débouchés significatifs aux revendications écologiques.. revendications qui ne sont pas d’ordre égocentrique ou individualiste (à la différence des intérêts capitalistes) mais liées à la fois à la dette écologique des plus riches et à notre survie. On a affaire à une légitimité suprême. Dans un tel contexte, l’absence de débouchés politiques ne peut conduire qu’à des actions illégales. Pour l’instant ça relève du sabotage.. mais rien ne dit que ça en restera là. Charge aux concernés à se remettre en cause et à évoluer dans le bon sens.

Profdéco : De quelles sanctions sont passibles les politiques de sabotage des conditions de vie sur terre ?

Michel SOURROUILLE : Un commentaire antérieur me parle, « De quelles sanctions sont passibles les politiques de sabotage des conditions de vie sur terre ? ». La réponse pour l’instant est rien ou pas grand chose. La notion de crime écologique commence juste à être abordée. On dirait que l’article 4 de la Charte de l’environnement (28 février 2005) n’existe pas : « Toute personne doit contribuer à la réparation des dommages qu’elle cause à l’environnement, dans les conditions définies par la loi. » Pire, toute action radicale contre les biens qui nuisent au bien commun sont appelées « écoterrorisme » par notre ministre de l’intérieur Darmanin. On dirait que la notion de « crime de terrorisme écologique » (article 421-2 du Code pénal français, loi du 22 juillet 1996) qui se définit comme l’introduction « dans l’atmosphère, sur le sol, dans le sous-sol ou dans les eaux, d’une substance de nature à mettre en péril la santé de l’homme ou des animaux ou le milieu naturel » n’existe pas !

Notre blog biosphere aborde le problème depuis longtemps

crime écologique (2009)

crime écologique, crimes verts, écocide (2011)

« Préjudice écologique », ou plutôt crime écologique (2013)

Crime écolo, difficultés du principe pollueur-payeur (2015)

Réparation des dommages écologiques et chaos législatif (2016)

Crime d’écocide, bientôt la reconnaissance officielle (2017)

Valérie Cabanes, l’écocide est un crime (2022)

en savoir plus sur le concept de sabotage

Cette pratique – dont l’étymologie renvoie aux sabots qui mettaient les machines hors service – s’inscrit dans une longue histoire, qui débute au XVIIIe siècle avec le luddisme. Les artisans s’en prenaient aux métiers à tisser et machine des manufactures qui amenait à la faillite leur activité. Le mot « sabotage » fait ensuite référence aux actes des résistants pour s’opposer aux nazis pendant la seconde guerre mondiale. Désormais, cette action est définie dans le code pénal par « le fait de détruire, détériorer ou détourner tout document, matériel, équipement (…) de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation » En se basant sur cette définition du code pénal, les militants de XR considèrent par exemple qu’asperger de peinture la Fondation Louis Vuitton, comme ils l’ont fait le 1er mai, ne constitue pas un sabotage.

La jurisprudence pourrait évoluer, certains tribunaux reconnaissant parfois l’état de nécessité ou invoquant la liberté d’expression.

 

Écologie, la tentation du sabotage Lire la suite »

De l’inutilité absolue de l’espèce humaine

La réponse classique apportée à la question : « A quoi sert l’homme ? » à savoir : à rien, ou plus exactement, à rien d’autre qu’à lui-même… est la réponse la plus réaliste qui soit. Chasser Dieu pour mettre l’homme à la place était un mauvais calcul. L’idéologie des Lumières était suicidaire. Kant, théoricien de la bourgeoisie montante, a conceptualisé l’inutilité sublime de l’homme qu’il érige de surcroît en impératif catégorique : « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité, soit dans ta personne, soit dans la personne d’autrui, toujours en même temps comme une fin, et que tu ne t’en serves jamais simplement comme un moyen. » L’homme devient donc lui-même sa propre fin, l’homme se referme sur lui-même.

L’homme n’est finalement qu’un animal comme les autres, à ceci près (qui n’est quand même pas rien) qu’au lieu de jouer le rôle qui lui est attribué au sein du processus évolutionnaire, il essaie de changer les règles pour ce qu’il croit être son profit ! Pour les transhumanistes, l’homme n’est qu’une transition et il faut le faire accéder à l’étape suivante. Là encore, une bonne volonté gluante et autocentrée conduit à une logique du pire.

A quoi sert Woody Allen, à rien, aucune utilité

Woody Allen  :« Aujourd’hui, on va sur la Lune et sur Mars, on a des ordinateurs et des robots, mais nous avons les mêmes problèmes émotionnels que les Grecs il y a cinq mille ans : la passion, la jalousie, la haine, la solitude, l’amour d’un autre et la frustration, rien de tout cela n’a changé, cela tourne en rond encore et encore, et dans cinq mille ans les gens continueront à aimer, à être jaloux et à se sentir trahis. C’est Wonder Wheel, la même grande roue qui n’amène nulle part. J’ai essayé de trouver un sens à la vie mais j’ai laissé tomber.

A quoi sert donc l’humain, à rien, aucune utilité (2018)

Dominique Lestel : A quoi sert l’homme aujourd’hui ? A rétablir une harmonie du monde, celle que l’humanisme a détruit en considérant l’humain comme une sublime inutilité, pour l’avoir élevé à une fin en soi en le plaçant au-dessus de tout. Comment permettre à l’homme de se rendre de nouveau hospitalier à cette Nature dont en fin de compte il n’est jamais sorti ? L’écologie doit assumer l’idée que l’homme et la nature sont, non pas seulement irrémédiablement liées, mais ontologiquement consubstantiels. Il s’agit moins de préserver la nature que de reprendre conscience de la texture qui lie l’homme au monde vivant dans lequel il est profondément immergé. Si l’homme ne sert vraiment à rien, il peut au moins servir à s’éliminer lui-même !

à quoi sert la vie humaine ? (2009)

Avant la naissance ou au moment de la mort, il n’y a pas en soi de définition d’une vie digne d’être vécue ; tout dépend d’une élaboration sociale. Quelle décision philosophico-politique prendre dans le cas des Alzheimer qui n’ont de la dignité humaine que l’apparence charnelle ? Quelle décision philosophico-politique prendre dans le cas des fins de vie dans des hôpitaux-prisons-mouroirs ? L’acharnement des partisans de la vie malgré tout me paraît incompréhensible. Il me paraît plus sain d’empêcher la perte de biodiversité et l’extinction des espèces plutôt que de vouloir préserver la vie des humains qui ne servent plus à rien.

Le point de vue des écologistes sans illusions

A quoi sert l’homme ? Si on pose cette question à quelqu’un, il répondra spontanément « Je n’en sais rien ». En effet, il n’y a pas de réponse nécessaire. L’homme aux multiples facettes ne trouve de sens à son existence qu’au fur et à mesure de son vécu, imprégné par sa socialisation et motivé par des réflexes ethniques. Dans un monde occidentalisé, il a même oublié le sens de l’harmonie avec la biodiversité d’une planète qu’il considère comme extérieure à lui-même. Il n’y a plus de Nature, il n’y a qu’environnement. Tant qu’il en sera ainsi, non seulement l’homme ne trouvera pas à quoi il sert vraiment, si ce n’est en produisant et consommant de la futilité pour oublier à quoi il pourrait servir. Finalement l’homme actuel ne sert qu’à lui-même, il est baigné dans l’anthropocentrisme des discours publicitaires. Il se sert, dans une nature taillable et corvéable à merci !

A quoi donc sert l’homme ? Comme les humains ne sont qu’une des mailles du tissu du vivant, ils doivent d’abord servir à protéger le vivant contre eux-mêmes, ils doivent retrouver le sens des limites. Devenir la forêt qui se protège elle-même, devenir une espèce menacée qui se protège elle-même. L’espèce homo sapiens ne vit pas hors sol : si les écosystèmes ne sont pas robustes, alors l’humanité ne le sera pas non plus.

à quoi sert l’homme ? (2007)

Des raisons d’espérer en l’espèce humaine

Biosphere-info septembre, l’espérance en mouvement (2018)

Un producteur de bois a déclaré un jour qu’en regardant un arbre, tout ce qu’il voyait était un tas d’argent sur une souche.

Parce que notre culture industrialisée a oublié le principe de réciprocité, les forêts continuent à rétrécir et les déserts à croître.

Le même fleuve de vie qui court à travers mes veines court nuit et jour à travers le monde (Rabindranath Tagore)

J’essaie de me rappeler que ce n’est pas moi, John Seed, qui essaie de protéger la forêt tropicale. Mais plutôt que je fais partie de la forêt tropicale qui se protège elle-même. Je suis la partie récemment émergée de la forêt tropicale qui a le pouvoir de se penser.

Il est facile de dénigrer une action hors contexte en pensant : « Cela ne sert pas à grand chose. » Pour se rendre compte du pouvoir d’une simple action, il faut au contraire se demander : « De quoi fait-elle partie ? »

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Désinfluenceur, pour dire déconsommation ?

Les critiques se durcissent à l’encontre des « influvoleurs » qui pratiquent notamment le dropshipping (comprendre : la vente à des prix élevés de produits de piètre qualité). La désinfluence (#deinfluencing) émerge au moment même où les escroqueries virales se multiplient. Le hashtag #deinfluencing comptabilise plus de 500 millions de vues sur TikTok, le hashtag #ootd [outfit of the day, soit “look du jour”, en français] représente à lui seul 100 milliards de vues.

Il devrait être évident pour tous les citoyens que n’importe quelle publicité est faite pour provoquer la surconsommation, donc l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Du point de vue des écologistes, la publicité, qui n’est qu’une forme sournoise de propagande, devrait être interdite. Comment continuer à accepter qu’il soit autorisé de faire le vide dans les cerveaux pour inciter à boire du Coca Cola ou à rouler en SUV ?

Sophie Abriat : La tiktokeuse Michelle Skidelsky (147 000 abonnés), acheteuse compulsive repentie, liste dans ses vidéos des produits à la mode « dont vous n’avez pas besoin ». Les désinfluenceurs s’inscrivent à contre-courant de la tendance populaire du haul (« butin »), qui, sur TikTok, consiste à déballer face caméra des montagnes de produits achetés lors de virées shopping. Mais la plupart du temps, ces créateurs de contenu suggèrent à leurs followers des produits alternatifs ! Beaucoup d’observateurs dénon­cent une forme de « greenwashing de l’influence », une posture écolo qui surferait sur la tendance à la déconsommation.

Lire, dévoiturage, dépublicité, détwitter

Le point de vue des écologistes casseurs de pub

La publicité a été inventée en 1899 aux Etats-Unis et les annonces insérées dans les journaux se contentaient de transcrire les arguments utilisés par les vendeurs dans les magasins. Mais les sociétés occidentales sont devenues si riches que les consommateurs n’avaient plus besoin d’acheter une grande partie de la production : pour éviter la dépression, on a généralisé la publicité. Les entreprises profitent de l’indéterminisme des désirs humains pour imposer leurs propres produits, les spécialistes du conditionnement ont instauré le règne du vieillissement psychologique des biens et des services. Ils utilisent principalement le dualisme psychologique imitation/différenciation pour lancer les nouveautés et agissent par le matraquage publicitaire qu’autorise leur puissance financière.

Michel SOURROUILLE : Le 8 juin 1970 j’écrivais ce qui me semble toujours d’actualité : « Qu’est-ce que la violence quand les affiches publicitaires agressent l’homme qui pense. La publicité, c’est un conditionnement absurde à acheter l’inutile, l’appel au sexe subi, à l’orgueil, à la puissance et à l’envie. C’est nuisible. » En mars 1971, j’étudie La persuasion clandestine de Vance Packard : « Il est impossible d’établir comme postulat que les gens savent ce qu’ils veulent. Il est même dangereux de croire les gens capables d’une conduite rationnelle… Par homme, femme ou enfant d’Amérique, 53 dollars furent dépensés en 1955 pour le ou la persuader d’acheter… Certaines sociétés de produits de beauté se mirent à dépenser en publicité ¼ de ce que rapportaient leurs ventes… La publicité vient de créer le vieillissement psychologique des choses, grâce entre autre au phénomène de mode. Plus est grande la similitude des produits, moins le rôle joué par la raison dans le choix de la marque est important… »

Tout peut se voir reconnaître une valeur par le cerveau bizarre des Homo sapiens, même des choses absurdes comme subir une influence pour se guérir de l’influence et déconsommer en achetant une marque plutôt que d’autres. Penser à dépenser ou de pas penser à dépenser, se faire dés-influencer par des influenceurs soi-disant repentis qui finalement nous influencent en nous dés-influençant. Que le monde actuel est beau ! Attendez, et si on évitait les réseaux d’influence, tiktok, etc. ?

Il y avait une époque où on contestait la publicité, la jugeant non seulement inutile mais nocive. Mais aujourd’hui les humains sont devenus des marchandises comme les autres, ils se vendent, il sont achetés, ils sont jetés. La consommation inutile est destructrice de ressources, refusez toute publicité, refusez la lobotomie, devenez casseurs de pub.

Pour en savoir plus sur la machine à décerveler

Publicité, désinformation et dévastation du monde (2013)

Action municipale contre la publicité, autres actions… (2014)

Ascèse ou désir, l’emprise de la publicité sur nos vies (2015)

Faire disparaître les riches, l’innovation… et la publicité (2016)

publicité pour Nutella = disparition des orang-outan (2018)

Tout savoir sur la publicité qui nous dévore (2020)

Publicité et lutte pour le climat, le fiasco (2021)

Publicité, une agression caractérisée (2022)

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Match de foot ou d’échecs ? Plutôt Meadows

Connaissez-vous le résultat du match de foot entre Toulouse et Nantes le 29 avril ?

Si vous dites non, c’est que vous habitez sur une autre planète tellement les médias nous abreuvent d’un ballon rond qui normalement ne devrait intéresser que ceux qui pratiquent ce jeu sans avoir besoin du foot-spectacle.

Connaissez-vous Ding Liren ?

Si vous dites oui, c’est que vous connaissez bien ce jeu où le spectateur peut essayer de jouer en même temps que ceux qui sont en train de jouer, il suffit de savoir déplacer les pièces avec méthode. Le 30 avril, Ding Liren devient le premier Chinois à décrocher le titre mondial aux échecs.

Connaissez-vous Dennis Meadows ? Si vous répondez non, c’est que vous vous footez complètement du sort des générations futures… Exercice de repêchage, notre post ce matin, Meadows, Mondes en décroissance

Le point de vue des écologistes joueurs

Le foot-spectacle n’est qu’un prélude aux mouvements de masse

Lire,foot, opium du peuple

mais aussi, BIOSPHERE-INFO, futilité du mondial de foot

Le jeu d’échecs est le plus écolo des jeux qu’on connaisse (avec le jeu de go)

Lire, Le jeu d’échecs est un jeu utile et très écolo

mais aussi, Féminisme, écologie et jeu d’échecs

Le plus écolo en fin de compte, c’est de lire Meadows

les limites de la croissance ou rapport au club de Rome (1972 )

Les limites à la croissance (dans un monde fini) de Meadows et Randers (2004)

(traduction française de The limits to Growth – The 30-year update)

Les limites de la croissance selon Gerondeau et Meadows (mai 2012)

la nature va gagner contre l’homme, Meadows l’a dit (juin 2012)

croiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiissance, Meadows contre Hollande (juin 2012)

MEADOWS et la décroissance démographique (juin 2022)

Meadows, rien n’a changé depuis 1972, la cata (avril 2023)

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GPT, intelligence artificielle et/ou collective

Avec ChatGPT, tout se passe désormais comme si créer une œuvre consistait à assembler des extraits d’œuvres antérieures. Avec ce blog biosphere, l’enjeu est de reproduire ce qui se dit de plus significatif publiquement sur notre avenir commun. C’est la même démarche. De notre point de vue d’écologistes, c’est l’imaginaire social qui conditionne nos comportements. Nous assistons aujourd’hui à une dégradation des imaginaires par le consumérisme et à un abrutissement spectaculaire avec la société des loisirs. Nous sommes soumis à l’imaginaire de la démesure et à la boulimie des privilégiés, soumis à la surenchère de la marchandisation et de l’endettement massif. Nous sommes bercés par l’imaginaire des partisans des jolies centrales nucléaires tellement propres et de l’imaginaire extractiviste. Nous sommes victimes de la colonisation de notre imaginaire par le productivisme et le croissancisme.

Nous sommes comme Nicolas Hulot qui voulait créer un nouvel imaginaire collectif, construire un monde, ne plus le regarder se défaire devant nos écrans… Nous sommes comme Serge Latouche, il nous faut décoloniser l’imaginaire actuellement imposé et choisir le pari de la décroissance, choisir la pensée créative contre l’économie de l’absurde. Un changement culturel d’ampleur ne peut arriver en un jour, il se forge par étapes successives contre le règne des SUR : surcroissance, surconsommation, suremballage, surabondance, suractivité, surpâturage, surpêche, sur-communications, surendettement, surmondialisation, sur-mobilités, sur-tourisme, suréquipement, surmédicalisation, surpuissance technologique, etc. On peut imaginer le résultat final, en DÉ : décroissance, démondialisation, désurbanisation, dévoiturage, dépopulation, dé-technicisation, démilitarisation, décentralisation, etc. Bien sûr un tel récit collectif est inaudible actuellement… pourtant quand nous n’aurons plus de pétrole mais le réchauffement climatique en prime, nécessité fera loi. Il y aura planification du rationnement si tout se passe bien, c’est-à-dire de façon maîtrisée.

ChatGPT peut-il venir à l’aide des objecteurs de croissance ? Une intelligence artificielle du nom de Gj’ai, Ppé, Tté, est-ce perspicace ?

Pierre Moeglin : Le choix du libre accès de ChatGPT ne vient pas de l’altruisme de généreux bienfaiteurs, la réalité est qu’ils n’avaient pas le choix. ChatGPT collecte des données dont l’origine est difficile à identifier. La gratuité est donc supposée éviter les problèmes de droits d’auteur et de propriété intellectuelle. Tout se passe en effet comme si créer une œuvre consistait à assembler des extraits d’œuvres antérieures. Pour répondre aux questions les plus variées, il synthétise en quelques paragraphes une quantité gigantesque d’informations. Le bon créateur ne se distinguerait des autres plagiaires que par la diversité de ses sources et par sa manière de les reprendre à son compte. Qu’y a-t-il de choquant après tout ? Dans Sens unique (1928), le philosophe Walter Benjamin (1892-1940) voyait en un livre scientifique un simple intermédiaire entre deux fichiers : celui servant à la rédaction de ce livre et celui qui, à partir de ce même livre, sert aux chercheurs ultérieurs.

Le point de vue des écologistes unifiés

D Pesce : Il semble qu’il y ait une grosse incompréhension de ce qu’est cet IA … son but n’est pas de remplacer Wikipedia mais d’être capable de produire un discours cohérent et pour lequel les humains ne peuvent savoir s’il a été écrit ou non par une machine. Ce n’est pas un super-wikipedia qui cite ses sources, il n’en cite aucune d’ailleurs

montaphilant : Force est de reconnaître que malgré un accès de plus en plus ouvert au plus grand nombre aux connaissances antérieures, aucun « génie » capable de produire un changement de paradigme CDP ne semble émerger du fatras inextricable des connaissances actuelles et ce n’est pas avec le « mixer » de l’AI que l’on sortira du tunnel de la « décroissance » intellectuelle actuelle.

Michel Sourrouille : Je ne suis qu’un passeur. Je ne fais que transmettre les connaissances que j’ai acquises. Chacun de nous apprend aux autres, consciemment ou inconsciemment, de façon maladroite ou pertinente. Car chacun de nos actes ou presque est jugé par d’autres, servant de modèle ou de repoussoir. Toute mon existence militante a été vouée à (in)former après m’être (in)formé, et peu importe de ne pas obtenir immédiatement un résultat probant. Aucun individu ne peut seul changer la société, c’est notre comportement commun qui fait le sens de l’évolution. Il me suffit d’avoir fait ce que j’estimais devoir faire, la part du colibri. Pour aider à améliorer le monde, j’ai soutenu et propagé tout ce qui à mon avis allait dans ce sens, la non-violence, l’objection de conscience, le féminisme, le naturisme, le biocentrisme, le sens de l’écologie, le sens des limites de la planète, l’objection de croissance, le malthusianisme, la simplicité volontaire…

Betiktik : Toute création ne saurait se comprendre sans la connaissance de ce qui l’a précédé. Par ailleurs, nous pourrons peut-être mieux distinguer les vrais « créateurs », ceux dont la production représente un saut conceptuel et qualitatif sur ce qui précède des escrocs intellectuels qui copient les modes, les tendances et ne sont que des suiveurs.

arthur Hemmer : Évidemment que la définition de « création » ex nihilo est impossible de manière générale. Mais plus prosaïquement l’immense majorité des êtres humains 1. créent très peu ou pas et 2. sont en contact dans leur vie avec des objets ou des notions qui répètent l’existant sans aspect créatif véritable …donc l’IA ne les perturbera pas du tout.

Chronos : Quand au déclassement de l’humanité, il est clairement enclenché : ce sont les humains qui seront les assistants de l’I.A. et non l’inverse ! Pour le bien de l’humanité, peut-être : nos cerveaux d’homo-sapiens semblent bien limités pour résoudre des problèmes d’une très grande complexité.

pierre guillemot : Dans « Le nom de la rose », le film, Jorge de Burgos, le bibliothécaire aveugle, dit dans son sermon qu’il est vain d’écrire, que tout discours nouveau est une récapitulation de ce qui a déjà été dit.

Pgayet : Soyons clair: que fait un artiste? Il accumule des impressions du monde extérieur, des émotions et des connaissances, les intégre, les mélange plus ou moins consciemment, et les redonne par une composition, qui elle aussi, dépend de ses émotions, impressions et connaissances… Il s’agit davantage d’un processus de reproduction que de création, modifié par le filtre qui l’opère… la différence avec un ordinateur ? C’est juste la composition et la nature du filtre.

Biosphere : Le programme développé par Google DeepMind pour le jeu d’échecs s’était nourri de millions de mouvements de joueurs professionnels et avait joué contre lui-même pour ­apprendre de sa propre expérience et trouver le meilleur coup ; information totale et capacité de décision optimale. ll n’est donc pas impossible qu’un logiciel au niveau politique résolve les problèmes généraux du monde réel. Les paramètres sont connus et bien analysés par moult études politico-sociologiques, reste à accepter la bonne décision en la confiant à un ordinateur en lieu et place d’un système démocratique complètement bloqué !

Nos textes antérieurs sur ce blog biosphere

Vers un imaginaire partagé décroissanciste (octobre 2022)

L’utopie écologique, un imaginaire à vivre (novembre 2019)

Perdre l’imaginaire de la nature nécessite de le retrouver (mai 2014)

contre les frontistes, l’imaginaire collectif écolo ! (juillet 2013)

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Noël Mamère prend partie pour la castagne

L’ancien maire de Bègles (Gironde) et ex-candidat écolo à la présidentielle de 2002 fait suite, dans une tribune, aux affrontements de Sainte-Soline. Il y dénonce la stigmatisation des militants écologistes et la guerre menée contre eux. Des Internautes s’écharpent, la contre-violence de la génération climat par la violence est-elle légitime ?

Noël Mamère en avril 2022 : La FNSEA vient d’élire à sa présidence le patron d’Avril, puissant groupe agro-industriel international, dont la devise « Servir la terre » sonne comme une provocation. Parce qu’elle se sent trahie, la génération de jeunes militants constate les limites des marches pour le climat et des happenings bon enfant. Elle se contentera de moins en moins de la désobéissance civile non violente, pourtant inscrite dans notre culture politique depuis le XIXe siècle. Pour cette génération, la désobéissance est devenue « résistance », avec tout l’imaginaire qui l’accompagne. Il ne faudra pas s’étonner si certains basculent dans des formes d’activisme incontrôlables.

Les tenants du système thermo-industriel

contre le point de vue des écologistes

walhalla : C’est plutôt les écologistes radicaux qui ont décidé d’une guerre totale contre l’état de droit, non ?

Où atterrir : Euh…de la soupe sur un tableau vitré, des personnes enchaînées aux portes, allongées sur une route…c’est cela la guerre totale? La guerre totale, si on ne fait rien, vous l’aurez et elle sera sans commune mesure: mega-feux, mega-canicules, mefa-sécheresses, mega -empêtes, montées des eaux… Aujourd’hui, on peut éventuellement parler de guerre totale pour la guerre que mène l’humanité contre le vivant et le climat.

Mauvais sang : C’est clair, il s’agit d’une déclaration de guerre totale de la part de Noël Mamere. Il pose ainsi une justification préalable d’actes éco-terroristes à venir. Il fait partie des gens qui perdent régulièrement les élections et ont pourtant décidé d’imposer leur loi au peuple. Ils auront la réponse sans faiblesse d’un état démocratique, avec l’utilisation légitime des forces de l’ordre.

Aelsa : Je suis sidérée par le nombre de commentaires (suivant servilement les éléments de langage gouvernementaux) qui se réfèrent à « l’Etat de droit » ou à la « loi » comme arguments ultimes, après lesquels tout un chacun n’aurait plus qu’à observer un silence quasi religieux. La culture historique la plus sommaire devrait pourtant indiquer que dans certains cas, c’est dans le non-respect d’une loi injuste que réside la défense de l’intérêt commun. A tout le moins doit-on pouvoir débattre sur le fond et non brandir le respect de la loi comme réponse à toute interrogation sur le bien-fondé de certains projets, comme les mégabassines (l’histoire de l’enquête publique est une vaste blague). La loi évolue dans le temps pour suivre ce qu’une nation estime être juste. C’est sur ce point qu’il faut discuter : est-il juste de réserver l’eau (par exemple) à quelques-uns ? Est-il juste de compromettre par la préservation du statu quo la survie d’autres espèces, et de la nôtre ?

Daniel Lattanzio : Cette tribune justifie les exactions à venir, non celles des groupes ultra violents mais des simples militants écologistes persuadés de « défendre l’intérêt général et le bien commun ». J’appelle cela mettre de l’huile sur le feu. Et certains ici disent merci. Irresponsable.

ti Gilou : Merci M. Mamere pour votre tribune. Elle exprime clairement ce que je pense.

PERSPICACE : Dans la mesure où Noël Mamère considère légitime « la désobéissance civile », il en conclût forcément que les écologistes sont au dessus des lois de la République…

Une arlésienne : Comment doit-on faire pour s’opposer à un crime écologique, une fois que l’on a expliqué poliment que ce n’était pas bien, mais qu’on vous a juste envoyé des gendarmes armés d’armes de guerre inconnues dans les démocraties voisines ?

PMF : On s’étonne de l’incapacité des Verts à s’affranchir de cette pensée gauchiste totalement inutile à la cause environnementale. Avec N. Mamère, on se rappelle ici que ça vient de très très loin. Comme une sorte ADN. Aucun risque de mutation, sauf par manipulation génétique.

Fer : Macron et sa bande de thuriféraires vivent encore dans les Trente Glorieuses. C’est leur référence idéologique. Incapables de changer, d’évoluer, d’observer. L’obstination poussée à son paroxysme, par hubris. Nucléaire, agriculture intensive, élevage industriel, chasse pêche traditions, ventes d’armes, autoroutes, aéroports, Jeux Olympiques… C’est effarant d’en être encore là en 2023. Et de stigmatiser tous ceux qui voudraient changer.

-Alazon- Imagine-t-on la même tribune d’un nationaliste ou d’un islamiste ? Il dormirait en prison et les groupuscules auxquels il appartient seraient dissous depuis longtemps. Les appels à l’illégalité et à la violence des écologistes ne doivent plus être tolérés. Ces gens doivent apprendre à respecter les décisions des urnes.

DP4 : Merci M Noël Mamere, en tant qu’agriculteur retraité et après 44 ans dans l’élevage, j’affirme que l’on peut produire sans de mégabassines et que celles-ci ne servent que la volonté d’une minorité de vouloir faire continuer coûte que coûte un système de production obsolète. La FNSEA et ses acolytes coopératives, n’ont jamais défendu la bio, et on même tout fait pour éviter son développement, en canalisant ces marches vers ses structures, et en les étouffants. L’écologisme sera au 21ème siècle ce que le communisme a été au 20ème… un vent de révolte contre un système agro-industriel injuste et aujourd’hui destructeur.

Colette.19 : Merci pour cette tribune. Quant aux « fans » du productivisme, de l’agriculture industrielle (dont l’objectif n’est pas de nourrir les populations mais d’enrichir une minorité), de l’empoisonnement des terres, de l’eau, du vivant …, je plains leur aveuglement, ou leur paresse intellectuelle, ou leur soumission, surtout devant les conséquences de plus en plus désastreuses du réchauffement climatique. La servilité ne fait pas des humains « libres ».

Noël Mamère en novembre 2022 : Dans le cas des bassines, c’est une faute que de jeter en pâture des militants et militantes qui n’ont d’autre souci que de préserver l’avenir de l’humanité. Cette qualification infamante adressée à des militantes et militants qui, dans leur immense majorité, ne font que s’inscrire dans une longue tradition de désobéissance à de grands projets inutiles, a été mûrement réfléchie au sommet de l’État. Avec l’objectif de nous imposer son vocabulaire, relayé par de nombreux médias et réseaux sociaux, pour dicter ses valeurs ! Les tactiques militantes peuvent allier le refus de tout compromis et le recours à des actions illégales pour s’attaquer à des projets jugés nocifs pour le vivant.

Lire aussi, Mamère quitte EELV, les rats veulent diriger la danse (2013)

 

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De la difficulté de manger des œufs écolo

Pour la onzième année consécutive, le SIVOM renouvelle l’opération « Adopte Un Bec ». Des poules pondeuses vous seront proposées, par deux, au tarif symbolique de 1€ par volatile. Grâce à ces poules, vous pourrez avoir régulièrement de bons œufs frais, et vous participerez activement à la réduction des déchets, en effet : chaque poule peut consommer environ 10 kg de restes alimentaires par mois, soit environ 250 kg de déchets pour un couple de poules sur une année. Autant de déchets en moins pour la planète !

https://contact.sivom.com/vos-demarches/reservation-de-poules-pondeuses/

MAIS en Île-de-France, la consommation d’œufs de poulaillers domestiques vient d’être déconseillée par les autorités sanitaires !

Stéphane Mandard : Les Franciliens sont invités à ne plus consommer d’œufs issus de poulaillers domestiques situés en Ile-de-France, après la découverte d’une contamination généralisée et avec des teneurs parfois très élevées (jusqu’à cinquante fois supérieures aux seuils réglementaires européens appliqués aux œufs commercialisés) en dioxines, furanes et PCB, trois familles de polluants organiques persistants, aux effets potentiellement dangereux pour la santé. Cela ne concerne pas les productions d’œufs intégrés à une filière commerciale, qui font l’objet de contrôles prévus réglementairement.. Pour l’ARS (agence régionale de santé), ces résultats signifient que ces trois familles de POP sont « présentes dans tout l’environnement urbain, et non pas spécifiquement aux abords des incinérateurs… Il n’existe aucun traitement pour éliminer ces substances de l’organisme ».

Le point de vue des écologistes amoureux de leurs poules

Macaroni : « Origine de ces contaminations […] pas encore établie », »contactée, l’ARS n’a pas répondu à nos sollicitations ». Quelle hypocrisie !

Calouska : En fait, c’est une pub pour acheter ses œufs au supermarché.

Newone : Quid du miel de la ruche installée sur le toit de notre bureau parisien ? Comestible ? Quel niveau de dangerosité ?

MF : On ne peut pas consommer les œufs parce que les poules qui les pondent vivent dans un environnement trop pollué. Par contre, les humains pourraient y vivre sans problème ?

Ecotox : C’est simple: manger tout produit fabriqué à ciel ouvert dans un environnement urbain met en péril votre santé. Il n’y a pas que les œufs. Il y a tout le reste, légumes et miels compris.

Stéphane Savoie : Deux nouvelles a peu d’intervalle révélant que, ici, les œufs peuvent être hautement contaminés… et une précédente qui indique des taux de résidus de pesticides 4 a 5 fois plus élevés dans l’eau du robinet que la norme !!!

Patrick : Vivement l’interdiction des automobiles. Leurs propriétaires ont-ils conscience de tuer des gens avec leurs particules fines ?

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere

Ecolomaniak déconfine ses deux poules

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Projet de l’écologiste Marine Le Pen

L’ENVIRONNEMENT POUR UNE ÉCOLOGIE FRANÇAISE

Un programme de 18 pages « pour la France » dont nous vous avons sélectionné les meilleurs moments !

D’abord les considérations rigolotes d’apprentis écolos

Nous pratiquerons, dans tous les domaines, une écologie positive, notre projet tourne la page de l’écologie punitive… L’urgence est de rompre avec une écologie dévoyée par un terrorisme climatique… Nous sortirons du « Green deal » et de l’enfer administratif qu’il impose aux petites entreprises sous le nom de « taxonomie » au profit d’un plan d’autonomie stratégique fondé sur le développement durable… La France n’a pas à sacrifier le bien-être de sa population pour corriger les erreurs ou les abus des autres pays !… L’impasse énergétique provoquée par la préférence irrationnelle pour les énergies renouvelables provoque la précarité énergétique de millions de ménages… Les Français pourront continuer à sortir leur famille en voiture, à prendre des bains chauds, à apprécier le feu de bois dans la cheminée et à fêter Noël ! Tous les discours qui font de chacun un coupable quand il prend sa voiture, fait couler un bain chaud ou mange une entrecôte, ont pour seule fonction de ne pas mettre en question le système du libre-échange… Nous devons inventer, innover, transformer ! Ce n’est pas la croissance qui doit s’arrêter, c’est le contenu de la croissance qui doit changer…

Le localisme résume ce mouvement qui rend la primauté au proche, au commun, et à l’unité… Ce sont les populations unies par la longue durée de présence sur un territoire qui peuvent revendiquer leur complicité avec la nature…. Nous prononcerons un moratoire sur l’éolien et le solaire ; pour l’éolien, nous lancerons le démantèlement progressif des sites en commençant par ceux qui arrivent en fin de vie… Afin de produire une électricité décarbonée, nous procéderons au développement des énergies renouvelables et à la relance du nucléaire (mise en chantier de réacteurs de 4e génération et microcentrales), et de la filière hydrogène… Nous ferons étudier la construction de centrales de désalinisation dans les zones les plus exposées à la sécheresse… Par la détaxation partielle de l’impôt sur les carburants ( TVA réduite de 20 % à 5.5 %), nous engagerons la baisse du prix de l’énergie… Grâce au nucléaire, nous renforcerons le réseau de distribution électrique actuel pour répondre aux besoins des véhicules électriques…

Et puis il y a quelques suggestions d’un bon sens très écolo

Nous engagerons la simplification réglementaire en faveur des PME, des indépendants, des commerçants… Plus aucun bien d’usage en vente qui ne soit réparable… Le tri et le retraitement des déchets seront traités comme une ressource stratégique, visant à l’autonomie de la France… La publicité pour les produits alimentaires saturés de graisses et de sucres ajoutés sera limitée…

Dès l’école primaire, les enfants doivent apprendre qu’ils sont partie d’un écosystème, comme les plantes, les arbres, les animaux et les micro-organismes qui font la vie. Le contact direct avec le vivant les aidera à sortir de la privation sensorielle imposée par les écrans et le numérique… Nous lancerons un cycle complet de formation pour tous les membres de la fonction publique, formation à la transition écologique, à la protection du cadre de vie et de la biodiversité… L’écologie est incompatible avec la croissance illimitée des quantités, au détriment de la qualité.

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« Darmanin au service du vieux monde »

Reporterre —  Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin parle du « terrorisme intellectuel » qui soutiendrait Les Soulèvements de la Terre. Votre nom apparaît, vous sentez-vous personnellement visé ?

Philippe Descola — Oui, mais cela m’amuse plutôt. J’ai 73 ans et une longue vie de recherche derrière moi. Je ne m’imaginais pas, un jour, être un gibier pour les renseignements généraux et qu’on puisse ainsi me considérer comme une source de dangers. En tant qu’anthropologue, je me retrouve dans une situation paradoxale : je suis désormais un enquêteur enquêté. « Terrorisme intellectuel » ? Le ministre de l’Intérieur manie le vocabulaire de la langue française avec la délicatesse d’un hippopotame ! Cette expression est absurde. Le terrorisme exprime la volonté d’imposer un point de vue ou un régime politique par la terreur. Or, je ne vois pas très bien quels seraient nos instruments, à nous, intellectuels et chercheurs, pour faire régner la violence. Il veut faire diversion et éclipser la colère légitime qui s’exprime contre les grands projets d’aménagement polluants et destructeurs. Il pense qu’il existerait une vaste machinerie politique poussée par « l’ultragauche ». Alors que les gens qui se mobilisent, aujourd’hui, sont d’abord mus par un sentiment d’urgence vitale, une prise de conscience profonde des limites planétaires et de la dévastation écologique. La dévastation écologique est un véritable moteur pour la rébellion. C’est également ignorer le monde intellectuel. Les chercheurs mènent d’abord un travail scientifique, minutieux et rigoureux qui ensuite, progressivement, irrigue le débat public. Les idées circulent et conduisent à se mobiliser, mais cela n’a rien à voir avec de l’endoctrinement. Ce n’est pas prescriptif. Les intellectuels fournissent simplement des clés pour mieux comprendre le monde.

On a longtemps cru que les pensées écologiques étaient gentillettes, qu’elles se préoccupaient simplement de la construction de pistes cyclables ou du tri des déchets. Mais en réalité, elles vont beaucoup plus loin. Elles sont porteuses d’une transformation profonde de nos modes de vie et de gouvernance. Le fait qu’elles soient férocement combattues et que le mouvement écologique subisse la répression de l’appareil de l’État le prouve. Aujourd’hui, cette goinfrerie effrénée vis-à-vis des ressources limitées de la Terre n’est plus concevable et une grande partie de la jeunesse s’en rend compte. Il faut inventer d’autres formes de coexistence avec la Terre et les non-humains, on ne peut pas dissoudre des idées. C’est une profonde lame de fond qui touche notre société. S’y opposer est un combat d’arrière-garde. Il est illusoire de croire que l’on peut stopper un mouvement comme Les Soulèvements de la Terre. Il est trop diffus, trop collectif, trop multiple et insaisissable. Il relie autour de lui des associations, des naturalistes, des syndicats.

Permettez-moi même un parallèle. C’est comme en 1789, au moment de la révolution française. On ne pouvait pas dissoudre le Tiers État. C’était un mouvement de protestation trop vaste qui gagnait les villes et les campagnes et qui répondait à une situation intolérable. Aujourd’hui, il se joue quelque chose d’aussi profond, des milliers de personnes bifurquent et désertent. C’est faire beaucoup d’honneur à des intellectuels que leur imputer la responsabilité de ces mouvements, qui naissent de la lucidité de milliers de personnes ouvrant les yeux sur le monde qui les entoure.

Aujourd’hui, le gouvernement est fébrile. Il sait qu’il ne pourra pas résoudre les problèmes liés à la sécheresse et au réchauffement climatique uniquement par des grenades lacrymogènes et des tirs de LBD.

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