Uncategorized

Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », sera éditée chaque jour par épisode tout au cours des mois de juillet et août sur ce blog biosphere.

Une pensée se forme progressivement

En février 1970, je commence avec Einstein  à percevoir ce que relativiser veut dire:

« Si ma théorie de la relativité est prouvée, l’Allemagne me revendiquera comme Allemand et la France déclarera que je suis citoyen du monde. Mais si ma théorie est fausse, la France dira que je suis Allemand et l’Allemagne déclarera que je suis juif. »

Je m’informe toujours et encore. A cette époque, Nixon remplace par l’armée les postiers en grève au nom de l’intérêt général, le directeur de la Cause du peuple, Jean-Pierre Le Dantec, est arrêté pour apologie de meurtre, les gardes mobiles chargent les honnêtes commerçants qui soutiennent Nicoud. La paix est assurée par l’Etat et les marchés. Je suis les cours de la fac de sciences économiques avec un chapeau haut de forme. Les études universitaires m’ennuient, je ne peux plus supporter les profs, je passe le permis poids lourds en mars 1970. Ma décision est prise, je veux faire chauffeur routier. Mon père m’en a dissuadé, disant très justement que s’il avait payé mes études jusque là, ce n’était pas pour que j’abandonne en route. J’ai trouvé cela logique, va pour la maîtrise en quatre ans.

Je note : « On oublie trop souvent le long terme pour le court terme, on oublie trop souvent de placer l’intérêt de l’espèce avant celui de la nation, d’une classe, de l’individu. Le fonctionnement réel de l’économie étouffe la clairvoyance sociale. » Je progresse dans ma réflexion. Je m’insurge contre les connaissances théoriques, la concurrence « pure et parfaite », le noumène opposé au phénomène quand des gens crèvent de faim, quand le canon sert encore à rectifier les frontières. Je m’insurge contre les courbes sans fondement statistique, pour des équations sans rime ni raison. Poser I = S (Investissement = épargne), c’est par exemple attribuer sa raison d’être à la distinction épargnant-entrepreneur, c’est justifier la préférence pour la liquidité des classes pauvres et les encaisses monétaires du gratin financier. La bourse me semble un marché de dupes, le taux d’intérêt n’a pas de fondement autre que le coût de transaction.

Octobre 1970, je commence ma quatrième année de sciences économiques, option économétrie. Planification indicative à la française, planification impérative à la soviétique, autogestion yougoslave, tout est possible. Les pratiques gouvernementales testent toutes les options. Que choisir ? Je distribue en TP un hebdo qui vient d’être interdit par le ministre Marcellin (Hara-Kiri du 16 novembre 1970 avec en couverture « Bal tragique à Colombey : 1 mort »… De Gaulle vient de mourir). Chaque membre du groupe en a un exemplaire, je soutiens Hara-Kiri à fonds perdu. De là je débouche sur une critique de la planification : parler de planification est un acte politique… Or à l’heure actuelle les politiciens ne savent plus où aller… La preuve, Hara-Kiri qui est interdit. Plutôt que d’interdire une revue, ne vaut-il pas mieux interdire par exemple la discrimination des salaires ?  Avant de parler de planification économique, ne vaudrait-il pas mieux aborder la planification de la pensée, etc. J’invente la dynamique de groupe sans en avoir les rudiments. N’importe quoi sans doute, mais au moins je m’implique collectivement.

L’idiotie de la croissance économique n’est encore perceptible par personne. Pourtant Pierre Massé, du commissariat au plan, nous explique que si la production continue de progresser à son rythme actuel, elle conduirait à doter en 2070 chaque Français d’une centaine d’automobiles et à fabriquer avant l’an 3000 un volume de produits manufacturés dépassant celui de la Terre, de la Lune et de Vénus réunis. Sur le taux d’intérêt, ma conviction est faite. Dans notre manuel d’économie de Raymond Barre, « L’économiste n’a pas pour sa part à résoudre le problème de la moralité de l’intérêt : il constate l’existence de l’intérêt et sa tâche est d’en fournir l’explication ». Qu’en termes immoraux ces choses-là sont dites ! Car j’ai une explication non conventionnelle, mais qui me semble irréfutable. Le taux d’intérêt ne représente que le coût qu’implique le fonctionnement centralisé du système monétaire. Il se résume aux coûts bancaires de paiement de la main d’œuvre nécessaire et du matériel utilisé. Pas besoin de l’argent des rentiers, la banque peut créer de l’argent ex nihilo, c’est d’ailleurs son rôle principal. Pas besoins de prime de risques, les contrevenants peuvent être repérés facilement. Quant au fait de rémunérer celui qui renonce temporairement par le prêt à l’usage de son propre argent, laissez-moi rigoler. Toute accumulation de fric résulte de l’exploitation d’autres personnes dont on a retiré des subsides illégitimes. L’appropriation privée du capital financier est une absurdité, il n’y a aucune explication raisonnable au fait de retirer un bénéfice de la monnaie : l’argent ne peut pas faire de petits (c’est du catholicisme sans le savoir). Tout cela pour dire qu’à la fac, je ne fais plus grand chose à part expliquer que l’inflation résulte de la lutte des classes et de la taille de mes WC. En termes clairs, il y a spirale salaire-prix à cause des revendications syndicales et pression à la hausse sur le prix à cause de l’expansion de la demande.

Mes lectures annexes sont toujours très loin de ce que j’apprends en cours ! Début 1971, j’étudie Hegel et Marcuse. Hegel avait écrit que « le pouvoir du négatif est le principe qui préside au développement des concepts : la contradiction est la qualité distinctive de la raison. C’est seulement à travers une rationalité qui admet la contradiction que se constitue vraiment le mouvement du réel et même le concept de réel ». Il s’agit d’un mouvement dialectique, thèse, anti-thèse, synthèse. Hegel explicite ma conviction, il faut savoir intégrer dans sa pensée un raisonnement contraire au sien. De son côté Marcuse oppose deux argumentations : « Ce qui est ne peut pas être vrai » d’une part, « Ce qui est réel et rationnel » d’autre part. Marcuse estime que « la logique mathématique et symbolique contemporaine s’oppose radicalement à la logique dialectique par élimination du négatif. La tension entre ce qui est et ce qui devrait être disparaît. De cette manière on prétend à la pensée objective, exacte et scientifique alors qu’on a éliminé tout jugement qui puisse condamner la réalité établie. On peut conclure que le fait que l’opposition négative se soit transformé en opposition positive empêche tout changement qualitatif ».

J’ai un cousin matheux qui m’avait dit bien plus simplement que la nature était mathématisable mais n’était pas mathématique. Je comprends Marcuse, il n’y a pas de lois économiques immuables mais seulement une organisation afférente à un état de conscience donné. Or l’enseignement de sciences économiques nous transformait en lignes géométriques reproduisant la parole des soi-disant grands maîtres. Notre rôle d’économiste sera de maintenir l’ordre, devenir expert-comptable ou économètre d’Etat, matricule untel au poste numéro tant. Contre cette police facultérale de la pensée, tout est bon pour moi pour contester, discuter, agiter.

Février 1971, je me fâche avec mon groupe de travaux pratiques. Je voulais faire la simulation d’une prise de décision : le transport domicile-travail et ses améliorations possibles vues par la municipalité d’une grande ville. Mes camarades préfèrent un exposé magistral sur les critères de rationalité en Union soviétique : ils veulent exploiter leur travail réalisé depuis deux mois, « tel théoricien pense, tel autre croit… » Ils pouvaient très bien suivre à l’oral mon projet et rendre par écrit leur synthèse. Ils ne veulent pas ! Ils restent des techniciens de l’économie, pas des sociologues engagés. Et quand on sait ce qu’est devenue depuis la « rationalité soviétique » ! J’ai quand même réussi à organiser quelques débats, mais je me suis aperçu que les membres de mon TP d’analyse économique étaient inaptes à une participation active. Je discutais plutôt avec les assistants qui dirigeaient nos travaux. J’en conclus que notre enseignement nous rendait incapable de discuter des problèmes contemporains. Nous avons été enfermés dans des querelles de concepts sans intérêt et les étudiants ont perdu leur sens de l’autonomie intellectuelle. L’idéal de l’enseignement supérieur semble être de formater de parfaits abrutis qui ne pensent qu’à une chose, avoir leur examen pour gagner plus de fric que d’autres. Peu leur importe leur utilité sociale du moment qu’ils pourront fréquenter leur cercle de bridge. Triste.

Mars 1971, je note : Le loyer d’habitation est au sens économique une somme qui est affectée à l’amortissement de l’appartement occupé et à l’investissement nécessaire à loger l’augmentation de la population ou aux désirs d’accroître les m2 disponibles. Or cette somme va la plupart du temps à un propriétaire qui l’affecte à une résidence secondaire d’utilité sociale inexistante ou à un fonds de placement qui servira à l’enrichir encore plus. Une véritable rationalité ne sera atteinte que si tous les membres d’une collectivité ont pleinement conscience des répercussions globales des inégalités sociales et de leur injustice. (à suivre)

Si tu ne veux pas attendre demain, à toi de choisir ton chapitre :

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

Fragments de vie, fragment de Terre (suite) Lire la suite »

Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », sera éditée chaque jour par épisode tout au cours des mois de juillet et août sur ce blog biosphere.

Sur les bancs de l’école,

prolégomènes de mes engagements futurs

Quelques idées générales : Ainsi parlait Ivan Illich. Avec la scolarisation, il s’agit d’enfermer les enfants entre les quatre murs d’un établissement scolaire, il s’agit de passer des centaines d’heures à entrer avec toute une classe d’âge dans la routine d’un programme pour recevoir un diplôme en fonction de sa capacité à se soumettre. Selon le même modèle que la formation des scribes autrefois, on croit que le passage par plusieurs stades d’apprentissage théoriques et livresques, l’école élémentaire, puis le collège, le lycée, la faculté (ou ses équivalents ) permet de progresser continûment dans une chaîne du savoir. Mais qu’apprend-on vraiment à l’école ? On y apprend que plus on y passe d’heures, plus on vaut cher sur le marché. Penser librement, c’est aussi de débarrasser de cette fabrique à institutionnaliser les inégalités.

Il y a la vie en classe…

plus de vingt ans de vie assise pour les plus malchanceux.

J’ai eu la chance de rester jusqu’à cinq ans à la maison, ma mère s’occupant de mon frère cadet et moi. Fondements d’une vie plus active quand le milieu familial est favorable, merci maman. Je ne me rappelle rien de ma scolarité primaire. Oubli volontaire ou amnésie générale ? Nous apprenions par cœur. La première interrogation écrite a porté sur les tables de multiplication. Je les connais toujours ! Quel intérêt de calculer ? Ah, oui, pour subir le marché et sa comptabilité !

Je me demande encore comment j’ai survécu aux années de lycée (Michel Montaigne à Bordeaux) : salle de classe fermée, tableau noir et saleté, grillage aux fenêtres, pas de nature, bureau surélevé comme preuve d’autorité. Comment oser encore se rebeller ! Un jour j’étais dans la cour avec des copains. Niveau première je crois. Le censeur nous demande ce que nous faisions là. Moi, serviable, de répondre qu’Untel (nom du prof) est absent. Le kapo me fait répéter, je m’exécute : « Untel est absent. » Je reçois une gifle ! Je n’avais pas dit « Monsieur » Untel. Autorité au lycée, autorité à la maison, société autoritaire. Mais j’essayais de comprendre. Je faisais de la philo en première, j’ai occulté tout le reste. Comme il n’y avait pas encore de philo cette année-là au bac, j’ai redoublé ma première. L’année suivante un prof de philo sympa. On ne prenait par écrit que quand on le jugeait nécessaire, nous dit-il. Avec sa permission, j’ai donc croisé les bras, au premier rang, définitivement. Au bout d’une semaine, le prof de philo s’est fâché, j’avais respecté ses consignes à la lettre. La philo est tombée de son piédestal, définitivement. Où donc était la vérité ? Entre le ça, le moi et le surmoi nous expliquait un professeur stagiaire. Ah bon ! Freud faisait une entrée dans ma vie.

En mai 1968, je terminais ma première année de sciences économiques en fac. Je n’ai rien compris à la révolte étudiante. J’étais plongé dans le droit, le marginalisme et les exercices de math, je n’avais pas du tout la tête révolutionnaire. J’étais presque d’accord avec Sanguinetti : « La jeunesse n’existe pas, c’est une invention des adultes. Mai 1968, c’est la condamnation du monde moderne, mais c’est surtout une crise d’infantilisme. La jeunesse veut les droits de l’adulte et les privilèges de l’enfance. Le pouvoir étudiant, c’est une farce ! » Des phrases sur les murs bordelais m’ont cependant marqué, par exemple «  l’ennui suinte de ces murs où le cadavre du militantisme se putréfie », « la cohérence du mythe bolchevique a fait place au mythe de la cohérence bolchevique. » Je suis resté pendant les grandes vacances discuter avec les enseignants de la réforme de l’enseignement universitaire. La presque totalité des manifestants était aux abonnés absents. Manifester, c’est bien, discuter et construire, c’est pas leur truc, aux agitateurs. Mai 68 fut une fête qui arracha ses participants à la quotidienneté, leur donna l’illusion d’une liberté absolue et d’une totale communion. Une illusion. Les mouvements de masse n’ont pas de prise sur une réalité complexe.

On ne naît pas avec des courbes d’offre et de demande dans la tête. Tout s’apprend, même l’incompréhensible. Je recherchais la réalité dans les détails de mes cours. Ricardo était « un esprit puissant mais obscur qui, il en fait d’ailleurs l’aveu, ne s’est pas toujours compris lui-même ». Stuart Mill a écrit des choses sublimes, genre : « L’appréciation comparative du moraliste n’a rien à faire en économie politique. Mais s’il n’y avait pas d’autre alternative, on choisirait le communisme avec tous ses risques plutôt que l’état présent où le produit du travail est distribué en raison inverse de la peine prise (…) La concurrence est pour le présent une nécessité indispensable au progrès, mais la coopération est le plus noble idéal, l’émulation fraternelle pour la poursuite du bien de tous. » La concurrence qui s’effectue entre entreprises privées serait-elle une aberration ? Le libéralisme économique serait-il un mensonge ? J’apprends que l’union des hommes fait toujours plus que leurs rivalités, que ce soit pour dresser l’obélisque à Paris ou pour aller sur la Lune. Pourtant nous rivalisons de plus belle, compétitivité exige. Il me faut ingérer la loi de la rente foncière et celle des avantages comparatifs, le prix naturel du travail et autres fadaises ! Les concepts que nous utilisons en fac de sciences éco me semblent frelatés, contradictoires, indécis.

Il m’a fallu pourtant longtemps pour commencer à contester les enseignants. Il me fallait une volonté anti-autoritaire, acquise par réaction dans mon milieu familial, nourrie par ma critique de la religion. Mon premier exploit ? Il fut symbolique. En décembre 1969, troisième année de fac, le professeur Ghestin s’attendait à ce qu’on se lève à son entrée. C’était dans un amphi de sciences po., je suis resté assis, tout l’amphi était debout. J’étais tout seul au milieu d’un cercle vide, aucun de mes copains n’avait voulu s’asseoir à côté de moi. Ils savaient ce que je voulais faire, ils n’étaient pas solidaires. Les étudiants attendent, moi assis, eux debout. Une minute, deux minutes, trois… Le prof s’interroge, il m’interpelle. Je lui explique que nous nous levions seulement devant lui, pas avec les autres profs… donc ! Il s’est assis, les étudiants se sont assis, le rituel du salut debout a été définitivement abandonné. Je contestais une autorité de droit divin pour laquelle il n’y a pas lieu de comprendre, mais d’obéir. Mon acte a été individuel et solitaire, mais il me remettait en harmonie avec moi-même. Ce fut ma première révolte publique.

C’est à partir de 1970 que je me forge mes propres convictions économiques. Comment les suppôts de l’utilité marginale pourraient-ils justifier l’unicité du prix final sur le marché pour différentes personnes qui sont dans des conditions tout à fait dissemblables, par exemple l’affamé et le rassasié ? Quelle est la valeur de ces néoclassiques extrémistes qui refusent à l’autorité publique le droit de décider si la circulation automobile doit se tenir à droite ou à gauche ? Il est presque tragique que Walras s’imagine qu’il avait découvert la preuve rigoureuse qui manquait aux défenseurs contemporains du dogme du libre-échange : en revêtait de formules mathématiques les arguments même qu’il considérait comme insuffisants quand ils étaient exprimés en langage ordinaire ! Même la célèbre phrase d’Adam Smith me paraît contestable : « Ce n’est pas de la bienveillance du boucher ou du boulanger que nous attendons notre dîner, mais de leur propre intérêt. Nous nous adressons non pas à leur humanité, mais à leur égoïsme et ne leur parlons jamais de nos propres besoins, mais de leur avantage. » Pourtant une relation interpersonnelle ne peut pas s’analyser seulement du point de vue des individus impliqués dans cette relation, toute la société est concernée par ce que fait le moindre de ses membres. Un boucher ou un charcutier est sous contrôle social. Je pense qu’un véritable entrepreneur se serait depuis longtemps barré de la fac !

Je n’avais pas l’esprit d’entreprise et l’économisme me révulsait…,

je ne savais pas encore quelle serait ma voie. (à suivre, demain)

Si tu ne veux pas attendre demain, à toi de choisir ton chapitre :

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

Fragments de vie, fragment de Terre (suite) Lire la suite »

Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », sera éditée chaque jour par épisode tout au cours des mois de juillet et août sur ce blog biosphere.

Une pensée en marge

Le lendemain de ma sortie de prison, je reprenais comme si de rien n’était à la faculté de sciences économiques l’étude de Lord Beveridge présentant le budget de la nation : du plein emploi pour tous dans une société plus libre ! Je finissais ma troisième année de licence, j’allais commencer ma « maîtrise » d’économétrie (à l’époque c’était la licence en quatre ans). Mes notules de novembre 1970 continuent de montrer la multiplicité de mes centres d’intérêt.

Je suis aussi bien pour une langue universelle que contre le tourisme de masse. J’estime absurde d’apprendre à l’école des langues secondaires et non un langage unique de type espéranto : à quoi bon s’encombrer l’esprit des méfaits d’une concurrence linguistique entre nations ? Pour moi, le voyage n’est pas un déplacement du corps le long des kilomètres de l’espace, mais un voyage de l’esprit dans le flux des informations qui lui arrive. Faire du tourisme, c’est une démarche individualiste qui ne recherche que le plaisir personnel d’une sensation exotique, l’artefact d’un dépaysement. Ce n’est pas l’affirmation d’une volonté de changer l’ordre aberrant des choses. Mieux vaudrait agir sur son proche environnement. Le voyage immobile devient alors ouverture sur le réel concret. Fin 1970, je fais 400 kilomètres pour une session dite communautaire. Les garçons ont couché d’un côté et les filles je ne sais où ! On a bien lu Charlie/Fournier au début, et alors ? Nous étions un énorme groupuscule de 85 personnes qui totalisaient 17000 km pour cette rencontre. Quel gaspillage d’essence et de temps ! J’aurais préféré vivre la fraternité dans mon immeuble, dans ma rue. Mais elle n’existe pas. Alors ? Ce n’est que bien plus tard que je vais apprendre à fréquenter mes voisins, la fraternité se construit. Je tâtonne, je tâtonne… tâtonnement expérimental dirait Célestin Freinet !

Janvier 1971, j’ai vraiment compris qu’il fallait sortir de l’aliénation qui pèse sur moi, sur nous tous. Dans la Revue des revues (l’URSS et les pays de l’Est, 1968) : « L’idée centrale de Pavlov, plutôt qu’une mécanique simpliste du réflexe conditionné, est le déterminisme d’une structure cérébrale dominée par des processus d’analyse et de synthèse des excitations, ce qui rejoint l’indéterminisme neurophysiologique… Après 50 ans de littérature soviétique on a vu, pour la première fois de l’histoire des hommes, des individualités développées ne pas s’opposer à la société mais se fondre en elle. » Dans Partisans n° 46 : « Le capitalisme moderne ne saurait tenir longtemps par le seul jeu d’un esclavage pur et simple de la classe ouvrière ; il est nécessaire que, d’une certaine manière, l’exploité soit consentant, c’est-à-dire qu’il reprenne à son compte, au niveau de sa propre organisation mentale, les structures économiques qui l’aliènent. Cette prise en compte s’effectue, comme toute opération psychique, sur un registre symbolique. Par exemple la notion de patrie n’a par essence aucune réalité pour le psychisme individuel. Mais elle devient la mère-patrie, liée à des images communes, partagées par d’autres… Plus tu arrives à te départir de ton conformisme et plus tu deviens à même de comprendre, et donc de te rééduquer. »

J’estime aussi que la société n’est qu’un agrégat d’individus, et qu’elle ne peut rien faire d’efficace sans la bonne volonté de ces individus. Si ma propre influence est petite, mesquine, éphémère, d’autres « moi » peuvent agir dans le même sens chacun à leur petite échelle. Ce sont tous ces petits riens qui forment finalement la conscience de tout un peuple en mouvement ; nous sommes personnellement à la fois le nombril et la poussière. Si la société va mal, nous en sommes à la fois responsables et coupables. J’élabore mes propres dix Commandements :

  1. Chacun de nous est Dieu qui nous tire de l’inconscience ;

  2. Notre conscience ne peut accepter d’autre conscience que la sienne ;

  3. Vous n’érigerez pas en pierre ou en image rigide votre propre conscience ;

  4. Le septième jour au culte de votre conscience sera consacré ;

  5. Tuez votre père et mère afin de libérer votre conscience ;

  6. Conscience d’autrui ne prendra ni ne retiendra injustement ;

  7. Vous ne tuerez point d’autres consciences ;   la suite est encore plus indigeste

En février 1971, je participe à un WE sur violence/non-violence. Pas grand chose à retenir. Je préfère me polariser sur le statut de l’enfant, à l’insatiable curiosité. Pour moi, c’est évident, la révolution ne peut éclore qu’à la maternelle, c’est la révolution du jardin d’enfant de Vera Schmidt juste après la « révolution » bolchevique. L’enfant est ouvert au monde, malheureusement les influences sont bonnes au mauvaises. Là est le drame, car en même temps que l’épanouissement possible, il y a tout ce que les adultes montrent : frustration, ignorance, possessivité, racisme, violence, passivité… Moi j’ai passé l’âge de l’enfance. Je n’ai plus de spontanéité, j’analyse tous les mécanismes répressifs qui bloquent mon libre arbitre, la société de consommation comme je l’apprendrai plus tard. Je n’aime pas aller au cinéma pour voir un spectacle-qui-fait-passer-un-bon-moment, m’amuser pour m’amuser. Je n’aime pas bouffer en cœur pour boire en peu plus. Je réfléchis trop. J’ai déjà conscience de ne pouvoir appartenir à aucune chapelle. Il n’y a pas plus grand châtiment que d’habiter tout seul le paradis des idées !

J’ai l’impression que l’humanité s’engage dans une impasse, mais il n’y a encore personne pour le dire clairement. Robert Prehoda montrait en 1967 (Designing, the future, the role of technological forecasting) que la prolongation des courbes indique que la quantité d’énergie sur terre dépassera en 1994 celle rayonnée par le soleil, que les vaisseaux spatiaux atteindront le vitesse de la lumière en 1998 et que l’espérance de vie approchera l’immortalité en l’an 2000 ; en l’an 3900, la population humaine formera une masse se propageant par sa propre croissance aussi vite que la lumière ! Notre monde est absurde, mais nous ne le savons pas encore.

Fin 1971, j’acquiers un peu plus de confiance en moi. J’ai même une fâcheuse tendance à croire que j’ai toujours raison quand on discute de problèmes existentiels. Je pense avoir le dernier mot à cause des études prolongées auxquelles je me suis astreint, philosophie, droit, économie, connaissance de tous les mouvements politiques, communiste, anarchiste, UDR, PSU, SDS, Black Panthers… En réalité je deviens super-chiant aux yeux de mes copains-copines. Et mes recherches tout azimut ne m’empêchent pas de me tromper. En novembre, j’estime que la tribu amazonienne ou la communauté de l’Arche sont des anachronismes voués à disparaître car non intégrés au mouvement général de l’humanité vers la mondialisation et le cosmopolitisme. Mon état d’esprit cosmopolite et global m’empêchait de voir la force du local et de la diversité culturelle.

En 1971, la condamnation du catastrophisme nous fait oublier la réalité de la catastrophe ! Ainsi Louis Pauwells, dans sa Lettre ouverte aux gens heureux et qui ont bien raison de l’être (Albin Michel, 1971) : « Aliénation, pollution, surpopulation, sont des mythes. La grande injustice faite au Tiers Monde est aussi un mythe ». L’idée générale, « On n’arrête pas le progrès matériel ». Par exemple cette anecdote relatée par Pauwells : « Au début du XIXe siècle, Stephenson eut l’idée de mettre la locomotive à vapeur sur des rails. Un banquier, réticent, demanda : Et si une vache se met sur les rails ? Si une vache se met sur les rails, eh bien tant pis pour la vache ! » Pauwells prend un autre exemple : « Un bébé américain apporte plus de pollution dans le monde que 1000 bébés asiatiques. Il conviendrait donc d’arrêter l’industrie et de ne plus faire d’enfants. C’est la thèse de la croissance zéro. Mais les chefs syndicalistes en Amérique estiment qu’avec 5 millions de chômeurs, 12 millions d’assistés sociaux et 28 millions de logements à construire, les USA ont autre chose à faire que des grèves anti-progrès… Je crois que la vraie menace est l’invasion des élites occidentales par la sinistrose. »

Quarante ans plus tard, les discours resteront malheureusement les mêmes. Mais je suis devenu un expert de la pédagogie de la catastrophe !

Je me documente toujours et encore. Une enquête d’Himmelweit, Oppenheim et Vince en GB (Television in the lives of our children – 1961) montre déjà que regarder la télévision est une activité mentale passive. Elle « sollicite les facultés sensorielles de l’affectivité plutôt que l’intelligence… La télé provoque chez l’enfant une perte d’initiative, rend blasé et émousse l’imagination… L’idéologie des moyens de communication de masse tendrait à décourager les activités militantes, surtout celles qui tendent à modifier l’état actuel de la société… La puissance de la communication de masse procède de sa mollesse même… Il y a massage plus que message. »

Un numéro d’Historia enfonce le clou. Selon une enquête faite en Tarn et Garonne dans un groupe scolaire, les enfants de 9 à 16 ans passent près de 1000 heures par an devant l’écran alors qu’ils n’ont que 800 heures de cours. L’attention des élèves est de plus en plus difficile à fixer. Ils ont de moins en moins le goût de l’effort. Ils attendent du professeur un spectacle !  L’objet technique n’est pas neutre sur la conscience des gens. Si nous restons simple consommateur, impossible de s’apercevoir de notre aliénation par l’objet. Dire qu’en 2012, les écrans ont envahi toutes les existences ou presque !

Il faudrait pouvoir organiser des contre-institutions, ce que conçoit dans les années 1970 l’anti-pédagogie, l’anti-psychiatrie, la contre-culture. Il faudrait une déscolarisation de la société, une démilitarisation, une désindustrialisation, une dépopulation, une désurbanisation (notule du 23 avril 1972). Je découvre Ivan Illich : « Notre langage de tous les jours, notre conception du monde ne révèlent que trop combien nous ne séparons plus la nature de l’homme de celle des institutions modernes. Il est grand temps de conduire une recherche à contre-courant sur la possibilité d’utiliser la technologie au service des interactions personnelles, créatrices et autonomes et de permettre l’apparition de valeurs qui ne puissent pas être soumises aux règles des technocrates. »

J’en sors renforcé dans mes convictions. Une des caractéristiques des sociétés modernes est la dépendance institutionnalisée, c’est à-dire un mode de vie organisé par d’autres, on naît à l’hôpital, on est soigné par un médecin, on se nourrit du labeur des paysans, on meurt aux mains des pompes funèbres. Cette dépendance institutionnalisée se double d’un éclatement du pouvoir ; les centres de décision sont partout et nulle part, le pouvoir n’appartient plus aux hommes mais à une forme d’organisation, l’obéissance découle des règles qui protègent les institutions.

Je pense avoir fini ma maturation socio-psychologique pendant cette année 1972, j’ai 24-25 ans. Je sais maintenant de façon théorique qu’il faudrait changer la société, mais je sais aussi par expérience que changer les gens n’est pas gagné par avance. Pourquoi ? Chacun joue un rôle social, il se comporte par rapport à ce que les autres attendent de lui. Il ne pratique pas l’acte juste, il respecte le jeu social. Plus tard je mettrai un mot sur ce déterminisme, l’interaction spéculaire : je fais parce que tu fais ainsi parce que nous faisons tous de même. Cette explication sociologique permet d’enterrer le vieux débat épistémologique sur l’antériorité de l’individu ou de la société. L’un et l’autre se renforcent mutuellement car je me représente la manière dont les autres se représentent les choses et moi-même. « Je donne le bon exemple » n’est un message positif que si un grand nombre de personnes font ainsi. Sinon on va croire que c’est un mauvais exemple !

La boucle est bouclée. La dépendance matérielle est corroborée par l’obligation qui est faite aux individus d’intérioriser ou d’admettre le bien fondé de nos structures socio-économiques. L’institution provoque une coupure entre l’idée que se fait l’individu de l’acte juste et ce qu’impose à l’individu la préservation de l’institution. L’homme est dans un corset très serré, division extrême du travail, distinction poussée entre ville et campagne, transport individualisé et polluant, exploitation de l’ouvrier dans la fabrication d’automobiles. Chacun de nous est compromis… Difficile alors de trouver les moyens de sa liberté. Tout dépend de notre attitude dans les différentes institutions que nous traversons. L’action qui déclenche l’effet domino a besoin que chacun de nous se positionne dans la bonne ligne pour que la réaction en chaîne se produise dans le bon sens.

Le plus important se trouverait donc dans l’éducation. Mais il ne s’agit pas d’apprendre à lire, écrire et compter. Ces « fondamentaux » sont presque anodin par rapport à la possibilité de former sa propre pensée pour acquérir son autonomie et le sens collectif. Or cela, on ne l’apprend ni à l’école, ni en fac. (à suivre, demain)

Si tu ne veux pas attendre demain, à toi de choisir ton chapitre :

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

Fragments de vie, fragment de Terre (suite) Lire la suite »

Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », sera éditée chaque jour par épisode tout au cours des mois de juillet et août sur ce blog biosphere.

Mes principes de base sont bien établis maintenant,

ils resteront les mêmes pendant mon existence

  • La propriété, c’est le vol. L’homme ne travaille pas pour lui-même mais pour la collectivité. Il n’a aucun droit personnel sur « sa » femme, « sa » maison, « son » capital. C’est un locataire perpétuel.

  • A travail égal, salaire égal. Il n’y a pas d’inégalité de valeur entre le travail d’un éboueur et celui d’un PDG. Ils sont aussi utiles à la société l’un que l’autre, ils dépendent autant l’un de l’autre. Pourquoi alors un salaire différent ? L’unité monétaire devrait être définie par l’heure de travail.

  • Le même enseignement pour tous. Les injustices, les fausses valeurs, viennent le plus souvent de l’ignorance de la masse. C’est par l’éducation permanente et égalitaire qu’on arrivera à éliminer disparités et résistances aux réformes nécessaires.

Note du 18 novembre 1969, le sens de l’utopie, ça permet d’avancer, le moral revient, la preuve : « On ne peut montrer son cul, mais on doit sortir son carnet de chèque ! …Je ne sais pas ce que signifie intelligence et diplôme, souveraineté nationale et patriotisme, morale et religion. …Je refuse ma nationalité française. ….Je suis né dans ce qu’on appelle Bordeaux par inadvertance, je pourrais aussi bien être hindou et crever de faim. …Je refuse mon baptême parce que je ne peux serrer la main de Jésus Christ. …Les paroles teintées d’eau bénite ne me transportent pas au septième ciel. …Je refuse la langue que je parle parce qu’elle ne me permet pas de comprendre l’hébreu ou le zoulou. …Je refuse l’enseignement qui conduit à diviser la société en castes. …Je refuse un gouvernement qui ne sert qu’à m’engluer dans les papiers de sa bureaucratie. …Je vis dans une région de rêve qui a éliminé ses rancœurs et ses heurts. …Je voudrais transformer le droit de la propriété : les biens à la mort de leurs soi-disant propriétaires reviennent à la collectivité. Les biens immeubles perçoivent un loyer qui est versé à une caisse de construction et d’amélioration. …Les capitaux ne portent plus intérêt. D’ailleurs le capital disparaît, on ne reconnaît que le facteur travail. ….Les revenus sont fondés sur l’heure de travail. »

J’ai quelques discussions animées avec des copains-copines. Le 20 février 1970, Daniel me soutenait que l’homme est doué de naissance, moi au contraire que c’est le milieu qui faisait tout : on ne naît pas bête ou intelligent, on le devient. D’après son point de vue, un crétin restera un crétin. Pour moi, il suffit de s’en occuper attentivement, de le rééduquer s’il n’est pas déjà trop tard. Daniel soutient l’inégalité sans chercher à établir l’égalité. Plus tard mes études de sociologie me montreront à quel point j’avais raison. La plasticité cérébrale est très grande, le conditionnement culturel une réalité. « On ne naît pas femme, on le devient » (Simone de Beauvoir), et tout le reste à l’avenant.

Je recopie quelques citations du dictionnaire du diable en mars 1970 : « Air : substance nutritive fournie par une généreuse providence pour engraisser les pauvres ; Cadavre : produit fini dont nous sommes la matière brute. La tâche la plus stupide que puisse prendre un être humain est, sans aucun doute, l’édification d’un tombeau à son usage. La solennité du moyen en accentue la futilité du but connu à l’avance ; Charrue : instrument qui réclame à grands cris des mains habituées au porte-plume ; Commerce : transaction dans laquelle A vole à B les marchandises de C ; etc. » Une lecture que je recommande pour se décrasser le cerveau. Il faut se méfier des stéréotypes qui sont dans nos têtes, c’est la mise à distance qui nous libère. Je note : « Nous avons tendance à coller des étiquettes sur ce que nous ne connaissons qu’imparfaitement ou pas du tout. Pour les étudiants de Princeton, les Allemands ont l’esprit scientifique, les Italiens sont impulsifs, les Noirs paresseux, les Chinois superstitieux alors que les Américains sont intelligents et ambitieux. Ce que nous voyons est déterminé à l’avance par ce que nous nous attendons à voir. Le tort des gens, c’est quand on leur apporte quelque chose de nouveau, de ne pas y croire. De ne pas avoir un esprit ouvert. »

Je cultive mon ouverture. Je proclame l’utopie

« Je ne suis pas un anarchiste, ni nihiliste ni cynique, je ne suis ni communiste ou trotskiste, maoïste ou castriste. Je suis quelque chose en constante formation ouvert à autre chose. Quelque chose de mouvant comme la pensée, quelque chose d’universel comme la non-violence, quelque chose d’immuable comme nos actes. Je suis. Je suis pour une humanité meilleure. Cela suffit. »

Je lis aussi bien l’Idiot International, Hara-Kiri ou Politique aujourd’hui. Je me forme moi-même. On ne reste intelligent que tant qu’on peut éliminer de la mémoire ce qui est contredit par un fait nouveau. En d’autres termes, la bêtise élimine le fait nouveau qui pourrait contredire une mémoire paresseuse ! Pour progresser mentalement, il faut accepter une certaine dislocation mentale, abandonner ses a priori pour retrouver le sens de l’intérêt commun. Je recopie le testament d’un mort vivant, écrit pas un certain Gérard Robin : « Je suis né en 1939, mort en 1969. Ma vie n’a été qu’un grand rêve, vivre. Je lègue à l’État ma vieille bicyclette, témoin de mes vagabondages. Je demande que ma bibliothèque personnelle soit enfouie dans la terre et qu’à son emplacement on plante un grand sapin. Comme je n’ai rien écrit, il suffira de regarder vivre et d’écouter les vivants… »

Ma révolte contre l’autoritarisme socio-familial prenait des contours plus précis, plus engagés, plus apparents pour tout dire. Barbe et cheveux longs, très longs. Toujours le même anorak noir sur le dos, toujours ou presque le même pantalon. Mon père me disait bien que je changerai, car « quand j’aurai moi aussi femme, enfants et beaucoup d’emmerdements, je n’aurais plus le temps de penser ». Je n’attache pas d’importance à la voiture et à la retraite, je me suis appris à ne pas fumer, à ne pas boire, à ne pas regarder la télé. Je peux me passer de musique et de voiture. Le préfet Grimaud disait que la voiture individuelle est incompatible avec la vie urbaine contemporaine, Cartier déclarait qu’interdire à l’homme d’utiliser son véhicule personnel était une atteinte à la vie moderne et à la liberté… Déjà les contradictions de la vie moderne. Dans ces années 1970 se profilait les débats des années 2000, j’avais choisi mon camp.

Le 23 mai 1970, je sors de tôle. On devrait plutôt dire mise au secret : pas de ceinture ou de lacet, ni montre ni bague, aucun papier personnel. Seul dans une cellule, la tinette dans un coin. La chasse d’eau actionnée de l’extérieur, ainsi que la lumière, presque permanente. J’ai demandé un crayon, sans rétribution. On me l’a promis, je l’attends toujours. Faut dire qu’on m’accusait d’avoir attaqué un commissariat de police, d’en avoir cassé les carreaux. J’avais malencontreusement participé à une manif de la Gauche prolétarienne. Un copain avait abusé de mon militantisme, il m’avait entraîné dans cette action sans m’en donner les modalités ! Tout le groupe est parti d’un côté, je me suis désolidarisé en partant de l’autre, lentement. Un policier a tiré sur moi, son pistolet s’est enrayé. J’ai de la chance. Un inspecteur me bourre de coups après mon arrestation ; trop énervé pour me faire mal. Il s’apercevra plus tard qu’il connaissait mon père. Il viendra la nuit me voir dans ma cellule, affirmant que « la société, je n’y comprenais rien ». Je réponds que personne n’y comprends plus rien. Il s’est écrasé. Mais j’aurais du dire que je ne la comprenais que trop. Que la société est devenue un monstre envahissant, un monstre à têtes multiformes où l’individualité se perd de plus en plus. Nous sommes trop nombreux pour pouvoir nous aimer vraiment. La société ne laisse pas l’individu s’exprimer, le règlement remplace la libre parole, la répression se substitue à l’empathie.

On a perquisitionné chez mes parents la chambre que j’habitais, on a saisi le dazibao affiché au mur, très grande feuille banderole avec les citations que je collecte car elles me parlent  : « La méchanceté tient lieu d’esprit aux imbéciles… Il n’y a jamais eu qu’un seul chrétien et il est mort sur la croix… Qui donc me prendra dans ses bras pour me faire comprendre que j’existe… Une âme morte est une âme complètement habituée… Caressez un cercle, il deviendra vicieux… Décence, un mot qu’il serait trop difficile de justifier… Nous n’étions que la hache, fait-on le procès à une hache ? … L’EGALITE ou la MORT… La conscience règne mais ne gouverne pas… Je ne suis pas assez fou pour être raisonnable… La bêtise, c’est de conclure… » Cela me résumait très bien ! Le gouvernement voulait dissoudre la Gauche Prolétarienne, qui sera officiellement interdite le 27 mai 1970 ; quatre jours après ma sortie du tribunal. Le ministre de l’intérieur avait téléphoné pour que je sois sévèrement sanctionné. Mon idéalisme a sans doute été une circonstance atténuante pour la justice. Et surtout j’étais déjà connu comme membre actif d’un mouvement anarchiste pour la non-violence, entre autres comité de soutien aux objecteurs de conscience (CSOC).

La justice fera preuve cette fois-là de son indépendance. Je suis passé devant le petit parquet, en comparution immédiate et sans avocat, après 48 heures de garde à vue. J’ai récolté un mois de prison avec sursis et 300 francs d’amende : destruction en partie d’immeuble public ! Des camarades s’étaient cotisés pour m’aider à payer l’amende. L’un d’entre eux a volé la caisse. Ainsi va la vie. (à suivre demain)

Si tu ne veux pas attendre demain, à toi de choisir ton chapitre :

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

Fragments de vie, fragment de Terre (suite) Lire la suite »

Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », sera éditée chaque jour par épisode tout au cours des mois de juillet et août sur ce blog biosphere.

Une pensée en formation,

avec des hauts et des bas

Quelques idées générales : Il ne suffit pas de se délivrer de l’empreinte religieuse pour que tout devienne possible. Bien d’autres déterminants pèsent sur nos choix et notre comportement, la famille, les copains, l’école, les livres, les médias, etc. Notre liberté intellectuelle résulte d’un apprentissage toujours recommencé, entre acceptation d’un ordre social établi et recherche de la meilleure voie possible. Cet apprentissage demande un effort sans lequel rien n’est possible.

Racontez-moi votre enfance, je vous dirai qui vous êtes.

Je suis né en 1947. La société de l’après-guerre était patriarcale. Mon père était le chef de famille. La loi à l’époque disait la même chose. Ma mère obéissait. J’obéissais. Mon petit frère obéissait. La majorité n’était qu’à 21 ans à l’époque. Donc je ne me posais pas de question sur ce que je croyais ou non, je prenais l’existence comme elle venait. On me disait d’apprendre mes leçons, j’apprenais mes leçons, on me disait de faire la prière du soir, je faisais ma prière du soir, on me disait de m’habiller comme ceci ou comme cela et je m’habillais comme ceci ou comme cela. La vie n’était qu’habitude, en ce temps-là on ne décidait pas, on suivait le sens du courant, la visite régulière aux grands-parents, les repas de famille, quelques camps scouts avec salut au drapeau et la messe en latin bien entendu. Je crois que ma première réflexion a seulement eu lieu vers quinze ans, après qu’un chef scout m’ait demandé quelles questions je me posais. « Aucune, chef ! » C’est vrai, je ne me posais aucune question, j’avais déjà toutes les réponses. Ce n’était pas normal. J’ai commencé vraiment à réfléchir ce jour-là. Depuis, ma vie apparemment sans histoire m’a apporté bien des questions et fabriqué bien des révoltes.

J’étais bien habillé. Veston, petit gilet, pantalon bien coupé. Mon père était tailleur. A 16 ans mon père m’a autorisé à choisir un tissu, mon premier choix personnel. « Jaune voyant » ai-je répondu. J’ai obtenu du vert moutarde. Mon père savait aussi négocier, et je commençais à déterminer mes propres choix. Bientôt je n’ai plus rien porté… ni veston ni petit gilet ni pantalon bien coupé. Mais pour le reste je faisais glouglou, je faisais miammiam, je ne défilais même pas criant « paix au Vietnam ». Ma famille ne m’a pas du tout préparé au militantisme politique. De la guerre d’Algérie, je n’ai retenu que les klaxons scandant dans un embouteillage bordelais « Algérie fran-çaise, Algérie fran-çaise… » Ce n’est qu’à 21 ans que j’ai connu ma crise d’adolescence, tardive, mais mieux vaut tard que jamais. Une crise d’adolescence, c’est le moment où nous pouvons (peut-être) accéder à l’autonomie contre les faux-semblants qu’on a voulu nous imposer.

J’ai commencé à tenir régulièrement un petit carnet de notules en juin 1969 qui m’a servi de guide pour ma pensée balbutiante. Je finissais ma deuxième année de fac de sciences économiques, un bourrage de crâne universitaire qui prolonge le formatage par la famille. J’ai commencé une cure de désintoxication. Dans mes notules, je parlais de la main invisible d’Adam Smith comme d’un scandale, la justification théorique d’un inégalitarisme éhonté. Je recopiais la Déclaration des droits de l’homme, j’enchaînais aussitôt sur le profit qui devrait être attribué à la collectivité et non à « des entrepreneurs privés qui risquent fort d’en faire uniquement un usage personnel ». J’estimais déjà que le salaire n’est pas fixé automatiquement et rationnellement. Il n’est que le fruit des préjugés de la société et non la nécessité inéluctable qu’en font les théoriciens par l’intermédiaire des mots magiques du marché : l’offre et la demande. Je pensais que les humains viennent d’abord… ensuite seulement le commerce, la production et la finance.

J’ai un accident terrible en solex début août 1969. Je monte sur le capot d’une bagnole qui arrivait en sens inverse, je suis projeté dans les airs, visage ensanglanté, blanc des yeux devenu entièrement rouge, traumatisme crânien, plusieurs heures de coma… Certains ont pensé dans ma famille, et ils n’ont peut-être pas tort, que cela a servi d’électrochoc. Mon cerveau a été très très secoué, et il se serait replacé dans une autre configuration. On m’a dit que dans un état d’inconscience total, je suis allé pisser derrière les rideaux de ma chambre d’hôpital, arguant que c’était mon droit le plus absolu… Quelques jours seulement après ma sortie de l’hôpital, j’écrivais : « La fac, quelle ineptie, quel tas de crétins, quel non-sens. A quoi bon former des chefs d’entreprises quand l’héritage est notre loi, pourquoi des juristes si ce n’est pour soutenir l’ordre établi, pourquoi enseigner le consensualisme des contrats quand tout contrat ne peut être que léonin. Il faut supprimer l’inutile dans l’enseignement, il faut supprimer la concurrence qui admet la loi du plus fort, il faut une éducation technique commune, une langue universelle… » Mon cerveau fonctionnait maintenant à merveille. Je continuais à lire les Sciences et Vie auquel était abonné mon père, le dictionnaire des citations (l’âge d’or était l’âge où l’or ne régnait pas), toutes sortes de lectures qui me sortaient de l’univers universitaire.

Pendant ma convalescence, j’ai eu le temps d’écrire, de faire le point. Je conteste dans mes notules les profs de fac que j’ai eus pendant l’année, l’institution du mariage, le fric qui fait avancer les soldats : « On dépense le fric insolemment, on gaspille l’argent des pauvres et les pauvres s’émerveillent. Si je possède une usine, des capitaux, ce n’est pas à moi seul que je le dois mais à tous les ouvriers qui y ont participé, aux consommateurs qui achètent mes produits, à la collectivité tout entière. L’argent réparti inéquitablement est un vol … » Je condamne tabous et préjugés, l’infaillibilité du pape et la place de la fourchette. Je prône déjà les transports collectifs en ville et l’usage des deux roues pour éviter embouteillages et gaspillage de matières premières. Je m’interroge : « Pourquoi produire des voitures Renault quand cela met la SNCF est en déficit ? » J’estime que l’action individuelle et la cohérence collective sont indissolublement liés. Je pense me mettre à poil sur n’importe quelle plage pour mettre en pratique ma liberté alors que les naturistes sont parqués dans des camps. Je me vois demander à un prof qui veut qu’on se lève à son entrée si la politesse se situe au niveau du cul. Je me vois déjà faire le tout fou dans un camp militaire.

Début septembre 1969, je constate avec Arthur Koestler (le Yogi et le commissaire) que notre conscience semble se rétrécir en raison directe du développement de nos communications. Je ressens que tous les « ismes » perdent leur sens et que le monde ressemble à une allée plantée de points d’interrogation. Je découvre que la technique rend l’espèce humaine capable de dominer les forces de la nature, la rendant plus consciente de sa puissance que de sa dépendance. J’observe que nous nous conduisons comme les caricatures anachroniques de la personne que nous pourrions être. Résultat ? Je ne sais plus où j’en suis, quelle vérité, quelle raison de vivre me donner… Qu’est-ce qui est contingent et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Je juge ma mémoire encombrée d’une quantité démesurée de connaissances inutiles pour les 9/10ème et falsifiée pour le reste. Tout me semble faux, mesquin et inutile, la fac et les discussions, les filles ou la société. Mais je cherche, je cherche, sans guide spirituel ni boussole.

Je lis beaucoup, par exemple la 25ème heure de Virgil Gheorgiu, un livre sur les camps de concentration. Sans connaître encore les analyses d’Ellul, elles sont là, présentes : « L’homme est obligé de s’adapter à la machine… Il devient une minorité brimée par la technique. Les esclaves techniques tiennent en main les points cardinaux de l’organisation sociale. Ils agissent selon des lois spécifiques, automatisme, uniformité, anonymat… Il y aura des arrestations automatiques, des condamnations, des distractions automatiques. » Je me renseigne sur la révolte des étudiants allemands, Rudi Dutschke. J’en conclus que la violence ne peut aboutir.

Nous sommes en octobre 1969. Je fais un stage chez un expert comptable, je fais des exercices de retenue sur salaire pour les cotisations sociale, je planche sur le traitement mécanographique de la comptabilité. Je cultive mes propres références : « L’argent ne fait pas de petit (le taux d’intérêt ne correspond à rien) », « C’est posséder le bien d’autrui que de posséder le superflu (Saint Augustin). » Je vis une réelle contradiction entre mes aspirations et la réalité. J’ai un moment de blues. Je ne cherche plus à me passionner pour l’athéisme ou pour la politique, pour la faim du monde ou le dernier match de foot. J’écris comme notule : « Aucune passion, aucune aspiration.

Ma vie n’est même pas triste, elle est pleine d’indifférence. Agir, à quoi bon ? On se retrouve sans réponses, ou impuissant devant l’inertie d’autrui et l’hébétude du monde. Le mieux est d’occuper mes heures, m’appliquer à ne plus sentir ma vie s’écouler (s’écrouler), jouer à s’aimer et faire semblant de jouer, pour arriver sans doute un jour à ce regard de petit vieux penché sur ces petits riens, qui ne regrette rien, qui n’a même plus le désir de vivre mais seulement celui de survivre. » Je me réfugie dans les études et mon entraînement journalier au piano. (la suite demain)

Si tu ne veux pas attendre demain, à toi de choisir ton chapitre :

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

Fragments de vie, fragment de Terre (suite) Lire la suite »

Fragments de vie, fragment de Terre (à suivre)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », sera éditée chaque jour par épisode sur ce blog biosphere tout au cours des mois de juillet et août. Ce livre est dédiée à toutes les formes de vie, obsédée par une idée, nous pouvons faire un monde meilleur. Une parution papier aurait correspondu au choix de Michel, mais les maisons d’édition n’éditent que ceux dont on a déjà entendu parler. Mieux vaut donc cette  version électronique qui peut au moins circuler gratuitement et être lue par qui le veut. Profitons-en avant les grandes pannes d’électricité qui ne vont pas manquer de traverser le monde de demain.

fragments préalables

Je suis un enfant d’après-guerre, je suis animal parmi les animaux, androgyne, athée écolo, cosmopolite et localiste, philosophe et militant, politique et associatif, fragments de vie et fragment de Terre. Je suis, je serai. Assemblage temporaire de molécules qui se dissoudront en atomes. Conscience partielle et fugitive de la vie de l’univers.

Racontez-moi vos ancêtres, je vous dirai qui vous êtes. Je suis né en 1947, et même bien avant. Certains croient faire de gros progrès en reconstituant leur généalogie familiale grâce à quelques archives usées : attitude purement anthropocentrique qui balbutie sur un siècle ou deux. Ce n’est pas là un exercice très captivant, mieux vaut le long souvenir de notre histoire commune. Remonte dans le temps, bien avant l’automobile, le téléphone et l’électricité… tu arriveras il y a 400 générations, quand tes ancêtres commençaient à cultiver la terre et à se croire séparés de l’univers. En remontant encore, il y a 10 000 générations environ, tu trouveras ton premier ancêtre homo sapiens. Mais ton origine est encore antérieure ; il y a 100 000 générations, ceux par qui tu es arrivé étaient des hominidés. Si tu continues à remonter la chaîne du vivant qui mène jusqu’à toi, tu arrives aux unicellulaires, à la formation de la Terre, à la naissance de l’univers. Cet exercice mental bien documenté par la science te permet alors d’agir selon ton âge véritable de quinze milliards d’années. Avec une conscience ainsi élargie, tu pourras prendre part au changement de cap vers une société qui soutient la vie, qui respecte tous les êtres vivants. Au contraire, valoriser la conscience subjective d’une existence rattachée seulement à tes derniers ancêtres t’empêche de percevoir que toutes les autres espèces vivantes forme ta parentèle, que la biodiversité est aussi une composante de ta famille. Les humains appartiennent à l’ordre de la vie. Nous ne sommes que fragment de Terre, lié à son destin.

J’ai été heureux de naître et de ressentir, je ne suis pas malheureux de ma mort prochaine qui offrira mon corps au recyclage de la matière. L’essentiel n’est pas là. Je suis un passeur. Je ne fais que transmettre les connaissances que j’ai acquises. Je suis ou j’ai été moniteur de colonies de vacances et instructeur CEMEA1, éducateur puis professeur de SES2, animateur pour jeu d’échecs et formateur d’animateurs, arbitre national FFE3 et formateur d’arbitres, animateur du pôle écologique du PS et formateur EELV4, très actif sur Internet pour diffuser mes analyses, journaliste-écrivain pour la Nature et l’écologie, toujours prêt à aller plus loin en discutant avec mes proches et mon prochain. Chacun de nous apprend aux autres, consciemment ou inconsciemment, de façon maladroite ou pertinente. Car chacun de nos actes ou presque est jugé par d’autres, servant de modèle ou de repoussoir.

Les fragments de mon enfance expliquent ce que je suis devenu. J’ai de la chance. J’ai bientôt 65 ans et je n’ai jamais connu de guerre, de famine, de crise économique aiguë. La France où j’habite est la cinquième puissance mondiale. Mon niveau de vie, qui doit correspondre à la moyenne nationale, a atteint le plus haut sommet qu’il pouvait atteindre dans l’histoire humaine depuis son origine. Dans mon cocon familial, j’ai toujours été heureux. Ma mère était au foyer, nous avons toujours eu une atmosphère de sérénité. Mon père n’avait qu’un idéal, fonder une famille heureuse. Il a réussi. Mon idéal à moi ? Fonder une société heureuse. C’est pourquoi je suis un passeur.

Mais la société française en particulier, et la biosphère en général, sont au bord de l’abîme. Notre abondance matérielle, notre mobilité exacerbée, notre espérance de vie qui s’allonge, tout cela découle de l’énergie facile, de l’énergie fossile. L’effondrement est inéluctable, nous avons dépassé la capacité de charge de la planète. La croissance dans un monde fini est impossible, tous les indicateurs sont au rouge, écologiques (perte de biodiversité, stress hydrique, stérilisation des sols, épuisement des ressources non renouvelables, non recyclage des ressources renouvelables, réchauffement climatique…), économiques (crise de surendettement des ménages et des Etats, chômage de masse, inflation qui va reprendre…) ou sociaux (militarisation de la société, exacerbation des individualismes, éclatement des structures institutionnelles, dérapages de la société du spectacle, radicalisations identitaires…). D’ici à 2050, la synergie des crises alimentaires, énergétiques, climatiques et démographiques va entraîner une dégradation rapide et brutale du niveau de vie à l’occidentale. Face à la catastrophe annoncée, les humains vont réagir à leur manière, selon deux modalités contradictoires. Pour une part, les violences se multiplieront, qu’elles s’exercent entre les humains ou pour piller les dernières ressources accessibles. Nous ferons aussi appel à la raison, à la coopération, au sentiment d’interdépendance. Nous ne pouvons pas déterminer à l’avance ce qui l’emportera entre la face sombre de l’individu ou l’intelligence des situations. Je fais mon possible pour éviter le pire.

Personnellement, mon idéal de former une société heureuse ne disparaît pas avec la montée des difficultés, au contraire. Toute mon existence a été vouée à (in)former après m’être (in)formé, et peu importe de ne pas obtenir immédiatement un résultat probant. Aucun individu ne peut seul changer la société, c’est notre comportement commun qui fait le sens de l’évolution. Il me suffit d’avoir fait ce que j’estimais devoir faire, la part du colibri5.

J’arrive à la fin de ma vie, la retraite professionnelle ne m’empêche pas d’agir. Je passe plus d’heures au service de l’espèce humaine et de notre biosphère que si je travaillais à plein temps. Ce livre est l’aboutissement de mes pensées, de ma vocation d’éduquer. Je veux essayer de montrer que nous sommes déterminés par notre milieu social, mais que nous pouvons choisir notre propre chemin. Il n’y a de liberté véritable que dans la mesure où nous savons mesurer les contraintes. Je suis arrivé peu après mai 1968 aux années de mon éclosion, de ma renaissance. Elevé dans une société autoritaire, imbibée de religiosité et d’économisme, il me fallait penser autrement. Dans mon carnet de notules que je tenais depuis 1969, j’attribuais à Tchekhov cette phrase que je fais mienne : « Tout homme a en lui-même un esclave qu’il tente de libérer. » Je me suis libéré. Pour mieux réfléchir… Pour aider à améliorer le monde… J’ai soutenu et propagé tout ce qui à mon avis allait dans ce sens, la non-violence, l’objection de conscience, le féminisme, le naturisme, le biocentrisme, le sens de l’écologie, le sens des limites de la planète, l’objection de croissance, le malthusianisme, la simplicité volontaire…

Voici donc un compte-rendu des fragments de mon existence au service des générations futures et des non-humains. En espérant que cela pourra vous aider à cheminer de votre côté…

Michel Sourrouille, février 2012

Si tu ne veux pas attendre la suite sur ce blog biosphere, à toi de choisir ton chapitre :

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

1 CEMEA, Centre d’entraînement aux méthodes d’éducation active

2 SES, sciences économiques et sociales

3 FFE, Fédération Française des Echecs

4 EELV, Europe Ecologie – Les Verts

5 Dans La part du colibri, l’espèce humaine face à son devenir, Pierre Rabhi rappelle l’enseignement de la légende amérindienne du colibri : « Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés et atterrés observaient, impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’active, allant chercher quelques gouttes d’eau dans son bec pour les jeter sur le feu. Au bout d’un moment, le tatou, agacé par ses agissements dérisoires, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Tu crois que c’est avec ces quelques gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ? » « Je le sais, répond le colibri, mais je fais ma part. »

Fragments de vie, fragment de Terre (à suivre) Lire la suite »

Michel Sourrouille, gestionnaire de ce blog

Pour mieux me connaître

Qui suis-je ? Il y a bien des nombres pour me caractériser, mon numéro d’inscription à la sécurité sociale, des chiffres pour téléphoner, un numéro sur ma porte d’entrée, un indicatif postal, une plaque minéralogique, un code bancaire, des chiffres, encore des chiffres. Et moi je ne suis qu’une simple unité parmi des milliards d’habitants qui réduisent d’autant mon espace vital, celui des autres espèces et la beauté de la nature qui m’entoure. Une fraction infime, sur les 8 milliards que nous sommes depuis novembre 2022, soit 1/0,00000000025. Désespérant d’être un minuscule rouage d’une énorme machinerie numérisée qui écrase tout sur son passage.

Désespérant ? C’est aussi une motivation pour réagir ! Dans mon carnet de notules que je tenais depuis 1969, j’attribuais à Tchekhov cette phrase que j’ai fait mienne : « Tout homme a en lui-même un esclave qu’il tente de libérer. »

Voici quelques moments où le blog biosphere parle directement de ma petite personne :

Le malthusien M. Sourrouille chez les Verts (01.2023)

extraits : L’« emmerdeur », c’est Michel Sourrouille, la soixantaine en 2014, chauve et barbu en short et t-shirt, directeur d’un essai collectif au titre explicite. « Moins nombreux, plus heureux », écolo depuis 1974 et son premier vote pour René Dumont. Avec ses faux airs de Philippulus le prophète, Sourrouille, malthusien depuis 1969 et la lecture de La bombe P  de Paul R. Ehrlich, il se réfère constamment à son maître Thomas Malthus, célèbre pasteur anglican qui a prophétisé notre sombre avenir dans l’Essai sur le principe de population (1798), dont la thèse explosive tient en deux courbes. Ancien prof de lycée Sourrouille l’expose simplement : la population mondiale progressant beaucoup plus vite que la production alimentaire, on ne pourra bientôt plus nourrir tout le monde…

Michel Sourrouille, malthusien par nécessité (11.2022)

extraits : Pour fêter mes 75 ans aujourd’hui 4 novembre 2022, voici quelques éléments qui peuvent vous permettre de mieux cerner ma conception personnelle sur la question démographique. L’année de ma naissance, la population mondiale était de 2,325 milliards, les statistiques pour 2047 prévoient 9,275 milliards d’êtres humains, soit une multiplication par 4 en un siècle. Insupportable. Comment nourrir suffisamment et faire vivre décemment 7 milliards de personnes de plus entre 1947 et 2047 ? Comment préserver la vie sauvage et les forêts primaires ? Impossible. C’est pour cela que je n’ai eu qu’un seul enfant biologiquement parlant, que j’ai propagé la pensée malthusienne au niveau politique et médiatique… et que je me suis engagé au sein de l’association Démographie Responsable. Une action individuelle n’est presque rien si elle ne s’accompagne pas d’un engagement collectif…

Sourrouille Michel, « On ne naît pas écolo, on le devient » (08.22)

extraits : Ma bibliothèque est déjà plus que pleine de ces livres sur l’effondrement en cours de notre civilisation thermo-industrielle sans qu’on sache quoi que ce soit de l’engagement personnel de l’auteur. J’ai essayé de mettre de la chair autour des idées. Cela me semblait plus porteur qu’un énième livre sur la crise écologique. C’est pourquoi dans chaque partie de ce livre je raconte ma propre expérience pour essayer d’en tirer des enseignements profitables à tous. Je voudrais te convaincre que tu es toi aussi un écologiste qui sommeille, qui s’éveille, qui peut agir. On ne naît pas écolo, on le devient. J’ai essayé de montrer que nous sommes à la fois déterminés par notre milieu social et libre de choisir notre destinée. Il n’y a de liberté véritable que dans la mesure où nous savons mesurer les contraintes qui pèsent sur nous.

Michel Sourrouille, « Moins nombreux, plus heureux » (05.2022)

extraits : La mondialisation est devenue inséparable d’une très forte mobilité des populations, qu’elle soit professionnelle, touristique ou forcée, pour des raisons économiques, politiques ou environnementales. Dans le même temps, sur une planète saturée d’hommes, de femmes et d’enfants, le chômage devient structurel dans tous les pays, les difficultés socio-politiques s’accroissent ; les frontières se ferment progressivement aux mouvements migratoires. L’ère de La planète migratoire3 touche à sa fin. Les lois contre les étrangers se durcissent un peu partout, dans les pays riches comme dans les pays pauvres, aucun espace géographique n’est à l’abri de la construction d’un mur à ses frontières. Des conflits d’espace vital et de ressources découleront encore plus, dans les décennies à venir, la non-acceptation des migrants. La limitation des migrations ne touchera pas seulement les migrants économiques, mais aussi le tourisme de masse. Le plus difficile sera le statut à donner aux éco-réfugiés, nombre qui sera fortement accru par les effets du réchauffement climatique. Cela posera demain un problème peut-être insoluble à l’idée de solidarité humaine. Telle que fonctionne la société actuelle, nous n’anticipons pas politiquement les problèmes, nous les subissons. Là est le vrai scandale…

Enseigner, point de vue de Michel Sourrouille (03.2022)

extraits : Selon le cardinal de Richelieu, apprendre à lire, écrire et compter « remplit le pays de chicaneurs propres à ruiner les familles et troubler l’ordre public, plutôt qu’à procurer aucun bien ». Les jeunes ont pourtant appris à lire, écrire ou compter, mais ce fut pour se mettre au service de la révolution industrielle. Avant la révolution des mœurs de mai 1968, les entreprises n’avaient pas besoin de jeunes entraînés à comprendre, donc à contester. Il suffisait d’avoir de bons scribes et de bons comptables… Les sciences économiques et sociales, matière scolaire qui permet la compréhension du fonctionnement de notre société, devient un nouvel enseignement presque au moment même où débute ma carrière professionnelle, en 1974. Je choisis d’enseigner les SES avec plaisir…

Michel SOURROUILLE : Arrêtons de faire des gosses (10.2020)

extraits : Autant le livre d’Eve Libera, « Arrêtez de faire des gosses », relève d’une conception très égoïste, « un môme c’est encombrant », autant le livre de Michel Sourrouille publié en 2019, « Arrêtons de faire des gosses ! Comment la surpopulation nous mène à notre perte » démontre qu’il faut devenir malthusien car il en va de notre salut collectif. Déjà coordinateur en 2014 du livre collectif « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie)», l’auteur fait à la fois une synthèse des oppositions au malthusianisme et de la montée en puissance de l’idée de surpopulation. Un monde trop peuplé d’humains devient une réalité incontournable à l’heure de l’épuisement des ressources et de la chute de la biodiversité…

Michel Sourrouille, gestionnaire de ce blog Lire la suite »

analyses marquantes en juin 2023

Liste de tous nos articles publiés en juin 2023 sur ce blog biosphere…

Bonne lecture !

le changement d’imaginaire

Mansholt 1972, un malthusien convaincu

Rupture écologique par l’égalitarisme

la question militante

Violence, contre-violence et dissolution

Dissolution SLT en conseil des ministres

L’échec avéré de la non-violence

Détruire les biens nuisibles à la planète

Malm et la destruction de biens nuisibles

Th. Kaczynski, adepte de la contre-violence

Tout savoir sur Ted Kaczynski, un précurseur

La question climatique

Climat, la difficulté de se faire comprendre

climatocrétinisme, la triste loi de Brandolini

+4°C en perspective, le commencement de la fin

Bientôt une Terre inhabitable pour nous tous (GIEC)

+ 4°C, rupture civilisationnelle en vue

CLIMAT. S’adapter, c’est déjà trop tard !

Un réfugié climatique, ça n’existe pas

la question de la sobriété

Plus on est nombreux, plus on se déplace

Macron, un technolâtre de l’aviation

Décroissance suppression des vols en avion

Inutilité de la conquête des sommets

la question écolonomique

Tout savoir sur les mécanismes inflationnistes

Bientôt un diplôme de « savoirs verts » !

la question de la surpopulation

Surpopulation généralisée dans tous les pays (synthèse)

Kenya, fardeau de la dette et surpopulation

Ouganda, une surpopulation structurelle

Sri Lanka, surpopulation et agro-industrie

TCHAD, une surpopulation en voie d’explosion

la question démographique

Blocage palliatif sur la fin de vie

une Démographie Responsable sur wikipedia

L’immigration, une obligation pour certains

Le modèle danois en matière de non-immigration

la question techno-scientifique

Darwin mis à l’index en Inde

Poulet de synthèse, innovation inutile

la question politique

Des chefs d’État bien d’accord pour le déni (de la crise écologique)

La France commet des crimes anti-écolos

La faillite en cours des relations Nord Sud

Dette monétaire et dette écologique, BOUM

L’héritage de Silvio Berlusconi, désastreux

Rassemblement national, écologisme superficiel

la question sociétale

Parents, l’écologie se bricole comme on peut

Le wokisme engloutit nos références

Woke ou pas, y’a rien à comprendre !

Un avenir incertain pour la Sécurité sociale

Prostitution, un cas de discrimination

Mouvement trans-sexuel, grotesque et vain

analyses marquantes en juin 2023 Lire la suite »

Notre biosphère… malmenée en mai 2023

A chacun d’ouvrir selon ses besoins une ou plusieurs des problématiques traitées sur ce blog biosphere au mois de mai 2023

56 liens classés par thème

le changement d’imaginaire

Le message actualisé du rapport Meadows (1972)

Mansholt 1972…2023, cinquante ans de perdus

La crise écologique absente de l’enseignement

La science économique sommée de se réinventer

La Société francophone d’économie écologique

Le verdissement du développement durable

la question militante

Montrer sa colère pour éviter l’écoanxiété

Urgence écologique de la contre-violence

Action (non-)violente pour la décroissance !?

Écologie, la tentation du sabotage

Camille Etienne pour un soulèvement écologique

« Cinéma uni pour la transition », du vent

la question malthusienne

Dernières limites en librairie, sans Malthus  !

Tournant malthusien chez les décroissants ?

Trois théories de la décroissance malthusienne

Meadows prévoit la décroissance démographique

la question de la décroissance

Tout savoir sur les limites de la croissance

Post-croissance, l’idée fait son chemin…

Réduisons la production et la consommation !

Décroissance, sobriété, donc renoncements !

Désinfluenceur, pour dire déconsommation ?

La Décroissance dans les colonnes du MONDE

à lire absolument, « Mondes en décroissance »

Portraits croisés de Décroissants

la question de la surpopulation

Le Bénin, en état de surpopulation avancée

Burkina Faso, une surpopulation à 23 millions

Ghana, le cauchemar de la surpopulation

Italie, une surpopulation en voie d’extinction

Pakistan, tous les maux de la surpopulation

La famine, qui la cherche la trouve

la question des ressources

Est-ce le début de la fin de l’âge fossile ?

GAZ, le « point de vue des écologistes »

la question écologique

Le long-termisme écologique contre la myopie

En couple, l’écologie se bricole à deux

Eco-anxiété, les jeunes à la peine (de mort)

Les rites funéraires deviennent écolos

Hugo Clément, une voix écolo qui compte ?

Hugo Clément ne mange pas de lapins

la question démographique

Etienne-Emile Baulieu et la pilule RU 486

IVG, la démocratie impose des contraintes

IVV, le Portugal dépénalise l’euthanasie

Le Planning familial devient « genré » !!!

la question socio-économique

Quota de 4 vols par avion dans toute une vie

Aide alimentaire, aide à l’agro-industrie !!!

Le don de nourriture, point trop n’en faut

la question techno-scientifique

Arrêtons le numérique, retour au papier

Cassons tous les écrans pour notre bien

F1, société du spectacle à Miami et CO2

la question politique

Un politique se doit d’incarner ce dont il est porteur

La France doit agir comme un colibri

Planification impérative écolo, notre destin

help, bientôt le grand krach de l’endettement

la question philosophique

Pacifisme, mot inapplicable aux humains

Le « point de vue des écologistes » sur ce blog

Les humains préfèrent bêtement les méduses

De l’inutilité absolue de l’espèce humaine

Quoicoubeh ! De l’inutilité du langage humain

Merci de votre attention,

et faites connaître notre blog biosphere

Notre biosphère… malmenée en mai 2023 Lire la suite »

Le « point de vue des écologistes » sur ce blog

Il y a plusieurs façons de regarder un fait quel qu’il soit. Tout dépend de son point de vue. Tout dépend donc de sa socialisation primaire, de ses propres lectures et de ses différentes rencontres, de son milieu professionnel, du courage ou non d’exprimer ses idées, de ses engagement associatifs et/ou politiques, de ses lunettes plus ou moins « théoriques » acquises le plus souvent sans s’en rendre compte. Donner des points d’appui pour mieux critiquer notre société croissanciste, gaspilleuse, anthropocentrée et mercantile, c’est l’objectif de notre blog biosphere : aller au delà du sens commun et des apparences pour comprendre et agir.

Nous exprimons quotidiennement le point de vue des écologistes, un point de vue multiforme, complexe, souvent contradictoire. Il suffit de rappeler l’opposition qui existe entre entre idéalistes et pragmatiques, entre écologie superficielle et écologie profonde, entre végétaliens et flexivores, entre écoterrorisme et non-violence… Il ne s’agit pas d’imposer un point de vue, mais de fournir des éléments de réflexion.

Que signifie « penser vrai » ? Relativiser ! (juin 2021)

Le contenu de ce blog, 7070 articles à ce jour, est au service du peuple écolo en formation, il peut être amélioré par la participation de chacun. Un désaccord ponctuel peut s’exprimer par ton commentaire d’un article. Tu peux aussi t’abonner à notre mensuel, un récapitulatif de chaque mois passé. Un consensus peut toujours être trouvé, mais à certaines conditions :

  • ne pas être prisonnier de sa fonction sociale (son métier, ses responsabilités familiales ou politiques…)
  • rechercher la maîtrise de ses affects, de ses sentiments personnels, de ses préjugés et a priori
  • acquérir la capacité de se remettre en cause, ce qui nécessite une prise de distance avec soi-même
  • avoir une écoute de l’autre, être ouvert à une argumentation différente de la sienne
  • prendre le temps de la réflexion
  • adopter une démarche scientifique : c’est vrai, mais uniquement tant qu’on ne m’a pas démontré le contraire
  • posséder des connaissances de base en matière de philosophie, de sciences économiques, de sociologie, d’histoire…
  • chercher à approfondir ses connaissances par le choix de ses lecture et des médias consultés.

Nous essayons de correspondre à cette grille d’analyse dans nos écrits. Mais la société du spectacle nous détourne des réalité biophysiques et de la pensée du long terme, la société de consommation nous rend complices du pillage de la planète, la société croissanciste ne jure que par le PIB et certainement pas par le bonheur des peuples, la société du profit fait passer la liberté des entreprises bien avant l’intérêt général, la société de compétition annihile nos tendances à la coopération et à la synergie, la société marchande défigure par un prix à payer le vrai sens des êtres et des choses.

Alors que nos activités humaines rentrent en interférence avec les cycles vitaux de la biosphère et engagent aussi la survie des générations futures, nous faisons comme si seul l’instant présent avait de la valeur. Comme l’animal qui se contente de son environnement immédiat, nous préférons la plupart du temps nous satisfaire d’un absolu dans un espace restreint, avec un état d’esprit limité par nos sens abusés et conditionné par la société du moment. Contrairement aux autres animaux cependant, nous pouvons percevoir que notre vision humaine n’est que construction sociale, que tout est relatif et compliqué, que l’apparence n’est pas gage de réalité. Dans chacun de nos cortex réside de multiples certitudes qui ne sont que les apparences de notre réalité immédiate et nos désaccords résultent trop souvent d’une perception trop simpliste de la réalité. Mais nous pouvons tous ensemble essayer de déchiffrer ces apparences pour changer la réalité ; grâce à des lunettes conceptuelles plus performantes, peut-être pourrions-nous percevoir le monde tel qu’il faudrait le voir (s’améliorer)…

Nous avons tous besoin de chausser des lunettes car la réalité ne peut se comprendre au fond qu’en utilisant un système symbolique. Il ne suffit pas de voir pour croire, les réalités fondamentales nous sont la plupart du temps caché par notre point de vue préalable. La première fois qu’on a chaussé des lunettes théoriques pour aller au delà d’une vision superficielle de notre système stellaire date de 1543. Copernic provoque alors une révolution en exposant les fondements d’un système héliocentrique où le soleil – et non plus la terre – est au centre de notre univers. L’astronome ébranle ainsi l’interprétation des Écritures sacralisées et son œuvre, bien que de pure supposition à l’époque, fut mise à l’index. Mais la contestation des apparences poursuivit son chemin pour aller au-delà de cet interdit ecclésiastique. Galilée (né en 1564) utilisa une lunette astronomique, récemment découverte, pour admirer le relief de la lune et surtout les satellites de Jupiter, démontrant par la même occasion un héliocentrisme beaucoup plus pertinent que le traditionnel anthropocentrisme. Un tribunal de l’Inquisition l’obligea pourtant à se rétracter en 1633.

Cet exemple historique montre que sur la voie de la vérité, il faut souvent aller contre le consensus ambiant et même savoir résister… parfois au péril de son gagne-pain ou parfois de sa vie.

En définitive que signifie « penser vrai » dans la société thermo-industrielle d’aujourd’hui ? Sans aucun doute, dans une socio-politique engagée à tout allure dans une impasse évolutive, aller au-delà des apparences et tout reprendre souvent dans l’autre sens.

De notre point de vue, il faudrait que se diffuse dans la population un langage commun dont on pourrait poser les termes de façon suivante : Acteurs absents (démocratie), agriculture biologique (production), communautés résilientes (relocalisation), conférences de consensus (décisionnel), décroissance maîtrisée (économie), Descente énergétique (énergie), écologie profonde (éthique), écocentrisme (valeur), fécondité raisonnée (démographie), Migration limitée (déplacements), Monnaie locale (échange), Non-violence (relationnel), Revenu maximum (revenu), Sobriété partagée (consommation), Techniques douces (organisation), liste à compléter bien entendu….

Un livre de référence parmi bien d’autres,

« On ne naît pas écolo, on le devient »

Le « point de vue des écologistes » sur ce blog Lire la suite »

Notre biosphère malmenée en avril 2023

Voici les liens vers l’ensemble des thèmes traités le mois d’avril 2023

La question militante (après Sainte-Soline)

Nous sommes la Terre qui se soulève

« Nous sommes les Soulèvements de la terre »

Urgence écologique, le rôle de la violence

Andreas Malm, le Karl Marx de l’écologie

Noël Mamère prend partie pour la castagne

Pour résister à l’agression publicitaire

Le point judiciaire sur la désobéissance écolo

La question climatique

Allons plus loin que « La Fresque du climat »

Bonne nouvelle, l’essence va augmenter !

Quota de carbone par personne, l’inéluctable

La charte Climat & Environnement du « MONDE »

La question démographique

Néo-malthusianisme contre écofascisme

La pensée d’avant-garde du « no kid »

Normal de ne pas vouloir d’enfant

Stérilisation, tout savoir sur la vasectomie

Malthusien, ni droite, ni gauche, ni extrême

Les anti-malthusiens ont encore frappé

Earth4all, une autre tromperie démographique

8 milliards, une poignée de patrons en trop

Convention sur la fin de vie, le manifeste

« Démographie Responsable » en actes

La question de la surpopulation

La difficile gestion de l’immigration

Surpopulation au Soudan, donc guerres civiles

Tout savoir sur la famine et même plus

L’Inde au bord du chaos démographique

L’Inde, puissance démogr. aux pieds d’argile

Madagascar, en route vers l’enfer

Une Démographie Responsable en Charente

La question de la décroissance

Meadows, Mondes en décroissance

Meadows, rien n’a changé depuis 1972, la cata

Les journées mondiales pour changer le monde ?

Vincent Cheynet, la décroissance démographique

Tout savoir sur Vincent Cheynet, l’écotartuffe

La question politique

Démocratie grâce à des conventions citoyennes

Français, vous devez 3 000 milliards d’euros

Endettement exorbitant => faillite de l’État

L’écologie, impensé du Rassemblement National

Projet de l’écologiste Marine Le Pen

« Darmanin au service du vieux monde »

Pays-Bas, encore un pays écolo-sceptique

La question socio-écologique

Télescopages de l’information quotidienne

GPT, intelligence artificielle et/ou collective

Vincent Bolloré, le diable déguisé en CNews

La conversion écologique en question

Eva Illouz, les émotions contre la démocratie

La vie sauvage n’a plus sa place en France

De la difficulté de manger des œufs écolo

Tout savoir sur tout ce qui est important

La question technologique

Tout savoir sur chatGPT et ses limites

Encore une méga-chose qui s’éclate ! (SpaceX)

A chacun de consulter les problématiques de son choix…

Merci de votre attention,

et faites connaître notre blog…

NB : au 7 avril 2023, notre blog biosphere comptait

7000 articles (depuis 2005)

Pour nous écrire, biosphere@ouvaton.org

Notre biosphère malmenée en avril 2023 Lire la suite »

Tout savoir sur tout ce qui est important

Sur notre blog biosphere, ces tentatives de synthèse

L’écologie du vivant

Tout savoir sur les COP « biodiversité » (juin 2022)

Tout savoir sur une agriculture durable (janvier 2021)

BIOSPHERE-INFO, tout savoir sur l’Écologie profonde (juin 2017)

Tout savoir sur l’écologie et les spiritualités (décembre 2019)

Tout savoir sur le coronavirus (mars 2020)

Une question démographique complexe

Tout savoir sur la question démographique (octobre 2021)

Tout savoir sur le terme malthusien (août 2021)

Tout savoir sur les anti-malthusiens (août 2021)

Tout savoir sur la surpopulation humaine (août 2021)

Tout savoir sur l’avortement, l’IVG (janvier 2021)

Tout savoir sur la sobriété démographique (janvier 2023)

L’énergie, facteur de croissance démesurée

Tout savoir sur le Code minier (février 2021)

Tout savoir sur la Convention Citoyenne pour le climat (février 2021)

tout savoir sur le pic pétrolier (décembre 2010)

BIOSPHERE-INFO, tout savoir sur le nucléaire (avril 2019)

Tout savoir sur les anti-éoliens… et même plus (mai 2018)

Tout savoir sur la voiture électrique (octobre 2021)

2003-2022, tout savoir sur la taxe carbone (mars 2022)

Une technologie à la dérive

Tout savoir sur la perversité des pro-OGM (juillet 2020)

Tout savoir sur la conquête spatiale (février 2021)

La question politique en question

Tout savoir sur la société spectacle et bien plus (décembre 2019)

Tout savoir sur la publicité qui nous dévore (septembre 2020)

Tout savoir sur la dissonance cognitive (janvier 2020)

Tout savoir sur la liberté d’expression (juillet 2021)

Tout savoir sur la désobéissance civile (février 2021)

Tout savoir sur l’aide au développement (février 2021)

Quelques personnages de notoriété publique

Tout savoir sur le président François HOLLANDE (mai 2012)

Tout savoir sur Jean-Marc Jancovici (mars 2022)

Tout savoir sur Jean-Luc Mélenchon (mai 2022)

Tout savoir sur… Sandrine Rousseau (octobre 2022)

L’avenir à la décroissance

Tout savoir sur la décroissance démographique (octobre 2021)

Tout savoir sur l’apocalypse (mars 2022)

Tout savoir sur Extinction Rebellion (octobre 2019)

Tout savoir sur la « Sobriété » obligée (mars 2022)

Tout savoir sur tout ce qui est important Lire la suite »

notre biosphère en mars 2023

la question de l’eau

Crise de l’eau douce selon les Nations unies

Guerres de l’eau en perspective

FNE, le combat des mégabassines

Actus de FNE, eau rage, eau désespoir

démographie et disponibilités de l’eau

Bassines, un combat à mort

Sainte-Soline, halte à la violence d’État

Darmanin, c’est pas bien de dissoudre SLT (soulèvements de la Terre)

La question climatique

Claude Lorius, la nique aux climato-sceptiques

Le GIEC, un organisme (in)contestable ?

groupe III du GIEC chargé des « solutions » !

Sencébé et les différents rapports du GIEC

Lutter contre le carbone ou contre l’atome ?

La question énergétique

Sables bitumineux entre richesse et catastrophe

Voiture électrique, une fausse bonne idée

Le vélo c’est bien, la voiture c’est trop mal

La question technologique

« solutionnisme technologique », l’impasse

L’intelligence artificielle, LA solution ?

La science contre l’intelligence artificielle

Kirkpatrick Sale, un luddite contemporain

Crispations autour du Crispr.Cas9

Bébé-Crispr, modifions le génome d’embryon !?

Seuls ensemble, numérisation de l’existence

La question démographique

Le grand retour du débat sur le natalisme

Des bébés à n’importe quel prix

Développement et contrainte démographique

éducation à la sexualité… devenir malthusien

Un planning familial irresponsable

Vulgate complotiste contre les malthusiens

Greenpeace, association anti-malthusienne

Greenpeace, une association malthusienne

Le Wyoming interdit la pilule abortive

La question de la surpopulation

Pologne, de la difficulté d’avorter…

En Égypte, la surpopulation fait la loi

Surpopulation en France comme au Japon

Surpopulation en Somalie, faut pas le dire

Surpopulation en Corée du nord

Réguler l’immigration, est-ce du racisme ?

Baisse de l’aide publique au développement

La question de la fin de vie

Euthanasie, savoir contempler la mort en face

Fin de vie, vive l’anorexie finale

Oregon, paradis de la fin de vie

Moi, malade de Parkinson, demande à mourir

Serment d’Hippocrate et fin de vie digne

la question sociale

Le rationnement est-il liberticide ?

La nature d’une mère face au lait maternisé

Pétromasculinité, vraiment n’importe quoi !

Requiem pour les générations futures (sois jeune et tais-toi)

responsabilité présente et générations futures (Dieter Birnbacher)

la question anthropocentrique

Claude Lévi-Strauss avait la dent dure (contre l’humanisme)

L’existence de dieu ? On s’en contrefout !

Noyer les chatons, œuvre de salut public

Tu ne tueras point… les requins

« Tu ne tueras point »… Justifiez votre point de vue

notre biosphère en mars 2023 Lire la suite »

Conflit des générations, une idée farfelue

Anthropologue spécialiste des sociétés océaniennes, Margaret Mead distinguait trois types de culture. La culture « postfigurative », dominante dans les sociétés traditionnelles, au sein de laquelle les enfants sont instruits par leurs parents (le passé des adultes est l’avenir de la génération  suivante) ; la culture « cofigurative » de la société de croissance dans laquelle les enfants et les parents suivent les modèles culturels véhiculés par l’école, l’armée, et l’entreprise ; et, enfin, la culture actuelle dite « préfigurative » où il y a inversion de la transmission . Ce sont les enfants qui apprennent à leurs parents comment aborder les rivages du nouveau monde, dans lequel se déploient des technologies, des pratiques et des mœurs inédites (Le Fossé des générations, 1971).

Est-ce donc le terreau d’un conflit des générations ?

Lire, éthique de la réciprocité… intergénérationnelle

Nicolas Truong : Des jeunes super-diplômés en quête de sens annoncent qu’ils ne perdront pas leur vie à la gagner. Des adolescents affichent leur « fluidité » de genre devant des adultes qui ont l’impression de voir leur monde se liquéfier. Des activistes aspergent de soupe à la tomate Les Tournesols de Van Gogh afin d’alerter sur l’urgence écologique. ll flotte dans l’air du temps comme un nouveau conflit de générations. En effet, aucune génération n’a jamais connu des changements aussi rapides , un monde unifié par les technologies de l’information ou globalisé par la fin des empires – sans oublier une révolution scientifique qui multiplie les productions, qui est aussi en train de modifier d’une manière terriblement dangereuse et radicale l’écologie de la planète.

Mais qu’y a-t-il de commun entre le quotidien, la perception du présent et l’inscription dans l’avenir d’un enfant d’une périphérie paupérisée et celles d’un adolescent d’un centre-ville huppé ?  La jeunesse n’est qu’un mot traversé par tous les maux de notre société. Alors que la radio et la télévision s’écoutaient encore en famille jusque dans les années 1990, l’entre-soi culturel des jeunes, la culture par groupes de pairs et non de pères-mères sont bien plus puissants et créent de l’ignorance intergénérationnelle .

Commentaires

Vivelevexinlibre : Plus j’avance en âge et plus le découpage de la population en strates ( ici l’âge) me semble aussi biaisé que le serait de prendre celles de la couleur de peau ou de la taille.

Kentel : Dans les études sociologiques, la variable de classe supplante toujours toutes les autres (âge, sexe, ethnie etc), Bourdieu avait raison, il est donc illusoire de chercher à délimiter les aspirations d’une classe d’âge. Celle décrite ici qui parle de fluidité de genre et d’intersectionnalité vient visiblement des milieux urbains et privilégiés que fréquente Nicolas Truong. C’est donc SA classe sociale qui est déterminante.

Jean Kaweskars : Les jeunes sont moins sensibles au changement climatique que leurs aînés. Cf le sondage Ipsos de nov. 2021 : 47% des jeunes pensent que la réalité du réchauffement climatique n’a pas été démontrée scientifiquement ; 55% pensent que l’énergie nucléaire contribue autant au réchauffement climatique que le gaz ou le charbon ; 46% déclarent ne pas bien connaître la signification de l’expression « gaz à effet de serre » ; 55% déclarent ne pas bien connaître la signification de l’expression « empreinte écologique ».

Narrabeen : La vraie différence générationnelle, la seule, c’est l’individualisme extrême: « j’ai le droit, je veux être qui je veux, avec un voile c’est mon droit, transgenre je l’exige, etc.

C moi : J’ai fait un rêve,une jeunesse sacrifiée prenait les armes pour incendier les raffineries , raser les usines d’embouteillages de bouteille plastique, clouer au sol les avions pour Bali… Que les jeunes descendent dans la rue on pourra les compter, pour l’instant j’en vois en Iran mais pas en France.

PP2 : Les « boomers » sont la génération qui est née juste après la guerre cad entre 1946 et 1955/60, dite du « baby-boom », parce que nous étions très nombreux. Nous étions à 40 par classe, on avait recruté n’importe qui comme enseignants, dont des vieillards égrotants, on jouait dans les ruines de la guerre. Ceux qui avaient la chance d’avoir un logement vivaient comme au Moyen Âge ou presque, avec une seule pièce chauffée dans la maison, pas de sdb, les toilettes au fond du jardin. 80% de la population était pauvre et vivait en autarcie : légumes du jardin, poules et lapins. Nos parents avaient vécu World War 2, nos grands-parents WW1, on attendait WW3… On a été les premiers à prendre conscience des problèmes écologiques et à militer pour y remédier…

Le point de vue de Michel Sourrouille

J’écrivais le 6 janvier 1971 : « Les adultes doivent savoir qu’ils ne se sentiront plus tout à fait chez eux dans un monde qui sera de plus en plus soumis aux valeurs et aux opinions de la jeunesse. » Personnellement je n’ai pas changé. Âgé de 75 ans, je militais dans les années 70 avec José Bové dans un groupe de soutien aux objecteurs de conscience. En janvier 1971 dans Partisans, un dossier Libération des femmes, année zéro : j’étais devenu féministe. J’étudiais en 1972 le rapport du MIT sur les limites de la croissance : j’étais devenu objecteur de croissance. Je votais pour l’écologiste René Dumont à la présidentielles 1974, j’avais enfin trouvé politiquement ma voie, l’écologie. Et aujourd’hui encore j’écris des livres sur l’écologie, j’adhère à Génération écologie et je milite avec l’association Démographie Responsable. D’après mon expérience, il n’y a pas de changement générationnelle au niveau de l’engagement, seulement des prises de conscience différentes accompagnées par la passivité du plus grand nombre, qu’ils soient jeunes ou vieux.

La grosse différence entre les années 1970 et 2022, c’est que nous sommes maintenant 8 milliards, que le chômage est structurel en France depuis le premier choc pétrolier (1974) et que la planète est malade de l’homme. Depuis 75 ans, nous avons augmenté notre nombre de 76 millions chaque année en moyenne, c’est invivable et ingérable même si on s’habitue à s’entasser dans des HLM de banlieue et à faire la queue dans une automobile qui pourrait aller à 180 km/h. Les jeunes naissent sur une planète pillée et dévastée dont il ne leur restera que quelques miettes à se partager entre les mieux « armés ». Né en 1947, j’ai bénéficié des Trente Glorieuses et je suis épouvanté de voir manifester contre une réforme des retraites alors que les jeunes savent déjà que pour eux il n’y aura sans doute pas de pension de retraite. Je suis épouvanté de voir que dans un monde qui se fragmente, la principale préoccupation de trop d’adolescent(e)s est de savoir de quel genre on est. Perte généralisée des repères, c’est cela la vérité de la génération actuelle !

Lire mon autobiographie, mémoire d’un écolo

Conflit des générations, une idée farfelue Lire la suite »

juin 2022, le point de vue des écologistes

Liste des liens vers les différentes thématiques traitées sur ce blog en juin 2022.

question écologique

Écologie radicale ou écologie réformiste ?

Écologie, le ministère de l’impossible

Tout savoir sur les COP « biodiversité »

CLIMAT, les pieds dans l’eau, le corps en feu

Géo-ingénierie, le cauchemar en route

Transition énergétique, un oxymore de plus

Dire « Transition énergétique », un non sens

Valérie Cabanes, l’écocide est un crime

question démographique

« Moins nombreux, plus heureux », le livre

Malthus et la fausse révolution « verte »

Croissance démographique, cancer de la Terre

Moins d’enfants, planète préservée ?

Faut-il encore faire des enfants ?

Mal de mères, le mal du siècle

Le droit à l’avortement remis en cause (aux USA)

Ne pas confondre Euthanasie et État nazi

MEADOWS et la décroissance démographique

question agricole

Insouciance criminelle quant à la famine

Famine Et pauvreté au programme mondial

Arrêtons l’aide alimentaire structurelle

Histoire d’eau, un futur très inquiétant

Le XXIe siècle sera paysan… ou ne sera pas !

question politique

Tout savoir pour les législatives de juin 2022

Au-delà des élections, des perspectives

Le parti écolo tout puissant… en 2047

Que veut dire « délibération » en démocratie

Représentativité démocratique par panel !

Ne faisons pas confiance à nos députés

Julien Bayou, un écotartuffe enfin député

Macron en marche vers l’écologie superficielle

Eurosatory, Macron va-t-en guerre

Le coût écologique exorbitant des guerres

question économique

La Sobriété face à la SURconsommation ?

La Sobriété, liberticide et punitive ???

La Démobilité face à la SUR-mobilité

question sociétale

L’humanité, un psychopathe destructeur

Notre striatum ne dit rien de nos besoins

Résistance à l’Agression Publicitaire (R.A.P.)

La Belgique décriminalise la prostitution

Le dégoût de l’humanité peut se comprendre

juin 2022, le point de vue des écologistes Lire la suite »

Mai 2022, le point de vue des écologistes

Mai 2022, le point de vue des écologistes Lire la suite »

@ Nicolas Hulot on dit : casse-toi pauv’ con

« Père Vert », c’est ainsi qu’on parle aujourd’hui de Nicolas Hulot. Dans une enquête d’« Envoyé spécial » diffusée en novembre 2021 sur France 2, six femmes l’accusaient de violences sexuelles. Trois femmes témoignent de baisers par surprise et d’une tentative de fellation. Claire Nouvian racontait avoir été mise en garde en 2008 afin qu’elle évite de se retrouver seule avec lui. Pauline Lavaud prétendait avoir été écartée de la campagne de Nicolas Hulot pour la primaire interne du parti en 2011 parce qu’elle « l’excitait trop » Après ce procès médiatique, Hulot avait affirmé : « Je n’ai jamais contraint qui que ce soit ». Le 24 mai 2022, il est entendu en audition libre par les enquêteurs de la brigade de protection des mineurs à Paris. Normal, les investigations menées par la BPM doivent« déterminer si les faits dénoncés peuvent caractériser une infraction pénale et si, au vu de leur ancienneté, la prescription de l’action publique est acquise ». Constatons qu’on peut promouvoir des accusations devant des millions de téléspectateurs sur un dossier où l’accusé n’avait pas encore été entendu par la justice. Fini la présomption d’innocence.

Que des écologistes comme Claire Nouvian ou Pauline Lavaud attaquent publiquement une personnalité reconnue de l’écologie politique pose problème. Nous n’en dirons pas plus, à la justice officielle de faire son œuvre. Passons à l’essentiel. « Khmer vert », « Ayatollah de l’écologie », « Pastèque visqueuse », « Père vert »…  les insultes pleuvent sur les écologistes, mais c’est dans l’air du temps. La violence verbale n’est pas plus fréquente qu’avant, mais elle a évolué. Les mots d’esprit se sont raréfiés au profit de dérapages plus épidermiques, amplifiés par les réseaux sociaux. Chers lecteurs, faites en sorte sur ce blog biosphere qu’il en soit autrement.

Magali Cartigny : En 2001, Chirac, apostrophé par un malotru qui le traitait de « connard », avait répondu tout sourire : « Enchanté ! moi c’est Chirac… » Loin des joutes verbales, le dérapage a pris aujourd’hui le pas sur le mot d’esprit. L’insulte, cet « ultime stratagème » selon Schopenhauer, vise à réduire l’adversaire à néant. Avec la libéralisation des mœurs, c’est l’expression individuelle qui devient la norme : je parle comme je veux, donc je t’insulte si je veux. Le vocabulaire employé s’est considérablement appauvri. A la manière d’un Donald Trump, champion toutes catégories de l’obscénité, passé d’outsider à président des États-Unis sans changer de registre. Les réseaux sociaux, où la réaction instantanée a remplacé la pensée structurée, ont profondément modifié le fonctionnement traditionnel de l’insulte. Normalement, elle est adressée en face à face, on peut riposter. Sur ces plates-formes, on ne sait pas qui envoie et on ne peut plus se défendre. Nul besoin d’avoir des millions de followers pour être victime de l’effet de horde. C’est l’effet pare-feu de l’écran, qui déculpabilise. Et la contagion des propos insultants est semblable au phénomène de foule décrit dès le XIXe siècle par l’anthropologue et psychologue Gustave Le Bon ; impulsive et irritable, la foule constitue une sorte d’unité mentale, où les esprits sont galvanisés par une émotion commune.

Commentaire : Il y a des insultes qui ne sont que le reflet de la réalité. Selon le témoignage de son fils, De Gaulle avait dit à son entourage : « … Les Français ce sont des veaux. Ils sont bons pour le massacre. Ils n’ont que ce qu’ils méritent. » Mais c’était après avoir stigmatisé l’armistice au micro de la BBC. Aujourd’hui la caricature de la fermeture d’esprit se retrouve même à la tête de nombreux Etats ! Triste époque où toute argumentation raisonnée s’expose parfois à la vindicte et trop souvent à l’insulte. Nicolas Hulot a subi pendant des années une avalanche de boue médiatique, cette vague a plus récemment déferlé sur la jeune activiste Greta Thunberg. C’est si facile aujourd’hui de s’enfermer dans sa propre opinion négative, d’un simple clic on quitte la page web où on a déversé sa bile, on perd la capacité de la synthèse dans un monde complexe, l’ouverture d’esprit n’est plus de ce monde. Ce texte se veut préliminaire à toute dépose d’un commentaire sur ce blog biosphere. Méditez ce que  vous lisez, réfléchissez avant de  poster votre analyse, ouvrez votre esprit et celui des autres lecteurs. A vous de rester dans la thématique de l’article de départ, de compléter les points de vue, de ne pas faire de hors sujet et de respecter tous les autres intervenants sur ce blog. Nous croyons encore à la possibilité de cristalliser un moment d’intelligence collective où la controverse peut fleurir sans avoir besoin d’insulter.

Lire, Les commentateurs et la modération sur lemonde.fr

Lire, Aux commentateurs de ce blog biosphere

@ Nicolas Hulot on dit : casse-toi pauv’ con Lire la suite »

l’essentiel du mois d’Avril 2022

« Pour qu’un écologiste soit élu président, il faudrait que les arbres votent. » (Coluche)

2027, une présidentielle sans Macron, ouf ?

Programme écolo pour le quinquennat 2027-2032

Le premier ministre, en charge de l’écologie

Ministère de l’Économie biophysique et des Flux financiers

Ministère de l’Énergie durable en adéquation avec les besoins

Ministère de l’équilibre entre population et alimentation

Ministère du travail et du temps partagé

Ministère de la Protection des populations

Ministère de la Relocalisation et de la Mobilité

Ministère des Techniques douces et appropriées

Ministère de l’Espérance de vie en bonne santé

Ministère de la Sobriété partagée et de la Lutte contre les inégalités

– Ministère de la Jeunesse et des Générations futures

– Ministère de la Nature et de la Biodiversité

– Ministère de la Subsidiarité entre territoires

1. Manifeste écolo pour le quinquennat 2027

2. Manifeste écolo pour le quinquennat 2027

3. Manifeste écolo pour le quinquennat 2027

élection 2027, enfin un président écolo !

Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie)

Yves Cochet, préface de ce livre collectif de 2014

Didier Barthès, un associatif malthusien

Alain GRAS, universitaire et décroissanciste

Théophile de Giraud, antinataliste engagé

Alain HERVÉ, un malthusien historique

Corinne Maier, féministe et malthusienne

Pablo Servigne, malthusien collapsologue

la question démographique

Croissance incontrôlée, cancer de la société

Les Nations Unies deviennent malthusiennes

Newsletter de Démographie Responsable

la question écologique

22 avril 2022, Journée de la Terre

Les écolos, choyés par Emmanuel Macron ?

la question politique

Le vote utile en 2022, toujours perdant

Que votent (ou non) les écolos le 24 avril ?

vote du 24 avril 2022, le choix du moins pire

Présidentielle, le petit duel Macron/ Marine

Lendemains d’une présidentielle pas écolo

la question sociétale

Ce dont les médias ne parlent pas n’existe pas

l’essentiel du mois d’Avril 2022 Lire la suite »

Pornographie, une sexualité trop simplifiée ?

Maïa Mazuarette : Aucune pratique culturelle ne devient un fait social par hasard. C’est un paradoxe de la sexualité contemporaine : le X, personne n’aime ça, mais tout le monde en consomme. Comment expliquer le succès planétaire, écrasant, d’une production répétitive et médiocre ? Les gens ne sont ni fous, ni stupides, ni masochistes. S’ils regardent, c’est qu’il y a une raison. Et même plusieurs raisons. Du côté des hommes hétérosexuels, la satisfaction de désirs masculins. Les règles de la séduction « dans le réel » paraissent impénétrables. La profusion des possibles en vidéo fonctionne comme une compensation du réel. Le film pornographique abolit la lenteur-relation, la négociation de la cour, en devenant un simple rapport sexuel. La pornographie est incroyablement accessible, une manière de pacifier les frustrations du quotidien. Et du côté des consommatrices, alors ? La réciprocité ? Hors sujet ! Bien sûr, une meilleure éducation sexuelle permettrait de mettre en pratique une sexualité exubérante – plutôt que de la regarder défiler sur son écran. Pour faire reculer le X, il faut proposer une utopie sexuelle concrète – en proposant un soulagement érotique plus efficace et plus généreux.

Marius Albufera : C’ est le discours social sur la sexualité qui rend la pornographie honteuse : le décalage est de plus en plus grand entre ce qui se passe dans les esprits et la façon dont on voudrait que la sexualité soit. Plus personne ne peut dire ouvertement qu’ il a envie de sexe, tout simplement. Le scandale du porno, c’ est le scandale sexuel: désirer agir avec son corps en dehors des normes sociales de retenu prescrites ailleurs et publiquement. On rêve d’ une société de cour…

John Morlar : Ce qui a beaucoup évolué depuis 30 ans dans ce domaine, c’est la violence qui s’est installée. Du temps de mon adolescence Canal +, je me souviens de films plutôt bon enfant. Les acteurs faisaient semblant de se séduire, de faire l’amour et d’y prendre du plaisir, dans des situations somme toute assez classiques. Ayant eu l’occasion de voir l’extrait d’une récente vidéo, j’ai eu l’impression d’assister à une scène de viol. Tout est dans la domination, les pratiques extrêmes et la violence. Le côté bon enfant avait complètement disparu. Les acteurs, patibulaires, semblaient échappés du bagne, les filles hystériques, tatouées des pieds à la tête, subissaient toutes les humiliations possibles. Assez cauchemardesque je dois dire. Effectivement si les enfants voient ça, en terme d’éducation sentimentale !

HdA : Et Maïa de souhaiter « une séduction masculine mieux travaillée ». Un diplôme universitaire sur les méthodes de séduction sera requis pour tout mâle postulant. Et la femme devra prouver qu’elle ne fait aucun effort à part appuyer sur le bouton « #metoo » au bon moment.

Arto : Compliqué, la séduction à notre époque. La dernière fois je suis allé au ciné avec une collègue. Elle arrive avec une jupe courte. J’hésite dans le noir à tenter une approche en lui posant ma main sur la cuisse. Et puis je me suis dit qu’elle pourrait m’accuser de harcèlement sexuel. J’ai donc laissé tomber et me suis fait une branlette une fois à la maison. C’est plus prudent.

Philou @ Arto : Oui enfin vous pourriez aussi lui parler. Bref utiliser pour communiquer ce machin où vous enfournez de la nourriture trois fois par jours.

le sceptique : Le marché de la sexualité est renouvelable, sobre en matière première et en carbone (si les serveurs du X sont alimentés par des énergies vertes), peu polluant. La consommation de pornographie pourrait marquer le pas si l’on favorisait l’économie en circuit-court, en encouragent la prostitution réglementée de proximité bien plus charnelles que les écrans 5G. Air B&B pourrait aussi songer à une déclinaison où le sens des « B » serait un peu changé.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

10 février 2019, Nature de la sexualité et droit à la sexualité

extraits : Les bonobos ne s’embarrassent pas de lois contraignantes, mâles et femelles aiment faire l’amour, point final.

13 janvier 2018, Sexualité et harcèlement, l’homme, un animal dénaturé

extraits : Tout le monde gagnerait à une réelle égalité dans l’érotisme. Le jour où les femmes se sentiront parfaitement autorisées à exprimer leur désir, où l’entreprise de la séduction sera réellement partagée, elles ne seront plus des proies et ne se percevront plus comme telles. Encore faut-il qu’elles aient la possibilité de devenir aussi entreprenantes que les hommes, aussi actives.

Pornographie, une sexualité trop simplifiée ? Lire la suite »

JK Rowling nie l’identité de genre

Une controverse relayée par LE MONDE nous permet de mieux différencier nature et culture. Comme l’exprime le mensuel La Décroissance, « Plus l’homme s’érige en maître et en finalité de tout, plus le monde devient inhumain et idiot ».

Joanne K. Rowling : « If sex isn’t real, there’s no same-sex attraction. If sex isn’t real, the lived reality of women globally is erased. I know and love trans people, but erasing the concept of sex removes the ability of many to meaningfully discuss their lives. It isn’t hate to speak the truth. » (Je respecte les personnes trans mais ce ne sont pas des femmes ou des hommes parce qu’elles sont et resteront naturellement (génétiquement) un mâle ou une femelle…)

Olivia Chaumont, née Olivier et militant(e) de la cause trans,  commente dans un tribune du MONDE:

« Rowling nous dit que les trans ne peuvent pas effacer leur sexe biologique et, par conséquent, se revendiquer femmes ou hommes. C’est méconnaître qu’il y a trois déterminants de l’identité d’une personne : le sexe biologique, le sexe social et le genre. Le premier se définit par les marqueurs génétiques et chromosomiques (mâles ou femelles), le deuxième par la reconnaissance sociale (homme ou femme), et le troisième par un concept culturel (masculin et féminin). L’identité de genre, où s’insère la notion de sexe social, s’oppose totalement au déterminisme ancestral qui veut que les critères « naturels » du sexe définissent le genre. Le genre ne se tient pas entre les jambes mais entre les oreilles !« 

Orion sur lemonde.fr : Tiens, voilà un nouveau procès en sorcellerie fait à JK Rowling ! N’en déplaise à l’auteur(e) de ce commentaire douteux, JK Rowling privilégie à raison la biologie à l’idéologie. Forcément cela déplaît à certaines personnes qui voudraient que l’inverse s’impose, le tout sur fond de victimisation permanente de cette minorité. Fatigant…

Lizandre : Olivia Chaumont passe à côté du sujet. Dans son tweet ironique, JK Rowling tournait gentiment en ridicule le remplacement de « femme » par « personne qui menstrue ». Alors c’est vrai que dire « femme » exclue l’infime % de personnes qui menstruent et qui pourtant s’identifient comme « homme » ou « masculin ».

alain sager : Il y a quand même une question soulevée ici, et qui n’est pourtant pas formulée. Au fond, quelqu’un peut se sentir, au cours d’une même journée, homme ou femme, si toutefois la distinction a totalement un sens. Dans son for intérieur, par l’imagination ou le rêve, l »individu peut vagabonder au gré des appartenances. Alors, pourquoi choisir l’extériorité, au prix de transformations physiques ostentatoires ? N’est-ce pas parce qu’à notre époque, le visible prime sur l’invisible, le superficiel sur le profond, le physique sur le spirituel ? La question me paraît dépasser le simple point de vue du nécessaire libre choix individuel, et de l’indispensable tolérance à l’égard des mœurs de chacun.

RV75 : Chacun ou chacune peut se prétendre ce qu’il ou elle veut en matière de genre cela ne me dérange absolument pas. Cependant l’homme qui se veut femme ne le sera jamais, elle n’est que l’idée qu’elle se fait d’un homme.

Alexandre Faulx-Briole : Le fait que la personne (substantif féminin qui désigne un être humain sans préciser s’il s’agit d’un mâle ou d’une femelle) qui a écrit cette tribune se présente comme « militante de la cause trans » laisse planer un doute sérieux sur l’objectivité de ses propos. Pour moi, et dussé-je avoir à supporter les sarcasmes de certains, les êtres humains naissent homme ou femme (mâle ou femelle), et pas les deux à la fois ; que les progrès de la médecine et de la chirurgie permettent à certains de gommer ou de développer des organes que la nature et la naissance ne leur ont pas attribués ne change rien.

Chardon Marie : Olivia, encore une victime du virtuel. Il y a une réalité biologique qu’on appelle le sexe et une réalité psychologique qu’on appelle le genre. Point. On n’est pas une « cis » femme ou un « cis » homme. On naît homme ou femme, à part quelques personnes androgynes. Plus tard, on se construit une identité, en fonction de la société où l’on évolue. On connaît l’anatomie du clitoris seulement depuis les années 1980, on ne sait toujours pas guérir l’endométriose, on meurt toujours en couches, et il faut en plus se taper les aigreurs d’une poignée de trans en mal de célébrité ! Non, il ne suffit pas de dire « je suis une licorne et je pète des arc-en-ciel » pour devenir une licorne.

A2lbd : Il est fascinant de voir combien les avocats de cette théorie du genre deviennent rapidement d’implacables procureurs dès qu’ils sont contredits. Cela prouve combien leurs bases théoriques sont fragiles et combien le débat qu’ils apportent sur la place publique ne provient pas d’une démarche scientifique mais bel et bien d’une question de foi. Une de plus….

Albert Parsons : Personnellement je me sens l’âme et le corps d’un homme de 30 ans, mais ce n’est pas ce que dit ma carte d’identité. Cette discrimination systémique d’Etat m’est insupportable, j’exige qu’on rectifie mon âge qui ne correspond pas à mon sentiment profond. C’est mon droit. Toute assignation à une identité fixe est nulle et non avenue. Je ne reconnais que le marché comme lieu libre d’épanouissement.

le sceptique : Artificialiste, je suis ouvert à tous les jeux possibles avec « la nature », notamment les changements de sexe biologique. Mais dans l’ordre public (que je souhaite minimal), relevant forcément de la loi du nombre (voilà pourquoi il faut que ce soit minimal, le nombre est horrible!), je ne souhaite pas réécrire des codes au gré de chaque minorité qui voudrait y inscrire une reconnaissance par tous. Construisez votre vie dans les espaces privés, les réseaux privés, les affinités privées : un multivers libre. Que le domaine public soit seulement un distributeur de fric et de coups de bâton pour les primates qui agressent encore leur voisin.

Grabotte : L’insistance des hommes trans à vouloir utiliser les toilettes féminines ou concourir dans les championnats sportifs féminins revient à nier l’existence des femmes en tant que catégorie sociale (en cours d’émancipation). C’est une intrusion du masculin dans le féminin. JK Rowling dénonce cela et je suis parfaitement d’accord avec elle. Mais libre aux individus de se mutiler et se mettre les prothèses qu’ils veulent pour ressembler à l’autre sexe. Ils ne transitionnent pas vers l’autre sexe, ils s’inventent un no man’s land.

Mètre des phynances : de toutes façons, il est techniquement impossible de changer de sexe, il est déterminé à l’instant de votre conception, selon que le spermatozoïde fécondant est X ou Y. Après, il est toujours possible de modifier artificiellement l’apparence physique (au prix d’opération parfois mutilantes) et les caractères sexuels SECONDAIRES (au prix d’un traitement hormonal non dénué de risques et d’effets secondaires) mais à moins de changer l’ADN de la totalité de nos cellules, un individu de sexe masculin (génétiquement s’entend) restera un individu de sexe masculin, et inversement. A-t-on le droit de rappeler des évidences scientifiques sans risquer un procès et/ou un lynchage sur les rézosocios ?

Furusato : J’ai de l’empathie pour l’humanité qui est foutrement tordue. Moi-même je suis un rien tordu, mais les chouineur(se)s divers que la génétique a foutu dans l’embarras jusqu’au niveau du cerveau feraient bien de se calmer.

JK Rowling nie l’identité de genre Lire la suite »